Bulletin 2/2014 français

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bulletin Nº 2/2014

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Nº 2 2014

bulletin

Le magazine de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse

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– Objectifs de législature : bilan et perspectives

De l’art de trouver

– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Eglises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

les mots justes 34 – Jamais l’un sans l’autre

Portrait d’Esther Gaillard et de Daniel Reuter

44 – Un podium féminin 58 –  « La patrie en cadeau »

Prix suisse de la prédication 2014

Initiative Ecopop

Fédération des Eglises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25 info@feps.ch

sek · feps Fédération des Eglises protestantes de Suisse

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– Editorial

Changement et continuité Le temps s’écoule, inexorable. Il ne connaît ni relâche, ni soubresaut. Or le temps est relatif, nous enseignent les physiciens. « Le temps propre d’un objet mobile est toujours inférieur à l’intervalle de temps correspondant dans un système fixe ; on peut dire qu’une horloge mobile marche plus lentement qu’une horloge fixe .» Et les mêmes scientifiques nous ôtent immédiatement toute velléité de leur demander lequel des observateurs – celui qui lit l’heure à l’horloge mobile ou l’autre – appréhende correctement la réalité. La question est fondamentalement sans réponse, elle est donc superflue, nous assurent-ils. Relatif, le temps ! Dans un espace bien circonscrit, le temps semble parfois tendre à son aboutissement. Celui d’une législature, par exemple ; celui de la FEPS en cette fin d’année. En 2011, nous avions initié un mouvement de renouveau: nouveau Conseil, nouveaux objectifs de législature. Quatre ans plus tard, nous pouvons présenter un nouveau secrétariat, un projet de commémoration de la Réforme, un Prix de la prédication et, depuis peu, un Livre de la foi. Nous avons pris position sur des questions qui touchent les femmes et les hommes de ce pays et nous sommes en bonne voie de nous donner une nouvelle constitution. Changer dans la continuité : une nouvelle législature débute en janvier prochain. Les membres du Conseil se livrent ici à l’exercice de la rétrospective (en p. 6), les deux nouveaux élus – Esther Gaillard et Daniel Reuter – à celui du portrait (p. 34). Nous vous présentons les lauréates et les lauréats du premier Prix suisse de la prédication (p. 44). Vous découvrirez en outre les récentes avancées de plusieurs dossiers, jubilé de la Réforme (p. 40), motion Diaconie (p. 50), table ronde pour les victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance (p. 54) et nos arguments contre l’initiative Ecopop (p. 58). A toutes et à tous, nous souhaitons une lecture enrichissante. Image de couverture : Un jeu simple, mais il ne faut pas s’y tromper: trouver les mots justes est un art.

La rédaction du bulletin


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– bulletin Nº 2/2014

Au sommaire de cette édition

Objectifs de législature : bilan et perspectives De l’art de trouver les mots justes par Gottfried Locher

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– L’enracinement protestant Un sac à main, symbole du jubilé de la Réforme

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– La communauté protestante Etre Eglise par-delà les frontières linguistiques

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– L’inspiration protestante Une bonne prédication fait l’Eglise

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– L’œcuménisme protestant Œcuménisme signifie humilité, travail et surtout : nécessité

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– La présence protestante La FEPS donne une voix aux Eglises sœurs

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– La vigilance protestante « … pour l’amour de Dieu »

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– bulletin Nº 2/2014

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse FEPS – Portrait d’Esther Gaillard et de Daniel Reuter Jamais l’un sans l’autre

– Jubilé de la Réforme 26 logos pour une image de marque unique

– Prix suisse de la prédication 2014 Un podium féminin

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40

44

– La diaconie, un environnement en mutation La motion « Diaconie » : d’un seul élan vers un but commun

50

– Anciens enfants placés par les autorités Les premières mesures d’aide arrivent enfin

54

– Initiative Ecopop « La patrie en cadeau »

58

– Jubilé de la Réforme L’ essence de la foi protestante suisse

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– Voilà comment nous travaillons La FEPS et son organisation

66

– Organisation Les femmes et les hommes à la FEPS

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Le Conseil de la FEPS

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Collaboratrices et collaborateurs de la FEPS

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– Eglises protestantes en Suisse Les Eglises de la FEPS

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Parutions récentes de la FEPS

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Pensées, prononcées et aussitôt enregistrées: déclarations de Gottfried Locher le jour de son élection à la présidence du Conseil de la FEPS, en juin 2010


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– Objectifs de législature : bilan et perspectives

De l’art de trouver les mots justes

Apprends à te taire, observe de près, note toujours les bonnes idées et fais en sorte d’avoir un message : voilà une voie menant aux mots justes. En Eglise, il n’en va pas autrement.

PAR GOTTFRIED LOCHER *

R

éfléchir, écrire, parler. Réfléchir, écrire, parler. C’est dans les grandes lignes de quoi sont faites mes journées, parfois aussi mes nuits. Cet ordre des choses a fait ses preuves, toute incartade menant à l’impasse. Pourtant, nous ne sommes jamais à l’abri d’une incartade et j’avoue qu’il m’arrive de parler avant de réfléchir … Non que j’ignore le risque de paroles irréfléchies, je m’en suis trop souvent repenti pour l’oublier. Car il leur pousse des ailes dès qu’elles ont franchi mes lèvres. Parler avant de réfléchir, cela m’arrive parfois, lorsque la pression est trop forte. Pression d’un délai trop court ou insistance du public, quoiqu’il faille relativiser ce dernier point : il serait plus juste de parler de la pression des médias, car je doute parfois que le public ait réel-

lement envie de connaître les réponses à toutes les questions qui me sont posées ! Faisant aussi partie du public, comme chacune et chacun de nous, je sais que je n’ai pas envie de savoir tout ce que les médias me servent – écrits, images et sons – à longueur de temps. Parler avant de réfléchir, cela m’arrive parfois, quand la journaliste me met sous pression avec une question provocante : « Pourquoi l’Eglise n’entreprend-elle rien contre la guerre en Syrie ? », « La diminution du nombre de fidèles vous déprime-t-elle ? », « Etes-vous contre Exit ou pour la liberté ? ». Dans ces situations, je dois faire preuve de courage civique et me donner le temps de répondre. Du courage, il en faut, car les médias n’apprécient pas du tout. Ils préfèrent les réponses « spontanées », selon la devise « ne réfléchissez pas trop long-


8 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature: bilan et perspectives temps, dites simplement ce que vous pensez ». Ah bon ? La réflexion n’est pas requise, la spontanéité suffit ? Ça me fait penser à un calembour : comment puis-je savoir ce que je pense avant d’avoir entendu ce que j’ai dit ? Calembour amusant, certes, mais erroné. Car ce qui est dit reste dit, il est difficile de le corriger après coup. La première règle de l’art de trouver les mots justes est donc bel et bien : apprends à te taire. Les mots justes n’émergent que s’ils ne sont pas submergés dans un flux de paroles. La deuxième règle dit ceci : observe de près. Pour sonner juste, les mots doivent être le reflet de la réalité. Toutefois, observer est un art, un art nettement plus sophistiqué, qui plus est, que celui de trouver les mots justes. L’expérience me dit que les choses sont rarement telles qu’elles apparaissent. De petits riens, de minuscules impostures détournent, qu’ils le veuillent ou non, le regard de l’observateur de son objet. Derrière la façade, il est rare de trouver ce qu’elle aimerait suggérer. Certaines choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît, d’autres le sont moins. Comment parvenir alors au fond des choses ? Un mélange de curiosité, de persévérance, de liberté intérieure, de connaissance des autres et d’expérience de la vie me servent de boussole. Distinguer l’essentiel du superflu, la méthode est utile. Je n’ai pas besoin de tout savoir, mais j’ai besoin de savoir probablement ce que personne ne me dira spontanément. Je réduis mes questions à la seule question qui compte. Que dois-je vraiment savoir ? Je cherche réponse, le reste attendra, peu importe l’intérêt qu’il aurait. Je ne peux tout appréhender, l’essentiel suffira. Mais je veux alors l’analyser soigneusement avant de me prononcer. Cette ténacité peut avoir des effets désagréables. Ce qui semblait bon à première vue ne l’est pas toujours lorsqu’on y regarde de plus près. Inversement, ce qui est mal vu m’apparaît parfois sous un angle plus positif au deuxième regard. Observer de près isole, parfois. La troisième règle veut que l’on note toujours les bonnes idées. La règle a au moins trois atouts. Premièrement, une idée évolue entre le moment où elle surgit dans la tête et le moment où elle arrive sur le papier, constatation aussi étonnante qu’utile : une pensée qui semblait

limpide peut se révéler difficile à mettre par écrit. L’idée doit être affutée, il faut trouver les mots pour la dire. De la tête au papier, c’est justement durant cette trajectoire que les mots justes peuvent émerger. Deuxièmement, écrire aide à réfléchir. Lire est certes bénéfique, mais écrire l’est plus encore, car en écrivant, on crée la langue pour dire. Ecrire rend plus intelligent que lire. Troisièmement, on perd moins de pensées en les mettant sur papier que si l’on se contente de les transporter dans sa tête. La tête est productive, certes, mais la mémoire n’est pas fiable. Fugaces, les pensées se perdent dans les méandres du cerveau. Une fois écrites, et alors seulement, elles deviennent paroles, vraies paroles. Enfin, la quatrième règle : fais en sorte d’avoir un message. Cela vous semble aller de soi ? Rien n’est plus faux. Bien des textes que l’on nous donne à lire ne sont pas le fruit d’une irrésistible inspiration. Or, le mot juste a besoin de ferveur pour éclore. Le mot juste n’est pas simplement prononcé, le mot juste touche. Il touche par le ton et par ce qu’il transporte. Plusieurs ingrédients doivent donc être réunis: tout d’abord, appliquer les trois règles énumérées ci-dessus. S’y greffe alors l’art de la réduction : seul celui qui ne cherche pas à tout dire dit quelque chose et transmet un message clair et pertinent. Beaucoup demeure non dit, et c’est à cette condition seulement que le peu qui compte vraiment est entendu et compris. Un dernier ingrédient enfin : « dire » doit être pris au sens premier, même lorsque l’on écrit. Un bon texte est un texte que l’on entend avec plaisir lorsqu’il est lu à haute voix. Pour bien écrire, il faut lire à voix haute. Apprends à te taire, observe de près, note toujours les bonnes idées et fais en sorte d’avoir un message: c’est une voie qui mène aux mots justes, aux mots justes de l’Eglise aussi. Apprenons à nous taire: la communication n’est pas seulement affaire de mots. « Communiquer » est proche de « communier », participer à la Cène. Certes, l’Eglise communique l’Evangile, mais avant toutes choses, elle doit apprendre à se taire. Car la parole revient d’abord à Dieu lui-même. Observons de près : l’Evangile s’adresse à un monde qui n’est plus celui d’autrefois mais qui reste pourtant aussi le même. L’art consiste à savoir faire la différence

– Les mots justes n’émergent que s’ils ne sont pas submergés dans un flux de paroles.


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entre ce qui est éphémère et ce qui dure, entre l’effet de mode et l’intemporel. Observons de près, et nous aurons des prédications de qualité et des prises de position ecclésiales percutantes. Notons toujours les bonnes idées: nous les protestants avons une sainte crainte de tout écrit autre que la Bible, sola scriptura. Cette crainte est saine mais elle a des limites. Nous pourrions manifester plus d’audace lorsque nous nous exprimons par écrit. Les idées n’engagent communément leur auteur, leur auteure qu’au moment où elles ont pris forme écrite. « Qu’est-ce que croire ? Questions et réponses du Notre-Père », tel est le titre du livre de la foi de la FEPS. Nous assumons son contenu. Nous cherchons le dialogue, voire la controverse, sur la foi chrétienne. Il est écrit que la pensée devint verbe et nous prenons position. Faisons en sorte d’avoir un message, enfin. Sans point d’interrogation. Nous avons quelque chose à dire. Nous avons l’Evangile à proclamer, en paroles et en actes. Ce fut, c’est et ce sera la mission de l’Eglise. Tout se mesure à cette aune, le choix des mots aussi. Nous devons nous en tenir à cette mission, qui se retrouve dans toutes les positions des budgets ecclésiaux : en chaire, à l’EMS, à l’hôpital, au camp de catéchumènes, au centre de demandeurs d’asile, au studio de télévision, dans l’interview donnée à la presse, lors des tables rondes et dans les auditoires des facultés de théologie. La tentation de faire autre chose est omniprésente. Nous devons encore et toujours nous forcer à proclamer le mot de croix, une absurdité, un scandale aux yeux de la raison. Trouver les mots justes est l’une des facettes de la proclamation. Nous sommes nombreux à nous y essayer jour après jour, par devoir parfois et avec bonheur parfois. Paul disait aux Romains : « Je ne rougis point de l’Evangile ». Nul doute : il a su trouver les mots justes. <

* GOTTFRIED LOCHER est président du Conseil de la FEPS


Coup d’envoi d’un projet ambitieux : Congrès international de la Réforme, Zurich, octobre 2013.


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– Objectif de législature 1 : l’enracinement protestant

Un sac à main, symbole du jubilé de la Réforme

Sur le chemin du futur, il est des choses tellement visibles qu’elles n’échappent à personne. Il en va ainsi du jubilé de la Réforme. Et parfois, ce sont les petites choses qui symbolisent de tels événements, des choses aussi insignifiantes qu’un sac à main.

PAR DANIEL DE ROCHE *

C’

est arrivé le 8 octobre 2013, lors d’une soirée culturelle très distrayante au temple SaintPierre de Zurich, dans le cadre du Congrès international destiné à préparer le jubilé de la Réforme. J’étais assis au même rang que Margot Kässmann, ambassadrice de l’année de la Réforme en Allemagne. Durant la pause, Mme Kässmann a laissé son sac à main, de la taille d’une petite valise, devant sa chaise, si bien que toutes les personnes de sa rangée ont dû franchir cette pierre d’achoppement pour se rendre à la pause. Ce pas est devenu un symbole pour moi : la Réforme a commencé en Allemagne mais ses répercus-

sions se ressentent dans le monde entier. L’Allemagne et Luther sont des éléments incontournables lorsqu’on réfléchit à la Réforme et qu’on la commémore. Pourtant, les femmes et les hommes s’en réclamant ont parcouru leur chemin en toute autonomie. C’est notamment le cas en Suisse, le congrès mentionné précédemment l’a bien montré : la Réforme suisse a progressé parfois dans la foulée de la Réforme allemande, parfois contre elle et parfois sans en tenir compte. Pourtant, l’affichage de ses thèses par Luther, en 1517, reste une référence incontournable. On peut sans doute l’enjamber ou surenchérir, mais en aucun cas l’ignorer. Au même titre que


12 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives le sac à main de Margot Kässmann, le jubilé des 500 ans de la Réforme est un événement incontournable sur le chemin du futur.

Un travail de conviction

La FEPS commémore ce jubilé avec ses Eglises membres, le monde politique, les milieux culturels et toutes les personnes intéressées. Elle considère l’événement non comme un boulet ou un obstacle, mais comme l’occasion de mener, avec toutes les personnes intéressées par la foi chrétienne, une réflexion sur les racines de notre foi et de les commémorer dans un esprit festif. La réflexion sur le jubilé a pris d’abord des allures d’affirmation de soi de la part des protestants dont l’identité tend à s’effriter. En s’engageant sur une telle voie, le jubilé serait devenu un événement tourné vers le passé. Or, il n’en est rien : cette commémoration est un événement qui permet à la fois de fortifier et de fêter la foi en Jésus-Christ. C’est l’occasion de montrer à quel point la foi protestante est vivante, dans la mesure où dans toute l’Europe, les célébrations permettront d’aiguiser la prise de conscience du grand public pour la Réforme. Certaines Eglises cantonales se sont immédiatement déclarées prêtes à monter dans le train en marche. Ainsi, l’Eglise zurichoise a reconnu à un stade précoce qu’une telle occasion était unique et elle a réservé des ressources tant personnelles que financières pour commémorer la Réforme à Zurich. Cette Eglise est par conséquent un partenaire essentiel de la FEPS sur la voie des célébrations de 2017. D’autres Eglises estiment que leur anniversaire local de la Réforme est encore trop éloigné dans le temps pour s’associer à des festivités à vocation mondiale. En fin de compte, le congrès de préparation qui a eu lieu à Zurich en 2013 a largement contribué à faire de la commémoration de 2017 une occasion bienvenue d’évoquer la foi chrétienne en Suisse. Les institutions hôtes du congrès − la FEPS, l’Eglise évangélique d’Allemagne et l’Eglise zurichoise − avaient accueilli plus de 200 personnes du monde entier à cette occasion.

« R » comme image de marque

La FEPS souhaite placer la communication du jubilé sous le signe de la modernité, de la diversité et de la couleur. L’événement a une portée nationale et on l’a doté d’un logo simple, clair et immédiatement compréhensible : un R percutant et sûr de lui. Signe vivant, il condense les diverses facettes de la Réforme. Pour la première fois, la Suisse protestante est parvenue à rallier toutes les Eglises cantonales en définissant des déclinaisons cantonales de ce logo qu’elles peuvent utiliser si elles le souhaitent. Le logo de la Réforme est chez lui dans toute la Suisse. Le R de couleur verte est disponible en version à fabriquer soi-même et beaucoup l’ont déjà fait. Le R symbolise l’état de la Réforme d’aujourd’hui : chaque lieu, chaque paroisse est invitée à utiliser la variante de base et à la doter de contenus qui lui sont propres. Le carton, l’aluminium et la tôle ne seront toutefois pas les seuls supports du R et de la communication de la Réforme : plusieurs versions électroniques sont en cours d’élaboration, notamment des applications pour smartphones.

– Ensemble, les protestantes et les protestants de Suisse écriront le message des chrétiens suisses à l’occasion du jubilé de la Réforme en 2017.

Nos thèses pour l’Evangile en fil conducteur

Entre janvier 2015 et juin 2016, tous les groupes intéressés dans les paroisses et les Eglises seront invités à formuler leurs propres thèses sur la foi chrétienne. La FEPS synthétisera les résultats de ce processus ascendant et rédigera des thèses « enracinées ». Ensemble, les protestantes et les protestants de Suisse écriront le message des chrétiens suisses à l’occasion du jubilé de la Réforme en 2017. Ce message, qui sera publié en novembre 2016, permettra d’inaugurer l’année de commémoration. Trois manifestations sont prévues pour 2017  : une cérémonie de réconciliation œcuménique autour de Pâques, une manifestation nationale, culturelle et politique au milieu de cette année, puis une manifestation de clôture décentralisée dans les cantons. Tous ces événements seront l’occasion de rappeler la portée de l’Evangile aujourd’hui, dans la vie de l’Eglise et dans la société.


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Une fête sans frontières

Nous voulons profiter des manifestations et des campagnes relatives au jubilé pour mettre en évidence tout particulièrement la contribution des femmes, des jeunes et des œuvres d’entraide en faveur d’un monde meilleur. Ainsi, nous organiserons une manifestation spécifiquement destinée à la jeunesse. Les femmes seront représentées dans tous les organes et à tous les niveaux hiérarchiques, où elles participeront aux prises de décisions et aux travaux de conception. Quant aux œuvres missionnaires et d’entraide de nos Eglises, elles définiront ensemble un projet de collecte qui illustre le combat des protestants pour un monde plus juste. Une manière d’exprimer en 2017 en Suisse l’enracinement de la foi en Jésus-Christ en paroles, par la célébration et en actes. Aux cours des récentes années, la FEPS a longuement planifié, réfléchi et préparé, conjointement avec les personnes qui représentent les Eglises membres suisses et les Eglises issues de la Réforme des pays voisins. Ce processus nous a rapprochés et nous a permis d’apprendre les uns des autres ; autant de raisons qui justifient à elles seules la commémoration de la Réforme. Fêter ensemble nous rapprochera encore davantage. <

* DANIEL DE ROCHE est responsable du jubilé de la Réforme au sein du Conseil de la FEPS

La lettre « R » Participez et réalisez votre propre « R » à l’occasion du jubilé de la Réforme : www.ref-500.ch


Keystone

De Lausanne Ă Winterthour, la FEPS est la voix de deux millions de protestants.


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– Objectif de législature 2 : la communauté protestante

Etre Eglise par-delà les frontières linguistiques Si vous vous trouvez un jour à la gare de Lausanne, il n’est pas impossible que vous y croisiez Gottfried Locher, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), et que vous le voyiez traverser le hall central d’un pas alerte pour se diriger vers le métro.

PAR KRISTIN ROSSIER BURI  ET SIMON BUTTICAZ *

I

l va rejoindre le bureau lausannois que le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a mis à sa disposition, rue de l’Ale 31. Durant la législature 2011–2014, Gottfried Locher a rencontré les exécutifs de toutes les Eglises romandes et le Conseil de la FEPS s’est entretenu avec le Conseil synodal de l’EERV et le conseil d’Eglise de l’Eglise protestante de Genève (EPG). Quant aux présidents nouvellement élus des Eglises de Fribourg, de Neuchâtel et du Valais, ils furent invités à Berne pour un échange.

Au-delà de ces contacts, l’immersion du président de la FEPS dans la réalité de l’Eglise vaudoise lui donne une vision concrète du contexte des Eglises romandes et lui permet d’appréhender ce que signifie « rester une Eglise vivante » dans une des régions les plus sécularisées du pays. En effet, les défis que certaines Eglises alémaniques voient aujourd’hui poindre à l’horizon, les Eglises romandes ont dû les relever il y a plusieurs années et certaines y sont à nouveau douloureusement confrontées : diminution du nombre de fidèles et des moyens financiers, regroupement de paroisses, licenciement de pasteurs.


16 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives Accepter de changer, être courageux, placer leur confiance en Dieu et apprendre à collaborer au-delà des frontières cantonales, voilà ce à quoi les Eglises romandes s’exercent au jour le jour et que Gottfried Locher peut observer de son bureau lausannois. Le corollaire de ces difficultés, notamment pour les Eglises à Genève et à Neuchâtel, est qu’elles sont tellement accaparées par les réorganisations internes qu’il leur manque, comme le dit Emmanuel Fuchs, nouveau président de l’Eglise genevoise, « les forces pour s’engager ailleurs ».

Une expérience précieuse

L’expérience de ces Eglises est précieuse. L’EPG, par exemple, développe un nouveau modèle d’Eglise, une vision ecclésiale renouvelée, sous le mot d’ordre « passer d’une Eglise de tous à une Eglise pour tous » qui pourrait intéresser au-delà du canton de Genève. Aujourd’hui, certaines Eglises alémaniques sont elles aussi acculées à faire des économies et à adapter leur structure. Le capital d’expériences accumulé dans ce domaine en Suisse romande est pourtant rarement sollicité. On n’a pas le réflexe de regarder au-delà des frontières cantonales pour voir comment les autres ont fait pour surmonter la crise. La recherche de solutions se fait généralement sur le mode du « chacun pour soi ». C’est regrettable. La tendance au repli sur soi est rarement profitable, même en des temps de traversée du désert ! La FEPS pourrait être cela aussi : un lieu pour les Eglises où parler de leurs difficultés, échanger des expériences, former des tandems, s’épauler, se ressourcer au contact de l’autre.

fonction de pont est essentielle au dialogue national entre toutes les Eglises membres. Car aujourd’hui et plus encore à l’avenir, il faut s’écouter et parler d’une seule voix, dans la société et les médias. Si en Suisse alémanique, cette voix protestante se fait entendre de plus en plus souvent, c’est beaucoup moins le cas en Suisse romande. Contrairement aux grands quotidiens zurichois ou bernois, aucun journal ou hebdomadaire romand n’a publié d’interview du président ou mentionné les prises de position éthiques ou politiques de la FEPS, à l’exception de la question du refoulement des requérants d’asile déboutés. En ce qui concerne la présence de la FEPS dans la presse généraliste romande, il y a encore du pain sur la planche. Les journaux d’Eglise, en revanche, accordent une place croissante aux prises de position émanant de la Fédération.

Belle participation des Romands

Au niveau des réflexions thématiques développées durant la dernière législature par la FEPS au service des Eglises, on constate une belle participation des Romands. Mentionnons l’importante délégation romande au Congrès international du jubilé de la Réforme 2017 à Zurich l’année dernière ou la mise en valeur des expériences réalisées depuis plusieurs années par les Eglises romandes dans le domaine de l’accompagnement spirituel.

– La fonction de pont qu’exerce la FEPS est essentielle au dialogue entre Eglises protestantes de Suisse.

Manque de visibilité en Suisse romande

Il en va aussi de la visibilité de la FEPS en Suisse romande. Car s’il est vrai que le regard des Eglises francophones se tourne le plus naturellement vers l’Eglise protestante unie de France − historiquement et culturellement plus proche −, la FEPS est le lieu de l’appartenance des Eglises romandes au protestantisme suisse, elle représente leur lien avec les Eglises de Suisse alémanique et du Tessin. La FEPS est la seule instance protestante, la seule « Eglise » à jeter un pont entre les rives de la Sarine et à tenter de surmonter les barrières culturelles. Cette

Objectif atteint ?

La fonction de pont entre régions linguistiques qu’assure la FEPS se développe. Peut-on pour autant dire que l’objectif de la législature − renforcer les liens entre les Eglises au-delà des frontières linguistiques − est atteint ? A vous d’en juger … <

* KRISTIN ROSSIER BURI est vice-présidente du Conseil de la FEPS SIMON BUTTICAZ était chargé des relations avec les Eglises de la FEPS


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Que vaut-il mieux : le silence hermétique du poisson rouge ou celui chargé de sens d’un de nos semblables ?


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– Objectif de législature 3 : l’inspiration protestante

Une bonne prédication fait l’Eglise

Prêcher est une démarche exigeante, car une prédication est aussi une allocution. Elle doit inspirer. Celles et ceux qui savent choisir des paroles véridiques qui déploient tout leur effet sont, depuis cette année, en lice pour gagner le Prix de la prédication. Cette distinction a pour vocation de favoriser l’intérêt public pour l’art de la prédication. PAR PETER SCHMID  ET THOMAS FLÜGGE *

«I

l n’y a que les sots qui se taisent. Par conséquent, les poissons sont les animaux les plus stupides.  » Cette citation éloquente, véritable plaidoyer pour la liberté de parole, est de la plume de Gotthold Ephraïm Lessing, poète et penseur allemand des Lumières. Adepte de liberté et de tolérance, Lessing aimait les débats, surtout les débats volubiles. Il n’était pas zoologue, en témoigne sa description douteuse des poissons. Toutefois, son bon mot est sans rapport avec la zoologie. C’est un fait que la parole est l’un des signes distinctifs les plus évidents entre l’être humain et l’animal,

il n’en demeure pas moins que cette différenciation qualitative est à double tranchant. L’échange verbal entre personnes est certes plus amusant et plus instructif qu’un monologue adressé à un poisson rouge. Pourtant, la contemplation de cet animal « stupide » peut aussi se révéler nettement plus agréable que d’être confronté au monologue interminable d’un de ses semblables. A l’opposé du silence monotone, on trouve le silence volubile, qualifié en ces termes par Martin Luther : « La plus grosse sottise consiste à parler beaucoup pour ne rien dire ». Parler est une activité complexe. S’adresser à un public exige adresse et inspiration, une inspiration protes-


20 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives tante dans notre cas particulier. Il ne s’agit pas là d’une exigence d’ordre théorique, mais de l’un des objectifs de la législature 2011–2014 du Conseil de la FEPS. Toutefois, et peut-être à l’inverse de Lessing, la FEPS invoque en premier lieu le soutien requis pour être une source d’inspiration : « Les Eglises protestantes sont soutenues dans la célébration de la Parole de Dieu. »

De la prédication

La prédication est un acte créatif, estime Otto Schäfer, théologien à la FEPS. La prédication est un acte de réflexion sur l’Ecriture dans le but d’y trouver la Parole et non une réflexion qui passerait à côté de l’Ecriture, que ce soit de manière banale ou géniale. Otto Schäfer précise les caractéristiques essentielles de la prédication : c’est un acte d’intercession entre un témoignage reçu et la vie réelle, avec toutes ses facettes, des questions existentielles à la fin de la vie, en passant par la joie de vivre, la soif de vivre et les difficultés que réserve la vie. Une prédication morte est incapable de montrer le chemin de la vie ; elle n’est que silence volubile, doctrine austère ou morale rigide, courtoisie polie ou sermon méprisant, verbiage embarrassé, correction politique ou rhétorique esthétique : autant de paroles sans vie énumérées par Otto Schäfer. La prédication est un acte exigeant, aussi bien pour la personne qui la prépare que pour celle qui la proclame et pour l’auditoire. C’est un condensé du message chrétien, présenté à l’aide d’un exemple concret percutant. La prédication protestante est un bien culturel entretenu depuis près de 500 ans. La prédication est une culture de la parole. Elle constitue un élément central de la Réforme.

Les échos suscités par ce premier Prix de la prédication de la FEPS en Suisse furent enthousiastes. La prédication est une tradition protestante forte. Le Prix de la prédication a pour vocation d’honorer des transpositions réussies de l’Evangile dans notre époque ainsi que d’attirer l’attention sur les nombreux chefs-d’œuvre créés dimanche après dimanche par les pasteures et les pasteurs des Eglises protestantes suisses. Le prix de la prédication a été lancé peu avant le Dimanche de la Réforme 2013, lors d’une manifestation animée par le présentateur de télévision alémanique Kurt Aeschbacher. Le jury se compose notamment de Walo Deuber, cinéaste et enseignant zurichois, de Ralf Kunz et de David Plüss, tous deux spécialistes de la théologie pratique, ainsi que de la conseillère synodale vaudoise Line Dépraz. Mais que sera appelé à évaluer le jury ? Si la prédication est un discours, elle n’est pas un exposé. Et le prix n’a pas pour vocation de déclencher une compétition, mais d’honorer la prédication en sa qualité d’élément de la liturgie. La prédication est l’un des volets du culte et la dramaturgie de ce lien doit apparaître dans le texte. Le concours exige donc une description du contexte dans lequel ont eu lieu les prédications en lice. La situation de vie dans laquelle se trouvent les auditrices et les auditeurs est déterminante pour la réception d’une prédication : son langage est étroitement lié au contexte qu’elle évoque. Le prix de la prédication a été lancé dans trois contextes différents : une fois dans l’espace germanophone et rhéto-romanche, une fois dans l’espace francophone et italophone et une fois à titre de prix spécial. Qui sera intéressé par ce concours ? Combien y aura-t-il de prédicatrices et de prédicateurs qui se laisseront titiller par cette idée de concours ? Combien de prédications seront finalement en lice ? Autant de questions sans réponse au début du processus. Les protestants étant par nature enclins à la sous-enchère, nous nous étions fixé pour but de disposer de 30 prédications au minimum pour valider le concours, en tout et pour tout, pour toute la Suisse. La réalité a dépassé les rêves les plus audacieux : deux prédications en rhéto-romanche, quatre en italien, 58 en français et 181 en allemand, soit 245 au total et près de huit fois plus que prévu.

– Le nombre de prédications en lice a largement dépassé les espoirs les plus fous.

Le Prix de la prédication

Le Prix de la prédication vise à attirer l’attention du public sur l’art de la prédication. La création d’un tel prix est l’un des objectifs du Conseil de la FEPS formulé en début de législature, il y a quatre ans. La mise en œuvre a été préparée par de nombreux entretiens menés avec des titulaires de chaires de théologie pratique, avec des pasteurs et des responsables de prix de prédication décernés par les médias.


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Ces prédications reflètent la diversité des circonstances dans lesquelles elles ont été proclamées : cultes ordinaires, pour familles, pour enfants, en milieu hospitalier, en EMS ou dans les églises ouvertes des centres villes … Toutes les régions du pays sont représentées, tant les villes que les campagnes. Trois prix principaux ont été attribués et quinze prédications en tout seront publiées dans un recueil édité respectivement chez Labor et Fides et chez Theologischer Verlag Zürich.

L’inspiration protestante

Les prédications primées et publiées ont en commun d’être une source d’inspiration protestante dans le meilleur sens du terme. Elles sont vivantes. Elles ne sont pas silencieuses. Elles ne bavardent pas. Elles ont quelque chose à dire. Elles ne proclament pas un silence tapageur. Elles plairaient à Lessing, tout comme à Luther. Ces prédications répondent à l’exigence fondamentale : elles interpellent et inspirent leur auditoire. Or l’Eglise est partout où se trouve l’Evangile, où il est proclamé, où il est vécu et où il est témoigné. C’est ainsi que l’Eglise est définie dans les commentaires sur les objectifs de législature du Conseil de la FEPS. Les prédications primées et publiées sont donc véritablement l’Eglise. <

* PETER SCHMID est vice-président du Conseil de la FEPS THOMAS FLÜGGE est chargé de communication

auprès de la FEPS


Barbara Ludwig

Une prière d’avance : 800 croyants se réunissent à Berne à la veille du Jeûne fédéral de 2013.


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– Objectif de législature 4 : l’œcuménisme protestant

Œcuménisme signifie humilité, travail et surtout : nécessité

En Suisse, la Communauté de travail des Eglises chrétiennes (CTEC-CH) est depuis 1971 signe d’œcuménisme vivant. Rita Famos, membre du Conseil de la FEPS, est la présidente de la CTEC-CH. PAR RITA FAMOS ET MARTIN HIRZEL *

Œ

cuménisme signifie humilité. Œcuménisme signifie reconnaître que l’Eglise à laquelle on appartient ne peut en aucun cas revendiquer à elle seule de représenter toute la vérité et qu’elle a besoin d’être complétée par l’Eglise sœur. Vivre l’œcuménisme signifie s’aimer les uns les autres. Œcuménisme signifie aimer, au sens de se manifester mutuellement respect et considération. Œcuménisme signifie se réjouir ensemble des réussites communes, lutter pour la vérité et la véracité, profiter de l’altérité de la sœur, du frère.

Œcuménisme signifie nécessité, une nécessité qui s’impose avec toujours plus d’évidence d’ailleurs. Car le dialogue entre les directions d’Eglises s’est enlisé. Des obstacles apparemment insurmontables se sont accumulés. Ou du moins, c’est un aspect de la situation. L’autre aspect est que dans de nombreuses paroisses suisses, l’œcuménisme va de soi. Œcuménisme signifie travail. L’objectif est de constituer une communauté. C’est le chemin sur lequel s’est engagée la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse. La CTEC regroupe les Eglise protes-


24 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives tante, catholique romaine, catholique chrétienne, les méthodistes, les baptistes, l’Armée du Salut, l’Eglise luthérienne, les Eglises orthodoxes et anglicane ; elle associe, à titre d’invitée, l’Eglise adventiste du septième jour. En Suisse, la présidence de la CTEC a l’avantage de réunir autour d’une même table les cadres de plusieurs de ces Eglises, ce qui n’est pas le cas de tous les pays européens. Ainsi, depuis 2013, la FEPS délègue à la présidence de la CTEC la pasteure Rita Famos. La CTEC est aujourd’hui en mutation. Ses statuts sont en cours de révision, car les statuts en vigueur actuellement, qui datent de la fondation de la Communauté de travail en 1971, ne permettent plus de relever les défis qui se posent à un œcuménisme alerte, apte à réagir rapidement aux questionnements de la société. Au cours des récentes années, la CTEC s’est trouvée renforcée, non du fait de nouvelles structures, mais du fait de trois manifestations œcuméniques qui ont permis d’attirer l’attention sur l’œcuménisme en Suisse et de faire entendre la voix chrétienne dans la société. Cette visibilité extérieure a aussi permis de resserrer les liens à l’intérieur.

Le 14 septembre 2013

réunit publiquement au plan national des Eglises évangéliques et les Eglises membres de la CTEC constitue une première en Suisse. Il est prévu de renouveler cette manifestation à un rythme biennal. L’action du Jeûne fédéral 2013 montre que prier ensemble est possible et génère des liens.

Le 25 janvier 2014

500 personnes se retrouvent pour assister à la table ronde intitulée « Combien de christianisme l’école peut-t-elle supporter ? ». La manifestation est initiée par la CTEC, à la demande de personnes engagées dans le monde de la formation, à l’occasion de la procédure de consultation relative au projet de Programme d’enseignement 21 (Lehrplan 21) de l’école alémanique. Les Eglises et certains partis politiques ont émis des réserves : il est en effet prévu d’intégrer la branche religion dans le domaine « éthique-religions-communauté » au niveau secondaire. La même critique est formulée à propos de l’intégration de la religion à l’enseignement « nature-Homme-société » aux niveaux de l’école enfantine et du primaire. Les préoccupations portent sur deux questions : le Programme d’enseignement 21 met-il complètement entre parenthèses les racines judéo-chrétiennes de notre société, en omettant de mentionner les fêtes et les valeurs chrétiennes ou l’histoire biblique ? Et puis : est-il opportun de choisir une approche comparative des religions dès l’école enfantine ? Ne serait-il pas dans l’intérêt de la société, de notre culture et de nos enfants d’opter pour un enseignement de la religion axé d’abord sur le christianisme ? Ces questions doivent être débattues publiquement. La table ronde réunit Bernhard Pulver et Regine Aeppli, tous deux responsables d’un département de l’instruction publique, le président du Conseil de l’Eglise de St-Gall, Martin Schmidt, l’évêque de Bâle, Felix Gmür, ainsi qu’une représentante de l’Association suisse des libres penseurs. Les demandes de révision du projet de Programme d’enseignement 21, formulées pour la branche Religion par la Conférence des directeurs alémaniques de l’instruction publique permettent de penser que les critiques des Eglises ont été entendues. Cette manifestation est l’occasion, pour la CTEC, de réagir rapidement à un sujet sociétal important. Ayant répondu d’une même voix, les Eglises furent entendues.

– La voix des Eglises est entendue lorsqu’elles se manifestent ensemble.

La veille du Jeûne fédéral 2013, quelque 800 chrétiennes et chrétiens se retrouvent sur le Grand bastion (Grosse Schanze) de Berne. La manifestation d’ouverture, intitulée « Une prière d’avance », est destinée à sensibiliser la population à l’origine du Jeûne. Au Palais fédéral, deux membres du Conseil national lisent l’Appel du Jeûne fédéral, signé par 136 membres du Parlement, en appelant la population à se souvenir des valeurs fondamentales du christianisme. Ils rappellent le sens de la tradition séculaire du Jeûne fédéral, fortement ancrée dans les Eglises et dans la politique, et qui consiste à faire du troisième dimanche de septembre une journée consacrée en premier lieu au repos et à la réflexion. La liturgie de ce temps de prière est élaborée et présentée par les Eglises membres de la CTEC, auxquelles se joignent des représentantes de l’Alliance évangélique suisse, de Prière pour la Suisse et de l’Association des Eglises libres de Suisse alémanique. Outre la prière de repentance et d’action de grâce, une déclaration est lue, dans laquelle les personnes participantes s’engagent en faveur de la paix et de la solidarité en Suisse. Cette manifestation qui


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Le 21 avril 2014

A Riva San Vitale, des fidèles des Eglises membres de la CTEC se retrouvent autour des fonts baptismaux de la plus ancienne construction ecclésiale de Suisse, dont le baptistère remonte au Ve siècle. Elles paraphent solennellement l’extension de la reconnaissance du baptême. Au terme de près d’une décennie de débats, et compte tenu de la reconnaissance réciproque du baptême entre les Eglises protestante, catholique romaine et catholique chrétienne depuis quarante ans, cette reconnaissance réciproque est scellée par les Eglises méthodiste, anglicane et luthérienne. Si l’Eglise orthodoxe n’est pas parvenue à s’y rallier, elle assure néanmoins qu’elle continuera de reconnaître la validité du baptême pratiqué par les autres Eglises. Quant à l’Union évangélique d’Eglises baptistes de Suisse, elle confirme qu’elle reconnaît le baptême de ses nouveaux adhérents dans une confession différente et qu’elle ne procède pas au re-baptême. La cérémonie solennelle de Riva San Vitale en avril 2014 officialise des pratiques relativement fréquentes depuis un certain temps déjà. Néanmoins, la célébration commune des vêpres et le paraphe solennel du document constituent des signaux importants, dans la mesure où ils renforcent le sentiment d’unité. Désormais, il ne sera plus possible d’éluder la reconnaissance réciproque du baptême dans la discussion sur la compréhension des ministères et sur l’Eucharistie. <

* RITA FAMOS est membre du Conseil de la FEPS MARTIN HIRZEL est chargé de l’œcuménisme et des

communautés religieuses de la FEPS


Les exactions sont le pain quotidien de la minorité chrétienne en Egypte, selon Ehab El Kharrat et Freddy Elbaiady. Les deux sénateurs ont démissionné en signe de protestation.


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– Objectif de législature 5 : la présence protestante

La FEPS donne une voix aux Eglises sœurs

Etre présent, c’est garder les yeux ouverts. Par présence protestante, nous entendons un esprit ouvert et des sens en éveil, prêts à soutenir celles et ceux qui n’ont pas de voix. Par présence protestante, nous entendons aussi la mise en place d’un dialogue avec les responsables politiques de notre pays. La FEPS répond présente dans les deux cas.

PAR LINI SUTTER-AMBÜHL ET HELLA HOPPE *

Une présence protestante pour les chrétiennes et les chrétiens menacés

La FEPS entretient des liens étroits avec les Eglises protestantes du Proche-Orient. Au printemps 2013, le président du Conseil de la FEPS, Gottfried Locher, et le responsable des relations extérieures, Serge Fornerod, se sont ainsi rendus au Liban et en Egypte. Au Caire, ils ont rencontré les sénateurs égyptiens Ehab El Kharrat

et Freddy Elbaiady. Depuis décembre 2012, les deux politiciens figuraient parmi les douze chrétiens membres de la Choura, le Conseil consultatif du Parlement de la République arabe d’Egypte (270 membres). Ehab El Kharrat présidait alors la Commission parlementaire des droits humains et Freddy Elbaiady était membre de la Commission des droits humains ainsi que de la Commission constitutionnelle.


28 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives Au terme de leur visite, les représentants de la FEPS ont invité les deux politiciens égyptiens à se rendre à Berne en 2013, afin qu’ils puissent informer en direct l’Assemblée des délégués de la FEPS, mais aussi le Conseil national et le Conseil des Etats, sur la situation dans cette Egypte bouleversée. Par la suite, en juin 2013, l’Assemblée des délégués de la FEPS a adopté une résolution pour demander au Conseil fédéral de faire preuve, dans le cadre de la défense des droits humains, d’un engagement plus ferme en faveur des chrétiennes et des chrétiens victimes de discriminations, d’exclusions et de menaces. Cette résolution a été remise personnellement au conseiller fédéral Didier Burkhalter. Durant l’été 2013, les événements se sont toutefois précipités en Egypte. Après de longues semaines de protestations violentes contre Mohammed Morsi, le premier président issu d’élections, ce dernier fut destitué de ses fonctions début juillet. Mi-juillet, le président intérimaire, Adli Mansour, dissolvait la Choura. MM. Elbaiady et El Kharrat avaient préalablement remis leur mandat en signe de protestation contre la politique de Morsi. C’est donc sous le signe d’une actualité brûlante que les deux politiciens égyptiens sont venus en Suisse pour nous livrer des informations sur la situation politique du moment. La Constitution paraphée par Mohammed Morsi, et suspendue par la suite par l’armée, contenait des dispositions voulues par certaines forces islamistes afin de renforcer leur propre interprétation de l’islam, a expliqué M. Elbaiady ; ces dispositions prenaient notamment la forme d’omissions relatives au trafic d’êtres humains, aux mutilations des organes génitaux ou au préambule consacré à la liberté religieuse. M. El Kharrat a insisté de son côté sur la nécessité impérative d’une réforme de la police. Les faibles salaires et la formation insuffisante des brigades antiémeutes, ainsi que l’emploi généralisé de la violence, parfois même jusqu’au niveau des juges et des procureurs, font apparaître peur et méfiance dans la population. Les émeutes de la place Tahrir ont fourni un exemple parlant des graves lacunes de communication entre la police et les manifestants, ainsi que de l’impuissance de la police à empêcher la violence.

La protection de la dignité et des droits des personnes menacées du fait de leur religion constituait un autre point fort des entretiens avec les deux politiciens égyptiens. Les chrétiennes et les chrétiens sont la cible d’attaques dans toutes les parties de leur pays ; les atteintes vont de discriminations et de tracasseries dans la vie quotidienne à la violence physique et au meurtre. Corrompue, la police n’est souvent d’aucun secours en cas d’urgence. L’arbitraire prévaut dans les prisons, où la torture est quotidienne. Les deux hommes arrivent cependant à une conclusion importante : tous, tant chrétiennes et chrétiens que musulmanes et musulmans, souffrent de cette situation.

Rencontrer les partis : une présence protestante publique

Les parlementaires suisses sont confrontés à une multitude de détails techniques et ne trouvent plus guère de temps à consacrer aux questionnements fondamentaux. Les membres du Conseil national et du Conseil des Etats sont donc nombreux à apprécier les apports que l’Eglise peut leur apporter sur certains sujets, au moyen par exemple d’analyses effectuées selon des critères théologiques et éthiques. Ces politiciennes et politiciens de milice savent reconnaître le soutien spécialisé et les efforts de sensibilisation des Eglises dans ces domaines. Depuis l’automne 2013, la FEPS a ouvert le dialogue avec les présidences des partis politiques représentés sous la coupole. Le premier de ces échanges a eu lieu avec le PDC en octobre 2013 ; le deuxième est intervenu durant la session d’été 2014, avec le PS. Une rencontre avec l’UDC est à l’agenda pour la session d’automne 2014, alors que rendez-vous est actuellement pris avec le PLR. Ces rencontres réunissent le président/la présidente du parti, un membre du Conseil de la FEPS, une présidente ou un président de Conseil d’une Eglise membre de la FEPS et un délégué du Secrétariat. Le dialogue porte en priorité sur des sujets en rapport avec l’actualité politique ou des sujets qui tiennent à cœur à la FEPS. Les sujets clés abordés durant les premiers entretiens étaient la dignité humaine dans la politique migratoire, le Proche-Orient et la liberté religieuse en sa qualité de droit humain fondamental, le début et la fin

– Présence protestante : l’Eglise va à la rencontre des gens, où qu’ils se trouvent.


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de la vie, ou les 500 ans de la Réforme. Les échanges ont également porté sur des questions de politique familiale et économique. Les rencontres seront répétées tous les 12 à 18 mois. <

* LINI SUTTER-AMBÜHL est membre du Conseil de la FEPS HELLA HOPPE est directrice du service de relations

avec l’administration fédérale et chargée des questions économiques de la FEPS


iStock.

A quoi sert l’être humain et comment l’optimiser ? Quel potentiel encourager, quel déficit éviter ? Bref : comment exploiter l’humain au mieux ?


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– Objectif de législature 6 : la vigilance protestante

« … pour l’amour de Dieu » « … lorsque cela s’avère nécessaire, elle prend position – une position fondée du point de vue protestant, théologiquement claire et politiquement judicieuse. Elle prête sa voix à ceux qui subissent l’injustice et qui ne parviennent pas à se faire entendre auprès du public. » Tel est le contenu du sixième objectif de législature du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, intitulé « La vigilance protestante ». A quoi bon ?

PAR REGULA KUMMER ET FRANK MATHWIG *

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tre attentifs, informés, présents, à la hauteur, dans le vent – voilà ce qu’exige de nous la « société de l’accélération  » (Hartmut Rosa). Au point que même les stupéfiants sont aujourd’hui davantage utilisés comme des stimulants pour améliorer concentration et performance que comme des relaxants, comme moyen de déconnecter. Dans notre société réveillée en permanence, le supplice de la privation de sommeil s’est mué en expérience personnelle. Face à cet emballement, le sommeil et le repos ne sont-ils pas des revendications justifiées de l’Eglise ? En effet, être vigilant n’est pas seulement synonyme d’être en éveil et de surfer sur la déferlante d’informations toujours renouvelées à l’aide de son téléphone portable. La vigilance intervient aussi dans un autre réseau de communication, à l’aide d’un moyen de communication différent : « Veillez ! Priez ! Priez ! Veillez ! » Dans la cantate de Jean-Sébastien Bach, la disposition en miroir de ces appels illustre la simultanéité de la vigilance et de la prière. Il ne

s’agit pas de veiller pour prier, ni de prier pour être vigilant, mais d’être vigilant au moment de prier et de prier en étant vigilant. On peut définir la vigilance protestante comme la présence dans un certain type de communication : être sensible et réceptif à la Parole de Dieu par l’intermédiaire de son Esprit. Etre vigilant ne signifie pas être actif, mais faire preuve de réceptivité et d’attention à ce qui se passe en soi, sur soi et autour de soi. Dans la perspective biblique et chrétienne, le mode de vigilance ecclésial se matérialise dans la prière en commun. Prendre une « position fondée du point de vue protestant, théologiquement claire et politiquement judicieuse » revient à prendre position publiquement dans ce mode. Mais suffit-il d’accorder une voix forte à ceux qui ne parviennent pas à se faire entendre ? Ne faudrait-il pas agir avec courage une fois que le tort et l’injustice ont été perçus ? Le réformateur de Zurich ne se contente pas de dire. Il encourage à faire : « Entreprenez un acte courageux, pour l’amour de Dieu. » Il ne suffit pas de ressentir, de perce-


32 bulletin Nº 2/2014 Objectifs de législature : bilan et perspectives voir, d’adopter une rhétorique du désarroi ou une attitude bien-pensante, de soumettre sa mauvaise conscience à un lavage éclair ou de se donner des leçons. Il faut agir, « pour l’amour de Dieu » ! « Pour l’amour de Dieu », une expression qui évoque l’indignation, l’outrage, voire l’horreur. On y perçoit le rejet, le refus, la résistance. « Non, ça suffit ! » La plupart du temps, l’attitude de rejet est provoquée par une position, une conviction ou une attitude personnelle. La FEPS recourt à « l’amour de Dieu » lorsqu’elle se prononce sur des questions de politique sociétale ; elle réagit pour signaler que l’Eglise n’a pas à s’exprimer ainsi, qu’elle ne doit pas se mêler de tel ou tel domaine et qu’il est temps qu’elle abandonne définitivement cette attitude moralisante dépassée, jalouse des droits des gens. Dans les procédures de consultation et dans les votations, la FEPS, adepte fidèle de la loi de Murphy, se retrouve régulièrement du côté de la minorité : la tartine tombe toujours sur le côté avec la confiture … Cette attitude a fait l’objet de critiques et en a désécurisé plus d’un. L’évaluation que nous avions publiée était-elle suffisamment pondérée et équilibrée ? L’Eglise ne prend-elle pas position de manière unilatérale, sans tenir compte des intérêts de la partie opposée ? De manière plus générale : l’Eglise est-elle habilitée à se prononcer sur le sujet en question ? Ce type de débat fait partie de l’identité protestante, une identité n’est pas imposée par des structures autoritaristes, mais qui est le résultat d’un processus commun. Il ne faut toutefois pas perdre de vue l’essentiel, la seule chose qui compte : la constance « pour l’amour de Dieu ». L’Eglise, au lieu de se borner à ne pas trop s’avancer et de ne pas risquer trop de résistance, attitude peu courageuse s’il en est, doit au contraire se reposer toujours la même question, fondamentale : ce que l’Eglise proclame, dit, fait et subit est-il conforme à la volonté de Dieu, tel qu’il se manifeste à nous dans sa Parole et par son Esprit ? Les activités quotidiennes de l’Eglise sont-elles dans le sillage de Jésus-Christ, de l’historique de la relation de Dieu avec son peuple élu, avec sa communauté et avec toute l’humanité ? Qu’est appelé à dire, à faire et à subir l’Eglise, « au nom de Dieu », non sous le coup de l’indignation, non dans le sens d’un engagement humanitaire ou dans un élan de résistance politique, mais uniquement pour l’Eglise et pour l’accomplissement de sa mission ? Agissant dans un tel es-

prit, l’Eglise pourra bien exprimer son indignation, lutter en faveur de plus d’humanité et opposer une résistance politique « pour l’amour de Dieu ». L’Eglise est synonyme de volonté divine sur terre et de sa revendication à régner sur cette terre, ni plus, ni moins.

To be or not to be

Vivre d’après la Parole et la volonté de Dieu ne signifie pas adhérer à une stratégie qui recourt à des solutions ou à des recettes toutes faites. La Bible contient davantage d’informations sur les questions migratoires que nous aimerions y trouver. Et même la thématique de l’asile apparaît bien en vue et sans équivoque dans les premiers chapitres. L’autre grand thème récurrent de la politique sociétale, à savoir comment gérer le début et la fin de la vie, ne trouve pas de citation aussi claire. La participation de l’Eglise au débat sur les questions biopolitiques est perçue de manière ambiguë dans la société. Si les uns considèrent l’Eglise comme l’ancre salutaire dans une évolution où l’être humain exploite son potentiel technique jusqu’aux extrêmes, les autres estiment qu’elle constitue le dernier obstacle à éliminer par une humanité délivrée de toutes les contraintes imposées par les lois de la nature. Les deux ont tort. Il n’appartient pas à l’Eglise d’évaluer des technologies. Si la FEPS a activement participé aux débats politiques sur l’assistance au suicide, sur la loi qui concerne la procréation médicalement assistée, sur le diagnostic préimplantatoire, sur les tests sanguins préimplantatoires ou sur la transplantation d’organes, elle n’avait à aucun moment la prétention de livrer une contribution d’ordre biotechnologique. L’Eglise n’a pas de problème avec la technique. En revanche, elle est directement interpellée par les conséquences de ces technologies pour les êtres humains, la société et les structures politiques. La FEPS estime que son rôle en rapport avec les questions bioéthiques consiste à rappeler le fondement anthropologique du Dieu biblique, à savoir « la plus-value de l’être humain qui n’est pas soumise à l’absence ou à la présence d’autres humains » (Wolfgang Schrage). Réfléchir à l’humain, dans une perspective biblique et chrétienne, signifie réfléchir dans une perspective qui dépasse l’humain. L’être humain ne peut pas porter de jugement ultime sur lui-même. Or, le débat en cours sur la sélection des enfants destinés à naître et sur l’habilitation des personnes âgées

– Réfléchir à l’humain, dans une perspective qui dépasse l’humain.


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ou malades à mettre fin à leurs jours en recourant à l’assistance au suicide porte précisément sur des jugements ultimes. On est en pleine tragédie de Hamlet : « être ou ne pas être, telle est la question ». Sur cette question, la FEPS n’a jamais fermé les yeux et elle n’a jamais refusé d’entrer en matière sur ce type de décision. Ses réflexions se basent sur la constatation que la technique est incapable de répondre aux questions existentielles ou de les désamorcer à l’aide d’une rhétorique autodéterministe moralisante. La banalisation des questions existentielles est fondamentalement inhumaine : elle attaque de front l’humanité de l’être humain (Jean Calvin). La technique ne répond à aucun des questionnements fondamentaux qu’est appelé à se poser l’être humain à propos des conditions, des potentialités et des limites que réserve la vie. L’Eglise doit impérativement et courageusement lutter de toutes ses forces contre l’erreur que constitue cette idéologie de gestion utilitariste. Entendons-nous bien : elle ne doit pas s’opposer à une technique ou à un procédé biotechnologique, mais aux à leurs intentions et à leurs objectifs concrets.

Oser être hors norme

Le débat actuel à propos de procédés biotechnologiques est dominé par les questions à ne pas poser et par le déclenchement des cerveaux. Dans ce contexte, la contribution de la FEPS paraît bien mince à première vue. L’institution ne prétend en effet pas répondre aux questions de société. Elle tient simplement à rappeler le caractère non axiomatique de tous les actes et de toutes les omissions des êtres humains et de leur raison d’être ; elle tient aussi à rappeler aux milieux politiques et à la société leur obligation de faire preuve de sens critique. En Suisse, la bioéthique officielle tend à narcotiser toute ébauche de réflexion et à rassurer tout soupçon de questionnement, selon la devise : tout va bien dans le meilleur des mondes. Ce détachement inquiète la FEPS. Non pas parce que l’éthique n’est plus ce qu’elle devrait être ni parce que les positions défendues à l’intérieur de l’Eglise sont contradictoires, voire défaillantes. Le souci et l’engagement de la FEPS portent sur une image réductrice de l’être humain, prête à sacrifier toujours plus souvent à des considérations utilitaristes le respect de la dignité propre à la nature de créature de l’homme. La FEPS met le doigt sur les troubles de conscience quant à ce qu’il y a de fondamentalement humain dans l’homme, provoqués par les sirènes de ce qu’il parvient à faire. Là encore, l’en-

gagement de la FEPS ne porte pas sur les êtres humains, mais sur ce qui caractérise l’être humain. La FEPS estime que les débats contradictoires en cours sur le début et la fin de la vie sont révélateurs d’une société profondément déstabilisée, qui préfère faire l’impasse sur les questions existentielles les plus anciennes – d’où venons-nous ? où allons-nous ? – pour les remplacer par ses propres projections de la vie, esquissées à traits grossiers. La puissance des images sous-tend l’euphorie provoquée par la faisabilité biomédicale. Alors que nous avons surmonté les lois de la nature à l’aide de la technique, nous nous abandonnons à la domination des images et des symboles : représentations visuelles de séquences de gènes, échographie du fœtus dans le ventre de sa mère, chiffres et données insignifiants qui résultent du test sanguin destiné à détecter la trisomie, ou encore images sombres d’un diagnostic médical, d’une maladie, voire d’une mort solitaire, déterminée par autrui. La force de ces images prend toute sa mesure lorsqu’on réalise qu’elles servent de base de décision en faveur de la vie ou de la mort. La vigilance de l’Eglise – « Veillez ! Priez ! Priez ! Veillez ! » – a pour objectif de préserver l’être humain de l’emprise exercée par l’image qu’il a de lui-même. Ce n’est qu’après s’être délivré des fixations provoquées par ces images que nous prenons conscience de tous les possibles qui existent au-delà du répertoire réduit des images. Le rôle que la FEPS endosse dans la société est celui d’une « école du voir » qui permet d’appréhender toute la plénitude de la vie offerte par Dieu. A la reconnaissance pour la plénitude des dons divins correspond la hardiesse des êtres humains qui envisagent une telle plénitude. Proclamer la plénitude signifie vouloir davantage que la médiocrité de l’imagination humaine. Aux images étriquées projetées par les êtres humains, les chrétiennes et les chrétiens répondent par la plénitude des surprises divines, des possibles qui font éclater toute description et toute illustration humaine. Il n’est donc pas surprenant que, politiquement, la FEPS se retrouve plus souvent qu’à son tour du côté de la minorité. Non pas parce que la tartine tombe toujours du mauvais côté, mais parce que le mot d’ordre des images humaines proposées par la biotechnologie exige des Eglises que dans des prières courageuses, elles adoptent une position hors norme. <

* REGULA KUMMER est membre du Conseil de la FEPS FRANK MATHWIG est chargé des questions théologiques

et éthiques de la FEPS


– Portrait d’Esther Gaillard et de Daniel Reuter

Jamais l’un sans l’autre


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PAR ANNE DURRER *

Ce portrait des deux nouveaux élus au Conseil de la FEPS s’ouvre, en titre, sur la devise de l’une qui pourrait aussi être celle de l’autre. Il est le fruit d’une interview à deux voix, réalisée en août à Berne, qui leur a également permis de faire connaissance. Une Romande, un Alémanique, deux expériences de vie et deux personnalités que vous êtes invités à découvrir ici.


36 bulletin Nº 2/2014 Nouveaux élus au Conseil

L’

une – Esther Gaillard – a grandi dans l’Oberland bernois, s’est formée comme infirmière avant de devenir éducatrice auprès d’enfants handicapés puis vigneronne sur la Côte vaudoise. L’autre – Daniel Reuter – Zurichois, travaille comme secrétaire communal, est le fils d’un père qui a fui la RDA en 1955 parce qu’il ne supportait plus le régime ambiant. Il a donc grandi dans un environnement où « la foi était quelque chose pour les gens bêtes ».

selon Daniel Reuter. Les deux nouveaux élus viennent d’Eglises ayant, selon la formule de Daniel Reuter, littéralement une frontière territoriale. Nous devrons, constate-t-il, « apprendre à élever notre pensée au-delà des barrières cantonales, voire suisses. L’Evangile a bien une portée universelle ! ».

La vigne, apprentissage de la patience

« Dans notre société, on a tendance à se laisser gagner par la vitesse », regrette Esther Gaillard. De nombreuses tendances sont présentes dans nos Eglises. Deux expériences marquantes Cultiver le dialogue – comme le travail de la vigne qui Esther Gaillard a appris que tout pouvait changer lui a appris la patience – prend du temps et la patience sans préavis : elle a dû apprendre « brutalement » à gérer est indispensable en Eglise pour gagner l’adhésion de un domaine agricole et viticole à la suite du décès subit chacune et chacun à un projet commun. Il faut quatre de son mari il y a vingt ans, tout en élevant seule leurs ans pour récolter la première grappe trois enfants. et quatre saisons pour une vendange, Plutôt dans la continuiavec des moments tranquilles et des té pour sa part, Daniel Reuter moments de stress, des moments diffut treize ans secrétaire du Parti évangélique suisse et trois ans ficiles lorsque la météo nous joue des secrétaire de la fraction évangétours. Le vin se déguste et se partage et la Bernoise a appris à apprécier la lique et indépendante de l’Astradition vaudoise du verre de l’amisemblée fédérale. Il a appris à développer une certaine sensitié, « une belle façon de communier, en quelque sorte ». Son vin favori est bilité pour les gens ou pour les le muscat, elle en a d’ailleurs dans son institutions « moins bien lotis ». jardin une souche qui lui a été offerte La Berne fédérale, il la connaît, Esther Gaillard par un prêtre fils de vigneron et qu’elle comme il connaît les milieux des a plantée l’année dernière. Ainsi va entreprises, où il enseigne dans le l’œcuménisme en terres viticoles. cadre des cours interentreprises. Elle estime absurde – et ne saurait se le permettre – Changement de dimension d’imaginer la FEPS dans vingt ans, la plupart des préEsther Gaillard est conseillère synodale de l’Eglise dictions sur une telle période s’étant révélées erronées. évangélique réformée vaudoise, après avoir été présiElle qui a beaucoup apprécié les objectifs de la législadente de cet exécutif pendant cinq ans et membre du ture qui s’achève, sait très bien ce qu’elle veut pour la synode durant six ans. Les deux connaissent déjà l’inFEPS : « qu’elle ose s’inspirer de l’Evangile, poser des questions de société et y proposer une réponse ». « Le confort et l’illusion des postes à responsabilité. Leurs jubilé de la Réforme est une opportunité extraordinaire candidatures au Conseil furent portées, l’une par les de réaffirmer notre foi telle que les réformateurs l’ont Eglises romandes, l’autre par l’Eglise zurichoise, mais redécouverte. » les deux élus insistent en chœur : ils ne représenteront plus les intérêts de leur Eglise mais ceux des Eglises. Daniel Reuter a aussi déjà expérimenté les changements Alors politique, l’Eglise ? de casquette, en passant du synode, dont il fut membre Politique, oui car « il y a des points où l’on ne peut durant vingt ans, à l’exécutif de l’Eglise zurichoise ; il pas faire autrement ». Mais non partisane, renchérit sent donc tout de suite s’il parle en son nom ou en sa Daniel Reuter qui a beaucoup fréquenté le monde pofonction. Tous deux rendront dorénavant des comptes à litique lorsqu’il était secrétaire général du Parti évanl’Assemblée des délégués et « à Dieu, comme nous tous », gélique suisse. « Les solutions ne sont jamais noires ou

– « Le dialogue prend du temps, comme la culture de la vigne, qui m’a appris la patience. »


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blanches, en politique c’est souvent une question d’appréciation. La FEPS est écoutée lorsque ses positions sont bien argumentées et qu’elle ne s’exprime pas à tout propos, donc avec une certaine réserve mais alors en toute clarté . » Esther Gaillard estime qu’on attend de l’Eglise qu’elle rappelle les valeurs fondamentales en lien avec l’Evangile. Il est important que des théologiens et des éthiciens proposent des réponses fondées sur l’Evangile. « Il faut avoir le courage de dire ce que l’on pense. » Et, en bonne tradition réformée, « chacun est finalement responsable de se forger sa propre opinion ». Les partis politiques ont une autre mission que les Eglises qui, elles, n’ont pas d’élections à gagner. Le dialogue avec le politique permet de dégager les points de rencontre, là où une forme de collaboration est envisageable et les domaines où elle n’est plus possible. Daniel Reuter constate qu’un intérêt pour les positions de l’Eglise ne se trouve pas toujours là où il l’escompte mais que l’intérêt est toutefois bien réel.

Dans un livret publié en 1988, l’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD) posait une question tout simplement fondamentale, rappelle Daniel Reuter qui affirme être « encore animé » par cet ouvrage : comment être et rester chrétien, comment nous qualifier pour le témoignage de l’Evangile ? L’Eglise doit vivre la diaconie et assumer ses responsabilités socio-diaconales ; elle doit aussi garder sa mission prophétique ; l’Eglise ne saurait être un bouche-trou seulement. « Nous devons dire pour quoi nous faisons ce que nous faisons, l’Evangile nous donne notre âme et notre feu. »

Ce qu’ils apprécient beaucoup et pas du tout

Les deux aiment lire, Hermann Hesse en allemand ou Anne Cunéo en français pour l’une et, pour l’autre, Ernst Jünger décédé en 1998 à 103 ans, auteur allemand et entomologiste qui rédigea ses souvenirs de la Première Guerre mondiale, où il fut à plusieurs reprises blessé et qui connut bien des époques − « ça rend modeste face à la contribution que l’on peut apporter soi-même », reconnaît Daniel Reuter. L’une – cela ne surprend guère – aime le vin, l’autre la bière, Daniel La fierté de ce que nous Reuter présidant une association sommes qui milite pour la diversité du proL’Eglise ne se transmet Daniel Reuter plus « comme ça » mais si nous duit. Clin d’œil à sa future collègue, répétons en pleurant que nous il évoque Martin Luther qui aurait sommes perdus, « nous n’éveildit que la bière sortait de la main de l’homme alors que le vin était un don de Dieu. Bon lerons plus d’envie chez les gens. Nous devons rester vivant, Daniel Reuter n’hésite pas à se référer à Jésus clairs et rayonnants. » Nous ne pouvons pas bousculer qui partagea de nombreux repas et discussions avec les gens, mais nous pouvons les inviter à vivre l’Evangile ses disciples. « Ainsi s’apprend la compréhension pour parce que « c’est beau », telle est la conviction d’Esther autrui. » Il aime donc à être confronté à de bons arguGaillard. « L’Eglise zurichoise peut se targuer, avec Zwingli ments, cultive cependant la collégialité dès qu’une déet Bullinger, d’une longue et remarquable tradition, cision a été arrêtée, pour « ne pas affaiblir le Conseil ». mais nous ne sommes plus dorés sur tranche depuis Lorsqu’ils disposent d’un moment de liberté, l’une longtemps  », souligne Daniel Reuter. Venir d’une a besoin de réfléchir ; les personnes intellectuelles la grande Eglise ne représente pas à ses yeux un obstacle trouvent plutôt pratique, les personnes « pratiques » très pour comprendre le contexte des nombreuses petites intellectuelle, les deux lui sont indispensables « pour alEglises que compte aussi la FEPS. « Pour durer, la FEPS ler bien ». L’autre prend un livre. Dans l’apprentissage, doit se montrer capable de réunir encore mieux tous Daniel Reuter se voit plutôt comme un théoricien ailes courants existants dans les Eglises de Suisse et être mant l’analyse et la conceptualisation. Ça ne l’empêcheune prestataire de services pour ses membres. Nous ne ra pas de peler des pommes de terre pour 150 personnes pouvons pas renverser les tendances médiatiques dont lors de la prochaine rencontre de son association. En certaines ne se perçoivent qu’au plan national. » dégustant une chope de bière, comme il se doit !

– « La société fonctionne car beaucoup y contri­buent, sans gagner des fortunes. »


38 bulletin Nº 2/2014 Nouveaux élus au Conseil

Femme et homme de dialogue

Tous deux se déclarent femme ou homme de dialogue et détestent le manque de respect, la lâcheté, le travail bâclé et la malhonnêteté. A bon entendeur ! Et lorsqu’ils ont envie de musique, Daniel Reuter écoute avec bonheur – peut-il en être autrement ? – la Symphonie de la Résurrection, de Mahler et Esther Gaillard choisit l’interprète au gré de son humeur : Joe Cocker ou Juan Luis Guerra, un auteur-compositeur dominicain qui associe rock et merengue traditionnel. Elle adore l’été, le soleil et la chaleur; lui préfère la saison des ré-

coltes, l’automne, temps également des bilans et de l’entrée en Avent.

Héroïnes et héros du quotidien

Esther Gaillard croise tous les jours des gens dignes d’admiration. Chercheurs, sportifs, artistes, ils et elles contribuent à l’attractivité de la Suisse et l’Eglise doit garder le contact avec ces personnes qui l’enrichissent elle aussi. « Il ne faut pas nécessairement se tenir sous les spots pour être un héros. » Tous deux ont d’abord une pensée pour les héros de l’ombre, celles et ceux qui font

Les nouveaux élus au long de la semaine Dimanche : Kinder (enfants), Küche (cuisine) ou Kirche (Eglise) ?

EG : la cuisine, j’adore cuisiner, si possible pour des invités. J’aime les plats dont la réalisation constitue un petit défi. DR : Eglise mais pas seulement en lien avec le culte. Nous retrouvons souvent un petit groupe d’amis pour aller manger. Donc Eglise, dans le sens de communauté.

Lundi : vélo ou transports publics ? EG : si j’avais le choix, je prendrais mon chauffeur personnel … DR : je n’ai jamais appris à conduire, donc les transports publics, qui fonctionnent à merveille en Suisse.

Mardi : Le Matin ou 24 Heures – Tagi ou Blick ? EG : 24 Heures pour les nouvelles vaudoises. DR : la NZZ pour le « Feuilleton » (pour les non-initiés : la rubrique culture et thèmes de société).

Mercredi : carnet de notes ou smartphone ? EG : smartphone, je me débrouille et je tiens à vivre avec mon temps. DR : carnet, je suis un homme de l’écrit.

Jeudi : Lausanne Sport ou LHC ? Grasshoppers or Lions? EG : le Béjart Ballet Lausanne. DR : les Lions (ZHC), le club de hockey de la ville de Zurich. Je préfère le hockey, pour son rythme et son efficacité. Imaginez, il est possible de jouer deux fois 45 minutes au football sans qu’aucun but ne soit marqué … Un futur sujet de débat avec Gottfried Locher, grand amateur de football.

Vendredi : viande ou poisson ? EG : je n’ai pas de tradition liée au vendredi, mais poisson, même si j’apprécie parfois un morceau de viande. J’attache de l’importance à une alimentation équilibrée. DR : viande, bien sûr !

Samedi : télé ou ciné ? EG : plutôt cinéma ou théâtre. J’apprécie les documentaires et les films qui me permettent de m’évader du quotidien ; ni science-fiction, ni thriller ! DR : j’adore le ciné, y aller garde quelque chose de mystique (si possible sans bruits de pop corn). Le dernier film que j’ai vu ? « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Le côté rebelle de ce « vieux » qui ne respecte pas les règles dans sa maison de retraite m’a séduit.


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leur travail, mères et pères, enseignants, bénévoles en Eglise ou ailleurs. La société fonctionne car beaucoup y contribuent sans « gagner des fortunes ». Les profiteurs au revenu indécent sont clairement les antihéros d’aujourd’hui, conclut Daniel Reuter. <

* ANNE DURRER est chargée de communication de la FEPS

Compléments d’information

Enregistrement vidéo des extraits de l’interview avec Esther Gaillard et Daniel Reuter https://vimeo.com/108563237


40 bulletin Nº 2/2014

– Jubilé de la Réforme

26 logos pour une image de marque unique La Réforme est chez elle dans toute la Suisse. Dans tous les cantons. Dans toutes nos Eglises. Chacune de nos Eglises a donc défini son propre logo pour afficher la commémoration de la Réforme, qu’elle utilisera parallèlement au logo vert national pour signaler les manifestations et les produits cantonaux. Pour personnaliser leurs logos, les Eglises cantonales ont choisi l’une des thématiques suivantes : un symbole, des armoiries ou un protagoniste.

Pour en savoir plus

Vidéo : animation filmée avec les logos https://vimeo.com/98663502


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42 bulletin Nº 2/2014 Jubilé de la Réforme

ZG Armoiries : armoiries cantonales

BL Protagoniste : Œcolampade (1482–1531), théologien, humaniste et réformateur bâlois

BS Protagoniste : Œcolampade (1482–1531), théologien, humaniste et réformateur bâlois

AG Symbole : logo de l’Eglise du canton d’Argovie

BEJUSO Symbole : logo des Eglises de Berne-Jura-Soleure

FR Symbole : logo de l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg

VS Symbole : armoiries de l’Eglise évangélique réformée valaisanne

SO Armoiries : armoiries cantonales

LU Protagoniste : Huldrych Zwingli (1484–1531), pasteur et réformateur zurichois

NE Symbole : collégiale, temple principal en ville de Neuchâtel

VD Protagoniste : Pierre Viret (1511–1571), pasteur et réformateur de Lausanne

GE Symbole : cathédrale St-Pierre, temple principal en ville de Genève

EEM Symbole : logo de l’Eglise évangélique méthodiste de Suisse


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SH Symbole : clocher de la cathédrale et du temple de St-Jean à Schaffhouse

ZH Protagoniste : Huldrych Zwingli (1484–1531), pasteur et réformateur zurichois

TG Symbole : colombe du logo du Dimanche de l’Eglise thurgovienne

AI/AR Armoiries : ours se tenant debout des armoiries cantonales

SG Protagoniste : Joachim Vadian (1484–1551), humaniste, médecin, maire et réformateur de St-Gall

SZ Protagoniste : Huldrych Zwingli (1484–1531), pasteur et réformateur zurichois

GR Armoiries : bouquetin des armoiries cantonales

GL Protagoniste : Fridolin von Säckingen, messager de la foi, avec auréole, bâton et bible, des armoiries cantonales

OW Armoiries : clé simple des armoiries cantonales

NW Armoiries : clé double des armoiries cantonales

TI Symbole : chaîne brisée symbolisant la liberté évangélique

UR Armoiries : taureau des armoiries cantonales


44 bulletin Nº 2/2014

– Prix suisse de la prédication 2014

Un podium féminin Le Prix suisse de la prédication 2014, premier du genre, a désigné ses lauréats : quinze gagnants dont les textes ont été choisis parmi les 245 envoyés à la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) pour figurer dans l’ouvrage « Prédications – un best of protestant » qui paraît ce 3 novembre. En tête du palmarès de cette première édition : trois femmes.


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PAR MARINA KAEMPF *

I

sabelle Ott-Baechler, pasteure à Neuchâtel remporte la première place de la catégorie français-italien pour « Ne pas arracher l’ivraie … », Caroline Schröder Field, pasteure de la cathédrale de Bâle, celle de la catégorie allemand-romanche pour « Elie dans le désert ». Le Prix spécial du jury est décerné à Manuela Liechti-Genge, pasteure alémanique de Porrentruy (JU), pour sa prédication radiophonique sur la Samaritaine. Que les trois premières places de ce premier Prix suisse de la prédication, lancé à l’automne 2013 par la FEPS, soient occupées exclusivement par des femmes est une excellente nouvelle pour Niklaus Peter, président du jury alémanique : « Les textes que le jury a reçus ont été anonymisés. Lorsque j’ai appris la nouvelle, je me suis sincèrement réjoui. L’Eglise protestante est l’une des rares à ouvrir la prédication aux femmes. Le palmarès de notre prix montre que les prédicatrices sont une richesse et une force pour notre Eglise. » « Dans un premier temps, cela m’a surpris », reconnaît pour sa part Line Dépraz, présidente du jury francophone. La pasteure lausannoise se

réjouit toutefois qu’ici, les quotas soient inutiles : « les prédicatrices se sont imposées d’elles-mêmes et, en tant que femme, j’en suis plutôt fière ».

Transmettre ce qui fait vibrer

L’objectif du Prix suisse de la prédication n’est pas de favoriser la concurrence, mais d’encourager les quelque deux mille prédicateurs qui montent en chaire chaque dimanche en Suisse, d’honorer et de mettre en lumière leur travail, rappelle Gottfried Locher, président du Conseil de la FEPS. « A travers les mots du prédicateur, Dieu lui-même interpelle l’être humain. C’est pourquoi, aujourd’hui, plus que jamais peut-être, la prédication est une chance pour les Eglises et pour la société ». De ces convictions sont nés le Prix et le petit recueil qui l’accompagne : quinze prédications soigneusement sélectionnées par deux jurys pour leur solidité exégétique, leur force rhétorique, leur consistance théologique et leur portée existentielle. La sélection des textes primés ne s’est donc pas faite au gré des envies et coups


46 bulletin Nº 2/2014 Prix suisse de la prédication 2014 qui se sécularise et se laïcise toujours plus, quand bien même un nombre croissant de nos contemporains sont en quête de spiritualité, note Line Dépraz. La prédication sur « Elie dans le désert » de Caroline Schröder Field a pour sa part impressionné le jury par la clarté de la ligne narrative, la précision théologique et la profondeur pastorale de son texte. « Prêcher ne signifie pas donner un cours sur un texte biblique, mais transmettre sa puissance narrative, s’attarder sur les images qu’il propose, rendre visibles la profondeur et la force qu’il transmet et en dégager l’utilité pour les expériences de la vie », souligne Niklaus Peter. La lauréate du Prix spécial du jury, Manuela Liechti-Genge, l’a fait d’une manière exemplaire dans sa prédication sur la rencontre au puits entre Jésus et la Samaritaine. L’un des objectifs du Prix suisse de la prédication était de donner une visibilité à la vivacité de la culture de la prédication en territoire helvétique. Les textes envoyés n’en représentent certes qu’une facette, ce qui n’a pas empêché les membres du jury d’être impressionnés par la diversité des voix, la qualité et la passion avec laquelle on prêche en Suisse, conclut Niklaus Peter. <

de cœur des jurés. « On ne peut pas juger l’inspiration, mais la manière dont la personne la traduit », souligne Line Dépraz. L’évaluation des prédications mises au concours – un travail bénévole et de longue haleine pour le jury qui a reçu 181 prédications en allemand, 58 en français, quatre en italien et deux en romanche – s’est révélée une tâche réjouissante, souligne Niklaus Peter dans son introduction à l’ouvrage « Prédications – un best of protestant ». « Le plus difficile a été de n’en retenir que quinze à primer ! » Cet amour des prédicateurs protestants pour leur métier, le jury francophone l’a également relevé, comme l’évoque Line Dépraz : « Des mots précis, un ton particulier, des images choisies pour éveiller la réflexion sont autant d’indices qui traduisent la passion des prédicateurs réformés pour la communication. L’irrésistible envie, voire le besoin, de transmettre à d’autres ce qui les fonde, les nourrit, les fait vibrer, donne sens à leur vie. »

A la lecture des prédications soumises à son expertise, le jury français et italien a pu mettre plusieurs tendances en lumière. Tout d’abord, l’attention « tout à fait remarquable » que les prédicateurs portent à leur public, qu’ils soient paroissiens traditionnels, familles, jeunes, personnes handicapées, prisonniers, malades ou auditeurs par le biais des ondes, ils sont tous rejoints par le prédicateur. En revanche, l’analyse historico-critique ne paraît plus avoir le vent en poupe : de nombreux prédicateurs ont transposé leur analyse ou la compréhension du texte biblique sans mettre en avant la médiation historique ou culturelle. La présidente du jury regrette cette évolution car « sans contexte, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe quel passage biblique ». Les deux jurys relèvent une troisième tendance : les textes transposent de façon très intéressante la portée socio-politique pour les auditeurs d’aujourd’hui du message biblique, un tour de force qu’a remarquablement réussi Isabelle Ott-Baechler, la lauréate du prix francophone. « Des zélateurs de l’époque de Jésus aux politiciens d’aujourd’hui, le lien est admirablement tissé sans pour autant exclure l’auditeur lambda . » Cette prédicasek · feps tion est un témoignage remarquable au sein d’une société Dans les Eglises évangéliques réformées de Suisse, ce sont plus de deux mille prédicateurs et prédicatrices qui, dimanche après dimanche, montent en chaire pour témoigner de la Parole de Dieu et en risquer une traduction pour aujourd’hui. Proclamer l’Evangile est au cœur de la mission de l’Eglise ; la prédication appartient à une longue et belle tradition issue de la Réforme. Mais c’est également une chance pour l’avenir, car une bonne prédication rejoint et interpelle l’humain. Aujourd’hui comme hier. Sans oublier qu’il s’agit aussi d’une œuvre d’art qui requiert du temps, de l’énergie et de la passion ! C’est pourquoi, souhaitant valoriser cette riche culture de la parole, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse a lancé en 2014 le premier Prix suisse de la prédication. Les prédications lauréates ont été réunies dans ce recueil. Une manière originale d’offrir une seconde vie à ces messages par-delà les murs des temples protestants. Avec les prédications de Luc Badoux, Ruedi Bertschi, Andreas Bruderer, Marco Di Pasquale, Martin Dürr, Thomas Grossenbacher, François Lemrich, Manuela Liechti-Genge (Prix spécial du jury), Isabelle Ott-Baechler (Prix de la prédication), Maja Peter, Etienne Rochat-Amaudruz, Pascale Rondez, Verena Salvisberg, Caroline Schröder Field (Prix de la prédication), Stefan Weller

ISBN 978-2-8309-1563-1

* MARINA KAEMPF est chargée de communication

de la FEPS et responsable du projet Prix suisse de la prédication depuis août 2014

Prédications – un best of protestant

Trois tendances actuelles

– Les prédications transposent très bien la portée socio-politique du message biblique.

Prédications Un best of protestant

Vous trouvez la liste des quinze textes primés et une courte présentation des auteures et auteurs sous www.prixdepredication-suisse.ch Le recueil « Prédications – un best of protestant » peut être commandé sur www.feps.ch


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– Interview avec les lauréates

« Les Eglises réformées ne doivent pas cacher leur lampe sous le boisseau » Entretien avec Manuela Liechti-Genge, Isabelle Ott-Baechler et Caroline Schröder Field, le « podium féminin » de ce premier Prix suisse de la prédication.

Chères gagnantes du Prix suisse de la prédication 2014, pourquoi avoir participé ?

Manuela Liechti-Genge : J’ai bien apprécié que la prédication devienne un thème public. Les Eglises réformées ont aussi le droit de mettre en avant leurs forces et ne devraient pas cacher leur lampe sous le boisseau. Cela dit, j’ai beaucoup hésité, car je n’étais pas certaine qu’un concours soit la meilleure forme d’y parvenir et, bien sûr, j’ignorais comment mon envoi allait être reçu. Isabelle Ott-Baechler : J’aime le culte réformé, j’aime l’exigence intellectuelle que demande l’interprétation pour aujourd’hui des textes bibliques, j’aime le défi d’une communication qui s’adresse si possible à toute la personne – grâce aux mots choisis, aux images ou métaphores et à l’attitude non verbale de l’officiant –, une communication qui tente de rendre présente « la Parole faite chair », et dont le résultat nous échappe toujours.

Caroline Schröder Field : C’est un collègue qui m’a parlé du prix et qui m’a encouragée à participer.

Et pourquoi avoir envoyé cette prédication-là ?

ma prédication en passant l’aspirateur ? dans le bain ? lors d’une rencontre riche d’échanges en promenant le chien ? ou en faisant tout à coup un lien lors de l’étude d’un texte biblique ?

IOB : J’aime ce texte (ndlr : la prédication primée « Ne pas arracher l’ivraie » porte sur Mt. 13 24-30), il m’habite depuis longtemps. Face à la question du mal qui ne cesse de m’interroger et d’interroger l’humanité, il nous engage dans une dynamique, nous donne les clés d’une attitude et d’un positionnement, nous aide à vivre avec courage et lucidité. Il est tout le contraire d’une consolation facile et d’un confort intellectuel.

Quel est votre moment préféré dans la préparation d’une prédication ?

Combien de temps vous faut-il en moyenne pour préparer une prédication ?

Et le plus difficile ?

MLG : Je dirais environ une journée, voire davantage, mais je ne compte pas vraiment. En outre, il me paraît très difficile de dire quand le travail commence et quand il se termine. Dois-je prendre en compte les moments où je pense à

CSF : Le plus beau moment dans la préparation d’une prédication est celui où je sens : « ça y est ». Certes, la prédication n’est de loin pas terminée. Elle devra encore être relue, raccourcie, adaptée. Mais je pense à ce moment, lorsqu’en plein travail de rédaction je réalise en écrivant une phrase que « la boucle est bouclée ! ».

IOB : C’est « l’accouchement final » qui peut être heureux ou difficile, car dans la tête, fantasmée, la prédication est souvent bien meilleure que dans la réalité !


Caroline Schröder Field – Lauréate du Prix suisse de la prédication 2014 – catégorie allemand-romanche : pasteure de la cathédrale de Bâle

Comment trouvez-vous l’inspiration ?

IOB : D’abord dans ma vie quotidienne, beaucoup dans la lecture du journal et de romans, à l’écoute de la radio et des conversations, dans les parcours de vie qui me sont racontés au gré des rencontres et visites … Pour cette prédication « Ne pas arracher l’ivraie … » (ndlr), je me suis inspirée du livre de Tvetan Todorov, « Mémoire du mal, tentation du bien » . Cet ouvrage analyse le totalitarisme nazi et communiste et illustre son propos par l’histoire d’un certain nombre de personnes qui ont résisté à leur manière à ces courants dominants, comme l’écrivain Romain Gary ou l’ethnologue Germaine Tillon. Il fait écho à mes intérêts et motivations, tels que mon interrogation quant à la tragédie nazie survenue dans un pays européen de tradition humaniste ; mon ministère pastoral qui est d’aider à dégager du sens

Isabelle Ott-Bächler – Lauréate du Prix suisse de la prédication 2014 – catégorie français-italien : pasteure à Boudry (NE)

et des repères pour la vie des paroissiens et aussi pour leurs engagements citoyens ; ainsi que mon souci d’une parole publique de l’Eglise qui donne à penser, ouvre des pistes pour résoudre les questions qui se posent à nous, dénonce les impasses, reconnaît l’engagement des hommes et des femmes de bonne volonté, et leur apporte si possible un soutien.

Quel est le plus grand piège pour un prédicateur ?

CSF : La vanité, et son contraire, la vulnérabilité. En apprenant à considérer ma vanité à la lumière de la grâce et de l’humour, elle peut devenir utile à mon travail, tout comme ma vulnérabilité.

Qui est le meilleur prédicateur, la meilleure prédicatrice, de tous les temps ?

CSF : Pour moi, Martin Luther King Jr. est l’un des prédicateurs les plus remarquables, car il avait le don d’interpréter l’Evangile d’une manière politiquement pertinente. Si une couche de poussière a jamais recouvert les textes bibliques,

Martin Luther King l’a fait s’envoler rien qu’avec la puissance rythmique de sa voix.

A votre avis, qu’est-ce qui rend la prédication unique par rapport à d’autres formes d’expression ?

MLG : La prédication a beaucoup en commun avec d’autres formes d’expression, par exemple un exposé. En ce sens, sa forme n’a rien de particulier. Ce qui la rend particulière est son contenu. Il en va des grandes questions, de la recherche de sens. Des questions de vie, d’amour et de mort. Des questions posées également par les artistes et les philosophes. La différence pour la prédicatrice est que je ne réponds pas seule de mes propositions, mais que je cherche à les formuler d’après la tradition biblique et en dialogue avec ce « TU », que nous appelons Dieu.


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Les lauréates en bref

Isabelle Ott-Bächler– Lauréate du Prix suisse de la prédication 2014 – catégorie français-italien

Manuela Liechti-Genge – Lauréate du Prix spécial du jury: pasteure de la paroisse germanophone de Porrentruy (JU) et enseignante à l’Université de Berne

La prédication est-elle un exercice en voie de disparition ?

MLG : J’espère bien que non. Une bonne prédication, aujourd’hui comme hier, nous aide à vivre et à croire. L’Homme ne se nourrit pas que de pain. Et si l’on compte le nombre de personnes qui écoutent une prédication radio, alors je ne peux pas en conclure qu’il s’agisse d’une fin de série. <

Remarque : Les lauréates ont répondu à toutes les questions. Les interviews complètes peuvent être consultées sous www. feps.ch

Activité(s) professionnelle(s) : pasteure, coach, formatrice Formation : licence en théologie Age : 60 ans Domicile : Boudry NE Autre : mariée à François Ott, avocat et risk-manager, sans enfant. Pratique régulièrement le yoga, aime la danse et le ski, se passionne pour le théâtre, la lecture et la politique

Caroline Schröder Field – Lauréate du Prix suisse de la prédication 2014 – catégorie allemand-romanche Activité(s) professionnelle(s) : pasteure de la cathédrale de Bâle Formation : doctorat en théologie Age : 48 ans Domicile : Bâle Autre : mariée, deux enfants

Manuela Liechti-Genge – Lauréate du Prix spécial du jury Activité(s) professionnelle(s) : directrice d’études du Certificate of Advanced Studies pour les pasteurs-maîtres de stage à l’Université de Berne (35 %), collaboratrice spécialisée pour les stages de pastorat du concordat Berne-Jura-Soleure (20 %) et pasteure germanophone à Porrentruy (5 %) Formation : brevet d’enseignement secondaire et études de théologie à Berne Age : 57 ans Domicile : Porrentruy Autre: cinq enfants (dont quatre adultes aujourd’hui), un enfant accueilli (adulte), 2 petits-enfants. Co-propriétaire, avec sa plus jeune fille, d’une jument fribourgeoise. Projet bénévole : www.colombe.ch L’ouvrage « Prédications – un best of protestant », qui réunit les quinze prédications primées, est publié et peut être commandé sous www.feps.ch.


– La diaconie, un environnement en mutation

Tom Kawara

La motion « Diaconie » : d’un seul élan vers un but commun


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Le service au prochain requiert une bonne organisation. Pour que l’aide arrive là où elle est nécessaire, les institutions de diaconie repensent complètement leur organisation au plan national.

Le Conseil de la FEPS soumettra à l’Assemblée des délégués des 3 et 4 novembre 2014 un rapport et une proposition à propos de la motion Diaconie. Il recommande la mise en œuvre du modèle de réorganisation intitulé « Diaconie Suisse ». Retour sur les défis qu’il s’est agi d’affronter dans ce projet de restructuration élaboré au cours des trois dernières années.

PAR REGULA KUMMER *

A

u cours de la dernière décennie, le terrain sur lequel opère la diaconie au plan national a changé. Trois phénomènes illustrent cette évolution. Premièrement, plusieurs institutions de formation du domaine de la diaconie ainsi que quelques associations diaconales ont dû cesser leurs activités au cours des trois dernières années. Dans la plupart des cas, leurs organes responsables ne voyaient plus suffisamment clairement l’utilité des offres diaconales proposées. Par conséquent, ils n’étaient plus prêts à contribuer au financement de ces institutions, ce qui a à son tour entraîné l’abandon des formations ou activités en question. Deuxièmement, de nouveaux projets ont émergé afin de réagir à des besoins non couverts jusqu’alors dans le domaine de la diaconie. Une multitude de nouveaux groupes d’intérêts, de plates-formes d’information et de forums d’échange ont alors vu le jour. Troisièmement, les institutions existantes se sont efforcées de réviser leurs mandats et leurs bases légales dans cette mouvance.

Abandon d’activités, apparition de structures nouvelles, révision des bases existantes : toutes ces mutations du paysage diaconal suisse font apparaître au grand jour un besoin de réorientation. Quelles sont les tâches de diaconie à remplir au niveau national ? Et quelles sont les formes d’organisation aptes à remplir ces exigences ? Telles sont les questions qui se posent en vue d’une réorganisation globale. Il est prévu de fournir des prestations homogènes dans le domaine de la diaconie et que les actrices et les acteurs concernés en débattent autour d’une même table.

La FEPS se voit attribuer le projet de réorganisation issu de la motion « Diaconie »

La nécessité de réformer la diaconie au plan national a été montrée dans la motion « Diaconie  » déposée par les Eglises réformées Berne-Jura-Soleure lors de l’Assemblée des délégués (AD) de 2011. L’AD a dès lors chargé le Conseil de la FEPS de faire le nécessaire pour mieux


52 bulletin Nº 2/2014 La diaconie, un environnement en mutation cibler, coordonner et piloter les institutions diaconales en Suisse. Il s’agit là d’une tâche à caractère pilote : depuis la création des fondations EPER, Pain pour le prochain et fondia, au milieu des années 1990, la FEPS n’était plus associée à des projets de restructuration de grande envergure. Dans le présent cas, elle n’a donc pu se baser ni sur des processus institutionnalisés et éprouvés, ni sur des organes existants.

La prestation de services, la participation et la transparence : les valeurs de référence du processus commun

Dans cet esprit, il convenait donc d’associer les Eglises membres et d’autres institutions partenaires afin d’élaborer une démarche apte à répondre à un maximum d’exigences formulées. Le groupe de pilotage constitué à cette fin a commencé par définir ses valeurs de référence. Tout d’abord, il optait pour une manière de penser et de faire axée sur la prestation de services ; les solutions élaborées doivent répondre aux besoins des groupes cibles, illustrant ainsi la fonction de prestataire de service de la FEPS et permettant de fournir des outils d’une utilité pratique directe. Ensuite, le groupe de pilotage, convaincu qu’une réorganisation ne pouvait aboutir qu’en intégrant les parties prenantes dans le processus, a associé ces dernières aux travaux. Enfin, le groupe de pilotage tenait à ce que toutes les personnes et tous les groupes impliqués soient informés de l’état d’avancement des travaux pendant toute la durée du traitement de la motion.

Motion des Eglises réformées BerneJura-Soleure ainsi que d’autres Eglises cosignataires qui demande le rapprochement des institutions diaconales, adoptée lors de l’AD des 7 et 8 novembre 2011 : « Le Conseil de la FEPS est chargé d’analyser, dans un processus participatif, les structures et interconnexions actuelles des diverses institutions dans le domaine de la diaconie et du diaconat en Suisse et de soumettre à l’Assemblée des délégués, dans les deux ans, des mesures visant à améliorer le rapprochement, la coordination et la conduite de ces institutions. »

Un large consensus en faveur de « Diaconie Suisse »

Une proposition à l’attention de l’AD a donc été élaborée dans le respect des repères énumérés ci-avant. Le Conseil de la FEPS propose une refonte complète des institutions diaconales, désormais regroupées dans une structure faîtière intitulée « Diaconie Suisse ». Cette proposition a été mise en consultation ; les réponses obtenues montrent que le texte proposé fait l’objet d’un large consensus parmi les Eglises membres, les œuvres diaconales et les autres institutions concernées. Les délégués auront le dernier mot ! <

REGULA KUMMER est membre du Conseil de la FEPS et présidente du groupe de pilotage «Motion Diaconie »

«

En entrant en fonction au sein du Conseil de l’Eglise cantonale zurichoise, il y a trois ans, j’ai repris le dicastère de la diaconie. Cette fonction comprend la délégation à la conférence diaconale de Suisse alémanique et à la conférence de diaconie ainsi que la charge de conseiller diaconal (Diakonatsrat). Cette conférence réunit les représentantes et les représentants des commissions de surveillance, de la commission de formation et de l’association professionnelle. Nouveau venu, je me suis trouvé confronté à une structure aux facettes multiples, hétérogène, complexe et pas toujours logique. Nombreuses étaient les personnes qui, lors de réunions de grande envergure, cumulaient les fonctions ; par conséquent, les débats sur la diaconie finissaient par se ressembler tous. Je suis heureux de savoir que « Diaconie Suisse » propose un modèle d’organisation entièrement nouveau et prometteur. Je suis certain que cette structure sera mieux appropriée et qu’elle renforcera ainsi la diaconie et l’engagement en sa faveur.

»

Bernhard Egg est membre du Conseil de l’Eglise du canton de Zurich ; il est membre du groupe de pilotage « Motion Diaconie »


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« Diaconie Suisse » : l’essentiel en bref

Des organes responsables ecclésiaux/ La structure organisationnelle Contrairement aux organisations diaconales précédentes, placées sous la responsabilité conjointe d’Eglises et d’œuvres, la nouvelle structure, « Diaconie Suisse », relève exclusivement des Eglises. L’organe responsable est formé de la réunion des conseillers exécutifs des Eglises membres en charge du dicastère de la diaconie au sein de la conférence de « Diaconie Suisse ». L’administration de « Diaconie Suisse » est attribuée au Bureau. Les questions spécialisées sont traitées par quatre groupes de travail : «Formation professionnelle et continue », « Projets et pratique professionnelle», « Bases fondamentales et recherche», « Eglises et Œuvres». Tous ces organes bénéficient du soutien d’un état-major. Une liste de tâches définie en commun Cette nouvelle organisation faîtière formera le cadre au sein duquel seront traitées les questions définies d’un commun accord, qui sont trop vastes pour être traitées individuellement par chaque Eglise cantonale et qui nécessitent un

« Diaconie Suisse » Conférence Etat-major Groupes

Une nouvelle institution faîtière : « Diaconie Suisse » Le catalogue de mesures que le Conseil de la FEPS présentera à l’AD dans son rapport sur la motion « Diaconie » se base sur l’idée d’un regroupement de la Conférence de diaconie de la FEPS, de la Conférence de diaconie de Suisse alémanique (Deutschschweizerische Diakonatskonferenz) et du projet KIKO « diakonie.ch » dans un organe faîtier appelé « Diaconie Suisse ».

Bureau

Formation Projets Bases professionelle et pratique fondamentales et continue professionnelle et recherche

Eglises et Œuvres

débat au plan national. Avec les parties prenantes, une liste des tâches qui relèvent de la compétence nationale a été élaborée : stratégie, prises de position sur des sujets de politique sociétale, échanges spécialisés, plate-forme d’information, recherche, formation professionnelle et continue, réseaux européens. Les avantages de cette nouvelle structure La structure proposée permet de remplir à plusieurs égards les exigences de la motion « Diaconie », garantissant le « rapprochement, la coordination et la conduite » des structures de la diaconie en Suisse. Tout d’abord, une structure faîtière ecclésiale garantit la concordance des travaux futurs, puisqu’ils seront coordonnés par une instance unique. Ensuite, le regroupement permet d’éviter les doublons et d’accroître l’efficacité des mesures. Enfin, la nouvelle structure permettra de réduire les effectifs personnels et financiers.


54 bulletin Nº 2/2014

– Anciens enfants placés par les autorités

Les premières mesures d’aide arrivent enfin La table ronde pour les enfants placésm, instituée l’an dernier par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, a transmis en juillet 2014 ses recommandations aux autorités suisses. Elle a également mis en place des premières mesures d’aide aux victimes. PAR SIMON HOFSTETTER  ET MARINA KAEMPF *


Paul Senn, FFV, Kunstmuseum Bern, Dep. GKS

L’opinion publique s’est longtemps désintéressée du sort des enfants placés. L’examen de conscience historique ne commence que maintenant. Pensionnaire de la maison d’éducation Sonnenberg à Kriens LU, 1944.


56 bulletin Nº 2/2014 Aide aux anciens enfants placés

P

endant des décennies, des dizaines de milliers d’enfants et de jeunes adultes en Suisse ont été placés dans des familles d’accueil, en foyer, voire en prison, parce qu’ils étaient orphelins ou parce que la société considérait leur modèle familial comme inconvenant. Bon nombre de ces enfants ont été maltraités et beaucoup en subissent les conséquences encore aujourd’hui (voir encadré). La première mesure de la table ronde, qui réunit d’anciens enfants placés ou emprisonnés à tort, ainsi que des représentants des autorités, notamment des services sociaux, des Eglises et des paysans sous l’égide de l’Office fédéral de la justice, a été de mettre sur pied un « fonds d’aide immédiate » pour les victimes qui, pour la plupart, sont aujourd’hui très âgées. Privés de formation dans leur jeunesse, nombre d’anciens enfants placés ont connu une situation financière précaire durant toute leur vie. Aujourd’hui, ils doivent renoncer à certains soins nécessaires, comme le dentiste par exemple. Les Eglises suisses, protestante et catholique, ont décidé chacune de leur côté d’apporter leur contribution au fonds d’aide immédiate. Les Eglises protestantes de Suisse ont répondu favorablement à l’appel de la FEPS d’organiser une collecte au printemps 2015. Beaucoup prévoient de l’organiser le dimanche de Pâques, jour de grande affluence au culte. L’aide immédiate n’est pas une indemnisation pour le tort subi, mais un geste de solidarité envers des personnes âgées dans le besoin. Il s’agit d’une solution temporaire en attendant la création d’une base légale pour l’octroi de prestations à toutes les victimes. A terme, la table ronde pour les victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance recommande au Conseil fédéral et au Parlement de mettre sur pied un fonds de solidarité pour les victimes. Même si l’argent ne peut pas effacer les torts infligés, octroyer des prestations financières aux personnes concernées est un moyen de reconnaître les injustices commises et de témoigner de la solidarité, estiment les parties représentées autour de la table.

Faire la lumière sur ce qui s’est passé

La Suisse a longtemps fermé les yeux sur les drames vécus par nombre d’enfants placés. Beaucoup n’ont d’ailleurs jamais pu avoir accès à leurs dossiers auprès des autorités ou des foyers où ils ont été placés. La table ronde a donc édicté des directives à l’attention des cantons et des communes afin de permettre aux victimes d’enfin pouvoir consulter leur dossier, sans barrières administratives inutiles. Elle encourage également les collaborateurs des archives à continuer d’aider les personnes concernées à signaler leur désaccord éventuel et à formuler une version correcte à leurs yeux des faits. De même, le travail historique pour faire la lumière sur ces événements n’a pas encore été effectué. Un premier pas vers la réhabilitation d’une partie des victimes, celles qui ont été injustement emprisonnées, a cependant déjà été fait avec l’introduction de la loi fédérale sur la réhabilitation des personnes placées par décision ader ministrative. Entrée en vigueur le 1 août 2014, la nouvelle loi reconnaît l’injustice qui a été faite, prévoit une étude scientifique sur le sujet et garantit aussi bien l’archivage des dossiers concernant les placements que le droit de les consulter. Pour la table ronde, il est maintenant nécessaire d’entreprendre une étude plus large qui inclut toutes les victimes de placement à fins d’assistance. Elle suggère donc de mettre en place un programme national de recherche financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.

– Privés de formation dans leur jeunesse, nombre d’anciens enfants placés ont connu une situation financière précaire durant toute leur vie.

Un devoir et une chance pour la Suisse et pour l’Eglise

Dans l’Eglise non plus, le travail de recherche historique n’a pas encore eu lieu. Il est important de le mener, car des manquements ont eu lieu de la part de représentants du corps pastoral d’alors, qui avaient à l’époque une grande influence. Des exemples positifs, notamment celui du pasteur Albert Wild qui a dénoncé les abus et les mauvais traitements envers les jeunes et les enfants placés dans un livre publié en 1907 déjà, existent par ailleurs aussi. Faire la lumière sur ces événements ne sert pas tant à accuser les uns ou les autres, qu’à permettre de voir


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dans quelle mesure des enfants ont souffert et de quelle manière. Comme on peut le lire dans le rapport final de la table ronde, ce travail de mémoire représente « une chance pour la Suisse de tirer les enseignements de ce passé douloureux et de contribuer à ce que de telles injustices ne se produisent plus jamais ».

Enfance volée : le travail de mémoire ne fait que commencer

Initiative populaire fédérale

Pendant des décennies, et jusqu’en 1981, des milliers de personnes ont été incarcérées en Suisse alors qu’elles n’avaient commis aucune infraction. Elles ont été internées par exemple pour paresse, débauche ou ivrognerie, hors de toute procédure judiciaire. Des jeunes ou des mères célibataires ont été soumis au même régime que des criminels, sans pouvoir faire examiner leur situation par un tribunal. Parallèlement, des orphelins, des enfants pauvres ou issus de familles monoparentales ont été placés dans des foyers ou chez des agriculteurs. Beaucoup ont été utilisés comme main-d’œuvre bon marché et ont dû travailler durement, subissant en outre parfois des maltraitances graves. Certains ont été victimes de stérilisation forcée, ont été internés sans raison médicale dans des établissements psychiatriques ou ont servi de cobayes involontaires à l’industrie pharmaceutique. Durant toutes ces années, leur sort n’a ému que de rares personnes et n’a pas trouvé de résonance officielle.

Un autre projet pour la réhabilitation des anciens enfants placés est l’initiative populaire fédérale lancée er le 1 avril 2014 par un groupe de personnes concernées. L’initiative « sur la réparation » demande la création d’un fond doté de 500 millions de francs pour « réparer le tort fait aux victimes les plus gravement lésées » ainsi qu’une « étude scientifique sur ce chapitre sombre de l’histoire suisse ». Le président du Conseil de la FEPS, Gottfried Locher, ainsi que le président du Conseil synodal des Eglises réformées de Berne-Jura-Soleure, Andreas Zeller, soutiennent l’initiative et font partie de son comité de soutien. < * SIMON HOFSTETTER est chargé des questions de droit et société de la FEPS MARINA KAEMPF est chargée de communication de la FEPS

Compléments d’information

Interview-vidéo de Simon Hofstetter https://www.vimeo.com/105218786

Une série d’interventions parlementaires, ainsi que nombre d’ouvrages littéraires ou cinématographiques, dont l’exemple le plus connu est sans doute le film « L’enfance volée » (Der Verdingbub, Markus Imboden, 2011), ont toutefois contribué à réveiller les consciences, aboutissant le 11 avril 2013 à la cérémonie de commémoration initiée par la ministre de la justice Simonetta Sommaruga. Durant cette cérémonie, la conseillère fédérale a officiellement demandé pardon aux victimes. A cette occasion, le président de la Conférence des évêques suisses Markus Büchel a lui aussi présenté des excuses au nom des trois Eglises nationales. La Table ronde pour les victimes de mesures de coercition à des fins d’assistance a vu le jour à l’issue de la commémoration et a ainsi entamé le travail de mémoire sur ce pan important de l’histoire suisse. Un article à ce sujet a été publié dans le bulletin 1/2013.


58 bulletin Nº 2/2014

– Initiative Ecopop

« La patrie en cadeau »


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L’association Écologie et population (ECOPOP) s’est donné pour but d’infléchir l’accroissement démographique mondial en soutenant le planning familial volontaire et en limitant ainsi l’immigration en Suisse. L’initiative populaire qu’elle a déposée à cet effet, intitulée « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles », sera soumise au scrutin populaire en novembre 2014. Au moyen de cinq messages, la FEPS explique en quoi les auteurs de l’initiative ont tort.

Keystone

PAR HELLA HOPPE, FRANK MATHWIG, SIMON RÖTHLISBERGER ET OTTO SCHÄFER*


60 bulletin Nº 2/2014 Initiative Ecopop

I. Cinq messages contre Ecopop L’initiative Ecopop est en contradiction avec la perception chrétienne du territoire.

Dans l’optique de la Bible, la patrie est une promesse divine ; elle se situe à la croisée de phénomènes aussi divers que terre offerte et terre promise, terre héritée et terre nouvelle, terre possédée et terre étrangère. Au même titre que la fidélité et la familiarité, elle se reconquiert continuellement et nécessite notre attention permanente. Dans la perspective chrétienne, ce n’est pas l’enracinement qui définit la patrie, mais l’admission sur un bout de terre qui nous est prêté à toutes et à tous en sa qualité de don de Dieu. C’est à lui qu’appartient la terre, il est notre Père à toutes et à tous et il nous reçoit chez lui. Une délimitation qui vise l’exclusion ne peut en aucun cas servir de référence pour notre relation à un territoire.

L’isolement ne contribue pas à préserver la Création.

gagées dans les sociétés concernées. L’aide au développement est à la fois une lutte contre la pauvreté, pour l’instruction, pour l’autonomie économique, pour la participation politique. Seule une approche intégrée de ce type peut avoir un impact sur la taille des familles. Et seuls le renforcement des droits et l’amélioration des conditions de vie, des femmes surtout, permettront au planning familial et à la politique démographique de déployer leurs effets. L’initiative Ecopop retombe dans les clichés largement dépassés des années 1960.

Le repli sur soi, source de divisions internes

La Suisse est un modèle en termes d’unité dans la diversité. Issue d’une volonté politique commune, elle se caractérise par le sentiment d’appartenance qui relie les différentes parties et cultures du pays. Celles et ceux qui déprécient les opposants politiques parce qu’ils estiment que « Penser ainsi, c’est être contre la Suisse » hypothèquent notre vivre-ensemble, il suffit de s’en référer aux différences territoriales qui se manifestent au moment des votations, par exemple entre régions linguistiques ou entre villes et campagnes. Au niveau de la politique étrangère, l’établissement d’un lien entre repli sur soi et division intérieure s’impose. Car préserver la patrie commune passe par les échanges et par des négociations ouvertes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

– Dans la perspective chrétienne, la terre nous est prêtée et ce n’est pas l’enracinement qui définit la patrie.

La question soulevée par l’initiative Ecopop, à savoir « Pour combien de personnes y a-t-il de la place ici » ne permet de relever aucun défi écologique. La préservation de la Création et la fidélité à la patrie sont régies par une question d’un autre ordre d’idées : « Comment entendons-nous vivre ici ? » Nos modèles de consommation et de production ne sont pas conformes aux exigences du développement durable, nous le savons bien. Il s’agit de réduire impérativement la quantité de ressources naturelles sollicitées par personne. Cette réduction n’est pas nécessairement synonyme de privation ; elle peut au contraire représenter un gain de qualité de vie. Le mouvement d’isolement préconisé par Ecopop fait écran à une telle perspective, pourtant prometteuse. L’initiative donne un semblant de réponse à une fausse question.

L’aide au développement signifie bien plus que la limitation de la natalité.

Vouloir faciliter l’accès au planning familial volontaire dans les pays en développement est illusoire tant que des réformes en profondeur ne sont pas en-

L’initiative menace la protection de la dignité humaine.

Au quotidien, la dignité humaine se manifeste au travers des droits humains et des engagements des e Etats au niveau du droit international. Depuis le XIX siècle, la Suisse a fait preuve d’un engagement marquant et remarqué en ce sens et se distingue par sa créativité et son caractère exemplaire. Ecopop vise à restreindre de manière illégitime à la fois le droit humain à une vie de famille et le respect de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. Les Eglises, elles, s’engagent en faveur de la préservation de la dignité humaine. La dignité humaine n’est pas une grandeur négociable.


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II. Des repères éthiques pour évaluer l’initiative Ecopop Une garantie unilatérale des biens acquis ne peut pas constituer le fondement de la relation au territoire. Les deux questions soulevées dans le premier message, « Pour combien de personnes y a-t-il de la place ici ? » et « Comment entendons-nous vivre ici ? » sont indissociables. Par conséquent, nous sommes nécessairement amenés à reconsidérer nos schémas de consommation et de production et à nous demander comment diminuer la consommation de ressources naturelles utilisées par personne. Par développement durable, ou durabilité, on entend un développement qui « répond à nos besoins présents sans empêcher les générations du futur de répondre aux leurs ». Or, assumer nos responsabilités par rapport aux générations futures signifie utiliser les ressources naturelles de manière efficace et mesurée. La biocapacité de la Suisse est actuellement de 1,2 hectare par personne, alors que l’empreinte écologique, dans notre pays, s’élève à 5 hectares globaux par personne. Le défi que nous sommes appelés à relever consiste à accroître très fortement la productivité de nos ressources, notamment en épuisant les potentiels par l’accroissement de l’efficacité et le recours aux technologies. La consommation d’énergies fossiles représente plus de 60 pour cent de l’empreinte écologique ; l’accroissement de productivité de la ressource énergie constitue donc un facteur déterminant, aussi parce que parmi les facteurs qui déterminent l’empreinte écologique, la consommation d’énergie est celui qui a connu l’augmentation la plus forte au cours des récentes décennies. La FEPS, soucieuse de contribuer à la préservation durable des bases vitales, soutient les efforts entrepris par le Conseil fédéral en vue de mettre en œuvre sa Stratégie énergétique 2050. La transition énergétique prévue dans ce document touche tous les aspects du quotidien : la question de la consommation d’énergie de biens immobiliers à rénover, la consommation d’énergie de la

machine à laver, les émissions de CO2 des voitures familiales, les stratégies d’affaires de l’industrie et du commerce. Dans tous ces domaines, l’accroissement de l’efficacité énergétique s’accompagne toujours d’une remise en question des schémas de consommation et des modes de vie. Désormais, le mot d’ordre « toujours plus » ne constitue plus la seule devise garante de qualité de vie et d’existence remplie.

Vouloir faciliter l’accès au planning familial volontaire dans les pays en développement est illusoire sans réformes en profondeur préalables dans les sociétés concernées.

Seule une approche intégrée permet d’œuvrer en faveur d’une société équitable, égalitaire et humaine. Dès la conférence internationale de l’ONU sur la population et le développement, qui a eu lieu au Caire en 1994, le Conseil œcuménique des Eglises a clairement affirmé son ralliement à des visions non traditionalistes de la politique démographique. Pour cette institution, une réponse d’inspiration chrétienne aux questions démographiques et de développement passe nécessairement par des réformes sociétales en profondeur. L’Institut d’éthique sociale de la FEPS et Pain pour le prochain ont eux aussi participé aux débats de la conférence du Caire de 1994. Ils y ont notamment défendu la thèse suivante : faciliter l’accès au planning familial ne doit pas être une démarche ponctuelle, mais un volet spécifique d’un agenda de développement global. Certes, la croissance démographique doit être enrayée ; la consommation des ressources aussi. Les modes de vie et de production nuisibles à l’environnement doivent impérativement changer et, « les chrétiennes et les chrétiens qui vivent sous nos latitudes ont une responsabilité toute particulière à cet égard ».

– Une réponse d’inspiration chrétienne aux questions démographiques ne peut passer que par des réformes sociales en profondeur.

Etre fier de son histoire, c’est aussi être fier du respect des droits humains.

Limiter l’accueil de personnes persécutées et le regroupement familial, c’est se trouver en opposition avec les engagements de la Suisse au niveau des droits humains et du droit international ainsi qu’avec sa tradition humanitaire. Une politique axée sur la dignité humaine


62 bulletin Nº 2/2014 Initiative Ecopop comporte des qualités qui relèvent de l’Etat de droit, mais aussi, dans une perspective protestante surtout, des qualités théologiques. Fixer un nombre maximal d’immigrantes et d’immigrants limite l’arrivée de main-d’œuvre. Mais aussi l’arrivée de demandeurs d’asile. La Suisse, en sa qualité d’Etat dépositaire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, s’est engagée à accueillir des personnes persécutées ; en acceptant l’initiative Ecopop, l’engagement pris à appliquer le droit en vigueur sans discrimination se transforme en geste de bienveillance aléatoire. Le nombre des réfugiées et des réfugiés aux portes de la Suisse change en fonction des crises ; il ne se pilote pas au moyen du plafonnement des contingents. Par ailleurs, un tel plafonnement est en contradiction avec le droit au mariage et à la vie de famille. Les restrictions préconisées dans ce domaine concernent toutes les migrantes et tous les migrants, sans distinction : main-d’œuvre, enfants, jeunes, requérantes et requérants d’asile. L’Etat de droit occidental est notamment issu de la théologie protestante et de la compréhension protestante de l’Eglise. L’ordonnancement ecclésial n’obéit pas à l’arbitraire humain ; il découle de la Parole de Dieu. La communauté protestante ne base pas ses décisions sur son propre droit, mais sur la Parole écrite et proclamée. Dans le domaine séculier, cette perception ecclésiale typiquement protestante accroît la sensibilité pour les droits fondamentaux inaliénables, pour les garanties supranationales qui relèvent du droit international et auxquels chaque être humain a droit, « sans distinction de personnes ».

Etre fier de sa communauté, c’est aussi être fier des solutions élaborées ensemble et dont la portée dépasse les frontières nationales.

La Suisse se situe en Europe. Pour la Suisse, faire preuve d’un esprit d’ouverture qui dépasse les frontières nationales signifie aussi entretenir un dialogue constructif avec la dynamique européenne, qu’elle n’a d’ailleurs cessé d’encourager. La Suisse ne se renie pas pour faire partie de l’Europe, mais avec d’autres et pour le bien commun, elle s’engage en faveur du bien-être commun en Europe. Limiter l’immigration au moyen d’un plafond ancré dans la Constitution reviendrait à hypothéquer lourdement les participations de la Suisse à la dynamique européenne. D’ailleurs, dès l’époque des réformateurs suisses, l’Eglise protestante se caractérise par son double ancrage :

présente aux plans local et régional, elle appartient aussi à des réseaux européens, qui pratiquent des échanges intensifs. Cette caractéristique subsiste jusqu’à nos jours, que ce soit dans le quotidien ecclésial, dans la diaconie ou au travers de la solidarité internationale que manifeste notre Eglise. Aujourd’hui, la FEPS se réfère au modèle de l’« unité dans la diversité réconciliée » de la Communion d’Eglises protestantes en Europe CEPE. Sa vision, en termes de politique européenne, consiste à s’associer aux autres Eglises européennes et aux démarches qu’elles entreprennent en faveur de l’espace de vie commun que représente l’Europe. <

* SIMON RÖTHLISBERGER est chargé des questions de migration et directeur suppléant du service de relations avec l’administration fédérale de la FEPS FRANK MATHWIG, OTTO SCHÄFER sont chargés des questions théologiques et éthiques de la FEPS HELLA HOPPE est directrice du service de relations avec l’administration fédérale et chargée des questions économiques de la FEPS

La patrie en cadeau: Un exemplaire du dépliant est inséré dans ce bulletin. D’autres exemplaires gratuits peuvent être commandés à empfang@sek.ch.


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– Jubilé de la Réforme

L’ essence de la foi protestante suisse « 40 thèmes pour cheminer » – tel est le titre de notre calendrier thématique. Commandez-le, parlez-en et formulez vos propres thèses à l’horizon 2017, année de commémoration des 500 ans de la Réforme.

I

l faut enseigner aux chrétiens qui, celui qui voyant son prochain dans l’indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s’achète pas l’indulgence du pape mais l’indignation de Dieu.  Cette thèse de Martin Luther est l’une de celles qu’il a formulées à Wittenberg en 1517. L’une de ces thèses qui constituent le point de départ d’un renouveau d’une ampleur inédite dans l’Eglise : la Réforme. 500 ans plus tard, il est temps de formuler de nouvelles thèses. Des thèses protestantes pour la Suisse, des thèses qui définissent la foi protestante d’aujourd’hui. Que signifie la foi pour vous ? Comment la vivez-vous ? Quel est le rôle joué par l’Evangile dans votre vie ? A-t-il un effet sur vos contacts avec autrui ? Sur votre manière d’être avec vous-même ? Vous pouvez formuler vos propres thèses dès aujourd’hui, dans votre paroisse, au niveau régional ou au niveau cantonal. En 2017, ces thèses feront l’objet d’un débat, puis d’une synthèse qui représentera finalement l’essence de la foi protestante suisse, ni plus, ni moins. Pour accompagner cette exploration passionnante, nous avons créé un calendrier thématique intitulé « 40 thèmes pour cheminer ». Il vous invite à entamer un dialogue et à en parler. Il se commande en ligne sur www.ref-500.ch. Le calendrier sous forme papier se commande à la même adresse. <

www.ref-500.ch

Jésus, le Christ, le Seigneur, le Fils de l’homme, le maître, le serviteur, le Fils de Dieu... Et nous, que disons-nous après « Jésus » ?

/ Thème 26

40 thèmes pour cheminer

Nous trouvons de nombreux « titres christologiques » dans le Nouveau Testament. Ces appellations sont souvent inspirées de l’Ancien Testament. Elles éclairent des facettes différentes de la personne de Jésus. Qui reconnaissons-nous en Jésus ? Quels qualificatifs lui donnerions-nous ? Quels titres nous sembleraient les plus pertinents aujourd’hui ?

Quelques références

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La fidélité de Dieu à travers les générations était, pour les Réformateurs et notamment Jean Calvin, un trésor important. Les protestants se sont attachés à transmettre leurs convictions de foi et leurs catéchismes. Mais nous, nous avons souvent le sentiment – peutêtre exagéré ? – d’avoir échoué à transmettre aux plus jeunes générations nos convictions, l’Évangile. Aujourd’hui, demain, dans un monde fluctuant, marqué par le provisoire, en perte de repères stables, que voulons-nous transmettre à nos enfants ?

www.ref-500.ch

www.ref-500.ch www.ref-500.ch

« Prendre un enfant par la main / Pour l’emmener vers... » Vers quoi ?

/ Thème 11

Quelques références bibliques pour réfléchir : Ezéchiel 2, 1 ; Marc 8, 27-30 ; Marc 15, 39 ; Jean 1, 29


64 bulletin Nยบ 2/2014


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bulletin Nº 2/2014

La Fédération des Eglises protestantes de Suisse FEPS


66 bulletin Nº 2/2014

– Voilà comment nous travaillons

La Fédération des Eglises et son organisation Depuis sa fondation, en 1920, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse défend les intérêts de ses Eglises membres ainsi que ceux du protestantisme au plan national et international. Nos activités en bref.

Comment nous fonctionnons Le Conseil

L’Assemblée des délégués

Le Secrétariat

Le Conseil est l’organe exécutif de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. Il se compose de sept membres, élus par l’Assemblée des délégués pour une législature de quatre ans. La présidence du Conseil est une activité à plein temps. Durant la législature 2011–2014, cette présidence est assurée par Gottfried Locher, pasteur et docteur en théologie (sur la photo : au centre de l’image).

L’Assemblée des délégués est l’organe législatif (le parlement) de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse. Elle se compose de 74 membres, dont 70 sont élus puis délégués par les Eglises membres. L’Assemblée des délégués siège deux fois par année : en juin, elle est l’invitée d’une Eglise membre et en novembre, elle se réunit à Berne.

Le Secrétariat est chargé de mettre en pratique les stratégies et les décisions du Conseil et de l’Assemblée des délégués en vue de réaliser les objectifs visés. Par ailleurs, il prépare les décisions du Conseil, traite de questions thématiques et développe des prises de position. Les quelque 35 collaboratrices et collaborateurs du Secrétariat fournissent des prestations de services pour les Eglises membres et pour des institutions partenaires. Le Secrétariat est dirigé par le pasteur Philippe Woodtli.


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Ce que nous faisons Nous renforçons la collaboration et réaffirmons l’unité des Eglises membres

Nous sommes la voix du protestantisme dans la société

Nous encourageons la mise en commun des forces en Suisse et œuvrons en faveur du resserrement des liens spirituels entre nos membres. Nous contribuons aussi à une compréhension homogène de questions théologiques, par exemple concernant la sainte cène, le bap-

Nous proposons une formulation de l’Evangile en phase avec notre époque et nous répondons aux questions qui préoccupent la société actuelle. Nous nous engageons pour que le protestantisme se fasse entendre dans cette société. Nous prenons part aux débats sociétaux et proposons des réponses aux questions politiques, sociales et éthiques de notre temps, telles que le

tême ou la consé­cration. Nous sommes un lieu d’échange où les Eglises rassemblées au sein de la FEPS peuvent tisser des liens ; nous soutenons ces Eglises en leur proposant une vaste palette de prestations de services pratiques.

Nous représentons les intérêts de l’Eglise face aux autorités et aux institutions Au niveau suisse, nous représentons la cause du protestantisme face aux autorités fédérales, aux associations professionnelles des milieux de l’économie, aux universités, aux institutions culturelles et à d’autres groupes de la société civile. Notre engagement ne se limite pas à la revendication de conditions favorables pour nos Eglises membres ; nous sommes aussi conduits par le souci d’une société qui prospère dans son intégralité.

Nous faisons entendre le point de vue et les valeurs inspirés par l’Evangile, notamment lorsque nous prenons position dans le cadre de procé­dures de consultation se rapportant à des sujets qui ont une incidence ecclésiale, dans le cadre de votations fédérales et en cas de référendum politique. Nous collaborons avec divers organismes tels que la Commission fédérale contre le racisme et la Commission fédérale pour les questions de migration.

diagnostic prénatal, l’avortement ou l’aide au suicide, inspirées par les enseignements du protes­tantisme. Nous sommes guidés par un objectif de dignité, qui est dû à chacune et à chacun en sa qualité d’être humain à l’image de Dieu, indépendamment de son origine, de son sexe ou de son âge.

Nous dialoguons avec les communautés religieuses, en Suisse et à l’étranger Au-delà de nos frontières insti­tutionnelles, nous contribuons à la proclamation de l’Évangile et à la paix religieuse. Nous sommes en relation avec nos partenaires ecclésiaux, œcuméniques et civils en Suisse et à l’étranger, notamment en notre qualité de membre de la Communion mondiale d’Eglises réformées, de la Communion d’Eglises protestantes en Europe,

de la Conférence des Eglises européennes et du Conseil œcuménique des Eglises. Nous aspirons à l’œcuménisme et à une plus grande unité parmi les confessions chrétiennes.


68 bulletin Nº 2/2014

– Organisation

Les femmes et les hommes à la Fédération des Eglises La Fédération des Eglises protestantes de Suisse représente plus de 2 millions de protestantes et de protestants en Suisse. Elle rassemble 24 Eglises protestantes cantonales, l’Eglise méthodiste et l’Eglise évangélique libre de Genève. Par ses faits et gestes, elle s’engage en faveur du témoignage de l’Evangile et du respect des valeurs chrétiennes dans la société.


69

Le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes

Gottfried Locher, pasteur et docteur en théologie, président

 Kristin Rossier Buri,

pasteure, vice-présidente Formation et accompagnement des membres du Conseil de l ’ Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (section Ressources humaines)

 Peter Schmid,

Dr theol. h. c., vice-président Ancien président du Conseil des hautes écoles du nordouest de la Suisse (FHNW)

Rita Famos-Pfander, pasteure Directrice de la section Aide spirituelle de l ’ Eglise évangélique réformée du canton de Zurich

Regula Kummer Vice-présidente du Conseil de l ’ Eglise réformée du canton de Thurgovie (secteur Diaconie et œuvres)

Daniel de Roche, pasteur Pasteur des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure

Lini Sutter-Ambühl Avocate, ancienne présidente du Conseil d ’ Eglise de l ’ Eglise réformée du canton des Grisons


70 bulletin Nº 2/2014

Collaboratrices et collaborateurs de la FEPS

Beatrice Bienz Assistante administrative du président du Conseil

Felix Frey, Dr iur. Chargé des questions de droit et société

Anke Grosse Frintrop, diplômée en économie Directrice des Services centraux

Kathrin Boschung Accueil

Jacqueline Dähler Aide-comptable

Anne Durrer Chargée de communication

Manuel Erhardt Assistant web

 Matthias Felder, M Th

Assistant scientifique « Théologie et Ethique »

 Thomas Flügge,

théologien, journaliste (FJS) Chargé de communication

 Serge Fornerod,

pasteur, MPA Directeur des relations extérieures et directeur adjoint du Secrétariat

 Nicole Freimüller-

Hoffmann Assistante administrative « Communication »

1 1

1 Martin Hirzel, pasteur

1

Otto Schäfer, pasteur et docteur en écologie végétale Chargé des questions théologiques et éthiques



Mirjam Schwery Accueil

Pamela Liebenberg Adjointe administrative « Eglises » et « Droit et société »



et docteur en théologie Chargé de l’œcuménisme et des communautés religieuses

Karin Maire Accueil

1

pasteur et docteur en théologie Assistante scientifique

Simon Hofstetter, pasteur Chargé des questions de droit et société

1 Hella Hoppe, docteure

en économie Directrice du Service de relations avec l’administration fédérale et chargée des questions économiques

1

Matthias Hügli, pasteur Chargé des relations avec les Eglises

1 Daniel Infanger, pasteur

Assistant scientifique du président du Conseil

1 Marina Kaempf

lic. sc. soc., journaliste Chargée de communication



Michèle Laubscher Assistante administrative « Théologie et Ethique » et « Administration fédérale »

 Abel Manoukian,

 Frank Mathwig,

professeur en théologie Chargé des questions théologiques et éthiques



Helene Meyerhans Assistante administrative pour le travail du Conseil

 Christiane Rohr

Assistante administrative « Eglises » et « Relations extérieures »



Simon Röthlisberger, ethnologue lic. phil. hist. Chargé des questions de migration

 

Solvej Sörensen Assistante scientifique « Eglises »



Cécile Uhlmann Responsable de la comptabilité



Brigitte Wegmüller Assistante administrative « Théologie et Ethique » et assistante de la bibliothèque



Eva Wernly Assistante administrative du directeur du Secrétariat

 Philippe Woodtli,

pasteur Directeur du Secrétariat

 Matthias Wüthrich, PD Dr. theol. Responsable de projet «Eglises»



Tina Wüthrich, lic. phil. Assistante scientifique « Eglises »


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72 bulletin Nº 2/2014

– Eglises protestantes en Suisse

Les Eglises membres de la FEPS Reformierte Landeskirche Aargau Président du Conseil d ’ Eglise : Christoph Weber-Berg 75 paroisses 180 349 membres

Evangelisch-reformierte Landeskirche beider Appenzell Président du Conseil d ’ Eglise : Koni Bruderer 20 paroisses 24 970 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons Basel-Landschaft Président du Conseil d ’ Eglise : Martin Stingelin 35 paroisses 93 232 membres

Evangelisch-reformierte Kirche Basel-Stadt Président du Conseil d ’ Eglise : Lukas Kundert 7 paroisses 30 081 membres

Eglises réformées Berne-Jura-Soleure Président du Conseil synodal : Andreas Zeller 215 paroisses 642 456 membres

Eglise évangélique réformée du Canton de Fribourg Président du Conseil synodal : Pierre-Philippe Blaser 16 paroisses 41 577 membres

Eglise protestante de Genève EPG Président d ’ Eglise : Emmanuel Fuchs 31 paroisses 72 651 membres

Eglise évangélique libre de Genève EELG Président du Conseil synodal : Raymond Bourquin 6 paroisses 505 membres

Evangelisch-Refor­mierte Landeskirche des Kantons Glarus Président du Conseil d ’ Eglise : Ulrich Knoepfel 13 paroisses 14 913 membres

Evangelisch-reformierte Landeskirche Graubünden Président du Conseil d ’ Eglise : Andreas Thöny 106 paroisses 71 770 membres

Evangelisch-Reformierte Kirche des Kantons Luzern Président du Conseil synodal : David A. Weiss 8 paroisses 42 843 membres

Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel EREN Président du Conseil synodal : Christian Miaz 9 paroisses 58 569 membres


73

Evangelisch-Reformierte Kirche Nidwalden Président du Conseil d ’ Eglise : Wolfgang Gaede 3 paroisses 4486 membres

Verband der Evangelischreformierten Kirchgemeinden des Kantons Obwalden Présidente : Theres Meierhofer-Lauffer 2 paroisses 2878 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons Schaffhausen Président du Conseil d ’ Eglise : Frieder Tramer 30 paroisses 31 338 membres

Evangelisch-reformierte Kantonalkirche Schwyz Président du Conseil d ’ Eglise : Heinz Fischer 6 paroisses 18 683 membres

Evangelisch-Reformierte Kirche Kanton Solothurn Présidente du Conseil d ’ Eglise : Verena Enzler 23 paroisses 28 707 membres

Evangelisch-reformierte Kirche des Kantons St. Gallen Président du Conseil d ’ Eglise : Martin Schmidt 49 paroisses 111 550 membres

Evangelische Landes­kirche des Kantons Thurgau Président du Conseil d ’ Eglise : Wilfried Bührer 66 paroisses 97 446 membres

Chiesa evangelica riformata nel Ticino Président du Conseil synodal : Tobias E. Ulbrich 3 paroisses 6741 membres

Evangelisch-Reformierte Landes­kirche Uri Présidente du Conseil d ’ Eglise : Felicitas Schweitzer 3 paroisses 1836 membres

Eglise réformée évangélique du Valais Président du Conseil synodal : Beat Abegglen 10 paroisses 19 809 membres

Eglise évangélique réformée du canton de Vaud Président du Conseil  synodal: Xavier Paillard 87 paroisses 236 906 membres

Reformierte Kirche Kanton Zug Président du Conseil d ’ Eglise : Rolf Berweger 1 paroisse 17 869 membres

Evangelisch-reformierte Landeskirche des Kantons Zürich Président du Conseil d ’ Eglise : Michel Müller 179 paroisses 455 752 membres

Evangelisch-methodistische Kirche in der Schweiz Evêque : Patrick Streiff 73 paroisses 5780 membres état des chiffres : 2013


74 bulletin Nº 2/2014

Qu’est-ce que croire? Réponses du Notre Père

Avant-Propos de Gottfried W. Locher Edité par la Fédération des Églises protestantes de Suisse FEPS Qui ne connaît pas le Notre Père, qu’une grande majorité d’entre nous sait encore réciter par cœur? Cette prière si célèbre a façonné notre culture et nos conceptions de Dieu et de la foi chrétienne. Des théologiennes et théologiens suisse alémaniques et romands se sont mobilisés pour réfléchir et discuter les fondements du Notre Père d’un point de vue réformé et œcuménique. Chacun de ses versets se voit analysé sur les plans exégétiques, culturels et théologiques, afin de permettre une reprise contemporaine de ce texte encore si vivant malgré ses 2000 ans d’âge. Avec cette nouvelle lecture du Notre Père, le croyant ou celui qui veut seulement se renseigner sur la foi chrétienne trouve de quoi nourrir sa foi ou sa curiosité.

Parutions récentes de la FEPS

NO E TR

Qu’est-ce que croire ? Réponses du Notre Père

PÈE R

Dans les Eglises évangéliques réformées de Suisse, ce sont plus de deux mille prédicateurs et prédicatrices qui, dimanche après dimanche, montent en chaire pour témoigner de la Parole de Dieu et en risquer une traduction pour aujourd’hui. Proclamer l’Evangile est au cœur de la mission de l’Eglise ; la prédication appartient à une longue et belle tradition issue de la Réforme. Mais c’est également une chance pour l’avenir, car une bonne prédication rejoint et interpelle l’humain. Aujourd’hui comme hier. Sans oublier qu’il s’agit aussi d’une œuvre d’art qui requiert du temps, de l’énergie et de la passion ! C’est pourquoi, souhaitant valoriser cette riche culture de la parole, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse a lancé en 2014 le premier Prix suisse de la prédication. Les prédications lauréates ont été réunies dans ce recueil. Une manière originale d’offrir une seconde vie à ces messages par-delà les murs des temples protestants.

«Le Notre Père n’offre naturellement pas de réponses à toutes les questions. Mais il aménage un lieu favorable au développement des réflexions sur la foi. Quand celle-ci est réfléchie, elle inspire la prière et inversement. (…) Le Notre Père nous permet de formuler, dans un esprit œcuménique, la lecture réformée de notre foi chrétienne commune.» 978-2-8309-1563-1 Extrait de ISBN l’introduction

Avec les prédications de Luc Badoux, Ruedi Bertschi, Andreas Bruderer, Marco Di Pasquale, Martin Dürr, Thomas Grossenbacher, François Lemrich, Manuela Liechti-Genge (Prix spécial du jury), Isabelle Ott-Baechler (Prix de la prédication), Maja Peter, Etienne Rochat-Amaudruz, Pascale Rondez, Verena Salvisberg, Caroline Schröder Field (Prix de la prédication), Stefan Weller

Prédications – un best of protestant

www.laboretfides.com

Pierre Bühler, Käthi La Roche, Frank Mathwig, Marie-Christine Michau, Otto Schäfer, Matthias D. Wüthrich

Prédications Un best of protestant

sek · feps environ 300 pages, 15 × 22.5 cm, relié ISBN 978-2-8309-1558-7 environ 42 CHF / 29 € Parution: septembre 2014

Labor et Fides 1, rue Beauregard 1204 Genève www.laboretfides.com contact@laboretfides.com 022 311 32 69

Qu’est-ce que croire ? Réponses du Notre Père.

Célébrer Luther ou la Réforme ? 1517–2017

Prédications. Un best of protestant

Le livre de la foi de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse.

Le livre reproduit les actes d’un colloque organisé en 2013 par les Eglises protestantes d’Allemagne et de Suisse.

Prédications primées par le premier Prix suisse de la prédication.

Ces publications se commandent ou se téléchargent sur www.feps.ch/fr/publications

Fédération des Eglises protestantes de Suisse FEPS CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25 info@feps.ch, www.feps.ch Tirage : 4600 allemand, 1700 français

Rédaction : Thomas Flügge Administration: Nicole Freimueller-Hoffmann

Graphisme/Layout : Meier Media Design, Zurich

Auteurs : Simon Butticaz, Daniel de Roche, Anne Durrer, Rita Famos, Thomas Flügge, Martin Hirzel, Simon Hofstetter, Hella Hoppe, Marina Kaempf, Regula Kummer, Gottfried Locher, Frank Mathwig, Kristin Rossier, Simon Röthlisberger, Otto Schäfer, Peter Schmid, Lini Sutter-Ambühl.

Traduction : Hartmut Lucke, Irène Minder, Marianne Wolter Correction : Monique Lopinat Impression : Roth Druck AG, Uetendorf



bulletin Nº 2/2014

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Nº 2 2014

bulletin

Le magazine de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse

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– Objectifs de législature : bilan et perspectives

De l’art de trouver

– Lisez, écoutez et regardez votre Fédération des Eglises dans le bulletin en ligne ! www.feps.ch

les mots justes 34 – Jamais l’un sans l’autre

Portrait d’Esther Gaillard et de Daniel Reuter

44 – Un podium féminin 58 –  « La patrie en cadeau »

Prix suisse de la prédication 2014

Initiative Ecopop

Fédération des Eglises protestantes de Suisse FEPS Sulgenauweg 26 CH-3000 Berne 23 Téléphone +41 (0)31 370 25 25 info@feps.ch

sek · feps Fédération des Eglises protestantes de Suisse

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