LES JARDINS PARTAGÉS, DES ESPACES DE RÉSISTANCE
AU PHÉNOMÈNE DE MÉTROPOLISATION ?
Étude de trois jardins partagés de la métropole bordelaise
Amandine Pangon - Mémoire de master
Repenser la métropolisation
Ambal Julie - Couture Aurélie - Guillot Xavier - N’Diaye Abdourahane -
Janvier 2020 ENSAP-BX
LES JARDINS PARTAGÉS, DES ESPACES DE RÉSISTANCE
AU PHÉNOMÈNE DE MÉTROPOLISATION ?
Étude de trois jardins partagés de la métropole bordelaise
Amandine Pangon
Repenser la métropolisation
Ambal Julie - Couture Aurélie - Guillot Xavier - N’Diaye AbdourahaneJanvier 2020 ENSAP-BX
Remerciements
L’élaboration de ce mémoire à été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes à qui je souhaite exprimer ma reconnaissance.
Tout d’abord je tiens à remercier mes directeurs de mémoire, Julie AMBAL, Aurélie COUTURE, Xavier GUILLOT et Abdourahane N’DIAYE, qui m’ont guidé tout au long de l’année dans mon travail et m’ont permis la construction et l’aboutissement de ce mémoire.
Je tiens tout particulièrement à remercier mes parents pour leurs nombreuses relectures ainsi que mes amis pour leur encouragements et pour nos moments de travail collectifs animés de discussions constructives.
Enfin je remercie l’ensemble des personnes ayant pris du temps pour échanger autour des problématiques de ce mémoire.
Table des matières
Remerciements
Introduction
1. Des jardins collectifs en réaction à des périodes de crises
2. Les jardins partagés dans un phénomène de métropolisation
3. Méthodologie et choix des cas d’études
Les jardins partagés une pratique ancienne et évolutive : des espaces de plus en plus ancrés dans les politiques publiques
A. Histoire des jardins partagés
1. Émergence des jardins ouvriers au XIXème siècle
2. La guérilla jardinière dans les années 1970
3. L’émergence des jardins partagés en France dans les années 1990
B. Les jardins partagés, des espaces au cœur du phénomène de métropolisation
1. Les Métropoles : un rôle et un pouvoir croissant dans la société moderne
2. Les Métropoles face aux enjeux environnementaux et sociaux
3. Une mise en lumière des espaces de jardins partagés par les métropoles
C. Le rôle des pouvoirs publics dans les projets de jardins partagés : le cas de Bordeaux Métropole
1. La politique de Bordeaux Métropole pour des espaces verts
2. Bordeaux Métropole : une réglementation des jardins partagés
3. Une politique d’aménagement qui soutient et accompagne les jardins partagés
6
p.9 p.19 p.9 p.24 p.11 p.26 p.16 p.19 p.37 p.30 p.31 p.33 p.37 p.40 p.41 p.29 p.9 p.5
1
Les jardins partagés dans Bordeaux Métropole : des espaces en lutte
A. Présentation des trois cas d’études de Bordeaux métropole
1. Le Jardin l’Éphémère à Bègles
2. Le Jardin de l’association Salades Tomates Oignons à Bègles
3. Le Jardin la Grenouillère à Grand Parc
2 p.59
B. Un esprit de lutte toujours d’actualité au sein des jardins
1. Les trois jardins dans la métropole bordelaise : des espaces en lutte pour exister
2. Une résistance des jardins partagés à l’institutionnalisation
C. Les jardins partagés dans Bordeaux Métropole, des espaces de résistance à l’homogénéisation de l’aménagement urbain
1. Les trois jardins dans la métropole bordelaise : des espaces en luttes pour exister
2. Les trois jardins partagés : une lutte sur plusieurs points
Conclusion
Bibliographie
Tables des figures
p.44 p.47 p.51 p.59 p.67
p.55 p.63 p.71
p.74 p.77 p.80 p.82
7
Annexes p.47 p.67
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Introduction
1. Des jardins collectifs en réaction à des périodes de crises.
Depuis plusieurs années, la dimension écologique est un nouvel enjeu à l’échelle mondiale. De cette prise de conscience, émergent des critiques sur l’effet du mouvement moderne, notamment dans le domaine de l’urbanisme et de la construction. Ainsi, à la question de l’aménagement du territoire urbain vient se greffer la question environnementale. Il en découle certaines initiatives qui questionnent « le vivre ensemble », l’aménagement de l’espace, la consommation et la production en ville.
Ce mémoire consistera à cibler l’une des pratiques particulières qui émerge de ce contexte de crise environnementale et sociale : « Les Jardins partagés ».
En 2003, en France, un jardin partagé est défini comme : « des jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives, et accessibles au public1. »
L’Histoire des jardins partagés témoigne de l’émergence de ces types d’espaces en lien avec différentes crises. Dans un premier temps, lors de la révolution industrielle ces espaces émergent suite à une crise sociale et sanitaire de la classe ouvrière. Dans un second temps, ces jardins ouvriers connaissent un essor dû aux deux Guerres mondiales permettant de pallier la crise alimentaire. Puis, un nouveau mouvement de mise en place de jardins collectifs émerge aux États-Unis dans les années 70 dans un contexte de crise sociale, économique et écologique. Enfin, en France, les jardins partagés connaissent un nouvel essor dans les années 1990 dans un contexte de crise sociale et écologique.
On remarque donc que le jardin collectif est un espace qui se développe, notamment dans une dynamique de revendication et de combat que ce soit pour des causes sociales, économiques, sanitaires ou encore écologiques.
Après avoir souligné l’aspect revendicatif qui se retrouve dans l’histoire des espaces de jardins collectifs, il semble légitime de se questionner sur la présence ou non de cette dimension de résistance dans les jardins partagés actuels.
Les jardins partagés actuels sont-ils toujours dans une dynamique de lutte ?
2. Les jardins partagés dans un phénomène de métropolisation
Avant de tenter de répondre à cette problématique, il semble important d’étudier dans quelles conditions se développent et s’inscrivent les jardins partagés d’aujourd’hui, en France.
Depuis les années 1950 à l’après-guerre, la France s’inscrit dans un contexte de mondialisation qui aujourd’hui se trouve assujetti à de nombreuses critiques. L’un des reproches le plus évoqué et le plus mis en avant des conséquences de la mondialisation concerne le volet environnemental et social. Les métropoles qui émergent du phénomène de mondialisation se doivent donc de répondre à ces deux enjeux.
1 TASTE, Dominique, « les jardins partagés c’est quoi ? », Share Paris, 11 février 2018. URL : http://www.shareparis. com/jardins-partages/
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1 Sources pour l’ensemble des documents, table des figures p.80
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Fig 1 : Les communes les plus denses de jardins partagés : Bordeaux, Talence, Bègles et Cenon1
Cette prise de conscience de ces enjeux entraîne inévitablement des changements dans les politiques d’aménagement du territoire.
Ainsi depuis quelques années, émerge à nouveau en France un intérêt des pouvoirs publics concernant les projets de jardins partagés. En effet, ces derniers sont de plus en plus ancrés dans les politiques d’aménagement du territoire justement pour ses valeurs sociales, économiques et écologiques qu’ils véhiculent.
Cependant, de façon antagoniste aux espaces de jardins, le phénomène de métropolisation entraine une construction massive de logements, de bureaux, de musées, de routes ou encore de voies ferrées. L’espace en ville se fait donc de plus en plus rare, augmentant considérablement le prix du foncier.
Il est alors légitime de se questionner sur la place des jardins partagés dans la métropole.
Comment est-il possible que ces types d’espaces puissent perdurer dans ce contexte de métropolisation, pour lequel la pression foncière est de plus en plus importante ?
Afin de proposer des réponses à ces questionnements concernant les espaces de jardins partagés, j’appuierai mes recherches sur trois cas concrets d’études dans Bordeaux Métropole.
Quelles places trouvent les jardins partagés dans la métropole bordelaise ?
3. Méthodologie et choix des cas d’études
Il m’a semblé pertinent d’étudier ces espaces sur le terrain de la métropole bordelaise ancrée dans le phénomène de métropolisation.
En effet à titre d’exemple, à Bordeaux l’une des constructions phare de la ville est le projet « Bordeaux Euratlantique ». C’est une intervention à une échelle colossale sur le territoire (738 hectares) dans le but d’amener un nouveau centre d’affaires, d’ici 2030. Le programme sera mixte avec des logements, des bureaux, des commerces, des hôtels, des équipements publics...
En parallèle de « Bordeaux Euratlantique », la LGV (ligne à grande vitesse) entre Bordeaux et Tours mise en service en 2017 met la capitale de la Gironde à 2h de Paris, soit un trajet quasiment deux fois plus court qu’auparavant2 .
Cette nouvelle proximité entre la Capitale et Bordeaux a considérablement accéléré la croissance de la métropole. De nouvelles entreprises s’installent dans la région ainsi que de nouveaux habitants : l’organisation du territoire en est affectée entraînant un besoin de logements et de bureaux de façon urgente. Ainsi, la métropole bordelaise connait une hausse considérable du prix du foncier ! L’espace urbain disponible qui se raréfie contraint la Métropole à se questionner sur la meilleure façon de l’exploiter.
Bordeaux est donc typiquement un exemple de métropole issue de la mondialisation, d’ailleurs nommée « Bordeaux Métropole », depuis quelques années.
2 LOZANO, Mikaël, « LGV Bordeaux-Paris : un an après, qu’a changé la grande vitesse ? », La Tribune, 3 juillet 2018. URL : https://objectifaquitaine.latribune.fr/business/2018-07-03/lgv-bordeaux-paris-un-an-apres-qu-a-change-la-grande-vitesse-783912.html
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La ville de Bordeaux s’inscrit également dans une démarche de trame verte valorisant les espaces verts en milieu urbain. De fait, les projets de jardins partagés sont alors de plus en plus inscrits dans les politiques publiques de Bordeaux Métropole.
En ce qui concerne le choix des jardins partagés de cette étude, je me suis dans un premier temps intéressée à la ville de Bègles. Sa politique engagée depuis plusieurs années dans le domaine de l’environnement, fait de Bègles la commune la plus dense en jardins partagés de la métropole Bordelaise, parfaite pour cette Étude.
L’histoire de Bègles et son évolution au fil des années explique cet attrait particulier pour ces types d’espaces, qui valorisent la biodiversité.
Avant la révolution industrielle, qui a marqué le paysage et les activités de la ville, Bègles était un lieu de promenades parcouru de nombreux ruisseaux, ainsi qu’un centre en majorité agricole, artisanal et maraîcher. Vers 1830, les sécheries de morues s’installent dans la commune qui devient alors une ville industrielle.
Dans les années 1940, Bègles comptait 21 000m2 de jardins ouvriers mis à la disposition des salariés locaux. Lors du déclin industriel à la fin du XXème siècle, les industries ont disparu et les jardins ont été remplacés par des cités et des pavillons.
Depuis 1989, les équipes municipales élues à Bègles sont porteuses de valeurs qui s’attachent à la réduction d’inégalités ainsi qu’au renforcement de la cohésion sociale et territoriale.
De 1989 à 2017, la gouvernance de Bègles était assurée par le député-maire Europe écologie les Verts, Mr Noël Mamère. C’est aujourd’hui, Monsieur Clément Rossignol Puech, issu du même parti politique, qui occupe la place de Maire de Bègles.
Dans cette commune, les résultats aux élections européennes sont marqueurs d’une idéologie écologique fortement ancrée chez les citoyens votants, depuis plus de 10 ans. En effet, aux trois dernières élections européennes, le parti élu majoritairement était systématiquement « Europe Ecologie ». Cela n’est pas le cas de la ville de Bordeaux, pour lequel ce parti est en deuxième position en 2009 et 2019 et en troisième position en 2014.
En 2010, suite à l’ouverture du premier jardin partagé à Bègles géré par les habitants et qui fut un succès, la ville s’est alors lancée dans le recensement des parcelles disponibles3 .
L’objectif étant de mettre en place des projets aux valeurs écologiques et sociales, en cohésion avec la politique de Bègles et répondant aux attentes et besoins des habitants (jardins, parcs…)
3 BLANCHARD, Luc « Parcelle disponible pour jardin partagé : le comité d’arrondissement de Bègles sème et essaime », BANQUE des TERRITOIRES, 18 avril 2011 URL : https://www.banquedesterritoires.fr/parcelle-disponible-pour-jardin-partage-le-comite-darrondissement-de-begles-seme-et-essaime
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2009 25,17 % EUROPE ECOLOGIE 17,86 % EUROPE ECOLOGIE 21,69 % EUROPE ECOLOGIE 2014 2019
Fig 2 : Résultats du parti majoritaire aux élections européennes à Bègles
Le 20 octobre 2014, Bègles a été nommée capitale régionale de la biodiversité. La commune a été ainsi récompensée pour sa mise en place d’un réseau de mini jardins partagés dans les délaissés de voiries et les dents creuses du milieu urbain.
Pour ces raisons, il m’a donc semblé logique et pertinent de choisir cette commune pour commencer mes recherches sur les jardins partagés.
J’ai, dans un premier temps, contacté l’initiatrice des « Possibilistes » qui est une structure accompagnant les acteurs publics dans la construction collective de projets de la Métropole, tels que les jardins partagés. Après lui avoir exposé mes axes de recherches et mes questionnements lors d’une première phase de travail, cette dernière m’a conseillé de contacter le Jardin de l’Ephémère à Bègles.
J’ai donc pris contact avec les jardiniers de l’Éphémère, afin d’organiser une rencontre dans le cadre de leur jardin
Celui-ci étant ouvert au public pour un chantier collectif deux dimanche par mois, ils m’ont alors proposé de venir les rencontrer dans le cadre de celui-ci.
Afin de préparer cet échange et que celui-ci soit productif, je me suis interrogée sur les problématiques que j’aimerais aborder dans mon étude :
- Qu’est-ce qui motive ces citadins à venir dans ces types d’espaces de jardins partagés ?
- Qu’est-ce que représente le jardin partagé pour les usagers ? (appropriation différentes/ idéologie...)
- Quelles sont les différences entre la médiatisation qui en sont faites et la réalité de cette pratique ?
Lors des rencontres avec les jardiniers, mon but a été de ne pas instaurer d’entretiens formels avec eux. Il me semblait bien au contraire plus adapté d’adopter une approche d’entretiens informels, plus propices à amener des connaissances sur ces pratiques singulières et uniques, dans une ambiance décontractée.
Notre première rencontre a consisté à passer toute l’après-midi ensembles au jardin. Ils m’ont invitée à partager leur repas, animé de discussions engagées sur des sujets comme la politique, l’éducation et l’écologie. Nous nous sommes ensuite occupés ensemble du jardin (construction d’une yourte en bambou, rangements, arrosage...).
L’une des phrases d’un jardinier m’a particulièrement marquée : « Mon vote il est là4 ! ».
Celle-ci a renforcé mon questionnement concernant la dimension engagée et revendicative qui pouvait être liée à la pratique d’un jardin partagé.
Cette première confrontation à la réalité de cet espace de jardin partagé et aux rencontres avec les jardiniers, m’a donc amenée une vision de résistance de ces espaces, peut abordée par les politiques publiques.
En fin de journée, les participants m’ont sollicitée afin que je leur fournisse de l’aide en tant que bénévole durant le week-end de la fête de la morue, En effet, les jardiniers de l’Éphémère sont également actifs lors d’événements extérieurs, comme, par exemple, la fête de la morue à Bègles le week-end du 14 et 15 juin.
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4 Martin, 38 ans jardinier de l’Ephémère
J’ai tout de suite accepté. Cette participation en tant que bénévole m’a permis donc de connaitre un autre jardin, le jardin Salades Tomates Oignons et de prendre rendez-vous avec ses jardiniers pour le découvrir.
Je me suis donc rendue à ce jardin Salades Tomates Oignons ouvert au public le dimanche à l’occasion de la vente de leurs légumes l’après-midi. J’ai pu y rencontrer la plupart des jardiniers réguliers du jardin, visiter le jardin, comprendre son fonctionnement et bien entendu acheter quelques légumes.
Le troisième jardin de cette étude est un jardin partagé plus récent (2018), situé en dehors de Bègles. Cela, m’a permis d’élargir mon champ de recherche. Il s’agit du Jardin La Grenouillère à Bordeaux.
Suite à ce contact, les jardiniers de ce jardin, qui organisent une journée nettoyage fin septembre, m’ont proposé de les rencontrer au cours de celle-ci.
Lors de notre entrevu, ils m’ont expliqué leur circonstances et les raisons de la mise en place de ce projet qui a moins d’un an. Du fait de la jeunesse du projet, leur organisation n’était pas encore totalement mise en place, à la différence des deux autres jardins.
Cette immersion dans ces trois jardins partagés m’a confirmé l’intérêt de se questionner sur l’aspect revendicatif de ces espaces en regard de la façon dont ceux-xi sont médiatisés.
Cela m’a également permis d’utiliser un angle d’étude différent sur le sujet, les jardins partagés s’avérant être un domaine déjà très analysé et étudié.
En amont de ce travail de terrain, il m’a paru indispensable de mener un travail d’analyse concernant le point de vue des pouvoirs publics vis-à-vis des jardins partagés.
À cette fin, je me suis donc inscrite à la journée internationale de l’agriculture urbaine à Bordeaux qui s’inscrit parfaitement dans le thème de ma problématique. Cette journée consiste en une rencontre avec des chercheurs, des entrepreneurs, des architectes, des agents territoriaux, des promoteurs et des élus qui ont abordé un panorama des enjeux nationaux et internationaux de l’agriculture urbaine.
J’ai donc pu ainsi avoir une vision globale de ces jardins partagés d’un point de vue des jardiniers mais également des politiques publiques qui les accompagnent.
Pour affiner mon analyse, j’ai pris rendez-vous pour un entretien téléphonique avec un acteur public de la Ville de Bordeaux. La personne avec qui j’ai pu obtenir un rendez-vous fut la responsable du centre trame verte sociale et écologique : Service Gestion des parcs et jardins de Bordeaux, Direction des Espaces Verts, Direction Générale Haute Qualité de Vie de Bordeaux Métropole. Pour ce type d’entretien, l’organiser de manière plus formelle que ceux des jardiniers m’a semblé plus adapté. J’ai donc préparé un questionnaire au préalable qui m’a permis de lui poser des questions ciblées tout au long de notre entretien téléphonique.
J’ai donc pu suivre la méthodologie souhaitée et voir les aspects de la pratique des jardins partagés. En amont de ce travail de terrain, il semblait indispensable de mener un travail sur le point de vue des pouvoirs publics sur les jardins partagés.
Je me suis inscrite à la journée internationale de l’agriculture urbaine à Bordeaux qui s’inscrit parfaitement dans le thème de mes problématiques : le programme étant une rencontre avec des chercheurs, des entrepreneurs, des architectes, des agents territoriaux, des promoteurs et des élus qui ont abordé un panorama des enjeux nationaux, et internationaux de l’agriculture urbaine.
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Cela m’a permis d’avoir une vision globale de ces jardins partagés d’un point de vue des jardiniers et des politiques publiques qui les accompagnent.
Nous introduirons cette étude par un premier chapitre qui conduit à une analyse de l’évolution des premiers jardins ouvriers au XIXème siècle jusqu’aux jardins partagés d’aujourd’hui. La première partie consistera à amener des connaissances objectives de ces espaces par des définitions de notions telles que : jardins ouvriers ; métropolisation ; Green Guerilla ; métropole ; jardins partagés.
La deuxième partie consistera à mener une analyse plus critique au travers du prisme de la résistance des jardins partagés. Afin de répondre à cette problématique de lutte ou non de ces types d’espaces dans la métropole, je m’appuierai sur l’analyse de trois cas d’études dans Bordeaux métropole.
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PARTIE 1
Les jardins partagés une pratique ancienne et évolutive : des espaces de plus en plus ancrés dans les politiques publiques
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A. Histoire des jardins partagés
B. Les jardins partagés, des espaces au cœur du phénomène de métropolisation
C. Le rôle des pouvoirs publics dans les projets de jardins partagés : le cas de Bordeaux
Métropole
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A. Histoire des jardins partagés
1. Émergence des jardins ouvriers en France au XIXème siècle
1.1 Des conditions de travail ouvrier très difficiles
La révolution industrielle impacte fortement le travail au XIXème siècle du fait d’une modification profonde de la production et de la façon de produire. L’invention de la machine, entraine un changement de la manière de travailler. Cette méthode se nomme le travail à la chaîne dans des espaces dis « d’usine ». Cette révolution de l’industrie demande une main d’œuvre importante ce qui engendre une migration des ruraux en ville pour le travail. C’est l’émergence de la classe ouvrière.
Le rôle des ouvriers est d’accomplir des taches au rythme des machines qui fonctionnent en continu et exige une présence constante des travailleurs. Les tâches de travail se résument à de la maintenance, des actions répétitives et de la manipulation de produits toxiques (teinture, solvant...).
En plus d’avoir des taches de travail répétitives et dangereuses, la journée de travail d’un ouvrier peut durer jusqu’à 15 heures pour une semaine de 6 jours de travail. Par conséquent, au vu de ces conditions de travail difficilement supportables, des révoltes ouvrières éclatent. À titre d’exemple, un soulèvement ouvrier le 1er mai au Pas-de-Calais en 1891 marque les esprits. En effet, neuf personnes sont mortes dont huit adolescents et de nombreuses personnes blessées.
C’est dans ce contexte de misère ouvrière et de revendications, en 1893 Jules LEMIRE, un prêtre, s’engage dans la politique pour les plus démunis au détriment de ses fonctions au séminaire, où il enseignait la philosophie, le latin, le grec... Après avoir été élu député, il lance à grande échelle le projet de « jardins ouvriers » en 1896.
Ces espaces de jardinage auraient pour but d’améliorer les conditions de vie des ouvriers : « Le jardin est déjà considéré comme un élément urbain associé à l’épanouissement et au bien-être des citadins1. »
En effet, la mise à disposition d’espaces de cultures permettrait aux travailleurs d’avoir une activité physique saine, de créer des liens sociaux et de produire une partie de leur nourriture.
1.2 Naissance de « La Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer » en 1896
L’Abbé LEMIRE crée alors l’association « La Ligue Française du Coin de Terre » (LFCT)2, qui revendique le droit à la petite propriété insaisissable.
De ces principes découlent une nouvelle doctrine « le terrianisme » qui est en opposition à l’industrialisme.
1 SCHEROMM, Pascale « Les jardins collectifs, entre nature et agriculture », Métropolitiques, 13 mai 2013. URL : https://www.metropolitiques.eu/Les-jardins-collectifs-entre.html p.3
2 CLAVREUL, Denis, Les jardins ouvriers, éd. Gallimard Loisirs, 2006, p.3
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De fait, le terrianisme met au cœur de ces principes la famille alors que l’industrialisme, quant à lui fonctionne autour d’un volet économique.
Mais le «terrianisme» ennemi de «l’industrialisme», ne se limite pas à la revendication du bien de famille et à la protection de la petite propriété. Si l’abbé Lemire et ses amis admettent la «légitimité» et la «nécessité» de la propriété individuelle, ils affirment aussi le caractère indispensable d’une «propriété collective»3
La création de cette association entraine une croissance des espaces de jardins ouvriers qui sont reconnus d’utilité publique en 1903. Ces jardins se traduisent par un ensemble collectif de parcelles dissociées du domicile. Afin d’assurer le plein développement des jardins ouvriers pour les personnes en situation des plus précaires, les membres de la Ligue se démènent pour faire connaître le principe et les bienfaits de la petite propriété de terre. Pour cela ils organisent des conférences, des réunions et des congrès afin de sensibiliser la population à cette pratique et de rassurer les plus inquiets.
Cependant, il y a plusieurs problèmes qui sont rencontrés lors de l’élaboration d’un jardin ouvrier. L’un étant de trouver un espace libre et aisément cultivable en ville. Durant cette période d’avant-guerre, les terrains investis sont souvent donnés, loués ou achetés sans la participation des pouvoirs publics.
Ainsi, la mise en place des jardins ouvriers se confronte à de nombreux échecs dus aux loyers trop élevés, à des terrains peu adaptés à la culture et à des localisations trop éloignées de la ville ou encore la reprise du terrain par les propriétaires. Pour pallier ses difficultés, la Ligue sollicite d’avantage les pouvoirs publics qui auront un rôle dans le développement de ces types d’espaces notamment durant les deux Guerres mondiales.
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Fig 3 : Carte postale d’un jardin ouvrier issu de la Ligue
3 CABEDOS, Béatrice. PIERSON, Philipe, Cent ans d’histoire des jardins ouvriers, éd. Creaphis, 1996, p.24
Cependant, l’intervention des politiques publiques dans ces espaces sera effectuée avec distance, ils ne s’impliqueront pas dans la vie associative que crée ces lieux : « Même si la présence des présidents Deschanel et Poincaré aux manifestations publiques de la Ligue au Fort Ivry en 1912 et 1913 est la marque d’une reconnaissance officielle, la Ligue a toujours conservé son indépendance vis à vis des pouvoirs publics [... ] 4.»
Malgré la raréfaction de l’espace en ville, les jardins ouvriers augmentent durant ces périodes de guerres, notamment pour une fonction nourricière.
1.3 Apogée de cette pratique durant les deux Guerres Mondiales : un rôle nourricier
Il y a une première période de croissance significative des jardins ouvriers durant la Première Guerre mondiale. Cet essor s’explique par le manque de nourriture durant la guerre mais aussi par la participation des pouvoirs publics à la mise en place de ces jardins : « Progressivement, les pouvoirs publics vont reconnaître l’utilité sociale et alimentaire du jardin ouvrier et donner à la Ligue les moyens d’intensifier son action5.» Il y a alors une adaptation du fonctionnement de la Ligue aux nécessités de la Guerre avec les pouvoirs publics.
En effet à titre d’exemple, en 1916, le ministre de l’Agriculture charge la Ligue de distribuer des subventions d’État afin d’encourager la création et l’extension des jardins ouvriers. En plus de l’aide à la création et à l’extension de ces parcelles de culture, les politiques publiques desservent des subventions aux jardiniers sous forme matérielle (outils, semence, terre...).
Évolution du nombre de jardins ouvriers durant la guerre 39-45
1939 1945 75 000 jardins ouvriers
250 000 jardins ouvriers
Fig 4 : Une explosion du nombre de jardins ouvriers durant la Seconde Guerre mondiale
De tels chiffres témoignent de l’essor considérable (80%) des jardins ouvriers notamment lors de la Seconde Guerre mondiale. Durant cette guerre, les pouvoirs publics interviennent de nouveaux afin de faciliter la croissance de ces espaces de culture. Les jardins ouvriers jouent un rôle primordial pour la survie quotidienne des français. De plus les industriels, eux aussi, mettent en place des jardins ouvriers inclus dans les contrats de travail.
Cette fois ci, ce sont les pouvoirs publics qui font appel à l’association de la Ligue pour développer les jardins ouvriers lors des années difficiles de la Seconde Guerre mondiale. En 1941, ils délivrent des subventions ainsi que « des cartes de jardinage », qui permettent la procuration de semences avec des explications et conseils pour l’entretien des plantations.
4 CABEDOS, Béatrice. PIERSON, Philipe, Cent ans d’histoire des jardins ouvriers, éd. Creaphis, 1996
5 Ibid.
21
Ainsi, l’augmentation du nombre des jardins ouvriers témoigne du rôle important des politiques publiques : « Même si les circonstances étaient exceptionnelles, preuve avait été donnée que seule la volonté des pouvoirs publics dans un esprit de partenariat avec l’association pouvait donner une impulsion décisive au mouvement6. »
De plus, la loi du 31 Octobre 1941 donne un statut aux jardins ouvriers qui se définit par : « parcelles de terre d’une initiative désintéressée mise à la disposition du père de famille, en dehors de toute autre considération afin qu’il les cultive et qu’il en jouisse pour les seuls besoins de son foyer7. »
Plus généralement, les lois mises en place durant la Première Guerre mondiale et la Seconde ont notamment visé à faciliter l’acquisition d’un terrain pour la culture.
1.4 Essoufflement du mouvement des jardins ouvriers à l’après-guerre
L’après-guerre n’est pas favorable aux jardins ouvriers. En effet, le rôle nourricier indispensable durant la guerre n’a plus lieu d’être.
Par conséquent, plusieurs jardins sont laissés à l’abandon. De plus, il y a une pénurie de logements liée à la guerre qui engendre un besoin de constructions considérables. La France entre dans une période de reconstruction intense, au détriment des espaces de jardins ouvriers. Les groupes de jardiniers et jardins vont massivement disparaitre. Enfin, les pouvoirs publics ayant soutenu l’association pour les jardins ouvriers ne firent pas de même à l’après-guerre.
Ils supprimèrent les subventions et revinrent à l’indifférence n’y voyant plus d’intérêt. Ainsi, à l’après-guerre les jardins ouvriers étaient uniquement soutenus par la Ligue.
1.5 Des jardins ouvriers aux jardins familiaux
Après la guerre, le concept de « jardins ouvriers » passe à celui de « jardins familiaux » en rapport avec la diversité sociale qui apparaît dans ces espaces et à la fonction alimentaire bien moins importante. Les jardins familiaux deviennent alors des espaces dits de loisirs : « des terrains divisés en parcelles, lesquelles sont affectées à des particuliers qui y pratiquent le jardinage pour leurs propres besoins et ceux de leur famille, à l’exclusion de tout usage commercial8 » (article L 561-1 du Code rural).
La décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale est une période charnière pour les jardins familiaux9.
Pour protéger ces espaces une loi est mise en place en 1952 qui concerne les jardins familiaux, afin de garantir leurs survies dans l’aménagement du territoire. Le législateur reconnaît alors l’utilité de ces jardins, notamment d’un point de vue social mais aussi alimentaire. Cela permet aux associations d’avoir les moyens de se stabiliser et de multiplier les projets de jardins.
Aujourd’hui, l’association « Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer - Fédération
6 CABEDOS, Béatrice. PIERSON, Philipe, Cent ans d’histoire des jardins ouvriers, éd. Creaphis, 1996
7 Loi du 31 octobre 1941 Relative à la réglementation générale des jardins ourviers
8 article L 561-1 du Code rural
9 CABEDOS, Béatrice, « 1940-1952 : une période charnière pour les jardins ouvriers », revue des patrimoines, 2018. URL : http://journals.openedition.org/insi, p.11
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Nationale des Jardins Familiaux » qui à ses débuts a mis en place les jardins ouvriers existe encore. Cependant, le terme utilisé est : « jardins familiaux », des espaces de culture de plus en plus ancrés dans les politiques publiques comme la pratique de jardins partagés. Comme nous l’avons étudié précédemment, il y a un essor phénoménale de ces jardins notamment lors des deux guerres, puis un essoufflement à l’après-guerre qui persiste jusqu’aux années 90.
Depuis une trentaine d’années, ces types d’espaces de cultures collectives connaissent de nouveau un essor en France.
La charte des jardins ouvriers et familiaux de 1993 évoque des principes (volet social, pédagogique, mise en valeur du site...) qui sont repris aujourd’hui par les politiques publiques dans la charte des jardins partagés10. Contrairement à la charte des jardins ouvriers et familiaux de 1993, où la dimension écologique n’est pas abbordé11
Il semble important d’aborder la question d’une résistance ou non des jardins partagés actuel, du fait de son histoire et de son évolution depuis son émergence au travers de jardins ouvriers. En effet, les jardins ouvriers font évidemment échos aux jardins partagés qui sont le type de jardin collectif le plus valorisé et ancré dans les politiques des métropoles actuelles. Afin d’amener une compréhension globale des rôles et des enjeux évolutifs de ces types d’espaces, nous allons étudier la naissance du mouvement d’appropriation d’espaces vacants en ville par des espaces de jardinage.
Cette deuxième partie du chapitre consistera à étudier le mouvement de « community gardens » à New-York dans les années 1970.
23
10 Cf. Annexe 2 p.86
Évolution du nombre de jardins familiaux à l’après-guerre 1978 1980 1993 130 000 jardins familiaux 100 000 jardins familiaux 150 000 jardins familiaux
11 Cf. Annexe 1 p.84
Fig 5 : Un nouvel intérêt pour ces espaces de jardinage dans les années 1990 en France
2. La guérilla jardinière dans les années 1970
2.1 Naissance d’une pratique révolutionnaire à New York : les community gardens
Tout comme la France, mais à moindre échelle, les États-Unis ont mis en place durant les deux Guerres mondiales des espaces de maraîchage en ville, partagés par plusieurs familles12. Cependant, à la fin de la guerre cette pratique de jardinage collectif n’a pas survécu, contrairement aux jardins familiaux.La création de jardins urbains réapparaît dans les années 1970 à New York, du fait d’une crise sociale et économique, mais cette fois-ci à l’échelle de communauté locale. Ce mouvement va au-delà de l’aspect nourricier qui motivait en grande partie les anciens jardins ouvriers durant la guerre : « La guérilla jardinière est une lutte pour les ressources, une bataille contre la rareté de la terre, la destruction de l’environnement et le gaspillage d’opportunités. C’est aussi un combat pour la liberté d’expression et la cohésion sociale13. »
C’est alors que la notion de « community gardens » est née. Le mouvement émerge au travers d’une artiste, Liz Christy, qui se questionne sur les terrains en ville abandonnés qui pourraient être investis. Afin d’y remédier, ils inventent le principe de « seed bombs » (bombe de graines) qui permet d’investir des terrains délaissés en projetant des graines par-dessus les grilles. Suite à ces actions ils ont pris le nom de « Green Guerillas ». Ils souhaitent convertir un lotissement de Manhattan en jardin collectif. L’initiative connaît un tel succès que la ville leur permet d’investir un parking abandonné en potager qui aujourd’hui se nomme : le Lys Christy Garden. Cette expérimentation fût une telle réussite dans la ville, que plusieurs citoyens se sont mis à investir illégalement des espaces en friches pour en faire des jardins. Ces espaces de jardins sont un geste politique afin de défendre le droit à la terre qui se fait de plus en plus rare notamment en milieu urbain.
12 BAUDRY, Sandrine, « Les community gardens de New York City : de la désobéissance civile au développement durable », Revue française d’études américaines, n°131, 2012.
URL : https://doi.org/10.3917/rfea.129.0073, p.3
13 REYNOLD, Richard, La guérilla jardinière, éd. Yves Michel, 2010, p.15
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Fig 6 : Le premier jardin communautaire à New York en 1973 : Le Lys Christy Garden
2.2 Cultiver un jardin : un combat sur plusieurs points
« Même lorsqu’on y est autorisé, cultiver un jardin est toujours un combat14. »
Ce mouvement activiste politique qui utilise les jardins comme moyen d’action écologique remet en question le système industriel sur plusieurs points : « Pour beaucoup, il s’agit d’un geste symbolique, visant à démontrer qu’il peut exister une façon de vivre plus « soutenable » que de s’en remettre à l’agrobusiness15. »
Premièrement, il critique et revendique un changement de l’aménagement de la ville d’un point de vue esthétique.
En effet, depuis la fin de la guerre, le monde connaît une période de reconstruction massive.
De plus, le développement intense des villes notamment dans le domaine de la mobilité entraine une « bétonisation » de l’espace urbain. Cette rapidité de construction entraine la naissance d’espaces vacants. Deuxièmement, les « community gardens » sont un moyen de réinvestir ces lieux pour combattre le gaspillage d’opportunité d’espace et la « bétonisation » des villes.
Par conséquent, investir des terrains vacants par des fleurs et des plantes permet une revalorisation paysagère de l’espace. Généralement, les terrains avant d’être investis par les jardiniers, sont des espaces laissés à l’abandon, ce qui accentue l’effet du « beau » d’un jardin par ce paradoxe entre le avant et le après du terrain.
Certains jardins, au-delà de l’aspect esthétique sont plantés à but alimentaire. Inévitablement, les jardins nourriciers symbolisent l’alternative alimentaire à la consommation de l’agrobusiness. Enfin, il remet en question l’individualisme de nos sociétés, par la réussite de l’appropriation d’un espace public par une communauté. De plus, ces espaces permettent une lutte contre la privatisation de l’espace qui est de plus en plus important dans notre société.
La municipalité de New York prend alors conscience de l’opportunité de ces espaces de culture pour pallier à la ségrégation raciale et sociale. En effet, ces espaces de jardins génèrent des lieux de lien social et de communautés.
Ainsi, la ville lance en 1978 un programme « Green Thumb » qui facilite le développement de ces parcelles de jardins. L’émergence de ces jardins eu un impact mondial avec le développement de jardins partagés dans plusieurs villes.
14 REYNOLD, Richard, La guérilla jardinière, éd. Yves Michel, 2010 , p.9
15 Ibid. p.39
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Fig 7 : Le « Lys Christy Garden » 40 ans plus tard
2.3 La France pendant les 30 glorieuses
La France, dans les années 1970 connaît quant à elle un fort déclin de ces types de jardins collectifs dû à la période des 30 glorieuses. Une période qui marque une croissance exceptionnelle, la modernisation du pays, le plein emploi et un pouvoir d’achat qui explose. Ainsi, durant cette période l’urbanisme est dicté par une volonté de modernisme qui juge les jardins familiaux peu esthétiques et désordonnés16. De fait, la tendance de l’époque était aux jardins aux végétations ordonnées et magnifiées. Ce qui ne correspond pas aux espaces que produisent les jardins collectifs (outils, cabanes, plantes, buissons...).
Le mouvement des « community gardens » seront des exemples pour les citadins français à savoir la réappropriation de l’espace vacant en ville.
3. L’émergence des jardins partagés en France dans les années 1990
3.1 Des jardins familiaux aux jardins communautaires
Depuis la fin des 30 glorieuses, il y a un nouvel attrait pour les jardins familiaux avec des demandes de parcelles qui augmentent, mais plus généralement un intérêt des Français pour le jardinage.
Ainsi, des associations cherchent une nouvelle alternative au modèle du jardin familial jugé trop contraignant, créateur d’entre soi et peu flexible. Les citadins et les pouvoirs publics s’inspirent alors des « community gardens » pour proposer une nouvelle forme de jardin, située au pied des habitations sur une surface plus réduite et avec des parcelles collectives17 . La notion de jardin partagé fait ainsi son apparition en France.
Des citoyens français investissent, alors, à leur tour dans des espaces en friche en jardins cultivés collectivement et en général sans autorisation. C’est un espace qui affirme ses dimensions sociales, collectives, pédagogiques et écologiques durant une période où l’environnement est de plus en plus pris en compte par l’urbanisme18. Ainsi, les jardins partagés sont devenus depuis les années 1990 un enjeu de politique urbaine (Guyon 2008).
Le concept de jardins partagés est véhiculé par un réseau national le « Jardin dans Tout ses Etats » (JTSE) crée en 1997. Le premier jardin « communautaire » dit jardin partagé, a été créé à Lille en 1997 via l’association « Graines de Jardins » qui fait partie du réseau JTSE dès sa création. Lointains héritiers des jardins ouvriers, les jardins partagés gérés par des associations se sont multipliés dans les villes françaises.
16 SAINT-GES, Véronique, « Jardins familiaux, jardins partagés à Bordeaux entre alimentation et multifonctionnalités », revue des patrimoines, 2018. URL : http://journals.openedition.org/insitu/18956, p.4
17 FRAUENFELDER Arnaud, DELAY Christophe, SCALAMBRIN Laure, « Potagers urbains vs jardins familiaux ? Réforme urbaine et controverses autour du beau jardin et son usage légitime », Espaces et Sociétés, n°158, 2014
18 SCHEROMM, Pascale « Les jardins collectifs, entre nature et agriculture », Métropolitiques, 13 mai 2013. URL : https://www.metropolitiques.eu/Les-jardins-collectifs-entre.html
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3.2 La reconnaissance de jardins partagés en France
En 2003 en France, ces jardins sont reconnus juridiquement sous l’appellation de « jardins partagés ». Une loi définit alors ces jardins partagés comme étant « des jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives, et accessibles au public19. »
Le fait que les jardins soient enfin reconnus juridiquement montre le désir des pouvoirs publics de les définir et de les crédibiliser et par conséquent de pouvoir les ancrer dans le système de l’aménagement du territoire.
Ainsi, les jardins partagés symbolisent plusieurs valeurs de par son histoire et son évolution depuis le XIXème siècle à nos jours. En effet, dans un premier temps le jardin reflète des valeurs sociales, alimentaires et économiques (jardins ouvriers), puis à cela s’ajoutent des valeurs pédagogiques, collectives (jardins familiaux) et enfin se joignent des valeurs écologiques et revendicatives (« community gardens »).
Dans un second chapitre, nous allons étudier et comprendre la place des jardins partagés dans la société qui s’inscrit dans un contexte de métropolisation.
Avant d’amener une étude des jardins partagés dans la métropole, il semble indispensable de définir et d’expliquer le processus de métropolisation, afin d’amener une compréhension globale du contexte actuel dans lequel évoluent les jardins partagés.
19 TASTE, Dominique, « les jardins partagés c’est quoi ? », Share Paris, 11 février 2018. URL : http://www.shareparis. com/jardins-partages/
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28
B. Les jardins partagés des espaces au cœur du phénomène de métropolisation
Depuis la révolution industrielle, les échanges commerciaux entre les pays se font de plus en plus nombreux.
L’accélération de ce processus d’échanges, se fait d’autant plus ressentir à la deuxième moitié du XXème siècle, période où les pays développés connaissent des progrès technologiques considérables, notamment en matière de transports et de communication. Le développement de la mobilité entre les pays, engendre une nette augmentation des échanges commerciaux et économiques. Ainsi, les échanges mondiaux se sont intensifiés à tel point que l’on finit par employer la notion de « mondialisation ».
L’accélération des échanges économiques a permis un développement industriel très rapide mais pas sans conséquences. En effet, la mondialisation est un phénomène qui impacte de nombreux domaines que ce soit économique social ou environnemental.
Au point de vue économique et social, ce fonctionnement mondialisé entraine des inégalités de revenus de plus en plus importantes ainsi que des inégalités de développement. Dès lors, des pays se retrouvent « perdants » à la mondialisation. De plus, le développement massif des transports à l’origine de la mondialisation engendre de sérieux problèmes environnementaux : gaz à effet de serre ; atteinte à la biodiversité ; déforestation.
La mondialisation a profondément bouleversé les sociétés contemporaines (consommation, production, culture, urbanisme...) et par conséquent l’aménagement de son territoire : « le phénomène de métropolisation est la «traduction urbaine de la mondialisation»1. »
De la mondialisation, apparait un processus de métropolisation qui émerge dans les années 50. Cela consiste à l’émergence et au développement de « métropoles ». Ces territoires, dits de « métropole », vivent une transformation généralisée de l’urbain qui concentre plusieurs critères : l’étalement urbain, une densité de population élevée et une intensification des flux mondiaux. Ainsi, les enjeux de rapidité et de course à l’attractivité due à la mondialisation influencent les métropoles qui favorisent la mise en place de certains projets dans leur territoire.
Les domaines les plus impactés sont notamment ceux de l’information (internet, télévision...), de la mobilité (voitures, avions…), de la construction (logements, bureaux…) ou encore de l’alimentation (fast food, plats cuisinés, livraison à domicile…)2
Par conséquent les métropoles étant le reflet de cette mondialisation, elles n’échappent pas aux inégalités économiques et sociales croissantes.
1 LACOUR, Claude. PUISSANT, La métropolisation , croissance, diversité, fractures, collection Villes, éd Economica Anthropos, mai 2000, p.118-119
2 CORREGES, Déborah, « La tyrannie de la vitesse », Sciences Humaines, Juillet 2012. URL : https://www.scienceshumaines.com/la-tyrannie-de-la-vitesse_fr_29044.html p.2
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1. Les Métropoles : un rôle et un pouvoir croissant dans la société moderne
1.1 La Métropole un statut réglementé
En France, il faut attendre 2010 pour que la loi de réforme des collectivités territoriales dit « ALUR3 » reconnaisse un statut juridique aux métropoles, qui est une réalité géographique depuis plusieurs années. Cette loi permet de réaffirmer le rôle des grandes agglomérations dans la croissance et l’attractivité du territoire.
Par la suite, la loi du 27 janvier 2014 MAPTAM4 (modernisation de l’action publique et affirmation des métropoles) vient renforcer le pouvoir des métropoles avec une mutualisation des compétences dans la métropole pour des économies d’échelle.
Enfin la dernière loi du 7 aout 2015 NOTRe5 (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), confie de nouvelles compétences aux régions et aux collectivités territoriales.
Par conséquent, depuis bientôt 10 ans le nombre de métropoles en France ne cesse d’augmenter.
Évolution du nombre de métropoles en France
1
Avec les lois MAPTAM et NOTRe, l’État a donné aux métropoles de plus amples compétences : développement et aménagement économique, soutien aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, équipements culturels et sportifs métropolitains, politique du logement, aménagement urbain, politique de la ville et compétences sociales issues du département.
Ces lois sont mises en place de manière à accompagner leur développement durable, à renforcer leur capacité d’action au service des habitants et à soutenir leurs stratégies d’innovation6
Ainsi, le rôle des métropoles dans l’aménagement du territoire devient primordial.
3 LOI ALUR n° 2010-1563
4 LOI MAPTAM n° 2014-58
5 LOI NOTRe n° 2015-991
6 Pacte métropolitain d’innovation de Bordeaux Métropole.pdf URL : https://www.cget.gouv.fr/ sites/cget.gouv.fr/files/atoms/files/pacte_bordeaux_metropole_9mars2017.pdf, p.2
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2010 2015 2018
métropoles
métropoles
12
22
métropole
Fig 8 : Une multiplication des métropoles depuis 2010
1.2 Définition et rôle juridique des métropoles
Selon l’article L5217-1 du code général des collectivités territoriales, une métropole est un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qui regroupe plusieurs communes «d’un seul tenant et sans enclave» qui s’associent au sein d’un espace de solidarité pour élaborer et conduire ensemble un projet d’aménagement et de développement économique, écologique, éducatif, culturel et social de leur territoire afin d’en améliorer la compétitivité et la cohésion7.
La métropole est une structure administrative qui regroupe les communes de son agglomération, pour exercer des compétences communes. Ainsi, la métropole a pour rôle de valoriser des projets d’aménagement du territoire qui apportent de la croissance économique et qui répondent à des enjeux écologiques, culturels et sociaux. Tout cela dans un esprit de compétitivité dictée par la mondialisation.
2. Les Métropoles face aux enjeux environnementaux et sociaux
2.1 Enjeux environnementaux : une prise de conscience mondiale
Aux exigences de la mondialisation, viennent s’ajouter depuis plusieurs années des enjeux environnementaux dus aux limites des ressources que peut nous fournir la planète. En effet, depuis le mois d’août 2019 et les années précédentes nous avons épuisés l’ensemble des ressources que la Terre peut produire sur une année8 Aussi, des associations, des projets, des conférences et des accords traduisent cette nouvelle considération pour l’environnement à travers la manière de consommer et de produire. En effet, à l’échelle planétaire, 195 États et l’Union Européenne ont signé la Convention Cadres des Nations Unies sur le changement climatique et comment y remédier. Cette convention amène à des conférences sur le climat (COP)9 qui réunissent les pays signataires afin de négocier des engagements dans le but de diminuer les gaz à effet de serre et ainsi permettre de ralentir le réchauffement climatique. Ces conférences attestent d’une prise de conscience de l’impact de l’Homme sur la planète et les limites de cette dernière à l’échelle mondiale.
2.2 Émergence du concept de « Ville durable »
Cette prise de conscience entraîne inévitablement des changements dans les politiques d’aménagement du territoire. Les métropoles sont les premières impactées et elles se doivent de répondre aux nouveaux enjeux environnementaux et sociaux tout en répondant aux exigences de la croissance.
7 Réformer l’organisation territoriale Les métropoles, 15 mai 2017. URL : https://www.gouvernement.fr/action/les-metropoles
8 AFP, « L’humanité a épuisé les ressources de la planète pour 2018 », L’express, 2018. URL : https://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/des-mercredi-l-humanite-aura-epuise-lesressources-de-la-planete-pour-2018_2028458.html
9 « Qu’est ce que la COP 21 ? », Agence Parisienne du Climat, 2018. URL : https://www. apc-paris.com/cop-21
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Aussi, au travers de dispositifs législatifs, l’État français lutte pour un aménagement du territoire en cohésion avec ces nouveaux enjeux. À titre d’exemple, le plan local d’urbanisme (PLU) est un document qui regroupe l’ensemble des règles pour le développement du territoire connaît de nouvelles lois. Par exemple, la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU10) est mise en place en 2000. Elle est élaborée autour de trois points : une exigence de solidarité ; le développement durable ; le renforcement de la démocratie.
Cette loi entraine une modification des règles d’urbanisme en France, en cohésion avec les nouveaux principes de durabilité.
Dès lors, il émerge des politiques d’aménagements du territoire qui aspirent à des notions de durabilité et de transition. Un exemple phare de cette nouvelle tendance est le concept de « Ville Durable »11. En effet, cette notion de « Ville Durable » est devenue l’un des piliers principaux dans les discours, les expérimentations et les projets d’aménagements de certaines Métropoles, comme celle de Bordeaux.
En effet, un document de Bordeaux Métropole montre l’intérêt de celle-ci pour ces types d’espaces dans la ville :
Dans ce cadre, la renaturalisation urbaine apparaît aujourd’hui comme une composante du modèle de la ville durable et un critère déterminant de bien-être. L’embellissement, le lien social, le savoir ou la régulation du climat apportent aux riverains des satisfactions relevées par de multiples enquêtes auxquelles s’ajoutent, depuis quelques années, les opportunités économiques d’une agriculture dite urbaine12
Ainsi, les métropoles valorisent et mettent en avant des pratiques qui symbolisent des valeurs sociales, économiques et écologiques plus souhaitables comme celle des jardins partagés. Comment se fait-il que ces espaces de jardins partagés persistent dans un contexte de métropolisation où la pression foncière est de plus en plus forte ?
10 Loi SRU n°2000-1208. URL :https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/loi-solidarite-etrenouvellement-urbain-sru
11 TOZZI, P. « Ville Durable », HYPERGEO, 2014. URL : http://www.hypergeo.eu/spip. php?article716
12 Bordeaux Métropole document pdf, « Les jardins collectifs sur le territoire de Bordeaux Métropole », 2018, URL : https://www.bordeaux-metropole.fr/var/bdxmetro/storage/original/ application/001ca0cfc2093d3024dca73327a52e6a.pdf, p.6
32
3. Une mise en lumière des espaces de jardins partagés par les métropoles
À partir des années 1990, il y a de nouveau un intérêt des citadins pour les espaces de jardins partagés. Il y a aussi une croissance de l’investissement des pouvoirs publics pour cette pratique urbaine, pour plusieurs raisons.
3.1 Un rôle social des jardins partagés affirmé : opportunités pour les métropoles
D’après un document de Bordeaux Métropole le jardin collectif est défini comme un :
Oasis de verdure situé au plus près de l’habitat, cet aménagement profite au plus grand nombre et se fonde sur des valeurs de créativité, de solidarité, de convivialité, de partage entre les générations et les cultures, de liens retrouvés avec le monde du vivant et de respect de l’environnement13
Il est avéré que les espaces de jardins partagés sont générateurs de liens sociaux14 Ainsi, les métropoles se sont emparées du concept voyant une opportunité d’aménagement de l’espace pour l’apport de lieux de cohésion sociale notamment pour les quartiers les plus défavorisés. En effet, les valeurs sociales des jardins partagés se basent sur la solidarité, le lien et le partage entre les générations et les cultures : des enjeux auxquels se doivent de répondre les métropoles15 .
3.2 Un rôle alimentaire des jardins partagés : tendance de l’agriculture urbaine
Les jardins partagés font évidemment écho à la notion d’agriculture urbain ce qui accentue sa valorisation et la mise en place de cette pratique au sein des métropoles.
L’agriculture industrielle est assujettie à des critiques (qualité, impact environnemental..). Par conséquent, différents termes s’imposent depuis plusieurs années dans les débats de l’agriculture, notamment celui de « l’agriculture urbaine ». Un terme au cœur des discours politiques actuels avec une mise en avant de la dimension nourricière de ces espaces.
Les formes d’agriculture en ville sont extrêmement diversifiées que cela soit pour les acteurs, les lieux, les supports de productions ou encore les types de productions : « L’agriculture urbaine est une notion complexe qui conjugue plusieurs critères » (Duchemin 2012). Cependant et malgré leur diversité, l’agriculture urbaine aspire généralement à incarner l’ensemble des « systèmes alimentaires alternatifs16» : l’agriculture biologique, les circuits-courts et le commerce équitable.
13 Bordeaux Métropole document pdf, « Les jardins collectifs sur le territoire de Bordeaux Métropole », décembre 2018, URL : https://www.bordeaux-metropole.fr/var/bdxmetro/storage/ original/application/001ca0cfc2093d3024dca73327a52e6a.pdf, p.12
14 SCHEROMM, Pascale « Les jardins collectifs, entre nature et agriculture », Métropolitiques,
13 mai 2013. URL : htts://www.metropolitiques.eu/Les-jardins-collectifs-entre.html
15 Article L 561-1 du Code rural
16 LE VELLY, Ronan, Sociologie des systèmes alternatifs : une promesse de différence, éd. Presses des Mines, 2017
33
3.3 Un dialogue de micros territoires agricoles avec l’urbain : un rôle esthétique
À cela s’ajoute un désir croissant des habitants de ces types d’espace en ville, ce qui motive d’autant plus les Métropoles à valoriser ces pratiques17
Lors de l’industrialisation et de l’urbanisation au XIXème siècle, il s’agit de dompter la nature dite « sauvage » qui sont des espaces considérés comme hostiles à cette époque. Ainsi, il y a une valorisation des espaces de jardins dits de : « nature domestiquée » (square et jardins publics) qui répond à des attentes d’espaces verts des citadins. La mode à cette époque était les jardins à la française (jardin classique), avec un souci de perfection formelle de la végétation.
Aujourd’hui, la tendance s’inverse avec un désir des habitants des métropoles d’espaces de végétations d’un style de nature « sauvage », comme les jardins à l’anglaise qui sont dotés de végétations irrégulières et considérés comme l’opposé des jardins classiques. Les jardins partagés créent des espaces de végétations irrégulières qui sont en opposition aux jardins domestiqués à la mode au XIXème siècle.
Par conséquent les projets de ce type de jardin jouent un rôle paysager qui répond aux nouvelles attentes des citadins de « nature » en ville18
3.4 Des espaces de promotion de l’écologie
« Chaque jardin collectif doit être un lieu de promotion de la santé et de développement social, environnemental et économique19.»
Enfin, il y a une remise en question croissante du fonctionnement des sociétés modernes dictées par la mondialisation. De ces critiques découlent des initiatives qui sont nourries par les problématiques environnementales qui se font de plus en plus importantes.
Par conséquent, les jardins partagés sont aujourd’hui fortement ancrés dans les politiques d’aménagement du territoire. En effet, la multifonctionnalité qu’offrent les jardins partagés de par ses fonctions environnementales (recyclage, compost, transports...), alimentation (produits de qualités, agriculture bio..), nourricière (agriculture de proximité...) de lien social et de développement économique est recherchée par les métropoles afin de répondre aux enjeux de la durabilité.
Finalement, les jardins partagés de par leur multifonctionnalité sont des opportunités pour la Métropole afin d’inscrire des espaces culturels et sociaux. Ces espaces valorisent la dimension écologique et esthétique de la ville. Ce qui est de plus en plus indispensable et attendue par les habitants. Ainsi, les métropoles valorisent et soutiennent ces espaces de jardins partagés.
Après avoir énoncé l’évolution des métropoles et leur rôle global, nous allons accès l’étude sur le cas de Bordeaux Métropole et son rôle notamment pour les espaces de jardins partagés. Quels sont les rôles de Bordeaux Métropole pour les projets de jardins partagés ?
17 PREDINE, Eric, Des jardins en partage : Eric Prédine échange avec Jean - Paul Collaert,éd. Rue de l’échiquier, 2009, p.51
18 BOURDEAU-LEPAGE, Lise. TORRE, André, « Quand l’agriculture s’installe en ville... désir de nature ou contraintes économiques ? », Métropolitiques, 2013. URL : https://www. metropolitiques.eu/Quand-l-agriculture-s-installe-en.html
19 Cf. annexe 2 p.86
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C. Le rôle des pouvoirs publics dans les projets de jardins partagés : le cas de Bordeaux Métropole
Dans les années 2000 se manifeste une nouvelle dynamique d’implantation de jardins collectifs productifs (légumes, fleurs) dans Bordeaux et ses communes à l’époque la CUB qui devient en 2016 Bordeaux Métropole1
La création des jardins collectifs n’est plus majoritairement portée par des industriels ou des associations nationales telles la FNJF mais par les municipalités, sous la pression de collectifs d’habitants. Le type de jardins le plus créé est celui des jardins partagés qui s’installe dans les espaces vacants que produit le phénomène de métropolisation.
Évolution
417 jardins ouvriers
1941 760 jardins ouvriers
À titre d’exemple, d’un nouvel attrait fpigure our ces espaces notamment à Bordeaux. Il existe une fête des jardins partagés chaque année depuis 10 ans dans la Métropole. Elle consiste à l’ouverture de l’ensemble des jardins au public et un programme d’animation avec des ateliers (constructions, culture...) et des concerts... Cet événement permet aux jardiniers de présenter leur projet et d’apporter leurs expériences au grand public. Il permet aussi à la Métropole de sensibiliser ses habitants à ces pratiques dans la Ville.
1. La politique de Bordeaux Métropole pour des espaces verts
1.1 Des préoccupations environnementales et sociales
Bordeaux métropole s’avère être une ville qui répond à l’ensemble des critères du phénomène de métropolisation (densité, emplois, culture, mobilité, attractivité, étalement urbain..) et qui est définie en tant que telle en 2016.
Au travers d’un accord signé à l’échelle de l’agglomération bordelaise, Bordeaux Métropole fixe des objectifs ciblés sur des domaines prioritaires dont celui d’améliorer le vivre ensemble, assurer une meilleure cohésion sociale et l’amélioration des conditions et du cadre de vie des habitants2
1 SAINT-GES, Véronique, Jardins familiaux, jardins partagés à Bordeaux entre alimentation et multifonctionnalités, éd. Ministère de la culture, 2019. URL : http://journals.openedition.org/ insitu/18956
2 Bordeaux Métropole document pdf, « Les jardins collectifs sur le territoire de Bordeaux Métropole », décembre 2018, URL : https://www.bordeaux-metropole.fr/var/bdxmetro/storage/original/ application/001ca0cfc2093d3024dca73327a52e6a.pdf, p.6
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Bordeaux 1923 1938 1965 2017 60 jardins ouvriers 97 jardins familiaux 150 jardins partagés
du nombre des jardins collectifs à
Fig 9 : Une augmentation progressive des jardins collectifs depuis les années 1965 à Bordeaux
Bordeaux Métropole porte une attention particulière au développement durable et à l’environnement avec un management autour de la trame verte.
La trame verte de Bordeaux repose sur trois composantes : la trame verte paysagère, la trame verte écologique et la trame verte sociale3. Elle consistera à créer un réseau d’espaces verts et d’encourager les bordelais à adopter une attitude respectueuse de la santé et de l’environnement, dans les espaces de jardinage.
La prise en compte de ces différents enjeux amène la ville de Bordeaux à favoriser certaines pratiques qui répondent à ces problématiques, comme celle des jardins partagés : « Les jardins partagés participent à la création de liens sociaux entre les habitants, à l’animation des quartiers, à la biodiversité et à la trame verte de la ville, à son embellissement4...».
C’est la direction de la trame verte de Bordeaux métropole qui est responsable des projets d’aménagement de types jardins partagés.
1.2 Une politique de la ville qui facilite et valorise les espaces de types jardins partagés
Bordeaux met à disposition sur internet une charte des jardins collectifs qui énonce l’ensemble des principes à l’élaboration d’un espace de jardin partagé et les rôles que celuici devra endosser. Elle a pour objectif de rassembler les acteurs concernés (association, jardiniers, villes...) autour de principes et d’engagements communs et ainsi, développer le réseau de jardins partagés déjà présent : « Bordeaux Métropole souhaite faciliter l’accès du plus grand nombre d’habitants, et sur l’ensemble de son territoire à des jardins collectifs5. »
Cette charte constitue un point de départ à l’élaboration d’un livret qui répertorie en 2018 de nombreuses expériences de jardins partagés, afin d’amener des conseils pour la création et l’animation de ces jardins6
Enfin, une carte interactive des jardins collectifs a été mise en place en 2018 par Bordeaux Métropole, qui sera réactualisée chaque année7. Cette carte dissocie en quatre catégories les jardins : partagés, familiaux, pédagogiques et thérapeutiques. La mise en place de ce document qui répertorie l’ensemble des jardins collectifs dans la métropole de bordelaise, témoigne elle aussi de cet intérêt croissant des politiques publiques de Bordeaux pour les espaces de jardins partagés.
3 Extrait du registre des délibération du conseil municipal, « Chartes pour l’adhésion des Bordelais à des pratiques écologiques dans leurs jardins et pour le développement des jardins partagés de Bordeaux. », 28 janvier 2013
4 Charte des jardins partagés de Bordeaux, 2013. URL : http://www.bordeaux.fr/images/ebx/fr/ groupePiecesJointes/32514/1/pieceJointeSpec/94284/file/charte_jardins_partages.pdf
5 Cf annexe 2
6 Bordeaux Métropole « Créer un jardin collectif quelques repères pratiques » URL : https:// www.bordeaux-metropole.fr/Vivre-habiter/Vivre-avec-la-nature/Jardiner-collectif
7 Carte des jardins collectifs de Bordeaux Métropole, 2018. URL : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/jardins-ollectifs-de-bordeaux-mele_247786#13/44.8309/-0.5582
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Fig 10 : Zone géographique de Bordeaux Métropole des partenaires accompagnant les acteurs publics dans les projets de jardins collectifs
Enfin, la métropole bordelaise est partagée géographiquement en trois secteurs de partenaires qui œuvrent avec la Métropole pour l’élaboration de projets collectifs tels que les jardins partagés : Place aux jardins ; Le Bocal Local ; Les Possibilistes « Place aux jardins », est une association qui accompagnent les projets de jardins collectifs à différentes échelles (carré potager, verger partagé, terrasse jardiné...). Cette association travaille en partenariat avec Bordeaux Métropole, notamment sur le secteur ouest de la métropole. « Le Bocla Local », est une association qui lutte contre le gaspillage « potager », en intégrant une dimension d’insertion sociale et professionnelle de personnes en difficultés.
« Les Possibilistes » est une agence qui consiste à élaborer des projets de manière collective et participative.
Ainsi, ces trois structures travaillent avec les acteurs publics et accompagnent les citadins dans la construction de certains types de projets. Les trois partenaires se répartissent les projets à accompagner en trois secteurs sur la métropole.
En plus de valoriser et de crédibiliser ces espaces dans la ville, Bordeaux métropole joue un rôle primordial dans les projets de jardins partagés que ce soit pour le prêt du foncier ou pour l’accompagnement dans le projet du jardin.
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2. Bordeaux métropole, une réglementation des espaces de jardins partagés
Pour être accompagné par la ville de Bordeaux, les jardiniers doivent respecter une philosophie et méthodologie d’interventions communes à la mise en place de jardins partagés. Les jardins partagés doivent adhérer aux principes et recommandations de la charte des jardins collectifs de Bordeaux Métropole, pour garantir le respect social et environnemental de ces espaces, sous peine de la reprise du terrain8.
2.1 Règles sociales
Le projet devra associer la plus grande diversité d’habitants du territoire en accordant une attention particulière aux personnes les plus isolées et les plus fragilisées. Ainsi, le jardin devra être ouvert au minimum trois fois par an au public.
Ces règles sont mises en place de manière à ce que l’espace du jardin réponde à certains objectifs d’un point de vue social. Il doit être un lieu de création de lien social et culturel et ainsi rompre l’isolement de certains citadins. Ce doit être un espace qui facilite les rencontres, les échanges dans une dynamique de solidarité. De plus, la pratique de l’agriculture dans les jardins partagés est un moyen de susciter les échanges de savoir-faire sur la culture de fleurs ou de légumes.
Chaque adhérent s’engage à participer aux animations, aux réunions, aux travaux d’entretien du jardin, aux activités et aux projets de l’association du jardin.
2.2 Règles environnementales
En plus d’un engagement des adhérents à des règles dans le but d’un bon fonctionnement social du jardin, ils doivent s’engager à l’élaboration d’un lieu respectueux de l’environnement.
En effet, il est obligatoire que les jardiniers adoptent des pratiques culturales écologiques. Ainsi, les engrais chimiques sont interdits au même titre que les produits de pesticides. De plus les jardiniers devront privilégier les matériaux les plus respectueux de l’environnement (bois non traité, paille...). Tous les substrats et la terre apportés devront être obligatoirement agréés par l’agriculture biologique.
Pour terminer, la consommation d’eau sera mise en œuvre de manière à éviter le gaspillage (citerne, arrosoirs...).
La Ville de Bordeaux veille au respect de ces différentes règles énoncées en établissant un bilan chaque année avec les jardiniers, notamment pour éviter un espace générateur « d’entre soie ». Si Bordeaux métropole constate un non-respect d’une ou de plusieurs règles (utilisation de pesticides, non ouverture du jardin au public...) la ville sera dans son plein droit de récupérer le terrain.
La métropole bordelaise peut effectuer tout contrôle au sein du jardin quand elle le souhaite.
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8 Cf. annexe 2 p.86
3. Une politique d’aménagement qui soutient et accompagne les jardins partagés
3.1 Mise à disposition du foncier
En échange du respect de ces règles établies par les pouvoirs publics, la Métropole permet la mise à disposition du terrain sous des conventions d’occupation provisoire. Les conventions sont d’une durée d’un an renouvelable cinq fois maximum. La Ville a la faculté de résilier le contrat d’occupation à tout moment pour tout motif d’intérêt général, notamment si le terrain est destiné à un usage différent (aménagement ou vente). La métropole ne sera en aucun cas dans l’obligation de proposer un terrain de remplacement.
3.2 Aides financières et matérielles
La Ville en plus de permettre aux jardiniers d’investir un terrain peut fournir la terre, des outils et des bacs de compostage... Lors de la mise en place du jardin la métropole met en place les arrivées d’eau si celles-ci ne sont pas présentes sur la parcelle. L’association des jardiniers peuvent aussi faire une demande de subventions auprès de la Métropole pour des raisons d’entretien du jardin et de ses activités.
Un budget annuel est alloué automatiquement pour les projets de jardins partagés dans les quartiers les plus défavorisés, afin de garantir une pérennité du lieu grâce à l’animation. Cependant les autres jardins ne bénéficient pas de budget de la Métropole mais ils sont suivis et accompagnés durant 3 ans (bilan, réunions...).
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3.3 Animation pour quartiers défavorisés
Fig 11 : Règles établies pour le renouvellement du prêt d’un terrain public dans la métropole bordelaise
On constate que le rôle de Bordeaux Métropole dans l’élaboration d’espaces de jardins partagés est très présent.
Après avoir énoncé dans cette première partie du mémoire, l’Histoire de ces lieux et son évolution, puis de définir les notions de « Mondialisation » et « Métropolisation », qui sont indispensables à la compréhension de la définition actuelle de « Jardin partagé », nous avons apporté des connaissances sur les rôles de Bordeaux Métropole pour ces types d’espaces. Dans une deuxième partie, nous allons mener une étude sur la réalité de ces types d’espaces au travers de trois cas d’étude de jardins partagés dans la métropole bordelaise.
Cette analyse nous permettra de répondre à ces différents questionnements :
- Comment ces jardins se traduisent-ils sur le territoire de Bordeaux Métropole ?
- Au-delà de tout ce que représentent et symbolisent les jardins partagés dans la Métropole, quelles sont les réalités de ces pratiques ?
- Sont-ils toujours des espaces en lutte, comme les jardins ouvriers et les community gardens, malgré le fait qu’il y ait une intégration croissante de ces jardins dans l’aménagement du territoire de Bordeaux ?
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Les jardins partagés dans Bordeaux Métropole : des espaces en luttes
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PARTIE 2
A. Présentation des trois cas d’études dans Bordeaux métropole
B. Un esprit de lutte toujours d’actualité au sein des jardins
C. Les jardins partagés de Bordeaux Métropole des espaces de résistance à l’homogénéisation de l’aménagement urbain
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un oasis de verdure au cœur d’un tissu urbain diversifié
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Fig 12 : Le Jardin l’Éphémère
A. Présentation des trois cas d’études dans Bordeaux métropole
Après avoir étudié dans une première partie l’histoire des jardins partagés, leurs évolutions et leurs places actuelles dans la métropole bordelaise quand est-il de la réalité actuelle de ces lieux ?
Sont-ils toujours, comme vu pour leur prédécesseurs, des pratiques et des espaces dans une dynamique de résistance ?
Afin de répondre à ces problématiques, nous introduirons cette partie par une présentation globale des trois jardins partagés étudiés dans le territoire de Bordeaux Métropole.
Il ne s’agit pas, par ces études, d’effectuer une comparaison à proprement parler entre les jardins, mais de proposer l’étude de plusieurs cas permettant de nourrir nos questionnements sur la lutte de ces espaces dans la métropole bordelaise.
1. Le Jardin l’Éphémère à Bègles
1.1 Origine du projet et situation
Dans le quartier Marcel-Sembat à Bègles, une friche industrielle est rachetée par Euratlantique en 2010 : un terrain qui intéressait grandement les riverains pour accueillir les ruches d’un habitant du quartier1. Le projet de base des ruches a pris un autre chemin, mais l’idée de créer un lieu de vie sur cette parcelle a persisté.
Ce sont les habitants qui sont à l’origine du projet. Ils se sont mobilisés en constituant un collectif composé de deux comités de quartiers Béglais, PRÊCHE et Marcel SEMBAT. Le terrain fût remarqué par les riverains du fait de la présence d’un bâtiment qui pourrait abriter de nombreux projets. Cependant, il leur est interdit d’investir le hangar de manière à ce qu’ils ne s’installent pas de façon permanente, d’où le nom du jardin et de l’association : « l’Éphémère »
Les lieux sont investis par des installations construites avec les matériaux trouvés sur place, avant même l’accord officiel d’Euratlantique. Ainsi, le fait d’avoir déjà installé des buttes cultures et un espace pour un poulailler avant l’autorisation, leur permet de crédibiliser leurs propos sur la nécessité d’un jardin à cet endroit. De fait, les premières installations suscitent un intérêt des habitants et des écoles. En 2014, suite à de nombreux entretiens avec Euratlantique et grâce au soutien des comités de quartier et de la ville de Bègles dans les négociations, l’association signe un contrat d’occupation précaire en 2015, toujours valable aujourd’hui. Il s’agit d’un terrain de 2100 m² prêté par la CUB (Bordeaux Métropole depuis 2016) jusqu’à qu’Euratlantique en ait l’utilité.
La parcelle se situe rue du Général Faitdherbe à Bègles, au cœur d’un tissu urbain diversifié qui témoigne du phénomène de métropolisation (commerces, logements, flux...). Au nord du jardin se dessinent des îlots d’échoppes découpés pas les rues qui permettent la circulation des voitures et la distribution des maisons. Au sud du jardin, se trouve un hangar qui appartient à Euratlantique qui leur sert de dépôt de matériaux dus aux travaux d’Euratlantique dans la métropole bordelaise. Enfin à l’est de la parcelle, se trouve un concessionnaire de véhicules de grande marque.
1 SIREYJOL, Hélène, Revue de presse Sud-Ouest, 9 décembre 2015
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Le Jardin l’Éphémère : un espace de rencontres et de partages1
Jardin l’Éphémère : des buttes de culture en lasagne
1 Chaque images à l’intérieur des jardins
de photographies prisent par l’auteur
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sont issus
1.2 Organisation associative
L’association d’habitants, l’Éphémère, s’est organisée pour aménager le jardin et s’est constituée autour d’une volonté d’ouverture, d’échange et de partage. Elle a été créée en 2014 et elle est représentée par la président Marion CHASSAT. L’association compte aujourd’hui une petite centaine d’adhérents et une vingtaine de bénévoles œuvrant de manière régulière. Jusqu’à il y a un an, il n’y avait que des bénévoles du quartier qui y travaillaient sur leur temps libre.
En 2018, le jardin recrute deux services civiques pour une période de 9 mois, dans le but d’un travail en collaboration avec la ville de Bègles pour la mise en place d’une plateforme de compostage partagée afin de permettre de répondre à un projet de la métropole dans le cadre « Territoire zéro déchets zéro gaspillage ». Aujourd’hui encore, ils sont à la recherche d’une nouvelle personne pour le service civique pour l’année 2020.
Le jardin est ouvert au public un dimanche sur deux pour une journée chantier avec un repas commun pour ceux qui le souhaitent.
1.3 Types d’agriculture
Le Jardin s’inspire des principes de permaculture qui cherche à concevoir des installations durables, résilientes et économes en travail comme en énergie.
C’est dans cet esprit que les bénévoles du Jardin ont créé des buttes de culture en lasagne. Elles sont constituées de couches superposées de bois à différents stades de la décomposition, de déchets verts (tonte de gazon, feuilles vertes, déchets organiques…) et de déchets bruns (fumier, compost, feuilles décomposées…). Elles permettent également de mettre en culture des sols peu adaptés à l’agriculture. En effet, ces sols de mauvaises qualités sont très présents dans le jardin (sol très tassé, remblais de mauvaise qualité, cailloux, sols pollués…). De plus, les jardiniers ont aussi créés un espace d’élevage de poules et de chèvres.
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Un espace de culture en tension entres des hangars industriels et des voies ferrés
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Fig 13 : Le jardin Salades Tomates Oignons