Arthrose digitale: un nouveau visage et un éclairage différent de l’arthrose en général Emmanuel Maheu Hôpital Saint-Antoine, Paris, France emaheu@wanadoo.fr
L’arthrose digitale: Une maladie mÊtabolique ?
Une maladie métabolique ? Grotle M. BMC Musculoskelet Disord. 2008 Oct.
• 1675 personnes < 74 ans suivies 10 ans • 12% ont un IMC initial > 30 • IMC > 30 est associé à l’AD: OR 2.59 [1.08 – 6.19] après ajustement pour les autres paramètres confondants
DU main dégénérative 11-12-2010
Ann Rheum Dis 2010;69:761-7
Deux fois plus dâ&#x20AC;&#x2122;arthrose digitale chez les obèses
Risque relatif = 1,9
Yusuf et al. Ann Rheum Dis 2009
Arthrose digitale et obésité
Facteurs systémiques ? Cicuttini et al, J Rheumatol, 1996 Haara et al, Ann Rheum Dis, 2003
Adipokines: le chaĂŽnon manquant ?
Lago, Nature Reviews, 2006
obesity
Mechanical stress
Adipokines
Mechanical stress
chondrocyte
COX-2
Loss of car
tilage h omeso tasis
Obesity-induced osteoarthritis
ARD 2007;66:916-20
Effets indirects de l’obésité ? Diabète et arthrose digitale • Cohorte de Rotterdam (n=3585)
Austement sur le sexe, le tabac et l’IMC
Dahaghin et al. ARD 2007
Facteurs mĂŠtaboliques et arthrose digitale
Arthrose digitale ĂŠrosive: une maladie frĂŠquente et invalidante
Arthrose digitale érosive: fréquence • Bijsterbosch J (Pays-Bas): 18% des 236 patients suivis ont au moins 2 articulations érosives (ARD 2010;69:1784-8) • Wittoek R (Belgique): 62% des 270 patients étudiés (Comm. Personnelle. Papier soumis 2011) • Maheu E (France): 50% des142 patients ont au moins 2 articulations érosives (EULAR 2011)
Arthrose digitale ĂŠrosive: dĂŠfinition Verbruggen Radiological Anatomical Phase Score Arthritis Rheum 1996
Lâ&#x20AC;&#x2122;arthrose digitale ĂŠrosive
Effondrement de la plaque osseuse souschondrale centrale
Ann Rheum Dis. 2010;69:862-7.
L’arthrose digitale érosive Arthrose érosive IPP
L’arthrose digitale érosive
Aspect cupuliforme
Remerciement au Pr. X Chevalier pour le prêt de cette diapositive
Lâ&#x20AC;&#x2122;arthrose digitale ĂŠrosive
Arthrose érosive versus non érosive Epidémiologie: • • • • • •
Etude Française (Maheu et al. ARD 2008) 88 patients décrits 89% femmes, 11% hommes Age: 63 (9.0) IMC: 24 (3.4) 38 patients (43%) classés arthrose érosive et 50 non érosive.
RĂŠsultats Clinical data
Erosive HOA (n = 38)
Non Erosive HOA (n = 50)
P
Aesthetic damage
58 (38.1)
33 (34.5)
0.005
FIHOA (0-30)
10 (5.7)
7 (5.7)
0.005
Night awakening (%)
32%
32%
1.00
Morning stiffness (%) Duration Pain at rest (mm)
54% 17.5 19 (17.2)
54% 17.5 22 (22.6)
1.00 0.65 0.68
Pain on move (mm)
53 (22.7)
46 (25.5)
0.18
Patientâ&#x20AC;&#x2122;s global (mm)
47 (25.4)
38 (28.9)
0.15
SF12 MCS (0-100)
48 (9.7)
48 (9.2)
0.97
SF12 PCS (0-100)
40 (7.5)
44 (8.8)
0.12
SF12 total (0-100)
44 (6.5)
46 (7.4)
0.40
HAD (0-21)
7 (2.9)
6 (3.3)
0.26
Impact de l’Arthrose Erosive Bijsterbosch J et al. ARD 2010;69:1784-8.
42 patients AD érosive vs 194 non érosive AD érosive: • Plus de nodosités • Moins bonne fonction • Moins bonne mobilité • Plus douloureux sur AUSCAN et Michigan Hand Questionnaire (MHQ) • Plus grande insatisfaction esthétique (MHQ) • Pour Bijsterbosch, la plus grande sévérité clinique est due au caractère nodal de cette arthrose
Impact de l’Arthrose érosive Wittoek R. Comm personnelle. Papier soumis 2011 • 176 arthrose érosive vs 103 non érosive vs 79 Rhum. Inflammatoire (PR ou Rh pso) avec DAS < 3.2, et vs 44 contrôles. • Douleur et gêne fonctionnelle (FIHOA-Dreiser et Auscan) plus élevés dans le groupe AE que dans les 3 autres, malgré plus d’analgésiques, après ajustement pour les facteurs confondants • 2 facteurs associés: sexe F et nombre d’articulations dégradées
Impact de l’Arthrose érosive Bisjsterbosch J. ARD 2011;70:326-30 Evolution érosive dans l’AD influencée par: • Facteurs associés au patient • L’hérédité familiale: plus d’articulations érosives chez un relatif d’un patient érosif • Un niveau de symptômes plus élevé – – – –
Douleur globale Douleur à la pression Nodosité Pincement articulaire plus marqué
L’échographie, nouveau moyen d’exploration et de suivi dans l’arthrose digitale Une maladie inflammatoire ?
Echographie dans l’AD • Se développe rapidement • Plus sensible que la radio standard pour identifier ostéophytes et érosions • Permet de détecter les signes d’inflammation: – épaississement synovial « froid », – Hypervascularisation (signal Power Doppler) – et épanchement
Echographie dans l’AD 22 Patients arthrose érosive, 660 articulations examinées Erosions Ostéophytes
Echographie 35% 55%
Radio standard 17% 47%
Epaississement synovial chez 19 des 22 patients (24% des articulations) Epanchement dans18% des articulations Signal Doppler + dans 22% des articulations
Echographie dans l’AD • 14 articulations des deux mains examinées chez 25 patients appariés pour sexe et âge. • 13 AD érosive vs 12 non érosive et 10 témoins • Synovites dans 10% des articulations AD • Synovites associées à sévérité radiologique: scores plus élevés et épaisseur de cartilage réduite • Plus de synovites Power Doppler+ dans l’arthrose érosive radiologique
ARD 2010;69:2173-6
Echographie dans l’AD 31 patients AD érosive vs 7 non érosive Echographie vs radio sur les IP 94% des érosions radio détectées par US 45 articulations érosives supplémentaires détectées par US Plus de synovites dans l’arthrose érosive (p = 0.04) Epanchement et signal Doppler + identique dans les 2 groupes
ARD 2011;70:278-83
Echographie dans l’AD 252 IP examinées par radio, US et IRM 3.0 T Lecteurs indépendants cotant érosions, ostéophytes et synovite Bonne corrélation US - IRM pour Erosions 78% Ostéophytes 76% Synovite 87% Fort % de signes inflammatoires dans l’AD érosive Radio < à US pour détecter les érosions
Echographie chez 36 patients avant / après 1 injection IM de 120 mg de méthylprednisolone. Patients revus à 4 et 12 semaines Réduction de la douleur et de l’activité de l’AD Amélioration non associée à une réduction des synovites ou des signaux Doppler +
Echographie moyen de suivi des patients AD érosive ou inflammatoire recevant une thérapeutique antiinflammatoire ?
Une maladie Ă ĂŠvolution radiographique lente
Evolution radio-clinique 2 radios à 10 ans d’intervalle chez 118 patients (25% femmes !!), méniscectomie Cotation du pincement et des ostéophytes (atlas OARSI) par 1 lecteur sachant la séquence 32% ont au moins 1 articulation arthrosique à l’an 1 53% sur le second cliché Progression plus importante aux IPD et à la TMC
ARD 2011;70:68-73
Evolution radio-clinique 289 AD (83% femmes) suivis 6 ans (clinique et radio) Progression radio définie comme variation > plus petite variation détectable (SDD) Aggravation clinique importante Détérioration fonctionnelle corrélée à la douleur initiale Détérioration radio chez 53% des patients associée à - Nombre de nodosités - Douleur initiale - Erosions radios au départ Pas de corrélations radio-cliniques longitudinales Malades peu symptomatiques an 1 (EVA douleur 33 mm) et peu sévères radiologiquement (score ostéophyte 11 / échelle 0-96)
Le préjudice esthétique est une préoccupation majeure
Le dommage esthétique Hodkinson B et al. Papier soumis 2011. • 172 patients: 155 femmes (90%), âge: 64.2 (8.7), IMC: 23.3 (3.3) • Douleur activité (EVA mm): 50.6 (25.8) • Opinion globale patient (EVA mm): 42.5 (27.5) • FIHOA : 8.4 (5.9) • Score moyen sur EVA esthétique: 44.8mm (35.9) • 37 patients (21.5%) cotent 0 (aucun dommage esthétique) • 20 patients (11.2%) cotent 100 mm (dommage esthétique maximal)
Analyse univariée Paramètre Sexe / Femmes (%)
Dommage esthétique
Dommage esthétique
≤ 33 mm
≥ 66 mm
(N = 74)
(N = 59)
63 (85.1)
58 (98.3)
62.9 (8.6) 65.3 (8.4) Age (années) 9.8 (6.8) Durée des symptômes (années) 7.9 (6.5) 2.2 (2.1) 3.5 (3.3) N articulations douloureuses à la pression 5.1 (3.4) 6.7 (4.0) N articulations avec nodosités 9.2 (5.2) 12.3 (5.0) N articulations radiologiquement atteintes (n=148) 19 (31.7) 32 (69.6) AD érosive (n=148) N (%) 57.3 (25.7) Douleur en activité (EVA mm) 43.4 (25.8) 31.4 (26.8) 55.3 (26.4) Opinion globale patient (EVA mm) 7.5 (6.0) 9.4 (6.0) Indice fonctionnel de Dreiser (FIHOA) Session Arthrose SFR - 29-11-2010 7.4 (4.5) HAD score d ’anxiété (n=138) 5.5 (3.6)
OR (IC 95%)
P- value
10.1 (1.380.9) 1.0 (1.0-1.1)
0.03
1.0 (1.0-1.1)
0.11
1.2 (1.1-1.4)
0.0004
1.1 (1.0-1.3)
0.01
1.1 (1.1-1.2)
0.002
4.3 (1.9-10.0)
0.0007
1.0 (1.0-1.04)
0.003
1.0 (1.0-1.1)
<0.0001
1.1 (1.0-1.1)
0.07
1.1 (1.0-1.3)
0.02
0.11
Analyse multivariée Facteurs indépendants associés à un dommage esthétique élevé: • Présence d’érosions radiologiques p = 0.03 • Opinion globale patient sur sa maladie p = 0.0005
Conclusions • L’arthrose digitale, un domaine en pleine expansion • Phénotype métabolique: association au surpoids et au diabète • % d’arthrose érosive variable selon les équipes: 18 à 68%. Probablement fréquente • L’échographie semble plus sensible que la radiographie pour évaluer les dommages structurels
Conclusions • L’échographie montre fréquemment des signes d’inflammation • Pourrait être un outil de suivi de certaines thérapeutiques • Corrélation radio-clinique transversale mais pas longitudinale • L’esthétique est une préoccupation majeure trop souvent méprisée • De nombreuses pistes de recherche sont ouvertes sur cette maladie fréquente, souvent plus invalidante que nos PR aujourd’hui (Michon et al. ARD 2011.online march, 11), pour identifier de meilleurs moyens de prise en charge
Merci de votre attention !