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« L’enjeu est d’amplifier la recherche »
La recherche contre le cancer est un combat de tous les jours. Chaque jour, on apprend à mieux comprendre les mécanismes qui entourent ces maladies, et à apporter des soins spécifiques à chaque patient.
La recherche contre le cancer a connu des avancées importantes ces dernières années. Pour soigner les tumeurs, on parle aujourd’hui de thérapies personnalisées via lesquelles on cherche à comprendre les voies qui sont déréglées chez les patients, et à trouver des traitements qui visent ces voies précises. En d’autres termes, on essaye d’éviter d’avoir recours à des chimiothérapies qui “tuent” toutes les cellules qui se divisent dans un organe et qui ne font pas la différence entre les bonnes et les mauvaises cellules.
Les exemples sont d’ailleurs nombreux. Par exemple, dans le cancer du sein, il existe des médicaments qui ciblent les oestrogènes pour les cancers du sein exprimant les récepteurs aux oestrogènes. Pour d’autres cancers du sein, surexprimant le gène HER2, des anticorps spécifiques contre cette protéine sont très efficaces dans ce type de cancer. Pour le cancer du poumon, on s’est également rendu compte qu’il y avait beaucoup de patients qui développaient des mutations génétiques qu’on pouvait bloquer via certains médicaments et traitements.
Ce qui représente l’avenir sont ces traitements où on cherche à trouver ce qui a provoqué le cancer. Il n’existe pas encore de traitement spécifique pour chaque type de cancer, mais c’est la direction que l’on prend pour les années à venir. Les
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Mais ce n’est pas tout. L’autre grande révolution de ces dernières années, c’est l’immunothérapie. Une avancée tellement importante que les chercheurs qui ont contribué à sa création ont reçu un Prix Nobel en 2018. Aujourd’hui, cette technique permet de guérir un certain nombre de patients qui auraient été considérés comme non guérissables il y a encore quelques années. Là aussi, seule une petite partie des cancers sont concernés et l’enjeu est d’amplifier la recherche et de trouver des solutions pour stimuler la réponse à l’immunothérapie et élargir le spectre des cancers pouvant bénéficier de ces traitements. Pour cela, il y a encore deux grandes questions qu’on se pose tous les jours : pourquoi certains patients répondent bien au traitement et d’autres pas, et pourquoi certaines thérapies fonctionnent et pas d’autres.
Enfin, toutes ces recherches permettent de développer un volet essentiel : la prévention. Il y a une science plus fondamentale qui vise à comprendre pourquoi les cancers se développent et il y a déjà eu des avancées très intéressantes dans ce sens. Aujourd’hui, cette meilleure compréhension des mécanismes de la cancérisation permet de détecter très tôt les cancers chez les patients à haut risque de développer des cancers comme pour les cancers du sein ou du colon héréditaires.
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Situé au sein du BioPark de Charleroi, l’Institut de Pathologie et de Génétique (IPG) a vu le jour pour répondre aux besoins du secteur hospitalier. JeanFrançois Ghidetti, Directeur général, explique : « Depuis sa création en 1958, l’objectif de notre institut médical intégré est d’être au service des patients en répondant aux défis actuels, mais aussi aux challenges futurs d’une médecine personnalisée visant le meilleur diagnostic, le meilleur support pour les médecins référents et le confort du patient. »
« L’IPG est composé de 3 secteurs de haute expertise au service de la santé » explique le Dr Jérémie Gras, Directeur médical :
Le Centre de Génétique, un des deux centres agréés pour la génétique humaine implantés en Région wallonne sur les huit en Belgique, propose aux patients une prise en charge multidisciplinaire et des consultations dans plusieurs domaines de la génétique. Il est en connexion étroite avec les deux autres départements de l’Institut, ce qui apporte valeur ajoutée et complémentarité pour certains diagnostics.
Le Département d’Anatomie Pathologique établit un diagnostic sur base de frottis, de matériel de ponction cytologique, de biopsies endoscopiques ou de prélèvements chirurgicaux. Son champ d’action couvre l’ensemble du corps humain et reprend des pathologies multiples et variées. Le diagnostic des médecins anatomopathologistes dans la prise en charge du patient, notamment en oncologie, est très important.
Le Département de Biologie Moléculaire & Cellulaire réalise des diagnostics cytogénétiques et/ou moléculaires de diverses pathologies humaines héréditaires ou acquises et maîtrise parfaitement les techniques de séquençage, offrant une grande valeur ajoutée aux diagnostics.
En outre, suite à la pandémie Covid, l’IPG a repris ses activités en microbiologie moléculaire. « Pendant la pandémie, en tant que centre reconnu de dépistage, nous avons assisté les hôpitaux. Nous continuons de réaliser le séquençage des variants dans le cadre de la plate-forme d’analyse génomique du SARS-CoV-2. Sciensano montre beaucoup d’intérêt pour transposer ce système à d’autres virus ou pathogènes. »
Au sein de l’IPG, 350 collaborateurs réalisent annuellement 350.000 analyses et diagnostics médicaux. Parmi eux, on compte 12 médecins généticiens, 20 médecins anatomopathologistes, 10 médecins spécialistes dont des biologiste cliniques et des oncologues, et plus de 30 experts scientifiques. Jean-François Ghidetti ajoute : « Pour mieux répondre aux demandes croissantes des hôpitaux et des médecins, nous avons élaboré un plan stratégique pluriannuel — Move Up — qui permettra d’aborder avec confiance et enthousiasme l’avenir, comme l’amélioration de notre offre de services aux hôpitaux, l’évolution technologique, le recrutement de talents, le maintien des compétences et la transformation digitale de l’IPG ».
À titre d’exemple, la génomique et la génétique humaine sont des domaines qui bouillonnent scientifiquement et technologiquement, sans oublier les progrès en pathologie digitale. L’IPG doit donc faire les bons choix en matière de recrutements et d’investissements afin de délivrer des diagnostics toujours plus précis dans les meilleurs délais.
Le Dr Jérémie Gras rappelle que l’IPG est aussi un institut de recherche agréé très actif : « Chaque année, nous menons une trentaine de projets de recherche. Nous devons rester à la pointe en développant des projets innovants, notamment de caractérisation de gènes peu connus impliqués dans des maladies rares. En collaboration avec l’Université d’Harvard, un travail de ce type est en cours. C’est la preuve qu’il est possible en Wallonie, depuis Charleroi, de collaborer avec des universités internationales prestigieuses. Nous participons à de nouveaux diagnostics qui permettent de nouveaux traitements. D’où l’importance de nos travaux de recherche qui alimentent des publications que nous diffusons dans de grandes revues scientifiques. »
Dans les développements futurs, il y a des projets sur le diagnostic plus compréhensif dans le domaine de l’oncologie et de l’hématologie. Plutôt que de séquencer certains gènes, la technologie nous permet un séquençage plus large et simultané de panels génétiques, permettant de déterminer le meilleur traitement pour chaque patient et donc de meilleures chances de succès thérapeutique. Un autre axe est le développement de l’expertise dans les domaines tels que le Whole Genome Sequencing, le RNA-seq ou l’utilisation de séquenceurs de troisième génération, ceci dans un cadre éthique irréprochable.
Précurseur dans ses domaines d’activités, le « business model » de l’IPG, ASBL indépendante en total autofinancement, est unique et exclusivement dédié à sa mission de santé. Les profits dégagés sont entièrement réinvestis dans la recherche, le recrutement et la formation des collaborateurs, dans l’acquisition de technologies dernier cri et dans l’extension des infrastructures informatiques et des bâtiments. Jean-François Ghidetti souligne que : « L’IPG c’est 65 ans d’expertise de très haut niveau au service des hôpitaux avec, aujourd’hui, un chiffre d’affaires de 45 000 000 €. C’est aussi 9000 m² de bâtiments où, chaque année, 350 collaborateurs effectuent plus de 360 000 analyses pour environ 200 000 patients, et dont le Centre de génétique réalise plus de 15 000 consultations. À l’IPG, nous travaillons pour l’Humain avec l’Humain ! ».