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Le CER Groupe, centre d’excellence de la recherche
Installé au sein du parc scientifique Novalis en province du Luxembourg, le CER Groupe est un acteur incontournable dans le secteur de la santé. Olivier Vanloocke, CEO, nous présente ce centre d’excellence.
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Qu’est-ce que le CER Groupe ?
« Le CER Groupe est un centre d’excellence dans divers domaines, reconnu en Wallonie, en Belgique et en Europe. Nous soutenons la recherche dans le domaine de la santé humaine et animale. Deux cents personnes, expertes dans leurs domaines de compétence, œuvrent à cette mission. »
Pourquoi pousse-t-on la porte du CER Groupe ?
« Notre offre est intégrée : nous réalisons en un seul lieu des analyses précliniques de A à Z sur, par exemple, des anticorps, des vaccins ou de nouvelles classes de thérapies (ATMP). Nous avons affaire à un certain nombre d’entreprises jeunes, issues de la biotechnologie, mais pas seulement. Les Big Pharmas, belges ou étrangères, cherchent chez nous de l’aide pour leurs recherches. Ces entreprises progressent dans leur développement grâce aux résultats d’analyses qu’elles génèrent en nos murs. »
Quelle est la marque de fabrique du CER Groupe ?
« La plupart des jeunes entreprises qui viennent chez nous ont besoin d’aide dans la construction de leurs projets. C’est un peu la cerise sur le gâteau que nous offrons et que nos clients ne trouveraient pas ailleurs. Nous proposons une forme de flexibilité, de customisation de la réponse et d’accompagnement dans le montage du projet. »
Le CER Groupe est un Centre de Recherches Agréé (CRA) par la Région wallonne. Qu’implique cette agréation ?
« Nous avons la chance d’être les seuls à avoir cette agréation dans le secteur de la santé. Pour soutenir sa politique de recherche, la Région a défini différents axes stratégiques et confie aux centres agréés une mission de soutien à la recherche. Les entreprises soutenues par la Région wallonne dans leur programme de recherche sont orientées vers le CER pour accéder à la plateforme technologique dont elles ont besoin. Nous bénéficions à ce moment indirectement des fonds publics mis à disposition de la politique de la recherche. Le retour sur investissement est important pour la Région, tant sur le plan économique que sur le plan du développement technologique. Le CER est à ce titre un bon exemple de retour sur investissement. »
Dans le secteur, il y a aussi d’autres acteurs comme les universités et les entreprises. Quelle est votre place dans cet écosystème ?
« Notre centre agréé, les universités et les entreprises forment le cœur de la recherche en Région wallonne. Les universités sont des moteurs, mais nous sommes complémentaires. Elles créent de la connaissance et enseignent. Elles mettent aussi cette connaissance à disposition du réseau industriel pour contribuer au développement économique de la région. Nous nous positionnons en relai dans ce transfert de technologies et de savoirs. Ce partenariat avec le monde académique est un maillon important de contribution à l’économie wallonne. »
Êtes-vous actifs dans d’autres domaines ?
« La santé ne se limite pas qu’aux médicaments et aux vaccins, nous sommes aussi actifs dans la sécurité de la chaîne alimentaire. Le CER est un laboratoire national de référence actif aussi bien en Région wallonne qu’à l’échelle européenne. Nous sommes un laboratoire détaché de l’AFSCA. »
En Belgique, la recherche bénéficie d’un régime fiscal attractif pour les investissements dans le secteur. Est-ce important pour une société pour le CER Groupe ?
« La recherche coûte cher. La Belgique est extrêmement attractive pour les entreprises travaillant dans le secteur de la santé. Nous disposons d’un régime fiscal avantageux pour les produits développés et dont la propriété intellectuelle a été créée en Belgique. Il y a un intérêt fiscal pour les grands groupes, mais aussi pour les petites boîtes.
Il y a aussi des discussions autour du système de la réduction du précompte professionnel prélevé sur la rémunération des chercheurs.
Si on touche de manière significative à ce régime, on va priver les centres de recherche, les universités et les entreprises de moyens pour faire avancer la recherche. »
Quels sont les grands projets du CER ?
« Nous évoluons en parallèle du développement des secteurs biotech, medtech et agrotech, en Belgique et en Europe. Ces secteurs sont en forte demande de nouvelles technologies et en croissance rapide. Nous œuvrons au travers de consortiums rassemblant entreprises, universités et centres de recherche au développement de nouvelles technologies avec le soutien financier de la Région wallonne et de l’Europe via les programmes FEDER. Nous attendons des décisions importantes et espérons obtenir les fonds nécessaires.
La forte demande nous incite aussi à penser à un projet d’agrandissement en partenariat avec Idelux. L’idée est de construire un nouveau bâtiment pour la recherche préclinique au sein du parc scientifique de Novalis. Ici aussi nous attendons des décisions de financement importantes. »
Aujourd’hui,
Par Bastien Craninx
Le concept d’“empowerment” du patient fait son chemin, mais pouvoir considérer le patient dans une relation plus équilibrée avec un spécialiste de la santé demande encore des aménagements essentiels.
Un concept prend de plus en plus d’ampleur dans le domaine de la santé : l’empowerment (ou autonomisation, ndlr) du patient, qui vise à modifier la relation verticale actuelle entre le patient et le soignant. « Aujourd’hui, il faut dépasser la notion du médecin qui sait et du patient qui subit », explique Geneviève Aubouy, responsable du Centre d’Education du Patient asbl. « Les soignants ont une expertise scientifique des maladies. Les patients, eux, ont une expertise profane au quotidien ». Ils ne doivent donc plus être uniquement considérés comme de simples bénéficiaires de soins, mais également comme les dépositaires d’une connaissance et de compétences. « Cette idée du patient partenaire développée depuis le Canada pour ensuite atteindre l’Europe a entraîné une amélioration de la qualité de vie des patients ainsi que de leurs symptômes ». Et ce, en grande partie, pour faire face au défi des maladies chroniques.
Cette visée d’évaluation passe inévitablement par le fait de rendre les patients plus compétents : il serait important de valoriser une approche plus éducative à leur encontre. Cela les amènerait à faire des choix raisonnés et positifs pour leur santé. Malheureusement, en Belgique, la mise en pratique de l’empowerment se réduit souvent à de la simple information. « De plus, les spécialistes sont peu
Aujourd’hui, ouverts aux aspects psychosociaux de la santé. Or, c’est fondamental dans le contrôle de cette dernière », insiste Benoît Pétré, chargé de cours en Éducation Thérapeutique du patient à l’Université de Liège. Ainsi, pour un diabétique par exemple, on insistera sur ce qu’il peut ou non manger, plutôt que sur la manière de communiquer ses besoins de santé à son entourage. Ceci serait notamment dû à l’hyperspécialisation par pathologie. « On s’intéresse parfois plus à l’organe ou à la maladie qu’à la personne qui souffre ». Un biais qu’il s’agirait de dépasser en faisant notamment évoluer la formation des professionnels vers des aspects de communication, d’éthique et d’éducation au patient.
— GENEVIÈVE AUBOUY RESPONSABLE DU CENTRE D’EDUCATION DU PATIENT ASBL
Bien entendu, cette approche a ses limites. L’automédication abusive est un phénomène connu, mais il ne faudrait pas non plus risquer l’hyper responsabilisation des patients. « La crainte est qu’on en vienne à faire porter toute la responsabilité des soins sur le patient et ses habitudes de vie », explique Benoît Pétré. « Dès lors, les institutions pourraient refuser d’intervenir pour les patients si ces derniers ne changent pas leurs comportements ». Un niveau de littératie insuffisant (capacité à interpréter les informations pour opérer des choix de santé) est également à craindre. « L’accessibilité de l’information de qualité au patient est capitale. Si ce n’est pas le cas, ce dernier ira chercher les informations concernant sa maladie sur les réseaux sociaux par exemple. Ce qui n’est pas toujours une bonne idée », poursuit Geneviève Aubouy. Pour l’experte, la bonne littératie en santé reposerait sur quatre dimensions : l’accès à l’information par le patient, sa capacité à la comprendre, la manière de la mettre en pratique dans sa vie quotidienne et la possibilité d’évaluer les coûts et les bénéfices de cette information. Pour la favoriser, il serait donc nécessaire d’avoir des professionnels de première ligne et des relais particulièrement fiables. « Rien ne peut remplacer un lien de confiance avec un professionnel. À partir du moment où cette relation d’égal à égal se crée, c’est plus facile d’aborder des sujets, même tabous ». On le voit, si le concept d’empowerment est intéressant, il doit encore être mûrement réfléchi au sein des institutions médicales.