NumĂŠro vingt-six / Build and destroy
Š 2011 Vans, Inc.
Introducing
DANIEL LUTHERAN & THE TYPE II skate.vans.com
The Teak S
Chestnut Brown
Indy Grind
Gaston.Photo
SKATEBOARDING
© Antton
SEE THE ENTIRE COLLECTION AT www.quIkSILvER-SkATEbOARdINg.COm
Š Antton
NUMERO 26 Directeur de la publication David Turakiewicz Rédaction en chef Fred Demard [fred@somaskate.com] & Tura [tura@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz [tura@somaskate.com] assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [thomas@somaskate.com] Mise en page Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Loïc Benoît / Kévin Metallier / Clément Le Gall / Jelle Keppens / Davy Van Laere / Matthieu Georges / Julien Mérour Sam Ashley / Loïc Benoît / Vincent Coupeau / Pepas Suligoj / Julien Deniau / Kuba Baczkowski / Hendrik Herzmann / Fabien Ponsero Rédacteurs Vincent Coupeau / Bernard Jallet / Jelle Keppens / Bastien Duverdier Illustrateur Morgan Navarro
Bertrand Dejardin, BS air. Bordeaux. Photo : Clément Le Gall
Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com
ISSN : 1959-2450
Impression Tuerlinckx, Belgique. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite sans autorisation préalable. On vous tient à l’oeil, et notre avocat est prêt à tout !
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LE SOMMAIRE Boris Proust, FS crooked. Palavas. Photo : Matthieu Georges
14 L’intro
Tout rentre dans l’ordre, on est complètement mégalos et on ne fait plus de skate.
16 Le jeune
Un jeune avec un trick de vieux.
18 Le vieux
Un vieux avec un trick de jeune.
22 L’matos
Le sac à dos rouge, on se rend pas bien compte, mais c’est la méchante classe. J’dis ça, j’dis rien..
68 build and destroy
28 SHUT UP AND SKATE 34 DIARY OF A MADMAN
Mais qu’est-ce qu’il écoute dans son casque de chaîne Hi-Fi ? C’est ça la vraie question.
C’est juste le titre d’un album d’Ozzy Osbourne, Jelle Keppens qui a écrit le texte (et fait les photos) n’est pas vraiment fou, mais louper le « King of Darkness » en concert l’a quand même mis dans un drôle d’état…
44 le roi du polar
Les meilleurs polars contemporains sont scandinaves, on s’en doutait déjà, mais là, on en est complètement sûrs. soma
60 SATURÉ EN GRÈCE
Bastien Duverdier vole au secours de la Grèce et nous livre une fine analyse de la situation économique dans le pays de Demis Rousos et Yorgo Tloupas. Une bande de hooligans construisant un édifice sauvage dans le but d’empaler des enfants sur des tiges métalliques. Une histoire terrifiante contée par Loïc Benoît.
Ce coup-ci c’est sûr, Julien Mérour est photographe. Même plus besoin de skater le gars !
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52 CLICHÉ IN UK
Des skateurs qui se sont tous fait mal sauf un (celui qui se fait tout le temps mal normalement), un texte écrit par quelqu’un qui n’était pas sur le tour, la moitié des footages perdus… C’est une blague ou quoi ?
74 le qcm de georges agonkouin 82 vans shop riot
Il ne dit pas que des conneries ce Vincent Coupeau, c’est vrai que Chelles est une trèèèès belle ville.
88 le Vrac
Le bouquin de Zarka est vraiment super bien, encore une fois. Achetez-le ! Et achetez Opium aussi, c’est gratuit en plus.
GSM EUROPE: +33 5 58 700 700
available NOW ON iTuNes www.elemeNTeuROPe.com
L’INTRO Photo : Jelle Keppens
Et voilà. Il aura fallu attendre 26 numéros pour qu’enfin on puisse se mettre en photo dans le mag. Sur la gauche, vous avez donc Fred Demard, et moi je suis le blondinet sur la droite. Puisque personne ne voulait reconnaître notre talent, on s’est mis dans le mag. Et encore, on aurait très bien pu s’interviewer l’un-l’autre ou se mettre en couv’, estimez-vous heureux ! Bon ok, c’est pas nous. C’est juste Christian Vankelst et Axel Cruisberghs, des petits Belges qui
montent. Nous, on est coincés dans des bureaux (Fred à Grenoble, moi à Paris) à essayer de rassembler tous les éléments plus ou moins utiles pour faire des magazines. Ça va des photos et autres textes en passant par les pubs, sans oublier les négociations avec les imprimeurs et les distributeurs, les factures impayées, les factures à payer, les découverts, les plantages de site internet… Parce que depuis l’année dernière, on a eu la bonne idée de faire un mag de snowboard (Opium, une fois par an) et un petit zine parisien, en plus (À Propos, 2 ou 3 fois par an). On file aussi un coup de main à nos collègues lyonnais pour leur petit mag (Gone) et on aurait même un ou deux autres projets dans les cartons…
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Alors vous imaginez bien que le skate, pour nous c’est plus sur papier qu’on le vit, ces derniers temps. Enfin, Fred s’est cassé l’épaule à Crolles, l’autre fois, donc même s’il trouvait le temps… et moi, j’ai remarqué que le skate, je n’en fais pratiquement plus que quand je suis en tour. Ah bah tiens, justement, on a aussi décidé d’organiser des tours : Le Tour Sans Fin que ça s’appelle. L’idée est de partir sur la route avec une bande de jeunes sélectionnés par nos soins jusqu’à un point B, en improvisant plus ou moins. Et on a bien l’intention de faire ça tous les 4 mois (un numéro sur deux), en repartant du point B (si on parvient à se trouver un sponsor pour nous filer un coup de main…), et continuer ainsi, jusqu’à l’épuisement. Bref, on s’aime tellement qu’on a demandé à notre pote Morgan Navarro de faire une BD sur nous, sans rire, que vous pourrez découvrir un peu plus loin dans ce mag. Et pour 2012, on compte bien se présenter à la présidentielle, participer à Pékin-Express et exposer à la Gaîté Lyrique ! - DT Pour info : www.somaskate.com wwww.opiumsnow.com www.aproposskatemag.com www.goneskatemag.com
k e v i n r o m a r // c o l f a x h o o d i e
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beers tee
chad muska // lizard king // terry kennedy // erik ellington // jim greco // tom penny spencer hamilton // kevin romar // boo johnson
kr3WDenim.Com
LE JEUNE
THOMAS LECLERE
Deuxième paru en no comply dans Soma ! Séquence : Tura
Date de naissance
21 juillet 1997 à Reims.
Lieux de résidence actuel
Paris et Reims.
Années de skate
On va dire 3 ans !
Vidéos de référence
Ride the sky et Prevent this tragedy. Skateurs de référence
Slash, Dylan Rieder et Brian Herman. Première board
Une Blind avec la faucheuse que mon oncle m’avait donnée. Où te vois-tu dans 15 ans ?
Dans une maison avec une mini avec tous les Bloby’s ! Sponsors
Gamble, Chaka, Converse (flow), Skate Crew. 17
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over crooks
keelan dadd i s pro ud t o skat e i n t h e supra skY t o p i i i a r m y t u f / c h a d m u s k a s i g n atur e m odel suprafootwear.com
LE VIEUX
GERALD DELOYE
Date de naissance
28 septembre 1978, à Sète, dans l’Hérault. Lieu de résidence actuel
Un petit village juste à côté de Sète. Années de skate
Depuis 94, donc en gros 16 ans mais avec trois grosses coupures dues à mes trois opérations du dos. Mais je suis toujours là ! Vidéos de référence
« Welcome to Hell » que j’ai dû voir des centaines de fois, sinon les vidéos Zero, Toy Machine et les hammers dans le genre. Skateur de référence
Jean-Michel Thomas comme ils disent tous ici. Mais ouais, Jamie Thomas est une bonne référence sur plein de points de vue (à part la phase Jésus). Première board Crooked grind. Photos : DVL
Une Powell Fankie Hill quand j’avais onze ans mais j’ai vite lâché l’affaire, c’était trop lourd pour mon gabarit. La première board que j’ai vraiment ridée, c’était une Acme avec Tom et Jerry. Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?
Je quittais Soy, Judd et tous les potes de Belfort pour vivre seul à Sète. Je quittais l’école pour faire dix heures de skate par jour et essayer de vivre de mon skate. 19
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2011
WeA c t i vi s t E LI R EED S HO T B Y PE T E T HO MPS ON www. wes c . c om
KENNY ANDERSON
KA-ONE
L’MATOS 1 Michael Plumb, aussi connu sous le nom de Lizard King, a un pro-model chez Supra : la ‘bullet’ / 2 un t-shirt Antiz sérigraphié par Hugo Liard lui-même au sous-sol (même pas une blague !) / 3 un sac à dos Volcom comptant 8 poches zippées réparties de tous les côtés / 4 un casque Skullcandy à assortir avec ses pompes / 5 un cruiser 5Boro en 8 pouces au plus large / 6 un t-shirt Carhartt ‘skateboarding 3D’ livré sans les lunettes / 7 une chaussure droite Converse Badge / 8 un t-shirt Polar avec un gros logo dans l’dos / 9 un porte-monnaie Antiz qui marche aussi pour y mettre des vis ou des roulements / 10 une paire de chaussettes Stance en taille L / 11 une board Trauma ‘earthlings’ (‘terriens’) en 8 pouces / 12 une veste Volcom avec presqu’autant de poches que le sac à dos / 13 un t-shirt Insight pour s’habiller comme Sam Partaix / 14 un bonnet Elwood bientôt collector !
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mus bennacer × akim cherif × gregoire cuadrado × lionel dominoni lisa jacob × martin keller × mathieu lebail × jon monié samuel partaix × kevin rodrigues × rémy taveira crooked grind up / photo : alexandre pires
nozbone skateshop, 295 rue du faubourg st antoine 75011 paris - metro nation - 01 43 67 59 67 la boutique en ligne nozbone.com / le blog nozbone-skateshop.com nouvelle collection nozbone rectangle d'or disponible maintenant à la boutique et sur le site.
1 un t-shirt Analog col en V, pour laisser apparaître un bout du tatouage / 2 un jeu de roulements ABEC 5 de chez Modus 3 un bonnet 100% laine et fabriqué en Allemagne de chez Salut skateboards / 4 une paire de gants Perus, la marque finlandaise / 5 un jeu de roues Palace en 54mm que j’ai gardé pour moi / 6 un t-shirt Elwood-Freedumb (souvenez-vous) 7 une board Collapse (8,25 x 32,...) / 8 un zipper Kr3w avec la fermeture de travers / 9 un bonnet Antiz tout ce qu’il y a de discret / 10 un t-shirt ASG (un groupe de metal) de chez Volcom / 11 un bandana Antiz pour les coups de froid / 12 une chaussure gauche Johnny Layton série spéciale (mais je sais plus ce qu’elle a de spécial, en fait) / 13 un sac-à-dos classieux de marque Herschel /14 une chaussure Gravis Arto mid, avec le ‘ollie pad’ à l’ancienne / 15 une planche Clan au nom d’Alain Goikoetxea / 16 un jeu de vis Modus pour assortir aux roulements !
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gravisskateboarding.com
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NUMERO XXVI Jérémy Plisson, FS nose pick, Bordeaux. Photo : Clément Le Gall
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Bram De Cleen, FS pivot fakie, Torcy. Photo : Tura
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Walid Mamine, BS stalefish, Moscou. Photo : Julien MĂŠrour
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Gabriel Engleke, FS ollie to wallride, Cologne. Photo : Fabien Ponsero
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MAX GENIN
Creative Chaos
photo by Kevin Metallier
welcome to the team
www.propagandask8.com
Chris Pfanner, ollie, par-dessus les deux rails, Copenhague
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Texte et photos par Jelle Keppens
DIARY OF A MADMAN
Avant toute chose, il faut que je vous dise que lorsqu’on a posé les dates de ce tour Volcom, il a fallu que je sacrifie mon week-end au Graspop, un festival de metal auquel mes potes et moi nous nous rendons, immanquablement, depuis 6 ans. Ozzy Osbourne faisait la tête d’affiche, et figurez-vous que je n’ai jamais vu le Prince Of Darkness en live... En plus de ça, j’allais rater également le plus gros meeting de chopper et de hot rods d’Europe. Vous pouvez donc imaginer l’état de dépression dans lequel je me trouvais au moment du départ. Mais j’’étais loin d’imaginer que ce tour allait devenir l’un des plus dingues auquel j’ai participé… soma
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Alex Perelson, BS nosegrind qu’il refera le lendemain, au calme, sans les pads... Copenhague.
Copenhague
Tout a débuté à Anglet où nous étions en réunion chez Volcom avec Christian Vankelst et Roberto Aleman, vers la mi-juin. Ça ne faisait pas vraiment partie du tour proprement dit, mais pour moi, chaque moment passé loin de chez moi compte comme une partie du tour. Au bout de quelques jours, nous nous sommes envolés pour Copenhague où Rune Glifberg fêtait ses 20 ans en tant que skater pro, et aussi pour le CPH Pro. Notre crew sur place se composait de : Rune, Grant Taylor, Raven Tershay, Pedro Barros, Alex Perelson, Chris Pfanner, Roberto Aleman, Dennis Busenitz, Dustin Dollin, Jake Smith, Remy Stratton, le filmeur Sue Young Choi et le sniper de chez Thrasher : Mike Burnett. Une sacrée équipe, répartie dans différents appartements à travers la ville, pas facile à regrouper, en effet certains de ses membres composaient également la troupe des fêtards dirigée par le capitaine Dollin. Je pense que je ne me suis pas couché avant 3h du matin pendant toute la semaine, mais vous savez sûrement déjà tout puisque Burnett a tout raconté dans le Thrasher du mois dernier. Ah oui, l’anniversaire de Dollin tombait justement pendant cette semaine, ce qui n’allait rien arranger. Enfin, lui, si, ça l’arrangeait bien apparemment ! Malgré cela, ça skatait à fond pendant la journée et j’avoue que c’était assez fou d’être témoin de tout ça. Car finalement, les journées étaient aussi incroyables que les nuits. 37
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Alex Cruysberghs, nose blunt slide, Prague.
Laissez-moi par exemple juste vous raconter un truc que que je n’oublierai jamais (à part la victoire de Raven dans le bowl et la seconde place de Dennis au CPH Pro). Le premier soir du contest, au tout nouveau skatepark de Faeldenpark, tout le monde passait joyeusement en mode soirée et commençait à ressentir les effets des bières gratuites. Tout le monde sauf Alex Perelson, qui était resté tranquille pendant la session un peu plus tôt et avait su éviter les canettes à l’œil. En revenant d’une petite pause “arrosage de buissons”‚ Je suis tombé sur lui, avec sa board, son casque et ses protec’‚ visiblement prêt à partir au front. Il m’a alors demandé si j’avais mon appareil et si j’avais vu Choi. Alex n’avait pas trop pu skater à cause du monde durant la session, mais là il était visiblement chaud pour skater le bowl… tout seul. Le voir skater est une véritable expérience.
La nuit tombait quand Alex a commencé à toucher le coping de la section over-vert et à skater ça comme une mini-rampe. Au bout de quelques minutes, la foule s’était à nouveau amassée autour du bowl. Il était en train de se passer un truc complètement incroyable qui laissait tout le monde presque sans voix. Bourré ou pas, je pense que l’on réalisait tous qu’il se passait quelque chose de dingue juste sous nos yeux. Un type, seul, était en train de repousser les limites de la gravité. Même Jake Phelps n’avait plus de mots pour qualifier le BS smith grind, le BS lipslide et le BS nose grind d’Alex dans l’over-vert. Aujourd’hui, tout le monde a vu ces images sur Youtube, mais je peux tout de même vous apprendre quelque chose qui va vous achever. Au lieu d’aller à la messe, Alex est revenu faire tous ces tricks sans casque et sans protec dès le lendemain matin. soma
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Aaron Suski, BS 5-0, Prague.
MALINES
Dans l’espoir de respirer un peu, nous sommes partis en Belgique juste après Copenhague. Cela nous permettait aussi de nous rapprocher de l’AmsterDamn Am le week-end suivant. A ceux qui nous avaient suivis, d’autres sont venus se greffer. Sur place, notre team se composait maintenant de : Dustin Dollin, David Gravette, Chris Pfanner, Axel Cruysberghs, Nassim Guammaz, Fabian Verhaeghe, Peter Molec, Jake Smith et Roberto Aleman. Après les avoir installés dans les chambres d’une vieille brasserie de Malines, la ville où j’habite, tout le monde s’est rapidement senti comme à la maison, une Gouden Carolus (couronnée meilleure bière de l’année) à la main. Se retrouver à domicile rend de suite les choses plus faciles. C’est toujours le meilleur plan, surtout quand vous êtes avec ce genre de types. Tout le monde a continué à skater à fond, et Pfanner et Dollin ont fait du gros. Mais vous ne le constaterez 39
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Collin Provost, ollie en passant le petit muret, le passage, le rail et les marches... Berlin.
pas ici, puisque les photos sortiront plus tard sous forme de pub Volcom. Désolé. Durant cette semaine, il y avait une grosse fête foraine en ville, et un soir où nous étions sortis dîner, Axel et Nassim ont réussi à convaincre Gravette de les accompagner dans l’une de ces attractions qui vous font tourner dans tous les sens à 20m du sol. Il a accepté même après tout ce qu’il avait pu engloutir au resto. Vous l’aurez deviné, il en est ressorti tout vert et s’est alors mis à parler de “médicaments”… On a alors passé quelques coups de fil à la recherche de ces fameux “médicaments” et on a finelement pris rendez-vous chez un skater local. Au moment de frapper à la porte, j’ai laissé Gravette se débrouiller seul. Je vous laisse imaginer la tête du type lorsqu’il a ouvert sa porte et s’est retrouvé nez à nez avec le phénomène. Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit une telle visite. soma
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Nassim Guammaz, crooked grind, Amsterdam
BERLIN
Après le contest à Amsterdam, nous avons pris la route pour Berlin. Jake a alors pu tester les limites de sa voiture de location : 217km/h. Nouveau record personnel pour lui. Notre équipe se composait désormais de : Gravette, Dollin, Pfanner, Roberto, Molec, Nassim et Alex, avec en plus Aaron Suski et Collin Provost, qui passera pro juste après ce tour. A notre arrivée à Berlin, j’ai dû partager ma chambre avec Dollin dans une auberge de jeunesse, nous étions sept dans un dortoir. Dustin m’a juste filé son sac et a aussitôt disparu dans les rues de la capitale allemande. Après quelques verres dans le bar situé en face de notre auberge, je suis rentré, j’ai mis mes boules Quiès et escaladé mon triple lit superposé. Aucun Dollin en vue à cet instant, je pouvais enfin fermer les yeux. Jusqu’à ce que Spawn arrive. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Spawn est l’alter-ego de Dustin 41
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Raven Tershay, bluntslide, Copenhague
Dollin. La pire chose qui puisse débarquer dans votre chambre à 6 heures du matin. Une fois tout le monde réveillé avec ses conneries, Dustin a eu la grande idée de brancher son Ipod, avec ses haut-parleurs à fond bien sûr, juste pour essayer de se faire un peu plus remarquer. Et s’il y a bien un truc que je déteste, c’est que l’on me réveille trop tôt, surtout lorsque je me suis couché très tard ! Ça me rend dingue ! Peu importe qui me réveille, même ma copine n’oserait pas. Tout le monde était donc réveillé mais personne n’osait rien dire. J’attendais une réaction de Suski mais les cocktails ajoutés au décalage horaire avait eu raison de lui. J’ai donc pris le taureau par les cornes. J’ai sauté du troisième étage de mon lit pendant que Dollin faisait un stage aux toilettes, j’ai débranché son Ipod et l’ai caché sous mon oreiller.
Lorsque Spawn est revenu, constatant que la musique avait été coupée, il jura de défoncer celui qui avait fait le coup. Je lui ai alors tout simplement dit que c’était moi, et que pour le récupérer il allait devoir me passer sur le corps. A 110 kilos contre 60, il est rapidement allé se venger sur les types de la chambre d’à côté, où il a ”dormi” jusqu’à la fin de notre séjour. Je crois qu’il n’a même pas dormi les deux nuits suivantes, ce qui est assez dingue pour moi qui après une nuit blanche tiens à peine debout. Mais Dollin n’est pas un mauvais gars, il est toujours à vous payer des coups, à négocier les entrées dans les bars/clubs les plus improbables, à trouver un taxi ou à vous refourguer des groupies en vous présentant comme son meilleur pote. Dustin s’occupe toujours très bien de tous ces détails ! soma
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David Gravette, nosegrind
PRAGUE
Nous avons quitté Berlin sans Dollin, Gravette, Pfanner et Nassim. Alors avec Molec et Choi, nous avons décidé de prendre le train pour Prague et profiter un peu du paysage. Voyager dans ce vieux train tchèque est un peu comme se retrouver plonger dans un film. Il parcourt des paysages magnifiques en longeant des rivières et en traversant des vallées verdoyantes. Six heures d’un voyage inoubliable. Alors que nous approchions de Prague, le reste de l’équipe nous a appelés pour nous dire qu’ils pouvaient passer nous prendre à la gare, mais nous avons refusé, histoire de jouer les backpackers jusqu’au bout. Et puis Molec avait passé assez de temps dans cette ville pour savoir s’orienter seul. Prague est une ville incroyable. Le Hilton doit être le moins cher de toute l’Europe. Jacuzzi, piscine, sauna, casino, massages et un petit déjeuner comprenant tout ce dont on peut avoir envie. Je pense qu’après quatre semaines de tour, on avait bien mérité ça ! Mais Prague peut aussi être un piège à touristes, alors voilà mon conseil: ne mangez pas dans les endroits évidents, cherchez les petits restos typiques, c’est toujours bon 43
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Peter Molec, switch FS kickflip
et pas cher. On s’en sortait pour à peine 50 euros à dix, nourriture et boissons comprises. La vraie vie ! Niveau skate, avec Molec en bon local, on ne pouvait rêver de meilleurs spots. Et pour conclure ce tour, on a eu droit à un bon hammer, une sorte de festival avec un skatepark au milieu (donc pas de transition entre le contest et les soirées) : la fameuse Mystic Cup. Le dernier soir, alors que j’attendais les autres dans l’entrée de notre hôtel, j’ai commencé à discuter avec deux Afro-américains. Ils m’ont demandé d’où je venais et pourquoi j’étais à Prague. Eux venaient de Los Angeles, et l’un deux affirmait qu’il était justement en train de réaliser un documentaire sur les skaters du ghetto. Vu que j’avais l’air de connaître pas mal de monde, il m’a demandé si j’avais en tête un skater qui pourrait être intéressant, pour avoir un point de vue européen. Mais la principale raison de leur présence à Prague était leur participation à un festival de Hip Hop. Je leur
ai avoué poliment que je ne connaissais pas grandchose au hip-hop et que je n’avais aucune idée de qui ils pouvaient bien être. Celui qui réalisait le documentaire se nommait Dub C, et apparemment, il aurait inventé le Crib Walk, en plus d’être un rappeur célèbre. Pas de quoi me faire réagir, mais ils semblaient respecter le fait que je n’y connaissais rien au hip-hop. Alors il s’est mis à rapper pour tenter d’éveiller quelque chose en moi, sans succès. Finalement, il m’a présenté son pote qui n’avait pas dit grand-chose jusque-là. Il s’appelait Ice Cube. Je suis ensuite allé faire la fête toute la nuit, avec l’idée de revenir à l’hôtel juste à l’heure du petitdéjeuner. C’est ce que j’ai fait, avec je ne sais plus trop qui. Et à peine étions-nous installés à notre table, devinez qui est venu se joindre à nous ? keep it gangster y’all ! Je verrai le Prince of Darkness une autre fois ! soma
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Pontus Alv, FS no comply 180
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Photos par Nils Svensson (sauf indiqué) Texte par Fredd
PONTUS, ROI DU POLAR
Après avoir roulé sa bosse dans le monde du skateboard professionnel et après avoir réalisé deux films sur « sa vie/son œuvre/ faites du béton les jeunes », Pontus Alv se lance à corps perdu dans le business avec Polar Skate Co, sa propre marque de boards. Polar, comme le froid bien de chez lui, en Suède, et comme sa tendance à réagir de façon bipolaire à son environnement. Alors bien-sûr, j’en entends déjà qui râlent dans le fond, car oui, c’est un peu du publi-reportage cet article, c’est vrai, on n’essaye même pas de s’en cacher, mais hé, reconnaissez que tout ce que fait Pontus vaut le coup d’y jeter un œil. Voici donc une interview du patron en herbe et de trois de ses disciples pour en savoir un peu plus sur ce nouveau volet des trépidantes aventures du roi de la truelle et des wallies.
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David StenstrĂśm, bodyjar Pontus, lien to tail, Steppe Side.
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« JE VAIS FAIRE DE MON MIEUX POUR ÊTRE UN BON ET HONNÊTE PATRON » Pourquoi as-tu été si long à créer ta marque de board ?
Pontus Alv : Oui, ça se met finalement en place après toutes ces années. Il a d’abord fallu que je fasse ces deux films pour clore totalement une période de ma vie. Les films sont en quelque sorte le fondement de ce qui se passe aujourd’hui. Ils montrent ce que je suis, ce en quoi je crois et quel type de skate me fait vibrer. J’ai pensé à créer ma propre marque depuis que j’ai quitté Cliché. Dès lors, je n’ai cessé de tenter de créer une alternative à la direction que prend le skateboard aujourd’hui, parce que je ne suis pas d’accord avec la tournure que cela prend. Je ne peux pas rester les bras croisés à regarder notre culture se faire enculer à sec par du poison vert et toutes sortes d’autres démons. Je veux défendre ce en quoi je crois, je veux agir pour montrer quelle est ma vision de ce qu’est la culture skate et de ce qu’une marque de skate peut être. Alors, qu’est ce qui m’a pris autant de temps ? Je souffre de perfectionnisme, j’ai ces grandes visions, ces grandes idées, trop complexes à manipuler et à transformer en réalité. J’en souffre depuis si longtemps et rien ne se passe parce que j’ai peur de mes propres idées. Je connais la somme de travail et de dévouement que cela représente pour arriver à les concrétiser. Mais j’ai finalement décidé de créer Polar Skate Co avec l’idée que tout ne pourra pas être parfait dès le départ, et je suis encore très loin de ce que je voudrais en faire, mais comme on dit – Rome ne s’est pas construite en un jour. Est-ce que gérer ta société au quotidien correspond avec ce que tu avais imaginé ? As-tu eu de mauvaises surprises au cours du processus de création ?
Il y a des aspects de ce travail que j’aime vraiment. Toute la partie créative, comme skater, filmer, faire des photos, travailler sur les graphismes, bosser avec les magazines, faire les pubs, les illustrations, etc. Tout cela est génial et super drôle à faire. Mal-
heureusement cela ne représente qu’une toute petite partie du travail. La plupart du temps, je suis assis à mon bureau à répondre à des emails, a essayer de créer un réseau de distribution, trouver les meilleures usines pour produire au meilleur prix. Appeler des magasins qui n’ont aucune idée de qui je suis et de ce que je fais, essayer de leur expliquer et me faire remballer quand même. Donc la plupart du temps, je suis coincé à faire des choses qui ne m’amusent pas du tout, mais j’espère que dans l’avenir, je pourrais me permettre d’avoir un génie de la vente et de la production qui pourra gérer ce genre de choses. Oh, et la partie facturation est un autre cauchemar… Mais encore une fois, Rome ne s’est pas construite en un jour… Je travaille dur, je m’investis à 100% dans Polar – j’y mets toute mon énergie, toute ma passion. Je le fais avec tout mon cœur parce que je sais que c’est le seul moyen pour que cela fonctionne. Pour réaliser ses rêves il faut savoir tout donner. Je ne suis plus tout jeune et je n’ai pas le temps de m’asseoir dans un bar pour fixer un verre de bière vide en me demandant ce que je vais faire de ma vie. J’ai perdu trop de temps comme ça. J’ai surmonté certaines de mes peurs et maintenant je vais essayer de réaliser ce rêve.
course à l’argent facile. J’en voulais toujours plus, pour m’acheter encore plus de choses inutiles. J’ai finalement réussi à me libérer de ce genre de marques, je suis rentré à Malmö, j’ai retrouvé mes racines et j’ai commencé à me « reprogrammer », me redéfinir, réorganiser mes idées. J’ai fait deux films sur ce processus de reconstruction et me voilà aujourd’hui tentant de donner vie à ma propre marque de skateboard et me sentant comme un gosse à nouveau. Qu’est-ce que ça fait d’être son propre patron ?
Étant donné que j’ai skaté pour pas mal de marques différentes, j’ai eu beaucoup de bonnes et de mauvaises expériences à ce sujet. Je vais vraiment faire de mon mieux pour être un bon et honnête patron. Être proche de mon team, de nos amis, nos partenaires, qu’ils se sentent à l’aise, les faire rires et essayer de passer le meilleur moment possible sans pression ou stress inutile. Une chose qui me plaît particulièrement c’est d’impliquer le plus possible les riders et les amis. J’ai vraiment envie d’écouter leurs idées et leurs visions et tenter de les intégrer autant que possible. Mais toutes les idées ne sont pas bonnes à prendre. Non, nous ne feront pas de boards avec des femmes en string dessus, même si un rider/ partenaire pense que ce serait une bonne idée, que ça se vendrait bien. Parce que ça marcherait certainement mais ce n’est pas sur ce chemin que nous nous sommes engagés. Les full pipes sur la photo du petit Oskar, ce sont bien ceux qu’il y a juste à côté du skatepark de Malmö ?
Est-ce que tu regrettes certaines des choses que tu as pu faire quand tu skatais pour d’autres marques ?
J’ai skaté pour des marques dans lesquelles je ne me reconnaissais pas. Une voix me disait « putain Pontus, pourquoi est-ce que tu skates pour ça ?». Mais j’étais guidé par la cupidité et la
Oui. Nos bureaux sont dans cette zone de grande sécurité, juste à côté du skatepark de Malmö. Ils y construisaient des gros pétroliers à l’époque, mais le secteur s’est écroulé à la fin des années 70. Mon grand père était ingénieur, il dessinait ces gros tankers, c’est marrant d’avoir mon bureau dans les mêmes bâtiments aujourd’hui. Maintenant ils soma
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fabriquent des éoliennes ici, les pipes sont des sections des poteaux géants sur lesquels sont posées les turbines. Les skateurs passent devant ces pipes depuis des années sans jamais avoir pu y toucher. Il y a toutes sortes de pipes, des super bien, des pas mal, et des complètement pourris. Maintenant que nos bureaux sont ici, on peut venir les skater le dimanche. On a juste à sortir du bureau et se choisir un pipe, ou n’importe quel objet métallique à skater. J’adore cette zone, j’ai toujours voulu y pénétrer, mais c’était impossible et aujourd’hui, j’ai la clef… C’est important d’être dans un bon environnement pour faire du bon boulot. Là, on peut dire qu’on a trouvé le bon spot pour rester inspirés.
Parle-nous du team, qui sont-ils ? Pourquoi eux ?
Il y a donc moi, Hjalte Halberg de Copenhague, Michal Juras de Varsovie, Tjark Thielker de Berlin, les petits champions de la courbe David Stenström (Stockholm) et Oskar Rozenberg, de Malmö et enfin Jacob Ovgren qui en plus d’être rider et artiste est un véritable personnage. C’est le team officiel. Ils sont dans le team parce que ce sont mes potes et qu’ils sont vraiment cool. Et bien sûr parce qu’ils sont tous des skaters intéressants. Ce sont ceux qui auront le soutien complet, mais je n’ai pas dans l’idée de créer une espèce de super team d’élite. On se veut sur le même niveau que tous les skateurs autour du monde. Par exemple, dans nos vidéos, je veux que ce soit comme ça l’a toujours été : que ce soit à propos des gens que nous rencontrons, des gars avec qui l’on skate et à propos des choses qu’on fait ensemble. Cela ne changera pas. Je veux aussi que Polar Skate Co soit une plateforme pour tous les gens qui aiment les choses qu’on aime, comme les constructions DIY, la réalisation de films, la photo, le dessin, pour ne citer que quelques champs d’action. Notre motivation est d’inspirer les autres à être inspirés. 49
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Quels sont les projets ?
On commence tout juste notre voyage, on a toute la vie devant nous… On veut faire des tas de trucs cool comme produire en masse des « happy/sad shoes » (les chaussures avec un sourire et une grimace)… Hé hé, non, ça, ça n’arrivera pas, rassurez vous. On doit faire un site web dans un futur proche, mais notre premier vrai gros projet est la vidéo Polar. On skate et on filme un maximum en ce moment, mais l’hiver est déjà là pour stopper tout ça… C’est tous les ans la même chose, on commence à être en forme et la neige arrive… J’ai vu des photos du spot que vous avez « arrangé » à Helsinki dernièrement, quand est-ce que vous venez en France, on a deux ou trois spots à bricoler nous aussi…
On commence par « réparer » les spots autour du Pole Nord puis on descendra lentement vers le Sud. Si je regarde mon plan marketing, je pense qu’on sera en France autour de 2031. L’autoroute de speedbumps de Malmö à Paris va prendre un peu de temps à construire, et quelques sacs de ciment aussi, mais on viendra en France tôt ou tard. « Viva la France », j’aime votre pays, mais il faut vraiment qu’ils améliorent les cours d’anglais à l’école...
Hjalte Halberg, kickflip
Oskar Rozenberg, aka Little Oski, FS ollie devant le bureau
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David, blindside ollie to fakie sur les ruines de Steppe Side, première version
David Stenström Quand est-ce que tu as entendu parler de Pontus pour la première fois ?
DS : J’ai vu Strongest Of The Strange une fois, je ne savais pas vraiment qui il était. La première fois que je l’ai rencontré, c’était aux « Lucia Classics » en 2008, (un contest Suédois) il m’a dit que j’avais un chouette bonnet. Est-ce que tu as dû te mettre à poil pour rentrer dans le team ?
Personne ne le saura jamais.
Quelle est la pire et la meilleure chose quand on a Pontus comme patron ?
La meilleure c’est qu’il a la sagesse d’un vieux sorcier. La pire, c’est qu’il m’accuse parfois de choses que je n’ai pas faites. Est-ce que tu dois savoir utiliser une truelle pour skater pour Polar ?
Je n’en ai pratiquement jamais touché, une fois peutêtre ?
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Michal, ollie, Varsovie. Photo : Kuba Bączkowski
Tjark, boardslide, Malmö. Photo Hendrik herzmann
TJARK THIELKER Quand est-ce que tu as entendu parler de Pontus pour la première fois ?
TT : Je ne sais plus exactement, mais je pense que c’était en 2002/2003. Il y a eu cette pub Carhartt dans ce magazine allemand « Boardstein », sur laquelle il y avait une photo de Pontus et Vincent Gootzen assis sur un canapé portant des T-shirts et rien d’autre… Ha ha !
Est-ce que tu as dû te mettre à poil pour rentrer dans le team ?
Oui, et j’espère que personne ne verra les images parce qu’il faisait vraiment froid… Quelle est la pire et la
meilleure chose quand on a Pontus comme pa-
tron ?
La meilleure chose c’est la motivation qu’il apporte à la session et la pire, c’est la partie du bouquin que je n’ai pas encore lue… On verra. Est-ce que tu dois savoir utiliser une truelle pour skater pour Polar ?
MICHAL JURAS
Quand est-ce que tu as Comment as-tu fini dans entendu parler de Pontus In Search Of The Miracupour la première fois ? lous ?
MJ : Quand la première vidéo est sortie (Strongest of the Strange), j’ai été choqué par l’intro (Pontus à poil).
Est-ce que tu as dû te mettre à poil pour rentrer dans le team ?
Ha ha ha, non !
Quelle est la pire et la meilleure chose quand on a Pontus comme patron ?
Je filmais depuis un moment avec un filmeur polonais, Kuba. Ils sont potes avec Pontus. Puis je l’ai rencontré sur un trip Nike à Malmö. Il est ensuite venu à Varsovie et il a filmé quelques tricks. Finalement je suis retourné à Malmö et j’ai filmé plus de trucs. Je n’oublierai jamais le filming de «ISOTM », tant de bons souvenirs…
Bien-sûr, c’était inscrit au paragraphe 23 du contrat de 100 pages que j’ai dû signer. Tu penses que le fait de vivre dans une ville où il peut faire si froid comme Berlin, t’a aidé à être choisi par Polar ?
Oui, et c’est sûrement le seul point positif aux hivers berlinois. L’hiver à Berlin n’a rien de drôle. Je n’en ai connu qu’un pour l’instant, mais je ne suis pas pressé de connaître le deuxième… Au revoir l’été, tu vas me manquer !
La pire c’est qu’il n’habite pas en Pologne et la meilleure c’est que quand il fait quelque chose, il ne le fait jamais à moitié.
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Jérémie Daclin, pivot fakie
Photos par Sam Ashley Texte par Fredd
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É CLICHE IN THE U.K. Au printemps dernier, les gars de chez Cliché sont partis renforcer la cohésion de leur groupe au cours d’un séminaire en Angleterre et en Ecosse. Une pratique devenue indispensable à toute entreprise désireuse de rester dans la course face à une concurrence toujours plus féroce.
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Le principe du séminaire est très simple, on se met au vert quelques jours pour apprendre à mieux se connaître et on laisse l’alchimie se produire. Dans les années 80, en pleine ère Tapie, le gros truc en matière de séminaires, c’était le saut à l’élastique. Très bon révélateur de personnalité et du degré d’implication dans l’entreprise. Cela jouait sur des notions telles que le dépassement de soi, la prise de risque, mais aussi, car tout le monde, employés comme patrons, doit faire face au mêmes défis, des notions d’entraide et de solidarité… Idéal pour cimenter les liens au sein d’une équipe, lever les appréhensions et au final, accroître l’efficacité. Le séminaire d’entreprise est devenu en quelques années un outil essentiel pour manager. Aujourd’hui, sauter d’un pont accroché à un élastique est un peu dépassé, on va plutôt passer un wee-kend dans des cabanes en forêt, ou faire des courses d’orientation. Les cours de cuisine avec des grands chefs étoilés sont assez bien côtés également... De vrais moments de détente certes, mais pas des vacances ! Sous leurs airs décontractés, ces déplacements doivent rester professionnels et c’est là tout l’enjeu. « Le plus difficile c’est de mettre en place un bon équilibre entre boulot et fun. Si le lieu est adapté, si les activités plaisent à tout le monde et si le timing est respecté, alors ces colloques sont réussis », explique Pierre Bichelot, directeur d’une agence organisatrice de conventions et séminaires sur mesure. Car un séminaire représente avant tout
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Flo Mirtain, BS tailslide avant qu’un local ne passe à l’eau en essayant de l’imiter...
Javier Mendizabal, la classe, comme d’hab’ ! BS ollie.
Ne cherchez pas le manual dans cette séquence, il n’y en a pas ! Joey Brezinski, BS powerslide flip fakie.
É
un investissement dont les employeurs espèrent tirer un bénéfice à long terme. Le séminaire doit révéler les talents et réveiller les motivations. C’est dans cette optique que chez Cliché, ils ont décidé d’allier plaisir et travail en allant d’une part répandre la bonne parole dans les skateshops et skateparks de Grande-Bretagne, et d’autre part, prendre du bon temps en équipe. On appelle ça le « team building », et dans le cas qui nous intéresse ici, cela consiste surtout, il faut bien le dire, à se faire des barbecues sur le parking du skatepark et boire des bières après la session et ça, non seulement ça vaut tous les sauts en élastique du monde, mais je ne suis pas sûr que les spécialistes de l’organisation de séminaires vous le proposent déjà. À n’en pas douter, ce sont des visionnaires chez Cliché. Oui, bon, visionnaires, j’exagère peut-être un peu, parce qu’ils n’ont rien inventé non plus, c’est plus ou moins comme ça que ça se passe, depuis toujours, dans toutes les bonnes crèmeries. Le barbec’ et la bière, c’est pas forcément glorieux, mais c’est quasiment les fondements de notre « culture ». Tout ce bla-bla sur les séminaires pour parler d’un classique tour de skate alors ? Et bien détrompez-vous. Il n’était pas si classique que ça finalement, ce tour. Parce que ça s’est un peu perdu les vrais tours avec des démos et des passages dans les shops. Ça se fait toujours 57
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Charles Collet craquait un peu avec le Hip Hop dans le van... Kickflip d’une bosse à l’autre. Ne cherchez pas le footage, il a été perdu...
Sur ce spot, un flic est venu les virer en s’excusant de faire un boulot de merde... John Tanner, BS smith.
Lucas Puig, BS 180 fakie 5-0 shove it out. « It’s all about the fun ! » 59
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beaucoup aux U.S., mais en Europe, avec la crise, les Américains viennent de moins en moins, et faut pas trop compter sur les marques européennes pour faire des tours à l’Américaine, avec démo et tout le tintouin. Heureusement donc qu’ils sont là, les Cliché, parce que quand on est jeune, c’est important les démos. C’est pourquoi ils avaient sorti la grosse artillerie : Lucas Puig, Charles Collet, Sammy Winter, Javier Mendizabal, Joey Brezinski, Flo Mirtain, leur Anglais de service : John Tanner et le p’tit jeune de la bande : Jérémie Daclin. Ils ont dû en prendre plein la vue les jeunes. Je me souviens très bien de la première démo que j’ai vue, quand j’étais gamin. Je me souviens de chaque pro présent, de chaque trick, de la couleur de leurs T-shirts et s’il y en a un qui avait le malheur d’avoir la crève ce jour-là et donc de skater moyennement bien, ou pire, sans sourire, il était catalogué à vie comme un gros con qui ne vaut rien. Ce sont des souvenirs qui restent gravés à jamais alors il faut faire attention. Y’avait déjà Jérémie Daclin d’ailleurs à cette démo, il n’avait pas la crève ce jour-là et il skatait mieux que les Américains… Maintenant que j’y pense, il ne doit pas être si jeune que ça en fait. Bon, ce coup-ci vous en êtes persuadés, je n’étais pas sur ce tour et je ne fais donc que broder avec le peu que je sais. Vous n’êtes pas si cons finalement. Normalement, Charles devait faire le texte, mais je lui ai demandé tellement tard que j’ai dû m’y coller moi-même. C’est pas très pro de ma part, je le reconnais. Mais il y a un clip sur l’internet où l’on peut voir qu’ils n’ont pas fait qu’enfiler des perles et lancer des fléchettes sur des cibles. Tapez « Bullseye tour, cliché » et PAF ! Vous verrez que ça a skaté sévère pendant ces deux semaines, notamment Charles d’ailleurs, mais il n’a pas eu de bol avec le filmeur qui lui a perdu la moitié de ses footages. C’est pas bien grave en même temps, ce qui comptait vraiment sur ce tour, c’était de resserrer les liens et projeter les ressources humaines de l’entreprise dans l’avenir, l’action et l’optimisme. Et oui, la prochaine fois, on demandera un peu plus tôt à Charles de faire un texte…
Un cours de philo de Bastien Duverdier et des photos de Kévin Métallier
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SATURÉ EN GRÈCE
Revenant tout juste de Grèce, j’ai encore du mal à croire que le pays est sur le point de mettre la clé sous la porte. Mais c’est tendance de dire « putain c’est la crise ! » alors que personne n’y comprend rien à la bourse, au CAC
40, aux agences de notation et à tout le reste. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas besoin de connaître les théorèmes économiques pour manger des tartines de féta, danser le sirtaki et tremper ses fesses dans une mer bleuturquoise. soma
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John Gekopoulos, FS 50-50
THESSALONIKI
Si vous avez pris l’option «ère gréco-romaine» pendant vos longues études, vous allez être servi, parce que figurez-vous que nous aussi. L’aire Gréco-Romaine, on l’a trouvée en empruntant la rocade nord, au kilomètre 66. On y trouve, entre autres, des sandwiches triangle sans conservateur et avec double ration de fêta. Un délice. Thessaloniki possède aussi de nombreux vestiges historiques, sans que cela n’ait empêché l’évolution de la ville. Il n’est donc pas rare de croiser de plus ou moins grandes fosses en plein centre-ville où des archéologues déterrent des bâtisses à la petite cuillère. Et au train où ça va, il y a bien un émir du Qatar ou d’ailleurs qui va finir par arriver avec ses gros sabots, poser une grosse valise de biftons et racheter tout ça pour en faire des boîtes de nuit ou des casinos. En tout cas, c’est pas Maxime Génin qui l’en empêcherait, lui qui nourrit ses matinées de poker en ligne ! LA CREPA
La Crepa est une sorte de crêpe bretonne géante, plus épaisse, où tu peux mettre tout ce dont tu as envie à l’intérieur. Même avec 10 ingrédients différents, le cuistot arrive toujours à la fermer avec une technique infaillible de pliage. On s’en est goinfré, même Hugo Maillard, pourtant breton de souche, a fini par se rendre à l’évidence. Oubliez cependant celle au Nutella pour éviter l’overdose de chocolat ou la mort assurée pour le plus robuste des diabétiques. LE 6EME SENS GREC
Comme dans 99% des villes (a part peut être à Venise), Thessaloniki possède des parkings et d’ailleurs, le plus souvent, ils sont pleins... Enfin, à première vue car le grec dispose d’un sixième sens à ondes magnétiques, comme nos amis les dauphins. Le Grec parvient à voir des places de parking invisibles d’un non-grec (ou d’un non-dauphin). En gros, lorsque le Grec déboule dans un parking dit « plein », son subconscient l’envoie se garer juste derrière une voiture déjà en place, puis le Grec se met à écrire « Salut, si tu veux que je bouge ma caisse appelle au 0655421586 » sur un papier qu’il cale sous l’essuie-glace. Une technique praticable en France, sous condition d’utilisation**. MAX GENIN
Haris, le boss de Propaganda et accessoirement un gars fort sympathique, nous a conduis sur tout les spots du coin. Un matin, on est allés sur trois spots, et il n’y en avait pas un qui faisait moins de 13 marches… Alors pour une personne normalement constituée, cela met un méchant coup de pression et de belles auréoles sous les bras. Mais si tu t’appelles Maxime Genin (pour qui tenir en équilibre sur des rampes d’escalier est plus associé aux notions de détente, loisirs, vacances, plutôt qu’à celles de danger, fracture ou claquage de tête sur béton) ça te fout méchamment la motive ! **Forfait « fourrière » obligatoire 63
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Hugo Maillard, kickflip nose tap revert
LES INDIGNES-A-CHIEN
Vous connaissez forcement le nouveau mouvement des jeunesses européennes et américaines, qui manifestent pour un monde meilleur en plantant des tentes Quechua en centre-ville. Ils ne savent pas vraiment contre qui ni quoi ils s’indignent, mais cela reste tout de même très honorable d’organiser un mouvement protestataire anarchique à l’échelle d’un continent. Malheureusement une catégorie encore plus anti-sociale et contestataire est venue en masse se greffer à la manifestation : les punks-à-chien. Vous savez ces résistants modernes, fagotés dans du surplus militaire qui n’ont pas trouvé meilleur outil de rébellion que de boire des litres d’alcool entourés d’une meute de dobermans en guise de tapis de sol. Ils étaient là, sur la place de Thessalonique, fidèles à leurs convictions, c’est à dire ultradèfoncés à 15h sous 40° à l’ombre, avec probablement plus un seul neurone indigné, mais toujours le piercing sur la visière de leur casquette. soma
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Maxime Génin, kickflip
Au cas où, à ce moment-là, vous seriez éventuellement équipé d’une casquette New Era flambant neuve avec la visière bien droite et l’autocollant brillant, accompagné de votre homie Brandon Biebel, croyez-moi c’est pas le moment d’aller trinquer un godet avec eux. PUTAIN C’EST LA CRISE !
Avant de trouver une voiture de location, on a dû faire 3 concessionnaires. Dans un premier temps, on demandait s’ils louaient bien des voitures ; là ils répondaient «oui», et puis on rétorquait : «parfait, on va en prendre une». Alors certes, ils étaient bien loueurs de voitures, sauf que des voitures, ils n’en avaient plus… Une quantité inimaginable de magasins, en Grèce, se sont totalement vidés depuis la fameuse crise, et n’ont jamais été re-remplis. Le meilleur endroit pour amener sa copine faire du shopping en ce moment !
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Max, FS nose blunt
LES PETITS PLAISIRS AUTOROUTIERS
En revenant de Rama, nous étions sur l’autoroute avec la voiture que nous avait gentiment prêté le père d’Haris. On somnolait tous plus ou moins jusqu’au moment où l’on a croisé une première voiture en marche arrière sur la bande d’arrêt d’urgence, puis une deuxième, et plein d’autres ! Analyse faite, elles se dirigeaient vers la sortie la plus proche pour éviter un énorme bouchon. Sur le papier, c’est moins dangereux de faire carrément demi-tour, mais c’est vrai que c’est pas très homologué de se retrouver à contre-sens. Donc on a fait pareil. On s’est retrouvé derrière un camion du service autoroutier et comme un cadeau des Dieux, celui-ci a bifurqué dans une entrée de service juste après l’embouteillage de l’enfer. Nous l’avons suivi, et nous étions de nouveau tout schuss sur l’autoroute, en plaçant au passage une belle quenelle aux centaines de bagnoles encore bloquées, dont celle de notre pote Haris qui rentra 3h plus tard.
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Bastien Duverdier, BS nose grind
VALATOURI
Avant, tous les bars étaient au bord de la mer. Et puis avec la hausse des loyers, un jour, quelqu’un a décidé de déguerpir pour un aller au centre-ville, plus populaire, appelé Valatouri. Il faut toujours qu’il y en ait un qui emboîte le pas pour que le reste du troupeau suive : depuis, tous les autres bars ont fini par déménager là-bas. Aujourd’hui, Valatouri est un quartier complètement désert la journée et noir de monde la nuit, où chaque bar cherche le moyen de couvrir le volume sonore de celui d’à côté. Mon mojito se mélangeait tout seul au 67
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Maxime Génin, FS lipslide
son des basses, aidé par une samba à droite et de la hard-tech à gauche, si fort que l’on entendait même plus le son de sa propre voix. Auparavant, sur la croisette, les bars étaient régis par une règle limitant leur volume sonore afin d’éviter de brutaliser les retraités ou les gosses de riches vivant dans les immeubles alentour. Mais cette règle n’a pas déménagé à Valatouri ; plus personne n’y vit, et tous les appartements ont des panneaux « À VENDRE » pendu aux balcons. J’ai envie de vous répondre «logique» : tout le monde se fout que les pauvres ne puissent plus dormir. Vu qu’ils n’ont pas d’argent, ils ne sont pas dangereux et c’est toujours une bonne raison pour les repousser le plus loin possible du centre-ville...
Bastien remercie Haris, Nikos, John et Valentino-Crepa.
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Aurélien Giraud, FS rock n’roll
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Texte et photos par Loïc Benoît
BUILD AND DESTROY Ce qui suit est l’histoire d’une construction en béton et de sa démolition, le tout dans la même semaine. Cela ne laisse que quelques maigres demi-journées pour skater un peu et produire des images. Une aventure prenant place dans la banlieue verte de Lyon, avec une équipe de motivés du cru. Je ne citerai pas ici le nom de la société qui nous a gracieusement accordé un budget afin d’acheter (et non voler) les parpaings et le mortier nécessaire à la construction de cet ouvrage hors-la-loi. Une plainte accompagnée d’un procès en « bonne et due forme » planant toujours au-dessus de nos têtes, je tiens à la laisser en dehors de cela. Malgré le rocambolesque de la situation à venir, tout ce qui est raconté ici est vrai. J’espère d’ailleurs que cet article se fraiera un chemin jusqu’à monsieur le Maire de Rillieux-la-pape, afin qu’il comprenne un peu mieux notre démarche.
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Tout commence par la découverte de cet immense bassin vide dans le parc d’un vieux château (démoli depuis longtemps), le tout sans franchir la moindre grille ou le moindre mur. Vous vous doutez bien que nous nous sommes vite sentis comme chez nous ! Loin de tout rapport avec la loi et quelque contrainte que ce soit. Après avoir skaté ce bassin, apparemment façonné avec le même rayon que les bassins de la Tour Eiffel, nous nous sommes vite mis en tête de le bricoler à notre façon. En cette fin d’été 2011, nos rêves d’extensions se sont vus exhaussés quand une fameuse marque de chaussures gaufrées nous proposa de financer la customisation d’un spot en béton en vue de faire quelques images pour le lancement d’une chaussure « en partenariat » avec une fameuse marque de roues de SF. C’est donc début septembre que quelques motivés de la région accompagnés d’un Anglais, un Bayonnais et un gars du sud se sont retrouvés dans le bassin, armés de pelles, de balais et de truelles. Le premier jour fut surtout consacré au nettoyage et à l’achat de tous les éléments 71
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nécessaires à la construction : pain, fromage, tomates, binouzes, 110 parpaings, une bonne dizaine de sacs de mortier, de la colle à carrelage… Le deuxième jour, les choses sérieuses démarrent : l’idée est de faire une longue extension de différents niveaux tout au long d’un corner, mais aussi de faire un curb en béton posé sur une pseudo plateforme en terre d’un pseudo hip. Ça va ? Vous suivez ? Nous récupérons très vite une belle barre jaune que nous cimentons sans tarder sur le haut d’une courbe. Le chantier bat son plein, nous sommes une bonne dizaine à nous activer sur les différents ateliers : construction du curb, fixation de flat bar dans les arbres, montage de l’extension niveau par niveau, la renforçant en perçant la courbe afin d’y enfiler des tiges en acier… La petite équipe de novices se débrouille plutôt pas mal et le spot commence à prendre un autre visage. Les lignes encore imaginaires fusent dans nos esprits. Tout à coup, deux mamans sorties de nulle part viennent nous questionner, pour essayer de comprendre ce que nous sommes en train de faire. Elles
Kris Vile, ollie
viennent du lotissement d’à côté, nous leur expliquons notre démarche, elles nous font part de leurs inquiétudes quant aux nuisances sonores, nous essayons de les rassurer en leur expliquant que nous n’avions aucunement l’intention de déranger qui que ce soit. Nous leur proposons même d’initier leurs bambins aux joies du ciment ou du skate. Une sympathique rencontre qui se termine par de cordiaux au revoir. Nous reprenons notre besogne, le générateur tourne à plein régime, la perceuse perce, nos mains fabriquent du béton sans relâche… Nous avançons plutôt bien, mais la nuit tombe alors nous commençons à ranger le spot et l’apéro de fin de journée prend place, quand soudain, deux policiers municipaux sortent des bois, comme ça, par enchantement. Un petit contrôle d’identité messieurs ? Mais bien sûr. Ces messieurs en profitent pour nous rappeler nos droits et ainsi nous annoncer que nous sommes des hors-la-loi construisant « un édifice » en béton sur un lieu public (terrain appartenant à la mairie) le tout sans permis… On nous explique alors que
nous risquons une plainte de la mairie, et toujours selon eux, un procès et une lourde amende que « même le plus riche d’entre vous ne pourra pas payer »… Nous voilà donc comblés, mais ce n’est pas fini. La soirée « forces de l’ordre » commence réellement quand l’un des agents trouve par terre un petit sachet en plastique comprenant de quoi rouler quelques joints… Du pain béni pour ces messieurs, et le festival peut commencer. Nos bons policiers municipaux se voient dans l’obligation d’appeler la vraie police, celle avec des pistolets et des chiens. Dix minutes plus tard nous voilà face à neuf agents et un chien (pour info, de notre côté, nous étions dix). Un peu démesuré dites-vous ? Pensez donc… Tout est fait en double, deux contrôles d’identité, deux fouilles, double annonce « on fait venir le chien » (mais en vain), s’en suit la vérification des deux voitures, des triangles de sécurité, le gilet fluo et j’en passe ! Les flics (pardonnez-moi l’expression), qui comptent parmi eux, quelques « flèches » mais aussi quelques êtres sensés, nous parlent de tout, de leur « normalité des choses » qu’ils estiment évidente et obligatoire…
Bastien Marlin, smith stall
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Ils nous obligent aussi à retirer toutes les tiges d’acier dépassant de l’extension en construction afin de ne pas blesser les bambins qui jouent dans le bois à deux heures du matin (« Gaaaamin ! Viens là gamin ! »). Nous comprenons alors que nous nous sommes fait « balancer » par nos deux copines des maisons Bouygues à côté, les mamans sympa, cool non ? Nous sommes donc là, face à neuf super héros à répondre à leurs questions et écouter leurs remontrances pendant deux bonnes heures. S’en suivra, en guise de bouquet final, une visite au poste pour quatre (ou cinq, je sais plus) d’entre nous, pour défaut de présentation de pièce d’identité.Ces derniers rejoindront leur foyer vers minuit… Le lendemain, au lieu de commencer la journée par notre visite quotidienne au supermarché local, nous nous sommes rendus directement à la Mairie accompagnés d’un pote, « Papy », un local de l’étape, un habitué du bal du coin, qui cotoie donc occasionnellement monsieur le Maire. Nous passons très rapidement pour des fous à l’accueil, notre présence a l’air de 73
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gêner un peu. Six hooligans demandant à voir Monsieur le Maire, ça fait tâche. À ma grande surprise, notre culot s’avère payant et une adjointe du Maire prend le temps de me recevoir accompagné de « Papy » afin de parler de « l’ édifice ». L’entretien durera une heure, à l’issue de laquelle je rédige une sorte de décharge de responsabilité. Mais rien n’est encore joué. Ce soir-là, vers 18h30, le Maire m’appelle enfin pour nous accorder le droit de continuer notre projet, mais aussi pour nous faire promettre de le détruire dès le lundi suivant. L’adjointe m’avait dit que Monsieur le Maire nous appellerait avant 19h, il l’a fait et nous lui en sommes reconnaissants. Le jeudi, nous n’avions donc plus de temps à perdre. Nous avons abrégé certains de nos projets, utilisé de la colle à carrelage au lieu du mortier et nous avons commencé à filmer quelques lignes sur les parties non customisées du spot. Le vendredi, le spot était plus ou moins prêt, pas totalement sec, mais tant pis ! La police municipale est même venue nous rendre visite, et du coup, a cautionné nos activités dites
Sam Partaix, FS nose grind
Popi, tree ride to fakie
« fun ». Cette dernière journée ensoleillée de la semaine fut riche en tricks, il fallait être efficaces, nous savions que le spot était désormais éphémère. On a donc tout donné et le samedi fut donc un peu plus « mou », heureusement que le petit Aurélien a rejoint l’équipe des maçons du cœur, accompagné de sa maman, et qu’il a défoncé le spot ! Le lundi, je vous le donne en mille, alors que j’étais sous la couette avec la maladie qui pointait le bout de son nez, la « dame de la Mairie » m’appelle pour me dire : « allez hop hop hop au boulot ». Je lui demande un sursis mais aussi un entretien avec le Maire en vue de lui montrer que notre « édifice » n’était pas si méchant et essayer de le faire perdurer pour les jeunes du quartier et ainsi créer une bonne dynamique autour du skate. La « dame de la mairie » m’invite à lui écrire un mail, chose faite dans les dix minutes qui ont suivi. J’ai eu une réponse le jeudi par téléphone et le vendredi matin par mail, me demandant de tout détruire pour le vendredi 16h00 ! On avait perdu… On est donc revenus avec mon pote Rémi, armés d’une masse pour tout péter à contre-cœur. Au grand regret de la mairie et du cher voisinage nous n’avons pas nettoyé leurs déchets qui s’amoncèlent depuis des années dans ce bassin transformé en décharge locale. Et ce sera donc la morale de notre histoire, ce bassin aurait pu devenir un chouette endroit pour les jeunes du coin, pour y pratiquer une activité saine et créative, mais grâce à la bienveillance du voisinage et de la police municipale et nationale, ce bassin est redevenue une décharge sauvage et dégueulasse. Tout rentre dans l’ordre… soma
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LE QCM
Texte et photos par Pepas Suligoj (sauf indiqué)
GEORGES AGONKOUIN - Question personnalité : Qui suis-je ? Skater niçois, connu entre autres pour mon sourire, mes résultats en contest et mes nollies heel nose slide, je viens de filmer pour la vidéo DC France, je suis, je suis… (suspense insoutenable) Georges Agonkouin, bravo !
Oh ! détendez-vous, la réponse était juste au-dessus. Et puis, ce n’est pas Question Pour Un Champion mais le QCM de Soma, alors bon…
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Tré flip nose slide.
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LE QCM
Qui est Georges Agonkouin ?
□ Un célibataire qui aime bien voyager en Suède… □٦Un Niçois supporter de l’AS Monaco ! □ Un skateboarder français plus ou moins professionnel… □ Un type d’un mètre 90 environ et qui chausse du 47. (du 46,5 et qui aime le skate !)
Que t’a apporté le fait d’être Champion de France 2007 ?
□ Pas grand-chose, à part une ligne en plus sur mon CV. □ La gloire, l’argent, tout ça quoi… □ Rien, mais ma mère était fière de moi ! □ Autre : un titre, a aide pour etre cout par certains lus, qu’ils ne nous
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prennent pas tous pour des anarchistes fumeurs de... au moins, ils ne feront plus de terrain de golf la place de skateparks ! On attend d’ailleurs une skate plaza, Nice...
□٦ Trop de gars en slim □ Trop de bédo □ Trop d’égo □ Trop de powerslides
Quel est le problème du skate français ?
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Que dirais-tu au sujet de ta part’ dans la vidéo DC France ?
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□ Ca aura été long et difficile, mais ça valait le coup de se jeter… □ Attendez de voir celle de Julien Béchet… □ Je suis satisfait, mais j’aurai bien repoussé encore la dead-line □ J’ai besoin de vacances, là ! □ Autre : ma motivation premi re est un hommage des personnes autour de moi
parties pr cipitamment : ma grand-m re, Kristian Bomholt, Elsa Cropt, Christophe B tille, Erik Abrahmson. Ensuite, une vid o DC France, c’est une bonne opportunit , j’ai donn le max et tout le monde conna t les al as d’une vid o, trouver un spot pour chaque trick, blessures, mauvais temps, police et gardiens de s curit ... Mais je suis quand m me content, je pense que c’est le but. Au sujet de Nice…
□ J’ai fait le tour, là… □٦La mer, le soleil, que demander de plus ? □ Ca vaut pas Marseille ! □ Tant que je voyage, je ne m’en lasse pas. Et Barcelone ?
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□ Jamais plus de 6 mois par an ! □ Tout ou presque a été fait, maintenant, faut passer à autre chose ! □ Dès que je trouve un appart’, je fonce ! □ J’ai un peu de mal avec les Catalans, ou peut-être c’est eux qui ont du mal
avec moi…
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BS tail slide.
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FS 180°. Photo : Julien Deniau
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LE QCM
Qu’est-ce qui te fait faire autant de contests ?
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□ Si tu veux vivre du skate en France, t’es obligé… □ Les sponsors, ça leur parle… □ Pas les juges, c’est sûr ! □ L’ambiance est bonne et ça m’amuse. mais je n’en fais plus trop, a fait un moment qu’on n’a plus de park dans la r gion...
S’il y avait la Street League en France, qui verrais-tu pour jouer le rôle de Dyrdek ?
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□ Seb Daurel m me si on n’a pas vraiment d’ quivalent en France. Hello Seb ! □ Marc Haziza □ MDV □ Vincent Bressol □ Autre : Au sujet du nollie heel flip nose slide…
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□ C’est mon fond de commerce ! □ Tant qu’il y aura des ledges en descente… □ On m’a dit qu’il fallait que j’arrête... □ Je suis passé au tré flip nose slide, maintenant ! □ Autre : on perd souvent plein de tricks quand on ne les fait pas souvent, je pense
le garder assez longtemps, et j’aime bien la sensation... Je sais faire plein de tricks en curb et en hubba et le tr -flip nose je l’avais perdu puis repris.
Pourquoi portes-tu un casque audio sur toutes les photos ?
□ J’ai besoin de musique pour me balarguer ! □ Je sais, c’est pas terrible, mais j’ai un contrat... □٦Bon ok, je mettrai juste des petits écouteurs dans les oreilles, la prochaine fois □ C’était ça ou un bandeau Pull In sur la tête ! □ Autre : toutes les photos ont t faites la m me semaine, et je venais de recevoir
mon Uprock, c’est bien quand je suis seul rider, et les petits couteurs ne tiennent pas dans mes petites oreilles. Et puis on a encore le droit de faire ce qu’on veut, non ! Comment tu vois ton avenir ?
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□ Pourquoi pas bosser dans le skate comme team-manager ou un truc dans le genre… □ On en reparle après la fin du monde ! □ Je monterai bien une marque de board ou de roues… □ Je reprendrai bien les études… □ Autre : Au sujet de ce QCM…
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□ C’est déjà fini ? □ J’espère que personne ne le lira ! □ Vous m’avez bien fait marrer ! □ “Action speaks louder than words”
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Ce qui est visisble est dispo
VANS SHOP RIOT Texte et photos par Vincent Coupeau
En 2010, le Vans Shop Riot débarque en France, à Chelles, ville magnifique, puisque c’est là que j’habite. Pour cette deuxième année, le Vans Shop Riot 2011 s’est étendu à toute l’Europe : 11 étapes, une par pays sélectionné. Pourquoi est-ce qu’Il n’y en avait pas 27 ? Je n’en sais rien. Chaque pays a donc envoyé son équipe de choc à la grande «manif’ des magasins» du 8 Octobre. Pour la France, c’est Nozbone (Paris) qui avait été élu grand champion le week-end précédent, de justesse face à Wallstreet (Lyon) avec un enfant qui faisait 540 en courbe, quand même !
Comme je suis un peu chauvin, je me dois de préciser que les gaillards de Nozbone (Grégoire Cuadrado, Akim Chérif et Rémy Taveira) ont vraiment bien skaté, rebondi sur les murs, glissé sur les rails, fait des combinaisons étonnantes… avant de se faire éliminer en quart de finale. Malgré cette élimination précoce, on a quand-même eu du beau spectacle tout au long de la journée. Il y avait du niveau, ça faisait longtemps, on était tous d’accord là-dessus. Voici ce que j’ai retenu : que les Israëliens sont vraiment motivés (Israël c’est en Europe ?) ; que les Finlandais ont du style ; que les Allemands ont beaucoup d’humour ; que les Espagnols ont une nouvelle fois montré qu’ils sont super doués, même si question
look ils sont restés bloqués dans les années 90 ; que les Polonais sont dans la place, si si, et que les Italiens ont tendance à se casser facilement des trucs… Mais tout ça n’a pas suffi pour aller jusqu’en finale où l’on retrouve l’équipe belge de Zumiez (composée d’Axel Cruysberghs, Fabian Verhaeghe, et Kevin Tshala) qui a envoyé des runs vraiment parfaits, mais vraiment similaires toute la journée. Alors il y’en a qui adorent mais perso, moi bof ! C’est comme regarder la même vidéo toute la journée, bon, fallait voir la vidéo quand même, le Axel c’est pas étonnant qu’il gagne tous les contests en ce moment. Et Fabian Verhaeghe c’est un sacré bonhomme aussi, pas le dernier à s’envoyer baldinguer…
Comme dirait Rob Smith, « les garçons ne pleurent pas ». FS wall bash. (Si vous ne voyez pas le rapport, c’est qu’on est vraiment des vieux cons...)
Oli Tyreman, BS boneless. (Désolé, j’ai épuisé mon stock de légendes hilarantes, là...)
Comme c’est écrit à droite sur la photo, Fabian Verhaeghe, se met un bon vol, avant de se poser en nose-blunt. (Si vous trouvez ça drôle, c’est que vous êtes aussi con que nous !)
Cette finale, ça faisait un peu les «sages» contre les «hooligans». En face, les Anglais de BlackSheep (Manchester), qui ont vraiment fait le show. Assez cinglés comme types. Et même si dans un contest plus technique, ou plus classique (et rasoir à mon goût) ils auraient sûrement perdu, cette fois-ci ça a fait la différence. L’équipe comptait : Edward Belvedere, un chouette barbu qui skate un peu de tout ; Nicolas Stanfield, le «techos» de la bande ; Oliver Tyreman, la fashion victime en boneless back sur le grand wall ; et Rob Smith, l’homme qui a vraiment
défoncé toutes les courbes du park. Je ne vais pas faire la liste de tous les tricks qui sont tombés, si vous n’étiez pas là cette année vous avez vraiment raté quelque chose ! BlackSheep sort donc vainqueur, et c’est mérité. Pour le consoler, Axel fût nommé homme de la journée (et ils feraient mieux de l’élire homme de l’année direct vu son palmarès)… Allez, j’arrête là… Salut les techos !
vincent touzery – tailslide heelflip out alex hermann – benoît renaux – francky eyoum jonathan jean-philippe – paul denaux – joseph biais – yann garin thomas renaux – benjamin delaboulaye
64 RUE ST HONORÉ – 01 40 41 98 69 – métro louvre rivoli/ les halles www.starcowskate.com
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EN VRAC LE ZARKA DU MOIS Les bouquins de Zarka sont les meilleurs pour plusieurs raisons. La première, c’est que ça parle toujours de skateboard. La deuxième, c’est que ça ne parle pas uniquement de skateboard. Ça transpose cet objet à première vue pas très compliqué dans un autre contexte, parfois vachement plus compliqué, sans que ça ne le devienne, compliqué. Alors ça nous conforte dans l’idée que le skate est la meilleure chose du monde parce que c’est vachement moins con que ça en a l’air. La troisième raison, c’est que ça s’adresse aussi bien aux initiés qu’aux simples curieux. En gros, si vos parents se demandent encore pourquoi vous persistez dans un truc qui vous ramène chaque jour des croutes sur les genoux, faites-leur lire les bouquins de Zarka (y’en a trois). Ils finiront par comprendre. La quatrième raison c’est que ça fait toujours bien de lire un livre, dans le bus ou le métro, ça donne l’assurance du type cultivé, ou du moins, qui se cultive, et en plus ça fait passer le temps. Celui-ci explore le lien avec l’architecture, l’aspect scientifique du skate, les courbes, la gravité, tout un tas de choses ‘naturelles’ pour un skateur mais qui s’expliquent par les lois de la physique ou des mathématiques. Qu’est-ce qui différencie un plan incliné d’une courbe, par exemple ? Pourquoi est-ce qu’il est impossible de carver dans un fullpipe ? Achetez ce bouquin les yeux fermés, prenez-en même plusieurs, que vous offrirez à vos proches pour Noël, vous ne serez pas déçu ! - DT
LES TRICKS PAS RENTRÉS (SUITE) Dany Hamard, crooked transfer, Soma #5
L’excuse du photographe, Clément Le Gall : « À l’époque j’étais encore en école de photo, je courrais un peu plus après les parutions que maintenant, on va dire... Je venais tout juste d’investir dans des flashs et vu que je ne faisais que de l’argentique, je ratais les trois-quarts des photos. Quand j’ai développé la péllicule et vu le résultat, j’étais vraiment content de moi, au point d’en oublier que le trick n’était pas vraiment validé. Dany m’en a voulu aussi, mais bon... Faute avouée à moitié pardonnée, non ? »
Free ride, skateboard, mécanique galiléenne et formes simples de Raphaël Zarka, publié aux éditions B42. 19 euros
LE DOCUMENTAIRE PHOTOGRAPHIQUE Une fois que vous aurez lu le bouquin de Zarka, en ces froides journées d’hiver, on vous conseillera Format Perspective, un documentaire sur la photographie de skate à travers l’oeil de 6 photographes reconnus en tant que tel : Richard Gilligan, Alex Irvine, Stuart Robinso, Bertrand Trichet, Nils Svensson et Sergej Vutuc. On vous a parlé du film dans le #24, qui a tardé à sortir, mais ça valait le coup d’attendre. En plus du DVD, vous aurez maintenant droit à un bouquin d’une centaine de pages présentant les photos que l’on peut également voir dans le doc. Un bouquin + un DVD : deux objets distincts qui pourtant sont complèmentaires. A visionner, à feuilleter, à lire... En espèrant que ça vous donne envie d’aller faire des images, de l’un ou l’autre côté de l’objectif... - DT Format Perspective de Phil Evans, 35 euros le livre + le DVD (port compris) ou 13 euros uniquement le DVD (port compris) www.formatperspective.com 89
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LES CHIFFRES
1053
Le nombre de kilomètres effectués lors de la première étape du Tour Sans Fin.
8,6
La largeur, en pouces, de la board Rekiem/Soma. Disponible à la vente uniquement sur www.rekiem-skateboards.com
TEAM _
Romain Queste Guillaume Cazin Sam Vroman Kenan Boucenna Matthieu Souplet Fabien Le Toullec _
SNOw A H W A R E H O U S E
D E P U I S
1 9 9 2
M AT T H I E U S O U P L E T
- switch heelflip BY JULIEN DENIAU
30, BOULEVARD RICHARD LENOIR - 75011 PARIS - Tél: 0143386250 www.snowbeach.com /
EN VRAC LES PAVÉS HOLLANDAIS Marcel Veldman est le type qui fait Fluff, le magazine hollandais à parution irrégulière. On vous a déjà parlé de lui dans Soma #15, souvenez-vous, il venait de sortir le plus gros livre jamais paru sur le skateboard, avec Nike SB. Si vous ne voyez pas de quoi je parle, je vous laisse le soin d’aller remettre la main sur ce numéro ou d’aller vous renseigner sur internet. Si si, allez, c’est important de savoir ce qui se fait, et par qui, dans notre petit monde... Vous constaterez très vite que c’est à peu près toujours les mêmes... Et Marcel, c’est un bon. Même qu’il a fait ollie sur les trois blocs de Macba, l’autre fois, à 38 ans. Le truc qui fout bien la pression à tous les ‘photographes de skate’. Les types comme moi, en gros... Enfin bref, Marcel vient de sortir son nouveau Fluff (#19) qui cette fois sera distribué dans toute l’Europe, via Sole Technology (en clair, si votre shop local vend du Etnies, Emerica, Es ou Altamont, il y a des chances pour que ça arrive par chez vous, enfin, en France, on n’est jamais sûr de rien...). Un nouveau pavé de 200 pages, avec une interview Fluff #19 de Youness Amrani, 15 euros
un road-trip en Thailande, une tournée Perus, une autre Supra, des tas de photos de soirées arrosées et de filles à moitié déshabillées... C’est son truc, à Marcel, les photos de soirée. Mais pas le genre de photos où tout le monde est content de poser face à l’objectif, Marcel va plutôt chercher les moments où l’on est pas forcément dans son meilleur état, fouiner dans les recoins où c’est parfois trop suintant pour s’y aventurer... Voilà le genre de clichés qu’il a compilé dans son bouquin Roll Models, midnight to six, pris plus ou moins entre minuit et 6 heures du matin, dans les soirées « jetskate » européennes. On y reconnaitra quelques grands noms du skate dans divers états, parfois aux côtés de créatures envoutantes, ou quelques détails insolites qui l’auront marqué ce soir-là... Un bouquin et un nouveau Fluff pour Marcel. Et vous, cher ami photographe de skate, vous avez fait quoi cette année ? - DT Roll Models, midnight to six de Marcel Veldman, éditions Vanderbooks, 500 exemplaires numérotés, 20 euros
www.marcelveldman.com
LE DOCUMENTAIRE DE OUF Don’t go there, they’ll burn your car, they’ll beat you up, they’ll make you skate. C’est sur ces quelques mots qui donnent le ton que s’ouvre ce documentaire incroyable. Skatopia est né en 1995 de l’imagination de Brewce Martin, un bowlrider fou d’une quarantaine d’années qui a racheté une vieille ferme au fin fond de l’Ohio pour y construire son paradis : bowl avec cradle, fullpipe, pool énorme et sûrement la plus belle collection de boards au monde... tout y est. Ce film, sélectionné dans de nombreux festivals, nous fait suivre pendant une heure et demie quelques mois de la vie de Skatopia, de Brewce (et de sa famille qui vit là aussi), des locaux qui y habitent à l’année et des visiteurs de passage. Entre sessions interminables, beuveries innombrables, destructions de voitures à la hache, construction d’un nouveau bowl en quelques jours avant le Bowl Bash, l’énorme festival annuel où l’on peut aussi bien croiser Tony Hawk que Duane Peters ou Dustin Dollin ; le tout est agrémenté de tonnes d’images d’archive de 1988 à 2006 et de bonus sans fin. À voir absolument, même si « le bowl c’est pour les vieux ! » - Bernard Jallet Skatopia, 88 acres of anarchy en anglais sans sous-titres, 25 euros environ avec le port www.skatopiathemovie.com 91
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EN VRAC
Alex Perelson. Séquence : Jelle Keppens
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L’AUTO PROMO Si, comme nous, l’hiver, il vous arrive de vous attacher une board sous les pieds pour descendre des montagnes, alors peutêtre qu’Opium, le magazine de snowboard annuel que l’on fait à côté de Soma, pourra vous intéresser. Même format, même papier, gratuit, dispo dans les bons snowboardshops. - DT
OPIUM #2 dispo le 10 décembre 2011 ancien numéro dispo sur : www.opiumsnow.com 93
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LE NOSE GRIND DE L’ANNéE On hésite parfois entre la photo ‘single’ et la séquence. Le plus souvent, on finit par se mettre d’accord sur l’un ou l’autre, avec Fred, mais il arrive qu’on finisse par se taper dessus à coup de smileys sur Skype pour qu’au final on décide de mettre les deux. Comme vous pouvez le constater, c’est ce qu’il s’est passé ici. La ‘single’ est dans l’article de la tournée Volcom, et voici la séquence. C’est le seul endroit qu’on a trouvé. Mais bon, la dernière page (de contenu) du mag, c’est un peu comme la dernière part’ dans les vidéos, non ? Non, effectivement... Mais quandmême, ce trick vaut son pesant d’or, il aurait même mérité une double page, enfin, si on n’avait pas mis la single. Ah, c’est compliqué... De toute façon, c’est pas vos histoires tout ça, de quoi vous vous mêlez, d’abord ? C’est quoi ces gens qui viennent fouiner, là ? Vous voulez pas non-plus qu’on vous dise ce qu’il y aura dans le prochain numéro, hein ? T’façon, on sait même pas ! Allez, bonne soirée, nous, on s’casse ! - DT
« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. » - Lino Ventura dans Les Tontons Flingueurs
Bastien DUverdier, nosepick stalefish Malines - Photo : Davy Van Laere