SOMA#27

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NumĂŠro vingt-sept / Tour sans fin




DURACAP REINFORCEMENT

PRO CUSHIONING

CHIMA COLORWAYS

Vans Pro Classics series includes the classic Vans styles you know and love but updated and upgraded under the hood to withstand the performance challenge set by today’s professional skateboarders. Available exclusively where boards are sold, Vans Pro Classics are built to last longer and provide the extra support and cushioning demanded by the world’s best skateboarders like Chima Ferguson. See the full list of Pro Classics performance upgrades at skate.vans.com

©2012 VANS, INC. PHOTO: ACOSTA


Chima Ferguson switch backlip


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FACEBOOK.COM/DCSHOES.EUROPE


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Š Antton


NUMERO 27

Jarne Verbruggen, FS rock. Courtrai. Photo : Marcel Veldman

Directeur de la publication Fred Demard Rédaction en chef Fred Demard [fred@somaskate.com] & Tura [tura@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz [tura@somaskate.com] assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [thomas@somaskate.com] Mise en page Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Alexey Lapin / Marcel Veldman / Loïc Benoît / Jonathan Peters / Oli Tielsch / Max Verret / Davy Van Laere / Rémi Issaly / Guillaume Ducreux / Julien Mérour / Fred Ferand / Henrik Biemer Rédacteurs Kirill Korobkov / Sylvain Tognelli Illustrateurs Morgan Navarro / David Lanaspa (Da)

Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com

ISSN : 1959-2450

Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite, sauf si c’est pour un usage lucratif à notre bénéfice, bien entendu, on est pas complètement stupides non-plus. Ca mettrait du beurre dans les épinards, quoi. 10

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DANNY BRADY FRONTSIDE 5-0

CARLO

MORE INFO AT LAKAI.COM

BRADY BELMONT XLK

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L AKAI L I M I T E D F O O T W E A R TH E SHOES W E S K AT E JOHNSON / MARIANO / CARROLL / HOWARD / WELSH / BIEBEL / LENOCE / FERNANDEZ ALVAREZ / TERSHY / ESPINOZA / HAWK / WALKER / GILLET / BRADY / JENSEN photo by Matt Price / ad #152 / lakai.com + info@agencencore.com


wallie frontside grab


introducing

t h e pa s s i o n l i z a r d k i n g s i g n atur e m odel

r o ya l s u e d e / pa d d e d c o l l a r suprafootwear.com


Illustration : Morgan Navarro

SOMMAIRE

page 20 LE JEUNE Discrétion et efficacité.

Page 22 LE VIEUX Plus motivé, tu meurs.

page 26 L’MATOS

page 56 HUGO LIARD

page 30 LE SPOT

Page 68 LA RUSSIE

Avec des effets spéciaux de ouf... des ballons de baudruche !

Si on commence à faire des articles sur tous les nouveaux skateparks en béton, on est mal barrés... Et c’est plutôt bon signe.

Page 32 SHUT UP AND SKATE Ferme-la et fais du skate.

page 38 VALERI ROSOMAKO

Le FS wallride melon grab, c’est le meilleur truc qu’on a eu dans le mag depuis longtemps.

page 46 LE TOUR SANS FIN - EPISODE 1 C’est un peu comme le ‘King of the road’, mais en complètement différent. 14

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Retenez bien son nom, ce jeune risque de faire parler de lui dans le futur !

Si on peut aider un petit pays à se faire connaître...

page 78 JULIEN MÉROUR PHOTOGRAPHE Il n’est pas un peu jeune pour penser à sa reconversion, le gars ?

page 86 LA BANDE DESSINÉE

Tura tient à signaler que tout ceci est trés romancé et que nous ne travaillons pas dans le même bureau. C’est important.

page 88 LE VRAC

Des awards, AVE, des transferts de clubs et des mouchoirs.


© K.METALLIER

moskova.com

michael mackrodt WELCOME TO THE SKATE FAMILY M2 «SPECTRUM» GREEN


INTRO

Parfois, quand on s’ennuie Tura et moi, quand il n’y a pas de vagues, on va s’asseoir sur

la plage, nos longs cheveux offerts aux quatre vents, et on parle du bon temps qui est mort ou qui reviendra, en serrant dans nos mains nos p’tits doigts, comme dans ‘Mistral gagnant’... Normal quoi. Et donc on était là l’autre jour, à scruter l’horizon en écoutant la mer et on parlait de nos années collège. C’est à ce moment-là que tout a vraiment commencé pour nous deux, je parle de nos débuts en skateboard bien-sûr. On en est venu à évoquer nos bulletins de notes et on s’est rendu compte que ça n’était pas plus glorieux pour l’un que pour l’autre, sauf dans une matière (le sport, ça compte pas) : l’Anglais ; où sans trop vouloir se la raconter, nous étions à des années-lumière de nos camarades de classe. On en a conclu ce jour-là, tout en regardant le soleil se coucher au large, que le skateboard n’y était pas pour rien. C’est grâce aux magazines et aux vidéos américaines qu’on s’est extirpés de notre franchouillardise et on en est finalement assez fiers. Rendez-vous compte, la Bones Brigade et les 411 ont fait du bien meilleur boulot que des années de réforme de l’Education Nationale. Aujourd’hui, on parle anglais comme des brelles bien-sûr, mais pour des Français, on est quand-même au-dessus du lot. Et là, je m’adresse aux plus jeunes d’entre vous, ceux qui n’ont pas encore laissé tomber l’école pour se consacrer pleinement à la drogue : la prochaine fois que vos parents vous diront d’aller faire vos devoirs, répondez-leur que vous allez bosser votre anglais sur Epicly Later’d ou avec J. Casanova. Dites-leur que ça a marché pour nous, ça les calmera un moment… Ou pas. - Fredd 16

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Damn, le shadow il est vraiment freaking nice ! Une photo de our man Davy Van Laere from la Belgique et un kickflip de Luc Vermeylen from le flat.



– erik ellington / lizard king / terry kennedy / tom penny spencer hamilton / boo johnson / kevin romar –


– klassic starter snap duncan jacket k slim twill – erik ellington kr3wdenim.com –


Le Jeune

Melon to fakie. Photos : Fred Ferand

Melvin Abdou Salam Âge

19 ans, né à Bordeaux.

Lieu de résidence actuel

Bordeaux.

Années de skate

Six.

Vidéos de référence

« Hesh law », « Cheese and crackers », « Extremely sorry ».

Skateurs de référence

Omar Hassan, Christian Hosoi, Alex Perelson, Grant Taylor. Première board

Un Kryptonics !

Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?

Je pense que je serai toujours sur Bordeaux et pour le moment, je n’ai pas d’idée précise de ce que je veux faire, juste skater et me faire plaisir...

Sponsor

Transfert skateshop. 20

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2012

WeA c t i vi s t s R AY B A R B E E , E LI R E E D , T ONY M ANF RE, D A N I J E L S TA N K O VI C & C HRIS PASTRAS S HO T B Y A N T O N R E NBORG www. wes c . c om


Le vieux

Kris Griffon Age

36 ans. Né à Valence.

Lieu de résidence actuel

Valence.

Années de skate

24 ans moins 4 ans de fac de sport (blessure interdite sinon une année de perdue).

Vidéos de référence

« Street on Fire » et « Public Domain » au début puis « Are you Alright ? » (TWS) et les vidéos de bowl du site Thrasher aujourd’hui.

Skateurs de référence

TNT, Cardiel et Mike V. Première board

Une Santa Cruz Jeff Grosso en 1987. Celle avec la déco « Alice au pays des merveilles ». J’avais mis deux gros pads sous le truck arrière pour avoir plus de pop.

Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?

En 1996, c’était ma pause de skate, je venais d’entrer à la fac de sport donc j’étais soit à la salle de boxe, soit sur un terrain de basket, soit en amphi... Ma vie à l’époque se résumait à ça ! Sponsors Le magasin La Glisse à Valence et Peu-Peu Streetwear. 22

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BS Melon à Crolles. Photos : Guillaume Ducreux


CTS

RUNE GLIFBERG


quarters lx/ blue wax/ gravisskateboarding.com


introducing


L’matos

1 une chaussure Gravis Filter / 2 une board Anagram / 3 un t-shirt Vans / 4 un chemise à capuche Elwood / 5 une ceinture Moskova / 6 un t-shirt 5Boro “join or die” / 7 une board Soy Panday de chez Magenta / 8 un ballon bleu / 9 un t-shirt DC / 10 une montre Home / 11 une chaussure Supra Lizard King / 12 une chaussure Vans Chukka / 13 une casquette DC.

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L’matos

1 une chaussure droite DC Studio S / 2 une board 5Boro “join or die” / 3 un t-shirt Kr3w photocopié / 4 un chino bien taillé de chez Volcom / 5 un caleçon DC / 6 un t-shirt WeSC par le taggeur Stash / 7 une board Pontus de chez Polar / 8 un ballon jaune / 9 un t-shirt DC étoilé / 10 une veste en velours qui trainait dans le studio / 11 une chaussure gauche Osiris OS96 / 12 une chaussure Converse Pappalardo / 13 une casquette Kr3w.

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le spot Le park de bois-le-roi (77) « Le skate, c’est dans la rue que ça se passe ! » Ouais, souvent, on aime bien faire les rebelles à deux balles en vous rabachant cette petite phrase, mais il y a des moments où il faut bien avouer que les skateparks, aussi, c’est marrant à skater. Mais attention, pas n’importe quel skatepark non-plus, au moins que ce soit en béton ou à la limite, couvert mais uniquement les jours de pluie ! Sinon, c’est dans la rue que ça s’passe ! (Désolé, je peux pas m’empêcher...)

Bois-Le-Roi est une petite bourgade perdue dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne. Personne ne se doutait qu’un jour, cette petite commune de 5000 habitants s’équiperait d’un skatepark en béton assez incroyable pour qu’on y consacre une double page. Même pas nous. Même après avoir vu ces photos. Et puis un froid dimanche de janvier, on y est allés. En arrivant, vu le nombre de personnes qui avaient eu la même idée que nous, on a plutôt eu envie de repartir. Surtout à cause du nombre de trottinettes. C’est marrant d’ailleurs, à côté de ce nouveau fléau, on a presque du respect pour les rollers... Mais bon, face à l’adversité, on est restés. C’est toujours bizarre d’arriver sur un skatepark qu’on ne connaît pas. On n’a aucun repère, on ne sait pas trop où aller, on a les jambes qui flageollent, on met des heures à se chauffer... L’avantage d’être avec les potes, c’est qu’on se motive les uns-les autres, malgré le froid et le cocktail multiglisse explosif. Et sans qu’on s’en rende vraiment compte, au bout d’un moment, on est chaud. On s’est fondu dans le trafic, on a repéré les éléments les plus dangereux et on commence à vraiment s’amuser. On trouve 30

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des lignes, on essaye d’aller plus vite, on repère un petit transfer, on s’arrête 5 minutes sur un petit module, et puis on décide d’aller dropper le bowl. On fait quelques tours, on manque de se prendre un mur en carvant un peu vite dans un corner un peu trop rad, alors on retourne faire quelques ollies sur les modules du park. Au bout d’un moment, on constate que le jour commence à baisser et on se dit qu’il va falloir en profiter un maximum avant que la nuit ait pris possession du spot. Alors on prend à peine le temps de souffler entre deux runs. Dès qu’on a posé un pied sur une plate-forme, on a déjà le tail sur le coping. Ça emmerde un peu tout le monde, surtout les potes qui ont déjà laissé tombé, qui se sont refroidis et qui ont juste envie de rentrer. On essaye de gratter deux ou trois essais qui se transforment en dix ou vingt, et quand il fait pratiquement nuit noire, on finit par abdiquer, le bonnet dégoulinant. Et là, on n’a plus que trois choses en tête. Boire, vite partir avant que la sueur ne refroidisse, et... revenir. Enfin, voilà comment ça s’est passé pour moi en tout cas, l’autre jour à Bois-le-Roi... Le park se trouve sur la base de loisirs de la ville, au bord du lac. Le camping est donc autorisé et il semblerait même que les barbecues aussi, j’dis ça, j’dis rien...


Photos : Luidgi Gaydu

Texte par Tura

Mickey Mahut, ollie up to blunt shove it. Photo : Rémi Issaly

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NUMERO XXViI Nassim Guammaz, FS lipslide Photo : Marcel Veldman

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MickaĂŤl Germond, ollie in. Photos : Max Verret 34 

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KĂŠvin Rodrigues, noseblunt slide. Photo : Tura

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FS rock’n roll Photo : Jonathan Peters

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Valeri rosomako Comment ça, y’a trop d’Allemands dans SOMA ? Comment ça trop de wallrides ? Ne me dites pas qu’il y a trop de courbe, aussi... C’est qu’on est des vieux cons, je crois, et lorsqu’on tombe sur un jeune qui aime les mêmes trucs que nous, on s’arrange toujours pour lui trouver quelques pages... Ah bah tiens, justement, on a Valeri Rosomako, là, ça devrait vous plaire ! - DT

Texte par Sylvain Tognelli Portrait par Henrik Biemer

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Switch boardslide 270 out Séquence : Tura

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Nose pick stale fish Photo : Tura

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Bienvenue à Kremenchuk, Ukraine, dans les années 90. Tchernobyl est toujours

l’attraction principale du pays et le communisme n’est plus vraiment au top de sa forme. Le petit Valeri va à la pêche dans le bateau de son grand-père pendant que sa mère, elle, travaille dans un autre bateau faisant le tour du monde.

Malheureusement, personne ne peut vivre uniquement d’amour et de poisson frais. Avec le rêve d’une vie meilleure et les frontières s’ouvrant de plus en plus vers l’Ouest, il est temps pour les Rosomako de se rendre en Allemagne. Pour le petit Valeri, la vie devient vite très chouette car il découvre le skate dans la petite ville de Magdeburg à 7 ans, et se rend compte rapidement que « c’est quand même plus classe que les rollers quads tout rouillés ». Après l’apprentissage inévitable du slappy noseslide et du heelflip dans l’herbe (sachez jeunes citadins, que le heelflip est toujours appris avant le kickflip à partir d’un certain seuil d’éloignement de la ville), le jeune Valeri déménage à nouveau, cette fois dans un des quartiers à forte concentration en nazis de Berlin. En tant qu’émigré, il est chaudement accueilli par des courses-poursuites régulières et sans raisons. Il se rappelle d’ailleurs aujourd’hui avec émotion de la célébration de l’anniversaire de Hitler et ses feux de joie. Mais Valeri est déjà dans son propre monde, ce qui l’intéresse lui, c’est d’apprendre tous les tricks possibles en flat sans considération aucune pour le style, le pop ou la vitesse. Même chose en mini quand il en découvre une à Kreuzberg dans un club de jeunes (le « Jugendfreizeiteinrichtung ») plein de punks et de drogues en tous genres. C’est d’ailleurs entre le Kulturforum (spot berlinois mythique) et la mini qu’il rencontre la plupart de ses amis et sponsors actuels. Il y a d’abord Radio : « c’est plus qu’une marque de skate, c’est surtout un groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts… Principalement faire la fête ! », raconte Valeri en souriant, ce qui a transformé leur première vidéo en une crise d’épilepsie pleine de weed, d’alcool et de tricks incroyables. Ensuite il y a Irie-Daily. C’est d’abord des t-shirts de reggae imprimés au Jugendfreizeiteinrichtung, puis des couleurs flashy qui ont fait décoller la marque en Allemagne il y a quelques années. Il fallait bien suivre la demande… Les évolutions de Valeri et du skate à Berlin sont finalement assez similaires. Sans directions, prédispositions ou ressources financières, les choses se sont passées de façon lentement organique et à travers des saisons pas toujours propices. Dans les deux cas, la volonté et la persistance ont accouché d’approches uniques. Aujourd’hui, Berlin est devenue plus favorable à la pratique du skate et Valeri a davantage les moyens de voyager et de continuer à faire ce qu’il aime. On ne va pas lui reprocher de choisir la facilité pour autant. Il continue d’être un défricheur de spots hors pair et surtout, il reste le seul à les skater comme il se doit. Ce n’est jamais le dernier à pelleter la neige quand il faut non plus… Lorsque vous le croiserez, à Berlin ou aileurs, vous verrez !

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Gap to BS tail slide Photo : Tura

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FS wallride melon > Photo : Jonathan Peters

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LE TOUR SANS FIN Paul Labadie, le type qui tente tant bien que mal d’animer la rubrique vidéo de somaskate. com (également connue sous le pseudonyme de Hobo Erectus), voulait faire une vidéo Soma. Un truc un peu différent des vidéos Antiz ou Vans France qu’il a jusqu’ici réalisées, mais quand-même avec des wallrides et de la courbe, parce qu’on a une réputation à tenir. Alors on a commencé à y réfléchir, et surtout à compter combien ça pourrait nous coûter… L’idée était de faire quelques DVD et de balancer ça sur le net quelques semaines plus tard, en espérant que personne ne nous pirate trop vite… A un moment, on a même pensé faire ça sur une VHS, à l’ancienne, pour tenter de limiter ce problème, et un peu pour rigoler aussi. Sur le coup on était bien contents de notre idée lumineuse, qui très vite, s’est avérée plutôt stupide, allez savoir pourquoi… Enfin, peu importe le support, DVD ou VHS, tout ça, ça coûtait cher. Autant tout mettre directement sur le site. Après tout, l’idée est de montrer des images, autant qu’elles soient vues le plus facilement possible par le plus grand nombre. Mais montrer quoi ? Faire une vidéo classique, avec sa succession de parts et son montage « friends » au milieu semblait être la formule ayant fait ses preuves, mais ceci n’impliquait pas vraiment Soma dans l’histoire. Paul aurait filmé ses parts dans son coin, mis tout ça bout-à-bout avec un logo au début, et l’affaire aurait été pliée. Sauf que nous, on est des dingues. On passe notre temps à faire des réunions et à réfléchir à ce qu’on pourrait faire pour être les meilleurs, écraser la concurrence et devenir maîtres du monde. Ça 46

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bouillonne tellement dans nos bureaux qu’on alimente toutes les machines à café du quartier. Alors un jour, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse un truc en lien direct avec le contenu du mag : une tournée organisée par nous-mêmes, histoire de faire d’une pierre deux coups : vidéo sur le site + article dans le mag. Une idée de génie qui a d’ailleurs été reprise par Thrasher (King Of The Road), Kingpin (The Drive), et tous les autres magazines du monde, bizarrement… Bref, on avait notre concept, mais on a voulu aller plus loin. Faire un tour, ok, mais le faire d’une manière différente : partir d’un point A pour aller vers un point B, et quelques mois plus tard repartir du point B, et ainsi de suite. Là, sans rire, ça reste inédit, non ? Un tour sans fin, quoi. D’où le nom. Pas con, hein ? Sauf que partir en tournée tous les quatre mois (un numéro sur deux), pour nous, c’est de la rigolade, ça ne nous fait pas peur, tant qu’on récolte notre lot de wallrides et de crail slides… Le seul problème, comme toujours, c’était de trouver le moyen de financer nos petites vacances, ou du moins, de faire en sorte que ça nous coûte le moins cher possible. Connaissant Paul et ses exigences inexistantes en matière de confort moderne, on s’est dit que pour limiter les frais à la location d’un van, dormir chez l’habitant serait la solution la moins onéreuse et par la même occasion, la meilleure pour faire des rencontres. On tenait notre truc. Manquait encore une équipe, une poignée de jeunes motivés et peu regardants sur la qualité du service.

Quasi-instantanément, le nom de Rémy Taveira s’est imposé. Paul a aussi pensé à Joseph Biais, et puis on s’est dit qu’on avait assez de Parisiens. On a alors passé un coup de fil à Hugo Maillard et Alex Richard, et deux jours avant de partir, Oscar Candon s’est proposé de nous accompagner. Vu qu’il restait deux places dans le van, on s’est dit que ça ne pouvait pas nous faire de mal d’avoir un troisième Parisien… Arnaud Brémard, vieux loup rouennais, a également fait partie du voyage, mais celui-ci ayant préféré profiter du paysage que des spots, son nom sera évincé de ce texte dès la fin de cette phrase. Louer un van, former une équipe et partir sur la route, mais pour aller où ? Vu le nombre de Parisiens dans l’affaire, la capitale fut rapidement désignée comme point de départ. La destination, par contre, restait floue. Vu la période (départ le 24 octobre), de l’avis de tout le monde, partir vers le sud s’avérait être la meilleure idée, mais où, précisément ? Comme personne n’avait d’idée convaincante, on improviserait le jour venu. De cette façon, on évitait tout nouveau brainstorming et on impliquerait les riders dans notre odyssée au budget illimité jusqu’à 1500 euros... Voilà comment est né le Tour Sans Fin. Une semaine sur la route, avec pour seul but de voir du pays et faire des rencontres, pour produire un petit ‘report’ sur le site et dans le mag. La première étape a eu lieu fin octobre, voici quelques détails sur le déroulement de cette semaine, qui a très vite failli tourner au fiasco…


Episode 1

IMPROVISATION TOTALE Texte et photos par Tura

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Jo Dezecot, à la maison. Il faut juste savoir qu’entre le coping et les poutres, il n’y a que 60 centimètres... 48

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jour 1

Lundi 24/10

TOURS Rendez-vous est fixé à 10h en bas de chez moi, à Paris. Le temps est correct, pas vraiment froid, mais la météo n’est pas très optimiste. Tout le monde est à peu près à l’heure. On monte dans le van direction Orly pour aller ramasser Paul et décider ensuite de notre première destination. Son vol est à l’heure, nous aussi. Paul maintient qu’il faut qu’on aille en direction du sud, et vu qu’on est déjà à Orly, si on peut éviter de reprendre le périf’… On pourrait aller à Orléans pour la journée mais personne n’est vraiment emballé. Alors on décide de pousser jusqu’à Tours, en se disant que si la pluie s’invite, on pourra toujours aller skater chez Jo Dezecot qui s’est monté une mini dans son garage. Enfin, s’il est là… Sur la route, Joseph lui passe un coup de fil. Jo est dispo et motivé, comme toujours. Deux heures plus tard, on y est. On fonce au centre-ville, au spot du hubba où Jo nous a donné rendez-vous. On se dégourdit les jambes, Joseph fait le malin sur le ledge, rate son grind, évite le pire mais pas sa board qui lui retombe directement sur l’orteil, qui vire au bleu quasi-instantanément.

On ne le sait pas encore mais Joseph ne pourra pas skater pour les 3 semaines qui suivront… Au moment où Jo gare sa vieille Mercedes sur le spot, la Police Municipale débarque, nous informe que le skate est totalement interdit à Tours, et nous indique la direction du skatepark… On a à peine le temps de décider d’aller quand-même tenter notre chance sur un autre spot que la pluie commence à tomber. Mais on a Jo avec nous, plus connu ici sous le nom de Jo Broc, avec toujours des tas d’idées, et des solutions à tout. Sa mini est en travaux, mais en s’y mettant tous, en deux heures elle peut être skatable. On est à bloc, personne ne refuse une petite session de mini même s’il faut se prendre une écharde ou deux. On mesure, on découpe, on scie, on balaye et la session s’enchaîne. Oscar, Rémy et Hugo s’adaptent facilement à la petite courbe mais tout le monde s’incline : Jo est le patron chez lui. Il nous laisse le plat de la rampe comme abri pour la nuit et nous trouve même un matelas chacun. Que pourrait-on demander de plus ?

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Mardi 25/10

VENDOME Au réveil, il fait beau. Joseph avec son duvet trop près du corps a eu froid et pendant la nuit Alex a reçu un coup de fil qui l’oblige à rentrer à Bordeaux. En attendant qu’Oscar émerge, on va le déposer à la gare en se disant qu’il faut qu’il revienne sur la prochaine étape du Tour San Fin. Sur le trajet du retour de la gare, le soleil a disparu et les premières gouttes s’écrasent sur le parebrise. Où est-ce qu’on va bien pouvoir aller aujourd’hui ? Jo a déjà sa petite idée. A Vendôme, à 50 bornes de là, les locaux ont trouvé un hangar désaffecté qu’ils ont aménagé en petit skatepark. Jo passe deux coups de fil et on est en route. On arrive dans ce qui ressemble à une ancienne imprimerie ; c’est poussiéreux, mais il y a largement de quoi faire. L’endroit est immense, les BMX ont même fait un bac à mousse avec du plastique à bulle. Au bout de deux heures, on constate que la pluie s’est arrêtée et que ça a déjà un peu séché. On décide de partir à l’assaut des rues de la ville. En vain… On nous indique une courbe super rad avec un wall au skatepark municipal. Courbe + wall, on fonce ! Mais en réalité c’est encore plus rad qu’on nous l’a décrit et il n’y a rien à y faire, à part des kickturns à un mètre… La nuit tombe, et on ne sait toujours pas où on va dormir. Joseph a alors l’idée de lancer un appel au secours via Facebook avec son smartphone. On surveille les comRémy Taveira, BS wallride agrémenté d’une ‘tirette’, comme ils disaient dans Freestyler.

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jour 2

ments et les likes mais personne dans la région ne semble être prêt à accueillir 8 types suants dans son salon. A 20h, on se résigne à la fatalité : on va devoir trouver un hôtel. Mais où ? Ici, à Vendôme ou ailleurs ? Le mot « Poitiers » est avancé dans la conversation. Aucun d’entre-nous n’y est jamais allé, alors pourquoi pas ? On reprend la route, et deux heures plus tard, nous y sommes. Un hôtel à 35 euros la chambre en face du Futuroscope.

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Pour repérer précisément où dropper, Oscar Candon avait posé une petite branche lestée de son téléphone. Malin, hein ? Non ? Ah bon.

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jour 3 mercredi 26/10

POITIERS Grand soleil. A midi tout le monde est prêt, il nous manque juste un skateur local pour nous orienter sur les spots. La seule personne que l’on «connaît» à Poitiers est un certain Lorenzo, qui, sans qu’aucun d’entre nous ne l’ait jamais rencontré jouit d’une réputation sulfureuse alimentée par des petits montages sur Youtube… Mais peu importe, c’est un skateur et il y a fort à parier qu’il connaît la ville comme sa poche. Joseph le contacte par Facebook, et Lorenzo, disponible, nous rejoint sur la mini à spine du côté de l’université, qu’on a trouvée dans la liste des spots soigneusement répertoriés sur son profil FB. La mini est en métal, le coping est une savonnette, et les courbes ne pardonnent rien. Tout le monde se prend une bonne boîte, et les écrans des téléphones de Rémy et Oscar y passent. Lorsqu’on décide de laisser tomber, Lorenzo arrive et nous accueille chaleureusement. On fait rapidement connaissance et on file sur une énorme pyramide au stade municipal. Oscar droppe la chose et se prend une nouvelle boîte, d’entrée. Au bout de quelques minutes, forcément, le gardien rapplique mais Lorenzo négocie et trouve le moyen de nous obtenir une demiheure en plus. Largement de quoi laisser le temps à Oscar de prendre sa revanche. On file ensuite en centre ville, place du marché. Il semblerait que notre présence ait motivé les troupes locales : en une demi heure, nous sommes une trentaine. Cool de voir la motivation des Poitevins qui nous accompagnent sur les spots. En fin de journée, Lorenzo nous dépanne de tickets parking, et doit aller bosser, de nuit, dans un parking justement. On se dit qu’entre l’image qu’on s’était faite de lui via le net et la réalité, il y a un fossé. Comme quoi, il est toujours bon de rencontrer les gens avant de se faire une idée sur eux… La seule chose qu’on pourrait lui reprocher c’est son sponsor de board (Décathlon)… Bref ! Reste à savoir si l’accueil sera le même pour la nuit… Nicolas, l’un des deux gérants du shop 4Ward, nous dit qu’il connaît quelqu’un qui pourrait peut-être nous dépanner. Il nous passe son numéro, et Joseph, qui s’est accommodé de son rôle de secrétaire à défaut de pouvoir skater, l’appelle. Johnny est un activiste du skate à Poitiers, il organise régulièrement

des petites expo-skate et anime par ailleurs une émission sur Radio Pulsar chaque semaine (« Fais-moi mal, Johnny », tous les podcasts sont à télécharger), le mercredi à 20h. Pas de problème pour tous nous héberger, mais il est 19h et il doit filer au studio préparer son émission de découvertes musicales très rock’n roll, voire très heavy metal, même. On le retrouve et il décide que nous serons ses invités ce soir, à la radio ! Une grande première pour tout le monde qui donne des ailes à Joseph qui s’embarque dans des monologues hilarants totalement improvisés et donne rendez-vous à toutes les filles de la ville dans un bar. Forcément, tout le monde est impatient d’aller dans ce bar et de découvrir la vie nocturne poitevine. Malheureusement, l’appel de Joseph aura laissé froid les millions d’auditrices et la soirée se termine à jouer au menteur chez Johnny.

Ghislain Geffray, nose slide pour monsieur Hobo Erectus.

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Jeudi 27/10

jour 4

Temps correct au réveil. Tout le monde a même droit à une douche. On parle d’aller à Angoulême. Ou ailleurs. Finalement, on décide d’aller à La-Roche-Sur-Yon, avec dans l’idée d’aller finir la semaine à Nantes. Joseph craque et préfère rentrer à Paris tenter une carrière sur Rire et Chansons. Nous ne sommes plus que six. Après quelques minutes d’autoroute, la pluie nous rattrape et ne discontinue pas jusqu’à La Roche. On continue jusqu’à Nantes, au pire, on ira skater au Hangar… D’après David Couliau, Nantes est la ville la plus embouteillée de France. On constate le problème dès notre arrivée. On finit par arriver chez Click (le shop de Thibaud Fradin et David) où on embarque deux jeunes pour nous emmener au spot couvert de La Fonderie. En fin d’après-midi, les nuages disparaissent et l’humidité commence à s’évaporer. On a entendu parler d’un spot DIY sous un pont alors on décide d’aller tenter notre chance là-bas. En se perdant en ville, on tombe sur le rainbow rail que JB grinde dans «Fully Flared» (ou que Hugo Liard défonce dans «1966»). Rémy essaye de grinder jusqu’au bout mais la nuit tombe et les voisins finissent par descendre… David Couliau peut prendre deux personnes pour la nuit, Thibaud aussi et les deux autres n’ont qu’à se trouver de la compagnie pour dormir au chaud. Au final, Pablo et Tristan, qu’on rencontre le soir-même dans une crêperie, nous hébergent tous les six dans leur salon, après quelques bouteilles de cidre…

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Oscar Candon, FS tail slide to fakie, et un jeu de roues à jeter en guise de récompense !


jour 5

vendredi 28/10

NANTES Soleil. On voulait décoller avant midi, mais la soirée de la veille a été longue… À 13h on est chez Click, Thibaud monte avec nous et nous emmène sur un spot de plans inclinés et de manual pads. Rémy y filme une bonne line et Oscar ruine ses roues en haut du plan incliné super rugueux. Arthur Bourdaud, qui nous avait envoyé un e-mail au sujet d’un autre spot DIY construit dans une ferme à une demi heure de là, nous rejoint. On est tous intrigués par ce spot et on finit par y aller en fin de journée. On perd trop de temps dans le trafic, et on arrive là-bas peu de temps avant la tombée de la nuit. Visiblement, Arthur et ses potes ont suivi les aventures de Pontus Alv et vu qu’ils habitent au beau milieu de la campagne, ils ont vite compris qu’il ne tenait qu’à eux d’avoir un spot intéressant à skater dans le coin. Et franchement, avec leur petits bras et leurs 20 ans, ils ont réussi à produire quelque chose de vraiment marrant à skater, pour tous les niveaux. Les lampes sont sorties, mais l’humidité et la pénombre finissent par mettre un terme à la session. On regrette simplement de ne pas être arrivés plus tôt… On décide que Nantes sera la ville de la-

quelle on repartira dans quatre mois. La première partie du Tour Sans Fin s’arrête donc ici. On négocie une seconde nuit chez Pablo et Tristan, et on part trinquer à notre santé dans les rues de la ville qui semble nous avoir attendue pour faire la fête… Demain, c’est sûr, personne ne fera de skate...

Si tout va bien et qu’on a trouvé quelqu’un pour nous aider à financer nos aventures interminables, on repart fin février avec Paul. On remmène Alex Richard, on prendra aussi un nantais ou deux, ou grenoblois ou un lyonnais, ou peut-être un lillois, et on verra bien où le vent nous poussera. Soyez prêt, la caravane du Tour Sans Fin passera un jour ou l’autre par chez vous !

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Hugo Liard Dans une autre vie, j’ai déjà eu l’occasion d’interviewer le barbu en photo sur cette page. C’était il y a douze ans, on nageait encore en pleine euphorie black, blanc, beur et le jeune Hugo Liard était la nouvelle sensation du skate français. Il sortait un peu du lot avec sa façon de skater tout en cascades, sa façon de se fagoter comme sur les pochettes de Black Sabbath aussi, bref, il faisait presque tache dans les Puzzle au milieu des techos suisse-allemands ou parisiens. Il était jeune, il était beau, il avait pour projet de vie de finir ses jours dans une cabane qu’il aurait construite avec ses petites mimines, sur une île au soleil, et je me souviens avoir pensé qu’il était bien sympa, mais qu’il planait un peu le jeune… Aujourd’hui il est à la tête de la plus grosse entreprise de… sa rue, et il est toujours sur le devant de la scène skateboardistique. Un bel exemple de longévité pour un hardos qui n’a jamais eu une seule photo de switch hardflip dans un mag.


Photo : DVL



Pour une meilleure compréhension de cette interview, il faut préciser, pour ceux qui n’ont pas la chance de le connaître, qu’Hugo est un authentique rigolo. Il manie le sarcasme, la dérision, l’autodérision et l’ironie avec brio. Il fait aussi des imitations, et des accents drôles parfois et il est disponible pour vos baptêmes, méchouis, et tout types de festivités… Pour les mariages par contre, on ne saurait trop vous le déconseiller, parce qu’il est capable de se barrer avec la mariée... Bref, c’est un peu dommage que vous n’ayez pas le son, mais bon, vous avez déjà les images et comme vous pourrez le constater, elles sont plutôt pas mal du tout, surtout pour un vieillard comme lui… Texte par Fredd

En préparant cette interview, j’ai retrouvé celle qu’on avait faite début 2000, pour Freestyler. Je me suis dit qu’on allait repartir d’où on s’était arrêté du coup…

Aaaah ouais… Qu’est ce que j’avais dit comme conneries ?

Ben, t’avais vingt-deux ans et tu te trouvais vieux.

Oui, mais je me souviens que je pensais que c’était déjà un peu la fin. Qu’il allait falloir que j’aille bosser à l’usine bientôt. Je ne pensais pas que c’était possible de vivre du skate, je devais gagner 300 euros par mois à l’époque avec Carhartt, j’imaginais pas pouvoir faire plus… Tu ne te voyais pas en glorieux entrepreneur comme aujourd’hui ?

C’est sûr, je ne croyais pas que ça irait aussi loin pour moi. Parce que tu t’en es bien sorti finalement.

Oui, mais ce n’est pas si facile non plus. Faut savoir se donner les moyens. C’est vrai que le milieu du skate européen a vachement évolué (depuis 2000). On faisait un peu partie des premiers qui ont osé se lancer. On sentait qu’il y avait un truc à faire, que ça pouvait marcher. On voyait le potentiel, tous ces riders européens… On avait l’exemple de Cliché sous les yeux, on se disait qu’il y avait moyen de faire une vraie marque, faire des tours, peut-être d’en vivre… Et dix ans plus tard c’est ce qui se passe en fait. Avec quelques petites galères en bonus... Mais on était vraiment inconscients, on s’est lancé là-dedans alors qu’on ne connaissait vraiment rien au business. Y’a encore cinq ans, on y connaissait queudale…

Qu’est-ce qui t’a vraiment décidé à te lancer, je crois savoir que c’est Gégé [Daclin] qui t’a motivé au départ ?

Oui, c’est parti d’une remarque que m’a faite

FS wall bash, Stockholm. Photo : DVL

Gégé, à un moment donné, vu que je skatais tout le temps avec les gars de Cliché à l’époque. Lui il s’en rappelle certainement pas, mais on était dans le camion et il me dit « mais Hugo, monte ton propre truc, avec ton image tout ça… De toute façon y’a que toi qui comprends… » [rires] Et c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Ça a été le déclic quoi, je me suis dit qu’il fallait y aller, qu’il y avait quelque chose à faire en Europe.

Et concrètement, comment tu t’y es pris, t’as fait un « business plan », t’es allé voir ton banquier ?

Pas du tout, je suis allé voir mes potes ! On était tous à squatter dans le même appart à Lyon, on partageait tout, les idées, la bouffe, on avait tous la même meuf… Non, mais en fait, y’a dix ans, tout le monde venait à Lyon, y’avait plein de choses qui se passaient, ça skatait à fond, c’était l’époque où Mortagne filmait pour la vidéo Flip, chez Cliché ils étaient à fond aussi… Il se passait vraiment beaucoup de choses, et y’avait tout le temps du monde qui passait chez moi. Alors on pensait à des choses, on s’imaginait des trucs… On commençait à faire des décos, j’écrivais « Antiz » au marqueur sur mes T-shirts… Et donc avec Loïc [Benoît], qui était squatteur « number one » chez moi, on a commencé à essayer de monter le truc. Mais c’était vraiment à l’arrache. On se disait qu’il nous fallait un skateur avec une envergure un peu européenne alors on a appelé Julian [Dykmans] qui a direct voulu s’investir dans la boîte. Puis on a fait les premiers T-shirts et les premières boards avec l’aide de Cliché dans un premier temps et un peu de Templar distribution. Deux ou trois mois après, on a eu un appel de Juju [Bachelier] qui voulait rider pour Antiz et rapidement il nous a dit qu’il était prêt à


vraiment filer un coup de main, à carrément bosser, se bouger le cul pour faire un truc bien en Europe… En fait de son côté, il avait envie de faire comme nous alors on s’est retrouvés naturellement et on est partis comme ça, tous les quatre, Julian, Loïc, Juju et moi. Et là, ça fait dix ans, c’est ça ?

Ouais, ça va faire dix ans cette année. On va préparer ça du coup. On va réunir tout le team, avec tous ceux qui ont ridé pour Antiz, les Love [Eneroth], Tom [Derich]…

Vous allez leur péter la gueule pour leur apprendre à quitter Antiz ?

Ouais voilà, on va récupérer tout le matos qu’on leur a filé ! Non, mais voilà, en dix ans, on est passés par des phases plus ou moins drôles. Des phases où il fallait se bouger le cul, des phases de trentenaires qui craquent et qui veulent se trouver un boulot pour tenter de s’insérer dans la société… Et puis finalement, on a préféré se motiver à essayer de continuer à faire une marque de skate plutôt que d’aller bosser sur les chantiers… Aujourd’hui la marque est toujours en évolution, de toute façon, une société c’est toujours se remettre en question, essayer d’avancer, de se développer... Quand tu regardes comme on a évolué en dix ans, c’est fou, depuis les tout débuts à aujourd’hui où on peut dire qu’on est une vraie marque européenne. Parce qu’on commence à être connu à l’étranger, on commence à être pas mal distribués… En même temps, la réalité, c’est qu’au bout de dix ans, on n’a pas encore réussi à se verser un seul salaire. Y’a pas de souci hein, les cinq dernières années, ça a pas mal évolué, on a pu prendre un peu d’argent, mais on est toujours pas capable de se payer de façon régulière. Aujourd’hui, il ne reste plus que Juju [Bachelier] et moi comme Loïc et Julian ont arrêté de bosser dans la boite (ils sont juste rider et photographe maintenant). Alors on est tous les deux à essayer de développer la marque, de la distribuer le plus possible. Donc si c’était à refaire, tu fonces dans l’aventure tête baissée ?

Oui carrément, parce qu’au niveau du skate, ça nous a apporté énormément. Ça nous a

permis de faire des tours, ça nous a apporté des connexions avec d’autres gens, du partage, c’est une vie de famille en quelque sorte. J’ai pas de regrets. On est un collectif, on est un groupe de gens qui se sont réunis pour faire des choses en Europe. Comme me disait Gabeeb [Gabriel Engelke], grâce à Antiz il a chopé d’autres sponsors, il a chopé une crédibilité européenne. Donc même si on ne peut pas apporter grand-chose aux riders en thunes ou en matos, ça leur permet de bouger sur des tours, d’avoir des parutions vidéo et photo... On t’a déjà proposé de quitter Antiz, comme Zero qui voulait Steve à un moment ?

Non... Mais j’y repense là, le déclic pour créer Antiz, ça vient aussi du fait que j’étais allé avec Jason Adams, Caballero et Chet Childress faire un contest et j’avais fait troisième derrière Childress et Jason Adams et du coup j’avais fait tout un trip avec eux. J’étais comme un gamin, t’imagines… Jason Adams m’avait dit : « écoute, quand je rentre je parle à Lucero [Black Label], c’est bon, on te sponsorise, tu viens aux States dans deux semaines, on s’occupe de toi… ». J’étais à fond, j’y croyais à mort, je me disais que c’était parti… Donc je suis allé aux U.S., j’ai rencontré Lucero mais il s’en foutait complètement des Européens, j’étais un peu déçu de me rendre compte qu’il y avait un potentiel en Europe et que ce mec s’en foutait totalement. Donc quand on a créé Antiz y’avait cette envie de leur montrer qu’on pouvait faire quelque chose en Europe, en espérant que ça arrive jusqu’à Lucero un jour… Il ne se souviendra jamais de moi bien sûr, mais peut-être qu’un jour il va se dire, « mais qu’est ce que c’est que cette marque européenne qui fait chier ». Et du coup ton vrai but, c’est de racheter Black Label un jour.

Ouais quand on aura réussi à pirater Black Label on arrêtera… Non, mais c’est vrai que j’étais un peu déçu de voir la mentalité américaine à cette époque, nous on s’ouvrait sur tous les pays, y compris les U.S. alors que, de leur côté, ils étaient vachement protection-


BS 50-50, Malmรถ. Photo : DVL


FS flip, Lyon. Photo : Loïc Benoît

nistes. Même dans leur skate ça se ressent, c’est dommage. Ça ressemble à quoi tes journées quand tu es à Lyon ?

Ben j’vais au bureau le matin et dès que j’ai du temps libre, je skate. Le week-end, le soir. En été on y va entre midi et deux. Dès qu’on a du temps libre quoi. C’est sûr que Antiz c’est aussi une vie de bureau, et c’est pas vraiment à ça qu’on rêvait quand on était gamins, mais on sait pourquoi on le fait. Quand je me lève le matin pour aller au bureau je suis content d’y aller, je suis content d’apprendre tous les jours des trucs nouveaux. On est un peu loin du cliché du skater pro du coup.

C’est clair, les gens me disent « ha quelle chance tu as de bosser dans ta boîte, dans ta passion… ». Mais c’est un choix à faire. Celui d’être indépendant, de mener sa barque et ramer pour aller où on veut aller. Quand t’es jeune tu t’en fous, tu te dis que tu rentreras jamais dans le système et puis quand tu vieillis t’es rattrapé par le système… Après, il faut arriver à trouver son équilibre dans le monde du travail. Moi je sais que je ne suis pas fait pour bosser dans un bureau toute ma vie, j’ai besoin d’être dehors, à cultiver mon potager, ce genre de chose. C’est donc mon prochain objectif dans la vie… Oui, parce que quand je relis cette interview qui date de 2000, tu ne te voyais pas travailler un jour, tu voulais te construire une cabane sur une île, pour y finir tes jours pépère etc. Alors que là, t’as un travail de bureau finalement assez classique…

Mais tu ne peux pas claquer des doigts et être libre instantanément, là je suis en train de préparer la suite et je sais qu’à 40 ans, je ne serai pas dans un bureau. J’ai besoin de trouver quelque chose qui me corresponde, mais je connais la réalité de la vie et je sais qu’il faut arriver à dompter le système pour obtenir sa liberté. Je n’attends rien de la société, je sais qu’il faut que je me construise mon avenir mais il faut aussi jouer avec les règles. Et en même temps, je me suis déjà construit

une cabane, j’ai vécu trois ans dans une cabane à La Friche (un grand squat d’artistes à Lyon, dans lequel Wall Street et Antiz avaient installé leur fameuse mini rampe et dans lequel il n’était absolument pas permis d’habiter). C’était vraiment incroyable… Sauf que là, c’est fini La Friche, vous vous êtes fait mettre dehors, mais je crois que t’es en train de te construire une autre cabane en Haute-Savoie, non ?

Non, c’est pas une cabane. En fait, j’ai touché un héritage suite au décès de mon père, alors je me suis acheté un terrain vers Evian et je vais me construire une maison en bois. C’est un chouette coin, y’a le lac, la montagne, j’y ai habité quinze ans, c’est là que vivait mon père. Y’aura une mini-rampe, la maison sera ouverte à tout le monde, c’est cool quoi ! Hé, dis pas ça dans un magazine, tu vas te retrouver avec des centaines de gens chez toi…

Ha ha ouais, c’est cooool ! Je vais faire une énorme cabane en fait. On va faire ça avec mon pote Titus qui construit sa maison en même temps, dans un village à côté, du coup on pourra s’aider et puis on achètera tout en double, ce sera moins cher… Ça ne va pas être difficile de tout concilier. Le boulot, le skate, la construction de la maison ?

Non, je pense que c’est important de faire les choses pour soi aussi, faut pas s’oublier, donc je vais me concentrer là-dessus, pour que ce soit bien fait. Il faut à peu près deux mois de travail à fond pour faire la carcasse, puis après, j’en ai pour deux ans à faire l’intérieur. T’y es presque sur ton île avec ta cabane…

Exactement. Je prépare les choses, pour que ça se passe au mieux. Je ne veux pas me faire « englober » par la société pour me réveiller à soixante ans et me dire que j’aurais toujours rêvé de faire ça ou ça… Donc je continue de suivre mes rêves. Et tu iras au bout de tes rêves !

Exactement maan ! Non mais c’est sûr que ça a l’air con, mais on se laisse souvent embringuer et on se réveille un matin en se disant « attends mais en fait, ce que j’aimais c’était



FS boardslide, Hambourg. Photo : Loïc Benoît


la couture ! ». Faut rester soi-même quoi, ne pas se perdre. Nom de dieu !

Nom de dieu ! Hé, je crois que j’arrive au bout de mes questions. En même temps, t’as déjà pas mal parlé, j’en ai pour un moment à retranscrire tout ça. On a peut-être un peu trop parlé de Antiz ? Pas que ça me dérange, mais c’est une interview de toi, pas un article sur ta marque.

Oui mais c’est tout le temps ce qui se passe. Même mes sponsors, quand ils me disent, on va faire tel truc avec toi, ça finit toujours par « on va faire tel truc avec Antiz »… Mais bon, ma vie c’est Antiz. Enfin… Mon implication dans le skate, c’est Antiz, c’est comme ça que je vois les choses. Ah oui, je voulais qu’on aborde la polémique « energy-drink ».

Ah ah !

Ça t’embête d’en parler ? Ça t’a attiré quelques quolibets cette histoire…

Bien sûr qu’on peut en parler, je n’ai rien à cacher. Mais c’est comme je te disais tout à l’heure, quand ça fait dix ans que tu fais un truc, que tu touches des clopinettes en ridant pour des très gros sponsors. Je devrais peutêtre pas dire ça par contre ? Non mais c’est vrai, on ne gagne pas grand-chose, et quand t’arrives à 35 ans, t’as besoin d’un minimum d’argent pour vivre. Tu sais ce que c’est. Et encore, j’ai pas d’enfants. Et donc, il y a Monster Energy qui débarque dans le skate et oui, ils ont de l’argent et ils me permettent de faire des choses, justement avec Antiz tout en restant assez discret. Ils en tirent bien sûr leur avantage, mais nous aussi… [Une voix se fait entendre dans le fond « fais gaffe à ce que tu dis ! »] C’est sûr que c’est un sponsor qui n’est pas dans le skate depuis le début alors bon… Mais tant qu’ils t’aident à faire des choses concrètes pour le skateboard, c’est intéressant. Après si tu te retrouves à faire des choses qui n’ont plus de rapport avec le skateboard, où tu n’es plus libre de faire ce que tu veux, là ok, c’est différent. Mais là, ils nous permettent de faire des trucs intéressants, des tours, et de rester nous-mêmes et ils sont

à notre écoute. Voilà, tu vois, faut que je sois sympa avec eux… Ils sont cool [rires].

Tu t’en sors bien oui. Et pour parler vite fait de tes autres sponsors, on peut dire que t’es plutôt fidèle.

Bein Carhartt et Vans c’est mes deux sponsors principaux, c’est vraiment les sponsors du départ, et ils sont toujours là aujourd’hui. C’est incroyable. Pour Vans, dès le départ, j’étais vraiment content de skater pour eux parce qu’ils ont une politique qui est vraiment intéressante avec les riders, ils les soutiennent jusqu’au bout, pendant toute leur carrière. Tant que t’es actif, tu sais qu’ils te soutiennent. Y’a un vrai respect pour le rider, et du coup je respecte vachement Vans. Carhartt ça s’est développé en même tant que mon sponsoring, en fait j’ai connu toute l’histoire de l’investissement de la marque dans le skate européen. Ils ont toujours été contents de moi et j’ai toujours été content d’eux. Ils ont toujours soutenu des trucs cool dans le skate. C’est vrai qu’on pourrait se demander ce qu’ils foutent dans le skate à priori, mais quand tu t’y intéresses un peu, tu te rends compte qu’ils ont fait énormément pour le skate en Europe.

C’est marrant parce que c’était un peu curieux pour moi de skater pour cette marque à l’époque, mais maintenant c’est complètement naturel. Ils sponsorisent énormément de skaters en Europe et ils soutiennent des bons projets. Donc c’est cool. Et on peut parler des autres sponsors aussi… T’en as d’autres ?

Ouais, j’ai Eastpak.

Ah oui, ça fait longtemps aussi.

Oui, ça fait un moment. Mais je ne suis pas une personne à problèmes. J’ai jamais trop fait chier mes sponsors, jamais trop tiré sur la corde… Voilà, puis donc y’a Skullcandy aussi, les casques… Ah mais en fait t’es bardé de sponsors « hors-skate » !

Oui j’ai Prisunic aussi, la Redoute… Ah et par contre, je n’oublie pas de remercier le magasin Wall-Street à Lyon !



Et 7TB4 ? (la marque de Steph Lochon et Nico Droz straight from Thonon-les-Bains)

Aaah 7TB4 ! Bah ils ont trop hésité à me mettre dans le team, j’ai dû partir… (rires). Je me souviens qu’on avait récupéré le stock de boards d’une marque du sud qui s’appelait « Orange ». On avait poncé une centaine de boards à la main pour enlever la déco, les repeindre en blanc dans le garage des parents de Steph Lochon et les tamponner avec le logo 7TB4… On les a revendues le double, on s’est gavé ! Ah ah non, c’était surtout pour nous et pour les filer aux potes. C’était bien marrant.

Ah ah, excellent. On va conclure làdessus du coup. Ah, juste une chose, on est bien d’accord que t’as jamais eu de photo dans un mag en switch hardflip ?

Je crois que j’ai eu une seule photo en switch dans un mag. C’était ma première paru, un switch crook sur une flat barre…

Halfcab bluntslide revert. Lyon. Photo : Fabien Ponsero


Roma Ivanov, BS noseblunt slide, Vladivostok

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Photos par Alexey Lapin Texte par Kirill Korobkov traduit par Valery Blin

LES TROIS QUARTS DU CADRAN Lorsque les gens tentent de décrire le gigantisme de la Russie, ils parlent le plus souvent de cartes, de longues distances, de kilomètres par milliers et de frontières interminables. Mais il existe un autre fait très intéressant qui permet de mieux apprécier l’étendue du plus vaste pays du monde, on y compte en effet pas moins de neuf fuseaux horaires différents. Ainsi, lorsqu’il est midi à l’ouest de la Russie, il est déjà 21 h à l’autre extrémité du pays. A chacun de ces fuseaux horaires, correspond un peuple, un territoire, des villes et bien sûr des spots de skate. Bien que les Russes eux-mêmes n’aient que très rarement la chance de pouvoir visiter ces neufs régions de leur pays si étendu, partons à la découverte des villes russes où le skate est le plus développé en un tour de cadran, ou presque…

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UTC (temps universel coordonné) + 11

Villes principales Vladivostok, Khabarovsk

Cette partie de la Russie se situe en Extrême Orient. Bordés par l’Océan

Pacifique, ces immenses territoires s’étirent du nord de la Chine à l’est de la Sibérie. La conquête de ces terres est relativement récente, mêmes les cités russes les plus anciennes donnant sur le Pacifique ne datent que d’environ deux siècles. La proximité des côtes y rend la vie particulière. Beaucoup de locaux vivent en tirant profit des richesses de la mer, ils sont pécheurs, vendeurs de poissons ou travaillent sur les ports. La ville la plus importante dans cette région est Vladivostok. Elle est aussi l’une des plus magnifiques du pays. Située sur la côte et adossée aux collines, la ville fascine les visiteurs dés leur arrivée. Bien que très éloignées de Moscou, les grandes villes d’Extrême Orient sont loin d’être déprimantes ou de paraître oubliées. Bien au contraire, elles se développent au même rythme que le reste du pays. Le taux de criminalité ne diffère pas de celui des autres villes russes, et l’on peut se balader dans Vladivostok sans crainte particulière. La proximité de la Chine a permis de développer des relations commerciales avec la superpuissance asiatique. En ce qui concerne le skate, parce qu’il ne faut tout de même pas oublier notre objectif, cette région possède aussi de nombreux atouts. La scène locale, se répartissant entre Valdivostok et Khabarovsk la deuxième plus grande ville aux alentours, se porte bien. Des marques locales ont vu le jour, les meilleurs skateurs du coin sont sponsorisés et des vidéos y sont tournées comme partout ailleurs dans le monde. Les skateurs de l’est ne dépendent pas vraiment des distributeurs et des marques moscovites et développent leur scène eux-mêmes. Do It Yourself ! Malheureusement, les skateurs russes ne peuvent se permettre de voyager en avion, trop cher. Ainsi les skateurs de la capitale ne connaissent pas réellement leurs collègues de l’est. Ce n’est que cette année, et pour la première fois, que quelques-uns des plus ”grands noms” du skate moscovite ont pu découvrir les spots de Valdivostok et Khabarovsk. Et on peut dire qu’ils ont adoré ! Depuis, ils n’arrêtent plus de vanter la qualité des spots visités à l’est et

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Alex Kandayrov, kick flip, Khabarovsk

encouragent le plus de monde possible à aller vérifier sur place. Beaucoup de skateurs internationaux sont allés skater à Moscou et dans d’autres villes russes mais aucun n’a encore fait l’expérience de l’Extrême Orient. Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour le voyage: l’avion depuis Moscou, 10 heures de train à bord du TransSibérien ou pourquoi pas le bateau depuis le Japon.

Yura Renov, ollie, Vladivostok

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UTC + 8

Ville principale Krasnoyarsk

Gosha Konyshev, nose blunt drop in, Cheboksary

Beaucoup ont entendu parler

de la Sibérie, de ses forêts, de ses plaines sauvages, du froid et des ours. Mais il faut savoir que l’on y trouve aussi de grandes villes, beaucoup de skateurs, des spots par centaines et même le plus gros skatepark couvert du pays à Krasnoyarsk. Cette région est bien sûr connue pour ses ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz. Les grandes villes sont donc très industrialisées. Celles-ci étant toutes situées dans le sud de la région, le nord est resté absolument vierge de toute civilisation. Considérée comme la capitale sibérienne, Krasnoyarsk compte environ 1 million d’habitants. C’est une métropole moderne avec sa scène skate, ses skateshops, ses contests… Le niveau de certains locaux y est d’ailleurs étonnement bon lorsque l’on sait que l’hiver y fait rage au moins cinq mois sur douze. Leurs tricks auraient largement leur place dans les vidéos et les magazines européens. Ce que l’on imagine plus difficilement de cette région, c’est que les étés y sont agréables. Il peut même y faire chaud et les journées sont très longues. On y compte quatre à cinq villes principales qui méritent le détour lors d’un skate trip.

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Stas Provotorov, BS disaster, Moscou

Les montagnes de l’Oural ont donné leur nom à cette région de la Russie. Située à l’ouest de la Sibérie, elle n’est pas assez proche de Moscou pour être dans le même fuseau horaire. Les géographes nomment ce territoire l’Oural. C’est à cet endroit que finit l’Europe pour laisser place à l’Asie. Les villes principales y sont Perm et Yekaterinburg. Vous n’en avez certainement jamais entendu parler mais cette dernière possède pourtant l’un des plus grands skateparks en béton d’Europe. C’est d’ailleurs le maire de Louisville dans le Kentucky (Etats-Unis) qui a présenté les plans à celui de Perm. C’est ainsi qu’a été réalisée la réplique d’un immense skatepark américain en plein milieu de la Russie. Yekaterinburg est quant à elle une très bonne destination pour le street et vous surprendra par l’abondance de ses spots. Skate plaza, monuments gigantesques, petits spots ici et là, vous y trouverez tout.

UTC + 6

Villes principales Perm, Yekaterinburg

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UTC + 4 Cette région compte les deux villes russes les plus importantes : Moscou, la capitale, l’une des plus grandes villes du monde, et Saint-Petersbourg. Plus de 12 millions de personnes vivent à Moscou, les embouteillages y sont monstrueux, le métro est souvent bondé et on peut même sentir planer un petit air de «city that never sleeps». Evidemment, cette ville tentaculaire est un terrain de jeu idéal pour les skateurs. Certains comparent parfois le skate à Moscou à celui que l’on peut pratiquer à New York. Mais pour d’autres, il est au contraire unique. En tout cas, la plupart des spots russes que vous avez aperçus en photo ou en vidéo sont moscovites. La ville peut aussi se vanter de posséder le plus grand nombre de skateurs en Europe de l’est. La vie nocturne y est très agréable et le métro couvre pratiquement l’ensemble de la cité. Il vous faudra environ deux semaines pour bien ressentir l’atmosphère locale et pour cruiser tranquillement, en revanche pour skater l’ensemble des spots il vous faudra bien plus de temps…

Saint-Petersbourg est la deuxième ville du pays et se situe dans le nord-ouest, prés de la Finlande. Elle fut la capitale russe durant deux siècles avant que Moscou ne regagne ce titre. Fondée seulement au XVIIIe siècle, Saint-Petersbourg a été rapidement bâtie au milieu de nulle part, entre forêts et marais. Son style particulier est dû à une architecture largement inspirée des traditions et des villes européennes. L’atmosphère y est ainsi bien plus occidentale que partout ailleurs dans le pays. Le centre historique, grandiose et magnifique, laisse sans voix les touristes pour qui Saint-Petersbourg reste leur destination favorite en Russie. En raison de sa situation géographique, au nord du pays, il n’y fait pratiquement pas nuit en juin et juillet. Durant cette période, la nuit ne tombe qu’à 1h du matin et le jour se lève vers 3h.

Villes principales Moscou, St Petersbourg Dan Zvereff, ollie, Odessa

Il existe un petit territoire coincé entre la

Lituanie, la Pologne et la Mer Baltique, séparé du reste de la Russie. Il s’agit de la ville de Kaliningrad et de la région du même nom qui constituent le territoire russe le plus à l’ouest. Cette région faisait autrefois partie de l’URSS. Au début des années 90, la Biélorussie et la Lituanie ont gagné leur indépendance, mais la région de Kaliningrad est restée russe. La ville fut autrefois allemande sous le nom de Konigsberg mais l’URSS l’obtint en compensation de ses lourdes pertes durant la seconde guerre mondiale. Ainsi, l’héritage allemand y est aujourd’hui encore très présent, tant au niveau architectural que dans l’atmosphère générale. Cette ville est assurément l’une des plus atypiques de Russie. Sa localisation en fait déjà une attraction particulière. L’ambre de la Mer Baltique est l’une des «spécialités locales». Dans le même fuseau horraire, on trouve

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Michael Mackrodt wallride feeble, Kiev

l’Ukraine, état indépendant depuis 1991, qui mérite d’être mentionné ici. L’Ukraine partage son histoire depuis toujours avec la Russie et en possède tous les attraits : bons spots, filles superbes, monuments et nourriture de qualité. Mais elle est aussi beaucoup plus libérale que sa voisine, l’ambiance y est donc plus détendue et il est plus facile de s’y rendre. Kiev et Odessa sont les deux villes à ne pas rater. Grâce à un système de transports en commun développé, les déplacements se font aisément entre les grandes cités. Moins connus et exploités que ceux de la Russie, les spots ukrainiens révèlent un gros potentiel et risquent fort de devenir une destination prisée pour les futurs skate trips en Europe de l’est.

UTC + 3

Villes principales Kaliningrad, [Kiev, Odessa - Ukraine]

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Roma Ivanov, five-o, Khabarovsk

Toutes les villes, et par conséquent tous les fuseaux horaires, n’ont pas été évoqués dans cet article. Peu importe l’heure qu’il est, à l’est ou à l’ouest de ce pays, l’exploration de ses spots semble interminable tant la Russie est immense. Cela ne dépend désormais plus que de vous. Allez-y, si vous le pouvez. Entamez votre périple depuis Moscou, l’Extrême Orient ou la Sibérie, à midi ou à 18 h… Et préparezvous à un long voyage, cela vous prendra bien plus d’un tour de cadran.

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julien merour de l’autre côté de l’objectif Photos et légendes par lui-même Portrait par Loïc Benoît Texte par Fredd

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Julien Mérour (aka Junior !) est l’un des skateurs français les plus productifs. Sa part’ dans la dernière Trauma était juste incroyable et il est assez rare de voir sortir un magazine de skate français sans une photo de lui (et pas uniquement en flip shifty, ne soyez pas mauvaise langue). Pourtant, ce n’est pas de Julien sur un skateboard dont il est question ici, mais plutôt de son passage de l’autre côté de l’objectif.

Parce que figurez-vous qu’il s’est acheté un appareil photo il y a un an. Un reflex. Pas le top du top, parce que faut pas déconner non plus, mais un truc qui tient la route et qui permet surtout de filmer en HD. Il faut dire que le but premier de cet achat, était de toujours avoir sous la main de quoi filmer pour la vidéo Trauma qui était alors en préparation, et accessoirement, pour faire des photos-souvenirs de ses innombrables voyages. C’est vrai que quand on a la chance de voyager autant que lui, on serait un peu con de ne pas vouloir documenter la chose, ne serait-ce que pour montrer à ses petits-enfants que papy ne raconte pas que des conneries et qu’il a encore toute sa tête. C’est donc comme ça que ça a commencé, Julien a d’abord pris des photos de ses collègues de tournées, des monuments croisés, des spots skatés, des filles dans la rue… Puis il a commencé à y prendre goût et il s’est mis à jouer au deuxième angle sur les photos de skate, les vraies, celles des photographes professionnels. Puis de fil en aiguille, il s’est retrouvé à publier des photos dans un grand magazine. Non, je plaisante, c’était dans Soma, une photo de Choppy Omega à Burnside et une autre de Wallid Mamine à Moscou. Mais hé, publier deux photos, même chez nous, seulement un an après s’être acheté son premier appareil, on peut dire qu’il a de bonnes aptitudes, le jeune. C’est pourquoi nous sommes contents de vous présenter aujourd’hui une sélection de quelques-unes de ces dernières photos, prises lors de ses escapades à travers le monde. Rassurez-vous, on a réussi à caler une photo de Julien en (presque) flip shifty (prise par lui-même !) pour satisfaire tous ses fans.

photos 1 et 2 Laurent Gence, boardslide, L’Etang-Salé, La Réunion « Laurent est un local réunionnais, super motivé. Pas de sponsor, les chaussures toutes défoncées… Il s’est jeté, et il l’a fait. C’était vraiment chaud, un vrai hammer. Après on est allé se baigner dans des bassins naturels, où il y avait des oursins... Le lendemain, on est allés se faire une petite randonnée au volcan, ambiance tourisme… [cf. page d’intro]. »

photo 3 Walid Mamine, 50-50, Moscou « On était en Tour Trauma en Russie. Walid Mamine a fait ce 50-50 sur ce ledge géant. La photo de Marc Gérard du même trick est passée dans l’article dans Sugar, mais j’aime bien celle-ci aussi. On voit bien la longueur du ledge… » 3

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4 photo 4 Patrick Houssard, smith grind, Marseille « J’étais de passage à Marseille, j’ai appelé Patrick Houssard. J’ai réussi à le descotcher de ses cahiers pendant deux heures pour aller faire un peu de street. On est allés sur ce rail parce qu’il avait peut-être une idée en tête… Et il a fait le smith direct. Le rail est bien chaud, y’avait juste eu grind dessus par William Monerris, je crois… Après on est allés au spot ou j’ai fait le flip dans le plan incliné. » photo 5 Street life, Marseille

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photo 6 Julien, flip, Marseille « J’ai fait les réglages, passé l’appareil à Patrick et c’est lui qui a pris la photo. Le spot était un peu mouillé, c’était chaud. Et c’est pas un flip shifty ! »


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photo 7 Anthony Rousse, FS nose grind, Monvert, La Réunion « Ce rail se trouve dans une école au sud de la Réunion. Avec option ‘grillage à escalader’ pour y accéder. C’est un peu LE rail de l’île… Anthony le connaît bien, il voulait y aller pour faire FS overcrook, on y est allés, il l’a fait et on est partis. Facile. » photo 8 Fabien Zuffo Deschamps, BS wallride, Montpellier « Ça c’est l’une des premières photos que j’ai faites avec mon appareil, je venais juste de l’acheter. On est passés devant ce trompe l’œil à Montpellier, j’ai demandé à Fabien Zuffo Deschamps de faire un wallride, à Popi et un autre pote de se poser contre le mur. C’était vraiment vite fait, en passant… J’aimerais bien la refaire ! » photo 9 « La bière réunnionaise, qui porte un nom de whisky... »

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EN VRAC l’Autocongratulation Chez Soma, on adore les awards et récompenses en tout genre, sauf bien-sûr, quand ils sont sérieux. La branlette en public, ça n’a jamais été notre truc, désolé. Y’a bien que le titre de SOTY qui ait un peu de crédit à nos yeux, et encore, tant que Busenitz ne l’aura pas eu, on fera la gueule. Le WSOTY (Worst Skater Of The Year) de Lowcard, les Helliez de Hellaclips, les T-eddy awards, tout ça, bien entendu, c’est notre came, mais les vrais awards… Bref, vous êtes peut-être au courant, mais cette année

pour la première fois, auront lieu les « European Skateboard Awards », on ne sait pas trop ce que ça va donner, mais honnêtement, ça nous fait un peu peur. On changera d’avis si on gagne un truc bien-sûr (on est nominés pour la meilleure cover (Soma #25), en attendant, et parce que s’il y a bien une chose qu’on déteste par-dessus tout, c’est de perdre, voici les premiers et sûrement derniers « Soma intra-muros awards de ouf » où l’on est sûrs de gagner dans toutes les catégories. - FD

Meilleure couv’ qu’on a failli faire

Meilleure légende de photo :

« Chaque année, Soy Panday dépoussière sa gamme de tricks de fond en comble pour repartir sur de nouvelles bases. BS tailslide inédit. » (« Magenta à Marseille » - Soma #22)

Celle avec les deux flics en roller à La Vague Meilleure réponse d’interview

« - Tu as l’air assez sélectif sur les images qui paraissent pour tes interviews… - Tu as vu mon interview dans Beach Brother ? Et tu trouves que je suis sélectif ? » (Madars Apse - Soma #21) Illustration : Da

Meilleure « boulette » :

Meilleur article

Les tricks pas rentrés (Soma #25). On attend la version de Sugar !

Un e-mail pas très sympa envers un annonceur destiné à Fred mais que Tura a envoyé à l’annonceur en question, par erreur… Ou comment perdre une page de pub en appuyant sur ‘enter’.

Meilleur moyen de se fâcher avec ses potes

Meilleure décision

Avoir mis un terme à « Orgy Porgy » ?

La Battle of Normandy

Le meilleur titre d’article

« Une bande de Cons » (la tournée Converse)

Meilleure escroquerie

L’interview de Werner Sandoz qui était en fait une interview de son pote Franky.

L’auto promo

Les triplettes

A PROPOS SKATEMAG, ça vous dit quelque chose ? Si vous habitez hors de la région parisienne, il se peut que vous n’ayez pas encore entendu parler de ce petit zine que l’on fait à côté de SOMA depuis l’année dernière. Basé sur ANZEIGEBERLIN INFORMATION (à Berlin) et GREY (à Londres), l’idée est de traiter uniquement d’une scène, en l’occurence la scène parisienne pour A PROPOS. Deux numéros sont sortis (le #1 en janvier 2011 et le deuxième en juillet 2011) et sont aussi disponibles en ligne. Le numéro 3 est en préparation et devrait voir le jour en mars, avec pour rédacteur en chef un certain Benjamin Deberdt... Sauf qu’entre temps, on a sorti un hors-série (déjà) en collaboration avec les équivalents londonien et berlinois pré-cités, qui lui, ne finira pas en ligne. Un numéro spécial, donc, qui est exceptionnellement disponible sur simple demande (et l’envoi d’une enveloppe (format A5) affranchie pour 150g) à cette adresse : Les Editions Du Garage / HS A PROPOS, 13 rue de l’Isère, 38000 Grenoble. Alors n’hésitez pas, c’est gratuit et ça nous fait plaisir... - DT www.aproposskatemag.com 88

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540° Aaron Homoki Ben Hatchell Ben Raybourn A skater d’urgence Calais (62) Fontaine (38) Bois-le-Roi (77) Blogs de pros samuelpartaix.blogspot.com julienmerour.blogspot.com elgabeeb.blogspot.com Heelflip 2012 Neen Williams Lewis Marnell Wieger Van W.



EN VRAC L’article improvisé Un beau matin de janvier, on a reçu un e-mail d’une personne jusqu’ici inconnue de nos services, Alexis BougeantLacoste, qui réclamait un article sur tous les amateurs passés pro en 2011. Il semblerait que cette année ait été plus productive, mais en fait, on n’en sait rien. Quoi qu’il en soit, on lui a répondu qu’on n’avait pas que ça à faire,

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et que s’il voulait voir l’article dans le mag, il n’avait qu’à s’y coller lui-même. Deux jours plus tard, on avait la liste. Rassurez-vous, en bons journalistes qu’on est, on n’a rien vérifié du tout, on a juste ajouté deux ou trois noms et on a envoyé ça au service mise en page des Editions du garage, quatre étages plus bas.

Dallas Rockvam (Antiz) Tyler Surrey (Sk8mafia) Jamie Palmore (Sk8mafia) Aaron Homoki (Birdhouse) Wes Kremer (Sk8mafia) Rodrigo Petersen (Organika) Chris Pfanner (Anti Hero) Ishod Wair (Real) Wes Kremer (Sk8mafia) Neen Williams Ben Gore (Stereo) Jimmy Cao (Sk8mafia) (Deathwish) Larrelle Gray (Sk8mafia)

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Jimmy Lannon (Magenta) Manny Santiago (Ammo) Tom Asta (Mystery)

jan FEV MAR AVR MAI JUn JUi AOU SEP OCT NOV DEC jan Austyn Gilette (Habitat)

Cory Kennedy (Girl) Theotis Beasley (Baker) Nestor Judkins (Enjoi) Ron Deily (Zooyork)

On pourrait analyser ça d’une manière ou d’une autre, mais ce petit sujet en soulève un autre auquel on tentera de répondre dans un prochain numéro : qu’est-ce qu’être skateboarder-pro ? En attendant qu’on se mette au tra-

Walker Ryna (Organika) Nick Merlino (Foundation) Max Génin (Propaganda) Collin Provost (Toy Machine)

vail, si vous avez envie de nous envoyer des e-mails avec les noms des pros qui sont retombés au statut d’amateur en 2011, ça nous intéresse ! - DT

Le truc qui n’a rien à voir mais dont on avait quand-même envie de parler L’art du Paño (diminutif de pañuelo, mouchoir en espagnol) est un art carcéral chicano, datant des années 40 et originaire des pénitenciers du sud-ouest des États-Unis. Les prisonniers utilisent ces mouchoirs en toile, fournis par l’administration, pour s’exprimer et communiquer avec l’extérieur parce qu’ils sont facilement transmissibles lors des visites des proches. Ils peignent des messages sous des formes très diverses selon qu’ils sont adressés à la petite amie, le petit frère, les membres du gang ou la maman. Cela va donc de la voiture de sport à la scène religieuse en passant par Mickey Mouse ou des filles dénudées… C’est assez drôle au premier abord et assez vite

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fascinant. C’est ce qui explique que des gens remuent ciel et terre pour entrer en contact avec les familles de détenus afin de racheter et collectionner ces paños. C’est le cas de Reno Le Plat-Torti, c’est son vrai nom, qui a participé à l’excellent livre « Paños » sorti chez « le Dernier Cri » et qui expose, et se sépare même d’une partie de son imposante collection (100 euros le Paño, pas cher mon frère) en ce moment même à la galerie « Going Blind », à Grenoble (jusqu’à la fin février, ne traînez pas). Cliquez sur « Going Blind » et « Le Dernier Cri » pour plus de renseignements, et si ça ne marche pas, faites donc une recherche Google, comme tout le monde. - FD


La vidéo du Tour Sans Fin, disponible sur smartphone ! (enfin, C’est pas gagné pour tout le monde...)

www.somaskate.com

vidéos exclusives, anciens numéros (tous), news, blog (de ouf)


EN VRAC 5 minutes avec ANTHONY VAN ENGELEN Tu reviens tout juste d’une mission filming d’une semaine en Angleterre, c’est ça ?

Ouais, Geoff [Rowley] voulait faire un petit passage par Liverpool, d’où il vient, et aussi skaté quelques spots sur la route pour Londres. Donc on a pris l’avion jusqu’à Oxford et euh… je ne me souviens plus trop. C’est assez flou. On a beaucoup skaté pendant le trajet jusqu’ici. Vous avez ramené des bonnes images ? Oui, des trucs cool. C’est pas facile par ici, tout est vraiment « rough », mais j’aime ça. On a fait de bonnes photos, on a skaté de bons spots. C’était un bon petit trip, c’est vraiment bien de skater avec Geoff. Les images seront dans la vidéo Vans ? Oui, on skate toujours dans le but d’amasser des images pour cette vidéo. Cette vidéo est déjà très attendue, ça te met la pression ? Pas vraiment. Je devrais, mais à ce point de ma carrière j’essaie juste de skater, de faire mon truc à ma façon. Mais j’aime la pression, ça me structure. C’est comme quand on filmait pour Mindfield, d’un côté tu détestes ça, mais d’un autre côté tu t’en sers aussi. Et puis quand la vidéo est finie, tu te demandes toujours ce que tu vas faire après. Ça fait tellement longtemps que je fais des vidéos, c’est ma façon de skater. Tu te sens plus productif quand tu filmes ? Oui, j’ai un but. J’ai l’impression de vraiment faire mon job au maximum pour les gens qui me supportent. Si je ne filmais pas, je ne skaterais pas de la même façon. Ça te pousse à faire des trucs dont tu n’aurais pas forcément envie. Pour moi, m’amuser c’est skater un curb et faire des downhills. Sans les vidéos, je ne skaterais sûrement que ça ! Tu skates souvent ton skatepark à Los Angeles ? 4 ou 5 fois par semaine, surtout le soir. C’est dur de skater la semaine à L.A. Tu fais des heures de voiture pour repérer des spots et souvent tu ne les skates mêmes pas au final. Donc je finis souvent au park. Tu filmes avec Greg Hunt ? Oui, Greg et Cody Green qui filme pour Vans, c’est un trés bon pote. Ça fait dix ans que je bosse avec Greg et j’en suis vraiment heureux. Je ne sais pas si j’aurais pu faire cette vidéo Vans s’il n’était pas derrière la caméra. Est-ce que Greg t’a aidé à te sortir de tes problèmes de drogue ? Oui, il a vraiment été un des éléments qui ont fait que j’ai pu m’en sortir. C’est mon pote aussi en dehors du skate. Il y a d’autres éléments qui m’ont aidé à m’en sortir mais il a été là quand j’ai décidé de réagir. Il était là quand j’ai recommencé à skater et aussi quand je ne skatais plus. [...] Je n’ai pas bu d’alcool depuis trois ans. Je ne prends plus rien. Je ne peux pas. Tu penses que tu as traversé cette phase comme Jason Dill, ton ami ? Il ne boit plus depuis deux ans…

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Oui, on est de très bons potes. Le truc marrant c’est qu’on ne faisait que rarement des soirées ensemble, ça nous a même plutôt séparés. Je ne tenais pas bien l’alcool et j’aimais certaines drogues alors que Dill était plutôt un « bon élément de soirée », donc il ne voulait pas me voir. Mais nous sommes clean maintenant et ça nous a réunis. Ça fait sept mois que l’on est tout le temps ensemble. Et il est méchamment de retour, il skate vraiment fort. Ça faisait si longtemps que l’on ne passait plus de temps ensemble… Il y a des rumeurs qui disent qu’il est chez Vans… On est en train de voir ça. Je suis trop content qu’il soit venu en tour avec nous. Il est à fond ! Il est heureux de skater, de recevoir des shoes et d’aller en trips. Donc oui, il y a quelque chose qui se prépare avec Dill. Tu fais rarement

des contests, mais tu as skaté à la Maloof Cup, non ?

Oui, il y a deux ans à New York. C’était marrant. Mon premier contest depuis 15 ans ! Koston, Brian Anderson et Stefan [Janoski] étaient dans ma poule ! Ce sont des potes... Et qu’est-ce que tu penses de la Street League et de ce que fait Rob Dyrdek ? J’adore Dyrdek, c’est vraiment mon pote. C’est bon pour le skate, d’une certaine manière. Il y a des gens qui veulent voir ça, moi aussi. Dylan [Rieder] participe et c’est le plus beau sur une board, j’aime voir ça. Mais je me fous des autres qui tricotent sur un ledge. Rob devrait faire un superpark et mettre Grant Taylor et Raven Tershay dedans. A la télé, je veux voir des gars qui volent et pas des putains de flips back tail sur un ledge. Quand je vois du street à la télé c’est aussi chiant que du golf pour moi, alors que le superpark des X-games c’est comme du Nascar ! Ou Danny [Way] qui vole en megaramp, ça c’est mortel ! Est-ce que tu penses qu’il y a plusieurs

groupes dans le team Alien Workshop ou que vous êtes toujours unis ? Bon, Berra est parti. Le team défonce

et est très uni maintenant. J’ai plus trop l’occasion de skater avec Dyrdek, mais il apporte beaucoup au team. Il est là depuis le début, ça fait 20 ans ! Et pour le reste, tout va bien. Pendant le dernier trip Thrasher, tout le monde était à fond et skatait ensemble. On est tous potes, il n’y a plus rien de bizarre pour nous embrouiller… J’adore être en trip, partir à 11h et skater jusqu’à 3h du mat, dormir dans des motels, manger de la bouffe dégueu et tout ça avec mes potes. C’est toute ma vie aujourd’hui. Tu penses faire des vidéos et être pro pendant encore longtemps ? Je ne sais pas, je pense que la vidéo Vans sera mon dernier gros projet. J’aurai 35 ou 36 ans quand elle sera finie. Aujourd’hui, tout ce que je filme est pour cette vidéo. Après, je prendrai part à de plus petits projets. J’adore ce que je fais en ce moment, mais c’est la dernière fois… Je ne veux pas me retrouver à 39 ans à toujours essayer de… Tu sais il y a beaucoup de jeunes tellement forts que l’on a tous envie de voir... Comment résumerais-tu ta carrière ? Je ne sais pas. Je suis juste heureux d’être là où je suis aujourd’hui. J’étais vraiment à deux doigts de tout perdre donc je suis vraiment heureux. S’il y a un dieu, je lui dois beaucoup, alors. Je m’en sors bien vu ce que j’ai connu il y a quelques années. Pour résumer je dirais : « Ok, j’en suis là, merci ! Cool ! » Photo et propos recueillis pas Oli Tielsch


photo : florian lanni

jonathan jean-philippe backside 180 to fakie FS crooked grind alex hermann – benoît renaux – francky eyoum paul denaux – joseph biais – thomas renaux benjamin delaboulaye

64 RUE ST HONORÉ – 01 40 41 98 69 – métro louvre rivoli/ les halles www.starcowskate.com





— PURE SKATEBOARDING SINCE 2003 — nozbone skateshop, 295 rue du faubourg st antoine 75011 paris - metro nation - 01 43 67 59 67 la boutique en ligne nozbone.com




« Y’a des impulsifs qui téléphonent, d’autres qui se déplacent. » - Les Tontons Flingueurs

Rémy Taveira & Oscar candon Photo : tura


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