SOMA #33

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NumĂŠro trente-trois / Labess Khouya ?


SOCKLINER

ABRASION RESISTANT CANVAS

ALL STAR TRACTION RUBBER







NUMERO 33 Sammy Idri, tree jam, Nîmes Photo : Patate

Directeur de la publication Fred Demard [fred@somaskate.com] Rédaction en chef Fred Demard & David Turakiewicz [tura@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Loïc Benoît / Manuel Schenck / Jelle Keppens / Davy Van Laere David Manaud Vincent Dallemagne / Marcel Veldman / Guillaume Périmony / Matthieu Georges / Thomas Girondel Vincent Coupeau / Kévin Métallier / Cédric « Patate » Crouzy Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com ISSN : 1959-2450

Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite, sous peine de nous voir débarquer cagoulés vers 5 heures 32 un matin d’hiver, accompagnés de notre sympathique avocat russe et de son chien Vadko. Liste de diffusion, informations, anciens numéros, vidéos, commentaires désabusés, publicités et autres blogueries... Tout est sur

www.somaskate.com

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Anthony Rousse, FS flip, La Réunion Photo : Vincent Dallemagne

SOMMAIRE 16 - Le Jeune

Florent Tourdre vient du Sud mais passe beaucoup de temps à Londres, même en hiver, ce qui est limite con pour un skateboarder.

18 - Le Vieux

Jérôme Romain aka Cloben, lui, est alsacien mais il a eu la bonne idée de descendre vivre à Montpellier pour y faire de la peinture et des hélicoptères à Beaulieu.

22 - ABC

Un trick de rastaquouère exécuté par un gros scandinave, gueulard et assoiffé.

24 - L’matos

Un marteau, une pince, des boards françaises et deux ou trois trucs qui trainent dans nos bureaux parisiens. 11

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32 - SUAS

Un full pipe ovoïde et campagnard, une courbe de ouf le long de l’autoroute, un spot en béton fait main et un ledge bien trop haut pour être skaté.

38 - Bon Voyage

Suivez-nous dans les coulisses de la nouvelle vidéo Cliché. Si on peut leur donner un coup de main aux jeunes avec leur p’tite marque de planches, on le fait avec plaisir…

50 - Le QCM de Paul Grund

Nose bonk, Ollie, bs 50-50 et Ollie to bs 50-50. Peu de tricks, mais attention, c’est la très grande classe !

58 - Fiasco foiré

Normalement ça aurait dû foirer, mais Nassim et Axel n’y sont pas arrivés.

70 - Birman’ Style

Il semblerait que ce soit la mode des articles en Birmanie, alors bien sûr, on fait comme tout le monde.

84 - SUAS

Un Versaillais, un Hollandais et un Anglais et pas le moindre wallride.

90 - Vrac

La théorie du complot !


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L’INTRO

Elle fait l’émerveillement des petits et des grands quand elle tombe en

délicats cristaux et qu’elle vient recouvrir le paysage de son lourd manteau blanc. Soudain, tout est silencieux, les toits, les rues, les arbres sont drapés d’une couche moelleuse de ce coton céleste. Les enfants jouent, les vieux tombent, les autos tamponnent et au bout d’un moment, il faut bien reconnaître que ça commence à faire sérieusement chier toute cette neige… Vivement le printemps qu’on puisse aller skater dehors. Comment ? Pas terrible comme intro ? Oui, effectivement... On en a bien une autre sous le coude, mais… On a décidé de ne pas la publier, parce qu’on y règle nos comptes avec un type qui a un temps bossé dans le skate, et finalement, on se dit que ces histoires ne vous regardent pas. Sauf bien sûr, si vous insistez… Vous insistez ? Eh bien ce sera non quand même ! On s’était déjà laissés aller à mettre des sentiments dans notre intro du numéro précédent, mais on s’en mord un peu les doigts aujourd’hui… Montrez votre face sensible aux gens faites-vous bouffer tout cru ! Bien sûr, il n’y a pas que des âmes mal attentionnées, heureusement. Mais ce dont on se souviendra, c’est d’avoir vu sortir les vautours dès les premières évocations d’éventuelles faiblesses… Ah çà, on a bien retenu la leçon. Sachez donc qu’aujourd’hui, nous sommes d’insensibles mercenaires cruels et froids pas là pour enfiler des perles ! Vous voyez les pochettes de Manowar ? Hé bein pareil ! Allez, la bise les p’tits loups, on se voit au prochain numéro. -Fredd

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Photo : Matthieu Georges




the

hammer

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LE JEUNE FLORENT TOURDRE

Âge : 21 ans Lieu de naissance : Antibes Lieu de résidence actuel : Antibes Années de skate : 8 Que fais-tu de ta vie ? Je voyage, je peins,

je fais des photos, je baise, Gypsy Life quoi !

Vidéos de référence : Good and Evil (Toy

Machine) et la TWS The Reason

Première board : Une Choco, je ne sais plus

qui, peut-être Gino. Je l’avais achetée au collège à un pote qui avait ramené des boards de FTC à San Francisco.

Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?

Je ne sais pas, sûrement avec tout mon FTW gang à Antibes, à la plage, avec un pack et des copines sous le soleil de la Méditérranée. Sponsors : Papatoro skateshop et DC grâce au shop. Dédicace à FTW BMT Stockwell et 5-5 prod !

Boardslide, Londres. Photos : Kévin Métallier



LE VIEUX Jérôme Romain Âge : 36 ans, pour l’instant ! Lieu de naissance : Charleville-Mézières Lieu de résidence actuel : Montpellier Années de skate : J’ai commencé fin 90, au moment

où tout le monde a arrêté !

Que fais-tu de ta vie ? Je suis artiste-peintre. Et prof

de skate l’été !

Vidéos de référence : Ça c’est une question à la con !

Je ne sais pas trop... Mouse, Mosaic... Première board : Eric Dressen, Santa Cruz, avec un tribal dégueulasse ! Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ? Y’a 15 ans, je venais d’arriver à Strasbourg, je me mettais sérieusement à la peinture. Je prenais mon premier atelier... Et je skatais au skatepark du Wacken... Sponsors : RVCA (artiste !), Popular skateshop (team vermeille !)

BS noseblunt revert, Beaulieu. Photos : Loïc Benoît

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JP Villa - Flip photo: Aristide Bruchon

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ABC No Comply flip Comme vous le savez déjà, Soma est un magazine qui ne s’intéresse qu’aux wallrides, et aux no complies. Pour bien continuer sur Seq. : F. Ponséro cette lancée qui nous a déjà conduits vers les sommets de la gloire, voici la clé pour réussir Pour faire comme le gars sur les photos, il faut déjà savoir monter un trottoir en No vos no complies flip Comply droit en faisant claquer le tail contre la bordure. C’est pas bien sorcier, vous comme ce gros sac devriez y arriver par vous-même sans que je ne m’épuise à vous l’expliquer. Ensuite, et de Teemu Pirinen ici c’est là que cela devient intéressant, après des années de pratique, je ne suis toujours présent. pas sûr qu’il existe une vraie méthode scientifique. J’en sais quelque chose parce que ça fait hyper longtemps que je fais ce trick, depuis les années 60 environ (1860). Et ma technique est depuis restée identique : je m’approche du trottoir comme si j’allais monter en No Comply droit, j’envoie ma board un peu plus tôt, en la jetant presque, et j’espère qu’elle va flipper. À vrai dire, je ne suis même pas certain de savoir dans quel sens elle tourne. Tout ce que je sais, c’est qu’une fois qu’on a trouvé le bon timing pour envoyer sa planche contre le trottoir (ou n’importe quel obstacle à la bonne hauteur), elle flippe (ou heelflippe) et qu’on a plus qu’à sauter dessus pour épater la galerie. Ça a l’air un peu approximatif comme méthode mais je suis sûr que tout le monde fait pareil : on lance sa planche, on croise les doigts et c’est au p’tit bonheur la chance. C’est peut-être pas très félin comme technique, mais ça a fait ses preuves ! -Fredd 23

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L’MATOS

1 Une casquette Hélas autant contre le soleil que la pluie / 2 une chaussure droite Eric Koston 2 de chez Nike que tous ses fans attendaient / 3 un bonnet de chasseur américain Metropolitan / 4 un marteau 5 un t-shirt DC prônant la révolution / 6 encore une nouvelle Ka-One de chez Converse / 7 une veste Volcom Stone Age ‘achement bien fittée / 8 un t-shirt Vans avec une petite déco sympathique dessus / 9 un caleçon Lousy Livin’ en taille L (existe aussi dans les autres tailles) / 10 une chaussure Lakai Pico / 11 un t-shirt Metropolitan (MSB) gris chiné et bien taillé.

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L’MATOS

1 Une chemise Kr3w pour les beaux jours, s’ils finissent par revenir / 2 un bonnet Matix avec pompon amovible / 3 une chaussure gauche Supra sans cuir pour nos potes vegans / 4 une pince avec poignées roses, ça peut toujours servir / 5 un t-shirt Fourstar avec le même logo en grand dans l’dos / 6 le retour de la première Geoff Rowley de chez Vans / 7 un autre caleçon Lousy Livin’ en taille L / 8 un t-shirt Volcom imprimé d’une photo de notre pote Jelle Keppens / 9 une veste Nike de jeune universitaire américain / 10 un t-shirt Kindred en provenance de Grenoble / 11 la chaussure Mike Mo de chez DC / 12 la caméra Hero3 de chez GoPro, avec le wifi dedans !

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L’MATOS

CLICHÉ Bon Voyage 7.8’ / 8’ / 8.2’ Un pro model de vidéo ? Ouais mon pote, comme aux stazouni damérick. Promo de ouf mon pote ! Elle a intérêt à être bien cette Bon Voyage maintenant… Dispo en trois tailles donc. clicheskate.com

CHOCOLATE Vincent Alvarez 8,25’ L’arme idéale pour skater à deux mille à l’heure avec les trucks complètement dessérés et des roues rognées jusqu’à la moelle. Switch, pas switch, sketchy, et avec le sourire s’il vous plait. chocolateskateboards.com

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BLAZE SUPPLY JP Villa 8,25’ Une troisième marque de Lyon ? Mais si, c’est possible. ils ont même Flo Marfaing dans le team, ainsi qu’un JP Villa, qui a pris le melon, j’ai l’impression... FB : BlazeSupply

METROPOLITAN Vincent Bressol 8,1’ Metropolitan est de retour avec un team de p’tits jeunes qui fait bien plaisir ! Vincent Bressol, Yann Garin, Lee Smith… Non, sérieusement, ça fait plaisir de les revoir, en espérant que ce coup-ci ce soit la bonne ! metropolitanskateboards.com

ANTIZ pirate flag 8,25’ Chez Antiz, ils aiment ce qui claque, les voitures de sport, le rap business, le luxe, la 4G, les réseaux sociaux, les Nike de ouf… Ah non, pardon, eux c’est les pirates, le Heavy Metal, les tours à l’arrache, tout ça... Autant pour moi, je devais confondre avec autre chose. antizskateboards.com

REKIEM zombies Rekiem c’est quasi du sur mesure. Cette zombie est donc dispo en 17 tailles, le tout fait à la main et avec amour par not’ pote Pierre dans son atelier de Anglet. La déco aussi est faite avec amour par notre autre pote Da, eh ouais,on connaît du monde dans l’Industrie ! rekiem-skateboards.com

TRAUMA Useless Wooden Toys J’en vois déjà qui crient au plagiat parce que Trauma a utilisé le nom de cette fameuse vidéo New Deal de 1990. Eh bien figurezvous que ces jeunes gens ont sagement demandé l’autorisation au « Professor », Paul Schmidt. Trauma, c’est la classe, achetez ! traumaskateboards.com

MAGENTA hill street blues 8’ / 8.125’ / 8.4’ À défaut d’avoir un article sur leur trip à SF, on a déjà la board dans la page matos. C’est mieux que rien non ? Et puis ce qui est rare est précieux il paraît. magentaskateboards.com


akim cherif - frontside noseslide, paris / photo : khalid chhiba mus bennacer × akim cherif × gregoire cuadrado × lionel dominoni lisa jacob × martin keller × mathieu lebail × jon monié samuel partaix × kevin rodrigues × rémy taveira × sylvain tognelli × Vincent Touzery nozbone skateshop, 295 rue du faubourg st antoine 75011 paris - metro nation - 01 43 67 59 67 la boutique en ligne nozbone.com / le blog nozbone-skateshop.com




Vincent Coupeau, tail block judo Photo : Guillaume Périmony

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NUMÉRO XXXIII

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Tim Zom, nose pick, Rotterdam Photo : Marcel Veldman

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Seb Daurel, BS ollie, Bordeaux Photo : David Manaud

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Victor Pellegrin, FS 50-50, Montpellier Photo : Loïc Benoît

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Photos par Davy Van Laere Texte par Fredd

BON BON APPÉTIT VOYAGE La vidéo des Américains de la France

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Je me souviens très bien quand la Lakai est sortie, en 2007 : pour une fois, tout le monde était unanime : Guy Mariano était de retour, mais surtout, ce serait la dernière « vraie » vidéo de skate. Comprenez par-là, la dernière vidéo de plus de vingt minutes, gravée sur un support physique et disponible en skateshop (ou dans un magazine). À l’époque, pour les gens de ma génération (ceux qui étaient encore en vie) qui avaient été élevés aux cassettes VHS copiées et re-copiées, c’était assez difficile à encaisser. Les milliers de petits clips de trois ou quatre minutes qui traînent sur Youtube, pour nous autres, ça n’aura jamais la même saveur qu’une bonne vieille vidéo. Et je suis sûr qu’il en est de même pour la majorité d’entre vous, les jeunes, vous qui lisez encore des magazines en papier. Bref, Fully Flared , c’était la fin des vidéos, on commençait donc à se faire une raison, et puis la Mind Field est sortie et ce coup-ci c’était sûr, ce serait la dernière vraie vidéo de skate, puis il y a eu la Stay Gold, puis Pretty Sweet et la Baker et à chaque fois, c’était vraiment la toute dernière, des dernières « vraies vidéos de skateboard ». J’en conclus que la toute puissance de Youtube ne pourra rien face au pouvoir d’une « vraie bonne vidéo de skateboard » et la prochaine vous est offerte par des Français, monsieur ! Oui, on parle de Bon Voyage , la nouvelle Cliché. Bien-sûr on ne l’a pas encore vue, mais c’est un peu notre spécialité ici de parler de ce qu’on ne connaît pas… Même si, pour une fois, on tient quelques scoops de premier ordre, comme celui-ci, qui vaut son pesant de cacahuètes, accrochez-vous : Rolland Gueissaz et Sébastien Daurel n’auront pas de part’ dans la nouvelle vidéo Cliché ! Eh oui, ça surprend. Les temps changent, que voulez-vous… Jérémie Daclin non-plus n’aura pas de part’, ou alors juste quelques tricks, mais, comme tient à le préciser Boris, ce sera des bons tricks. Comment ça « quel Boris » ? PROUST pardi ! Maintes fois champion d’Europe de FS nosegrind, plusieurs fois nominé aux Oscars dans la catégorie « bluntslides en tout genre » et recordman de France du nombre de parus dans Sugar. C’est pas un louveteau de la dernière pluie l’Boris. Et c’est sans doute 41

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ce qui a poussé les têtes pensantes de chez Cliché à lui confier la lourde charge de tuer le père, Fred Mortagne, et de tout faire pour qu’on l’oublie en réalisant cette vidéo. La tache est rude bien sûr, mais, malgrè l’immense respect que j’ai pour French Fred (va pas trop te la raconter non plus hein !)… c’est jouable. Je m’explique : Cliché n’a jamais eu un team aussi complet qu’aujourd’hui : que des champions de haut vol, le haut du panier, venant de partout : un tiers d’Américains, un demi-tiers d’Australiens, trois quart d’Européens dont une demi douzaine de Français… Tous les ingrédients sont donc réunis pour que cette Bon Voyage, comme Europa et Bon Appétit en leur temps, fasse vibrer les foules… à moins bien sûr, que Boris ne foire tout et qu’on doive le couler dans le béton pour lui apprendre à jouer avec la réputation du fleuron de notre industrie du skate français. Parce que, comme vous le saviez déjà, cette année, la « petite » entreprise lyonnaise fête ses quinze ans, ce qui en fait la plus « vieille » marque du skate français, et les vieux, ça se respecte…


Pete Eldridge est le dernier arrivé dans le team. C’est aussi le quatrième Américain si l’on compte le p’tit Kevin Bradley, encore Flow (plus pour très longtemps j’imagine) et c’est surtout, si je ne m’abuse, le premier à faire un trick en switch sur ce spot parisien. En même temps, le « opposite » c’est sa came au barbu… Switch ollie.

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Quand je vois une photo de Flo Mirtain, je ne peux pas m’empêcher de penser à Chill, le magazine qui n’est plus. C’est donc avec un mélange de pensées morbides et de douce nostalgie que nous vous proposons ici ce Rick flip (fakie FS bigspin heelflip) exécuté avec maestria sur un double set de Majorque.

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Kyron Davis est l’un des p’tits jeunes qui devraient, si l’on en croit ce que raconte Boris Proust, le réalisateur, casser la baraque dans « Bon Voyage ». Boris en sait quelque chose, il l’a filmé et a passé des heures à monter ses tricks les uns après les autres et surtout, il (Boris) n’a fait « que » feeble grind sur ce rail alors que le p’tit Anglais là, il a fait ce FS nosegrind jusqu’au bout. Et au passage, le premier qui appelle ça un over crook se prend mon poing dans la gueule !

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Lucas Puig dernière part’ ? Les paris sont lancés. Switch BS tail sur deux millions de kilomètres to switch heelflip out.

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Kévin Bradley, FS feeble. Long et haut. C’est dommage, avec un t-shirt jaune ça aurait rajouté des bonnes vibrations dans cette photo mon frère.

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Je ne suis pas sûr de bien comprendre le lien qu’il y a entre Odd Future, le groupe de break dance et Kevin Bradley, mais je suis totalement certain que ce qui lie ce p’tit bonhomme à cette armoire électrique est un méchant BS five-O.

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Jean-Baptiste Ginier-Gillet, c’est ce qu’on appelle une valeur sûre. Une mauvaise photo ou séquence de lui, c’est bien simple, ça n’existe pas. La grande classe donc. FS flip fakie nose grind revert à Créteil.

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La part’ de Daniel Espinoza aussi on l’attend avec impatience… On sait plus ou moins de quoi est capable ce jeune homme, mais on attend une confirmation. BS flip transfer à Majorque.

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Quand on a demandé, tout excités, si Charles Collet aurait une vraie bonne part dans la vidéo, Boris a rapidement calmé nos ardeurs. « Charles, il n’a pas grand-chose. Il a de bons trucs, mais il est maudit, je crois. Il se fait tout le temps mal. À chaque Tour, il lui arrive une galère. Là dernièrement, il était en Afrique du Sud pour filmer et il s’est défoncé. » En même temps, ce qu’on en dit, c’est que ce n’est pas la quantité qui compte... Hardflip drop-in à Lyon.

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Nose bonk. Photo Vincent Coupeau

PAUL GRUND Le questionnaire Ă choix multiple


Si tu n’avais jamais posé le pied sur une board tu serais :  encore à genoux dessus X  encore en roller  footballeur professionnel  en finale de Master Chef

Tu te vois skater jusqu’à quel âge ?  à 40 ans, j’en aurai marre, je pense  50 ans, ça me paraît être l’âge critique X tant que ça ne fera pas fuir les filles, je  continuerai !

 avec des prothèses aux chevilles, aux genoux et aux hanches, jusqu’à la mort !

Ou alors c’est l’inverse...

Bordeaux, capitale du skate français ?

 tant que j’y habite, ouais !  je dirais Lyon, plutôt. Plus central, plus grand, plus de spots, plus de business...

 bien-sûr, tant que Seb Daurel sera le président du skate français !

 X non, ça reste Paris quand-même, parce que c’est là que vivent les Bloby’s

Rider pour Polar, avec Pontus Alv comme patron c’est :  l’enfer, ce type est complètement dingue X cool, il est toujours à bloc   la galère, vu que je parle trop mal anglais et pas suèdois…

 facile, faut juste savoir faire des wallrides et des no-complies !

Les tricks pas rentrés dans les magazines, c’est la faute de qui ?  toujours la faute des photographes qui «oublient»…

 toujours la faute des magazines qui devraient s’assurer que chaque trick est bel et bien validé

 toujours la faute du rider, il n’avait qu’à le rentrer !

X toujours de la faute des autres ! 

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D’abord un ollie... Photo : David Manaud

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Puis un BS 50-50... Photo : David Manaud

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Tu as beaucoup voyagé en 2012. Quel trip t’a le plus marqué ?

 X Alicante, skater en t-shirt au soleil en plein hiver, y’a pas mieux

 X Malmö, rien que pour aller faire des wallrides à TBS  X Philly, pour le rêve américain  X Paris, pour les prix, la pluie et la pollution

tous, parce que c’est le meilleur de skater avec les potos !

Choisis la devise qui te convient le mieux :  Les voyages forment la jeunesse  Skate and destroy  Ni dieu ni maître  Plus vite, plus haut, plus fort

Aucune des quatre !

La vidéo française de l’année 2012, pour toi :  Color Your Memories  Megamix  Antiz X Years  Crazy Extreme Skate

La Blobysation, bien-s r !

Le principal problème d’habiter avec un pote qui skate…  X c’est que quand c’est pas moi qui cuisine, on ne bouffe que des pizzas

 c’est que ça fait le double de squatteurs à la maison  c’est que tout tourne uniquement autour du skate, tout le temps

 c’est qu’il ouvre les colis de mes sponsors quand je ne suis pas là

Tu dois constituer une équipe de France de skate pour les JO, tu prends :  Max Génin, Bastien Salabanzi, Adrien Bulard et Julien Béchet

 Oscar Candon, Rémy Taveira, Bastien Duverdier et Joseph Biais

 Kevin Rodrigues, Sylvain Tognelli, Alex Richard et Valentin Bauer

 Lucas Puig, Flo Mirtain, Victor Pellegrin et Maxime Géronzi

Manuel Schenck, Dimitri Biau, et David Manaud

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Et un ollie to BS 50-50 pour finir ! Séquence : Manuel Schenck 57

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Le problème, avec les sponsors de boissons energisantes :

 c’est qu’au final, c’est des types en cravate qui ramassent  c’est que quand ils arrivent avec des grosses liasses de billets, c’est trop dur de refuser

 c’est qu’avec de la vodka, ça passe bien  c’est que c’est de la merde m me avec de la vodka X

Tu tombes sur un rail parfait de 12 marches. Le premier trick auquel tu penses :  BS boardslide  FS boardslide  FS 50 50  BS 50 50  X Autre : FS boardslide par d faut mais je me jetterai

jamais sur un rail de 12 marches moins que la vie de mes potes en d pendent...

En tour à Marseille, tu es témoin d’un braquage. Tu utilises ton téléphone portable pour :

 Filmer la scène dans l’espoir de revendre le footage à prix d’or à TF1

 Appeler la police X Envoyer un SMS à un pote pour lui raconter la scène   Jouer à Angry Birds

Le meilleur moyen pour qu’une fille passée boire l’apéro reste pour la nuit :

 Tu lui prépares un truc qui met des heures à cuire et tu mets discrètement le chauffage à fond

 Tu renverses ton cocktail sur ton pantalon et tu

prétends que tu n’en as pas d’autre de propre, alors tu restes en caleçon  Tu lui racontes qu’un psychopathe a déjà violé 3 filles dans le quartier cette semaine et que tout ça s’est passé entre 8h du soir et 8h du matin  X Tu allumes la cheminée et tu prétends un lumbago (et donc besoin d’un massage)

On te propose tout ça aux mêmes dates, tu choisis quoi ?  De Prague à Helsinki via Berlin faire The Drive de Kingpin

 De Atlanta à San Francisco via Las Vegas faire le King Of The Road de Thrasher

 De Bordeaux à Lyon via Limoges et Périgeux faire le Tour Sans Fin

 De Paris à Dakar via Buenos Aires pour L’Equipe Magazine

n’importe o pourvu que je sois entour de mes potes.

FIN

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Photos par Jelle Keppens Texte par Tura

FIASCO FOIRÉ Un petit tour Volcom dans l’sud au lieu du nord

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Une sacrée bonne idée de partir en tour en janvier… Enfin, sur le papier, ça s’annonçait bien : partir de Biarritz et remonter jusqu’en Belgique avec deux Français, un Hollandais et un Belge (Hugo Maillard, Victor Pellegrin, Nassim Guammaz et Axel Cruysberghs) en ayant bon espoir de faire quelques hammers, des photos, de la vidéo, et un article dans le mag. Sauf que le jour du départ, les trois-quarts de la France (et toute la Belgique) sont recouverts de neige, Victor est blessé et Hugo ne peut pas se libérer de ses obligations scolaires. Qu’à cela ne tienne, autant chez Volcom que chez Soma, l’improvisation ça nous connaît, hors de question de stopper le train en marche à cause d’un petit nuage ou de la moitié du team manquant, on en a vu d’autres ! Lost in translation

En montant dans le van, je réalise que tout le monde est néerlandophone : Axel, Nassim, le team-manager Christian Vankelst et le photographe Jelle Keppens. Vu que mes notions de néerlandais se limitent à commander une bière dans un bar, j’opte pour l’anglais, et puis rapidement, je constate que tout le monde comprend le français. Nassim et Axel restent timides pour le parler mais font des efforts si bien qu’au final, les conversations mélangent les trois langues sans que cela ne pose problème. En plus de ça, Jelle et moi avons des notions d’allemand qui nous permettent parfois de communiquer en toute discrétion. Nassim nous confie aussi qu’il parle arabe à la maison, ce qui fait qu’il maîtrise 4 langues à peu près parfaitement. Bon, ça n’a rien d’exceptionnel, mais ça m’impressionne toujours les types aussi à l’aise en langues, et je me dis que si tant de skateurs belges et hollandais réussissent dans le skate (Youness Amrani, Jarne Verbruggen, Phil Zwijsen, Tim Zom, Wieger VW, Fries Taillieu…), cette maîtrise y est sûrement pour quelque chose. Donc si vous avez l’intention d’aller loin dans le skate, commencez par parler anglais et d’autres langues, ça fera la différence. Enfin, vous faites c’que vous voulez, mais j’en connais qui vont finir par aller nulle part malgré leur talent s’ils ne se mettent pas sérieusement à l’anglais tout de suite… Le sud

Plutôt que d’aller vers le nord, après un coup d’oeil sur les prévisions météo, la décision est prise d’aller trouver le soleil là où il passe le 61

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plus clair de son temps : sur les plages de la Méditerranée. Et vu que Victor vit à Montpellier en ce moment, ça tombe bien, même s’il ne peut pas skater, il pourra nous montrer les spots ! 500 kilomètres plus tard, on y est. On passe une journée à explorer la ville et puis on décide d’aller à Nîmes, en laissant Victor terminer sa convalescence, après un petit stop à Beaulieu (un skatepark DIY au milieu de la garrigue), un lieu effectivement très beau. Depuis le dernier Tour Sans Fin, j’ai réalisé qu’on avait toujours sous-estimé Nîmes. Et avec un guide comme Cédric «Patate» Crouzy qui n’hésite jamais à aller trouver des spots là où personne d’autre n’ose aller chercher et notre duo belgohollandais d’enfonceurs de clous, c’est gagné d’avance. Comme prévu, les hammers pleuvent, à rendre fou de rage un Jim Greco (l’effet comique de cette blague réside dans le fait que Jim Greco, l’inventeur du hammer, aime bien se mettre en colère pour rien, ou plutôt pour tout ce qui ne parle pas de lui). Bref, avec le nouveau bowl prévu pour cet été, on y reviendra à Nîmes… Comme on a récupéré Julien Bénoliel et sa machine à tatouer sur la route, on se laisse convaincre d’aller à Marseille. Et aller à Marseille sans appeler Laurent «Momo» Molinier, c’est comme aller à Paris sans voir la Tour Eiffel. Alors on appelle Momo, et on récupère Karim Chérif au passage pour une journée. Une sacrée équipe et des spots à la pelle… On tente notre chance à Aix le lendemain et on file tout droit, comme prévu, vers le nord, en direction de la Belgique. 20 kilomètres après Aix, il pleut. Vive le sud.


Frites à volonté

Si vous avez déjà passé une semaine sur la route, alors vous connaissez le problème : difficile d’éviter de manger des frites à tous les repas, surtout qu’on a tendance à combler les petites faims en mangeant des chips dans la voiture. Bon, la différence, ici, c’est qu’on a la carte Volcom et celle-ci nous autorise occasionnellement quelques extravagances comme des sushis dont on ne se prive pas. Malgré tout, quand les sessions s’éternisent loin du centre-ville, il arrive qu’on doive se rabattre sur des grands classiques comme le MacDonald’s parce que même si c’est de la merde, il paraît que c’est bon, ou le Flunch parce que les légumes (dont les frites) sont à volonté. Il y a même une assiette sans viande à volonté pour moins de 5 euros, ketchup compris. J’dis ça, j’dis rien, c’est mon côté gastronome qui parle. Aaah le plateau qu’on remplit d’oeufs-mayo ou de carottes rapées, les couverts qui tintent comme à la cantine et les batailles de boulettes de pain, y’a qu’au Flunch que ça marche, tout ça. De toute façon, même en faisant tous les efforts du monde, c’est juste impossible de manger correctement en tour…

Triple Axel

Autrefois, Axel Cruysberghs était un juste un gamin avec une board trop grande qui gagnait tous les contests, dont on attendait simplement qu’il grandisse avec dans l’espoir qu’il gagne en style et que le succès ne lui monte pas à la tête… Axel a aujourd’hui 19 ans, et ce temps-là est arrivé. Il a pris 20 cm, a à peu près arrêté les contests, croisé la route de Dylan Rieder (et de ses ourlets), et a même oublié d’être arrogant. Par chance, il est devenu exactement ce qu’on avait rêvé de lui, voire ce qu’on aurait nous-même rêvé d’être : un type vraiment incroyable en skate, avec une petite classe qui promet de s’affirmer encore, et, mesdemoiselles, qui possède même le permis depuis quelques semaines. Bon, il lui manque encore la voiture, mais le jour où il viendra klaxonner en bas de chez vous n’est pas si loin. Enfin bref, si vous aviez encore des doutes, les photos de cet article auront terminé de vous convaincre. Reste plus qu’à Antiz de s’occuper de lui comme il faut, et tout ira bien. Heureusement, il lui reste encore quelques boutons d’acné et c’est bien fait pour sa gueule. Faudrait pas qu’il soit parfait non-plus ! soma

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Axel Cruysberghs ollie up BS tailslide, Marseille quarante-neuvième éssai (photo : Tura) 63

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Nassim Guammaz Ollie, NĂŽmes premier essai

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Axel Cruysberghs Feeble grind, Nîmes troisième essai

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Axel Cruysberghs Ollie, Nîmes 12ème essai

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Photos et légendes par Loïc Benoît Texte par Bastien Duverdier

BIRMAN’ STYLE Un voyage chez Bouddha

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J’ai reçu un email d’un des «chefs redactors» de la Bible du wallride, du boneless et des conneries en tout genre, qui stipulait d’axer l’article de la Birmanie sur l’histoire et la culture du pays. V’voyez comme Soma se soucie aussi de la culture générale de ses lecteurs... Comme à mon habitude, j’ai rédigé un carnet de bord tout au long de notre périple et celuici parle de lui-même. J’ai donc décidé de vous le retransmettre tel quel. Et vraiment, pas besoin de l’embellir ou de chercher de belles tournures, elles le sont déjà largement assez. C’est un peu plus long que d’habitude, alors prenez le temps de vous asseoir tranquillement, sur le trône par exemple, et plongez-vous dans ce fabuleux voyage que le skate nous a offert. Ah, « nous », c’est Sam Partaix, Phil Zwijsen et moimême pour les cascades et Loïc Benoît et Guillaume Perimony pour les images.

07/11/12 - DANS LE BAIN

Après deux ans d’échec, d’essai, d’organisation foireuse, enfin nous y sommes ! La chaleur est écrasante, l’air est tellement épais que chaque bouffée d’air est comme une grosse barbe à papa que l’on s’enfile d’un trait. On a beau être au courant, en avoir déjà fait l’expérience, s’y être préparé, un pays pauvre, ça choque toujours. Déjà, nous croisons voitures et bus en fin de course depuis probablement des milliers de kilomètres, avec, la plupart du temps, un mec chargé de mettre une cale sous la roue, à cause de la fatigue des freins, plus assez costauds pour retenir l’engin au feu rouge. La Birmanie, rebaptisée «Myanmar» par le Général au pouvoir, a été riche puis très pauvre, à cause de l’isolement du pays par la junte. Aujourd’hui le pays tente de relever la tête. Sous la pression internationale et grâce à la résistante numéro un Aung San Suu Kyi, le parti au pouvoir est en train de s’auto dissoudre et l’espoir refait surface. Hier soir, il faut bien avouer qu’on n’était pas à nos grandes heures de bourlingueurs intrépides, prêts à essayer tout ce qui nous passait sous le nez. On a bien mis deux heures à trouver une table de restaurant ! Les odeurs inconnues des aliments, plus les poubelles, plus la chaleur harassante… Pas évident de se sentir à l’aise dès le premier jour.

730 JOURS APRÈS

Voilà maintenant deux ans que je suis en contact avec Ye Wint 73

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Ko. Après avoir halluciné devant un reportage d’Arte sur lui et ses potes, je lui avais envoyé un email sans trop d’espoir. Il était temps aujourd’hui d’aller lui serrer la pince pour de vrai. Heureusement, avant le départ, il m’avait donné son numéro de téléphone, ce qui m’a permis de l’appeler d’une «cabine téléphonique» à la Birmane style. Oui, car ici cela ne ressemble pas vraiment à une cabine, ce sont en général des mini-stands sur le trottoir, tenus par des jolies femmes, avec simplement trois ou quatre téléphones posés sur une table de pique-nique, qui n’attendent qu’à être décrochés. Revenons à nos moutons, j’ai finalement Ye Wint Ko au bout du fil, il me reconnaît tout de suite en répondant «Allô Batin, Batin?». Malgré une prononciation inacceptable, ça m’a fait super plaisir. Rendez-vous pris : 19h - city shopping center.

08/11/12 - CITY SHOPPING CENTER

Le mec de la réception de l’hôtel prend soin de nous présenter sur une carte tous les sites touristiques importants à voir dans la ville, et à la fin, nous lui demandons où est le centre commercial, lieu dont normalement, tout le monde se fout. Il n’a pas compris. C’est l’un des rares carrés de béton bien lisse de la ville, où les skateurs ont élu domicile en posant quelques modules vraiment usés. T’as cette merde chez toi, tu fais direct une pétition pour aller crier au scandale à la mairie, mais ici ce n’est pas trop le style de la maison. Finalement, la session est vraiment bonne, les t-shirts trempés, jusqu’à ce


que des gouttes de pluie de quatre kilogrammes ne viennent perturber notre Game of S.K.A.T.E. Ye Wint Ko arrive enfin, accompagné de deux potes à lui, aux prénoms impossibles. Il est même plus relax que je ne l’imaginais et puis il parle bien anglais. Il travaille dans l’information et a l’air d’avoir dégoté un bon job qui lui permet en tout cas de posséder un Samsong écran tactile machin truc.

RANGOON

Les rues sont vraiment déroutantes, tout le monde tente de se fabriquer un travail tant bien que mal, ce qui donne des vendeurs en tout genre, serrés les uns contre les autres. Pour manger il y a l’embarras du choix. Des centaines de choses et d’autres, de recettes, d’encas, de fruits, de légumes que l’on ne connaît pas pour la plupart. Le problème c’est qu’on ne les connaît tellement pas qu’on a peur de les manger. Et puis il y a l’hygiène qui est à -20 sur l’échelle de Richter... Parfois, les stands ressemblent à des défis Fort Boyard, genre trouver la brochette qui a le moins de mouches possibles pour la mettre dans sa bouche. En revanche, il y a un gros insecte dont ils raffolent (on était en plein dans la saison), c’est le cricket. Il est plongé (vivant) dans une grande bassine d’huile pour être frit et dégusté tel quel... Soyez un peu ouverts d’esprit, merde ! Au début, vu la couleur des crickets, nous sommes sûrs que ce sont des cafards étalés sur des immenses saladiers... L’approche n’est pas évidente ! Et puis, les locaux nous invitent au resto histoire de faire plus ample connaissance avec eux et les défis Fort Boyard. C’est marrant mais nous prenons tous instinctivement la «brochette patate», de loin la moins risquée de toutes. En ce qui concerne le cartilage inconnu, la patte de poulet vapeur ou la brochette non identifiée, il y a nettement moins de bousculade. Heureusement Ye Wint Ko commande une petite assiette de criquets à l’apéro comme petite mise en bouche. Il faut penser très fort à la logique de la crevette, tu enlèves la tête, tu fermes les yeux, et tu essayes de l’avaler tout rond. Sam et Moi avons testé et... C’est pas si mal, ça a un peu un goût d’herbe, pas de quoi en reprendre un deuxième. Enfin ce serait la même chose pour eux avec un St Agur bien mûr sous le nez... Le choc des cultures.

m’e donne la merveilleuse idée de me tasser deux disques lombaires dessus, pour le plaisir de faire vieillir mon dos d’une petite dizaine d’années en un éclair. Péri(mony), le filmeur, peine à suivre tout le monde sous les 40°. Il devient blanc comme un cul et commence à avoir des sueurs froides, alors on lui accorde une pose de cinq minutes. Le pauvre, il n’aime pas les légumes, du coup il ne se nourrit que de frites, pourtant il est tenace le bougre mais là, il y a surchauffe généralisée.

DOCTEUR BUDDHA

Mon dos étant complètement bloqué, je demande si par hasard ils n’ont pas le numéro d’un ostéopathe dans leurs téléphones (on peut toujours rêver, non ?), ils me trouvent finalement un docteur miraculeux. En arrivant il faut prendre un numéro et attendre sagement son tour dans la salle d’attente, sachant que celle-ci et la salle d’auscultation sont une seule et unique pièce... Donc tout le monde assiste aux consultations ! Elles ne durent pas plus de cinq minutes et cela peut être très varié, du bras d’enfant pété qu’on remet en tirant dessus, à la mamie qui a eu un coup de chaud… Quoi qu’il se passe, il finit toujours par appliquer sa pommade miraculeuse à tout le monde.

09/11/12 - LE RASSEMBLEMENT

En allant se restaurer dans un centre commercial climatisé, on trouve un spot sur le porche du bâtiment. Il se trouve vraiment au mauvais endroit, une sortie de parking s’insérant sur une artère principale bondée de monde, mais skatable. Après quelques essais de Sam, la foule de spectateurs s’épaissit et les visages de Ye Wint Ko et ses potes deviennent de plus en plus inquiets. Un policier déboule en sifflant sévèrement la foule. Ici le rassemblement de plus de 5 personnes est interdit, chose que l’on avait complètement oubliée ! Après coup, les skaters birmans sont trop fiers de regarder les images dans la voiture, ils n’avaient jamais pensé que le spot était skatable.

PEOPLE’$ PARK

L’entrée est payante, le tarif normal est 200 kyats mais le tarif étranger est 4000 kyats ! En fait, y’a un tarif spécial touristes pour tout. Un beau parc bien entretenu avec une belle fontaine et surtout un beau set de marches. Ce qui

Lors d’une visite matinale (5:30 tout de même) pour apprécier le lever du soleil sur les temples, Pery (le filmeur) nous a trouvé ce beau set de marches, que les touristes gravissaient en chaussettes par respect… Sam, boneless vandale.

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PETIT MODÈLE DE CHOIX

DES VRAIS GENTILS

10/11/12 - ROUTE NUMBER ONE

11/11/12 - LES BUS

Les Birmanes sont tout simplement magnifiques. Gracieuses et souriantes en tout temps, elles s’appliquent un maquillage jaune sur les joues et le nez, en forme de rond ou carré. Sur la route, elles se tiennent bien droit sur leur bicyclette, les cheveux au vent, elles ont la classe en elles, surtout quand juste derrière tu as une grosse Allemande en rando-VTT, harnachée comme dans un commando de l’armée. La route pour rejoindre Nyapyidaw, la nouvelle capitale créée de toutes pièces par la junte militaire est de loin la meilleure du pays. Le chantier a tout de même duré cinquante ans. Et c’est d’ailleurs à la sueur du peuple lui-même que la plupart des routes et infrastructures de ce pays ont vu le jour, puisque l’état imposait un travail forcé en enrôlant des milliers d’hommes à la tâche. Sur la route on croise des travailleurs en plein cagnard, dont certains n’ont pas du tout la carrure adaptée à ce genre de travaux, comme ce petit bout de femme qui pourrait pu être ma grand-mère, en train de repeindre les lignes blanches à la main !

NYAPYIDAW

Surnommée « cité interdite », mais que je re-surnommerais volontiers « fion du monde ». Excentrée, au milieu de nulle part, il a beau faire 40°, l’atmosphère est glaciale. Les quartiers sont très espacés les uns des autres, reliés par d’immenses artères de seize voies qui sont aussi, officieusement, des pistes d’atterrissage militaire. Parfois une voiture, ou un policier au milieu du tarmac, vous fait un grand sourire en vous soufflant des bisous, non je déconne, mieux vaut ne pas tomber en panne. Les fonctionnaires de la junte sont logés dans des résidences flambant neuves, avec un golf impeccable et centres commerciaux tous complètement vides. Une grande pagode surplombe la ville, mais en y regardant de plus prés, ce n’est qu’un bibelot géant construit à la va vite.

AC/DC

Attablés dans un petit resto, on attend notre plâtrée de riz quand soudain, noir complet, panne d’électricité générale ! ça fait un drôle d’effet, mais c’est monnaie courante ici, même dans les plus grandes villes du pays cela arrive presque tous les jours. Ils ont tous des bougies et des générateurs pour pallier à ce genre d’ennuis. Certaines villes un peu moins importantes se partagent même l’électricité, en la répartissant à des heures bien précises.

N.L.G

Toujours dans la nouvelle capitale, National Landmark Garden est soi-disant le parc national. Ayant la forme du pays, chaque région est représentée par un édifice en plastoc, parsemée d’attractions miteuses dont les boulons n’inspirent pas confiance. Bon honnêtement, venir ici, c’est donner directement son fric au général Ne Win (le méchant des méchants), d’ailleurs y’a pas un chat, à part les quarante employés du parc et nous. Nous ne sommes pas très fiers, mais c’est le seul endroit du pays où il y a un skatepark, et puis il faut vous montrer tout ce manège ridicule. J’oubliais, non loin de là, il y a aussi un nouveau parc où ils ont lâché quelques tigres et autres bestioles pour faire des faux safaris en 4x4, je vous laisse le soin d’aller tester vous-même... 75

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La gentillesse des Birmans est vraiment hallucinante. Toujours respectueux, honnêtes, gentils, je ne compte plus tous les petits gestes auxquels nous avons eu droit tout au long de notre voyage. Et puis on se sent en sécurité, la violence se fait rare, les vols quasi inexistants... D’un côté si tu te fais prendre la main dans le sac, au mieux t’es condamné à mort, au pire tu vas en prison à vie. Nous choisissons le bus comme moyen de transport, le moins cher, le plus rapide, enfin… Tu peux en avoir pour quinze heures très facilement ! C’est marrant car vu l’état des routes et la vitesse à laquelle ils roulent, tu te dis que les Birmans ont forcément l’habitude et supportent bien les longs trajets. Alors que pas du tout ! Il y en a toujours deux ou trois qui gerbent en cours de route, d’ailleurs les sacs à vomi sont distribués systématiquement dans tous les cars. Aussi, il n’est pas rare d’être assis à côté d’un moine bouddhiste, vu qu’ils sont environ 500 000 dans le pays. Un moine voyage toujours sans rien, vu qu’il ne doit ni travailler, ni rien posséder qui ne lui soit donné. Ils n’a droit qu’à sept objets personnels et Loïc se demandait si une paire de tongs, cela compte pour un ou deux objets ?

12/11/12 - 3H30 DU MATIN - BAGAN

À notre arrivée, un taxi très serviable, qui nous monte tous nos bagages un par un sur le toit de son pick-up, nous amène à toute allure à l’hôtel que nous avons réservé. Nous réveillons le réceptionniste qui nous dit avec un grand sourire qu’il croyait que nous arrivions le lendemain, et qu’il n’y a pas de place pour nous... Et là, il se passe quelque chose que je n’ai vu nulle part ailleurs : le taxi va toquer à tous les hôtels de la ville, jusqu’à nous trouver des chambres libres (je vous rappelle qu’il est 3h30 du mat’). Quand je vous dis qu’ils sont vraiment gentils ici !

BAGAN

Les guides touristiques ne mentent pas, Bagan est magique, des milliers de pagodes partout, libres d’accès, à parcourir en vélo en totale liberté. C’est un lieux sacré pour tout bouddhiste qui se respecte, ce site a traversé les époques, et la plupart des édifices sont toujours debouts. Il n’y a quasiment pas de règles, ce qui permet de grimper sur les pagodes et de savourer une vue complètement incroyable. Loïc, Péri et Sam ont la bonne idée d’y aller au lever du jour ce qui leur évite de se coltiner la plâtrée de touristes du soir.

LA MINUTE BELGE

Phil perd son portefeuille avec toute sa vie et son fric dedans, il le retrouve le soir même sur sa table de chevet, déposé là par un bon samaritain anonyme. Avec le fric qu’il y avait dans le portefeuille le mec aurait pu nourrir sa famille pendant deux mois... Je vous ai déjà dit qu’ils étaient sympas les Birmans ?

LE BÉTEL

Les Birmans adorent chiquer un mélange de feuilles et de chaux : le Bétel. En gros, c’est la drogue nationale et légale (sans oublier que le pays est un grenier à héroïne). Ils se calent leur petit colis de feuille dans le coin de la bouche, ce qui leur donne de l’énergie et leur coupe la faim. [suite page 80]


Phil a bataillé deux bonnes heures sous un soleil de plomb avec une humidité à décoller la tapisserie pour rentrer ce Five-o… Une dizaine de fois la board à l’eau et un chauffeur qui nous attend sans comprendre l’acharnement de Phil…

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Déjà, pour les Birmans le simple fait de nous voir faire du skate leur paraissai=t dingue, alors je vous laisse imaginer lorsqu’ils ont vu Sam skater avec les pieds mais aussi avec les mains... Wallride handplant.

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Phil, encore au skatepark… Toujours aussi coloré, toujours au milieu de nulle part et toujours aussi peu fréquenté ! FS nose grind stale fish.

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Nyi Nyi Naing par dessus un watergap situé dans le park bordant la pagode « Paya Shwedagon » à Yangoon. Un joli park avec quelques spots qui vous en coûtera l’équivalent de 4 euros l’accès. Cher pour ce pays ! Kickflip.

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Phil. Session folle dans les rues de Mandalay avec une humidité ambiante au maximum. Circulation bloquée pendant deux bonnes heures, aucune plainte, aucun geste d’agression. Toutefois, alors que nous reprenons des forces après cette session, un officier de police en civil vient nous questionner, nous demandant nos noms. Nous donnons tous un faux prénom sans nom de famille, et alors qu’il questionne ses supérieurs par téléphone sur nos « statuts », nous prenons la poudre d’escampette en douce… Ceci fut notre seul contact avec la police ! Varial heel.

Bastien, skatepark Nay Pyi Taw. Crooked up.

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En contrepartie, ils crachent des jets rougeâtres immondes et leurs dents virent carrément au noir en fin de parcours. A ce niveau, même un détartrage à coup de karcher de bagnole est peine perdue.

14/11/12 - MANDALAY

Un bonne grosse ville qui gravite autour d’un palais royal immense qu’on n’a pas visité faute de temps. Il y a un spot en plein milieu d’un grand carrefour bondé de monde. L’air y est difficilement respirable, mais une foule de curieux nous rejoint en plein milieu du carrefour, interloqués par le BS nose blunt de Sam et le tréflip de Phil. Un flic tente tant bien que mal de mettre un peu d’ordre dans ce fouillis géant, mais en aucun cas il ne nous empêche de skater.

NAZI TOUCH

Les croix gammées sont en vogue dans tout le pays, on croise plein de t-shirts avec des énormes signes nazis, mais le nec’ plus ultra sont les casques militaires SS pour faire de la moto. Tu peux même croiser des mamies avec de la grosse croix en déco frontale ! En fait, ils savent ce que cela représente, mais n’en mesurent pas l’importance, c’est juste qu’ils aiment bien le design.

MADE IN JUSTE À CÔTÉ

Ici, presque pas d’importation, mis à part les bagnoles, ce qui veut dire pas de fromage, pas de chocolat, que des produits fabriqués localement ou du moins dans le pays. Même le whisky est birman ! Alors que chez nous il devient tellement rare qu’un produit soit made in France, ici, pas de McDo, pas de chichon landais, de calamar espagnol ou d’avocat du Pérou. Que du local ! Ça paraît fou aujourd’hui, pourtant, il n’y a rien de plus normal quand on y pense.

15/11/12 - LAC INLE

Le lac Inle est la carte postale du pays. Les pêcheurs ont trouvé une technique unique au monde en ramant avec une jambe, ce qui leur laisse les mains libres pour manipuler leurs filets. Nous, Français, avons trouvé la technique de la conduite au genou pour envoyer des textos sur l’autoroute, mais la différence c’est qu’à part les flics, tout le monde s’en fout. Les pêcheurs vivent sur des villages flottant en plein milieu du lac, où ils cultivent aussi tout un tas de trucs comme des feuilles de lotus, matière première pour tisser des vêtements. Sans transition, on tombe sur une pub Toyota en plein milieu du village ! Nous choisissons le forfait ‘virée en bateau’ (plus pratique que de louer une Toyota) pour visiter le lac. Notre pirogue est très longue et pas plus large qu’un cul. Le moteur fait le bruit d’un marteau-pilon et nous voilà donc partis plein gaz, à la découverte des mystères du lac Inle (comme les 20000 tonnes de touristes, chaque jour). Il faut bien avouer que le site est magnifique, les jardins flottants intrigants, la culture de la pêche majestueuse et les villages authentiques. C’est là que nous intervenons avec notre gros bateau à moteur en naviguant dans les « ruelles », surprenant une villageoise en pleine toilette, s’arrêtant à deux mètres des pêcheurs au travail, pour remplir de souvenirs la carte mémoire d’un appareil photo numérique que même trois générations de pêcheurs ne pourraient s’offrir. 81

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Le guide nous dépose sur un bungalow où sont véritablement « exposées » des femmes Padaung, connues pour leur long cou encerclé par des anneaux de cuivre. Là encore, une Japonaise place son gros Ipad sous le nez de la femme girafe, capturant la magie d’une rencontre entre deux peuples... Honnêtement, malgré la beauté du lieu, je ressens comme un malaise ambiant tout au long de cette visite, j’espère vous l’avoir transmis.

LA MINUTE BELGE

Phil achete une chemise locale faite main par une petite couturière. Il est content de s’offrir une chemise made in Birmanie. Je crois que son cerveau a fait preuve d’une plus grande flexibilité que d’habitude en matière de fringues, parce que le vêtement est vraiment bizarrement foutu, taillé pour un petit gros avec des bras courts… Mais il est content.

17/11/12 - PINDAYA

L’aventure s’arrête ici pour Sam, Phil et Péri. Loïc et moi allons devoir continuer en tête à tête. Direction Pindaya, un village un peu moins référencé sur les guides, le but étant justement de s’écarter du circuit tout tracé et contrôlé par le gouvernement. Plus la route avance, plus on recule dans le temps. Des cultures de maïs, blé, choux, potirons, des paysans labourent la terre, tirent parfois eux-mêmes la charrue faute de moyens. Des femmes s’abritant sous des parapluies traditionnels en bambou, quand les averses sont trop fortes. Le bus klaxonne de temps en temps pour avertir les calèches que l’on croise. Des ruches sont alignées le long des cultures. D’ailleurs, ici le miel ne coûte rien et la question du bio ne se pose pas. Pindaya possède la grotte aux 8000 bouddhas, tous empilés les uns sur les autres, recouverts d’or, de la taille d’un pouce à celle d’un homme, ressemblant tellement aux décors de stargate SG 1. J’ai bien essayé de trouver une porte des étoiles dans le coin, mais j’ai rien vu.

BOUDDHA SE LA COULE DOUCE

Si à tout hasard tu t’appelles Bouddha, sache qu’en Birmanie, tu n’auras pas de problème de logement. Dans chaque ville, village, pâté de maison, il y a au moins une pagode ou un autel réservé exclusivement pour les Bouddhas. Et puis les mieux entretenus du pays ! Les Birmans mettent tout leur fric là-dedans, préférant offrir aux Bouddhas un bel autel, qu’arranger leurs bicoques foireuses. C’est l’assurance réincarnation !

SOIRÉE DE OUF

Il n’y a l’électricité que le soir et encore, l’ampoule de la chambre brillote à peine ! Pas grand-chose d’autre à faire à part se cogner partout dans le noir, ou avoir de longues discussions sur la vie, la mort, les meufs, le skate, à tenter de comprendre pour la millième fois qu’est-ce qu’on fout sur cette planète. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas couchés aussi tôt, Loïc ronfle déjà à 21h13.

21/11/12 - LA PARTIE SOLO

Loïc finit par partir lui aussi, me voilà tout seul. Je me dit que c’est le meilleur moment pour organiser une randonnée de cinq heures, jusqu’à un tout petit village perdu dans la montagne, histoire de me tester un peu. Bon je vais


être honnête avec vous, je ne fais absolument jamais de randonnée, je n’ai naturellement aucune notion de la montagne et je ne sais pas pourquoi, mais je m’imaginais plus une ambiance balade, oiseaux qui chantent et la petite pause clope qui détend les muscles... Le lendemain, je prépare minutieusement mes affaires de rando : un K-way, ma guitare, une brosse à dents. Le réceptionniste de l’hôtel me fait un vieux plan sur un bout de papier et me propose même de m’amener en moto jusqu’à ce que le chemin ne soit plus praticable... Oh le con, il n’avait pas menti, le chemin est tellement escarpé que je crains que la bécane ne se déboulonne à tout moment. Et puis je dois faire la moitié à pied à cause de la piste beaucoup trop pentue, impraticable à deux sur cette moto. Nous croisons un groupe de randonneurs suréquipés avec un guide et des colporteurs, là, je commence petit à petit à perdre mon sourire de touriste aventurier. Enfin, nous arrivons au bout. Il n’en rajoutait pas quand il disait « plus praticable en moto », le machin est tout juste praticable à pied ! - Thank you very much, bye bye Mister Soso ! Je suis maintenant bel et bien seul au monde, dans mes Vans TNT 2 toutes trouées, face à mes trois heures de sentier boueux et rocailleux, plongé dans une végétation de type jungle. Je sue tous les litres de thé qu’on m’a proposé dans ce pays. L’humidité ambiante recouvre les montagnes d’un vert foncé tropical et ma jauge de confiance baisse à la vitesse de Tony Hawk Pro Skater 4. En regardant de plus près, il y a une peuplade d’insectes, notamment des araignées aux couleurs très vives, qui m’indiquent instinctivement que ce n’est pas le moment de les toucher. Je reprends mon souffle quand j’aperçois pile en face de moi une espèce de gros nuage, très épais, très noir, le genre qui optimise la place pour te caser un maximum de flotte. Mon pas s’accélére encore, j’imagine me faire emporter dans un torrent de boue. En plus je porte le longyi, sorte de paréo traditionnel pour homme, enfin t’imagines pas la touche que j’ai...

palais d’Européen. Quand mon ventre n’en peut plus, ils se commencent à manger, mais à part, accoudés à une minitable pour enfant. Entre temps, le moine est reparti au monastère préparer ma chambre et border lui-même mon lit. Il est l’heure pour moi de fermer les yeux, de penser à la simplicité, la gentillesse, la joie et le respect que ces gens m’ont offert, et d’essayer d’arriver un jour, ne serait-ce qu’à leur cheville, rien que pour montrer l’exemple.

YASAGI

J’arrive enfin à bon port, juste avant une pluie de balles de golf ! Le monastère est situé tout en haut du village, le moine me fait signe d’entrer, et m’offre des petits gâteaux et devinez quoi, du thé. Il est très accessible, il a des tatouages et fume des clopes, se marre tout le temps. Un gars comme toi et moi, mais en moine. Il ne parle pas la même langue que dans la vallée, car pour simplifier les choses, il y a une centaine de dialectes différents dans le pays. Du coup je me dis que la guitare est un bon médium pour partager quelque chose. Un peu plus tard, en me baladant, une mamie m’interpelle avec des grands signes de la main. Elle m’a invité à boire devinez quoi dans sa cabane en bambou avec tout le tié-quar ! Les petits sont impressionnés par ma peau blanche, ils me montrent leurs cahiers d’école, fiers comme des bars-tabac tout neufs, et à côté, papi fume des cigares pour en rajouter une couche à la maisonnette déjà noircie par la suie du feu central. Et puis, un homme, du nom de Lé Pô, vient me chercher. En un geste, j’ai compris. « Allez suis moi, vite ça va être froid ! ». J’arrive chez lui, toute sa famille est là, ma table personnelle est dressée, avec une dizaine de plats différents, dont des frites maison ! Ils me contemplent en train de me goinfrer avec mes doigts dégueux (ici, pas de couverts), je dois forcément tout goûter, la plupart des plats sont délicieux sauf quelques saveurs bien trop étrangères à mon soma

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Sam, skatepark du National Park situé en « banlieue » de Nay Pyi Taw. Désolé pour toutes les photos de ce skatepark ; les street spots exploitables en Birmanie sont rares, et avec la savane et un décor comme celui-là, on n’a pas résisté ! Method.

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Bastien, ollie de bonne facture sous des yeux birmans ne comprenant pas comment la planche lui colle aux pieds... Un grand moment, avec un final sous les applaudissements !

Phil, aux abords de la pagode « Paya Shwedagon ». Ollie Up to FS blunt.

FIN soma

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NUMÉRO XXXIII Joseph Biais, FS 50-50 to BS 50-50 Séquence : Loïc Benoît

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Wieger Van Wageningen, FS tailslide pop over. SĂŠquence : Marcel Veldman

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Dave Mackey, ollie up to nose stall (avec l’escalator en marche). SÊquence : Tura


EN VRAC LE COURRIER DU MOIS Hey les gars ! Je vous balance une photo (et l’histoire), du certainement dernier trick à la courbe du Havre et ça a pas été du gâteau pour shooter... Étant informé de la mort de l’architecte [Niemeyer NDLR] et de la restructuration de tout l’espace culturel dans ma ville natale (chantier jusqu’en 2014, tain !), je me suis dit qu’il fallait au moins shooter un trick avant que ces cons ne la détruisent. Je suis donc parti de Nantes en direction du Havre, pour les fêtes aussi, et les cuites à gogo avec les potos... parce qu’au Havre, l’hiver, bah y’a pas grand-chose à faire à part se la mettre bien (humidité, froid, vent, accent havrais). Bref, on se comprend et les Havrais se reconnaitront. J’envoie un texto à Jocelyn peu de temps après mon retour lui disant qu’il faudrait que je le shoote avant la fin du spot. C’est vrai que ce spot est un peu mythique pour nous les locaux (et ceux qui se sont délocalisés). La courbe a été shreddée durant des années, certains ont même appris la courbe dessus et j’en fais partie. En plus, pas mal de pros de France et de Navarre se sont bien fait plaisir dans cet espace culturel, les Battles of Normandy, etc, bref vous connaissez ! En fait, il a fallu attendre plus de trois semaines avant que cela ne soit possible, tout simplement à cause de la pluie permanente et de l’humidité constante... Peu de temps avant mon retour à Nantes, le jour J était arrivé. C’est même Jocelyn qui m’avait contacté car j’avais un peu perdu espoir à vrai dire. On se donne rendezvous devant l’espace en chantier qui est entouré de grilles, pas moyen d’y rentrer sans escalader. On passe, le spot est dégueulasse, du béton à moitié humide dégouline en bas de la courbe, des touffes d’herbes ont poussé à travers les rainures. Jocelyn fait un peu de ménage, je sors mon vieux Fujica lorsqu’on entend un mec gueuler à l’autre bout du spot. On se dit alors que ça sera pas si facile que ça, en plus le mec de la sécurité a l’air d’être con (et dire qu’avant, 91

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on pouvait skater 24h/24h...). Avec Jo, on marche en direction du gars et on se présente. Pas forcément le temps de se présenter qu’il nous demande de dégager. On insiste, il refuse, alors on se fait passer pour des pros chargés de faire la photo. Il est plutôt réticent, prétendant premièrement qu’il y a le park à la plage, deuxièmement qu’il y a des produits chimiques plus bas et qu’il ne veut pas que quelqu’un se blesse de peur de se faire virer par son patron. Je pense aussi qu’il n’en a rien à « carrer » du spot, ni même (je pense) de l’architecture de Monsieur Niemeyer, il fait son job, quoi. On arrive à obtenir un peu de temps, moins de 15 minutes. Jocelyn ne sait pas quoi faire en plus. Il voulait tâter du bluntslide mais pas le temps de waxer la courbe, donc on part pour un FS crailtap. Je m’installe avec mon boîtier. Le mec ne bronche pas du spot et regarde Jo louper ses tentatives. Il se fait de plus en plus pressant. De mon côté, je prie pour que Jo rentre son trick. C’est alors qu’il nous demande de partir. On réclame trois essais, il dit OK. Jo rate encore ses trois tentatives, on s’en fout on continue (le mec ne doit pas savoir compter), 4 essais plus tard et c’est finalement dans la boîte, petits cris de bonheur puis on dégage... Fin de l’histoire, le trick est rentré et on dit bye-bye à cette chère courbe qui nous a fait rêver, qui nous a aussi fait mal plus d’une fois et on remercie Oscar Niemeyer. Repose en paix! Thomas Girondel


Léchoppe - 11h/19h30 du lundi au samedi 29, rue au Maire - 75003 paris - M° Arts & Métiers facebook.com/LechoppeparisSkate Rider : ARRAJI S S YA INe Marocco h c Marrake

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Mars du 04 Mars au 08 Mars 2013 du 11 Mars au 15 Mars 2013 Avril-Mai du 29 Avril au 03 Mai 2013 du 06 Mai au 10 Mai 2013 Juillet du Lundi au Vendredi Août du 26 au 30 Août 2013

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EN VRAC LA THÉORIE DU COMPLOT Le bouclage, c’est le nom que l’on donne aux

dix derniers jours avant d’envoyer le magazine à l’impression. C’est un moment crucial, parce que c’est là qu’on assemble tous les articles et qu’on fait en vitesse ce qui aurait dû être fait depuis au moins trois semaines. En gros, si on foire le bouclage, on foire le magazine. C’est aussi simple que cela. Or, pour le numéro que vous tenez dans les mains, Tura et moi avons choppé la grippe pile pendant la dernière semaine de bouclage… Comme de par hasard ! Mais attention, la vraie grippe qui cloue au lit et qui empêche de faire quoi que ce soit. Le magazine s’est donc bouclé dans un niveau de mollesse assez vertigineux. Alors bien sûr, on n’est pas dupes. On sait très bien que c’est un coup des mecs de Sugar et notre vengeance sera évidemment terrible. Cependant, tant que leur culpabilité n’aura pas été totalement prouvée, accordons leur le bénéfice du doute et continuons d’enquêter en parallèle sur la piste d’Al Qaïda. Mais vous ne payez rien pour attendre les mecs ! -Fredd

Bon, on aime bien parler de nous, mais est-ce qu’on vous a déjà parlé de notre bureau ? Non ? Si ? Peu importe, voici où toute la magie se passe, les grandes idées naissent et où c’qu’on attrape la grippe, aussi.

À PROPOS DE LA COUV’

LA SOLUTION

Pour ceux qui se demandaient si Axel Cruysberghs était allé jusqu’au

Quatre au lieu de six ! Voilà notre idée

bout du rail, la réponse est négative… C’est pas faute d’avoir essayé, mais après une soixantaine d’essais sans jamais se faire peur et une usure prématurée de ses trucks, il se sera contenté des deux-tiers. C’en était désolant pour lui autant que pour nous qui n’attendions que de le voir arriver au bout. Cela dit, en plus d’un bon 20 mètres de grind, être témoin d’un tel contrôle, d’assurance, de calme et de résignation sur un spot aussi dingue valait son pesant d’or. En bon gentleman, disons qu’Axel aura laissé la porte ouverte à un Hugo ou un Boris… D’ici là, il y a toujours la vidéo, sur www.somaskate.com. -DT

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géniale pour résoudre tous les problèmes qu’on évoquait dans notre intro alarmiste du dernier numéro. Le problème de la crise, celui de la faim dans le monde, celui de la montée de l’extrème droite et même celui du trou de la sécu, la solution est là mes amis ! Il y aura donc quatre numéros de Soma en 2013, soit deux de moins que les autres années. C’est pas ce qu’on peut appeler une solution révolutionnaire, mais c’est ce qu’on avait de mieux en magasin. Et puis elle commence à prendre de la place votre collec’ de Soma, donc c’est pas un mal si ça sort moins fréquement, non ? L’autre avantage, c’est que ça va nous forcer à être plus sélectif et qu’on aura plus de temps pour traiter les sujets donc, selon toute logique, la qualité des magazines devrait s’en retrouver accrue (normalement, hein). Ce premier numéro de cette « nouvelle formule » est une assez bon exemple, un trip en Birmanie, des tricks de ouf de Paul Grund, les superstars de chez Cliché, les hammers de Axel Cruysberghs et Nassim Guammaz… c’est plutôt pas mal pour un numéro d’hiver. Et puis, le but de tout ça, c’est que quand on aura réussi à relancer l’économie mondiale en supprimant deux numéros, on puisse repasser à six numéros en 2014. Trop facile ! -Fredd


alex hermann – paul denau – toni brossard jonathan jean-philippe – joseph biais

francky eyoum – ollie photo florian lanni

64/68 rue st honoré métro louvre rivoli/les halles 01 40 41 98 69

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EN VRAC LES CHIFFRES

en centimètres, la hauteur de la nouvelle mini-rampe du Cosanostra Skatepark à Chelles

le nombre de départs du Tour Sans Fin prévus en 2013

en centimètres, la hauteur de la partie la plus haute du nouveau bowl de la Bifurk, à Grenoble

2 1

4

235 209

145

l’année où Mark «Gator» Anthony-Rogowski est sensé sortir de prison

2023

en minute, le temps qu’il aura fallu pour vider la bouteille de champagne qu’on a gagné avec l’award de la meilleure couv’ au Bright, à Berlin en janvier

13

en moyenne, le nombre de roues sous une planche de skateboard profesionnelle

en gramme, le poids de l’exemplaire de SOMA que vous avez entre les mains

en pouces, la taille de l’écran d’ordinateur sur lequel a été monté ce magazine

LE TOUR SANS FIN, PROCHAIN EPISODE Le Tour Sans Fin #5 partira de Marseille vers le 8 avril et remontera vers le nord, histoire d’être làhaut cet été. Par contre, impossible de dire avant le jour du départ quelles villes on traversera puisqu’on improvisera, comme d’habitude. Quant à l’équipe, on ne sait pas non-plus, mais il y a toutes les chances pour qu’Oscar finisse par squatter le van, comme toujours, et qu’on « La Maximator, c’est du jus de chien-capuche ! » embarque un marseillais avec nous… Rémy Taveira, Tour Sans Fin #1 En attendant, voici un florilège de petites phrases qu’on a pu entendre « The technique was to kiss you so we turned on the ladies ! » au cours des 4 premiers épisodes. Oscar Candon à Phil Zwijsen, Tour Sans Fin #4

« J’ai une oreille au soleil ! » - Morgan Fabvre « Ça ferait une bonne expression ! » - Bram de Cleen Tour Sans Fin #3 « Je lisais Onze Mondial, en scred ! » Valentin Bauer, Tour Sans Fin #3

« Hanouka, c’est de la pommade ! »

Rémy Taveira, Tour Sans Fin #1

« On dirait une mouche coincée dans une tête de mort. » Rémy Taveira, Tour Sans Fin #1

« C’est pas des cougars, c’est des courgettes ! » Bram de Cleen, Tour Sans Fin #3

« J’ai du mal à t’expliquer, faut que je me comprenne moi-même… » Bram de Cleen, Tour Sans Fin #3 Bram De Cleen, la langue bien pendue, TSF #3.

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Pour visionner les 4 premiers épisodes du Tour Sans Fin : www.somaskate.com/videos




@SOMASKATE

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MAXIME GERONZI INSPIRED BY KOSTON


#RESPECT T HEPAS T TRIC K

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3 7 ATTEMPTS

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TRIC K HISTORY: ERIC KOSTON SKATED THIS HUBBA IN 2000. OBSTACLE

HUBBA

16 2 HRS

STEPS

1 KM

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DISTANCE TO EIFFEL TOWER

LOC ATION

LE DOME PARIS, FRANCE

08°C

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ES 0-50 - NÎM HS - FS 5 Photo : Tura G R E B S Y AXEL CRU

ridicule. » itive que n fi é d erbes n e r n’être de Malesh peine pou ume de Lamoignon la e d n Guilla nne bie - Chrétien t on se do « Souven


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