NumĂŠro treNte-et-uN / raggamuffiN magaziNe
INTRO
duction
Son vrai nom, à Zeb, c’est Thomas Busuttil. À part être parisien, c’est aussi un être humain, et comme l’indique le texte cicontre, il cherche du boulot. N’hésitez pas à le contacter, en dehors de skater en Crocs, il sait à peu près tout faire : vendre de la pub, construire des modules de skate, organiser des soirées, faire des photos, et même draguer les filles qui bossent dans les bureaux de nos potes... FS rock’n roll, Sondika (Espagne) Photo : Vincent Coupeau
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais nous, elle nous a bien fait bien marrer cette photo de Zeb… Ha ha, le con ! Zeb c’est le petit dernier dans l’équipe, on l’a enrôlé dans l’aventure il y a environ un an pour qu’il nous aide à vendre de la pub, notamment sur somaskate.com et À Propos, le fanzine que Tura fait sur la scène parisienne. On l’aime bien notre petit Zeb, il est sympa et il bosse bien. Il est sérieux quand il faut l’être, et il n’hésite pas à dégainer ses Crocs camo et son T-shirt lolcat quand il faut amuser la galerie. Ha ha ! Les Crocs putain, j’aurais jamais osé ! Il est bon, il est bon… Ah, au fait, message personnel pour Zeb : t’es viré ! Non, sans dec’, t’es vraiment viré… Qu’est-ce que tu veux, c’est la crise mon pote, la moitié de nos annonceurs nous trouvent subitement obsolètes avec notre magazine en papier… Alors voilà, nous aussi faut qu’on fasse des économies, avant de mettre la clé sous la porte. En même temps, l’idée d’un éventuel ultime numéro nous fait presque envie, celui où on balancera tous les dossiers qu’on garde au chaud depuis des années : tous les coups de pute, les petits arrangements entre amis, les explosions d’égos surdimensionnés… Tout est archivé, en lieu sûr, et ne demande qu’à être exposé au grand jour. Ha ha, y’en a qui rient jaune d’un seul coup ! Oui bon, les temps sont durs, mais on ne va pas lâcher l’affaire tout de suite. On réfléchit à une solution, une nouvelle formule. Une sorte d’idée géniale qui nous permettrait de continuer à faire du papier, sans être à la ramasse sur l’Internet. Parce que malgré tout, on y croit encore au papier. Les mags de skate sont une des grandes raisons pour lesquelles on pousse encore le bout de bois après toutes ces années, alors on ne va pas baisser les bras, pas de panique, inutile de nous envoyer vos chèques de soutien dès maintenant (allez, si vous insistez, envoyez du cash par contre, on préfère). De toute façon, avec un peu de chance, la fin du monde aura réglé tous nos problèmes ! Allez, salut, on se voit en enfer ! -Fredd soma
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©2012 VANS, INC.
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Alexis Jamet, ollie du côté de Tours. Photo : Jo Dezecot
12 - Le Jeune Arno Wagner, souvenez-vous de lui !
48 - Tour Rvca U.S.A. vs Europe
14 - Le Vieux Impossible d’oublier Kamel Hamida…
58 - Le Tour sans Fin Volume 4 Oscar, Bénoliel, Phil Z, Sammy & co
18 - ABC Le drop par my man Mimi 20 - L’matos Spéciale dédicace à Sugar mon frère ! 30 - SUAS P’tit Alex, Nabil, Mat’ D... 38 - Victor Pellegrin Cascadeur rastafarien
74 - Pretty Sweet Déguisements et gratte-dos 78 - Rekiem en Espagne Pêche et tradition 86 - Le Vrac de la fin Pour les geeks, cinéphiles, métaleux, matheux et intellos
BS SMITH BS 360 OUT | GASTÓN FRANCISCO PHOTO
SEE MORE OF JOSEF SCOTT JATTA ON FACEBOOK.COM/DCSHOES.EUROPE
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Pierre «Caribou» Martinieau, BS air, Nantes. Photo : Tristan Vergnault
Directeur de la publication David Turakiewicz [tura@somaskate.com] Rédaction en chef Fred Demard [fred@somaskate.com] Publicité David Turakiewicz assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [thomas@somaskate.com] Mise en page Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Vincent Coupeau / Loïc Benoît / Clément Le Gall / Jelle Keppens / Jo Dezecot / Hendrik Herzmann Ben Colen / Jonathan Peters / Tristan Vergnault
Soma est édité par Les éditions du garage SARL 13, rue de l’Isère 38000 Grenoble info@somaskate.com ISSN : 1959-2450
Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication, édition, ou sous n’importe quelle autre forme est interdite, faisez gaffe, on vous a à l’oeil. 8
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Liste de diffusion, informations, anciens numéros, vidéos, commentaires désabusés, publicités et autres blogueries... Tout est sur
www.somaskate.com
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LE jeun
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Arno Wagner FS 50-50 to fakie 50-50 to fakie à Gorge de Loup (Lyon). Photos : Loïc Benoît
Age : Bientôt 17 ans. Lieu de naissance : Grenoble. Lieu de résidence actuel : Grenoble city toujours ! Années de skate : Bientôt 6. Skateurs de référence : Ali Boulala ! Mais je suis aussi fan de Dylan Rieder… Vidéos de référence : Flip « Sorry », Alien Workshop « Mindfield ». Première board : Une Décathlon, mais ma première vraie board c’était une Flip Boulala. Je l’ai eue pour mes 11 ans. Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ? Il peut se passer tellement de choses en 15 ans ! J’espère que je skaterai toujours, que je serai à un endroit où la vie et les gens sont cool, que je continuerai à faire de belles rencontres et que je travaillerai dans l’art, la musique ou tout simplement dans le milieu du skate. Sponsors : Atohm skateboarding, SkullCandy, Kingdred clothing, Sweell skateshop et le Skatepark de Grenoble.
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Kamel Hamida
Fakie 50-50 au Pays Pasque (Sondika). Séquence : Vincent Coupeau
Age : 37 ans Lieu de naissance : Chalon-Sur-Saône Lieu de résidence actuel : Paris Années de skate : J’ai commencé cette drogue en quatrième et j’ai toujours autant de mal à m’en passer. On doit donc se rapprocher du quart de siècle. Vidéos de réference : Thrashin’ aka Skate Gang pour les vrais ou les faux ! En tout cas, cette video me fait toujours autant rire. Skateurs de référence : Pas vraiment même si tellement de mecs ont comparé mon style «nerveux» à celui de Daewon (si l’on fait abstraction du level, c’est évident !) Première board : Une Alva d’occas’ Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ? Si je ne m’abuse, j’étais étudiant à Grenoble. Je skatais donc avec le crew de l’époque, souvent sous la gare ou Place Championnet. J’en profite pour en citer quelques-uns car c’est vraiment une belle partie de ma vie. Donc « big up » à Mimi, Karlito, Kiki, Mike, Ludo, MDV, Vince, Seb Marcq, Renaud, Spoon et Fredd et mille excuses aux nombreux oubliés. Sponsors : Pas vraiment, mais un grand merci à Manuel Loret et Rémi Grangé de Vega Skateshop à Paris pour leur support.
Par Jérémie Boissonnet Texte par Tura
Acid drop
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L’acid drop étant une invention de Duane Peters, on imagine assez bien où il est allé chercher un tel nom. Cependant, même s’il vaut mieux être complètement déshinibé pour oser plonger de la sorte dans une piscine avec une bonne dose de vert’, il n’est pas nécessaire non plus d’être sous acide. Après, c’est vous qui voyez, mais on aurait plutôt tendance à vous déconseiller de toucher à ces merdes synthétiques. Regardez, même Mimi n’a pas besoin de ça, surtout maintenant qu’il se rapproche dangereusement de la quarantaine (et de la calvitie).
Le but de cette rubrique étant de vous apprendre des tricks (celui-ci n’en étant d’ailleurs pas vraiment un, puisqu’il s’agit uniquement d’avoir les épaules de garder les pieds sur la board tout au long de la manoeuvre), vous conviendrez que dans le fond, de la piscine, il n’y a pas grand chose à savoir. Je vais donc broder encore un peu, histoire que vous en ayez quand-même pour votre argent. Déjà que vous avez pris la peine de lire jusqu’ici, c’est bien la moindre des choses. Broder, en terme journalistique, c’est parler de tout et de rien quand on n’a aucune information sur un événement pré-
cis. C’est plutôt à la mode, ces temps-ci, surtout à la télévision. Dans 99% des cas, la télévision est un prétexte pour vendre de la pub. Et tous les moyens sont bons… Exactement comme dans SOMA, puisque c’est la pub qui nous fait vivre (et mourir). Donc finalement, on ne vaut pas mieux que les autres. Les vrais journalistes, donc, enfin ceux qui s’autoproclament journalistes à la télévision, se contentent de faire du remplissage assez racoleur pour faire tenir le téléspectateur jusqu’à la prochaine page de pub. Bref, tant qu’il y aura de la pub dans les médias, il sera difficile de savoir vraiment ce qu’il se passe autour de nous. Et tant qu’il y aura de la pub dans SOMA, on ne pourra pas toujours dire ce qu’on pense vraiment, au moins sur certains sujets… Bon, bah c’est pas glorieux tout ça. J’aurais mieux fait de vous parler de l’époque légendaire où Mimi était Team-manager pour Volcom, ou de la fois où je me suis égaré à critiquer cette fameuse vidéo… Une autre fois, peut-être !
DESHI - OLLIE-UP FIVE-O • PHOTO: NOBUO ISEKI
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BLAZE SUPPLY Stéphane Giret 8,4’ Stéphane Giret, c’est presqu’une légende, à Lyon, alors il méritait bien une board... FB : BlazeSupply
5BORO 8,25’ Le shop WallStreet l’avait déjà faite, celle-là, et c’était probablement pas les premiers. Cela dit, ça marche toujours, les détournements de logos sur une board. www.5boro.com
ANTIZ/OLOW 8,25’ Une collab’ inattendue, vu que Olow fait de la chemisette plutôt propre et que Antiz sont plus dans les haillons à force de se rouler par terre... www.olow.fr
BOOM ARTHOLENITE POOL 8,4’ 100% board de collection. La déco est de Asian, un illustrateur qui bossait pour ‘Lui’ dans les années 60 ! www.boom-art.com/blog
POLAR Hjalte Halberg 8,4’ L’arme ultime pour shredder la ville, les spots récalcitrants et pour éradiquer les parasites, même si aujourd’hui, les pauvres rollers qui restent, on pourrait presque leur foutre la paix... www.polarskateco.com
ANTIZ 8,1’ Si vous êtes fan de Black Sabbath, alors il vous faut cette board. Ou si vous êtes juif, pour le samedi. www.antizskateboards.com
ABOUT 7,75’ Albator, La Soupe aux Choux, l’Etoile Noire... Toute l’enfance des vieux cons comme nous sur une board ! www.aboutskates.com
SANTA CRUZ Bart Simpson 10’ La célèbre Grosso ‘toy box’ des années 80 revue par Matt Groening avec Crusty le clown en poupée de chiffon. Santa Cruz n’osait même pas sortir cette board sans demander l’avis de Grosso, il paraît... santacruzskateboards.com
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SKATEBOARD RAGGAMUFFIN’ ! 1 Une casquette Etnies Flexfit bien fittée, comme dirait ce bon rastaman de Joseph Biais / 2 une board One Move pour fêter les 50 ans de l’indépendance de la Jamaïque 3 un mètre ruban de couleur rouge / 4 un outil multitâche Mabasi de couleur jaune / 5 une mignonette d’Absinthe à peine entamée / 6 un t-shirt Enjoi étiquetté et à laver avant de porter / 7 un casque Skullcandy Hesh / 8 une chaussure Circa Adrian Lopez (devenu un vrai rasta, il paraît) / 9 un débardeur DGK tout ce qu’il y a d’élégant / 10 un gros spliff (mais vraiment gros) / 11 un chaussure Vans Chukka LowCardiel-Spitfire / 12 une jolie plaque de grip Superior / 13 une board DGK pour cruiser dans les rues de Kingston.
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1 Une vest Kr3w de beau gosse / 2 un caleçon Cleptomanicx jamais porté / 3 une veste 4Star au nom du colonel Guy Mariano / 4 un bonnet Dakine avec plein de moumoute à l’intérieur / 5 une paire de chaussettes Savate «5 traits» / 6 une chaussure Converse-All-Star-Chuck-Taylor-Sammy-Baca / 7 un t-sirt Vans-Flip avec le même logo en gros dans l’dos 8 une chaussure droite DC Anvil-sk8Mafia-WesKremer / 9 une paire de chaussettes Dakine / 10 une chaussure Supra Ellington / 11 un casque Skullcandy Cassette pliable adaptable pour téléphone intélligent 12 une chaussure gauche Emerica Bryan Herman 13 un t-shirt Dakine bien kitsch.
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Nabil Slimani, BS flip, Genève. Photo : Loïc Benoît
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Mat’ Dupuy, BS noseblunt slide, Pays Basque. Photo : Clément Le Gall
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Jo Dezecot, crail, Bondy. Photo : Vincent Coupeau
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We Activist BENNY FAIRFA X SHOT AT SO UT HBANK, LONDO N BY GIOVANNI REDA
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Photos par Loïc Benoît Texte par Fredd
VICTOR
Pellegrin beatnik du futur
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Nous sommes en 2012, le monde touche à sa fin et Victor Pellegrin n’a pas de téléphone portable. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous, là maintenant, à deux jours d’envoyer le magazine à l’impression, ça commence à nous paniquer un peu. Au moment où j’écris ceci, ça fait cinq ou six jours qu’on se donne des rendez-vous téléphoniques avec Victor (sur son téléphone fixe ). Mais à chaque fois, ça tombe mal. La première fois j’étais pas prêt, la deuxième non plus, la troisième il ne s’est pas réveillé, puis je devais aller skater, puis c’était la fête chez lui alors il valait mieux reporter, puis il ne s’est pas réveillé, puis il ne s’est toujours pas réveillé… Et là, il a dû aller skater parce que ça ne répond pas... Mais comment faisait-on avant ? En même temps, si ceci est imprimé, c’est qu’a un moment ou un autre, on a dû réussir à la faire cette interview. Donc y’a pas de quoi en faire tout un plat de cette histoire, Victor est un beatnik, et alors ? Ça ne l’empêche pas vraiment de skater mieux que n’importe quel hipster équipé en 3G de ouf… Allô Victor ? C’est Fred.
Oh putain Fred, désolé, j’ai complètement zappé de te rappeler. Ça m’était sorti de la tête, vraiment désolé.
T’inquiète, ça m’a donné de la matière pour faire une intro. Mais bon, c’est bien qu’on arrive à s’avoir quand même. C’est bon là, je ne te dérange pas, on peut y aller ?
Oui, oui, c’est cool.
Bon alors, comme on ne se connaît pas bien, il va falloir que tu me racontes tout ! D’où tu viens, comment tu as commencé le skateboard, tout ça…
Ok, je viens de Livron, c’est un village dans la Drôme entre Valence et Montélimar. C’est bien pourri, bien paumé, y’a rien à faire… Et c’est là que tu t’es dit : j’vais faire du skate !
C’est en voyant mon frère et un pote à lui en faire que j’ai voulu essayer. Ça m’a plu mais bon, quand t’es gamin tu ne sais pas trop ce que tu veux alors je faisais une peu de tout, du vélo aussi… Et du roller, de la trottinette, tout ça…
Ha ha, tu rigoles mais j’ai tout fait. Avec mon 36
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pote Geoffrey avec qui j’habite d’ailleurs aujourd’hui, on a eu le temps de tout faire depuis qu’on est gamins…D’la trottinette, du roller, du brellon… Ha ha, t’avais quoi comme brelle ?
Une 103 STX, attention !
Avec le refroidissement liquide ?
Ah non, j’avais pas la RCX… Par contre j’avais le pot « Ninja » ! Ça fait plaisir de parler à un vrai spécialiste, un vrai gars de la campagne… Bon, sinon, je sais que tu as passé du temps à Nîmes aussi.
Oui, j’ai habité un an et demi avec ma copine là-bas, mais là, ça fait un mois qu’on est plus ensemble… Enfin bref, maintenant je suis à Lyon. A quoi ressemble la scène à Nîmes ?
Elle fait plaisir la scène nîmoise ! Bein là justement y’a mon pote Jules Carré de Nîmes qui est ici (à Lyon). C’est un énervé. Et puis y’a Sammy (Idri) que tu connais. Il vient souvent chez moi, et attention avec Sammy, on rigole… Ils sont super cool les Nîmois, personne ne se prend la tête, on skate tous ensemble, même si on ne fait que du park toute la journée… C’est cool.
Et la scène à Livron / Valence ?
Ben là c’est un peu mort, même complètement. Y’a un shop à Valence, Hardflip, mais y’a de moins en moins de skateurs alors c’est dur pour eux. Il ne reste plus que les gamins de Tournon, à côté. Et du coup, maintenant que t’es à Lyon ça doit te faire un petit changement ?
Ah ah ouais ! C’est pas pareil, c’est sûr. Ici c’est la grande motiv’, y’a plein de spots, on est à fond de skate. En plus on a notre pote Nico (de Valence) qui filme, il habite à Lyon lui aussi alors il est tout le temps de la session. Et puis y’a tous les photographes Loïc (Benoît), Pierre (Dutilleux), Nikwen, Fabi (Ponsero), y’a tout le temps du monde qui est de passage. Ça fait plein d’occasions pour skater plein de spots avec plein de personnes différentes. C’est cool quoi. Donc t’es satisfait avec la scène ici ? Je te demande ça parce que Max (Genin) par exemple, me dit souvent qu’il en a marre de skater en France, qu’il veut aller aux U.S. parce que là-bas ça skate vraiment. Et bref, selon lui, en France, ça skate pas assez, en tout cas pas comme il l’entend…
Oui, je vois ce qu’il veut dire. C’est vrai qu’à Lyon ça chille à mort. Mais bon, c’est un peu pareil dans toutes les villes, je pense. Je ne serais pas surpris qu’il y aille pour de bon aux U.S., il m’en a déjà parlé aussi. Mais c’est clair qu’il faut qu’il le fasse. Tu vois sa part’ dans la vidéo DC, c’est un Américain ! Je l’avais vu qu’en contest, ou alors sur des missions « balargue », et l’autre fois je l’ai vu faire du curb, et j’ai halluciné… Il sait tout faire Max, même de la courbe ! Et toi alors, aller vivre aux U.S. c’est quelque chose qui te tente ?
J’y suis jamais allé donc je ne peux pas trop en parler mais bon, c’est clair, que là j’ai vingt ans, et c’est vraiment un truc qui me fait rêver. Après, quand t’écoutes les autres, ce qui les dérange apparemment c’est de bouffer de la merde, mais moi ça me dérange vraiment pas. J’en n’ai rien à foutre de manger au Mac Do pendant six mois ! Franchement ça ferait plaisir. Et sinon, tu travailles, tu fais des études, quelque chose ?
Non, non, je chille à plein temps et je me demmerde comme je peux. En fait, j’ai mes parents qui m’aident. Ils ne sont pas obligés de le faire, mais j’ai bien de la chance qu’ils le fassent… Du coup je peux payer mon loyer, et je ne sais pas, peut-être que bientôt… Enfin, je préfère ne pas trop m’avancer, mais si tout se passe comme prévu, peut-être que je pourrais bientôt me débrouiller... On verra. Parlons un peu de tes mécènes… C’est quoi Blaze ?
Blaze c’est Sandro Bertolucci, un Brésilien qui est arrivé en France il y a six ans je crois, il a voulu monter sa marque et il a plein de projets. Marley est le graphiste et il défonce tout, Steph (Giret) il défonce tout aussi, il y a JP (Villa), Florentin Marfaing, Johny Melhado un Brési-
lien vraiment incroyable, c’est abusé. Et Vinicius Dos Santos, un autre Brésilien, mais alors là par contre c’est une autre planète. J’ai vu sa (welcome) part et ça faisait peur, je me suis dit « mais qu’est-ce qu’on va faire ? ». Et vous allez faire une vidéo ?
Ouais, on fait déjà des parts d’intro pour présenter tout le monde, et après on filme pour une vraie vidéo. Ça va être bien cool, on a des bons projets, enfin bon, on est « sur-chauds » et on s’amuse bien. On est un peu tous des shitos, mais ça se passe bien… (rires) Du coup sur les spots, parfois, c’est dur quand même… T’en attends toujours un qui a oublié de se réveiller… L’enfer !
Ouais, mais c’est marrant… Enfin je dis ça, mais en général c’est moi qu’on attend…(rires)
Sinon, tu as des vrais gros sponsors aussi (Volcom et Vans). Et là, ça ne doit pas être la même ambiance, t’as fait des photos de catalogues et tout le tintouin je crois ?
Bein justement, y’a deux semaines j’étais en Espagne avec Alain Goikoetxea, Axel Cruysberghs et Chris Pfanner. On a fait des photos pour le catalogue avec les fringues de la prochaine collection, c’était des photos en action. Mais l’an dernier j’avais fait des photos avec Chris en mode beaux gosses, à Marseille, on s’était bien marrés. Après avec Vans, y’a pas trop de budget mais Loïc (Benoît, le team manager) est quand même bien chaud de nous emmener un peu de partout, sur des bons spots. Cet été, on a fait Italie, Slovénie, Croatie pendant trois semaines, c’est ambiance gitans, mais on s’est régalés. C’est pas : chacun dans sa chambre à regarder la télé, là c’est tout le monde autour du feu à rigoler. Même si, dès qu’il y a un brin de WIFI, il (Loïc) nous emmerde avec son « Adopte Un Mec »… (rires) Et le fait de te retrouver avec des mecs comme Pfanner, Goikoetxea, Axel Cruysberghs, ça doit te changer un peu aussi. Ils sont jamais venus à Livron je crois ?
Ah non, ils ne sont pas passés au village ! C’est clair que c’est cool. Ils sont incroyables. Là Chris était blessé donc il ne pouvait pas vraiment skater, mais rien que quand ils chillent, les mecs, ils font peur. Il se mettait des airs pour rigoler à un mètre cinquante du coping, dans la bonne humeur… Axel, il a tout fumé , je crois que c’est le gars le plus incroyable que j’ai vu pour le moment, il est vraiment hallucinant. Et Alain ?
Non mais lui c’est fou. Et c’est un super gars. Il nous a mis bien là-bas, à la Kantera. On est allés à Miranda, un nouveau bowl de ouf, il faisait des transferts de partout. Franchement j’étais choqué ! Surtout que moi je fais pas trop ces trucs. Même si j’ai fait des stages avec Sammy dernièrement. Y’a genre un an et demi, deux ans, je ne faisais pas du tout de courbe. Mais là avec Sammy comme coach je suis au top. Autant pour dire des conneries que pour skater, on est au top ! soma
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J’imagine… Bon, on dit que tu gagnes au Loto là, ce soir, par quoi tu commences ?
Alors là… je sais vraiment pas. (Il réfléchit) Enfin si, mais je sais pas si je devrais le dire ? Essaye toujours…
J’pense que je me ferais un petit voyage en Hollande, ou un truc dans ce style. Ou genre un mois à Christiania (rires). Oh putain ! Bravo. Enfin non, pas bravo. Bon sinon, changement de scénario, en fait ce soir, y’a tous tes sponsors qui t’appellent un par un pour t’expliquer que c’est la crise et que t’es viré. Qu’est-ce que tu fais ?
Je sais pas, je pense que je m’en foutrais, enfin non, pas du tout, ce serait le bad. Là je fais dix boards par mois, six paires de chaussures… Du coup, si j’ai plus rien, je skaterai quand je pourrais quoi… Tu casses dix boards par mois ?
Oui, huit au moins.
Faut apprendre à retomber sur les vis là, c’est plus possible.
C’est toujours en faisant de la merde en plus. Des tricks au sol… Et tu te fais mal aussi ?
Oui, quand même. Surtout aux chevilles, c’est jamais grand chose, des petits os qui pètent. Mais c’est sûr que dans vingt ans ça va être dur !
Après, regarde un mec comme Reynolds, il continue de se balarguer et ça marche encore.
Ouais mais lui il est sur une autre planète.
Il est surtout en super forme physique, c’est un sportif le mec. Ça fait des vidéos où tout le monde se défonce la gueule en permanence, alors qu’il a une super hygiène de vie. Regarde les anciens de la bande, ils sont tous clean, Reynolds, Greco, Lizard King, même Neen Williams je crois qu’il ne touche plus à rien.
J’ai vu oui. Y’a Supra qui est venu à Lyon, je m’attendais à des gars « ghetto » mais en fait c’était nous les gars « ghetto »… Bon, y’en a qui n’ont pas l’air de tricher par contre, les Antwuan, Herman… Mais bref, si tu t’entretiens tu peux continuer à te balarguer un bon moment.
à Barcelone. Ou j’aimerais bien aller au Maroc.
Ah oui, t’es allé au Maroc avec Doble n’estce pas ?
C’était trop bien. Tout le monde t’ouvre la porte, c’est pas comme en France. Tajines, couscous, j’en passe et des meilleurs… Les blédards sont trop cools. Et y’a des spots de partout. On était surtout à Agadir et on a même pas pu tout faire, c’est n’importe quoi. Ils ont pas de thunes mais y’a du marbre de partout. Et tu te vois vivre là-bas ?
Ah non, pas y vivre ! Pas pour le moment en tout cas. Mais quand je serai vieux pourquoi pas, ça me ferait tripper. En mode « tonton du bled »… ça pourrait être marrant. Mais pas maintenant. C’est quand même spécial, avec la religion, quand tu sors y’a pas une gonzesse… Les femmes c’est des fantômes. Au bout de quinze jours t’as envie de revoir du monde. Je me vois bien reprendre les études aussi un jour. Histoire de ne pas me retrouver sans rien plus tard. Mais bon… Après c’est vrai que t’as une chance inouïe de pouvoir voyager à mort en ce moment…
C’est pour ça oui, j’en profite. Je sais que j’ai vraiment de la chance de pouvoir vivre ça alors je le vis à fond. Mais heureusement qu’il y a mes parents, parce que sinon, ce serait pas possible. Je sais qu’il y a plein de gens autour de moi qui pourraient faire pareil, mais qui n’ont pas la chance d’avoir des parents qui les aident…
Ils doivent te mettre la pression du coup, tes parents ?
Ouais, un minimum. Enfin, c’est surtout moi que ça emmerde. De quémander… Je vois mon frère, il se débrouille tout seul… Mais bon, ils sont contents, ils voient que j’ai l’occasion de voyager, ils savent que s’ils avaient eu l’occasion de faire ce que je fais quand ils étaient gamins, ils auraient aimé le faire. C’est pas une opportunité à laisser filer, même si c’est un peu de stress pour l’avenir…
Ouais, puis je me dis que j’arriverai toujours à rebondir s’il arrive quoi que ce soit… Tant pis. Au moins t’auras essayé !
Exactement ! J’m’en fous, j’verrais comment ça se passe ! (rires)
C’est vrai que c’est pas mal du marketing leur truc. Ils donnent cette image aux gamins…
Et regarde, après ça donne des Victor Pellegrin !
Nooon. Mais c’est vrai que j’adore ces vidéos, depuis que je suis gamin. Les Baker, Shake Junt… Ils me font trop rire. Les vidéos Zero aussi. Et la Slave ! Tout ce délire un peu « trashos », ça me fait rêver…
Et c’est quoi tes projets d’avenir ?
Ouh là ! (silence) Pour l’instant je sais que je suis à Lyon pour un an. J’aimerais partir vivre un an
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Page d’intro : Un beatnik suicidaire ? Ça peut sembler bizarre mais il faut croire que c’est possible. La preuve ici avec ce 50-50 to nose bump à Lyon. Une petite dédicace à un de ses héros, Ali Boulala qui avait ouvert la voie sur ce spot (en manual drop). Séquence Loïc Benoît
Les stages de courbes avec son pote Sammy Idri ont payĂŠ ! BS tailslide en Espagne. Photo : Jelle Keppens
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Le photographe a dit à Victor que ce serait bien qu’il saute par-dessus le rail, pour faire une chouette photo, alors il a flippé. Kickflippé même. L’action se déroule à Vitoria, au Pays Basque espagnol. Photo : Loïc Benoît
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Smith grind avec la mer Adriatique dans le fond, en Croatie, pendant ses vacances gitanes l’été dernier. Photo : Loïc Benoît
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Victor était parti pour faire 3-6 flip lipslide, mais en lançant la board il s’est rendu compte que ça pouvait peut-être finir en smith. Alors il a essayé, et paf, c’est rentré. Bon, la replaque est un peu approximative, mais c’est cool, ça fait comme dans les vidéos Baker ! Photos : Loïc Benoît
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BS overcrooks. C’était ça ou feeble revert sur ce rail. Mais Victor pense qu’on en a trop vu alors ce sera BS overcrooks. C’est ok pour tout le monde ? Photo : Loïc Benoît
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Avant de rentrer ce wallie, Victor a fait un beau vol planné pour aller s’écraser comme une merde sur le sol. Mais en bon rastafarien, il a pris ça à la rigolade. il est remonté sur sa planche, et il l’a fait. Ollie up to wallie. Photo : Loïc Benoît
Photos par Hendrik Herzmann Texte par Julian Dykmans
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une tournée RVCA américano-européenne
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Salut c’est Julian Dykmans. Vous vous souvenez ? Vous m’avez peut-être vu dans une vidéo Antiz, ou dans un magazine de skate. Mais siiii, le mec avec les lunettes et une tête de premier de la classe qui fait des 3-6 flips et des tailslides avec les bras en l’air… J’étais encore pro il n’y a pas si longtemps. Oui bon, pro européen, c’est pas ce qu’on peut appeler un « vrai pro » mais ça compte quand même non ? Un peu… Au moins en Europe. Bon bref, tout ça, c’est du passé, parce qu’aujourd’hui j’ai un vrai travail. Enfin, je bosse pour RVCA, la marque de fringues, et j’étais chargé l’été dernier de faire cohabiter une équipe de vrais pros américains avec leurs homologues européens, donc une version un peu plus cheap, pendant deux semaines. Une sorte de bizutage si vous voulez. Ça faisait un peu peur au début, mais finalement, je pense m’en être plutôt bien sorti. C’est le moment de demander une augmentation, ça a l’air d’être une période propice à ce genre de requêtes… J’étais donc curieux de voir si la sauce allait prendre entre les Américains et les Européens. Surtout que pour la plupart, ils ne se connaissaient ni d’Eve, ni d’avant. Du beau linge chez les Américains : Spanky,
Josh Harmony, Julian Davidson et Nestor Judkins. Chez les Européens c’était un peu moins des « vedettes », à part bien sûr Charles Collet, les autres, je ne suis même pas sûr que vous les connaissiez en France : Ilja Judizki, Tom Kleinshmidt et Didrik Galasso... Je vous avais prévenus. Cela n’enlève rien, bien entendu, à leur talent, je parle ici uniquement de leur renommée. Du nombre de friends et de likes, tout ça… Bref, comment faire alors pour que tout ce petit monde s’entende à merveille dès le premier jour ? Eh bien c’est assez simple en fait, il y a trois règles à respecter : tout d’abord, vu qu’on est parti pour faire beaucoup de route, il faut les obliger à se mélanger dans les vans. Pas question d’avoir un van US et un van EU ! Pour ce faire, le premier jour, garer un van tout près de l’hôtel, du coup il se remplit au fur et à mesure que les gars se décident à sortir de leur chambre. Comme le réveil tardif n’a pas de frontière, et que l’autre van est bien plus loin, 48
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les nationalités sont mélangées. Étant donné, fait prouvé, qu’un skateur ne change jamais de place dans le van, c’est gagné. Un autre truc pour que tout le monde s’entende c’est de directement faire pêter un repas de la mort et faire boire tout le monde dès le premier soir. Et là en l’occurrence, comme on est partis de Munich c’était assez facile de se lâcher sur les Schnitzels et les 10 000 bières. L’autre astuce, c’est d’essayer de rester souple. Donc au lieu d’aller faire deux jours à Stuttgart comme prévu, on a fait un détour par Innsbruck en Autriche parce qu’on s’était laissé dire qu’il y avait là-bas un spot incroyable. Une fois sur place, le spot incroyable s’est avéré être le meilleur spot au monde. Je vous le jure, le meilleur ! Les trois quarts du team l’ont dit. Vraiment c’était fou. On a d’ailleurs skaté huit heures de suite en plein soleil tellement tout le monde était à bloc. Vous verrez la line de Nestor où il traverse tout le spot et qui dure bien 45 secondes (c’est dans le montage du tour qui sortira bientôt sur internet). En fin de journée, on a fait une pause au milieu des montagnes pour manger d’autres Schnitzel et boire 10 000 bières… à ce moment-là, c’était complè-
tement gagné, l’humeur était au top, tout le monde sentait que ce tour serait un de ceux dont on se rappelle, et cela ne faisait que deux jours qu’on était ensemble. Car oui, le skateur professionnel, surtout le
vrai, l’Américain, il fait tellement de tours dans l’année, pendant des années, que parfois pour lui, aller faire des démos en Allemagne et signer des posters au shop un jour sur deux, tout en faisant le tour du pays et donc beaucoup de kilomètres, c’est surtout du boulot avant d’être un tour entre potes... Imaginez qu’un gars comme Spanky c’est au moins la dixième fois qu’il vient en Allemagne ! Et qu’il a déjà été cinq fois au Japon et dix fois en Australie... Vous comprendrez donc que parfois, et je dis bien « parfois » (mais j’en ai fait l’expérience plus d’une fois), le skateur américain déteste vraiment être en tour. Tout ce qu’il veut, c’est rentrer chez lui au plus vite. Normal en même temps… Donc, pour qu’un tour ne soit pas qu’une contrainte et qu’il ne se transforme pas en voyage d’affaire, la clef c’est d’arriver à bien s’entourer et de continuer à apprécier le skate. Pas toujours simple, mais bon, le mec qui fait les 3/8 à l’usine il ne se plaint pas alors bon, faut pas déconner non plus… Heureusement là, nos gars, ils étaient contents d’être là. Notamment Julian Davidson qui n’a pas manqué de faire un hammer de malade dans chaque ville où l’on est passés. Donc cinq ! Mais attention, des vrais hammers. Genre ils sont gardés bien au chaud pour sa part dans la future Transworld. Et puis il a skaté tous les spots et chaque démo ! Ce qui m’amène au coeur de cet article. C’est
quoi la différence entre les pros ricains et les pros européens ? Eh bien en fait, parfois beaucoup, parfois rien. Une des grandes différences à mon humble avis, c’est que le skate aux US c’est tout à fait accepté et respecté. Quand quelqu’un se présente et dit «pro skateur» et bien personne ne trouve ça curieux. Ils disent juste «that’s awesome». Si tu es graphiste, ils disent pareil. En fait, ils disent tout le temps «awesome» et aussi «dude» vu qu’ils oublient souvent ton nom. Tandis que le pro européen, et bien avant d’être pro, je ne pense pas qu’il se soit dit : «moi je vais être un pro skateur et c’est comme ça que je vais gagner ma vie (et devenir riche, pense même le Ricain)». Aux States, oui. Au mieux, l’Européen se dit que ce serait chouette si un jour il était sponso. Et la voilà la différence, parce que cela implique que l’Européen ne va pas s’acheter une grosse maison et une grosse Mercedes grâce au skate (qu’est-ce que c’est moche quand même une Mercedes. Non ?). L’Européen, au mieux il paye son loyer, a une petite tranche de sa vie bien agréable pendant
laquelle il va beaucoup skater, voyager, mais pour ce qui est de mettre plein de sous de côté, c’est non. Et tout ça, ça engendre beaucoup moins de
sérieux (par là je veux dire se prendre la tête) et donc, plus de fun dans le skate européen. En gros, le skate en Europe c’est vraiment plus drôle. T’as plus de quinze pays à visiter, autant de langues à découvrir, l’architecture est tellement plus variée, on peut skater sept jours sur sept, les flics ça va, on apprend à les éviter (on s’est pas fait virer durant ce tour), les agents de sécurité il n’y en pas trop non plus (pareil, pas virés une seule fois). Bref c’est vraiment le bonheur le skate en Europe, et même si on ne s’en rend pas toujours compte, on a vraiment de la chance.
Bon, de l’autre côté, le pro américain, le
vrai, il a confiance, il construit sa carrière, son image, il bosse vraiment ses tricks. Ça n’existe pas en Europe de retourner seize fois sur le même spot pour faire la dernière figure de sa part (Chris Cole, dernier trick de la dernière Zero). Donc il bosse et il sait pourquoi : pour s’acheter une grosse maison et puis aussi, peutêtre, une troisième bagnole de sport. Le gars passe tout le temps à la télé, il y a la Street League, bientôt les Jeux Olympiques… Cela m’a l’air assez différent du skate européen tout ça. Qu’on soit bien d’accord, des gars comme Arto ou Geoff Rowley, même s’ils sont européens, je les mets dans la catégorie des (vrais) pros américains.
Bref, si tu vis en Europe et que t’as un mix
de sponsors US et européens, en gros, tu as tout compris. Par contre, tu ne peux sans doute pas acheter une troisième Merco. En fait c’est mieux, tu pollues moins. Tu t’assures de filmer un à deux tricks par semaine, une photo de temps en temps, quelques tours dans l’année et hop, t’es pro ! Mais en Europe. Personnellement, après plus de dix-sept ans dans ce monde, je me rends compte que c’est une vraie chance de connaître cela. Car réussir à skater tellement d’années tout en préservant cette pratique à son acte le plus pur (allez, pour la plupart des cas) c’est vraiment une chance. Et heureusement, parfois, on rencontre des skateurs américains qui pourraient être des pros européens. Ceux qui étaient en tour avec nous font partie de ceux-là. C’est agréable d’être avec des pros qui sont en fait juste totalement normaux. Des gars qui veulent bien partager des chambres d’hôtels avec des inconnus européens. Des gars qui ramassent leurs détritus quand ils quittent le spot. Des gars qui ne skatent pas avec leur musique dans les oreilles. Des gars qui vont acheter des bières pour tout le monde... Bref, oui, je les aime bien ces p’tits gars et on s’est vraiment fait un putain de chouette tour tous ensemble.
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Julian est une vraie machine, c’est assez fou à voir. Ce trick est « Already Been Done » par un autre gars, je ne sais pas qui, je ne sais plus quand, mais j’ai pour devise de ne jamais couper quelqu’un dans son élan, on ne sait jamais, peut être qu’il fera flip out ? Bon, là, le flip out, c’est pas vraiment possible et puis ABD / NBD on s’en fiche un peu non ? Julian Davidson, BS smith, Berlin.
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Page d’intro : Spanky était vraiment à fond, il revenait d’une mauvaise entorse et en gros, il nous a dit que c’était un des meilleurs tours qu’il avait jamais fait. Après, c’est vrai que t’es en droit de douter d’un Américain qui te dit «BFF» (best friends forever) après deux heures de bières, mais il avait vraiment l’air sincère le gars. Kevin « Spanky » Long, Layback grind, Hambourg.
Didrik est norvégien, il a 18 ans et c’est un bon jeune qui n’en veut. Il est tellement fort et à bloc, qu’après le deuxième jour il avait déjà une minute de bon footage. En Autriche, au plus chouette spot du monde, il est tombé sur le cul et s’est créé une troisième fesse. A partir de ce moment-là, il faisait nettement moins le malin. Du coup, on a tous pu rétablir la balance niveau footage. A Berlin, il voulait trop aller à ce rail. Le feeble il l’a fait en deux secondes car il voulait faire flip out… Sauf qu’on s’est fait virer. J’ai cru qu’il allait pleurer de frustration. ça me fait plaisir quand les jeunes aiment autant le skate ! J’y pense d’un seul coup, je disais pas dans le texte qu’on ne s’était pas fait virer une seule fois de tout le trip ? Aïe, oui bon, c’est arrivé une fois, ça va oh ! Didrik Galasso, Feeble pop out, Berlin.
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Charles revenait tout juste d’une blessure qui l’a laissé sur la touche pour une longue période, et il faisait son premier tour RVCA depuis un moment. On sentait que ça le démangeait… Il était surmotivé et il a super bien skaté pendant les deux semaines du tour. Tous les jours, sur chaque spot il n’a jamais chômé. Quand il ne skatait pas, il jouait de la guitare, il avait l’air bien content d’être de retour. Ça faisait bien plaisir à voir. Le crailslide que vous avez sous les yeux est vraiment dingue. En général, le crailslide, tout le monde peux le faire, même sur un truc haut et avec de la vert. C’est pas trop dur, pas vraiment dangereux. C’est un peu un trick de planqué, de vieux comme moi en fait. Par contre sur ce mur, c’était vraiment n’importe quoi ! Surtout quand t’arrives même pas à faire bs wallride à la moitié de la hauteur… Je deviens vieux je crois. Charles Collet, Crailslide, Berlin.
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S’il y en a un qui m’a vraiment surpris, c’est Josh Harmony. Un jour, j’ai dû lire à mes potes à haute voix des passages de son interview dans Skateboard Mag car je ne pouvais pas le croire tellement il était chrétien... Vraiment c’était assez effrayant. Du coup, j’appréhendais de le rencontrer et la possibilité de devoir discuter de sujets tels l’interdiction du préservatif ou la théorie de l’évolution. Et bien, en fait, Josh = trop cool. Vraiment. Il skate à fond, parle à tout le monde, joue de la guitare et chante Neil Young toute la journée et vraiment il est de super bonne compagnie et il n’a jamais prêché quoi que ce soit à quiconque. Top ! 50-50 sur ce rail bien long to 180 back out à Berlin. On dirait pas le 180° ? Mais si, je vous jure ! Footage street du tour le 22 janvier 2013. Sauf s’il y a eu la fin du monde entre temps. A moins que ce ne soit pour la vidéo Transworld (vous connaissez ce magazine ?)... Josh Harmony, fs 50-50 bs 180 out, Berlin.
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Est-ce vraiment éthique ? Le vieux ex-pro et nouveau team manager en photo dans le mag ? Pas pire que de le laisser écrire le texte du Tour qu’il a lui même organisé… Et puis qu’est-ce qu’il fait à skater au lieu d’aller chercher de l’eau pour ses riders ? Vraiment je ne sais pas trop quoi dire. Je pensais ne plus avoir de photos de skate dans les mags à partir du moment où je me retirais du sponsoring et là paf, je suis dans Soma. Et bien vous savez quoi ? Curieusement, ça me fait vachement plus plaisir maintenant. Note pour le futur : ne jamais prendre quoi que ce soit pour acquis, surtout ce dont tu rêvais plus que tout au monde quand tu avais 15 ans. « Un jour j’aurai une photo dans un mag ! »... Julian Dykmans, FS tailside, Innsbruck - Autriche.
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Très sympa ce Nestor. Il skate bien, il est propre sur lui, il est poli, parle espagnol... Un vrai gentleman. Regardez cette séquence, y’a pas à dire, il a vraiment la classe ! Nestor Judkins, Bs 50-50 bs 360 out, Berlin.
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Par Tura
LE T O sa UR
ns fin épisode 4
Lyon - St Quentin Falavier - Grenoble Valence - Nîmes - Marseille
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Le Tour Sans Fin, si vous avez suivi, s’était arrêté à Lyon cet été. Si vous n’avez pas suivi, tout est sur le site : les vidéos et le mag (www.somaskate.com). Ce serait bien que vous suiviez, d’ailleurs, ça nous éviterait d’avoir à réexpliquer à chaque fois le truc de la tournée qui s’arrête et reprend tous les 4 mois de la ville où l’on s’est arrêté la fois d’avant. Si c’est pas clair, ça le deviendra. Bref, on est reparti de Lyon, avec cette fois dans nos bagages Julien Bénoliel, Phil Zwijsen et Oscar Candon. Ce dernier n’était pas prévu, mais vu que Charles Collet nous a fait faux bond, quand Oscar m’a appelé en le suppliant de l’emmener, je n’ai pas su lui dire non. Une bonne équipe, quoi, et si la météo était de notre côté, alors on était confiants, avec Paul (mon collègue qui filme, le mec des vidéos Antiz, là, oh, vous suivez vraiment pas ?). On est donc tous montés dans un train, un beau lundi matin d’octobre, en direction de Lyon, avec pour seul plan de passer à Grenoble, au QG, à un moment ou à un autre... Lundi 22 octobre
Cinquante mètres avant d’arriver au point de rendez-vous, à savoir les bureaux Antiz à Lyon, Oscar et moi croisons Julien (Bénoliel) dans la rue. On est tous une heure en avance au rendezvous. Depuis quand on est en avance aux rendezvous ? Même Paul Labadie est là depuis hier. Il n’y a que Phil qui fait sa star et qui n’arrive qu’à 14h. Allez, j’déconne, Phil, c’est un bon, comme tous les Belges. On a donné aussi rendez-vous à Loïc Benoît qui arrive en compagnie du sympathique Guillaume Collucci, et à Fredd qui arrive de Grenoble. On attrape un sandwich et on décolle pile à l’heure prévue, midi. On se dit qu’on pourrait aller skater un ditch pas loin de l’aéroport, histoire d’attraper Phil sur la route. Direction St-Quentin-Falavier. Le street à Lyon, ce sera pour une autre fois. T’façon, on est au Tour Sans Fin, n’en déplaise à certains, ce sera ditchs, DIY et wallrides, comme d’hab’. On a pensé aux balais et aux bouteilles d’eau. Ça sent le sans faute cette journée, surtout qu’il 58
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fait beau et même assez chaud pour qu’on sue en 5 minutes. Oscar s’envole sur l’espèce de hip pendant que Julien enchaine tout un tas de tricks sur l’extension, dont son fameux BS blunt replaqué dans le plan incliné plus bas, après un bon hang up qui vous fera mal rien qu’en regardant la vidéo. Fredd se dévoue pour aller chercher Phil qui prend le relais sur le hip dès son arrivée. Un bon vieux stalefish et il est temps de changer de spot. Le parvis de la mairie de St Quentin Falavier est une sorte de skatepark naturel en pavés autobloquants qui offre pas mal de possibilités, à condition de rouler au moins en 54mm… La police municipale arrive au bout de 20 minutes, mais laisse quand-même le temps à Oscar et Phil de valider BS tail et nose blunt. On se replie sur un autre petit ditch, sorte de mini rampe en plans inclinés au bord de l’autoroute, où des arêtes métalliques subsistent. Ce sera le dernier spot de la journée, notre vieux pote Guillaume D qui habite sur la route de Grenoble nous a invités à déguster sa spécialité : le Mont d’Or au four…
Un peu de Chartreuse pour faire passer tout ça, un visionnage de «American Juggalo» (sur Vimeo, dont chaque réplique deviendra culte pendant cette semaine) et on est couchés. La météo s’annonce encore meilleure pour demain…
Mardi 23 octobre
Réveil dans la brume. On décolle un peu avant midi, direction Grenoble et le park de Fontaine, avec son pool que Fredd a plus ou moins dessiné. Et Fredd, il aime bien les trucs rad’. A 14h, le moindre nuage a disparu. Mimi Boissonnet se joint à la session, et du haut de ses 40 berges, il envoie autant dans le pool que sur les ledges du park. Pas une trottinette à l’horizon, on schotche un bon moment, jusqu’à ce que l’appel de la rue finisse par se faire entendre. Fredd a repéré un «bump-to-bar» à deux minutes. La barre est haute et pas facile à skater. Le flip doit être possible, mais on se contentera d’un ollie d’Oscar et d’un hippie jump de Phil. La lumière commence à tomber, alors on décide d’aller jeter un oeil rapidement au « Chapeau Mexicain », cette espèce de skatepark des années 70 où les locaux ont ajouté une partie «DIY» bien foutue et marrante à skater. Ju’ skate comme à la maison et Oscar trouve une bonne ligne juste avant la nuit noire. On passe déposer nos affaires au fameux building des Editions du Garage (le garage de Fredd, quoi) et Mimi insiste pour qu’on aille tester le nouveau park couvert, La Bifurk, qui est pratiquement fini. Tout le monde en a plein les pattes, mais ça ne coûte rien d’aller voir. Le bowl est à moitié terminé, mais la partie «street» est skatable, alors forcément… Après tout le béton qu’on a bouffé aujourd’hui, finalement c’était une bonne idée de finir la journée sur du bois.
Mercredi 24 octobre
Toujours pas de mauvais signe du côté de la météo, mais on ne sait pas vraiment où aller aujourd’hui. La règle implicite du Tour Sans Fin nous oblige à changer de ville chaque jour, alors on hésite entre Annecy et partir vers le sud. Les avis sont partagés, on pèse le pour et le contre, on appelle même les collègues à Annecy pour avoir leur avis et puis finalement, on décide d’aller vers le sud. Personne ne connaît Valence, une bonne raison d’aller voir ce qu’il s’y passe. Fred doit emmener ses gamins au foot, alors il nous laisse sa bagnole. Il nous rejoindra demain, vers Nîmes, puisqu’il semblerait que c’est par là qu’on se dirige… Une heure plus tard, on est devant la porte de chez Hardflip, le shop valencien (ouais, c’est comme ça qu’on dit), qui est fermé entre midi et deux. Ça nous laisse le temps de manger un sandwich au soleil.
On tente à nouveau notre chance chez Hardflip où on est bien reçus. Guillaume nous indique un spot pas très loin, un genre de pyramide au pied d’une statue qui pourrait nous plaire en nous prévenant quand même que la bonne femme du magasin d’aspirateur juste à côté est du style hargneuse… On finit par en faire les frais au bout d’une heure et demie, quand les Municipaux débarquent. On nous informe qu’un arrêté municipal interdit le skate dans tout Valence, et qu’une piste spéciale nous attend à l’autre bout de la ville. Forcément, moi, ce genre de conneries, ça m’énerve. Le ton monte un peu, et puis tout ça se transforme en une longue discussion, finalement intéressante. Malgré tout, les «flics» sont plutôt cool, et on finit par se saluer cordialement. Ils nous accordent même un petit quart d’heure pour valider la photo. Mais la discussion a été tellement longue que tout le monde s’est refroidi, alors on laisse tomber. On nous a parlé d’un long rail à un quart d’heure du centre-ville, et Phil voudrait bien y jeter un oeil. On remonte dans la voiture et on trouve facilement, grâce aux bonnes indications de Guillaume. Le rail est carré et effectivement très long, mais pas si haut, laissant entrevoir un 50-50 pour Phil, qui tourne autour frénétiquement. Il hésite tellement qu’on décide de partir avant de perdre trop de temps ou que quelqu’un se blesse. Autant aller skater le nouveau bowl de Bourg-Lès-Valence, il paraît que ça vaut le détour. On arrive juste à l’heure de la sortie des écoles, c’est un peu envahi de trottinettes, mais dès les premiers drops de Ju’ et Oscar, on nous fait de la place… Au final, on se partage le bowl avec les BMX et tout se passe bien. Ju’, Oscar et Phil skatent l’extension jusqu’à la nuit, et on finit par reprendre la route du sud. Les mecs de Nîmes nous attendent…
Jeudi 25 octobre
Réveil en partie chez Patate, l’activiste Nîmois, derrière l’asso «La planche à roulettes nîmoise», et chez Sammy Idri, le local incroyablement fort qu’on avait croisé à Bordeaux cet été (souvenezvous, la vidéo, dans le bowl de Seb Daurel…). A peine levés et un petit déj’ avalé, on est déjà sur le premier spot, la Maison Carrée et ses bancs parfaits en marbre. Patate nous prévient que les flics risquent de débarquer à tout moment, mais la chance est avec nous aujourd’hui. En allant vers le spot de la cathédrale, on tombe sur un arbre dont le tronc forme une sorte de gros pole jam. La session s’improvise jusqu’à ce que Charles De Roy y mette un terme avec un wallie parfait. On continue jusqu’au fameux gros «curb» de la cathédrale, en attendant Fredd qui nous rejoint, en train.
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On traîne un peu sur le spot, et puis on retourne chercher les voitures pour aller explorer les petits spots en dehors de la ville. Oualid Mostaka nous rejoint, et on finit par rester bloqués sur un petit hip naturel du côté du skatepark. La nuit tombe, et forcément, on se termine au park, qui est éclairé le soir. Il fait un peu lourd, la météo prévoit un changement radical d’ici demain… Mais demain est un autre jour, on a encore celui-là à finir, en l’occurrence chez notre ami «Choup», qui nous invite à une session barbecue sur la mini qui traîne dans son jardin. Et franchement, qu’est-ce qu’il peut y avoir de mieux qu’un barbecue bien arrosé entre potes un soir d’été ? Franchement, je ne vois pas… La mini a quand-même pris un coup de vieux, délaissée au profit d’une extension sur le côté en béton… Malgré une nouvelle journée intensive dans les jambes, ça skate à fond, avant que la pluie mette un terme à la session. On se replie dans la petite maisonnette attenante où trônent des centaines de magazines de skate et où le frigo est bien rempli… Les esprits s’embuent, entraînés par un Oscar dont la soif de faire la fête n’est jamais satisfaite (répétez cette phrase 10 fois de suite, pour voir). On se transforme tous en American Juggalos, les «Whoooop whooooooop» résonnent jusque tard dans la nuit, bref, tout le monde est bourré, sauf Patate, qui en ramène la moitié pas vraiment sains mais saufs, dormir chez lui.
l’abri du vent que Sammy et Fredd prennent soin d’exploiter à fond, et puis on tente les grands plans inclinés juste devant la Mairie. Sammy trouve un truc infaisable à faire sur une sorte de sculpture et puis on décide d’aller voir cette Jersey barrier au pied de l’Eglise de la Major, juste au bord de la mer, donc balayée par des rafales à 100hm/h… Ça sent la fin, mais j’insiste pour essayer de trouver un dernier spot, avant d’arrêter ici, à Marseille, ce quatrième Tour Sans Fin. Le seul spot à l’abri où tout le monde est d’accord d’aller tenter une dernière chance s’appelle La Caverne, un hangar désaffecté dans la garrigue à 15 minutes en voiture. Le spot parfait pour terminer un Tour Sans Fin : du béton DIY, de la poussière, et un FS wallride de Vincent Guisbert, poussé au plus haut dans la vert’ et dans la pénombre… Un dernier resto au chaud où on ne commande même pas un verre de vin, quelques accolades et le TSF #4 est officiellement terminé. On sait donc qu’on repartira de Marseille dans 3 ou 4 mois. Une voiture repart vers Nîmes rapprochant Phil et Paul de Barcelone, et une autre remonte vers Grenoble. C’est la tempête sur la route, il neige en arrivant au pied des Alpes. On se dit en allant se coucher qu’on a eu de la chance avec la météo…
Vendredi 26 octobre
Au matin, il pleut toujours. Choup est déjà parti travailler. Ça n’a pas dû être facile pour lui… On se retrouve chez Patate à tourner en rond et à se remettre de la veille. Et puis vers 16h on décide de tous partir à Marseille, parce qu’à Marseille, il ne pleut jamais vraiment. A ce qu’il paraît. Sur la route, en deux coups de fil, Julien nous trouve un endroit où dormir et nous concocte un emploi du temps chargé pour la soirée. Au programme : apéro, resto, bar, boîte… En gros, personne n’est censé rentrer avant 5h du matin. Ça commence sur le vieux port et ça se termine tard, comme prévu, malgré l’orage qui dure toute la nuit.
Samedi 27 octobre
Une petite semaine de skate dans les jambes, deux cuites, on commence à sérieusement accuser le coup. Mais on est à Marseille et le soleil est revenu… accompagné d’un Mistral à décorner des boeufs, (comme disait Fredd sur not’ blog).
Le genre de trick à se faire un bon hang up. D’ailleurs, Ju n’y a pas échappé, et quand vous verrez la vidéo, vous pousserez un petit cri de frayeur, vous verrez... Julien Bénoliel, BS blunt, St-Quentin-Falavier
Quelques aspirines et un gros sandwich nous motivent à aller explorer les spots du côté du Vieux Port. Ju’ nous trouve un bank-to-wall à
Page d’intro : P’tit Ju dans ce pool, c’est un truc à voir. Boulon là-dedans aussi, ça doit être un truc à voir ! (Tapez «Boulon bowl de Marseille» sur votre clavier, si vous ne voyez pas trop...) Julien Bénoliel, BS ollie, Grenoble (Fontaine)
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Un ditch, parfait pour commencer un Tour Sans Fin. Bravo à ceux qui ont mis les mains dans le béton pour construire ça, au passage. ‘Faites plaisir, les mecs. Oscar Candon, BS boneless to fakie, St-Quentin-Falavier
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Pas de coping, pas de plateforme, pas de problème ! Phil Zwijsen, FS tucknee, Grenoble
Du marbre, une voiture en or, un peu trop bling bling pour un Tour Sans Fin, ça... Phil Zwijsen, nose block to nose manual nollie flip out, Nîmes
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Si, si, la lune dans le coin, c’était prévu ! Le flash, dans le cadre, par contre, non. Julien Bénoliel, low to high lipslide, Bourg-lès-Valence
Les Sammy avec deux M, c’est les meilleurs. Sammy Idri, ollie out to BS lipslide fakie, Nîmes
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Choup avait rempli son frigo de tout un tas de bouteilles, et on ne s’est pas gênés pour lui vider tout ça ! Choup, sweeper entre deux plaques trouées, chez lui, entre Nîmes et Montpellier
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Ouais, y’a un autre appareil photo dans l’champ, et alors ? Oscar Candon, gap to noseblunt slide, Nîmes
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Une bonne gueule de bois, un Mistral à décorner des boeufs, et pas de chaussettes, pas de quoi décourager un Nîmois ! Sammy Idri, wallride nollie, Marseille
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Vandalisme de mobilier urbain naturel, ça monte à combien, ça ? Charles De Roy, platane jam, Nîmes
«Béton de merde !», qu’il y a écrit sur son grip ! Cédric « Patate » Crouzy, muska flip ! Nîmes
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Et un wallride pour finir, mĂŞme pas un flip en une semaine de Tour, nickel ! Vincent Guisbert, FS wallride, La Caverne, Marseille
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Texte par Tura
LAVIDEO
assez sucrée
Non, franchement, ils sont mauvais, les mecs de chez GirlChocolate. Sortir leur vidéo à peine une semaine après le bouclage de ce numéro est une grave erreur stratégique. On aurait pu leur faire une promo de dingue mais ils ont préféré se donner une semaine de plus. Hey oh, Mike, Rick, tout ça ! Pendant que vous sirotez des cafés en terrasse, y’en a qui bossent ! Nous aussi on a un business à faire tourner ! Putain d’feignasses ! Au lieu de fumer des Lucky Strike au balcon, si vous suiviez un peu ce qu’il se passe, vous sauriez qu’on boucle toujours le 15 des mois pairs ! Tout le monde sait ça ! C’est dingue, un égoïsme pareil. 72
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(Pretty Sweet)
Alors qu’est-ce qu’on fait ? Fred, t’as une idée ? Ouais ?… Ah… Non, vas-y s’tu veux, mais moi j’appelle pas Mike et Rick pour leur demander de repousser la première de 2 mois… T’façon, t’as leur numéro ?… Moi ? Ouais, bien-sûr que j’ai leurs numéros, mais là, j’ai plus de forfait… Eh, sinon, on a qu’à faire une chronique d’anticipation ! C’est toujours pareil les vidéos Girl-Chocolate, non ? Des combos de ouf, des mecs stylés sur du funk ou du vieux rap, des petits interludes à la con et c’est plié… Allez, moi je vais te la faire cette chronique, tu vas voir !
Mike Mo en Muska ? Exact ! Photo : Ben Colen
la dernière part’, c’est Guy Mariano. Je le sais, je l’ai lu sur le forum Slap, donc c’est sûr. Ce sera une sorte d’hommage, la consécration ultime, parce que après, il sera trop vieux. Comme Koston, sauf que lui, il est déjà trop vieux et qu’il est déjà sanctifié, alors il n’en a plus rien à foutre. A tous les coups, il aura une toute petite part’, comme Brian Anderson. Cela n’empêche, le peu qu’il va avoir, BA, ça va être bien. Mike Mo, il aura tout juste réussi à filmer 2 minutes entre deux opérations des chevilles, dont une (minute) sera un seul trick, un combo auquel personne n’avait pensé, et que personne ne refera jamais. Ah, mais celui qui va faire plaisir autant aux vieux cons comme nous qu’aux petits jeunes, c’est Kenny Anderson. C’est lui qui aura la plus longue part’, à mon avis. Aaah c’te classe qu’il a, lui… Iannucci ? Lui, il est obligé d’avoir deux tricks histoire d’entretenir le mythe. Y’en aura un en switch et un autre en courbe, bah ouais, il n’est plus tout jeune nonplus. Mike Carroll et Rick Howard, eux ils n’ont plus rien à prouver et puis c’est les patrons, alors on se contentera de ce qu’il y aura. Marc Johnson, ce ne sera pas aussi long que dans Fully Flared, mais ça va être dingue quand-même, à base de ledge-dancing et de casper sur une courbe en brique… Ouais, la couv’ de Thrasher, voilà… La première part’, ce sera le Busenitz de chez Chocolate, Vincent Alvarez. Ça, je l’ai lu sur le Tweeter de Brandon Biebel, alors y’a pas de doute. Biebel ça va être chiant, des manuals, comme d’hab’, deux trois gaps et on aura oublié la minute d’après. Pas comme Alvarez ! Lui, s’il était invité à la Street League, il foutrait une raclée à tout le monde, j’en suis sûr.
Déjà
Bon, y’a qui encore ? Ah ouais, le jeune là, Nijah Berle ou je sais pas quoi… Lui il défonce bien comme il faut, il aura une vraie part’, ‘classieuse’ et solide comme ils disent, les Ricains. Stevie Perez, pareil, mais juste un poil en-dessous de Ninja Berle… Raven Tershy, putain, lui, ça va envoyer du lourd ! Et un peu de courbe, ça fera du bien.
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Il me fait penser à Cardiel, lui, des fois… Malto ça devrait être pas mal, on n’a pas vu grand-chose depuis un moment, ça va être hammer time ! Pappalardo, ce sera 5 tricks ou rien du tout, mais pas plus, sinon, ça se saurait. Chris Roberts, lui il n’aura qu’un seul trick et ce sera un fakie nose grind. Vous verrez ! Scott Johnston, ça aurait pu être bien, mais il est à la retraite depuis bien longtemps, même qu’il est designer chez Lakai, maintenant. Un autre qu’est pas loin de la retraite, c’est Rick McCrank, mais bon, ça va, il aura quand-même de quoi faire plaisir à ses fans de 35 ans. Une petite part’, et la dernière, pour lui aussi. Pour fêter ça, après l’avant-première, il rentrera chez lui, à Vancouver, en vélo. On aura aussi une part’ d’Alex Olson au moins aussi folle que dans la Fully Flared. Avec son gros pop et son style de beau gosse, c’est pas bien compliqué pour lui. Chico Brenes, y’aura pas grand-chose mais vu tout ce qu’il a eu récemment, on ne lui en voudra pas. Chico, les jeunes, ça fait 20 piges qu’il est là avec son nollie heel back et son sourire, il sera là encore quelques années, moi j’vous l’dis. Comme Jeron Wilson ! Ah, et Jesus Fernandez, ça ne va pas être bien long non-plus mais ce sera bien tech, y’aura au moins un trick de ouf qui fera qu’on n’oubliera pas sa part’. Devine Calloway et Justin Eldridge auront une part’ ensemble, comme ça, on aura l’impression qu’elle est deux fois plus longue, pas con ! Reste Daniel Castillo, mais lui, je préfère que vous ayez la surprise ! Ah ah ! Quant à la musique, ce sera un sans faute. Je vois bien un bon vieux Motörhead sur Alvarez, Mariano un De La Soul ou un Gangstarr, enfin un truc de hip hop à l’ancienne que tout le monde connaît. Y’aura des trucs un peu mélancoliques qu’on ira télécharger direct, et des groupes inconnus qui vont devenir des stars, comme Interpol quelques mois après «Yeah Right !». Mais le seul truc imprévisible, c’est la touche Spike Jonze. Y’aura bien des petits interludes marrants, mais
impossible de dire à quoi ça pourrait ressembler… Un clin d’oeil aux anciennes vidéos ? Koston en Charlie Chaplin, acte 2, un passage éclair de Sean Sheffey avec un poisson rouge dans un bocal entre deux sections ? Ray Barbee en épicier et Lance Mountain en trottinette cette fois ? Ou une intervention inattendue de Mark Gonzales ? Moi ça m’plairait bien, tout ça. Enfin, on verra bien. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont tellement fait monter la sauce depuis des années, qu’il n’ont pas droit à l’erreur. Mais bon, est-ce qu’ils ont déjà fait une seule erreur, chez GirlChocolate ?
LES FAMEUSES
triplettes
3 riders passés par Girl/ Chocolate qu’on avait oubliés Colin McKay (Girl) Stevie Williams (Chocolate) Paul Rodriguez (Girl)
3 ex Plan B Mike Carroll Rick Howard Rick McCrank
3 Canadiens Rick Howard Rick McCrank Tony Ferguson
3 homonymes
Rudy & Marc Johnson Gabriel & Paul Rodriguez Brian & Kenny Anderson
3 SOTY Girl (+1 Chocolate) Mike Carroll Eric Koston Brian Anderson (Marc Johnson)
3 riders passés pro le même jour Alex Olson Sean Malto Mike Mo Capaldi Kenny Anderson, part’ la plus longue, et Guy Mariano, dernière part’ ! Photo : Ben Colen
3 stars apparues à un moment ou à un autre chez Girl/Choco Linda Evangelista Owen Wilson Sofia Coppola
3 riders qu’on aurait bien vus chez Girl/Chocolate Luypa Sin JB Gillet Lucas Puig
Texte et photos par Clément « Paul Poule » Le Gall
BREDOUILLES à
Santander ekiem un tour expressER en spagne
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« Bon les gars comme vous le savez, ce week-end c’est pêche, pêche, pêche ! En plus cette fois-ci on se fout pas de vôt’ gueule, on vous emmène à l’étranger les mecs ! Grosse compet’ de pêche au thon ce week-end à Santander. Je préfère vous dire qu’il n’y aura pas de place pour tout le monde. Pour ceux qui sont sur la liste, vérifiez bien votre matos, on n’est jamais à l’abri d’un retour de canne ! Je signale également que naturellement, les médias couvriront l’événement, par conséquent, attention à votre image les mecs, ok ? Parce que y’a la gaudriolle, puis y’a la pêche… Cette fois-ci on vise la première de couv’ d’accord ? » Ce discours tout en nuances et en finesse c’est celui de Pierrot, le créateur et gérant de Rekiem, la marque de cannes artisanales. Très peu connue du grand public cette petite entreprise du sudouest de la France a pourtant fait parler d’elle à plusieurs reprises, notamment grâce à son équipe de pêcheurs pas comme les autres. L’open fish festival de Santander était donc l’occasion pour Paul Poule notre «reporter pêcheur d’images», de rentrer dans l’intimité, et d’en savoir un peu plus sur ce groupe qui visiblement n’a pas fait que pêcher pendant le week-end dont il est question ici.
Page précédente : Nils Inne fait partie de cette catégorie de pêcheur que l’on pourrait qualifier d’artiste de la canne. C’est avec une vision différente de la pêche mêlée a des caractéristiques bien particulières qu’il s’est forgé son univers. Sa précision et son habileté dans le maniement des instruments lui assurent des touches même dans les endroits les plus inattendus. Avec son franc parlé et son sens de l’humour aiguisé, il est également perçu comme un moteur au sein de l’équipe. Une sorte de muse si vous préférez. Wallie.
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Lorsque l’on prend le temps d’observer Jérémie Plisson, on remarque tout de suite que c’est un pêcheur pour le moins atypique. Son style si particulier, il le doit à ses quatre années de formation aux abords des grands lacs du Canada. Là-bas, à l’ombre d’arbres millénaires, et dans un décor grandiose, il a appris à maîtriser toutes les techniques de pèche. Qu’il s’agisse des brochets et des énormes truites grises en lacs, ou des saumons en rivière, il maîtrise son sujet. Depuis son retour en France, il ne cesse d’ailleurs d’impressionner en enchaînant grosses prises et bons résultats en compétition. Frontside Tucknee.
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Qui d’autre que l’artiste de la troupe pouvait se mettre en scène devant ce magnifique couché de soleil ? Tout ici est poésie, finesse et délicatesse. Et c’est surtout l’heure d’installer ses cannes si on ne veut pas se faire piquer les bons coins par les pêcheurs locaux ! Nils Inne, Crooked grind
Cela fait une dizaine d’années que Pierrot (Pierre Pascaud) s’est lancé dans la fabrique artisanale de cannes à pêche. Un pari un peu fou pour ce jeune entrepreneur de 29 ans qui est à l’origine passionné de pêche en mer. Malgré avoir contourné bien des obstacles, sa petite entreprise a beaucoup de mal à rivaliser avec les plus grands noms de l’industrie de la pêche. Mais son grand bonheur, c’est dans le partage et la transmission de ses connaissances qu’il le puise. Un parcours hors du commun pour cet homme que la mer, un jour, a pris dans ses filets… FS nosebone.
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Tantôt moucheur, tantôt carpiste, Jérémy Hugues est un pêcheur polyvalent et expérimenté. L’avoir dans son équipe peut s’avérer indispensable lorsqu’il s’agit de trouver les meilleurs coins de pêche du littoral espagnol. Également passionné de vidéo depuis quelques années, Jérémy ne manque jamais une occasion de filmer les plus belles prises de ses amis. Il a d’ailleurs remporté l’année dernière le «fishing award» pour son film sur la pêche à la mouche intitulé «je m’en fish». Ollie up to BS disaster.
Bon, on déconne, on déconne, mais à la base, on était vraiment partis pour pécher. Sans déc’. Pour skater aussi, bien sûr, mais taquiner le goujon faisait vraiment partie de nos plans. Le problème, c’est qu’on n’a pas sorti les gaules une seule fois du coffre, par flemme sans doute, mais aussi parce que Santander regorge de spots qui valent le détour, et notamment ses skateparks en béton... Bref, on est rentrés bredouilles, mais on s’est bien marrés.
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LES VIDEOS
de Manolo
Vous êtes sûrement déjà tombés sur un remix, ou bestof, de vidéo parts d’un skateur pro lors de vos longues soirées à surfer sur la toile entre vos sites boursiers favoris, les réseaux sociaux et bien-sûr Youporn. Certains de ces remix sont assez bons, d’autres sont absolument navrants, mais il y en a qui mettent tout le monde d’accord : Les Manolo’s Tapes. Les skate nerds, les pros US et même les pires rageux sur le forum Slap sont unanimes à leur sujet ! Alors qu’on imaginait cet énigmatique et talentueux Manolo en Latino de Los Angeles, bien pote avec toutes les légendes du street, de Jovontae Turner à Koston en passant par Gino, on a découvert il y a quelques mois que, Peux-tu te présenter rapidement ? Manolo, j’ai 37 ans. Je vis à Creil et encore une fois, on je suis technicien audiovisuel. Ça fait 27 ans que je skate. Comment cette histoire de mix tapes a-t-elle débuté ? Sûrement en s’était complètement voyant des best-of complêtement minables sur youtube. Des empilements de footy avec les pires musiques possibles… Il fallait faire quelque chose. plantés. Manolo est Tu peux nous expliquer comment tu t’y prends techniquement ? Avant trouver le footy, il y a pas mal de recherches à faire pour essayer de ne Français et vit dans de pas oublier un truc crucial, j’ai pas une super memoire donc… Trouver la zik, ça me prend de 10 minutes à 2 semaines. Après, je vire le son l’Oise ! Même s’il bonne des vidéos originales, je fais un montage et finalement un doublage à partir est plutôt du genre à de sons de skate bruts. J’essaye de faire ça bien alors il y a tout un tas de bruits de boards et d’environnement à utiliser pour que ça sonne correctevouloir rester assez ment. La migraine assurée ! Tu as été étonné du succès de tes tapes ? Je savais que les anciens incognito - encore allaient apprécier, mais pas à ce point c’est sûr. Laquelle a eu le plus de succès ? Gino, Koston… On me parle souvent un bon point pour de Sheffey aux States, et des extras de Koston ! lui - ça aurait été Ta préférée ? J’aime bien Koston pour le montage mais sinon toutes, j’aime pas les classements… dommage de ne pas Grâce à ces vidéos tu es entré en contact avec des pros US, tu reviens d’ailleurs d’un mois à Los Angeles chez Jason Rogers… Tu le rencontrer. -VB peux nous en dire plus ? Rob Brink m’a contacté pour faire une chronique sur le site Alreadybeendone l’année dernière et en plus de recevoir pas mal de matos et de dvd, ça m’a permis de me faire des contacts dans l’industrie là-bas. Josh Kalis m’a pas mal aidé aussi avec Hellaclips. Jason Rogers et Steve hernandez, c’est des types en or, c’est la deuxième fois qu’ils m’accueillent ! Ils connaissent tout le monde, les bonnes adresses et ils vivent
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pas loin de Stoner Plaza et de la plage. Donc tous les matins c’est petit dej’, tu sors en short (25° à 10h), un petit coup de vélo ou de skate et baignade dans le Pacifique… J’ai même vu Natas surfer ! Skate, soirées, bonne bouffe (si si)… Mortel, mais ça fait un choc quand tu rentres en Picardie en octobre.
Tu as quelques bonnes anecdotes ? J’ai entendu parler d’un Chico Brenes venant se prendre en photo avec toi pour la mettre sur Instagram ? Exact.
Le pro qui vient demander à un monteur vidéo de prendre une photo ! Chico est super cool. Cette année, je suis allé à l’anniversaire de Jojo (Joey Brezinski, NDLR) dans le park de Biebel. Une «surprise party» avec un burrito de 3 mètres, du beau monde, grosse session… Super fun, super enfumé aussi et il faisait au moins 45°, je sais pas comment ils font pour rider là dedans. Après AVE est arrivé et il était apparemment pas très jouasse de voir tout ce monde dans son park (il est en partie proprio), et il a fait kicker tout le monde ! Sinon j’ai rencontré Socrates chez Dwindle,j’ai vu les tables de montage sur lesquelles Spike Jonze a monté Video Days, les armoires avec les cassettes et les transferts de toutes les vidéos Blind et World, et la vidéo Menace ! Son bureau c’est un peu le Vatican de la vidéo de skate.
Ça doit faire plaisir de voir que même des pros comme Creager aiment tes vidéos ? Beaucoup de pros sur le net ou sur place me disent qu’il sont fans
des tapes, ça fait toujours bizarre car à la base c’est moi le fan. Après, quand tu sers la main à Jim Thiebaud et qu’il te sort ça, c’est un peu n’importe quoi. Mais bon, ça fait super plaisir que la qualité du taf soit reconnue, et ça te fait un truc au niveau de l’ego, tu te prends pour Rick Ross pendant 15 minutes. Le seul souci c’est que les fans de skate sont en majorité barbus ou tatoués, je crois que je devrais plutôt faire des mixtapes de danse ou de beach ball féminin… Tu as dû être sollicité pour du boulot, non ? Ouais, mais pour faire des mix tapes, et il y a en général un problème de copyright. Trop de sources, trop de filmeurs, c’est le bordel pour faire ça en toute légalité, il faut retrouver et demander les droits à tout le monde. J’ai failli faire un truc pour DC, mais les grosses boîtes ne peuvent pas se permettre de faire une vidéo sans tous les droits d’auteurs, donc ça n’a pas abouti. Mais j’éspère bien finir par bosser dans le milieu, en Europe ou aux States, c’est sûr.
Les vidéos les plus vues PJ Ladd Berrics Remix 59000 vues Lucas Puig Mixtape 33000 vues Gino Iannucci Mixtape 79000 vues Keenan Mixtape 49000 vues Guy Mariano Mixtape 24000 vues Aaron Snyder Consequences 42000 vues Kelly Hart slowmo 52000 vues Pour voir toutes les vidéos de Manolo : www.youtube.com/user/Pae75
Manolo lui-même, no comply flip, Amiens. Photo : Valéry Blin
Cliché t’a contacté pour leur prochaine vidéo je crois ? Oui, je vais faire des mon-
tages pour la promo de la future vidéo. J’ai grandi et commencé à skater à Lyon donc en plus de cette opportunité ça me fait vraiment plaisir de bosser avec Jéremie (Daclin, NDLR) et tout le monde chez Cliché.
Tu dois recevoir des tas de demandes pour des nouvelles mixtapes de skateurs mythiques, genre Gonz, Mike Carroll, Cardiel… Quels sont les noms qui reviennent le plus ? J’ai déja commencé
Gonz, en fait j’en ai déja commencé plein mais je les laisse de côté si je trouve pas la bonne musique par exemple. Mais effectivement Carroll, Daewon, Lotti, Sanchez, Heath, Cardiel, Stranger, Duffy, Jason Lee, Howard, Anderson, Muska, Penny, les Mc Bride, Dill, Stevie Williams et Kalis, PJ, Reynolds… La liste est longue !
Si tu devais ne retenir qu’une seule vidéo part, qu’elle est selon toi la meilleure de tous les temps ? Je ne peux pas
choisir une vidéo entière ? C’est vraiment pas cool car il doit y en avoir une centaine. Mais je vais dire Gonz dans Video Days. Si vous ne savez pas pourquoi, déchirez ce magazine et inscrivez-vous dans un club de foot… Qui est le prochain sur ta liste ? Allez, fait péter le scoop ! Là je commence les tapes pour Cliché, et à côté j’ai en cours Jeremy Wray et Penny. Mais c’est possible que je change d’avis à la dernière seconde, ça dépend de l’inspiration !
REMERCIEMENTS « Ma famille, les homies, tout le crew d’Estrée, Romain de Kif Flip, Rob Brink, Kalis, Creager, James Craig, Jojo, Soc, Matt Evs, Darin Howard, Mackenzie, Al Boglio, Jérémie, JB et Lucas, Jay, Steve, Erica & Angie. Et ceux que j’oublie. »
Anthony Boudard / BS 180 fakie nosegrind
rekiem skateboards rekiem skateboards
thomas renaux – alex hermann – benoit renaux paul denau – toni brossard – franky eyoum jonathan jean-philippe
joseph biais – FS bluntslide photo alex pires
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VIDEO
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On vous a souvent parlé des vidéos de Jonathan Peters, notre correspondant et ami à Berlin qui fait tout luimême, même pas en HD, même pas pour le compte d’une marque, juste ters pour le plaisir JonathanncPoere et « faire chier frappe e le reste du monde ». À part lui avoir filé la couv’ du numéro 11, on ne lui avait jamais donné la parole, alors on s’est dit qu’il était temps de remédier à ça. Et achetez sa vidéo, vous ne serez pas déçu ! -DT
Avant de t’installer à Berlin, tu as vécu quelques années en Région Parisienne. Est-ce que tu penses que tu aurais été capable de produire la même chose à Paris ?
J.P. : Je pense d’abord que financièrement, ce serait beaucoup plus compliqué de mener une vie normale en menant ce genre de projet à bien. Ensuite il y a la scène parisienne, je ne sais pas exactement comment c’est aujourd’hui, mais à l’époque, j’avais l’impression que chacun voulait juste skater son spot dans son coin en tirant la gueule. Mais j’ai quand-même fait mon truc dans mon coin avec les jeunes de Saint-Quentinen-Yvelines.
Je sais que si l’on tient compte du temps passé à filmer et à monter, tes vidéos te coûtent largement plus cher que ce qu’elles peuvent te rapporter. Qu’est-ce 88
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qui te motive autant ?
Je pense que la motivation, c’est d’essayer de faire un truc indépendant et différent, juste pour faire chier le reste du monde, ha ha ! Qu’est-ce qui te déplaît le plus, aujourd’hui, dans le skate ?
La surmédiatisation.
La plupart de tes vidéos portent des titres de livres de Jules Verne. Pour quelles raisons ?
Parce que le skate est une fuite de la réalité, une exploration en dehors des sentiers battus par la société. Ces titres contiennent aussi une part d’ironie car tout ça est bien désuet au final vu qu’on a tout filmé dans un rayon de 30 km !
20 000 leagues under the sea avec Valeri Rosomako, Hannes Schilling, Roland Hirsch, Kieran Heinemann, Sylvain Tognelli, Michael Mackrodt, Dallas Rockvam, Tjark Thielker, Sami Hariti (entre autres), 26 minutes, disponible en DVD pour 10 euros sur www.jonathan-peters.com Plus haut à gauche : Hannes Schilling gap to BS five-o, Berlin Photo par Jo, lui-même !
METALtia
mili
Quand le monde a découvert, avec sa part’ dans « Sight Unseen », que John Cardiel était en fait adepte de reggae et pas de Slayer, ça en a choqué plus d’un. Mais la réalité est parfois bien différente de ce qu’on s’imagine. C’est comme ça, on n’y peut rien. Avec Hugo Liard par contre, pas de surprise, il écoute vraiment tous les groupes dont il arbore fièrement les T-shirts. Maiden, Manowar, Kiss, Craddle of Filth, Metallica… et j’en passe et des bien moins avouables. Il était donc logique qu’on s’adresse à lui pour qu’il nous ponde une liste des dix meilleures parts « métalliques » de tous les temps. la playlist iard Ça lui a pris environ six minutes, sans d’Hugo L déconner. Six minutes et soixante six secondes pour être précis. -Fredd
Wade Speyer dans Need For Speed (Thrasher) : Motörhead « Burner » Trainwreck (Alex Gall) dans In Bloom (TWS) : Slayer « Tormentor » Jamie Thomas dans Welcome to Hell (Toy Machine) : Iron Maiden « Hallowed Be Thy Name » Paul Machnau dans United By Fate (Globe) : Motörhead « God Was Never On Your Side » David Gravette dans Born Dead (Creature) : Iron Maiden « Killers »
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Adrian Lopez dans Misled Youth (Zero) : Iron Maiden « Prowler » Colin McKay dans Questionnable (Plan B) : Iron Maiden « Aces High »
Colin McKay et Danny Way
dans Revolution (Plan B) : Metallica « The Four Horsemen » Peter Hewitt dans Destroy everything now (88) : Black Sabbath « Hand Of Doom » David Gonzales dans Possessed to Skate (Thrasher) : Judas Priest « The Sentinel »
LE LIVRE
t e v e h c e d
Amputé de ses deux premières lettres, le magazine Chill est devenu un studio de graphisme reconnu, voire avantgardiste. Entre deux clients, les petits gars du Ill Studio en sont revenus à leur premier amour avec un bouquin unique en son genre, qui de de skate sans vraiment en parler : NEAPOLIS. malade ! parle Un truc un peu intello dont le seul défaut est d’être uniquement disponible en anglais. -DT
Depuis la fin de Chill, ça vous manquait de parler de skate ?
I-S : À vrai dire, pas vraiment. L’expérience de Chill à été très enrichissante et on s’est beaucoup amusés pendant les 2 années d’existence du magazine... mais on ne se sentait pas de continuer cette aventure trop longtemps, justement parce qu’on avait le sentiment d’avoir fait un peu le tour de ce qu’on avait à raconter sur le sujet. Ce qui nous manquait, par contre, à force de beaucoup travailler aujourd’hui pour les autres au sein de Ill-Studio, c’était de monter un projet d’édition vraiment personnel et d’inviter les gens dont on aprécie le travail à collaborer avec nous. Le livre Neapolis, au final, parle d’architecture, de chorégraphie, d’adolescence, d’art contemporain, de photographie ou d’anthropologie, et le skateboard est plus un fil conducteur qu’un véritable sujet. Quels ont été les éléments déclencheurs à la réalisation du livre ?
Notre démarche dès le début du projet était de se demander « qu’est-ce qu’il nous reste du skateboard aujourd’hui ? ». Après avoir passé plus de la moitié de nos vies à baigner dans l’univers du skate, nous évoluons aujourd’hui dans des domaines très variés, mais nous avons le sentiment que notre manière de regarder le monde sera toujours influencée par les années de pratique. L’artiste Raphaël Zarka à très bien développé ce concept dans son travail et ses différents livres d’ailleurs... Ce qui nous tenait à cœur aussi, était de proposer quelque chose autour du skateboard qui ne soit pas lié aux « cultures urbaines » ou à ce que l’on 92
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pourrait appeler le « skate-art », mais plutôt de partir de la pratique comme point de départ pour ouvrir sur des sujets aussi vastes que possible.
Pour lequel avez-vous une préférence et qu’est-ce qu’il manque, selon vous, au livre ?
On n’a pas vraiment de préférence pour un sujet du livre plutôt qu’un autre, car c’est justement la cohabitation des différents travaux qui nous intéresse dans ce projet... On n’aurait pas imaginé produire un livre avec un seul de ces sujets isolé. Sinon, nous avons évidement eu beaucoup d’autres idées potentielles à rajouter dans le livre, mais c’est déjà un pavé de presque 400 pages donc on a dû faire des choix ! Au final, la sélection du contenu est donc complètement subjective, et mélange des travaux dont le lien avec le skateboard est parfois évident, ou parfois évoqué de façon plus lointaine. Quel est le meilleur endroit pour chiller ?
La plage serait sans doute l’endroit le plus évident, mais il faut bien avouer que les bars ce n’est pas mal non plus. NEAPOLIS Auto-publié par Ill Studio 368 pages, 35 euros www.ill-studio.com
LE NUAGE
de chiffres Le nombre de copies de SOMA, distribuées à chaque numéro
le nombre de Opium, notre magazine de snowboard, jamais parus
le nombre de visiteurs uniques de somaskate.com en moyenne par jour, en octobre 2012
le nombre d’abonnés à #somaskate sur Instagram
2 812
15000
6 950
410 96
La version chaste d’un 69
le nombre d’articles publiés sur la version 3 de SOMASKATE.COM (au 5 nov.)
Le nombre de «Le Jeune» publiés dans le mag, contre 31 «Le Vieux»
le nombre de français ayant fini en couv’ de SOMA
Le nombre de ‘tirettes’ dans la vidéo Bake & destroy
8
Le nombre de magazines de skate français disponibles en kiosque en 2006 (Chill, Sugar, Thrasher Fr., Freestyler, Kingpin, Tricks)
2
33576 666
1211 205 0
8,6
9263
le nombre de chambres d’hôtel ayant dû être réservées au cours des 4 épisodes du Tour Sans Fin (sur 22 nuits en tout) ze number of ze beast
en kilomètres, la distance qui sépare les deux «bureaux» des éditions du Garage (Tura à Paris, Fredd à Grenoble)
le nombre de fois de suite qu’on a regardé le clip «Longboard Fails compilation», le 2 novembre 2012
le nombre de skateshops, associations, skateparks, qui reçoivent SOMA, tous les deux mois en pouces, la largeur du cruiser SOMA/Rekiem (toujours dispo sur rekiem-skateboards.com)
le nombre de cheveux restants sur la tête de Fredd
le nombre d’abonnés à SOMA
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SKATEBOARD RAGGA MUFFIN !
hoop
op w
Who
N I F S N A S R U LE TO E IGoNw EN Ln ! ES TRUCS) (ET TOUT UN TAS D’AUTR
MASKATE.COM
OTS S’M LEd la fin
Ouais, on a piqué cette rubrique à Sugar, qui l’avait piquée à Thrasher qui n’avait de toute façon rien inventé puisque ce genre de truc existe depuis pratiquement aussi longtemps que la presse. À notre tour donc de résumer cette année 2012 avec une petite série d’analogies qui, on l’espère, vous fera sourire (ou éventuellement vous donnera envie de venir nous casser la gueule). -DT Fashion Les ourlets au-dessus des chevilles . Oscar Candon Rémy Taveira . Rémy Taveira Oscar Candon . Gitan tour Le tour sans fin . Trailers de ouf Anagram video . Pas sympa Tura . Frais Polar . BROTHER WHERE ARE THOU ? Session everything . Le retour skate ‘zines . Made in China Pretty Sweet . Vieux réac’ Fredd
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Make friends Sylvain Tognelli . Seconde chance Jason Jessee . En tour Antiz . Collab’ Santa Cruz/The Simpsons . Version 2.0 Trauma . Bon vent Thrasher Fr . Five panel Lucas Puig . Smith Grind Raven Tershy . WallIE champion Dennis Busenitz . Théorie de l’évolution Seb Daurel . Sapin de Noël toute l’année Le site du skateboard
(don’t) come back Jereme Rodgers . La perfection au masculin Austyn Gilette . FULL HD Paul Labadie & Ludo Azemar . TOUJOURS PAS Pressure flips . NIGHT SESSION Vassivière . Patinage artistique Street league . JUSTIN BIEBER Lil’ Wayne . Name dropping Magenta . BARRES DE RIRE Skateline . Techno parade “All you need” . VISSEUSE Truelle
THEOTIS BEASLEY
IMP AC T P RO TE C TIO N
Hugo MaillarD - ollie - rennes PHoto : CleMent le gall
« Le capitalisme sans la faillite, c’est comme le christianisme sans l’enfer. » - Frank Borman (astronaute)