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pièce montée
Quand le cinéma appelle à la gourmandise B A R R Y
L Y N D O N
Le Saint-Honoré J’ai choisi le Saint-Honoré pour illustrer Barry Lyndon car c’est un gâteau raffiné et élégant qui rappelle les soirées de jeux, éclairés à la bougie, et des grands festins de cet époque. De plus, l’histoire de Barry Lyndon s’articule autour des 4 parties, celles-ci sont représentées par les 4 choux. On voit la vie de Barry jeune, amoureux de sa cousine, il devient soldat, puis il déserte et rencontre une femme, enfin il devient bourgeois en se mariant à Mme Lyndon.
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S T A N L E Y
Stanley Kubrick voit le jour le 28 juin (sous le signe du Cancer) 1928 entre les deux guerres, chez des enfants d’immigrés autrichiens, et grandit dans un quartier du Bronx qui attirait les juifs de classe moyenne de New York comme un aimant. Il apprend à jouer aux échecs à douze ans avec son père, un médecin homéopathe, qui lui offre son premier appareil photo pour son treizième anniversaire.
K U B R I C K
De toutes les fées réunies autour de son berceau la sensibilité du Cancer, deux grandes guerres et la Shoah, l’Amérique et l’Europe, le judaïsme, la photographie, les échecs, il se pourrait bien que la meneuse soit celle des échecs. Comme beaucoup de grands cinéastes, Kubrick était un excentrique, et les maîtres aux échecs sont souvent, eux aussi, des excentriques. Ceux qui voudraient élucider le mystère Kubrick devraient lire le portrait que Vladimir Nabokov, dont Kubrick filma en 1962 le livre le plus célèbre, Lolita, fait d’un grand maître dans La Défense. Les échecs sont une représentation abstraite de la guerre, sujet principal des films de Kubrick, dont on peut rétrospectivement considérer qu’ils ont englobé les principaux conflits dans lesquels les États-Unis ont été impliqués au : xxe siècle la Seconde Guerre mondiale avec Fear and Desire) qui fait aussi allusion à la Guerre de Corée, contemporaine de sa réalisation, la Première Guerre mondiale avec Les Sentiers de la gloire, la guerre froide avec Docteur Folamour, et la guerre du Vietnam avec Full Metal Jacket, ainsi qu’une excursion imprévue dans une révolte d’esclaves de la Rome antique avec Spartacus, un projet inabouti avec Napoléon, et un film dont la première partie se déroule sur fond de guerre de Sept Ans, Barry Lyndon.
Barry Lyndon
Comme beaucoup de grands cinéastes, Kubrick était un excentrique.
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2 Le Saint-Honoré
Chassé de son Irlande natale après une série d’exactions et d’inconvenances, Redmond Barry s’engage dans l’armée britannique et combat les Prussiens. Le métier des armes lui devient vite insupportable et il déserte. Capturé par l’ennemi, le jeune homme, ambitieux mais naïf, ne doit sa survie qu’à son empressement à servir ses nouveaux maîtres. La guerre finie, Redmond devient espion, puis joueur professionnel. Il fréquente la haute société, dont il apprend les usages et les bonnes manières. Ce talent lui permet de conquérir le cœur d’une jeune veuve, la comtesse de Lyndon, dont le fils, lord Bullingdon, lui voue bientôt la plus vive animosité... En adaptant les Mémoires de Barry Lyndon, du Britannique William Makepeace Thackeray, récit picaresque situé dans l’Europe du xiiie siècle, Kubrick s’attaquait au cinéma romanesque en costumes pour en donner sa version à nulle autre pareille. Son film est une suite de scènes splendides, venant illustrer un récit mené par la voix d’un conteur qui semble feuilleter pour nous un livre d’images. Un procédé assez radical : la vedette, ici, c’est l’histoire qu’on nous raconte... Au fil de son ascension sociale, Barry Lyndon nous est de plus en plus étranger, et le film n’en est que plus fascinant. Il fonctionne comme un piège : dans ces magnifiques plans-tableaux, les personnages sont mis à distance, et leur petitesse saute aux yeux face à une histoire qui les dépasse. Barry Lyndon se voit en héros, il n’est que le jouet du destin et sa femme, une jeune beauté déjà embaumée. Sans renoncer à une sérénité contemplative, Kubrick épingle sans pitié les vanités humaines. Frédéric Strauss
Dans ces magnifiques plans-tableaux, les personnages sont mis à distance, et leur petitesse saute aux yeux face à une histoire qui les dépasse.
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Barry Lyndon
Ingrédients
Pour 10 St-Honoré individuels Temps de cuisson : 1 h Temps de réalisation : 3 h 30 Crémeux caramel 45 g de sirop de glucose 90 g de sucre semoule 180 ml de crème 3 g de gélatine 55 g de beurre
Pâte à choux 250 ml de lait 100 g de beurre 1 pincée de sel 150 g de farine 4-5 œufs
Craquelin 65 g de beurre 75 g de cassonade 75 g de farine
Mousseline vanille 250 ml de lait 80 g de sucre semoule 55 g de jaunes d'œufs 25 g de Maïzena 125 g de beurre 1 gousse de vanille
La MGM, sur le point de passer sous le contrôle d’un spéculateur qui compte la revendre morceau par morceau, n’est pas en mesure de produire le projet suivant de Kubrick, un film à grand spectacle sur Napoléon, et la Warner fait aussi marche arrière à la vue du budget prévisionnel. Alors, Kubrick recycle sa recherche dans un film d’époque pour la Warner, basé sur le roman de William Thackeray qui raconte l’ascenscion et la chute d’un aventurier irlandais, interprété par la star numéro un du boxoffice américain, Ryan O’Neal.
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Réalisé presque entièrement en extérieur en Grande Bretagne et en Irlande, à partir d’un scénario composé de pages blanches, le tournage de Barry Lyndon (1975) dure trois cents jours, et le budget se retrouve multiplié par six quand Kubrick le termine. Ce sera un désastre au boxoffice partout, sauf en France.
Le Saint-Honoré
The Memoirs of Barry Lyndon est un roman picaresque inspiré par les travaux d’Henry Fielding (Tom Jones), que Thackeray vénérait. On peut parfois lire que Kubrick n’avait pas le sens de l’humour, constat étrange si l’on sait que tous ses films sont teintés de comédie, même 2001. Barry Lyndon commence sur une séquence en plan fixe dans laquelle deux hommes, très loin de la caméra, s’apprêtent à se battre en duel, tandis que le narrateur nous explique que le père du héros avait voulu faire carrière comme homme de loi et y aurait excellé « Bang ! », un des deux hommes s’écroule, s’il n’avait pas été tué au cours d’un duel. Le timing est comique et l’image, un ravissement de beauté : un vieux mur de pierres, sinueux, bordé de chaque côté d’ombres d’arbres, lie la verdure du premier plan à l’arrière-plan où de petites silhouettes se découpent sous de sombres nuages. Un critique malveillant pourrait déclarer que la beauté du paysage étouffe le gag du père qui tombe soudain en arrière, mais en réalité, on peut voir et admirer le paysage avant le gag, qui vient comme la peau de banane faire glisser la beauté de l’image. Barry Lyndon n’est pas, non plus, un film particulièrement lent, bien que les mouvements des personnages le soient. La cour que Barry fait à la comtesse de Lyndon, qui dans le livre dure cinq ans, est transmise aussi efficacement que l’histoire du père, en un seul plan dans lequel Ryan O’Neal s’approche lentement de Marisa Berenson sur une terrasse
Pâte sucrée 250 g de farine 150 g de beurre froid 20 g de poudre d'amandes 100 g de sucre glace 1 bonne pincée de sel 1 œuf
Caramel 80 g de sirop de glucose 300 g de sucre semoule 100 ml d'eau Chantilly 500 ml de crème liquide entière 50 g de sucre semoule 2 gousses de vanille
Dans ces intérieurs éclairés à la bougie, maquillages, costumes et lumière dorée rendent le passé étrange, empli de silhouettes toujours à deux doigts de se transformer en poupées de cire est ce qu'un artiste utilise ou en automates. Lepourstylefasciner le lecteur de façon au clair de lune, lui prend la main et l’embrasse. Cette combinaison de mise en scène lente et d’actions télescopées place constamment les événements clés à la frontière de la comédie, même quand la bande-son est la musique de Schubert. La situation de Barry Lyndon est l’inverse de celle de Docteur Folamour où la farce cauchemardesque a été introduite pour atteindre, par d’autres moyens, les objectifs du livre de Peter George. Barry Lyndon traite un roman comique à la manière d’un film d’Ophuls comme Madame de, en le jouant comme une tragédie. Et la beauté des campagnes irlandaise et anglaise, fournit un cadre mélancolique à des comportements imbéciles. Les tableaux vivants du film, offerts à notre inspection approfondie par de lents zooms arrière à partir d’un détail de la toile, sapent leur propre réalisme. Exemple de réalisme excessif amenant à un résultat contraire les scènes filmées à la lumière des bougies, une première dans l’histoire du cinéma. Dans ces intérieurs éclairés à la bougie, maquillages, costumes et lumière dorée rendent le passé étrange, empli de silhouettes toujours à deux doigts de se transformer en poupées de cire ou en automates. Même dans les scènes tournées en lumière naturelle, les silhouettes à l’arrière-plan tendent à tenir leurs poses, comme si elles étaient fixées par la peinture, tels les joueurs de cartes qui se figent lorsque Bullingdon apparaît pour provoquer Barry en duel.
à lui communiquer ses sentiments, ses émotions et ses pensées. Les Mots et les Films par Stanley Kubrick
Je pense que pour faire un film, le livre idéal n’est pas un roman d’action mais au contraire un roman qui traite principalement de la vie intérieure de ses personnages. Je donnerai au scénariste un relevé au compas total sur ce que pense ou ressent un personnage à n’importe quel moment de l’histoire. Et à partir de là, il pourrait inventer l’action, en corrélation objective contenue dans la psychologie du livre, et avec justesse il pourra dramatiser de façon implicite - off-the-nose, c’est-à-dire de manière « oblique » - sans que les acteurs aient à exprimer littéralement leur ressenti… Les gens me demandent comment il est possible de faire un film à parit de Lolita quand la qualité du livre repose sur la prose de Nabokov. Ne retenir d’un excellent roman que la prose, c’est simplement se méprendre sur ce qu’est un excellent livre. L’un des éléments pour faire un excellent ouvrage est bien sûr la qualité de la création littéraire. Mais cette qualité, c’est le résultat de la qualité de l’obsession de l’auteur pour son sujet, avec un thème, un concept et une vision de la vie ainsi qu’une compréhension des personnages. Le style est ce qu'un artiste utilise pour fasciner le lecteur de façon à lui communiquer ses sentiments, ses émotions et ses pensées. C'est ce qui doit être dramatisé, et non le style. Le scénario doit trouver son propre style, comme s'il témoignait vraiment le contenu. Et en faisant cela il pourra souligner une autre face cachée de la construction du roman. Cela peût être aussi bien que 1er roman ou non ; parfois ce peut être d'une certaine manière bien meilleur… On peut se demander, en conclusion, si la réalisation n'est pas rien d’autre que la continuité de l’écriture. Je pense que c'est précisément ce que la réalisation devrait être ... Quand le réalisateur n'est pas l'auteur, je pense que son devoir est de respecter à cent pour cent le sens de l'auteur et de ne rien en sacrifier au nom d'un moment crucial ou d'effets spéciaux. Cela semble une notion assez évidente, mais combien de films ou de pièces a-t-on vus où l'expérience était excitante et saisissante mais dont, une fois terminée, il ne restait rien ? Et cela est en général dû à une stimulation artificielle des sens par de la technique qui ne tient pas compte de la conception artistique de l’œuvre. C’est ici que l’on peut voir le culte du metteur en scène dans ce qu’il y a de pire. D’un autre côté, je ne veux pas susciter de rigidité. Quand on fait un film, le plus exaltant c’est de prendre par au processus qui permet à un travail de grandir à travers une collaboration vitale entre le scénario, le réalisateur et les acteurs. Toute œuvre d’art réalisée dans les règles, induit un aller-retour permanent entre sa conception et son exécution, puisque son intention originelle est constamment modifiée à mesure que l’artiste essaie de la réaliser objectivement. En peinture, cela se produit entre l’artiste et sa toile ; au cinéma, ça se passe entre les gens.
Crémeux caramel Ramollir la gélatine dans un bol d’eau froide. Dans une petite casserole, faire fondre le sirop de glucose, ajouter le sucre semoule en plusieurs fois (le laisser fondre entre chaque ajout) et colorer jusqu'à l'obtention d'un caramel brun. Dans une autre casserole, faire chauffer la crème et décuire le caramel en plusieurs fois avec la crème chaude. Poursuivre la cuisson 1 mn et, hors du feu, ajouter la gélatine essorée. Bien fouetter. Quand le caramel est à 40°c, ajouter le beurre en morceaux et le mixer au mixeur plongeant. Débarrasser, filmer au contact et placer au réfrigérateur pendant 4 heures (le caramel doit être pris). Réalisé à un moment où, en France, le film historique est très à la mode, Barry Lyndon est l’un des rares exemples d’un courant où « l’effet d’étrangeté » n’agirait pas sur l’imagination des spectateurs comme une drogue les amenant à s’identifier à des créatures au destin funeste échappées de quelque passé aristocratique. Voici ce que dit Brecht sur l’« effet d’étrangeté »,traduit ici par « distanciation ». « Le but de l’effet de distanciation, c’est d’extraire des processus représentés par leur gestus social fondamental pour le faire paraître insolite. Nous entendons par gestus social l’expression par les gestes et les jeux de physionomie des rapports sociaux existant entre les hommes d’une époque déterminée ». Beaucoup de commentaires universitaires moralisateurs sont égratignés par le portrait que fait Kubrick du héros profondément humain de Thackeray. Il vieillit Barry qui, dans le livre, est un « Lolito » de quinze ans entiché de sa cousine Nora âgée de vingt-trois ans, tout en préservant son innocence, sa bravoure et son honnêteté dans lesquelles il a dû croire en découvrant le livre et en le lisant pour la première fois, sinon, comment Ryan O’Neal aurait-il pu incarner ces qualités de facon si émouvante ? La mort de l’enfant bien-aimé de Barry, incident mineur dans le roman, devient la cause de sa dépression et de l’effondrement de son mariage, comme la mort de l’enfant de Rhett et Scarlett là aussi, un accident de cheval dans Autant en emporte le vent de Victor Flemmg (1939). Décidément, Kubrick ne cherchait pas à réaliser un bide.
Craquelin Mélanger tous les ingrédients ensemble jusqu'à l'obtention d'une pâte homogène. Étaler la pâte finement (1 mm) entre deux feuilles de papier sulfurisé et la placer au réfrigérateur le temps de préparer la pâte à choux.
Barry Lyndon et Orange mécanique sont des « œuvres compagnes », à cause de leur narration picaresque, mais Barry Lyndon est un roman, pas une fable, et Barry, malgré tout ce qui a été dit sur sa manière de se laisser modeler par les sociétés à travers lesquelles il évolue, est un personnage doté du libre arbitre, comme Kubrick s’évertue à le montrer dans l’épisode le plus important qu’il ait ajouté à l’histoire de Thackeray. Bien que Leon Vitali affirme que Bullingdon n’avait qu’une scène de dialogue quand il fut choisi pour l’interpréter, Kubrick développa le rôle et introduisit la scène du duel, faisant du personnage la némésis de Barry. Pour trouver l’inspiration, Kubrick revient au combat de gladiateurs de Spartacus où Woody Strode, refusant de mettre Kirk Douglas à mort après avoir remporté leur duel, choisit de mourir en partant à l’assaut des Romains dans les gradins du stade. Dans l’interminable et presque insupportable scène du duel, point culminant du film, Barry, qui a son beau-fils à sa merci, tire dans le sol et, en retour, perd sa jambe. Son action héroïque relève d’un choix moral, tout comme la décision que prend Bullingdon de mutiler l’homme qui a épargné sa vie, agissant au nom de toute une classe, pour la débarrasser d’un parvenu qui s’apprête à dilapider « une belle fortune de famille ».
Barry Lyndon et Orange mécanique sont des « œuvres compagnes ». une plaque allant au four préalablement huilé et pocher des petits choux. Sortir le craquelin du réfrigérateur, avec un petit emporte-pièce de la taille des petits choux, détailler des ronds de craquelin. Les déposer sur les choux. Enfourner les petits choux pendant 25 à 30 minutes en retournant la plaque à mi-cuisson. Les laisser refroidir complétement. Avec une douille cannelée de 6 mm, faire un trou sous chaque choux.
Mousseline vanille Couper la gousse de vanille en deux et gratter les graines. Faire bouillir le lait dans une casserole avec les graines de vanille, la gousse et la moitié du sucre. Dans un cul de poule, blanchir les jaunes avec le sucre et la Maïzena. Quand le lait bout, le verser dans le cul de poule, bien fouetter et remettre le tout dans la casserole. Sans jamais cesser de fouetter, poursuivre la cuisson 3 minutes après le début de l'ébullition. Débarrasser dans un cul de poule et ajouter la moitié du beurre en fouettant. (Garder l'autre moitié du beurre à température ambiante). Filmer au contact et placer au réfrigérateur jusqu'à ce que la crème ait complètement refroidit. Quand la crème est complètement froide, la mettre dans la cuve du robot et fouetter à grande vitesse et ajouter le beurre pommade (si la crème est tranchée, faire chauffer la cuve du robot avec un chalumeau toujours en fouettant à grande vitesse pour la rendre lisse).
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Pâte à choux Préchauffer le four à 170°c. Tamiser la farine. Dans une casserole, porter à ébullition le lait, le sel et le beurre coupé en morceaux. Hors du feu, ajouter la farine en une fois et battre énergiquement à la spatule. Remettre la casserole sur le feu et dessécher la pâte pendant 2-3 minutes, jusqu'à ce qu'elle se décolle des parois. Débarrasser dans un cul de poule et incorporer les œufs un à un. À partir du 4e œuf, les incorporer petit à petit jusqu'à ce que la pâte fasse un ruban. Garnir une poche à douille lisse de 10 mm et sur
Pâte sucrée (fond du Saint-Honoré) Dans la cuve du robot, mettre la farine, la poudre d'amandes, le sel et le sucre glace tamisé. Ajouter le beurre froid coupé en morceaux et mélanger avec la palette jusqu'à ce que le mélange deviennent sableux. Incorporer l’œuf et mélanger de nouveau sans trop travailler la pâte. Fraser (pétrir la pâte avec la paume de la main) sur le plan de travail. Filmer la pâte au contact. La placer au congélateur pendant 30 minutes (réaliser le caramel et glacer les choux pendant ce temps). Préchauffer le four à 160°c. Étaler la pâte sur un plan de travail fariné et découper 10 cercles de 5 cm de diamètre. Déposer les ronds de pâte sur une feuille de papier sulfurisé ou sur un silpat et enfourner une petite vingtaine de minutes en mettant une plaque sur dessus pour qu'ils ne gonflent et ne se déforment pas pendant la cuisson. Retourner la plaque à mi-cuisson. Enlever la plaque du dessus quelques minutes avant la fin de la cuisson. Laisser refroidir. Caramel Dans une casserole, chauffer le glucose, le sucre et l’eau jusqu'à l'obtention d'un caramel blond. Le plonger dans un récipient d'eau froide pour stopper la cuisson. Plonger la « tête » des choux dans le caramel, et les déposer sur un silpat.
Un film pictural Un mythe s’est élaboré autour de Barry Lyndon. Kubrick aurait copié des peintures d’époque dans ses plans. Le producteur Bernard Williams a dit récemment à un public de l’Academy : « On a utilisé des copies de peintures en termes de lumière et de positionnement des personnages. Si vous regardez le film, chaque scène ressemble à une peinture. » Ryan O’Neal se souvient que Kubrick avait compulsé un ouvrage de reproductions d’Hogarth pour lui expliquer comment tenir sa tasse de thé dans une scène. Mais aucun spécialiste en histoire de l’art n’a pu avancer un seul exemple d’imitation littérale dans le film.
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Beaucoup des discussions que Kubrick eut à propos de la peinture du xviiie siècle eurent lieu non pas avec John Aiton, son cameraman, mais avec Ken Adams, le chef décorateur et Milena Canera, la chef costumière. Il voulait projeter le public dans le passé et la peinture était sa vitrine sur le temps.
Le Saint-Honoré
Les portraits de Gainsborough et Reynolds lui montrèrent ce à quoi les gens ressemblaient, comment ils portaient leurs habits et affrontaient leur monde, tandis qu’une narration d’Hogarth comme le macabre Mariage À-la-Mode, sur le mariage funeste entre un lord sans le sou et une fille de marchand, contenant une tonne de détails sur les coutumes, publIques ou servirent de référence.
Kubrick établit des archives peintures issues de livres de reproductions et les utilisa comme bible avec ses collaborateurs. Bernard Williams se souvient : « “Stanley, on a besoin de la feuille de service de demain.” Et il dit : ‘’ Ressors toutes les peintures.” Les peintures étaient devenues source. Il parcourut toutes les œuvres et dit : “Eh bien, je pourrais faire ça demain, je pourrais faire ça demain et je pourrais faire ça demain. Prépares les toutes.” » Mais une fois que le plateau et les modèles étaient prêts, dans un décor réel où on tournait en lumière naturelle ou, pour les intérieurs, quelque chose de proche. Aiton et Kubrick filmaient tout dans l’esprit des peintres de la fin du xiiie siècle, et tout particulièrement celui de Gainsborough, qui peignit des centaines de paysages, ainsi que des portraits avec des paysages de fond qui l’on rendu célèbre. Le slogan de Kubrick, comme je l’ai remarqué à propos de Full Metal Jacket, pourrait être celui de Bashô, maître de haïku au xviie siècle : « Je ne cherche pas à marcher dans les pas des anciens. Je recherche ce qu’ils recherchaient. »
Kubrick aurait copié des peintures d’époque dans ses plans. Chantilly Couper les gousses de vanille en deux et gratter les graines. Monter la crème liquide en chantilly avec le sucre et les graines de vanille. Dressage Garnir les choux au caramel avec la crème mousseline. Détendre le crémeux caramel dans le robot avec la palette à très petite vitesse pendant quelques secondes (juste pour le rendre plus souple). Garnir une poche à douille lisse de 10 mm et pocher une grosse noix de crémeux au centre de chaque disque de pâte sucrée (le crémeux va permettre de coller les choux donc il faut en mettre une petite quantité). Coller 3 choux par rond de pâte sucrée (garder un choux pour le dessus). Garnir une poche à douille cannelée de 14 mm avec la chantilly et entre chaque choux partir de la base en remontant et terminer par une petite rosace comme sur la photo. Déposer les choux sur le dessus et décorer avec une feuille d'or.
Témoignages Récit de Bernard Williams, producteur associé d'Orange mécanique et de Barry Lyndon, après une projection de Barry Lyndon, le 21 août 2006. Publié avec l'autorisation de B. Williams et de l’Académie. « Il m'a dit, la semaine précédant le tournage : " Quelle est la scène la plus difficile à tourner dans ce film ? " Je lui ai répondu : " Eh bien, le plan en travelling des Anglais en train d'avancer sur les Français. " Il dit : " OK, on commence par ça lundi”. Je lui dis : " Mais il va pleuvoir toute la semaine. " Et lui : " OK, on tournera sous la pluie. Je lui dis : " OK, parfait”. Il répond : " Faisons une réunion la veille du tournage. " Alors je dis : " D'accord. " [Lors de la réunion] Il dit : " Donc les hommes marchent en ligne, c'est ça ? Et je fais un travelling sur 250 mètres à travers champs. Comment gardons-nous tous leurs pas sur le même tempo ? " Je lui dis : " Eh bien, ils viennent de l'armée, Stanley. " Il dit : " Non, non, non. Ils doivent marcher à l'unisson. Qu'as-tu prévu pour ça ? " Je suis assis là, et je fais [geste de perplexité] . “Eh bien, Bernie, dit-il, il nous faut 1 500 mètres de corde verte. Vous mettez de la corde verte tous les mètres et ensuite, ils n'ont plus besoin de regarder par terre. Ils la sentent sous leurs pieds quand ils marchent et là, ils seront tous à l'unisson. " Je lui réponds : " OK. Alors nous allons trouver la corde. " C'était un dimanche. Et le dimanche, en Irlande, seuls les pubs et les églises sont ouverts. Ensuite, il dit : " Comment ça s'appelle, ce qu'on pose sur les pianos ? " Je lui dis " Un métronome. " Il répond : " Eh bien, il faut en construire un grand. Et on l'installe sur un praticable et on fait venir un compositeur d'Angleterre. Le métronome fera tic, tic et ils feront tic, tic, tic… Ils marcheront tous ensemble. " Je lui dis : " D'accord, parfait. Est-ce que c'est tout, Stanley ? " Et il dit : " Qu' est-ce que tu vas faire quand il pleuvra ? " Et je lui dis : " Eh bien, on a des grandes tentes… " Il dit : " On ne va pas mettre trois heures à aligner les hommes sous la pluie et se ruer après sous les tentes. Comment appelle-t-on ce truc que Clint Eastwood porte dans ses westerns ? " Je lui dis : " Un poncho. " Il répond : " Il m'en faut 500 pour demain. Et apportez aussi des sacs, un pour leur tête et deux pour les pieds. On aura besoin d'élastiques pour leurs pieds. Ils mettent ça sur leur tête pour protéger les perruques et ils mettent un poncho et vous leur donnez des sandwichs et une gourde de café. " Je lui dis : " Où on met tout ça ? " Il dit : " Dans un sac. " Je lui dis : " Mais, ce n'est pas d'époque. " Il répond : " Aujourd'hui c'est d'époque. Préparez 500 sacs pour demain et mettez tout dedans. " Et ça a été comme ça tous les jours ; une invention par jour. »