Actives magazine - Mai 2012 by Sopreda 2

MAI 2012

FAITES DES MÈRES ! RENCONTRES 3 GÉNÉRATIONS DE FEMMES SE RACONTENT

LE RETOUR DES FÉMINISTES ! SUPPLÉMENT DU MAGAZINE

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Crédit photo : © Yves Perret

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du 16 juin au 16 septembre 2012 Savoie et Haute-Savoie

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sommaire Times good auprogramme de mai

lara porteuse… Edito 5 brèves L’actu des Savoie 6 arrière-boutiques L’actu des boutiques 8 beauté La beauté en sachet 10 santé Au pied des maux 12 interview Liz Mc Comb est de retour, alléluia ! 14 old fashion De frippes et de flippe 18 mod’euse Bac philo, et si l’on s’y remettait ! 24

FAITESDESMERES ! bestiale Doit-on souhaiter la fête des mères aux vaches ? indigne Chacun son avis révolutionnaire Big mother crédule Cher père Noël… rêveuse Une courte page de publicité historique La malédiction de la fête des mères en pays de Savoie tactique Petit guide à l’usage des gendres traditionnaliste Les impairs du père !

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enquête Alarme, citoyennes !

GÉNÉRATIONN’ELLES

paulette colette laetitia Des racines et des elles 56 laure anne-marie éva Dans le bleu des yeux 64 nadette catherine florence Paroles par elles 70 micheline patricia jessica 3 drôles de dames 78 michelle claudine noémie Racines de trois 86 suzanne marie-colette jessica Chemins de ter 94 reine martine paulette Les triplettes de Belleville 102 humour A titre provisoire livres Ouvrages de dames psycho Le burn-out des mères juridique Vade-mecum suite au décès d’un proche gastronomie Une étoile au paradis recettes Suggestions du mois astrologie Mai, astres et désastres savoie sépia L’exceptionnel destin de la comtesse de Verrue ours Coupon d’abonnement jeux Chiffres croisés, sudoku, mots fléchés

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mai 2012 ACTIVES : supplément mensuel d’Eco des Pays de Savoie C.P. 0715 I 79304 Directeur de la publication Alain Veyret Directrice déléguée de la publication, rédactrice en chef Lara Ketterer l.ketterer@activesmag.fr

ETCEN’ESTPASMOI QUILEDIT...

Dominique Gay, Eric Bergœnd

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Secrétaire de Rédaction Victoire Barrucand v.barrucand@activesmag.fr Design, maquette, montage PAO Sophie Caquineau, Myriam Ripert, Gaëtan Perrotin, Olivier Baulet. Responsable de la publicité Alain Ferrier 06 47 84 79 86 Attachées commerciales Marie-Camille Gianre 06 60 08 24 92 Betty Ferrier 06 60 04 29 30 Blandine Mathieu 06 60 60 24 94 Muriel Chevallet-Gros 06 07 54 24 90 Nathalie Attinault 04 50 33 11 04 Aurore Moënne-Loccoz 06 61 06 24 31 Journalistes Marie-Caroline Abramovitch-Boubée Victoire Barrucand - Diane Boccador Philippe Bollard - Virginie Bosc Pascale Godin - Nolwenn Huyart Sabine Léger-Juskowiak - Fleur Tari-Flon Christine Mouez-Gojon - Pascal Villa Caroline Lavergne - Nathalie Truche Louise Quazzola - Anabelle Brand Valérie Deperne - Agnès Gasiot Béatrice Meynier - Catherine Chappaz Sophie Parmantier - Frédéric Charpentier Impression Imprimerie Brailly (69) Distribution Supp. de l’hebdo. Eco des Pays de Savoie. Marchands de journaux.

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Voilàvoilà…

FAITES DES MÈRES ! RENCONTRES 3 GÉNÉRATIONS DE FEMMES SE RACONTENT

LE RETOUR DES FÉMINISTES ! SUPPLÉMENT DU MAGAZINE

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Photo de couverture : © Nina Malyna - Fotolia

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brèves

Des rêves de gosses

Mai sur le pont !

Plus d’infos : www.odyssea.info

Un Routard spécial Savoie Mont Blanc A l’aube de son 40ème anniversaire, le Guide du Routard, référence des guides touristiques au capital sympathie indéniable, a souhaité sortir, pour la première fois, une édition spécifique à la destination «Savoie Mont Blanc», disponible à la vente depuis le 4 avril dernier. Des adresses abordables aux adresses les plus chics, le Routard fait découvrir celles qui ont le plus de charme et au meilleur rapport qualité prix ! Pour l’anecdote, il se vend 1 guide toutes les 4 secondes, soit plus de 2,5 millions d’exemplaires par an. Celui de Savoie Mont Blanc remportant déjà un franc succès, il devrait probablement faire l’objet d’une réimpression...

Mercotte s’exporte ! Mercotte est une active sexagénaire savoyarde, passionnée de cuisine et fan de desserts. Elle a été une des premières à initier la mode des macarons sur Internet, à travers son blog «la cuisine de Mercotte». Après le succès de son ouvrage «Solution macarons» (aux éditions Altal), le titre vient de paraître dans sa version anglaise... «Sweet macarons» va être désormais distribué aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre et en Australie !

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«Les Chevaliers du Ciel» sillonnent la France pour donner vie à des «Rêves de Gosse». Leur objectif : faire tomber les barrières du handicap en rassemblant des enfants «ordinaires» et «extraordinaires» (handicapés, malades, exclus...) par binôme autour d’un projet pédagogique. A la clé : un baptême de l’air. La Jeune Chambre Economique de Chambéry & sa région participe à l’opération en portant ce projet pédagogique autour de la fabrication, la décoration et l’envol de cerfs-volants. Les premières rencontres ont débuté fin février et s’échelonneront jusqu’à début juin. En récompense, le 25 mai prochain, 220 enfants de Chambéry, son agglo et de Saint-Jean de Maurienne se verront offrir un baptême de l’air. Un village de tentes sera dressé avec des animations tout au long de l’après midi : clowns, maquilleuse, musiciens, sculpteur de ballons notamment. Plus d’infos : www.revesdegosse.com

La course à pied, un

sport collectif ?

©Darren Brode

Chez nous, Odysséa organisera 3 circuits en cœur de ville et vieille ville de Chambéry le samedi 12 mai, depuis le parc du Verney : 5 km, 8 km ou 1,5 km pour les enfants. Les fonds récoltés seront reversés aux associations de cancérologie de l’Hôpital de Chambéry et du Médipôle, à l’association Cancer du sein, rester femme, vivre bien et au Comité de Savoie de la ligue contre le cancer. Objectif : 6000 adultes et 600 enfants. En 5 ans, Odysséa Chambéry a reversé plus de 80 000 euros aux associations locales.

©Les Chevaliers du Ciel

Depuis 10 ans, l’association Odysséa organise un circuit de courses/marches au profit de la lutte contre le cancer du sein, l’occasion de promouvoir l’activité physique qui permettrait de diminuer les risques de ce cancer de 40 %.

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Initialement créé en 1958, durant l’âge d’or du rock’n’roll, le fauteuil et canapé «1958» revisite une époque insouciante et souriante, digne de l’univers sophistiqué de «Mad Men». Grâce à ses lignes originales et sa palette de couleurs vives, les amateurs de mobilier design et de confort vintage pourront renouer avec une forme de simplicité chic. Le modèle existe désormais aussi en revêtement imperméable, pour une version outdoor. Se jouant ainsi de la pluie, le «1958» est plus que jamais dans le vent ! A retrouver dans votre espace Tousalon de la Ravoire-Chambéry.

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et élégant, venez découvrir le nouvel espace de la boutique DDP, au 36 rue Sommeiller à Annecy. Plusieurs semaines de travaux ont été nécessaires pour «pousser les murs» et gagner une large surface... Tant mieux : plus de place, plus de choix... Ana et Nathalie vous accueilleront pour vous présenter la collection de cet été, ainsi que la ligne maroquinerie. En nouveauté et pour nos teenagers, la collection Mademoiselle DDP, pour les 8 à 16 ans. DDP Woman, la marque chic, un brin rebelle à découvrir ou redécouvrir.

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LABEAUTÉENSACHET

beauté

es Indiens des Andes ont été les premiers à utiliser ce processus, à l’époque drôlement rudimentaire. Ils conservaient les pommes de terre en les immergeant dans l’eau glacée et en les laissant se déshydrater grâce à l’altitude et à l’exposition au soleil… Le froid les refroidissait en surface, la chaleur provoquait leur séchage. Les pêcheurs réservent encore ce genre de sort à certains poissons ! Ces techniques se sont évidemment améliorées et diversifiées (salaison, immersion dans les saumures, atomisation, lyophilisation…). Les industries chimiques, alimentaires et pharmaceutiques en sont les principaux utilisateurs. Des fabricants de cosmétiques commencent à leur emboîter le pas… et proposent une «beauté lyophilisée».

T’AS PAS FROID AUX YEUX ? Déshydrater, c’est éliminer l’eau par évaporation pour réduire le produit en poudre, en cristaux, mais sans qu’il ait atteint

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La déshydratation est l’une des plus anciennes méthodes de conservation connues. On a l’habitude de consommer, sans états d’âmes, des aliments, des médicaments qui ont subi ce type de transformation. Voilà que la cosmétique s’y colle. A vos pots de crème, et à vos soins spécifiques en poudre ou en cristaux… A l’eau… Tu m’entends ?

Par Christine Mouez-Gojon

un degré de dessiccation suffisamment optima, pour garantir une conservation à long terme. En revanche, le procédé de lyophilisation (plus onéreux) implique des étapes complexes, - congélation rapide à -60°, sublimation de la glace, séchage à froid, dessiccation -, en n’ayant recours à aucun apport d’additifs du type conservateurs ou antioxydants. Ce processus, inventé en 1904 par des physiciens français, s’est d’abord appelé la cryodessiccation en raison de la phase initiale de congélation (du grec, cryo, le froid), avant que le professeur Alexander Flemming, en 1943, ne propose le terme de lyophilisation. Les substances soumises à cette transformation se gardent plusieurs années, en emballages sous vide, et de préférence opaques afin de préserver intactes leurs caractéristiques organoleptiques… On connaît les sachets de sauces, de soupes, de certains fruits et légumes ou encore de plats cuisinés auxquelles il suffit d’ajouter un peu d’eau chaude ou froide pour leur redonner un air de fête en un temps record. C’est bientôt pareil pour vous faire belle !

JOUER AU PETIT CHIMISTE La pharmacie utilise depuis longtemps la lyophilisation. Alors pourquoi ne pas être séduite par un masque en poudre, une pastille compacte hydratante ou antiride, un disque de crème «sèche» démaquillant, un gommage en cristaux, avec juste la contrainte bien rigolote de les passer sous l’eau avant de les appliquer sur le visage et le corps humectés par vaporisation pour qu’ils se délitent et délivrent leurs bienfaits. La présentation est quelque peu déconcertante et moins glamour, certes, qu’un flacon au design qui se la joue déco-luxe sur la tablette de la salle de bains… Mais ça, c’était «avant». Modifier son geste de «beauté» va devenir ludique, et de surcroît pratique et fiable. Avec l’envie de faire «la peau» aux concepts traditionnels.

PRATIQUES ET SAINS Les cosmétiques lyophilisés n’en sont qu’à leurs balbutiements. Attrayants tant pour les professionnels en institut que pour les particuliers, ils présentent des avantages intrinsèques très intéressants. La conservation des produits est garantie sur une longue durée. Ils gardent toutes leurs propriétés, sans subir les aléas des différences de températures. La peau ne reçoit que les principes actifs (la formule initiale n’est pas modifiée en quoi que ce soit). Ils sont légers, peu encombrants (le panel de soins secs existent en mono dose), et, assurément, plus hygiéniques qu’un pot de crème dans lequel les doigts replongent à chaque usage. Tu fais quoi ce soir ? Je me régale d’une soupe en sachet, et je m’applique un masque en galet sec, à diluer dans de l’eau minérale… Après, j’irai dormir dans de vrais draps… Avec mon amoureux sans cellophane. ■

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santé

D E I P U A DESMAUX Avec environ 20.000 pas par jour, des stations debout prolongées, des piétinements, et perchés sur des «stilettos » coquins, ils se doivent d’être à la hauteur, de rester polis et en bonne santé. Ils vont d’ailleurs bientôt prendre l’air et s’exhiber. Donc, pas question de lever le pied.

Par Christine Mouez-Gojon

FRAGILE, LE PIED !

DES PALLIATIFS Parmi les pathologies plantaires, les callosités tiennent le haut du pavé. Un Français sur trois en souffre. Elles se caractérisent par un durcissement de l’épiderme localisé sur la plante du pied, le gros orteil ou le talon. Pensez à éliminer régulièrement peaux mortes et rugosités avec une pierre ponce ou une râpe à 2 faces pour émousser en profondeur la corne et permettre une finition soignée. Procédez régulièrement à des gommages en gel ou en crème. Et hydratez au quotidien. Le durillon est également un durcissement de la peau, mais qui ressemble à quelques exceptions près à un cor. Il provoque une douleur largement diffusée sur la plante du pied, que l’on peut soulager grâce à des pansements coricides, pour un temps, efficaces.

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HYGIÈNE AU QUOTIDIEN Si vous les sentez échauffés ou très secs, il existe un large panel de produits procurant bien-être, détente, sensation de fraîcheur pour les uns, crèmes réparatrices, masques régénérant pour les autres. Faites-les tremper dans un bain d’eau tiède salée (pas plus d’un quart d’heure) avec éventuellement des pastilles, des galets, des tablettes effervescentes vendues à cet effet. N’oubliez pas de les masser en formant des cercles dans le sens des aiguille sd’une montre afin d’activer la circulation sanguine. Si vos ongles sont jaunes ou tâchés, frottez-les avec un jus de citron, et pour les cuticules trop épaisses avec de l’huile d’amande douce avant de les repousser. Pour blanchir le bord libre, immergez-les dans un bain d’eau savonneuse et passez délicatement dessous un cotontige imprégné d’eau oxygénée à 20°. Coupez les ongles court pour conserver une bonne hygiène. Utilisez des ciseaux à bords droits ou une simple lime pour leur donner une jolie forme sans les agresser. Après la douche, essuyez bien la zone entre chaque orteil car elle constitue la cible préférée des bactéries. Des semelles pour compenser, ça existe. Pour les sportifs, la nouveauté ce sont des chaussettes «pro-racing socks» dotées de coussins molletonnés. Pieds au sec. Sans frottement et avec activation de la circulation sanguine. Que les fétichistes se rassurent, on est dans les starting-blocks, et les pieds à l’air, ça va être le panard ! ■

es gens du Nord les ont plus fins et élancés que les Méditerranéens. Les femmes les ont souvent égyptiens, c’est-à-dire avec des orteils en ordre décroissant. Le pied idéal doit être souple. Ni trop sec, ni trop humide, légèrement cambré avec des orteils mobiles, et bien sûr, sans cors ni durillons. Le poids du corps reposant entièrement sur eux, il devient vite difficile de supporter tous leurs petits maux. On trouve des palliatifs à utiliser soi-même pour calmer les inflammations en urgence, et ponctuellement, car une visite chez le podologue s’imposera pour traiter le mal en profondeur. Vade-mecum non exhaustif, pour se lever du bon pied.

Les ampoules sont très courantes, douloureuses, mais pas dangereuses. Elles se créent sur les points de frottement de la peau et de la chaussure, et elles touchent un Français sur quatre. Ne les percez pas, au risque de les infecter. Des pansements transparents et résistants à l’eau soulagent immédiatement et favorisent le processus de cicatrisation. Six millions de Français ont des cors aux pieds. Ils poussent aux endroits de pression, sur le dessus, les côtés et les extrémités des orteils. Ces petites bosses rondes font très mal, et sont particulièrement inesthétiques. Vous pouvez tenter d’en venir à bout avec des disques coricides, ou vous munir de coupe-cors… Des solutions provisoires. D’autant qu’au même titre que l’œil de perdrix (entre les orteils), ils ont tendance à récidiver. Vous «instrumentaliser» n’est pas forcément une bonne idée, car le pied est fragile, jamais à l’abri d’une infection. Prenez rendez-vous chez un professionnel qui a la maîtrise du bon geste. C’est, certes, un budget, mais le meilleur moyen de retomber sur ses pieds.

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! A I U L E L L A Dans la foulée d’une série de concerts pour la sortie de son intégral CD et DVD live, Liz McComb sera de passage à Lyon pour un récital unique, le 1er juin prochain. La «Passionaria du Gospel», qui jadis officiait en première partie de James Brown, Ray Charles ou encore B.B. King, s’est confiée à nous sur son enfance bénie et sa vocation à toute épreuve...

Propos recueillis par Pascal Villa

Photo : SCvisuel

est lors d’un shooting photo, entre deux prises, que Liz McComb, apparue tout de noir vêtue, nous adresse ses plus plates excuses pour son léger retard. Mais le spectacle de ces coulisses est presque aussi réjouissant que ses performances scéniques. Elle prend la pose avec jubilation. Puis, voyant l’objectif piquer du nez vers son décolleté, elle prévient avec toute la douceur de son accent : “Please, je suis une lady, pas un model de magazine !” Quelques instants plus tard, visiblement plus détendue, elle se raconte. “Ma mère était une missionnaire de l’église pentecôtiste, l’église traditionnelle du gospel, donc j’ai grandi avec ça.” Dès son plus jeune âge, elle auditionne pour la chorale de sa paroisse. “Le chef de chœur était un vieux monsieur, Mister Fraley. Quand il m’a vue, il s’est écrié, “mais qu’est-ce que cette petite fille fait là ?” Puis il a auditionné toutes les filles, sauf moi ! J’avais le cœur brisé !” Quelque temps plus tard, ses sœurs aînées, qui forment un trio, doivent se produire lors d’un concours. C’était à Pâques et, ne les voyant pas revenir de leur piquenique, l’organisateur demande à la petite Liz de les remplacer au pied levé. “Je me souviens d’avoir interprété Move on up a little Higher de Mahalia Jackson, et je peux dire que j’ai littéralement enflammé le public. Quand je suis retournée m’asseoir dans l’église, Mister Fraley est venu me voir, tout surpris que je sois capable de chanter.” Et, du haut de ses quatre ans, elle lui lance : “Mais vous ne me l’avez jamais demandé, vous m’avez juste mise à part sans me donner la moindre chance !”

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Actives : Quand avez-vous décidé que ce serait une vocation ? Aussi loin que je me souvienne, c’est depuis cette enfance chérie que j’ai imaginé un jour devenir chanteuse. Mais dans toutes les familles afro-américaines c’est naturel, tout le monde chante, à chaque occasion, pour Noël, Thanksgiving, un anniversaire, il y a toujours une mélodie dans l’air... Ma mère, mes sœurs, mon frère, nous étions tous passionnés. Mon frère était trompettiste, il voulait suivre les traces de Charlie Parker, Max Roach et tous les grands du jazz. On vivait aussi avec mon oncle et ma tante qui avaient des tas de 78 tours. On écoutait les tout premiers morceaux de blues, de boogie woogie... Entre le piano et le chant, comment avez-vous découvert tous ces dons ? Oh, je ne parlerais pas de dons, parce qu’il y a tellement de bons chanteurs et de bons musiciens, mais j’ai surtout la chance d’être plutôt extravertie et entêtée ! C’est ce qui donne de la profondeur à mes performances, je crois. Même s’il y a des problèmes techniques, ou n’importe quel imprévu sur scène, j’y vais, the show must go on ! Sur scène, vous mêlez gospel et rap, en passant par la soul et le R’n’B, d’où vous viennent toutes ces influences ? Le gospel est évidemment une grande influence, et je peux évoquer tant de grandes chanteuses comme Jean Austin qui vivait à Cleveland à l’époque, Mahalia Jackson, bien sûr, Aretha Franklin, Clara Ward... La liste est tellement longue ! Mais à l’adolescence, il y avait aussi parmi mes connaissances Joyce, une pianiste totalement inconnue. Cette fille n’était pas très sympathique à mon égard, je pense qu’elle était un peu jalouse de moi parce que j’étais amie avec son ex-mari, donc je n’ai jamais osé lui dire à quel point je l’admirais. Je crois qu’elle n’était même pas consciente de son propre talent, mais c’est probablement la plus grande pianiste que j’ai jamais entendue. Je ne sais pas si elle est encore vivante, mais pour moi, elle reste gravée dans ma mémoire, et elle continue de m’inspirer, autant que d’autres grandes stars. La scène étant un lieu profane, en quoi est-ce différent pour vous par rapport à un concert dans une église ? Il n’y a aucune différence pour moi entre chanter sur scène ou dans une église. Dans une église, il y a la paix, la tranquillité. J’ai appris à

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garder tout cela en moi, j’ai appris à être chez moi n’importe où... Et ce n’est pas chose facile, il faut avoir traversé bien des épreuves pour y parvenir. Comme je vous l’ai dit, ma mère était missionnaire, et c’est elle qui m’a enseigné la compassion, la tolérance et toutes les formes de sagesse qui font ce que je suis aujourd’hui. J’ai appris à être heureuse. J’ai appris que l’on ne peut pas se préparer à vivre le lendemain parce qu’on ne sait jamais de quoi il sera fait. Et puis, Dieu ne veut pas que nous soyons égoïstes. Alors, j’ai choisi d’aimer les autres et d’être capable de les aider s’ils en ont besoin. Cela aussi me rend heureuse. Et je crois sincèrement que le bonheur est une chose dont on doit faire le choix ! Mais en définitive, c’est sur scène que je suis la plus heureuse, parce que c’est là que je donne le meilleur de moi. D’ailleurs, je trouve qu’il est de mon devoir de transmettre un peu de joie aux autres. Vous êtes aussi très attachée au combat pour les droits civiques aux Etats-Unis... Oui, quand les Afro-américains ont reçu le droit de vote, je n’étais qu’une enfant, mais j’ai vécu ma jeunesse dans les années 60 et 70. A ce moment-là, ce n’était plus un combat de rue, mais on continuait à se battre par l’esprit et par l’intellect. Des gens comme Rosa Parks, Malcolm X, Martin Luther King sont de vrais héros pour moi, tout comme ma mère, sa mère et mon arrièregrand-mère... Aujourd’hui, je ne peux pas être considérée comme eux, mais j’estime qu’il est de ma responsabilité de perpétuer cette œuvre de justice. Comment voyez-vous votre carrière aujourd’hui ? Aujourd’hui, je veux aider les jeunes, parce qu’il me semble que beaucoup ont perdu le sens de l’intégrité. Ils veulent être star, un point c’est tout. Mais il faut faire son chemin, il faut gravir les échelons. Le talent, c’est bien, mais le talent sans la responsabilité, ça ne veut rien dire. Alors oui, on peut devenir meilleur que nos prédécesseurs, mais pour cela, il faut respecter l’héritage des anciens et apprendre à l’utiliser. ■

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Le vintage est tendance. Etrange paradoxe qui place au rang de mode ultime des vêtements démodés. Mais les raisons de ce succès vont au-delà du simple exercice de style, la nostalgie n’est pas qu’apparence. Et le passé s’incarne alors en authentique figure protectrice. Un vêtement comme un grigri ? Un peu. Mais en couleurs.

Par Pascale Godin

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es 2 et 3 juin, le marché de la mode vintage, à Lyon, accueillera pour la 10ème année consécutive les amateurs du genre. Cerise rouge 50’s sur un gâteau qui ne cesse de progresser, il pose ses valises estampillées oldies au cœur d’une friche industrielle. Le fond dans la forme, en somme. Créée à l’initiative de Nadine Gelas, Directrice de l’Université de la mode, la bourse d’échanges est en constante progression et devient un événement de dimension internationale. 28 000 visiteurs pour l’édition 2011. Partout, des manifestations à l’identique se multiplient, les boutiques vintage foisonnent, quidam et stars s’arrachent les tissus du passé. La mode fait friper ?

VINTAGE/20 ANS Le mot n’est pas nouveau. Le terme anglais, issu du mot «vendange», désigne à l’origine un vin d’une exceptionnelle qualité. Un millésime, un grand cru. Mais aujourd’hui, il s’assimile à tout ce qui peut être aussi qualifié de rétro. Et parle finalement d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Côté mode, le terme est un fourre-tout dans lequel se carambolent vêtements anciens, collections nouvelles (qui en revisitent l’allure et l’esprit), hautecouture (assimilée à un véritable marché de l’antiquité) et fripe. L’engouement pour cette dernière n’est d’ailleurs pas si récent. Toute une génération, née dans les années 60 et 70, fouillait déjà le

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vestiaire des grands-pères à la recherche des chemises éponymes, et exhumait des puces les musettes de l’armée américaine et les tweeds des années 40. Une sorte de quête identitaire par le vêtement, en réaction contre le consumérisme et la tendance naissante du nivellement par la marque. Pourtant, l’esprit vintage d’aujourd’hui ne répond aux mêmes stimuli que de façon partielle. 30 années d’évolution économique et sociétale sont passées par là, et le vintage sort des boutiques de fripes imposant dorénavant ses codes aux marques. C’est un fait nouveau. Grosses lunettes façon mouches, bottes à poils, velours côtelé et blouses romantiques, la mode tourne en boucle et le faux vintage envahit le marché. En tentant d’en assimiler l’esprit.

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Le vintage suggère l’idée de valeur sûre et de permanence. Mélanger sa garde-robe contemporaine aux traces du passé, c’est être intemporel, unique, c’est avouer qu’on peut être perméable à la mode, mais pas à la tendance. En piochant dans le vestiaire ancien tout en conservant les codes de sa génération, Peggy, étudiante à ESMOD, a le sentiment d’inscrire son histoire individuelle dans l’histoire collective et s’écarte de l’uniformisation : “comme tout le monde, je porte des jeans ou des leggins. Mais j’ai trouvé dans une friperie des escarpins vintage d’une belle qualité pour 10 euros, une veste marron rouge en velours des années 70 qui me va super bien et une écharpe tricotée main. Aujourd’hui, la mode a trop de tendances noires et grises, c’est sympa de rajouter des couleurs et de mixer d’autres matières. Avec un beau vêtement de qualité, qui a perduré, de bonne coupe, j’ai l’impression d’être unique. C’est mon style, c’est moi”.

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Côté podiums, le vintage a valeur de témoignage et sert d’exemple concret aux jeunes créateurs. Les grandes maisons ne jurent aujourd’hui que par un mot furieusement tendance et emprunté à la science, le sacro saint ADN de la marque. Le passé comme justificatif. Pour Didier Ludot, antiquaire de la mode au Palais Royal : “Il y a 30 ans, les maisons de haute-couture ne possédaient que peu d’archives. A ce niveau, le vintage devient un patrimoine autant qu’un savoir-faire à préserver. Et donne à la personne qui porte une telle pièce la certitude d’être la seule au monde à la posséder. Une exception”. En 2001, Julia Roberts apparaît à la cérémonie des Oscars dans une robe Valentino créée en 1992. Les fashionistas se pâment, la tendance est lancée. Demi Moore, Nicole Kidman et Jennifer Lopez s’y engouffrent, Courrèges ressort une petite veste lancée dans les années 60, un sac Hermès millésimé est estimé, dans une vente aux enchères, à 15 000 euros. On est loin du bon marché des puces. Qu’importe, c’est vintage quand même.

CHAP AND CHAPEAUX C’est bien connu, le vieux inspire confiance. Et le vintage traduit aussi ce goût du souvenir, à une période où il faut aller toujours plus vite et se projeter dans un futur aléatoire. Du coup, le retour en arrière, par le vêtement, remplit une fonction imaginaire. C’était mieux avant (traduire «plus rassurant»). La récu-

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Baby Dior collection été 2012

pération remplace la consommation pure et transmet une sorte d’«éthiquette», il raconte une histoire dans un présent exempt de mythologies pérennes. La récente série «Mad Men», déjà culte, s’habille vintage. Et l’on ne retient de ce pamphlet que l’indiscutable classieux du chapeau mou de Don Draper ou du tailleur de son épouse montée sur escarpins. Quand son but est de dénoncer la société des années 60, misogyne, raciste et homophobe. Les magazines saluent le style, s’émeuvent des ongles rouges de Betty Draper et finissent par titrer «A nous le look secrétaire sixties !» «Mad Men», ou l’insoutenable légèreté de la référence. De l’autre côté de la Manche, le mouvement «Chap» s’organise et déborde petit à petit sur l’hexagone. Ambiance Chesterfield, pipe à gogo, concours de martinis, combats de parapluies. Plus channel que Chanel. De parfaits gentlemen prônent un retour à la politesse, à l’humour, le port du tweed et du chapeau melon. Le club donne dans la mixité et les bottes de cuir sont portées par les « chapettes ». Un plus du XXIème siècle qu’Oscar Wilde, Lord Byron, Blake et Mortimer n’eurent sans doute guère apprécié. Mais que David Niven, Chap ultime, eut adoré.

DANS LE MÊME (PETIT) BATEAU Les créateurs de mode pour enfant se sont évidemment engouffrés dans le créneau pour satisfaire les parents

vintage. Réédition de robes imprimées vichy ou petits pois, duffle-coats, même le jacquard n’est plus ringard et pour les petites filles, l’été s’annonce fichu. Le foulard, s’entend. Par le passé, les garde-robes enfantines passaient de générations en générations pour des raisons économiques. Et faisaient naître, à travers le vêtement, un sentiment de filiation du même coup. Une sorte d’émotion familiale difficile à retrouver dans le vintage à neuf : “Cette transmission s’avère aujourd’hui plus compliquée - explique Aude le Guennec, historienne de la mode - les problèmes de sécurité du vêtement ou de la laine qui gratte exigent des marques qu’elles adaptent et simplifient cet inépuisable creuset que sont les classiques de l’enfance. Elles travaillent sur la base d’archives, de photos anciennes. La mode enfantine contemporaine fait une large part aux emprunts du passé, car les tenues des années 30/50 inspirent des silhouettes nostalgiques. Qui sont paradoxalement qualifiées d’intemporelles. Et cela place l’enfant hors du temps, dans une bulle nostalgique. Et sécuritaire.” Les parents ne projetteraient-ils pas alors leur propre désir d’authenticité et de sécurité face à ce monde un peu bancal ? D’aucuns diront que c’est aller trop loin, que des parents vintage veulent simplement que le style de leurs enfants soit raccord au leur. Ce qui, tout bien réfléchi, revient au même.

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Quel est le lien secret entre le mode de vie préhistorique du ramassage et de la culture de fruits/ légumes et la terrible et indomptable attirance génético-transgénérationnelle de la femme vers tout ce qui est... chaussures et sacs à main ? Argumentez avec qui vous voulez, à savoir Freud, Dieu, Darwin, Diable, Eve-elle-même, Octave*, votre copine, et même avec tout ce beau monde en même temps ! Bon courage et essayez d’être convaincant, parce que de toute façon, vous n’y arriverez pas !

Par Flora

autant plus que c’est innocent de votre part de ne pas connaître ce fabricant tout puissant de faux rêves pourris qui coûtent «99 francs» et un bras, la cause même de cette société de surconsommation qui se rue vers des futilités qui valent 20 euros qui coûtent 200 euros et qui se soldent à 99,99 euros ! Ce besoin de «philosopher» part du fait que je suis déprimée !!!! Et je suis déprimée parce que j’en suis à ma 4ème paire de chaussures depuis hier (2 sur internet et 2 dans un magasin bondé de monde) et même avec ça, j’ai passé la nuit entière à essayer encore et encore des chaussures de toutes sortes et de toutes couleurs, jusqu’à l’écœurement ! La faute à ces soldes flottants et autres promotions en tout genre pendant la période hors soldes, hors fêtes commerciales, hors tout… comme s’il n’y en avait pas déjà assez comme ça ! Entre parenthèses : elles sont sublimes mes nouvelles chaussures ! Et entre nous, ça ne coûtait même pas une jambe du short soldé chez Hugo Boss de mon homme. En fait, si. Mais personne ne le croira. Bon, OK, on s’en sort comme on peut hein ?! (vous souvenezvous de mon stock d’excuses pourries du mois dernier ?). Somme toute, je ne suis qu’une pauvre victime dont le portefeuille est définitivement percé ! ll était temps d’ailleurs de m’en trouver un

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nouveau ! En soldes, bien sûr ! Mon besoin de «philosopher» est d’autant plus oppressant que j’ai entendu hier, dans le même magasin bondé de monde, un appel au secours d’une fille de mon espèce ! Elle était avec ses 4 copines, toutes dans le même piteux état que le mien, à savoir ne rien vouloir savoir d’autres que de s’obstiner à essayer sans relâche des chaussures. Puis d’un coup, elle s’est arrêtée et cria ceci : “Bon, là, quelqu’un m’arrête s’il vous plaît ?” Dans ces cas-là, difficile de compter sur la vendeuse trop contrainte à devoir vendre, en même temps, c’est un peu son métier. Heureusement pour la victime, toutes ses copines ont dit solidairement : “Oh non, t’as déjà cette couleur, puis avec des talons comme ça, tu ne pourras jamais faire deux pas avec sans te casser la figure, puis ça ne te va pas du tout, franchement”. J’en étais émue. Moi, j’étais toute seule, même pas une copine à mes côtés pour me dire des choses si réconfortantes. Remarquez que de toute façon, ça ne servait à rien parce que la fille, eh bien, elle les a quand même achetées, ses chaussures ! Mais au moins, elle aura ses copines pour lui dire juste après que finalement, des talons orange «classiques» (!) ça va quand même avec tout et ils sont très faciles à porter ! Là, je n’arrive même plus à philosopher... A vous ! ■ * Octave, publicitaire, personnage de «99 francs» de Frédéric Beigbeider

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AUX MÈRES QUI SONT VACHES ? OU AUX VACHES Q UI SONT MÈRES ?

ENFANTER NOUS DONNE DROIT, AU FIL DES ANS, À TOUT UN LOT DE «JOLIS» CADEAUX FAÇONNÉS PAR LES PETITES MAINS DE NOS CHÉRUBINS : QUE LA MÈRE QUI N’A JAMAIS EU SON COLLIER DE PÂTES SE LÈVE ! ALLEZ, AU MIEUX, LE GÉNITEUR S’EN MÊLE ET, VLAN, C’EST LE ROBOT MÉNAGER... CETTE ANNÉE, LA NATURE A EU PLUS D’IMAGINATION QUE MA DESCENDANCE. UNE BOVINE BIEN RONDE ME RÉSERVAIT UNE BIEN BELLE SURPRISE !

Par Valérie Deperne - Illustration : Sophie Caquineau

imanche 29 mai, repas prévu chez la grandmère. Quasi prête, j’envoie ma progéniture en éclaireur. C’est alors que la sonnette retentit... Le voisin, le vieux de la vieille, jactant en savoyard et bien sûr vexé de devoir répéter : “J’étais après y passer, vot’ vache va pas meilleur à cause qu’elle guenille pour vêler, à l’abade. Elle t’y meugle plus fort qu’un âne, son p’tiot y est coincé, à moitié sorti du cul”. Et de repartir tout de go, me laissant là, pantoise : d’abord, c’est un vagin, ensuite l’éleveur, c’est mon mari, moi je viens de la ville et à part planter mes talons aiguilles dans la terre, je n’y connais rien ! Mon agriculteur perso ne viendra pas (sûrement en train d’acheter au dernier moment un cadeau à sa mère) et le véto, pas avant deux heures. Un seul conseil : tire les pattes ! Bon, eh bien, quand faut y aller... Bleu de travail par dessus ma robe Desigual, paire de bottes en caoutchouc et surtout gants de jardinage pour protéger mes ongles. Là-bas, a-t-il dit, en désignant l’Arclusaz. Ah, j’entends «bramer». La tête et les pattes antérieures sorties, le veau a la cage thoraxique comprimée. Les deux bêtes sont épuisées. Lui, la langue pendante et elle, résignée. Qui n’a pas pensé au sens du

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mot irréversible lors de son accouchement ? J’attache les sabots du veau à des cordes et je tire de toutes mes forces, assise par terre, les deux pieds contre la vache. Rien. Encore une fois, encore et encore. En nage, j’enlève la combinaison. Oui ! Les contractions reprennent. Et elle de meugler en tournant la tête vers moi. Ensemble, elle pousse, je tire, la robe retroussée et les cuisses à l’air (épilées s’il vous plaît !). J’entends des voix, serait-ce mon sauveur ? Non, seulement des cyclistes. Vont-ils m’aider ? Non, ils profitent du spectacle ! Hé ! Pas de photo ! Au lieu de confabuler, venez participer. Je leur fais signe. Eux aussi, juste avant d’enfourcher leur vélo et de repartir. Pugnace, je persévère et j’espère le ploc qui nous soulagera tous les trois. Maudit soit l’inconstance du taureau obèse qui l’a engrossée ! Ma belle, pousse plus fort, moi j’ai des tout petits bras même pas musclés. Miracle ! Le ploc tant attendu me projette en arrière, les cheveux dans une bouse ! Pleine de terre et de m... mais heureuse : j’entends le souffle du veau. Je suis méga fière : moi, la «pas d’ici», je me sens plus locale que jamais ! J’aime la Savoie ! Mais pour avoir une telle fête des mères, encore faut-il avoir une vache dans son jardin ! ■

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Moi ? Ce que je pense de la fête des Mères ? Pour tout vous dire, je m’en contrecarre comme de ma première girafe ! Sophie, si tu m’entends... une fête commerciale imaginée par je ne sais quel fleuriste opportuniste qui a trouvé, là encore, le bon filon pour remplir ses caisses !

Par Anabelle Brand - Illustration : Sophie Caquineau

on, non, je ne prétends pas que les mères ne méritent pas d’être célébrées... Mais imposer ce devoir à nos enfants (les pauv’chéris, ils en auront bien assez tout au long de leur vie sans en ajouter d’inutiles !), les obliger à se présenter tel des chérubins reconnaissants (c’est-à-dire dissimuler leur nature profonde, soyons lucides) à cette date précise, ce serait comme de s’attendre à un bouquet de 7 roses rouges le jour de la Saint-Valentin (encore une belle invention du fleuriste dont je vous parlais plus haut, un malin celui-là !) ! C’est tellement... prévisible ! Moi, j’ai averti mes enfants. Dès qu’ils ont été en âge de comprendre, je leur ai dit : “Je vous préviens, cette année encore, la maîtresse va vous obliger à fabriquer un collier de crozets, ou un porte-crayons en pommes de pins ramassées au Semnoz, et bien, sachez-le, à partir de maintenant, ces cadeaux, je n’en veux plus à la maison !”

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Ben oui, ça s’accumule tous les ans, ça prend la poussière et ce n’est pas bon pour leur asthme, même s’ils n’en ont pas encore, il vaut mieux se montrer prévoyant... (Il paraît, qu’en tant que parent un tant soit peu responsable, on se doit de montrer que l’on est fier de notre progéniture, et que par là-même, le fait d’exposer ses œuvres au su et au vu de tout le monde contribuerait, au risque d’éborgner sérieusement notre déco, à la construction de la confiance en soi ! Merci les psys ! Mais tout le monde n’a pas un jeune François Cachoud prometteur à la maison ! En tout cas, nous... non). Et puis surtout, soyons francs, non seulement ces objets ne servent à rien (quand toutefois on arrive à les identifier), mais pire, ces cadeaux, sortis de l’esprit tortueux d’une Maîtresse sadique qui veut nous faire payer on ne sait quelle erreur que nous aurions pu commettre par le passé, ou dans une vie antérieure, sont généralement, franchement, littéralement... moches ! Bon, je dois l’avouer, ils l’ont plutôt mal pris au début, mes mômes, arguant que c’était une tradition qu’ils aimaient honorer, que ça leur faisait teeeeellement plaisir d’offrir les présents qu’ils avaient confectionnés avec amour pendant deeeeeees semaines (ils aiment à verser dans le mélo parfois...), ils ont même fait couler quelques larmes d’incompréhension et de colère pour me montrer leur profonde désapprobation. Mais avec toute la persuasion dont je sais faire preuve («C’est comme ça, un point c’est tout»), cette année encore, nous avons passé un dimanche des plus tranquilles, sans mièvrerie sentimentale, ni déluges de bisous et de mots mielleux... (Je suis profondément réfractaire à toutes ces effusions de joie.) A cette fin, j’avais pris soin d’entreposer une poubelle à l’entrée de la maison, le vendredi matin précédent, avant de partir au travail, pour qu’à leur retour de l’école, mes chers angelots y déposent, sans plus de cérémonie, leurs paquets encore tout enrubannés, selon mes instructions. C’est surtout ma femme que ça chagrine de ne plus recevoir ces cadeaux, elle aime bien ce genre de niaiseries, elle ! Tiens, si vous voulez son avis, vous la trouverez dans la cuisine, avec les gosses, elle est en train de préparer le farcement que je lui ai demandé pour la fête des Pères... ■

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BIG MOTHER t pourtant il ne s’agit pas de chaos. La ville est en fête nationale. Oui, aujourd’hui est une célébration, celle du jour le plus important de l’année où tous les habitants se doivent de manifester leur adoration envers le parti élu au dernière élection, cela va déjà faire cinq ans, celui des féministes. Il s’agit du jour de la fête des mères ! Le parti n’a évidemment pas inventé cette célébration, mais l’a remise au goût du jour, à son goût. Aujourd’hui, la population doit sortir dans la rue, brandir des banderoles à la gloire des femmes, faire de cette journée celle de la victoire, celle de la mainmise, non plus uniquement sur les hommes, mais sur tout le pays. La campagne des féministes était claire et séduisante : réévaluer le statut de la femme, déprécié pour des raisons discriminatoires. Un vent de liberté souffla alors sur les esprits. Mais tout ces beaux principes dissimulaient le mal. La terreur s’installa, celle du jugement, voire de la disparition de certains hommes jugés machos et racistes, sur dénonciation de membres du parti. La femme devint toute puissante ! Les codes s’inversèrent, il était désormais de rigueur que l’homme reste à la maison à s’occuper du foyer et des tâches ménagères. Les femmes géraient le pays et occupaient les grands postes. Les Barbies et autres poupées de plastique et de chevelure blonde furent retirées du marché et leur commercialisation devint tout aussi interdite et illégale que certaines substances illicites. Le deuxième sexe ne leur suffisait plus pour appuyer leurs arguments, il était nécessaire de réécrire les fondements même de l’Histoire religieuse en s’attaquant à la genèse de la Bible, désormais la femme ne naissait plus de l’homme. Désormais, les bouches maquillées revendiquent, imposent. Et qu’y a t-il de plus persuasif qu’une femme ? Surtout quand il s’agit de votre mère, de votre épouse... Et même votre petite fille, déjà, vous fait sentir qu’un jour elle vous manipulera, si ce n’est pas déjà le cas. Dans les cours d’écoles, les petits garçons dissimulent leurs goûters aux regards aguicheurs des filles et souffrent secrètement d’un complexe d’infériorité. Dans cette mascarade de bruit et

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De grands immeubles montent haut dans le ciel et on entend des gens crier. A croire que la vision totalitaire de Georges Orwell est devenue réalité, sortie de la fiction terrifiée de son esprit. Des banderoles se déplient, des slogans se huent à tue tête, des petites silhouettes grises glissent en masse le long d’un quadrillage de rues. L’atmosphère est chaude et lourde, en ce 3 juin. Pourtant, les promenades, les parcs sont déserts, les cris heureux des enfants ont laissé place aux uniformes, aux mains tendues appelant les cieux. Se dessine une vague mouvante de contestations...

Par Louise Quazzola - Illustration : Sophie Caquineau

d’horreur, la fête des mères est devenu tout un symbole, et personne ne peut s’y opposer. Les fleurs ne suffisent plus, les maris, désespérés, dévalisent les bijouteries en offrandes diverses et scintillantes. Tout leur maigre compte en banque y passe, les économies d’une année. Je ne vous parle même pas de la StValentin ! Et le vacarme gagne mes oreilles, pénètre mes pensées les plus intimes, une vapeur de roses humides et coupées se répand dans l’atmosphère, ma vision se trouble, emportée au loin et... - Papa, papa !!!! - ... - C’est à nous papa !! - Quoi ?! ... Excusez-moi, c’est cette attente qui a presque failli me rendre fou. - Je comprends monsieur, le jour de la fête des mères, chez tous les fleuristes, c’est interminable ! Il y a du monde qui afflue toute la journée, que des hommes ou presque... A croire qu’on vous l’a rappelé le jour même. Cela vous convient-il ? - Oh oui, elles sont belles, hein papa ? - Oui, oui, parfait. - Trente-cinq euros s’il vous plaît... Je vous remercie. - Bonne journée, bonne fête à Madame ! Toutes les mêmes, je vous jure, c’est la domination, elles préparent leur coup c’est sûr, je le sens... ■

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Catherine Chappaz Journaliste à Annecy

CHERPÈRENOËL… Je sais qu’il est un peu tôt pour t’envoyer mes doléances, mais là, il y a vraiment urgence ! Je voudrais pour l’année prochaine : UNE FÊTE DES MÈRES RÉUSSIE !!! C’est trop demandé ? Parce que là...

Par Catherine Chappaz - Illustration : Sophie Caquineau

imanche matin. Gonflée d’un enthousiasme débordant, je me lève un sourire radieux collé aux lèvres, je traverse le salon en scrutant les alentours à la recherche d’indices indiquant que OUI, c’est aujourd’hui la Fête des mères. Là, affalés sur le canapé, j’aperçois mes deux magnifiques enfants, l’enthousiasme débordant ayant parfois des vertus hallucinogènes. Je regarde ma progéniture l’œil humide d’émotion et avoue : “J’ai vraiment de la chance d’avoir de si beaux enfants !” Toute encore attendrie par ce ravissant spectacle, je reçois la riposte enfantine en pleine face : “Ouais, ben c’est pas grâce à toi !” Je parviens à balbutier quelques phrases : “Euh, si, un peu quand même… Soyez sympas, c’est la fête des mères…” Réponse : “Ah bon, et tu vas faire un cadeau à ta mère… ?” Ça se présente mal… Je me réfugie dans les bras de mon homo sapiens Adonis, artisan d’art autoproclamé de mes deux merveilles : “Bonjour, dis-je emplie d’un regain d’espoir, c’est la fête des mères aujourd’hui.” Réponse : “Ah bon, et tu as fait un cadeau à ma mère ?” Décidément, je vais avoir du mal à rester motivée ! J’avoue avoir envisagé cette journée comme la scène d’un film romantique américain. Les enfants auraient confectionné une immense banderole, l’homo sapiens attentionis aurait prévu un déjeuner dans un bon restaurant avec vue sur le lac. Nos cœurs auraient ri à l’unisson des blagues dégoulinantes de tendresse familiales. Le bonheur, quoi !

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Au lieu de cela, les joyeux acteurs de ce vaudeville savoyard m’annoncent qu’ils ont tout prévu… “Mets tes chaussures de rando, prends ta crème solaire et ta gourde, on part en montagne !” Foooooormidable ! Je ne sais comment leur exprimer la joie intense que me procure cette nouvelle. Rrrrrrrr... En chemin, je ressasse toutes les erreurs que j’ai pu commettre dans une vie antérieure. Elles doivent être nombreuses ! Après trois heures de marche sous un soleil de plomb, les pieds en feu et les articulations hors-service, nous arrivons enfin au refuge du Castor Brossu. Je m’affale sur une pierre, tente de retrouver le souffle de mes vingt ans en buvant une bonne gorgée de… génépi, l’homo sapiens prévoyus ayant pensé au digestif, et soudain tout bascule. Le Castor Brossu me regarde d’un œil torve, j’aperçois un bouquet de violette posé sur une table, une coupe de champagne bulle à ses côtés, la piscine des Trésums apparaît sous mes yeux comme par enchantement et je me plonge voluptueusement dans l’eau bleue. Ma fête des mères n’a jamais été si belle… Ce n’est que dans l’ambulance qui me ramène à Annecy que je reprends mes esprits. Un docteur House, version tartiflette et vin chaud, m’explique que mon hypothermie est due à la température glaciale du torrent dans lequel je me suis jetée. Et les égratignures partout… ? Ah ça, c’est en voulant en sortir, je suis tombée dans un buisson de ronces. Et le visage en feu… ? J’ai évidemment oublié la crème solaire. Et la gueule de bois… ? No comment. Alors cher Père Noël, si tu pouvais glisser un mot l’année prochaine aux responsables de ce fiasco, dis-leur juste qu’une petite fête entre nous suffira, même autour de la table de la cuisine. Allez, vivement l’année prochaine ! ■

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Chaque année, affiches et spots publicitaires ne manquent pas de nous rappeler la date fatidique. Pour certaines, ce n’est encore qu’un rêve, pour d’autres, une réalité. Dans mon cas, c’est un rêve dont le réveil me ramène brutalement à la réalité. Attention, cet article peut comporter des messages subliminaux.

Par Sophie Parmantier - Illustration : Sophie Caquineau

[N.B : La fête des mères n’est pas une fête purement commerciale (non, non). Sa raison d’être s’inscrit dans l’histoire française sous Napoléon (et oui…).

ETAPE 1 : LE RÊVE Quand j’en viens à imaginer ma fête, dans un futur plus ou moins proche, j’imagine une matinée gorgée de soleil - promesse de Météo France - où, comme chez les Ricoré, je me réveille paisiblement sous le regard aimant de ma famille et d’un (voire deux…) de mes petits fanfrelons. Une journée qui célèbre mon statut de maman acquis après des mois de déformations, d’informations - comment éduquer votre enfant pour qu’il soit parfait, en 15 tomes chez Albin Michel - et des heures d’enfantement pénibles. Je reprends. Toute la maisonnée semble prendre part à la célébration. Pantoufle, le chien, m’apporte les miennes - des Isotoners, oui, mais avec talonnettes -, un rien baveuses, au pied du lit et Pilou, le chat, repu de son Whiskas se faufile entre mes jambes. Nous voilà tous attablés dans le jardin. J’avale goulûment ces tartines tout juste garnies de beurre Président fraîchement élu et de confiture de myrtilles encore sauvages que Bonne Maman m’a concoctée, expressément pour ma fête, bien sûr. Mon petit bout me tend cette magnifique création réalisée à base de nouilles Panzani. C’est certain, j’en ferai un “brillant” designer de bijoux Swarovski, un jour. Celui-ci est accompagné d’un poème dans lequel il me remercie d’être en vie, de lui avoir donné la sienne, je suis la plus jolie, la plus gentille, la plus douce – Savon

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de Marseille oblige - et il m’aime. Que demander de plus ? Pour compléter le tableau, Basquiat, mon conjoint (le mariage, c’est comme les antibiotiques, ce n’est plus automatique) m’apporte des fleurs coupées par Interflora accompagnées de son plus beau sourire Freedent, une edelweiss au bout des lèvres qu’il est allé chercher au sommet de la Tournette la veille, vaillamment. Il m’embrasse plus amoureusement que jamais. Toute la scène est baignée par l’odeur enivrante du linge propre et blanc étendu là, merci Le Chat, mais Pilou n’y est pour rien.

ETAPE 2 : LE RÉVEIL Connexion à rencontrenligne.fr IDENTIFIANT : Léa MOT DE PASSE : Edelweiss PROFIL : JF 30 ans dans le secteur de la publicité cherche homme pour fête des mères dans quelques années. Incroyablement rêveuse, idéaliste aussi, aime la chicorée, les animaux et les jardins verdoyants. Ah et les edelweiss ! Si vous êtes sportif, passionné par l’escalade, c’est un plus ! NOMBRE DE PROFILS CORRESPONDANT À VOTRE REQUÊTE : 0 ■

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Depuis l’an de grâce 1941, dans toutes les écoles des pays de Savoie, à la même époque, les pauvres petits poussent un cri effroyable, tel un glas sinistre à vous donner la chair de cocotte... minute tenante ! Ce cri n’est en fait que l’écho de l’annonce faite en classe de l’arrivée prochaine de... la fêêête des mèèères!

Par Agnès Gasiot - Illustration : Sophie Caquineau

ur le fond, l’idée de départ est plutôt bonne. Sur la forme également. Bannissant l’achat consumériste primaire si prestement rattrapé par le principe de l’adaptation hédoniste, la démarche s’inscrit dans un élan novateur : le «do it yourself» ! Concept repris ensuite par une célèbre marque américaine et leur fameux «just do it», littéralement : «juste fais-le», si t’es cap’ ou plus localement chez nous : «tu y fais ou bien ?» Bref, les enfants confectionnent un cadeau eux-même, à l’école, avec leurs petits doigts potelés, pour leur «manman» adorée. Tableau idyllique. Sur le papier en tout cas. Pourtant, en pays de Savoie, plus effrayante que la bête du Grésivaudan, la fête des mères fait resurgir du placard, sans crier gare, ou presque, le spectre du terrible... collier de crozets ! Alors que dans le reste du monde, en pareille occasion, les enfants enfilent des coquillettes, les Italiens plus chanceux friment avec leurs farfalles, voire pour les moins dégourdis leurs cannellonis ! Mais chez nous, les petits sont contraints à travailler le Crozet, petite pâte pleine et plate d’un demi-centimètre carré ! Déjà les peindre relève d’une gageure, ces satanées confettis alimentaires restant collés immanquablement dans les poils du pinceau, mais les monter en tour du cou, là, vraiment, on frise la torture! La petite pointe servant à trouer la pâte la brise le plus souvent en mille morceaux (allez recoller ensuite un demi-centimètre carré réparti en 1000 morceaux de 0,0005 centimètre carré ! Bon courage ! ),

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quant au petit coup de maillet sec et franc nécessaire à l’opération, il rate de façon quasi systématique sa cible pour atterrir sur des doigts qui deviennent encore plus potelés pour le coup ! Bien sûr, tous ont bien pensé, un jour, échapper à la malédiction... En mai 1957, on décide enfin d’en finir avec le collier. Après un brainstorming intense et fécond, on retient l’idée de composer des bouquets de fleurs sauvages que les enfants cueilleraient dans nos verts pâturages... Mais, cette même année, des bourrasques de neige balayèrent le projet. Les 7 plaies d’Egypte rôdent dans les Alpes... En 1974, une aventurière, partie s’aventurer comme il se doit en terres lointaines et hostiles, suggère de faire comme les petits normands : des coffrets à bijoux avec des boîtes de camembert. Mais le comité extraordinaire réuni pour l’occasion s’est exclamé comme un seul homme : “de bleu, nous n’avons point de boîte de tomme de Savoie, ni même de boîte de reblochon !” On imagine alors customiser en pochette à sous-vêtement le papier du reblochon, mais impossible de se débarrasser de l’odeur persistante de croûte de fromage. Satanée malédiction ! Un jour enfin, surpris de voir l’état de béatitude et la joie non dissimulée qu’exprimait sa femme chaque année pour sa fête, en découvrant son collier de Crozet, un homme bien attentionné eut l’idée, pour leur 50ème anniversaire de mariage, de confectionner non pas UN collier, mais un sautoir tout entier, pour sa dulcinée. Il y passa des jours, des nuits, ses gros doigts plus que potelés ramassaient une fois sur deux le fameux coup de maillet. Mais jamais il ne se plaint, tout à la joie qu’il était, du bonheur qu’il pensait procurer, à celle qu’il aimait. Et pourtant oui, contre toute attente, l’objet n’eut point l’effet escompté et sans trop rentrer dans l’intimité de ce couple exemplaire, je puis vous dire que, la malédiction avait encore... frappé ! ■

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PETITGUIDE ÀL’USAGE DESGENDRES Dans un couple, la Fête des Mères n’est pas une fête comme les autres. Qui dit « mère » pour l’un signifie forcément « belle-mère » pour l’autre. Et cette année, c’est vous, Gendre, qui accueillez la génitrice de votre épouse. Et comme vous avez la chance de coucher avec le fruit de ses entrailles, vous avez également le devoir de lui rendre cette journée inoubliable, dans le sens positif bien sûr.

Par Frédéric Charpentier - Illustration Sophie Caquineau

our cela, comme je vous vois traîner les pieds, laissez-moi vous donner quelques conseils : 1- La tenue : mettez ce qu’elle aime voir sur vous : ça se dit «prendre sur soi», même si c’est votre costume de mariage dans lequel vous rentrez aux forceps. Survêtement s’abstenir, sauf si vous vous appelez Christophe Lemaître. 2- Le cheveu : la nuque dégagée et la touffe shampouinée du matin : ça se dit «propre sur soi». Pour les chauves et les dégarnis : pas de cheveu sur la langue ni de poil dans la main, vous devez rester cohérents. 3- Le repas : il faut soigner la reine et lui offrir ce petit apéritif qui la rend gaie : ça se dit «le verre à soi», et ensuite dérouler le menu à 4 plats + café… Si vous êtes au resto en bord de lac, c’est vous qui payez en tapant dans les alloc des enfants, si vous êtes à la maison, vous vous offrez la sieste devant le Grand Prix. Dans les 2 cas, vous jouez à l’homme. Le Vrai. 4- Le macaron : servi avec le café vous pouvez marquer un point supplémentaire et recueillir un coup d’œil complice (en 1 mot). Notez bien qu’à partir de 3 clin-d’yeux, on peut soupçonner un début de Parkinson. 5- La promenade digestive : Savoie ou Haute-Savoie, ça se finit

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toujours au bord du lac, mais vous ne pourrez malheureusement pas, d’un judicieux coup d’épaule, lui offrir un tour en cygne… trop de témoins ! Vous pourriez crozet votre tombe. Alors faites contre mauvaise fortune bon cœur et offrez-lui votre bras… l’effet de surprise pourrait bien lui déclencher un arrêt cardiaque aussi fatal qu’inespéré. 6- Le cadeau : elle sera aux anges avec le dvd de Master-chef, mais si en plus vous lui offrez une croisière en Méditerranée, elle va couiner de plaisir, à condition qu’elle ne remarque pas que c’est sur le Costa Concordia. 7- La photo-souvenir : pour lui permettre de vous bassiner pendant un an, la photo est indispensable, mais attention à votre sourire : trop large, vous passerez pour faux-cul, et s’il est crispé, vous risquez d’être démasqué, le mieux c’est d’être de l’autre côté de l’objectif et ainsi vous pourrez même vous permettre une petite «rafale». 8- Le petit plus : si vous êtes zen ou sous Rescue-Flowers de chez Bach, demandez-lui des nouvelles de son chat, exigez le récit de sa sortie de classards à Magland pour y goûter la saucisse, ou opinez du chef devant son explication des subtilités du tri sélectif. Sachez, Gendres, que si vous passez brillamment toutes ces épreuves, non seulement vous risquez de voir votre prénom couché sur le testament, mais surtout, votre moitié, touchée par votre générosité, aura pour vous un regain de tendresse toujours appréciable par les temps qui courent. Elle aura peut-être même ces mots, qui risquent de porter préjudice à l’auteur de ce Guide : “Dis-donc, mon chéri, vous avez l’air de tellement bien vous entendre toi et maman - ne dis pas non, je t’ai bien observé toute cette journée - que je lui ai proposé de venir 2 semaines en vacances avec nous cet été !” Alors ? Elle n’était pas réussie cette Fête des (Belles)-Mères ? ■

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La tradition a du bon. C’est en tous cas ce que me rabâche Jules à longueur d’année. «Il faut respecter les fêtes nationales et privilégier les spécialités locales.» A force, j’allais épouser ses préceptes... Mais après ce qui s’est passé cette année, je crois que finalement, je vais prendre l’option... révolution !

Par Béatrice Meynier - Illustration : Sophie Caquineau

h, la fête des mères... Et si cette année, on optait pour la fête des mers ?! En ce beau mois de juin, j’aurais bien embarqué mon Jules et ma Lola, les maillots, les chapeaux, direction la grande bleue, le sable blanc et les palmiers. Je m’y voyais déjà... Mais c’était sans compter sur mon tendre épousé. L’homme veillait au grain. Loin des Savoie, point de salut ! Il tenait à rester ici pour célébrer mon statut fièrement (et non moins douloureusement !) acquis, il y a cinq ans. Attendrie par l’implication des deux trésors de ma vie, j’acceptais de dégonfler la bouée (si seulement c’était aussi simple pour celle que j’ai sous le maillot !) et me préparais à vivre une journée festive en mode local. Le petit déjeuner au lit... J’en rêvais, ils l’ont fait. J’ai juste un peu déchanté en découvrant sur mon plateau : diots, raclette et Beaufort. Oui, «la tradition», c’est un peu dur au réveil, mais à grand renfort de lampées de Roussette, ça finit par passer. Même à 8 heures du matin. Je vous assure. Quelque peu nébuleuse, je me dirigeais vers la prochaine étape de cette journée (de rêve, euh, oui... enfin, bon...). Une séance au Spa, quelle bonne idée ! Mauvaise langue que j’étais ! Jules avait réservé un jacuzzi, en terrasse, avec vue panoramique sur les montagnes environnantes, dixit la brochure. Et pour cause, «la tradition» se situait en plein alpage, et pour s’y rendre, une route en lacets interminable à vous faire des nœuds à l’estomac. Le cœur au bord des lèvres, qui se serait bien fait la malle (pourquoi pas dans le sud, lui), sonnée par mes agapes

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matinales (j’aimerais bien vous y voir), je sombrais peu à peu dans une douce torpeur, savourant les délices de l’eau chaude bouillonnante... avant de me réveiller en sursaut et transie de froid ! Comment ça, ce n’est pas de la faute du personnel des lieux s’il neige au mois de juin ?! Et le module «réchauffement climatique», il n’était pas au programme de leur formation professionnelle ?! Frigorifiée, je décidai que finalement, rien ne valait la chaleur réconfortante du foyer. Pour un peu, je m’enflammerai pour «La tradition». De ce côté-là, je ne fus pas déçue ! C’est vrai, avec le recul, le gros camion rouge garé devant la maison aurait dû me mettre la puce à l’oreille... La fumée sortant par la fenêtre de la cuisine aussi ! Et Jules et Lola, maculés de cendres, l’air un tantinet penaud, de m’accueillir : “C’est à cause du collier de spaghettis qu’on voulait te stresser, maman”. Stressée, là tu vois c’est plutôt moi qui le suis ! Et du bas de ses 5 ans, voilà ma gamine m’expliquant les bienfaits de la cuisson des pâtes, pour les attendrir et en faire une fabuleuse parure. Le problème c’est que pendant ce temps, Jules avait son smartphone greffé dans la main droite, l’écouteur dans l’oreille gauche et la tête à l’ouest... et qu’il n’a pas vu la nouille rebelle et kamikaze se jeter dans les flammes et allumer la mèche du sinistre à venir. Faire un tour de cou en spaghettis... La prochaine fois que je rencontre la maîtresse qui a eu cette idée (transalpine qui plus est !), je lui explique qu’ici nous sommes en Savoie. «La tradition», ce n’est pas fait pour... les autres ! C’est vrai, quoi, le collier de crozets, c’est local, plus discret, et ça limite aussi les risques d’incendie ! Mais soit dit en passant, un sautoir d’algues vertes, ça ne manque pas de chien ! ■

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Enquête

CITOYENNES ! Féministe, moi ? A la question, peu de femmes répondent par l’affirmative.

Certaines s’en défendent même avec une sacrée véhémence. Pourtant, le mouvement semble plus que jamais d’actualité. A la radio, à la télévision, dans les livres, il s’immisce dans le quotidien comme à ses plus belles heures. Etre féministe aujourd’hui a donc encore un sens ?

Par Pascale Godin

ubliez les furies hommasses. Caricaturales et castratrices, elles émergent en première ligne de l’inconscient collectif et le fantasme a la peau dure. Du coup, peu de femmes osent ouvertement se revendiquer d’un tel courant. Mais le féminisme n’a rien à voir avec cette image connotée poils aux pattes. Ses enjeux, justice sociale et revendication d’une égalité non négociable, sont trop importants pour être réduits à cette vision simpliste. Le combat ne se gagne pas contre les hommes, mais avec eux. Et si le mouvement est à nouveau sous les projecteurs, c’est avant tout pour préserver des acquis.

PIQÛRE DE RAPPELLES Nathalie Brochard est rédactrice en chef du journal et site féministe suisse «l’émiliE». Elle a sa théorie sur l’image d’Epinal : “le féminisme des années 70 avait beaucoup d’humour, mais le groupe dominant de l’époque, un modèle purement patriarcal, a essayé d’en stigmatiser les mauvais aspects. Le côté anti-mecs était le plus décrédibilisant. Et l’émergence d’un tel mouvement a logiquement contribué à renforcer certains stéréotypes”. A cette époque, la frontière entre les genres est encore

marquée façon mur de Berlin. Il suffit de regarder les publicités d’alors pour s’en convaincre. Les femmes revendiquent, combattent. Peu à peu, elles acquièrent des droits, ceux-là mêmes qui nous paraissent si évidents aujourd’hui. La contraception, l’avortement, un compte en banque sans qu’il soit nécessaire d’en demander l’autorisation au mari, idem pour le droit au travail. Seulement voilà, le genre humain a la mémoire courte. Obtenues pendant les 30 glorieuses, à une époque où l’économie bat son plein, les avancées sont si significatives que les femmes perçoivent alors l’égalité, toute relative mais fraîchement gagnée, comme définitive. Sur tous les plans. Et les générations suivantes vont tenir pour naturels et immuables des droits acquis en à peine 50 ans. Grave erreur.

TOUCHE PAS À MON IVG ! En janvier 2009, dans le cadre des débats autour de la loi de finances, le gouvernement Fillon annonce une baisse de 42% des crédits alloués au Planning Familial. En outre, leur reconduction n’est pas garantie pour 2010. Le Mouvement Français pour le Planning Familial lance alors une pétition et recueille 140 000 signatures en un mois ! Le gouvernement Fillon fait marche arrière. Mais l’épée de Damoclès demeure et parallèlement, la réduction des moyens

dans la fonction hospitalière entraîne la fermeture d’un grand nombre de centres IVG. Un recul aux conséquences désastreuses : “Les délais d’attente sont trop longs. La limite des 12 semaines est souvent dépassée et les femmes vont à nouveau avorter à l’étranger. Ce qui a un coût et qui provoque une discrimination supplémentaire”, dénonce Laurine Bricard, Présidente de l’antenne Grenobloise d’ «Osez le féminisme». Pas mieux côté suisse, où l’initiative «financer l’avortement est une affaire privée» va faire l’objet d’une votation populaire dans les mois prochains : “en période de crise, les discours natalistes resurgissent, c’est une façon détournée de remettre les femmes à leur place” commente Nathalie Brochard. Pendant qu’en France, le déremboursement de l’IVG fait l’objet de toutes les attentions de Marine Le Pen. Qui estime que l’acte peut être évité en raison des moyens de contraception existants. Ben voyons. Encore faut-il que l’information passe. Pour Bernadette Laclais, Maire PS de Chambéry : “Des inquiétudes concernant les droits des femmes émergent aujourd’hui. Le nombre d’avortements en France est supérieur à celui d’autres pays, ce qui signifie que l’éducation sexuelle, ou la contraception, n’est sans doute pas suffisante. Nous devons progresser sur ces questions, la liberté d’une femme à choisir sa vie est un droit fondamental.”

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Enquête

En Savoie, sur 305 communes, seulement 43 ont une femme comme maire (14%). En Haute-Savoie, 40 communes sur 294 sont dirigées par une femme (13, 60%).

PARITÉ BIEN ORDONNÉE… Dans de nombreux secteurs, l’égalité reste une pantalonnade. En matière de parité politique, la France se classe au 69ème rang mondial. Pourtant, le 6 juin 2000, une loi est votée en France pour assurer la parité homme/femme au sein des milieux politiques. La loi prévoit que l’accès aux mandats électoraux (aux municipales, régionales, sénatoriales, européennes et législatives) concerne autant d’hommes que de femmes. Lors d’élections législatives, si cette mesure n’est pas respectée, les partis politiques se verront sanctionnés financièrement.

“Cette menace n’a pas empêché les partis du gouvernement de préférer perdre de l’argent plutôt que de présenter 50 % de femmes aux législatives de 2002. Et le PS a perdu plus de 1,5 million d’euros par an pendant 5 ans et la Droite le double !”, relève Yvette Roudy. A l’époque, nombre de personnalités, hommes comme femmes d’ailleurs, même féministes, s’insurgent contre cette loi paritaire, arguant du fait que si l’on adopte des mesures contraignantes pour assurer la promotion politique des femmes, celles-ci seront choisies en fonction de leur genre et non pour leurs compétences. L’argument discriminatoire se tient... Quoique... Un peu réducteur. Comme si l’on devait choisir les candidats hommes parmi les militants des partis politiques et les candidates femmes dans une sorte de no man’s land. C’est mépriser les militantes, dans l’ombre certes, des partis politiques de tous bords. Reste ce constat. Dix ans après l’adoption de cette loi, l’Observatoire de la Parité dénombre 9,6 % de femmes maires (pour les communes de plus 3500 habitants) et seulement 13,9 % de conseillères générales. L’Assemblée nationale compte 81,5% d’hommes, et le Sénat 77,9 %. Où sont les femmes ? Qui a dit : “A la maison ?” Cette absence au pouvoir politique dans notre pays s’inscrit dans une très longue tradition. Contrairement à ce que l’on observe dans nombre de pays d’Europe, les femmes ont été exclues de la succession au trône. La loi salique, exhumée au XIVème siècle, énonçait que la couronne ne pouvait revenir qu’à un individu mâle. La révolution de

1789, quant à elle, accordait le droit de suffrage aux hommes, mais en privait les femmes, scellant l’exclusion politique de ces dernières. Et aujourd’hui ? Les choses n’ont pas beaucoup évolué. Nombre de partis politiques, à l’exception de la gauche et des Verts dans la période récente, sont des cénacles masculins fonctionnant en circuit fermé, se reproduisant à l’identique, et n’étant pas prêts à retirer une place à un homme pour la donner à une femme : “La loi de 2000 n’a pas réglé tous les problèmes, mais sans loi, la progression des femmes en politique serait encore plus compliquée”, reconnaît Bernadette Laclais. “L’univers politique est fortement masculin et sexiste. Les femmes ellesmêmes ont du mal à concevoir qu’elles ont les mêmes qualités que les hommes. Quand j’ai voulu en contacter pour le liste de 2008, beaucoup m’ont dit «c’est formidable, mais on n’est pas capable !». Il faut d’abord leur donner confiance, les pousser à oser le faire, à apporter leur vision de la société, leur conception des choses, et c’est un peu le rôle, aussi, de cette loi.” On est encore loin du compte. Et pas seulement dans ce domaine.

ELLE L’AURAIT PAS UN PEU CHERCHÉ ? La recrudescence des violences faites aux femmes en est un autre et la loi cadre, votée en 2001, n’a aucun impact. En France, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon. Et les agressions sans arme contre les femmes sur la voie publique ont fait un

VIOLENCES

FAITES AUX FEMMES EN FRANCE Adieu l’image d’Epinal de l’homme violent alcoolique et chômeur. Selon un rapport de la Fédération Nationale Solidarité Femmes : 66 % des hommes violents travaillent, 11 % sont ouvriers, 15 % chefs d’entreprise. 75 000 femmes violées en France chaque année seules 10 % portent plainte, 2 % des violeurs sont condamnés. 2 millions de femmes battues 20 000 plaintes enregistrées.

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Enquête

les nouveaux visages d’une aliénation féminine» (2012. Ed. Zones) : “Combattre l’image de la femme standardisée par les mondes de la mode et de la beauté est un enjeu du féminisme. Son corps n’est jamais suffisamment jeune, jamais suffisamment beau. Ramener la femme à son physique, c’est nier les responsabilités qu’elle peut assumer dans la société. Et faire en sorte qu’elle se sente belle ou laide est une manière de la disqualifier envers toute autre compétence”. En assommant de stéréotypes un public qui lui est acquis à 78 %, la presse féminine joue le rôle du grand ordonnateur de la norme. Et quand on sait que la propriété des médias est quasiment exclusivement masculine, et que ce sont donc les hommes qui contrôlent la production de l’imaginaire social, on peut se demander à qui profite le crime. Pas aux femmes, en tous cas. Mona Chollet confirme : “Cultiver un modèle de beauté calibrée, sexy et inoffensif, conjure la figure de la féministe maîtresse de son désir. Un désir qui ne serait pas subordonné aux attentes sociales et masculines.”

femmes A travail égal, les 10 et ont un salaire entre lui des 15 % inférieur à ce ’à 20 % hommes, qui va jusqu nce est Fra pour les cadres (la ial des au 127ème rang mond mmes/ écarts salariaux ho r, elles femmes). Au foye % des 75 s assurent toujour travaux ménagers.

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EN FRANCE, LES FEMMES REPRÉSENTENT : 46 % de la population active. 7 % des cadres dirigeants dans les 5000 premières entreprises françaises. 15 % des membres des conseils d’administration des grandes entreprises. 18,9 % des patrons d’entreprise de moins de 10 salariés. 15,1 % de dirigeants de PME de 10 à 249 salariés, 8,6 % au-delà. En Savoie, 27,2 % sont dirigeantes d’entreprise, contre 22 en Haute-Savoie.

bond de 13 % en 2010. Quant au viol, il serait subi par 1 femme sur 10, même si toutes ne portent pas plainte : “Encore faudrait-il que ces délits soient pris dans leur dimension sociale !” tempête Laurine Bricard. “Ils sont la plupart du temps considérés comme des fait divers. Et à supposer que toutes les femmes portent plainte, la justice n’aurait pas les moyens de les traiter”. Question égalité salariale, c’est encore la même vieille lune. 85 % des emplois précaires sont tenus par les femmes, qui gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes à compétences identiques. D’autant qu’en temps de crise, le marché du travail se comprime pendant que la compétition se durcit. Et la tentation est

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grande de renvoyer la donzelle dans les cordes à linge. Un vieux réflexe.

MIROIR, MON FAUX MIROIR Dans les médias, la représentation de la femme procède d’un modèle étrange. Jeune (85,5 %), mince (92,75 %), blanche (92,65 %) et blonde (50 %). Un superbe spécimen dans lequel on se reconnaît forcément. Non ? Normal. Car en comparaison, la femme française «moyenne» mesure 1,63 mètre et pèse 63 kg. Elle est brune (50 %) et taille souvent plus de 44 (d’ailleurs, 40 % des femmes ne trouvent pas leur taille en magasin). Pour la Genevoise Mona Chollet, auteure du livre «Beauté fatale,

Cette projection d’un standard lisse et formaté n’est pas sans danger. Sous les duperies du bien-être et de l’estime de soi, la femme s’enferme dans un auto flicage permanent. Suis-je assez belle ? Suis-je assez sexy ? Suis-je assez dans la norme ? Spectaculaire bourrage de crâne. Le boom de la chirurgie esthétique est un exemple significatif de cette aliénation. 45 % des femmes seraient tentées, et bon nombre d’entre elles se déclarent persuadées qu’une intervention est aujourd’hui une nécessité, non un luxe (sondage Harris Interactive). Une nécessité qui rapporte en Europe entre 3,2 et 3,8 milliards d’euros selon l’IMCAS (congrès européen des dermatologues et chirurgiens plasticiens). Et les chirurgiens de considérer qu’ils redonnent à leurs clientes l’estime d’ellesmêmes. Bien. Au fait, comment l’ont-elles perdue ? “La femme a toujours été un objet. D’inspiration, de jugement, de regard, c’est ancré”, poursuit Mona Chollet. “Du coup, il est assez facile de l’encourager à être un objet de fantasme. Du mannequin ou de la cancérologue, qui gagne un pont d’or ? Voilà ce qui est récompensé dans notre société. Le décalage semble s’accentuer. Botox à 30 ans, faux seins pour les petites filles… la névrose du corps est une réalité”. On peut se demander s’il n’y aurait pas là-dessous une injonction floutée. Ton indépendance ? Nous te l’accordons, en sourdine. Pourvu que tu restes belle selon NOS critères. Parce qu’ils le valent bien ?

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Enquête

VIGILANCE DÈS L’ENFANCE S’il est bien réel, le combat du féminisme n’est pourtant pas revanchard. On ne bâtit pas un modèle en en renvoyant dos-à-dos les 2 composantes. Quel le que soit l’association à laquelle elles appartiennent, les féministes s’accordent sur un point fondamental : c’est une question de justice sociale, mais il faut avancer ensemble. Yolaine de la Bigne, auteure du livre «Sois belle et bats-toi» (2012. Ed de La Martinière), estime qu’il s’agit d’abord d’un combat humaniste : “Le nouveau féminisme révèle une envie d’avancer avec les hommes vers un but commun. S’entraider, prendre ce qu’il y a de bon chez les uns et chez les autres. C’est une véritable remise en cause sociétale.

Qui n’exclut en rien la coquetterie ! Je revendique le droit d’être féministe et féminine !” Même son de cloche chez Nathalie Brochard : “il faut créer des liens, ne pas mettre en opposition les femmes et les hommes. Les stéréotypes sont ce qu’il y a de pire”. Mais alors, que dire à la fillette dont le cahier de vacances «spécial fille», rose, contient des exercices basés sur des recettes de cuisine et autres fabrications de bijoux, quand celui de son petit camarade, bleu, propose des avions à monter et des tours de magie («Réviser et s’amuser. Spécial garçon/fille». Ed. Hachette) ? Qu’elle doit être coquette et bonne cuisinière et ne pas se rêver pilote de ligne ou David Copperfield ? Et si la vigilance commençait par là ? ■

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A la bonne ménagère qu’elle a su rester, les publicitaires ajoutent quelques ingrédients supplémentaires à l’imagerie féminine. Consommatrice hystérique (Zalando), stupide (Irrésistibol de Maggi ou campagne «Be stupid» de Diesel) et vénale (Audi : «il a l’argent, il a le pouvoir, il a une Audi, il aura la femme»). Et en plus, elle doit être sacrément bonne, pour qu’on la retrouve aussi souvent dans le plus simple appareil. Pour vendre une paire de godasses (Puma), un flacon de parfum (Tom Ford), des fringues (Dolce et Gabbana, Gucci) ou un bout de viande (Restaurant Newtown). Elle a même parfois des tendances zoophiles (Sisley) et dissimule son point G au fond de la penderie (3 Suisses). Ne parlons même pas des publicités pour l’automobile, qui regorgent de clichés sexistes et mettent en valeur les formes des donzelles pour mieux vendre un pare-choc. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça fait vendre. Cela s’appelle le «Shockvertising». Il faut choquer pour faire parler et gagner en notoriété. Et quand on leur tape sur les doigts, les publicitaires répondent, la bouche en cœur, que c’est de l’humour. Récapitulons. Hystérique, stupide, vénale, bien roulée. Et l’homme croqua de nouveau la pomme…

FÉMINISME EN FRANCE, LES GRANDES DATES - Septembre 1791 : Olympes de Gouges publie «la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne». Elle y prône l’émancipation féminine, notamment au travers de l’égalité entre les sexes. - Septembre 1945 : les femmes votent pour la première fois. - Juillet 1965 : les femmes sont libres de travailler sans le consentement de leur époux. Elles peuvent gérer leurs biens et ouvrir un compte en banque. - Décembre 1967 : vote de la loi Neuwirth. La contraception est désormais autorisée, mais non remboursée. - Août 1970 : naissance officielle du MLF. - Décembre 1972 : première loi promulguée pour l’égalité salariale. - Décembre 1974 : une nouvelle loi autorise la délivrance de la pilule contraceptive aux mineures sans l’autorisation de leurs parents. Elle garantit anonymat et gratuité dans les centres de planification familiaux. - Janvier 1975 : vote de la loi Veil autorisant l’avortement en France. La loi est votée à titre provisoire pour une période de 5 ans. Elle sera reconduite le 31 décembre 1979. - Juin 2000 : une loi est votée pour assurer la parité au sein des milieux politiques.

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s Propos recueilli

est comme ça. Chaque samedi, Paulette attend la famille. La maison du bord du lac est vaste, le temps est au printemps, le café est servi, c’est une tradition. Colette et Laetitia papotent avec elle et la complicité entre ces troislà est palpable. Impossible pourtant de retranscrire la totalité de la rencontre. Les rires, les affirmations, la complicité et les personnalités. Restera de cette tranche de vie quelques morceaux choisis, pour tenter de saisir la ligne unique sur laquelle se trouvent ces 3 femmes. Mieux qu’une ligne, d’ailleurs, une lignée.

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L’ÉDUCATION, L’INDÉPENDANCE FINANCIÈRE Paulette : On a eu 4 enfants, que des filles. «Papa» disait que 4 filles trouveraient facilement un mari. Pas besoin de formation. Colette : Et oui, à cette époque, on ne poussait pas les filles à faire des études. C’est pour ça que nous avons voulu que Laetitia en fasse. Je t’ai élevée comme un homme, ma fille, il te fallait un bon boulot. Moi, j’ai eu la chance de commencer à travailler à 38 ans. Même si tu gagnes moins que ton mari, ce n’est pas grave. Etre indépendante financièrement, c’est le plus important. C’est d’ailleurs pour ça que je travaille toujours à 63 ans, ça participe à mon épanouissement. Laetitia : Je ne pourrais pas ne pas travailler, même si mon mari gagnait une fortune ! Question d’indépendance. Paulette : Moi, j’ai gagné mon indépendance, en étant veuve ! Parce que même si mon mari était généreux, il fallait demander. Quand j’achetais quelque chose, je faisais attention, j’avais toujours à l’esprit que c’était SON argent. Maintenant, je n’ai de compte à rendre à personne. C’est la liberté. Et j’entends bien en profiter !

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Paulette à l’après-guerre

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“On a eu 4 enfa nts, que des filles. «Pap a» disait que 4 filles tro uveraient facilement un mari besoin de form . Pas ation. ”

LE COUPLE, LE RAPPORT AUX HOMMES, AUX ENFANTS

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“Je suis d’une génération de femmes soumises”. Née un 21 juin, l’hexagone entier lui fera sa fête ce jour-là,, comme chaque année, en musique... Alerte, elle virevolte d’une pièce à l’autre, feuillette les albums photos. Sa fille a prévenu, il faut parler fort. Car Paulette est un peu dure d’oreille. Paulette est mère de 4 filles, elle a 8 petites-filles. Une vraie légion féminine ! Une vraie famille soudée. Rien n’est plus important à ses yeux. Mais il est autre chose sur laquelle elle veille jalousement : son indépendance d’aujourd’hui n’a pas de prix. Veuve à 64 ans, elle n’envisagera jamais de se remarier. Elle qui n’a jamais vécu seule, qui a toujours eu des comptes à rendre à de tierces personnes, parents puis mari, se retrouve à la tête d’une liberté dont elle savoure, depuis, la moindre manifestation. parents ! On a tout de même vite régularisé les choses... J’ai eu la chance de faire ma vie avec quelqu’un qui avait déjà bien vécu, même s’il n’avait que 23 ans quand on s’est marié... Et il était content d’être papa. Laetitia : Quant à moi, je sors beaucoup avec mes copines, le week-end. Un jour, mon compagnon m’a dit que j’étais un peu comme une interne qui quittait la pension en fin de semaine ! Mais ça ne lui pose aucun problème et ça me permet de sortir des gamins et du quotidien.

Photos © E. Perdu . CEB . P. Jacques

Paulette : Mes parents trouvaient mon futur mari trop vieux et m’empêchaient de le voir. En fille soumise, j’obéissais. J’avais 18 ans, il en avait 36... Je travaillais et donnais ma paie à mes parents qui n’étaient pas riches. On ne se révoltait pas à l’époque ! Finalement, quand je me suis mariée, je suis passée d’une tutelle à l’autre... J’ai arrêté mon travail de sténodactylo chez Entremont aussitôt. Après, je me suis occupée de la maison et des enfants. Je suis d’une génération de femmes soumises. Colette : Et pendant ce temps, la semaine, papa allait jouer aux cartes avec ses copains après le travail, lui ! Ils se retrouvaient au bistrot. Paulette : Je partais du principe qu’il ne fallait pas que les hommes se sentent la corde au cou. Moi, mon bonheur, c’était de sortir avec mes petites, de les pomponner. J’étais fiérote ! C’était ma récompense. Colette : Moi, je me suis retrouvée enceinte à 20 ans, et pas mariée, et je n’ai pas eu à demander l’autorisation à mes

C’est important, le temps pour soi et pour son couple. Colette, montrant Laetitia : Toi, tu as usé 3 couffins tellement on t’a fait garder ! Laetitia : C’est vrai que Mamie, finalement, c’était un peu ma deuxième maman. J’étais tout le temps fourrée chez elle... Colette : Au final, sur mes 3 enfants, Laetitia est divorcée et vit en concubinage, Fabrice est pacsé, et c’est Jerry, mon fils homosexuel qui est marié !

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ait faire f a s u o n “Mai 68 ans en 0 1 e d n o un b beaucoup is u s e J . t avan ma fille e d e h c o r plus p oûts , ma g s e m s n e da re... que d iv v e d n o faç nération é g a l e d ceux re !” de ma mè

Colette, 63 ans, un vent de «rébellitude» En seconde position de la fratrie, Colette a vu naître mai 68, après avoir grandi en habits du dimanche. Jeune adulte, elle milite pour le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) et incarne une sorte d’âge d’or revendiqué. Une bourrasque de liberté dont il faut s’enivrer. Colette est enceinte avant de se marier, elle a 20 ans. Après Laetitia, elle et Denis auront encore 2 enfants. Fou de musique et de cinéma, le couple sort beaucoup, en bande, pour refaire le monde jusque tard dans la nuit. Les enfants sont confiés aux grands-parents. Sa mère a quitté son emploi pour se marier... Elle, c’est à l’âge de 38 ans qu’elle découvre les joies de l’indépendance financière. Aujourd’hui, elle exerce encore son métier de comptable. L’enfant du rock rit toujours aussi fort qu’à 20 ans et aborde tous les sujets sans détours, même le plus délicat. Colette incarne une génération de rupture, directe, rebelle. Où le dialogue prime enfin sur les non-dits.

MAI 68 Colette : Notre génération a été extraordinaire. On ne connaissait pas le SIDA, il n’y avait pas de chômage, on pouvait quitter un boulot et en trouver un autre le lendemain, la libre-pensée était partout et nous avions obtenu la contraception ! Paulette : Oui, La contraception a tout changé, c’était l’amour libre. Nous, nous avions peur de tomber enceintes... C’était

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ou accepter un nouvel enfant, quand on en avait déjà 3 ou 4, ou l’abstinence ! Laetitia (s’adressant à Colette) : Ta génération était bien plus riche en émotion. Aujourd’hui, nous sommes plus frileux, désabusés, un peu moutons. On râle, mais chacun dans son coin. Il nous faudrait peut-être un nouveau mai 68... Finalement, on ne vit plus dans l’insouciance, mais dans une certaine peur : le chômage, le terrorisme, les maladies... On pourrait même penser

Colette, période mai 68

qu’on nous maintient volontairement dans cette peur qui nous bride. Paulette : Parce qu’aujourd’hui, on est au courant de tout ! De mon temps, nous n’avions pas la télé, on lisait le journal. On ne savait rien des inondations au Bengladesh ou des tueries en Amérique. Mais pour revenir à mai 68, à l’époque, je ne comprenais pas ce qui arrivait, mon tempérament de femme soumise n’imaginait pas que les jeunes puissent vouloir changer les choses… Colette : Aussi parce que tu vivais en province, qu’il n’y avait pas de pavés ou de voitures brûlées… Paulette : Et puis, j’avais une vie agréable, de quoi vivre tranquillement, j’étais bien… Colette : Mais c’était une vue égoïste. Paulette : Oui, certainement ! Colette : Ma génération incarne une rupture avec la précédente. Mai 68 nous a fait faire un bon de 10 ans en avant. Au final, je suis beaucoup plus proche de Laetitia dans mes centres d’intérêt, mes goûts musicaux, ma façon de vivre... Laetitia : Question musique, j’ai été influencée par mes parents. J’écoute des morceaux actuels, mais aussi Otis Reddin, Arethla Franklin, on aime les mêmes choses. Emmy Winehouse, Adèle que j’ai fait découvrir à mon père. C’est un terrain qu’on partage... Paulette : Nous, c’était l’accordéon, la valse. J’adorais danser à la vogue. Mon mari, qui était moins bon danseur, a dû s’y mettre, il était très jaloux et ne voulait pas laisser sa place à ses copains !

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HOMOSEXUALITÉ ET MÈRE PORTEUSE

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42 ans “Je sors beaucoup avec mes copines, le week-end. Un jour, mon compagnon m’a dit que j’étais un peu comme une interne qui quittait la pension en fin de semaine !” Laetitia, 42 ans, l’avenir plus nuancé. Laetitia est directrice d’école à Albertville. A la différence de sa mère et de sa grand-mère, elle a fait des études supérieures et ne s’est jamais posée la question du choix. Femme au foyer ? Inenvisageable. Travailler, une évidence. Elle a, de son éducation, le souvenir d’un dialogue constant avec ses parents, n’étaient-ce les soubresauts de l’adolescence où l’affrontement mère/fille est inévitable. Mariée, divorcée, de nouveau en couple. Dans son foyer, elle a parfois besoin d’air. Sa grand-mère ne sortait qu’en famille, sa mère et son père ensemble, avec les copains. Laetitia préfère s’affranchir des siens, enfants comme compagnon, le temps du weekend, pour retrouver ses vieilles copines d’Annecy et papoter de l’air du temps. On sent le caractère trempé. De Colette, elle a le rire franc. Et cette espèce de profondeur teintée d’optimisme, héritée de la queue de comète des 30 glorieuses qui l’ont vue naître. Mais son regard sur l’avenir est un peu voilé. Les perspectives futures sont moins souriantes et les responsabilités sans doute plus pesantes

LES SORTIES, LA MODE Paulette : Avant, le dimanche était sacré. On faisait de grands tours en voiture, on allait au restaurant... Colette : Tous les dimanches, maman nous mettait des papillotes dans les cheveux... On enfilait les habits du

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dimanche, les jolies robes, les soquettes blanches, alors qu’aujourd’hui, c’est le dimanche qu’on se met en jogging !! Laetitia : Pas nous ! Sans être fashion victim, on est coquette. Colette : Je me souviens que ma grandmère conservait une pile de chemises de nuit neuves au cas où elle irait à l’hôpital !

Jerry nous Colette : Quand mon fils ualité, je suis a parlé de son homosex c maman pour allée boire un café ave ère chose que tu 1 le lui expliquer. La es certaine m’aies dite, c’est “tu r ?” C’était qu’il ne va pas change voulait pas précisément ce qu’il ne entendre ! qu’il ne soit Paulette : J’avais si peur ment, les pas heureux ! Heureuse son milieu s choses ont évolué, dan e), ça ne ath op thé professionnel (os accepté, st c’e , me blè pro pose pas de aux billes, à mais s’il avait été ouvrier n’aurait pas ça SNR, à mon époque, ! e été la même affair nous, c’était Colette : Même pour e la vie de difficile. On se dit qu être plus ent son enfant va forcém qui lui ce ry, Jer r compliquée. Pou cer à on ren de t tai c’é s, pesait le plu nt ena int ma avoir des enfants. Mais et s rié ma t son que lui et son ami se ir uvo po t von ils re, vivent en Angleter Là... use rte po re mè e un à faire appel bas, c’est autorisé. ement qu’il Laetitia : C’était un soulag discuter pu a On s. le dise. Pour tou venue sou s sui me Je tis. de ses ressen tous, t fai n ’o des blagues à 2 balles qu une s pa st “c’e sans savoir. Le genre on nt, ena int Ma !” e bagnole de tafiol dû a ’il qu ce ne agi j’im is en rigole. Ma éprouver... ération, les Colette : Dans ma gén le sujet des es, ers div réactions sont pliqué... mères porteuses est com e davantage Paulette : Oui, ça choqu pense au je i, que le mariage. Mo ... res pè 2 gamin élevé par n d’enfants Laetitia : Mais combie ents isolés ?! sont élevés par des par le n’est pas sib Au final, le sujet sen ines et moi, cop s Me . l’homosexualité à la place nous nous mettons plutôt chapeau, dis de la mère porteuse. Je , même ant enf parce que laisser son le faire. t fau il , fric pour un peu de ne bagnole ? C’est quoi ? Le prix d’u dire qu’elles Qu’on ne vienne pas me t. gen l’ar ne font ça que pour

Le souci du regard de l’autre... Paulette : Maintenant, c’est le samedi qui prime. J’ai une vie sociale active, mais le samedi, je dis non à tout, sauf à la famille. C’est notre moment. A côté de ça, j’ai beaucoup voyagé, j’ai pratiquement fait le tour du monde, même après le décès de mon mari.

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ean-Paul Sartre a écrit : «On peut toujours faire quelque chose de ce que l’on a fait de nous»… Pour Laure, la vie n’a

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évidemment pas été un long fleuve tranquille et la raconter fait rejaillir en elle des émotions qui se succèdent et s’enchaînent, avec force et dignité : 39-45 a laissé son flot de cicatrices à

la mémoire. Sa fille reconnaît : “Elle vit toujours avec ses souvenirs, mais après tout, c’est normal que cette période de guerre soit encore si présente : comment peut-on surmonter tout ça ?”

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Laure à l’âge de sa petite-fille

Les valeurs qui comptent s’entremêlent au fil de notre conversation. Certaines émergent, prévalent : pour Laure, le travail a été une réalité à l’âge de 16 ans et dès lors est resté omniprésent dans son parcours de vie de femme : “travailler, à l’époque, on n’avait pas le choix ! Les parents ne nous demandaient pas notre avis. Je me souviens que ma mère saisissait la moindre occasion, même sous forme de jeu, pour m’apprendre ce qui lui semblait indispensable à mon éducation : tricot, couture, cuisine, ménage… Elle m’a transmis ce qu’elle savait, avec l’art de ne pas me le faire ressentir comme une contrainte. A l’époque, nous avions beaucoup de respect pour nos parents, et la famille, c’était vraiment sacré. J’ai eu mon CAP de cuisine avant de commencer mon apprentissage de couturière… Et tout ça, ça sert dans la vie, parce qu’aujourd’hui par exemple, les jeunes femmes… elles ne sont pas bien fortes pour le ménage !” (rires). Dans la lignée, au sein d’une fratrie de 6 enfants, Anne-Marie s’est vue inculquer de façon naturelle ces ciments : famille, partage, respect, travail, parce que “ce sont des valeurs dont on hérite et que soimême l’on transmet. Un peu de tradition, ça a du bon… Je suis fière de mes filles. On leur offre ce que l’on sait, ce que l’on croit être bon pour elles. Après, elles en font ce qu’elles veulent, mais aujourd’hui, je suis heureuse du «résultat». En tant que parents, on donne l’impulsion à leur vie, elles en poursuivent simplement l’écriture, en jonglant avec leur époque, la conjoncture… Je crois que leur génération évolue dans un contexte particulier et pas complètement facile, plombée de technologies qui bouleversent un peu plus encore les codes familiaux. Mais à ces jeunes, il ne faut pas leur enlever le courage. C’est aussi notre responsabilité de faire naître chez eux des envies, des passions, des vocations, en leur proposant différentes choses, en leur donnant le goût de la vie…”

laure

88 ans

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Laure est un personnage. Née en 1924 à Dunkerque, son cœur est toujours un peu là-bas, avoue-t-elle. Accueillante, spontanée, son phrasé franchement «ch’typé» est ponctué d’émotion quand elle évoque son histoire, profondément marquée par la guerre. Et ce qu’elle me confie, au travers de quelques-uns parmi une foule de souvenirs, est poignant. Evacuée quand le conflit éclate alors qu’elle fait son apprentissage de couturière, elle sera contrainte de travailler dans un atelier où ses compétences seront exploitées pour le compte des Allemands, jusqu’en 1944. Des années terribles. Puis, la vie recouvre peu à peu ses droits, non sans mal… Toutefois, en 1946, l’avenir prend une autre teinte, enfin : Laure rencontre Georges, qui partagera le reste de son existence. Ils se marient. De leur union naissent six enfants : cinq filles et un garçon. Parallèlement, ils tiennent ensemble un garage/café/restaurant là-bas. En 1976, sous l’impulsion de Georges qui apprécie la région où ils sont venus camper lors de rares vacances, la famille vient s’installer en Haute-Savoie : la vente de leur affaire dans le Nord après des décennies de travail acharné leur permet de construire leur maison, à Viuz-la-Chiesaz.

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“J’ai chang é mon mari, de métier pour aid er p amour... C ar solidarité et p ar ’es qui s’opèr t rarement l’inver s e… Peut-ê tre que n e sommes d ous ou faculté d’a ées d’une plus grand daptation.” e (rires ) NOUVELLE VAGUE ? Eva écoute, avec attention… Née en 1993 à Annecy, actuellement en BTS de gestion agricole, engagée aux pompiers volontaires, elle travaille en fruitière les samedis pour se faire de l’argent de poche. Et comme Eva n’est pas du genre “à bloquer devant la télé ou l’ordi”, elle adore, en plus, participer aux travaux de l’exploitation de ses parents… Physique et dynamique quoi ! A terme, elle envisage un métier atypique “pour une fille” et rêve de passer son permis poids lourd. Elle adore les gros engins agricoles. Pour l’heure, si elle ne se prédestine pas à une profession précise, mais plutôt à un domaine de choix, l’agriculture, sa priorité reste de réussir son examen en fin d’année… Sa grand-mère part au quart de tour : “Oh non, mais quelle idée d’avoir choisi un métier comme ça ! Et je ne vous parle pas de sa période, quand elle voulait être militaire, holala, mon Dieu !” Eva rit de l’intervention de Laure et explique : “Je crois que j’ai choisi mon orientation parce que, même si je sais que l’agriculture est un domaine difficile, j’ai toujours vu mon père partir travailler avec le sourire tous les jours ! (…) Aujourd’hui, j’ai du mal à me sentir bien avec d’autres jeunes que ceux qui sont en BTS avec moi : on partage un même état d’esprit. Notre futur métier est une passion. On sait tous qu’on aura à travailler dur, et même pas forcément pour bien gagner notre vie ! Pour l’heure, ce n’est pas un vrai plaisir de travailler ; il y a des week-ends où je ralentirais volontiers le rythme, mais je trouve ça bien parce que je sais qu’au bout, je pourrai m’acheter ce que je veux et que je l’aurai mérité. C’est une satisfaction… Il y a des jeunes qui ne font rien ; moi, je déteste ne rien faire !” Et Laure de reprendre : “Je suis fière de mes petites-filles ! Elles sont courageuses ! Une valeur qui se perd. Beaucoup de jeunes sont des assistés, y compris par leurs parents. Et ça leur paraît normal… Même s’il ne faut pas faire des généralités non plus, c’est sûr. ”

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Anne-Marie à l’âge de sa fille

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Anne-Marie est l’une de leurs filles. Née dans le Nord, elle suivra naturellement ses parents dans le «grand déménagement». Elle a alors 14 ans : c’est donc en Pays de Savoie qu’elle fera ses études… et sa vie. Coiffeuse de formation, elle exercera son métier en salon à Annecy, puis à domicile. A 32 ans, elle rencontre Gabriel. Un mariage, deux enfants et des années plus tard, Anne-Marie quitte ciseaux et peignes pour travailler aujourd’hui aux côtés de son époux, agriculteur passionné qui produit à Gruffy des fromages et yaourts bio selon des méthodes qui lui tiennent à cœur : développement durable et proximité comptent parmi ses crédos.

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“ Je rêve de p poids lourd asser mon permis s, de gros en de conduire gin Je sais que s agricoles… l’a un domain griculture est ed j’ai toujour ifficile, mais sv travailler a u mon père partir vec le sour ire !”

AMOUR, COMME TOUJOURS Bon alors, et les Hommes dans tout ça ? Renonçant finalement à ses rêves de carrière de couturière, Laure a travaillé avec Georges, son mari : “C’était normal, il était garagiste, c’était son métier. Il ne pouvait pas changer ! Il ne me l’a pas imposé, et dans ma tête, ça allait de soi. Par amour pour lui, j’ai toujours été là…” Une génération plus tard, Anne-Marie a récemment choisi de changer d’activité pour prêter main-forte à Gabriel, son mari : “Par solidarité, tout à fait normale et légitime selon moi dans un couple, parce qu’il avait un boulot fou et aussi par reconnaissance de ce qu’il faisait et du courage qu’il y mettait, parce que j’adhère à ses idées de défense de l’agriculture de proximité… Et puis, par amour tout simplement ! Ce choix reste le mien. C’est

Née à Annecy, actuellement étudiante, Eva est l’aînée des deux filles d’Anne-Marie et Gabriel. Un peu, voire naturellement réservée au début de l’entretien, elle se laisse peu à peu apprivoiser. Encadré de cheveux lisses d’un blond magnifique, son visage fait don d’yeux bleus époustouflants que ses ascendantes n’ont pas omis de lui léguer. Ceux-là mêmes me laissent percevoir que la jeune femme ne restera pas sans voix quant aux sujets que l’on s’apprête à aborder… Et ça se confirmera : exigeante d’abord avec elle-même, intransigeante parfois, à 19 ans seulement, Eva fait montre d’une étonnante force de caractère…

vrai que c’est en général la femme qui suit son mari plutôt que l’inverse mais… peutêtre que nous sommes douées d’une plus grande faculté d’adaptation ? (rires)”. Pour Eva, “Je crois que les grandes décisions, ça se prend en couple. On fait des choix à deux, mais ça ne me choque pas que le garçon prenne la décision finale ; je ne me sens pas soumise pour autant : je reste libre de dire non !”

CHANGEMENT D’ÈRE ?

eva

19 ans 68 actives

Totalement immergées dans les grandes thématiques de la vie, emportées par le courant de nos idées, plongées dans notre vécu pour en tirer la substantifique moelle, pour clore ce riche échange, nous voilà parties à vouloir rêver un peu… Laure : “J’aimerais repartir dans le Nord pour voir la mer !” Anne-Marie : “Je rêverais… qu’on ait un peu de temps libre !” Eva : “Mon rêve ? Réussir dans tout : boulot, famille…” Heu… et peut-être amour ? “ça va avec famille”. Alors… un peu d’argent ? “J’ai envie de le dire mais… ça va pas avec mon boulot !” (rires)…

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lles se ressemblent. Même morphologie, même regard, et on peut le dire, même gestuelle. Toutes les trois, lucides, pragmatiques, au-delà des joies et des épreuves de la vie, elles positivent. Pas trop de place aux états d’âmes. Elles avancent, et ont les yeux grands ouverts, sans tabous. Florence a 25 ans, travaille et vit en couple. Sa maman, Catherine Brunier, fonctionnaire, élégante quinqua, est veuve depuis dix ans. La mamie, c’est Bernadette Pelissier, (appelez-la Nadette… Elle préfère !) Divorcée, après 35 ans de mariage, elle vient à peine de dépasser les 80 ans et habite, c’est son choix, un appart’ dans une maison de retraite d’Annecy. Si, apparemment, elles sont inspirées des mêmes paradigmes, on peut creuser quelques sujets clivants mais sans que ne s’en dégage aucun conflit. Belle leçon de tolérance. Et si c’était de l’amour tout simplement ?

Nadette & sa fille

O POUR OU C

NTRE ?

FEMME AU FOYER OU FEMME AU TRAVAIL ? Florence : C’est bien qu’une femme travaille, qu’elle s’assume financièrement, qu’elle ait une vie sociale, mais ce n’est pas une raison pour qu’elle ne s’occupe pas du tout de son intérieur, ni de son homme. C’est une question d’organisation. Je bosse, j’ai des horaires de «ouf», j’ai ma propre entreprise avec Vanessa mon associée… Mais je fais les courses, la cuisine quand on reçoit des copains… Mon compagnon me donne un coup de main. Une femme

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nadette

83 ans

“ Je suis nt radicaleme me pour la fem au foyer, ne pas à moins de , nts avoir d’enfa bien sûr ! ”

Nadette a choisi de s’installer à la maison de retraite, car la solitude lui était difficile à supporter à la suite de son divorce «tardif». Elle n’aime pas le conflit, elle a accepté la séparation, mais son chagrin ne s’est pas émoussé. A 82 ans, elle se porte bien, et se tient absolument au courant des choses de la vie. Elle a un avis sur tout, avec un grand respect de celui des autres. Elle échange volontiers avec chaleur et gaité. Commerçante dans l’agro-alimentaire, elle s’est ensuite consacrée à l’éducation de ses deux enfants, la grande joie de sa vie, et ils le lui rendent bien. qui ne fait rien à la maison, sous prétexte qu’elle s’investit dans son travail, court le risque de voir, un jour, son mec partir pour se faire cocooner ailleurs ! Catherine : J’ai toujours travaillé. En revanche, je suis favorable au congé parental et le plus longtemps possible. Je n’avais pas les moyens de le faire pour Fabrice mon fils aîné, je le regrette. Opérationnelle pour Florence, ma fille cadette, pendant trois ans, encouragée par mon mari, même au prix d’un manque à gagner. Profiter de son bébé, le plus longtemps possible. C’est si important !

Nadette : J’ai commencé comme vendeuse dans l’agroalimentaire, c’est là que j’ai connu mon époux. Je suis radicalement pour la femme au foyer, à moins de ne pas avoir d’enfants, bien sûr ! C’était ma mission. J’ai trouvé une solution satisfaisante en étant assistante maternelle, mais à la maison. Quand j’ai divorcé, pour des raisons pécuniaires, je me suis remise au boulot. Surveillante de cantines… Mais je suis indignée par les disparités de salaires homme-femme… Sur ce thème, on n’a pas beaucoup avancé !

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Catherine & sa fille

catherine

52 ans

“Mon espo ir, t compagnon rouver un p les belles ch our partager oses de la v ie.” Avec son sourire et son regard direct, Catherine exprime la gentillesse et la générosité. Veuve depuis dix ans, elle a vaincu les épreuves de la vie, élevé ses deux enfants avec courage et dignité. A 56 ans, elle continue de travailler comme agent administratif au Conseil Général, où elle a commencé sa carrière, il y a bientôt 30 ans. Sportive, elle est fan d’aquagym et de vélo éliptique.

ONTRE ? POUR OU C LE DIVORCE ? Florence : Je suis pour… mais avec un bémol. L’amour est trop vite consommé et remplacé. Bref, on divorce à vitesse grand V, sans faire de compromis. C’est comme ça que l’on voit actuellement ces femmes de 40 ans qui croyaient trouver le prince charmant et sont seules, à la recherche de l’impossible. C’est pathétique ! Catherine : Je n’ai jamais été confrontée à ce problème, mais je suis pour le divorce à condition que le conflit soit grave, menace l’équilibre de la famille, qu’il y ait violences physiques ou morales. Nadette : Idéalement, je suis contre. Hélas, j’ai divorcé après 35 ans de mariage. Ce fut très douloureux, forcément, mais j’ai refusé toute hostilité. A quoi bon tenter de retenir quelqu’un qui ne veut plus de vous ? J’ai reconstruit ma vie, sans me lamenter, ni me laisser aller. Un vrai combat. La solitude affective soudaine quand on a déjà un âge avancé est une épreuve terrible. J’aime communiquer, partager, et c’est pourquoi j’ai choisi de vivre dans un lieu plus communautaire.

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LA CONTRACEPTION ? mais de Florence : Oui, à 100 %, ie. Je éch réfl et lée façon contrô vite p tro est le pilu la que trouve ser pen nt délivrée. Les jeunes devraie r pou le, pilu plutôt capote que r. lise abi ons resp se commencer et ts se fait Catherine : Le désir d’enfan lques que le à deux. J’ai pris la pilu mes de nce ssa années. Après la nai t. rile sté le r pou é opt j’ai deux enfants, nt nce me com les uel sex s tion Les rela souvent tôt aujourd’hui. Elles sont if doit vat ser pré sans lendemain. Le pallier r pou » ligé «ob être un geste virus. des ns ssio smi tran de ues les risq ent em libr lé Nous avons toujours par ins Mo ce… ren Flo de ces choses avec ! avec ma mère la pilule Nadette : Je ne crois pas que rouillait déb m’aurait tentée. On se autant r pou eu «sans», et je n’ai pas je ne is Ma ! use bre nom une famille ! tre con suis pas LE MARIAGE ENTRE HOMOSEXUELS ? r le Florence : Absolument pou vit ant enf Un . ion mariage et l’adopt qui s ent par x deu c ave bien mieux foyer s’aiment plutôt que dans un pas he pêc destroy. Regardez, on n’em e fair de tes itan ltra aux personnes ma ble sem me il is, tefo Tou ! des enfants ne du indispensable qu’une person sence pré sa sexe opposé affirme pour ille fam de e au sein de ce typ à es» dul pen les ttre me parfois «re ts fan l’heure ! Et, puis il y a tant d’en plement orphelins qui rêvent sim d’être aimés. sa vie à Catherine : OK pour unir is pour quelqu’un qu’on aime. Ma il me r, eve avoir un enfant et l’él papa n d’u ce sen pré semble que la able. ens isp ind est n ma et d’une ma Une évidence pour moi. pas de Nadette : Je ne porte il veut qu’ ce fait cun jugements. Cha Quant ps. cor son de et ur de son cœ à l’adoption, je nuance !

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Florence a 25 ans et elle ne manque pas d’ambition. Joyeuse, elle organise sa vie avec énergie et détermination. Esthéticienne de formation, elle gère avec son associée un institut de beauté à Annecy. Elle aime les gens et la communication et elle est toujours «en projet». Parallèlement à son job, elle a créé une société de garde d’enfants le soir… Pacsée depuis un an, Florence trouve encore le temps de faire du sport avec son coach perso, et de partager de bons moments avec son amoureux.

Votre plus belle réussite ? Votre plus grand chagrin ? Florence : Celle de cogérer aussi jeune un institut de beauté avec mon associée qui l’avait créé. Elle m’a fait confiance pour poursuivre l’aventure avec elle. Ma réussite, c’est aussi un bon deal entre ma vie de couple et mon métier. Mon chagrin profond, le décès de mon papa, j’avais 14 ans. Il ne partage ni mes moments de bonheur, ni mes espaces difficiles. Je n’ai toujours pas compris son geste irrémédiable. Catherine : Laissez-moi être sobre sur le sujet. Le bonheur absolu, ma fierté, c’est la réussite scolaire et professionnelle de mes enfants. Ma douleur, c’est la mort de mon mari… Si improbable. Elever les enfants, leur donner l’envie de vivre dans la sérénité et le goût de l’effort, un sacré challenge. Gagné ! Mon espoir, trouver un compagnon pour partager les belles choses de la vie. Nadette : Je suis comme Catherine. Ma raison de vivre, ce sont mes deux enfants et mes petits-enfants. La rupture avec l’homme de ma vie, le père de mes enfants, après tant de complicité partagée, m’a mise un moment la tête à l’envers. Mais, il fallait bien continuer. Quand on n’a pas le choix, on va de l’avant Si vous étiez un homme ? Florence : Juste une journée. Faire pipi dans la neige pour laisser ma trace le plus loin possible ! Concocter une recette de cuisine quatre étoiles pour qu’on me félicite. Apprécier, voire me délecter des efforts de séductions d’une femme, l’entendre me dire que je suis le plus beau ! Catherine : Même pas je l’envisage ! Trop bien en femme. Nadette : Drôle de question ! Pour voir la différence… Pas de seins ! Un sexe entre les jambes… Franchement, je n’y ai jamais pensé !

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florence

25 ans

“Une femm e la maison, qui ne fait rien à so s’investit d us prétexte qu’elle an le risque d s son travail, court ev son mec p oir, un jour, art cocooner a ir pour se faire illeurs !” Et si vous gagniez une grosse somme au loto ? Florence : Je fais plaisir à mes proches, mais je ne leur donne pas de l’argent. Je leur achète une maison, une voiture. Je leur offre un voyage… Du concret. Pas radine, mais presque… Pour moi, un sou est un sou ! J’ai tendance à faire des économies sur tout. Je continuerais à travailler, pour garder les pieds sur terre, mais à mi-temps !

Catherine : Je distribuerais équitablement à ceux que j’aime. J’en placerais pour assurer mon avenir. Je me lâcherais volontiers pour me faire plaisir, et j’arrêterais de travailler ! L’argent est fait pour en profiter, mais je ne vis pas pour autant à flux tendu ! Nadette : Je suis de nature économe, mais je fais un chèque énorme à mes enfants et à mes petits-enfants !

Elles pensent toutes les trois que les plus belles qualités sont la gentillesse, l’empathie et la générosité, tandis que l’irrespect, l’égoïsme, l’hypocrisie les mettent terriblement en colère… Et si c’était à refaire ? Elles ne changeraient rien… Avec un bémol pour Nadette : “J’exercerais le métier de coiffeuse… C’est mon rêve !”

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“On ne con na pas la vie ! issait No parents ne s no expliquaie us nt grand-chos pas e, avait beauc il y ou de sujets t p abous”

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67 ans

Micheline est née à La Rochelle en 1945 et a débarqué en Savoie, la vingtaine tout juste fêtée. Mariée, elle affiche au compteur de sa petite famille quatre enfants, quatre petits-enfants et deux arrières-petits-enfants, à seulement 67 ans ! Ayant peu travaillé, elle a toutefois exercé les fonctions d’agent d’entretien et d’assistante maternelle. Aujourd’hui retraitée, elle habite Rognaix. D’un naturel réservé, voire un peu timide, elle a toutefois bien des choses à dire... Votre sexe n’est là que pour la dépendance : Du côté de la barbe est la toute puissance» (Molière) A l’évocation de ce (vaste) sujet, on mesure le chemin parcouru. Même s’il vous reste des progrès à faire Messieurs... (si, si, puisqu’on vous le dit, tu vois l’appareil là-bas chéri, ça s’appelle un fer à repasser !). Laissons à Micheline l’honneur d’ouvrir le bal. Le constat est sans appel, nous

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n’avons pas affaire à une nostalgique du passé : “C’est beaucoup mieux pour la génération de maintenant ! A notre époque, on n’avait pas le choix, on devait rester à la maison pour s’occuper du foyer et des enfants. On ne passait pas le permis, on ne pouvait donc pas bouger. On ne risquait pas de faire les magasins avec des copines ! Et puis, on dépendait souvent financièrement de nos maris. Aujourd’hui, les femmes travaillent, sont mieux payées et autonomes.” La sexagénaire confie se rattrapper, toujours partante pour une

séance de shopping avec ses petites-filles à Albertville, Chambéry ou Grenoble. Même son de cloche pour sa fille Patricia : “J’ai de la chance d’être de ma génération ! Les années 80 étaient vraiment de bonnes années. La vie est plus facile, à notre époque, pour les femmes, les hommes commencent notamment à assumer quelques tâches ménagères... J’ai vécu cette période charnière où la femme a commencé à travailler, à s’émanciper, où on pouvait enfin gagner notre indépendance face aux hommes. Et grâce au développement des stations en montagne, c’était facile de trouver un emploi ici. Avec la crise, la donne a changé…” Si Jessica adhère pour une bonne part, elle nuance toutefois le propos : “C’est clair, je n’aurais pas voulu vivre à l’époque de mamie. Les femmes étaient des objets, elles n’avaient pas de droits. Désormais, l’homme comme la femme peuvent travailler et ramener de l’argent, même si c’est plus difficile de trouver un job par rapport à la génération de ma mère. Reste que l’égalité des salaires entre les sexes n’est toujours pas acquise. A notre époque, ça paraît incroyable ! Et les femmes font toujours plus de choses à la maison. Mais j’ai le sentiment que ça pourrait bien changer avec la génération qui suit, comme celle de mon frère (23 ans) où il y a vraiment plus d’égalité”.

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49 ans Quand Patricia voit le jour à Rochefort en 1963, sa mère a à peine 18 ans... C’est l’ainée de la fratrie. Elle passera l’essentiel de son enfance en Savoie et habite aujourd’hui à Bozel. Vendeuse en magasin de sport durant la saison d’hiver, elle est technicienne thermale le reste de l’année. Mariée, Patricia a deux enfants et deux petits-enfants. Une personnalité affirmée, d’un naturel avenant, elle parle avec une grande liberté de ton de son vécu et de sa vision de la société...

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«Aimer est le métier des femmes» (Claude-Joseph Dorat) En ce qui concerne les femmes et la sexualité, Patricia est catégorique. Il ne fait aucun doute pour elle que décidément les temps modernes ont du bon : “La contraception a beaucoup facilité les choses et a permis aux femmes d’avoir autant de liberté que les hommes. Les temps changent, on peut aussi parler de sexualité sans tabou, inconcevable avant. J’ai d’ailleurs un peu souffert de ne pas pouvoir communiquer sur ce sujet avec maman”. Ce que ne manque pas de confirmer Micheline, évoquant une époque où : “On ne connaissait pas la vie ! Nos parents ne nous expliquaient pas grandchose. On rencontrait un homme, on se mariait, on faisait des enfants et c’était tout. Et nous, on ne leur parlait pas beaucoup non plus, il y avait beaucoup de sujets tabous“. Facteur de libération sexuelle pour les femmes, le contrôle de la conception a eu aussi une autre conséquence. En donnant aux couples la possibilité de maîtriser les naissances, il a changé la place de l’enfant dans la famille et l’importance qu’on accorde à ce petit être. C’est ce que pense Jessica, jeune maman : “Avant, sans contraception, les enfants arrivaient. On ne choisissait pas toujours de les avoir. Ils n’étaient pas forcément désirés, aimés et considérés. Et bien souvent, il y avait un fossé entre le monde adulte et leur progéniture, on ne voyait pas l’intérêt de véritables dialogues. On n’expliquait pas les choses. Maintenant, on se soucie de l’enfant et l’inverse est vrai aussi. Il y a plus d’écoute, d’échanges.” Echanges, communication, autant de mots reflets d’une époque dans laquelle le progrès, et particulièrement les nouvelles technologies, ont transformé notre quotidien et modifié nos modes de vie.

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30 ans toujours plus “Les femmes font son. Mais j’ai le de choses à la mai rrait bien pou sentiment que ça nération qui suit, é g la c e av r ge an ch n frère (23 ans) o m e d e ll ce e m com plus d’égalité”. où il y a vraiment «Sur internet, on peut écouter la radio tout en payant le téléphone» (Anne Roumanoff) Téléphones portables, consoles de jeux, ordinateurs sont devenus des objets de la vie courante. Tissant sa toile universelle, le web est désormais un compagnon familier, peut-être un des meilleurs amis de beaucoup d’entre nous... Mais Internet n’aurait t-il que des avantages ? “C’est un bien et un mal en même temps” déclare Jessica. “Le positif c’est qu’on peut y trouver des informations dans beaucoup de domaines et avoir accès à des produits qu’on ne trouve pas sur place, surtout quand on vit dans une petite ville comme ici. On peut aussi bénéficier d’offres vraiment intéressantes. En tant que consommateur, c’est sûr que c’est génial ! Le mauvais côté, c’est qu’on peut facilement y devenir accro et du coup s’enfermer dans ce monde, et finalement ne plus communiquer avec ses proches...” Micheline (qui, à presque 70 ans, dispose d’un compte sur Facebook !) y voit elle une grande utilité : “Je suis d’accord avec Jessica, c’est vrai que si on se laisse piéger par le net, on va moins vers les autres. Avant, on faisait par exemple plus de repas de famille. Mais si on s’en sert bien, avec mesure, c’est un très bon moyen de s’occuper, de pouvoir passer le temps. Pour moi, ça remplace un peu le tricot, mais je continue quand même à en faire ! Par contre je fais toujours mes achats dans les magasins”. Chez des commerçants qui peuvent être, pour Patricia, les victimes de cette offre pléthorique : “L’ouverture du marché

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Jessica vient de fêter ses trente ans. Maman au foyer, elle vit à Moûtiers avec son compagnon Julien et leurs enfants Léo (17 mois et un sourire à se damner!) et Thaïs (quelques semaines). Epanouie dans sa maternité, elle a fait le choix de quitter son ancien emploi dans une blanchisserie. Ouverte, elle évoque volontiers son époque, ses joies et ses difficultés... avec Internet est telle que ça en devient un enfer pour les magasins. Tout se fait sur le web et avec des prix qui peuvent casser le commerce. En plus, les gens ont affaire à des sites et plus à des personnes. Il y a moins de relationnel, moins d’humain”. L’humain qui a présidé à notre belle rencontre à cinq autour de cette table. Ah oui, c’est vrai nous ne vous l’avons

pas dit, mais ce sont en fait quatre générations qui ont participé à cet entretien. Enfin, plutôt «assisté» pour notre dernière protagoniste, une petite Thaïs de quelques jours qui n’a rien dit, mais a manifestement apprécié... sa tétée. L’allaitement. Tiens, ce pourrait être un sujet à évoquer, parmi beaucoup d’autres encore, lors d’une nouvelle conversation féminine prolongée.

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RACINESDETROIS Réunissez dans les Aravis, une mère, sa fille et sa petite-fille. A part les liens du sang, peuvent-elles avoir des points communs, des idées partagées ? Dans quelles mesures la différence d’âge, les périodes de l’histoire traversées, créent unité ou désaccords ? Michelle, Claudine et Noémie ont accepté volontiers de se réunir pour cette joute familiale.

Propos recueillis par Victoire Barrucand - Photos : Gilles Piel

irection St Jean de Sixt en ce début d’aprèsmidi, sous un soleil précoce. La chaîne des Aravis, en fond d’écran, me transporte dans une carte postale de souvenirs de vacances. Je vais à la rencontre de 3 femmes, nées,

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élevées et profondément attachées à La Clusaz, tout comme leurs aïeuls. Elles m’accueillent, la mine bronzée par une saison passée en montagne, une tarte aux framboises maison a été préparée par Michelle. Le sourire est radieux, identique de l’une à l’autre, et la ressemblance frappante entre Michelle et Claudine.

On parle études, formation. La scolarité à La Clusaz à l’époque de Michelle, ça se passait comment ? “On apprenait les mathématiques, l’histoire, le soin de l’écriture, le chant… Les garçons, eux, apprenaient aussi le ski avec un moniteur, mais pas les filles. En 44/45, ça ne se faisait pas ! On n’était pas

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e “La guerre n as me laisse p s de souvenir , particuliers s on était trè préservé au ne village. On e manquait d rien.”

Michelle à l’âge de sa petite-fille.

Michelle est la doyenne des 3. Née en 1935, elle est l’aînée d’une famille de 6 enfants qui ont vu le jour et grandi à La Clusaz. C’est une Cluse pure souche, comme on dit ici. Son seul déménagement a été de la vallée des Aravis à la vallée des Confins, quand elle s’est mariée à 24 ans avec Paul, aujourd’hui disparu. Couturière, elle a donné naissance à 4 enfants, 2 garçons et 2 filles.

en pantalon, mais en robe. Alors, les filles faisaient de la luge et se sont mises au ski beaucoup plus tard. J’ai été jusqu’au certificat d’études, puis ensuite, j’ai appris le métier de couturière. Là, j’ai dû aller à Annecy faire mon apprentissage. J’ai fait beaucoup de couture, chez les unes ou les autres. Une fois mariée, j’ai aussi travaillé avec mon mari qui était ébéniste. Je suis toujours restée à La Clusaz. En fait, je n’avais pas vraiment le choix : je ne conduisais pas.” A 20 ans, à quoi rêviez-vous ? Michelle réfléchit, ne sait plus. Claudine se souvient : “ouh la la, moi, je bringuais, je faisais beaucoup de ski. Je

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travaillais chez Collomb, le fleuriste, à l’époque. On ne se posait pas de question, il y avait du boulot, on vivait dans un village où l’on s’amusait beaucoup, les amis étaient nombreux. Il n’était pas question de quitter La Clusaz, car on y était bien. Le rêve se vivait au présent. D’ailleurs, nous ne sommes jamais partis en vacances. Nous changions simplement de chalet. Accueillir des touristes était toujours nouveau, amusant et dépaysant”. Noémie, silencieuse jusqu’ici, intervient à son tour. “Je n’ai pas de rêve, je ne pense pas à l’avenir, tellement de choses peuvent changer. Mariée ou célibataire, peu importe, pour l’instant, je suis bien comme ça et je sors trop pour avoir une

vie de famille. On ne peut pas faire de bêtises quand on a des enfants.” Bon. “Mon rêve aujourd’hui, c’est plutôt un projet professionnel. On essaye de créer un syndicat entre toutes les communes environnantes. Je voudrais aussi monter les échelons, passer des concours. Pour autant, je n’ai pas l’intention de partir. Mon avenir est ici.” Michelle et Claudine, vous avez plus ou moins traversé mai 1968. Le rapport hommes/femmes en a-t-il été bouleversé selon vous ? Michelle : “On en a entendu parler bien sûr, mais à La Clusaz, on ne le vivait pas !” Claudine : “On n’a pas brûlé les

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Clusaz, a L à , 8 6 n E “ rûlé nos on n’a pas b rge sur la soutiens-go e !” lag place du vil

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Claudine, née en 61, est la deuxième de la fratrie. Fleuriste de formation, elle a eu son propre magasin pendant 12 ans, avant d’avoir Noémie, son unique enfant avec Pascal, son époux. Des commandes extraordinaires l’ont emmenée 2 fois à Casablanca, dans les coulisses d’un palais du Roi du Maroc. Depuis 20 ans et aujourd’hui encore, Claudine se nourrit des Aravis : saisonnière aux remontées mécaniques, ou dans la boutique d’Yvette Perrillat, (la sœur de Guy, tous deux cousins germains de Michelle), à La Clusaz. “Quand j’ai dû m’installer à St Jean de Sixt, c’était comme trahir les miens”.

Claudine à l’âge de sa fille.

soutiens-gorge sur la place du village !” Michelle : “Les habitudes ont changé petit à petit et bien plus tard. La place de l’homme aujourd’hui est bien différente. A la maison, Paul ne s’occupait de rien. Il travaillait, gérait la maison, mais surtout pas de l’intendance. Mes fils, aujourd’hui, participent à tout, autant dans la maison qu’à l’extérieur. Et les plus jeunes, encore plus. On rencontre de plus en plus de

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papas avec des landaus. Impensable à mon époque !” Claudine approuve : “Les hommes étaient très machos. Papa faisait les courses, c’est tout. Il ne s’est jamais occupé des devoirs, ne nous a jamais grondés ou punis, c’était le rôle de maman. Lui, nous faisait rire, et nous emmenait en balade tous les dimanches. Aujourd’hui, les hommes sont obligés de participer. La femme est montée en grade et elle n’est plus vissée à la maison.” Noémie tempère : “Moi, je trouve que le rôle de l’homme est très important. L’autorité, c’est lui. Il met les limites. Quand c’est le père qui intervient, tu fais et surtout tu te tais !”

Quels événements historiques ont marqué votre mémoire ? Michelle fouille sa mémoire : “Pendant la guerre, je me rappelle avoir vu, depuis chez nous, brûler les chalets des Glières. Et puis, il y a eu cet accident terrible de télétraîneau, quand j’avais 10 ans. C’était l’hiver, nous rentrions à pieds de l’école. Nous étions sur la route des Aravis quand nous avons vu basculer le traîneau du pont. Je me rappelle des cris. Et puis, il y a eu le couronnement de la reine d’Angleterre, le décès de Kennedy, et les premiers pas sur la lune. Là, j’avais réveillé les enfants ! La guerre ne me laisse pas de souvenirs particuliers, on était très préservé au village. On ne manquait de rien.”

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t qui m’a n e m e n é v ’é L mort de a L ? é u q r a m gnoud. Régine Cava n village, st u La Clusaz e tous et ît on se conna rement.” liè elle particu

Claudine : “moi, ça a été le 11 septembre, comme beaucoup. Quel choc, les images restent à l’esprit.” Noémie : “le 11 septembre, oui. Mais les images du Kosovo ont marqué ma mémoire. Et puis, la mort de Régine Cavagnoud. La Clusaz est un village, on se connaît tous et elle particulièrement.” Y a-t-il des sujets tabou entre vous ? “Aucun, à part le sexe !”, répond Claudine. La religion ? Michelle confie “je ne pratique plus, «ils» nous ont trop menti. Je suis déçue”. Claudine regarde sa maman en souriant. “C’est comme en politique, on en entend trop. Je n’écoute plus les infos. Toutes ces polémiques. Cet attentat contre l’école juive, c’était horrible, mais par rapport à ce qui s’est passé en 40, par trains entiers, livrés par des Français ? Les journalistes et les candidats en font trop.” Et toi Noémie ? “On ne parle pas de politique. C’est gonflant. Tu as l’impression que dans tous les cas, tu vas te faire avoir.” Quelles sont vos priorités ? Claudine répond : “le bonheur autour de moi”. Et c’est quoi le bonheur ? «ça !», dit-elle en montrant le panorama. “C’est très simple, rien de brillant ou de rutilant. La nature tient une très grande place, ceux que j’aime autour de moi, un animal ou deux. Mes racines contribuent à mon équilibre, je suis très ancrée à mes montagnes. C’est ma priorité.” Et vous Michelle ? “Garder mes enfants autour de moi. Je suis gâtée, on s’occupe bien de moi, même si je suis souvent seule. La santé ! Danser si j’ai l’occasion. Je participe à tous les carnavals, fêtes, manifestations folkloriques. Je fabrique encore quelques costumes, pour Noémie, entre autres.”

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noemie 22 ans

Noémie est de 90. Elevée à St Jean, elle consacre aussi des vacances à la famille de papa, originaire de Normandie. “J’ai beaucoup visité, mais c’est trop plat à mon goût”. Après une formation au Lycée agricole de Poisy, elle vit aujourd’hui en couple, à Villards sur Thônes, et travaille à l’assainissement de l’eau à St-Jean de Sixt et trouve là son épanouissement.

Noémie, 60 ans de moins, répond aussi “La santé ! Je suis jeune, mais je les collectionne ! Trop de pépins m’ont obligé à lever le pied sur les skis… Le bonheur passe aussi par ton boulot. T’y plaire est essentiel.” Un ange passe. Elle reprend : “J’ai eu la chance de partir au Burkina, dans le cadre de ma formation, dans des villages très pauvres. Les gamins n’avaient

rien. Ils jouaient avec des objets que nousmêmes avions jetés. Eux n’avaient rien et nous avions tout. Et ce sont eux qui ont partagé avec nous leur joie de vivre, leurs chants, leurs traditions et on voyait qu’ils étaient heureux. Le bonheur, moi, je l’ai vu là-bas.” La voix de la jeunesse serait-elle la voix de la sagesse ?

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60 ans séparent la plus jeune de l’ainée, mais la même énergie semble couler dans leurs veines ! C’est aux Gets, dans l’appartement feutré de Suzanne, que sa fille, Marie Colette, et sa petite fille Jessica, se sont réunies le temps d’une rencontre avec Actives… Entretien avec trois générations de femmes qui n’ont pas leur langue dans leur poche !

Actives : Avez-vous le sentiment d’être bien dans votre époque ? Suzanne : Moi, j’aimerais bien retourner 10 ou 15 ans en arrière ! Je trouve que l’époque d’aujourd’hui a des avantages que je n’ai pas connus. Marie-Colette : Je pensais que tu dirais le contraire… Les gens de ta génération ont généralement une certaine nostalgie, on entend souvent dire que la vie est plus difficile qu’avant ! Suzanne : C’est vrai qu’à ma génération, il y avait du travail ! Marie-Colette : A la mienne aussi, j’ai vécu une belle période ! On a profité d’un certain confort où les problèmes d’emploi et de précarité n’étaient pas

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Propos recueillis par Virginie Bosc - Photos : Gilles Piel

tellement d’actualité. Je n’aurais pas aimé vivre à ton époque, mais je ne crois pas que j’aimerais avoir 25 ans aujourd’hui… Jessica : Je n’aurais pas non plus souhaité vivre à la génération de ma grand-mère, car la condition des femmes a beaucoup gagné en considération et en liberté, mais c’est vrai que l’époque de maman était certainement plus insouciante que la mienne… Quel genre d’éducation avez-vous reçue ? Suzanne : Nous étions 9 enfants et ça marchait à coup de pied au cul ! Les enfants n’avaient pas droit de parole ! On a reçu une éducation stricte et très autoritaire. J’ai essayé de faire mieux,

d’ailleurs vous n’avez jamais été battus ? Marie-Colette : On a bien reçu une ou deux gifles, mais sans doute méritées ! Mon père n’était pas très ouvert, on parlait peu, c’était difficile d’avoir une opinion différente de la sienne. J’en ai souffert, alors j’ai vraiment essayé d’instaurer un dialogue avec mes enfants. Suzanne : C’est vrai qu’on ne s’exprimait pas beaucoup. Je le regrette, surtout quand je vous vois parler si librement avec vos enfants. Comment décrire les hommes de votre génération ? Suzanne : De mon temps, les femmes s’occupaient des enfants et de la

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Suzanne à l’âge de sa petite-fille.

dit “Comme on dit femme qui ri a tout à son m pleure plus e ’ell souvent qu ne rit !”

maison, les hommes étaient au travail ! L’homme incarnait l’autorité et la sécurité dans le foyer, mais ils n’étaient pas très communicatifs, ni très attentifs… On menait des vies parallèles, mais comme on dit «femme qui dit tout à son mari pleure plus souvent qu’elle ne rit !» (rires) Marie-Colette : Je dirais plutôt qu’ils n’étaient pas démonstratifs ! Ça ne faisait pas «mec» de montrer ses sentiments. Ça a un peu changé au cours de ma génération. On les a vu s’impliquer davantage dans leur foyer, avoir de meilleurs rapports avec leurs enfants, et on avait des centres d’intérêt communs, donc plus de moments partagés dans le couple. Ça restait des machos, mais surtout en façade ! Le travail des femmes a aussi permis de rééquilibrer les rapports, même si la carrière des hommes passait avant la nôtre et que le partage des tâches ménagères n’était pas très équitable ! Jessica : Je te rassure, c’est une notion parfaitement intégrée chez les hommes de ma génération ! Globalement, ils nous traitent davantage comme leurs égales, mais je les trouve en complet décalage avec nous ! J’ai l’impression que les hommes d’aujourd’hui ont besoin d’être maternés, et manquent de maturité.

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85 ans

85 ans, Suzanne est un peu la gardienne du temple ! C’est elle qui assure le lien familial, et réunit le clan autour d’elle, à la moindre occasion. La doyenne en est intimement convaincue : “la famille, c’est sacré !”. Veuve et mère de 6 enfants, Suzanne, dont l’esprit est aussi alerte que ses jambes sont vaillantes, ne mâche pas ses mots lorsqu’elle veut se faire entendre. Entre deux allers retours à la cuisine, où elle surveille la cuisson de son déjeuner, Suzanne nous livre une vision teintée de rires, et parfois de regrets… Puisqu’on parle d’égalité, qu’est ce que le terme «parité» évoque pour vous ? Suzanne : Moi, je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Marie-Colette : A ma génération, on aurait répondu : C’est à gagner ! Mai 68 et le mouvement féministe ont fait beaucoup… Jessica : A la mienne on dirait : ça a bien évolué ! Même s’il reste encore des combats à mener, notamment en terme d’égalité des salaires< et de représentation

féminine dans certains milieux qui restent «chasse gardée» par les hommes, comme la politique et les grandes entreprises. Que représente le mariage ? Suzanne : C’était un passage obligé, la question de vivre maritalement ne se posait pas ! Marie-Colette : Pour les femmes de ma génération, le mariage était encore une tradition, mais j’ai le sentiment que c’était avant tout un choix !

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“ Je ne crois pa j’aimerais av s que oir 25 ans aujo urd’hui…”

Marie-Colette est la fille de Suzanne. Infirmière à Genève, elle est mariée et mère de 2 enfants. A 53 ans, Marie-Colette incarne certainement un modèle de femmes «entre deux», qui a lutté, pour plus d’indépendance et d’égalité, sans rompre totalement avec l’héritage familial. Volubile, enthousiaste, empathique, Marie-Colette fait aussi preuve d’habileté quand il s’agit d’entendre et de comprendre les points de vue qui s’opposent parfois entre générations, et qu’elle ne partage pas toujours ! Jessica : Aujourd’hui, avec l’arrivée du PACS, ça n’a plus rien d’une obligation. Donc, il correspond vraiment à une conviction, un désir sincère. Et le mot famille, qu’incarne t-il à vos yeux ? Jessica : C’est le noyau dur sur lequel on peut s’appuyer ! Mais le projet familial est devenu «programmé». Aujourd’hui, on a besoin de s’assurer une certaine assise sociale et financière avant de la construire. Je ne pense pas que c’était aussi réfléchi avant !

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Suzanne : C’est certain ! D’ailleurs, je ne crois pas que le travail des femmes ait été très bénéfique à la famille… Marie-Colette : C’est un sujet un peu conflictuel avec maman ! Elle pense que si les femmes travaillaient moins, il y aurait moins de divorce ! Suzanne : Pour moi, il y a un lien de cause à effet. Je crois que l’indépendance des femmes s’est faite au détriment de la famille qui se retrouve aujourd’hui complètement éclatée. Vous savez, c’est dur à avaler pour une mamie comme moi de voir ses enfants se séparer, c’est

douloureux ! De mon temps, je ne peux pas dire que ça allait tout seul, mais on faisait des concessions, on mettait son poing dans sa poche pour que la famille reste unie ! Bien sûr, je n’aurais pas accepté d’être «cocue battue» comme on dit… enfin surtout battue ! Mais quand même, les couples ne font plus beaucoup d’effort pour que ça marche. Marie-Colette : Je crois aussi que le regard des autres était très important à ta génération. Quand une femme partait, elle était rejetée par sa famille, ses amis… moi je suis entre deux, j’ai encore l’exemple de la génération précédente et celui de la liberté gagnée. Au final, ça a donné une génération qui divorce, mais tard … Quand les enfants sont grands ! Jessica : Nous on baisse, peut-être, les bras trop vite… Mais les filles ne sont plus prêtes à sacrifier leur épanouissement personnel. C’est une génération sans doute plus égoïste, mais aussi plus exigeante ! Marie-Colette : Exigeante oui, vous

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Célibataire, employée dans une compagnie d’assurance, Jessica a tout juste 25 ans. Derrière la douceur de ses traits, la jeune femme semble savoir exactement ce qu’elle veut. Mature, posée et souriante, Jessica se montre plutôt déterminée à ne pas voir son épanouissement personnel relégué au second plan ! “Plus égoïste, mais aussi plus exigeante”, c’est ainsi que Jessica définit, sans complaisance, sa génération. Une quête d’excellence qui pourrait bien être le fruit d’une société où le culte de la performance se voit toujours plus exacerbé…

vous sentez obligées de tout réussir ! Il faut réussir sa vie professionnelle, sa vie sociale, sa vie de couple, sa vie de famille… Quelle pression ! Suzanne : Encore faut-il savoir où ça commence et où ça s’arrête… Que vous apporte le travail dans votre vie de femme ? Marie-Colette : Une forme d’épanouissement, parce qu’au-delà de l’indépendance qu’il procure, il permet d’exister autrement qu’à la maison ! Et puis je

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crois que ça apporte aussi une autre ouverture à ses enfants… Les moments passés avec eux sont plus rares, mais peut-être aussi de meilleure qualité. Jessica : Moi, je le vois comme une obligation ! Rester à la maison est une question qui ne se pose quasiment plus. Alors, même si ça n’empêche pas la dimension plaisir, le travail représente surtout une obligation financière. Mais je rejoins maman quand elle dit qu’il permet d’exister en dehors de la cellule familiale.

Vous parliez de chasse gardée tout à l’heure, existe-t-il encore des domaines que vous vous réservez en tant que femme ? Marie-Colette : Plutôt en tant que mère ! En fait, je me rends compte qu’on a encore du mal à déléguer ce qui a trait aux enfants. C’est plus facile de déléguer le ménage et la cuisine qui n’apportent rien en terme personnel ! Le fait de travailler ajoute une certaine pression. D’un côté, on se plaint d’en faire trop, et en même temps on ne manquerait pour rien au monde la réunion d’école… Ceci dit, j’ai l’impression que les jeunes pères aimeraient, eux aussi, plus d’égalité dans ce domaine ! Jessica : Espérons qu’ils s’investissent plus que nos pères ! Quelle invention a profondément modifié votre vie de femme ? Suzanne : La machine à laver ! (rires) Marie-Colette : C’est sûr qu’avec 6 enfants, c’était une révolution ! Ma génération a été plus marquée par les combats féministes, l’arrivée de la pilule, le droit à l’avortement qui ont conduit les femmes vers plus d’autonomie et de reconnaissance… Suzanne, vous sentez-vous très éloignée de Jessica ? Suzanne : Pas tant que ça finalement, même si elle vit avec son temps et moi avec le mien ! ■

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S E T T E L P I R LEST DEBELLEVILLE Reine, Martine, Pauline, 3 générations de femmes de la vallée des Belleville, 3 itinéraires. Des vies marquées, chacune à leur façon, par les sports d’hiver dans leur petit village de montagne. C’est d’ailleurs le grand-père de Martine, Nicolas Jay, alors maire de St-Martin, qui est à l’origine de la station des Menuires dans les années 60, malgré les oppositions de nombreux villageois. Un héritage, une révolution sociologique qui a changé totalement leur quotidien…

Par Fleur Tari-Flon - Photos : Gilles Piel

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es Bal-Suchet, à SaintMartin de Belleville, tout le monde connaît… Et pour cause, c’est sans doute l’une des 3 plus grosses familles historiques de la Vallée… C’est dans le restaurant d’un cousin que nous nous sommes donné rendez-vous, un soir… Ambiance rustique pour confidences authentiques…

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“Je souris q ua les nostalg nd j’entends iqu J’aimerais b es du passé. ie On travailla n les y voir ! it les jours, p dur et tous ar tous tem ps,”

VIE QUOTIDIENNE Reine : Fille d’agriculteurs, j’ai épousé un agriculteur et avec, les difficultés de son métier. C’était très dur. Je souris quand j’entends les nostalgiques du passé. J’aimerais bien les y voir ! On travaillait dur et tous les jours, par tous temps, et on gagnait très peu. Quand la station a ouvert, mon mari est parti travailler aux remontées mécaniques, comme la plupart de mes frères devenus moniteurs de ski. On a alors vendu toutes les bêtes. Un vrai soulagement ! A partir de ce moment-là, on s’est mis à vivre mieux, même si à l’époque, les femmes ne connaissaient pas le confort d’aujourd’hui. Pas de machine à laver notamment : on partait au lavoir dans le froid. Mais on passait de bons moments à papoter ensemble, c’était vraiment bien. Je m’occupais de la maison et j’élevais les enfants. Les miens et ceux des autres, qui travaillaient en station. On était solidaire. Je me souviens qu’on attendait tous avec impatience le mois de janvier au village. Le jour de la Saint Marcel marquait le début de la fête, avec le soir, le Grand Bal du Village. Le lendemain débutait la tournée des veillées. Cela durait tout un mois. On allait chaque soir dans une famille différente, pour goûter les rissoles des unes et des autres. Il y avait beaucoup d’amitié. Martine : Je n’ai pas connu ces soirées de veillées. Nous, c’était plutôt «la bande de copains». Tous les enfants du village, de 7 à 14 ans, étaient réunis dans une seule et même classe… Du coup, nous avons tous grandi ensemble. Ados, on se retrouvait sur la place du village, le soir. On a tout partagé et on s’est marié entre nous. Mais on a gardé les liens. On s’invite pour des dîners. Et je cuisine toujours les rissoles. Il y a une vraie vie de village qui existe encore dans ma génération et il me tient à cœur de la maintenir.

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reine

74 ans «J’ai vécu une véritable révolution : l’arrivée des sports d’hiver dans notre village. Il y a vraiment eu un avant et un après“ explique Reine. A Saint-Marcel, elle est connue comme le loup blanc pour son incroyable hospitalité. Elle y tient table et porte ouverte pour tous. Amis, famille, tous viennent déguster les recettes de cet incroyable cordon-bleu. Agricultrice au début de sa vie professionnelle, avant que le ski ne s’implante en station, puis nounou d’une ribambelle de gamins, elle a élevé ses 4 enfants et certains de ses petits-enfants. Une vraie joie de vivre. Mamie Reine est intarissable sur la vie quotidienne en Savoie, sur ces villages de montagne qui sont devenus, un jour, stations. Directe et volontaire, elle n’a, pour autant, pas la nostalgie du passé. Tout l’enchante, de la voiture qui lui a apporté la liberté à seulement 63 ans, jusqu’aux voyages qui l’ont ouverte au monde. Mamie Reine vit avec son temps et l’apprécie.

Pauline : La vie de village, elle est très différente pour les jeunes aujourd’hui. On n’a pas les mêmes liens. On ne se retrouve plus sur la place du village. On se contacte par téléphone, sms ou mails et on se retrouve pour dîner chez les uns, chez les autres. C’est différent.

En entendant parler ma grand-mère et ma mère, je me rends compte que la vie est beaucoup plus individualiste, les habitants du village sont moins liés désormais. Et je ne fais pas de rissoles pour mes amis, je vais plutôt les chercher chez ma grand-mère !

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suis rking girl, je me “Je suis une wo ise”. que chef d’entrepr affirmée en tant le. s une minute à el Martine Bal n’a pa ait les années 80, il ét Jeune femme dans te an nd pe d’être indé essentiel pour elle de réussir sa vie financièrement et de restaurant d’altitu professionnelle. Le ans Corbeleys, il y a 27 qu’elle a créé, Le la ation hôtelière, et sans aucune form nt do tion d’immeubles gestion et rénova ent ss lai i son mari, lu elle s’occupe avec ses ur sa famille et peu de temps po f de nt pourtant la cle deux filles. “Ils so e de ême s’il est difficil mon équilibre, m me nt.” Aucun problè tout gérer de fro ilité. jet, aucune culpab existentiel à ce su uve r les deux et y tro Elle fait cohabite ante, tine est une batt son bonheur. Mar que brèche. “Depuis toujours sur la ulu e, j’ai toujours vo je suis toute petit ma entreprise. Pour créer ma propre en bi avait déjà brisé génération, mai 68 du ais la révolution des barrières, m vé rri e faire. Je bénis l’a travail restait à mon qui a désenclavé des sports d’hiver de ée j’aurais été oblig village. Sans elle, suis lleurs, alors que je partir travailler ai s le ai ant, je ne quitter si bien ici. Mainten monde”. coin pour rien au

LES ÉTUDES – LE MÉTIER Reine : A cette époque, nous étions une famille de 10 enfants. Mes parents ne pouvaient pas nous financer des études à tous. Seule une partie d’entre nous pouvait étudier. Comme il n’y avait pas d’école publique, il fallait payer l’école privée religieuse. Pour mes parents, ce n’était pas facile de faire un choix. Ma sœur a été mise en pension très jeune, à Saint Michel de Maurienne. Elle ne rentrait à la maison que 4 fois par an : Toussaint, Noël, Pâques et les grandes vacances. C’était dur pour elle. Moi, comme je faisais partie des premiers

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martine

50 ans

“Tous les enfants du vi llage, de 7 à 14 ans, étaient réunis dans un e seule et même classe… Ados, on se retr ouvait sur la place du village, le soir. On a tout partagé et on s’est marié entre nous. ” enfants, je m’occupais des petits, je n’ai pas été choisie. De toute façon, les femmes exerçaient rarement des postes à responsabilités, de mon temps. Ma sœur, par contre, a été secrétaire de mairie, mais elle avait fait des études. J’ai élevé ses enfants, les miens et un peu mes petits-enfants. Martine : Mes parents n’étaient pas assez aisés pour nous payer de longues études. Je suis allée à l’école du village, puis en pension. Quand j’ai voulu ouvrir mon restaurant dans le chalet d’alpage qui avait autrefois appartenu à la famille de mon père, il y a 27 ans, je n’avais

aucune formation. Je l’ai regretté. J’ai pris alors de gros risques. Mais mon mari m’a soutenu. Nous sommes complices et il a souvent accepté de prendre en charge les enfants pour que je puisse m’épanouir. Pauline : Je ne suis jamais allée en pension. Un lycée s’est ouvert à Moutiers, donc je remontais tous les soirs. Dès l’âge de 16 ans, j’ai aidé ma mère et mon oncle au restaurant. Mais je voulais absolument faire des études, c’est très important pour moi. Je sais que ma grand-mère et ma mère ont regretté de ne pas avoir étudié. Je mesure ma chance.

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VIE AMOUREUSE Reine : Quand j’étais jeune, j’étais très timide et je n’osais pas aller vers les garçons. On ne se fréquentait pas comme maintenant. Nos parents étaient sévères. On se croisait dans le village, on parlait, c’est tout. En général, les couples se formaient plutôt au bal du village. Un jeune homme m’a fait danser, il avait de jolis yeux. Et puis, on s’est marié. On était très jeune. On ne se connaissait pas, pas de relations, ni d’éducation sexuelle avant le mariage, pas de contraception non plus, et pourtant, j’ai déjà fêté mes 50 ans de mariage… et de bonheur. Martine : Ma génération a été plus favorisée. Mai 68 est passé par là, la

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contraception aussi. J’ai pu vivre 6 ans avec mon compagnon avant de me marier. Ma mère était réticente au concubinage, mais elle n’a pas eu bien le choix. J’ai rencontré mon mari, comme elle a rencontré mon père, au bal du village. C’est là que la plupart de mes amies ont rencontré leur conjoint. Pauline : C’est drôle, des années plus tard, j’ai rencontré mon ami au bal du village, moi aussi. Pour nous, il n’y a pas d’interdit. C’est maman qui m’a conseillé de prendre une contraception. Mon époque paraît beaucoup plus éduquée, plus libre et donc plus heureuse. Mais les couples durent moins longtemps. Peut-être parce que nous sommes plus exigeants. Nous sommes la génération du zapping.

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humour

Je possède une magnifique machine à espresso. En soi, l’information n’apporte pas grand-chose. Mais elle contient des indications précises sur le degré de civilisation auquel nous sommes parvenus et un jour, vous découvrirez à quel point ce billet mensuel est une source de culture pour les générations futures. Il fallait que ce soit dit.

Par Fun Ambrille

ATITREPROVISOIRE (LIBRE À VOUS D’EN TROUVER UN AUTRE)

ai acheté cette machine à M. Mattazzo, le commerçant fourre-tout du quartier. Il m’a bien eue le bougre (le jour de l’achat, mon cerveau testait son autonomie et voguait du côté des Samoa occidentales). Il vend aussi des téléviseurs, des bouilloires électriques, des guirlandes lumineuses, des piles et des grille-pain (on dit aussi qu’il se livre à un trafic d’organes dans l’arrière-boutique. Et qu’il arrondit ses fins de mois en livrant des genoux de rechange aux maffieux sous le joyeux pseudonyme de Fermolo Capitone. Cependant, rien n’a été prouvé, M. le Commissaire).

CECI EST UN INTERTITRE Le visage de M. Mattazzo est un fin réseau de couperose bleutée, réparti sur un nez minuscule et 2 joues rebondies (plusieurs générations d’écoliers ont amalgamé ce visage à la carte du réseau fluvial français, pendant que leur mère achetaient une paire de pantoufles électriques. Ils n’ont en général pas obtenu de très bonnes notes). Quand il ne lui reste plus de rotules à démouler n’a rien d’autre à faire, M. Matazzo sort sur le trottoir et s’abîme dans la contemplation de la vitrine de son voisin (l’épicier Mourad, spécialisé dans le commerce de la figue vintage. Un marché en pleine expansion). Mais qu’il travaille ou pas, M. Mattazzo mâchonne toujours un vieux crayon, même quand il s’embarque dans de longs discours impétueux. Du coup, on n’en distingue que les voyelles (mais peut-être qu’il ne connaît pas l’existence des consonnes).

L’INTERTITRE NE PASSERA PAS PAR MOI ! M. Matazzo ne vend que des marques alternatives (je possède un grille-pain IZUROU qui capte les ondes courtes. Et certains

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soirs, lorsque la nuit est clémente, je peux entendre l’Amiral Nelson lancer son offensive sur Trafalgar rien qu’en manipulant le thermostat. Appuyez sur un interrupteur acheté chez M. Mattazzo et vous aurez peut-être la chance de plonger la ville de Sydney dans l’obscurité). Bien entendu, il répare tout lui-même et j’imagine qu’il dégringole en rappel dans les grille-pain, muni d’une lampe frontale, d’une boussole et d’une caisse à outils. Dans un dédale de galeries mystérieuses, il escalade de vieilles croûtes de pain carbonisées, en pestant (sans consonnes) contre les clients qui n’entretiennent pas bien le matériel. Et c’est pour souligner le caractère blasphématoire d’une telle désinvolture que M. Mattazzo enlumine ses factures, dans la pure tradition des moines de l’abbaye de Saint Bavon.

HALTE AUX INTERTITRES INTEMPESTIFS ! Bref, pile poil à la date de fin de garantie (5 jours, 3 heures et 17 minutes), ma machine espresso a rendu l’âme. En émettant des bruits curieux, quelque part entre le kazoo et la fusée Vostok (d’ailleurs, M. Mattazzo produit parfois les mêmes sons, toujours sans consonnes). Ce qui prouve : soit la nature organique de l’appareil, soit la nature mécanique de M. Mattazzo. (L’enquête se poursuit, M. le Commissaire, mais je penche pour la 1ère hypothèse). Je l’ai donc déposée à la clinique la plus proche au SAV. Mais quand il a vu l’état de la machine, M. Mattazzo m’a catapulté un tournevis, une clef à mollette et une poutrelle métallique (l’épicier Mourad en a profité pour me balancer au visage un lot de figues vintage). Je viens de recevoir la facture de réparation, son montant est exorbitant. Je soupçonne M. Mattazzo d’avoir remplacé toutes les consonnes qu’il n’utilise pas par des chiffres, ce qui prouve son degré de turpitude. Et ses liens avec la maffia étant avérés, je peux donc le régler en genoux. ■

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SOIS BELLE ET BATS-TOI

Face aux inégalités homme/femme, aux violences faites aux femmes, au machisme ambiant, aux traditions d’un autre âge, l’auteur appelle les femmes à ne pas accepter l’inacceptable, défend l’idée d’un féminisme humaniste, celui de féministes féminines, indépendantes, qui exigent qu’on les respecte, et proclame La Nouvelle Déclaration des droits de l’homme et de la femme. Le sujet est sérieux, le ton décapant. De Yolaine de La Bigne, Ed. de La Martinière, 224 pages, 13,90 €

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La «tyrannie du look» affirme aujourd’hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, séries télévisées, témoignages et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du «complexe mode-beauté» travaillent à entretenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au cœur de la sphère culturelle. Le corps féminin est sommé de devenir un produit, de se perfectionner pour mieux se vendre. Un esprit absent dans un corps-objet : tel est l’idéal féminin contemporain. De Mona Chollet, Ed. Zone, 237 pages, 18 €

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Pour écrire les treize nouvelles qui composent cette anthologie à la gloire d’une femme bhoutanaise prétendument traditionnelle - mais beaucoup plus subversive qu’il n’y paraît -, Kunzang Choden s’est inspirée de la vie quotidienne dans le Bhoutan rural aussi bien que de sa propre expérience. Dans un pays en pleine mutation où la vie est loin d’être facile, la femme (mère, épouse ou fille) se caractérise, même quand elle n’a pas bénéficié de toute l’instruction souhaitable, par son esprit d’indépendance et par son volontarisme. De Kunzang Choden, Ed. Acte Sud, 208 pages, 20 €

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Ce livre réunit des textes parus dans la presse depuis trente-cinq ans. L’auteur relève mille exemples à travers l’Histoire, depuis la situation de tutelle civile des femmes au XIXème siècle, l’obtention du baccalauréat par Julie Victoire Daubié ou l’établissement du divorce, jusqu’à la question de l’emploi des femmes aujourd’hui, de la parité, du service domestique, à la révolution que représente la maîtrise du vivant, à la situation des femmes au Maghreb, au traitement médiatique de la candidature de Ségolène Royal ou de l’affaire DSK… De Geneviève Fraisse, Ed. Le Passager Clandestin, 384 pages, 18 €

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La publicité exploite le corps des femmes pour susciter du désir, exacerber les frustrations et rendre le produit à vendre attirant. Omniprésentes et conçues pour marquer les esprits, ces représentations modèlent notre imaginaire et participent à la construction des normes de genre : d’un côté, la féminité associée à la jeunesse, à la beauté et à la maternité et de l’autre, la virilité à la force, à la puissance et à l’action. Loin d’être un art, tout sauf inoffensive - c’està-dire perçue au second degré par des consommateurs responsables -, la publicité véhicule les pires clichés sexistes et renforce la domination patriarcale. De Sophie Pietrucci, Chris Vientiane, Aude Vincent, Ed. L’Echappée, 240 pages, 13 €

MAIS QU’EST-CE QU’ELLES VEULENT… ENCORE !

Un livre événement : les quarante principales associations féministes se sont réunies pour commettre ce manifeste et tirent la sonnette d’alarme. La condition des femmes régresse depuis une dizaine d’années comme en attestent la remise en cause des droits conquis (fermetures de centres d’ivg ou de maternités, réforme du congé maternité, également démantèlement des services publics, réforme des retraites), les inégalités au travail persistantes... Elles interpellent via le manifeste les candidats à la présidence de la République. Que comptent-ils faire pour les droits des femmes ? Collectif, Ed. Les liens qui libèrent, 64 pages, 7 €

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psycho

LEBURN-OUTDES

S E R È M

Le burn-out maternel touche de plus en plus de femmes.

toute la mécanique tremble. Pour Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre à l’hôpital SainteAnne et consultante en entreprise, la plupart des parviennent pas à surmonter la vague. Pour s’en sortir, entreprises ne prennent pas en compte la maternité il sera nécessaire de réviser en profondeur l’organisaet n’envisagent aucun aménagement du temps de tion de vie et de renoncer au mythe de la «mère parfaite». travail pendant la grossesse, au retour du congé de maternité, ou quand les enfants sont en bas âge. Par Nolwenn Huyart - Illustration Sophie Caquineau De plus, les mères doivent en permanence prouver qu’elles sont capables d’en faire autant que les autres voire plus, se rassurer et rassurer les autres sur leurs compétences. Ce qui leur fait dépenser une énergie xelle, 33 ans, 2 enfants de 6 et 3 ans, se lève à énorme. Pour peu qu’elles soient seules avec leurs enfants ou que 6 heures du matin après 3 heures de sommeil le père préfère rester tard au travail pour ne pas avoir à aider à (Léo a été malade toute la nuit), se dépêche la maison, le problème devient de plus en plus conséquentiel. La de préparer les enfants, fonce chez la nounou proposition de loi sur le congé de paternité, prolongeant la durée et à l’école, patiente ¾ d’heure dans les de 11 jours à 16 semaines d’arrêt possible pour le père, soumise à bouchons pour arriver à son travail, toujours l’Assemblée en mai 2011, a suscité un tollé et a été rejetée par le à l’heure mais dans un stress palpable. Le soir, c’est son mari qui Sénat. Notre bonne vieille France se montre sourcilleuse face aux prend le relais, ce qui lui permet de rester jusqu’à 19 heures à son nouvelles habitudes culturelles à créer ! bureau, “avec tout le travail que j’ai en retard”. Elle a bien tenté de partir à 18h30 mais a fini par céder face aux plaisanteries grasses de PRESSION SOCIÉTALE ET PERSONNELLE ses collègues “tu es fonctionnaire maintenant ?”, “tu as demandé Soumises aux injonctions de la société brandissant que «la un 50 % ?” Les jours se suivent et se ressemblent inexorablement. maternité, c’est le bonheur», certaines femmes se sentent coincées Axelle est exténuée, tout l’irrite, elle n’a plus de goût à rien, se entre leurs ressentis profonds “je suis épuisée, je n’y arrive plus“ sent profondément triste. Ce qui lui importe, c’est de dormir. Elle et la pression sociétale et/ou leurs normes personnelles d’une n’aurait jamais pensé pouvoir dire ces mots durs et violents à ses grande exigence “tu devrais y arriver”, “il faut en faire plus”, comme enfants. Avant, elle récriminait vertement ces femmes qui, à bout s’il n’était pas toléré de s’avouer en difficulté dans ses fonctions de nerfs, laissaient partir la fessée ou la gifle. Aujourd’hui, Axelle de maman. La nécessité de réussir s’est déplacée de la sphère est à la limite de faire son sac et de tout plaquer. professionnelle à la sphère familiale, les femmes s’efforcent à être des mères parfaites. Passée la phase de l’enfant magique qui EN FAIRE TOUJOURS PLUS va combler leurs désirs de bonheur et de réussite, la réalité de la maternité prend le pas sur le fantasme. Le désenchantement Un récent baromètre publié par l’Observatoire de la parentalité s’installe. Pour retrouver son équilibre, il est nécessaire de faire en entreprise a confirmé que la conciliation de leur vie le deuil de la mère et de la maternité idéales, pour envisager la professionnelle et familiale reste un enjeu essentiel pour la réalité composée tout autant de difficultés que de bonheurs. Et de quasi-totalité des salariés (97 %), hommes et femmes. Ils sont en se rappeler ce qu’on a tendance à gommer aujourd’hui : être mère, revanche très nombreux (70 %) à estimer que leurs employeurs c’est tout de même difficile. ■ ne font pas grand-chose pour les aider. Pour nombre d’entre eux, l’organisation tient souvent du «système D». Si l’organisation est en béton, elle suppose la plupart du temps de déléguer quelques + d’infos fonctions à une nourrice, des grands-parents, une crèche, etc. - Fatma Bouvet de la Maisonneuve, Le Choix des femmes, Éd. Odile Jacob Le moindre grain de sable, la nounou malade par exemple, et - Stéphanie Allenou, Mère épuisée, Ed. LLL L’épuisement physique et psychique est tel qu’elles ne

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juridique

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Le décès d’un proche est une épreuve très douloureuse durant laquelle la famille doit faire face, alors qu’elle est dans la peine, aux démarches juridiques, financières et administratives. Difficile de s’y retrouver quand on © Yuri Arcus - Fotolia

n’a pas la tête à ça…

Par Sabine Léger Juskowiak

oici donc quelques repères chronologiques qui devraient vous aider, le jour où… : - Le testament dans les dernières heures de la vie : si la personne est encore consciente et en mesure d’exprimer sa volonté, elle peut prendre des dispositions particulières quant à son patrimoine, ses héritiers et ses obsèques. Le notaire peut se déplacer à son chevet à tout moment pour établir un testament authentique évitant toute contestation ultérieure. - Comptes bancaires : la procuration donnée sur un compte bancaire par le défunt n’est plus valable après le jour du décès et même les jours qui précédent s’il est inconscient ou en état de quasi-incapacité. Le retrait quelques jours avant le décès, notamment pour faire des chèques conséquents aux futurs héritiers pour minimiser les droits de succession, ne sert à rien car l’administration fiscale peut exiger les copies des relevés bancaires des 6 derniers mois et réintégrer le tout automatiquement pour taxer, sans parler des conflits que cela peut engendrer entre les héritiers si les virements sont effectués au profit des uns plutôt que des autres ! - Le constat du décès : si le décès survient en dehors du domicile (ex : hôpital, maison de retraite…), c’est au médecin d’établir le certificat médical de constatation du décès ou à l’établissement de se charger de la démarche qui est en principe gratuite. Un avis doit être donné à l’officier de l’état civil dans les 24 heures par le directeur. En cas de décès au domicile, les proches doivent appeler un médecin pour faire établir le certificat. Par contre, en cas d’accident ou de suicide, la police ou la gendarmerie doit être immédiatement avertie pour établir un procès-verbal sur les circonstances de la mort. - La déclaration du décès : après avoir été constaté, le décès doit ensuite être déclaré à la mairie du lieu de décès dans les 24 heures, week-ends et jours fériés non compris. Cette déclaration doit être faite soit par un parent du défunt sur présentation du certificat médical, d’une pièce d’identité et du livret de famille, soit par une personne possédant les renseignements les plus exacts et les plus complets possibles sur l’état civil du défunt. L’officier dispose de 3 jours pour adresser un avis de mention à la mairie du lieu de naissance du défunt pour transcription sur le registre. Le livret de famille est également mis à jour avec indication de la date et du lieu du décès.

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- Contacter les pompes funèbres : cela doit se faire sous 24 ou 48 heures, tout en recherchant les titres de concession, s’il existe un caveau de famille. L’inhumation ou la crémation doit intervenir entre 24 heures et 6 jours après le décès, hors dimanches et jours fériés. - Quand contacter le notaire ? L’ idéal est immédiatement après le décès s’il existe, à tout hasard, des dispositions particulières relatives à ses obsèques dans un testament. Le notaire a besoin d’un acte de décès afin d’interroger le fichier central des dispositions de dernières volontés. Le défunt peut aussi avoir désigné un exécuteur testamentaire chargé d’organiser le règlement de la succession. − Qui avertir également ? L’employeur du défunt doit être averti dans les 7 jours et versera, le cas échéant, le solde du salaire et les indemnités de décès. Le délai est le même pour les établissements financiers et les organismes qui versaient des prestations au défunt (mutuelle ou complémentaire santé, CPAM, caisses de retraites…). Les comptes bancaires du défunt se retrouvent bloqués à l’exception du compte joint. Le déblocage se fait à l’initiative du notaire. − La déclaration de succession : la loi prévoit un délai de 6 mois maximal pour la déposer auprès des services fiscaux, mais par expérience, mieux vaut ouvrir la succession dans les 30 ou 45 jours suivant le décès, car le temps de constitution auprès des administrations est assez long. En effet, la déclaration de succession est une photographie du patrimoine du défunt au jour de son décès et demande aux héritiers et au notaire de faire de nombreuses recherches sur les comptes, en faisant évaluer les biens immobiliers, en inventoriant les meubles, en étudiant le passif (emprunts, cautions, loyers impayés…). De nombreuses administrations sont interrogées (cadastre, hypothèques, banques…). Concernant la désignation des héritiers, le notaire étudie le régime matrimonial, l’existence éventuelle d’une donation entre époux, d’un testament et établit un acte de notoriété, document précisant le nom et la qualité des héritiers. Il existe bien d’autres démarches nécessaires notamment auprès des assurances en cas de souscription d’assurance-vie, et autres… Votre notaire est votre plus proche interlocuteur pour vous aider dans ce dédale de paperasseries et vous permettre de faire au mieux votre deuil. ■

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gastronomie

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Par Fleur Tari-Flon

Chamonix, la famille Carrier est une institution. Il y a le Hameau Albert 1er, le restaurant de Pierre Carrier (deux étoiles au Michelin), et l’Auberge de Bois Prin, tenue par son frère Denis. C’est un bel hôtel, plus intime, classique et confortable, une des plus belles vues de Chamonix, fréquenté par du beau monde… Denis Carrier, après une vie professionnelle bien remplie, songeait à se retirer. Heureusement, sa femme Monique l’a persuadé de confier sa cuisine à Raphaël Vionnet, 31 ans. Un choix très pertinent, puisque ce dernier, seul en cuisine avec son apprenti, Brieuc Munari, a obtenu une étoile en seulement 8 mois. Denis Carrier en est encore tout ému : “Quelle joie ! Mais ce n’est pas une surprise pour moi, ce jeune chef est très doué. Cette maison va commencer une nouvelle vie.” En cuisine, on travaille les légumes que cultive Denis dans son incroyable potager bio en contrebas de l’auberge. “Je ne suis plus en cuisine, mais en amont de la cuisine. La production de légumes couvre les

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besoins du restaurant. C’est ma passion, avec la montagne et le bon vin”, expliquet-il en riant.

UNE PASSION Le jeune chef, Raphaël Vionnet, est connu pour “son cœur gros comme ça”. Originaire du Jura, il a toujours été un passionné de cuisine. “J’essayais de copier les gestes de ma grand-mère, j’en ai brûlé des hottes, fabriqué de la nougatine sur le marbre des tables de chevet. A 10 ans, tout de même, j’ai régalé mon père d’un poulet aux écrevisses”. Puis, Raphaël découvre la cuisine étoilée chez Laurent Petit (2 étoiles au Michelin) à Annecy-le-Vieux. Il poursuivra son chemin gastronomique chez Romuald Fassenet, étoilé et Meilleur Ouvrier de France. “J’ai découvert une cuisine créative, avec beaucoup de saveurs”. Il rejoint ensuite Yoann Comte, à l’Hôtel Mont Blanc. L’an dernier, Denis Carrier le rencontre. Lors d’un dîner, Raphaël lui dédicace son menu : “j’espère qu’un jour nous nous retrouverons sur la montagne”. Denis Carrier, qui adore sa cuisine, est séduit, il lui propose le poste de chef.

Son équipe, Alexandre le Bras (maître d’hôtel), Pauline Creac’h (sommelière) et Cyril Gérard (pâtissier) n’hésitent pas un instant, ils suivent ce chef attachant.

L’ÉTOILE DU BRÉVENT En quelques mois, l’étoile tombe. Le restaurant affiche complet. Il faut dire que l’on vient de loin goûter sa cuisine. “Je signe beaucoup de mes plats au vin jaune, par devoir de mémoire à mon Jura natal”. Son filet de fera parfaitement cuit, ou ses ris de veau, deviennent des incontournables. Son foie gras au homard est une vraie surprise. La pâtisserie est digne d’une très grande table et les vins vous font voyager à travers la Savoie. “Chaque saison, je me pose le challenge de trouver une nouvelle recette pour chaque produit. Je me remets toujours en question. Je veux que ma cuisine soit comme la madeleine de Proust, qu’elle réveille les émotions. Tant qu’un souvenir, une sensation oubliée ne me revient pas en mémoire, je n’ai pas atteint mon but. Je reprends ma quête de saveur”. ■ Menu à partir de 24€. Fermé lundi, mardi, mercredi midi.

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MINI-BROCHETTES DEVEAUAUXTOMATES Ingrédients 2 escalopes de veau 1 barquette de tomates cerises (environ 250g) • 6 cuillères à soupe d’huile d’olive • 1 botte de basilic • 1 cuillère à café de vinaigre de vin • 1 cuillère à soupe de curry • sel, poivre •

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La veille, lavez et hachez le basilic. Découpez les escalopes en petits morceaux et mélangez le veau, le basilic, l’huile d’olive, le curry et le vinaigre dans un grand saladier et laissez mariner une nuit au réfrigérateur. Le lendemain, préparez les brochettes en intercalant les morceaux de viandes avec les tomates cerises. Grillez les brochettes au barbecue, à la poêle ou 5 minutes sous le grill du four. Mélangez les brochettes de nouveau dans la marinade quelques minutes puis les servez-les encore tièdes à l’apéritif (vous pouvez également les déguster avec une moutarde à l’estragon).

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Crème : • 50 g de beurre • 50 g de sucre • 1 œuf • 50 g de poudre d’amande • 1 cs de farine • 70 g de fromage à tartiner • 1 citron vert non traité

Réalisez la crème : mélangez le beurre et le sucre, et ajoutez l’œuf. Mélangez bien. Ajoutez la poudre d’amande et la farine puis pour finir le fromage à tartiner et le zeste râpé du citron vert. Versez cette crème sur la pâte sablée précuite et enfournez pour 10 min à 200°C. Laissez la tarte refroidir.

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Réalisez la pâte sablée : mélangez la farine, le sucre glace, le beurre, le sel et la levure jusqu’à l’obtention d’un sablage fin. Attention à ne pas trop chauffer le beurre. Ajoutez l’œuf, formez une boule avec la pâte et réservez-la au frais au minimum 1 h. Aplatissez la boule de pâte sur une feuille de papier cuisson et foncez-la dans un moule en forme de cœur préalablement beurré. Coupez la pâte qui dépasse du moule. Faites glisser le tout sur une plaque de cuisson et précuisez le fond de tarte pendant 10 min dans un four préchauffé à 200°C.

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Equeutez les fraises, coupez-les en deux et disposez-les sur la tarte en suivant la forme du cœur.

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C’est l’été à la Grange à Jules Le joli mois de mai pointe déjà son nez. Le temps des barbecues et des tubes de l’été. Celui des balades sur les chemins de traverses. Des couleurs par milliers, du rouge, du jaune et du vert. Tandis que sur nos têtes, la nuit, brillent les étoiles. Et d’un coup, le désir enfantin de mettre les voiles. S’évader, pour un soir, loin, très loin, des tracas. Laisser battre son cœur sur un air de salsa. Bienvenue à la Grange à Jules. Bienvenue chez vous. Chers Clients, chers amis pour quelques instants fous !

A très bientôt... Caroline, Nicolas et toute leur équipe 4, 5 mai Soirée latino/rock avec “El tio pépé”.

25 mai Soirée Italienne avec “Aldo”.

13 juillet Soirée Jazz & Swing avec “Swing & co”.

11, 12 mai Soirée karaoké années 80 avec “Master animation”.

1, 8, 15, 22 juin Soirée les tubes de l’été avec “Les deux Elles”.

20 juillet Soirée Bossa Nova Samba avec le trio “Trinidad”.

29 juin Soirée latino flamenco avec “San fuego” et “Maïté Vasquez”.

3, 10 ,17 août Cabaret Disco Latino Festif avec le duo “Cocktail de Strass”.

18 mai Soirée salsa avec “No Mas Band”.

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24 août Soirée Jazz festif du New Orleans au BE Bop ! avec les “Tagajazz”. 31 août, 7 septembre Soirée sixties avec “Chris Evans”.

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21 mars 20 avril Vie active Mettez la pédale douce sur les discussions, ne campez pas trop sur vos positions et vous éviterez de vous retrouver en porte-à-faux (jusqu’au 12) ! Réglez vite ce qui a trop traîné BELIER et ne remettez surtout pas au lendemain ce qui doit être fait le jour même… sous peine de petits soucis ! Cœur Ce mois de mai pourrait annoncer une pause tendresse, si vous le désirez. Laissez parler votre cœur, faites rimer volupté avec sérénité et ne cherchez surtout pas les difficultés ! L’entente, les intérêts communs et les douces affinités valent mieux qu’un trop-plein d’émotions.

21 mai Vie active Les allers et retours 21 juin de cette planète Mars bien agressive (dans le signe de la Vierge) vous poussent à réagir à mauvais escient ou à vous sentir mal à l’aise dans votre environnement. De discussions enflammées en petits bras de GÉMEAUX fer, vous jouez trop facilement des coudes. Il vaudrait mieux faire le dos rond (encore quelque temps). Cœur Cap sur les divertissements et… les sentiments ! L’émotion est à la hausse mais il faudra préserver votre jardin secret pour qu’intimité rime avec sérénité ! L’amour pourrait être votre roue de secours et… votre havre de paix du mois de mai.

Vie active Esprit rebelle ou esprit de contradiction, erreurs par négligence ou panique dans l’organisation, désaccord ou avoir tort… : quand Mercure vous regarde de travers, il vaut mieux éviter les débats, garder pour vous l’argument qui tue, concilier plus que critiquer et faire preuve de suite dans les idées ! Cœur Vous êtes aimée ou votre séduction fait mouche… Que demander de plus quand on a déjà tout à portée de cœur ? En revanche, les mots peuvent (ce mois-ci) être sources de quiproquos. Ne dites pas tout ce que vous avez sur le cœur ou faites-le tout en douceur… 23 juillet 22 août

LION

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22 juint 2 2 juille Vie active 1er et 2ème décans : sens de la répartie, du débat et capacité à convaincre à la hausse ! Le ciel vous place dans le vif du sujet. 3ème décan : r e c mettez l’impatience n ca de côté (jusqu’au 12) ! Un ciel qui s’amuse facilement avec retards et contretemps… Cœur 1er et 2ème décans : l’union fait bien la force et vous regardez ensemble dans la même direction ! Le couple est votre tremplin du moment, alors comptez sur votre moitié et ne faites surtout rien l’un sans l’autre ! 3ème décan : des rancunes ressassées assombrissent vos pensées. Un ciel plus souvent « boudin » que serein… (jusqu’au 12).

23 août 22 sept. Vie active Spontanée volubile, communicative, convaincante, réactive : vous êtes en pleine possession de vos moyens intellectuels et possédez un esprit vierge d’à propos très incisif. Ce ciel-là vous soufflera plus d’une fois l’argument qui vous manquait ! Une Vierge qui sait ce qu’elle veut et c’est déjà pas mal… Cœur Cette Vénus (longuement) en Gémeaux n’est pas vraiment tendre avec les Vierges et le cœur peut devenir votre point faible. Vous avez la tête ailleurs et le sentiment a du mal à trouver sa place dans cette vague d’occupations (qui ne laisse guère de place à l’émotion)…

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Par Diane Boccador

taureau

MAI

ASTRES ET DÉSASTRES

Vie active 1er et 2ème 21 avril décans : vous serez 20 mai «scotchée» à vos objectifs et ceux qui y trouveraient à redire n’y pourront rien… C’est sûrement ce qui s’appelle «savoir ce que l’on veut» ! Votre belle suite dans les idées mènera qui vous voudrez par le bout du nez… 3ème décan : un contrat juteux ou une association à fort potentiel vous attendent au tournant de ces aspects axés «relationnel exceptionnel». Cœur Etats d’âme légers en prévisions ! Vous trouverez de nombreuses satisfactions dans les joies variées de l’amitié. Elles vous changeront les idées sans jamais vous contrarier et c’est exactement de cela dont vous avez besoin, ces temps-ci.

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la suite…

balance

Vie active 1er et 2ème décans : compagnie, contacts et relationnel vous donneront indéniablement des ailes (en fin de mois). Une joyeuse animation qui aura tout de bon. 3ème décan : durant la 1ère quinzaine, vous aurez sûrement l’impression de ne pas tenir le bon bout ou de ne jamais venir à bout de tout… Cœur 1er décan : harmonie familiale, entente et détente ! Soleil et Mercure en 23 sept. Gémeaux relancent l’ambiance 22 oct. (après le 20) et c’est déjà une vraie chance ! 2ème et 3ème décans : Vénus (stagnant en Gémeaux) joue du violon pour vous et vous aurez droit à une vague romantique ou à un rapprochement idyllique…

22 nov. 20 déc.

Vie active 1er et 2ème décans : n’empiétez pas sur l’espace vital des autres, en leur faisant partager votre stress quotidien ! Vos petits travers agressifs ne vous feront pas que des amis. 3ème décan : pensez association, sagittaire alliance, collaboration ! Mercure vous promet que l’esprit d’équipe sera gagnant (jusqu’au 12). Cœur 1er et 2ème décans : à force de monter sur vos grands chevaux, vous pourriez lasser votre tendre moitié ! Un zeste de maîtrise pourrait éviter les (mauvaises) surprises… 3ème décan : avec Vénus en Gémeaux, vous ne voyez plus que ses gros défauts… De quoi casser l’ambiance à gogo.

20 janv. 18 fév.

u versea

Vie active 1er décan : activez vos méninges, imposez votre originalité (après le 20). C’est comme cela que vous saurez convaincre ! 2ème et 3ème décans : vous critiquez facilement, vous en dites trop… Mais où est donc passée votre subtilité ? Si vous arrêtiez un peu d’en faire trop, vous tomberiez plus souvent à propos… Cœur 1er décan : heureuses nouvelles ou contacts sympathiques (après le 20). Il suffit parfois de très peu pour être juste mieux ! 2ème et 3ème décans : l’amour est un jeu et… vous aurez encore envie de jouer, en ce mois badin. Longue vie à l’excitation, à la séduction et vive les jolis coups de cœur !

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Vie active Un enthousiasme chevronné vous fera encore lever du bon pied. La concrétisation de vos espoirs n’est pas loin. Choisissez l’action, ne perdez rien de cette superbe motivation mais faites quelques efforts côté organisation ! Revoyez votre planning pour mieux gérer les urgences et ne pas rater quelques rendez-vous… Cœur Un ciel sans nuages, un néant de grands vents, un désert d’influences : pas de turbulence, ni de cyclone à l’horizon de ce mois de mai… Une aubaine dont il vous faudra profiter pour ne faire que ce qui vous plaît ! Cupidon n’est tout simplement pas dans le coin…

Vie active 1er et 2ème décans : 21 déc. prenez des décisions. C’est 19 janv. maintenant qu’il faut montrer que vous savez ce que vous voulez ! Vous avez d’heureuses raisons de pouvoir prendre vos désirs pour des réalités. 3 ème décan : un retard supplémentaire risque d’enfoncer le couteau dans la plaie de vos projets (jusqu’au 12). Résistez ! Cœur 1er et 2ème décans : dites-vous que tout va bien et profitez-en bien ! Pas de discorde, pas de problème : un mois qui ne vous apportera rien de bien singulier mais qui ne vous enlèvera sûrement pas l’envie d’aimer… 3ème décan : un non-dit ou une absence vous met du vague à l’âme (avant le 12).

Vie active Tensions et pression en prévisions pour un mois de mai qui vous malmène encore un peu. Un trop plein de choses à faire, un drôle de caractère ou un environnement hostile et vous voilà trop souvent sur le pied de guerre… Avec ce belliqueux Mars en Vierge, restez bien à l’abri de tout conflit ! Cœur Difficile de laisser la tendresse s’inviter, en ce mois trop stressé. Les griefs vous étouffent peut-être et vous ne serez pas facile à amadouer… Un rien vous agace et 19 fév. 20 mars beaucoup de choses vous lassent. Lissez votre caractère et tentez de vous montrer plus légère !

poissons

ASTRES ET DÉSASTRES

23 oct. 21 nov.

capric orne

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L’EXCEPTIONNEL DESTINDELA COMTESSEDEVERRUE 2ème partie

Quoi que l’on puisse en penser, Jeanne Baptiste d’Albert de Luynes n’était pas un laideron, pas plus qu’elle n’était affublée de disgracieuses excroissances de peau, mais une jeune femme aussi brillante que séduisante qui devint - bien malgré elle, il faut en convenir - la maîtresse officielle du Duc de Savoie Victor Amédée II de Sardaigne…

Par Marie-Caroline Abramovitch-Boubée

ans la nuit du 4 octobre 1700, en quittant de cette manière quelque peu cavalière le duc de Savoie, la comtesse de Verrue échappe à la vindicte de ses ennemis de la cour de Turin, mais renonce dans le même temps à tous ses droits sur ses deux derniers enfants. A Paris, la belle se fait discrète. Le comte de Verrue, peu désireux de poursuivre sa carrière de mari bafoué - fut-ce par une tête couronnée – la tient en effet recluse en ses appartements. Mais lorsque ce dernier trouve la mort à la bataille d’Hochstädt, sa nature généreuse reprend le dessus, et c’est en veuve joyeuse qu’elle renoue avec le monde et ses plaisirs. Sa fortune lui permet de mener grand train, ce dont elle ne se prive pas, et de se lier très intimement avec la duchesse et le duc de Bourbon, futur premier ministre dont elle est, dit-on, l’éminence grise. On raconte que c’est à un antidote secret - qui aurait sauvé le futur Louis XV de la rougeole - qu’elle doit sa position privilégiée à la cour de France.

FEMME DE CŒUR C’est là qu’elle s’éprend follement de Jean-Baptiste Glucq, un jeune hollandais, fraîchement baron, ayant fait fortune dans la manufacture des Gobelins. L’histoire veut qu’ils se soient mariés en secret, mais la chose n’a jamais été prouvée. Le fait est qu’ils aiment à entretenir l’équivoque auprès de leurs amis et connaissances… Ils ont en commun le goût des sciences, des arts et des lettres et côtoient nombre d’artistes, aussi bien peintres que philosophes et écrivains. L’hôtel d’Hauterive, où elle a exposé tous ses cadeaux somptueux ramenés d’Italie, est bientôt trop petit pour entreposer les nombreux et variés objets d’arts qu’elle ne cesse d’acquérir. Qu’importe, elle y ajoute une aile pour exposer

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ses trésors. Tableaux de maîtres, meubles rares, gravures, bijoux, pierres précieuses, tapisseries, vêtements, pièces de monnaie… rien n’échappe à sa fièvre de collectionneuse. Mais la comtesse est également une des plus grandes bibliophiles de son temps. Son grand cabinet de lecture, aux armoires en marqueterie de Boulle, contient plus de 18000 volumes. La dame de volupté, comme elle se plaît à se faire appeler, y tient salon. On y croise tout ce que Paris compte de personnages aussi érudits qu’influents.

FEMME DE TÊTE Tous les ans, à l’époque où la cour est à Fontainebleau, elle séjourne chez Jean-Baptiste, au château de Sainte-Assise, en compagnie des brillants esprits de l’époque. Elle n’est jamais loin du pouvoir, et continue, bien après la mort du duc de Bourbon. Les récits de Saint-Simon, notamment, rendent grâce aussi bien à sa beauté qu’à la sûreté de son goût et à la richesse de son esprit. Mais c’est Voltaire, à qui elle voue une admiration sans bornes, qui lui donnera, en 1734, l’envie de commencer à écrire ses mémoires. Mémoires qui inspireront Alexandre Dumas qui publiera en 1863 son roman éponyme «La dame de Volupté, mémoires de Jeanne d’Albert de Luynes, comtesse de Verrue». Elle s’éteint en 1736, généreuse et exubérante dans la mort comme elle l’était dans la vie, n’oubliant personne dans son testament, jusqu’aux oiseaux exotiques de sa volière… ■

+ d’infos *La Comtesse de Verrue a inspiré un livre à Jacques Tournier en 1984, «Jeanne de Luynes, Comtesse de Verrue», duquel sera tiré le film d’Axel Corti «La putain du roi» en 1990. ** Les deux enfants nés de son union avec le duc de Savoie sont légitimés en 1701. De sa fille descend toute la famille royale d’Italie.

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