Activmag_HorsSérieRivieraSuisse

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h o r s - s é r i e

r i v i e r a s u i s s e



S O M M A I R E R I V I E R A S U I S S E 44

5/

EDITO

6/

LES BREVES

96

86 /

RIVIERA GOURMANDE

88 /

LE MIRADOR

RIVIERA SUISSE

92 /

DENIS MARTIN

VIGNES DE LAVAUX

96 /

MONTREUX JAZZ

Lara porteuse

10 /

14 /

L’héroïne de Romand Il faut raisin garder !

Show dedans !

Ça balance pas mal à Montreux Pros de l’impro

104 / MONTREUX JAZZ MEMORIES

26

106 / SMOKE ON THE WATER

/ GILLES WANNAZ qui vivra wannaz

32 /

FÊTE DES VIGNERONS

vin show parce que vevey le vaud bien

souviens-toi montreux

120

Y’a le feu au lac !

110 /

COMEDY FESTIVAL

Ri(vie)ra bien qui rira le dernier

40 / RIVIERA VIP

114 /

42 /

FREDDIE MERCURY

116 /

44 /

CHARLIE CHAPLIN

118 / ET AUTOUR...

52 /

L’ALIMENTARIUM

120 / ESTELLE ROCHAT

58 /

SAGA NESTLÉ

126 / LUNA RIBES

62 /

SAGA CAILLER

130 / BIMBAMBAG

Hôte Fidélité

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Par-delà les nuages

20 / A PIEDS DE VIGNES Tranches de vignes

20

Fourchettes et buvettes

some freddie to love

74 /

Les aventures de Luna

Un appétit d’oiseau ?

après sur images

MONIQUE JACOT

Réflex empathique

80 / VILLA LE LAC LE CORBUSIER

minimale, elle fait le maximum

fleur des neiges

Faire la Classe...

Coquere humanum est

68 / VEVEY EN CLICHÉS

NARCISSE SICK

Et c’est pas tout…

mais où est donc charlie ?

de l’or en barres

AGENDA

spectacles de l’été

blablabag

92

134 /

MAF ATTACKS

terreur niocturne

136 / A TAAABLE ! 138 / ABONNEMENT 3



J’ai toujours préféré...

LARA PORTEUSE

J

’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise Dont la côte escarpée anime bien des palais Je me suis envolée sur des notes de jazz Des vignes de Lavaux aux portes du Valais De mon rivage en face J’entends la contrebasse Et tous ces musiciens Qui sonnent le tocsin Pour des nuits blanches Et quelques boutanches Estampillées

J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise Qui retourne la terre comme la planche à millions Mais des rives aux Pléiades, la bourgeoise est courtoise Palmiers sur le Léman, le vrai luxe du canton De mon rivage en face J’entends la contrebasse Et soudain ça m’démange J’ai la vision étrange D’un Charlie Chaplin D’un Freddy très Queen Que tu Vevey

J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise

D’après la chanson « les voisines » de Renan Luce

J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise Qui dans les pintes, le soir, fait sauter les bouchons. Montreux-moi tes secrets, que je les apprivoise Ton château forteresse, que je tente l’évasion. De mon rivage en face J’entends la contrebasse Un carré d’chocolat Sur un verre de Chasselas J’monte la cadence Puise dans la jouvence Et à téter le goulot Finis dans un Rousseau La fin de l’escalade Je reste sur la rade Face à moi, une fourchette S’tappe le lac en jet set Sur un bœuf endiablé Morceau d’une côte fêlée… J’ai toujours préféré à l’azur la vaudoise...

Lara Ketterer, ré dactrice en chef

Photo de couverture : © Samuel ACTIVMAG (supplément mensuel d’Eco Savoie Mont Blanc) Les Papeteries - Image Factory - 3 Esplanade Augustin Aussedat - Cran Gevrier - 74960 Annecy - Tél : 04 50 05 64 30 I Directrice de la publication, rédactrice en chef : Lara Ketterer - l.ketterer@activmag.fr I Secrétaire de Rédaction : Victoire Barrucand - v.barrucand@activmag.fr I Design, maquette, montage PAO : Sophie Caquineau, Pauline Lebeau I Coordinatrice commerciale : Elisa Raddaz 04 50 33 35 34 I Attachées commerciales Haute-Savoie : Blandine Mathieu 06 60 60 24 94 - Sabine Long 06 61 06 24 31 - Emilie Lamure 06 87 77 15 38 - Muriel Chevallet-Gros I Attachées commerciales Savoie : Agnès Desplantes 06 51 01 20 58 - Nathalie Attinault 06 47 84 79 86 I DEVENEZ DIFFUSEUR ACTIVMAG : Direction diffusion et abonnement : Régis Buet 06 76 22 43 28 I Service abonnement : Elisa Raddaz 04 50 33 35 34 Rédaction : Marie-Caroline Abramovitch-Boubée - Emmanuel Allait- Sophie Barenne - Victoire Barrucand - Angeline Bongrand - Magali Buy - Christine Gil - Mélanie Marullaz - Fleur Tari-Flon Impression Rotimpress I Distribution : Supp. de l’hebdo. Eco Savoie Mont Blanc, marchands de journaux I ACTIVES SAS filiale de SOPREDA 2 SA Edition, rédaction, publicité - B.P. 9017 - 74990 ANNECY cedex 9 I

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LA RIVIERA

Avis à tous les moussaillons d’eau douce : vague de beaux canots et déferlante de vieux bateaux ! Mais pas de rafiots… Autour des fameuses voiles latines caractéristiques du Léman, une soixantaine de voiliers d’époque, en bois, conçus avant 1956 ou selon la méthode traditionnelle, régateront au large de Vevey et de la Tour-de-Peilz, le week-end du 27 et 28 juillet. Hissez Haut ! Parade de la Fête des Vignerons ouverte à tous les voiliers, dès le vendredi 16h. 1er départ de la régate, au son du canon, samedi 27 juillet à 14h, 2e le lendemain, dimanche 28 à 10h.

LA RIVIERA, C’EST… • … Une Région de 40 km, qui s’étend de Lutry à Villeneuve,

• D’une altitude de 372 m au bord du lac,

+ d’infos : www.cvvt.ch

à 2045m, au sommet des Rochers-de-Naye,

• 17 communes pour 100 000 habitants

DU LOURD À PEILZ

dont 24 500 à Montreux et 17 500 à Vevey,

• 2 sites parmi les 10 plus visités de Suisse

(le Château de Chillon et Chaplin’s World).

Avec la Fête des Vignerons, Vevey a été classée parmi les destinations incontournables de 2019 par le National Geographic et le New York Times.

SWEET SIXTINE

© Swiss Airlines

FICHTRE & SWISS En l’honneur de la Fête des Vignerons 2019, et en tant que partenaire principal de l’événement, la compagnie aérienne SWISS International Airlines a dévoilé un avion rhabillé par l’artiste veveysan Mathias Forbach, alias Fichtre. Paré d’un ensemble d’illustrations et de couleurs qui reflètent le cycle des saisons, intégrant des éléments du paysage de la Riviera tels que le lac, les vignes, les feuilles d’automne et les raisins, le CS300 « fêtedevigneronné » voyagera à travers l’Europe durant les 9 prochains mois. Dès le 1er août, levez donc le nez !! + d’infos : www.avion-swiss.ch

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Si le peintre villeneuvois Diego Smaniotto connaît Michel-Ange sur le bout des doigts, à force de retoucher les toiles que lui ont inspirées les nus du plafond de la chapelle Sixtine, réalisés par le maître Florentin, il n’a quasiment plus d’empreintes digitales… Elles se sont usées en 10 ans de travail sur les 33 œuvres qui constituent un ensemble monumental de 103 mètres linéaires ! Un record ? Le Guinness Book n’intéresse pourtant par l’artiste, qui espère, dans un premier temps, exposer l’œuvre de sa vie en Suisse Romande, ou trouver un passionné d’art prêt à la faire voyager. En attendant, elle sera visible en nocturne les 18 et 25 juillet, de 20h à 22h, route de la Sorge 11 à Bussigny. + d’infos : www.smaniotto.ch


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Des vignes dorées, d’élégants palmiers, Une douceur de vivre par les plus grands prisée, Des fêtes d’exception et du bon son, Les Alpes en toile de fond… Rejoindre, sur le Léman, la rive opposée, C’est comme prendre un miroir pour le traverser : Une fois arrivé de l’autre côté, Tout y est pareil, mais tout est différent,

©BGandPartnersSA-mymontreux

Sans le moindre décalage horaire, un sacré dépaysement !


RIVIERA SUISSE

VOUS ÊTES SÛRS QUE NOUS NE SOMMES PAS À CANNES OU À MONACO ? DES PALMIERS, DES CYPRÈS, UNE EAU TURQUOISE, UN CLIMAT DOUX, UN ARRIÈRE-PAYS MONTAGNEUX, DES PALACES ESTAMPILLÉS « BELLE EPOQUE », DES FESTIVALS RENOMMÉS… UN CONCENTRÉ DE CÔTE D’AZUR ! SUR SEULEMENT 30 KM, DE LUTRY À VILLENEUVE, LA RIVIERA VAUDOISE ATTIRE DEPUIS LONGTEMPS DES FLOPÉES DE CÉLÉBRITÉS ET D’ÉTRANGERS CLASSIEUX. CRÉ NOM DE SORT ! ON S’ÉTONNE QU’UN SI PETIT BOUT DE LITTORAL AIT RÉUSSI À SE FORGER UNE RÉPUTATION MONDIALE ! Par Emmanuel Allait

E

n effet, ici, aucune métropole d’envergure comme Nice ou Cannes, mais un chapelet de modestes bourgades que vous pouvez compter sur Vaudois. Aucun lieu de pouvoir, hormis le repère du monstre du loch Nes-tlé, qui vit dans les parages. Aucune industrie majeure dans le secteur, même si, autrefois, à Vevey, on roulait des mécaniques. Aucun club de foot, les seuls filets qui

Are you sure this is not Cannes or Monaco ? Palm and cypress trees, turquoise waters, warm climate, mountainous backdrop, luxury authentic hotels, famous festivals… These 30 kilometers (18 miles) of Swiss Riviera between Lutry and Villeneuve have long attracted celebrities and wealthy foreigners. It is crazy though, that such a short coastline succeeded in becoming famous worldwide.

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L’héroïne

© BGandPartners SA-mymontreux

de Romand

tremblent sont ceux qui remontent les perches du lac. Et, pour couronner le tout, des habitants moqués par les cantons voisins pour leur provincialisme, leur lenteur, leur indécision et leur propension à lever le coude. So what ? LE LAC, L’AIMANT

« Si tu veux la paix de l’âme, viens à Montreux », déclara Freddie Mercury, un jour où son esprit était peut-être aussi embrumé que le Léman un matin d’automne. Le moustachu du groupe Queen, tombé comme tant d’autres sous le charme de la carte postale, y composa son dernier album, intitulé « Made in Heaven ». Un

paradis, vraiment ? L’explication est un peu courte. Bien sûr, la presse spécialisée, les sites internet et les forums dédiés rivalisent de superlatifs pour décrire ce décor de cinéma. Une unanimité dithyrambique qui en serait presque exaspérante. Trop parfait, trop lisse, trop beau. Un peu comme ces élèves modèles, binoclards, un peu fayots, insupportables à force d’exceller en tout, y compris en sport et en arts plastiques. De quoi rendre jaloux les cantons voisins ri-Vaud, et nourrir leur amer-thune. En réalité, le succès de la région repose davantage sur une savante alchimie à base de culture et de tourisme, comme l’a montré l’historien David Auberson, co-auteur d’une magistrale synthèse sur la Riviera lémanique.

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© AdamGlinski

RIVIERA SUISSE

L’EN-TÊTE DE VAUD

Et la vraie originalité, c’est que c’est la même recette qui mijote à petit feu depuis 300 ans, du 18e siècle, avec le Vevey des Lumières, jusqu’au 21e siècle, en passant par la Belle époque ou la contreculture alternative des années 1990. Au départ, la conjonction de trois é-Léman déclencheurs : la présence d’une bourgeoisie cultivée, humaniste, accueillante et discrète, une imprimerie développée, et l’arrivée des premiers personnages illustres, Rousseau, puis Byron, qui vont ensuite en attirer d’autres, comme un effet boule de neige. La machine est lancée. Toute l’« artistocratie » internationale jette « l’encre » sur les rives du Léman. Hugo, Hemingway, Greene, Nabokov, et aussi Chaplin, Mercury, et même Luc Plamondon. Une star mania sur la Riviera ! Mais, bien loin de se reposer sur ses lauriers, l’héritage glorieux et

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le physique avantageux, celle-ci continue à muscler son potentiel. De la gonflette cult’touriste à base de concerts, de musées, d’expos, de galeries d’art contemporain, de théâtres… Parmi les poids lourds, à Montreux, un festival qui fait jazzer, à Vevey, un Chaplin’s world qui montre Charlie « par cœur », mais aussi, le bientôt feu musée Nest, consacré à l’histoire de la multinationale de l’agro-alimentaire, ou l’Alimentarium et sa fourchette géante, sans oublier les multiples sites inscrits au Patrimoine Mondial, comme le vignoble de Lavaux et ses terrasses spectaculaires plongeant dans le lac. Bref, une cuisine-fusion particulièrement fructueuse entre la tradition et la création, qui donne envie de déguster, par monts et par Vaud. Inutile d’aller voir du côté de la « jeune Eve », vous aurez de quoi vous en mettre sous l’Adam dans ce petit coin de « paradis ». + d’infos : www.montreuxriviera.com


LIVRAISON FIN 2019 Crédits photos : Agence Future - illustrations à caractère d’ambiance. Images non contractuelles.

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Vue sur le village d’Epesses et le Dézaley

© Régis Colombo / diapo.ch

VIGNES DE LAVAUX


BACCHUS VIT À LAVAUX DEPUIS PLUS DE 8 SIÈCLES. INSCRITS AU PATRIMOINE DE L’UNESCO, LES VIGNOBLES SUISSES TRACENT UNE LIGNE VERTE, PARFOIS ESCARPÉE À L’EXTRÊME, ENTRE LES BLEUS DU CIEL ET DU LÉMAN. ET DÉCLINE UN PAYSAGE INOUBLIABLE ET GOURMAND. Par Pascale Godin

Il faut raisin L

GARDER !

es pentes vertigineuses éblouissent le regard. Lavaux est l’un des 10 domaines viticoles les plus escarpés au monde. Et ses 800 hectares de vignobles s’épanouissent sur 14 communes et 7 lieux de production. Des villages pittoresques, 10 000 habitants, beaucoup de vignerons. Ici, les vins blancs sont charnus. Ils ont la vigueur d’un raisin baigné de 3 soleils. Un pour le ciel, un pour les reflets éblouissants du Léman, un pour la chaleur des murets construits par des moines.

PETITS, MAIS COSTAUDS

Les cisterciens découvrent Lavaux au XIIe siècle. Ils pressentent immédiatement l’extraordinaire potentiel du lieu. Patiemment, ils défrichent les kilomètres de forêts qui déboulent jusqu’à l’eau. Et bâtissent des murets suffisamment solides pour stabiliser la terre, avant de planter la vigne. 8 siècles plus tard, l’inscription

du vignoble au patrimoine de l’Unesco couronne sa formidable histoire. Emmanuel Estoppey, directeur du site et président de World Heritage Experience Switzerland, l’association qui regroupe justement les sites suisses valorisés par l’Unesco, détaille les critères de cette inscription : “Les habitants de Lavaux ont su s’adapter aux conditions de terrain et développer une activité économique viable et transmissible de génération en génération. Certaines familles sont là depuis l’an 1500 ! Les hommes se sont appropriés un terrain, ils en ont fait un outil de développement tout en préservant sa beauté naturelle, ils ont su préserver cette région dans son contexte économique et résister aux pressions immobilières. Et pourtant, le prix du terrain n’a cessé d’augmenter !”. On imagine effectivement les yeux doux des promoteurs immobiliers. Peine perdue ! En 1976, les quelque 250 vignerons de Lavaux votent une loi communale visant à rendre inconstructible toute la région. Seules quelques infimes parcelles échappent à cette loi. Sur la question, l’inscription à l’Unesco ne change donc pas grand-chose. Par

The terraced vineyards of the Lavaux site unfold above Lake Geneva for some 18 kilometers, forming a real link between Lausanne and Vevey-Montreux. Not only does the listed status of Lavaux as a UNESCO World Heritage site pay tribute to an age-old vineyard, it is also a living “cultural landscape”, a remarkable testimony to an authentic and dynamic civilisation. Called as well « the 3 suns landscape », the Lavaux site is one of the most beautiful vineyards in Europe.

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MontreuxRiviera.com

VIGNES DE LAVAUX

contre, elle fédère les viticulteurs et donne de la visibilité à leurs vins. Jean-Paul Forestier, dont la famille vit à Chardonne depuis le XVIIe siècle, en détaille les bénéfices : “Elle nous a rapprochés entre viticulteurs, elle nous a rendus forts et solidaires d’une identité. La promotion dont nous bénéficions aujourd’hui est exceptionnelle et donne une plus-value à nos produits. Nous sommes de petites entités. Tout seul, le vigneron ne peut pas grand-chose, il est trop petit pour faire sa promotion et sa communication. L’inscription a marqué une reconnaissance de notre travail que nous n’avions pas auparavant”. LE CORPS DES FENDANTS

Côté cépage, le chasselas est roi. Certains le prétendent sans grande particularité, pas vraiment prestigieux. La Suisse est d’ailleurs un des rares pays à le mettre en avant. Mais le chasselas (ou fendant) serait né à Lavaux. C’est l’enfant du bercail, à l’aise sur sa terre natale. Et si son arôme est un peu léger, sa finesse reste incomparable. Définitivement marié à son terroir, il charpente le vin des terres lourdes, et donne du fruité et de la délicatesse à

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d’autres plus légères. En vins rouges, les pinots-gamay et pinots noirs dominent, mais ne représentent que 17 % de la production. Certains viticulteurs en produisent de petites cuvées très confidentielles. Comme Emmanuel Hug et son plant Robert : “En surface, le vignoble suisse est à peu près équivalent au vignoble alsacien, nous sommes tout petits à l’échelle internationale ! Depuis une quinzaine d’années, l’élan qualitatif est énorme, mais ça n’est pas suffisant pour que nous soyons reconnus dans le monde. Petites parcelles, entretien des murets, nos vins nous coûtent cher, nous n’avons pas les moyens de rivaliser avec les grosses productions”. Mais d’un domaine à l’autre, les saveurs se multiplient joyeusement, certaines plongent même le palais dans une quasi-béatitude. Pari gagné pour les moines. ENTRE ECONOMIE ET TOURISME

Les petits chemins sillonnent les vignobles. A pied, à vélo, la balade séduit les visiteurs sur 18 kilomètres entre ciel et lac. L’occasion de rencontrer les vignerons au détour d’un cep. Et la conversation débute parfois sur un malentendu : “Les gens s’arrêtent, nous posent



des questions, ça nous plaît bien ! Mais ça déclenche aussi des paradoxes ! Lorsque les piétons nous voient rouler sur les chemins en voiture, ils nous regardent de travers, comme si nous devions aller à pied nous aussi ; sauf que nous, on travaille ! Après, on discute, on goûte le vin, ça se finit toujours bien !” raconte Maurice Neyroud, viticulteur et président de la Commission intercommunale de Lavaux. Mais ce tourisme œnologique ne doit pas prendre le pas sur l’activité économique. Emmanuel Estoppey est très clair à ce sujet : “l’inscription au patrimoine mondial ne sert pas à réduire Lavaux à un paysage magnifique pour touristes, elle sert à transmettre des connaissances, à valoriser le travail du vigneron, à témoigner, tout en gardant une activité économique. Il ne faudrait pas que l’activité touristique qui découle de l’inscription minore le travail du vigneron !”. Sous les 3 soleils de Lavaux, il faut raisin garder. + d’infos : www.lavaux.ch

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© Ronny Perraudin

© GregoireChappuis

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© GregoireChappuis

A PIEDS DE VIGNES


UN DIMANCHE D’AVRIL, IDÉES CLAIRES ET CURIOSITÉ AUX ABOIS,JE TRAVERSE LA FRONTIÈRE DIRECTION RIVAZ. AU PROGRAMME DE CETTE APRÈS-MIDI ENSOLEILLÉE : RENCONTRE AVEC LE CHASSELAS. MAIS AVANT DE LE VOIR (ET BOIRE ?) EN VERRE, ALLONS DONC FOULER SA TERRE. Par Mélanie Marullaz

Tranches de

V I G N E S J

’imaginais une promenade entre initiés, mais devant la petite gare CFF, sacs au dos et baskets aux pieds – l’inverse serait plus compliqué - , nous sommes bien une cinquantaine de motivés. Les balades de Pierre Corajoud sont très courues, mais au vu du dénivelé, là, on va plutôt marcher. Guide « plaisir » à ses heures perdues, conteur de légendes basées sur des faits avérés, depuis 20 ans, ce Lausannois traîne ses basques et son bonheur à s’égarer sur tous les sentiers du canton de Vaud. “Ce sont les découvertes sur le terrain qui m’ont donné envie d’ouvrir des bouquins et mes oreilles, pour recueillir des anecdotes, notamment auprès des vignerons. Et finalement, quand on en sait un peu plus, l’enjeu, c’est de ne pas trop parler, d’être juste une valeur ajoutée, avec 2 ou 3 histoires. Il faut que ça reste un bon moment, avec la magie du dehors”.

ET CE QUI DEVAIT ARRIVER… À RIVAZ

La magie et le dehors, aujourd’hui, ce sont les côteaux de Lavaux avec leur enchevêtrement de chemins au milieu des vignes - dans lequel Pierre Corajoud a décidé de nous perdre, c’est sûr, puisque pour nous rendre à Vevey, à l’Est, nous partons vers l’Ouest. Mais laissons-nous guider. En quelques minutes à peine, nous prenons de la hauteur pour surplomber le Léman, dans lequel les terrasses et leurs ceps semblent se jeter. En face de nous, les sommets alpins suisses ou français, encore enneigés, ont aussi l’air d’y plonger. Première halte : le bourg de Rivaz, dont le nom, vient de… rive. “Imposture ! clame Pierre Corajoud. Car il n’est pas exactement sur la rive du lac. Mais au 6e siècle, à la gauche du Gramont vers

On this sunny afternoon’s schedule : discovering the Chasselas vineyards. Walks with Pierre Corajoud are very appreciated. We are roughly fifty people hiking there, up and up, on the paths traced by winemakers. Before entirely committing to grape in the 20th century, they used to be coopers, lumberjacks or fishermen, walking up these paths several times a day from the bottom to the top of the Lavaux hill.

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© GregoireChappuis

A PIEDS DE VIGNES

l’embouchure du Rhône, le mont Taurus s’est affaissé, déclenchant un tsunami dévastateur. Une vague de 10 mètres serait même passée par dessus les murailles de la vieille ville de Genève”. Exclamations dans l’assemblée. Non content de son effet, notre guide tempère quand même : “il est plus plausible qu’elle n’ait mesuré que 2 mètres de haut, mais les villages de pêcheurs ont pris la vague en pleine face et ont été, hormis Saint Saphorin, reconstruits sur les hauteurs.” Sur les replats qui ne permettaient pas la plantation de vignes : ces dernières préfèrent en effet la pente, qui laisse l’eau s’écouler en cas de pluie, et lui permet de profiter pleinement des rayons obliques du soleil. 1,2,3 SOLEILS

En ce dimanche de printemps, ce dernier est encore un peu timide, mais baigne les bords du Forestay, le ruisseau à côté duquel nous programmons un second arrêt. On dit qu’il y a trois soleils à Lavaux : les rayons directs, les reflets sur le lac et les murs généreux, qui emmagasinent la chaleur pour la restituer la nuit. “Jusque dans les années 80, il y en avait même un 4e : le sucre, complète Pierre

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Corajoud. De la canne cubaine, principalement, ajoutée les années peu ensoleillées. Mais aujourd’hui, tout est très réglementé : un cep donne environ 1,2kg de raisins, soit une bouteille.” La 3e halte, autour de « la table de pique-nique avec la plus belle vue de la terre » - vignes, Léman et chaîne des Alpes, tout chauvinisme mis à part, c’est vrai que ça a de la gueule… - nous installe au cœur du Conservatoire mondial du Chasselas, au beau milieu des lignes de Fendant roux, Vert de la Côte, Giclet, Blanchette ou Bois rouges. A l’occasion de la 4e, nous faisons le point sur les caractéristiques géologiques du vignoble : Lavaux est le royaume du poudinge, qui n’est pas la version francisée d’une douceur britannique, mais bien une roche sédimentaire, entre sable et galets, déposée par un courant antédiluvien. DANS LA VIGNE FAUT PAS S’EN FAIRE

Alors que la lumière décline doucement, nous grimpons, encore et encore, sur les pas des vignerons. Avant de se consacrer entièrement au raisin, au 20e siècle, ils étaient aussi tonneliers, forestiers ou pêcheurs, et arpentaient plusieurs fois par jour


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ces chemins qui s’étirent entre le bas et le haut de chaque commune de Lavaux. Pas tout à fait aussi endurants que l’étaient ces viticulteurs montagnards, c’est avec soulagement que nous attaquons enfin la descente en pente douce. Après 2h et 6 km de balade, nous voici rendus à Vevey. Sans avoir manqué de saluer, au passage, des palmiers, preuve vivante de la douceur du climat de cette Riviera ; et le plus grand arbre du Canton de Vaud, un séquoia de 5 mètres de diamètre, planté en 1893, qui fut la propriété de l’acteur américain James Mason. Avant de boucler la boucle en montant dans le train direction Rivaz, une dernière question à notre guide : un incontournable pour vous au cœur de ce vignoble ? “Je n’ai pas envie de vous répondre. Une balade, c’est une collection de petites choses. Il faut simplement se mettre en condition pour avoir les sens en éveil. Et finalement, la découverte est possible quand on prend le temps. Là, tout peut se révéler.” + d’infos : www.balade.wordpress.com

Pierre Corajoud - « Lavaux et Riviera Insolite, 6 balades en boucles au départ des gares » - guide disponible à Lausanne Tourisme et dans la plupart des librairies de Suisse Romande.

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GILLES WANNAZ

qui vivra

WA N N A Z 26


“BERGES MENTHOLÉES, JARDIN DE VELOURS, SUSPENDS LE TEMPS AUX PARFUMS DE BABYLONE”. NE VOUS FIEZ PAS AUX APPARENCES, CES LIGNES NE SONT PAS EN PRÉFACE D’UN RECUEIL D’HAÏKUS MAIS SUR L’ÉTIQUETTE D’UNE BOUTEILLE DE VIN, LE « ROUGE DE TERRE » 2017 DE LA TOUR DE CHENAUX. A LA PLUME ET AU FÛT, GILLES WANNAZ, POÈTE-VIGNERON, LAVAUX EST SON INSPIRATION. Par Mélanie Marullaz - Photos : Catherine Gailloud

C

’est une des plus vieilles maisons de Lavaux, une tour fortifiée construite par les moines au 12e siècle. On y accède par un petit chemin au milieu des vignes, pentu - tout l’est à Lavaux - et bordé de coquelicots, bourrache, rosiers, thym ou romarin… En cette fin de printemps, les parfums de fleurs et d’herbes aromatiques, exaltés par la pluie récente, se mêlent à celui de la terre humide. Comme si le terroir en entier voulait vous faire comprendre, en une respiration, où vous venez de mettre les pieds.

©DR

DOLCE VITA…Z

A l’intérieur de la bâtisse, le foisonnement des objets prend le relais. Au plafond de l’ancienne tour carrée, des lustres à pampilles de toutes époques et une boule à facettes veillent sur les cuves, posées sur un patchwork de tapis : oui, elles sont bien traitées ces cuves ! Mais c’est dans la salle de dégustation que Gilles Wannaz reçoit, entre une collection de bancs d’église et de « suspenz », ces tables suspendues qu’il a imaginées à partir de cercles de tonneaux. Dans le bar-vitrine, les bouteilles collectors de la cuvée Dolce Vita, du nom du mythique club rock lausannois qui accueillit, de 1985 à 1999, toute la scène underground de Suisse et d’ailleurs. Sur scène y défilèrent Sonic Youth, Bashung, les Red

It is one of the oldest houses in Lavaux, a 12th century fortified tower built by monks. If the Wannaz family, deeply rooted there, has been growing vines there for generations, they have always been open-minded. For Gilles, therefore, wine is only a part of a bubbling whole that includes cooking, but also playing the music and writting : « I translate wine, I tell what it tells me ». With each of his cuvées he then associates a haïku, printed on the bottles. Behind both the pen or the barrel, here is Gilles Wannaz, poet-winegrower : Lavaux is his inspiration.

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GILLES WANNAZ

Hot Chili Peppers… Stephan Eicher, lui, passait souvent derrière le bar pour servir des bières ; les Wannaz, comme d’autres vignerons de Lavaux, apportaient leur vin à ce moulin. Les étiquettes étaient alors dessinées par Poussin, Tardi, Hugo Pratt… “Dans une de ses aventures, Corto Maltese épouse d’ailleurs la fille du vigneron Wannaz”, sourit Gilles. Si, dans la famille, on cultive la vigne depuis plusieurs générations, on a les ceps bien ancrés, mais l’esprit large. Le vin n’est donc qu’une partie d’un tout bouillonnant. PONTS & CUVÉES

Ou mijotant plutôt, tranquillement, mais sûrement, à l’image du potage que Gilles a préparé ce midi pour son équipe. “Je fais la cuisine de ma mère et le vin de mon père, c’est un équilibre, une polarité”. Sur la table, pas de rouge ni de blanc, mais une carafe de verveine citronnée. Nous, nous buvons, dans des verres à pied, un thé de vigne, une infusion de bourgeons séchés puis fermentés, “passerelle avec une autre grande civilisation passionnante, celle du thé.” Car des passerelles, ce quinqua curieux de tout ne cesse d’en jeter. Vers la musique ou la cuisine, on l’a vu ; vers d’autres cépages que le Chasselas-roi, monoculture de Lavaux, et en direction de la Savoie (Mondeuse, Gamay…) ou de la Vallée du Rhône (Syrah, Viognier) ; vers l’écriture, en associant, à chacune de ses cuvées, un haïku, qu’il fait imprimer sur leurs étiquettes : “je traduis le vin, je raconte ce qu’il me raconte.” NATURE ET CONTRE-CULTURE

On ne s’étonne pas que l’homme ait été tenté par la philo, plus jeune, à l’Uni. Par rébellion ou « crise d’orgueil » et pour quelques mois seulement. “Sur les bancs, j’ai eu une vision de ce domaine, je l’ai vu comme une île qui aurait traversé le millénaire, et je me suis demandé comment il était resté intact malgré les guerres, les successions…” Ou le passage de l’autoroute. C’est à la suite de sa construction, sur les vignes familiales de l’époque, que le grandpère Wannaz s’est « repourvu », en achetant le domaine actuel, il y a une cinquantaine d’années. Gilles a commencé à y travailler avec son père, après une formation en œnologie à Changin. Face à

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GILLES WANNAZ

l’évidence, la rébellion a ses limites. “Quand j’ai commencé, dans les années 80, on était au pic de l’industrialisation du vin, c’était une période difficile, il avait une mauvaise image.” Gilles, lui, veut revenir à l’état originel de la vigne, à la boisson des dieux, ce vin médecin et ses vertus thérapeutiques. Il fait donc la leçon à son père contre la chimie, pour “réapprendre la joie et le plaisir de travailler, se donner une respiration, un moteur émotionnel”. Le passage en biodynamie, en 2002, construit pour lui “la cohérence du discours, devient comme une évidence mécanique pour la vie”. C’est auprès du Français Pierre Masson, pionnier en la matière, qu’il apprend les premiers gestes. “On change de regard, on voit le monde différemment. C’est comme si c’était une intuition qu’on avait toujours eue au fond, et

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quand on est dans la symbolique, la métaphore, c’est la dernière pièce du puzzle.” NIR-WANNAZ

La dernière pièce que lui nous livrera, car le Wannaz est décidément un puzzle complexe, ce sont ces bonbonnes « ermites », posées sur les murets qui séparent les vignes, à qui il offre une ultime méditation. Stérilisées, stabilisées par la chaleur et les rayons solaires, il laisse la végétation les recouvrir, le lierre former un cocon, et les ouvrira peut-être, dans quelques années, pour laisser s’exprimer leur vibrato si particulier. Qui vivra verra… + d’infos : www.wannaz.ch



FÊTE DES VIGNERONS

Vinw © Fête des Vignerons

Sho Arène vue d’ensemble pour l’édition 2019

BERNE, CAPITALE DE LA SUISSE ? NON, NON. CET ÉTÉ, L’ÉPICENTRE DE LA VIE HELVÉTIQUE SE DÉPLACE DANS LE CANTON DE VAUD : DU 18 JUILLET AU 11 AOÛT, C’EST À VEVEY QUE TOUT SE PASSE. LA VILLE SE PRÉPARE À RENDRE HOMMAGE AUX VIGNERONS, À L’OCCASION D’UNE FÊTE TELLEMENT… TELLEMENT, QU’IL Y A PEU D’ADJECTIFS POUR LA DÉCRIRE, ET QU’ELLE N’A LIEU QUE CINQ FOIS PAR SIÈCLE. Par Mélanie Marullaz

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inq fois par siècle seulement ? Selon la version historique, les guerres et les récessions auraient empêché une organisation plus rapprochée de l’événement. Mais les Veveysans, eux, savent très bien que si la Fête des Vignerons n’a lieu qu’une fois par génération, c’est surtout pour permettre à la population de s’en remettre. C’est dire avec quelle intensité elle la vit… et la réclame. Car la date n’est jamais prévisible. Ce serait en sentant revenir l’envie de festoyer, comme on sent qu’un vin primeur donnera une grande cuvée,

Is Bern the Capital City of Switzerland ? Not at all. This summer, the beating heart of the helvetian people will move to the Canton of Vaud : from July 18th to August 11th, Vevey will then be THE place to be. The town is getting ready for the crowning of the best winemakers, on the occasion of such a massive show, that not only there is no word good enough to describe it, but also it only happens five times in a century.

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© Confrérie des Vignerons

Couronnement de Francois Bocion en 1851

que la Confrérie convoquerait, tout soudain, une conférence de presse pour annoncer de manière unilatérale, sans consulter ni la lune, ni les oracles, ni le calendrier des autres manifestations : “la prochaine fête aura lieu dans 10 ans !” En d’autres termes : à vos postes ! Parce qu’il faut bien compter une décennie pour se préparer. GOÛTONS VOIR SI LE VIGNERON EST BON

Mais commençons par le commencement… Depuis la nuit des temps, la Confrérie des Vignerons donc, société d’utilité publique qui, comme son nom ne l’indique pas, regroupe des propriétaires de vignes et non des vignerons, veille à ce que ces derniers qui travaillent leurs parcelles le fassent bien. Jusqu’à la fin du 18e siècle,

elle critiquait, voire sanctionnait leurs mauvaises pratiques, avant de réaliser que la carotte peut s’avérer plus efficace que le bâton. Elle a alors mis en place un système de récompenses et de couronnement des meilleurs ouvriers. Couronnement qui s’étoffa ensuite d’une fête. En 1797, une estrade fut érigée pour que les curieux puissent y assister : la Fête des Vignerons était née. Aujourd’hui encore, la Confrérie, qui compte plus d’un millier de membres - tous ne possèdent plus des vignes -, visite les domaines de Lavaux à Lavey sur sollicitation des propriétaires. Tous les trois ans, elle récompense les meilleurs vignerons, et une fois par génération, sort le grand jeu pour la fête du même nom. Les Veveysans, eux, relâchent la pression. On dit qu’un pic de natalité survient dans les 9 mois qui suivent la Fête… un pic de divorces aussi. Quoi qu’il en soit, les locaux sont le cœur battant de l’événement.

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FÊTE DES VIGNERONS

© Fête des Vignerons

© Confrérie des Vignerons

La garde des Cent Suisses, le drapeau de la Confrérie des Vignerons et les vignerons-couronnés de la Fête des Vignerons de 1833,

Costumes édition 2019

VIGNES EN SCÈNE

Daniele Finzi Pasca l’a bien compris, qui met en scène le grand spectacle, point culminant de chaque journée de fête. Le Tessinois, rompu à la conception d’événements monumentaux - il a orchestré les cérémonies de clôture des JO de Turin et de Sotchi, et travaillé avec les cirques du Soleil ou Eloize - les a presque tous embauchés. Tout ceux qui voulait lui apporter leur contribution en tous cas. Sur scène, à chaque représentation, ils seront donc 5500 acteurs, chanteurs ou danseurs amateurs - et un professionnel. 5500, tous officiellement de Vevey ou du secteur couvert par la Confrérie - certains Genevois se seraient dégoté une adresse vaudoise afin d’y participer… , pour une série de tableaux racontant une année dans la vie de la vigne. “Nous avons voulu remettre le vigneron-tâcheron au centre, commente Daniele Finzi Pasca, avec une référence au couronnement chaque soir - même si le couronnement officiel n’aura lieu qu’à l’occasion du spectacle d’ouverture le 18 juillet -, apporter un esprit plus féminin, puisque la Confrérie a admis les femmes récemment - en 2008 - et montrer le rythme

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Daniele Finzi Pasca

du temps, les travaux en fonction du climat, des températures, les passages de la vie sociale, comme le mariage…” Figure imposée et attendue, le Ranz des Vaches ou Lyoba, chant a capella typique des bergers, les Armaillis, dont la présence à la Fête symbolise les liens entre les vignobles du bord du lac et les montagnes qui le surplombent, sera cette année interprété à 11 voix, et non plus par un seul soliste. C’est peut-être un détail pour vous, mais à Vevey, ça veut dire beaucoup. Au-delà du spectacle, pendant presque un mois, c’est toute la ville qui va vivre au rythme de la Fête, avec des centaines d’animations gratuites dans les rues et sur ses différentes scènes, des journées aux couleurs des 26 Cantons, des parades nocturnes, des terrasses éphémères, des caveaux où terminer la nuit… Tout habitué qu’il soit à ces gigantesques manifestations, Daniele Finzi Pasca mesure l’ampleur et le caractère unique de cette fête helvétique : “même si je ne peux pas encore en tirer les conclusions, j’ai la sensation que, quelque choses de similaire, on ne va pas le revivre…” + d’infos : www.fetedesvignerons.ch


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y e v e V e u q Parce Frédéric Hohl

le Vaud bien

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prompt s’est surtout fait connaître en participant à l’organisation de grands événements suisses, de l’expo nationale (Expo.02) à l’Euro 2008, en passant par les Fêtes de Genève. Car il est Genevois. Et se retrouver à la tête de l’Evénement vaudois avec un grand E n’est pas le moindre de ses exploits. Mais Frédéric Hohl ne fanfaronne pas. Avec humour et sans langue de bois, il nous donne une idée de l’ampleur de cette 3 SEMAINES DE FESTIVITÉS, 800 000 VISITEURS ATTENDUS fête, et donc de sa tâche. ’est évident, on n’est pas parachuté à la tête d’un événement de cette ampleur sans raison. Celui que le journal Le Temps qualifie de « mi-artiste, mi-businessman » a donc un peu de bouteille… Comptable, chanteur et danseur, directeur d’hôtels, producteur ou député au Grand Conseil de Genève, ce quinqua au sourire facile et au verbe

ET 23 REPRÉSENTATIONS, LE TOUT POUR UN BUDGET DE 100

MILLIONS DE FRANCS SUISSES… ON PERDRAIT FACILEMENT LE SOMMEIL POUR MOINS DE RESPONSABILITÉS QUE ÇA. A CÔTÉ DES MIENNES, LES CERNES SOUS LES YEUX DE FRÉDÉRIC HOHL, DIRECTEUR EXÉCUTIF DE L’ÉVÉNEMENT, N’ONT POURTANT RIEN D’ALARMANT… Propos recueillis par Mélanie Marullaz

Activmag : Vous qui avez traîné dans les coulisses de plusieurs grands événements, quelles sont les spécificités de la Fête des Vignerons ?

Frédéric Hohl : C’est une fête historique et c’est énorme ! On qualifie parfois cette édition de démesurée, mais elle l’a toujours été. En 1955, c’était la même emprise au sol que maintenant, et elle était déjà high tech : c’était la 1re fois que les Suisses pouvaient voir un spectacle de nuit, car l’armée avait installé de grands projecteurs de la DCA pour éclairer la scène, c’était incroyable ! Pour un organisateur, ce qui est extrêmement compliqué, c’est que c’est petit : Vevey compte 17 000 habitants, et notre théâtre, 20 000 places… C’est comme si on construisait, en plein centre de Paris, un théâtre de 5,5 millions de places. Ce sont donc des défis impossibles pratiquement tout le temps. Quand vous organisez un grand festival en Suisse, comme Paléo, si vous avez besoin de

3 weeks of celebration, 800 000 visitors expected and 23 shows planned, all of it costing around 100 millions Swiss Francs… Most of us would lose sleep about smaller matters than these. But Frederic Hohl, executive director of the Festival, seems to handle it : « for those who organize, what is really difficult to manage is that Vevey is so small : 17, 000 people live there, whereas our arena will host 20, 000 spectators ! » Disproportionate, is that what you said ?

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© Confrérie des Vignerons

© Nicolas Righetti

FÊTE DES VIGNERONS


© Fête des Vignerons

Couronnement en 1889

Arène vue d’ensemble pour l’édition 2019

1000m2 de plus, vous discutez avec le paysan, vous ouvrez la barrière et puis c’est réglé. Nous pas. Chaque m2 est sollicité, ça, c’est une grande complication. 100 millions de francs suisses, quasiment le double de l’édition 1999, c’est un budget colossal… La Fête dure 10 jours de plus qu’en 99, ça fait un sacrée écart ! Ensuite, il y a des aspects complètement différents comme la sécurité ou la technique. Aujourd’hui, le public veut voir et entendre qu’il soit au 1er ou au dernier rang. Nous avons donc 5 scènes, avec 5 chefs lumière, 5 chefs son… On s’est mis à la portée des spectateurs, donc la Fête coûte plus d’argent - et c’est son budget qui détermine le prix des billets, car nous tournons à 70% avec la billetterie, 10% avec les revenus de Ville en Fête (boissons et restauration sur site) et 20% grâce aux partenaires. Ce n’est d’ailleurs que la 2e édition qu’ils sont impliqués. En 1977, une petite multinationale

à peine connue, qui a son siège à Vevey, était venue voir la Confrérie pour lui proposer quelques centaines de milliers de francs… et la confrérie a dit : “non, non, on veut pas déranger”. En tant que directeur exécutif, quelle est votre priorité ? L’expérience visiteurs. Comment tu as entendu parler de la Fête, comment t’as senti le prix des billets, où tu les as achetés ? Comment tu vas venir à Vevey, les trains, le flux, parce que comme c’est tout petit, ça coince de tous les côtés… Comment tu seras accueilli… Daniele (Finzi Pasca, le metteur en scène), lui, va faire un spectacle formidable, donc tout est super, mais là tu veux repartir avec tes gamins, et t’attends 3h pour le train, ça ne joue pas, le château de cartes s’effondre… T’essaies donc de faire au max pour que l’expérience visiteur soit la meilleure possible, ainsi que celle des gens qui habitent sur place, alors tu invites aussi les commerçants et les

résidents à venir voir les répétitions. Parce que c’est vraiment intrusif comme fête, on arrive et puis BOUM, poussez-vous, c’est nous ! C’est dur pour le petit gars qui vend des vélos ou le garagiste sur la place du Marché. Pas besoin d’être un grand génie pour voir que pendant la Fête, tu ne pourras plus accéder avec la voiture… Est-ce que vous avez le sentiment de marquer une petite page d’histoire de Vevey, du Canton ? Moi pas, je n’ai pas du tout cette prétention. On a déjà ouvert l’arène pour les répétitions et les terrasses. A la seconde où tu ouvres, ce n’est plus à toi. Moi, je fais partie de ceux qui écrivent le menu, on fait le repas, on sert, et puis après, on fait la vaisselle, le démontage, et peut-être un ou deux procès aussi… Donc nous, on est content de partir à la fin, alors que ceux qui travaillent dans le projet, les figurants par exemple, le 12 août, quand ils partent, ils pleurent…

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RIVIERA VIP

Hôte Jean-Jacques Rousseau

Fidélité C’EST LA FAUTE À ROUSSEAU

Jean-Jacques Rousseau est l’un des premiers que la Riviera a inspiré. Familier du Léman, auprès duquel il a passé ses jeunes années, l’écrivain genevois cherche à planter le décor de sa Nouvelle Héloïse (1761). “Il me fallait cependant un lac, écrit-il dans les Confessions (livre IX), et je finis par choisir celui autour duquel mon cœur n’a jamais cessé d’errer. Je me fixais sur la partie des bords de ce lac à laquelle depuis longtemps mes vœux ont placé ma résidence dans le bonheur imaginaire auquel le sort m’a borné.” Véritable bestseller de l’époque, l’idylle entre Julie d’Etanges et Saint-Preux fait rapidement

Lord Byron

Gustave Courbet

QUAND ON DIT RIVIERA, ON PENSE TOUT DE SUITE CHARLIE OU FREDDIE. MAIS LES DEUX MOUSTACHUS N’ONT PAS ÉTÉ LES SEULS HÔTES ILLUSTRES SÉDUITS PAR LA DOUCEUR DU CLIMAT VAUDOIS. C’EST TOUT UN ARÉOPAGE D’INTELLECTUELS ET D’OISEAUX VOYAGEURS QUI SE SONT UN JOUR POSÉS SUR LA RIVE NORD DU LÉMAN. Par Angeline Bongrand

des berges vaudoises la destination prisée des jeunes romantiques. Ils y viennent en pèlerinage pour retrouver les lieux décrits dans le roman.

bibliophiles anglophones… et Hugo. Mais l’histoire ne dit pas quel romancier mit ensuite ses pas dans ceux de Victor pour débarquer à Clarens… Tolstoï peut-être ?

ET DANS SON CHILLON

SUISSE, TERRE D’EXIL...

C’est ainsi que le Britannique Lord Byron débarque à Chillon. En voyage sur le lac avec ses amis Percy et Mary Shelley (auteure de Frankenstein), il suit effectivement les traces de Rousseau, et trouve celles de François Bonivard, patriote genevois enfermé dans les geôles du Châteaux au XVIe siècle. Sa vie lui inspire le célèbre poème Le Prisonnier de Chillon, qui attirera, à leur tour, les

Quand le peintre Gustave Courbet (auteur du Désespéré et de l’Origine du Monde), élu républicain et acteur de la Commune de Paris, arrive à la Tourde-Peilz en 1872, il est accusé d’avoir fait renverser la Colonne Vendôme et condamné à la faire relever à ses propres frais. Ses toiles ont été confisquées et ses biens mis sous séquestre, il est ruiné. Il passera les cinq dernières années de sa

When you hear the words swiss Riviera, you think Charlie or Freddie, straight away. But these two famous moustaches were not the only ones to fall for the charming destination and its mediterranean climate. Jean-Jacques Rousseau, Lord Byron, Gustave Courbet, Edgar Quinet, Igor Stravinski, Hugo Pratt and many others have once felt at home there…

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Igor Stravinski

vie sur la Riviera, en continuant à sculpter, peindre, exposer et vendre ses toiles, dont de magnifiques paysages du Lac Léman et du Château de Chillon. Il y sera rejoint par un autre communard banni de l’hexagone : Elisée Reclus. Quelques années plus tôt, c’est Edgar Quinet, fuyant le régime de Louis-Napoléon Bonaparte qui s’était installé à Montreux. … ET D’ASILE

Au XXe siècle, le déchaînement des conflits mondiaux accentue le phénomène : pour de nombreux artistes, la Suisse devient un refuge. De passage sur la Riviera, Igor Stravinski et sa famille se retrouvent ainsi « bloqués » sur les bords du Léman par le premier conflit mondial. Le compositeur russe met alors à profit ses rencontres pour donner naissance, entre Clarens et Lavaux, à quelques-unes de ses œuvres clés, « Le Sacre du Printemps », « Petrouchka » ou « L’Histoire du Soldat », avant de quitter la Suisse en 1920. C’est pour fuir le maccarthysme que Charlie Chaplin, lui, s’installera à Vevey.

Edgar Quinet

Hugo Pratt

CEUX QUI N’ONT FAIT QUE PASSER

CEUX QUI Y SONT RESTÉS

… mais dans les œuvres desquels on trouve des références à la Riviera : - Victor Hugo : dans Le Rhin. - Alphonse Daudet : dans Tartarin sur les Alpes, publié en 1885, il situe à Montreux l’arrestation de son héros que la police prend pour un anarchiste et qu’elle enferme, pour une nuit, dans le cachot de François Bonivard ; - Francis Scott Fitzgerald : son séjour à Montreux inspira à l’auteur de Gatsby le Magnifique, les chapitres 8 et 9 du roman Tendre est la nuit - Piotr Tchaïkovsky : dans la Villa Richelieu où il loge, il fait installer un piano au salon et travaille à son opéra Eugène Onéguine, à la Pucelle d’Orléans et à son Concerto pour violon qu’il compose in-extenso à cet endroit en compagnie de son ami de cœur, le violoniste Kotek. - Ernest Hemingway : c’est dans une pension de Montreux-Chamby, qui l’accueillit en 1922, qu’il situe plusieurs chapitres de L’adieu aux armes.

Nabokov (enterré à Clarens), Graham Greene (enterré à Corseaux), Hugo Pratt (enterré à Grandvaux), Charlie Chaplin (enterré à Corsier-sur-Vevey)…

Dans les pas de… … Charlot dans le parc Chaplin à Corsier, Graham Greene, caché sous une tonnelle dans les vignes à Corseaux, ou Alphonse Daudet au pied du temple Saint-Vincent dans le quartier des Planches à Montreux… De Villeneuve à Lutry, un circuit ponctué d’une trentaine de haltes rend hommage aux personnalités passées par la Riviera. A chaque pose, un banc, une silhouette, quelques lignes de biographie, des anecdotes, et une appli qui permet d’accéder à un contenu supplémentaire sur chacune d’entre elles, tout en admirant la vue qu’un jour, elles ont aussi contemplée. com + d’infos : www.rencontres-inspiration.

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© Montreux Celebration

FREDDIE MERCURY

Some Freddie to love ON AURAIT TOUTES LES RAISONS DE S’ÉTONNER QU’UNE ROCK STAR BRITANNIQUE, ACCOUTUMÉE À L’EFFERVESCENCE DE LA VIE LONDONIENNE ET AUX EXCÈS DE SES NUITS, S’ENTICHE D’UN BOUT DE CÔTE LÉMANIQUE, LIEU DE VILLÉGIATURE PRIVILÉGIÉ POUR RETRAITÉS EN QUÊTE DE TRANQUILLITÉ. MAIS SI C’ÉTAIT JUSTEMENT CE QU’ELLE RECHERCHAIT, LA TRANQUILLITÉ ?

Par Angeline Bongrand

Freddie Mercury aimait beaucoup le Saint-Saphorin et passait sans problème de la table de Girardet Chef du restaurant de l’hôtel de Ville à Crissier, qui

comme lui s’appelait Frédy - à un petit bistrot derrière la gare où il mangeait le plat du jour. Il appréciait Montreux parce qu’on lui fichait la paix. Le fait de marcher sur les quais sans être abordé restait pour lui un fait étrange, mais agréable.” Les habitudes du chanteur de Queen n’avait aucun secret pour David Richards et pour cause, c’est lui qui a produit, à Montreux, tous les albums studio du groupe depuis « It’s a Kind of Magic ». I WANT TO BRAKE FREE

Ingénieur du son, Richards prend, en 1975, les manettes du flambant neuf « Mountain Studio », installé dans le nouveau casino de

How come a British rock star, familiar with London’s hustle and bustle and night of excesses, can fall for a tiny quiet area on the shores of Lake Geneva, haunted by peaceful retirees ? And what if it was exactly what Freddie Mercury was expecting from Montreux : peace ?

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la Ville, où il travaille pour les Rolling Stones, David Bowie, Duran Duran… Trois ans plus tard y débarquent Freddie Mercury et sa bande pour enregistrer leur 7e album, « Jazz » - forcément, à Montreux… -. En ce mois de juillet, la grande Reine se passionne pour la petite : le Tour de France, dont la 18e étape, reliant Morzine à Lausanne passe sous les fenêtres du quatuor, leur inspirera les titres Bicycle Race ou Fat Bottomed Girls. Rapidement convaincus que la quiétude des lieux leur offre une pause loin des médias propice à la création, non seulement les musiciens reviennent sur la Riviera dès l’année d’après, mais ils achètent carrément le Mountain Studio. Ils y enregistreront leurs quatre derniers albums.

tions d’amour. Queen est né à Londres, mais ce sont les rues de Montreux qu’infuse son esprit : la petite ville vaudoise est devenue La Mecque des fans de la moustache la plus célèbre du rock britannique. S’il s’y promenait aujourd’hui, il n’y serait probablement plus aussi tranquille. + d’infos : www.mercuryphoenixtrust.com/studioexperience/ www.mymontreux.ch

Pendant leurs séjours montreusiens, les musiciens louent une maison voisine du Casino, la Lake House, rebaptisée « Duck House » ou même « Duckingham Palace » par Freddie Mercury, en raison, comme son nom l’indique, des canards qui aiment s’en approcher. Le petit chalet adjacent, qui sert de hangar à bateau, est aujourd’hui mondialement connu : on devine son toit en ombre chinoise, devant le Léman, sur la pochette de l’album « Made In Heaven » paru 4 ans après la mort du chanteur. Si Montreux devient sa 2e maison, ce n’est pourtant pas dans la Lake House qu’il trouvera la tranquillité recherchée, mais dans un grand appartement surplombant le lac : “si calme et apaisé, tranquille et idyllique, il y a de la magie dans l’air, quelle vue magnifique, une scène à couper le souffle”, chantera-t-il dans le titre « Winter’s Tale », quelques semaines à peine avant de quitter définitivement la Suisse et s’éteindre à Londres, le 24 novembre 1991. CRAZY LITTLE THING CALLED MONTREUX

5 ans plus tard, sur la Place du Marché, Brian May, le guitariste de Queen, inaugure, en présence de nombreuses personnalités et amis de Freddie Mercury, dont Claude Nobs, Maurice Béjart et Montserrat Caballé, une statue de bronze à son effigie. Aujourd’hui, elle est devenue un véritable lieu de recueillement. La Lake House, elle, ne se visite plus, mais il est possible de la louer. Quant au studio d’enregistrement, réouvert en 2013, il propose une exposition permanente consacrée à Queen. A l’entrée, ses murs sont recouverts de messages d’admirateurs et de déclara-

© MaudeRion

ANOTHER ONE BITES THE DUCK

Mercurymania ique, accessoirement Prenez une équipe de passionnés de mus le groupe a tissé des fans de Queen, et une ville avec laquelle en faire un lieu pour liens privilégiés. Le terreau est favorable ière plus ou man de , 2000 es de pèlerinage. Au début des anné s Montreux ury’ Merc die Fred « le donc moins confidentielle, naît de chanteur Queen à Tour », une visite guidée sur les traces du ntain Studio, la Lake travers les lieux qu’il a fréquentés : le Mou ces fans organisent vite, Très House et sa statue, évidemment. ion pour la date orat mém com de également une journée , cette journée a fait anniversaire de la star. Mais depuis 2016 jours que l’association des petits, et c’est maintenant sur trois e avec une série de mag Montreux Celebration lui rend hom rencontres avec ses des dont its, gratu concerts et d’événements s de Freddie. proches, ouverts à tous les inconsolable h + d’infos : www.montreuxcelebration.c5 au 8 septembre 2019 Freddie Celebration Days, du

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CHARLIE CHAPLIN

Mais où est donc UN CHAPEAU, UNE CANNE, UNE DÉMARCHE SI PARTICULIÈRE, DES GAGS ÉMOUVANTS OU DRÔLES… CHAPLIN A BERCÉ TOUTE VOTRE ENFANCE ET, COMME LES JAZZMEN DE MONTREUX, VOUS AVEZ L’IMPRESSION DE CONNAÎTRE CHARLIE « PAR CŒUR ». VOILÀ 42 ANS QUE L’ACTEUR ANGLAIS A QUITTÉ « LES LUMIÈRES DE LA VILLE » DE CORSIER-SUR-VEVEY, OÙ IL AVAIT ÉLU DOMICILE DÈS LES ANNÉES 50. Par Marie-Caroline Abramovitch-Boubée et Emmanuel Allait

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films, du « Vagabond » jusqu’au dernier, « La comtesse de Hong Kong », autant de chefs d’œuvre toujours d’actualité. Une carrière qui s’est épanouie à l’époque où le cinéma « muait ». Des bas-fonds de Londres aux sunlights d’Hollywood, la route est longue qui l’a mené au succès que l’on connaît. Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et compositeur... portrait d’un homme aux

multiples talents et aux convictions sans failles. LE KID DE WALWORTH

Charles Spencer Chaplin voit le jour en avril 1889 à Walworth, un quartier miséreux de Londres. Son père Charles Chaplin, et sa mère Hannah Hill - plus connue sous le nom de Lili Harley - sont tous deux artistes de music- hall. La vie est dure entre l’alcoolisme avéré de Charles

et les troubles mentaux d’Hannah, qui la conduisent à faire de fréquents séjours en hôpital psychiatrique. Il n’a qu’un an lorsque son père part faire une tournée aux Etats-Unis. A son retour, Charles abandonne sa famille, qui s’est entretemps agrandie d’un enfant qui n’est pas de lui. C’est la misère absolue - celle dépeinte avec tant d’émotion dans « The Kid » - et Charlie et ses frères connaissent les affres de l’orphelinat à plusieurs reprises. Ce qui est somme toute préférable aux séjours qu’il fait chez son père et sa belle-mère, tous deux ravagés par l’alcool. C’est à l’âge de 5 ans qu’il remplace au pied levé sa mère frappée par une extinction de voix, commençant par le chant sa brillante carrière de comédien et metteur en scène.

A hat, a cane, a very singular walk, emotional or funny jokes … Chaplin sweetened your entire childhood and so you feel like you know Charlie by heart. 42 years ago, the British actor left Corsier-sur-Vevey « City Lights », where he had settled in the fifties …

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Charlie?

Charlie Chaplin pendant le tournage du ÂŤDictateurÂť (1939-40).


CHARLIE CHAPLIN

Charlie Chaplin dans Le Dictateur

De 9 à 12 ans, et ce, grâce à son frère aîné Spencer, il est engagé comme pantomime dans une troupe de théâtre. Puis il rejoint en 1908 l’écurie de Fred Karno, célèbre imprésario de l’époque, qui lui offre l’opportunité d’une tournée en Amérique. Cette tournée marque le grand tournant de sa vie, puisqu’il est très vite embauché par les studios Keystone. Les portes du cinématographe s’ouvrent alors... CHARLOT LE VAGABOND

C’est donc dans l’ambiance survoltée des studios - les films sont mis en boîte en quelques heures à peine - que Charlie Chaplin fait ses débuts dans le muet. Très

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The Kid

vite, il crée le personnage de « Charlot le vagabond », qui le suivra des années durant, sa marque de fabrique incontestée. Dès 1914, mécontent du travail des réalisateurs hollywoodiens, il s’attaque luimême à la mise en scène de ses films. Dès lors, l’ascension est fulgurante, et en 1918, il signe un contrat d’un million de dollars avec la First National, pour la production et la propriété des huit films à venir. Du jamais vu sous le soleil de Californie ! Chaplin fait alors construire son propre studio, dans lequel il réalisera notamment l’immense succès qu’est « The Kid ». Puis, profitant du vent de révolte qui souffle sur Hollywood au sein des acteurs, il fonde - avec le concours

de célébrités comme Mary Pickford, DW Griffith et Douglas Fairbanks - la société de production United Artists. Farouche partisan du muet, Chaplin résiste longtemps à l’introduction de dialogues dans ses films. Dans « Les Lumières de la Ville », il intègre simplement quelques éléments sonores destinés à souligner la finesse et la force de l’art de la pantomime qu’il maîtrise à la perfection. Il se veut l’auteur d’un cinéma universel qui dépasse les barrières des langues et des cultures. Malgré les nombreuses critiques dont il fait l’objet et les rumeurs comme quoi ses amis et lui ne survivront pas au cinéma parlant, il entreprend une grande tournée en Europe


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CHARLIE CHAPLIN

Les Temps Modernes

pour présenter son film. Il est reçu avec tous les honneurs, et ne manque pas de s’émouvoir de la situation sociale alarmante de la vieille Europe, marquée par le chômage induits par la crise économique, lui qui a tant connu la misère. En 1936, au retour de son voyage, Chaplin signe son film le plus célèbre, « Les Temps Modernes ». Dans ce chef-d’oeuvre dernier muet de l’histoire du cinéma et

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dernière apparition du personnage de Charlot - il dénonce les travers de l’industrialisation à outrance, s’attirant de ce fait les foudres du pouvoir en place. CHARLIE LE ROUGE

En 1940, il jette un nouveau pavé dans la mare avec « Le Dictateur », dans lequel il ridiculise à l’envi Hitler et Musso-

lini, et dont l’ambassadeur d’Allemagne tente de faire interrompre le tournage. Mais Chaplin bénéficie du soutien du président Roosevelt, qui l’invitera même à la Maison Blanche pour une récitation du discours final, véritable morceau d’anthologie. Le film est interdit dans toute l’Europe - bien que l’on raconte qu’Hitler l’aurait visionné en projection privée - et ne sortira en France qu’en 1945.


Le Dictateur

Mais malgré son succès interplanétaire et son immense popularité, l’acteur réalisateur est depuis longtemps dans le collimateur de la justice américaine en raison de son engagement politique de gauche. En ces temps de « chasse aux sorcières », le moindre soupçon de libéralisme est aussitôt taxé d’anti-américanisme. Aussi, lorsqu’en 1952 la famille part pour Londres afin de promouvoir « Les

Jour de paye

feux de la Rampe », la commission anticommunisme du sénateur Mac Carthy s’empresse de supprimer le visa de Chaplin, lui interdisant ainsi tout retour sur le sol américain. Il choisit donc de s’installer en Suisse, tout d’abord à l’hôtel Beau Rivage de Lausanne, puis au Manoir de Ban, magnifique propriété des hauteurs de Vevey. Et c’est à Londres, en 1957, qu’il tourne « Un Roi à New york », critique

au vitriol de cette fameuse « chasse aux Sorcières ». CHARLIE ET SES DRÔLES DE DAMES

Il n’est pas que ses opinions politiques qui dérangent, et l’Amérique puritaine fait des gorges chaudes de sa vie sentimentale... Car le clown est aussi un homme qui aime les femmes, les très

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CHARLIE CHAPLIN

jeunes femmes, et ses quatre mariages ont un petit goût de scandale. A 29 ans, il épouse Mildred Harris qui n’en a que 17, puis à 35 ans Lita Grey, 16 ans, dont il aura deux fils, puis à 47 ans Paulette Godard, 25 ans (mariage secret pendant une croisière), et enfin Oona O’Neil, 18 ans, qui lui donnera huit enfants... il en a alors 54. On raconte que son aventure avec Lita Grey a inspiré à Nabokov son célèbre roman « Lolita ». En 1943, juste après avoir épousé Oona, il fait l’objet d’un retentissant

procès en reconnaissance de paternité, intenté par l’actrice Joan Barry, largement encouragée par le FBI. Et, bien que les tests sanguins prouvent qu’il n’est pas le père, il est condamné au versement d’une pension alimentaire ! Celui qui aimait à se dire « citoyen du monde » s’éteint le matin de Noël 1977, il est inhumé dans le cimetière de Corsier. En mars 1978, la tombe est violée, et le cercueil dérobé. Plusieurs demandes de rançon sont adressées à la famille. Le

corps est retrouvé quelques semaines plus tard dans un champ à Noville - un monument y a d’ailleurs été érigé - et les deux auteurs du rapt condamnés pour tentative d’extorsion de fonds. Outre le génie cinématographique, on retiendra l’homme de cœur, qui, suite à l’appel de l’Abbé Pierre, donnera deux millions de francs à Emmaüs en disant : “Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné... ”.

Prendre le thé avec un Chaplin plus vrai que nature dans son salon, croiser le Kid au coin d’une rue, ou faire un selfie avec Gandhi, ça vous tente ? Alors direction le manoir de Ban, sur les hauteurs de Corsier ! Chaplin y a vécu de 1952 à sa mort en 1977. Imaginez-le, face au Léman, cherchant l’inspiration pour ses derniers scénarii ou accueillant, en famille, des visiteurs aussi illustres que Marlon Brando ou Michael Jackson. Depuis 2016, ce domaine de 14 hectares a été transformé en musée sur deux sites distincts : le manoir, pour la partie « vie privée » et « le studio », consacré à ses films.

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Un concept unique dans son genre, loin du modèle classique « Art et décès » ! Immersion complète dans le « Chaplin’s world » ! Côtoyer une trentaine de personnages de cire, conçus et créés par Grévin : de Charlot/ Chaplin à Buster Keaton et Sophia Loren, en passant par Roberto Benigni, Fellini, Gandhi ou Churchill, une expérience ludique… La compagnie Chaplin, c’est « Ban » pour le moral… Et ce n’est pas du cinéma ! + d’infos : www.chaplinsworld.com Chaplin’s World By Grévin SA, Route de Fenil 2, 1804 Corsier-sur-Vevey, Suisse

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TRANSFORMÉ, IL Y A DONC UN VISAGE : C’EST LA THÉMATIQUE ANNUELLE AU MENU DE L’ALIMENTARIUM À VEVEY. Par Mélanie Marullaz

humanum est Cuisiner est humain

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© Alimentarium Vevey

© DR

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n visage, mais aussi un cerveau, et surtout des mains. “Qu’il vienne d’une usine ou d’un atelier, derrière chacun de nos aliments, il y a une personne qui l’a réfléchi” m’explique, en guise d’avant-propos, Nicolas Godinot, conservateur du secteur Corps de l’Alimentarium. Un boulanger derrière le pain, un boucher-charcutier derrière une terrine de lapin, un vigneron derrière le vin… Pour faire écho à la Fête du même nom, cet été, au musée de l’alimentation, c’est

d’ailleurs le travail de la vigne qui est mis en lumière. Mais il ne la monopolise pas pour autant et sera suivi, dès l’automne, d’un focus sur la pêche. ENTRÉE

A l’Alimentarium, en fonction de son appétit, on grignote des infos ou on engloutit toute une philosophie avec boulimie. Vitrines ou

An otter cutting fillets from a trout, a lion browning its zebu rib or even a cow peppering dandelions … Never seen that before ? That’s for a very good reason ! Human is the only animal that cooks. There is then a face behind nearly everything we eat : this is the yearly topic on the menu at l’Alimentarium in Vevey.

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supports digitaux, jeux à découvrir en famille, tous les médias sont bons pour que personne ne reste sur sa faim. Moi, qui ne suis pas très musée, je me contente de picorer. En guise d’amuse-bouche, je plonge au cœur d’une nature fantasmée où se côtoient cochons, esturgeons, fruits et légumes, mise en scène de ces matières premières que l’homme élève, cultive, transforme, et qui sont la base de son alimentation. Et là, plus que son visage, ce sont donc ses mains qu’on devine, avec les outils qu’elles manipulent, spécifiques à la chasse ou la cueillette, la taille, le stockage ou la conservation. PLAT

Devant une mappemonde géante, je visualise ensuite la pérégrination des aliments à travers l’histoire et la géographie, depuis leur lieu d’origine jusqu’à celui de leur consommation, transportés, là

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encore, par des hommes - car rares sont les tubercules qui ont pris eux-mêmes l’initiative de traverser l’Atlantique à la nage -. Je réalise également que quelle que soit la période de l’année, de Tananarive à Sydney, il y a un endroit où vendanger - et donc boire, ce qui me donne des envies de voyager… Je reste aussi scotchée devant une vidéo illustrant la technique de fabrication de la pâte à mochi, mélange, comme seuls les Japonais en ont le secret, de tradition et de technologie, de postures de combat et de chorégraphie. Et je finis par m’attendrir devant la reconstitution d’une petite cuisine des années 50, son grille-pain vintage et sa table en formica. “Parce que le visage de l’alimentation, à cette époque, c’est la mère, rappelle Nicolas Godinot. Avec le développement du « métier » de femme au foyer, et d’une certaine reconnaissance sociale, avec une pièce qui lui est dédiée, des ustensiles et un matériel particulier.”

© William Gammuto

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Pour terminer, direction l’étage et l’empire des sens : c’est donc plutôt MON visage, nez, oreilles, yeux, qui sont mis à contribution. Je me glisse alors dans la peau d’un analyste sensoriel, décrypteur des notes salées, sucrées ou acides, puis dans celle d’un aromaticien. Aux commandes d’un étonnant orgue à arômes, croisement entre le pinocktail de Boris Vian et une machine de Jules Verne, il faut

© William Gammuto

© Alimentarium Vevey

L’ALIMENTARIUM

trouver la combinaison des différentes molécules qui constituent les parfums fraise ou basilic. Pas gagné… Il est finalement moins compliqué de se mettre à la place d’une personne alcoolisée. Lunettes simulant l’ébriété sur le nez, je ne fais quasiment aucune sortie de route sur le tout petit parcours… Mais faut-il vraiment s’en vanter ? Car s’il y a un visage derrière tout ce que nous mangeons, il y en a aussi un sous le képi qui m’attend au pied de son fourgon.

Sacré coup de fourchette 8 mètres de haut et 1,3 mètre de large. A quel appétit gargantuesque correspond donc cette énorme fourchette, plantée dans le lac en face de l’Alimentarium ? A celui de Vevey probablement, dont elle est devenue l’emblème. Conçue par le plasticien neuchâtelois Jean-Pierre Zaugg, elle ne devait rester là qu’un an après son installation, en 1995. N’obtenant pas l’aval cantonal pour un bail plus long, elle est donc partie se mettre au vert, dans le jardin d’une fabrique lucernoise de couverts - la fourchette est cohérente. C’est à l’occasion d’une exposition

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leur étant consacrée, en 2007, qu’elle a remis les pieds dans l’eau du Léman, pour y rester définitivement, enfin tolérée par les autorités. Depuis 2014, elle est enregistrée aux Guinness World Records en tant que plus grande fourchette au monde ; elle sert également de gimmick à « What the Fork ? », une série de vidéos consacrées à des produits artisanaux (pain, glace, poisson…), enregistrées par le chef Philippe Ligron pour l’Alimentarium. + d’infos : www.alimentarium.org/fr


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d’oiseau ?

Henri Nestlé

« Good Food, Good Life » used to be Henri Nestlé’s phylosophy. Everything started in 1866 with a milky flour box processed in an old mill in Vevey, instant mashed potatoes, make-up, spices or dog food. These items have found their place in our kitchen grocery closets. From a painstaking job to the worldwide agribusiness, once upon a time was Nestlé...

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O

uvert il y a à peine 3 ans, le Nest, musée consacré à Nestlé et installé dans la toute première fabrique de la marque, fermera définitivement en septembre prochain. Tantôt porté aux nues en matière d’innovation ou décrié pour un contenu parfois sommaire, les visiteurs n’ont pas fait le compte... La société batterait-elle de l’aile ? Avec 90 milliards CHF en 2017, difficile à croire. FLASH BEC...

Henri Nestlé fuit la répression quand il débarque à Vevey en 1843. Issu d’une tribu de 14 enfants, la mort de 7 d’entre eux a tatoué

son ADN. Il veut soigner la planète entière, surtout les enfants. Après quelque temps au poste de pharmacien, il achète un moulin et une distillerie, et joue à l’apprenti sorcier : huile, vinaigre, poudre de moutarde ou eau minérale, il fabrique des produits de première nécessité et prend tranquillement son envol, même la crise économique de 1857 n’y changera rien. Il crée sa petite entreprise qu’il baptise Nestlé, comme lui, - qui signifie « nid » en allemand - symbole de foyer et de protection. Et comme s’il donnait la becquée, en 1866, il commercialise une farine lactée pour bébé et lutte contre la malnutrition. Reconnue d’utilité publique en 1867 après avoir sauvé un enfant condamné, sa trouvaille fait bonne fortune, et lui donne des ailes.

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SAGA NESTLÉ

PREMIER ÂGE

Henri a 50 ans, il se construit seul et tape à toutes les portes, et inutile de faire de la pub, il y va au culot, le produit parle de lui-même. Il envoie des paquets à travers le monde et prend de l’envergure, et c’est avec plus de 500 000 boîtes de lait vendues chaque année dans 16 pays, jusqu’à New York ou Buenos Aires, qu’il prend sa retraite. Une performance remarquable pour l’époque. En 1873, il vend jusqu’à son nom pour la coquette somme d’un million de francs suisses, et pour l’homme convaincu qu’ « on doit reconnaître un produit au premier coup d’œil », impose qu’on garde

l’image jusqu’au logo, impossible de faire autrement. Ses trois successeurs acquiescent, Farine Lactée Henri Nestlé poursuit son chemin, tout le monde est ravi et pour cause. Les affaires vont bon train, le fondateur a laissé une société prospère en pleine expansion, les petits nouveaux planent, mais prennent vite du plomb dans l’aile... LAIT DE CROISSANCE

En 1878, la société Anglo Swiss, spécialisée dans le lait concentré, entre en concurrence et les oblige à serrer la vis. Ils rebondissent illico et exigent l’exclusivité chez tous leurs revendeurs. Et s’ils barrent la route à l’imposture, ils s’empressent de marcher sur les plates-bandes des autres, c’est le monde à l’envers ! Leur célèbre lait

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concentré à l’emballage blanc et lettres bleu marine arrive sur le marché et vient tacler Anglo Swiss qui tente de se défendre, mais Nestlé, malin, voit déjà bien plus loin. Migration loin des douanes suisses qui les déplument, ils installent des fabriques en Norvège, en Grande Bretagne ou encore en Espagne et dévorent un peu plus, mais c’est trop. S’ils ont la main mise sur l’alimentation infantile, ils tournent en rond. En 1904, ils rajoutent une branche où poser leur nid et deviennent actionnaires de la Société Générale suisse des chocolats Peter et Kholer, puis Cailler en 1929, avant de pactiser avec Anglo Swiss Condensed Milk Company dont la puissance est un tremplin considérable. Les usines poussent comme des champignons, la concurrence avec, mais Nestlé ne baisse pas la garde et s’implante partout. En 1920, avec 80 fabriques et plus de 300 points de vente dans le monde, la multinationale joue la sensiblerie et colle des affiches de bébés joufflus en pleine santé pour seule réclame, et ça marche : elle rafle tout sur son passage. VOL PLANÉ

Au fil des années, à chaque obstacle sur sa route, Nestlé va rebondir, se relever des crises d’après-guerre et des crashs financiers, acheter des sociétés, prospérer et revendre à gogo. En mixant nutrition, gourmandise, vitalité et plaisirs variés, le groupe joue la carte de la diversité. Thé, cafés et soupes lyophilisées, petits pots pour bébé... haricots surgelés, glaces, aromates ou poudre cacaotée, magie magie, on trouve même des cosmétiques, c’est mieux qu’à l’épicerie ! Avec sa philosophie du bien manger bien vivre toujours dans le panier, l’enseigne surfe sur le marché de l’agroalimentaire mondial avec une aisance effrontée et le verbe aiguisé : « Nestlé, c’est fort en chocolat », « c’est bon la vie », « Chambourcy, Oh oui ! », on nous chante la ballade des slogans, et on tombe à pieds joints dedans, évidemment. Et si aujourd’hui, Nest s’apprête à fermer, pas de panique, Nespresso prend le relais : Nestlé implante son siège ici, en lieu et place du musée veveysan, force est de constater que le bébé d’Henri, n’est pas prêt de quitter le nid !


© Karl Bickel / Cailler

SAGA CAILLER

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François-Louis Cailler

Charles-Amédée Kohler

Daniel Peter

De l’or en Q barres

AAAHH... N’EST-IL PAS PLUS HISTOIRE D’AMOUR QUE CELLE DES SUISSES ET DU CHOCOLAT ? L’ONCTUOSITÉ DU CACAO EN BOUCHE, SUCRÉ PAR PETITES TOUCHES. PRENEZ VOS TABLETTES ET SUIVEZ LE GUIDE, À GRANDS COUPS DE GOURMANDISE, ON DÉSHABILLE LES DESSOUS D’UNE SAGA À CROQUER. CAILLER, LA PLUS VIEILLE ENSEIGNE ENCORE STAR DU GOÛTER, NOUS EMMÈNE À VEVEY, LÀ OÙ TOUT A COMMENCÉ.. Par Magali Buy

uand François-Louis Cailler le commercialise dans son épicerie veveysanne en 1819, le chocolat reste encore réservé aux privilégiés. Les Suisses en sont friands, certains le considèrent comme un allié santé, d’autres comme l’instant gourmet, et pour le jeune homme qui rêve d’une

Is there a meltier love story than the one linking the Swiss people with their chocolate ? When François Louis Cailler first marketed this item in his grocery store in Vevey, back in 1819, chocolate was still a product that only a priviledged few could afford. 200 years later, here is the story of the oldest chocolate brand, still a tea time star…

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SAGA CAILLER

BUSINESS IS BUSINESS !

François-Louis tient le bon filon et il le sait. Mais pour les affaires, c’est autre chose. Il va s’associer maintes fois, apprendre sur le tas et jouer avec le feu, à la guerre comme à la guerre, il finit par piloter seul. Mais quand la météo s’en mêle, plus question de zèle. En 1826, La Monneresse - canal dérivé du Rhône qui fait tourner les machines - gèle : c’est la faillite ! Interdit de poursuivre son activité pendant 2 ans, c’est son épouse Louise Albertine qui sauve les meubles, le temps de reprendre du service, en 1828. En 1852, à sa mort, pas le temps de s’apitoyer, la deuxième

Ouvrières dans l’atelier de pliage, vers 1910

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génération prend vite le relais, et si, pour l’historienne Lisane Lavanchy, “la persévérance, la solidarité familiale et le sens du marketing hors pair des Cailler leur ont permis de sortir du lot ”, c’est surtout l’arrivée d’Alexandre-Louis qui change la donne en 1888. Le petit-fils, qui vient de passer deux ans à Turin dans une chocolaterie, compte bien mettre sa patte. Il rebondit sur la situation prospère et chamboule tout, s’attaque au marché du chocolat au lait inventé quelques années plutôt par Daniel Peter, son oncle... En famille, ça grince. BRIC À BROC

Mais Alexandre-Louis est fougueux et dur de la cabosse. Il n’est pas le père du chocolat au lait et alors ? Il veut dévorer le monde et faire tourner les têtes, qu’importe ! Avec Jules Bellet, son beaufrère, il se met en quête d’un site adapté à ses rêves de grandeur :

Usine Cailler, Vevey, avant 1898

© Nestlé Historical Archives, Vevey

production massive, c’est une aubaine. Un peu d’huile dans les rouages d’un vieux moulin à Corsier, il se jette à l’eau, crée les premières machines dédiées à la fabrication du chocolat et lance sa première fournée !


© Cailler

du lait à gogo, de l’eau pour l’énergie et de la main d’œuvre. Coup de cœur pour la Gruyère et sa ville de Broc, en 1898, Cailler quitte Vevey et devient propriétaire pour la première fois. Y’a plus qu’à ! Déferlante de douceurs, le chocolatier donne le ton et sort sa version. Du lait concentré exclusivement issu des vaches gruériennes pour un max d’onctuosité, une pincée de sucre suisse et beaucoup d’audace : les papilles exultent et pas seulement celles du coin. MÉLI MÉLO...

Fort de son succès et prospérité en tête, en 1911, il s’associe à son oncle Peter et au chocolatier Kholer. Et si les affaires vont bon train, l’arrivée de la première guerre mondiale va serrer la vis. Il faut garder les emplois, survivre aux tensions économiques et sociales, sans rester sur le carreau. Frigor, pralinés ou Femina, l’excellence des plaisirs chocolatés n’a plus rien à prouver, mais à la mort de Noël Cailler - 4e génération - à 34 ans en 1928, l’idée de vendre au groupe Nestlé est mise sur le tapis, actée en 1929, c’est sûrement ce qui les sauve.

CARAMEL, BONBONS ET BLABLABLA

Cailler dessert, Ambassador, rayon ou chocmel, les gourmandises défilent haute couture et s’encanaillent avec le temps. Pop corn, noisette, caramel salé, bricelets, même les historiques barres, branches et tablettes se perdent dans des saveurs cocasses. Et quand le 13 février 2006, la marque subit un méchant relooking, Broc est en état de choc. Si le goût ne change pas, le packaging prend un sacré coup de neuf, le consommateur, nostalgique d’hier, un coup sur la tête. Echec total, l’emballage plastique clinquant est jugé trop polluant et trop cher, oust ! Depuis, tout le monde a retrouvé ses esprits, les confiseries leurs pochettes papier d’époque. En 2010, la Maison Cailler - musée entièrement consacré à la saga familiale et au chocolat - a été inaugurée et compte aujourd’hui plus de 400 000 visiteurs par an. 2019 fête goûlument les 200 ans de cette saga gourmande, tout compte fait, y’à pas de quoi se cailler le lait. *Les chocolats Cailler fêtent leurs 200 ans -24heures.ch + d’infos : www.cailler.ch

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VEVEY EN CLICHÉS

UN HOMME NE SE DÉCOUVRE QUE DANS L’ADVERSITÉ. UNE VILLE AUSSI. C’EST CLICHÉ ? ÇA TOMBE BIEN, CAR C’EST AU SORTIR D’UNE CRISE QUE VEVEY S’EST REDÉCOUVERTE : PASSÉE AU RÉVÉLATEUR DE LA DÉSINDUSTRIALISATION, ELLE S’EST RECADRÉE, POUR DEVENIR VILLE D’IMAGES ET VOIR LA VIE

sur images EN HAUTE DÉFINITION. Par Mélanie Marullaz

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aillites, fermeture d’usines - dont les Ateliers de Construction Mécanique (ACMV) et leurs technologies de pointe, qui avaient employé jusqu’à 1200 personnes -, manufactures transformées en friches, chômage à 13% chiffre record pour la Suisse -… Au début des années 90, Vevey, fleuron industriel du Canton de Vaud jusqu’au milieu du XXe siècle, a mal à son économie. La « perle de la Riviera » décide alors de tourner le dos à ce passé en négatif pour élargir ses perspectives et se réinventer en ville d’images. Ce n’est pas une simple lubie, car le film existe déjà, il demande simplement à être développé : avec le boom des industries du

At the beginning of the 90’s, the economy of Vevey is in pain. The «pearl of the Swiss Riviera» then chooses to turn away from its grim past and look ahead, re-inventing itself as a «City of Images». At that very same time, street-art is booming, art pieces get out of museums. Stefano Stoll, Head of Culture, therefore decides to turn the town into an open-air picture-gallery.

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Š Grabriel Monnet

Rodney Graham, Sunday Sun, 1937


chocolat et des cigarettes au XIXe siècle, leur production de boîtes en carton et d’affiches publicitaires, l’industrie graphique locale a pris de l’ampleur. La commune héberge également l’une des plus anciennes écoles européennes de photographie, créée en 1945, ainsi que le musée suisse de l’appareil photographique. Cette nouvelle identité n’est donc pas usurpée, elle devient label. HAUTES RÉSOLUTIONS

Quelques années plus tard, Stefano Stoll, alors Chef de la culture, propose aux autorités de prendre ce label au pied de la lettre, de lui donner un corps, une forme événementielle. Son idée ? A une époque où le street art est en plein boom, où les œuvres sortent des musées, qu’on peut les toucher, interagir avec elle, il entend transformer, tous les deux ans, le centre-ville en galerie photos à ciel ouvert. La tranquille bourgade vaudoise serait pile dans l’air du temps.

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© Mathilda Olmi

Cyril Porchet, Reina

© Julien Gremaud

VEVEY EN CLICHÉS

Philippe Durand, Feu (au lac)

Ainsi naît donc, en 2008, le Festival Images Vevey : “la ville devient alors un grand terrain de jeux, résume Stefano Stoll, pour une sorte de chasse au trésors, un parcours à la fois pour les familles ou pour les spécialistes, à l’occasion duquel on peut découvrir des installations d’art surprenantes, en prendre plein la rue et plein la vue !” Martin Parr ou Cindy Shermann sur la façade de la Banque Cantonale Vaudoise ; John Baldessari sur celle de l’ancienne prison ; une expo sur les toits visible grâce à l’œil d’un drone ; une autre sous l’eau du Léman - oui, SOUS l’eau ! - qu’on visite avec masque et tuba ou qu’on devine depuis son paddle… FOCALE DOUBLÉE

Images Vevey a fait de ces défis techniques sa marque de fabrique. “C’est un de nos facteurs de succès”, explique Stefano Stoll, devenu directeur d’Images Vevey. “Au démarrage du festival, par exemple,


Š Julien Gremaud

Jun Ahn, Self-portrait


© Mathilda Olmi

VEVEY EN CLICHÉS

Daido Moriyama, A tale of II Cities 4, Paris, 1989

nous nous sommes installés dans un ancien centre commercial abandonné, un ensemble de 5 étages de 1000m2, avec des installations de JR, Roman Signer ou Christian Marclay. Dans ce genre d’espace, on peut se laisser aller à délirer, voir grand. Nous nous sommes donc spécialisés dans le monumental.” Et dans la surprise. En 2018, les Veveysans eux-mêmes ont découvert les mille recoins de l’Ancienne Droguerie, un bâtiment en plein centre-ville à côté duquel ils passaient pourtant tous les jours sans en soupçonner les secrets. BALANCE DES PLANS

Une biennale d’arts visuels, voilà donc pour les années paires. Les années impaires, à l’occasion d’un concours de photographie, Images Vevey octroie à un artiste une bourse de CHF 40 000

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et une année, pour lui permettre de réaliser un nouveau projet photographique et le présenter à la biennale suivante. Entre les deux… Certaines installations restent en place, comme l’immense photo de Rodney Graham, toujours visible sur une aile du palace des Trois Couronnes, mais elles sont minoritaires. Pour pérenniser la visibilité du label Ville d’Images, plusieurs options sont donc à l’étude : développement d’une plateforme digitale, parcours interactif guidé sur la piste des histoires et lieux emblématiques… Mais à plus court terme, en septembre prochain, sortira en librairies un « dictionnaire d’expériences visuelles », livre d’images classant de A à Z tous les artistes passés par la biennale, et en 2020, c’est un espace permanent d’exposition qui devrait ouvrir en gare de Vevey. On garde un œil dessus… + d’infos : www.images.ch - Prochaine édition du 5 au 27 septembre 2020


Crédit photo ©Thomas Bekker EURL pour booa


MONIQUE JACOT

RÉFLEX empathique

Monique Jacot

C’EST L’UNE DES PREMIÈRES FEMMES PHOTOJOURNALISTES. LA SUISSESSE MONIQUE JACOT A COMMENCÉ À DÉGAINER SON ROLLEIFLEX DANS LES ANNÉES 50. APPARTENANT À UNE GÉNÉRATION QUI A LUTTÉ POUR SES DROITS, SON INDÉPENDANCE, ELLE EN A CAPTURÉ LA RÉVOLTE, LES COMBATS ET LE QUOTIDIEN AVEC SON ŒIL PERÇANT. AVEC SES TRIPES AUSSI. Par Mélanie Marullaz

P

etit-déjeuner dans son ancienne maison vigneronne, en plein cœur des vignobles de Lavaux, “dans laquelle tellement de photographes sont passés”. Sur la table, une salade de fruits, des viennoiseries, un café qu’elle espère « possible ». Par la fenêtre, une vue incroyable sur les vignes, le lac Léman, les sommets du Chablais suisse. Aux murs, une collection de clichés en noir et blanc, des signatures prestigieuses, d’autres moins connues, des dons, des échanges et une seule photo prise par elle, tirée du tout premier film qu’elle a développé en 1953 : un groupe de jeunes garçons masqués dans un univers de fête foraine, à laquelle, aujourd’hui encore, elle ne changerait rien. “Le moment important se fait à la prise de vue ; on ne recadre jamais une de mes photos. Il faut photographier beaucoup, c’est un état de recherche* ”.

She is one of the first female photojournalist. Swiss-born photographer Monique Jacot began to draw her Rolleiflex in the 50’s. She belongs to a generation that struggled for their rights and independence. Her piercing eye has then captured the popular uprising, fights and daily life of that period.

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Cour, Lausanne, 1953

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MONIQUE JACOT

Mues de serpents

DÉCLIC MUTIQUE

Sa mère la rêve dactylo quand elle intègre l’Ecole des Arts et Métiers de Vevey. Dès le départ, elle est attirée par le reportage. “Je n’ai pas commencé avec une grande culture photographique ou des influences particulières ; à l’école, je détestais être en studio, il a tout de suite fallu que je sois dans la rue, mais je ramenais toujours des choses intéressantes. Et si les natures mortes m’ont cassé les pieds, j’y ai quand même appris la lumière.” Monique Jacot pèse ses mots, elle parle peu. Elle n’a d’ailleurs jamais beaucoup parlé, ce qui lui a valu, à ses débuts, de se voir confier un travail sur la pantomime, son premier ouvrage. “J’ai toujours eu un problème d’ajustement de phrases, je suis plus à l’aise dans l’image, je vois tout, j’anticipe ce qui va se passer. Si j’ai un don, c’est celui-là.” Agoraphobe, c’est pourtant au milieu d’une foule franquiste, à l’occasion des funérailles du dictateur espagnol,

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Plumes

qu’elle réalise, en observant les comportements, qu’elle sait exactement où se placer. Aux quatre coins du monde, elle s’efface donc pour montrer la réalité, pose sur les gens son regard marron-vert incroyablement clair et emphatique. VISÉE ENGAGÉE

De petits journaux locaux en rédactions alémaniques comme Annabelle ou die Woche, à la fin des années 60, Monique Jacot collabore à l’international, avec l’OMS et de grands magazines féminins. “J’étais toujours muette, mais j’avais de grands yeux”, pour observer tout ce qui l’entourait, notamment en conférence de rédaction, les femmes comme Hélène Lazareff ou Françoise Giroud et leurs idées progressistes. “Nous appartenions à une génération qui a dû se battre, je me suis achetée une maison alors que je n’avais pas un


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MONIQUE JACOT

Un ensemble de transferts Polaroid de Monique Jacot est visible au Musée suisse de l’appareil photographique, à Vevey. C’est de cette manière que la photographe a souhaité contribuer au travail de mémoire des gestes et techniques photographiques.

rond, j’ai été discriminée parce que j’étais divorcée… J’ai eu beaucoup de chance d’intégrer l’équipe de « Elle ». Du coup, ça n’a pas été trop difficile de travailler en tant que femme, dans un monde qui pensait comme moi.” Un monde en pleine transition, dans lequel les femmes revendiquent l’égalité. De 1991 à 1993, elle suit d’ailleurs de très près, les mouvements helvétiques d’émancipation, dont elle fera un livre, « Printemps de Femmes ». QUELQUES MILLIMÈTRES DE POÉSIE

Et puis, parce qu’elle n’aime pas “chanter toujours la même chanson”, et qu’elle a besoin de s’étonner elle-même, Monique Jacot délaisse progressivement les commandes pour des œuvres plus personnelles, des formes plus artistiques de photographie, à la fois dans le sujet et dans les techniques : transferts, photogrammes, héliogrammes… Un univers poétique sans précision géographique, sans dimension politique, dans lequel les éléments organiques, nuages, plumes ou mues de serpents, remplacent les humains.

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Dernièrement, elle a quand même vendu un reportage fait avec son Leika, sur la construction du téléphérique de Grimentz-Zinal, dans le Valais. Des années qu’elle n’avait pas été confrontée à une rédaction, “le staff n’avait jamais vu un tirage papier…”. Mais à 84 ans - il faut pourtant qu’elle le dise pour qu’on le croit - , elle n’a aucune envie de passer au numérique avec lequel “les photographes passent leur temps à regarder ce qu’ils viennent de photographier et loupent ce qui se passe après ! Ils ont de l’empathie pour leur écran, plus pour le sujet, ils ne regardent plus les gens dans les yeux”. Elle n’a toujours pas envie, non plus, de fermer définitivement son obturateur et enchaîne les projets. Début octobre, la Bibliothèque cantonale vaudoise publiera un livre unique sur les sept voyages qu’elle a faits au Yémen depuis 1973, et en juin 2020, elle exposera ses œuvres et recherches sur papier au Musée Jenisch à Vevey. “Tout ça, ça donne encore de quoi rêver…”. *in Monique Jacot - Les Docs - Photosuisse - RTS Janvier 2005. + d’infos : www.cameramuseum.ch


Issues

du

monde

de

la

décoration intérieure et de l’agencement de cuisine, Audrey et Célia vous proposent une approche nouvelle, joyeuse et un peu « folle » pour vos projets d’aménagement : cuisines, salles de bains, bibliothèques, meubles TV, placards… Au-delà de leurs compétences techniques, elles vous assurent un accompagnement personnalisé. Et parce qu’elles aiment partager des moments de convivialité avec leurs clients, chaque nouveau projet est l’occasion de faire connaissance avec vous, votre mode de vie et vos besoins. Au-delà du lien commercial, vous trouverez chez Folies d’intérieur une véritable écoute, un esprit humain et enthousiaste, un lieu où on se sent bien.

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VILLA LE LAC LE CORBUSIER

Minimale, mais elle fait le

maximum UNE ESCAPADE MUSÉALE EN FAMILLE PEUT FACILEMENT VIRER AU CAUCHEMAR. ICI, ELLE N’EN AURA PAS LE TEMPS ! LA VILLA « LE LAC » LE CORBUSIER, EN SEULEMENT 64 M2 DE SURFACE, CONDENSE UNE GRANDE PARTIE DES PRINCIPES DE L’ARCHITECTE VISIONNAIRE SUISSE. DE QUOI CONTENTER, EN UN CLIN D’ŒIL, AUSSI BIEN LES AMATEURS D’ART LES © villalelac.ch

PLUS AVERTIS QUE LES ADOS LES PLUS RÉCALCITRANTS. Par Sophie Barenne - Photos : Luca Delachaux et Julien Schlaepfer issues de l’ouvrage « Une petite maison de nuit »


L

’œuvre radicale de l’architecte né à La-Chaux-de-Fonds en 1887 ne laisse jamais indifférente. On adhère, ou pas. Mais ici, point de débauche de béton « brut de décoffrage », comme à la Cité Radieuse à Marseille et Rezé, ou à l’Unité d’habitation de Berlin. Au contraire, dans le village de Corseaux, près de Vevey, La Villa « Le Lac » Le Corbusier exhale un charme discret. Ce petit bijou architectural aux lignes épurées et à la beauté fragile fut construit en 1923 sur les berges du Léman encore vierges d’habitations, pour les parents de l’architecte. Long de 16

mètres et large de 4 mètres, il trône aujourd’hui au milieu d’une Riviera vaudoise à l’élégance presque ostentatoire. RADIEUSE POUR LES UNS, OFFENSANTE POUR LES AUTRES

En dépit de son profil modeste (en comparaison des projets réalisés par la suite), la construction heurte certains de ses contemporains, en particulier les milieux conservateurs, critiques

A familly getaway to the museum can easily turn into a nightmare. This will not happen here ! La Villa « Le Lac » Le Corbusier, with only 64 square meters (209 ft), is a compacted outline of the famous swiss architect’s work. Rich enough to meet with most of initiated art amateurs’ and stubborn teenagers’ expectations.

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VILLA LE LAC LE CORBUSIER

à l’égard de l’avant-garde. La qualifiant de « crime de lèse-nature », avec ses matériaux, son dépouillement absolu et sa forme insolite pour l’époque, le conseil municipal d’une commune voisine en interdit même son imitation. Si elle se fond aujourd’hui harmonieusement dans le paysage de la côte et ne fait plus une vague (surtout comparée au siège de Nestlé implanté à deux pas) son apparence extérieure a dynamité à l’époque les codes esthétiques et l’habitat relativement homogène prédominé en particulier par les maisons familiales à deux pans. L’ARCHÉTYPE DE LA MAISON MINIMALE

Malgré ses détracteurs, la « machine à habiter » (comme le décrit Le Corbusier) fera un grand nombre d’émules un peu partout dans le monde. Véritable manifeste architectural, elle porte en germe toute la vision de Le Corbusier, en particulier sa réflexion sur la rationalisation de l’espace, la question de l’habitat minimum et de l’habitat en série pour le plus grand nombre… Des arguments qui feront débat et diviseront les experts tout au long du XXe siècle. Outre ses lignes géométriques pures opposées à l’esprit ornemental en vigueur à l’époque, la petite maison répond à trois des « Cinq Points de l’Architecture moderne », une série de principes d’architecture publié en 1927 : le toit-jardin qui se substitue aux combles traditionnels, le plan libre, qui permet à l’architecte, grâce au béton armé, de s’émanciper des murs portants et déployer une dynamique spatiale originale et enfin, la fenêtre en bandeau qui court tout au long de la façade et inonde l’intérieur de lumière. METTRE EN SCÈNE LE PAYSAGE

Compte tenu de la dimension des lieux, on pourrait difficilement rater le jardin qui, à lui seul, vaut aussi le détour. C’est un petit écrin de nature, extrêmement travaillé (une espèce au moins fleurit tous les mois) qui jouxte la villa. Cloîtré, il parvient à sublimer le décor grâce notamment à sa fenêtre qui fait écho à celle de la villa. Un détail qui n’est pas anodin, car cette ouverture impose habilement le cadrage du paysage et de la vue sur le lac. Depuis 2016, La Villa « Le Lac » est inscrite, avec 16 autres bâtiments de Le Corbusier répartis dans 7 pays, sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le lieu, aussi ingénieux que fonctionnel fourmille de petites trouvailles très inspirantes et d’anecdotes qui

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VILLA LE LAC LE CORBUSIER


rendent la visite amusante : la grille pour le chien au fond du jardin, la chambre d’amis et salle d’eau modulables, les lits gigognes…

vous rabattre sur un programme encore plus ludique au bord de l’eau. Les environs de Corseaux ne manquent pas de paradis naturels et de plages isolées pour se baigner.

POURSUIVRE

+ d’infos : www.villalelac.ch Ouvert les vendredi, samedi & dimanche de 11h à 17h jusqu’au 27 octobre et accessible 24h/24 et 365 jours par an sur rendez-vous pour les groupes dès 12 personnes.

Quand on visite en famille, il faut être capable de se délecter des petites choses dont l’intérêt est souvent inversement proportionnel à la taille. Si vous y êtes parvenus, avec cette maison-musée, vous pourrez poursuivre ce tour d’horizon de l’architecture moderne avec la visite de L’Atelier De Grandi qui se trouve également à Corseaux. Icône elle aussi de l’architecture rationnelle, cette villa fut réalisée en 1939 par l’architecte italien Alberto Sartoris. Si à l’inverse, la visite n’a pas convaincu, vous pourrez toujours

Une Petite Maison de Nuit est une mise en lumière de la villa « Le Lac » Le Corbusier réalisée par Daniel Schlaepfer à l’occasion de la 16e Nuit des Musées de la Riviera Vaudoise (Suisse) le 30 mai 2015, Année internationale de la lumière et cinquantenaire de la disparition de Le Corbusier. A l’occasion de cette animation, un ouvrage trilingue qui relate l’événement a été publié : Une Petite Maison de Nuit, Editions Call Me Edouard

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s e tt e h c r Fou

RIVIERA GOURMANDE

MARCHER D’ACCORD, ROULER POURQUOI PAS, GLISSER, FLOTTER, VOLER… ON N’EST PRÊT À N’IMPORTE QUOI, POURVU

QU’À LA CLÉ, IL Y AIT UN PETIT QUELQUE CHOSE À BOIRE OU À MANGER… ALLEZ, BANDE DE VENTRES À PATTES, VENEZ ! ON

& buvettes

VOUS EMMÈNE VOUS PROMENER ! Par Angeline Bongrand

GOÛTE MA SUISSE

Un parcours de dégustations dont vous êtes le héros - enfin, l’acteur, c’est déjà ça - en vous mettant dans les pas d’un autochtone, plutôt connaisseur a priori, c’est ce que propose le projet Taste my Swiss City. A Vevey, vous découvrirez donc les bons plans culinaires de Julien, qui vous mèneront de la fromagerie de la Grenette, en plein cœur de la vieille ville ; au café des Trois Sifflets, véritable institution locale ; en passant par le chocolatier Läderbach ou les snacks végé et locaux de l’adresse ultra design « Bravo » ! Côté pratique, c’est simplissime : un coupon à acheter et à télécharger sur le site internet, qu’on présente à chaque étape du parcours. Attention, les gourmands vont se lâcher ! + d’infos : www.montreuxriviera.com/fr/Z9702/activites

LAVAUX SOUS TOUTES LES COUTURES : EN TRAIN…

La Suisse aime les trains, les longs, les courts, les luxueux, les historiques. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un petit train, voire plusieurs, permettent de se promener en Lavaux. Au départ de Vevey, c’est d’abord une ligne régionale qui vous conduit toutes les heures jusqu’à Chexbres, à travers les vignes en terrasse, patrimoine mondial de l’Unesco. A peine arrivé, embarquement à bord du « Lavaux Panoramic ». Ce train touristique sur pneumatiques vous promène sur les chemins étroits - et très pentus, il est donc bienvenu - parcourant le vignoble. Le « Lavaux Express », quant à lui, vous balade entre Lutry et Cully. Mais finalement, peu importe le sens dans lequel on le prend, sur le parcours, les vignerons proposent aux visiteurs, d’où qu’ils viennent, des dégustations dans leurs caves. Et c’est quand même ça le plus important. + d’infos : www.lavauxexpress.ch / www.lavaux-panoramic.ch

From insiders hot tips in Vevey to wine-tasting on the hills of Lavaux, from the chocolate made in Broc to the Gruyère cheese, by foot, by boat, by old-fashioned or brand new train, no matter how, when you are hungry, you are hungry ! Food is ready !

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… A PIED…

Pour s’imprégner de l’âme du lieu, en mémoriser les parfums et les incroyables panoramas, rien de tel que la marche. A partir de la gare de Chexbres-Village et en direction de Cully, un sentier didactique balisé raconte donc toute l’histoire de Lavaux et de ses cépages. Pique-nique et sac à dos, c’est une très belle rando avec haltes dégustations dans les villages, à la rencontre des vignerons, dans les caveaux. Mais… on peut aussi décider de se faire accompagner, voire conduire. Au départ de Vevey, prise en main totale, trajets, guide, dégustations et casse-croûte compris pour une exploration de 5h au sein du site classé patrimoine de l’UNESCO. De quoi profiter, sans tracas, de toutes les nuances de Chasselas. + d’infos : www.swissrivierawinetours.com

… OU EN BATEAU

Parce que de loin aussi, c’est beau ! Pour une vision d’ensemble de Lavaux, au fil de l’eau, on peut donc opter pour une petite croisière, cheveux au vent et légers embruns, un verre de vin à la main. + d’infos : www.cgn.ch/fr/lavaux-tour-wine.html

MONDE DE CHOC

C’est sur la Riviera que tout a commencé (voir p. 62), en toute logique, c’est donc de la Riviera que part le train - encore un ! - en direction de la Maison Cailler à Broc. Pour le voyage, version Orient-Express à bord des wagons de luxe « Belle Epoque », ou version « plein les yeux » dans les voitures modernes du « Panoramic » - le 1er train au monde entièrement équipés de fenêtres panoramiques - , mais toujours dans la même direction : objectif Gruyère ! Et tant qu’à y être, avant de vivre votre remake de Charlie et la Chocolaterie, pourquoi ne pas en profiter pour vous familiariser avec le régional de l’étape, le célèbre voisin à pâte dure et meule ronde, le Gruyère, évidemment, qui dans sa version suisse, n’a pas de trou. Et ça fait toute la différence. Départ de Montreux tous les jours en juillet et en août. + d’infos : www.goldenpass.ch

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LE MIRADOR

PERCHÉS SUR LA TERRASSE DU MIRADOR À CHARDONNE, AU-DESSUS DE VEVEY, VOS YEUX NE SERONT PEUT-ÊTRE PAS ASSEZ GRANDS POUR ENGLOBER L’INTÉGRALITÉ DU LÉMAN - J’AI BIEN DIT L’IN-TÉ-GRA-LI-TÉ, DE LA VALLÉE DU RHÔNE À GENÈVE - , MAIS SERONT-ILS PLUS GROS QUE VOTRE VENTRE ? Par Mélanie Marullaz

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ifficile de s’en détacher. Bien sûr, ce n’est pas le premier lac que vous admirez ; et même celui-là, vous l’avez déjà observé sous toutes ces bordures. Mais à quelque 400 mètres au-dessus du niveau de cette mer intérieure, les limites n’en sont plus vraiment, les frontières s’effacent, les montagnes se rapprochent, le ciel paraît à portée de main… Bref, vous ne l’avez jamais vu comme ça. C’est d’ailleurs pour lui que le Chef Philippe Bossert est venu, en 2017, sur la Riviera. Après avoir organisé les 14 restaurants d’un Marriott au Caire, il recherchait un peu de finesse : “tous les matins, je prends mon café en le regardant. La nature, le changement de climat, et même la brume, comme il y a deux jours, tout ça m’inspire.”

From the terrace of the restaurant Le Mirador in Chardonne, situated right above Vevey, your eyes might not be wide enough to get the entire view over Lake Geneva, from the city of the same name to the Rhone Valley… but will they be bigger than your stomach ?

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Par-delĂ

les nuages

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LE MIRADOR

Philippe Bossert

CUISINE TOUT TERRAIN

Mais avant les Alpes ou les Pyramides, cet Alsacien d’origine en a vu du pays… Fils de chef et maître d’hôtel, c’est au cours d’un stage chez Marc Haerbelin, à l’auberge de l’Ill (Illhaeusern - 68) que sa vocation se confirme. Il n’a encore que 15 ans, mais sait déjà le goût des bonnes choses, habitué qu’il est à l’authenticité des tomates ou asperges du jardin familial. Pour autant, la terre alsacienne ne lui colle pas aux basques, et assez rapidement, il s’envole vers d’autres saveurs. Après une dizaine d’années en France, dont un petit séjour dans les cuisines du Ministère de la Défense du temps de Pierre Joxe, il s’aventure toujours plus loin, pour s’ouvrir à d’autres cultures : Allemagne, Portugal, Russie, Djibouti… “Au Quatar, je travaillais avec des personnes de 55 nationalités différentes, ça donne une autre vision de la cuisine, détachée du terroir français, donc adaptable.” MAIS CUISINE D’UN TERRITOIRE

Partout, il cherche à tirer le meilleur des produits régionaux, pour une cuisine qui, si elle ne renie pas ses racines, ses sauces ou ses jus à la française, respecte l’identité des latitudes sous lesquelles elle

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est préparée. Il se souvient d’ailleurs avec émotion des papayes et mangues éthiopiennes, qu’il travaillait à Djibouti, ou du goût incomparable de la banane de Madère. En arrivant à Chardonne, c’est la délicatesse des poissons d’eau douce qu’il découvre, évidemment, mais aussi les viandes suisses, comme le porc de Lucerne, élevé à la levure de bière, dont il marie la poitrine avec du chorizo et un guacamole de mangue ; ou le Cou Nu à Pattes Noires de la Gruyère, volaille pour laquelle il a cherché un cousin helvétique du Vin Jaune jurassien, déniché dans le Valais. Pour apporter une touche micro-locale, pendant les quatre mois d’été, il cultive herbes aromatiques et fleurs (bourrache, capucine…) dans le jardin de l’établissement, mais les utilise avec parcimonie, ne perdant jamais de vue que le mieux reste l’ennemi du bien : “ma cuisine est assez simple, je n’aime pas qu’il y ait trop de produits dans l’assiette, ça les dénature, alors que je veux qu’on les sente vraiment, je ne suis pas quelqu’un qui change les goûts. Pour moi, la bonne cuisine, c’est 60% de bons produits, et 40% de savoir-faire.” + d’infos : www.mirador.ch Restaurant Le Mirador, Chemin de l’Hôtel Mirador 5 1801 Mont-Pelerin - +41 21 925 11 11


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DENIS MARTIN

SON ÉTABLISSEMENT À VEVEY, FAIT PARTIE DU CERCLE CONFIDENTIEL ET RESTREINT DES MEILLEURES TABLES DU MONDE, ET POURTANT DENIS MARTIN RESTE SIMPLE ET ACCESSIBLE. CE CHEF PASSIONNÉ REVISITE LES CLASSIQUES POUR UNE EXPÉRIENCE MULTISENSORIELLE HORS NORMES UNIQUE EN EUROPE. PAPILLES EN ÉTAT DE CHOC… ET DE CHARME !

LA RECHERCHE DU GOÛT

Par Fleur Tari Flon

R

econnu à 25 ans, Meilleur Jeune Restaurateur de Suisse (Trophée Jacques Lacombe) par ses pairs, inspiré par Fredy Giradet, son père spirituel, Denis Martin aurait pu suivre la voie classique. Mais il a choisi d’interpréter sa partition bien ancrée dans le 21e siècle. “Si on joue du Mozart au piano ou au synthétiseur, c’est toujours la même musique, certes, mais le son est différent… l’expérience aussi.” Ainsi, le chef ne revendique pas une révolution, lui préférant l’évolution, car “sans les bases de la cuisine classique, il n’y a pas de véritable création”. C’est donc une cuisine d’auteur, singulière, que certains appellent cuisine moléculaire, un terme qu’il n’aime pas car il réduirait sa cuisine à un atelier de chimiste. Or sa cuisine est une initiation au goût, un enchantement des papilles, une expérience multisensorielle qu’il initie dans son « laboratoire » avant de passer à table et de vous mettre les sens dessus dessous.

Avec Ferran Adria, à la tête du restaurant El Bulli, chef de file de la cuisine moléculaire, Denis Martin a participé à de nombreux shows culinaires à travers le monde. Puis il revenu chez lui, dans son restaurant ouvert en 1997, où il a peaufiné des recettes qui lui ressemblent. Denis Martin est un chef à l’amour inconditionnel pour le bon et le beau. Une véritable passion. Chez lui, le goût, la texture, la saveur sont longtemps imaginés, puis minutieusement élaborés. “J’aime procurer de l’émotion avec ma cuisine, créer quelque chose qui vous transporte et vous touche, composer ma propre interprétation de la cuisine, une cuisine libre, sincère et spontanée. Mon expression culinaire, c’est la rencontre de produits d’exceptions et d’associations inédites”. Pour ses 40 ans de métier, il s’est offert un laboratoire high tech, contigu à sa cuisine, où il peut poursuivre ses recherches. Chaque semaine, il convie ses clients à 1 h 30 de démonstrations pédagogiques, d’expériences ludiques. Il explique la cryogénisation ou la distillation à froid, qui capture les odeurs, condense les arômes, et transcende l’olfactif. Car

His restaurant, located in Vevey, is part of the very confidential and exclusive circle of The Best Tables of the World. Denis Martin remains simple and approachable though. His cuisine is different, singular. Some may call it molecular gastronomy, a concept he finds frustrating, for it would imply that his kithen is nothing more than a chemistry lab.

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Show dedans !

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DENIS MARTIN

95 % du goût est perçu par le nez et seulement 5% par la bouche. “Je suis tombé sur les travaux de Gil Morrot de l’Inra. Il a fait l’expérience suivante : après avoir teinté du vin blanc avec des colorants rouges neutres, 54 étudiants en œnologie lui ont attribué des notes de fruits rouges, et ce même vin blanc non teinté, des notes d’agrumes, poires, miel. Alors que les deux sont identiques ! La vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat participent à la perception globale d’un aliment”. Les odeurs déclenchent des souvenirs, des émotions, le plaisir est ainsi gustatif, olfactif et largement affectif. VADE RETRO SUCRE

Autre cheval de bataille, Denis Martin veut éliminer le sucre ajouté en cuisine, et pour cela fabrique notamment des huiles essentielles à partir d’hydrolats distillés à froid. “Si je veux réaliser un yaourt au citron, j’ajoute du jus de citron acide à un yaourt acide lui aussi. Je dois donc ajouter du sucre. Par contre, si j’ajoute de l’hydrolat de citron que j’ai fabriqué et qui ne contient aucune acidité, le goût est magnifique, et plus besoin d’ajouter du sucre. Idem pour la tarte au citron. Nous ne sommes qu’au début de l’application de ces connaissances en gastronomie et les perspectives sont immenses notamment pour l’augmentation du plaisir en mangeant”.

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A TAAAABLE !

Il serait restrictif de citer un plat plutôt qu’un autre, et hasardeux tant le chef choisit en fonction de ses humeurs et de ses découvertes. Les menus varient de jour en jour, pour une liberté d’expression créative. Citons juste quelques associations aussi goûteuses qu’improbables. Les langoustines tubées sont cuites nacrées, associées au galanga et à l’huile de noix pressée à froid. Des Saint Jacques de plongée, à peine snackées, sont relevées à la mélisse et mandarine. Un bœuf Simmenthal, rassis 61 jours, est associé à un jus végétal d’oignons grillés et citronnelle. Le lieu jaune de ligne du Loctudy se marie au Coco et jus de poire réduit 24 heures. Pour les amateurs de végétal, la pomme de terre bintje est associée à l’anis et à la pomme verte. La carotte torréfiée, puis cuite dans du Gin, est associée à la noisette et à l’amande fraîche. Les champignons de Paris font un voyage olfactif avec l’humus, le sous-bois, la poire et le céleri. Et pour les amateurs de fromage, la tête de Moine est transformée en papyrus de citronnelle (swiss-Thai). Bref, la surprise est constante. La cuisine de Denis Martin, à la fois créative et audacieuse, crée des émotions inédites, ouvrant le chemin de la cuisine du troisième millénaire : à nous de la suivre ! + d’infos : www.denismartin.ch Restaurant Denis Martin - Rue du Château 2 - 1800 Vevey - +41 21 921 12 10



MONTREUX JAZZ

e c n a l a Ça b mal pas

à Montreux

DEPUIS PLUS DE 50 ANS, CHAQUE ÉTÉ DU CÔTÉ DE LA RIVIERA, DES NOTES BLEUES RICOCHENT SUR LA SURFACE DU LÉMAN, SES VAGUES JAMMENT ET SES BERGES SWINGUENT. ALORS QUE LES FESTIVALS PASSENT ET TRÉPASSENT, MONTREUX JAZZ, LUI, GARDE LE RYTHME. Par Mélanie Marullaz

L

e Montreux Jazz ? “On ne peut pas le décrire, les mots ne lui rendraient pas justice. Il faut juste venir et vivre l’expérience.” Et « Q » sait de quoi il parle. Le musicienproducteur américain - Quincy Jones, pour ceux cherchaient encore dans quel James Bond le maître d’armes grincheux, mais génial, s’était révélé un fin mélomane - est un habitué de la Riviera, dont il a fait son lieu de villégiature. Ambassadeur du Festival, il y a fêté ses 85 ans l’année dernière et fait partie des tout premiers à avoir répondu à l’invitation de Claude Nobs à la fin des années 60. QUELQUES NOBS DE MUSIQUE

Quand il se lance dans l’aventure, celui qu’on finira par surnommer

« Funky Claude » est comptable à l’Office de Tourisme de Vevey. Avec un titre de meilleur apprenti cuisinier de Suisse, il aurait pu s’intéresser à d’autres pianos, mais c’est la musique qui le fait vibrer et l’envie de voir le nom de sa ville dans tous les journaux. Entre deux bilans, il organise donc des concerts. Il offre aux Rolling Stones - rien que ça - leur 1re date en dehors du Royaume-Uni (1964), un an après que la TSR ait refusé d’inviter, sur ses conseils, un petit groupe qui ne tardera pourtant pas à être dans le vent : les Beatles. JAZZ AND CO

A l’occasion d’un voyage à New York en 1965, il rencontre les patrons du Label Atlantic Records, qui produisent alors tout ce qui le fait rêver : Aretha Franklin, Sonny & Cher ou Ray Charles. Coup de foudre professionnel, ils acceptent de l’aider à monter un festival. Deux ans plus tard, avec le pianiste de jazz Géo Voumard et le journaliste René Langel, il lance donc La 1re édition du Montreux Jazz : 3 jours de concerts en juin avec Keith Jarrett en tête d’affiche. Mais les stars du swing ne déplacent pas toujours des foules. Pour

When Claude Nobs launched his Festival, he was an accountant for Vevey Tourist Office. After being crowned best apprentice cook of Switzerland in his early years, he could have turned into another kind of maestro, but music sounded more appealing to him, and he was dying to see the name of his hometown in the papers. Between two balance sheets, he then started to organize concerts … And so was Montreux Jazz born.

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© FFJM-Emilien Itim


Herbie Hancock, Quincy Jones & Claude Nobs

©2008 FFJM - Daniel Balmat

MONTREUX JAZZ

remplir les salles de Montreux, dès la 2e édition, Nobs élargit donc sa programmation et continuera, année après année, à en accentuer l’éclectisme, accueillant du rock, de la pop, des rythmes latino, du hip-hop, du rap… et assumant pleinement ce que les puristes du Blue Note considéreront parfois comme commercial, mais qui lui permettra d’équilibrer ses comptes. Quoi qu’il en soit, le jazz continue à marquer la pulsation de l’événement qui devient rapidement le rendez-vous incontournable des plus grandes voix : Ella Fitzgerald, Nina Simone, Miles Davis… MONTÉE EN GAMME

Les raisons de ce succès ? Francis Marmande, journaliste au Monde, l’avait expliqué ainsi : “une subtile équation entre la beauté du lieu, la puissance de l’argent, le confort de l’accueil, la science du public et la personnalité de Claude Nobs”. Formé à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, l’homme a le sens de l’accueil et du service, cède à toutes les demandes de ses stars amies : une Ferrari noire pour Miles Davis, une limousine et ses gardes du corps pour escorter le sèche-cheveux de James Brown, des portes fermées aux retardataires et un silence religieux durant la prestation de Keith Jarrett… Malgré les 250 000 visiteurs chaque année, il leur offre surtout une intimité propice à l’improvisation et une proximité avec le public qui profite, de son côté, d’une qualité d’écoute rare.

Claude Nobs

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©2008 FFJM - Chaly Rappo

POINT D’ORGUE ?

52 ans après sa création, Montreux a vu défilé tout ce que la musique contemporaine compte de légendes, de Prince à Joan Baez, en passant par Michel Petrucciani, David Bowie, Leonard Cohen, Lauryn Hill… et survécu, en 2013, à la disparition de son emblématique fondateur. Mais l’équilibre d’un festival est précaire. En février dernier, à une toute petite majorité, les habitants de Montreux ont refusé que leur commune investisse 27 millions de francs dans la rénovation du Centre de Congrès. Sans cette mise aux normes, la capacité maximale des salles, dont l’Auditorium Stravinski, serait réduite à 300 places. L’avenir du Montreux Jazz, et d’autres manifestations culturelles comme Polymanga ou le Montreux Comedy en dépend. Y aurait-il de l’eau dans le jazz ? + d’infos : www.montreuxriviera.com


© Anne Gil © Floart Photography

© Anne Gil

© Anne Gil

rooftop

© Anne Gil

© Floart Photography

Roof Garden 300 m² dédiés à la convivialité. Notre Roof Garden de tous les records, offre une vue panoramique sur les montagnes environnantes, le Mont Veyrier, la Tournette et un accès direct aux étoiles. Entièrement sonorisé, le Roof Garden est la promesse de douces soirées pour des afterworks qui donnent envie d’encore. Un cocktail, un poisson ou une viande à la plancha, une salade, un tartare, une musique d’ambiance

bistronomie

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pétanque sur gazon

envoûtante, des amis et la chaleur agréable d’un soleil au crépuscule, voici l’équation parfaite de soirées sous les meilleurs auspices. Le bonheur de prendre de la hauteur. Respirez, profitez.

évènements

rooftop


MONTREUX JAZZ

Pros de

l’impro

A L’ARRIVÉE DES BEAUX JOURS, LES FESTIVALS DE MUSIQUE FLEURISSENT DANS TOUTES LES RÉGIONS D’EUROPE COMME LES NARCISSES DANS LES VALLONS VAUDOIS. CERTAINS AUSSI ÉPHÉMÈRES QUE CES HERBACÉES. LE MONTREUX JAZZ, LUI, PERDURE DEPUIS PLUS DE 50 ANS, ET SELON MATHIEU JATON, SON DIRECTEUR, SA LONGÉVITÉ TIENT EN DEUX MOTS : L’HUMAIN ET LA LIBERTÉ.

© LionelFlusin

Propos recueillis par Mélanie Marullaz

Jamie Cullum


Activmag : Pour vous, quels sont les fondamentaux de Montreux Jazz ? Mathieu Jaton : D’abord, c’est la passion inaltérable de la musique. Ça paraît un peu bête de dire ça, mais dans un monde où tout devient du divertissement, c’est important d’avoir toujours l’artiste au centre de nos préoccupations, de conti-

©FFJM-MarcDucrest

L

’impro est un élément déterminant du jazz. Elle permet à l’artiste de se servir du cadre pour le faire exploser, d’exprimer une part de son intériorité et de sa sensibilité, de livrer à son public un moment unique, un instant de vérité. Musicien amateur lui-même, Mathieu Jaton le sait. Jeune quadra, il n’est pourtant pas tombé de la dernière portée. Claude Nobs lui a confié la responsabilité du marketing du festival alors qu’il était tout juste diplômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, il y a de ça déjà… 20 ans ! C’est en immersion totale qu’il a donc fait ses gammes, partageant, avec son Funky Claude de mentor, le sens de l’accueil et une profonde tendresse pour les artistes. Nommé secrétaire général de la manifestation en 2001, à la disparition de son fondateur en 2013, il en a naturellement pris la succession, avec une préoccupation : continuer à raconter, en musique, de belles histoires au public. Pour le faire, il faut savoir organiser, gérer, maîtriser, mais surtout désorganiser, pousser les murs et improviser.

Mathieu Jaton

nuer à créer des plateaux où on raconte une histoire. Prenez Lizzo et Janelle Monae, par exemple, qui jouent la même soirée, toutes les deux ont collaboré avec Prince, donc pour nous, c’est un clin d’œil montreusien à Prince. Je pense également à ZZ Top, qui vient fêter ses 50 ans ici, ou au projet de Quincy Jones et ses invités, qui vont revisiter ses productions des années 80.

y a 2 ans, qui part sur du Nina Simone et montre son attachement à cette star qui a marqué l’histoire du festival. Il y a donc tous ces petits symboles et je pense qu’aujourd’hui, dans un monde musical qui s’est beaucoup formaté, parce que globalisé, retrouver des situations un peu exceptionnelles où l’aspect humain prend le dessus sur le business, c’est quelque chose qui nous caractérise beaucoup.

Est-ce que ce n’est pas aussi son côté artisanal qui fait l’identité du Festival ? Oui, j’aime ce terme artisanal, je pense qu’il nous décrit bien. J’ose même parfois dire que chaque soirée est sculptée. On essaie toujours de créer un terreau favorable pour que la magie prenne. Tout à coup, des jams sont improvisés, des artistes en invitent d’autres sur scène, ou les invoquent comme Lauryn Hill, il

Le festival existe depuis plus de 50 ans. Pour durer, faut-il se réinventer ou rester fidèle à un esprit, peut-être à celui de Claude Nobs ? C’est toujours une balance des deux. Puisque vous avez parlé de Claude, il a donné une véritable âme, une identité et des valeurs à ce festival. Il faut donc les perpétuer, mais en les inscrivant dans ce qu’est le business de la musique au-

For more than 50 years now, musical improvisation has been the beating heart of Montreux Jazz Festival. A part of its DNA. And Mathieu Jaton, the festival general manager, wishes it to keep going : « We constantly try to create a breeding ground for magic to happen. And it does : all of a sudden, musicians invite others on stage for jam sessions ».

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©FFJM-MarcDucrest

MONTREUX JAZZ

Aloe Blacc

jourd’hui. Et je vous avoue que ce n’est pas toujours facile, parce que vous avez parfois des courants ou des modes vers lesquelles on pourrait être aspirés et perdre notre identité. Alors on essaie toujours de garder notre positionnement, ce qui me semble fondamental aujourd’hui, vu la profusion de festivals en Europe. On voit d’ailleurs que ceux qui maintiennent leur cap, je pense à Glastonbury (UK) ou aux Vieilles Charrues, tirent leur épingle du jeu. Du coup, y’a-t-il des choses qu’on s’interdit en termes de programmation ? Il ne faut jamais dire jamais, parce qu’audelà de l’artiste ou du style, ce qui nous intéresse, c’est plutôt la démarche. Quand on a fait Lady Gaga et Tony Bennett, on se demandait si Lady Gaga, c’est vraiment du Montreux Jazz ? Avec Tony Bennett, oui. Si je prends, cette année,

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les Suicide Boys, très pointus, on est dans une nouvelle mouvance du hip-hop américain, donc le côté innovation, précurseur, découvreur de nouveaux talents, ça, c’est Montreux. La musique n’est pas figée, elle évolue en permanence, et surtout, les artistes ne sont jamais figés, ils vont explorer de nouveaux horizons. Et ça correspond à notre histoire : au début des années 70, Claude Nobs s’était fait assassiné pour y avoir amené de la musique latino. Aujourd’hui, c’est presque une évidence, elle fait partie des standards de jazz. Ça fait plus d’une vingtaine d’années que vous faites partie de l’équipe du Montreux Jazz, quels ont été, pour vous, les moments les plus forts ? Ma première immense claque a été David Bowie, en 2002, je ne m’attendais pas à ça, à autant de charisme, il s’est passé

quelque chose dans cette salle qui était absolument dingue. Après, il y a eu les 3 visites de Prince, toutes différentes et un challenge à chaque fois. C’est ce qu’on aimait chez lui, il était capable d’improviser des moments, de monter sur scène et de dire à minuit, je vais faire un jam à l’autre bout du festival, ou je rajoute un concert demain. Ça, ça fait vraiment partie de notre ADN, et c’est ce que j’ai toujours aimé à Montreux, cette notion du funambule : il y a un peu la peur du vide, et en même temps, cette excitation à aller au-delà d’une organisation standard. Claude Nobs était le champion pour ça, c’était même le plus improvisateur de tous. Et c’est ce qui a fait la beauté du festival, ce qui marche très fort, c’est quand les artistes sentent qu’ils ont une liberté créative. + d’infos : www.montreuxjazzfestival.com Montreux Jazz Festival, jusqu’au samedi 13 juillet.


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MONTREUX JAZZ MEMORIES

Souviens-toi

Montreux Camus, sociologue et responsable de projet Montreux Jazz Memories. “Par contre, la mémoire d’un événement de cette ampleur ne peut pas se résumer à ça, car il a touché des dizaines de milliers de personnes. D’un point de vue social et historique, on ne connaît que la partie visible de l’iceberg.” MÉMOIRE VIVE

© 2019 FFJM

En 2018, frappé que cette histoire n’ait pas encore attiré l’attention d’autres chercheurs, Alexandre Camus lance donc un appel à témoignages, invitant spectateurs, bénévoles, acteurs du festival à partager, sur une plateforme dédiée, leurs photos, collections d’objets et autres souvenirs... “Certains ont gardé la monnaie, le Jazz (monnaie propre à l’événement abandonnée en 2007) devenu bijoux ou serti sur une bague échangée pour des fiançailles. D’autres, comme les chauffeurs, qui ont fait 20 années de transport d’artistes, ont vécu des temps hors champs, non médiatisés, mais riches.” Comme ce moment incroyable où il a fallu passer la Riviera au peigne fin pour trouver un modèle spécifique de sèchecheveux des années 50, déniché finalement à Crissier, et escorté en limousine avec gardes du corps, sur les 300 mètres qui séparent le Montreux Palace du Palais des Congrès. “Ce n’était pas du tout un détail, le brushing de James Brown en dépendait !”

MONTREUX JAZZ C’EST, AUJOURD’HUI, PRÈS DE 5000 HEURES D’ARCHIVES AUDIOVISUELLES, SOIT UN TRÉSOR INESTIMABLE INSCRIT AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO. MAIS N’EN CONSERVER QUE LA BANDE-SON, OU MÊME L’IMAGE, SERAIT OCCULTER UNE AUTRE RICHESSE, CELLE DE L’AVENTURE HUMAINE, AU FONDEMENT

MÊME DE L’ÉVÉNEMENT. Par Mélanie Marullaz

Depuis 2010, à l’EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), nous avons acquis ou numérisé tout ce qui a été enregistré au festival depuis 1967. Nous avons donc une très bonne idée de ce qui s’est passé sur les scènes”, explique Alexandre

Montreux Jazz represents today about 5000 hours of audiovisual archives, a priceless treasure, inscribed on UNESCO’s World Heritage list. But only saving the soundtrack, or even the image, would be occulting another richness, that of the human adventure, which is the very basis of the event. This is the reason why researcher Alexandre Camus has launched, last year, a call for testimonies, inviting spectators, volunteers, actors of the festival, to share their photos, collections of objects and other souvenirs... The harvest was way beyond his expectances.

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MONTREUX-MOI TON PARCOURS !

Mais si les anecdotes font sourire Alexandre Camus, il ne voudrait pas qu’elles masquent des expériences plus profondes. Son objectif est surtout de mettre en valeur l’engagement de tout ceux qui ont œuvré dans les coulisses et mesurer l’impact de cette implication sur leurs trajectoires personnelles. “Parmi les bénévoles, certains sont là depuis plus de 20 ans, ils prennent la moitié de leurs vacances annuelles pour s’engager dans le festival. Ils y ont rencontré leur conjoint, y ont fait des enfants… Il doit y avoir au moins une quarantaine de bébés Montreux Jazz, qui, pour certains, sont eux-mêmes devenus bénévoles. Leur participation a également pu avoir une influence structurante sur leur carrière, décider de leur orientation vers l’école hôtelière ou les techniques de l’audiovisuel.” Et bientôt, pour restituer ces témoignages, les partager au-delà du site internet, des expositions visuelles et sonores seront montées à l’occasion du Montreux Jazz, ainsi que des podcasts et une radio web. “Les archives suscitent la mémoire, qui enrichit les archives, et vice-versa, conclut Alexandre Camus, l’histoire de tous s’écrit avec l’histoire de chacun”. + d’infos : www.montreuxjazzmemories.ch - Montreux Jazz Festival, jusqu’au samedi 13 juillet.

Philippe dans les années 80’

Philippe, 60 ans,

ans, 5 3 , e s ï o l é H 4 à 2018

00 bénévole de 2

d, à la dernière ivée de Paris par hasar “En 2004, je suis arr volat et que je ère s que je faisais du béné minute. C’était la 1 foi artie. Le jour … et je ne suis jamais rep partais seule à l’étranger rs, j’ai eu un jou tou m’en souviendrais où j’ai débarqué ici, je gens, je me les nt, me ne on ysage, l’envir coup de cœur pour le pa de l’agressivité te accueillie, à l’opposé suis sentie tout de sui ur y habiter, po Le moyen le plus facile et du stress parisiens. i mes études uiv urs taire, alors j’ai po rsi ive un ge an éch un t c’étai suis « câble », nne. Depuis le début, je d’histoire de l’art à Lausa ter que personne caméramans, pour évi je tiens les câbles des suis parfois sur dans. Mais du coup, je ne se prenne les pieds de er concert, quand on est là à e, pour le 1 scène, et chaque anné t des frissons ! paraît rien, mais ça fou ne ça tenir notre câble, e machine.” de la chaîne de la grand Je suis un petit maillon

bénévole depuis 40 ans

“J’ai commencé en 1979… J’avais acheté un billet pour voir Ange, un groupe de rock français, mais c’est pendant le 2e concert, celui de Jacques Higelin, que j’ai eu une révélation : c’était impossible de ne pas faire quelque chose

pour le festival. J’ai peut-être ça dans le sang, comme Claude Nobs ou Grégoire Furrer (Montreux Comedy), cet amour pour Montreux et cette envie de le mettre en avant. J’ai commencé comme placeur au Casino. Chaque année, j’étais avide de découvrir de nouvelles choses, je voyais parfois 3 ou 4 groupes, ne finissais pas avant 3h du matin. Puis j’ai entraîné ma femme en tant que staff, il fallait s’organiser pour faire garder les

enfants, mais le festival était une priorité. Quand Claude Nobs est décédé, sur le livre d’or à l’Hôtel de Ville, j’ai écrit : « Je ne te remercie pas, parce qu’à cause de toi, depuis que j’ai 20 ans, je ne suis jamais parti en vacances en juillet ! » Aujourd’hui, je suis responsable des placeurs sur les balcons VIP de l’auditorium Stravinsky. On est 13 et on est devenu un vrai groupe de potes, on se voit même en dehors du festival.”

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En pull rouge Claude Nobs et Jean-Claude Marquis aidant les pompiers

Y’a le feu au IL Y A DES CHANSONS COMME ÇA, QUE J’AI APPRISES PAR CŒUR… EN YAOURT. ET JUSTE LE REFRAIN. «SMAU-AU-AU-AUQUE ON ZE WAUTEUR, END FAÏEUR IN ZE SKAÏ-AÏE» C’EST TOUT. POUR LE RESTE DES PAROLES, J’ÉTAIS BIEN TROP OCCUPÉE À HEAD-BANGER - SECOUER VIGOUREUSEMENT

lac !

MA TIGNASSE - , EN MIMANT LE RIFF SUR MA GUITARE ÉLECTRIQUE IMAGINAIRE, POUR M’EN PRÉOCCUPER… Par Mélanie Marullaz

Smoooooke on the water....There are such songs that we all know by heart. But shame on me, I had never made the link between Montreux and Deep Purple’s global hit. How can such an electrifying track convey lake water gently lapping on the Riviera ? Let’s get back in time, heading to december 4th 1971...

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© Montreux

© Montreux Celebration

SMOKE ON THE WATER


©1971Claude NobsArchives

A

lors oui, honte à moi, et toutes mes excuses à Saint Roger Glover, mais j’ai découvert, il y a un mois seulement, le lien entre Montreux et le tube planétaire de Deep Purple. Il aurait simplement suffi de lire les paroles : “On est tous arrivés à Montreux, sur les bords du lac Léman…” Et oui, dès la première phrase. Alors pourquoi ? POURQUOI ? Comment un morceau aussi électrisant, hymne des hardos de tous poils, peut-il évoquer le clapotis apaisant de l’eau sur la Riviera ? Remontons le temps, direction le 4 décembre 1971.

Par cette brumeuse journée de fin d’automne - il faut bien romancer un peu - les quatre musiciens britanniques, dont le 5e opus « Fireball » vient de se placer dans le Top 5 outreManche, débarquent à Montreux. Ils ne sont pas là pour faire du bateau, ni pour profiter du festival de jazz, qui a eu lieu en juin, mais pour enregistrer un nouvel album dans un des studios

©1971Claude NobsArchives

PAS DE FUMÉE SANS FEU

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© Edwin Reichert/AP

SMOKE ON THE WATER

réduisant à néant toute possibilité d’enregistrement, mais ne faisant, heureusement, aucune victime. Deep Purple en 1973

JOUER AVEC LE FEU

du Casino. Et ça tombe bien, leur pote Franck Zappa joue dans la pièce juste à côté - une petite salle de 2000 personnes - ils vont donc l’écouter pour le goûter. C’est malheureusement le moment que choisit un spectateur un peu exalté pour tirer une fusée de détresse dans le plafond du bâtiment - certains se seraient contentés d’applaudir -. L’édifice de 1880, surpris par autant d’enthousiasme, s’enflamme sans demander son reste,

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© Jim Rakete

Deep Purple aujourd’hui

“Je n’avais jamais vu un tel incendie”, se rappellera encore, bien des années plus tard, Roger Glover. “A un moment donné, le bâtiment a explosé comme un champignon atomique. Le lendemain matin, à moitié réveillé, les mots Smoke on the Water me sont immédiatement venus à l’esprit.” Il les colle donc sur la suite d’accords imaginés par le guitariste Ritchie Blackmore, qu’ils enregistrent ensuite dans le hall du Grand Hôtel, entre plusieurs rangées de matelas posées contre les murs pour étouffer le son - un studio de fortune dégoté par « Funky Claude » Nobs, à qui le titre rend d’ailleurs hommage dans son deuxième couplet. On connaît la suite : ce titre ne mettra pas le feu au ciel, mais aux charts. Avec 500 000 exemplaires écoulés rien qu’en 1973, il sera le single le plus vendu par Deep Purple aux Etats-Unis. Le disque d’Or appartient aujourd’hui à la ville de Montreux, dont il est devenu l’hymne, et, en juin 2018, une plaque commémorative a été inaugurée à l’emplacement de l’ancien Grand Hotel, en présence de Roger Glover himself. Tin tin tin, tin tin tin-tin : oui, c’est l’onomatopée officielle pour le riff introductif de Smoke on the water…


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Ri(vie)ra bien

qui rira le dernier

Y AURAIT-IL UN SYNDROME MONTREUSIEN ? L’ENVIE DE FAIRE CONNAÎTRE SA VILLE AU MONDE ENTIER, PAR TOUS LES MOYENS ? QUAND CERTAINS MISENT SUR LE JAZZ OU LE VOLLEY-BALL, GRÉGOIRE FURRER, LUI, OPTE POUR L’HUMOUR. ET SI LE PORTER N’A PAS TOUJOURS ÉTÉ UNE PARTIE DE RIGOLADE, SON MONTREUX COMEDY FESTIVAL, FÊTERA SES 30 ANS EN DÉCEMBRE PROCHAIN. Propos recueillis par Mélanie Marullaz

G

régoire Furrer est obstiné. De ceux pour qui « atteindre ses objectifs » n’est pas un vœu pieux, mais une hygiène de vie. A entendre sa détermination, on pourrait croire que de la réussite de son projet dépendait son équilibre. Quoi qu’il en soit, il s’est donné, très tôt, les moyens de ses ambitions. Etudiant à HEC Lausanne, il a 21 ans quand germe l’idée de créer un festival d’humour à Montreux. “Je voulais mon festival à moi, car je ne me reconnaissais pas dans les autres, et je voulais mettre

Some may bet on Jazz, but Grégoire Furrer rather chooses humor. And even if running it has not always been a piece of cake, Montreux Comedy Festival will celebrate its 30th anniversary in December this year. This event remains the best opportunity for new talents to get revealed.

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© Louise Rossier

COMEDY FESTIVAL


© Laura Gilli

Grégoire Furrer

à l’honneur un genre qui ne l’était pas à l’époque, un art considéré comme mineur… C’est d’ailleurs toujours le cas, 30 ans après !” WE CANNES DO IT

Le jeune Vaudois a une vision, celle d’un événement de dimension internationale, mais il n’a pas d’argent. A peine 1500 francs. Il commence par acheter un fax, outil incontournable de communication avant qu’Internet ne fluidifie les échanges. “Mon intuition, c’était que ce festival devienne un tremplin pour les jeunes talents. Je l’imaginais comme le « Cannes de l’humour » : à l’image d’un film nord-coréen totalement inconnu qui remplit des salles parce qu’il a été primé sur la Croisette, je voulais qu’un gars dont personne n’a jamais entendu parler vienne à Montreux et que le public ait envie d’aller voir son spectacle après.” Il prend donc son bâton de pèlerin et part à la recherche des humoristes de demain - enfin, le demain d’hier, vous suivez ? -, leur

assure qu’il y aura, dans la salle, ces producteurs qui ne prennent pas la peine de visionner leurs VHS - si tu es né dans les années 2000, que tu n’as connu ni le fax, ni la VHS, ce paragraphe risque de te paraître terriblement abscons - . Quant aux fameux producteurs, comme à l’époque, ceux de l’émission « la Classe » sur FR3 - tu étais prévenu, jeune lecteur… - , alors poids lourds du divertissement, il leur garantit au mieux, le « meilleur de la relève » et au pire, une nuit dans un bel hôtel au bord du lac. Mais Grégoire Furrer a du nez. Dès les premières éditions, il fait venir Patrick Timsit ou Django Edwards, puis Eric et Ramzy, Laurent Gerra, Jamel Debbouze… Et c’est à Montreux que Laurent Ruquier fera sa 1re scène. TÉLÉPATHIE

Constatant que ses intuitions sont bonnes, il continue à les suivre. Elles l’appellent d’abord à prendre le large : “je croyais à l’humour

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© Laura Gilli

COMEDY FESTIVAL

international, pour moi, ce qui compte, c’est d’être drôle, quelle que soit la nationalité. Du coup, je voyageais tout le temps, ce qui m’a permis d’être le 1er à faire venir en Europe des Courtemanche ou Anthony Kavanagh, et plus tard, de lancer Alex Wizorek, Nawel Madani…” Elles l’incitent ensuite à impliquer les chaînes de télévision. En cette fin des années 90, il faut compter 2 à 3 ans pour franchir les étapes qui mènent de la scène au petit écran. “Accélérons le processus… Je n’ai qu’à filmer! ” Il obtient alors le soutien de la TSR, puis celui de France Télévision. “Il a fallu négocier, programmer des têtes d’affiche, à l’époque Bigard ou Olivier Lejeune, et entre deux, glisser une Anne Roumanoff qu’ils ne connaissaient pas encore et allaient adorer.” “Montreux ? C’est un des festivals les plus réputés dans l’humour, et il fait énormément de vues sur internet, ce qui met une pression supplémentaire”, résume aujourd’hui Artus, l’humoriste français qui animera cette année le gala d’ouverture. Voilà donc la dernière intuition en date du Montreusien : occuper l’espace sur le web, créer une chaîne Youtube dédiée, suivie par plus de 800 000 abonnés. “C’est une chance extraordinaire, parce que c’est toujours compliqué d’imposer mes choix aux chaînes de télé, mais là, je balance tout mon contenu, c’est une grande liberté.”

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FAUT RIGOLER !

Après 30 ans d’acharnement, de murs défoncés, de retour par la fenêtre quand on l’avais mis à la porte, Grégoire Furrer a toujours autant de volonté, mais regrette le manque de stratégie culturelle, de politique pro-active de la ville de Montreux en matière d’événementiel. “Ça ne m’a pas empêché de devenir le 1er Festival d’humour francophone au monde !” et de faire des petits, en exportant l’événement à Abidjan, Johannesburg, Dubaï, et bientôt Beyrouth. Pour cet anniversaire, il ne veut ni hommages, ni regards sur le passé, mais préfère générer un élan. “Je ne suis pas comédien, il n’y a pas d’humoriste dans ma famille, ce que j’ai proposé n’était pas mainstream, personne n’en voulait, mais cette inspiration que j’ai eue, les gens l’attendaient, c’est quelque chose de plus grand que moi qui m’a frappé. Le monde d’aujourd’hui a changé, il faut prendre le temps de rire. Surtout en Suisse, on est sérieux, on est discret, on se cache derrière nos bureaux et nos coffres-forts, il faut qu’on s’ouvre, qu’on se libère, qu’on aborde les choses de manière légère… It’s time to laugh ! ” + d’infos : www.montreuxcomedy.com Montreux Comedy Festival du 28 nov. au 7 dec - Programmation dévoilée en sept. 2019


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AGENDA DE L’ÉTÉ

MONTREUX TRAIL FESTIVAL

LE MONDE DE TITEUF

Cette 3e édition conserve sa formule gagnante : sport, paysages de ouf sur la Riviera et les Alpes, groupes de musique sur le parcours et concerts gratuits. Versions MXAlpes pour les plus costauds, ou MXSky, MXFamily, et même 2 courses de nuit (!), il y en a pour tous les niveaux, et chacun aura son moment d’émotion.

Alors que le dernier tome de Zep vient de paraître, Carouge dédie à son héros local deux expositions et lui édifie une statue à taille d’enfant. Ce Titeuf en bronze sera installé dans l’école de son enfance. L’exposition se tient aux Halles de la Fonderie (jusqu’au 25 août) et à la galerie Séries Rares où découvrir quelques tirages inédits (jusqu’au 27 juillet).

LE 27 JUILLET MONTREUX ET ENVIRONS www.montreux-trail.ch

SPORT ET MUSIQUE

FESTIVAL INTERNATIONAL DES ARTISTES DE RUE

LES FRANCOMANIAS DE BULLE

Jongleurs, mimes, acteurs, acrobates, cracheurs de feu, clowns etc en provenance du monde entier se croisent au cœur du Festival. La Place Scanavin accueille des spectacles et propose restauration et bars pour prolonger la fête tout au long du weekend. Jusqu’au vote du public pour le meilleur artiste !

Plus d’une trentaine d’artistes de renommée et de jeunes talents fouleront les scènes du festival entre l’Hôtel-deVille, la Cour du Château ou encore la Place du Marché. Alternant concerts gratuits et payants, le festival reste un événement unique en son genre, privilégiant qualité et proximité avec les artistes.

JUSQU’AU 25 AOÛT GENÈVE-CAROUGE

LES 23, 24 ET 25 AOÛT VEVEY

DU 28 AU 31 AOÛT BULLE

www.carouge.ch/le-monde-de-titeuf

www.artistesderue.ch

www.francomanias.ch

EXPÔ

IBEYI

ARTS DE LA RUE

VARIÉTÉ FRANÇAISE

MONTREUX JAZZ FESTIVAL MUSIQUES JAZZ

©David Uzochukwu

Les trois scènes payantes (Auditorium Stravinski, Montreux Jazz Club, Montreux Jazz Lab) sont la vitrine la plus prestigieuse du Festival. Mais de nombreuses scènes gratuites contribuent pleinement à en faire battre le cœur et à porter les artistes émergents. Dès l’après-midi, l’ambiance bat son plein sur la promenade des quais jalonnés de stands de restauration et de terrasses étendues sur le lac, avec une vue imprenable sur les Alpes. Entre autres : George Ezra, Melody Gardot, Dennis Lloyd, Maes, PLK, Yann Tiersen, Tom Jones, Joe Jackson, Eddy de Pretto, le meilleur de Quincy Jones...

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JUSQU’AU 13 JUILLET MONTREUX www.montreuxjazzfestival.com


Alexandra Conunova pour l’orchestre national de Russie

SEPTEMBRE MUSICAL

MONTREUX TATTOO CONVENTION

CATHERINE RINGER CHANTE LES RITA MITSOUKO

Un rendez-vous parmi les plus grands du genre. Plus de 150 tatoueurs font le déplacement, en provenance d’une trentaine de pays – stars internationales, artistes régionaux et futurs talents – pour se retrouver sur les bords du lac Léman pour présenter leur art et créer leurs œuvres en direct.

En hommage au duo qu’elle formait avec Fred Chichin, Catherine Ringer revient sur scène en chantant les chansons écrites avec son regretté partenaire et démontre qu’elle n’a rien perdu de son énergie légendaire. Humour, gravité, folie et dérision, leur musique continuera d’être chantée par tous.

Zazie, qui fait de la chanson pop en français, a un talent inné pour trousser des pop songs qui restent en tête grâce à leurs textes intelligents et à leurs mélodies accrocheuses. Son dixième disque studio, « Essenciel» sorti en 2018, sera défendu sur scène lors d’une tournée prévue pour 2019/2020, dont l’Arena à Genève

DU 1ER AU 9 SEPTEMBRE VEVEY

DU 19 AU 22 SEPTEMBRE MONTREUX

LE 25 SEPTEMBRE LAUSANNE - LES DOCKS

LE 22 OCTOBRE GENEVE - ARÉNA

www.septmus.ch

www.montreuxtattooconvention.ch

www.docks.ch

www.geneva-arena.ch/

MUSIQUE CLASSIQUE

Depuis plus de 70 ans, ce festival propose des concerts prestigieux dans les lieux grandioses attirant des musiciens et des spectateurs du monde entier. Des artistes parmi les meilleurs de Russie, mais également de jeunes prodiges, de véritables génies comme le Chœur Glinka, les participants au projet Casse-Noisette ou les breakdanseurs du spectacle Reverse.

SALON

CONCERT

ZAZIE

VARIÉTÉ FRANÇAISE

LA SEMAINE SUISSE DU GOÛT GASTRONOMIE

Après Lugano en 2018, Montreux a été choisie pour devenir la capitale nationale du goût. Chaque année, une ville suisse a le privilège d’organiser la Semaine du Goût en tant que « Ville du Goût ». Il s’agit d’une manifestation destinée à la promotion, la mise en valeur et la défense de produits de qualité, respectueux des traditions de leur région de production. Cet événement est proposé par la Fondation pour la promotion du Goût. Entre dégustations, stands et ateliers animés par des artisans, il y en aura pour tous les... goûts

DU 12 AU 22 SEPTEMBRE MONTREUX www.montreuxvilledugout.ch

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C

© Régis Rath

Fleur

omme si l’hiver s’attardait, début avril, les pentes du village des Avants se couvrent de blanc, colonisées par des nuées de narcisses : « la neige de mai ». Un petit miracle à chaque fois, attendu par les amoureux de la nature et des milliers de curieux. Au siècle dernier, c’était l’attraction de l’année, faisant même de la Fête des Narcisses, avec ses orchestres, ballets et opéras internationaux, la manifestation phare de Montreux. Les agriculteurs y vendaient des bouquets, les meilleurs cueilleurs s’y affrontaient - ramassant entre 1500 et 2000 fleurs par m2 pour les plus efficaces - et un « train des Narcisses » reliait Bâle aux Avants, dont la route a longtemps été maintenue en sens unique en raison de la forte circulation. Bref, des quatre coins du pays, on investissait la Riviera pour repartir les bras chargés de liliacées - et hop, un petit terme scientifique sympa à replacer à l’occasion de votre prochain dîner -. FLOWER RANGERS

Mais les temps ont changé, la cueillette n’est plus la panacée depuis que les champs de narcisses sont clairsemés. Ils auraient reculé de 40% en 20 ans. Urbanisation, pratiques agricoles intensifiées ou reforestation, les défenseurs de l’élégante étoile blanche mettent également en cause des touristes aux pratiques peu res-

des neiges

Y’A PAS QUE LES EDELWEISS DANS LA VIE, Y’A LES NARCISSES

AUSSI ! PENDANT PLUS D’UN SIÈCLE, ILS ONT ÉTÉ L’EMBLÈME DE MONTREUX ET DES HAUTS DE LA RIVIERA VAUDOISE. MAIS ILS SONT AUJOURD’HUI VICTIMES DE LEUR SUCCÈS ET VOUDRAIENT BIEN QU’ON LEUR LÂCHE LA TIGE. Par Angeline Bongrand

pectueuses, ramassant et piétinant à tout va. Au printemps dernier, des rangers ont donc été nommés, non pas pour verbaliser, mais pour faire prendre conscience aux promeneurs que ce patrimoine floral est en déclin. BULBE D’OXYGÈNE

Cette action pilote fait partie d’un ensemble de mesures prises pour endiguer la disparition de ce trésor régional. Depuis 2008, la commune de Montreux soutient également les agriculteurs qui s’engagent à décaler leur calendrier de fauche ou de pâture afin de préserver les champs en période de floraison. 3e piste de réflexion : au début de l’année, le Conseil communal a validé une série d’actions en faveur de la biodiversité en forêt, dont l’élagage des lisières, qui permettrait de laisser passer la lumière dont les fleurs ont besoin pour pousser. Les narcisses vont-ils donc enfin pouvoir respirer ? + d’infos : www.narcisses.ch

If Switzerland is often represented by an edelweiss, narcissus used to be the flower symbol of Montreux and the swiss Riviera heights. But it is now victim of its own success and would now rather be given less attention… or more.

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© Adrien Giovannelli

NARCISSE SICK


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ET AUTOUR...

Et c’est pas tout…

UNE FOIS LA FRONTIÈRE TRAVERSÉE, AUTANT EN PROFITER POUR CONTINUER L’EXPLORATION DES TERRES HELVÉTIQUES. A UN JET DE TAPETTE À MOUCHES DE LA RIVIERA - ET ON NE PLAISANTE PAS AVEC ÇA LÀ-BAS, UN TOURNOI MONDIAL DE LANCER DE TAPETTES A LIEU À VEVEY-CORSEAUX CHAQUE ANNÉE EN JUIN - IL Y A DE QUOI CONTINUER SON PÉRIPLE EN BEAUTÉ… Par Mélanie Marullaz

PRENEZ DE LA HAUTEUR

Depuis la Riviera, 2 « spots », chacun à portée de train à crémaillère, se disputent la plus belle vue sur le Léman : les Rochers-de-Naye et les Pléïades. Au départ de Montreux, il suffit d’une petite heure de trajet pour atteindre les 2042 mètres d’altitude du Rocher de Naye, son resto panoramique, ses randonnées, la visite du parc Marmottes Paradis ou du jardin alpin la Rambertia. Au départ de Vevey, sur 1000m de dénivelé et à travers les

narcisses au printemps, le Train des Etoiles rejoint, lui, la station des Pléïades. Au sommet, le parcours Claude Nicollier, du nom de l’astronaute suisse, permet d’en savoir plus sur les astres et planètes au-dessus de nos têtes. Et si vous êtes du genre à ne pas savoir choisir entre le fromage et dessert, donc Pléïades et Naye, pas de panique, une offre vous permet même de combiner les 2. + d’infos : www.goldenpass.ch www.astropleiades.ch

Reach for new heights… Above Geneva Lake, two incredible locations compete for the best view : les Rochers-de-Naye and les Pléïades, to which you get on a rack railway, from Vevey or Montreux. You would rather dabble around in fresh - or not that fresh - water then ? Bains de Lavey, Saillons or Ovronnaz, you have a choice. And if you prefer not to get wet, head off to Aquatis in Lausanne.

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… d’Aquatis, à Lausanne. S’il s’agit du plus grand aquarium d’eau douce en Europe 2,5 millions de litres d’eau ! -, votre visite ne manquera pas pour autant de sel. Dans ce complexe de 3500 m2 ouvert en 2017, le voyage entre les 46 aquariums, vivariums et terrariums, vous mènera d’un continent à l’autre pour apprendre tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le dragon de Komodo, l’impressionnant garpique alligator - avec ses 140 kg et ses 3 mètres de long, il peut donner un tournant inattendu à votre partie de pêche au gardon - ou la tortue à nez de cochon. + d’infos : www.aquatis.ch

© Fernando Guerra | FG+SG

PLONGEZ DANS LES PROFONDEURS…

Aquatis

FLOAT ON THE WATER

Lac, aquarium… Avec toute cette eau, il vous pousse des envies de barboter, d’être, à votre tour, palmés à force de macérer ? C’est à quelques dizaines de kilomètres à l’Est de la Riviera, en remontant le long du Rhône, que vous trouverez de quoi vous hydrater. Aux Bains de Lavey d’abord, dans une eau naturellement chaude - entre 33 et 36°C - aux vertus bienfaisantes pour la peau ; aux Bains de Saillon ensuite, où, en fonction de la saison, l’escale vous permettra, en faisant un tour dans le bourg médiéval, de déguster, en fonction de la saison, asperges ou une petite Arvine du cru ; aux Bains d’Ovronnaz enfin, où vous combinerez les vertus de l’eau, de l’altitude, et une vue magnifique sur les sommets. + d’infos : www.bains-lavey.ch www.bainsdesaillon.ch www.bains-ovronnaz.ch

Les Bains de Lavey

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ESTELLE ROCHAT

CANNES 2019, MONTÉE DES MARCHES, LES

RO B E S

E X T R AVAG A N T E S

D’ESTELLE ROCHAT FOULENT LE TAPIS ROUGE. POUR LA CRÉATRICE VAUDOISE, QU’IL EST LOIN LE TEMPS DES DÉFILÉS IMPROVISÉS AU FOND DU JARDIN, LE TEMPS OÙ, STYLISTE EN CULOTTE COURTE, ELLE VIDAIT LES ARMOIRES DE LA MAISON, POUR STYLER SES COPINES DE SES TRÉSORS. Par Magali Buy

. . . E S S A CL

© Ralf Eyertt

Faire la


D

es chutes de tissus éparpillés, rubans et bobines de fil enroulés, la jeune femme grandit entre les froufrous de ses grands-mères couturières. Elle crée son univers, rêve de princesses, de longues traines et de conte de fées, griffonne le fruit de son imagination et finit par ne plus lâcher crayon et bloc en papier. Mais ça ne suffit pas, Estelle est boulimique de curiosités. Elle découvre la photo aux côtés de son oncle et dévore de la pellicule. Une corde à son arc plus loin, elle range pourtant ses objectifs et prend la route de l’école bien loin des podiums et des projecteurs... LE CŒUR A SES RAISONS...

2019 Cannes-Film Festival : Estelle Rochat’s extravagant dresses are parading on the red carpet. For the Canton of Vaud-based designer, gone are the days of improvised runway shows in the back yard, when she used to empty her wardrobes to dress her friends up with her own treasures. She once used to dream of princesses, robes and fairy tales. Her dream has now come true.

© Isabelle Hanneuse

Ses études de professeur des écoles nourrissent son côté cartésien, c’est certain. Mais la créativité ? Difficile à mettre de côté, non ? Estelle se remonte alors les manches et se lance dans la diversité, manie cahier de classes et grand angle, et en avant ! Elle fait quelques shootings pour des books, son œil plaît, son réseau s’étale à vitesse grand V. Conseils de professionnels ou bouche à oreille, ça se bouscule au portillon quand ses rêves d’enfant la rattrapent : “Lorsque je suis devenue photographe de mode, j’ai commencé à côtoyer des mannequins qui cherchaient toujours à avoir des tenues différentes pour poser. J’ai d’abord récolté pas mal d’habits que je transformais pour aboutir à des tenues super stylées, mais sans arriver à ce que je voulais vraiment. Alors j’ai ressorti mon bloc...” Et comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Elle pose son appareil et travaille avec un couturier qui donne vie à ses croquis, les premières robes sortent, les femmes sont séduites, certaines jusqu’à leur robe de mariée. Il est grand temps de s’affirmer et d’imposer son style, à deux pas de la Riviera, Estelle ouvre son showroom à Crissier.

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ESTELLE ROCHAT

ENTRE CRÊPE ET DENTELLE...

Corsets ou laçage dans le dos, jupe de crêpe ou taille princesse, elle aime le noir et l’inspiration baroque et crée à gogo au service de la photographie, la beauté de l’image avant tout. Invitée au Focus Day- salon photo et vidéo romand - en 2014, elle se prête au jeu du défilé et teste ses modèles sous l’objectif de grands photographes : “je m’en souviens comme si c’était hier. On s’est retrouvé en plein milieu de la campagne, 4e vache à gauche ! Je trouvais ça un peu fou et totalement improbable, mais j’y suis allée, et c’était incroyable.” Plus de 100 photographes sont au rendez-vous et shootent son travail, son cœur fait boom, son carnet de commandes aussi.

Estelle dessine exclusivement des robes ou des combo jupe bustier, une taille, un modèle, pas de série. Tulle pailleté, satin, plumetis, dentelle, cuir ou organza, elle s’amuse à varier et superposer les textiles, toujours en quête de plus d’originalité. Alors quand on lui demande de reproduire un modèle déjà existant, son discours est déjà cuit : “Une robe, c’est une grande pizza. Il y a des éléments, mais on peut tout changer, enlever le salami, le jambon, rajouter de l’ail ou des artichauts. Tant qu’on garde la base de la création, je recrée sans souci. Je mets des bretelles ou des poches et c’est parti, mais zéro copie !”

© FBM Photography

ET ÇA DÉFILE !

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© Ares Duval Photography

ESTELLE ROCHAT

Spécialisée dans la tenue de gala ou la robe de mariée, la créatrice ne suit aucun cahier de tendance autre que le sien, et celui des femmes qu’elle habille. Et pour elle qui ne jurait que tailles princesses et total look noir, il a fallu ouvrir le champ des possibilités à la couleur, aux silhouettes et aux envies, sacré pari ! “On me réclame beaucoup de formes près du corps alors que je suis très princesse... ma marque de fabrique, c’est le laçage dans le dos, mais les demandes de dos nus et de transparence affluent, je dois faire des concessions et m’adapter, quitte à me frustrer un peu”. Et si la fashion designer calme ses ardeurs sur certains modèles, elle se rattrape et lâche toute sa créativité sur les défilés. Décolleté plongeant, bustier asymétrique ou fourreau transparent, les tenues

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explosent dans des chamarrés de bleu, de doré ou de rose, on ose ! Aujourd’hui, Estelle Rochat trimballe sa petite quarantaine avec énergie et vit ses journées au rythme de son métier et des femmes qu’elle enrobe. Déjà 10 ans de créations, et si elle n’avait qu’un vœu à faire pour les 10 prochaines années : “Je n’ai pas besoin de mes robes pour vivre, ça reste ma passion et c’est un équilibre que j’ai trouvé entre raison et cœur. Je veux faire comprendre aux femmes que mes collections ne sont pas réservées à une élite, ni de taille, ni de budget et je compte bien casser cette image, portée aujourd’hui, un peu comme une traine...” + d’infos : www.estellerochat.ch


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LUNA RIBES

Luna Ribes

LUNA

Les aventures de

ASSOCIATIONS AUDACIEUSES , COULEURS DÉTONANTES . A CONTRECOURANT DE LA TENDANCE, IL Y A 3 ANS, LA JEUNE ILLUSTRATRICE LUNA RIBES, NATIVE DE CORSEAUX OÙ ELLE EST TOUJOURS INSTALLÉE, CRÉE SA MARQUE DE FOULARDS. UN CARNET DE VOYAGES SUR SOIE.

A

sa première collection. De grandes étoles de « deux mètres par nonante » qu’elle travaille comme des tableaux de motifs colorés symbolisant paysages et pays coups de cœur. Des compositions dessinées à Vevey ; des soies fabriquées et imprimées à Côme. Du Swiss design made in Italy.

Par Christine Gil - Photos : Pierre-Michel Delessert

u lieu de décrocher la lune, la petite fille préfère se hisser jusqu’au croissant pour s’envoler autour du monde à l’aide de son foulard magique. Un scénario poétique qui illustre le logo doré sur fond noir de la marque éponyme Luna Ribes (lune cassis en italien) incarnée par sa créatrice. A 22 ans, cette toute jeune femme se lance dans l’accessoire de mode et réalise en 2016

COULEUR CASSIS

Une silhouette menue, de grands yeux bleu-verts, attentifs. Sous la douceur apparente, une fébrilité latente. De nationalité suisse et espagnole, l’aventureuse étudie d’abord l’Art et le Design à Portsmouth, gagne un concours de mode à Milan, s’y présente aux Beaux-Arts en Fashion Design : “Je voulais être dans une capitale

When she was 22, Luna Ribes, a young illustrator from Corseaux, went for fashion accessory and launched her first collection in 2016 : 6’5’’ by 3’ large stoles she designs just like colourful paintings representing landscapes and countries she is taken with.

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© Meryl Henchoz


LUNA RIBES

UN MONDE EN SOIE

© Ribes design

de la mode. Là où tout se passe…” Une fois maîtrisé l’art du projet conceptuel, du tricot et du tissage, l’idée du foulard prend forme : “Tout est design ! Je peux faire ce que j’aime, tout se rejoint : l’illustration, l’accessoire de mode, les voyages.” Formée à Paris chez Chanel Goossens, Maison Michel et l’atelier de bijoux Matart, elle mesure l’exigence des métiers d’art mais a hâte de déballer ses grandes illustrations aux motifs et couleurs originaux, fruits de 2 ans de travail préparatoire pour créer sa marque. “Je peins à l’écoline (une encre très pigmentée) des croquis pleins de détails. La technique Inkjet, c’est précis, avec une netteté sur les deux faces”.

“Chaque foulard a sa propre histoire. C’est un peu mon tour du monde…” En cachemire et soie, poids plume ourlées à la main, les étoles célèbrent sa Suisse natale, comme ce Lavaux fushia au graphisme diffus : “Je me suis inspirée des kaléidoscopes, mélangeant photo et peinture.” Ou l’amour des voyages réels ou rêvés. « Barbe à Papa » image un étonnant Pérou où l’alpaga ressemble à une peluche rose et « Tea Time » illustre sa vision de l’Angleterre aux couleurs pétantes. Une collection chamarrée d’étoles soyeuses, où se glisse parfois un discret message dénonçant la montée des eaux (Terres et Mers) ou la pollution (Big Apple) : “J’ai choisi un mode de production artisanal au plus près du respect de l’environnement et de l’humain. Même si une soie entièrement écologique n’existe pas encore…”

Et quand ce n’est pas de la soie qu’elle noue autour de son cou, se sont des pieds de vigne qui s’enroulent autour de ses chevilles. Inspirée par la Fête des Vignerons, cette année, elle s’est donc promenée, carnet et aquarelle en main, entre les côteaux de Lavaux, pour imaginer une collection de 4 foulards, déclinaisons des 4 saisons. Au-delà de la démarche artistique, cette collaboration avec le grand événement veveysan est symbolique pour elle : dans sa famille, on est y figurante de mère en fille depuis l’édition de 1927, à laquelle son arrière-grand-mère avait participé. Cette année, c’est elle, avec ses cousines et son frère, qui se fondra dans la foule des 5000 figurants, et le jour de la première représentation, c’est peutêtre dans le ventre qu’elle aura un petit nœud… + d’infos : www.lunaribes.ch

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© Meryl Henchoz

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BLABLA

b a g VOUS AVEZ DÉJÀ VU UN SAC QUI PARLE ? JUSQUE-LÀ, MOI NON PLUS ! QUELLE DRÔLE D’IDÉE QUE CELLE DE LAURENCE MONNAT, LA CINQUANTAINE AZIMUTÉE, CRÉATRICE OLÉ OLÉ D’ACCESSOIRES EN TOILE CIRÉE... À COUP DE SCRATCH ET DE PETITS MOTS CULOTTÉS, LES MESSAGES DÉAMBULENT EN BANDOULIÈRE DANS LES RUE DE VEVEY OU D’AILLEURS, À PORTÉE DE MAIN, ET À CHACUN LE SIEN ! Par Magali Buy

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L

aurence exerce son métier de décoratrice artistique, quand un incendie ravage son atelier et réduit ses rêves au néant. Elle perd tout. Pour la jeune femme qui a du tempérament, baisser les bras, il n’en est pas question. Il faut rebondir, mais où et comment, c’est une autre paire de manches. En 2006, elle fait le choix de garder un pied dans son domaine de prédilection et ouvre un nouvel atelier, mais se dit qu’élargir son horizon professionnel, mettrait un peu de piment. Et le hasard va lui donner un bon coup de main. Comme toute femme en quête du Graal, Laurence cherche un sac à main pratique, original et plein

de peps, la perle rare qui n’existe finalement nulle part. On connaît toutes ça. Désespérée de ne trouver chaussure à son pied, elle décide de le faire elle-même, à son idée, et son idée va faire parler... BIM !

La couture, elle n’y connaît rien, mais avec volonté et bonne humeur, on arrive à tout, non ? Pleine d’espoir, elle achète une machine à coudre et frappe chez Isabelle, son amie la voisine et couturière de métier, qui la coache, lui donne le b.a.-ba, et devient

A speaking bag? That does not exist, right? Well, yes it does... Since the accessory designer Laurence Monnat has had the weird idea to add Velcro and cheeky quotes to her handmade oilcloth items. Over trendy shoulders, these messages wander in the streets of Vevey. Everyone has their own.


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vite son bras droit. Quitte à créer, Laurence veut se démarquer avec un concept fun et décalé, le petit plus qui fait tilt ! Et c’est en ouvrant son frigo, support favoris des factures à payer ou dessins du CP, qu’elle va se rafraîchir les idées. Il lui prend la lubie de coller des nota bene à ses sacs, comme on aimante un récépissé à la vavite pour ne pas l’oublier. Glaner des petits mots bonne mine ici et là, et pourquoi pas ? BAM !

D’une trentaine au départ, la créatrice dépasse aujourd’hui le millier de post-it à sacs : « L’air de rien », « J’peux pas j’ai lama », « Ah bon vraiment ? », « Un peu badadia », « c’est mon choix... », « 20 minutes à feu moyen », « Ça joue ou bien ? », « Faut pas abuser », « J’peux pas j’ai spritz ! », « mais bien sûr ! », « Et ta sœur ? », « Tu cherches la p’tite bête ? »… Sacs, trousses et besaces se mettent à faire la pluie et le beau temps, porter le mood du jour ou juste dire bonjour. Mots d’amour, expressions locales ou attaques cinglantes, avec humour, sourire et provocation bien dosés, le message est passé. Et si le vent venait à tourner, pas de panique, les étiquettes se changent à l’infini, on déscratche, on rescratche et hop ni vu ni connu, pas de bévue. BOUM !

Il faut dire que si le velcro a bien accroché, la créatrice n’a pas ménagé sa monture. A tout mener de front, déco, créa et tracas qui vont

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avec, Laurence s’épuise. Portée par l’engouement de la nouveauté, elle finit par trancher et se consacrer à sa collection, laissant la déco momentanément de côté. En 2011, elle met chances et pécule de côté, investit dans un salon de professionnels à Zürich et ferme les yeux très fort... ça passe ou ça casse. Et ça cartonne ! “J’avais une idée derrière la tête, mais je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur.” Heureusement, elle est bien entourée. Isabelle, ses amis, sa famille et surtout son papa, lui vouent un soutien sans faille et ne rechignent jamais à la tâche quand il s’agit de mettre la main à la pâte. Caddie, pochettes, sac à main, à rabats, à dos, à vrac écolo ou tote-bag déglingo, aujourd’hui, sa petite entreprise BimBamBag décline une vingtaine de modèles taillés exclusivement dans de la toile cirée européenne. Chouettes, fleurs, petits pois ou pomme happy, cerises, flamants roses ou cuicui en folie, 70 sortes d’imprimés réveillent les esprits et les rétines endormies. “Ce qu’il y a de bien c’est qu’on choisit tout ! Son modèle, son imprimé et son petit message velcroc, ça devient presque une pièce unique. Je ne suis pas styliste, mais créatrice, alors les modèles sont simples : une poche, une ceinture et une bandoulière. Mais ce que j’aime le plus, c’est trouver les messages et procurer du bonheur.” Avec plus de 5000 pièces par an, l’affaire est dans le sac ! + d’infos : www.bimbambag.ch


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TACKS

MAF AT

TERREUR

nocturne LONGTEMPS JE ME SUIS LEVÉE DE BONHEUR ET JE NE COMPRENAIS PAS CES OURS MAL LÉCHÉS, QUE LA NUIT N’AVAIT VISIBLEMENT PAS RÉUSSI À RÉPARER ET À QUI ON NE POUVAIT ADRESSER LA PAROLE AVANT QU’ILS N’AIENT AVALÉ LEUR RASADE DE CAFÉ. Par Mélanie Marullaz - Illustration Sophie Caquineau

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A

ujourd’hui, quand le radio-réveil m’extirpe, à grands renforts de mauvaises nouvelles, du sommeil abyssal où j’ai fini par tomber, je ne ressemble à rien avant d’avoir trempé ma tête dans un bol de thé. “Et pourquoi donc ?” vous demandez-vous, chers lecteurs, tenus en haleine par cette introduction palpitante. Parce que depuis quelques années, je compte sur les doigts d’une seule main mes nuits complètes. “Quoi de plus normal quand on a pondu un enfant tous les 3 ans ?”, ferez-vous remarquer, car vous avez du bon sens. “CE N’EST PAS PARCE QUE C’EST NORMAL QUE C’EST PLUS SUPPORTABLE !!!”, vous répondrais-je sans un poil d’agressivité.


ORGANISME NUIT-SIBLE

La situation s’est encore dégradée récemment, depuis que l’Homme et moi avons décidé, sans vraiment la consulter, que N°3 devait définitivement faire lit à part, chambre à part, voire même emménager dans un petit studio quelque part. Car depuis qu’elle est née, m’ayant désignée comme son doudou officiel, elle n’a quitté notre alcôve que par intermittences. Je dirais même plus, depuis qu’elle a sa propre chambre, elle se lève toutes les nuits pour nous rejoindre… TOUTES LES NUITS. Généralement, je suis réveillée par ses pas dans l’escalier et je remonte la couette sur mes oreilles, espérant avoir rêvé. Mais j’entends bientôt son souffle… Je me risque alors à ouvrir un œil, pensant voir se dessiner sa silhouette dans l’encadrement de la porte. AAArgh !!! Elle est déjà juste devant moi. Une seule chose à faire : lui tourner le dos et me caler pile au bord du lit, ce doit être un cauchemar. Mais non, elle est bien là et se glisse derrière moi, s’agrippant de toutes ses forces, à moitié suspendue dans le vide. AU BORD DE LA CRISE DE MÈRE

Je finis donc par me lever, la redescends dans sa chambre, lui fais un câlin, redis bonne nuit… mais elle ne desserre pas son étau et reste accrochée à moi comme Laeticia à l’héritage de Johnny. C’est là que je perds le contrôle. Je m’arrache à son étreinte, ressors de la chambre en claquant la porte, ce qui la fait hurler ; je re-rentre dans la chambre, la menace de lui supprimer ses tétines, ressors avec les tétines, ce qui ne la calme pas ; à la 3ème tentative, j’ai perdu tout ce qui me restait de patience et de dignité… Survoltée, effrayante et violette, comme un Minion piqué au PX 41, je balance les tétines et hurle plus fort qu’elle… Jusqu’à ce que l’Homme descende en courant dans l’escalier. J’en profite pour m’éclipser, remonte sous la couette et l’entend se fâcher, d’abord sans crier - seuls les hommes en sont capables -, puis baisser le ton, pour finalement s’adoucir et calmer la bête

ZOMBIE MUMMY

Quand il remonte et que je lui dis que je n’en peux plus, il me répond que lui non plus et « qu’on paie le résultat de notre laxisme ». Je voudrais bien lui faire remarquer qu’on ne paie pas un résultat, mais je doute qu’il soit réceptif à un cours de linguistique à cette heure, alors je me tais et… ne me rendors pas. Impossible d’apaiser l’emballement de mon cœur, surtout quand j’imagine que celui de Choupinette, un étage plus bas, doit aussi danser la samba… Du coup, accumulation de fatigue = compensation calorique et surconsommation de chocolat, capitale patience épuisé, démotivation totale, somnolence… Bref, pour ceux qui en douteraient encore, je le confirme : la privation de sommeil EST une torture… Ahhhhhhhhhhh, d’ailleurs je… Ahhhhhhhhhhhhhhh mlkjfpoiujaen mljiouj oiupoiiuyuip lkjhfoiqudhfnlakjhn… + d’infos : www.mavraieviedemaf.wordpress.com

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À TAAABLE !

FINANCIERS À LA FIGUE & TÊTE DE MOINES AOP PRÉPARATION : 15 MIN I CUISSON : 20 MIN POUR 10 FINANCIERS

Préchauffer le four à 180°C. Mélanger dans un grand bol la farine, la levure et la poudre d’amandes. Ajouter les œufs et mélanger. Sans cesser de remuer, verser le lait jusqu’à l’obtention d’une pâte bien lisse. Ajouter le miel et remuer. Saler et poivrer. A l’aide d’une petite louche, verser la pâte dans des moules à financiers en silicone. Sur chaque financier, déposer

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quelques dès d’olives et un quart de figue. Placer les moules au four pendant 15/18min. Pendant la cuisson, former à l’aide d’une Girolle© des rosettes (de fines fleurs) de Tête de moine AOC en tournant le couteau circulaire de 3 tours et demi. Lorsque les financiers sont prêts, déposer sur chacun une rosette de Tête de Moine. Déguster.

© Fromage de Suisse

10 belles Rosettes de Tête de Moine AOP I 6 figues violettes 2 œufs I 12,5 cl lait tiède I 120 g farine I 1 cuill. à café de levure I 30 g de poudre d’amandes I 40 g d’olives noires I 1 cuill. à café de miel I Sel, poivre


SP ÉCI A LI T É S VI A NDE D E PORC

PR ÉPAR ATIO NS CH A RCU TI ÈRES

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G R O S ET DÉTAIL

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Spécial barbecue

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LACROIX S.A. CHAMBERY 397 avenue du Grand Verger (à côté de Carglass) 04 79 69 01 94 Le samedi de 8h30 à 16h00 NON STOP - Du mardi au vendredi de 9 h à 12 h 30 et 14 h 30 à 18 h 30


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