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S O M M A I R E O N LY G I R L S 10 QUOI MA GUEULE ?

Sous les strass… No stress !

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La « faim » justifie les moyens…

BON SANG DE BON SENS !

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COIN G

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COIN C

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ESSAIE ENCORE

Pollutions nocturnes Mais... fallait demander ! On s’fait un break ?

JUSTE POUR RIRE 22 MAF ATTACKS Stress avent-coureur

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MÊME PAS MÂLE

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MÂLE ET DICTION

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MDR

Santa Closed

Quand Monsieur ferre Madame Sur la mauvaise pente !

Montagne

DOSSIER

en stations

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NEW VINTAGE

Mono Manie

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REBECCA MANZONI

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LIRE & OFFRIR

BRICE LEQUERTIER

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MARGAUX MOTIN

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ON SORT ?

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TINA KIEFFER

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HOROSCOPE

ROSELYNE BACHELOT

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ÇA M’ENERVE

ÉQUIPE DE

SHOOT !

A LA TABLE DE FLEUR

Food & furious

LES MOTS DÉFENDUS

I’m so sade...

MONSIEUR & MADAME

Mâle heureux

REAL MAF

Complètement à la ra-maf...

PREMIÈRES DE CORDÉE

A chacune Savoie

CULTUR’ISME

Cas barrés

SORCIÈRE OU BONNE FÉE

LES GRAPHITEUSES

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C’EST D’LA BOMBE BÉBÉ

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MERCI !

DOSSIER

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Pom-pom girls Laracaille

La spontanée

Ondes positives

L’arène Margaux ! Etude de K

L’avis en rose

La reine des galettes !

JEANNE ADDED

AURÉLIE VALOGNES Rêve party

CHRISTINE ARRON

Rattrape-moi si tu peux !

MARIE BOCHET

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HÉLÈNE DARROZE

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VIRGINIE DELALANDE

La reine des neiges Cuisiner de bonheur Suivre sa voix

TOI+MOI+EUX 204 J’AI L’DROIT D’ABORD Tensions sur la corde !

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JURIDIQUE

Cadeaux de Noël, rien à déclarer ?

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nos prix

LA MONTAGNE VERTE

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INÈS DE LA FRESSANGE

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LES HITS DU EAT

GREEN GENERATION

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MARIE DRUCKER

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À TAAAABLE !

Petites natures

Astres & désastres

Jeanne session

nob’Elles

Hautes responsabilités

Culture

Complètement Jomard !

HUMEUR

The snow must go on

Pour les enfants

NATHALIE JOMARD

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Avec ou sans philtre ?

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MODE SUR LES PISTES

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IMAGES ET NEIGE

Traces de vie

DOSSIER

Bande de crétins !

D É C E M B R E

Blanc dans l’œil

ALLO MAMAN BOBO

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Mod’elle

Télé génie

TOC TOQUES Le Bilboquet

De l’entrée au dessert décembre 19

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LARAPORTEUSE

a m t s C’e ée !

n r u o t

I

l était tard, très tard et nous étions encore accoudées au bar, à refaire le monde, totalement défaites. Mais après 3 nouvelles tournées pur malt, le terre tournait nettement plus rond, merci. Complètement rondes aussi, nous étions, contre toute attente, devenues des génies ! C’est fou comme tout paraît fluide quand la bande est Scotchée. “Eh, les filles, si on aidait Lara à sortir son prochain mag ? Il lui faut un bon sujet pour une fois…” Fanny, plus ardante que jamais, commanda la suivante. “Si la faim vient en mangeant, le début en buvant, élémentaire, non ?” Coco insista pour prendre la n°5. Vanessa était aux anges… “Mais oui, d’autant qu’on a un tandem de pros dans l’équipe, hein ?” Tous les regards se tournèrent vers Anne qui, elle, n’y voyait plus sin clair. Quant à Elise, ma pauvre Lucette, elle éprouvait l’émail des sanitaires, des fois qu’elle y trouve un scandale… “Je crois qu’on les a perdues”, reconnut Jeannie qui, question ravito, en connaissait un rayon. Un rien chancelante, Angela se risqua :“und zi dans ce makasine, on barlait de der hembreinte carpone du père Noël ?” Laure, la seule qui tournait à l’eau, plongea la tête la première : “Et

Lara Ketterer, rédactrice en chef

on pourrait dénoncer l’opération écolo-marketing autour des costumes verts des lutins !” Silence général dans le troquet. “Ça casse pas trois pattes à un connard, ton truc, Laure”, lacha notre Rita mise sous Coke. “Ni à une connasse”, renchérit Camille. Voilà qu’elles nous avaient plombé l’ambiance… C’est alors que Blanche lâcha : “Mais c’est bien connu : la bite ne fait pas le moine !”. Mata Ha ri forcément, Isabelle la trouva trop marante… Seule Jeanne, encore pucelle, ne pipa mot. France ne résiiiista pas : “Laisse tomber les mecs !” Evidemment… “Et si on faisait un numéro que de supers nanas ?” Simone, qui l’avait mis en Veil jusque-là, valida l’assemblée. Edith piaffait déjà à l’idée. Bettina avait le gosier bien rheimsé, depuis le temps, mais ça ne l’empêcha pas de payer sa tournée. Sharon et Emma, finirent bien entendu Stone… Des supers nanas, j’suis fan ! Je vous veux toutes alors ! “Bah non, poulette, nous, on est plus en état là, tu vois… Trouve celles qui n’ont pas trinqué effrontément !”, me souffla Charlotte. Allez, la dernière est pour moi ! Santé les filles ! Quelques heures plus tard, entourée de mon équipe, l’haleine chargée, l’œil pétillant, j’annonçais fièrement : “j’en ai rêvé…” Et on l’a fait.

En couverture : création Activmag ACTIVMAG (supplément mensuel d’Eco Savoie Mont Blanc) Les Papeteries - Image Factory - 3 Esplanade Augustin Aussedat - Cran Gevrier - 74960 Annecy - Tél : 04 50 05 64 30 I Directrice de la publication, rédactrice en chef : Lara Ketterer - l.ketterer@activmag.fr Secrétaire de Rédaction : Victoire Barrucand - v.barrucand@activmag.fr I Design, maquette, montage PAO : Sophie Caquineau, Pauline Lebeau Attachées commerciales Haute-Savoie : Blandine Mathieu 06 60 60 24 94 - Sabine Long 06 61 06 24 31 - Corinne Billet 06 89 65 09 09 Attachées commerciales Savoie : Agnès Desplantes 06 51 01 20 58 - Nathalie Attinault 06 47 84 79 86 I Attaché commercial Nord-Isère : Guillaume Kussy 07 60 85 51 96 Coordinatrice commerciale : Elisa Raddaz 04 50 33 35 34 DEVENEZ DIFFUSEUR ACTIVMAG : Direction diffusion et abonnement : Régis Buet 06 76 22 43 28 Rédaction : Emmanuel Allait - Victoire Barrucand - Diane Boccador - Virginie Bosc - Cécile Boujet De Francesco - Magali Buy - Frédéric Charpentier - Clémentine Delafontaine - Delphine Guilloux - Nolwenn Huyart - Gonzague Laumet - Céline Leclaire - Mélanie Marullaz - Béatrice Meynier - Christine Mouez-Gojon - Gaëlle Tagliabue - Fleur Tari-Flon Impression Rotimpress I Distribution : Supp. de l’hebdo. Eco Savoie Mont Blanc. Marchands de journaux ACTIVES SAS filiale de SOPREDA 2 SA Edition, rédaction, publicité - B.P. 9017 - 74990 ANNECY cedex 9

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DOSSIER

prix

nob’Elles

Juillet 2019 -Réunion de rédac’25 nanas et 2 mecs enviés par tous (OU PLAINTS, SELON LES SOURCES). ORDRE DU JOUR : UNE ÉDITION WAOUH, RÉUNISSANT LES FEMMES ESSENTI’ELLES QUI NOUS ONT INSPIRÉS, CELLES QUI NOUS ONT FAIT RIRE, PLEURER OU COMPLÉTEMENT CRAQUER ! ÇA PIAILLE, ÇA DÉBAT, ÇA PÉTILLE, ET DANS LA CACOPHONIE GÉNÉRALE, DES NOMS FUSENT : UN MÊME ADN, L’HUMOUR, LA LIBERTÉ DE TON, UNE FORTE PERSONNALITÉ, TOUT CE QUI FAIT L’ESSENCE-MÊME DE NOTRE MAG ! HAUT LES CŒURS, ON DÉROULE LE TAPIS ROUGE, ON DÉCERNE NOS PRIX NOB’ELLES ET ÇA, ÇA NOUS DONNE DES AILES !

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ines de la fressange

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Mod’Elle

1975, 1,80 M ET ÉLANCÉE COMME JAMAIS, À 17 ANS TOUT COURT, INÈS DE LA FRESSANGE FAIT UNE ENTRÉE FRACASSANTE SUR LES PODIUMS DES DÉFILÉS. LE CHARME ARGENTIN DANS L’ALLURE, UN SOURIRE À TOMBER, ELLE SE DISTINGUE PAR UN PHYSIQUE HORS NORME ET UNE LÉGÈRETÉ DE TON, PERCHÉE SUR TALONS HAUTS… RENVERSANT !

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Propos recueillis par Magali Buy - Photos : Alexandra d’Urso

ai beau me mettre sur la pointe des pieds, difficile de lui arriver à la cheville. Egérie Chanel dans les années 80, mannequin star de sa génération. « Ines ? Il n’y en a pas une autre », disait Karl Lagerfeld. Tout le monde se l’arrache. La jeune femme fait trembler les projecteurs, elle est la mode, mais le mannequinat ? Hors de question de se cantonner à ça ! Inès ne crache pas dans la soupe, elle veut voir plus loin. Et ni sa rupture avec Chanel, ni la perte de sa griffe n’auront sa peau ! Entre fragilité et entêtement, les revers de la vie ? Hop !

Balayés ! Marianne, femme d’affaires, styliste ou co-auteure de La Parisienne - qui vient de faire peau neuve -, elle rhabille depuis 30 ans les années avec humour et persévérance. Un look un peu garçonne et le caractère culotté, elle sait ce qu’elle veut et aucune raison que ça change. Entre style et smile, elle a du bagout et on aime ça, chapeau bas ! Activmag : Votre livre s'appelle La Parisienne, surtout pour l'image à l'international... pourquoi pas la Française ? Inès de la Fressange : Vous avez raison ! Seulement, à l’étranger, on me parle souvent de « la Parisienne ».

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ines de la fressange

Sans doute car toutes les maisons de couture et de prêt-à-porter, à quelques exceptions, sont par tradition à Paris. Mais « Parisienne », c’est plus un état d’esprit, un sens de la liberté et de la joie. On peut le retrouver autant à Lille qu’à Marseille ou Annecy. Revenons un peu en arrière, quels sont les souvenirs de votre premier défilé ? Vous aviez 17 ans… Ouh là, on remonte au siècle dernier ! L’époque des dinosaures ! Mon premier défilé était pour Kenzo, au tout début du prêt-à-porter de créateurs. On sortait d’une période années 50-60 où les mannequins défilaient avec la main sur la hanche en faisant tourner les robes. Heureusement, chez Kenzo, tout était détendu. Il était terriblement timide, un peu comme Saint Laurent, mais entouré de gens très chaleureux. Je me souviens

avoir défilé sur Isn’t she lovely de Steve Wonder, difficile de déambuler de façon prétentieuse avec une telle musique ! Mais surtout, c’était très intimidant parce que c’était LE défilé qu’il fallait faire à cette époque-là : les gens se battaient pour avoir des invitations. J’avais les cheveux courts, très peu de maquillage, et j’étais maigre comme un clou, alors que les mannequins étaient plutôt blondes surfeuses californiennes ou suédoises ! J’étais un peu atypique, quand même ! Vous vous êtes démarquée par votre singularité et cette façon de défiler un peu impertinente ? En fait, je ne savais pas faire autrement quand j’ai commencé. C’est parce que ça a plu que c’est devenu un style. Le fait de sourire, de faire des clins d’œil, de recon-

naître des gens, ç’aurait pu être un flop total... et ça a été le contraire. Mais au départ, c’était juste de l’incompétence ! C’est un métier qui fait rêver les jeunes filles… Vous avez réussi à rester vousmême dans cet univers paillettes ? Oui, mais en respectant le style des maisons, et c’est normal ! A l’époque, je cumulais jusqu’à 42 défilés. Je me maquillais et me coiffais autant de fois. Je n’ai jamais voulu alimenter le mythe, dire que c’était un métier merveilleux. Beaucoup de très jeunes filles veulent être mannequins, et s’imaginent qu’on va leur offrir des tonnes de vêtements, qu’elles sortiront de l’avion avec des bouquets de fleurs et iront dans des villes fantastiques. Dans un livre, j’ai expliqué que tous les gens autour sont plus créatifs que les mannequins eux-mêmes. Que ce soit la maquilleuse, le coiffeur, le directeur

LE MANNEQUINAT M’A APPORTÉ BEAUCOUP, MAIS EN AUCUN CAS JE NE DIRAIS QUE C’EST LE MÉTIER LE PLUS PASSIONNANT DE LA TERRE.

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artistique, le styliste ou la rédactrice de mode... Si le photographe rate l’éclairage, la photo sera moche, que le modèle soit professionnel ou non. Quels sont vos plus beaux souvenirs ? Les belles rencontres ! Pour n’en citer que quelques-unes, je me souviens avoir défilé pour Popy Moreni qui nous recevait chacune à part. On choisissait nos vêtements avant de monter sur le podium, on discutait, elle était très chaleureuse. Et puis il y a eu Jean-Jacques Picart, consultant mode très connu et longtemps éminence grise de Bernard Arnault (le PDG de LVMH), Paolo Roversi, photographe talentueux que j’ai découvert alors qu’il était encore inconnu, un grand ami. J’ai beaucoup d’histoires comme celles-ci... Petite curiosité de fan, il paraît que vous avez contribué au démarrage de Christian Lacroix chez Patou, c’est vrai ? Il allait être recruté, et il devait

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convaincre. On est arrivé à 7 heures du matin, j’ai enfilé des vêtements qu’il avait dessinés pour le Japon et j’ai défilé comme un vrai mannequin « classique » cette fois ! C’était plus convaincant de voir une collection portée, que sortie d’une valise ! Christian est très loyal parce qu’il rappelle très souvent ce moment où je suis venue le soutenir à titre amical. Et en haut lieu, nous sommes restés très amis. Qu’est-ce que ce métier vous a apporté finalement ? J’étais quelqu’un de timide et de réservée. Et comme on côtoie des gens différents tous les jours, il faut apprendre à s’adapter très vite. Ça m’a apporté beaucoup, mais en aucun cas je ne dirais que c’est le métier le plus passionnant de la terre. Par contre, auprès des couturiers et des stylistes, notamment au cœur du Studio Chanel, j’ai appris mon métier d’aujourd’hui. Et ça, ce n’est pas rien !

Vous parlez du stylisme bien sûr ? C’est amusant ! J’ai été mannequin une dizaine d’années, alors que je suis styliste depuis 30 ans ! Je suis plus styliste que mannequin, en fait. C’est un peu comme les miss France, si on l’a été une fois, on le reste à vie. Mais je m’évertue à dire que mon métier est beaucoup plus intéressant aujourd’hui. Quand on m’apprend qu’en Malaisie, en Russie, en Chine ou en Amérique, ma collection plaît, j’en suis bien plus fière que d’avoir été en robe longue chez Saint Laurent ou chez Dior. Vos collections, élégantes et si féminines, ont parfois une légère touche garçonne, pensez-vous que votre scolarité dans une pension de garçons ait influencé votre inspiration ? J’étais la seule fille à l’école, la seule à ne pas avoir l’uniforme en flanelle grise avec une cravate. Ma grand-mère m’avait offert une robe chasuble dans le même tissu, mais ce n’était pas pareil.

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J’en ai peut-être gardé une frustration ? Je me souviens que Paul, un des garçons, m’avait prêté ses chaussures de foot à crampons, c’était beaucoup trop grand pour moi et difficile de marcher avec, mais je sentais que c’était un suprême honneur de pouvoir les porter. A l’époque les garçons étaient peut-être moins apprêtés qu’aujourd’hui, mais ils avaient l’air si confortables dans leurs vêtements. Ça, ça a dû me marquer aussi. Quoiqu’on fasse et quel que soit son métier, l’enfance compte.

faut juste organiser sa vie pour rendre cela possible.

Quels sont vos projets aujourd’hui ? Je viens de lancer une box, ça fait un carton, il faut que je m’en occupe. Et puis je ne sais pas dire non, alors ça fourmille ! Pourtant mon but n’est pas d’être super active, mais de bien gérer mon temps, pour en garder du libre, voir mes copines, ne pas se laisser avoir par le stress. Pour pouvoir faire beaucoup, il faut savoir flâner et perdre son temps. C’est le meilleur moyen d’en gagner. Il

On vous a surnommée le mannequin qui parle : y'a-t-il des choses que vous avez dites, puis regrettées ? Non, non, rien de rien, je ne regrette rien ! (rires)

FAN DE... Quelle est votre actrice favorite, celle qui vous touche ? Valeria Bruni Tedeschi. Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Camille Claudel.

Et vous avez réussi ? Nooon !!! On s’imagine toujours qu’à 60 balais, on aura cette espèce de sagesse totale, et pas du tout. D’un coup, je m’aperçois que je suis sur Instagram depuis plus d’une demi-heure, alors que j’ai 50 000 trucs à faire ! Ce qui est drôle dans la vie, ce sont ces côtés ado, même à 60 ans ! Je suis bonne pour donner des leçons, mais je ne les suis pas vraiment !!

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+ d’infos : La Parisienne Ines de La Fressange & Sophie Gachet, éditions Flammarion

On approche de Noël, quel est le plus beau cadeau qu'on vous ait fait et celui qui vous comblerait ? On m’a offert un platane : c’est un cadeau magnifique et qui dure ! Aujourd’hui,

Quelle est la championne que vous admirez ? Ma tante Christiane de la Fressange : elle a été dans l’équipe de France de ski et résistante pendant la guerre. Votre femme de média préférée ? Marie Drucker : elle est belle, intelligente et a su se faire un prénom ! burn Alex Hep

Quelle est la chanteuse que vous doublez sous la douche ? Alex Hepburn. Mais impossible de la « doubler » par contre !!!

Croquis de Madeleine Vionnet

j’aimerais une balançoire. Non pas pour la mettre dessus, mais pour l’avoir chez moi, à Paris, ça doit détendre...

Votre styliste préférée ? Madeleine Vionnet, grande couturière qui a inventé le biais. Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Valérie Lemercier.

Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Agnès Buzyn. Je la vois bien première présidente de la République française.

L’auteure que vous dévorez ? Virginia Wolff.

Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Lucie Aubrac.

Quelle est votre héroïne préférée ? Francine Leca, présidente de Mécénat chirurgie cardiaque (instagram : mecenatcardiaque). C’est une femme épatante, première chirurgienne cardiaque en France. Elle œuvre pour sauver des enfants qui ne bénéficient pas de couverture sociale, dans des pays où il n’y a ni médecine, ni moyens. Je suis très investie dans cette association et jusqu’au 20 janvier, il y a une tombola en collaboration avec des marques de luxe, dont les recettes seront reversées à la fondation. Même si on ne gagne rien, on peut toujours aider un enfant. Avoir un petit en face de soi et lui dire : on sait comment t’opérer, les machines existent, les chirurgiens aussi, mais si on n’a pas d’argent, tu meurs… Ce n’est pas supportable.

Lucie Aubrac

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marie drucker

Télé

Génie J’

étais jeune journaliste, un peu critique vis-à-vis d’un média pour lequel j’avais commencé à travailler, mais cette fille-là, j’avais envie de l’écouter. Il s’en dégageait un mélange de sérieux et de proximité, porté par une voix grave, posée mais engagée, et surtout, par un regard direct. Comment ça direct ? Ben oui, elle n’utilisait pas de prompteur, et dans l’intention du regard, ça change tout. Bref, Marie Drucker ne trichait pas et elle était faite pour la télé. Par hérédité, pourrait-on résumer avec facilité… Par ténacité, découvre-t-on en réalité. Depuis ses premiers pas en presse écrite, il y a 26 ans, elle a donc baladé sa chevelure noire de jais sous les caméras de ITélé, Canal+, de France Télévisions, et dans les studios d’Europe 1 ou RTL, avec l’info pour seul credo. Mais depuis 3 ans, elle s’est éloignée des plateaux. Si elle incarne encore l’émission hebdomadaire Infrarouge, sur France 2, elle a aujourd’hui repris la plume : avec sa copine Sidonie Bonnec, pour parler maternité, puis publier un guide consacré à la consommation « naturelle » ; et au sein de sa propre boîte de production, pour donner dans le documentaire, mais écrire aussi, et ça c’est nouveau, des fictions. Activmag : Ce n’est un secret pour personne, vous êtes issue d’une famille

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UN SOIR (TROIS) DE 2005, J’AI FROTTÉ LE DESSUS DE MA TÉLÉ, ET MARIE DRUCKER S’Y EST PRÉSENTÉE. ELLE N’ÉTAIT PAS LÀ POUR EXAUCER TROIS DE MES VŒUX, MAIS POUR DONNER, AU JT, UNE VOIX QUI ME PARLAIT. POUR D’AUTRES GÉNÉRATIONS, L’INFO C’ÉTAIT PEUT-ÊTRE CHRISTINE, CLAIRE OU BÉATRICE. POUR MOI, C’EST DEVENU MARIE. Propos recueillis par Mélanie Marullaz - photos : Charlotte Schousboe / FTV

de télé. Votre père a été le patron d’Antenne 2, puis de M6, votre oncle anime nos dimanches d’aussi loin qu’on s’en souvienne. Du coup, le petit écran, c’était une évidence ? Marie Drucker : En fait, je ne me suis jamais située dans une famille de télé, je voyais plus mon père comme un chef d’entreprise, certes dans l’audiovisuel, mais il n’était ni journaliste ni animateur. Je ne me suis jamais située non plus par rapport à mon oncle, qui a pourtant été journaliste très longtemps. En tout cas, ce n’était vraiment pas conscient… Je n’aimais pas l’école, mais le monde autour m’interpellait. J’ai commencé à lire la presse très jeune, comme une fenêtre sur la société que je n’avais pas l’impression de pouvoir ouvrir en milieu scolaire. Pour autant, j’ai eu mon bac tôt, mais j’ai su très vite que ne ferais pas d’étude… Je n’en étais pas capable, pas sur le plan intellectuel, mais parce que je ne supportais plus les contraintes, le manque de liberté, ce qu’on appelle le « moule », pour lequel je n’étais pas du tout faite. Il a donc fallu que je travaille très vite. Au fond, je n’ai même pas vraiment réfléchi, mais à 19 ans, j’étais déjà journaliste. Mais il y a bien un moment où il a fallu faire un choix… Je pensais que mon milieu naturel allait être la presse écrite, puisque j’adorais la lire. J’ai donc commencé au « Figaro

Grandes Ecoles et Universités », à une époque où vous pouviez faire un stage qui pouvait se transformer en CDD, avec des interlocuteurs qui disaient : « passe lundi, on va voir… » et qui vous formaient. Ce qui est impossible aujourd’hui. Je me suis vite rendue compte que je n’avais pas un talent exceptionnel pour l’écriture. Finalement, j’avais le même sentiment qu’en terminale, quand j’avais un mois pour faire une dissertation et que je la faisais le dimanche soir à 23h, il y avait quelque chose de très scolaire et je ne voulais pas de ça. Et la première fois que je suis entrée dans une société de production, c’était l’agence Capa du temps d’Hervé Chabalier. Là, tout à coup, j’ai eu la possibilité d’exprimer des choses, de raconter des histoires. Avec l’image, c’est tout un univers qui s’est révélé et mon imaginaire a fait des pas chassés volants de joie ! Pour Christine Ockrent, c’est la chute du mur de Berlin qui restera gravé comme un moment historique dont elle s’est fait l’écho. Et pour vous ? J’ai été la première, toutes chaînes confondues, à prendre l’antenne le 11 septembre sur ITélé. On a vu en direct l’avion percuter la seconde tour… C’est un moment terrifiant, parce que la réalité dépasse la fiction. C’est une image que vous n’avez vue que dans les films catastrophe, je crois même que les scé-

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naristes n’étaient pas allés jusque-là, et tout à coup, ça se joue devant vos yeux. Avec en plus, évidemment, la très grande responsabilité que ça représente de le commenter en direct. Malgré la sidération, il faut rester professionnel. Est-ce qu’il vous est jamais arrivé de perdre vos moyens ? Perdre mes moyens ? Je n’en ai pas le souvenir... Pourtant, quand vous faites face à un énorme problème technique, ça peut être compliqué. Mais je suis convaincue que c’est une gymnastique et de l’expérience. Quand vous avez votre permis de conduire, vous êtes content, mais 2 ans après, vous conduisez mieux que le jour où vous l’avez eu. La présentation, c’est exactement la même chose, il faut en faire beaucoup pour trouver ses marques, trouver son style, et ne pas être déstabilisée quand il y a un problème. De toutes les rencontres que vous avez faites, quels sont vos meilleurs souvenirs, les plus marquants ? Quand j’étais rédactrice en chef au Soir 3, j’ai eu Elie Wiesel en face de moi, dont j’ai lu tous les ouvrages, qui vient de la même région du monde que mon grand-père qui n’est plus là… Avec le parcours qui est le sien, quand vous êtes une jeune journaliste, ce n’est pas un moment neutre… J’ai mesuré ma chance, mon privilège. Mais sinon, c’est difficile à dire, parce que j’en ai reçu tellement… Ce qui m’a marquée, ce sont plutôt les événements spéciaux, les grands directs avec les confrères, avec les spécialistes, et toutes les cérémonies républicaines, les 11 novembre, les 14 juillet, etc.… Parce que ce sont des moments où l’histoire et l’actualité se rejoignent. J’ai adoré aussi, ça c’est un souvenir extraordinaire, commenter le mariage de Kate et William avec Stéphane Bern et Karl Lagerfeld. Il y a aussi des moments moins plaisants… L’interview politique est une danse à deux que je n’ai jamais trouvée extrêmement satisfaisante. Avec la multiplicité des chaînes de télévision, des stations de radio, des interviews sur internet, souvent, quand l’homme ou la femme politique arrive sur votre plateau, il est rompu à la dialectique, à la joute oratoire et verbale, et finalement on reste sur des rails, parallèles par définition, qui ne se rejoignent pas. Si j’ai voulu consacrer ma vie aujourd’hui au documentaire, c’est parce que j’ai quand même toujours préféré donner la parole aux anonymes.

Est-ce que le fait d’être maman a eu un impact sur votre changement de voie ? Sûrement. Entre Europe 1, RTL, France 2, j’ai travaillé pendant plus de 10 ans 7 jours sur 7. J’avais un rythme qui me convenait très bien, mais quand vous n’êtes plus seul, que vous avez une famille, vous vous dites que finalement, les vacances, ça peut être bien. Mais j’avais aussi vraiment ce besoin impérieux d’aller vers la création, de filmer les autres, d’être derrière

la caméra et de ne plus du tout, du tout, être soumise au rythme de l’actualité. Justement, quel plaisir trouvez-vous… A l’actualité, plus aucun ! … Non : à ce nouveau choix. Est-ce que vous découvrez des choses ? Tout ! Le temps long, la profondeur des rencontres, d’autres interlocuteurs… Les gens me disent : « tu fais quand

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marie drucker

même un peu la même chose… » Mais non ! Quand vous êtes réalisateur, producteur, vous ne rencontrez pas les mêmes personnes que quand vous êtes journaliste sur des grands rendez-vous d’information. D’abord, j’ai beaucoup plus de temps pour tout, pour réfléchir à des projets, mais aussi aider de jeunes réalisateurs à produire leur premier film, c’est très différent. L’exaltation, je l’ai maintenant. Pas de regret, vous n’êtes pas en manque d’actualité ? Jamais ! Jamais, jamais… C’est mon repos intellectuel, je ne m’informe plus jamais en temps et en heure. Ah non ! Par exemple en ce moment, j’écris une fiction pour le cinéma, un long métrage. Je m’enferme trois jours par semaine avec une co-scénariste et le portable reste au fond du sac. Je n’avais jamais connu ça jusqu’à il y a 3 ans. Quand on est enfant, on se projette toujours un peu, est-ce que vous avez l’impression d’être devenue celle que vous vouliez ? Je n’avais aucune projection particulière… En revanche aujourd’hui, je pense que personne, dans mon univers professionnel depuis 25 ans, ne peut vous dire que je me suis mal comportée. On peut toujours s’améliorer, mais je suis assez fière de l’éducation que j’ai reçue, de mes parents, de mon parcours professionnel. Il n’y a pas si longtemps, on me demandait encore, dans une interview : « mais finalement, vous pensez que votre patronyme, ça a été une chance ou une malédiction ? ». Je n’ai jamais vu les choses comme ça. Je suis très fière du nom que je porte, c’est le nom de mes grands-parents qui se sont battus pour vivre en France, même pour survivre tout simplement, et c’est mon nom ! Mais quand j’ai démarré, je me suis dit : on pourra dire n’importe quoi, mais pas « elle ne fiche rien ». Je me suis donc mis une pression terrible, j’ai accepté des choses que les autres ne voulaient pas faire, parce que ce n’était pas forcément très gratifiant. Dès le début, j’ai beaucoup travaillé. Et je me suis très rapidement débarrassée d’un éventuel complexe lié à mon nom, parce qu’il y a des univers professionnels, et l’audiovisuel en fait partie, où on ne vous embauche pas pour vous faire plaisir. Je sais donc très bien que si, à un moment, on ne m’avait pas trouvée compétente ou travailleuse, ç’aurait été terminé. Je ne me pense pas formidable, ou mieux que quelqu’un d’autre, mais je suis assez fière de ce que j’ai construit, juste parce que j’en suis l’artisan.

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FAN DE...

Quelle est votre actrice préférée ? Elodie Bouchez

Elodie Bouchez

Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Vivian Maier (photographe de rue américaine des années 50 à 80) Vivian Maier

Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Florence Foresti Quelle est l’auteure que vous dévorez ? Cette année, j’ai adoré « Les enténébrés » de Sarah Chiche. Brillant. Quelle est votre chanteuse préférée, que vous doublez sous la douche ? Madonna

Votre styliste préférée ? Coco Chanel pour « hier » ; Vanessa Bruno, Vanessa Seward et mon amie Paule Yefet créatrice de la marque Don, pour « aujourd’hui ».

Madonna el Coco Chan

Quelle est la championne que vous admirez ou avez admirée ? Martina Navratilova. Quelle est votre femme de média préférée ? Je sèche… Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Actuellement ? Qui me fascine… Aucune !

Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Toutes celles qui ont résisté et qui résistent. Quelle est votre héroïne préférée ? Ma mère.

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rebecca manzoni

EN RADIO, CHACUN SA CHAPELLE. LA MIENNE, C’EST FRANCE INTER. DEPUIS PLUS DE 20 ANS, SES JOURNALISTES ET CHRONIQUEURS RYTHMENT MON QUOTIDIEN. MAIS LE RENDEZ-VOUS QUE J’ÉCOUTE QUASI RELIGIEUSEMENT, ENTRE TASSE DE THÉ ET CROISSANTS, C’EST CELUI DE 07H24, AVEC REBECCA MANZONI : SES CHOIX MUSICAUX ET SA VOIX DONNENT LE TEMPO AU RESTE DE MA JOURNÉE. Propos recueillis par Mélanie Marullaz Photos : Radio France /Christophe Abramowitz

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Passenger » d’Iggy Pop et tout le monde ondule dans la cuisine. Avec « Aguas de Março », Tom Jobim met du baume sur la grisaille, quand la « Mala Vida » de Manu Tchao invite à attaquer la journée comme on sauterait dans la fosse d’un concert survolté. Tous les vendredi matins, Rebecca Manzoni ne fait pas que partager ces morceaux, qui comme nous, la font vibrer. Elle en dévoile la fabrication et les intentions, isole les pistes, les détaille - 24 pour Mala Vida ! - et pose des mots sur ces émotions que provoque la musique. Le reste de la semaine, elle épluche les sorties d’albums, met à la portée de l’auditeur amateur le travail d’un arrangeur de génie, ou fait sortir de l’ombre un ingénieur du son incontournable. Elle raconte la musique d’une voix veloutée et amusée, le sourire à portée de micro, dans une intimité chaleureuse. Cette intimité qu’elle partageait, quelques années plus tôt dans l’émission « Eclectik », avec les acteurs, artistes ou musiciens qui l’accueillaient chez eux en toute simplicité, et dont elle nous faisait écouter les silences, les ouvertures de portes de frigo ou les notes de piano. Cette intimité dans laquelle elle nous a invités, au cœur de la Maison de la Radio, dans ce bureau où s’entassent livres, vinyles, CD, biscuits diététiques et machine à café.

Ondes

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Positives

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Activmag : Comment as-tu trouvé ta voix ? Rebecca Manzoni : Je ne l’ai pas travaillée, pas du tout. C’est plus lié à une observation faite par l’homme avec lequel je vis. J’avais dû m’énerver, il m’a dit, et je l’ai très mal pris : « mais pose ta voix ! ». Pour moi, la voix, c’est hyper important, dans mon travail, et dans la vie en général. En en parlant avec lui, je me suis rendue compte que quand j’étais tendue, avec le trac ou le stress, je me mettais à partir dans les aigus, ce qui ne m’est pas spécialement naturel, j’ai une voix plutôt grave je crois. Et donc, surtout à mes débuts à la radio, je savais que je pouvais avoir tendance à parler comme ça et je me disais : pose ta voix, pose ta voix…

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vous souhaite des fêtes pétillantes

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rebecca manzoni

PRÉSENTER LES INFOS GÉNÉRALES, JE NE SAIS PAS TRÈS BIEN FAIRE. EN PLUS, IL FAUT UNE RÉACTIVITÉ, UN RYTHME QUI N’EST PAS LE MIEN. QUAND J’INTERVIEWE DES GENS, J’AI ENVIE DE PASSER DU TEMPS AVEC…

On a parlé de ta voi…X. Et quand as-tu su que tu avais trouvé ta voi…E ? Que tu voulais devenir journaliste ? Au départ, c’était pas de devenir journaliste, c’était faire de la radio. Et pas forcément au micro d’ailleurs, juste entrer dans la radio, parce que je l’ai toujours écoutée énormément : il y avait à peu près 6 transistors chez mes parents, la radio était sans cesse allumée et ça me fascinait, ce truc-là… Et puis j’y ai mis un pied. Mais comme j’ai des parents qui ont tous les deux travaillé dans l’Education nationale, j'ai bien senti que ça les rassurerait un peu que je fasse quelque chose de solide d’un point de vue diplôme, donc je suis allée dans une école de journaliste. A partir de là, la radio, la possibilité de faire des rencontres, d’interviewer des gens, c’est tout un continent qui s’ouvre… Les news, ce n’est pas ton truc ? Je crois que je ne suis pas faite pour ça. Je me souviens, sur RTL, on m’avait confié un sujet sur Pocahontas, j’avais été foutue de mettre de l’ironie dedans… Et ce n’était pas ce qu’on me demandait. Ce qui m’a toujours intéressée dans la radio, c’est vraiment de jouer avec les sons et l’écriture. Présenter les infos générales, je ne sais pas très bien faire. En plus, il faut une réactivité, un rythme qui n’est pas le mien. Quand j’interviewe des gens, j’ai envie de passer du temps avec… Tu parlais de tous ces transistors chez toi, quelles sont les voix qui t’ont accompagnée ? Celle de Daniel Mermet, comme beaucoup de gens, et celles de ses reporters. La voix de Kriss aussi, qui a amené pas mal d’espièglerie, de créativité sonore, une chose à laquelle je tiens beaucoup. Et la voix de Bernard Lenoir évidemment, très sobre, à la fois enjôleuse et désinvolte : un fantasme ! Pour moi, une voix à la radio doit vous embarquer pas seulement par sa sensualité, mais par tout ce qu’elle amène avec elle d’images et ce quelle peut apprendre. Des voix qui te touchent plus que d’autres ? J’ai parlé de la voix de Marianne Faithfull ce matin, ça m’émeut énormément d’entendre cette femme qui arrive à 33 ans avec la voix de quelqu’un qui pourrait en avoir 50, tellement elle est éraillée, passée au scotch-brit par tout ce qu’elle a vécu. Des voix qui te mettent en joie ? Il y a une voix qui me donne le sourire, mais pas un sourire où on se tape sur la cuisse pour la marrade, non, un sourire à la fois tendre et mélancolique, c’est la voix de Pierre Vassiliu. Ça fait partie des 33 tours qui tournaient sur la platine de mes parents. On l’avait aussi en cassette, et ce sont des souvenirs de

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rebecca manzoni

voyages en bagnole, avec mon père qui chantait… Ça, c’est un sourire un peu triste. Une chanson doudou ? L’artiste qui joue ce rôle chez moi, c’est Neil Hannon de Divine Comedy, que j’écoute depuis très longtemps, qui, en plus, est un garçon délicieux, à la fois fantasque et très élégant. Celle qui te donne la pêche ? « Beggin’ » de Frankie Valli and the four Seasons. Dans un tout autre registre, « Herbe mauve » de Plaisir de France et Barbara Carlotti, ça me met en joie ! Est-ce que tu te rappelles tes premiers émois musicaux ? Il y a 2 choses… Il y a Chagrin d’Amour, « Chacun fait (c’qui lui plaît) ». C’est le 1er 45 tours que j’ai acheté et j’ai dansé toute seule dans ma chambre sur ce truc. J’ai découvert le sens de la chanson bien des années plus tard, c’est plein de Kleenex® et de bouteilles vides, les Kleenex®, je n’ai jamais relié ça au fait que le mec venait

FAN DE...

peut-être de se masturber… J’adorais l’accent américain de Valli, je trouvais ça ultra moderne, le clip en noir&blanc façon polar des années 50, visuellement, ça a eu un effet immédiat. Y’a ça, et Etienne Daho avec « Le Grand Sommeil », c’est pareil, c’est des choses complètement inexpliquées, parce que ça a un effet immédiat, comme une pulsion d’hormones, un truc physique. Ce qui est fou, c’est que ça m’émeut toujours autant quand je tombe sur cette chanson, je trouve ça ultra excitant, mais au sens propre, quoi ! Peut-être que je fais ce métier aujourd’hui pour décrypter toutes ces choses ? Chez moi, on entendait les Brel, les Brassens, les Ferré, que j’ai appris à aimer après, mais ça me faisait chier ! Et là, voilà qu’un type déboulait, sans que j’ai l’impression qu’il m’écrase ses tripes sur la figure. C’était les sons, la pop, le fantasme d’une vie parisienne… et à chaque fois que je vois Etienne Daho - j’ai eu la chance de le rencontrer et de lui consacrer deux portraits - si je n’ai pas de micro avec des questions à lui poser, je perds mes moyens !

Quelle est ta styliste ou couturière préférée ? Phoebe Philo. Tout ce qu’elle a fait pour Céline est fantastique. Quelle est la femme humoriste qui te fait mourir de rire ? Camille Chamoux, particulièrement dans son spectacle « Née sous Giscard ». Ta chanteuse préférée, que tu doubles sous la douche ? Debbie Harry (Blondie), parce que la douche permet tout. La championne que tu admires ou as admirée ? Martina Navratilova. Face à Chris Evert, tout le monde la détestait.

ani Anna Magn Quelle est ton actrice préférée ? Anna Magnani. Elle EST l’Italie. Quelle est l’auteure que tu dévores ? Chantal Pelletier, canaille et admirable.

Ta femme de média préférée ? Colette, qui fut aussi journaliste pour la presse.

Green car Levitt Quelle est l’artiste dont tu adorerais d'Helen avoir une création chez toi ? Helen Levitt (ndlr : photographe américaine qui a saisi les rues de New York entre 1930/80), surtout ses photos en couleur.

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Quelle est la rencontre qui t’a le plus marquée, d’ailleurs ? Y’a Daho dans le domaine de la musique, mais aussi d’autres rencontres de nature très différentes, des écrivains, des plasticiens, des comédiens… Par exemple, j’avais adoré le moment que j’avais passé avec Karin Viard chez elle. J’avais eu la sensation d’une discussion qui n’était pas balisée. Ce moment où on arrive avec une interview très préparée, et puis où on lâche complètement le canevas qu’on avait prévu, parce qu’une discussion s’engage. J’avais eu l’impression d’avoir accès à la femme qu’elle était. Ça, c’est forcément un souvenir important. Et rencontrer Depardieu aussi, c’était un grand moment de radio pour moi, parce qu’en plus, je l’ai interviewé un jour où j’étais aphone. Dans la relation qui s’est installée entre nous, lui tonitruant, surjouant le personnage de l’ogre, et moi sans voix, il s’est passé un truc qui ne peut exister qu’à la radio. On ne peut pas l’écrire, le filmer aurait gâché la chose, il n’y avait que la radio pour raconter ça…

Blondie

Quelle est la femme politique qui te fascine le plus ? Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate du 14° district de New-York au Congrès américain. Quelle femme de l’histoire admires-tu ? Gerda Taro, allemande, antifasciste, photographe de guerre et pigmalion de Robert Capa. Ton héroïne préférée ? Ma grand-mère : Rina Ponzio, épouse Manzoni, arrivée d’Italie dans les années 30. Morte en France en l’an 2000.

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margaux motin

L’arène

Margaux !

LE BAC APPROCHE, RDV DÉSESPÉRÉ AVEC LA CONSEILLÈRE D’ORIENTATION, MARGAUX MOTIN DÉCOUVRE ALORS QU’ON PEUT FAIRE DU DESSIN UN MÉTIER. OUF !!! SAUVÉE PAR LE GONG, ELLE CROQUE RAMETTES SUR RAMETTES ET TRACE SA ROUTE… ET ÇA DÉGOMME ! 20 ANS PLUS TARD, L’ILLUSTRATRICE CRIE SON BONHEUR DISJONCTÉ À L’UNIVERS ENTIER, ET PLUS ELLE EST À BLOC, PLUS ON CRAQUE !

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Propos recueillis par Magali Buy

u’on soit déjantée, drôle, râleuse et/ou super rêveuse - comme moi, en fait -, comment ne pas avaler les tasses d’autodérision qu’elle nous sert sur un plateau ? Femme, mère, belle-mère, princesse cabossée ou complètement perchée, à 41 ans, entre maturité et béatitude planante, Margaux exorcise tout haut ce qu’on planque tout bas derrière des culottes gainantes et des BB crèmes collantes, et quelle délectation ! Quotidien dégénéré et rigolade immodérée,

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levez les bras et faites la ola avec moi, pas besoin de vous faire un dessin, vive l’humour Motin ! Activmag : Est-ce que tu es la femme libre et déjantée de tes dessins ? Margaux Motin : Oui ! Je suis parfois même plus déjantée, mais je fais un tri pour que ce soit approprié, ce n’est pas toujours entendable !!! Tout fait partie de moi, de ma vie, de ma personnalité. Il m’arrive d’exagérer pour la drôlerie de la situation, mais globalement, c’est très fidèle.

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margaux motin

infini. On peut me perdre dans la nature. Je vais jouer avec les insectes, regarder les fleurs et les gouttes de rosée pendant des heures… Ça peut durer des plombes et des plombes ! Quels étaient tes rêves d’avenir ? Petite, j’ai vite pris conscience que la mort était pour l’éternité et ça me terrassait. Je n’arrivais pas à me projeter, ça m’angoissait. Je n’avais pas très envie de creuser dans le monde des grands. Et quand je rêvais à l’avenir, c’était à l’amour avant tout. Ado, mon kiff était d’imaginer un appart’ avec l’homme dont j’étais éperdument amoureuse, ils vécurent heureux et blablabla…

MON MEC EST TOUT, MÊME MA MEILLEURE AMIE !

D’où vient cette autodérision ? J’ai quitté ma campagne natale pour Paris à l’âge de 8 ans, et j’en ai longtemps gardé l’esprit. Ça a compliqué ma scolarité et mon rapport aux autres, en fait, je l’ai plutôt mal vécu. Au moment d’entrer au lycée, je suis repartie à zéro et j’ai changé mon fusil d’épaule. Je ne voulais plus me laisser marcher sur les pieds ! J’ai décidé de rire de moi-même et de faire en sorte que ça ne se retourne plus contre moi. Mon personnage est devenu une habitude. J’ai développé cette capacité à voir qu’on a tous des trucs un peu tarés et

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que tout va bien. Ne plus avoir honte de mes travers et en jouer, m’a permis d’être appréciée pour ça. Découvrir cette part déconneuse m’a en quelque sorte sauvée. Quel enfant étais-tu ? Si j’écoute ma mère, j’étais très bavarde et très contemplative… Mais surtout très bavarde ! Les trajets en voiture avec l’enfant qui parle sans cesse à l’arrière, tu vois le genre soûlante ? Au final, je crois que l’enfant que j’étais est toujours là et bien là. Comme une source d’imagination, d’amusement et d’émerveillement

Tu crois au conte de fées alors ? Oui bien sûr ! Le mien raconte l’histoire d’une petite fille victime d’un sortilège. Un envoûtement maléfique qui lui a fait oublier qui elle était, l’empêchant de trouver le grand amour, de s’épanouir et de se connecter à elle. A force d’un travail acharné, elle réussit à lever le sort pour devenir pleinement elle, et être capable de trouver, enfin, son grand amour. Ton plus grand kiff ? Souvent, je me fais des fausses interviews dans la douche : « Alors Margaux Motin, quel est votre truc préféré dans la vie ? » Et j’en reviens toujours au même.

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margaux motin

J’aime trop la vie, c’est trop bien ! J’aime être une mère, avoir une fille et une belle-fille, je trouve ça fantastique de les voir grandir. J’adore vivre dans la nature, source inépuisable de kiff… Regarder un petit oiseau faire son nid, et l’amour ! La relation que j’ai avec mon chéri est la plus ouf qui me soit arrivée… Ce qui t’énerve le plus ? Les fantômes à qui je n’ai pas encore totalement réglé leurs comptes. Il y a en moi une enfant, et une ado extrêmement rebelle qui ne supporte pas l’autorité. Dès qu’elle se manifeste, je deviens folle ! Et c’est mon mec qui essuie les plâtres dès qu’il emploie un ton un peu autoritaire. Ça prend le dessus comme dans l’exorciste !! Quelle Desperate Housewife serais-tu ? Bree, évidemment ! A fond ! J’ai aussi un côté Monica Geller très prononcé. Dans

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l’organisation, le contrôle, le rangement. Les choses sont pensées, prévues, gérées, « stratégifiées » de façon à ce qu’il n’y ait pas de galère. Du cadre et après on s’éclate ! Si tu déconnes sans limite, tu te retrouves dans des situations ingérables et destructrices. Le border line, je l’ai pratiqué entre 25 et 35 et c’est trop compliqué à vivre !

qu’ils font et font ce qu’ils disent. Ceux qui font du cinéma me fatiguent.

Si je veux devenir ta copine, je fais comment ? (rires) Aujourd’hui, il faudrait surtout que je développe de vraies qualités d’amitié parce que ce n’est pas un domaine où je suis très bonne. Mon mec est tout, ma meilleure amie aussi ! Mais même si ces dernières années, j’ai mis l’accent sur l’amour, j’aime les gens vrais qui disent ce

Qu’est-ce que tu as commandé au PèreNoël ? Il ne le sait pas encore, mais des beaux couteaux de cuisine, des livres sur la nature, un drone pour photographier, un stabilisateur pour faire de jolies vidéos. un K-Way® qui va jusqu’aux pieds et du nouveau matériel de jardinage. Ben maintenant, il est au courant !

T’es plutôt paillettes bling bling ou Manon des sources et chapeau de paille ? J’étais très paillettes et j’ai pris un virage total depuis que je vis à la campagne. D’ailleurs, je n’arrive même plus à dessiner des nanas en talons hauts.

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Quelle est ton actrice préférée ? Julia Roberts. Elle me donne l’impression d’être en contact direct avec les personnages qu’elle incarne, elle éclaire tout. Qu’elle soit ma fée clochette ou Erin Brokovitch, je la trouve dingue.

Jeanne

L’artiste dont tu adorerais avoir une création chez toi ? Ines Longevial. Je suis émue par ses femmes peintes, immenses et architecturales presque perdues dans leurs pen-

al Ines Longevi

factrice, et je ne vais pas aller faire mon marché avec mes talons Prada. Je suis en short et tee-shirt l’été, en legging et grand pull l’hiver. Mais à choisir, j’aime l’audace d’Isabel Marant. Ses codes mixtes, la façon dont elle casse et extrêmise les formes. Ses silhouettes sont un régal à dessiner. L’humoriste qui te fait mourir de rire ? Team Florence Foresti for ever ! Je suis fan absolue. J’ai eu la chance de bosser avec elle. C’était un heureux hasard, mais c’était top ! Le jour où je partais la voir sur scène, j’ai reçu un mail de son agent qui disait : “Bonjour je suis l’assistante de Florence Foresti, elle voudrait t’inviter à

her Fucker. ur le DVD Mot po n io at tr us Ill sées. Sur insta, elle poste des vidéos d’elle en train de peindre, je pourrais la regarder des heures. J’ai l’impression de voir une sœur dans l’artiste. Elle me touche beaucoup. Ta chanteuse préférée ? Jill Scott ! Sa musique me suit depuis des années. J’y ai puisé de la force dans des moments difficiles. Elle m’envoie toujours joie et puissance. Je suis fan !

voir son spectacle, elle a un boulot à te proposer.” J’ai cru que c’était un gag ! Je suis allée en coulisse, c’est là qu’elle m’a expliqué qu’elle adorait mon univers et qu’elle voulait une illustration pour le DVD Mother Fucker. J’ai balbutié pendant tout le rdv, mais c’était génial ! J’aime beaucoup aussi Berangère Krief avec qui j’ai parfois l’occasion de discuter. Elle a une façon hilarante de raconter ses expériences. Elle prépare d’ailleurs un nouveau spectacle qu’il me tarde de voir ! La championne que tu admires ? Jeanne dans Jeanne & Serge ! Ma connaissance du milieu sportif s’arrête aux dessins animés de mon enfance ! L’auteure que tu dévores ? J’ai lu tous les Barbara Kingsolver, avec un grand coup de cœur pour « Dans la lumière ». La femme politique qui te fascine le plus ? Parce que j’ai aimé ce qu’elle montrait de leur couple, son rôle de soutien et de copilote, digne, drôle, intelligente, classe et toujours soutenante : Michelle Obama. Quelle femme de l’histoire admires-tu ? J’ai une tendresse infinie pour Jane Goodall (mais si… cette primatologue britannique qui a consacré une grande partie de sa vie à observer les chimpanzés, vous voyez ?). Quelle est ton héroïne préférée ? Neytiri dans Avatar. Volant à dos de dragon, communiquant avec la nature, courageuse, sage, aventurière, amoureuse, drôle…

Neytiri

Et question mode, tu as une styliste coup de cœur ? Je ne suis plus très branchée mode, depuis que je vis à la campagne, au Pays Basque. Je sais, ça fait sacrément cliché ! Mais je ne croise que ma

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eptembre 92. J’ai 16 ans, et en cette fin de samedi après-midi, devant la télé, je tombe sur un ovni. Entre le bondissant « Coucou c’est nous ! » de Dechavanne et les confidences intimistes du « Bas les Masques » de Mireille Dumas, Frou-Frou propose une autre voie : les sujets sont légers, mais pas toujours, les invités charmants, Huster, Arditi, Antoine de Caunes… les fous rires contagieux. Tina Kieffer y présente la chronique « On n’en est pas gaga ! », et démontre que tout ce qui est à vendre n’est pas à prendre. Même si elle n’y reste que 9 mois, son passage dans la bande à Bravo la propulse sur les devants de la scène audiovisuelle. Elle travaillera quatre ans pour TF1, avant de revenir à l’écrit, en créant d’abord le magazine DS, puis en prenant la direction de Marie Claire. Mais en 2004, alors qu’elle est en vacances avec sa famille, sa vie bascule dans le jardin d’un orphelinat près de Phnom Penh, quand son chemin croise celui de la petite Chandara. Loin du dernier « Spécial Maigrir » et des défilés Chanel, elle, qui a déjà 4 enfants, se laisse gagner par « le désir impérieux de devenir la mère d’un enfant privé de tout ». Non seulement elle fera de Chandara sa fille, mais elle créera ensuite une association, Toutes à l’Ecole, et un établissement au Cambodge, Happy Chandara, où sont aujourd’hui scolarisées 1400 petites élèves, du CP à la Terminale.

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UNE ÉQUIPE DE CHRONIQUEUSES IMPERTINENTES, DES NANAS QUI PAPOTENT, TAQUINENT, BOUSCULENT… DANS LE PAYSAGE AUDIOVISUEL DES ANNÉES 90, FROU-FROU N’A PAS D’ÉQUIVALENT. « INTERDITE AUX HOMMES », SAUF L’INVITÉ, L’ÉMISSION PARLE AUX FEMMES ET RÉVÈLE DES PERSONNALITÉS FORTES, DONT UNE ÉLÉGANTE BRUNE ALORS JOURNALISTE POUR COSMOPOLITAN : TINA KIEFFER. Propos recueillis par Mélanie Marullaz

Activmag : Le fait qu’on vous ramène toujours à Frou-Frou, vous l’appréciez ou ça vous contrarie ? Tina Kieffer : Ça dépend de comment c’est fait et par qui. Quand c’est dans un contexte général, c’est une époque que je ne veux pas nier, parce que c’était une très bonne émission, qui m’a permis de rentrer à la télé et de faire plein de choses. Ce qui me gêne, c’est quand on

ne parle que de ça, avec la question récurrente : “et alors, Christine Bravo ?” Là, nettement moins. On n’avait jamais vu, avant, une équipe de nanas comme ça à l’écran, et ça donnait l’impression que vous étiez une bande de copines… C’était vrai, il y avait un ton qui était assez nouveau à la télé et une vraie

uipe en 1992 Frou-Frou et son éq

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complicité féminine, d’ailleurs je suis toujours proche de plusieurs d’entre elles. Comment avez-vous intégré cette équipe ? C’est Ardisson qui m’a appelée. Il voulait reproduire l’idée des conférences de rédaction des magazines féminins, sous forme d’émission de télé : avec plusieurs journalistes autour d’une table qui préparent un sommaire. Comme à l’époque, le ton impertinent, c’était quand même le magazine Cosmo qui l’avait beaucoup, avec pas mal d’humour, décapant, pas frileux, il s’est dit : “je vais contacter les journalistes de là-bas, celles qui ont déjà cette

façon de s’exprimer un peu particulière”. Cosmo d’abord, la télévision ensuite, puis retour à la presse écrite, quelle a été la période la plus épanouissante pour vous ? A part l’école (ndlr : Happy Chandara), qui est un engagement plus qu’une profession même si ça reste un métier, ça a été quand même de reprendre Marie Claire et de lancer la nouvelle formule. Ça a été passionnant à tous les niveaux, créatif, intellectuel… C’était un peu une institution, un journal qui avait du fond et on m’a vraiment laissé carte blanche. Même si j’ai beaucoup aimé la création

de DS, parce que c’est aussi excitant de créer un journal en ne partant de rien, Marie Claire, ça a vraiment été très très intéressant. C’était un métier de combats, parce que Marie Claire est un magazine engagé, mais aussi parce qu’il s’agissait de gérer une équipe… Moins qu’à la télé où j’avais une unité de programme, avec une grosse équipe et surtout, je découvrais le métier de productrice, c’était un format que je maîtrisais moins bien, j’ai dû apprendre beaucoup de choses au niveau du management. C’est moins le cas pour Marie Claire, où je travaillais avec des journalistes. On était tous focalisés sur les mêmes trucs, on avait la même vision de ce qu’on voulait défendre dans le magazine, c’était moins du management, plus de la discussion…

© Jeff Manzetti

Pourtant, j’ai lu que 6 rédactrices en chef étaient passées à Cosmo sous votre direction… Ça c’est Wikipédia ! Par exemple, pour Béatrix de l’Aulnoit et Lydia Bacrie, qui sont citées dedans, on a l’impression qu’elles ont été virées, alors que ça n’a jamais été le cas et que ce sont des amies. Elles ont même essayé de joindre Wikipédia pour dire que c’était n’importe quoi… Le problème, c’est qu’il y avait l’image de Frou-Frou et du conflit avec Christine Bravo. Donc, on vous met dans une case comme ça. Ce qui est arrivé, c’est qu’à Marie Claire, une journaliste a été renvoyée, non pas par moi, mais par la direction, au-dessus, parce qu’elle ne faisait qu’un papier par an et écrivait des bouquins, donc ils en ont eu marre de la salarier. Ça coïncidait à peu près à mon arrivée et j’étais connue… C’est toujours plus intéressant de taper sur quelqu’un de connu plutôt que de raconter simplement qu’on a des problèmes avec son employeur. Du coup, elle a véhiculé plein de choses pour défendre son propre dossier, ce qui a fait qu’après, j’ai eu cette réputation. Mais c’est une fille que je n’ai pratiquement pas connue.

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Dans toutes ces différentes expériences, quels ont été les moments plus marquants, les sujets qui vous ont vraiment tenu à cœur ? Sous la présidence Bush (2001), dans chaque numéro de Marie Claire, on faisait une page contre la peine de mort aux Etats-Unis. J’avais décidé de me mettre là-dessus suite à un papier dans la presse régionale qui racontait qu’un village français s’était mobilisé pour

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© Gregory Herpe.

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un condamné, Farley Matchett. Il y avait de grande chance qu’il soit innocent et je trouvais remarquable qu’un village ici se mobilise pour un pauvre mec, un Black dans le couloir de la mort là-bas. J’avais fait un papier dans Marie Claire qui s’appelait : « Qui veut sauver Farley Matchett ? ». Du coup, comme je suis rentrée là-dedans, je me suis intéressée à la condition des condamnés, j’ai vu le nombre d’erreurs judiciaires qu’il y avait eu dans le passé, qui avait été déterrées après les exécutions et c’était justement au moment où Bush revenait en scène avec un discours très très dur làdessus. On a donc eu envie de faire une page tous les mois. Je me souviens qu’on avait réussi à faire financer un avocat qui avait réussi à faire libérer un condamné innocent. On a aussi organisé un colloque avec Robert Badinter et fait signer une pétition, pour laquelle on a collecté 500 000 signatures au niveau européen ! Et j’ai demandé à Catherine Deneuve de la remettre à l’ambassadeur des Etats-Unis en France. Ça a pris une grosse ampleur et ça a été vraiment passionnant. Vous êtes une femme d’engagement, qu’est-ce qui a fait que vous ne soyez jamais entrée en politique ? C’est super difficile quand on est en politique de pouvoir faire tout ça ! On a vu au niveau de l’environnement ce que ça a donné… En politique, on ne peut pas dire ce qu’on pense, on est constamment en train de faire des compromis et on a la pression des lobbies. Et même sans parler des lobbies… En France, je trouve qu’on subit une bien-pensance épouvantable aujourd’hui. Dès que vous dites quelque chose de travers, vous êtes taxé de tous

AVEC « TOUTES À L’ECOLE », CE SONT 1400 GAMINES ET LEURS FAMILLES QUI S’EN SORTENT ! JE PENSE QUE SI J’ÉTAIS DANS LA POLITIQUE, CE SERAIT BEAUCOUP MOINS CONCRET.

les mots ! Du coup, vous êtes freinés aussi dans votre cheminement intellectuel. Je préfère franchement rester de l’autre côté, avoir une association, travailler sur le terrain. On va peut-être faire moins de choses, et encore, je n’en suis pas sûre, parce qu’on a quand même, avec Toutes à l’Ecole, 1400 gamines et leurs familles qui s’en sortent ! Je pense que si j’étais dans la politique, ce serait beaucoup moins concret. Il faudrait toujours que ça passe par le filtre de la communication, de la déformation, et je crois que je n’ai pas un caractère qui s’adapte à ça.

Justement, quelle a été votre dernière colère ? Sûrement autour du débat relancé sur le voile, avec la victimisation de la personne qui est venue voilée avec son gamin. Le problème, c’est qu’en face, c’est un député du Rassemblement National qui ouvre la bouche. Parce que même s’ils trouvent qu’il y a un problème, les autres n’osent pas le faire de peur d’être associé au RN. Et ensuite, qu’est-ce qui se passe ? Des gens vont signer une pétition parce que cette pauvre femme a été traumatisée devant son enfant. Arrêtez deux secondes ! Le voile, c’est quand même le symbole de l’oppression féminine !! Ça n’a pas lieu d’être chez nous, point barre. Et ce qui me gène, c’est quand on

voit cette journaliste (ndlr : Zineb el Rhazoui, ancienne journaliste de Charlie Hebdo) qui dit des choses franchement là-dessus et qui reçoit des menaces de mort, personne ne s’inquiète de ce que subissent ses enfants, à elle ! Par contre, d’un seul coup, tous les intellos bien-pensants de la gauche caviar vont dire : « mon Dieu, cette pauvre femme voilée a été traumatisée devant son enfant ! ». Y’a un moment, il faut arrêter, ça devient n’importe quoi ! Vous voyez, avec ces colères, heureusement que je ne fais pas de politique, parce qu’ils seraient capables de m’associer au RN, que je vomis profondément, puisqu’à côté, je suis extrêmement engagée pour la cause des migrants. Mais ce que j’entends sur le voile, je trouve que c’est absolument dramatique, on est dans un laxisme redoutable. Et ce n’est pas du tout faire l’amalgame avec l’Islam, ça n’a rien à voir avec ça. Il y a des mouvements en France qui sont extrêmement dangereux et justement par peur de faire un amalgame, on les laisse faire. Ça c’est grave. Est-ce qu’avec votre nouveau choix de vie, loin de tout ça, vous avez changé ? Pas facile de savoir si on a changé, si on est différente… A Marie Claire, on était déjà vachement dans les causes dures. En rentrant dedans, je dirais qu’à la limite, je suis moins déprimée qu’avant : agir allège l’angoisse. Surtout que je suis sur une cause qui n’est pas anxiogène. Je vois des petites filles qui ne font que sourire, qui sortent de leur milieu… En plus, elles sont merveilleuses, elles sont reçues à 100 % au bac, on ne leur en demandait pas tant ! C’est sûr que le boulot est très lourd, mais on est vraiment portées

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tina kieffer

FAN DE... Quelle est votre actrice préférée, celle qui vous touche ? Julie Depardieu. Quelle est l’artiste (illustratrice, peintre, sculptrice…) dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Leonor Fini.

Leonor Fini

Gouges Olympe de Quelle est la championne (sportive) que vous admirez ou avez admirée ? Je ne suis pas très sportive, je passe... Quelle est votre femme de média préférée ? Je suis très admirative des grands reporters, et elles sont finalement assez nombreuses.

par elles, par leur enthousiasme et leur détermination, c’est quelque chose qui vous file vraiment la pêche. Au départ, vous êtes là pour les pousser, puis finalement, vous vous donnez la main pour avancer ensemble, et parfois même, elles vous entraînent. Nous approchons de la période de Noël, quel est le cadeau qui vous comblerait cette année ? Que mes deux filles, qui sont respectivement en première et en terminale (Carla et Chandara, devenue Théa), m’apportent des bonnes notes ! Je reste sur l’école, mais que tout aille bien avec les gamins, quoi. Si j’arrivais à gérer aussi bien mes propres enfants que les élèves d’Happy Chandara, ce serait merveilleux, mais vous le savez, les cordonniers ne sont pas toujours les mieux chaussés ! Enfin, il ne faut pas exagérer, je n’ai pas non plus des terreurs à la maison, mais ce n’est pas toujours facile d’être parent, surtout quand on travaille beaucoup. Le plus beau cadeau, ce serait qu’ils me fassent de belles surprises dans ce sens, ça c’est sûr, ça m’allégerait beaucoup. + d’infos : L’association Toutes à l’Ecole est toujours à la recherche de parrainages : www.toutes-a-l-ecole.org A lire : Une déflagration d’amour, Tina Kieffer - Ed. Robert Laffont - 2019.

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Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Olympe de Gouges, mais elle n’est plus de notre monde depuis longtemps...

Quelle est votre chanteuse préférée, que vous doublez sous la douche ? Veronique Sanson, sans doute comme des millions d autres femmes...

Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Toutes celles qui ont risqué leur peau pour faire bouger les lignes (comme Olympe). Quelle est votre héroïne fictive ou réelle préférée ? Mimi Cracra !

Quelle est votre styliste ou couturière préférée ? Depuis que j’ai quitté la presse, je vis surtout en jean et jolies chemises, c est très pratique. Je les trouve chez Maje, Sandro et aussi dans des petites boutiques peu connues. Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Blanche Gardin. Quelle est l’auteure (écrivaine) que vous dévorez ? J'ai lu tous les Nothomb, mais mon préféré reste le premier, Hygiène de l’assassin, si bien écrit..

Mimi Cracra

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Š Baltlel-Sipa

roselyne bachelot

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n e s i v L’a

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© Baltlel-Sipa

lles étaient deux à son entrée au Conseil général de Maine-et-Loire en 1982. Deux femmes seulement, à qui l’on réservait, lors des visites protocolaires, l’offrande des cadeaux ou le tea-time avec les épouses des invités. Pendant que ces messieurs discutaient sérieusement. Mais elle n’a jamais voulu s’y plier. “On a l’impression que la compétence coule dans les veines des hommes, mais que nous, les femmes, il faut faire nos preuves, montrer qu’on est capables”, s’indigne-telle encore. Ses preuves, elles les a faites, du Département à l’Assemblée Nationale, avant les ministères : à la tête de celui de l'Ecologie et du Développement durable sous Jacques Chirac, de la Santé et des Sports, puis de la Cohésion Sociale sous Nicolas Sarkozy. Elle n’a pourtant pas souvent nagé dans le sens du courant, prenant régulièrement des positions contraires à celles de sa famille politique, le RPR, sur le Pacs notamment. Mais après 30 ans consacrés à la politique, elle raccroche en 2012, pour se lancer dans une carrière plus médiatique, aux côtés de Laurence Ferrari dans le Grand 8. A 73 ans, aujourd’hui, elle n’a pas franchement levé le pied. Elle balade toujours sa voix de soprano et ses convictions sur les plateaux de télé, de radio,

et vient d’écrire un livre, Corentine, sur sa grand-mère, ouvrière impliquée dans la lutte syndicale et la protection des femmes. Bon sang ne saurait mentir… Celui de Corentine était-il rose ?

Activmag : Pour ma génération, ado dans les années 90, trop jeune pour avoir vécu les combats de Simone Weil, vous étiez celle, parmi les femmes représentées en politique, qui sortait du lot. Vous étiez haute en couleurs, à la fois par votre tempérament, votre franc-parler, et par votre garde-robe… D’où vient cette force joyeuse qui vous habite ? Roseline Bachelot : Elle a, à l’évidence, une origine familiale, avec deux parents Résistants qui m’ont élevée dans une ascèse joyeuse du service du pays, une très grande rigueur également. C’était pas facile d’être leur fille, la barre était effectivement très haute, mais cela m’a donné des fondamentaux tout à fait importants. Le 2e élément, c’est certainement un tempérament. Ma sœur Françoise dit toujours : “la vie est pour toi une coupe de fruits, tu te saisis des fruits tour à tour et l’important, c’est que le suc du fruit coule le long de ta bouche ”. C’est aussi une éducation. Celle que j’ai reçue par la lecture, par la musique, par les vraies valeurs, qui fait que dans les mauvais moments de ma vie j’ai toujours un recours, en particulier

QU’ELLE PORTE À LA SORTIE D’UN CONSEIL DES MINISTRES - PROMESSE FAITE AUX SPORTIFS FRANÇAIS S’ILS RAMENAIENT 40 MÉDAILLES DES JO DE PÉKIN -. ROSELYNE BACHELOT A TOUJOURS AIMÉ LES COUPS D’ÉCLAT, LES ÉCHANGES VIFS ET LES POSITIONS TRANCHÉES, DANS UN MONDE POLITIQUE, QUI LUI, EST TOUT SAUF ROSE. Propos recueillis par Mélanie Marullaz

dans la musique. Enfant, vous étiez déjà comme ça ? Ma mère disait de moi : “tu ne m’as jamais fait honte”. Cette rigueur affable, cette éducation complète et raffinée, tout cela fait qu’effectivement, j’étais déjà comme ça en tant que petite fille. Et quand avez-vous su que vous entreriez en politique ? J’ai toujours fait de la politique. Même en ayant choisi une voie professionnelle… Mais la voie professionnelle n’est pas antinomique avec la voie politique ! Je ne comprends pas les politiciens professionnels qui n’ont pas un métier. Politique, c’est un passage. Je suis docteur en pharmacie, c’est quelque chose qui me permet une vraie liberté. C’est pour ça que vous vous êtes sentie libre de prendre des positions contre votre famille politique ? Ce n’est pas pour cela que j’ai pris ces positions, pas non plus grâce à cela, mais c’est vrai que c’est un élément de ma liberté. J’ai souvent dit : “on est ministre et on ne l’est plus, on est député et on ne l’est plus, mais je mourrai docteur en pharmacie, personne ne pourra me retirer mon diplôme”.

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Est-ce que votre père, qui avait lui aussi fait une carrière politique, ou quelqu’un d’autre d’ailleurs, a jamais essayé de vous dissuader d’entrer en politique ? Je n’ai pas arrêté d’en être dissuadée, je n’ai pas arrêté d’avoir des bâtons dans les roues, je n’ai pas arrêté de subir des discriminations ! Elles existent toujours, mais vous pensez bien qu’il y a presque 40 ans, quand j’ai commencé, j’étais dans la période où il y avait moins de 6% de femmes à l’Assemblée. J’ai vécu ma vie politique comme un oiseau rare, les humiliations, les frustrations ont été dès le départ… Quand je suis arrivée au Conseil général de Maine-et-Loire, par exemple, nous étions 6 nouveaux conseillers et la tradition voulait qu’on rentre tour à tour, de façon cérémonieuse, dans la salle des séances. Tous mes collègues masculins ont été présentés par leur fonction, leurs tâches associatives, professionnelles, leur engagement politique… Et moi, j’ai eu droit à cette phrase incroyable : “Madame Bachelot, dont chacun connaît le charmant sourire”… Quelles sont les personnes qui vous ont inspirée ? Curieusement, très souvent, on me parle de mon père, puisqu’il a été Député, Résistant, mais la personne la plus

importante, c’est à l’évidence ma mère, militante féministe, qui m’a construit un féminisme intellectuel. On n’aurait pas l’idée de parler de l‘industrie du nucléaire ou du déficit de la sécurité sociale, sans avoir un tout petit peu de connaissance des sujets, mais tout un chacun s’arroge le droit de parler de l’égalité hommefemme comme si le fait d’avoir une épouse, une fille, une mère, vous donnait une science. Evidemment, c’est quelque chose qui se travaille, sur le plan historique, philosophique, éthologique, ethnologique et ma mère m’a donné ces fondamentaux, qui m’ont permis de déjouer les pièges de ce sexisme discret, courtois, beaucoup plus dangereux que le sexisme grossier et gras, celui-là, on le connaît. Une fois lancée, quelles ont été les rencontres déterminantes dans votre parcours ? Chacun des hommes, chacune des femmes que j’ai rencontrés m’ont apporté quelque chose. Philippe Séguin, Jacques Chirac, à l’évidence Michel Rocard, qui était un ami personnel. Et même, d’une certaine façon, François Mitterand. Je n’ai jamais oublié le discours à la Sorbonne, début 1989. J’avais emporté l’adhésion de mon groupe pour voter le revenu

minimum d’insertion qu’il ne voulait pas voter. J’étais devenue, grâce à cela, l’orateur du groupe. Et François Mitterand nous avait invités à la Sorbonne. Là, j’ai vu peut-être le plus grand orateur que j’ai jamais rencontré, cette façon de prendre la salle comme s’il parlait à chacun, les silences, où personne ne pouvait penser qu’il avait un trou de mémoire. En une heure, j’ai pris une leçon d’éloquence politique de première grandeur. Vous parliez tout à l’heure de Philippe Séguin, vous avez partagé avec lui des positions en faveur du Pacs… Je n’ai rien partagé avec lui sur le Pacs, il ne l’a pas voté ! Simplement, quand j’ai pris ces positions sur le Pacs, Philippe Séguin était président du RPR. Il a donc vu mon discours et il a dit : “je te demande une chose, c’est que dans l’introduction, tu dises que le RPR t’a laissé parler”.

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Voilà sa seule et unique contribution à mon discours. Je l’ai fait avec grand plaisir en disant que c’était l’honneur d’un parti politique de laisser parler une voix qui n’était pas la sienne. Et justement, parmi ces positions qui n’étaient pas celles de votre famille politique, est-ce qu’il y en a que vous regrettez ? Je ne peux pas le regretter, puisque les positions que je prends ne sont jamais dictées par un effet de mode. Je ne m’accoude pas sur ma cheminée en disant : “tiens, si je faisais ça, ça m’apporterait de la renommée ou de la publicité”. Les choix que je fais sont éminemment structurés, réfléchis de longue main. Je fais partie des quelques personnes qui ont imaginé le Pacte civil de solidarité, avec Jean-Paul Pouliquen, Gérard Bach-Ignasse… Je le regrette d’autant moins que chaque fois que j’ai pris des positions en dehors de ce qu’on me disait, j’ai toujours été rejointe à terme. Quand Chirac, Balladur, Bernard Pons disent : “on vote contre le RMI”, et moi, petite Députée fraîchement élue dans cet aéropoage RPR, je lève le doigt et dis : “vous allez faire une erreur historique”, je me souviens de leur regard… Chirac écrivait toujours pendant les réunions du groupe RPR, et là, il pose son stylo et il dit : “Roselyne a raison”.

FAN DE... Quelle est votre actrice préférée, celle qui vous touche ? Isabelle Huppert. Quelle est l’artiste (illustratrice, peintre, sculptrice…) dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Camille Claudel. Quelle est votre chanteuse préférée, que vous doublez sous la douche ? Maria Callas.

s Maria Calla

udel Camille Cla La valse de Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Rosa Luxembourg (révolutionnaire socialiste allemande du début du XXe siècle). Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Geneviève Anthonioz-de Gaulle (Résistante, nièce de Charles de Gaulle).

Quels ont été les sacrifices les plus douloureux ? En tous cas, je peux dire que je n’ai jamais sacrifié mon intégrité à une quelconque obéissance, ou une volonté d’échapper à quelque chose de désagréable. Ceci étant, j’ai un regret, ce sont les souffrances que j’ai imposées à mon entourage. Parce que soyons clairs : en politique, il y a beaucoup de difficultés, de sacrifices, mais aussi énormément de satisfactions de tous ordres. Ma vie est peuplée de satisfactions. Mais je suis assez lucide pour savoir que mes proches eux, ont eu les souffrances sans avoir les satisfactions. Et ça, c’est une chose que je n’ai pas résolue, cette souffrance que j’ai imposée à ceux qui m’aiment, qui m’ont aimée… + d’infos : Corentine, Roselyne Bachelot Editions Plon

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Du quel de ces combats êtes-vous la plus fière ? Je ne veux pas choisir dans mes combats… Dans tous ceux que je mène et que j’ai menés, je ne veux pas mettre de hiérarchie, tous sont importants, et tous se répondent. Le fil rouge, c’est toujours, toujours, le refus de la discrimination, le respect de l’intégrité humaine. Quelle est votre styliste ou couturière préférée ? Gabrielle Chanel. Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Muriel Robin.

Quelle est votre héroïne fictive ou réelle préférée ? L’Américaine Amelia Earhart (première aviatrice à avoir franchi l'Atlantique en solitaire, en 1932. Elle a disparu en 1937 dans le Pacifique).

Marie Amélie Le Fur

Quelle est l’auteure (écrivaine) que vous dévorez ? Marguerite Yourcenar. Quelle est la championne (sportive) que vous admirez ou avez admirée ? Marie-Amélie Le Fur (triple championne paralympique en athlétisme). Quelle est votre femme de média préférée ? Florence Aubenas.

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nathalie jomard

m o c é l p t n e tem

QUELQUES ENCABLURES DE LA CAPITALE DES GAULES, UN ÉTRANGE VILLAGE PEUPLÉ D’INCORRIGIBLES GRUMEAUX RÉSISTE ENCORE ET TOUJOURS À SUPER NANNY. C’EST LÀ QUE VIT NATHALIE JOMARD, BLOGUEUSE, ILLUSTRATRICE, MAMAN DÉBORDÉE CHRONIQUE ET « BOUFFON OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE BANANIÈRE ET AUTOPROCLAMÉE DU GRUMEAULAND ». C’EST LÀ, QU’AU MÉPRIS DE TOUS LES DANGERS, JE L’AI RENCONTRÉE.

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Propos recueillis par Lara Ketterer

mpossible de localiser l’endroit précisément. Pour garder sa base secrète, la Lyonnaise a pris ses précautions : droguée au concentré de lait daubé, les yeux bandés d’une peau de saucisson, j’ai été conduite sous bonne garde : 2 terribles gnomes, la malice en cartouchière, et un énoooorme et redoutable chat dressé pour… se laisser martyriser par les précités, c’est dire la dangerosité potentielle de la bête. Sauvage - Nathalie, pas le chat - ou

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! d r a jom pathologiquement timide - elle donne rarement d’interview, fuit les séances dédicaces et refuse de donner sa photo -, quoi qu’il en soit, je savoure la chance qui m’est donnée de l’approcher et d’en sortir indemne ou presque. Ce que j’apprendrai de sa bouche ? Et bien que Nathalie Jomard naquit, fort opportunément, pile poil le jour de sa naissance, autour de 5 heures moins le quart avant Kinder Bueno. Depuis, elle n'a eu de cesse de grandir jusqu'à l'âge d'avoir l'âge qu'elle a aujourd'hui. A vue de nez dégagé, je dirais qu'elle a la quarantaine bien consommée, pas encore périmée, mon héroïne à moi. Petite, elle rêvait de devenir président de la République. Mais dans le doute ou pour meubler le temps qu’elle trouvait fort long, elle traina ses guêtres pure laine dans les salles chauffées des Beaux-arts, puis de Science Po Lyon avant de tourner mal et de finir illustratrice. Du coup, au lieu d’exercer un « vrai » métier, elle illustre et écrit des albums, travaille pour la presse, l’édition et la pub et poursuit ses recherches en grumeautique dont elle fait figure d’experte depuis l’an 2008 du blogo-pléistocène post Minitel.

Référence mondiale dans le domaine du dessin de croupions de chats - tout le monde ne peut pas en dire autant -, elle peut aussi se vanter d’avoir lu les œuvres complètes de T’Choupi (en version originale, non sous-titrée), ça calme, hein ? Rencontre avec mon idole, mon maître en maternitude (avec Foresti, en jumelle maléfique !).

Activmag : Enfant, quel était ton surnom ? Nathalie Jomard : Punaise ou Moustique. Je le vivais parfaitement bien dans

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la mesure où je m’appliquais avec grande rigueur à mériter ces surnoms. Quel métier rêvais-tu de faire petite ? Menuisier-vétérinaire-dessinatricedompteuse de crottes de nez. Comment on commence (ou finit) illustratrice ? En peignant de grandes fresques murales dans le salon familial avec un joyeux mélange de doigts de mains, de gouaches et de pâte à modeler. Quand as-tu su que tu étais faite pour ça ? Ma première prise de conscience ? A 5 ans, le jour où j’ai dessiné la plus jolie princesse à 8 doigts que l’humanité ait produit (selon moi). La seconde prise de conscience : quand je suis sortie de Sciences Po diplômée… la perspective de finir Présidente du Monde étant hautement improbable, je me suis dit que toutes ces années passées à dessiner des Mickeys dans les marges de mes cahiers durant de mornes et improbables cours

A QUOI RESSEMBLE GRUMEAULAND ? AU PIRE CAUCHEMAR DE MADAME ET MONSIEUR PARFAIT.

de flux maritimes ou de psychosociologie de l’information devaient être valorisées. Et accessoirement, j’ai réalisé que si j’avais fait les Beaux-arts avant, c’était peut-être pas un hasard tout compte fait. Qui t'a inspirée à tes débuts ? Candy, parce qu’elle est dotée d’un volume capillaire absolument prodigieux. Et maintenant ? Michel-Ange, pourquoi ? Ce n’est pas évident quand on regarde mon travail ? Quel est le sujet sur lequel tu pourrais dessiner à l’infini (et au-delà) ? Les engagements militants jusqu’auboutistes d’Onésime et Bethany Duboulet. Ça va de la protection des talons de savates ventriloques en voie d’extinction, à la promotion d’un mode de vie sain à base de jus de pépins de camembert équitable, ils sont mes sources d’inspiration inépuisables. Quelles substances ingéres-tu pour avoir autant d’inspiration ? Du jus de pépins de camembert équitable issu de pisciculture biologique, essentiellement.

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Peut-on rire de tout (ou de rien) ? Je ris de presque tout, Onésime et Bethany Duboulet ne rient de presque rien, ça crée un bel équilibre. On fait une belle équipe au final. Chacun fait comme il lui plaît. Vive la démocratie, la liberté et les slips en fourrure de mérou péruvien ! A quoi ressemble la vie de Nathalie Jomard ? A un champ d’enclumes. Où vis-tu ? Entre deux collines, avec vue sur les arbres au Sud et vue sur le croupion des vaches au Nord. A quoi ressemble Grumeauland ? Au pire cauchemar de Madame et Monsieur Parfait. Avant de te connaître, pour moi, les grumeaux, c’était dans la pâte à crêpe… D’où sors-tu, les tiens ? (hum…) Alors… Reprenons depuis le début... Tout d’abord, il y a les abeilles… Puis, les choux… Les roses… On y ajoutera accessoirement une pincée de cigogne bossant pour Colissimo à temps partiel… En mélangeant de façon homogène, on obtient un ou

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plusieurs grumeaux gesticulants et plus ou moins agités. As-tu pensé à commissionner tes enfants en tant qu’apporteurs d’affaires? Ils disposent d’un Plan Tagada Epargne avec capitalisation fractionnée déductible chez Haribocébolavi. A quoi rêves-tu ? Souvent à la mémé de mon hamster en slip de bain à une Convention d’adorateurs de pots de chambre en céramique (les pots de chambre, pas les adorateurs). Qui adorerais-tu rencontrer ? Moi plus jeune pour me donner des tuyaux pour plus tard. Le don que tu voudrais avoir ? Être invisible. Pour toi, la femme parfaite est… ? Surtout comme elle veut.

Et la mère parfaite ? Comme elle peut… On te propose de tester la peau d’un homme, en qui aimerais-tu te réincarner pour quelques heures ? Bruce Springsteen en plein concert ! Ton dernier kiff ? Une balade en famille. Les vacances avec toi, c'est comment ? En hiver, c’est au chaud, au chaud, au chaud, en mode survie jusqu’au printemps Quel est le cadeau de Noël qui te comblerait cette année ? Un génie qui exauce des vœux.

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FAN DE... Quelle est ton actrice préférée ? Je n’ai pas d’actrice préférée, mais j’aime bien les tartes aux poireaux sans poireaux. Quelle est l’artiste dont tu adorerais avoir une création chez toi ? Aucune. Je déteste faire des trous dans les murs pour y accrocher des tableaux. Quelle est ta chanteuse préférée, que tu doubles sous la douche ? Je ne chante pas sous la douche. Ça m’est interdit par la Convention de Genève. Ton styliste ou couturière préférée ? Je m’intéresse à peu près autant à la haute couture qu’un orang-outang à la théorie des cordes. Quelle est la femme humoriste qui te fait mourir de rire ? Si c’est pour rire, n’importe quelle femme politique fera l’affaire.

Quelle est l’auteure que tu dévores ? Les sms de ma fille, ça compte ? La championne que tu admires ? Je ne regarde jamais le sport, j’ai peur de faire un œdème de Quincke. Conception & réalisation : signature-com.com

Quelle est ta femme de média préférée ? Celle qui rédige la rubrique des promos rayon fromage page 14 du prospectus Carrefour. Quelle est la femme politique qui te fascine le plus ? Elle n’est pas encore née. Quelle femme de l’Histoire admires-tu ? Ma mère. Quelle est ton héroïne ? La mémé de mon hamster parce qu’elle est vachement résiliente (elle meurt souvent).

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jeanne added

J

eanne Added déboule sur les ondes en 2015 avec un premier album solo Be Sensational. Et sensation, elle fait, avec sa voix intense, tantôt angélique tantôt guerrière, des basses qui prennent aux tripes et des rythmiques qui vous décollent de votre chaise. Envoûtement millimétré, accords parfaits. Car à 35 ans, la Reimoise n’en est pas à ses premières gammes. Voilà plus de 10 ans qu’elle vocalise pour les autres, jazzmen plus précisément. Alors quand elle se lance seule, elle sait exactement où elle va. Et elle y va en bondissant, monte sur scène comme on rentre dans un ring de boxe, attaque littéralement chacun de ses morceaux à grands coups de punch. Une vigueur et une combativité en contre-point du calme qui émane de son regard clair, une fois posée dans les loges du Château de Montjoux à Thonon, où nous l’avons rencontrée cet été. Camaïeu d’orange fluo sur ses ongles courts, blondeur platine dans sa coquille toute noire, Jeanne Added pourrait être le contraste fait femme.

Jeanne

session

2019, ANNÉE ADDED. AVEC 2 VICTOIRES DE LA MUSIQUE, UN SHOW AU PIED DE LA TOUR EIFFEL POUR LES 130 ANS DE LA DAME DE FER ET DES CONCERTS SUR TOUS LES FESTIVALS DE L’HEXAGONE, L’ÉNERGIE DE JEANNE ADDED A IRRADIÉ LA SCÈNE MUSICALE FRANÇAISE. ET SI ADDED POURRAIT SE TRADUIRE PAR « AJOUTÉ », CHEZ ELLE, IL N’Y A POURTANT JAMAIS RIEN DE TROP. Propos recueillis par Mélanie Marullaz - Photo : Julien Mignot

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Activmag : Vous avez commencé la musique très tôt, vous vous rappelez votre première émotion musicale ? Jeanne Added : On me l’a racontée en fait. J’ai vu Carmen de Bizet quand j’étais petite et je me rappelle très bien du moment, c’était une adaptation filmée de l’opéra que j’ai vu à la télé, et à un moment donné, Carmen faisait une croix sur le front de sa rivale et ça, ça m’a marquée, et j’aurais dit à l’époque, j’avais 3-4 ans, que je voulais être forte comme Carmen. Donc je n’ai fait de croix sur le front de personne, mais je fais de la musique, c’est déjà pas mal… Et la dernière en date ? C’est une reprise de Chic par Robert Wyatt, « At last, I’m free »… Quelles femmes vous ont inspirée ? Abbey Lincoln surtout, une chanteuse de jazz, afro-américaine, très engagée sur les droits Civiques aux Etats-Unis dans les années 70. Elle aurait pu avoir une carrière de chanteuse de charme, mais elle a choisi dans son chant, de salir sa voix, de manière active, comme un choix politique, pour raconter autre chose, et de sa personne, et de sa musique. Elle a une façon de tenir les notes et une intensité de sa présence dans chacune de ses notes… C’est quelqu’un que j’ai beaucoup écouté, qui m’a beaucoup bouleversée et inspirée.

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Vous dites qu’elle a sali sa voix, vous n’avez pas fait la même chose, mais le fait de ne pas jouer avec la séduction comme un outil, c’est aussi un vrai parti pris pour vous… Sans doute, parce que je n’ai jamais été à l’aise avec cet endroit-là qui est dévolu aux femmes, cette fonction de séduction, le fait d’être jolie, agréable et charmante. Du coup, quand j’ai chanté, j’ai tout de suite voulu qu’on ne me voit pas, c’est à dire qu’on voit ce que je voulais laisser voir : quelqu’un qui est en train de faire de la musique, mais pas autre chose. Je pense que ça a eu une incidence sur la façon dont je m’habille en concert, la façon dont maintenant je me place sur scène, la musique que je fais aussi. C’est quelque chose qui était déjà présent quand j’étais interprète pour d’autres, mais qui est d’autant plus présente maintenant que je fais ma propre musique. Vous êtes entrée en musique par la musique classique, enfant, puis vous vous êtes formée au jazz, et vous êtes partie à Londres. Est-ce que c’est de là que vous avez ramené l’électro ? Non, c’est venu encore plus tard. Moi je me préparais à faire une carrière de jazzman, plus précisément de soliste en jazz, je ne savais pas ce qui se passait ailleurs. Du coup, j’ai eu tout de suite beaucoup de travail. J’aurais donc pu continuer à ne pas me poser de questions, mais finalement, à force, avec le décalage générationnel entre moi et ceux avec qui je jouais, et

encore plus avec ceux qui écoutaient ma musique, il y avait un truc qui ne collait pas… J’étais jeune à l’époque, j’avais besoin d’avoir mon âge, et c’est là où c’est devenu un peu schizo et il a fallu que je me mette à faire ma musique. Vous avez dit que votre premier album était une nécessité, qu’il fallait le faire, et que le second était plus un choix assumé, que vous aviez trouvé votre voie. Et avec celui-là vous avez explosé ! Estce qu’il y a comme un pouvoir de l’intention, un côté : « j’assume, j’y vais », et c’est pour ça que ça marche… ? Je n’en sais rien. J’essaie de ne pas trop analyser les choses, parce qu’en fait, je ne crois pas qu’il y ait vraiment de recette… Et à chercher des recettes pour les reproduire, c’est là qu’on se plante, à mon sens. Par contre, ce qui est important, c’est de trouver pourquoi on fait les choses au moment où on les fait. Le premier album, j’en avais besoin pour continuer à fonctionner, le deuxième, c’était comme si je choisissais mon nouveau métier, quelque part… La suite, peut-être que ça correspondra plus à des envies d’exploration musicale… En tous cas, il faudra que je trouve la raison pour laquelle je le fais. La nécessité, elle peut prendre plusieurs visages, mais il faut qu’elle soit là tout le temps : on ne convie pas les gens à venir nous écouter si ce n’est pas important pour soi. Parce que si ce n’est pas important pour soi, pourquoi ça le serait pour eux ?

J’AI BEAUCOUP DE TRAVAIL, JE NE PASSE PAS NON STOP À LA TÉLÉ, NI À LA RADIO, ET C’EST ÇA QUI CHANGE LES GENS, QUI CRÉE UN RAPPORT DE CÉLÉBRITÉ COMPLÈTEMENT HORSSOL, QUI DEVIENT IMMATÉRIEL ET INCONTRÔLABLE !

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Sans en chercher la recette, le fait que ça marche a forcément une incidence sur votre vie… Qu’est-ce que ça change concrètement ? Je ne sais pas de quoi ça a l’air de l’extérieur, mais c’est quand même assez tranquille ! J’ai beaucoup de travail, mais je ne passe pas non stop à la télé, ni à la radio, et c’est ça qui change la vie, qui change les gens, qui crée un rapport de célébrité complètement hors-sol, qui devient immatériel et incontrôlable. Ce n’est pas du tout mon cas. Pour moi, ça ne change que des choses plutôt agréables, les gens sont gentils avec moi… Mais on est tout le temps sur la route, en fait, quasi en vase clos, avec les 10 personnes avec lesquelles je tourne, donc pour eux, comme pour moi, je crois que ça ne change pas grand-chose… Dans votre univers, on est entre la douceur et la combativité, la puissance et la fragilité, l’ombre et la lumière, le blanc et le noir, comme si vous ne choisissiez pas, vous êtes sur un fil… D’abord, on n’est pas unidimensionnel, dans une même journée. On peut avoir une énergie de folle, s’effondrer et puis revenir. Pourquoi je ne choisirais qu’une facette de ce que je vis au jour le jour ? La scène et la musique, c’est un endroit qui me permet de m’exprimer, de porter toutes ces émotions-là, toutes ces facettes-là, ça fait partie de mon job de les transmettre… La musique, c’est comme un catalyseur ou un vecteur, quelque chose qui conduit l’électricité. Donc c’est conducteur pour moi, mais c’est conducteur pour les gens qui écoutent aussi il me semble. Ça peut aussi, en me faisant du bien à moi, faire du bien aux autres. Qu’est-ce que ça fait de passer de l’autre côté, de sentir qu’on inspire ? C’est très touchant, émouvant, évidemment. Mais ça responsabilise aussi je trouve, ça rend humble. Je pense que les musiciens, les artistes ont une fonction dans la société. C’est très clair et ça a un effet sur toute ma vie, autant personnelle que musicienne. Même si inspirer, au final, c’est quelque chose qui nous échappe : tu ne peux pas décider : « tiens, aujourd’hui, je vais inspirer les gens »… Quand je parle de fonction donc, ce n’est pas d’inspirer les gens, c’est plutôt un rôle cathartique, d’être celle ou celui qui transforme les émotions pour d’autres qui pourraient ne pas avoir le temps ou la possibilité de le faire. Ça demande une énergie et plein d’autres choses que je suis ravie de pouvoir donner.

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ELLE EST LA ROMANCIÈRE FRANÇAISE PRÉFÉRÉE DE L'HEXAGONE. AURÉLIE VALOGNES EST POURTANT ENTRÉE DANS LE MONDE DU LIVRE PAR UN TROU DE SOURIS. PAR CRAINTE D’ÊTRE RETOQUÉE, SON PREMIER LIVRE, « MÉMÉ DANS LES ORTIES », ELLE L’A D’ABORD AUTO-PUBLIÉ SUR INTERNET EN 2014. AU FINAL, IL S’ÉCOULERA À PLUS D’UN MILLION D’EXEMPLAIRES ! CINQ ANS PLUS TARD, ELLE REJOINT LE CLUB TRÈS SÉLECT DES AUTEURS LES PLUS VENDUS EN FRANCE, DERRIÈRE GUILLAUME MUSSO, MICHEL BUSSI ET JOËL DICKER, MAIS DEVANT MARC LEVY, EXCUSEZ DU PEU !

C'

Propos recueillis par Lara Ketterer

© Thomas Laisné

est bien simple, ses romans, reconnaissables entre 1 000 à leur couverture Vichy et leur titre emprunté aux expressions populaires, se vendent comme des petits pains ! Ils sentent bon la nostalgie et les histoires de familles. Et s'ils finissent toujours bien, Aurélie ne vit pas pour autant au pays de Candy ! Des personnages hauts en couleurs aux caractères bien trempés, une écriture entre humour, tendresse et sensibilité. Et n’hésite pas à aborder des sujets graves dans chacune de ses histoires. Ainsi, « Mémé dans les orties » parle de la solitude des personnes âgées ; « En voiture Simone » de la complexité à s’intégrer dans une famille ; « Minute Papillon » des relations mère-fille ; « Au petit bonheur la chance », d’une femme qui abandonne son fils de 6 ans à sa mère dans les années 1960. Quant à « La Cerise sur le gâteau », il s’intéresse à cette période à haut risque où le couple se retrouve à la retraite en même temps… A 36 ans, cette mère de 2 enfants est désormais surnommée « la papesse de la littérature populaire », elle qui, depuis ses rédacs du lycée, n’avait jamais écrit une ligne… Depuis 6 ans, elle s’est bien rattrapée. Un vrai conte de fée...“C’est vrai que si quelqu’un l’avait écrite, personne n’y aurait cru, c’est pas crédible dans la vraie vie. Ben si, en fait.” Pour les explications, « en voiture Simone ! », comme dirait l'expression...

Activmag : Romancière, ce n’était « pas écrit dans le marbre » ? Aurélie Valognes : Non, pas du tout. J’avais bien cette passion de la lecture depuis mes 6 ans. J'ai même écrit un jour à ma grand-mère, qui m’avait offert mon premier livre - l'histoire sans fin - une carte postale en disant : « mémé, j’ai trouvé, quand je serai grande je serai écrivain ! » Mais je venais d’une famille modeste, et pas littéraire du tout, mes parents se sont arrêtés en 5e pour travailler. Donc ce métier, même si c’était un rêve d’enfant, ce ne pouvait pas être ma réalité. Mais question orientation, vous aviez « plusieurs cordes à votre arc »… Pour mes études, je voulais vraiment garder toutes les options ouvertes parce que je voulais faire trop de métiers. Je me demandais si je n’allais pas être journaliste et une amie m’a demandé “pourquoi tu veux être journaliste, je ne t’ai jamais vu lire un journal ?”. Mince, c’est pas faux. Après, je voulais être décoratrice d’intérieur, j’adore le beau, l’artistique, et puis j’ai douté de mes compétences… En fait, je me suis beaucoup censurée et me suis retrouvée en école de commerce, en suivant les autres, à faire du marketing, un travail que j'ai finalement exercé pendant 13 ans. « Tous les chemins mènent à »… Milan ? C’est ça… Un soir, mon mari rentre du boulot et me dit : “on me propose une promotion en Italie, j’ai envie d’accepter…”

On savait tous les deux qu’un jour, on serait amenés à être mutés. Il se trouve que l’Italie était la première destination sur la liste de nos envies. Et donc là, je dois démissionner, ce qui me met une énorme claque, je sortais à peine d’un baby blues… Arrivée en Italie, je me dis que je ne vais pas pouvoir retrouver un travail tout de suite, je ne parle pas italien et les Italiens ne travaillent pas en anglais. Il faut absolument que je prenne des cours. Je me laisse 6 mois pour apprendre la langue, mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire d’autre pendant ce temps ? Et si je reprenais mon rêve de petite fille. Mais je n'imaginais pas que ma vie allait basculer à ce point… Mais « la roue tourne »… ? … Quand j’arrive à Milan, le 13 novembre 2013 : avec mon bébé sous le bras, mon blues, ma cousine, du même âge que moi, tombe gravement malade d’un cancer du sein. Un an plus tard, elle décédait. Pour la première fois de ma vie, alors que je n’ai pas 30 ans, je réalise vraiment que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Avec mon baby blues, je ne contrôlais plus rien, je ne mangeais plus, j’arrivais plus à dormir, j’étais fatiguée et tout était compliqué. Tout tournait en boucle, changer des couches, donner un biberon, changer des couches, donner un biberon… Et au final, quand elle est tombée malade, je me suis dit : “si tout devait s’arrêter demain, est-ce que j’ai accompli le rêve de ma vie, est-ce que je suis vraiment heureuse ?” Et là, une nuit, j’ai vu ma tombe, devant moi, où était écrit Aurélie Valognes et en-dessous écrivain. Le signe que mon rêve de fillette n’était peut-être pas qu'une lubie. Et un jour que j'essayais de me familiariser à l’italien en regardant la Raï, je suis tombée sur une émission de télé-réalité où des écrivains en

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vais. Quand il rentrait le soir, je ne lui racontais pas spécialement ma journée, je lui ai avoué au bout de 4 mois d'écriture.

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Pour devenir écrivain, vous avez été « à bonne école » ? Exactement, j’ai toujours été très scolaire. C'est bien beau de dire que tu veux écrire un roman, mais comment on fait ? Je n’en avais absolument aucune idée. J’ai tapé sur google « atelier d’écriture » et le premier qui est ressorti sur Youtube, c’est celui de Bernard Werber. Il y donnait des conseils évidents qu'il mettait lui-même en pratique, usés à la corde, des supers conseils. J'avais déjà la trame de mon roman en tête, mais il m'a soufflé ses recettes : « il vous faut un méchant, très méchant ». Et je rajoute donc un personnage, Madame Suarez, dans mon roman « mémé dans les orties ». Au final, j’ai suivi de manière très bête et méchante tous ses conseils à la lettre et ça m’a fait un super plan, une structure, des rebondissements, un fil à la patte du lecteur pour ne jamais le lâcher. Des conseils qui m’ont permis d’écrire ce roman en moins de 6 mois.

herbe pitchaient leur livre, devant un jury d’éditeurs et de journalistes. Je ne comprenais rien de ce qu’ils disaient, mais ce que je voyais, c’était une centaine de candidats qui étaient en train de vivre mon rêve. Et ça m’a mis un énorme coup de pied aux fesses, c’est un des déclencheurs majeurs de l’aventure. C'est alors que vous avez repris « du poil de la bête », en somme ? Exactement. En arrivant à Milan, la première chose que j’ai faite, c'est de m’inscrire à l’Institut Français. La dame de l’accueil m’a demandé mon prénom, mon nom, mon métier et j’ai buggé parce que

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j’avais démissionné, je ne voulais pas dire mère au foyer, je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai répondu : « écrivain », tout en rougissant. Et je me suis dit : “maintenant cocotte, t’as intérêt à te bouger et à l’écrire ce roman !” Et je me suis mis une discipline de fer. Personne ne m’avait rien demandé, personne ne m’attendait au tournant. J’étais seule dans mon café en bas, pas super confort, à taper tous les jours l’histoire de Ferdinand et Juliette, à me marrer toute seule, à pleurer parfois et j’avais vraiment envie de sortir cette histoire pour être fière, me dire que j’étais capable de le faire. Même mon mari ne savait pas que j’écri-

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Un premier roman que vous décidez d’auto-éditer… Parce qu’« on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même » ? J'avais la trouille de l’envoyer à des éditeurs, j’étais certaine à 100 % qu’ils allaient me dire non, qu’il fallait un alignement de planètes extraordinaire pour qu’un éditeur le lise et tombe amoureux du texte… Mon manuscrit allait forcément passer à la trappe et je ne pouvais pas mettre mon rêve entre les mains de quelqu’un d’autre. Sur internet je suis tombée sur des sites qui parlaient d’auto-édition, ça avait l’avantage d’être gratuit, pas comme les éditions à compte d’auteurs, et ça pouvait même me rémunérer, impensable pour moi ! Je me suis dit si j’arrive déjà à réunir 100 lecteurs, ce sera déjà beau ! Je voulais surtout des avis sur mon texte pour savoir s’il valait quelque chose ou pas. Mon mari et ma meilleure amie m’avaient dit « Ah c’est génial », mais je n’y ai absolument pas cru parce que je me suis dit : c’est tellement des salauds, ils ont tout intérêt à me dire que c’est bien. Au chômage avec un bébé sur les bras, pas vraiment épanouie, ils veulent me caresser dans le sens du poil. Et sur cette plateforme d’auto-édition, d’un seul coup, ça s’est emballé. C'était dingue, magique. En moins d’un mois, il était dans les meilleures ventes. Je côtoyais de très beaux livres, des prix Nobel ou des Goncourt. J'ai alors été repérée par des maisons d’éditions,

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aurelie valognes

Savoir « toucher la corde sensible », c’est la clé de votre succès ? Sans aucun doute. J’écris sur les injustices, les situations difficiles, que ce soit sur la solitude des personnes âgées, sur une mère célibataire qui a du mal à joindre les deux bouts, sur celle qui abandonne son enfant, sur l'urgence écologique… A chaque fois, il y a un truc qui m'anime, une idée que je vais avoir envie de porter pendant un an. Après, bien évidemment, mon rôle est de faire passer des émotions, de faire rire, d’émouvoir… « Laver son linge sale en famille », ce n’est pas votre truc… Ce qui m’inspire, c’est la vraie vie, ce que je peux voir de mes yeux. La mienne en l’occurrence, alors oui, ma famille est une vraie source d'inspiration. Mais pas que… Tous les jours, je lis le journal pendant au moins une heure, les pages société, culture et écologie qui m’intéressent énormément. Mais c’est vrai que mon premier livre est inspiré très largement de mon grand-père maternel très, très

spécial… Je me suis souvent dit que s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Un vrai personnage de roman qui fait mourir de rire, sauf pour ma mère qui doit le gérer un peu plus aujourd’hui ! Il est hors norme et me touche énormément, tellement en décalage que j’avais envie de parler de lui pour tenter de le comprendre, de creuser un peu plus loin en me disant qu’on va peut-être trouver un cœur. Mais j’ai aussi inventé plein de choses. La plupart du temps, je compile les comportements de plusieurs personnes pour façonner un personnage et dans chacun d'entre eux, dès qu'il y a un gros râleur, c’est toujours moi. Donc avant de piquer dans les autres, je vole surtout à ma propre personnalité. « Père avare, fils prodigue »… Pour vous, ce serait plutôt : mère angoissée, fille optimiste ? Oui ça, c’est vrai ! Optimiste toujours. Je fuis les personnes toxiques. Dès que quelqu’un soupire, j’ai envie de partir ! Après je ne suis pas naïve, je sais de quoi le monde est fait, mais je pense que j’ai développé ce sens en devant le surjouer dans l’enfance. Quand mes parents ont divorcé j’avais 7 ans et ma mère a tou-

jours été extrêmement angoissée, c’est quelqu’un qui peut se mettre à pleurer parce qu’elle ne trouve pas sa voiture sur un parking. Du coup, pour la rassurer, j'ai du faire l’optimiste à 200 %. Il fallait bien équilibrer. Et c’est resté. Vous êtes « restée sur le carreau… » de Vichy ! C’est un peu votre label ? Le Vichy, effectivement, c’est ma marque de fabrique… mais c’était pas réfléchi. Le jour où je me suis auto-éditée, il fallait remplir des cases, mettre un titre, une description, et au moment cocher « publier », on me demande une couverture, mince, je n’avais pas de couverture, je ne savais pas comment faire… Je suis allée voler une image sur Google, avec du Vichy, parce que ça me parlait de mon grand-père, c'est le 1er truc qui m’est venu, les serviettes de table et la nappe à carreaux qu’il y avait chez lui. Et comme ça m'a porté chance, j’ai voulu garder cette couv’ vichy pour les romans suivants, contre l’avis de mes éditeurs, Michel Lafon, et le livre de poche… Qui ont bien essayé de me convaincre que c’était pas possible, que ce n’était pas du tout les codes du marché, qu’on allait prendre mes romans pour des livres de cuisine… mais j'ai tenu bon. Pour le 4e, j'ai tout de même troqué le vichy pour le papier peint de ma grand-mère avec ses grosses fleurs…

© Halfpoint

dont Michel Lafon qui m’a contactée par Facebook pour me publier. Les planètes étaient alignées !

LA PLUPART DU TEMPS, JE COMPILE LES COMPORTEMENTS DE PLUSIEURS PERSONNES POUR FAÇONNER UN PERSONNAGE ET DANS CHACUN D'ENTRE EUX, DÈS QU'IL Y A UN GROS RÂLEUR, C’EST TOUJOURS MOI.

© Sandrine Roudeix

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« Les chiens aboient la caravane passe… » Vous avez vite été cataloguée comme romancière populaire, de livres faciles, feel-good, ça vous fait quoi ? Je n’aime ni les étiquettes, ni être enfermée dans un rôle, j’aime pouvoir changer de registre. J’ai des romans qui sont de vraies comédies familiales, drôles, notamment « Mémé dans les Orties » ou « En voiture Simone » ; d'autres beaucoup plus dans l’émotion comme « Au petit Bonheur la Chance » ou le 6e que je viens de terminer qui sortira en mars… Si on m’estampille littérature feelgood et que le lecteur passe la moitié du roman à avoir des larmes d’émotion, il risque de se dire qu’il y a tromperie sur la marchandise ! Par contre, je me retrouve beaucoup plus dans la littérature populaire. Parce

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aurelie valognes

que c'est le cas. Mon lectorat est très large et divers, hommes, femmes, jeunes, vieux… et puis je viens d’un milieu populaire, je ne vais pas renier mes origines ! Vous vous retrouvez quand même, au niveau des ventes, entre un Guillaume Musso et un Marc Lévy, « entre le marteau et l’enclume », deux mastodontes de l'édition, c’est hallucinant, en 6 ans… Ouais, je suis assez fière d’être dans ce classement, effectivement, mais c’est pas quelque chose qui sera à vie, je ne me fais pas du tout d’illusions. Reste que j’en suis très surprise et honorée. Maintenant, je continue de bosser beaucoup en affinant mon texte. Tant que les lecteurs auront envie de me prêter quelques heures de leur vie pour vivre une émotion avec une histoire, j’en serais la première ravie…

« Avoir eu un polichinelle, voire 2, dans le tiroir », ça complique les choses pour vous ou au contraire ça vous donne matière ? Un peu les deux. Là typiquement, ça complique les choses parce que dans une 1/2h, je vais devoir aller les chercher, donc ça veut dire que ma journée de travail est finie, c’est une sacrée frustration. Mais en vrai, je ne pourrais pas du tout sortir les histoires que j’écris sans mes enfants qui tous les jours me sortent des perles et me rappellent que la vie, en fait, il faut la vivre et pas juste par procuration à travers ses personnages.

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© Thomas Laisné

Vos livres, c’est un peu « du pain béni » pour le cinéma, pourquoi on ne les voit pas encore sur grand écran ? Si le monde de l’édition est peut-être un monde de requins - et encore…-, celui du cinéma, pour moi, c’est une évidence ! J'ai déjà été sollicitée plusieurs fois par des producteurs, des scénaristes, qui me présentaient des contrats absolument scandaleux, pour essayer de récupérer mes droits cinématographiques, s’autorisant même à vendre mon livre à l’étranger ! Donc non, pour le moment, je n’ai pas trouvé un partenaire avec qui j’ai envie d’avancer, avec qui il y ait une vraie osmose et une relation de confiance. Pour l’instant, ils sont intéressés parce que mon nom est en haut des classements, donc vendeur, mais par contre, si on peut la mettre sur la touche, la petite romancière, c’est pas plus mal. Or je veux protéger mes personnages et mon histoire, être intégrée au scénario, sans forcément l’écrire, mais pouvoir avoir un droit de relecture. Si ça doit se faire, ça se fera dans les bonnes conditions, ça prendra du temps.

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aurelie valognes

En famille, vous « passez l’éponge » facilement sur quoi ? En famille, je suis très casse-pieds, j’aimerais bien dire que je passe l’éponge, mais je suis assez exigeante et embêtante avec mon entourage.

Qu’est-ce que vous pourriez encore « demander à la lune » aujourd’hui ? La santé, et après, de continuer à garder l’envie d’écrire avec l’inspiration, que les lecteurs soient encore au rendez-vous… mais ça, ça fait beaucoup de souhaits.

Vous vous « faites des cheveux blancs » pour quoi ? C’est sûr pour l’avenir de mes enfants.

Des vacances d’hiver « aux petits oignons », pour vous, ça ressemble à quoi ? Des moments qui sortent un peu du quotidien, de ma solitude, parce que j’ai un métier quand même très solitaire. Donc je dirais à la montagne, avec des amis, la famille, de grosses parties de cartes tous les soirs, des jeux de société, avec un bon repas, du vin, un apéro avec du saucisson et des fromages. Des discussions d’adultes, des rires. Plein de rires.

Tout semble vous réussir, vous vous êtes déjà « pris un râteau » ? Je pense que oui, forcément, après, c’est jamais un drame pour moi. Je retombe toujours sur mes pattes parce que je pense que dans ma tête, j’ai toujours 1, 2 ou 3 options ouvertes, ou si ce n’est pas par la porte que je rentre, c’est par la fenêtre.

FAN DE...

Quelle est votre actrice favorite, celle qui vous touche ? Sandrine Kiberlain, toujours juste et drôle. Elle ne se laisse pas enfermer dans des cases et reste libre (elle chante notamment).

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Votre styliste préférée ? Stella Mac Cartney pour son engagement Green depuis toujours.

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Quelle est la championne que vous admirez ? Jeannie Longo pour sa longévité et sa ténacité. Votre femme de média préférée ? Elise Lucet car elle n’a pas peur de déplaire, sortir du rang pour la bonne cause. On a besoin de sa désobéissance civile.

Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Louise Bourgeois et ses araignées effrayantes, pas féminines mais si universelles.

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Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Blanche Gardin, irrévérencieuse et tellement vraie. J’ai écrit un « seule en scène » pour moi suite à son spectacle (qui n’a pas vocation à être joué).

Blanche Gardin

Quelle est la chanteuse que vous doublez sous la douche ? Emma Stone pour La La Land que je fredonne à longueur de journée. Et Jain, petit bout de femme qui assure un max (dernier concert auquel j’ai assisté) et tient une salle ou un stade pour la coupe du monde féminine avec retransmission planétaire : même pas peur !

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L’auteure que vous dévorez ? Carole Fives, toujours tellement juste, écriture ciselée, toujours autour du thème de la famille : dans la vraie vie et plein d’émotions.

Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Pas originale, mais Simone Veil, pour son intelligence, son humanité, sa persévérance : elle a tracé la route pour nous toutes. Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Olympe de Gouges, qui la première a cru et défendu la parité homme/ femme avec sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « tenant tête » jusqu’au bout pour ses convictions (condamnée à mort par guillotine). Quelle est votre héroïne préférée ? Jo des 4 filles du Dr March, qui comme Martin Eden de Jack London, m’a toujours inspirée par sa ténacité, sa générosité, son indocilité, prouvant que le travail paie toujours.

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christine arron

rattrape-moi

! x u e p u si t Propos recueillis par Lara Ketterer

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ui a oublié la finale du relais 4 fois 100 m à Budapest en 1998 ? Championnats d’Europe : cheveux peroxydés, Christine Arron, tout juste satellisée par son record en individuel, au terme d'une dernière ligne droite légendaire, comble plus de 5 mètres de retard sur la Russe Irina Privalova et décroche le titre pour l’équipe. Exploit réitéré en 2003 aux Mondiaux de Paris, quelques mois seulement après avoir accouché. Cette femme est juste une extraterrestre en baskets ! Elle ne coure pas, elle vole…

Activmag : Enfant, quel métier vouliezvous faire ? Christine Arron : Je rêvais de devenir hôtesse de l’air… Quel genre d’enfant étiez-vous ? Très dynamique et en même temps assez lente ! (rires) Je n’étais jamais pressée, surtout pour aller à l’école. J’aimais traîner. J’étais assez tranquille. Ma mère me disait tout le temps : je ne comprends pas comment tu peux être aussi lente dans la vie et courir aussi vite ? Quand a eu lieu le déclic pour l’athlétisme ? Y’a pas eu de vrai déclic, en fait. A 9 ans, j’ai commencé à faire du karaté, et

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C'EST COMME SI JE NE M'ACCORDAIS JAMAIS LE DROIT D’ABANDONNER. DANS LES PIRES MOMENTS, JE ME DISAIS : UN BLESSÉ N’EST PAS MORT ! ON Y RETOURNE !

puis en 6e, au collège, après une séance de sprint où j’ai battu toutes les filles, les garçons ont voulu se mesurer à moi. Là encore, je les ai tous laissés derrière. Du coup, le prof de gym m’a conseillée de m’inscrire à l’athlé et comme ma meilleure amie en faisait, j’ai suivi le mouvement. Qui vous a inspiré ce choix de carrière ? Je n’étais pas du style à idolâtrer qui que ce soit… Ado, je n’étais pas fan de chanteurs ou de sportifs, mais c’est vrai qu’une fois, en regardant les Jeux Olympiques, j’étais tombée sur une course de Carl Lewis et je dois dire, que j’ai trouvé ça plutôt joli à regarder. C’était un bel athlète, forcément… Mais je ne suis pas tombée raide devant ! Après, j’ai aimé Merlene Ottey et plus tard Irina Privalova… A 15 ans, vous remportez vos premiers titres de sprinteuse en championnat de

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France, le début d’une longue carrière ? Jeune, je ne pensais pas faire carrière. J’ai commencé l’athlé à 11 ans, à 12, je faisais mes premiers championnats de France par équipe. Tout était facile. Je ne me posais pas de questions. On voyageait avec les copines, j’aimais ça surtout pour l’ambiance. Même si j’étais déjà une compétitrice, je ne me préparais pas à une carrière de haut niveau, je me laissais vivre… J’étais sérieuse dans tout ce que je faisais, mais j’avais surtout beaucoup de facilité et je gagnais tout le temps. L’implication est venue plus tard. Tout semblait évident à vos débuts… Et par la suite, vous n’avez jamais douté ? Oh si ! Dès mon arrivée en métropole en fait. A 19 ans, le déracinement de mon île a été difficile à tous les niveaux… Même si entre temps, j’ai été championne de France du 400 m, j’ai bien mis 5 ans pour prendre confiance. J’ai été tellement sou-

vent blessée… Alors forcément, j’ai douté. Et finalement, ça a passé, mais ça a été long et laborieux. Et la force de poursuivre, malgré les blessures, vous la puisiez où ? Il y a toujours eu en moi une voix qui me disait, il faut y aller coûte que coûte, comme si je ne m'accordais jamais le droit d’abandonner. Dans les pires moments, je me disais : un blessé n’est pas mort ! On y retourne ! Vous vous êtes essayée à pas mal de distances, 400, 200, 100, 60… A la base, je suis une sprinteuse, ma distance, c’est le 100 m. Sur une course, lors d’une compétition, je me suis blessée et mon entraîneur de l’époque m’a fait recourir trop vite, contre l’avis du kiné, ce qui fait que je me suis reblessée, encore et encore. A chaque fois, mon coach refusait de respecter les délais de cicatrisation. Du coup, il m’a dit un jour, « comme tu te blesses souvent, on va te passer au 400 m »… Mais c’était de sa faute si je me blessais autant. Du coup, j’ai fait du 400 m pendant 2 ans, mon corps avait été trop abîmé, il

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lui fallait du temps pour se régénérer. Mais cette distance, ce n’était vraiment pas mon choix de départ. C’était plutôt une obligation de récupération. Et progressivement, je suis revenue au 200 m pour finir à ma distance de prédilection, le 100 m. Je regrette juste, avec le recul, de ne pas avoir fait plus de 200 m, c’est une vraie belle course. Mais mon entraîneur ne voulait pas que je coure sur les 2 distances, il fallait faire un choix. Les distances descendent au fur à mesure que votre âge augmente… On court moins longtemps quand on vieillit ? En général, c’est l’inverse. Plus on vieillit, plus c’est difficile de courir vite. Le 400 m est moins violent. Mais moi, cette distance m’ennuie. C’est trop lent ! Trop de footings en entraînement. Ce n’est pas dans mon caractère. J’aime quand c’est explosif.

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En 1998, vous êtes consacrée « athlète européenne de l'année ». Il n'y en a pas beaucoup, en France, qui peuvent se prévaloir de ce titre… Christophe Lemaitre vous a rejoint 12 ans plus tard. C’est de la pression ou du bonheur, ce titre ? Ce ne peut être que du bonheur. Aucune pression. C’était une très belle année, j’ai battu le record de France, puis couru une dizaine de fois sous les 11 secondes. Ça allait plutôt bien pour moi cette année-là… Vous donnez naissance en 2002 à votre fils et dès l’année suivante, vous êtes au summum de votre carrière… L’enfantement aurait des vertus dopantes ? Absolument pas, je vous assure ! (rires) Ça permet juste de se reposer. C’est juste un état d’esprit, un mental. Pendant cette période, j’ai entendu tellement de conne-

ries : “pourquoi t’es tombée enceinte ? Ça va mettre un terme à ta carrière ! Tu vas mettre au moins 2 ans pour revenir au niveau, si tu y arrives !” J’ai refusé que leur scepticisme ait un impact sur moi. Et pourtant, pendant ma grossesse, je n’ai fait quasiment aucune activité physique, j’ai eu des contractions très tôt. En plus, j’ai pris 30 kg ! Mais pour autant, mentalement, j’étais déjà en train de me préparer à la reprise. Et après l’accouchement, je me suis mise au boulot. Ça a été très dur, mais en 3 mois, j’avais perdu mes 30 kg, et 3 mois après, je reprenais la compétition. Ça ne se passe que dans la tête ! Une grossesse n’altère en rien vos capacités. Ni ne les dope ! Votre adversaire la plus redoutable ? Il n’y en avait pas une en particulier… Peutêtre Marion Jones… Mais avant même de se battre contre les autres, il faut

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se battre contre soi-même ! Je suis sûrement mon premier ennemi… Votre souvenir le plus fort de votre carrière ? Y en a 3 en fait. Mon premier titre de championne d’Europe. Premier et unique d’ailleurs ! La médaille à Paris aussi, juste après la naissance de mon fils. Et l’année 2005, une très belle année, avec mes deux premières médailles mondiales sur 100 et 200 m. Le pire ? Athènes en 2004, avec l’élimination en demi-finale. La pire année de ma carrière. Comment fait-on face aux échecs dans ces cas-là ? C’est long, jour après jour… Il faut pouvoir encaisser, notamment les critiques des journalistes. Mais faut se remettre au travail. Je me souviens que j’allais m’entraîner toute seule, accompagnée juste de ma mère et mon fils de 2 ans, j’avais arrêté la collaboration avec mon coach de l’époque. J’ai puisé au fond de moi la motivation. Je ne pouvais que remonter après avoir touché le fond. En 2012, à l’âge de 39 ans, vous annoncez mettre un terme à votre carrière pour faire un second enfant et entamer une

seconde vie… Cette année là, j’ai effectivement annoncé ma retraite. J’étais enceinte, mais j’ai fait une fausse couche… Puis, j’ai eu ma fille. Et finalement, j’ai repris la compétition pendant 2 ans pour arrêter définitivement il y a 4 ans, fin 2015. Et au final, cette seconde vie, c’est compliqué… Après 30 ans d’athlétisme intensifs, tout à coup ça s’arrête. Même si je m’y étais préparée, ça a été très, très dur. Je croyais être prête. Mais non ! Alors oui, je travaille, je fais des choses, mais rien qui n’ait la même saveur, la même flamme. Cette flamme, il faut la trouver, la chercher… Mais pour l’instant, c’est sûr, je ne l’ai plus. Quatrième femme la plus rapide du monde sur 100 mètres, votre record d'Europe reste invaincu. Qui, aujourd’hui, peut faire tomber ce record, selon vous ? Il n’y a que ma fille qui est autorisée à battre ce record ! (elle éclate de rire) Et elle n’a que 6 ans, donc on a le temps de voir venir ! Aujourd’hui à quoi rêvez-vous ? De trouver une activité qui me passionne à nouveau… On vous propose de tester la peau d’un

FAN DE... Quelle est votre actrice préférée ? Charlize Theron, cette actrice américaine, qui n'hésite pas à s'enlaidir pour incarner ses rôles.

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La championne que vous admirez ? Merlene Ottey qui m'a inspirée d'une certaine façon dans mon parcours. Votre femme de média préférée ? La journaliste Elise Lucet.

homme, en qui aimeriez-vous vous réincarner pour quelques heures ? Waouh… Un homme ? Pas en homme politique, ça c’est sûr. Ils aiment trop le pouvoir, trop d’ego… Non, plutôt dans la peau d’un sage. Votre dernière colère ? Je me mets facilement en colère… Donc ça remonte à cette semaine, avec mes enfants qui désobéissent. Avec eux, j’ai du mal à garder mon calme. Votre dernier kiff ? Il y a des moments dans la vie, où je suis super heureuse sans raison particulière. C’est le cas, ces derniers jours. Tout est fluide. Vous skiez ? J’ai « essayé » quelques fois… La première fois que j’ai été sur des planches, c’est autour de 40 ans… Tant que j’étais en compétition, ça m’était interdit. Les vacances (d’hiver) avec vous, ça ressemble à quoi ? C’est grasses matinées, on se couche tard, on prend son temps. Faut que ce soit tranquille ! C’est ma nature. C’est la petite fille qui est en moi qui est comme ça. Je suis toujours obligée de me bousculer. Alors pas en vacances !

Quelle est votre héroïne préférée ? Katherine Johnson, la mathématicienne de la NASA, surnommée « l'ordinateur humain ». Elle a plus de 100 ans aujourd'hui.

La femme politique qui vous fascine le plus ? Simone Veil, forcément.

L’humoriste qui vous fait mourir de rire ? Nawell Madani. L’auteure que vous dévorez ? Amélie Nothomb.

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Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Je dirais Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis. C'est elle qui, en 1955, a refusé de céder sa place à un passager blanc dans un bus.

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as de grosses échéances pour 2019-2020. En cette fin novembre, Marie Bochet revient de Tignes où elle s’est entraînée, mais cette année, elle lève le pied, l’objectif, c’est de se reposer. Et c’est mérité. Car en fin de saison dernière, elle a rajouté cinq titres mondiaux à son tableau de médailles, en s’imposant dans toutes les épreuves individuelles : slalom, géant, descente, super G et super-combiné. Le Grand Chelem, quoi. Pour la 3e fois. Et à seulement 25 ans. Un palmarès qui force le respect, fiche des frissons. Pas forcément de froid, quoique… En com-

© Flavien Prioreau - Loreal Cannes 2019

marie bochet

mentant le dernier slalom paralympique de la championne savoyarde, Alexandre Boyon, le journaliste de France Télévisions, l’appelle carrément la « Reine des Neiges ». La Reine des Neiges ? Mais c’est vrai, ça, en y réfléchissant bien, maîtrise de l’élément glacé, différence assumée, destin hors du commun… Marie a pas mal de points communs avec Elsa… Activmag : Elsa a 8 ans quand elle prend conscience de sa différence, est-ce que vous vous êtes sentie différente enfant ? Marie Bochet : Pas du tout, parce qu’on ne m’a pas élevée dans ce sens-là. Mes parents n’ont pas cherché à me protéger, j’ai grandi comme s’il n’y avait rien

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marie bochet

débrouillé avec ce bâton unique et qui ne s’est pas demandé si ça allait être possible ou compliqué.

© Luc Percival /CPSF

Elsa, elle, finit par faire de cette différence sa plus grande force, c’est votre cas aussi ? Exactement. Mon petit doigt m’a ouvert des portes qu’une main gauche à cinq doigts n’aurait pas forcément pu. C’est ma petite clé ! Il m’a fait découvrir le milieu du handisport et m’a offert cette carrière. Je ne sais pas ce qu’elle aurait été dans le milieu valide, mais peut-être plus limitée. C’est aussi toute une vie faite de rencontres et d’expériences qui a été ouverte par ce handicap-là. Mais attention, c’est un petit handicap, qui ne m’empêche pas de faire grand-chose dans la vie de tous les jours, il n’est pas contraignant comme d’autres. Donc, c’est vrai que je peux dire que c’est une chance.

de particulier en moi, je n’ai jamais été assistée, ils m’ont appris à me débrouiller. Souvent, je donne l’exemple du laçage de chaussures, mais ma maman m’a appris à le faire comme elle l’a appris à ses trois autres enfants. Je n’ai ressenti la différence que le jour où j’ai eu ma 1re prothèse, pour le ski. Je me suis rendue compte que s’il fallait m’ajouter quelque chose pour performer, c’était donc qu’il me manquait quelque chose. C’était après les Jeux de Vancouver. J’avais 16 ans. Jusque-là vous aviez toujours refusé les prothèses. Pourquoi ? En fait, ce handicap, il a été connu avant ma naissance, ce n’était pas une surprise.

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Mes parents ont eu le temps de l’accepter, et comme ils l’ont accepté eux, je pense que moi je l’avais déjà accepté à ma naissance, je n’ai donc jamais eu besoin de le cacher. Et je n’ai pas un moignon classique, j’ai ce petit doigt hyper utile qui me permet de faire un tas de choses assez précises. Vous vous êtes longtemps entraînée avec les valides d’ailleurs… Oui, ma première licence handisport, je l’ai prise en 6e, mais depuis mes 5 ans, j’avais toujours pratiqué le ski avec les enfants de mon âge. J’ai rencontré un super entraîneur, Jean-Michel Berthod, qui m’a emmenée dans le groupe, qui s’est

A l’adolescence, Elsa se prépare à monter sur le trône, et vous à 16 ans, c’est déjà le podium olympique que vous frôliez des spatules… C’était en 2010 aux Jeux de Vancouver. Cette saison-là, je gagne une 1re Coupe du Monde et je suis en tête de la discipline du slalom, il y a donc quand même des choses possibles et réalisables. Mais je pense que je n’étais pas assez mature pour cet événement. Sur le circuit handisport, on était assez protégés des médias, on n’avait pas l’habitude d’avoir des caméras braquées sur nous, ni beaucoup de public. Du coup, c’est vrai que là-bas, c’était énorme et je me suis faite dévorer… Mes deux quatrième place ont été une énorme frustration, mais c’est aussi ce qui a fait que j’ai rebondi et commencé cette carrière l’année d’après avec de belles performances… Aux Jeux de Pyeongchang, en 2018, après la dernière épreuve et votre 4e médaille d’or, on a senti une véritable émotion, vous étiez libérée, délivrée ? Oui, c’est un peu ça ! Les autres médailles, j’étais allée les chercher aussi, mais celle qui me manquait vraiment, c’était le slalom que j’avais raté à Sotchi, 4 ans plus tôt. Du coup, je me mettais une pression supplémentaire sur cette épreuve. C’était la dernière des Jeux pour moi, mais aussi pour la délégation. Alors, en tant que porte-drapeau, j’avais à cœur de finir de la plus belle façon. Et c’était aussi un peu la délivrance. Quand ça fait 4 ans qu’on se prépare, le dernier jour, on est entre « c’est déjà fini » et « enfin, c’est terminé », parce que c’est hyper épuisant, qu’on sait qu’on va retrouver nos proches et

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fêter ça avec eux… Il y avait donc énormément de choses qui reposaient sur cette médaille-là, donc forcément, l’arrivée a été encore plus forte en émotions. Elsa a un pouvoir magique, c’est-ce qui fait sa force… Qu’est-ce qui fait celle d’une championne ? Une énorme part de mental déjà, qui fait qu’un athlète peut se décomposer un jour ou au contraire se révéler. Il y a aussi une réelle question d’entourage : famille, amis ou staff, il y a toujours énormément de monde autour d’un athlète. Et avoir un entourage sain et constructif, présent mais pas trop, c’est hyper important. Après, il y a évidemment beaucoup d’entraînement, de travail, et d’abnégation aussi, parce qu’on a vraiment une vie extraordinaire et particulière, mais qui demande énormément d’investissement. Et si vous aviez un pouvoir magique, vous aussi, ce serait lequel ? J’aimerais voyager en claquant des doigts, parce que les déplacements sont vraiment quelque chose qui me pèse. Ça me simplifierait donc vraiment la vie ! Le Sage Troll dit à Elsa que son pire ennemi, c’est la peur. Quel est le vôtre ? Ça pourrait être la peur aussi… Je ne suis pas une tête brûlée et c’est vrai que j’ai parfois un peu de mal à prendre des risques, à m’engager.

© Loreal

Vous dites que vous êtes accro à la compèt’, et la défaite ? Est-ce qu’on s’y prépare ? Ma préparatrice mentale vous dirait non, parce qu’il ne faut pas penser à ce genre de choses, rester positif et constructif, mais bien sûr que c’est dans un coin de ma tête. Quand on est toujours 1re, il y a un jour aussi où on va être 2e, puis 3e, puis 4e… Si je continue ma carrière actuellement, c’est aussi parce que j’ai envie de m’exposer à ça, de savoir si je serais capable de rebondir et d’apprécier tout autant la compétition et mon sport, malgré des résultats un peu moins exceptionnels.

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Elsa, elle, n’a pas à s’inquiéter de sa carrière, elle devient reine et puis c’est tout. Et vous, vous envisagez l’après ? Oui, et de plus en plus, parce que l’année dernière, je ne savais pas encore si je me sentirais capable d’aller jusqu'à Pékin. Ce n’est pas facile de se projeter sur 4 ans, ça me semblait tellement loin, donc il a fallu que je me pose certaines questions. Maintenant, je vois mon avenir sur les skis jusqu’aux Jeux de Pékin, mais certainement pas sur les suivants. Les fins de

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marie bochet

© G.Picout

carrière sportives, c’est hyper effrayant, c’est un grand vide. Là, je sais que je vais faire ma saison, qu’en avril, je vais être en pause jusqu’à mi-mai, et qu’à la mi-mai, on reprend la préparation physique… Le jour où on arrête, on ne sait plus trop ce qu’on fait le lendemain, c’est vertigineux. Il faut s’y préparer au mieux. Donc j’essaie de garder un pied dans les études, je suis inscrite à Sciences Po Paris, et de commencer à me projeter…

FAN DE...

Votre actrice préférée ? J'aime le naturel de Julia Roberts, ce qu'elle représente, ce sourire magnifique qui inspire. Meryl Streep est aussi merveilleuse, elle incarne ses rôles d'une façon incroyable et peut tout jouer. La chanteuse que vous doublez sous la douche ? Céline Dion pour la douche. Sinon j'écoute beaucoup le duo féminin de First Aid Kit, leurs chansons m'ont accompagnée aux derniers jeux (« Stay Gold » notamment). Sinon en chanson française, Angèle. Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Nikki de Saint Phalle, ses nanas sont géniales, j'aime beaucoup l'énergie qu'elles dégagent. Dawn de Nikki de Saint Phalle

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Elsa porte peut-être des robes de dingues, mais vous, vous défilez quand même pour l’Oréal… Oui, moi aussi j’ai des robes de dingue ! Ça, c’est exactement le genre d’expériences que ce petit doigt m’a apportées. C’est incroyable, je ne pensais pas être un jour l’égérie d’une marque de beauté comme L’Oréal Paris et c’est vrai que c’est une drôle d’expérience. C’est un milieu qui est vraiment différent de celui que j’ai l’habitude de côtoyer, mais c’est hyper enrichissant et je suis assez fière de représenter la femme française avec un handicap pour l’Oréal.

Votre styliste préférée ? Ma cousine Juliette (Juliette Design), toute petite dans le milieu, mais si talentueuse. J'aime la fraîcheur de ses créations, je ressens sa passion. Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Blanche Gardin, elle dérange, elle questionne, elle fait rire, elle est géniale ! Nicole Ferroni est assez passionnante aussi. L’auteure que vous dévorez ? Actuellement je lis le livre de Marie Dorin Habert, ancienne biathlète et non auteure de métier. J'aime sa façon d'écrire et de décrire. Elle transmet énormément de choses en toute simplicité, ses chroniques sur les réseaux se dévorent. Quelle est la championne que vous admirez ou avez admirée ? Il y a tant de sportives inspirantes que je ne saurais choisir ! Lindsey Vonn pour son ski et la maîtrise de sa notoriété, Marie Amélie Le Fur pour sa capacité à gérer tous ses projets de front (carrière sportive, engagement paralympique, famille). Marie José Perec pour sa carrière majuscule et sa sensibilité. Votre femme de média préférée ? Charline Vanhoenacker. J'écoute réguliè-

La Reine des Neiges, c’est surtout une histoire de fraternité. Vous avez 3 frères et sœurs, quelles sont vos relations : plutôt fusionnels, chiens et chats, indépendants ? Un peu tout ça en même temps. En grandissant, on est devenus très fusionnels, mais ils habitent tous à Paris, donc on se voit un peu moins. Mais on est vraiment une famille soudée et on essaie au maximum de passer des moments ensemble, de garder ce lien très fort. Tout en restant chiens et chats quand même, parce qu’on est des frères et sœurs, et que sinon, ce ne serait pas drôle. Quand il dégouline devant la cheminée, Olaf dit à Anna qu’il y a des gens qui ont le pouvoir de vous faire fondre, et vous, qui vous fait fondre ? Mes neveux et nièces, et mes filleuls. J’ai envie d’être avec eux, il y a carrément des manques physiques. Ce sont des relations dont j'ai besoin, un amour vrai et inconditionnel. Je trouve ça super fort… + d’infos : www.bochet-marie.com

rement l'émission Par Jupiter sur France Inter, j'aime bien, c'est frais, décalé. Elle gère sa troupe d'une main de maître.

Simone Veil

Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ? Simone Veil. Elle représente tant de combats... La femme de l’histoire que vous admirez ? Toutes celles qui ont mis un pied là où c'était interdit, qui ont sauté les barrières et qui se sont imposées face aux hommes. e Hermion Votre héroïne ? Pas facile de choisir, Hermione dans Harry Potter.

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r u e h n de bo

UN ACCENT QUI CHANTE LE SOLEIL, LE REGARD RIEUR ET LES CHEVEUX MIEL NOUÉS À LA VA VITE, ET HÉLÈNE DARROZE MET TOUT LE MONDE À SA SAUCE. INGRÉDIENT SECRET PLANQUÉ SOUS SA TOQUE, QUAND D’AUTRES FONT TOURNER LES SERVIETTES, LA CUISINIÈRE, ELLE, FAIT DANSER NOS ASSIETTES. SA RECETTE ? SI CE N’EST PAS LE BONHEUR, ÇA Y RESSEMBLE BIEN SÛR !

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Par Magali Buy - Photo : Nicolas Buisson

es rires à s’en secouer la gargoulette, en bouchées gastro ou à la bonne franquette, Hélène Darroze est tombée dans les marmites dès la naissance. Dans son terroir

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landais, enfant, elle court les marchés et petits producteurs au bras de son père, déniche les bons produits parce que les bons produits, c’est la vie ! En famille, elle cultive générosité, gourmandise et madeleines de Proust, des racines

indispensables pour garder les pieds sur terre. Et si Hélène n’en fait pas un adage, elle n’en est pas très loin. Son grand-père et son père aux fourneaux du Relais de Villeneuve-de-Marsan, sa grand-mère Charlotte main dans la main, du haut de ses 52 ans, elle puise encore les valeurs qu’ils lui servaient à la petite cuillère, celles qu’elle offre volontiers à la louche. Humilité, partage et cocotte remplie d’amour, sa cuisine à elle, c’est un cocktail de tout. On passe à table ?

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hélène darroze

APPELEZ-MOI HÉLÈNE, JE M’APPELLE HÉLÈNE ! JE NE FAIS PAS CE MÉTIER POUR ÊTRE CHEF, JE SUIS CUISINIÈRE !

AMUSE-BOUCHE Et pourtant, là n’était pas son premier choix. 3 générations de restaurateurs en héritage, oui, elle est dans l’jus, mais elle voit son avenir avec un stylo, pas à cuire du gigot. Pour autant, elle a ça dans le sang et se plaît à tambouiller, c’est naturel et ça ravie les plus gourmands, mais ça s’arrête là. Ah bon ? Bien sûr que non ! Depuis les petits plats concoctés incognito pour ses camarades de sup de co, les années vont débouler comme des pochettes surprises ! Vous vouliez reprendre la direction hôtelière du relais château familial depuis un bureau, Hélène ? Et si l’atterrissage se faisait plutôt derrière un piano ? Et puis… Zorro est arrivé !

LE RALLYE MONTE CARLO !

© Nicolas Buisson

Restaurant Le Louis XV, Monte Carlo, Alain Ducasse vient de décrocher sa 3e étoile, quand elle débarque dans ses murs en 1990. Attendue à un poste de responsable administrative, elle sonde d’abord la température comme commis, important de savoir de quoi on parle, non ? Elle y prend goût et en demande encore, mais la paperasse l’attend. Et si elle s’était trompée ? Elle n’a pas fait d’école, ça la gêne, mais Ducasse a l’œil, la pousse et fait tout basculer : “il y a une place dans la cuisine pour une femme, et vous pouvez la prendre.” Touchée en plein cœur et sous l’aile bienveillante de son père (chef deux fois étoilé), en 1995, elle prend les rennes de son restaurant et laisse éclater sa créativité, poussez-vous, j’arrive !!!

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JE M’APPELLE HÉLÈNE « Jeune chef de l’année » en décembre 1995, « Grand de demain » en 1996

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hélène darroze

par le Gault-Millau, Hélène cuisine à l’instinct et façon terroir. Et ça plaît. Les produits toujours en avant, magret, cèpes, foie gras, tomme de brebis ou piment d’Espelette revisitent le Sud-Ouest à sa manière. Peu importe le style, tant que ça vient du cœur, c’est toujours bon. Beaucoup de goût et de féminité, elle impose sa touche et son caractère bien trempée, et avec le sourire, elle fait tout passer ! “Appelez-moi Hélène, je m’appelle Hélène ! Je ne fais pas ce métier pour être chef, je suis cuisinière !” Et si les poulets sont bien rôtis, les vaches elles, sont plutôt maigres. La jeune femme ne crache pas dans la soupe, mais, ici, c’est un petit village et pour sa nature généreuse, le rêve a gros appétit ! Elle

FAN DE... Quelle est votre actrice favorite, celle qui vous touche ? Valeria Bruni Tedeschi. Quelle est l’artiste dont vous adoreriez avoir une création chez vous ? Camille Claudel.

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AAAHH… LA BELLE HÉLÈNE ! Elle s’installe à Saint-Germain-desPrés, dans un lieu chaleureux et élégant qu’elle met à son image et à son nom. Un nappage sobre, des fleurs et une manière inimitable de dresser la table, des recettes au produit star et la cuisinière monte les marches jusqu’aux étoiles. 2001, un an après l’ouverture, elle décroche la première, suivie de près

L’auteure que vous dévorez ? Virginia Wolff. Quelle est la championne que vous admirez ? Ma tante Christiane de la Fressange : elle a été dans l’équipe de France de ski et

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Quelle est la chanteuse que vous doublez sous la douche ? Alex Hepburn. Mais impossible de la « doubler » par contre !!!

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part à la conquête du reste, et décide de fermer. Gros pincement au cœur, elle laisse derrière elle les murs de son enfance, mais emporte ses origines et son garde-manger sous clé, et elle compte bien faire avec !

Votre styliste préférée ? Madeleine Vionnet, grande couturière qui a inventé le biais.

Quelle est la femme humoriste qui vous fait mourir de rire ? Valérie Lemercier.

résistante pendant la guerre.

par une seconde en 2003 (perdue en 2010 et qu’elle compte bien récupérer !), Collaborations et projets multiples, Hélène est sur tout les fronts, même l’étranger adore son authenticité et la réclame ! Le 14 juillet 2008, à Londres Le Connaught** lui ouvre grand les bras, c’est fête nationale chez les Darroze ! Deux étoiles au compteur depuis 2011, un nouveau restaurant « Jòïa » à Paris, Le Marsan* à Saint Germain, l’aventure Top chef et j’en passe, Hélène arrose généreusement la gastronomie à la sauce montée ou crémée. “Parce que Cuisiner c’est vivre, vivre c’est cuisiner…”. Laissons-lui ce mot de la faim ! + d’infos : www.helenedarroze.com

Agnés Buzyn. Je la vois bien première présidente de la République française. Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Lucie Aubrac. Quelle est votre héroïne préférée ? Francine Leca, présidente de Mécénat chirurgie cardiaque, (instagram mecenatcardiaque). C’est une femme épatante, première chirurgienne cardiaque en France. Elle œuvre pour sauver des enfants qui ne bénéficient pas de couverture sociale, dans des pays où il n’y a ni médecine et ni moyens. Je suis très investie dans cette association et jusqu’au 20 janvier, il y a une tombola en collaboration avec des marques de luxe, dont les recettes seront reversées à la fondation. Même si on ne gagne rien, on peut toujours aider un enfant. Avoir un petit en face de soi et lui dire : on sait comment t’opérer, les machines existent, les chirurgiens aussi, mais si on n’a pas d’argent, tu meurs… Ce n’est pas supportable.

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Votre femme de média préférée ? Marie Drucker : elle est belle, intelligente et a su se faire un prénom ! Quelle est la femme politique qui vous fascine le plus ?

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OU COMMENT UNE PETITE FILLE EN SITUATION DE HANDICAP EST DEVENUE LA PREMIÈRE AVOCATE SOURDE DE FRANCE. LE PARCOURS DE VIRGINIE DELALANDE EST ÉLOQUENT. POUR UN PEU, IL NOUS LAISSERAIT SANS VOIX. Propos recueillis par Béatrice Meynier

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à, sur l'écran, une lumineuse femme de 39 ans. Volubile, brillante, Virginie Delalande explique à cette animatrice TV comment et pourquoi elle est devenue avocate. Un cursus classique ? Pas tout à fait. Car Virginie est sourde profonde de naissance. Et cette femme de tête et de cœur a du se battre depuis l'enfance. Contre son handicap, contre les préjugés, contre l'inertie, contre la discrimination. Il lui a fallu apprendre à lire sur les lèvres, à former des mots sans en avoir jamais entendu le son, à supporter le regard des autres. Avec des hauts et des bas, avec une volonté farouche et parfois des envies de raccrocher. Mais sans jamais lâcher. Juriste, avocate, elle a également créé Handicapower pour ''aider toutes les personnes qui se sentent bloquées par des peurs ou des croyances limitantes'' au travers de conférences ou de séances de coaching. Mariée et maman de deux enfants, Virginie Delalande est aujourd'hui une femme pleinement épanouie.

SUIVRE sa VOIX…

Activmag : Quel est votre principal trait de caractère ? Virginie Delalande : Rebelle, sans aucun doute. Quel genre d’enfant étiez-vous ? Plutôt dégourdie, pleine de vie. Comment et quand avez-vous pris conscience de votre différence ? A 8 ans, lors d’une fête pour un anniversaire de mariage. Une petite fille a refusé de jouer avec moi car je parlais mal et elle ne me comprenait pas. Puis son grand frère lui a répondu « sois gentille avec elle, elle est handicapée ». C’est là où j’ai ressenti pour la première fois la violence d’une étiquette.

Quel métier rêviez-vous de faire à cette époque ? Je me voyais bien devenir vétérinaire. Pourquoi avoir ensuite choisi le

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© Handicapower

Quel sentiment cela a généré ? Une grande incompréhension, puis une profonde tristesse…

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L E SPA D E L A MA ISON ROUG E

© Handicapower

Pour les Fêtes de fin d’année, découvrez les nouveautés du Spa de la Maison rouge... À quelques minutes du centre de Chambéry, loin de l’agitation citadine, poussez les portes du SPA DE LA MAISON ROUGE et accordez vous une parenthèse douceur dans votre quotidien... Commencez par détendre l’esprit et le corps à l’espace bien-être avant de vous laisser aller dans les mains de nos thérapeutes. Profitez-en pour découvrir notre NOUVEAU SOIN SIGNATURE « HOME SWEET HOME » pour un moment de pure douceur. Envie de prolonger ce moment autour d’un thé entre copines, d’un dîner en amoureux ou d’un apéritif entre amis ? Et pourquoi pas un atelier yoga ou une séance de coaching fitness ? Choisissez parmi nos Instants Cocooning celui qui vous conviendra le mieux et suspendez le temps à La Maison Rouge quelques minutes ou quelques heures de plus… N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements... L A M AISON ROU G E Maison Savoyarde de Qualité

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© Catherine de Vaucelles

virginie delalande

métier d'avocate ? Pour donner la parole à ceux que personne n’écoute. Qui vous a inspiré dans ce choix ? Ma maman m’a mise sur la voie… Je suis née dans une famille qui me considérait comme une enfant normale et pensait que tout était possible pour moi. Pensez-vous qu'une certaine tendance au défi ou un goût pour la provocation vous ait guidé ? Une tendance au défi, oui, car je ne supportais pas qu’on me mette des barrières que je ne me mettais pas moi-même, et une tendance à la provocation indirecte, car je n’ai jamais aimé qu’on me donne des contraintes sans une explication rationnelle pour les justifier. La décision arbitraire m’a toujours révoltée. Vos moteurs pour avancer ? Plus jeune, l’envie de prouver que « oui, j’étais capable » et que même si j’étais blonde et sourde, j’étais tout aussi intelligente que n’importe qui. Aujourd’hui, je souhaite changer le regard de la société sur le handicap. J’en ai assez de cette image négative, d’incapacité, accolée au mot « handicap ». Qu'est ce qui vous a donné la force de poursuivre votre parcours ? Le sentiment d’injustice et cette chance d’avoir accès au droit, parce qu’à moi on ne pouvait plus dire « c’est comme ça… » « c’est la loi ! ». Je pouvais le vérifier facilement. Votre plus belle victoire ? Celle d’avoir prouvé que tout était possible si nous y croyons vraiment.

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Votre plus grand découragement ? Lorsque j’ai perdu le goût à la vie… Votre plus grande fierté ? Lorsque des personnes en situation de handicap me disent : « grâce à toi, je n’ai plus honte de mon handicap ! Enfin, on en parle de manière positive. Merci ! ». Le rêve que vous voulez réaliser ? Écrire un livre… Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à vos enfants ? La confiance en soi, l’empathie, la générosité et la passion. La plus grande injustice ? Celle de ne pas être considérée à sa juste valeur, d’être critiquée ou rejetée sur la base d’un étiquette qu’on te colle au front.

vous êtes vraiment capable ? Et si je vous proposais une journée à vivre à une autre époque, laquelle vous tenterait ? 2100, pour savoir si le handicap est encore un sujet…. + d’infos : www.handicapower.com

FAN DE...

Quelle est l'Artiste que vous admirez ? Miss Tick pour sa liberté d’expression et son côté assumé!

Que changeriez-vous dans une autre vie ? Rien, car tout est apprentissage, tout est leçon, pour nous aider à devenir une meilleure version de nous-même… Vous pouvez changer le monde. Quelles sont vos priorités ? Apporter plus de bienveillance, d’empathie et de communication non violente entre les personnes. Quel message souhaitez-vous diffuser aujourd'hui ? Si vous avez un handicap, soyez acteur de votre vie. Ne laissez personne décider de votre vie à votre place. Les phrases du style « ce métier n’est pas pour toi », « tu sais, avec ton handicap, ça va être compliqué » n’ont pas à être acceptées ! Qui sont ces personnes pour juger de quoi

Quelle est l’auteure que vous dévorez ? Mireille Calmel, pour ses héroïnes à la forte personnalité et pour ses romans captivants Votre femme de média préférée ? Oprah Winfrey. Quelle femme de l’histoire admirezvous ? Simone Veil, pour la femme qu’elle est devenue après avoir vécu l’enfer des camps.

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