Sparse 38 (Juin 2022)

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sparse magazine mieux

Sirènes, rebouteux, et santé low cost 72 pages de monde d’après

sparse | numéro 38 | trimestriel

juin. juillet. août 2022 • www.sparse.fr

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Imprimé à des millions d’exemplaires À lire sur le trône



édito. On nous parle beaucoup de nos romans-photos ces derniers temps. Y’a comme un engouement pour le roman-photo... « Tiens vous faites comme Fab Caro et Eric Judor ? C’est cool les romans-photos, ils ont eu une bonne idée ». Alors... Certes, on est en BFC donc on se condamne à ne pas avoir la même audience que les reustas parisiennes, à n’être suivi que par 3 millions de personnes (si tant est que la totalité de la population de la région lise Sparse, ce que je ne suis pas loin de penser). Certes, on n’a pas inventé le roman photo. Mais rendons à César ce qui est à César : en 2012, c’est monsieur N.Popovic, aka Nikdasse Croasky, qui est venu voir Sparse en lui proposant de faire revivre les plus belles années du roman photo italien des 80’s, mais «en plus trash, avec des histoires débiles». C’est à lui que revient le mérite, et 10 ans avant Fab Caro et Judor, ok ?! On l’a suivi dans les plus belles histoires sortant de son cerveau malade, en y ajoutant quelques dialogues des plus fins. On a enfilé des perruques et des futals en cuir, manié les armes les plus dangereuses, prêté notre image aux vannes les plus scabreuses bien avant ces messieurs. Alors certes, le roman-photo n’appartient à personne, mais ne vient pas dire que Sparse fait la même chose que Fab Caro et Eric Judor, dont je suis très fan par ailleurs, parce que ça me tend. Et là j’apprend que la cancoillotte est passée officiellement en indication géographique protégée et je me sens beaucoup mieux, comme quoi, ça se joue à rien. Par Chablis Winston Photo : Bastien Francoulon


sommaire ours

3. ÉDITO

Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr media.sparse.fr - boutique.sparse.fr

8. CINÉ

DIRECTEUR DE PUBLICATION Alexandre Claass RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier CONTRIBUTEURS Frank le Tank, Zoé Charrier, la cuvette de Dijon, Paul Dufour, Yannick Grossetête, Clara Jodon, Le Kiosque, Emma Lahalle, Maïa Mignotte, Cédric de Montceau, Martial Ratel, Marine Roucou, Édouard Roussel, Léo Thiery, Louise Vayssié, Chablis Winston, James Granville forever.

6. BD

- ZUCKERBERG CULTE 10. GUESTLIST ENQUÊTE DENTISTES BOUCHERS

14. LES

RENCONTRE COUPEUSE DE FEU

20. LA

IMMERSION PETITE SIRÈNE

24. LA

INTERVIEW DE FILLES

30. BANDE

SANTÉ SANTÉ DANS LE 58

DIRECTION ARTISTIQUE Cédric de Montceau

34. TOP

PHOTOGRAPHIES Anne-Sophie Cambeur / Le studio des songes, Aline Chalumeau, Paul Dufour, Bastien Francoulon, Mathilde Leconte, Cédric de Montceau, Édouard Roussel, Louise Vayssié.

40. ORGUE

ILLUSTRATIONS Mr. Choubi, Yannick Grossetête, Michaël Sallit, Ornella Salvi, Louise Vayssié COMITÉ DE RELECTURE Alix Beblic, Aline Chalumeau, Zoé Charrier, Marion Godey, Lise Le Joncour, Emma Lahalle, Thomas Lamy, Marie-Julianne Marques, Maïa Mignotte, Marine Roucou. COUVERTURE Bastien Francoulon IMPRIMEUR Estimprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2022 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : septembre 2022 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

BALÈZE MASSIF

BOULEVARD DES HITS 46. JUNGER GUTER MUSIKER DIAPORAMA BAGARRE

48. LA

54. DESTIN

D’ENTREPRENEUR

56. ROMAN-PHOTO 60. LA

PAGE MODE DESSOUS DES CARTES 64. CHIENS ÉCRASÉS 66. COURRIER DES LECTEURS 68. HOROSCOPE 70. ABONNEMENT - BOUTIQUE 62. LE


NOLOGO 12 > 14 août 2022 FESTIVAL > FRAISANS

Burning Spear

Dub Inc > Groundation > Gentleman Alborosie & Shengen Clan Chinese Man - The Groove Sessions L’Entourloop > Morgan Heritage > Taïro Asian Dub Foundation > The Twinkle Brothers Daara J Family ft. Faada Freddy & Ndongo D Collie Buddz > Takana Zion > Big Red Queen Omega & The Royal Souls O.B.F & Belén Natalí & Charlie P & Sr Wilson Marcus Gad & Tribe > Channel One > KT Gorique Vibronics meets Weeding Dub ft. Marina P > Lass Young Warrior > Sara Lugo & Supa Mana > Tetra Hydro K David Cairol > Guiss Guiss Bou Bess > Guts DJ set Reggae.fr Party : Generation H & Friends > Daman Dubanko meets Woody Vibes ft. Nawa > Violinbwoy

Dub Machinist meets Gary Clunk > Steel Alive > Bakû & Jael Eméa > Rootikal vibes Hifi > Kandee & The Mineral Horns Loba & Dub Harp > Mistical Sound & Bababoom Hi Fi > 3eme class Awoga & Otto Dub > Tuzi Sound System & MTZx > Skyman Sound

3 jours, 3 scènes > 45 concerts www.nologofestival.com


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Par Cécric de Montceau

Rappelle-toi tes « fiches profil » pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. ATTENTION MAXI SPOILER !

LA FICHE

POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ (N°8) Réalisateur : Yves Boisset Genre : Reality Show dystopique Année : 1983 Durée : 1h40

LE PITCH On ne sait pas vraiment à quelle époque ça se passe. C’est une sorte de futur idiocratique où la télévision fait fureur avec une émission nommée Le Prix du danger. Les règles ne sont pas compliquées : il suffit de rejoindre un lieu secret en

échappant à 5 tueurs lancés à ses trousses. Gérard Lanvin, maigrichon mais tout en épaules et en mâchoire, décide de tenter sa chance pour remporter les 5 millions de dollars. Le jeu est dangereux. La mort est un spectacle.

LE CASTING Yves Boisset, ancien assistant de Melville, Leone et Sautet tire l’idée de son film d’une courte nouvelle de Robert Sheckley, The Prize of Peril. Le dada de Boisset c’est de dénoncer. L’hypocrisie, le racisme, le mensonge, la guerre… De quoi se farcir bon nombre de situations où l’injustice opère comme une mécanique implacable. Là, Boisset s’attaque à la télévision (de l’époque) qui racole un max et spécule sur la violence comme opium du peuple. Quoi de mieux que les shows TV pour vendre de la bêtise au mètre cube ? Le film date de 1983, visionnaire le mec. Au casting, on retrouve un Michel Piccoli en animateur vedette hystérique. Un gominé sublime entre Guy Lux et Jacques Martin. Un monstre de fausse empathie et d’hypocrisie en costume blanc. Tout est grossier et cruellement pailleté.

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En haut du panier, on a Bruno Cremer qui impose ses inquiétantes pustules en tant que méga méchant big boss. Il est assisté par Marie-France Pisier, élégante manipulatrice obsédée par l’audimat et les statistiques. On retrouve même Jean-Claude Dreyfus en ancien parachutiste charognard au vocabulaire très limité. Le héros, c’est Gérard Lanvin, le mec qui joue le rôle de Stéphane Carella dans Les Spécialistes. Le caractère de cochon et la vanne facile. Le blouson retroussé aux manches, le Gégé te fout un bordel dingue dans le jeu parce que d’un seul coup, il a décidé d’arrêter de déconner. Il vient de comprendre qu’on se fout de sa gueule. Il est où l’pognon ? Faut pas l’énerver l’Gégé, surtout quand il veut emmener sa copine en vacances.


L’AMBIANCE Tourné dans les faubourgs de Belgrade à l’architecture néostalinienne sans âme, c’est un film d’action à la française qui fantasme un peu le cinéma d’action hollywoodien de l’époque. D’ailleurs, les américains ont cartonné au box-office en faisant une version boostée aux amphétamines : Running Man avec Arnold Schwarzenegger en 1987. Initialement inspirée d’une nouvelle de Richard Bachmann alias Stephen King, la production US se prend quand même un procès dans les dents pour plagiat de la part de l’équipe française. Gagné ! Dans notre version, il est question d’un jeu télévisé qui organise des castings pour trouver le bon gibier en promettant une montagne de pognon si le concurrent s’en sort vivant. Lanvin, dissident idéaliste et sûr de lui, compte bien ramener le brouzouf à la maison. Seulement voilà, tout ne se passe pas comme prévu, il comprend (un peu tard) qu’il est manipulé par la tyrannie de l’audimat. Dès lors, il est question de faire exploser la vérité en direct devant des millions de téléspectateurs entre deux spots publicitaires pour de la soupe ou de la moquette avec des nanas presque à poil.

Même si le film se passe dans un futur inconnu, il est quand même tourné dans les années 80. Les gens fument des clopes et s’en branlent du wokisme. Tu te prends parfois deux ou trois faux raccords au détour d’une scène mais ce n’est pas grave. Roule ! Pas d’effets spéciaux numériques inutiles, les avions explosent vraiment, les véhicules s’envolent réellement, les types grimpent le long d’échelles vertigineuses pour de vrai. Boisset a d’ailleurs préféré Lanvin à Dewaere pour le rôle, parce qu’il le trouvait plus en forme physiquement. Tu m’étonnes. La came, c’est mal et la moustache, ça gratte. La course contre la mort retransmise à la télévision en direct, rend tout le monde zinzin. L’enjeu de ce contrôle est énorme, et ce sont évidemment les patrons de CTV qui tirent les ficelles pour faire grimper les prix auprès des annonceurs. La mort c’est très rentable, surtout quand elle est spectaculaire. Du coup, bah l’Gégé il court. Il fuit dans la bonne direction. C’est par où la sortie ?

L’ANECDOTE Les critiques n’ont jamais été tendres avec Yves Boisset. Ils trouvaient ses films trop caricaturaux. Les médias relayaient peu son travail. Les présentateurs vedettes de l’époque comme Michel Drucker ou Léon Zitrone ont complètement snobé Le Prix du danger, parce qu’ils pensaient vraiment que Boisset se foutait de leur gueule.

LE SPOILER Contrairement à un film ricain, pas de happy-end où le héros butte tous les méchants et se casse victorieux avec sa blonde sous le bras. Non, là François Jacquemard alias Gérard Lanvin est taxé de fou en direct pour avoir voulu dire la vérité. Hystérisé par l’injustice, il est camisolé et embarqué par les forces de l’ordre. Fin. Générique rouge. Prends ça Disney + !

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guestlist

Par Maïa Mignotte et Zoé Charrier

Kem Lalot Eurockéen (90/25/70)

Kem Lalot est chercheur d’artistes, chasseur de tête, beau gosse, DJ, fan de Sochaux, il porte beaucoup de casquettes, au sens propre comme au figuré. C’est surtout le programmateur des Eurockéennes de Belfort, qui se tiendront cette année du 30 juin au 3 juillet.

Quels sont tes coups de cœur pour cette nouvelle édition des Eurocks ? Toujours une question compliquée... Donc voici 10 noms ! Wet Leg, Star Feminine Band, Black Pumas, Fever 333, Marc Rebillet, Big Thief, Amyl & The Sniffers, Uzi Freyja, u.r. trax, La Fève.

Pourquoi ça clash entre Belfort et Montbéliard ? Alors qu’ils devraient se faire des bisous... Je ne sais pas... Je suis né à Belfort et j’habite à côté de Montbéliard... Donc je suis une sorte de Suisse, neutre en fait...

Quelle est la reusta qui n’est plus de ce monde que t’aurais aimé programmer ? The Ramones ou The Beastie Boys ! Pour ces derniers il y a juste MCA qui est décédé dans le trio mais les autres membres n’ont pas souhaité continuer sans lui.

Mais bordel quand le FCSM va-t-il enfin gagner la coupe d’Europe ? Bientôt bientôt ! Ils sont quand même parvenus jusqu’en demi-finale de la coupe UEFA en 1981 ! Et ils ont éliminé Dortmund en 2004. C’est quoi le palmarès dijonnais ?

Que devient ton ancien groupe « Well Spotted » ? Mort et enterré depuis 1999... Malgré les ponts d’or qu’on nous a envoyés pour une reformation, ce n’est pas à l’ordre du jour...

On va faire comment pour se chauffer sans gaz russe ? On va mettre des couches de pulls supplémentaires et on va manger plus de Mont d’Or au four et boire plus de Pontarlier pour se réchauffer !

C’est qui les reustas que t’as croisées et qui sont devenus tes potes ? Genre vous vous revoyez, vous vous faites des barbeuc’ et tout ? Antoine de Sparse ! J’attends d’ailleurs toujours son invitation... Quel est ton festival préféré en dehors des Eurocks ? SXSW à Austin ! J’y ai vu pour la première fois sur scène Amy Winehouse, Gossip, MGMT, Rick Ross, Franz Ferdinand, Billie Eilish... Tu fais de la muscu ou ton corps est bodybuildé naturellement ? Aucune muscu, que de la bonne chair ! Y’a quoi au fond du lac de Malsaucy ? Une base secrète avec un Goldorak prêt à bondir en cas d’attaque des forces de Véga. C’est vrai que «Kem» ça veut dire camembert en argot ? Pas du tout ! C’est un détournement d’une chanson de Johnny « Que je Kem » ! 10

Ça existe encore des fans de rock ? Ben il y a moi et mes potes déjà ! Mais difficile de sortir la tête de l’eau dans ce raz-demarée de musiques urbaines... En Angleterre, ca revient fort avec Idles et Fontaines DC parmi tant d’autres ! Et la France suit avec Last Train, The Inspector Cluzo, Johnny Mafia... On en fait quoi des gens qui font le puits pendant une partie de shifumi ? Pour clore tout débat, je rappelle que l’utilisation du puits est interdite dans les compétitions internationales de la très sérieuse World Rock Paper Scissors Association... Plutôt Kem ou contre Kem ? Je dois avouer que je ne connaissais pas le jeu auquel cette question faisait référence... Je dirais Kems ! Le titre ultime a mettre en DJ set pour enflammer le dancefloor ? I feel love de Donna Summer.


01/06/2022 19/03/2023 — CONCERTS EXPOSITIONS VISITES ANIMATIONS ATELIERS CONFÉRENCES

Toute la programmation sur

sortir.besancon.fr


guestlist

Par Maïa Mignotte et Zoé Charrier

Aurélie Bresson Haute Patate Power (70)

Originaire de Roye, à côté de Lure en Haute-Sâone, Aurélie Bresson défend la parité femme-homme coûte que coûte. Elle a même lancé le magazine “Les Sportives” en 2016, un magazine sportif 100% féminin. Elle ne s’arrête pas là. Elle est également la présidente de la Fondation Alice Milliat pour la promotion du sport féminin, ancienne Miss Haute-Saône, handballeuse, marathonienne, conférencière... Bref, elle enchaîne les titres.

C’est qui ton idole dans le monde du sport ? Bien sûr Kathrine Switzer (première femme ayant couru officiellement le marathon de Boston) avec qui je suis encore en contact, qui est comme mon mentor, et Serena Wiliams. Ce sont des sportives qui ont clairement fait bouger les choses et marqué leurs temps. C’est quoi le plus dur : bosser pour la parité H/F ou courir un marathon ? La parité H/F. Il faut autant de mental pour les 2 mais je pense que lors d’un marathon on voit toujours la ligne d’arrivée, alors que dans le combat on en voit pas forcément le bout... Le plus dur c’est de faire bouger les mentalités, de casser les stéréotypes et le sexisme. Tu reviens souvent à Lure ? Oui je revenais 2 à 3 fois par an, sauf que là je suis en train de quitter Paris après 11 ans et je reviens vivre en BFC, à Besançon. Je reviens sur mes terres natales. Comté ou cancoillotte ? Cancoillotte parce que c’est comme une bonne glace. Devant la télé, moi je prends mon pot de cancoillotte, je prends pas mon pot de glace. Qu’est-ce qui a bien pu te donner envie de te présenter au concours Miss Haute-Saône en 2008 ? Est-ce que tu as dû graisser des pattes pour gagner ? Oh la vache le dossier qui ressort ! Non moi c’était pas gagné du tout parce que j’avais pas les cheveux longs stéréotype miss. Je ne rentrais pas forcément dans les cases, c’était encore l’époque

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Geneviève de Fontenay. J’ai été élue dans les reines de Besançon et mes copines miss m’ont poussés à faire Miss Haute-Saône alors qu’à la base j’étais tout le temps en joggo... Pourquoi c’est si facile de se moquer de la Haute-Saône ? Il y en a qui se moquent parce qu’ils ne connaissent pas. Si les Bourguignons Franc-Comtois se moquent de la Haute-Saône c’est parce qu’il faut un vilain petit canard dans chaque région. Comment faire en sorte que les femmes aient les mêmes primes que les hommes dans le sport pro ? Les primes ça revient de très loin, les premières égalités de prime on les doit au tennis, au Grand Chelem avec Billie Jean King qui a permis l’égalité des primes en 70. Il y aura toujours une telle disparité entre homme et femme tant que la médiatisation sera plus forte sur le volet masculin. Après sur les équipes de France c’est clairement envisageable. Je ne cherche pas une égalité parfaite surtout sur le champ des primes, je cherche surtout une certaine équité. Qui sera sur la couverture du prochain numéro de « Les Sportives » ? Sur le dernier sorti récemment c’était Wendie Renard et le prochain ça sera en octobre et là c’est pas encore défini. Bernard Lacombe conseillait aux filles de s’occuper de leurs casseroles au lieu de faire du foot, on lui répond quoi ? Bah qu’il devrait apprendre à faire la cuisine.




investigation

Fermés définitivement par l‘ARS en octobre dernier, les centres proxidentaires de Chevigny-Saint- Sauveur et de Belfort font l‘objet d‘une instruction judiciaire digne des plus grands Faites entrer l‘accusé. 78 plaintes au pénal sur fond d‘abus de confiance, exercice illegal de la médecine et mutilations volontaires... Enquête sur une affaire hors norme.

Texte : Léo Thiery Illustrations : Mickaël Sallit

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souffre le martyre. « C’était pire qu’une sulfateuse ! Je les ai suppliés d’arrêter, j’avais trop mal et ça pissait le sang, j’en avais de partout » se souvient-il. L’équipe refuse de l’écouter, se contentant de répondre qu’il y a trop de calcaire à enlever. Détartrages de boucher Une fois rentré chez lui, la femme de Romuald fait une découverte surréaliste : la dent arrachée n’est pas la bonne ! Au lieu de retirer la dent cassée responsable de l’abcès, les dentistes ont arraché une dent saine. Romuald entre dans une colère noire et retourne dès le lendemain à la clinique pour s’expliquer. Le dentiste répond alors que ce sont toutes ses dents qui sont foutues et qu’il faut les faire arracher car elles bougent toutes. À ce moment-là, comprenant que c’est à cause du « détartrage » réalisé la veille, pour Romuald c’en est trop. « j’ai pété un câble et je leur ai dit que j’allais leur faire la misère ».

our Romuald Aubrun, le calvaire Proxidentaire débute un dimanche de novembre 2020. Alors à son poste de travail, il ressent une importante excroissance se former au dessus de son palais. Douleur insupportable, sa femme le conduit aux urgences de Dijon. Le verdict tombe : un énorme abcès à percer d’urgence, suivi d’une prescription d’antibiotiques et d’une consultation rapide chez son dentiste. Le lundi matin, Romuald appelle donc le dentiste chez qui il a l’habitude d’aller à Brazey-en-Plaine. Mauvaise surprise, aucune place disponible avant quatre mois. Son dentiste lui conseille donc d’aller voir ailleurs, sans pour autant lui recommander un confrère. Livré à lui-même et sans solution, Romuald se rend alors sur internet et trouve l’adresse du centre Proxidentaire de ChevignySaint-Sauveur en Côte d’Or qui annonce sur son site prendre en charge les cas urgents, avec ou sans rendez-vous. Romuald se présente, donne sa carte vitale, puis s’installe sur le siège du cabinet. Après une radio panoramique de sa dentition, l’équipe de soin lui annonce qu’il faut retirer la dent responsable de l’abcès. Acte dentaire aussitôt effectué après une petite anesthésie locale de la gencive, bref, jusque là rien d’anormal. Mais le dentiste ne s’arrête pas là et lui annonce qu’il faut absolument réaliser un détartrage sur ses dents. Interloqué, Romuald demande si c’est systématique. On lui répond simplement que c’est seulement 32 euros et que ça ne fait jamais de mal, surtout vu l’état de ses dents. Mais une fois le détartrage en cours, le quarantenaire 16

De retour aux urgences pour se faire arracher les dents en question, le chirurgien dentiste qui prend en charge Romuald n’en croit pas ses yeux. Des dents à peine enracinées, plus d’émail, des gencives encore rouge vif : un carnage... « Mon pauvre monsieur, vos dents on les a arrachées sans effort... » lance le praticien, déconfit, après l’intervention. Contraint d’attendre un mois pour faire arracher ses dents du bas et sans prothèse provisoire, Romuald passera les fêtes de fin d’année sans dents, incapable de mâcher quoi que ce soit et réduit à boire des soupes. Une fois recousu, il n’a d’autre choix que de retourner chez... Proxidentaire pour faire des empreintes de prothèses car aucun praticien n’aurait pu le prendre avant des mois… Le début de l’acte 2 de la charcuterie... Les dentistes de Proxidentaire trouvent le moyen d’arracher les fils de cicatrisation sans demander l’accord de Romuald. « Quand il m’ont mis les prothèses dans la bouche, c’était invivable ! Tout tombait, ils m’ont mis un tube de colle entier dans la bouche pour que ça tienne. Je me mordais les joues, ça pissait le sang, j’ai été obligé de tout arracher le soir même. » Le lendemain, les équipes décident même de meuler son dentier dans tous les sens pendant des heures jusqu’à ce que celui-ci devienne inutilisable. Nous sommes en juillet 2021 quand, fou de colère et épuisé par la situation, Romuald se décide à pousser la porte d’une gendarmerie pour déposer plainte contre le centre de ChevignySaint-Sauveur. C’est le début de « l’affaire Proxidentaire ». Après lui, 78 autres plaintes au pénal se succéderont. Au début de la procédure, de nombreux signalements inquiétants alertent l’ARS qui décide dès juillet 2021 de mener une inspection des locaux des deux centres Proxidentaire de BFC. Aussitôt, les experts de l’ARS ordonnent une fermeture administrative temporaire des centres de Chevigny-SaintSauveur et de Belfort après avoir constaté « des manquements graves à la qualité et à la sécurité des soins ». Selon elle, « des actes de mutilation et de délabrement volontaires ont été effectués sur des dents saines, ou sans pathologie notable et sans justification médicale ». Les plaintes s’accumulant, l’ARS sonne la fin de la partie quelques mois plus tard et annonce par le biais d’un communiqué la fermeture définitive des deux centres


le 6 octobre 2021. Grâce à la formidable mobilisation des victimes pour médiatiser l’affaire dès ses débuts, le scandale Proxidentaire fait rapidement des remous au niveau local et national, forçant le parquet qui avait réagi en ouvrant une enquête préliminaire confiée à la gendarmerie, à ouvrir une information judiciaire le 7 octobre 2021. Pour Laëtita Beaudeau, présidente de l’association des victimes du centre de Chevigny, monter un collectif était primordial. « L’objectif était de réparer une injustice évidemment, mais surtout de recenser les plaintes car il était hors de question qu’il n’y en ait qu’une ou deux éparpillées aux yeux de la justice au vu des préjudices subis ».

s’est gentiment cassée la gueule au bout de quelques années. Business de la santé low-cost Au départ, en créant Proxidentaire les deux compères axent leur stratégie de services sur la prise en charge des publics les plus précaires. Dès le départ, on pouvait lire dans les statuts associatifs des deux centres que l’objectif poursuivi était de s’adresser « en priorité à tous les démunis et défavorisés qui ont des difficultés pour accéder à des services de soins dentaires ». À priori une bonne idée donc, quand on connait la situation de désertion médicale qui caractérise la BFC. Mais vu les pratiques dictées en interne, l’approche altruiste revendiquée par les patrons s’apparente plutôt à un grossier business du pauvre. Pourtant, à la question de la juge d’instruction : « Quel était l’intérêt de créer cette association ? », Jean-Christophe Marie persiste et signe en répondant par une autre interrogation: « Pourquoi Coluche a fondé les Restos du Coeur ? » Sans commentaire... Une ancienne employée du centre souhaitant rester anonyme témoigne des cadences indécentes infligées aux équipes. « Les patrons nous obligeaient à traiter au moins 100 patients par jour pour respecter les objectifs. C’était tout bonnement intenable. » Évidemment plus attiré par l’appât du gain que les enjeux de santé publique censés leur incomber, le choix des prestations était également une variable d’ajustement pour les comptes de l’association. Comme par exemple le fameux détartrage de boucher évoqué par Romuald. « Il y avait de réelles incitations à nous faire pratiquer des soins facultatifs pour les patients, ou certains soins plutôt que d’autres, vis-àvis des sommes qu’ils pourraient facturer ensuite (à la CPAM, ndlr) », explique notre source. Une affirmation appuyée par le travail des enquêteurs qui a confirmé que les dentistes avaient bel et bien sur leurs fiches de paye des « primes implants ». Elle évoque également des pratiques de flicage des salariés réalisées par la direction (pratiques illégales en France) afin d’identifier les praticiens ne faisant pas assez de chiffres pour mieux leur mettre la pression.

'' Quand ils m'ont mis les prothèses dans la bouche, c'était invivable ! Tout tombait, ils m'ont mis un tube de colle entier dans la bouche pour que ça tienne. Je me mordais les joues, ça pissait le sang, j'ai été obligé de tout arracher le soir-même. ''

Pour justifier l’ouverture de cette information judiciaire, le juge d’instruction saisi dans cette affaire retiendra au départ trois chefs d’accusation. Le premier porte sur un « exercice illégal de la profession de chirurgien dentiste ». Le second sur « tromperies sur une prestation de service ayant entraîné un danger pour la santé », incluant les conditions d’exercice et l’hygiène des locaux et des ustensiles ainsi que l’organisation globale de l’offre de soins et du suivi des patients. Le troisième pour « abus de confiance », avec des encaissements de chèques sans délivrance de prestation, des pressions exercées afin d’inciter les patients à s’endetter pour souscrire à des soins ainsi que des prestations fictives facturées à l’Assurance Maladie. Les investigations portent également sur des faits présumés de travail dissimulé, fraudes aux prestations sociales, blessures involontaires et volontaires, exercice illégal de la profession d’Assistant Dentaire et tromperies sur les prestations de soins. Suite au travail des enquêteurs, trois individus sont mis en examen dont, sans surprise, les patrons des deux centres : Jean-Christophe Marie, 51 ans, président de Proxidentaire et Kevin Gainet, 31 ans, trésorier de l’association. Attention c’est du lourd ! En fouillant un peu, on se rend vite compte que les deux entrepreneurs ont des profils biens éloignés du monde de la santé. L’un est couvreur de formation, l’autre pseudo-expert en informatique. Avant de s’attaquer à la création de Proxidentaire, les deux avaient déjà tenté leur chance ensemble dans la tech en créant une start-up baptisée French Co en région parisienne, qui

Ça c’était entre autres pour l’abus de confiance, mais il y a aussi le volet «exercice illégale de la profession de chirurgien dentaire». De ce côté-là, tenez-vous bien, les deux patrons

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auraient tout simplement employé des praticiens aux diplômes non reconnus en France et en Europe. Il n’y a pas de petites économies. Du côté des assistants dentaires, ce n’est pas beaucoup plus glorieux puisque la plupart aurait été recrutée sans aucune qualification. C’est le cas de Léa qui avait accepté de relater son expérience avec Proxidentaire au micro de France 2. À l’époque uniquement titulaire d’un CAP petite enfance, Léa est retenue pour un poste d’assistante dentaire. Recrutée sur le champ, elle aura en tout et pour tout deux petites heures de formation dispensées par Jean-Christophe Marie en personne, au lieu des 18 mois de formation requis légalement. Conscient de l’illégalité de la situation, Jean-Christophe Marie inscrira finalement « hôtesse d’accueil » sur la fiche de poste de la jeune femme, histoire de se couvrir en cas de problème. Côté défense, c’est la piste aux étoiles de la mauvaise foi. Contre-attaquant dès juillet 2021, le président de Proxidentaire Jean-Christophe Marie nie en bloc les accusations de mutilations volontaires et invoque la responsabilité du lobby dentaire, en guerre contre les soins low-cost. Rien que ça ! À l’époque interrogé par France 3, il avait tenu à dénoncer « un acharnement, un lynchage dans le seul but d’empêcher le seul centre dentaire régional assurant des soins pour les plus défavorisés dans un rayon de 200 km à la ronde ». Avant d’enchaîner : « L’ordre des médecins se sert de l’ARS comme bras armé pour défendre ses propres intérêts ». Pour lui, « la vraie question c’est : est-ce qu’on veut proposer des accès aux soins dentaires à tout le monde de façon équitable y compris dans les quartiers les plus défavorisés ».

des interrogatoires et il reste un grand nombre d’investigations à mener avant l’ouverture du procès tant attendu. Notamment sur le plan financier puisqu’à la fermeture, les comptes de Proxidentaire étaient bénéficiaires à hauteur de 1,3 millions d’euros. Si l’état de santé de Jean-Christophe Marie est pour le moment incompatible avec la détention provisoire, Kevin Gainet dort déjà à la maison d’arrêt de Dijon depuis le 7 mars dernier suite à la violation de son contrôle judiciaire. La justice a en effet découvert qu’il avait, durant l’instruction du dossier, déjà ouvert un compte bancaire au nom d’un nouveau centre dentaire basé dans le Haut-Rhin. No limit. Après avoir épuisé huit avocats différents (on les comprend), il assure désormais seul sa défense et attaque tous azimuts (y compris ses propres avocats) en multipliant les procédures pour tenter d’accélérer sa remise en liberté. Un axe de défense qui, s’il est peu subtil, a le mérite de complexifier le travail de la justice, retardant par là même les espoirs de procès et d’indemnisation à court terme du côté des victimes et de leurs proches. Seul lot de consolation pour les parties civiles, le trésorier essuie pour le moment les refus de remise en liberté, l’avocat général considérant « qu’il ne coopère pas », « qu’il n’a aucune garantie de représentation » et « qu’il y a un risque réel de concertation avec le président de Proxidentaire ». La prochaine audience d’examen de sa nouvelle demande de remise en liberté est fixée au 8 juin 2022. En attendant, le trésorier de Proxidentaire continue de se revendiquer comme un « otage de la justice ».

Vu les pratiques dictées en interne, l'approche altruiste revendiquée par les patrons s'apparente plutôt à un grossier business du pauvre.

Faux soins mais vrais malfrats Lancé dans l’indécence, il a également demandé la dissolution du « faux collectif » présidé par Madame Beaudeau qui, selon lui, « n’a pas été constitué pour défendre les ex-patients mais pour servir les intérêts d’ex-salariés agissant avec la complicité du lobby dentaire. » Côté camaraderie ce n’est pas plus brillant. Jean-Christophe Marie se défausse complètement sur son associé Kevin Gainet en terme de responsabilité, assurant qu’il n’était que bénévole et qu’il n’a pas tiré un euro de bénéfice dans cette affaire. Kevin Gainet de son côté, préfère rejeter la faute sur les dentistes. « Aucun médecin n’a été mis en examen, ni attaqué par des patients de Proxidentaire, aucune plainte n’a été dirigée contre un médecin dentiste salarié. Pourtant, s’il y a mutilations, elles ne sont pas du fait de l’équipe dirigeante mais bel et bien des médecins salariés ». Niveau procédures, on peut dire que c’est mal embarqué pour les deux loubards au vu des charges qui pèsent contre eux et du nombre de preuves qui s’accumulent entre les mains de la justice. Les chefs d’inculpation ne cessent de croître au fur et à mesure 18

32 dents limées

Du côté des victimes, les conséquences de toute cette affaire sont loin de se limiter aux dégâts physiques. Pour Yohan Claude qui a accepté de témoigner, les conséquences psychologiques de son passage chez Proxidentaire sont dramatiques. Après s’être fait limer 32 dents quatre jours avant la fermeture administrative du centre de Chevigny, alors qu’il était venu pour une simple rage de dent, cet homme de 35 ans s’est retrouvé seul et sans solution. À l’époque, lorsqu’il essaye de contacter la clinique pour avoir des informations sur la suite de son parcours de soin, personne au bout du fil, si ce n’est un répondeur automatique évoquant une fermeture pour des travaux (imaginaires). Depuis, c’est la descente aux enfers pour Yohan. Après plus d’un an de sevrage alcoolique, il s’est remis à boire, a perdu son permis, puis son emploi dans le BTP. Une amertume qu’il résume par un trait d’esprit cinglant : « Nous, on ne peut plus, mais j’espère qu’ils vont s’en mordre les doigts et qu’ils vont payer pour les vies qu’ils ont détruites. » Au total, le centre Proxidentaire facturera plus de 10 000 euros de prestations de santé à la CPAM, pour des prothèses dont Yohan ne verra jamais la couleur. Il n’a à ce jour pas de nouvelles de sa plainte et, comme beaucoup de victimes passées par cette boucherie, continue à souffrir le martyre.



consultation

Des mains Des mains de fée de fée Superman 2.0, les guérisseurs procurent bon nombre de soins : évacuation du stress et de l’anxiété ou problème de diabète, certains vous aident même à soigner vos pires brûlures sans même vous toucher. À quelques pas du Morvan, on est allé expérimenter un peu cette médecine « miraculeuse ».

Texte et photos : Paul Dufour

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Sympa la boule à thé.


Rencontre du 3ème type Un problème avec la cigarette ? : « va te faire hypnotiser ! », un mal de dos ? « Franchement, va te faire magnétiser ! ». La médecine alternative a la cote. Entre partisans de la pratique et ceux qui y dénoncent un charlatanisme, on ne sait que faire. Le mieux, c’est de le voir par soi-même, et on vous mâche le boulot car on y est allés pour vous. Nous sommes à Manlay, à quelques pas de la délimitation officielle du Parc Du Morvan, pour y rencontrer Thérèse Isler, praticienne depuis 37 ans aux multiples talents : elle est magnétiseuse, guérisseuse, coupeuse de feu, géobiologue, radiesthésiste, et j’ai dû en oublier. Elle nous accueille dans son cabinet, un petit havre qui s’ouvre sur une arche de lierre. L’intérieur du cabinet est à l’image de la praticienne, infusé de sa personnalité. Entre deux affiches anatomiques je distingue de belles cartes postales et des petites chouettes. Pas étonnant que se crée directement un lien fort et intime entre cette dernière et ses clients : « Les patients trouvent ça très normal de déballer leurs inquiétudes, leurs surprises, ils trouvent cela tellement normal que ce ne sont pas des sujets tabous ». Une affaire de famille

Je pense que ça te permet de gérer tes émotions, recourir moins aux antidépresseurs.

Se réveille-t-on comme ça, un jour, avec des pouvoirs de magnétisme ? Non, Thérèse n’a pas été piquée par une araignée, pour elle ce fut tout évident, son talent serait héréditaire : « Je suis née avec. Ça s’est transmis par les gènes. Je suis la 4e génération à savoir. » Elle a toujours baigné dans cette pratique « J’ai grandi dedans et j’ai trouvé ça tout à fait normal. Mes enfants ont grandi dedans, ils trouvent ça tout à fait normal. On magnétise quand on a mal aux dents, quand on a une otite ». Ses techniques sont variées : soit elle impose les mains sur son patient couché, soit elle travaille à distance avec des photos. « Il y a des personnes qui ne peuvent pas se déplacer donc il faut le faire sur photo. Basiquement, il me faut une carte d’identité ou le permis ou alors une photo avec nom/prénom/date de naissance et puis vous pouvez travailler en direct pour aller couper là où il y a en a besoin ». Ça picote, ça étouffe Comment se passe une séance ? Thérèse vous accueille dans son cabinet, vous allonge sur un lit médicalisé et passe ses 22

mains à environ 10 cm de votre corps. Et elle cherche le point qui fait mal : « Alors logiquement, le radiesthésiste se sert de son pendule mais je préfère personnellement me servir de mon majeur : chaque radiesthésiste travaille de manière différente. On va chercher puis nous ça nous procure des picotements sur la main, là où il y a un souci ». Ainsi, la praticienne peut travailler autour de pancréas engorgés ou du psoriasis sans même les toucher. Pour Francine, la cinquantaine, qui va voir une magnétiseuse 5 fois par an, les effets d’une séance sont assez puissants : « le plexus solaire c’est incroyable : elle met les mains et j’ai tout de suite envie de pleurer. J’étouffe et j’ai envie de lui foutre des claques pour qu’elle enlève ses mains, mais elle refuse pour que ça sorte. Une fois, elle est arrivée au plexus solaire et je n’ai fait que pleurer. Elle a insisté pour comprendre et je lui ai parlé du décès de maman. J’ai pleuré pendant bien 3 heures. Je pense que ça te permet de gérer tes émotions, recourir moins aux anti-dépresseurs ». Pour tout ce qui est de l’ordre du stress, Thérèse nous dit que « ça se sent ». En me regardant, elle me dit même : « vous, par exemple, vous y êtes hyper stressée, vous avez plein d’électricité statique autour de vous ». S’en suit le rire le plus nerveux que j’ai sorti depuis mes oraux de bac. Pour remédier à cela, je m’autorise une petite séance express de 15 minutes. Assis sur un petit fauteuil plastifié, COVID oblige, elle passe ses mains autour de mes épaules. J’ai une sensation de chaleur, j’ai l’impression que l’entièreté de mon énergie se déporte dans l’endroit ausculté. La tête, c’est assez impressionnant. C’était un moment où j’ai arrêté de réfléchir. Vous voyez ?! Un bon tri sur votre téléphone, et bah à peu près la même chose. Une brûlure sans cloque Arrive l’été, le soleil, les barbecues, les fêtes avec les potes, et les accidents. Thérèse, elle est là aussi pour vous éviter des grosses brûlures, elle est « coupeuse de feu ». « Vous m’envoyez l’endroit brûlé et tout de suite on coupe, parce qu’il faut aller vite, mais maintenant c’est plutôt facile avec les technologies. » Par le magnétisme, elle pourrait prévenir de certains effets gênants des brûlures, « dans un stade équivalent à « sortir un plat du four sans maniques », vous allez éviter d’avoir une cloque, votre peau va passer par le bordeaux, puis le lendemain ce sera un petit peu plus rosé ». Les bienfaits sur les blessures de plus haut degré seraient assez flagrants. Elle me montre une photo d’une patiente amenée par des endocrinologues pour un cancer de la peau. Après soin, il ne serait devenu qu’une petite tache blanche sur le nez.


Incontestablement, la plus belle photo de ce magazine.

« Alternative » ou « traditionnelle » ? La médecine traditionnelle et celle dite « alternative » sont souvent perçues comme très antagonistes. Pour Thérèse, ça ne devrait pas être le cas : « On doit pouvoir bosser ensemble, c’est la suite logique ». Le contact avec la médecine traditionnelle est constant : « J’ai la chance d’être sur mes ancêtres. Les médecins généralistes se sont succédés et ils ont continué de travailler avec moi, donc j’ai pas de gros soucis avec la médecine. » La considération de cette médecine a évolué, elle bénéficie maintenant d’une couverture : « maintenant, si vous avez un forfait de médecine naturelle, les mutuelles vous remboursent les consultations. Puis, il y a des lois pour rembourser les procédures « anti-tabac », donc ça aide aussi. » Deux médecines hautement complémentaires, Thérèse appuie d’ailleurs le fait qu’elle conseille, mais ne prescrit pas. Elle ne remet jamais en doute les bienfaits de la médecine. Des petits conseils pour la route On sort de notre entretien bien détendu, déjà, et fort de pleins de petits conseils pour améliorer le quotidien. Déjà sur des plantes à utiliser en cas de besoin : on pense à la spiruline contre la fatigue et au romarin, sympa pendant les périodes de rhume. Et surtout, conseil du jour, on ne met surtout pas de miroir en face de son lit ! En gros, pendant votre sommeil, vous passez par une phase d’extériorisation de votre énergie de la journée. Sauf que le miroir réfléchit cette énergie, et vous la renvoie en pleine gueule. Donc avant d’aller se coucher on le couvre pour éviter les insomnies ou de se réveiller du pied gauche. De quoi arrêter de gonfler vos collègues les lundis matin. Namasté.

Maintenant, si vous avez un forfait de médecine naturelle, les mutuelles vous remboursent les consultations. 23


immersion

On est allé nager avec les sirènes. Chaussures interdites et bonnet obligatoire pour une séance de mermaiding. Par Frank le Tank Photos : Édouard Roussel

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Vise la gourmette de cou.


Aquaplaning.


« Aux USA, il y a des parcs aquatiques dédiés aux sirènes, des écoles qui se montent un peu partout. » Ingrid Fabulet, Miss Mermaid Monde

O

n en voit émerger sur Insta, TikTok et autres Metavers, le phénomène Mermaid est un véritable raz-de-marée. Pour ceux qui ne sont pas vraiment branchés réseaux et qui sont étrangers au terme ; le mermaiding c’est de l’anglais pour désigner l’art de se transformer en sirène (ou en triton pour les hommes). Disney prépare une nouvelle version liveaction de sa Petite Sirène, des conventions rassemblent 300 spécimens aux US, Katy Perry s’est vautrée de sa chaise, costumée en femme-poiscaille en plein direct d’American Idol et la coiffure mermaid fait la une des magazines de mode. Rien de plus simple en apparence : enfiler une monopalme, y rajouter une queue en spandex chopée sur internet et voilà ! Au centre nautique Paul Bert à Auxerre, à quelques encablures de l’Yonne, un étrange ballet de sirènes se met en place tous les mercredis, où on a plongé dans le grand bain du mermaiding. Ariel, the little mermaid La pratique du mermaiding ne date pas d’hier. Apparemment cette dernière remonte au début du siècle dernier ; le Hollywood des années folles et les cabarets façon Josephine Baker raffolaient de ce genre de créatures marines. Entre temps, le style a eu le temps de tomber en désuétude avant d’être récupéré par Disney et Ariel aka la petite sirène en 1989 : mètre étalon pour les profanes que nous sommes en termes de mermaiding. C’est la référence, un peu pataude que l’on évoque à MaïlysRomane, la responsable du seul club de mermaiding en BFC, basé à Auxerre, lors de notre première rencontre : « bien sûr, il y a un côté féérique avec les références à la Petite Sirène qui nous parlent mais la pratique est bien plus vaste que cela, c’est une pratique artistique et surtout sportive : c’est très physique ».

Le chant des sirènes Dès le seuil de la porte du centre nautique d’Auxerre, on sent une effervescence façon Sodastream ; aujourd’hui c’est la sélection régionale de Miss Mermaid, cinq sirènes sont en compétition pour représenter la région à Vannes en juillet, pour l’élection nationale 2022. À l’entrée un photobooth en forme de coquillage en plastique pour se prendre en photo avec sa sirène préférée nous ouvre la voie. Autour du bassin, Ingrid Fabulet, Miss Mermaid International en 2016 et directrice du comité national (en somme la Geneviève de Fontenay de la discipline) nous accueille tout sourire. Pendant ce temps MaïlysRomane s’active auprès des 5 participantes, en plein shooting photos. Dans les tribunes, une cinquantaine de badauds composés principalement par les familles, et pas mal d’enfants émerveillés par cette situation hors-du-commun attendent les épreuves de pied ferme. Mais en quoi consiste cette compétition de Miss Mermaid ? On retrouve quatre catégories distinctes pour juger les qualités d’une sirène : l’apnée de 25 mètres, la nage libre, le shooting dans l’eau et...le défilé de mode en robe de soirée (pourquoi ? On ne sait pas...). Chaque épreuve sera jugée par un parterre d’arbitres composé notamment par Ingrid qui a des critères bien établis : « je suis très sensible à une ondulation technique dans le fond de la piscine. Au national, on a un bassin de 3 mètres donc il faut savoir descendre et gérer la profondeur, sinon sur le spectacle je suis sensible au côté solaire de la personne, pas forcément au niveau technique ». On sent une certaine tension chez les sirènes en pleine préparation, c’est le cas de Camille qui à l’âge limite pour être Miss Mermaid (même si ça ne se fait pas de demander son âge à une sirène, on vous le dit, l’âge limite est fixé à 37 ans). « C’est la première et la dernière fois que je participe, c’est donc très précieux. Je fais du mermaiding depuis 4 ans, l’eau est un endroit qui me ressource et qui m’apaise ». Elle finit par s’élancer pour ses 25 mètres et bat tout le monde à plate couture. Plus loin, on rencontre Flavie, beaucoup plus détendue ; elle fait du mermaiding depuis le mois de septembre dans le club icaunais. Elle est passionnée par l’eau et par le côté hors-norme de la pratique : « le côté atypique et un peu « ridicule » m’a beaucoup plu. C’est quelque chose que tout le monde ne va pas faire ». Contrairement aux autres, elle n’a pas un passé de nageuse, et a dû s’entraîner dur pour avoir de la grâce sous l’eau : « on s’entraîne chaque semaine, il y a des exercices de synchronisation, du relais en monopalme, de l’apnée. Il faut pas mal de technique, travailler le placement des jambes, avoir les genoux bien joints… ». On commence à comprendre qu’être une sirène ce n’est pas de la tarte, et que pour certaines, eh bien c’est même un métier.

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J’fais mon job à plein temps C’est le cas pour Ingrid Fabulet, notre Miss Mermaid monde, enfant de la mer ayant grandi en Bretagne, elle a passé son enfance à faire de la plongée. Nageuse émérite, elle excelle en compétition. Après un début de carrière comme institutrice, elle lâche tout au lendemain de son sacre de Miss Mermaid France, puis international en 2016. Aujourd’hui, elle œuvre pour la reconnaissance de la pratique en France et à l’étranger et est également payée pour nager en aquarium au milieu des poissons. « J’ai l’impression que ça explose. Il existe un engouement de fou aux USA ; il y a des parcs aquatiques dédiés aux sirènes, des écoles qui se montent un peu partout… ». Le matériel représente également une sacrée manne financière , Flavie nous le confirme : « Une palme sur Amazon ça coûte une centaine d’euros mais la qualité n’est pas folle, c’est à peu près pareil pour la queue » (la queue, c’est la queue de sirène, qui s’enfile jusqu’à la taille par dessus la monopalme, ndlr). Il faut mettre le prix pour être équipée. Maïlys-Romane, quant à elle, possède quatre

La monopalme me donne des crampes affreuses et j’ai les pieds en feu. 28

tenues complètes : « Les monopalmes et les queues diffèrent en fonction des pratiques, on ne va pas prendre la même pour faire du posing (shooting photo), que pour l’apnée ». Le mermaiding, une mode mercantile de plus ? Comme nous l’assénerait Capital sur M6. Eh bien non, même si les sirènes du marketing ont su attraper la pratique par la nageoire, on ne peut certainement pas la réduire à ça comme nous le rappelle Maïlys-Romane, véritable old-timer, passionnée de la première heure : « Je faisais ça dans mon jardin, dans une piscine trois boudins, mes parents me prenaient pour une folle ». Sea Sheperd On l’a vu, même si l’aspect féérique est un des vecteurs principaux vers le mermaiding, on comprend rapidement que les motivations et pratiques sont plurielles ; l’amour de l’eau, la natation et l’écologie marine, sont autant de points de convergences vers le mermaiding. En atteste Camille qui évoque l’opposition entre la magie de la sirène, figure fantasmagorique

et la réalité notamment en termes de pollution des plages et des océans : « Je travaillais pour des associations de défense de la mer, j’étais habillée en sirène pour des événements de SOS Grand Bleu, ça attire les enfants et ça permet de faire de la prévention. La magie procurée par le fait d’être en sirène est un levier puissant pour l’écologie marine ». Ingrid et MaïlysRomane confirment : « les valeurs de protection des animaux et de l’environnement sont au centre de notre pratique ». Comme quoi, il ne faut pas juger un livre à sa couverture et infantiliser une pratique qui a plus d’un tour dans sa monopalme. Splash-test ! En parlant de monopalme, difficile de se faire un avis sur la pratique sans la tester. On décide de prendre congé de la


compet’ pour mieux revenir essayer le mermaiding, au calme. Entre temps, Camille a reçu le diadème de Miss Mermaid BFC 2022 et Flavie est sa deuxième Dauphine. En ce qui me concerne, c’est officiel, ma transformation en Triton le temps d’une séance nocturne à Auxerre est programmée. Oui,Triton car la pratique est genrée. Je reviens au centre nautique avec une certaine appréhension, n’étant pas le nageur le plus à l’aise de ma génération. Je découvre l’instrument de torture : une monopalme en plastique qui sera mon seul accessoire triton (je n’ai pas investi pour l’occasion dans une queue de triton et le club n’en dispose pas en rab, dommage !). Michel, qui est le seul triton du club, et que nous avons rencontré lors de Miss Mermaid n’est pas là non plus, c’est bien ma veine. Ce n’est pas grave, puisque Maïlys-Romane est là pour coacher la séance. Je retrouve quelques têtes connues, croisées lors de l’élection de Miss Mermaid. Au programme du jour : ondulation en monopalme, apnée, figure-libre, la totale ! Pas de régime de faveur, je participe à l’entraînement avec les mermaids et vais devoir tout tester pour me faire une opinion.

Des abdos en béton Une fois la monopalme enfilée (à proximité du bassin pour ne pas traverser toute la piscine en rampant) nous y voilà. Pas évident de se mouvoir, l’ondulation est primordiale, Maïlys-Romane me donne quelques conseils utiles pour pouvoir parcourir mes premiers 25 mètres, dans la douleur. On se rend vite compte que l’apnée est un élément essentiel de la pratique sirène ! Après quelques longueurs pas piquées des gaufrettes, mon corps se fait plus habile, j’arrive même à réaliser des figures (roulade, vrille et tonneau, eh ouais mon pote !) et parcourir la moitié du bassin en apnée. Point noir, la monopalme me donne des crampes affreuses et j’ai les pieds en feu. Hormis cela, la pratique nécessite en effet des qualités physiques importantes : gainage de la mort et

ondulations dignes d’un champion de hoola-hoop. Je suis rincé à la fin de la séance et mon dos est encore douloureux à l’heure où j’écris ces lignes. Un vrai sport qui mérite de la considération : « Il y a encore des gens qui ne nous comprennent pas, mais on s’en fiche, on vit le truc pour nous ». C’est le cas de Camille qui représentera les couleurs de la BFC au mois de juillet à Vannes en attendant de voir si un concours international sera proposé cette année : « Cela fait plusieurs années que la compétition internationale s’est arrêtée, à cause du COVID. On espère que le comité international va reprendre son activité » nous confie Ingrid, qui rajoute : « C’était bien de pouvoir rencontrer des sirènes du monde entier ». En attendant, nous avons eu le plaisir de rencontrer les sirène icaunaises, pionnières du mermaidisme en BFC, et prêtes à tordre le cou aux idées reçues.


Matrix Reloaded.


interview

BANDE S E L L I F DE Rencontre avec Bande de Filles, le gang de Dj électro le plus girl power de France, après un set de 4h pour le Sirk festival de Dijon. Naajet et LeLeon sont venues sans Arabella, leur complice, mais ont représenté leur Bande de Filles aux platines de la 7e édition du Sirk festival, calée confortablement au boulodrome de Dijon. Techno et groove au menu, et aussi place des filles dans l’électro ou encore fin de Covid... On a papoté sur des chaises longues entre deux parties de pétanque, bras en l’air.

Par Emma Lahalle Photos : Anne-Sophie Cambeur / Le studio des songes Interview en collaboration avec Radio Dijon Campus

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Ça vous a pas déchauffé le fait de ne pas jouer pendant 2 ans et finalement de revenir sur scène aujourd’hui à 2, vous avez eu des appréhensions ? Léa aka Leleon : C’est vrai que les deux ans n’ont pas été faciles, mais pour tout le monde au final. Nous on a pu se retrouver sur quelques émissions de radio, on a fait quelques podcasts à droite à gauche. On est hyper contentes de reprendre les festivals, là c’est le premier de la saison, donc on est plus que ravies et aujourd’hui c’était top ! Le fait d’accompagner les gens pendant leurs parties de boules c’était parfait ! Comment vous êtes tombées dans le DJing et c’était y’a combien de temps ? Naajet : pour ma part, le nombre d’années commence à être grand et j’ai du mal à l’identifier mais j’ai commencé parce qu’en fait en tant que danseuse, je collectionne énormément de musiques et j’ai eu cette envie de la partager. Alors j’ai commencé dans ma chambre un peu en solo. Léa : Moi pour le coup, pas du tout de formation musicale, mes parents m’ont amenée au conservatoire pour faire de la danse. Et en fait je suis tombée dans la soupe à 16 ans. Au fur et à mesure des soirées, des rencontres, de ce qu’on voit, et des opportunités professionnelles qu’on a, je me voyais chargée de prod à droite à gauche, faire du freelance etc, mais j’avais aussi cette envie de connaître le matériel et de devenir indépendante, si y’a un souci ou quoi que ce soit. Donc j’ai commencé comme ça : dans un souci technique, pas du tout artistique ! C’était à force de m’entraîner que je me suis dit « Ahhh bon ? Peut-être que ça pourrait donner quelque chose ». Alors j’ai cofondé mon premier collectif. Et au fur et à mesure j’y ai pris goût, j’ai aimé ça, on a eu Bande de Filles et puis ça ne s’est pas arrêté depuis. Parlons-en de Bande de Filles. Être 3 nanas DJ derrière les platines c’est déjà une démarche féministe, est ce qu’il y a d’autres significations ? Léa : Y’en a plein et au final on laisse libre imagination aux gens qui voient le nom et viennent nous voir jouer. C’est vrai que la toute première soirée s’est faite un peu par hasard. À l’époque en 2019, Arabella, qui est absente aujourd’hui, nous avait invitées à jouer. Elle avait une soirée dans un club, le chinois de Montreuil, et elle avait pas envie de le faire toute seule. On s’est posé la question « trois nanas derrière les platines ça fait pas un peu trop ? » Mais en même temps on ne se la pose pas quand ce sont trois mecs. Le premier tilt est arrivé déjà en interne avec les filles. La référence vient directement du film Bande de filles (de Céline Sciamma, 2014, ndlr). Je trouve que c’est un très beau film. Et on aime bien aussi ce nom dans le sens où c’est tout le monde et n’importe qui et en même temps. C’est une bande de filles à 2, à 3, à 4, à 5, à 6… Par exemple aujourd’hui on avait des gamines, des toutes petites qui étaient en train de danser, et y’a tout de suite un effet miroir. C’est vraiment top de voir ça et de se dire que des personnes peuvent se reconnaître en nous et inversement. Justement, tu dis que c’est tout le monde, toutes les filles pour mixer, toutes les filles pour danser. Vous proposez des styles éclectiques, comment chacune, vous l’avez façonné ? Attention, Chris Rock va faire une blague.

Naajet : J’ai commencé avec le disco, la house et la soulfull. Ce que je recherchais dans la zic c’était du groove à tout prix ! Mais je trouvais


Chloé, Jennifer Cardini, Rahg, ou des collectifs comme Barrbiturix, c’est important de leur rendre hommage, et de rappeler que ces filles étaient là y’a 10-15-20 ans.

intéressant en tant que DJ, d’avoir cette curiosité et d’aller chercher, diguer dans tous les styles possibles : c’est ça qui est super intéressant, c’est de pouvoir s’adapter : aussi bien jouer à un warmup où les gens jouent à la pétanque, qu’à un closing à 8h du matin. Léa : À l’origine, je viens d’un genre pas dansant. J’ai commencé à écouter de l’electronica, du fieldrecording, de l’expérimental. Après c’était house, soulfull comme Najette et c’est aussi là qu’on s’est trouvées. Au-delà de la curiosité qui me semble essentielle, parce que c’est l’essence même de notre métier, on ne peut pas s’enfermer et se dire qu’on n’aime pas certaines choses, c’est plus des ambiances qui nous parlent moins, mais à partir du moment où on aime la musique, ça devrait être naturel. C’est beaucoup de dialogue, de curiosité. Mais moi j’aime bien triturer le cerveau : tout ce qui va être musique répétitive, un peu entêtant, ce sont des choses qui me parlent. Ici à Dijon il y a le projet Blonde Platine qui a été lancé y’a un an par la Péniche Cancale, le but est simple : des femmes formées au mix, à l’art du DJing par des pros, notamment toi Naajet. Un gros succès. Naajet, dans une interview en 2019, tu as dit qu’on éduque pas assez les nanas aux métiers artistiques. Trois ans après, comment ça a évolué ? Naajet : Quand on est enfant, on n’est pas, en tant que femme, poussée vers ce type de métier. Maintenant je trouve qu’il y a de plus en plus d’initiatives comme Blonde Platine, il y a aussi Moov’ your gambettes, qu’à créé Bernadette et Connecteur, créé par Arabella, notre 3ème complice. Grâce à ça, aujourd’hui en 2022, si tu es une femme et que tu veux mixer, il y a quand

même des outils à ta portée pour y arriver. C’est une super avancée, on va vers du positif. Je reste d’avis que quand on est enfant, on n’est peut-être pas autant poussé qu’un mec à aller vers ce type de métier. J’ai eu cette comparaison avec mon copain qui a été formé à la musique au lycée par ses pions, et c’était que des mecs. Moi j’ai jamais eu cette opportunité. C’est plus à ces âges-là que je peux voir la différence, en tout cas que je l’ai vécue. Léa : quand on a commencé y’avait déjà cette scène lesbienne qui avait pris la place. À Paris je pense au Pulp, à tout ce qui a découlé de ça : Chloé, Jennifer Cardini, Rahg, ou des collectifs comme Barrbiturix, c’est important de leur rendre hommage, et de rappeler que ces filles étaient là y’a 10-15-20 ans. Aujourd’hui, on se rend compte qu’on a besoin de ces espaceslà, de ces initiatives-là. Et avec un peu de rétrospection, tout ce qu’on fait aujourd’hui, tout ce qu’on essaie de mettre en avant, c’est plus ce côté ange gardien de “ ah j’aurais bien aimé qu’il y ait ça quand j’ai commencé, ça aurait été plus rassurant, moins flippant”. Y’a moins de questionnements aussi, par rapport à la légitimité notamment. Je me souviens quand j’ai commencé à un petit peu plus tourner, j’avais ce syndrome de l’imposteur en pensant à des copains avec qui j’avais commencé : « Pourquoi je mériterais plus qu’eux ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce que c’est logique ? ». Au demeurant, je remercierai toujours mes copains mecs qui m’ont accompagnée dès le début et sont encore de très bons amis et m’ont prise avec eux avec bienveillance et gentillesse. Mais si nous aussi on peut rendre la pareille, continuons à le faire dans un truc bienveillant. Et bientôt la mixité normalisée et légitime, on n’aspire qu’à ça. 33


enquête

nevers à vif En avril dernier, la Nièvre s’est retrouvée sans maternité pendant huit jours à cause d’un mouvement de colère de sages-femmes en sous-effectifs. Comment en est-on arrivé là ?

Par Marine Roucou et Maïa Mignotte Illustrations : Louise Vayssié

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undi 11 avril 2022, c’est un peu le bordel à l’hôpital de Nevers. Toutes les sages-femmes se sont barrées. Mais pas gaiement. Elles sont quatorze à avoir posé des arrêts maladie simultanément, forçant la fermeture du service pendant huit jours. La Nièvre est alors dépourvue de maternité. eh oui, c’est la dernière, et on l’a poussée à bout. Au même moment, Macron est à Mulhouse et affirme avec aplomb : « On n’a jamais fait autant pour l’hôpital que pendant ce quinquennat ! ». Sauf qu’ici, c’est la galère depuis quelques temps. C’est d’ailleurs pour ça que c’est infernal pour l’équipe : la culpabilité les ronge. Conscience professionnelle torturée, passion bafouée. On commence à murmurer dans la région qu’on ne peut plus accoucher à Nevers. Même si la nouvelle fait réagir, elle ne semble pas surprendre. Depuis septembre, le service essuie une dizaine de départs. Celles et ceux qui restent tiennent bon mais ne manquent pas de prévenir que c’est la merde. Guillaume Rameau, sage-femme depuis cinq ans au Centre Hospitalier de l’Agglomération de Nevers (CHAN), nous résume la situation. « On avait déjà alerté, mais on n’était pas assez pris au sérieux. La situation était dangereuse, parce que l’obstétrique, c’est très variable. On peut avoir des moments de calme, et puis parfois jusqu’à six femmes à gérer en même temps. On nous demandait de faire à deux ce qu’on faisait à cinq il y a quelques mois. Ils ont diminué nos plannings petità petit et à la fin c’était juste une question de sécurité » déclare-t-il avant d’ajouter que « les mères étaient peut-être plus en danger en venant accoucher dans ces conditions qu’en faisant des kilomètres en plus pour aller ailleurs ». Le rythme auquel devait tourner la maternité constituait un pari avec la vie des patientes que les sages-femmes ont choisi de refuser. Hors de question de travailler sur le fil. « On ne fait pas ce métier pour mettre des mères et des bébés en danger. Le but du jeu c’est que tout le monde aille bien ». La direction du CHAN tient à préciser qu’un service minimum a été assuré malgré tout pendant ces huit jours, et que des accouchements ont même pu avoir lieu à Nevers. Évidemment, c’est la direction qui a pris la tempête en premier. Il a fallu réagir efficacement. D’abord, prévoir de quoi accueillir les urgences. Ensuite, comment transférer les autres patientes. Puis, se pose la question de trouver des solutions pour que l’activité de la maternité puisse reprendre. La première idée, c’est le rafistolage. On fait donc appel à la réserve sanitaire, qui est un genre d’armée de professionnels de santé volontaires qu’on déploie dans les situations d’urgence. À ce moment-là, douze sages-femmes déboulent à Nevers. « On était même en surnombre », raconte Guillaume. Mais le repos n’est que de courte durée : la réserve repart le 13 mai. Pénurie de sages-femmes Depuis leur départ, il s’agit de voir sur le long terme. La direction tient à clarifier la situation : « Aucune politique de suppression de poste n’a été menée ». Au contraire, on nous explique que des postes de sages-femmes sont proposés depuis des mois et restent sans réponse. « Il y a une pénurie nationale de sages-femmes, dans le sens où il n’y a pas suffisamment de sages-femmes formées chaque année pour combler le nombre de postes vacants dans les établissements de santé ». Aujourd’hui, chercher du personnel de santé dans un désert médical revient à lancer une bouteille à la mer. Pas un seul entretien n’a eu lieu

pour un poste de sage-femme depuis des mois. Mais Guillaume Rameau rappelle que les demandes de l’équipe étaient réalistes par rapport à la situation. « Nous, on savait qu’il n’y avait pas de sages-femmes sur le marché. Donc ce qu’on demandait, c’était des IDE (Infirmiers Diplômés d’État, ndlr). Mais on nous les a toujours refusés sans même essayer d’ouvrir des postes, en disant qu’il n’y avait pas d’infirmières non plus. Et c’est vraiment dommage, parce que pendant cette période « d’arrêt maladie », la direction a pu déplacer cinq infirmières en interne pour renforcer le service, et un recrutement a aussi pu se faire en moins de 48 heures. C’était donc possible. Cette solution va nous permettre de continuer à travailler dans de meilleures conditions, même si on sait que le service reste fragile ».

deux tiers des maternités ont fermé en l’espace de 40 ans en france. Même si les sages-femmes estiment que la situation aurait pu être anticipée, elles semblent apprécier que la direction ait joué le jeu. « Notre démarche a été plutôt bien comprise, même du côté des mères. Au final, c’est l’ARS qui s’est montrée plus… fermée. Ils nous ont ressorti les textes de lois qui prouvent que notre effectif était légal, en disant qu’on aurait pu continuer comme ça » raconte Guillaume. Mais qu’est-ce qui explique qu’on ait le droit de faire tourner une maternité dans ces conditions si c’est si dangereux ? Ce sont ces fameux textes de loi, des décrets de périnatalité datant de 1998 que les sages-femmes jugent obsolètes. « Sur le papier, on peut travailler comme ça, mais dans la vraie vie, 23 ans plus tard, ça ne fonctionne plus du tout ». Et malheureusement, l’ARS étant soumise à la réserve électorale pendant les législatives, elle n’a pas pu répondre à nos questions. Ils ont dû être vachement déçus. Perrine Goulet, députée de la Nièvre de la majorité (modem, ex-LREM) - en lice pour sa réélection à l’heure ou on boucle ce magazine - est sur la défensive : « on ne peut pas soigner 40 ans d’incurie en 5 ans seulement, la problématique médicale est plus large que le territoire de la Nièvre».

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On ferme ! L’histoire de la maternité de Nevers, même si elle est frappante, n’a rien d’unique. Partout en France, les hôpitaux en zone rurale se débattent pour pallier l’assèchement de leurs services. Évidemment, on s’interroge sur ce qui fait de la Nièvre et de la ruralité en général un terrain aussi rebutant pour les médecins. En discutant avec la direction, on comprend que diverses raisons poussent les sages-femmes à quitter les maternités. D’abord, la part de sages-femmes exerçant en libéral ne cesse d’augmenter: actuellement 33% des sages-femmes ont une activité libérale (d’après le Livre Blanc des Sages-Femmes 2022) alors que ce chiffre n’était que de 20% il y a dix ans. Ensuite, il y a la composante famille qui peut jouer sur leurs choix de vie. Mais au-delà de ça, c’est juste la mort économique des campagnes qui effraie les sages-femmes et à peu près tout le monde. La ruralité s’effrite dans les doigts de ses habitants. On ferme des

Aujourd’hui, chercher du personnel de santé dans un désert médical revient à lancer une bouteille à la mer. Pas un seul entretien n’a eu lieu pour un poste de sage-femme depuis des mois. écoles, des classes dans les lycées, on perd des commerces et des médecins, et puis à la fin plus personne n’a envie d’être là. Soit parce qu’il n’y a rien à faire, soit parce qu’il y a trop à faire. Dans un article paru le 3 mai sur le site de Marianne, Perrine Goulet rapporte ceci : « un ancien directeur a licencié des gynécologues qui avaient de l’expérience, pour les remplacer par des jeunes, dont le salaire était moins élevé. Dans les années qui ont suivi, des intérimaires se sont succédés et cette insécurité a 38

pesé sur les conditions de travail des sages-femmes ». Dans les services médicaux, des équipes anémiées portent à bout de bras les problèmes que leur transmettent celles qu’on a prié de partir. Pour prendre l’exemple de la Nièvre, on s’y connaît déjà en fermeture de maternité : Clamecy en 2008, Decize en 2010, et Cosne-sur-Loire en 2018. Comme dirait Denis Brogniart, « à la fin, il n’en restera qu’un ! ». On applaudit bien fort l’hôpital de Nevers qui remporte une belle surcharge de travail et un énorme sous-effectif ! La maternité du CHAN assure désormais plus de 1200 naissances par an, sachant qu’elle a dû absorber l’activité d’autres maternités quand elles ont fermé. Normal que ça coince quand l’équipe se voit amputée d’une dizaine de personnes. Et à l’échelle nationale, même combat. Si on se penche sur les chiffres, c’est deux tiers des maternités qui ont fermé en l’espace de 40 ans au niveau national suite aux mutualisations de services dans les grands centres hospitaliers. « Dans les années 80, on a commencé à fermer les « petites maternités ». Pour l’époque, les petites maternités faisaient 250 accouchements à l’année. Dans les années 2000, on a attaqué les maternités à 800 accouchements par an. Aujourd’hui, des maternités à plus de 1000 accouchements risquent de fermer », relate Michel Antony, cofondateur et administrateur de la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité. Ce militant plongé dans la désertification médicale depuis des années nous fait part de son analyse : « on manque de personnel partout en France, dans le public et dans le libéral. Actuellement, les postes vacants de médecins dans le milieu hospitalier représentent 25 à 30% des effectifs ». Le manque de personnel est estimé à près de 100 000 soignants en France. Un sacré trou qui, quoi qu’on fasse, ne risque pas de se boucher de sitôt. En cherchant, on se rend pourtant compte que des solutions sont mises en place pour attirer les médecins dans les déserts médicaux. « Les régions en difficulté lâchent un tas d’argent pour attirer les professionnels de santé. Mais ça ne sert quasiment à rien, parce que ce qu’ils veulent, ce sont de meilleures conditions pour exercer. C’est humain, quand on a le choix on va là où c’est le mieux » explique-t-il. « Le peu de personnes qu’on a, elles peuvent s’installer où elles veulent. Il y a alors une hiérarchisation des régions, ce qui est inadmissible pour une république égalitaire. Les politiques sont responsables de cette dégradation, parce que des moyens financiers il y en a eu. Maintenant, on devrait rétablir le sens du devoir social et civique. Surtout que la sécurité sociale les conventionne, ce qui fait que les professionnels sanitaires sont des quasi-fonctionnaires à 75%. Il faudrait en faire un débat ». Là, faut avouer que c’est quand même inquiétant que personne ne se soit intéressé à ces aides publiques. D’habitude ça marche pas trop mal, la carotte. C’est sûrement la preuve ultime que les conditions sont réellement déplorables. De son côté, la députée estime qu’à Nevers, « il faut que les equipements et services soient à la hauteur des standards français, ce qui n’est pas encore le cas. C’est un travail collectif à faire avec les collectivités ». On en profite d’ailleurs pour envoyer des bisous à tous les soignants qui s’accrochent pour tenir nos vieux en vie et faire naître nos bébés dans les déserts médicaux. Dans cette ambiance de ras-le-bol, de burn-out et de restructurations infinies, on essaye de faire toujours plus avec toujours moins. L’hôpital est en mode survie. Du côté des étudiant.e.s qui se destinent à ce monde déjà bien


amoché, on a évidemment des inquiétudes. On se familiarise avec ces problématiques qui seront bientôt les leurs. Bleuenn, étudiante sage-femme, était dans la rue aux côtés de ses consœurs le 7 octobre dernier pour demander plusieurs évolutions du métier. « On a réussi à obtenir une année de plus à la formation. Mais le problème c’est que ça va créer une année de vide où aucune diplômée ne sortira de l’école ». Une année déjà redoutée par la profession. Elle nous fait part de son expérience de stagiaire dans les hôpitaux de la région. « Dès qu’on arrive en stage, on nous demande ce qu’on a l’intention de faire après notre diplôme, où on veut travailler. C’est très mal vu de dire qu’on a envie de s’installer en libéral alors qu’il y a autant de besoins dans les hôpitaux ». Parce que dans le contexte actuel, une sage-femme qui ne va pas en salle d’accouchement,

c’est un peu une sage-femme de perdue. « C’est une fierté de me diriger vers ce métier. On sent qu’on a vraiment besoin de nous. Mais en même temps, on sait que les conditions seront difficiles ». Comme pour beaucoup de beaux métiers, la vocation des jeunes les mène vers des secteurs sinistrés. Alors voilà, on aimerait ne pas avoir un ton aussi dramatique, porter un peu d’espoir. Mais après les témoignages recueillis, on est obligés de faire honneur à la sueur et à la colère des soignantes. L’hôpital public se meurt, pour de vrai. Les inégalités territoriales sont aberrantes et injustes. Les grands hôpitaux de métropole croulent sous les patients tandis que les hôpitaux ruraux se font couper les vivres avant d’être pointés du doig pour leur faible rentabilité. En bref, Nevers n’était qu’une manifestation du problème parmi tant d’autres. 39


Ipod nano.


rencontre

LA RUÉE VERS L’ORGUE On a tous en tête ces images de musiciens de rue tournant la manivelle d’un orgue de barbarie. Le pendant mécanique de cet instrument, c’est l’orgue de foire, le limonaire. Dans la campagne Côte d’Orienne, un bricoleur de génie s’amuse à en fabriquer dans sa grange. On est allé visiter son atelier.

Par Martial Ratel Photos : Aline Chalumeau Merci à Claude Bonello

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Mister Tambourine Man

D

’abord, c’est une histoire de jeunesse qui prend forme à la retraite. À plus de 80 ans passés, M. Bourdoune a construit de toutes pièces son instrument rêvé : un orchestrophone pour danser. Un instrument de musique mécanique rare par ici mais encore couramment utilisé en Belgique pour animer des bals. Un objet aux dimensions impressionnantes, plus de deux mètres de haut, 5 mètres de long et 2 bons mètres de profondeur. Une énorme structure en bois au look rétro 60’s avec des néons, de la brillance, des jeux de miroirs, des lumières animées et... une batterie, deux accordéons, un saxophone qui jouent vraiment ! Un instrument conçu de A à Z par Pierre Bourdoune. 5 ans de travail à fabriquer ses électroaimants, à installer les lumières, à percer les instruments, à tirer de très fins câbles qui les activent ou à peindre en orange l’instrument. Une pièce de maître pour cet autodidacte, mais pas un coup d’essai.

ni deux, il se lance dans la fabrication d’ULM et d’autogires. Pendant 15 ans, cette passion l’anime. Et puis, il décide de passer à autre chose. C’est une petite musique de son enfance qui refait surface. La musique des fêtes foraines des années 1940, « à côté des manèges, les forains avaient des appareils musicaux, des limonaires, jusqu’à l’apparition des phonographes. J’ai entendu ça dans ma jeunesse à Montbard ». Ces gros orgues mécaniques diffusaient non stop leur musique. Chaque manège avait le sien. Ce flux continu, c’était l’ambiance harmonieuse ou cacophonique de la fête. Comme des sound system à un tecknival aujourd’hui, celui qui jouait le plus fort avait le plus de chance d’attirer le chaland. Pendant toutes ces années, l’idée de cette musique est restée dans un coin de mémoire de M. Bourdoune.

« À côté des manèges, les forains avaient des appareils musicaux, des limonaires, jusqu’à l’apparition des phonographes. J’ai entendu ça dans ma jeunesse. »

C’est dans sa grange de Bussy-le-Grand que son rêve a pris forme, comme tous ses autres projets. Après une carrière à son compte dans le BTP, Pierre Bourdoune décide de voler. Ni une 42

Une envie sans faille doublée d’un savoir-faire exceptionnel et de connaissances rares. Notre bricoleur n’est ni du métier ni forain. Pour fabriquer un appareil, il n’y a pas de revues techniques à consulter. Difficulté supplémentaire : cet objet date du XIXeme siècle et mobilise donc un savoir ancien très technique. L’information sur les limonaires ne coure pas les rues en dehors


du cercle des passionnés de musiques mécaniques, « ça demande beaucoup de recherches et de conversations avec des gens qui ont des appareils ». On sent qu’on touche un peu aux secrets antiques et à l’intime aussi, chaque appareil étant unique. Le conseil de fabrication, l’acceptation d’un nouveau dans le cercle des amateurs se font par cooptation. Mais la sympathie et la bonhommie de Pierre ont fait leur effet sur ses interlocuteurs, comme sur nous lors de notre rencontre, et ont fait sauter les derniers verrous. Ensuite, c’est le boulot. Dans son atelier à quelques mètres de sa grange, accompagné par le doux son de l’eau du lavoir qui coule devant chez lui, il usine ses pièces. Une par une, il les fabrique sur ses machines-outils récupérées ici et là ; elles aussi évoquent par leurs formes, leurs matériaux, un âge industriel d’une autre époque. En bois ou en acier, il taille, il coupe, il visse, il soude les vérins ou coud des soufflets sur-mesure. Une fois assemblés, ces soufflets enverront l’air qui activera les grandes flûtes ou les instruments. Dans une boîte sont rangés et classés ses petits morceaux de cuir de chèvre. Antiquités, raretés toujours, ces cuirs ont été achetés en Allemagne à un fabriquant qui a maintenant mis la clef sous la porte. Dans sa grange, à côté de son orchestrophone à danser, sont entreposés 5 pianos mécaniques partiellement réparés et un orgue de salon de la fin du XIXe. Ce petit meuble, comme les pianos et un limonaire supplémentaire, lui a été confié par des amis qui avaient renoncé à le réparer. Pierre a patiemment retapé les flûtes et les cylindres en bois cloutés au laiton, en retrouvant ou réinventant des techniques hors-d’âge, des savoirs oubliés. De l’autre côté de l’atelier, le garage où est rangé ce qui nous semblait être sa pièce maîtresse avant qu’on ne voit son orchestrophone : son limonaire. Le fameux, fait de ses mains. Pas un objet de récupération. Un appareil qu’il a fait en totalité « sauf la peinture décorative et les personnages ». Protégé par une énorme remorque rectangulaire, 5 mètres de côté pour 3 mètres de haut qu’il fait passer à 3 cm du plafond du garage, tout est calculé pile-poil comme toujours. Le limonaire apparaît d’abord partiellement. Comme une baraque à frite, l’enveloppe métallique s’ouvre par les côtés à la manivelle. L’acier fait place au bois, aux personnages animés, aux rangées de flûtes et aux tambours. Tout est parfait. La date de fabrication est peinte à la main « 1999 », et le dessin qui orne l’orgue représente le château de Bussy, qui trône dans la vallée, en face, visible de la maison de Pierre. La personnalité de son fabricant transparaît là. Ces détails sont ce qui font que les limonaires sont forcément uniques. Les personnages ont été usinés par une entreprise spécialisée mais Pierre les a designés et personnalisés à partir de personnages existants sur l’appareil d’une de ses connaissances. Et enfin, c’est la musique. Les courroies sont retendues. Le moteur électrique lance la roue qui entraîne le carton perforé, active les musiciens et fait circuler l’air dans les flûtes. Le cliquetis de l’ouverture de la remorque est remplacé par un bon vieux Amant de Saint-Jean, « celui-là tout le monde me le demande », nous dit Pierre, tout sourire, au moment du choix ; suivi par un excellent Blue Suede Shoes qui dans sa version flûtes et orgues mérite le détour. La musique d’ailleurs, M. Bourdoune est-il musicien ? « Non ». Et quelle musique aime-t-il ? « Oh, bah, plutôt les musiques avec des instruments traditionnels. J’aime pas les musiques modernes, la techno,

Les orgues de Barbak’.


le rap... Pas du tout ». On doit bien avouer que le contraire nous aurait étonné. Le charme désuet pointe malgré tout. Les rythmes sont très mécaniques. La chaleur du rock originel d’Elvis est supplantée par la rigidité du moteur de l’appareil. Les pompes et les vérins sont stricts dans leur interprétation. L’appareil envoie le juste nécessaire aux instruments : les flûtes résonnent dans un trait d’air implacable et régulier, quand les tambours claquent comme un coup de trique dont la force est calculée et mécaniquement reproduite. Une musicalité coincée dans un entre-temps. Les partitions sont, pour la plupart, celles d’ambiances d’un passé d’avant-guerre. Et paradoxalement, la musique mécanique est presque déjà électronique, répétitive et électrisée. Le limonaire nous montre comment, dès ces années 1890-1940, une machine pouvait jouer seule à la manière des hommes-machines kraftwerkiens des années 1970, la question du « groove » en moins. Le monde presque informatique avec le binaire, le plein, le vide des cartons perforés des partitions. La musique encore et l’invention toujours. Comme avec les orgues de barbarie, les partitions sont retranscrites sur des cartons percés. Ce fameux carton plié en soufflet qu’on voit rentrer d’un côté de l’appareil et sortir de l’autre. Outre qu’il existe différentes tailles, en fonction de la largeur, la difficulté vient de l’usure du carton lui-même. À force de passer et repasser dans la machine (lors de rassemblements de musique mécanique, les appareils jouent sans arrêt toute la journée !) le carton lâche. Il faut les racheter, pour un tarif d’environ 50 euros chacun. Évidemment, face à ce problème Pierre a inventé... sa machine à

Le limonaire nous montre comment, dès ces années 1890, une machine pouvait jouer seule à la manière des hommes-machines krawerkiens des années 1970, la question du « groove » en moins. perforer les cartons. Quand la partition commence à se déchirer, Pierre la reproduit dans son atelier sur un carton vierge grâce à sa machine à perforer ! Tout ça pour quoi ? Pour faire danser les gens ? Non, l’orchestrophone, qui pourtant sert à ça, n’a jamais vu le moindre public dansant dans la grange. « Je ne peux pas accueillir de public. Il faudrait que je sois aux normes… Il faudrait que je paye les droits SACEM. L’utiliser au bal l’Eden à 20 km de chez moi ? Non, moi je sors pas d’ici, je suis un sauvage (rires) !

... Je recherche des sensations. 44


Et en plus, ça roule !

Et puis de toute façon, l’orchestrophone ne peut pas sortir de ma grange. » Hormis quelques déplacements à l’occasion de rassemblements d’amateurs de limonaires en Belgique ou à Dijon, Pierre Bourdoune n’a actionné ses instruments que pour la famille, les amis ou les gens de passage. Et encore… c’est seulement du bout des lèvres qu’il admet les faire fonctionner à ces moments, seulement. Alors pourquoi toute cette énergie, toute cette inventivité ? « Pour mon plaisir » Point. Barre. Pas de morale. Au mieux, on peut se dire que Pierre Bourdoune est capable de déplacer des montagnes pour un souvenir d’enfance tenace et ça c’est beau. Comme un môme, son sourire en coin, ses yeux qui pétillent, nous font penser que c’est ça, son plaisir, qui l’anime quand il nous répond qu’il ne faut pas chercher plus

d’explications. Mais la suite 1/pour ses appareils 2/ pour lui ? Même si le temps commence à peser sur l’énergique Pierre, il n’envisage pas une seconde de se séparer de ses orgues. Pas question de les vendre ou de les donner à un autre collectionneur ou à un musée. En revanche, charge à ses enfants de faire ces dons quand il ne sera plus là. Concernant les prochains projets, Pierre fait son mystérieux. Il a encore d’autres envies « scientifiques » nous susurre-t-il… Lesquelles ? Un rire pour toute réponse. Alors, on le questionne. Après la musique et l’air ? Plus haut il y a l’espace. « Ah, pas loin, vous vous rapprochez... » Après mure réflexion, il ne serait pas étonnant de le voir un jour flotter en apesanteur dans un engin spatial de son invention, en vol hyperbolique dans la stratosphère… en musique. 45


Par Frank Le Tank Artwork : Lou Girard aka PSYCHO KATZ’

BOULEVARD DES HITS

Plus belle la frange.

DANS LA DISCOTHÈQUE DE

POLTERGEIST

Poltergeist c’est le projet bien nommé du talentueux Ari, jeune musicien chalonnais d’à peine 20 balais. Musique sombre, électronique et organique, répétitive, chantée en allemand pour une ambiance total dark. Ari, un ami qui vous veut du bien, surtout quand il s’agit de faire des cauchemars et d’écouter des sons étranges. Son premier disque sort au mois de juillet sur Clivage Music, un des labels de Vitalic, et s’appelle Kämpfer (le combattant, dans la langue de Goethe), la bonne occasion pour parler de ses influences d’écritures.

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DAMON ALBARN

DAVID BOWIE

THE NEARER THE FOUNTAIN, MORE PURE THE STREAM FLOWS (2021)

BLACKSTAR (2016)

Déjà parce qu’il est sorti quand j’étais né contrairement à pas mal d’autres albums de Bowie ! Plus sérieusement, je trouve que c’est un album mystérieux avec un nom qui le définit bien. Bowie a même fait signer des contrats d’exclusivité à ses musiciens pour qu’ils ne divulguent rien avant la sortie, car il se savait condamné. Un album différent de ce qu’il a fait avant, c’est comme un opéra macabre. Il y a aussi un super batteur de jazz (Mark Guiliana) qui mélange des éléments électroniques et des sons organiques. C’est quelque chose qui me parle beaucoup dans ma musique. La chanson préférée du disque ?

Girl Loves Me

Pour moi ce disque c’est une sorte d’opéra : il y a une vie derrière et une écriture romancée. Ce n’est pas un album très accessible contrairement à ses autres disques. J’adore la recherche expérimentale : il y a des violons, des cuivres, des ambiances et même des temps lisses sans tempo. C’est hyper osé mais ce que je trouve super, c’est qu’il garde quand même l’empreinte anglo-saxonne avec un single pop : Polaris. Les textures et les formats sont autant de formes d’inspirations, bon c’est impossible de sortir un premier album qui ressemble à ça mais je trouve ça cool qu’un mec comme Damon Albarn, qui vient de la pop puisse arriver à faire ça. La chanson préférée du disque ?

Royal Morning Blue

KOMPROMAT

ROBERT GÖRL (DAF)

TRAUM UND EXISTENZ (2019)

NUR NOCH EINER (2021)

Robert Görl, c’est un musicien de DAF, qui est un groupe pionnier de l’EBM (1978) que je qualifie plutôt d’EBM-post-punk. J’ai découvert cela récemment, il y a environ 2 ans. C’est impressionnant que ce son soit sorti dans les années 70 : c’est hyper brut, notamment au niveau de l’utilisation des synthés et des machines mais ça sonne aussi super actuel. Rien n’est enjolivé, c’est hyper répétitif : une boîte à rythme, une séquence de synthés et la voix. C’est une influence dans mon travail aujourd’hui, être direct dans le propos.

Je suis hyper content d’être signé aujourd’hui sur le label de Vitalic, je ne pouvais pas finir sans le mettre car c’est mon influence principale dans le projet Poltergeist. Je ne savais pas qu’il était possible de faire une musique comme ça. Avant je faisais des trucs plus pop et plus conformes. Kompromat ça m’a ouvert sur la musique et sur la langue. Je ne suis pas du tout bilingue, je n’étais même pas bon en allemand à l’école ! Chanter cette langue ça a effacé le côté pop dans mes compositions et ça m’a permis de trouver un son qui me correspondait plus.

La chanson préférée du disque ?

La chanson préférée du disque ?

Kuntstoff

Einfach da Sein

Premier LP Sortie le 1er Juillet 2022 Kämpfer.

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D I A P O R A M A

Depuis 2002, l’asso dijonnaise De Taille et d’Estoc organise son grand rassemblement d’arts martiaux historiques : l’Hemac. Fin mai dernier, 250 participants venus de toute l’Europe ont goûté à ce festin d’élégance et de brutalité. Mais l’Hemac, ça reste une approche ludique, sportive et originale de l’histoire avec un grand ‘’Hache’’ ; une ôde à la castagne certes, mais écrite par François Villon. Photos : Édouard Roussel

Montjoie, Saint-Denis !

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Goofy ou regular ?

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Haka 47.

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La crampe ?

« Jamais d’eau merci. »

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« Pour dévisser, faut tourner comme ça. »

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destin d’entrepreneur

Par la cuvette de Dijon

Laurent de Pasqualetti Quand start-up et service public font bon ménage. Avec NAMS, Laurent de Pasqualetti vous fait préférer le train

Le monde de l’entreprenariat social et utilitaire n’a qu’à bien se tenir, car les idées germent, poussent, se développent et la concurrence risque d’être rude. À la différence de la chlorophylle, Laurent De Pascaletti n’a pas besoin de soleil et d’eau pour germer, lui, il se nourri de défi, de réussite mais surtout de pur arabica. C’est d’ailleurs autour de cet or noir que nous avons rendez-vous, dans l’ambiance feutrée et cosy de sa maison à Clairvauxles-Lacs dans le Jura. Laurent est un enfant du pays, fils unique du dirigeant séculaire des industries Saint-Saturnin, il est parti dès son plus jeune âge à la capitale pour y faire ses universités. Le diplôme des Hautes écoles de commerce (HEC) en poche il s’installe à Paris pour se lancer à corps perdu dans la vie active. Le confinement l’aura fait relativiser sur l’impact de l’homme sur la planète, sur la densité des villes et la déconnexion à la nature. C’est pourquoi il a décidé d’acheter une maison secondaire dans le Jura. « Il fallait que je me mette au vert comme on dit, plus qu’une question sociétale, il s’agissait de se concentrer sur moi, résoudre mes questionnements » nous confie l’héritier de la start-up nation. « Trop d’embrouille avec les usagers, ça faisait baisser ma productivité » Depuis la fin de la crise du Covid Laurent est donc devenu un transhumant, passant sa vie entre Paris et le Jura, la SNCF l’accompagnant au quotidien, et cette promiscuité avec l’entreprise ferroviaire n’aura pas été sans incidence sur la success story de Laurent De Pascaletti. En effet, les trajets successifs en TGV ont souvent été source de tracas et d’embrouille pour le start-uppeur. Laurent, nous explique qu’à de nombreuses reprises il a dû s’extirper de son travail, sorti de force en dehors de sa bulle de concentration par des usagers du train. « Les gens m’interpellent, croyant que je suis à leur place alors qu’ils ne sont pas dans la bonne voiture, ou qu’ils ont mal regardé leur billet confondant un 6 et un 9. Il faut alors expliquer, négocier et prendre du temps. Mon temps c’est de l’argent, hors de question que je le legue au service public ». Laurent n’a pas le temps, Laurent n’a pas leur temps. C’est ainsi, en tête à tête avec un sandwich acheté au wagon bar pour la modique somme de 15 euros, que Laurent eût une idée de génie. « L’idée de NAMS (ndlr : NAMS pour Not At My Seat) c’est de rendre l’expérience TGVienne complètement connectée. Je me suis rendu compte que la SNCF te permet 54

déjà d’acheter ton billet sur une appli, de commander ton coca sur une appli mais que pour trouver leur place, certains entrent encore en pourparlers avec la moitié du wagon ! » L’application NAMS permet ainsi à chaque utilisateur de retrouver son siège en renseignant son code de réservation. L’application révèle ensuite sur une map l’emplacement précis du siège réservé. Elle est téléchargeable sur Android et Apple Store. Avec le code « Sparse » vous aurez -20% sur la première option payante. En effet, plusieurs fonctionnalités supplémentaires permettent de s’y retrouver plus facilement. Vibrations intégrées pour indiquer la proximité de leur fauteuil, diffusions olfactives pour déloger le squatteur, déclenchement par Bluetooth d’indicateurs lumineux…Tous ces achats intégrés permettent aux usagers d’atteindre leur Saint-Siège et à Laurent d’atteindre le classement des 100 plus grandes fortunes de France. Surtout, cela permet de responsabiliser chacun sur le droit de propriété individuelle et les facultés de nuisances que peuvent avoir des milieux collectifs. Un succès ? Les retours d’expériences client sont encore timides, la modération de la zone commentaires nécessite d’embaucher plus de personnel, et avec la reprise des cours, les stagiaires manquent à l’appel. Mais Laurent est plus qu’enthousiaste : « On a réussi à proposer un produit unique. On est tout simplement non-benchmarkable ! Au final, avec NAMS tout le monde s’y retrouve ! Les utilisateurs dans leur train et moi dans mes comptes ! » ricane-t-il. Et pour la suite ? « Le vrai tour de force de NAMS c’est que 80% de ses utilisateurs ont plus de 65 ans et sont donc complètement largués avec la tech et la data. On a ainsi une marge considérable d’options à proposer pour faciliter leur utilisation de l’appli et améliorer leur expérience ». Proposer une solution là ou le problème est déjà reglé : voilà l’essence même de la start-up nation !


15è festival du film court

PARTIE(S) DE

CAMPAGNE D U 21 A U 24 J U I LLE T 2022

un été au port

ANIMATIONS LUDIQUES ET CULINAIRES

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Belleville 2021 – Licences L-R-20-10149, L-R-20-10150, L-R-20-10151, L-R-20-10152

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Ouroux-en-Morvan (58)

granD théâtre

23/05/2022 10

place du Théâtre

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Opéra de Dijon Abonnez-vous ! 2022 2023 opera-dijon.fr


La loi, l’ordre et l’apéro Dans ce monde sans pitié que sont les Vosges en 1984, le commissaire Vinston et l’inspecteur El Tanko traquent la vermine et l’assassin du petit Grégory. Après une journée de chasse... enfin une matinée de chasse... Bon, une bonne heure de chasse en comptant les trajets, ces deux grands fauves vont s’abreuver au point d’eau le plus proche en attendant de reprendre leur vie d’aventure.

Eh tu peux me mettre des cacahuètes steuplaît ? Vous vous êtes fait une petite couleur inspecteur ?

Ça me donne un petit côté Rod Stewart, non ? J’y aurais plutôt vu un côté Danièle Gilbert...*

Vous êtes trop à l’ancienne, commissaire. On est en 1984, faut se débrider ! Et le général de Gaulle il se serait fait une couleur, lui ? Certainement pas.

Oui, blond éclatant. Ça vous plaît, commissaire ?

Ouais, un petit auburn je crois.

On peut pas dire ça comme ça non...

Putain de blasphème. * Cette blague est inaccessible aux moins de 35 ans, désolé.

Ah ben v’la votre patronne. Et merde, même dans le pire des rades de la ville elle nous retrouve...

Bonjour Madame la Divisonnaire. Bonjour Madame.

Sympa les gars... Faut dire ce qui est Dédé, c’est cracra chez toi, et on n’est pas sur des produits de gourmets non plus... Si on payait les consos, on viendrait pas. 56

J’aimerais vous y voir.

Ouais bonjour. Je vois que ça bosse sec ici.


Oh, vous savez ce que c’est. On interroge, on recoupe, on filoche ... On commande une Suze...

Ouais ouais, je vois... Dites-moi, c’est normal qu’il y ait un mec accroché au cendrier dehors, là ? Oh merde ! On l’a oublié.

...et de fil en aiguille...

...on finit par descendre la bouteille. Le destin d’un flic de terrain, quoi.

J’espère que vous avez avancé sur l’affaire Grégory, les mecs.

Oh il doit être sec...

Ah bin... Justement.

C’est qui ce type ? C’est le Grégory en question. Sauvez-moi Madame...

En fait il est pas mort. C’est une embrouille à l’assurance tout ça. On l’a retrouvé au PMU à Remiremont, complètement torché, le pauvre. Ah mais il est très mûr pour son âge ce gamin.

Mais qu’est-ce que vous racontez, bordel ?!

Ah mais n’importe quoi ! Je sais même pas qui c’est ce Grégory ! Mais le môme avait 4 ans ! Si en fait je sais qui c’est... mais c’est pas moi. Ferme-la toi.

Vous savez, même moi j’ai eu de la moustache à quoi, 6 ans, max. C’est faux, un tissu de mensonges. Une erreur judiciaire. 57


Le effebïaille ?

Kessecé ?

FBI ! PERSONNE NE BOUGE !

Mais que vient foutre le FBI ici ?

Les gars, vous avez une image du FBI qui correspond pas à la réalité. Le costard, la grosse bagnole, c’est fini tout ça ! On se fond dans la masse. Et en plus j’ai pécho cette superbe 102 kitée Polini, j’allais pas me priver de traîner avec en ville !

Ouah ! Kitée Polini ? La classe. Ça vous la coupe, hein ? United States of America ! Mais ça roule en mob’ le FBI ? Et ils ont pas beaucoup l’accent américain les gars du FBI à ce que j’entends ...?

Sauvez-moi Madame... Il faut me relâcher celui-là, je l’emmène. Ça fait des mois qu’on le cherche au FBI.

C’est parce que l’accent américain ça passe moins bien à l’écrit. Sinon, je peux te le faire ! Wan again a bistoufly, yeah ! Ah ouais, pas mal.

Mais c’est le petit Gr...! Ferme-la ! Dis-moi, je la reconnais cette mob’.

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Elle a servi à un braquage au Crédit Municipal de Laval-sur-Vologne le mois dernier.

AHAH ! « Ton pote » ? Tu vois, tu avoues ! Embarquez-la ! Qui, le FBI ?! On peut pas Madame.

What ? Ça m’étonnerait ! Elle vient tout droit des usines Peugeot de Philadelphie. C’est vous les Bonnie & Clyde d’Épinal ! Bon, ça vous dérangerait de libérer mon pote...

C’est pas le FBI !

BONK

Allez, ciao !

Ah, au fait, c’est l’Bernard qui a tué le gamin !

Grimpe Clyde !

Oh, il nous fait des doigts ! Mais c’est très impoli ça !

Damned ! Vous voulez qu’on les retrouve Madame la Divisionnaire ?

La loi, l’ordre et l’apéro · une production Sparse Media ·

Concentrez-vous sur le petit Grégory. Ah mais on l’avait retrouvé mais il s’est fait enlever par le FBI.

Photos Louise Vayssié Montage Marine Roucou Scénario, dialogues Chablis Winston Merci à la Cave à Musique de Mâcon Merci à Paupau pour la meule Merci à Claude Berry

Ta gueule. 59


la page mode

LA C H EMI SE H AWAÏ E NNE , U N VOYA GE VER S L E BON GOÛ T.

Par Clara Jodon Photos : Mathilde Leconte Modèles : Alice Galland, Achille Picard, Damien Simonaut, Solène Guyenet.

Marie Claire l’a annoncé dans son numéro spécial été « chaleur et coquillage » : la chemise Hawaïenne est la pièce tendance de la prochaine canicule ! Fleurie et colorée, elle saura égayer le regard de chacun, dont Claudine, banquière en burn out, ou encore Gérard père au foyer qui hésite entre congeler ses enfants ou les vendre sur Leboncoin. Bref, la chemise à fleur est un remède contre la dépression. Fini les Xanax ou les thérapies coûteuses*, adoptez la Hawaïenne life ! *Etude portant sur un panel de 3 personnes après un concert de Patrick Sébastien. 60


Thierry, 35 ans : « Depuis que j’ai adopté la chemise Hawaïenne ma vie a changé, je n’ai plus peur de rien, j’ai même commencé le patin à roulette avec ma femme et ma maîtresse. Le regard des autres a changé à mon égard. Je suis l’homme qui a su assumer la petite fleur cachée au fond de lui ».

La nouvelle pièce engagée de votre été.

Depuis que vous suivez sur les réseaux Hugo Clément, vous avez ouvert les yeux sur la détresse écologique. Vous avez jeté tous vos vêtements issus de la fast fashion et cherchez désespérément à vous habiller éthique. La chemise Hawaïenne, star des années 60 à 80, a envahi toutes les friperies branchées. A vous de briller en société en vous parant de votre plus belle chemise chinée pour la modique somme de 65 euros. Car votre engagement n’a pas de prix.

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le dessous des cartes

Par Chablis Winston illustation Ornella Salvi

« Une scène et des concerts c’est bien. Une buvette c’est mieux », Jean-Paul Sartre. Petite sélection des alternatives aux festivals de musiques actuelles en BFC cet été. Du terroir et de la ripaille pour rythmer ton été avec des événements qui sentent bon la saucisse et la fête. ÉMILE LOUIS FESTIVAL* Pontigny, Yonne. Tout l’été

Un car scolaire, une buvette. What else ?

LES COURSES HIPPIQUES DE VITTEAUX Vitteaux, Côte d’Or. 3 juillet

Sur un joli petit hippodrome en pleine nature, à la cool, ambiance PMU et buvettes... C’est comme à Longchamps ou à Chantilly, mais en moins snob, moins guindé, plus terroir BFC. Et avec de l’oseille à se faire. Buvette.

FÊTE DE L’ANDOUILLETTE ET DU VIN BLANC Clamecy, Nièvre. 1er week-end de juillet

Andouillette et vin blanc. Y’a besoin de te faire un dessin ? Le tout dans une ville qui sent déjà la poudre, dans un département qui sent déjà la poudre. Une boucherie. Buvette.

L’HOMME LE PLUS FORT DU MORVAN Étang-sur-Arroux, Saône-et-Loire. 5 juin

Un vrai concours de force, bon enfant, avec tirage de tracteur, soulevage de pneu, jetage de bottes de paille... Grosse ambiance et fête foraine juste à côté. Buvette. 62


LA DESCENTE DE CAISSE À SAVON La Roche-Morey, Haute-Sâone. 15 août

Course zinzin de caisses à savon dans le village de la déglingue et du fun. En Franche-Comté y’a même une fédé de caisses à savon (la FECOCAS). Buvette.

FÊTE DU TRACTEUR La Sommette, Doubs. 1er week-end de septembre

Plein de tracteurs, partout. Des petits, des grands, des vieux, des neufs. Et des frites. Wild life. Buvette.

LE FLAMBÉE DE LA MORTEAU Morteau, Haut-Doubs. 3e week-end d’août

C’est la fête de la saucisse aux 20 cm de bonheur. 3 jours de teuf au cœur de la meule en plein soleil. Procession de saucisses, concerts, ripaille... Buvette.

FÊTE DU BIOU Arbois, Jura. 1er dimanche de septembre

FÊTE DES BUCHERONS Longchaumois, Jura. 16 juillet

Concours de bûcheronnage en veux-tu en voilà, sculpture sur bois et compagnie. Buvette.

Les vignerons du coin donnent leurs plus belles grappes et en font une énorme avec, qu’ils montrent en ville. C’est pas tout pété ça ? Et après, tout le monde boit. Génial. Buvette.

* Ce festival n’existe pas, hein ! 63


chiens écrasés en BFC Par Frank Le Tank et Chablis Winston

Quétigny : Elle découvre du crack dans des ballons de baudruche achetés sur internet.

PERRIGNY-SUR-L’OGNON : IMPORTUNÉS PAR DES JEUNES QUI JOUENT AU BALLON, ILS FRAPPENT L’UN D’EUX DANS LES PARTIES ET TERMINENT AU TRIBUNAL DE DIJON. Le Bien Public

La loi, c’est moi : Judge Dredd s’installe à Perrigny.

Le Bien Public

Quand on sait que notre rédacteur en chef vient de Quétigny, tout s’éclaire…

YONNE. NU ET DANS UN ÉTAT SECOND IL S’EXHIBE DEVANT LES POMPIERS APRÈS SON ACCIDENT SUR L’A6.

BESANÇON : EN POSSESSION DE CANNABIS, IL PRÉTEND VENDRE DES TIRAMISUS.

France 3 région

Yonne, nu, exhibe, accident, pompiers. C’est un strike pour monsieur.

l’Est Républicain

Le sucre : cette drogue qui ravage leur quotidien.

Une mobylette Peugeot 103 flashée à 122 km/h près de Besançon.

UNE MÉTÉORITE S’ABAT SUR UN BARBECUE À CHÂTILLON-EN-BAZOIS. Le Journal du Centre

L’histoire ne dit pas si elle était marinée au préalable.

En colère, il jette des morceaux de fer et du béton dans le Doubs. Le Progrès

La planète moi ? Je lui chie dessus !

AUTUN : CONDAMNÉ POUR AVOIR TÉLÉCHARGÉ ILLÉGALEMENT DORA L’EXPLORATRICE. Le Progrès

Autun capitale du vice.

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Le Progrès

Le mécano avait installé un kit Ninja et un pot Bidalo sur sa meule.

LA MENACE D’UNE PÉNURIE TOTALE DE MOUTARDE INQUIÈTE LES PROFESSIONNELS. Le JSL

Tout mais pas ça...

DIJON : CONTRÔLÉ PAR LA POLICE, IL TRANSPORTAIT… UN AGNEAU VIVANT DANS UN SAC. L’Est Républicain

Tentative de Méchoui avortée.


Scène de musiques actuelles

Dijon

lavapeur .com

Septembre Décembre 2022

Archive Izïa Yann Tiersen Jeanne Added Groundation Suzane Ziak Jean-Louis Murat Fishbach Bertrand Belin Guy2Bezbar The Notwist Deen Burbigo Françoiz Breut Lonny Mad Foxes Baston Diamond Dog Quinquis Anika Raoul Vignal November Ultra Zombie Zombie TH Da Freak Borja Flames Dewaere Gwendoline Miët …


courrier des lecteurs Luc | Migennes (89) Salut l’observatoire de la haine ordinaire, vous avez vu le challenge « marginaux » des policiers municipaux d’Auxerre ? Celui qui réussissait à dégager les gars qui traînaient devant le Monoprix de la ville pouvait gagner un panier garni. RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Oui, on a vu. Très fun, bien senti. Mais as-tu vu le challenge «policiers municipaux» lancé par les marginaux de la ville ? Celui qui arrivera à faire dégager les policiers de devant le Monop’ gagne son poids en 8°6. Ça a une autre gueule franchement. Gros succès pour ce challenge, on fait la queue de toute l’Yonne pour pouvoir participer.

Florence | Pesmes (70) Oh eh ! vous av...ah pardon...Bonjour, oui bien sûr bonjour. Vous avez vu Elon Musk qui rachète Twitter ? C’est fou, non ? Vous en pensez quoi ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Moi je m’en bats complètement les couilles, je dois le confesser. Je me tourne vers mon voisin de bureau, je lui demande... Ah visiblement lui aussi s’en tamponne. Désolé. Comme c’est Elon Musk et que je me méfie de ce zinzin, je vous dirais : « ça craint », mais sans être sûr que ça craigne vraiment, en fait.

Herman | Dijon (21) C’est quoi cette histoire de pénurie de moutarde ? C’est l’URSS de la fin des 80’s ou quoi ? Comment est-ce possible ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

C’est le début du grand effondrement. La moutarde mec... Je vais te raconter une histoire : un jour, j’étais à Besançon au restaurant. Je demande à la serveuse un peu de moutarde. Elle me répond « On n’en a pas ». Je me dis que ça doit être une Bisontine en guerre symbolique avec Dijon, comme beaucoup de ses concitoyens. Alors je lui réponds « Si ça se trouve, un jour, de la moutarde y’en n’aura plus, et vous serez bien dégoûtée de ne pas en avoir profité ». Eh bin cette meuf elle doit bien réfléchir à ses actes aujourd’hui. T’es contente maintenant ?! Bref, je suis un putain de prophète.

Maryse| Besançon (25) Salut, et merci pour l’explication du terme « wokisme » dans le dernier mag... Je reviens encore avec des mots que je comprends pas vraiment même si je fais croire aux autres que je maîtrise... C’est quoi un islamo-gauchiste ? Et un indigeniste ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Pas de problème Maryse, c’est notre boulot. « Indigéniste », comme « wokisme » ou encore « bobo », sont des mots qui ne sont plus employés que par des gens de droite pour moquer la soi-disant « bien-pensance » de la gauche. Si tu penses que le racisme est une chose qui existe en France, tu seras vite taxé d’indigénisme. Si tu penses que certains sont plus victimes de racisme que d’autres à cause de leur couleur de peau, tu es communautariste. Et si en plus de ça, tu penses que y’a des pauvres qui subissent la loi du plus fort et du pognon, tu es islamo-gauchiste, tout simplement. C’est simple. 66



horoscope

Par la cuvette de Dijon Illustrations : Mr. Choubi

Nous, le collectif de la cuvette de Dijon, adepte de joie et de célébration, retranscrivons dans une prose sombre et puissante, la brutalité d’un monde sans foi ni loi. Carpe et truite.

En hollandais Ram. Bête à cornes ce qui malheureusement ne vous portera pas bonheur en amour. Navré de vous l’annoncer, mais votre partenaire est friand des élans extraconjugaux. Discutez-en autour d’une tisane, le polyamour peut avoir du bon. Travail : photocopiez une pierre et prenez un petit déjeuner sans gluten.

En malgache Ombilahy. Encore une bête cornue qui vous empêche de passer les portes, mais pas d’inquiétude, vous c’est le cor au pied qui vous guette. Au programme, pus, béquille et sandalette Quechua, la râpe à pied ne suffira pas cette fois. Fétichiste s’abstenir. Argent : Sniffer du sable en écoutant Manu Chao.

En bosniaque Blizanci. Grands indécis devant l’éternel, il vous faudra pourtant choisir car l’avenir ne vous est pas radieux. Cependant par la grâce de Sélacié, vous aurez le choix, le gel de vos comptes, ou les symptômes de la peste jusqu’à la fin de vos jours. Alors ? Sciences : Buvez au volant, pas au goulot, ça évitera les transmissions.

En luxembourgeois Kriibs. La bamboche c’est fini, la cantoche c’est midi, et en parlant restauration collective, les planètes ne sont pas bien alignées au self. En effet, le réfectoire sera votre boîte de pandore. Quand ? Comment ? Pour le savoir souscrivez un abonnement (SMS non surtaxé / prix d’un appel local). Santé : Respirez les pets-pourris de JP Chevènement en mangeant du cirage.

Nos collègues Turkmènes le disent Lionolbars, signe de feu, signe de Sean Paul. Ça rayonne ! Les tropiques de trèfles qui flattent ton cœur font monter le mercure et le niveau des mers. C’est la fièvre aphteuse du samedi soir qui s’emparera de toi, le vent l’emportera et tu disparaîtras. Pense à laisser un mot sur la table de nuit. Famille : la taille de la queue ne fait pas la taille de la meute.

Vierge toujours... Désolé. On n’est jamais mieux servi que par soi même alors apprenez à vous découvrir.... कुआरी ं en Hindi, que dire de vous. C’est brouillon, c’est pas clair, c’est flou. Nul besoin de s’attarder sur l’incertitude. Rendez-vous aux prochains numéros. Amour : Pour les plus pressés, prenez attache avec les Scorpions.

Ibhalansi en Zulu. Vieux loup de mer endimanché, vous avez le cul qui gratte. Votre popotin est irrité. Oh fleuve rouge impétueux s’écoulant des fondements…. Vous ne parvenez pas à stopper l’hémorragie. Dans un dernier élan, pour une ultime épitaphe, vous écrivez au mur : « MA RONDELLE M’A TUER » Fashion : Les slips en peau de bébé font führer à Milan cette saison.

En hébreu Akrav. Alors que Mercure rétrograde, vous passez la cinquième sur la voie de l’échec. Tout l’horoscope admire votre incroyable persévérance : vous touchez le fond et arrivez à creuser encore. N’ayez pas une trop haute estime de vousmême : vous risqueriez d’être déçu. Amour : Gonflez vos nichoirs et restez peu regardant sur la chouette qui viendra s’y poser.

En Danois Skytten. Le Sagittaire ferait mieux de se méfier. Plutôt que de tirer (des flèches) à tout va, l’archer devrait mieux choisir ses cibles. Si aux anniversaires everybody is deter, aux enterrements tout le monde fout le camp. Discispleen : le spleen n’est plus à la mode c’est pas compliqué d’être heureux... Bordel ! En népalais कुम ् भ राशि, les Verseaux n’ont pourtant jamais flirté avec les canons de beauté. Allier avec autant d’audace un physique originalement ingrat et un sens esthétique digne de Paul McCarthy relève presque du génie. Si l’habit ne fait pas le moine, il évite au moins de se retrouver seul à l’Église. Fashion : De nos jours, le style c’est de ne pas en avoir.

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Travail, famille, pas trop. Préservez-vous car le futur ne vous tient pas en odeur de sainteté. Amitié : Louez un ami https://rentafriend.com

Savoir nager ne vous sera d’aucune utilité au milieu des flammes de l’enfer. Sortez la tête de la cuvette et bougez-vous. Le GIEC nous met la misère et vous vous barbotez encore dans votre pédiluve ? Amour : Méfiez-vous des enfants pourris gâtés qui vous jettent au fond de la cuvette après 2 mois d’amourette.



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