Sparse 37 (Mar. 2022)

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sparse magazine mieux

Lancer de haches, maison hantée et Laurent Garnier 80 pages d’apocalypse et autres trucs cools

sparse | numéro 37 | trimestriel

mars. avril. mai 2022 • www.sparse.fr

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Imprimé à 10 millions d’exemplaires À lire aux cabinets


édito. Guerre, guerre, guerre, guerre, guerre, guerre, guerre, guerre, guerre, covid, guerre, guerre, confinement, guerre, guerre, guerre, covid, prix de l’essence, guerre, guerre, fafs violents, guerre, guerre, places pour garer la bagnole, guerre, guerre, guerre, guerre, rapport du GIEC dont tout le monde se fout... Va voter. Les décisions des élus, elles t’impactent directement. Dans ta vie perso, ta vie pro. Tous les jours. Va voter, c’est cool. (Je pense que le « c’est cool », c’est un argument imparable). Par Chablis Winston Photo : Bastien Francoulon



sommaire ours Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr media.sparse.fr - boutique.sparse.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Alexandre Claass RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier CONTRIBUTEURS Myriam Bouayed, Sophie Brignoli, Zoé Charrier, Nickdass Croasky, Yannick Grossetête, Clara Jodon, Le Kiosque, Frank le Tank, Manu Maquereau, Maïa Mignotte, Ophélie Morel, Martial Ratel, Édouard Roussel, Augustin Traquenard, Louise Vayssié, James Granville forever. DIRECTION ARTISTIQUE Cédric De Montceau PHOTOGRAPHIES Julien Lasota, Mathilde Leconte, Louise Vayssié, Édouard Roussel, Thaï-Binh PhanVan, Bastien Francoulon. ILLUSTRATIONS Mathilde Leconte, Michaël Sallit, Yannick Grossetête, Mr. Choubi, Ornella Salvi. COMITÉ DE RELECTURE Jean-Christophe Auroy, Martin Caye, Aline Chalumeau, Camille Franck, Marion Godey, Coline Hejazi, Thomas Lamy, Lise Le Joncour, Marie-Juliane Marques, Elena Pearl, Aurore Schaferlee. COUVERTURE Bastien Francoulon IMPRIMEUR Estimprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2022 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : juin 2022 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

3. ÉDITO 6. BD

- LA BAGNOLE CULTE 10. GUESTLIST 8. CINÉ

PARANORMAL DIABLO

14. EL

RENCONTRE GARNIER ET SON POTE

20. LOLO

IMMERSION DE RAISON

28. L’HACHE

INTERVIEW 34. BOURG-MOI

LE MOU

SOCIO FÊTE À LA MAISON

40. LA

TURFU 46. K2000

HISTOIRE 50. BELFORT

ET LES ALLEMANDS

BOULEVARD DES HITS BETTER STRONGER

54. BIGGER

DIAPORAMA 56. LA PISCAILLE 62. DESTIN

D’ENTREPRENEUR

64. ROMAN-PHOTO 68. LA

PAGE MODE DESSOUS DES CARTES 72. CHIENS ÉCRASÉS 74. COURRIER DES LECTEURS 76. HOROSCOPE 78. LA BOUTIQUE 70. LE


DU 17 AVRIL AU 15 OCTOBRE 2022

PRINTEMPS • ÉTÉ • AUTOMNE

HELENA HAUFF, JENNIFER CARDINI, DERRICK CARTER, SKATEBÅRD, D’JULZ, U.R.TRAX, TSVI, DJ STEAW, MANGABEY LIVE, PALAVAS, BELARIA, TATYANA JANE, DYLAN DYLAN, MIIMO, WAXIST, PAÏKAN LIVE, BANDE DE FILLES, HAD, FABZEU, KONIK, P’TIT LUC, LUCIANO & MORE

DIJON MÉTROPOLE LESIRKFESTIVAL.COM FESTIVAL BFC DES MUSIQUES ÉLECTRONIQUES


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Par Chablis Winston

Rappelle-toi tes « fiches profil » pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. ATTENTION MAXI SPOILER !

LA FICHE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ (n°7) Réalisateur : Robert Wise Genre : Comédie musicale et fausses bastons. Année : 1961 (On parle ici de l’original, hein ? Pas du remake de Spielberg !) Durée : 2h36

Le Pitch Bah c’est Roméo et Juliette mais à New York dans les années 50. Les tourtereaux voudraient bien s’aimer mais leurs familles et leurs potes ne veulent pas. Le poids des préjugés. Sauf que… Spoiler !!! Juliette ne se suicide pas à la fin mais réconcilie les gangs. Happy end à l’américaine. « Euh Dédé, tu vas me changer la fin parce que c’est pas bankable du tout son truc à Shakespeare, là ». Ça se passe dans le west side de Manhattan. C’est dans le titre.

À l’époque c’est un quartier pauvre, maintenant c’est un ghetto de riches. Dès le début, tu comprends qu’il y’a deux gangs : les Jets, le gang de blancs et les Sharks, les portoricains. Les blancs n’aiment pas trop les portoricains parce que ce sont des immigrés, alors que tous ces blancs débarquent aussi d’un bateau. Des polonais, des irlandais, des ritals... Bref, tout le monde est immigré mais visiblement déjà à cette époque-là, c’est le dernier arrivé que tout le monde déteste.

Le Casting Robert Wise. Grosse machine de l’époque, qui a fait Le jour ou la terre s’arrêta, un blockbuster de science fiction des années 50 et qui fera ensuite des trucs genre La cannonière du Yang Tse avec Steve Mc Queen en 1966, ou encore Star Trek, le film en 1979. Le chorégraphe : Jerome Robbins, chorégraphe superstar de New York. Pour les acteurs, on retrouve Nathalie Wood dans le rôle de Maria. Elle a déjà joué dans La fureur de vivre avec James Dean, La prisonnière du désert de John Ford avec John Wayne, autant dire une superstar aussi. Richard Bremmer joue le rôle de Tony, l’amoureux de Maria. Il n’a pas fait grand chose d’autre à part jouer dans Le jour le plus long, mais comme y’a 95 comédiens ultra connus dans Le jour 8

le plus long, personne ne s’en rappelle. On a aussi Georges Charakis dans le rôle du chef de gang portoricain, il a joué dans beaucoup de comédies musicales comme il est aussi chanteur et danseur. En France, il apparaît dans Paris brûle-t-il ? et Les demoiselles de Rochefort, quand même... Autrement, y’a une pléiade de danseurs dans le film, et comme tous les danseurs et circassiens, ils ne savent pas jouer… ils jouent très mal et c’est normal, c’est pas leur métier. Le personnage principal du film, c’est la musique. Composée par le grand Leonard Bernstein, chef d’orchestre, compositeur, directeur de l’orchestre philharmonique de New York entre 1959 et 1969. Elle est magnifique. West Side Story, tu peux écouter le disque sans regarder le film.


L’Ambiance Le gang des Sharks aurait pu être un gang de blacks, mais portoricain c’est plus simple pour trouver des acteurs parce que des comédiens noirs, les producteurs n’en trouvent pas, ou n’en cherchent pas, ou ne connaissent tout simplement pas de noirs... Alors va pour les portoricains, tu peux prendre des blancs que tu bronzes un peu à coup de maquillage. Et ouais ! Les portoricains sont presque tous joués par des blancs, à qui on a mis un peu de sale sur la gueule, histoire de faire style. Je le salis un peu, il fait pauvre latino. Ça se faisait dans le temps, une sorte de black face latino. Dans le remake de Spielberg de 2021, ils ont eu le mérite de prendre des vrais latinos. Le chef des Sharks, c’est Geoges Charakis, qui, comme son nom l’indique, n’a rien à voir en vrai, de près ou de loin, avec la communauté hispanique… Sa sœur Maria, c’est Nathalie Wood. Pareil. Mais c’est pas grave, tu me rouleras les r et les j de temps en temps en parlant et le tour est joué. On le retrouve très bien dans la VF, le mauvais accent espagnol. Alors Tony, l’ancien chef des Jets, tombe amoureux de Maria, la soeur du chef des Sharks… Ils se rencontrent dans une réssoi, ils se matent trois minutes, discutent deux minutes, et hop emballé c’est pesé. Plus rapide qu’une date Tinder. Les Sharks et les Jets, on appelle ça des gangs... Moi j’ai été élevé avec des films comme Menace To Society ou Les Affranchis, là c’est pas pareil. Ils passent bien leur temps

à jouer avec des schlass, on dirait une démonstration pour Ginzou2000, le couteau de cuisine japonais. Mais en fait leur truc à eux, c’est de traîner en dansant, c’est tout. Pas un vol, pas un braquage… C’est cool de vivre dans un quartier avec des gangs comme ça. C’est Un, dos, tres le truc, c’est Fame. Les gangs terrorisent le quartier à coup de... Chorégraphies... On nous parle des bas fonds de New York, du ghetto, avec le truc le moins ghetto de l’histoire : musique classique et danse contemporaine… Comme si Patrick Dupont, le danseur étoile, devait jouer le rôle d’un camionneur violent. Je ne connais pas super bien le New York des années 50 mais niveau crédibilité ça semble très moyen. Les scènes de baston ? Les gars font des roues et des ATR, ou des petits cloche-pieds. Non mais t’es pas censé me parler d’une civilisation de violence, là ? Pendant les bastons, ils ont le syndrome Mc Gyver. Mc Gyver, il mettait une droite il évanouissait le méchant direct, en un coup. West Side Story, c’est pareil. Les gars font des entrechats et des petits sauts, mettent une gifle à l’adversaire, le gars s’effondre d’un seul coup. Street cred’. Je ne demandais pas un documentaire, mais un petit effort... West Side Story, c’est extrêmement beau, la musique, les costumes et la mise en scène, mais c’est aussi crédible qu’un épisode de Navarro.

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guestlist

Par Maïa Mignotte et Zoé Charrier

Vicky Graillot Haltérophile (21)

L’haltérophilie est un sport qui pèse et la dijonnaise Vicky Graillot est une experte dans ce game. Chez les Graillot, c’est une histoire de famille, la cadette est déjà 2 fois médaillée de bronze aux championnats d’Europe à seulement 20 ans. Vicky n’est pas là pour enfiler des perles, mais pour soulever de la fonte. Son objectif, c’est les JO 2024 et ça va envoyer du lourd (sans mauvais jeu de mots).

Tu t’entraînes avec ta mif’ ou solo ? Je m’entraîne dans un groupe d’athlètes de haut niveau à l’année dans lequel il y a mon petit frère Jessy. Sinon j’ai l’occasion de m’entraîner quelques fois avec mes autres frères et mon père me coache en compétition. Qu’est-ce qui t’a donné envie de commencer l’haltérophilie ? C’est pas commun comme loisir quand même ? De base c’est un sport familial puisque mon père était haltérophile de haut niveau, c’est à lui qu’il faut demander pourquoi. Moi je n’ai fait que suivre le mouvement :’) À 13-14 ans je rêvais d’une carrière de handballeuse de haut niveau, j’étais déjà à un bon niveau national et pour progresser j’ai fait de l’haltéro’ avec mon père pour la préparation physique du handball… et ça a commencé comme ça. Les gens ne s’emballent pas un peu trop pour le crossfit franchement ? Moi perso le crossfit j’adore, comme dans tous les domaines il y a les starter packs et les gens qui savent mettre en valeur leur activité. Ça a redonné de l’engouement autour de l’haltérophilie. Le seul point noir pour moi c’est le fait que tout le monde ne puisse pas s’offrir un abonnement vu le coût de la pratique. On peut vivre de l’haltérophilie ? Ça paye bien ? Pas vraiment, ce n’est pas un sport professionnel, ce qui amène à devoir se démener pour trouver des sponsors pour avoir un minimum de revenus, et encore, ce n’est pas fixe.

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Pour savoir qui va avoir la dernière frite, est-ce que toi et ton frère vous vous faites un défi genre qui soulève le plus ? Bah en fait Jessy il ne demande pas qui veut la dernière frite, il la prend. Est-ce que ça t’aide dans la vie de tous les jours d’être aussi balèze ? J’aime bien cette question. En vrai c’est quand même pratique de se dire qu’on peut porter ses courses, bouger ses meubles ou plein d’autres trucs sans demander à tout le monde de venir aider. Ça m’aide dans mes relations, les gens qui ne me connaissent pas ont tout de suite ce réflexe de se dire qu’il ne faut pas m’embêter :’) C’est avantageux dans plein de trucs d’être solide, la liste est longue ! T’écoutes quoi comme musique pour te booster à l’entraînement ? Des trucs rythmés. (j’avoue j’ai écouté pas mal de fois La Kiffance aussi pendant ma prépa Europe en juin/juillet/août...). Chez Sparse on organise aussi des concours de bras de fer (véridique). Tu viens la prochaine fois ? J’aime pas du tout ce genre de défi, les bras de fer c’est un peu pour les brutes qui ont des choses à se prouver. Mais je viendrai avec plaisir.



guestlist

Par Maïa Mignotte et Zoé Charrier

Chloé Aliénor Artiste multi-cartes (39)

Chloë Aliénor (aka Chloé Lebert) est la David Hockney du Jura, entre autres. Artiste multi-cartes, elle pigmente la région BFC qu’elle connaît bien, puisqu’elle y a vécu un peu partout. Après avoir bossé pour la fameuse Amuserie, cette Lédonienne (habitante de Lons-le-Saunier) est en parallèle de ses activités de peintre, photographe, poétesse, graphiste et dessinatrice... aussi communicante de l’excellent Darius Club.

Tu dessines et tu écris en même temps sur tes œuvres... Tu peux pas choisir ? Hmmm oui. Non. C’est vrai que je pars dans toutes les directions. Je fais aussi des portraits photographiques de rue que je mélange avec de l’écriture aussi. En ce moment, si tu as remarqué, je peins sans rien écrire dessus. Mais j’avoue, je ne pourrais pas me fixer à une seule pratique artistique. C’est ma bouffée d’air. Marre d’être dans une case, tu vois ? Ces derniers temps tu mets bien plus de couleurs, t’as changé ? Je crois que la couleur me faisait peur. Je suis autodidacte donc ma technique je l’apprends d’une autre manière que « l’école » ou des cours. Je potasse des artistes. Et ce sont eux qui me donnent des déclics sur des possibles ! C’est assez génial car ce sont comme des univers qui s’ouvrent et que l’on peut explorer. En ce moment j’explore, au-delà de la couleur, les sujets. Quand je regarde autour de moi, je me dis « tiens, çà je trouve ça beau et j’ai envie de faire honneur à cette beauté ». Et la beauté peut se trouver dans l’ordinaire, le quotidien. J’ai envie de sublimer mon quotidien. On a tous besoin de magie je pense. Vu ce qu’il se passe.... le monde est fou... je deale avec ma folie en fait ha ha ha ! Aliénor c’est ton double maléfique ? C’est mon alter ego. En réalité c’est mon deuxième prénom (que je n’utilise jamais comme tout le monde). J’avais envie de me le réapproprier, de lui faire une place. Et Aliénor, c’est moi. L’autre Chloë... 12

Je débarque à Lons je connais pas. Je vais où ? Tu ne vas pas à Lons. Nan je plaisante. Lons-le-Saunier c’est une petite ville sympa mais j’ai envie que tu vois autre chose. Je t’emmène à 5 min, à Briod, au cimetière de Saint-Étienne-deColdre. Un endroit magique avec des pierres tombales du 19ème et des arbres qui ont repris toute leur place. Il y a aussi des têtes de mort sculptées sur les tombeaux. C’est un endroit très beau. Toi qui a connu à peu près tous les coins de BFC, le mieux c’est où ? Qu’on règle cette histoire. J’adore le Jura, le bas et le haut, et le milieu. Tout le Jura. Voilà. Maintenant ne le dis pas trop parce que c’est secret. T’es plutôt aérobic ou Pilates ? Canapé. Tu traînes au casino de Lons ? C’est quoi ton truc ? La roulette ou la machine à sous ? Le bar. Je ne joue pas. Je préfère prendre un Gin Tonic. Au moins je sais où va ma thune.


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35E

PASS 3 JOURS

20//JOUR

MC SOLAAR NEW BIG BAND PROJECT ET L’ORCHESTRE V. HUGO FRANCHE-COMTÉ

KT GORIQUE

DIR. MUSICALE : ISSAM KRIMI

TONE STOMPERS BALTHAZAR BLUE

KALIKA BALAPHONIK TAXI SOUND SYTEM KEBAB

JAMES BKS

DELUXE

BLACK VOICES PIERRE HUGUES JOSE COMBO

TWO TONE CLUB

MAHOM

BARCELLA KIDS ORCHESTRA PRIMATE

JUIN 2022

AUDINCOURT (25) BAGARRE (CLUB) KOMODOR

VOILAAA SOUND SYSTEM

EMIR KUSTURICA RAKOON

& THE NO SMOKING ORCHESTRA

TÊTES RAIDES GEORGIO ZOUFRIS BOOM TCHAK TOUR MARACAS YOUNES

HIP HOP MOMO MAGENTA (YOSHI DI ORIGINAL – FAYA BRAZ & DJ SOAP)

JAHNERATION MYSTICALLY

LICENCES : PLATESV-D-2021-003811 LICENCE 3 • PLATESV-D-2021-004597 LICENCE 2

INTO THE WILD


enquête

LES PORTES

DU DIAB À Dijon et ses alentours, tout le monde connaît les légendes qui entourent la fameuse “Porte du Diable”. Le nom fait frissonner mais sur Google Maps le lieu est référencé comme étant une “attraction touristique”. Cette petite virée en forêt, non loin de Daix, est même notée 3,9 sur 5 étoiles. On est allées se faire flipper un peu entre souterrains, secte et Dame Blanche.

Par Ophélie Morel et Myriam Bouayed Photos : Mathilde Leconte

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Mur porteur.

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N’étant pas contre une petite randonnée entre amies, nous nous sommes armées de nos plus belles lampes torches et de notre courage pour mener l’enquête à la Porte du Diable, située à 20 minutes à l’ouest de Dijon. Le but de la manœuvre : entrer en connexion avec le paranormal dans le plus grand calme ! Pour être sûres de ne rien louper sur place, on a téléchargé deux applications faisant office de spirit box, un boîtier censé nous permettre de communiquer avec des entités, EM Record et Ghost Hunting (choisi à 100 % pour son nom). Il est 22h30, un léger vent frais souffle dans la forêt, il fait nuit et malheureusement aucun éclairage urbain ne nous aide à y voir plus clair. Rappelons que la lune guide à la fois les morts et les vivants (c’est rassurant). La veille de notre arrivée, il a plu, la terre est humide, ou plutôt gorgée d’eau, et l’état de nos croquenots en témoigne aujourd’hui. Lampe torche tournée vers la Porte du Diable, inutile de vous dire que nous n’avons pas du tout envie d’amener notre faisceau lumineux dans une autre direction (oui, vous le savez, dans les films d’horreur quand on éclaire un endroit en pleine nuit, à coup sûr on peut voir apparaître un visage effrayant ou de gros yeux rouges). La chasse aux fantômes peut enfin commencer. LE DÉCOR EST PLANTÉ ! La Porte du Diable est un vivier d’histoires frissonnantes. En effet, l’objet en lui-même est déjà insolite : une grande façade faite de pierres blanches de Bourgogne, ornée de moulures et dans laquelle se dessinent deux chambranles sans porte. Même le lieu est idéal ! Isolé, en lisière de forêt, le long d’une route de campagne, avec un petit château qui surplombe le tout, et pour seule lumière… celle de la pleine lune. Selon le théorème de la première dizaine de minutes de tout bon film d’horreur, tout est réuni pour : tomber en panne (sans réseau), se rendre compte au bout de X minutes que - insérer le nom d’un.e ami.e - a disparu, faire deux groupes de deux et commencer à fureter dans la forêt. En tout cas, le décor est planté !

Plan Tinder en approche. 16

Au détour d’une conversation entre amis, il n’est pas rare d’entendre quelqu’un parler d’une aventure à la Porte du Diable. Des bruits étranges, des cris, ou bien juste une sensation d’inconfort, l’endroit n’a pas l’air accueillant. Et cela, que l’on croit ou non en toutes les légendes obscures qu’on peut notamment lire sur le vaste internet. C’est d’ailleurs ce qu’on a ressenti en étant sur les lieux : apparitions paranormales ou pas, l’endroit n’est franchement pas le spot idéal pour siroter un Mojito ou un London Mule. Les on-dit racontent qu’il est possible d’y croiser la Dame Blanche, un chien noir enflammé et même le Diable en personne. Ça donne envie. Plus fort encore que Casper, il paraît que le moteur des voitures s’arrête lorsque l’on passe devant cette porte maléfique (CF le début d’un film d’horreur). De notre côté, la nuit est déjà bien avancée quand on arrive devant cette porte et pour tout vous dire, la voiture ne s’est pas arrêtée : couper le contact semble être le plus efficace pour stopper le moteur. Mais c’est quand même flippant ! Un silence plombe quelque peu le mood euphorique dans lequel on se trouvait juste avant d’arriver. On continue quand même à rire un peu et à faire semblant d’être sereines. « Fake it until you make it ». Le vent qui s’engouffre dans les arbres de la forêt d’en face fait craquer les troncs des feuillus : « on n’aime pas trop beaucoup ça ». « PAS DE DÉMON À L’HORIZON » Il paraît que durant les années 80 - avènement de la Nintendo Nes et sortie de Thriller, l’album le plus vendu de tous les temps - c’était la folie dans le coin. Les habitations des environs auraient même subi des dégradations. Jean-Yves Legate, moniteur d’équitation à l’écurie Legate, située à 200 m du lieu hanté à vol d’oiseau, raconte que « les gens venaient surtout pour


Chambre avec vue.

se faire peur ». D’après le cavalier, cela semble plus calme depuis quelques années et Nkdk, utilisateur de Google Maps, confirme qu’il n’y a « pas de démon à l’horizon ! ». Pourtant, cet internaute note son expérience cinq étoiles : un gage de qualité. On lui ferait presque confiance s’il s’agissait d’un bistrot. En revanche, sur des forums en ligne obscurs, il est possible de se délecter de quelques expériences qui pourraient émoustiller les adeptes d’aventures mystiques. Sur minuit.forum-actif.net, on peut lire le slogan suivant : « Ici, le paranormal n’a jamais été aussi normal ». Nous en voulons pour preuve le témoignage de Souléou, retraité. En 2012, il affirme que lors d’une virée entre amis, sa voiture s’est mise à « avoir des secousses » avant de s’arrêter brusquement devant les portes. « Quand soudain, une légère brume apparut et un léger froid se fit sentir ». Il ajoute : « quand tout à coup une apparition de chien se fit à quelques mètres de nous ». S’en suivra, non pas la disparition de la brume mais une deuxième apparition ! Celle « d’une femme en blanc ». À peine eut-il le temps de jeter un œil à ses amis, que « l’apparition avait disparu !!! ». Une fois ces événements - d’une soudaineté

visiblement rare - passés, la voiture se remit en marche et tout le petit groupe put rentrer sain et sauf. 22h40 : Nos yeux se portent tout en haut de la porte. On peut y voir un petit diable (d’où son nom), mais selon l’histoire il s’agit d’un bonnet phrygien, abîmé par l’usure du temps et certainement quelques vandales. La porte a vraisemblablement été construite au XIXe siècle avec des pierres de l’Hôtel Bernardon à Dijon. Elle aurait été commanditée par Monsieur Hias Bonnet né à Dijon en 1804, ancien propriétaire de la ferme de Champmoron située en amont de ladite porte. D’ailleurs, il semblerait que sieur Bonnet ait été enterré en aval de sa propriété à quelques mètres de la porte : son tombeau est encore visible. On y aurait aperçu des feux follets (un phénomène souvent observé dans les cimetières ou les marécages) ce qui a peut-être ajouté à la mystification du lieu. Si on suit le chemin qui succède à la porte, on arrive devant l’entrée d’un petit passage exigu, qui mène directement dans les caves de la ferme. Aujourd’hui ce souterrain a été comblé.

on a telecharge deux applications faisant office de spirit box, un boitier cense permettre de communiquer avec des entites

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22h45 : On essaye de choper des fantômes avec l’application qui a un nom pas drôle, mais il ne se passe rien alors on passe sur Ghost Hunting, pour aller à la chasse aux entités de manière badass : mais toujours rien. Notez quand même que nous allons de déception en déception. En réalité, il y a bien quelques bips mais vu qu’on n’y connait rien, on ne sait pas trop ce que ça veut dire. L’application n’est pas difficile à utiliser (on se justifie parce qu’on voit venir) : le téléphone filme en continu et s’il détecte une variation de son ou de chaleur, c’est qu’il faut se tailler vite fait. 22h46 : L’une de nous est maudite. En chassant du ghost, elle est passée par la porte qu’elle avait déjà empruntée juste avant. Et ça, selon la légende, ce n’est pas bon du tout !

On eclaire timidement l entree avec une petite lampe torche. Ouais, on augmente d un cran sur l echelle de la flippe.

À l’époque de Gym Tonic et des K-Way colorés, la « Porte du Diable » était aussi un point de deal, une deuxième interrogation nous trotte alors dans la tête. Le chien noir entouré de flammes : hallucination ou réalité ? En lisant le commentaire de Zonedanjer sur jeuxvideo.com - forum de référence sur la toile - on se dit qu’on a enfin trouvé quelque chose de surnaturel : « des collègues de boulot y sont allés et ont vu des personnes habillées comme au Moyen Âge, ils ont même pensé que la porte pouvait les faire voyager dans le temps ». Hélas ce n’est que déception en continuant la lecture de ce commentaire, il ajoute : « mais ils se sont rendus compte qu’ils avaient trop bu ce soir-là ». Promis, nous étions sobres, nous ! « COMME LE KLU KLUX KLAN »

Le plus probable, est qu’ils aient aperçu les membres de la secte « Amour et Miséricorde » (oui, le nom laisse perplexe). À la tête de cette secte : Eliane Deschamps, 67 ans. Selon France 3 Bourgogne, elle aurait attiré une vingtaine d’adeptes dans ses filets. Elle affirme avoir vu la Vierge Marie tous les 15 du mois à 00h06 précisément aux abords de cette fameuse porte. Nous avons du mal à y croire mais Jean-Yves Legate, lui, est formel : « Il y avait pas mal de monde, entre 10 et 20 personnes avec des draps blancs et des cagoules, comme le Klu Klux Klan ». Le moniteur ne s’est jamais arrêté pour voir ce qu’il se passait de plus près, et en même temps on le comprend. Il affirme qu’il n’a pas revu le petit groupe depuis un bon moment. Et pour cause ! Eliane Deschamps a été condamnée en novembre dernier à deux ans de prison avec sursis pour « abus de faiblesse dans le cadre de dérives sectaires » et à verser « 62 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice subi pour sept des plaignants ». À noter que sa propre fille a été partie civile durant ce procès, elle aussi victime de l’emprise de la gourelle durant de nombreuses années. UNE PETITE VIRÉE ENTRE AMIES 22h50 : On redescend vers le bord de la route pour rejoindre l’endroit où se trouve le tombeau de Monsieur Hias Bonnet. En réalité on ne voit pas grand-chose : quelques pierres entassées les unes sur les autres, et un butternut en décomposition. On ne sait pas si c’est vraiment un signe. Nous trouvons aussi une sandale blanche par terre. Peut-être appartient-elle à la Dame Blanche… ou à Eliane Deschamps ?

Rares images d’une coloscopie du Diable. 18


22h51 : Update dans la série Qui est maudite ce soir ? Deux sur trois en même pas 30 minutes, ça c’est pro. RAS du côté du tombeau. On décide alors de se rendre un peu plus haut dans la forêt pour visiter un souterrain : il paraît que celui-ci mène directement dans les caves du château. 23h00 : On est devant la grotte (enfin c’est juste un souterrain) et bim dans le mille, on entend des chiens aboyer. Je vous laisse imaginer ce à quoi on pense à ce moment-là. On tergiverse. On éclaire timidement l’entrée avec une petite lampe torche. Ouais, on augmente d’un cran sur l’échelle de la flippe. On entre, on entend des petits bruits. Il y a quelques insectes, on croit voir une seringue et une couverture, les chiens jappent encore. On ressort en vitesse et on prend un point de flippe en bonus. On reprend nos esprits et on essaie de s’encourager avec des « Allez, on y va ! », « De toutes façons les fantômes ils ne peuvent rien nous faire ! ». On retente notre chance. Pour la régalade, voici un petit passage de notre conversation à ce moment précis : - Trouillouse : « ça glisse la vache ! » - Flipette : « t’inquiète je te tiens, je te tiens » - Trouillouse : « tu mens » - Flipette : « je te tiens toujours » - Trouillouse : « TU MENS » - Pétocharde : « oui, elle ment » - Trouillouse : « me laissez pas y aller seule ! » Finalement, nous irons jusqu’au fond du passage qui a été comblé. Pas de ghost à l’horizon. Juste des gouttes de condensation qui font « clic clic » sur le sol et quelques araignées qui font un petit peu peur quand même. Pas glorieux en effet, et ce n’est pas demain la veille qu’on partira faire de l’urbex. On a level up dans le jeu « j’ai la trouille » mais on ne lâche pas notre objectif : détecter une apparition avec notre super application. « Wouaf ! Wouaf ! » : Tiens donc ! Alors que les aboiements étaient de plus en plus proches, on aperçoit la truffe de deux Beagles - on ne fait pas partie de la Société Centrale Canine mais on pense reconnaître la race - à travers les ornements du rempart tout en haut. « Quelqu’un approche » chuchote l’une d’entre nous. Sans doute la propriétaire des deux cabots. Et là on entend quelque chose dégringoler à quelques mètres, au-dessus de nous. On se barre en vitesse, mais pas trop quand même, on ne veut pas se faire remarquer. On fait bien attention à partir par le bon côté de la porte cette fois, et on retourne à la voiture, on trace... Bilan de l’histoire, le lieu est flippant mais pas d’apparition de

phénomènes étranges. Même l’application, qui semblait être une réelle garantie, n’a rien détecté de fantomatique. Quelques bips, quelques variations d’images mais pas de quoi hanter notre esprit durant des mois : en bref, rien de bien concret. En fait, c’est seulement une forêt pas très accueillante, de nuit. Si tu ajoutes les legendes urbaines... C’est quand même efficace pour te faire peur. 19


L’homme qui murmurait à l’oreille des rideaux.


rencontre

LA VIE DE LOLO Laurent Garnier est revenu à Dijon présenter son film, Off the record, avec le réalisateur Gabin Rivoire. Une histoire de la musique électronique au travers de la vie de Laurent Garnier, et les témoignages de la crème de l’électro mondiale de Jeff Mills à Peggy Gou, en passant par Richie Hawtin ou Carl Cox... La légende des musiques électroniques revient sur 35 ans de carrière et de techno. Des murs de son, de la transmission, des prises de position, des belles productions, son histoire avec Dijon, Ardisson... On a pris le petit déj’ avec Laurent et son pote Gabin. Par Chablis Winston et Martial Ratel Photos : Julien Lasota Interview en collaboration avec Radio Dijon Campus

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L’idée de ce film, c’est toi Gabin qui la propose à Laurent ou l’inverse ? Laurent : Ni l’un ni l’autre (rires). Gabin : C’est un subtil mélange des deux. On s’est rencontrés au festival Yeah (le festival organisé par Laurent Garnier à Lourmarin, ndlr) en 2013. J’ai commencé à faire les vidéos du festival qui faisaient marrer Laurent. Moi je n’y connais absolument rien à la techno. Laurent Garnier, je vois vaguement qui c’est mais c’est très flou pour moi qui écoute Pink Floyd et Bob Dylan. Et la culture de cette musique m’est complètement passée à côté. En le rencontrant et en découvrant sa collection de disques, en lisant son bouquin, Electrochoc, en me rendant compte qu’il est fan de Radiohead comme moi, que Melody Nelson est un album fondateur comme pour moi : on se dit qu’on a pas mal de choses en commun. Surtout, je me rends compte que j’ai complètement loupé 40 ans de musique en m’étant arrêté à Ziggy Stardust. Je me dis que c’est quand même hyper intéressant cette histoire de la techno. Il en parle super bien et son livre m’a ouvert les yeux sur Giorgio Moroder, Kraftwerk, toute cette époque. L’idée me taraude. Et puis un jour c’est Laurent qui est revenu vers moi en me disant « J’ai pas mal de propositions de producteurs pour faire des docus sur « Moi-ma vie-mon œuvre », ma victoire de la musique et tout... Mais ça m’intéresse pas de le faire comme ça. Ça pourrait être intéressant de faire un docu. Et si il y a un film j’aimerais bien que ce soit toi

qui le fasses ». Assez vite il m’a dit : « Est-ce que tu veux venir au Japon avec moi en tournée ? ». J’ai dit oui tout de suite. Ça s’est fait spontanément, sur la route, sans scénario, au début sans producteur. Le film s’est construit de lui-même, vous avanciez et le film avançait aussi ? L : Exactement. Gabin a commencé à me suivre en tournée. Il a rencontré plein de monde. J’aimais beaucoup le fait que Gabin ne connaisse rien à cette musique-là, je trouvais que c’était un vrai atout. Et puis voilà après il est venu au Japon, il est venu aux États-Unis... Dans le film, il y a 3 ans d’images quand même. L : Oui, 3 ans d’images. On démarre comme ça et très rapidement on se dit : « Ok on fait un documentaire mais y’a pas de synopsis ». En lisant le livre, il me dit : « Je comprends que Détroit c’est important, Chicago c’est important, New York c’est important, ça c’est important etc... » Du coup, je lui dis : « Ok, tu veux parler à un mec de Détroit tiens, voilà le numéro de Jeff (Mills) voilà le numéro de Derrick (May) » et il se retrouve à faire des interviews mais sans synopsis. En fait ça s’est fait vraiment naturellement. C’est devenu une évidence à un moment


avec tout ce qu’il avait filmé. Je pense que si on était partis sur une idée précise, c’était peut-être pas la bonne façon de faire. Gabin, quelle était la bonne distance pour filmer Laurent ? Comment on appréhende cette « légende » de la musique ? Comment tu te situes par rapport à ça ? G : Je pense que le fait de ne pas du tout être fan de cette musique, ça a été très malin de la part de Laurent. Pour moi, c’était un mec très sympa avec qui je travaillais. Je savais que c’était un DJ très connu mais le personnage tutélaire qu’il représente dans le monde de cette culture, c’était un peu abstrait pour moi. Il y avait un truc très simple en fait par rapport à Laurent : « Je te suis dans ton métier, raconte-moi ton métier, raconte-moi ta culture, raconte-moi ton histoire ». Laurent, tu es dans la production du film ? L : Non pas du tout. Pour le final cut, tu as donné ton avis ?

Antoine Gazaniol, le monteur qui a fait un travail incroyable. Est-ce qu’on peut comparer le montage ciné à un mix de Laurent, associer des sensations différentes pour amener le public où tu veux ? G : J’ai eu cette discussion une fois avec le public après une projection. Je me suis dit qu’il y avait pas mal de similitudes en effet. En le faisant, je ne le pensais pas comme ça mais c’est vrai qu’il y a en tout cas un travail sur la recherche de l’émotion pour le public. L : Je crois que c’est la même chose. Je trouve que quand tu vas voir un film, des fois au bout de 10 minutes, tu sais que tu vas passer un bon moment, tu vois ? Et rarement tu es déçu après ça. Et je pense que t’as ça avec Gabin, c’est ce qui m’a séduit dans ses images. Je trouve qu’il a justement cet œil pour mettre en image, sa sauce à lui, sa façon de mixer les choses, mélanger les images et la musique pour te faire voyager. G : Mais moi j’ai le temps, toi, t’es en live, (rires) moi je peux passer trois mois dans la salle de montage. Je peux retravailler ma séquence tant qu’elle ne marche pas. Toi si tu te plantes en live…

OK ON FAIT UN DOCUMENTAIRE MAIS Y’A PAS DE SYNOPSIS

L : J’ai donné mon avis. Déjà Gabin n’avait jamais fait de long métrage et quand j’ai vu la première version du film… Elle était très longue, faisait plus de 2h. Je pense que Gabin avait le cul entre 2 chaises. Un producteur qui lui disait « il faut y aller, il faut livrer ! » et ce qu’il avait envie de faire, plus moi et ma vision du truc. Je l’ai toujours laissé très libre et c’est vrai que quand il m’envoie ce truc là, je l’ai appelé et je lui ait dit “Gabin ça le fait pas, ça marche pas, ça marche pas du tout”. G : En fait, j’étais la tête dans le guidon et je ne savais plus ce qui était bien, ce qui était mauvais. Je savais que ça ne fonctionnait pas mais que j’avais besoin de le montrer et d’avoir des retours. Laurent était super. Il a eu ce regard extérieur en me disant « là, tu te trompes » et ça te permet d’avoir des discussions constructives avec des gens qui ont un œil bienveillant. Ça m’a libéré sur plein de choses et on a trouvé des solutions sur tous les problèmes narratifs. C’est souvent compliqué de mettre en image la musique, des gens en train de danser, de faire la fête, de capter un peu l’essence du dancefloor. Quelle est ta méthode Gabin ? G : C’est un énorme travail de tournage. Ça se passe énormément sur le public et sur l’énergie. J’ai la chance d’être avec Laurent qui a ce rapport au public. J’ai mis longtemps avant de comprendre ce qu’il se passait : ce qu’est en train de faire le DJ, où en est le public et le moment où ça switche. Ensuite, il faut transcrire ça en images, c’est un travail de chef op’, là où tu te places, comment est la lumière, qu’est ce qu’il va se passer.. . Ensuite pour moi, toute l’écriture narrative, esthétique, elle se fait au montage et là j’y passe des heures et des heures avec

Ce film, c’est une histoire de l’électro à travers la carrière et la vie de Laurent Garnier. Ce qui transpire c’est la dimension politique. Laurent, finalement, très vite dans les années 1990, tu es devenu un porte-parole. Tu es mis en avant dans un milieu où il y a beaucoup d’anonymat, des mecs masqués, des mecs casqués qui ne se montrent pas. Toi tu montrais ta gueule et tu prenais la parole pour tout le monde. Est-ce que c’est les gens qui ont fait de toi un porte-parole ? L : Alors les gens masqués, c’était un choix politique. Ce n’est pas anodin les gens masqués que ce soit Underground Resistance ou Thomas et Guy-Man (de Daft Punk, ndlr), il y avait une vraie philosophie de dire « on ne va pas montrer nos tronches » . Mais toi politiquement, tu as assumé de montrer ta tronche et d’être la tête de gondole du combat politique. L : Oui, alors peut-être à un moment à mes dépends parce que ça m’a peut être cramé quelques plumes, parce que je suis un peu soupe au lait donc j’ai dû dire plein de conneries. C’était quelque chose de très fort, de très vite, de très gros. Rapidement, on est venu me voir pour parler à la télé. Et je l’ai fait parce que j’étais fondamentalement passionné par ce que je faisais. On a traversé des périodes très compliquées limite violentes, incohérentes. Il fallait bien que quelqu’un y aille et je me suis toujours dit qu’ à partir du moment où tu défends quelque chose, il faut essayer d’aller au bout pour le défendre. J’ai fait des trucs chez Ardisson qui m’ont vraiment coûté des points. Je me suis retrouvé dans 23


des émissions de merde, avec des gens qui n’en avaient absolument rien à foutre de ce qu’on venait défendre, qui étaient là pour nous casser... J’ai appris à mes dépends qu’il faut faire attention avec la presse, voilà. Je n’avais pas vocation à devenir porte-parole mais à un moment on m’appelait tout le temps. Et d’ailleurs il y avait une séquence dans le film où Quentin (Dupieux, ndlr) en parlait en disant « Laurent s’est perdu », c’est une séquence qui est malheureusement coupée… J’y allais parce que j’étais vraiment sincère et que je voulais défendre le truc. On se faisait tellement tabasser de tous les côtés... Parce qu’il faut bien remettre le truc dans le contexte, c’était hyper violent la presse, tu peux pas te rendre compte. On était traités de nazis, de sales PD… C’était ouf... On était tous des drogués, gays, nazis, enfin on a tout eu. Il y a eu un titre dans l’Humanité : “La techno a ses rites, ses gouroux et ses croix gammées” (article du mardi 15 Juin 1993, NDLR)... Tu parles de te protéger Laurent et on se demande justement comment as-tu fait pour ne pas t’abîmer dans la came, dans l’alcool, dans la fatigue, dans la nuit depuis toutes ces années ? Comment as-tu pu passer à travers tout ça ? L : J’ai su comment très bien m’entourer. J’ai toujours travaillé avec des gens qui ne me voyaient pas comme étant une star, parce que je ne le suis pas et je ne me suis jamais pris pour tel. On travaille pour la musique et pour le plaisir et ça c’est clair depuis le tout début. J’ai toujours dit à mes équipes proches : le jour où je fais une connerie, vous m’appelez et vous me dites « Laurent t’es complètement con ». Vous ne prenez pas des gants pour le me dire. On ne va que 24

POUR MOI, LA TECHNO A TOUJOURS ÉTÉ LA MUSIQUE DU LENDEMAIN, LA MUSIQUE DU FUTUR. SI JE N’ÉCOUTE PAS CE QUI SE FAIT AUJOURD’HUI ET CE QUI SERA INTÉRESSANT DEMAIN, JE NE VOIS PAS L’INTÉRÊT.


dans des trucs pour se faire kiffer. Après bien sûr on veut tous gagner notre vie, normalement, mais il faut bien garder les pieds sur terre et le jour où je dérape il faut surtout me le dire. Donc y a eu des moments où Christian m’a appelé en me disant « T’as vraiment déconné, t’as merdé, je suis pas content, ça va pas du tout il faut se redresser ». Erik l’a fait, je l’ai fait avec Erik, tu vois on avait ce rapport-là et je suis resté avec une toute petite équipe, qui ne travaillait qu’avec moi en gros et en fait je pense que c’est ça qui a été le truc fort de notre travail. Ouais je travaille avec des gens très humains. Tu t’intéresses encore beaucoup à ce qui sort dans l’electro, à ce qui se fait en ce moment ? L : Ecouter ce qu’il se passe, c’est la base de mon métier. Si tu vis dans le passé, tu deviens un artiste poussiéreux. Si je ne jouais que du Underground Résistance aujourd’hui, ok ça serait cool et je ferais plaisir à une tranche de gens qui ont 40-50 ans mais ce n’est pas ce que j’ai envie de faire, moi j’ai envie de découvrir. Pour moi, la techno a toujours été la musique du lendemain, la musique du futur. Si je n’écoute pas ce qui se fait aujourd’hui et ce qui sera intéressant demain, je ne vois pas l’intérêt. La base de mes mix c’est la nouveauté. J’ai envie de faire découvrir de la musique, je suis un passeur moi. Mon métier, c’est d’être passeur. Je fais danser les gens. Je les fais kiffer. J’essaye de leur faire passer les meilleurs moments, des moments en tout cas forts pour qu’ils puissent s’en rappeler

longtemps. Mais, la base de mon truc, c’est leur faire découvrir des choses. Je ne suis pas un juke-box. Et en plus, tu es « le DJ des DJ » pour reprendre la formule de Jeff Mills dans le film. L : Venant de Jeff ça pèse. G : C’est une séquence, au début où on essaie de présenter un peu qui est Laurent Garnier. C’était un gros enjeu narratif. Dès le début, il fallait que j’arrive à faire comprendre à ma grandmère qui allait regarder le film et aux gens qui suivent Laurent depuis 25 ans qui est Laurent Garnier, ce qu’il représente dans ce monde là, sans pour autant tomber dans le truc où on lui beurre la tartine, enfin pas tomber dans un truc trop à la gloire de Laurent Garnier. Je voulais voter Laurent Garnier à la fin du film (rires). G: Justement, ce n’est pas pour le flatter mais il y a vraiment un truc chez lui assez authentique et assez humble… En même temps, on était en train de faire un film sur sa vie et sa carrière, il fallait trouver ce ton où on comprenait l’importance du personnage sans pour autant tomber dans un truc où on est trop… J’avais fait une première séquence où j’avais mis un peu toutes les punchlines de ces gens, elle est super quand tu regardes le truc, tu te dis « Wouah ! Laurent Garnier, c’est le dieu sur terre ! Il pèse » mais c’était trop en fait. 25


On est obligé de parler de Dijon. Tu as une histoire avec la ville. Il y a toute une génération qui a épuisé sa jeunesse à l’Anfer (club dijonnais mythique fermé en 2002) en allant voir tous ces grands noms qu’il y a dans le film et que tu as fait venir ici. T’as eu une résidence, t’as été présent à Dijon et tu as fais partie du paysage culturel pendant un paquet d’années dans les 90’s. Quel rapport tu entretiens avec Dijon ? Parce que les gens de cette génération là t’adulent. L : Dijon, je suis arrivé ici un peu par hasard en fait. J’ai rencontré Fred Dumélie qui était le boss de l’Anfer. je l’ai rencontré en Italie. À une soiré dingue à Rimini. Il me dit : « J’ai un club à Dijon, j’aimerais bien faire des soirées techno. Est-ce que tu veux bien venir ? ». C’était en 1991 ou début 92, on vient faire cette soirée à Dijon, il y a 800 personnes à 22h. À minuit et demi, il en reste 70 ! On vide la boîte. Donc on se dit « Ok Dijon c’est pas pour nous ». On prend une énorme murge, à 4h du mat’ on arrête la soirée, Fred arrive et je lui dis : « Bon bah c’est mort, c’est fini ». Il me dit : « Ah, non, non, on recommence le mois prochain ». Je lui dis : « Mais toi t’es un ouf ! ». Il me dit : « Moi, je veux ça ici. On recommence le mois prochain ». « Ok, écoute, je vais quasiment tous les mois à Lausanne le samedi, je fais le Rex le jeudi soir à Paris, le train s’arrête à Dijon. C’est simple, je viens pendant quelques mois, on fait les vendredis et on voit ce qu’il se passe. J’ai ma résidence à Paris, on fait la même ici, on fait les même flyers, on emmène le concept dès que j’ai un invité. » C’était les soirées Wake Up ? L : Il y a d’abord eu New Age - je ne savais même plus que j’avais fais les New Age mais comme je suis entrain de faire mon site internet, je revois tous mes vieux flyers, après y a eu les Wake Up. Toujours est-il que pendant 4-5 ans, je viens une fois par mois, le vendredi à Dijon. La scène dijonnaise a grandi grâce à Fred qui a persévéré. C’est vrai que les premières soirées on venait me demander du rock. « Tu peux pas jouer les Beatles ? ». La cabine était vraiment accessible. tu avais un espèce de petit box, tu montais et tu pouvais parler au DJ. Mais on a continué, on a assumé et ça a cartonné. Parce que ça explosait à Paris aussi, les gens lisaient un peu la presse et voyaient ce qu’il se passait. Ils se disaient « il se passe un truc à Dijon ». Mais c’est Fred qui a un moment n’a pas été un patron de boîte normal qui t’aurait dit à la première soirée : « On n’a pas gagné de fric tu te casses ». Ce que 95% des patrons de boîte feraient. Mais ce n’est pas plus Dijon qu’autre chose. Moi Dijon, j’arrivais en voiture, je me perdais dans toute la ville, je ne m’y retrouvais jamais, j’allais à l’Anfer et je rentrais à Paris où j’allais le lendemain à Lausanne et j’ai fais ça pendant des années... Mais à Dijon, il y a aussi des gens comme Vitalic et d’autres qui ont aidé à ce que la scène grandisse et explose bien sûr. Pour toi Laurent, c’est 1999 l’année où la musique électronique a une reconnaissance. Dans le film, tu parles du Flat Beat de Mr Oizo. C’est ça le point de bascule où la techno devient populaire ? Maintenant l’électro c’est de la variété, sans être péjoratif, c’est ça qui remplit les festivals, avec le hip hop, qui remplit les Zéniths. L : C’est de la vraie musique populaire sans que le quidam moyen ne connaisse cette musique pourtant. Par exemple, les gens connaissent mon nom mais beaucoup ne connaissent 26

absolument pas ce que je fais ou ne connaissent pas la musique que je joue. Il y a 2 niveaux. Il y avait un avant Flat Beat. Il y a eu certains morceaux très undergrounds comme le French Kiss de Lil Louis qui était rentré dans le top 50 à la fin des années 80. D’ailleurs à un moment, il y avait 3 morceaux qui se ressemblaient : le French Kiss de Lil Louis, un autre qui était une sorte de version gay de French Kiss avec un mec qui hurlait dans le film et une version complètement beauf. Qui est-ce qui avait fait cette version de merde qui s’appelait Beau le lavabo ?...

LES GENS CONNAISSENT MON NOM MAIS BEAUCOUP NE CONNAISSENT ABSOLUMENT PAS CE QUE JE FAIS OU NE CONNAISSENT PAS LA MUSIQUE QUE JE JOUE. ...Vincent Lagaf ! L : C’est ça ! Mais l’instru c’était French Kiss et les 3 étaient dans le top 50 au même moment ! Mais Lil Louis dans le top 50 ça n’a pas rendu la techno plus populaire. C’est vrai que quand arrivent Mr Oizo-Quentin Dupieux et sa marionnette, les Daft Punk, tout le truc autour de la French Touch..., t’as des gens qui commencent à séduire le public américain. Ils vont faire d’énormes concerts aux États-Unis et commencent à vendre vraiment beaucoup de disques. Quentin, il fait Disque d’or en France, Disque d’or en Belgique... Disque d’or partout. Le mec vend 3 ou 4 millions de single. On ne te regarde plus du tout de la même façon. Et c’est vrai qu’entre 1998 et 2000, plein de nouveaux managers arrivent, des mecs qui sont dans le business depuis longtemps et qui changent la donne. Ça devient très basé sur l’argent, sur le star système, beaucoup de choses bougent à cette période et donc ça aide à faire exploser cette musique là. Mais c’est vrai que Quentin, entre autres, a été un vrai détonateur, il a donné une vraie impulsion pour que ça devienne plus populaire.

Merci au Cinéma Eldorado à Dijon.


Garnier, prends soin de toi.


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immersion

HACHE TENDRE & TÊTE DE BOIS Marsannay-la-Côte est à la BFC ce qu’Orlando est à la Floride : la nouvelle terre promise de l’entertainment. On retrouve dans cette charmante ZI « la crème de la crème » des activités 2.0. Bienvenue dans un pays où Bowlings, Laser Games et autres Prison Escape (un fort Boyard sans le père Fouras) règnent en maître, et où le dernier arrivé en date est tout simplement un concept de lancer de haches. Mais pourquoi faire du lancer de haches ?

Par Frank Le Tank Photos : Thaï-Binh Phan-Van

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WELCOME TO THE JUNGLE Balancer une hache au milieu d’une cible, ça semble simple pour Jean Mineur dans les salles de ciné, mais en vrai, faut s’accrocher. Alors avant de taper dans le mille, et éructer un bruit d’une virilité maximale avec sa hache de type zombie, il faut taffer un minimum. Pas comme pour faire un marathon, je vous l’accorde, mais quand même. Avant d’en arriver là et comme le susurrait Marvin Gaye dans ses chansons ; ne brûlons pas les étapes et commençons par le commencement. Notre aventure démarre donc sur un parking, calé entre un surplus militaire, et un magasin de literie discount, vestige de l’ancien monde des boomers de zones commerciales. Laura, la tenancière et boss de la franchise dijonnaise de « l’Hachez-vous », est là pour nous accueillir. Nous sommes samedi en début d’après-midi et il n’y a pas encore foule. Cependant, elle ne semble pas préoccupée pour autant : « On a eu pas mal de monde cet été, jusqu’à l’installation du pass sanitaire. Ça reprend, mais ça reste un peu calme. Ce n’est pas facile de se faire une idée sur la fréquentation, c’est très fluctuant et puis les gens viennent souvent sans réserver ». D’autant plus que Laura n’a pas eu vraiment de chance niveau timing : « On est installé depuis 1 an et demi mais on a ouvert qu’en juin 2021 à cause des mesures sanitaires. Du coup, on a peaufiné le concept, j’ai beaucoup joué, je me suis entraînée ». HACHE OF EMPIRE Effectivement, l’endroit est plutôt bien fini et même si on ressent les stigmates d’un local commercial de cuisiniste, il y a eu un soin tout particulier apporté à l’ambiance. Dès l’entrée on ressent les effluves de bois qui se dégagent des cibles et les cinq cages alignées sont plutôt très imposantes. Une musique d’ambiance de type viking / Game of Thrones vient compléter le tableau. On navigue ici clairement entre bûcheron et viking, sans toutefois parvenir à s’arrêter sur une des deux. C’est un peu la hache dont vous êtes le héros ; ici tu as le choix des armes. Au fond de la pièce, on trouve un vestiaire avec des chemises de bûcheron à disposition pour ceux qui souhaitent s’immerger complètement dans le perso. Pas de casque viking néanmoins, Laura me confie : « Je suis en train de faire fabriquer des gros boucliers. J’aimerais aussi avoir des casques vikings mais ça coûte une blinde ». Enfin on trouve un bar, lieu de repère des lanceurs assoiffés où l’on ne sert 30

#Hachetag


que des softs. Car l’alcool ici est prohibé ; « En France, c’est très compliqué en termes de réglementation. On ne peut pas vendre de boissons alcoolisées dans ce type d’endroit, à part si on y adjoint de la petite restauration. J’adorerais avoir une tireuse, ça irait bien dans l’univers. Mais on comprend que l’on ne peut pas trop mélanger alcool et armes, si on ne veut pas que cela parte en cacahuète ». On voit bien ce que ça fait avec les chasseurs… Ça a donc du sens de ne pas mélanger les deux activités. Laura complète : « J’ai déjà eu un groupe en enterrement de vie de garçon beaucoup trop alcoolisé. On a arrêté au bout de deux minutes ; c’était beaucoup trop dangereux ». PUBLIC « CIBLE » Des jeunes garçons alcoolisés, ça serait ça le cœur de cible de « l’Hachez-vous » ? Pas forcément, « On a tous types de public ; des petits jeunes, des moins jeunes de 60 ans… On a aussi beaucoup de team building et bien sûr des enterrements de vie de garçon ou jeune fille ». Difficile donc de segmenter cette activité par typologie de public. Selon Laura, il s’agit davantage d’une « activité hors du commun, qui permet de se défouler ». Au fur et à mesure de notre entretien avec la tenancière, les gens affluent et c’est l’occasion de leur poser directement la question. Un groupe de quatre jeunes, un brin dégingandé, déboule dans le bouclard pour une partie. C’est un des jeunes loups, déjà familier avec le spot qui a amené sa meute attirée par l’odeur du sang et des copeaux de bois : « J’avais déjà essayé tout seul et ça m’avait bien plu. J’ai proposé à mes copains et ils avaient bien envie de tester. On est tous fans de jeux vidéo, on aime bien cette ambiance ». Effectivement la hache zombie a l’air de bien leur faire de l’œil, mais la vie est parfois plus dure qu’un jeu vidéo. La meute a un mal de chien à planter ses haches dans les panneaux de bois. Heureusement que Laura est là pour les recadrer, car on n’est pas loin de la blessure indienne : un tomahawk planté dans le scalp. Un peu plus loin, on rencontre une famille bien sous tous rapports qui nous confie : « La première motivation, c’est d’essayer un truc nouveau. On en a entendu parler sur les réseaux et sur France 3, on aime bien les activités originales alors on est venu voir ». Sortir du quotidien avec une activité atypique, voilà la première motivation chez nos lanceurs de haches. Le côté exutoire, quant à lui, n’arrive que dans un deuxième temps. Jeanne, une autre néolanceuse, qui est venue en couple confie ses craintes avant son premier lancer : « Je pense que j’aurais mal au bras au bout d’une heure ! ». La hache c’est avant tout un moyen de passer du temps avec ses amis, et de retrouver des sensations d’avant Covid. Même si cette activité existait bien avant…

« civilisé » qui fait son apparition au fond d’un jardin en 2006 au Canada. C’est d’ailleurs làbas que Laura a découvert cette activité avec des amis. Conquise par l’univers de Tomahawk (une des entreprises leaders dans le domaine), elle se décide donc de ramener le concept à Dijon, territoire vierge de tout lancer de hache. Elle contacte alors « l’Hachez-vous » à Lyon qui existe depuis 3 ou 4 ans et qui étend ses activités à Nantes, Aubagne… Pour Laura, la franchise, c’est un bon moyen de lancer son business sans se tromper et éviter les lourdeurs administratives inhérentes à cette pratique hors-norme : « L’avantage de la franchise c’est d’être accompagnée et puis il y a une réglementation assez stricte derrière qui est un peu difficile à maîtriser seule ». D’autant plus que cette dernière, après des années dans la restauration puis dans le commerce du vin, n’avait pas forcément le profil pour devenir bûcheronne. Parce que oui, s’il y a une vraie bûcheronne dans l’établissement, c’est bien elle : « Je dévisse et je change les planches de bois après chaque partie. J’ai une caisse avec mon stock de planches et je les change moi-même ».

ON A PEAUFINÉ LE CONCEPT, J’AI BEAUCOUP JOUÉ, JE ME SUIS ENTRAÎNÉ

GOLDEN AXE Par bien avant, je ne parle pas forcément de vikings, apaches ou autres barbares qui balancent de la hache à gogo depuis Mathusalem, mais bien la pratique du lancer de hache dit

HACHE HIPPÉ HACHE OPÉ

C’est bien beau tout ça, mais comment on joue ? En vérité, le lancer de haches s’apparente grandement au lancer de fléchettes. Pour cinquante euros de l’heure vous bénéficiez d’une zone de tir pour une équipe de trois, une location semblable à une table de billard ou un terrain de soccer five en somme. Si vous venez à quatre par contre, il faudra débourser cent euros, ce qui commence à faire pas mal pour un français moyen en quête de pouvoir d’achat… Les concurrents peuvent lancer de façon aléatoire, faire une sorte de 301, un mode positif/négatif, ou carrément un morpion pour accroître leur précision. Laura a même adapté un morpion pour la Saint-Valentin avec un petit cœur afin « d’enterrer la hache de guerre ». C’est mignon, un tantinet cheesy, en espérant que l’ambiance ne se transforme pas en guerre des roses… Cependant avant d’arriver à faire un morpion, il est vrai qu’il faut quand même s’entraîner un peu. Pas sûr que vous puissiez taper le high score de la salle (60 points en 10 lancers) dès votre première heure de pratique. 31


Parce que contrairement à ce que vous pensez, le lancer de hache n’est pas une affaire de force. Laura, nous le confirme : « Il y a différents types de haches mais en règle générale plus tu vas la jeter doucement et précisément plus elle va se planter. Si tu la lances trop fort, elle va rebondir et être potentiellement dangereuse ». Parlons-en justement des types de haches, trois déclinaisons s’offrent à nous : la « Viking » (ou Tomahawk), la « Bûcheron », la « Zombie » avec chacune leurs propriétés : la «Viking» a un long manche en bois, et un fer lourd. Elle pèse 700 grammes. C’est la plus grande du panel, la plus précise et la plus agréable à manœuvrer. La « Bûcheron » est quant à elle plus petite, plus lourde avec une lame plus fine, c’est un modèle que l’on pourrait qualifier tout simplement de bourrin. La « Zombie » est là pour le « plaisir et le bruit », en effet, comme elle est toute en métal, la hache émet un son lorsqu’elle se plante comme l’effet d’un diapason. C’est assez jouissif, il faut le dire mais les deux dernières citées se prêtent finalement peu au jeu d’adresse. J’en profite pour demander à Laura si on peut amener sa propre hache. Elle me répond par l’affirmative, avec tout de même l’expérience malheureuse d’un client « qui est venu avec

une hache qui était impossible à lancer, beaucoup trop lourde. Il est revenu avec une deuxième, et ça a déglingué ma planche en un coup ». Pas la meilleure des opérations donc, il vaut mieux s’en remettre au matériel sur site. I AM DANGEROUS Le lancer de hache est-il un sport qui comporte des risques ? J’ai envie de vous répondre : oui comme tous les sports ! Et ce n’est pas Laura qui me contredira là-dessus : « Les lames ne sont pas émoussées. Il faut qu’elles se plantent donc oui, cela peut présenter un risque. J’ai eu une dame qui a tapé sur le tasseau en transversal, et elle s’est blessée au niveau de la main. Il peut y avoir des blessures, c’est rare, mais ça peut arriver ». Effectivement la blessure peut être tout de suite plus imposante que lors d’un jeu de fléchettes qui tourne mal mais selon Laura encore : « Si tu n’écoutes pas bien les consignes et que tu n’en fais qu’à ta tête, tu peux te faire mal ». C’est pour ça qu’un briefing de début de séance est là pour désamorcer tous les mauvais gestes éventuels ; c’est-à-dire en premier lieu d’éviter de lancer comme un énorme bourrin ! Pas de protection particulières à enfiler, ce qui paraît dingue quand

CONTRAIREMENT À CE QUE VOUS PENSEZ, LE LANCER DE HACHE N’EST PAS UNE AFFAIRE DE FORCE

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on joue avec des haches... Mais juste être un peu précautionneux par rapport aux armes que l’on manipule… Pour ma part après une dizaine de lancers, j’ai chopé le coup de main : on calibre sa distance, on vise et surtout on effectue un léger coup sec au niveau du poignet au moment du lancer. Une fois de plus pas besoin d’une démonstration de force. Le groupe d’amis qui s’entraîne à côté de moi n’a pas forcément compris l’info et les haches rebondissent allègrement dans tous les sens. Heureusement que les zones de tirs sont bien séparées par des grillages façon poulailler… L’HACHE PAS L’AFFAIRE FRÉROT Une fois que l’on est chaud et qu’on a éclaté tous ses copains, que reste-t-il de nos amours barbares ? Eh bien il reste la compétition internationale pardi ! Il y a depuis quelques années une fédération internationale de lancer de hache. Les Américains et les Canadiens y règnent en maîtres, mais les Allemands, les Russes et les Scandinaves y tiennent également le haut du pavé. Laura nous confie qu’elle a imprimé le formulaire d’inscription au championnat du monde et qu’elle aimerait bien s’y inscrire. Cette année, c’est en Allemagne et la compétition est mixte. C’est donc le moment parfait pour détrôner les Américains qui possèdent une mainmise totale sur la discipline en pleine expansion. Pour notre part, on n’ira pas jusque-là, on a passé un moment agréable sans forcément être galvanisé. L’aspect fléchette est sympa mais, pour être tout à fait franc, il nous a manqué le côté défouloir dans tout ça. J’en profite alors pour parler d’une activité concurrente avec Laura, celle des Fury Rooms ; ces salles où l’on peut casser tout le mobilier pour se détendre. Ça fait déjà un carton aux USA et cela arrive doucement en France : « J’y ai pensé lorsque j’ai lancé mon activité mais c’est très compliqué au niveau de l’organisation et faut aller à la déchetterie tout le temps. En plus, niveau écologie, c’est aussi très discutable ». Dommage, on espère tout de même que notre nouvelle aire de jeu de Marsannay aura de quoi nous offrir ça d’ici peu, qu’on pète tout !

Coeur avec les doigts.

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interview

UN MONDE LA À BOURG Dominique Bourg, jurassien d’origine, est une des grandes voix de l’écologie en France. Il est philosophe, enseignant à l’université de Lausanne et spécialiste des questions environnementales. On est allé le coincer juste avant une conférence donnée au jardin des Sciences de Dijon dans le cadre du festival des transitions écologiques.

Par Augustin Traquenard & Sophie Brignoli Illustrations : Michael Sallit

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Vous vivez aujourd’hui en Suisse mais vous avez passé votre jeunesse à Tavaux à côté de Dole, une charmante bourgade plutôt industrielle. Si vous vouliez voir quelque chose de dingue, à l’époque, Tavaux, c’était pas mal. Avec l’usine Solvay, on était dans une forme de paternalisme extrême. L’architecture reflétait le niveau de hiérarchie des habitants dans l’entreprise. Si vous étiez contremaître, vos volets étaient un peu plus foncés et vous aviez droit à quelques mètres carrés de plus dans vos chiottes. Pour les ingénieurs issus d’une formation maison, la bâtisse ressemblait à celle des contremaîtres, les ingénieurs formés à Polytechnique avait eux droit à une plus belle maison. Évidemment, la maison divine qui était un manoir construit avant l’arrivée de Solvay était réservée au patron. On est dans un paradoxe, comment est-on passé de Ernest Solvay, éminent scientifique avec des idées progressistes sur la question de la condition ouvrière à un paternalisme aussi zinzin ? En juin 2020, vous avez co-signé “35 propositions pour un retour sur terre, guide pour un changement radical de politique”. Plus d’un an après ces propositions, quel regard portez-vous sur la façon dont le monde se réorganise après le choc de la Covid-19 ? Le constat est tragique. Le paysage de l’information en France est effrayant. La mise en concurrence des chaînes d’information commerciales, c’est-à-dire financées par la publicité, est poussée de plus en plus par une mauvaise radicalité, comme les candidats à la présidentielle. Si on ajoute à cela les réseaux sociaux qui enferment les individus dans des bulles informationnelles, on va vers le modèle américain qui a conduit à l’élection de Trump. Cerise sur le gâteau, le metaverse de Marc Zuckerberg : si la planète crame, on peut se réfugier dans un autre univers, ou même sur Mars comme le préconise ce couillon de Musk. Le paysage politique en France est également déprimant. Zemmour, porté par la chaîne de Bolloré, recueille un pourcentage significatif d’intentions de vote avec des propos historiques absurdes. Ajoutons à cela la C.O.P. 26 de Glasgow, on est dans un monde merveilleux … un monde de merde. Revenons à vos 35 propositions, certaines paraissent très radicales et inaudibles, la transformation du modèle agricole par exemple passerait selon vous par une massification de la main d’œuvre qui pourrait concerner jusqu’à 15 à 30% de la population active. Vous envisagez même l’idée que 100% de la population participe de façon alternative aux travail dans les champs. (Rires) … Tout ce qui est proposé dans ce livre est probablement inaudible par la majorité de la population. Ce chiffre de 15 à 30% est issu de réflexions menées avec des agronomes. On imagine une société avec beaucoup moins d’énergie disponible, ce qui risque fort de nous arriver dans les prochaines décennies. Pour rappel, grosso modo, depuis le néolithique et avant la mécanisation, on avait 90% des gens qui travaillaient dans les champs. Dans cette perspective, le chiffre de 15% paraît raisonnable. Si pendant les récoltes vous ne pouvez pas faire appel à une main d’œuvre étrangère en provenance de l’Europe de l’Est ou du Maghreb, alors il faut envisager le chiffre de 30%. Pour s’en sortir, il faut prendre des mesures très fortes, mais qui peuvent conduire à une société plus apaisée avec un degré de

bien-être supérieur. Depuis plusieurs décennies, l’accroissement du P.I.B. ne conduit plus à un accroissement du bien-être mais au contraire le détruit. Nous aimons les paysans mais pour autant, on ne prône pas un retour au néolithique qui a conduit à la domestication d’une majorité par une minorité, d’un genre par un autre et à la domestication de la nature. Réfléchir à des activités agricoles, cela n’a de sens qui si on ne remet pas tout cela sur la table.

SI LA PLANÈTE CRAME, ON PEUT SE RÉFUGIER DANS UN AUTRE UNIVERS, OU MÊME SUR MARS COMME LE PRÉCONISE CE COUILLON DE MUSK. Le concept de nature semble aujourd’hui délaissé au profit d’une attention au vivant. Philippe Descola avance même que le concept de nature doit être remis en question car cela implique une vision du monde qui place l’humain au-dessus des autres êtres vivants. J’apprécie beaucoup Descola mais je ne le suivrais pas complètement sur ce sujet. Il est indéniable que l’espèce humaine est animale. En même temps, nous sommes une espèce vraiment particulière. Ce qui nous caractérise, c’est que l’on fabrique des « machins dont le reste de la nature ne sait pas quoi faire ». L’espèce humaine a pété les flux, créé un stock complètement dingue de carbone dans l’atmosphère… Elle se maintient en marge de tous les cycles naturels, nous sommes devenus vraiment une espèce à part. Mais il y a une limite à cette scission entre nous et les autres espèces qui est liée à l’étendue de nos savoirs. On sent bien que le modèle du bourrin capitaliste qui fonce tête baissée est en queue de comète, on est à la fin d’un cycle civilisationnel. Une récente enquête publiée par “The Lancet” fait état de l’éco-anxiété des jeunes, au point que certains renoncent à avoir des enfants pendant que d’autres craignent tout simplement une extinction de genre humain, quel message voudriez-vous adresser à la jeunesse ? La première chose c’est que je partage leur éco-anxiété. Si on est informé, on ne peut pas ne pas la partager. Ce qui est cause aujourd’hui, c’est l’habitabilité de la planète. D’autre part, on est à la fin de quelque chose mais aussi au début d’une émergence. L’enquête dont vous parlez a été menée dans une multitude de pays, dont certains pays du Sud. Cela veut dire qu’il y a une prise de conscience collective qui ne concerne pas uniquement les populations blanches et aisées. Tout n’est pas foutu et beaucoup ont l’envie et la force de se battre. 37


Il y a donc nécessité à être radical, quitte à en passer par la désobéissance civile, comme l’a fait le collectif Extinction Rébellion ? Si on prend par exemple l’échec de la COP de Glasgow, il semble bien que la désobéissance civile soit un mode d’action fondamental dans les démocraties. Si vous vivez en Chine ou au Brésil, c’est beaucoup moins évident. Il y a des mouvements qui naissent et qui s’essoufflent comme la marche pour le climat, mais je n’ai pas de doute sur le fait que d’autres vont

IL Y A UNE IRRATIONALITÉ À SE FOCALISER SUR LA CRISE MIGRATOIRE SANS SE PRÉOCCUPER DU CLIMAT. prendre le relais. Du côté des élites, il n’y a pas de consensus mais de grandes institutions comme l’Agence Internationale de l’Énergie nous alerte sur les pénuries de pétrole et la nécessité de ne pas exploiter de nouveaux gisements. Le Conseil d’État en France a condamné l’état dans « l’affaire du siècle ». Du côté de l’Allemagne, la cours de Karlsruhe a imposé au gouvernement Merkel une baisse de 65 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. De même, au sein des entreprises, il y a une forme de lucidité sur la situation dans laquelle on se trouve, tout comme une majorité de Français estime qu’une forme de sobriété est inévitable. Le problème est que le cirque médiatique, notamment en période d’élection présidentielle, masque cette prise de conscience. Lors du débat télévisé de la primaire de la droite, pas une seconde n’a été consacrée à la question de la crise écologique. Il y a une irrationalité à se focaliser sur la crise migratoire sans se préoccuper du climat. Si nous rendons une partie de la terre inhabitable, on va faire face à des flux migratoires non pas de milliers, mais de millions de personnes, qui ont de surcroît une responsabilité minime dans le dérèglement climatique. Vous êtes un adepte de l’action locale et vous défendez les actions des “petits collectifs”, est-ce là que doit prendre place le changement ? Les gens se reprennent en main, veulent faire les choses différemment, il y a des initiatives municipales qui peuvent être significatives, mais il y a une nécessité de passer à une action politique plus générale pour changer d’échelle. Les petits groupes ont l’avantage de pouvoir montrer l’exemple. Il y a des initiatives municipales où des populations ont la volonté de produire et de consommer autrement et contractualisent leur mode de vie. L’idée serait de coaliser les petits groupes pour créer une échelle intermédiaire qui peut être un moyen de convaincre les autres. Il ne s’agit pas de revenir à la lampe à huile ni de renoncer au bien 38

être, il s’agit au contraire d’augmenter le bien-être. Richesse et bien-être ne sont pas toujours corrélés. Péter les écosystèmes, son entourage, le reste de l’humanité pour au final ne pas être heureux, c’est ce à quoi peut conduire un excès de richesse. Une loi a récemment été votée en France visant la réduction de la maltraitante animale. Le problème de l’élevage intensif et de la chasse ayant été laissé de côté, cette avancée ne masque-t-elle pas la question centrale de notre rapport utilitariste aux animaux ? Ce questionnement est délicat d’une part parce qu’il peut cliver les urbains et les ruraux. Le véganisme est une morale moderne que je qualifierai d’utilitariste. Cette morale perpétue le dualisme cartésien entre les animaux à système nerveux, les heureux élus qui peuvent ressentir la douleur et le reste qui ne serait que des moyens. Je suis bien sûr opposé à l’élevage intensif, mais pas à tout type d’élevage. Il faut laisser la place à des choix individuels. Je n’ai rien contre les végétariens ou même contre les vegans, même si je n’en comprends pas les fondements philosophiques qui me semblent absurdes. La pratique de la chasse est aujourd’hui bien souvent ridicule, avec des faisans d’élevage ayant passé leur vie en cage et que l’on relâche pour les tirer. La question de notre rapport aux animaux est un champ de pensée à reconstruire avec de la rigueur intellectuelle et de la tolérance sur les options morales des uns et des autres. Vous ne cesser de le répéter, il ne nous reste qu’une dizaine d’année pour inverser la tendance du réchauffement climatique et maintenir la hausse de +1,5 degrés. Je dirais plutôt qu’il nous reste 7 ans pour inverser la tendance et qu’un réchauffement à +2 degrés est inéluctable. Les données publiques sur le climat ne sont pas évidentes. Pendant longtemps, le GIEC a communiqué sur la hausse de la température moyenne en fin de siècle, deux choses qui n’ont aucun rapport avec nos sens. Pour réagir, nous avons besoin d’émotions, de voir et de ressentir. Si le GIEC a pour idée de ne pas faire réagir, c’est la bonne méthode. La notion de budget carbone est également problématique. Si on stoppait net, par enchantement, nos émissions de gaz à effet de serre, les phénomènes extrêmes et la hausse de température continueraient à s’intensifier pendant encore au moins une vingtaine d’années. On a donc déjà décidé des températures pour les années 2040. Pour ce qui est de la notion de budget carbone, il est entamé de 90% pour rester sous les 1,5 degrés, donc il est très improbable que nous restions sous les 2 degrés de réchauffement, ce qui arrivera probablement dans la décennie 2040. La bascule a déjà eu lieu. Une autre idiotie est de prétendre qu’à terme, à Dijon ou à Besançon, vous aurez l’actuel climat de Nice ou de Marseille. Ce qui est en cause, c’est la multiplication des événements extrêmes. On a donc des repères à la con qui ne permettent pas de comprendre dans quoi on est : on a basculé dans un monde où il va être beaucoup plus difficile de vivre. On a néanmoins la possibilité d’agir pour ne pas exploser la barrière de 2 degrés. À Glasgow, lors de la C.O.P. 26, il a été entériné le fait que nous allions augmenter nos émissions de gaz à effet de serre de 14% d’ici à 2030. On a donc des objectifs de plus en plus fermes mais surtout de plus en plus lointains avec des dirigeants de plus en plus cyniques. J’ai la sensation qu’on est à la fin d’un cycle et que l’on accumule les coups durs… avant de passer à autre chose ?



socio

LA FÊTE EST FINIE

On n’y croyait plus, les clubs et autres boîtes de nuit ont rouvert le 18 février dernier ! La bamboche is back ! Mais après deux années de liberté conditionnelle et conditionnée aux doses de vaccins, avons-nous perdu l’envie de faire la fête ?

Texte et photos : Édouard Roussel

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Salut ça farte ?


Saturday night… Uber. Deux ans que ce putain de Covid nous gâche la vie. Ce désagréable épisode nous a transformés en misanthropes modérés à la sociabilité facultative. Trois confinements nous ont assignés à résidence (1h-1km, lol), on a découvert les dimanches sobres, les balades en forêt, le jardinage, le running et même les joies du bricolage. Bien sûr, on a fait quelques petites soirées à domicile, entre connaissances, pas plus d’une dizaine genre « on ne sait jamais ». C’est plus sécure, plus maîtrisable et finalement moins fatigant. On a même entendu un pote sortir fièrement : « Je ne vais pas trop picoler ce soir, demain je vais courir ». Avant, on postait sur les réseaux sociaux nos prouesses festives où des schlags, plus magnifiques que Gatsby, se déchainaient sur le dance-floor. Maintenant, les stories qui défilent le week-end ce sont des autotests positifs, des captures d’écran de Strava, des chemins de randonnée bien balisés et un casse-croûte tofu-quinoa. Les temps changent. Notre envie de faire la fête se serait-elle abîmée dans les confinements et les mesures sanitaires ? « C’est bien une réflexion de quadra ça », ironise Konik. Nicolas, de son prénom, est DJ et l’un des organisateurs des fameuses soirées Risk et du festival électro Le Sirk. La nuit, il en connaît tous les recoins. 42

La fête c’est son jardin. Lui va au Berghain, comme toi à Leroy Merlin. « C’est vrai que quand on sort on ne sait plus trop si on va passer la soirée assis ou debout, masqué ou pas. C’est normal qu’on se lasse de tous ces protocoles et qu’on finisse par rester chez soi. Puis il y a eu tellement d’événements pour lesquels on a pris un billet qui ont été annulés, reportés et re-annulés. Du coup, on se dit qu’on va attendre le dernier moment pour voir si ça a vraiment lieu ». Voilà un symptôme qu’on pourrait ajouter à ceux d’un Covid trop long : une bonne grosse flemmasse bien plombante.

Le Kafka Anxiété Sociale Club D’autres ont vu ressurgir un syndrome d’anxiété sociale qu’ils avaient déjà surmonté. « C’est un trouble anxieux handicapant qui se manifeste sous diverses formes » explique Émilie, psychologue clinicienne à Paris. « C’est l’appréhension envahissante de se confronter à un groupe, la peur irrationnelle de parler à quelqu’un, l’angoisse d’être jugé. La crise est souvent accompagnée de symptômes physiques tels que la sudation, la tachycardie, la difficulté à respirer. Les confinements avaient été plutôt bien vécus par les patients qui présentaient de


Des milliards de micro-gouttelettes.

LES CONFINEMENTS AVAIENT ÉTÉ PLUTÔT BIEN VÉCUS PAR LES PATIENTS QUI PRÉSENTAIENT DE L’ANXIÉTÉ SOCIALE, DE L’INSÉCURITÉ AFFECTIVE, OU DES TRAITS MÉLANCOLIQUES.

l’anxiété sociale, de l’insécurité affective, ou des traits mélancoliques. Ils avaient l’excuse parfaite pour ne pas se confronter à l’objet anxiogène et rester dans leur zone de confort ». Pour eux, ce sont les déconfinements qui furent le plus difficile à vivre. « Ceux qui avaient fait des progrès ont régressé en éprouvant de grandes difficultés à ressortir, poursuit Émilie. Au-delà de l’anxiété sociale, de nouveaux patients sont venus pour des attaques de panique jamais vécues auparavant, corrélées à la Covid-19 et au télétravail. Ces bouffées d’angoisse peuvent entraîner une perte de confiance, un repli sur soi et rendre les patients moins enclins à la fête. Et de manière plus générale, j’ai remarqué que mes patients retournaient très timidement à une vie sociale, comme s’il y avait une perte d’envie, une forme d’apathie ». On ne s’étonnera pas que la consommation d’antidépresseurs, d’antipsychotiques, d’anxiolytiques et d’hypnotiques ait augmenté de 7 % en 2020 et de 10 % en 2021 (source : Epi-Phare). Certains médecins généralistes estiment même que 70 % de leurs consultations concernent des troubles liés à l’anxiété. « On soigne l’anxiété sociale très progressivement car le temps psychique est un temps long. L’idée c’est d’identifier l’objet le plus anxiogène pour eux : le regard de l’autre, la foule, le lâcher prise ; à partir de là, avec entre autres des techniques de thérapies comportementales, on réussit à faire des 43


progrès ». Les psys ont aussi remarqué une forte demande de rendez-vous depuis septembre dernier et tout particulièrement de la part des étudiants. « On a beaucoup de jeunes qui viennent consulter pour la première fois de leur vie, remarque Émilie. Après deux années à rester chez eux, à suivre des cours en distanciel, certains développent une forme d’angoisse, un ressenti hostile de l’extérieur : les amphis, les transports en commun. En revanche, la fête est très peu évoquée en consultation, que ce soit en termes d’angoisses ou de manque ». Drôle d’époque pour la jeunesse, à l’âge où l’on devrait avoir envie de fête, de fun et de rencontres, le gouvernement paye l’happy hour en lâchant des « chèques d’accompagnement psychologique » : trois consultations de 45 minutes offertes pour tous les étudiants.

La Bamboche contre-attaque Heureusement, il y a les irréductibles, ceux pour qui la fête est un besoin essentiel, une absolue nécessité : les vrais teufeurs. Même la pandémie ne les a pas empêchés de danser dans la clandestinité. Ceux-là se foutent éperdument des autorisations pour aller se coller aux enceintes, sans masque FFP2 ni bouchons d’oreilles. « Le premier confinement a été très respecté, explique Lez’Art, un habitué de la free party depuis 2004, comme public mais aussi comme organisateur. Mais à partir de mai 2020, il y a eu pas mal de petites soirées, moins de 300 personnes, même si on a vu une augmentation crescendo de la répression : plus de blocages, plus d’amendes (pour tapage voire agression sonore) et plus de saisies de matériel. Les soirées étaient extrêmement fliquées et une grosse partie a été annulée ou écourtée. Ça nous a menés à une vraie problématique : l’objectif pour une free qui veut durer plus de 24h ça va être de rassembler assez de monde pour contrer une répression policière ». En juin 2021, une grosse free party de Redon a même dégénéré en affrontement et conduit à une excessive intervention du Raid pour mettre fin au rassemblement. N’en déplaise à la préfecture, la répression des petites soirées aura été totalement contre-productive. L’insouciance festive s’est transformée en délit d’inconscience. Les booze parties de Boris Johnson dans les jardins du 10 Downing Street ont déclenché une colère générale. En France, la fête de la musique 2021 à l’Elysée a été boycottée par une partie de la scène électro. La polémique aurait été elle aussi véhémente contre Jean-Mi Blanquer si le ministre avait inventé ces insane protocoles sanitaires pour l’école à Maubeuge au lieu d’Ibiza. « On a besoin de faire la fête, continue Lez’Art. C’est une catharsis. Dans une société de plus en plus individualiste, c’est un des rares moments où l’on peut se débarrasser des normes, de nos codes sociaux. C’est l’un des derniers espaces où il y a autant de solidarité, de respect et de tolérance ».

L’enjaillement en full HD Bloqués derrière nos écrans, on a vu la fête muter sur les réseaux. Fantastique, grâce à Twitch on peut maintenant streamer sa soirée d’anniversaire, on peut danser sur TikTok, draguer sur 44

Tinder et papoter sur Discord avec de parfaits inconnus. Pour la musique c’est carrément vertigineux, le nombre de livestream a complètement explosé. Les musiciens ont fait moult concerts « à la maison », des DJ sets « au fond du jardin », dans des aéroports dépeuplés ou même au sommet de l’aiguille du midi. C’est presque devenu banal, alors il a fallu upgrader, virtualiser encore un peu plus. 27,7 millions d’avatars en survey skins ont assisté aux concerts virtuels du rappeur Travis Scott dans le jeu Fortnite, en avril 2020. Quelques mois plus tard, c’est Lil Nas X qui se faisait pixéliser pour son show flashy Far West sur Roblox. « En décembre 2021, David Guetta a même fait le premier concert dans le metaverse, ajoute Konik, un brin perplexe. Je crois que c’est malheureusement le futur, enfin disons plutôt que c’est ce sur quoi on veut nous emmener. Peut-être que le virtuel, c’est plus cool ; j’en sais rien, je n’ai jamais baigné là-dedans. Moi, j’ai encore envie de fêtes en présentiel, qu’on danse ensemble, qu’on se touche et qu’on transpire ensemble ». N’en déplaise à Mark Meta Zuckerberg, il reste encore quelques optimistes radicaux pour qui la fête à l’ancienne n’est pas encore tout à fait obsolète.

Retour à l’anormal Depuis le 18 février, les boites de nuit ont rouvert dans un festin de décibels et de paillettes. « Le premier week-end on s’est fait éclater, se souvient Antonin, le taulier de l’Antonnoir, bar de nuit et salle de concert à Besançon. Les gens étaient vraiment dans les starting-block ; les affamés, les acharnés, les assoiffés sont là, certains sur les quatre premiers jours de réouverture sont même venus trois fois ! » Néanmoins, le taulier s’inquiète : « Je me demande combien de temps cette euphorie va durer, nos clients n’ont peut-être pas les moyens de sortir faire la fête trois fois par semaine. On a besoin des autres, et ceux-là ont peut-être pris des habitudes plus casanières, et peut-être même que certains ont encore peur du virus. Je pense qu’on a perdu plein de nos clients avec ces deux années de pandémie, et pas que des jeunes, mais aussi toute la tranche des trente-quarantenaires qui se sont plus que jamais recentrés dans leurs cocons. Et ceux-là, on va avoir du mal à les récupérer. Tout est compliqué : reprendre le rythme, retrouver des équipes, et aussi reprendre la com’ car on n’a rien communiqué depuis des mois. On a un peu l’impression de repartir de zéro ». La fête est encore bien fragile, nous n’en sommes qu’au « before » du retour à la normale. « Pour nous organisateurs, ce n’est toujours pas un environnement serein dans lequel travailler, confirme Konik. C’est d’ailleurs pour ça qu’en 2022 on a décidé de faire Le Sirk en trois temps. Tout miser sur le mois d’avril nous semblait un peu trop périlleux. Sans oublier qu’aujourd’hui on ne sait toujours pas les conditions qui vont nous être imposées ; faudra-t-il qu’on prévoit des zones délimitées pour le bar ou la restauration ? Quand t’organises un événement, ne pas pouvoir te projeter sur l’accueil du public c’est quand même très compliqué » .


« JE N’AIMERAIS PAS AVOIR 20 ANS AUJOURD’HUI ». Konik, DJ et organisateur du festival électro Le Sirk

Tire sur mon doigt.


turfu

«Tiens, pas loin de chez toi, y’a un type, il s’appelle Tobias Demantke et il a inventé une voiture solaire révolutionnaire, tu veux pas aller y jeter un œil ?». Rien que le nom du gars, ça m’a plu. On dirait le nom d’un détective privé dans un polar finlandais. Et puis, un inventeur, c’est chic.

Texte et photos Louisse Vayssié

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Si mes calculs sont exacts, lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l’heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe !

« Vous êtes de gauche ? » Grande ogive noire dégingandée au look entre Mad Max, la Delorean de Retour vers le futur, Blade Runner, et Diabolo et Satanas, le bolide se trouve dans l’arrière-pays mâconnais, à Germolles-sur-Grosne très exactement. À défaut d’être détective, Tobias (sa mère était fan d’Heidi et lui a donné le prénom du père de la petite héroïne suisse) a plutôt un look de zadiste. Catogan et sourire avenant. « Dites, votre journal, il est de gauche ? Et vous, de gauche aussi ? ». Le ton est donné par le quarantenaire souriant. Faut dire, il se définit lui-même comme un « sale geek trotskiste ». En vrai, il est ingénieur mécanicien, dessinateur industriel, charpentier, militant de l’économie d’énergie, légèrement visionnaire et pour des raisons de santé, sans emploi pour le moment... Il a donc du temps, ce qui lui permet d’être aussi inventeur. Il a déjà conçu, entre autres, une maison en paille, une éolienne de 12 mètres en bois, des concentrateurs solaires pour récupération de chaleur… À l’époque, en 2012, il a converti une Citroën AX essence en voiture électrique avant même l’arrivée de la Zoé sur le marché. La rencontre avec une course de vélos solaires en 2014, le Sun Trip, qui relie la France à la Chine, pousse Tobias à fabriquer son propre vélo, mais il fait beaucoup de bruit et une erreur de conception le rend difficilement utilisable. Il vire les pédales et en

fait un véhicule solaire. « Ça faisait trop de bruit encore… trop violent, je ne pouvais pas le faire rouler. Alors je l’ai transformé en source d’énergie solaire », avec laquelle il alimente sa télévision et sa console de jeu. Rien ne se perd, tout se transforme ! Fournissant plus d’énergie qu’il n’en consomme puisqu’il n’a pas besoin d’être rechargé par le réseau électrique, le vélo solaire est devenu un véhicule immobile à énergie positive. On se rapproche de la voiture. Le vrai déclic, c’est quand, en 2018, il découvre chez des amis l’existence d’un petit scooter électrique d’une puissance de seulement 800 watts, soit la puissance d’un grille-pain de qualité, capable de porter deux personnes avec une accélération, une vitesse et une autonomie tout à fait acceptables. « Deux personnes pour 800 watts, c’est quatre personnes pour 1600, la consommation d’un fer à repasser ». Quatre personnes, une voiture. À partir de là, et en cogitant un peu, avec un moteur de 1600 watts et cinq panneaux solaires de 320 watts chacun posés sur le toit, on aurait un véhicule pouvant rouler toute une journée à 50 km/h. C’est peu mais c’est un début. Ça, c’est la théorie. Il faut maintenant passer à la pratique.

Il se définit lui même comme un « sale geek trotskiste »

Paye ton créneau Il faut commencer par acheter du matériel. Tobias se lance dans un crowdfounding local et demande à une petite trentaine de copains d’investir. 15 personnes répondent à l’appel, certains concernés 47


Jour de tonnerre.

par l’intérêt du projet, d’autres sans savoir. Confiance. Il récupère ainsi 5000 euros, et c’est tout ce que coûtera la fabrication de son prototype qui commence en avril 2021. « Hormis les sièges (deux à l’avant seulement, oublie la balade en famille avec les gamins, ndlr) que j’ai achetés d’occase, et quelques éléments de récup’, tout est neuf », précise notre inventeur. Un peu de bric et de broc, un peu spartiate et carrément rustique, le prototype voit le jour. Cadre en acier, structure en bois, parois en bâche noire et vitres en plexiglas. Comme un décor de théâtre. Sièges relativement fatigués d’AX, fourches et roues de scooter à l’avant, roues motrices de moto à l’arrière. Et du gaffer, beaucoup de gaffer... Et puis bien sûr, deux moteurs, des batteries, des fils, des boitiers, des interrupteurs, encore des fils et tout un tas de petit matériel électrique dont j’ignore à quoi il peut servir. Allo, Jamy ? On rajoute les cinq panneaux solaires, perchés à une quarantaine de centimètres au-dessus du toit et le tour est joué. Faute de trouver des moteurs de 1600 watts sur le marché, Tobias se rabattra sur des moteurs plus puissants, augmentant de fait la puissance du véhicule. Lors des essais en août 2021, que Tobias et quelques potes font en toute illégalité sur une portion d’autoroute en travaux, « le prototype roule à 70/80 km/h sur 100 km. Avec des batteries presque vides au début, c’est la seule énergie des panneaux solaires qui fait le job » annonce-t-il fièrement. Le prototype fini mesure cinq mètres de long sur quasi deux mètres de large pour 1m30 en hauteur, hors panneaux solaires et pèse environ 500kg. Plutôt léger. On est loin des dimensions d’une voiture lambda, certes. Paye ton créneau en ville ! Mais de toute manière, en ville il y a trop d’immeubles, trop d’ombre donc, pour que ça fonctionne...

cigare, pas de chauffage. Sur une voiture « normale », le chauffage, c’est la récupération de produit perdu. Le moteur perd 75% de son énergie en chaleur, donc on en profite. Sur la voiture solaire il faut fabriquer le chauffage en sus, ce qui pomperait beaucoup trop d’énergie au détriment de la puissance. Il y a la sécurité aussi. Les matériaux utilisés ne sont pas prévus pour une résistance aux chocs. Le prototype tient la route malgré la bonne prise au vent qu’offrent les panneaux solaires mais en cas de tempête, soyons honnêtes, ça peut être fatal. « C’est pas pour les Bretons ! » La vitesse. Peut-être le plus gros frein de cette invention. 80 km/h, c’est peu. Avec un modèle mieux conçu, on pourrait monter à 100. Mais au-delà...

Le véhicule ne consomme plus, il produit. Et il partage. Il est là aussi l’interêt du projet !

Parce que forcément il y a des inconvénients à cette voiture. Ou plutôt des contraintes. Le confort, par exemple. Pour ce prix là, on penche plus du coté du kart que de la berline. L’habitacle est brut de décoffrage, pas de garniture, pas d’airbag, pas d’allume48

Une petite révolution

Malgré tout ça, l’invention pourrait mener à une petite révolution dans la course à l’économie d’énergie, et par les temps qui courent, ça ne serait pas du luxe. Parce que le but de Tobias, ce n’est pas tant de rouler avec ce véhicule que de faire comprendre aux autres que c’est possible de changer la donne. Pé-da-go-gie ! Dans ce cas précis et dans nos régions, les panneaux solaires peuvent produire un peu plus de 1000 heures par an. 1000 heures à 50 km/h, c’est 50000 km par an. Allez, 40000 en allant un peu plus vite. Et si on ne fait que 20000 km par an, on renvoie les 20000 restants dans le réseau électrique. Reliée au réseau, l’intelligence de bord ne charge pas les batteries avec la prise mais continue de les charger avec les panneaux solaires. Une fois les batteries pleines, l’intelligence de bord dérive l’énergie sur le réseau électrique, à la maison, mais aussi pourquoi pas au supermarché ou à la station essence. Tu t’arrêtes de rouler et tu te branches où que tu sois. Le véhicule ne consomme plus, il produit. Et il partage. Et il est là aussi l’interêt du projet. Les amis de Tobias chez qui le prototype est entreposé en sont d’ailleurs ravis, puisque, posé dans le jardin, il produit environ les deux tiers de leurs besoins


en électricité. Alors voilà, on y est. Il existe le véhicule à énergie positive, le VEP. Pour 5000 euros et le travail d’une seule personne. Une personne qui n’a d’ailleurs pas déposé le brevet de son invention. Il l’a plutôt rendue publique dans un salon, ce qui rend le modèle non brevetable. D’abord, Tobias le dit lui même : « Ce n’est pas vraiment une invention puisque tout le matériel utilisé existe déjà, il suffit de l’assembler dans le bon ordre ». Sans brevet, il peut être repris par n’importe qui, riche idée. Ça ne lui serait pas profitable financièrement que ce véhicule soit produit à grande échelle mais ce serait profitable à tous grâce à ses effets positifs sur l’environnement. Encore une fois, il n’est pas là pour faire de gros sous, mais bien pour prouver par A+B aux esprits sceptiques que si on veut, on peut. Alors imaginons que Peugeot s’y colle, à la fabrication en nombre d’une telle voiture. En restant sur un modèle sans fioritures, en contrant la course à l’ultra confort, en brimant les envies de standing, dans des proportions plus adaptées. Avec une brigade d’ingénieurs compétents, des matériaux appropriés, des normes de sécurité et toute la facilité que peut apporter une production en série. D’après Tobias, pour 3000 euros elle sort de l’usine flambant neuve. Et il ajoute qu’avec la batterie d’une Zoé de chez Renault, voiture référence au royaume des voitures électriques, on pourrait fabriquer les batteries de 10 VEP. Et la Zoé, elle, elle produit que dalle quand elle ne roule pas. Elle n’est pas dans le partage. « Le cheval, il bouffait de l’avoine, la locomotive, elle bouffait du charbon, la voiture à essence, elle bouffe de l’essence et la Zoé, elle pompe du nucléaire. Eh bien on peut changer tout ça ! » Mais personne ne semble prêt à investir dans la chaîne qui sortira le VEP version « pour tout le monde ». Pas assez rentable

peut-être. Et puis c’est vrai, au-delà de la technique, c’est tout un fonctionnement qu’il faut remettre en cause. Celui d’une société empesée dans une course à la consommation, au tout-ultra-vite, à la performance. Changer les mentalités du tout au tout. Renverser la vapeur et réduire certaines ambitions. Rouler moins vite, moins longtemps et partager, pourquoi pas ? « En 30 ans, on est passé de véhicules qui roulaient à 90km/h à des bolides qui vont au delà des 300. On est passé de voitures de 900 kilos à des voitures de 1,8t. Là, il faudrait aller en sens inverse et beaucoup plus rapidement. » dénonce Tobias. Malheureusement, aujourd’hui, les personnes d’influence, les décisionnaires, en gros ceux qui ont le fric et le pouvoir, sont rarement des philanthropes, ni des écolos, ni des partageurs. Et c’est pas Carlos Ghosn qui va dire le contraire. « Votre appareil ne nous intéresse pas ! » répondent-ils à Tobias comme le faisait le Capitaine Haddock... Et ça, c’est sans compter les lobbies pétroliers, mais là on s’attaque à du lourd. « Il faudrait tout simplement que ce soit les lobbies de la voiture et du pétrole qui s’emparent de cette production. » Pas con. Eh ouais, « il y a une vraie révolution énergétique à mettre en place conclut-il, et c’est pas en investissant dans du nucléaire qui ne fonctionne pas qu’on va y arriver. » À bon entendeur... Alors, en attendant que le VEP devienne une partie de notre futur, Tobias a d’autres projets en tête et c’est tant mieux. Il a réfléchi à la construction de logements écolos dans sa région, il attend qu’on veuille bien lui donner le permis de construire. Et puis il veut s’investir dans les collectivités afin d’y amener les gens à réfléchir aux nouvelles manières de faire, parce qu’on a vraiment tous à y gagner. Et il est bien possible qu’il ait raison.

La soucoupe et le perroquet.

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histoire

BELFORT COMME UN LION Le Territoire de Belfort fête ses 100 ans. Pourquoi une ville de 40 000 habitants a-t-elle droit à son propre département ? Quand on s’approche de l’Allemagne, on passe par Belfort et, comment vous dire qu’elle sort du lot cette ville ? Ses maisons colorées, ses pierres roses qui la caractérisent, ainsi que son lion construit après le siège de 1871 lors de la guerre contre la Prusse. Belfort c’est pas que les Eurockéennes et Jean-Pierre Chevènement. Cette ville a sauvé l’honneur de la France en ne se rendant pas et en continuant de combattre l’ennemi. Et c’est en grande partie pour ça qu’elle a droit à son propre département. C’te chance !

Par Maïa Mignotte et Zoé Charrier

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BELFORT À SES DÉBUTS Belfort était dès ses débuts une ville avec une certaine importance. On y retrouve des vestiges romains la traversant, car c’était une ville de passage très empruntée à l’époque gauloise. C’est également un point par lequel les Français allaient en Prusse et inversement. Elle a donc toujours eu une utilité par son emplacement. Mais la première mention officielle de la ville de Belfort n’a eu lieu qu’au XIIIe siècle, lorsque son nom apparaît dans le traité de Grandvilliers. C’est une ville stratégique puisqu’elle est située à la frontière avec l’Allemagne et la Suisse, et donc défend le royaume de France de l’arrivée des envahisseurs. En 1307, la ville passe sous domination autrichienne via un mariage entre aristos. Oui, Belfort, c’était autrichien durant un temps. La France récupère la ville avec le traité de Westphalie en 1636, à la fin de la guerre de 30 ans. Le destin de Belfort est lié à la guerre depuis, inlassablement.

novembre 1870. Le siège qui a rendu la ville célèbre va durer 103 jours. Encerclée par les Prussiens, la situation devient vite délicate, Belfort étant le dernier passage avant une invasion du centre de la France. La ville gouvernée par Denfert-Rochereau ne compte que 15 000 hommes d’armes et est assiégée par 40 000 soldats prussiens. Mais malgré l’infériorité numérique, ils se battent avec force pour défendre leur ville et ne baissent pas les bras. Tous les hommes de la ville sont réquisitionnés et se battent alors que certains n’ont même jamais tenu d’arme dans leurs mains. Les soldats et les habitants s’entraident pour la nourriture et pour soigner les blessés. C’est d’ailleurs à cette époque que des ambulances, des soignants et des médecins commencent à être présents sur les champs de bataille. Pendant ce siège, en revanche, pas de pénurie d’alcool. Les Prussiens et les Belfortains s’échangent de l’alcool et de la bouffe avec des accords tacites. Les cantiniers Prussiens vendront même du schnapps aus Français. Denfert-Rochereau refuse de signer une reddition. L’armée française qui vient libérer la ville se fait cartonner... Ça sent pas bon...

Comme d’habitude, la France se fait vite défoncer par le voisin teuton, qui arrive aux portes de la ville en novembre 1870. En février 1871, La France demande à Belfort de baisser les armes. C’est perdu... Mais Belfort sauve l’honneur de la France, car elle capitule invaincue et évite l’humiliation d’une défaite. La Prusse récupère l’Alsace et la Moselle. Mais pas Belfort. Qui le mérite bien. L’Empire allemand est créé suite à cette victoire. « Venez, on a cabossé les Français, on n’a qu’à créer un grand pays pour fêter ça tant qu’on y est ! »

BELFORT BASTON En 1678, Belfort devient une place de guerre, la surface de la ville est doublée. Elle s’entoure d’enceintes bastionnées et se dote de casernes, comme ça elle est prête si jamais une nouvelle attaque arrive. Et elle fait bien, puisque la guerre éclate entre la France dirigée par Napoléon III et la Prusse dirigée par Otto von Bismarck en 1870. Comme d’habitude, la France se fait vite défoncer par le voisin teuton, qui arrive aux portes de la ville en 52

LE ROI DES ANIMAUX Après cette gloire (gloire dans la défaite, c’est très français ça), la ville va être honorée d’un présent de 11m de haut et 22m de large : le Lion de Belfort, devenu emblème de la ville. Ce chef d’œuvre colossal a été créé par Auguste Bartholdi (oui, le mec qui a fait la Statue de la Liberté) pour remercier la ville de sa loyauté envers la patrie et cette résistance qui a permis à Belfort de rester une ville française. Pour l’anecdote, il n’a pas été officiellement inauguré lorsque Bartholdi était vivant, mais lors de son centenaire en 1981. Oups on avait oublié... Peu importe si vous êtes Belfortain ou juste un touriste, le Lion élu monument préféré des Français en 2020 ne laisse personne indifférent (c’est le classement de Stéphane Bern hein, ça vaut ce que ça vaut).


canon de marine de 380 mm de calibre à Zillisheim, à 34 km de Belfort qui canarde la ville. C’est la fameuse « Grosse Bertha », ainsi que l’ont nommé les habitants. À la fin de la guerre, comme d’hab’, la ville n’est pas tombée. Trop fort Belfort ! La France récupère l’Alsace, mais décide de ne pas y rattacher Belfort. Alors on en fait quoi ? Parce qu’être solo depuis 1871, bah ça leur plaisait bien aux Belfortains.

SEUL TOUT Avec sa position stratégique, le Territoire de Belfort devient un impressionnant camp retranché face à l’Allemagne voisine. Belfort se retrouve dans une position assez inédite. Autrefois rattachée au Haut-Rhin, elle est la seule ville d’Alsace à ne pas avoir été donnée aux Allemands. Avec les 105 petites communes qui l’entourent, la ville se retrouve sans aucun rattachement officiel. C’est sous la demande du conseil municipal de l’époque que l’idée d’en faire un département à lui tout seul est apparue. Pas question, pour le gouvernement français. En effet, la France espère récupérer l’Alsace-Moselle et réintégrer Belfort dans le giron du Haut-Rhin. Accepter de faire de Belfort un département à part entière serait avouer à demi-mot qu’on abandonne définitivement l’Alsace aux Allemands... BELFORT (RE) ASSIÉGÉE Tout est dans le flou et dans l’hésitation après ça, parce qu’à Belfort, bah, ils ne veulent pas trop trop se rattacher à leur ancien département, question d’estime. Comtois ou alsacien, c’est la question à 10 000 francs. En 1914, c’est la grande guerre... La France blinde la ville. 70 000 hommes de troupe rejoignent Belfort. 20 000 bouches inutiles sont virées, dont tous les étrangers d’ailleurs... En 1915, le bombardement aérien devient une arme redoutable avec la modernisation. La cité de Belfort devient la cible des bombardements allemands (environ 600 alertes de survol d’avions et bombardements aériens, sachant que les bombes faisaient bien 100 kg). Les Allemands installent carrément un

9-0 MA GUEULE ! En 1921, l’Assemblée Nationale décide d’organiser un débat afin de déterminer si oui ou non Belfort et ses alentours doivent devenir un département. De nombreux arguments sont présentés, notamment le fait que la cité soit passée de 10 000 habitants en 1870 à 40 000 habitants en 1918 (avec un bel afflux d’Alsaciens qui ne voulaient pas devenir Allemands la culture alsacienne va s’imprégner sur le territoire : architecture, gastronomie, dialecte. C’est comme ça qu’en 1938 se tient carrément le Congrès National des choucroutiers à Belfort, et ouais. Ce qui fait aussi dire aux gens de Montbéliard depuis que la première ville alsacienne, c’est Belfort...). Autres arguments : l’activité économique bouillonnante dans le coin grâce aux industries (entreprises Japy, Alstom…), la construction des chemins de fer, ça les rend bien plus indépendants. Mais c’est bien évidemment l’argument patriotique qui joue le rôle le plus important, parce que ouais, le Territoire mérite bien cette reconnaissance par la Nation, il n’a jamais été mis KO par les Allemands. Alors cette proposition se voit tout simplement adoptée par le Parlement. « Merci à toi Belfort, c’est cadeau ! ». C’est le 11 mars 1922 que le « Territoire de Belfort » devient le 90ème département de France (et se rattachera à la région Franche-Comté à la création des régions en 1956). Les Terrifortains en sont les habitants. Ils ont failli s’appeler les Savoureux (du nom de la rivière qui traverse la ville), les coquins… C’est donc pour ça que le numéro du département est le 90. Il ne suit pas l’ordre alphabétique car il n’a pas été créé en même temps que les autres (qui datent de la Révolution, je le rappelle).

Belfort sauve l’honneur de la France, car elle capitule invaincue et évite l’humiliation d’une défaite. Merci à Jean-Christophe Tamborini, directeur adjoint des archives départementales du Territoire de Belfort. Pour toutes les festivités du centenaire jusqu’à la fin de l’année 2022 : centenaire90.fr 53


Par Frank Le Tank Photo : François Guery

BOULEVARD DES HITS

Cosa nostra.

DANS LA DISCOTHÈQUE DE

BIGGER

Bigger a sorti en plein cœur de l’hiver son premier disque : Les Myosotis. Un album plein de promesses par un groupe qui, en apparence classique, fait du rock mieux que tout le monde en BFC. Pour ce disque, Bigger a sorti les muscles : ils sont partis enregistrer au Castle Studio de Dresde en Allemagne avec Jim Spencer, qui a également officié pour New Order, Johnny Marr, ou Liam Gallagher. En résulte un disque qualitatif

qui, contrairement à ce que l’on peut penser de primes abords, ne fait pas le pari de la force pure avec des mélodies dirigées par des guitares bodybuildées, mais plutôt une orfèvrerie ciselée par des claviers à l’ancienne et un son organique à faire pâlir n’importe quel fan de son Hi-fi des 70’s. Quelles influences pour le quintet FrancComtois ?

Les Myosotis sont disponibles sur toutes les plateformes d’écoute. Retrouvez Bigger près de chez vous sur scène : 23/03 Le Noumatrouff à Mulhouse - 24/03 La Poudriere à Belfort - 25/03 L’autre Canal à Nancy - 26/03 La Rodia à Besançon - 12/04 La Maroquinerie à Paris - 10/06 La Manufacture à St Quentin - 11/06 Bockson Festival à Valentigney - 26/08 Lalalib à Dijon 23/09 Festival Détonation à Besançon. 54


FOREVER PAVOT

AWAYLAND

VILLAGERS (2013)

RHAPSODE (2014)

(Le choix de Kevin, chanteur chez Bigger)

(Le choix d’Antoine, batteur chez Bigger)

Kevin : C’est un super groupe de Dublin. Je les avais vus à La Rodia en 2014 il me semble, et c’est sur cet album-là que je me suis vraiment pris une grosse claque. Il y a ce côté sensible avec un truc assez folk et en même temps une énergie alt-rock (rock alternatif, mot employé à tout va dans les années 2000 pour décrire ce genre de groupe ! NDLR). Le chanteur, quand il chante un morceau, quand il écrit, il a une façon de parler avec un vocabulaire propre, c’est très imagé. Ça m’a vachement influencé. En plus on a un peu le même accent parce qu’il habitait à 10 minutes de chez moi ! La chanson préférée du disque ?

Antoine : Cet album et le travail de Forever Pavot en général, ça a été un outil pour travailler nos arrangements. On a même pensé à faire appel à lui pour la réalisation du disque. Il y a une utilisation des claviers qui est devenue centrale dans nos morceaux, dans notre écriture. Ce qui n’était pas le cas avant, dans les Myosotis on retrouve des sons de claviers plus intenses, des clavecins notamment. Des trucs que l’on a découverts avec Forever Pavot et que l’on a adapté à notre sauce avec une influence d’Enio Morricone aussi. La chanson préférée du disque ?

Les cigognes nénuphars

The Bell

SERGE GAINSBOURG

THE BEATLES

ABBEY ROAD (1969)

HISTOIRE DE MELODY NELSON (1971)

(Le choix de Mike & Damien, respectivement bassiste & guitariste chez Bigger)

(Le choix de Damien, guitariste chez Bigger)

Mike : On a mis un Beatles parce que c’est quand même une grosse influence dans Bigger. Après, moi j’ai mis Abbey Road mais ce n’était pas forcément pour l’album mais plutôt pour le morceau I want you parce que je le trouve exceptionnel. Damien : C’est une approche dont on s’est servis pour le live par exemple, pour développer des versions étirées comme pour cette tourne à la fin qui monte petit à petit. Cet album, c’est un état d’esprit, c’est ce qu’on peut faire de mieux pour moi en termes d’écriture pop et en termes de son. La chanson préférée du disque ?

I Want You (She’s So Heavy)

Damien : C’est moi, mais c’est pareil tout le monde écoute, tout le monde est fan de ce disque ! Cet album est fou, En fait c’est un vrai film, pas seulement dans l’écriture mais aussi dans le son. C’est une influence majeure. Quand tu prends le son de basse par exemple, tu le retrouves sur plein d’albums depuis. Que ce soit des albums Brit’ ou autres, c’est fondateur quoi. Sur notre disque, sur un titre comme les Myosotis qui est arrangé avec des cordes, je pense que l’on ressent cette influence. Le mood des cordes, la façon dont elles sont jouées avec ces espèces d’arabesques, ça vient aussi en partie de là tu vois. La chanson préférée du disque ?

Cargo culte

BALTHAZAR

RATS (2012)

(Le choix collégial, la communauté Bigger) Ces satanés Belges (rires) ! Ce sont des orfèvres de la mélodie. L’album est tellement fin dans l’arrangement et puis les arrangements de cordes sont tellement lancinants. C’est d’ailleurs un truc qu’il y a moins dans le Balthazar d’aujourd’hui qui est devenu plus pop, un truc méga produit, une machine de guerre. Alors que Rats c’est intemporel ; c’est de la chanson ! En fait une chanson, quand elle est bien faite, tu l’écoutes n’importe quand, ça ne vieillit pas. On s’est vachement inspirés de Balthazar au niveau des chœurs quand on a commencé Bigger. On était en mode : mais vas-y quand tu vois des groupes comme ça où tout le monde chante, la puissance que cela envoie, c’est dingue ! Il n’y a pas forcément d’harmonie, comme chez Arcade Fire, en fait ils ne s’emmerdent pas, ils chantent à l’unisson pour appuyer la mélodie et c’est ça qui donne un truc authentique. La chanson préférée du disque ?

Tout l’album

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D I A P O R A M A

La Piscaille

La piscine, c’est bleu, c’est mouillé, et c’est beau. Photos : Louise Vayssié

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La Piscaille

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Labyrinthe master.

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La Piscaille

Note technique : 0

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destin d’entrepreneur

Par Nickdass Croasky

Tony Foufin Inventeur du soin dentaire low cost

Il faut se rendre à l’évidence: aujourd’hui la santé, ça n’a pas de prix ! Tony Foufin en a fait son credo depuis une sérieuse déconvenue médicale.

Il y a cinq ans, une rage de dents le cloue au lit et l’empêche de faire tourner son garage. Les dentistes lui raccrochent tous au nez ou veulent lui extorquer un pot de vin de la valeur d’une Camaro pour passer prio. Carrément ! Tony est au fond du trou. « Bon Dieu, moi j’aime mettre les mains dans le cambouis, et là avec le feu aux chicots, à part être devant la TV, j’étais plus capable de rien. Un crève-cœur ! ». La larme à l’œil, Tony reprend une gorgée de son whisky japonais préféré et continue son histoire. Alors qu’il regarde John Wayne dans un western se faire retirer une balle du thorax sans moufter avec juste une lampée de whisky pour anesthésiant, Tony a un flash. Il rappelle d’abord tous les cabinets dentaires et leur conseille « d’aller se faire rectifier par le rectum ». Direct ! Sacré Tony, pas langue de bois le garçon, on vous avait prévenu. Ensuite, il regarde deux trois tutos dentaires sur Youtube, avale une demie bouteille de Jack Colson ©, se carre devant le miroir et s’arrache deux dents comme il a vu faire sur les tutos. Deux boîtes d’antidouleur plus tard et Tony déboule frais dispo à l’atelier sous l’œil admiratif de ses mécanos. Il vire tout le monde et grâce à la loi Bachelot, il reconvertit son affaire en cabinet d’urgence dentaire. Vu qu’il peut pas exercer lui-même sur les patients, Tony s’ouvre à toutes les initiatives. « J’ai recruté des personnes tellement motivées ! Les trois-quarts venaient des Carpates et rêvaient de découvrir la Bourgogne Franche-Comté : parole ! » Des gens qui en veulent apprennent huit fois plus vite, c’est connu de tous les CAP carrossier. Tony leur met direct une fraise dans les mains pour qu’ils s’entraînent 48h sur des vieilles boîtes de vitesses crantées. C’est ce qu’il a trouvé de plus ressemblant avec une dentition humaine. Ensuite, grand bain direct, avec des patients âgés ou des enfants. « On leur donne des bonbons en partant,

donc comme ça ils sont toujours contents et on est sûr de les revoir, les coquins. » nous confie-t-il hilare. Malin le Tony, on vous l’avait bien dit ! Facture allégée et satisfaction. Depuis, ce natif du Jura rayonne dans toute la BFC et ouvre des cabinets comme d’autres font des kilos de saucisse. Et ça cartonne ! Surtout que les concurrents continuent de refuser du monde. « Nous on propose des formules aux clients, ils adorent ! C’est comme au restaurant : à la carte, les soins. Mais notre préférée, c’est évidemment la John Wayne. Le client remplace l’anesthésiant par du single malt. Puis on extrait les dents pourries au coupe boulon. A l’ancienne. » Résultat : facture allégée de 50% et une grosse satisfaction pour Tony de voir qu’il y a encore des gens courageux qui perpétuent les traditions. Le terroir, c’est sacré. Tony pense également aux enfants et a créé la formule Reine des neiges : il congèle la dent infectée à l’azote liquide et ensuite elle casse comme du verre. Ça fait rigoler tout le monde, et bien sûr le bonbon en partant ! Les EHPAD lui envoient des fournées de clients. Le matin, tournée des cavistes et l’après-midi, détartrage moitié prix à la queue leu leu. Le cœur sur la main, ce Tony. Les ancêtres l’adorent. Qui a dit qu’on ne pouvait pas faire rimer business et santé ? Actuellement, il se rapproche des distillateurs de whisky du cru : avec la hausse du prix de l’essence et les mutuelles qui ne remboursent plus rien, les clients font gaffe au porte-monnaie, et la formule John Wayne connaît une croissance exponentielle. Alors il espère que ses concitoyens et clients seront fiers de lui et peut-être lui érigeront une statue comme Rocky en a une à Philadelphie. Du Tony tout craché, ça !

QUI A DIT QU’ON NE POUVAIT PAS FAIRE RIMER BUSINESS ET SANTÉ ?

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ç 15 | 19 mars 22 Petit Théâtre de la Bouloie IHVWLYDO ȴO FRP

Spectacles Ateliers Rencontres

F I L

#5

Théâtre Universitaire de Franche-Comté · 36 A avenue de l’Observatoire, Besançon · www.theatre-universitaire-fc.fr

au Théâtre de la bouloie

FESTIVAL INTERNATIONAL DES LANGUES ET DES CULTURES MER. 16 > SAM. 19 MARS 2022 Théâtre Universitaire de Franche-Comté > festival-fil.com au Théâtre mansart FESTIVAL

ÉCLOSION

MAR. 29 MARS > SAM. 2 AVRIL 2022 Théâtre Universitaire de Dijon > facebook/tudijon au Théâtre mansart CIRQUE

LE PAS GRAND CHOSE

INFOS & BILLETTERIE : LEMOLOCO.COM

MAR. 19 AVRIL > 20H Johann Le Guillerm Dans le cadre du festival Prise de CirQ’ En partenariat avec CirQ’ônflex > cirqonflex.fr

Toute la programmation sur CULTURE.CROUS-BFC.FR


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la page mode

BIEN ROU L É Par Clara Jodon Photos : Mathilde Leconte Modèles : Bérénice Fortier, Tanguy Renoud-Lyat et Phantom le chat.

Le col roulé revient en force en cette fin d’hiver. Plus tendance que le pass sanitaire, il vous permet de protéger votre cou des ennemis en tous genres : vampires aux canines aiguisées, Covid Oméga, ou gastro-entérite. C’est l’atout qui crie : je suis propriétaire, j’ai un super système immunitaire et surtout, j’ai un bunker dans mon jardin si l’avenir sent le roussi. Le combo gagnant pour vous rendre in cette année encore. La touche séduction de Steve Jobs saura vous réconforter dans vos mauvais jours. Sa légère pression sur votre cou vous rappellera le doux souvenir de Pascal·e, rencontré·e lors de vos années folles, qui aimait vous étrangler tendrement lors de vos parties fines clandestines. 68


Les influenceuses mode se l’arrachent comme en témoigne Vanessa, 3 millions d’abonné·es TikTok : « Le col roulé is the new sexy ! N’hésitez pas à utiliser mon code promo MONCOLÀMOI, et bénéficiez de 20 % de réduction sur le site : col-serré.fr ». Le col roulé, trop souvent mis de côté, veut en finir avec son image d’enfant sage. À la Miley Cyrus, il a pris un virage rebelle et sexy.

Doux, laineux et subtil, n’hésitez plus et foncez vers un avenir plus col roulé que jamais. Hypoallergiques s’abstenir.

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le dessous des cartes

Par Chablis Winston illustation Ornella Salvi

GÉOPOLITIQUE DE BFC

Les noms de villes les plus pétées de BFC. Là où tu voudrais vivre et recevoir du courrier.

LOOZE (Yonne)

À côté de Joigny... Il se murmure que c’est le nouveau QG du PS. JOUY (Yonne)

J’y ai déjà joué au foot, et bah on a perdu 7-1, alors on n’a pas pris autant de plaisir qu’annoncé à la base...

ANUS (Yonne)

Clairement le nom le plus hardcore à porter.

LA CELLE-ENMORVAN (Saône-et-Loire)

Monsieur va à la Celle ? POIL (Nièvre)

La photo «je suis à Poil», prise devant le panneau de la ville est devenu un must have de tous les Bourguignons. AMANZÉ (Saône-et-Loire)

Donnez-moi Amanzé z’il vous plait. (de rien). 70


CHARGEY-LES-PORTS (Haute-Saône)

BÈZE

C’est un ordre. Chargey comme un coureur cyclissss.

VENÈRE (Haute-Saône)

(Côte-d’Or)

T’as pas super envie de fréquenter les habitants du coup... Les habitantes s’appellent les vénériennes. Classe. Non je déconne...

De très jolies grottes et les sources d’une très jolie rivière : la Bèze. Tape 35383113, et retourne ta calculette.

VIELVERGE (Côte-d’Or)

C’est comme dans le Jura, mais en plus vieux visiblement, un peu plus ridé quoi.

LES FINS/LES GRAS (Doubs)

Au nord de Morteau, On a les Fins. Au sud de Morteau on a les Gras. Choisis ton bled. Si tu mange local, dirige-toi vers le sud...

VERGES (Jura)

Simple, efficace. En plus y’en a plusieurs apparemment.

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chiens écrasés en BFC Par Frank Le Tank et Chablis Winston

Un dealer ne reconnaît pas les policiers et tente de leur vendre de la drogue.

ESCROQUÉ PAR UN FAUX MICHEL SARDOU, ELLE LANCE UN APPEL À LA PRUDENCE. Le Journal de Saône-et-Loire

Je vais t’aimer à faire pâlir tous les banquiers.

Ma commune.info Besançon

Et ce malgré la moustache, le fort accent du sud et l’uniforme…

LE PAPY GLISSAIT SES REVUES PORNO DANS LA BOÎTE À LIVRES DE SA COMMUNE.

LE PRÉVENU CONDAMNÉ À 4 ANS DE PRISON FERME DISPARAÎT DE LA SALLE D’AUDIENCE. Le Bien Public

Gérard Majax en tournée à Dijon.

Le Bien Public

Ben quoi ? On a encore le droit de s’informer non ?

Un homme à trottinette électrique intercepté sur l’A39. Le Bien Public

Là où on va, on n’a pas besoin de routes…

Dijon : Alcoolisés, ils retournent une voiture en plein centre-ville. Le Bien Public

À mains nus cela va-de-soit. Dommage Vincent Perrot n’était pas là pour valider le record…

Le dealer fidélise sa clientèle avec des jeux à gratter. L’Yonne Républicaine

L’Est Républicain

La française des Beuh.

C’est la merguez party !

INSOLITE. LUI VOTE À GAUCHE, ELLE VOTE À DROITE ET POURTANT ILS S’AIMENT. Le journal du centre

La dernière comédie romantique avec Hugh Grant.

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ILS ALLUMENT UN BARBECUE CHEZ EUX POUR SE RÉCHAUFFER : SIX BLESSÉS GRAVES À CHAUX.

LE CONDUCTEUR AVAIT DISSIMULÉ UNE SERPETTE DANS SON CALEÇON L’Est Républicain

L’amour du risque.


BILLETS : VYV FESTIVAL & POINTS DE VENTE HABITUELS

#VYVFESTIVAL

Graphisme : Minuit Studio Siret : 83976167300020 Licences 2- L-R-21-12854 / 3- L-R-21-12853


courrier des lecteurs André | l’Isle sur le Doubs (25) Il paraît que Facebook, ce serait pour les vieux. Et ce serait un peu la honte et has been...Moi je veux bien, mais TikTok, je vois pas l’intérêt...Comment je fais ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Et alors ? Les charentaises aussi c’est pour les vieux et pourtant on est bien dedans. Faut assumer, André. Fais-toi plaisir, comme dirait le mec qui commente la pétanque sur l’Équipe 21. TikTok non plus je ne vois pas l’intérêt, comme l’héroïne (Bim ! La comparaison qui tue, le point Godwin de la came). Avant, y’avait Vine, tout le monde s’en moquait, ça a disparu. Et maintenant y’a TikTok et c’est censé être bien, alors que c’est pareil... Faut accepter. Et encore on parle de TikTok mais j’ai l’impression qu’au rythme où ça va, à l’heure ou j’écris, TikTok c’est déjà has been...

Nadine | Imphy (58) C’est quoi le Metaverse ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Bonjour ça t’écorcherait la gueule ? Bon, ceci étant dit Nadine, le Métaverse, c’est de la réalité virtuelle. Un genre de monde parallèle à la vraie vie. Je te passe les détails. C’est un peu triste comme truc je trouve... Mais je crois qu’il y a du pognon à se faire. A bon entendeur.

Kévin | Tavaux (39) Salut l’observatoire de la géopolitique de BFC. Je vois que maintenant avec l’Ukraine, y’a plus de bienséance diplomatique. Tu veux attaquer un pays, tu veux l’envahir, y’a pas de problème... Tu le fais, pis c’est tout. Vu que l’ONU ne sert à rien, je suis désolé de remettre ça sur le tapis, mais pourquoi est-ce qu’on n’envahit pas la Suisse manu-militari ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Parce qu’on ne peut pas leur couper le gaz... Et que c’est eux, entre autres, qui ont notre argent. C’est toujours compliqué de tabasser son banquier avant d’aller demander un prêt. Ce qu’on peut faire, c’est les bombarder un peu de loin... Les bombardouner quoi, sans qu’ils nous voient, en scred’. Pas plus. De toute façon, à la vitesse ou ça va, ce sont les Russes qui vont arriver pour envahir la Suisse.

Léa | Vesoul (70) Salut, Je ne suis pas une grande gastronome mais je me demandais, leur histoire de tacos à la française avec 3 viandes, dont des cordons bleus, avec les frites à l’intérieur du sandwich et 4 sauces différentes, ce serait pas un peu de la merde par hasard ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Bonne question ! Comme on s’est mis d’accord avec l’imprimeur de ce magazine pour ne pas dépasser 80 pages, ce qui reste quand même une bonne taille pour un magazine, surtout vu la qualité du papier (dont le prix augmente d’ailleurs, je te le glisse au passage), je n’ai pas la place de développer ma réponse. Alors je te répondrais juste : oui.


Scène de musiques actuelles

Dijon

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Avril Mai Juin

Dub inc. Jacques Little Bob Blues Bastards Jennifer Cardini Hubert Lenoir Slift x Étienne Jaumet La Jungle Peter Hook & The Light Panda Dub Chapelier Fou Ensemb7e Mendelson Oklou Crack Cloud Ichon Gargäntua Kalika Blue Orchid IPPON u.r.trax Miimo Païkan Full Dub Dreaful Goldie B SUPERMUSIQUE …


horoscope

Par Manu Maquereau Illustrations : Mr. Choubi

Declarer la guerre ? Supprimer les allocs ? Confiner la population ? Quel signe gagne le gros lot pour 5 ans ?

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Bien joué, les Bélier ! Vous êtes du signe de Fabien Roussel. Tendance et populaire : non, c’est pas incompatible. Le ticket gagnant ? Au menu du mois : « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage ». Créez la surprise sans risque, en convoquant les jours heureux. Argent : trop cher, la vie n’a pas de prix ! Sexo : penser à Robert Hue est toujours une erreur dans ces moments-là.

Miskines les Taureau ! Vous êtes nés sous la constellation de Jean Lassale. Vous vous sentez perdus dans ce monde, comme un DSK des alpages à l’anniversaire de Sandrine Rousseau. C’est peut être juste une mauvaise passe, mais en fait, non. Argent : une levée de fonds s’impose. Repartez faire le tour de France des villages en chantant en béarnais « le fric, c’est chic ». Sexo : lâchez-vous, la polygamie est autorisée chez les brebis.

Pour les natifs du signe d’Hidalgo, une bien petite forme. Vous avez l’impression de ne pas être soutenu par vos collègues dans ce job dont personne ne voulait. Tout le monde joue à Candy Crush quand vous parlez. Patience : un retour à la maison pour vous ressourcer dans votre zone de confort se profile. Argent : ne partez pas avec la caisse, il n’y en a plus. Sexo : restez à l’écoute, un livreur de pizza en scooter peut cacher un président.

Le signe de Pécresse. La loose. Evitez jusqu’au 10 avril toute prise de parole en public, les karaokés, les mariages, les bar mitzvahs, les remises d’insignes, les obsèques. Laissez-ça aux professionnels ! Un tutto piercing sur TikTok pourrait vous remettre dans le game, mais c’est pas sûr. Argent : il est temps de vendre le portefeuille Alstom de votre mari. Sexo : n’abusez pas du Kärcher.

Vous vous sentez tiraillés entre des influences contraires. Normal, Jadot, Mélenchon et Le Pen sont des Lion. Crever les pneus d’un chasseur immigré en hummer vous réconciliera avec votre moi profond. Argent : écoutez la Marine qui est en vous et vendez vos PEL islamiques. Sexo : dans un plan à trois, osez le sujet des dons de parrainages de Bayrou.

Comme Zemmour et Asselineau, vous vous sentez un peu tendus vis-à-vis des autres. Essayez de surmonter vos souvenirs de cour d’école quand un élève vous a racketté votre chocolatine. Ouvrez vos chakras. Dites oui à la vie. Argent : après le rayon culture de Super U, essayez le rayon poisson frais de Lidl pour vendre « La France n’a pas dit son dernier mot ».

OMG !!! Le signe de Poutine. Déjà qu’être une poukave, à la base, c’est pas glorieux, mais en plus maintenant, les Balance, vous envahissez vos voisins sans défense pour mettre fin à leur démocratie et annexer leur pays. Autant dire qu’on souhaite le pire à ce signe de grosses merdes. Conseil gratuit, conseil plaisir. Sexo : ceinture, nada, même les escorts ukrainiennes vous résistent. Essayez les ours du zoo de Kiev.

Bah alors les Scorpions ? On est du signe de Philippot ? On s’en était pas vanté. Vous êtes vraiment en bad. Vous avez le sentiment de tout foirer et vous avez raison, on va pas se mentir. Pourquoi gâcher votre potentiel qui n’était déjà pas très élevé ? Argent : bah non, vous serez pas remboursés, fallait déjà voir ses parrainages, sans parler des 5 %.

Le Sagittaire s’agite, comme Emmanuel Macron en 2017, quand il se cassait la voix parce que c’était notre projet. Mais là, pour 2022, vous la jouez plutôt sécurité à l’allemande, conduite assistée, boîte automatique, revêtements cuirs de série. Votre succès est inévitable, garanti par les plus grandes marques de machines. Mais attention : à vaincre sans persil, on triomphe sans poire. Sexo : osez le missionnaire après une petite verveine !

Comme notre feu président François Hollande, l’autre pays du fromage, une puissante énergie sexuelle vous habite. Vous attendez que l’Histoire vous rappelle. Et vous êtes prêts, toujours à l’affut, en embuscade depuis le festival de l’élevage de Brive, votre casque de scooter à la main. Sexo : vous êtes le James Brown blanc de Tulle. Alors, shake on the scene, like a sex machine !

Total respect les Verseau, votre signe est celui de Vlodymir Zelensky. Poing levé, t-shirt kaki, un FaceTime dans les rues pour montrer que vous êtes toujours vivants, prêts à vous battre, vous êtes le visage de la résistance. Tenez bon, on arrive… Pas ! Argent : comment dire… Ça va être un peu compliqué, là. Sexo : ça va être un peu compliqué aussi.

Vous n’osiez pas vous l’avouez, mais oui, vous êtes du signe de Poutou. Vous en voulez aussi et vous allez en avoir des poutous, en masse, partout, tout le temps. Poutou c’est l’anti-Poutine. Le règne de Poutou partout va advenir et vaincre les chars par la puissance du poutou. Argent : quand on a des poutous, plus besoin de rien.



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