Sparse 36 (Déc. 2021)

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sparse magazine mieux

Truffes, crimes, rap et twirling bâton 72 pages de gens bien et de passions saines

sparse | numéro 36 | trimestriel

déc. jan. fév. 2022 • www.sparse.fr

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Imprimé à 10 millions d’exemplaires À lire aux cabinets


édito. Est ce que j’ai vraiment besoin de te faire un édito en forme de : «Attention, je ne sais pas si c’est l’ambiance Covid ou bien, mais y’a des gens très intolérants qui montent au créneau et qui ont l’air d’avoir de l’auditoire. Ils sont prêt à la violence et pas toi. Alors vu ce que tu es impacté par toutes les décisions politiques en France quelle qu’en soit l’échelle, et vu ce que ces gens susnommés vont t’impacter la gueule à grand coup de poings, tu ferais mieux d’aller voter. C’est mon avis. A moins que tu sois prêt à la violence.... Mais je crois pas.» Non, pas besoin ? OK. Alors des gros câlins à tous. Par Chablis Winston Photo : Louise Vayssié


sommaire

Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr media.sparse.fr - boutique.sparse.fr DIRECTEUR DE PUBLICATION Alexandre Claass RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier CONTRIBUTEURS Frank le Tank, Nils Bruder, Zoé Charrier, Delphine Fresard, Yannick Grossetête, Erika Lorenzo, Le Kiosque, Chablis Winston, Nickdass Croasky, Maïa Mignotte, James Granville forever. DIRECTION ARTISTIQUE Cédric De Montceau PHOTOGRAPHIES Aline Chalumeau, Cédric De Montceau, Silou Ebastacosi, Thomas Lamy, Julien Lasota, Mathilde Lecomte, Nathan Roux, Max Rozzi, Louise Vayssié, Nicolas Waltefaugle. ILLUSTRATIONS Mathilde Lecomte, Michaël Sallit, Yannick Grossetête, Mr. Choubi. COMITÉ DE RELECTURE Martin Caye, Marion Godey, Lise Le Joncour Aurore Schaferlee, Coline Hejazi. COUVERTURE Cédric De Montceau (C’est sa mamy !... Mamy Lolotte.) IMPRIMEUR Estimprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2021 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : mars 2022 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

3. ÉDITO 6. BD

- LA PROPHÉTIE 8. CINÉ CULTE 10. GUESTLIST REPORTAGE EN HAUTE-PATATE

14. TRUFFES

RENCONTRE ENTRER DOMINIQUE RIZET

18. FAITES

PASSION LEÇON DE PIANO

24. LA

IMMERSION 30. TWIRLING

BÂTON

INTERVIEW 38. CLIMATOLOGUE

DU GRENIER

JAN. JUIN 2022

RENCONTRE 42. BENJAMIN

EPPS RAP JEU

BOULEVARD DES HITS SAUVAGE

46. E NFANT

DIAPORAMA 48. B RÊVES DE COMPTOIR 56. ROMAN-PHOTO 60. LA

PAGE MODE MÉTÉO 64. LA TITRAILLE 66. COURRIER DES LECTEURS 68. HOROSCOPE 70. LA BOUTIQUE 62. LA

ACID ARAB (LIVE) EMMA RUTH RUNDLE LA P’TITE FUMÉE KID FRANCESCOLI NOVA TWINS JOHNNY MAFIA ALKPOTE OTHER LIVES CABADZI L’ENTOURLOOP LOMBRE DISIZ SMOKEY JOE & THE KID DARK TRANQUILITY FILS CARA MAYHEM ENSIFERUM

HELMET

JOHNNIE CARWASH

DEGIHEUGI

UNCLE BARD & THE DIRTY BASTARDS PIH-POH ...

«WHAT’S THE CRAIC?» : NUIT IRLANDAISE AVEC THE MOORINGS ET LES MUSICIENS DU CONSERVATOIRE DU PAYS DE MONTBÉLIARD

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ours


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Contexte de Conversation / Débat Défendre ce film en 2021 est un défi face à l’armada actuelle des supers héros en collant Calzedonia. Stranger than paradise n’est pas un blockbuster : du noir et blanc crasseux avec 4 ou 5 personnages ; pas du tout d’action et surtout personne ne

Par Nickdass Croasky

Rappelle-toi tes « fiches profil » pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. ATTENTION MAXI SPOILER !

cherche à sauver le monde déguisé en chaussette noire ou à sortir une vanne toutes les trois répliques. Si vous choisissez de mettre ce film sur le tapis d’une conversation enflammée, vous êtes seul contre tous et c’est tout à votre honneur. BANCO.

LA FICHE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ (n°6)

Réalisateur : Jim Jarmush Genre : Comédie new-yorkaise (trop) décontractée. Année : 1984 Style : Plus tranquilou tu meurs. Durée : 1h29

La Défense Popov ©

Pitch Métaphysique Willie, jeune con new-yorkais, reçoit (contre son gré) la visite d’Eva, vague cousine hongroise qui doit aller voir sa tante à Cleveland. Alors qu’il s’attend à accueillir une communiste moujik mal dégrossie, c’est au contraire une jeune fleur toute fraîche qui déboule et bouscule son quotidien minable, fait le ménage alors qu’on ne lui a rien demandé et fout en l’air le contenu de son frigo (dégueulasse). Mais Eva s’emmerde

et veut sortir croquer la grosse pomme, tandis que Willie au départ excédé, est progressivement séduit par le tempérament tourbillonnant de sa couz’ en quête d’american dream… Notez qu’avec ce film, Jarmusch et son équipe ont monté les marches à Cannes, alors qu’Hélène et les garçons, qui propose à peu de choses près la même tambouille scénaristique le noir et blanc en moins, jamais. Pourquoi ? Mystère…

Le Casting Personne de connu, à part John Lurie, musicien jazz bien connu des spécialistes du jazz new-yorkais, mais pas des autres. Bref, on est dans l’entre-soi sociologico-artistique local, avec des potes qui font un film du dimanche après-midi sans

savoir qu’ils réalisent une master piece avec Jarmusch qui ne voulait pas finir vendeur chez Cash Converters ou modèle pour devanture de salon de coiffure.

L’Ambiance « Il ne se passe pas grand-chose dans ce film et pourtant tout y est dit. » Les frangins Lumière parlaient de leur train fonçant en gare de la Ciotat (1896) et à part un train qui arrive sur un quai de gare, il ne s’y passe quand même pas grand-chose et 8

donc tout est dit, c’est vrai 88 ans plus tard, Jarmusch leur rend hommage avec ce film dans lequel il ne se passe pas grandchose et pourtant, je vous l’assure, tout y est dit. IMMENSE !

La seule méthode valable dans ce type de situation : utiliser la DÉFENSE POPOV ©. Bien connue des amateurs slaves d’échec et adaptée par mes soins à l’art de la conversation avinée, elle vous permettra grâce à un enchaînement subtil de techniques dialectiques inspirées triompher de l’adversité. Idéal en conversation de bistrot contre des gens qui n’y connaissent rien, ou pire, au vernissage d’un pince fesse avec des amateurs de cinéma et des adjoints à la culture de mairies de province qui croient tout savoir… Primo : prenez direct la main comme un chien errant enragé. Engagez la conversation en demandant à vos interlocuteurs s’ils ont déjà vu le film. A ceux qui vous répondent « oui bien sûr ! », prenez le contrôle et lancez la conversation sur le scénario. Remémorez-vous la scène clé du film. Placez-y un élément faux et dites-leur : « Hein, tu te souviens, c’était fort ça ? » Selon les réponses, vous saurez rapidly s’ils/elles l’ont vraiment vu ou s’ils/elles font semblant pour ne pas perdre la face. Secundo : retournez les arguments de vos contradicteurs ! On reproche à Stranger than paradise d’être en noir et blanc ? Répondez économie de moyens et choix artistique majeur. On reproche au film d’être fauché ? Répondez Jim Jarmusch a su gérer les contingences économiques en bon père de famille et ce film est le plus rentable de l’Histoire. On reproche à Jim Jarmusch le manque d’action et la platitude des dialogues ? Répondez avec ce combo argumentaire ultime : Vision d’auteur + direction under control + film de la maturité + signature artistique infalsifiable. Coup en spirale très difficilement parable.

Tierco : à ce moment de la conversation, vos adversaires présentent des signes de panique mal maîtrisée : Transpiration frontale abondante et crispation visagale douloureuse, rougeurs et clignements d’yeux stroboscopiques. Oubliez la pitié et portez le coup de grâce : pour maîtriser cette technique fatale, achetez mon livre culte : « film culte et Défense Popov : la victoire en trois temps et deux verres de blanc », 25€ dans toutes les bonnes boucheries. Carte Joker imparable : Si vous vous révélez nul(le) dans l’utilisation de la DÉFENSE POPOV © et que vous vous enlisez dans la conversation, placez ce coup définitif comme une bombinette nucléaire : Tarantino a vu Stranger than paradise et s’en est inspiré pour une de ses œuvres majeures ! Tout le monde sait que Tarantino a vu tous les films et pour ceux qui l’ont inspiré, c’est LA CONSÉCRATION. Cet argument atomise le débat : match nul, mais en votre faveur. Reprenez à zéro l’apprentissage de la DÉFENSE POPOV©. Conclusion : vous savez ce qui vous reste à faire. 1/ Voir ou revoir Stranger than paradise et Hélène et les garçons (comparatif) 2/ Maîtriser la DÉFENSE POPOV©. Oubliez Wikipédia : la notice consacrée à ce film est HONTEUSE 3/ Soyez en capacité de converser et débattre tout en buvant (au moins) deux verres de vin blanc.

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guestlist

Par Maïa Mignotte et Chablis Winston

Fabien Bazin

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Président du Conseil Départemental (58)

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Fabien BAZIN, c’est le nouveaux guitariste des Stranglers. Non c’est faux. C’est l’ancien maire de Lormes et avant d’être fraîchement élu président du Conseil Départemental de la Nièvre depuis cet été, il a bossé a donf sur la ruralité de sa commune. Il en a passé des soirées, non pas en festoch’ mais à faire des réunions jusqu’à pas d’heure, mais il a réussi à se libérer rien que pour répondre aux questions existentielles de Sparse.

Comment rapprocher Nevers de Dijon et Besançon voire carrément de Belfort ? En y étant souvent, pour faire avancer la cause de la Nièvre. Un bon plan pour boire un coup dans la Nièvre ? 309 communes, ça fait à peu près 309 bonnes adresses. Pourquoi avoir abandonné le slogan «la Nièvre, c’est vital» qui était la meilleure punchline de Bourgogne ? La Nièvre est toujours vitale bien sûr ! Aujourd’hui, il s’agit d’imaginer la Nièvre du XXIe siècle à fond !

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28 FEV

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MARS

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MARS

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Plutôt quad ou mob ? Je suis pour les déplacements doux, donc pour moi c’est à pied. On dit que tu as fait de Lormes un laboratoire. Du coup, vous le sortez quand le vaccin ? Lormes a déjà sorti son vaccin contre la nièvrose, pour une ruralité audacieuse, ambitieuse, innovante et heureuse. Une Nièvre qui ose, quoi ! À l’apéro, un Kir ou un Pontarlier ? Un verre de vin rouge.

Mitterrand, Bérégovoy, Bazin... Qui prendra la suite ? On n’en est pas là, et la Nièvre se gagne désormais en équipe !

Jean Moulin se serait-il fait vacciner ? Difficile de penser pour un personnage comme Jean Moulin ! Mais je dirais qu’il avait 20 ans au moment de la grippe espagnole, il a vu 20 à 30 millions de morts en Europe, donc je pense qu’il se serait fait vacciner.

Le masque, quand tu n’es pas obligé de le porter sur la bouche, c’est dans la poche ou négligemment porté au poignet ? TOUJOURS dans la poche.

28 JAN

Le dernier concert que tu as vécu ? Les concerts de la fête de la musique à Lormes.

On n’arrêterait pas un peu la coupe rase dans les forêts du Morvan ? Avec mes collègues élus au Conseil Départemental, nous réfléchissons actuellement pour acheter des forêts et construire la forêt de demain avec les citoyens.

Tu traverses la Loire toi parfois ? C’est pas un peu dangereux d’aller dans «Le Centre» tout plat ? Chaque territoire a ses atouts, et j’aime beaucoup le mien. En semaine, je sillonne la Nièvre, et le week-end, je profite des belles couleurs d’automne du Morvan.

27 JAN

Costard-cravate ou polo-casquette ? Ça dépend des circonstances.

2022 V E F JAN

Un message pour ceux qui ont adopté les claquettes/ chaussettes ? Claquettes/chaussettes ? Seulement au bord du lac des Settons ! Plutôt Auxerre ? Sochaux ? ou DFCO ? Plutôt USON rugby !

WWW.POUDRIERE.COM

réou vert ure Jeudi 13 janvier 2022


guestlist

Par Maïa Mignotte et Chablis Winston

Angelo, notre couple n’est plus ce qu’il était. On ne fait plus rien, on ne sort plus… Ma vie est terne avec toi !

Ma chérie, que se passe-t-il ? Je vois bien que tu n’es pas dans ton assiette.

...

Manon Bohard Traileuse (25)

Mais, Monica . . .

Dans la vie, Manon Bohard apprend aux autres à comment arrêter de se goinfrer de fast-food et c’est aussi et surtout une traileuse de compèt’. Née à Pontarlier, la Bisontine est la fille de Patrick Bohard, lui-même spécialiste des courses longues distances. Elle a pris la relève et fait désormais partie du livre d’or de l’Ultra Trail du Mont-Blanc, qu’elle a gagné cette année. Sachant que ça fait seulement 2 ans qu’elle fait du trail. Ton père aussi était un trailer spécialiste des longues distances. Vous alliez en vacances en courant ou quoi ? Mon père est toujours un ultra ultra traileur. Petite, les vacances ressemblaient déjà à des aventures ultra (souvent dans la montagne, en rando avec le sac à dos, ayant tendance à se perdre et limité côté ravito. C’était déjà des conditions en vue d’une préparation future !). Il arrive en effet, que nous nous déplacions pour des vacances ou autre en courant, à ski ou à vélo (et oui c’est écolo et allier l’utile à l’agréable ça nous connaît !). Ton petit coin à toi pour une soirée réussie dans les montagnes du Jura ? Quand je veux courir et faire la fête : à Mouthe ou à Métabief (chez Liadey ou Zaza au pied des pistes ou au Trail de Mouthe). Quand je veux skier loin et tout oublier : c’est au Pré Poncet ou à la Chapelle-des-Bois (y’a toujours des copains, des animaux à observer ou des vins chauds). Quand je veux faire une traversée : y’a les grands-parents à Foncine, le gîte de la Ferme de Tesse, les spots du Cret de la Neige, du Reculet, du Mont d’Or, du Suchet, du Chasseron et du Creux du Van en Suisse pour chercher le D+ (c’est le cumul de l’altitude montée en rando, ndlr). Est-ce qu’avant un trail, tu bois du Pontarlier pour te chauffer ? J’aimerais dire que je suis une dingue a boire du Pont mais c’est plutôt les copains au lycée qui en avaient dans le camel back lors des raids, moi ce n’est pas mon truc. Gagner l’UTMB, c’est plus ou moins facile que de circuler en bagnole à Besançon ? Dans les deux cas ça développe ta capacité à patienter (mon pire défaut !) et c’est de plus en plus difficile avec le temps. 12

Je m’en vais Angelo, j’ai trouvé mieux !

C’est sortir.besançon.fr, il me rend heureuse. Il me donne tous les bons plans, les concerts, les expos, les événements sportifs. . . Il est fantastique !

Pour gagner l’UTMB, il faut se projeter sur un tour complet d’horloge. On en est encore loin j’espère pour traverser la ville, même à 8h30 du matin ! Courir 145 bornes en montagne c’est pas un peu maso ? C’est vrai, ça peut paraître fou. Mais vous imaginez pas comme ça passe vite quand on est bien avec un environnement aussi exceptionnel que sur la TDS (c’est une course, ndlr). Patate-Cancoillotte-Morteau ou Patate-Mont-d’orMontbéliard ? Le trio avec la Morteau ! Mais la viande ne fait pas partie de ma vie malgré mon attachement à mes origines et mon patrimoine culinaire. T’as une activité insolite à nous conseiller dans le Jura ? Il n’y a pas plus insolite que le biathlon mais aux alentours de Besançon, il y a les visites guidées à thème (trail, rando ou à vélo) d’Alexandre Cailler, mon mari, qui est guide historien et saura bluffer les touristes et les locaux. Sinon, les randos aquatiques de Johan Salomon du côté de la Loue et du Lison. Tu manges quoi pendant les ravitaillements quand tu cours ? C’est la question qui tue pour une nutritionniste. Pas grand choses, car ça passe rarement... Une patate pour moi c’est une réussite ! Mais j’ai toujours peur de manquer, donc c’est cargaisons de soupe, de bananes, de pommes de terre et de la St-Yorre ! Chuck Norris ou Jason Statham ? Plutôt Jason Statham je dirais : sportif, fonceur et sérieux quand il faut.

Comment !?! Mais qui est-ce ?

Mais qu’est ce qu’il a de plus que moi ce sortir.besancon.fr ?

ANGELO RÉUSSIRA-T-IL À RECONQUÉRIR LE CŒUR DE MONICA ? POUR LE SAVOIR ET ÊTRE AU COURANT DE TOUTES LES SORTIES À BESANÇON ET DANS LE GRAND BESANÇON, RENDEZ-VOUS SUR

sortir.besancon.fr


reportage

C’est un coin paisible aux confins de la Haute-Saône, de la Haute-Marne et des Vosges. Difficile d’imaginer qu’au XVIIe siècle, les villageois du cru passaient leur temps à être pillés par les troupes de passage, pendant que les villageoises étaient violées. #MeTooGuerreDeDixAns. C’est sans doute pour cette raison qu’un sentiment mêlé d’urgence et de violence semble animer les conducteurs locaux quand ils doublent à 110 dans les virages aussi forestiers qu’aveugles qui mènent à Noroy-lès-Jussey (70). Bienvenue dans ce Grand Nord sauvage de la BFC où Jean Prudhomme et Nadine Stivalet exploitent une truffière de 80 ares, depuis 2004. Par Nils Bruder Photos : Nicolas Waltefaugle

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« Elle est un peu conne… comme moi »pince-sans-rire Jean Prudhomme en désignant Ixelles, un Berger des Pyrénées femelle de neuf ans, occupée à nous mâchouiller le bas du chino… «Y’a des personnes avec qui ça passe moins bien. » Visiblement, on fait partie du lot. Peut-être que la chienne fait la gueule, rapport qu’on l’oblige à bosser un lundi matin. Elle est raccord avec le photographe qui s’attendait à voir une truie de 180 kilos pour faire de belles images… Bref, c’est Ixelles qui, sous ses airs de bichon de salon, va fendre le tapis de feuilles mortes, lors d’une session de cavage aka la chasse aux truffes, du côté de Noroylès-Jussey dans le nord de la Hot-Saône. Et pour dénicher le précieux champignon souterrain, c’est pas compliqué : il suffit de planter des arbres mycorhizés en pépinière – en gros, leurs racines ont été associées à des souches de truffe – sur un terrain calcaire au pH légèrement basique, arrosé mais pas trop, ombragé mais pas trop, d’attendre quelques années, de dresser un chien caractériel… « Et voilà !» comme disent les Ricains. Pour Jean et sa compagne Nadine Stivalet, il s’est passé six ans entre la plantation de 350 arbres – chênes, noisetiers, charmes, pins, hêtres… – et leur première récolte de truffes de Bourgogne (Tuber uncinatum). Parce que oui, la truffe est « big région ». Elle vit dans un monde sans frontière (gratte cette phrase pour libérer une odeur de patchoulosse). « La Haute-Saône offre un terrain où la truffe de Bourgogne se plaît bien, évoque Nadine. En 1889, le département en produisait quatre tonnes par an. » « Les truffes du coin – plus proches de Paris que celles du Périgord – se retrouvaient sur la table des rois, enchaîne Jean. » UNE PÉPITE DE 547 GRAMMES Comme au temps de cet âge d’or, le duo s’est tourné vers Paris quand l’extraordinaire s’est invité dans leur exploitation. « Le 7 septembre dernier, Ixelles a marqué un arrêt sur une truffe de 547 grammes, se remémore Jean. C’est notre record absolu. En moyenne, on tourne entre 25 et 60 grammes par spécimen. Les plus grosses sont en réalité un agglomérat de plusieurs tubercules. Cette truffe-record a été achetée par un grand restaurant parisien. Elle a ouvert une saison qui s’annonce exceptionnelle, après trois années quasi-blanches, en raison de la météo. D’ici les premières grosses gelées, qui marqueront la fin de la saison en janvier, on espère sortir une dizaine de kilos. » A 40 balles les 100 grammes, c’est pas un job à plein temps, mais ça reste plus rentable que des après-midis « kir/amigo » au rade du coin. Retour à notre lundi de novembre. « On cherche » lance Jean. Ixelles trace et repère sa première target en quelques secondes. Truffe frémissante sur truffe affleurante, elle se met à creuser. « Attends, c’est moi qui regarde » lance Jean. Accro à l’odeur de truffe, la chienne a vite fait d’en croquer un bout, si on ne 16

l’écarte pas subito presto... Le trufficulteur commence à gratter la terre avec son couteau. « Le champignon pousse à quelques centimètres sous la surface, explique-t-il. Azur, notre première chienne aujourd’hui à la retraite, marquait pile sur la truffe. Avec Ixelles, on est à vingt centimètres près. Tiens, elle est là... » Il a beau pointer avec sa lame, on ne voit que de la terre. Repérer des champignons, c’est comme les beaux romans d’amitié avec les Bergers des Pyrénées, y’a des gens qui sont pas faits pour ça... Le temps que Jean nous fasse sentir le parfum « sous-bois et noisette » de sa truffe fraîchement déterrée, Ixelles réclame sa paie. « On lui donne des petits bouts de spéculoos, explique Nadine. Dès ses trois mois, on l’a dressée avec du gruyère caché dans la maison. Peu à peu, on mélangeait le fromage avec de la truffe. Pour le cavage, on préfère le spéculoos au gruyère, c’est moins gras en poche. »

« Le 7 septembre dernier, Ixelles a marqué un arrêt sur une truffe de 547 grammes. C’est notre record absolu. En moyenne, on tourne entre 25 et 60 grammes par spécimen.»

UNE PERFORMANCE X-IXELLES « Allez, cherche, ma fille, cherche » relance Nadine. Ixelles file et suit une ligne bien droite. Déter 3000. « Elle semble plutôt sur la piste d’une bête, observe Jean. Des chevreuils sont récemment venus manger de jeunes arbres, dans une partie non clôturée du terrain. » On avance de quelques mètres. « Là, on est dans une partie où un laboratoire INRA de Clermont-Ferrand a planté une truffière expérimentale pour tester l’adaptation d’arbres venus d’Italie, de Roumanie ou d’Angleterre » explique Nadine. Peu après, Ixelles détronche une truffe brumale, réputée plus noble que sa cousine bourguignonne. « Elle ressemble à la melanosporum du Périgord, détaille Jean. On a récemment planté quelques sujets mycorhizés pour produire ces deux truffes-là, mais elles nécessitent plus de soleil que notre uncinatum. Depuis nos débuts, on expérimente en permanence, en échangeant avec des copains trufficulteurs de l’Aube ou ceux de la Confrérie de la Truffe de Bourgogne d’Is-sur-Tille (21). C’est chez eux que notre passion est née, en 2004. » Entre deux grognements vers le photographe qui s’éloigne un peu trop du troupeau à son goût, le Berger poursuit sa performance XXL. Du côté de cailloux enterrés par le couple pour apporter du calcium aux truffes, la chienne dégote un nouveau spot. Instant spéculooooos. Finalement, Ixelles ne sera pas la seule à passer à table. Après le cavage, Jean et Nadine sortent la nappe et mettent les petits plats dans les grands pour une session dégustation. Toasts beurrés, terrine porc/sanglier à la fine champagne, œuf cocotte, velouté de potimarron, coulommiers et parfait glacé… Ils déclinent la truffe au fil d’un repas et partagent leurs recettes. Nadine explique qu’elle fait aussi un tiramisu truffe/écrevisse. On lui demande la recette, histoire d’épater les beaux-parents invités à Noël. « Ah non ! celle-là, je la garde, répond-elle en souriant. »… En Hot-Saône, on donne ses coins à truffes, mais pas son carnet de cuisine…

Non, ça c’est un obus allemand.

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rencontre

Dominique RIZET Je voulais faire photo-reporter,

mais j’ai pas eu

les couilles. Venu du sud la Bourgogne, Dominique Rizet est devenu l’expert du faits divers français depuis 20 ans. Il est rentré dans tous les foyers grâce au succès de Faites entrer l’accusé et a pris le temps de nous parler de lui lors de son passage à Dijon avec ses potes de RMC Story. Échange à la cool avec un type sympa dont la France a suivi l’évolution de la calvitie saisons après saisons, entre flics, avocats, suspects, kayak, et l’appareil photo d’Erwin Rommel... Par Franck Le Tank, Chablis Winston et Zoé Charrier Photos : Julien Lasota

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Quartier rouge.


J’ai remarqué que le fait-divers quand t’étais pigiste, c’est le papier qui passait tout le temps. Ton papier t’étais sûr qu’il allait passer. Donc j’ai fait du fait-divers.

Donc tu passes sur du fait divers.

T

u es un enfant de la Bourgogne, t’es né à Paray, t’as eu une enfance à Uxo dans sud du Morvan, un père aux forges de Gueugnon, ça se passe comment la jeunesse dans ce coin de la Saône-et-Loire dans les années 60-70, c’est une enfance un peu magique à la campagne ou t’as juste envie de te tirer ? Une enfance de rêve, je suis un fils d’ouvrier qui a été élevé comme un prince. Tous mes potes d’enfance, je les revois, je les ai quittés tout à l’heure, là. On a grandi un peu dans les champs, dans la campagne. Moi j’avais des oncles et des tantes qui avaient des fermes autours de Gueugnon. On était tout le temps sur nos vélos, on allait à la pêche dans les ruisseaux. On avait une moto qu’on avait acheté 50 francs, on l’avait caché dans le bois, on avait un jerrican d’essence, on allait faire de la moto dans le bois, un régal. Une enfance merveilleuse. Tu reviens régulièrement dans le coin ? Tout le temps. j’ai acheté une maison, c’est vraiment mon point d’ancrage. La chaîne était longue, j’ai tourné tout autour, mais je suis toujours revenu à cet endroit et tu vois j’ai acheté ma place dans le cimetière d’Uxo à côté de la tombe de mes parents. Je sais d’où je viens, père ouvrier, je sais où je vais, cimetière d’Uxo. Entre les deux, c’était une belle parenthèse. Ça vient d’où cette passion, cette fascination que tu as pour les faits-divers, c’est quoi, c’est ce début de journaliste à Versailles, c’est de là que ça vient ? Je crois que ça vient de Gueugnon. Quand on était môme à Gueugnon, y a un type qui s’appelait Di Mattéo, tu retrouves ça dans les archives, qui, parce qu’il était pas d’accord avec le médecin, a pris un coup de folie, il a tué le médecin des forges de Gueugnon et il a tué sa secrétaire qui s’appelait Mademoiselle Joyeux. Il s’était enfermé, il avait fait Fort Chabrol dans le cabinet du médecin. Les gendarmes y sont allés, il y a eu des échanges de coups de feu, il y avait des traces de balles dans les murs. Et avec tous les gamins du quartier, on est allés là-bas. Il 20

a été arrêté, il n’a pas été tué par les gendarmes, il a été jugé et c’est une affaire qui a fait beaucoup de bruit. Je crois que c’est là que le fait-divers est entré dans ma tête. J’étais gamin, je devais avoir 10-12 ans. Cette histoire m’a fasciné. Je vais là-bas, je retourne à Gueugnon, et en face du cabinet médical, y a un endroit qui s’appelle le petit bar, qui est tenu par un pote, et quand on est à la terrasse du petit bar, il arrive qu’on en reparle. J’y suis allé y a un mois, je suis allé au marché à Gueugnon le jeudi et on a bu un blanc avec des copains là-bas, et y a encore une marque dans le mur, d’une balle tirée par les gendarmes. C’est fou hein ? Peut-être que ça vient de là... En tout cas il s’est passé quelque chose. Parce que toi après tu fais aussi du grand reportage à un moment dans ta carrière, enfin tu aurais pu partir sur d’autres trucs, aller plus loin... J’étais pas venu au journalisme pour faire du fait-divers... Ecoute, la semaine dernière, chez moi, j’ai ressorti une collection de vieux appareils photo, j’ai une collection d’appareils photo de l’époque du photojournalisme. La grande époque du photojournalisme, c’est la fin de la seconde guerre mondiale, Robert Capa qui est dans les péniches du débarquement. Ensuite c’est la guerre du Vietnam, où t’as toute une génération de photographes qui vont partir, et moi c’est ce que je voulais faire. C’était l’époque des Nikon F2 AS, Canon F1, et j’ai acheté des appareils comme ça. J’ai aussi des Leica 3, c’est les appareils de Rommel, le renard du désert, il faisait de la photo. J’ai des beaux Canon de cette période du photojournalisme qui a été la grande époque du photojournalisme, avec des français qui ont été excellents. Quand j’ai travaillé plus tard au Figaro magazine, je partais avec des photographes. Moi j’écrivais, et je partais avec des photographes. J’adorais cette complicité que j’avais avec ces gars-là. Mon idole c’était Don Mc Cullin, c’est un photographe qui a fait le Vietnam. Je voulais être photographe de guerre, je voulais faire de la guerre et je voulais être photo-reporter...et puis euh bah j’ai pas eu les couilles. Et puis tous ces gars qui sont des photographes de guerre c’est souvent des mecs meurtris.

Je passe sur du fait-divers parce que je m’étais intéressé. Et puis je me suis fait assez vite, je ne sais pas trop pourquoi des copains flics, gendarmes, etc... Flic c’est pas non plus un boulot qui m’aurait déplu tu vois j’ai fais un peu de droit, 2 ans de droit.

Grégory, Daval, Jubillard… D’abord pour que ce soit un bon fait divers, il faut qu’il y ait un mystère. Si on sait tout de suite ce qu’il s’est passé, c’est pas un bon fait divers, c’est une affaire criminelle qui est résolue tout de suite. Donc il faut que ça feuilletonne un peu. Jubillard, fantastique. C’est sans doute lui, mais c’est peut-être pas lui. Et si c’est lui, il va falloir le prouver.

Tu trouves un lien, une connivence avec ce milieu là...

Le doute, le twist.

Oui, je trouve une espèce de complicité avec ces mecs là. Et puis les mecs me racontaient leurs enquêtes. Les flics de la crim’ à Paris, les gendarmes dans des sections de recherche... Le fait-divers j’y suis allé, et j’y suis allé un petit peu par intérêt, parce que j’ai commencé dans un petit journal, les nouvelles de Versailles, où je faisais tout. Les noces d’or, les médailles du travail, un fait divers, le conseil municipal..., j’étais au centre c’était vachement intéressant. Et puis ensuite je suis parti au Parisien. Quand j’étais au parisien dans les 80s, j’étais pigiste. Je suis arrivé dans une rédaction, les mecs étaient accrochés à leur bureau et le pigiste c’était l’ennemi, donc j’étais pas le bienvenu et puis surtout, mon père a pas décroché son téléphone pour appeler le patron du Figaro, du Parisien en lui disant “oh coco tu peux prendre mon fils.” J’arrivais de nulle part. Mais j’ai remarqué que le fait divers quand t’étais pigiste, c’est le papier qui passait tout le temps. Ton papier t’étais sûr qu’il allait passer. Donc j’ai fait du fait divers. J’allais voir mes copains flics, il me filaient les infos à ne pas communiquer à la presse, j’arrivais au Parisien, je m’installais, je faisais des papiers, tous mes papiers passaient. J’étais super bien payé, je gagnais mieux ma vie qu’un journaliste salarié, et un jour, au bout de 3 ans ils m’ont salarié, aux infos.

Le doute évidemment. Daval, où est-ce qu’elle est, on la retrouve 4 jour après, on sait pas qui c’est, et d’un seul coup badaboum, il viennent chercher le mari, c’est énorme. Grégory, mystère, 37 ans après 1984. Dupont de Ligonnès, où est-ce qu’il est ? Est-ce qu’il est encore en vie ? Oui, non… Toutes ces histoires-là, qui feuilletonnent, qui s’installent dans la durée, sont des histoires qui passionnent. Ensuite y’a les personnages de l’histoire, Dupont de Ligonès, catho, intégriste, menteur, une vie professionnelle de merde, le gars qui réussi rien de tout de ce qu’il entreprend, le faux buisnessman. Daval, le menteur... Mais le contexte aussi, les parents à Gray qui ont leur commerce, qui ont leur bistrot, tout le monde y va, tous les jours, c’est leur fille qui disparaît d’abord et puis ensuite qu’on retrouve assassinée, avec le gendre idéal, enfin quand tu le vois tu te dis que ce mec ne peut faire de mal à personne... Des personnages... Pour Jubillard, même chose, le mystère, la femme qui disparait en pleine nuit, on nous raconte une histoire à laquelle on a pas envie de croire, le mari qui est en prison, les enquêteurs qui se cassent les dents... C’est pas inintéressant. C’est pas facile le boulot d’enquêteur, et là les mecs ils ont visiblement affaire à un os, puis un os qui est dur. Puis le mec il parle pas, et il a bien compris qu’il ne fallait pas parler, et puis peut être qu’il parle pas parce qu’il a rien a dire et que c’est pas lui. Et aussi des avocats qui entrent dans la danse, qui sont bons, Schwerdorffer (avocat de Jonathan Daval, ndlr – retrouvez son interview dans le n°33 de Sparse) tout le monde s’est foutu de sa gueule mais c’est quand même un excellent avocat, le mec il était très très bon.

Pour que ce soit un bon fait divers, il faut qu’il y ait un mystère.

Toi qui a de l’expérience, qu’est ce qui fait qu’un fait divers devient une histoire partagée par toute la France, que le fait divers devient un classique, une affaire Grégory, une affaire Daval ?

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Donc t’as tous ces personnages qui vont construire une histoire, et un grand fait-divers moi je crois que c’est ça. Il faut qu’il y ait tous ces ingrédients, tous ces éléments là pour transcender le fait divers lui-même. Imagine que Jonathan Daval, après avoir tué sa femme, il appelle les gendarmes, ou ses beaux parents. Ca aurait été une non histoire. Juste un mec qui tue sa femme. C’est lui qui l’a fabriqué ce fait divers, personne d’autre. Comment tu te retrouves embarqué dans cette histoire de “Faites entrer l’accusé”, FELA pour les intimes ? Je suis journaliste au Parisien, en 88 je reçois un coup de fil d’un gars qui bosse à France-soir qui s’appelle Christian Gerin, qui est le chef des infos générales de France-Soir. J’ai sorti quelques bonnes histoires et il m’appelle pour qu’on se rencontre. Ça matche, on s’entend bien, le mec me plaît bien. Je quitte le Parisien qui est un journal qui monte pour rejoindre FranceSoir qui est un journal qui descend. Mais qu’est ce que je me suis éclaté à France-Soir, je me suis vraiment éclaté. J’ai fait du fait-divers, j’ai fait la fin du bloc de l’Est, la chute du mur de Berlin chez France-Soir. C’était fantastique, et entre deux je faisais du fait-divers. Un jour Christian Jurin quitte France-soir en 92-93, il monte une boîte de prod qui s’appelle le 17 Juin parce qu’il est né le 17 juin. On est tellement potes qu’en 92 j’ai mon fils qui va naître et c’est le parrain de mon fils. Et en 2000 on est tout le temps ensemble, même si il est plus à France-Soir on passe les week-ends avec nos femmes, nos mômes et toute une bande. Il y a Pascal Joseph qui est le numéro 2 de France 2. Et un soir de beuverie, y a Pascal Joseph qui dit qu’il faut faire une émission de faits-divers sur France 2. Et Christian lui dit « je vais réfléchir à ça ». On commence à réfléchir, on est autour de la table et quelques jours plus tard il arrive avec son truc pitché, préparé écrit, et on cherche un titre, c’est Christian Jurin qui dit on va appeler ça Faites entrer l’accusé, je trouve ça bizarre comme titre à l’époque, et on démarre. D’abord on va faire un truc qui s’appelle Histoire de… On va en faire 4, on va faire histoire de meurtre en famille, histoire de meurtres d’enfants, histoire de pédophile... Et après c’est devenu Faites entrer l’accusé qu’on a démarré en 2000. Donc fallait chercher un présentateur. Je vois arriver un mec, Christophe Hondelatte,

je savais pas trop qui c’était. Il m’agaçait un peu. Il parlait fort et visiblement il connaissait pas bien les faits-divers en tout cas c’était pas sa came mais après, quand tu le connais c’est un mec tellement attachant, c’est un mec très sympa. Moi j’avais le carnet d’adresse, je connaissais déjà le gros Dupont. Je m’étais branché avec Éric Dupont-Moretti en 1987 sur l’affaire Dandonneau un mec qui avait escroqué les assurances vies et qui avait fait brûlé un SDF. En 2000. Ça fait déjà 13 ans que je le connais. Je connais le patron de la gendarmerie, je connais le patron de la police judiciaire, je connais des flics de la crim’, je connais Jacques Vergès, je connais tous ces avocats et je les appelle et je leur dit on va faire une émission de télé est-ce que tu viens ? Je connais Jean François Abgrall aussi, le gendarme qui a arrêté Francis Heaulme à l’époque.

Fallait chercher un présentateur. Je vois arriver un mec, Christophe Hondelatte, je savais pas trop qui c’était. Il m’agaçait un peu. Il parlait fort et visiblement il connaissait pas bien les faits divers en tout cas c’était pas sa came.

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Parce que Francis Heaulme c’est une affaire que t’as particulièrement suivi ? Heaulme oui. Abgrall il m’a emmené avec lui en enquête en me faisant passer pour un gendarme. On est allé loin on est allé à la PJ tous les deux. Y’a prescription je peux le raconter. L’émission se met en place...

Oui, on avait un présentateur, Hondelatte, un producteur, Christian Jarrin, on avait une chaîne un diffuseur, France 2. Il a fallu trouver un réalisateur, C’est Bernard Faroux qui a mis la lumière orange, le radiateur, ce fameux radiateur il y est depuis le début hein. Moi je me gardais la chronique et je faisais venir mes potes. Et donc on a démarré comme ça avec aussi un rédacteur en chef génial, Christian Huleux. Tu expliques comment le fait que ce soit devenu un véritable phénomène, un véritable culte, y a des clubs FELA y a des t-shirt FELA, y a des gimmicks de Christophe Hondelatte qui restent dans le temps, comment tu l’expliques ?

jusqu’à la fin pour savoir ce qu’il s’est passé, avec des rebondissements, et c’est vrai que j’ai vu au bout d’un an des gens dans la rue qui ont commencé à me parler. Je trouvais ça vachement bizarre, ça m’a vraiment fait drôle de voir la passion. Et puis y a des clubs qui se sont créés, ensuite quand les réseaux sociaux ont commencé à naître, des clubs de fans qui se sont créés et puis des potes qui se réunissaient le soir comme pour les matchs de foot. C’est vrai que ce truc ça a quand même mis un peu de temps à s’installer. Ça a pas été tout de suite mais quand l’habitude a commencée à venir c’était bon. Le kayak, t’en fais encore (Domi a participé à plusieurs championnats de France de kayak dans sa jeunesse, ndlr) ? Bah figure toi que je vais m’en racheter un parce que je vois cette belle rivière, l’Arroux, là ou plus personne ne fait de bateau. Je voudrais m’acheter un match, les matchs c’était les kayak de descente. T’as le bateau plat pour faire du slalom et moi je faisais les deux disciplines. Slalom et descente donc je vais me racheter un kayak match et je me ferai des descentes d’Étang jusqu’à Toulon (Toulon-sur-Arroux dans le 71 hein, pas Toulon dans le Var... Ça ferait un poil long, ndlr). Si on veut parler faits div’ faut se prendre un kayak et descendre la rivière avec toi. Ouais on se fait une descente à kayak ensemble, c’est tranquille l’Arroux, c’est tout plat c’est juste histoire de pédaler un peu (sic) pour se refaire les bras.

Je pense que c’est la première émission à faire ça. C’est une émission qui est passé dès le début le dimanche soir sur le service publique France 2 donc ça aide. Je pense qu’une habitude s’est installée parce que on a racontés des histoires vraies et on les a racontées comme au cinéma. Avec une mise en scène, avec une musique aussi, avec un rythme qui te donne envie de rester 23


portrait

L’homme qui murmure à l’oreille des pianos Timbré, frappé, marteau, il porte en lui les métaphores pianistiques comme il porte l’âme des pianos. Psychologue attentif, médecin aux petits soins, Joël Jobé restaure et accorde les pianos au hameau de Collonges, commune de Lournand, près de Cluny. Une vie de patience, de pièces, de vis, de cordes, de sueurs, d’obsession et de perfection. Plus qu’une profession, un sacerdoce. Joël, éleveur de pianos.

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Par Erika Lorenzo Photos : Thomas Lamy 25


I

l nous accueille dans son atelier avec son regard de gamin malicieux. Les pianos l’entourent, complices. Joël Jobé est accordeur ET restaurateur de piano. Il aurait pu être l’un ou l’autre, mais ce serait mal connaître le personnage. Joël Jobé vit de perfection. Il restaure, il écoute, il dialogue. Il traite la mécanique comme l’esprit des pianos. Il se nourrit de chaque instrument pour mieux le sublimer, faisant d’un détail la substantifique moelle. Maniaque à l’extrême, généreux et passionné, Joël Jobé nous parle de lenteur et de beauté et nous, comme des gosses, on se laisse envoûter. L’APPRENTISSAGE Rien ne prédestinait Joël à devenir un orfèvre de la restauration. Quoique... Issu d’un milieu prolétaire, ouvrier, de Montbéliard, dans sa famille il était néanmoins de bon ton d’apprendre la musique. « J’ai pris des cours de piano

« Préparer un piano pour un concertiste, c’est de la haute couture »

« Oui, je suis le père de Daniel Craig ».

à l’âge de 5 ans et pendant 5 ans. Des années de labeur, horribles ». Le piano fut oublié, jusqu’au lycée. C’est là que tout a commencé… « J’ai été viré, ça m’a porté chance. Je devrais remercier le proviseur. Mon père m’a dit qu’il ne voulait pas de fainéant à la maison et que je devais aller bosser, alors j’ai bossé ». Passionné par la facture instrumentale, ce « bois qui devient instrument », et par la richesse sonore du piano, il se lance dans l’apprentissage en 1978. Le piano sera son Saint Graal. La formation se fait en trois ans : trois pour accordeur, trois pour restaurateur. Il en fera six, pour suivre les deux. « Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre ».

LE PREMIER ATELIER

pianistes. Le parfait est éphémère ».

En 1986, à 25 ans, son diplôme et son expérience d’apprenti en poche, il roule sa bosse puis ouvre son entreprise. Ses maigres économies lui permettent de louer un local au square SaintAmour, à Besançon, et de s’acheter un piano, le moins cher qui soit, trouvé par petites annonces. « J’ai restauré ce piano et je l’ai vendu. Avec l’argent, j’ai acheté deux pianos que j’ai restaurés et vendus. Avec l’argent de ces deux pianos, j’en ai acheté trois... et ainsi de suite. Un jour, quelqu’un m’a demandé un piano neuf, j’ai fait pareil ». La petite entreprise devient grande, l’ancien apprenti se fait un nom, représente des marques de piano, se déplace avec des clients sur les lieux de fabrique en Allemagne, en Autriche.

L’ATELIER BOURGUIGNON

LES STUDIOS D’ENREGISTREMENT & LE CONSERVATOIRE

« Un piano arrive à l’atelier. Il faut l’ausculter, discuter avec lui, comprendre les soins dont il a besoin, échanger avec son propriétaire, constituer un dossier sur l’instrument ». Les préliminaires passés, vient le passage à l’acte. Joël démonte le piano et ses 6000 pièces. Tout est répertorié, inventorié, classé. Vis par vis, corde par corde. « Il vaut mieux être ordonné ». Chaque pièce est passée au crible. Comment la rendre la plus proche possible de la pièce originale ? Comment redonner à l’instrument son lustre et le son d’antan ? Il faut étudier des pianos d’époque similaire, dresser une fiche, se documenter. Chaque détail compte, l’opération frise le sublime. « Si je change des feutres de marteaux, il faut que je retravaille la matière actuelle pour retrouver le son de l’époque. Si le timbre est trop acide, il faut travailler sur la texture du marteau et donc du feutre qui garnit la tête. On pique la tête pour obtenir tel ou tel timbre, on l’assouplit avec des aiguilles. Ça arrondit le son, ça le rend

Retour à la restauration. Depuis plusieurs années, Joël avançait doucement vers la Bourgogne, dans le Clunysois précisément. Il a créé un atelier dans lequel il va finalement s’installer. Un cabinet pour pianos malades. Certains arrivent pour restauration, d’autres ont été sauvés de la déchetterie, d’autres encore servent de réservoirs à pièces introuvables. Les fameuses pièces introuvables, obsession permanente de Joël. Pour comprendre, il faut entrer dans la tête du bonhomme et appréhender son mode opératoire. Sa devise : se rapprocher au maximum de l’objet original, « quoi qu’il en coûte ».

« Un piano arrive à l’atelier. Il faut l’ausculter, discuter avec lui, comprendre les soins dont il a besoin »

Les talents de Joël ne passent pas inaperçus. Un studio d’enregistrement le repère, lui demande d’accompagner des concertistes et d’accorder leurs instruments en studio et en tournée. Défi, exigence, haut de gamme. Il n’en fallait pas plus. Joël se lance. « Préparer un piano pour un concertiste, c’est de la haute couture. Il faut savoir exactement ce qu’il veut. On est dans un travail sur mesure, sans filet. J’ai fait ça pendant 10 ans, c’était passionnant. J’ai voyagé partout ». L’évolution du marché du disque mettra fin à cette mission. À partir de 2008, Joël poursuit au Conservatoire de Lausanne « usine à musiciens » où il accorde un parc de 150 pianos qui doivent en permanence être parfaits. « Quand on en a fini un, on passe à un autre. On parle de mécanique, de cordes tendues, d’adaptation aux exigences des

Herta. Ne passons pas à côté des choses simples 27


plus doux. A l’inverse, pour un son trop cotonneux, on va appliquer le feutre sur une surface chaude pour le resserrer et rendre le son plus dynamique ». Avant de travailler le feutre et les cuirs, encore faut-il les trouver… car Joël ne se contentera pas de n’importe quelle matière. Il lui faudra la matière ultime, celle qui se rapprochera le plus possible de l’originale. Exemple : la restauration d’un piano à queue Pleyel. L’entreprise utilisait des croûtes (cuir doux des deux côtés) couleur rouge sombre. Où trouver des croûtes rouge sombre aujourd’hui ? Horreur et damnation, elles restent introuvables chez les fournisseurs. À force d’enquêtes, Joël trouve de la croûte rouge sombre de 1,3mm d’épaisseur à Romans sur Isère. Sauvé. Pour cette fois, car la quête ne s’arrête pas là. Elle semble sans fin. Après le feutre, les vis. Elles n’existent plus dans les magasins de bricolage. Joël s’efforce de reconstituer des collections, à force de pianos sacrifiés et de vide-greniers. Son trésor : des caisses de

vis de différentes époques. Des vis qu’il va décaper et repolir une par une. Des vis invisibles du public, parfois même du pianiste, mais dont il sait, lui, qu’elles sont là. Livrer un piano avec des vis tâchées, marquées par le temps serait un sacrilège, un blasphème quand le diable se cache dans les détails. « Ça joue parfois sur des pièces que personne ne verra. Il faut aller au bout, au fond. Quand on arrive à ce niveau-là, on remonte chaque fois le degré, on ne peut plus s’arrêter. Il faut être un peu taré ». Un jour, un journaliste demanda à Georges Mallory pourquoi il tenait tant à vaincre l’Everest, l’alpiniste lui répondit « parce qu’il est là… ». Joël Jobé regarde ses pianos comme son Everest, une évidence, hissant 100 fois le haut de son sommet. Il se plonge dans la restauration jusqu’à l’immersion. Les tables d’harmonie sont décapées, vernies avec une gomme laque érable. « Je ne peux pas faire le boulot à moitié. J’ai besoin d’exigence, de respecter l’instrument. Quand on effectue une restauration, on pose sa

signature. C’est quoi votre signature ? Ce n’est pas anodin ». Joël Jobé passe en moyenne 400 heures sur chaque piano, parfois plus, parfois moins. Tout dépend du piano et de sa taille. Quelle que soit la restauration, le processus est le même : retrouver l’âme de l’objet quitte à en perdre le sommeil. « Il m’est arrivé de ne pas toucher un instrument plusieurs jours car je n’étais pas prêt. Quand c’est un jour sans, je vais promener le chien. Si un truc ne va pas, ça jure, c’est pas possible. Quand chaque détail est parfait et que l’on additionne tous les détails, alors ça donne quelque chose de magnifique ». La restauration pose de nombreuses questions. Que faire, par exemple, d’un piano plusieurs fois restauré et dépareillé ? « Il faut trancher, effacer les restaurations antérieures, retrouver l’harmonie du piano. Sur celui-ci par exemple dit-il en montrant un travail en cours j’ai décidé de passer de l’acajou au mat ». Il faut se rapprocher de l’objet original ou le magnifier et pour se décider, parler avec l’instrument, l’observer, vibrer à l’unisson avec les pianos.

LE REFUGE POUR CONCERTISTES Joël entame aujourd’hui la sixième étape de sa vie. Accolé à son atelier, il a aménagé un gîte. Un gîte pour tout public, mais surtout concertiste, pour profiter du dépaysement et de fabuleux instruments. Avec les chambres, l’hôte propose une salle de musique avec 3 pianos (piano à queue de concert Steinway modèle D, piano à queue Yamaha C5, piano préparé). Le pianiste en résidence ou villégiature peut s’isoler et jouer sur des pianos exceptionnels aux vis décapées et lustrées. Joël nous a emmené dans cette salle de musique. Il a posé avec émotion ses doigts sur un clavier et a commencé à jouer. Il a murmuré : « vous entendez, vous entendez ce son ? ». Il jouait avec l’émotion de l’homme qui a gravi l’Everest, qui sait que derrière chaque note se cache un bout de feutre rouge sombre de Romanssur-Isère et des vis décapées. L’émotion du labeur. Doucement mais sûrement. Chi va piano va sano.

« Il m’est arrivé de ne pas toucher un instrument plusieurs jours car je n’étais pas prêt. Quand c’est un jour sans, je vais promener le chien »

«Et là, mawashi geri !»

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L’ entorse.

le planté de bâton

immersion

Entraînement musclé en compagnie des championnes du monde de twirling bâton, à côté de Besançon. « Il n’y a aucun rapport entre le twirling les majorettes ! À part le bâton. Les majorettes sont en bottes, jupettes et chapeaux et elles suivent les fanfares » me dit tout de go Karine, la présidente du club en entrant dans le gymnase. Effectivement, j’ai l’impression que cette comparaison hâtive est un sujet sensible et que l’amalgame est vite fait. Heureusement que j’ai pris mon short et mes baskets pour apprendre, à la dure, ce qu’est le twirling bâton avec le club de Beure, un village à côté de Besançon.

Par Franck Le Tank Photos : Julien Lasota

Le Radeau de la Méduse.

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History Recall

Training day

Le twirling naît aux USA en 1978. Pas étonnant quand on sait que « to twirl », ça veut dire tournoyer en LV1 anglais (encore un verbe que tu as zappé car il était régulier). Pendant que l’Amérique s’émerveille pour le disco en se remettant de sa gueule de bois au Vietnam, le twirling bâton se développe dans les collèges aux USA. Si on regarde un peu plus loin, il semblerait même que cette pratique aurait pour provenance les îles Samoa et le SIAM, où le

Comme je le disais en préambule, je suis attendu pour l’entraînement afin de voir si le twirling bâton est un sport fait pour moi. On l’a dit, pas de majorettes qui tiennent ici, mais plutôt un mélange de GRS, de patinage artistique et de danse, c’est pas gagné pour moi mais je me mets au diapason auprès de Cindy, l’entraîneuse du jour, et qui plus est, championne de France en solo en 2016. On commence par le commencement : un échauffement

d’entraînement et de répétition pour les mouvements. Il y a énormément de petites qui se découragent assez vite ». Effectivement c’est chaud et Karine me le confirme : « l’âge fatidique c’est 14 ans, c’est soit les copains et le scoot soit le bâton ». Avec deux entraînements par semaine, ça ressemble effectivement à un sacerdoce pour performer comme dans pas mal d’autres sports et ce n’est pas Émilie qui va me contredire. Elle est championne du monde en duo avec sa sœur

Allez ! Vous m’en faites encore 200.

C’est un sport où il y a de plus en plus de mecs. en 2019 : « J’ai commencé à 8 ans et je pratique le twirling depuis près de 22 ans ». Émilie continue, tandis que sa sœur lâche le twirling au sommet avec son titre en poche.

Le monde Chico et tout ce qu’il y a dedans

bâton était alors pratiqué comme une danse religieuse à l’aide de longues cannes. En Europe, la pratique serait, quant à elle, arrivée avec des équipes de basket comme les Harlems Globe Trotters, qui, lors de leurs tournées de démos enflammées seraient venus avec des équipes de twirling bâton et de cheerleaders universitaire. En tout cas la pratique existe depuis un moment en France, en atteste Karine : « le club existe depuis 21 ans. Je l’ai fondé avec ma cousine mais avant on en faisait déjà. On a commencé à partir de 8 ans dans un club qu’il y avait à Besançon et qui n’existe plus. On s’est finalement lancée pour créer le nôtre ». Aujourd’hui le sport est bien organisé, il existe deux fédérations françaises la FFTSB (Fédération Française de twirling bâton) et la fédération dissidente, la NBTA ( National Baton Twirling Association) dont je vous passerais les embrouilles ici. Le sport est pratiqué dans le monde par environ 3 millions de personnes, ce qui représente l’équivalent de la population du Quatar ou de la Bourgogne Franche Comté. 32

en musique. On prête ici attention au tempo entre les exercices et tout y passe. En gros, on se met une ambiance sportive abdos, squats, étirements et violence du quotidien comme dans Gym Direct sur C8. Mon niveau physique moyen me fait tout de même me rendre compte que je suis en nage assez vite. Je tiens le coup (principalement pour garder la face) et j’abandonne à deux mètres du bol de sangria lors du passage au grand écart. La souplesse et moi n’étant pas de très bons potes, je décide d’opérer un retrait stratégique à ce moment-là. La préparation dure une vingtaine de minutes, et je suis désormais chaud bouillant et prêt à me saisir du bâton. C’est plutôt léger et c’est composé de deux extrémités différentes : la balle et le tip. C’est le poignet qui fait tout dans le mouvement, on pourrait comparer le mouvement de base à du nunchaku, ce qui donne cet effet d’optique de rotation. Bien sûr, ça, c’est la base et je comprends vite que la pratique demande une dextérité accrue ainsi que des heures de travail. Cindy me le confirme : « C’est un sport qui demande beaucoup de rigueur,

Je délaisse le bâton pour m’entretenir avec Émilie concernant cette coupe du monde 2019 remportée en duo avec sa sœur. C’était à Limoge : « chaque pays fait une sélection : des solos, des duos, des équipes, des groupes. Moi j’étais en duo avec ma sœur. C’était notre première participation ». Avant d’en arriver là, Émilie a convaincu les jurys à Paris lors du week-end de sélection : « Il y avait un énorme gymnase coupé en 4, tout le monde avait la même musique et des figures imposées. Les jurys notent l’artistique, la chorégraphie ainsi que les mouvements avec le bâton qui sont divisés en 3 catégories : « il y a le lancer, le rouler (quand le bâton est sur la nuque ou qu’il roule sur le corps) et le maniement (le bâton est près du corps mais dans l’espace). On doit présenter 3 roulés, 3 maniements et 4 lancés dans un programme ». Ça m’a donné envie de faire quelques lancés et quelques roulés mais l’échec est cuisant, je pense que je suis encore plus raide que le bâton… Je demande à Émilie si ce sont les USA les stars de la catégorie : « Le Japon c’est les plus balaise, toutes les équipes sont en Elite (le plus haut niveau du Twirling ndlr). Après c’est la France, et les USA. ». J’apprends 33


même qu’il y a des stars du twirling bâton ; principalement des Japonais mais aussi des Français : « En France on a nos stars mais elles ne sont pas très connues. Jason Traver, Andy Morel, Sabrina Péan. C’est un sport où il y a de plus en plus de mecs. Il faut de la force dans les bras pour pouvoir lancer le bâton. Les hommes sont en général bien côté. ». C’est d’ailleurs un sport mixte, où les hommes et les femmes peuvent être dans la même équipe. Les filles de Beure Twirl’ (le nom du club de Beure) connaissent bien la star Andy Morel puisque c’est lui qui a conçu leur dernière création : « On fait venir deux entraîneurs, Andy Morel et un juge international qui font le montage des numéros ». Il s’agit d’une résidence de travail pour créer la chorégraphie. Ils sont venus en août 2019, pour travailler un spectacle à présenter aux prochains championnats puis il y a eu le Covid. Pour Émilie, cela a représenté un sacré coup pour la pratique : « C’est dur de se remettre dedans. Presque deux ans sans gymnase. On sentait qu’il y avait un engouement, c’est un sport qui intéressait de plus en plus, les adhésions montaient en flèche mais avec le Covid on a perdu beaucoup de licenciés. Il y a eu un Incroyable Talent à la TV qui nous a mis en lumière. Il y a aussi pas mal de vidéos TikTok, notamment des challenges entre les clubs ». On sent que le Covid à une influence importante sur les filles du Beure Twirl’ qui me présentent leur dernière création autour de la pandémie : « En compétition, ce sera plus impressionnant car on intégrera des masques dans nos costumes, dans la chorégraphie on se transmet le Covid, c’est pour ça que l’on finit au sol ». Ambiance…

Cependant le sport pâtit du peu de reconnaissance du public et l’économie de ces clubs est précaire : « la location d’un gymnase à l’année, l’inscription à la coupe du monde et aux championnats, la logistique que ça engage représentent des coûts très importants pour des petites structures comme les nôtres » nous confirme Karine.

Last one for the road Avant de partir, les filles me montrent leurs différents programmes, et force est de constater que la maîtrise du bâton est plus qu’impressionnante, que ce soit en solo, en duo ou en équipe. Les filles ont toutes choisi une chanson personnelle pour leur programme. C’est souvent un truc de dance ou un remix douteux d’un tube passé, version DJ Snake : « la musique n’a pas forcément besoin d’être hyper rythmée mais il faut qu’elle soit entraînante ». Les programmes durent en moyenne 3 à 4 minutes et représentent un mix de tout ce que l’on a cité précédemment : des figures de gymnastique, des lancers de bâtons, des roulés à un rythme assez effréné. Le plus impressionnant reste tout de même les lancers (c’est d’ailleurs pour ça qu’elles doivent s’entraîner dans un gymnase car les lancers sont souvent à une dizaine de mètres de haut). J’en profite au passage pour demander quel est leur délire avec les tenues originales utilisées dans le Twirling, un peu à la manière du patin à glace. C’est plutôt grandiloquent, ambiance sequins, paillettes et satin : « La tenue ça fait partie du personnage. On a des couturières dans chaque club, nous, ce sont nos entraîneurs qui les font ». Karine me confirme : « On se met à la machine et on fait Mac Gyver. Les tenues doivent être en adéquation avec la musique ». Une façon de s’immerger dans le perso comme quand Candeloro ridait en Lucky Luke ! À les voir s’envoyer des bâtons à plusieurs mètres de haut on en vient à se poser la question fatidique : le twirling ce ne serait quand même pas un sport à risque ? Karine nous le confirme : « J’ai la cloison nasale déviée. Le bâton c’est de la ferraille : plus on le lance fort, plus il tourne et plus ça peut être dangereux ! ». Émilie rajoute : « ma sœur a failli me casser le nez avec le bâton. J’ai dû mettre des strips la veille d’une compétition ». Une raison de plus pour poser mon bâton, retourner au vestiaire et prendre ma retraite anticipée.

C’est quoi le délire avec les tenues originales utilisées dans le Twirling, un peu à la manière du patin à glace. Ambiance sequins, paillettes et satin.

Nelson Monfort & le Twirling Vous l’aurez compris à ce stade, le twirling bâton c’est une activité sportive qui mélange performance physique et artistique, alors pourquoi cette pratique n’est-elle pas présentée aux Jeux Olympique ? Émilie à bien évidemment la réponse : « Un jour il y aura du twirling bâton aux JO. Il faut un certain nombre de licenciés dans le monde et un certain nombre de pays. Il manque encore des clubs en Afrique et en Amérique du Sud, là où le twirling bâton est peu développé. Ça n’arrivera pas en 2024 mais peut-être en 2028 ». En attendant le sport se développe encore en France et prend aussi des ramifications avec la pratique du pompon (un mélange entre le twirling et le cheerleading). Bâton du diab’

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Black Friday.


interview

C’est un avenir de tous les extrêmes qui se dessine

Apprendre du passé pour anticiper l’avenir, c’est le travail de l’historien du climat, Emmanuel Garnier. Le bisontin coordonne actuellement avec les prestigieuses universités du MIT et de Harvard une étude visant à rendre nos villes plus résilientes face aux phénomènes climatiques à venir. Spoiler alert : Nous ne sommes pas prêts. Rencontre. Par Delphine Fresard Photos : Michael Sallit 39


Vous avez reçu, en juin 2021, un financement du MIT et de Harvard pour le projet sur le climat intitulé « Paris facing the climatic crises or the little ici age 15th - 19th centuries », pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent vos travaux de recherche ? Le premier axe de ce projet consiste à construire une base de données en récoltant les archives conservées par la ville de Paris durant le petit âge glaciaire qui a frappé l’Europe entre le XIVe et la fin du XIXe siècle. Grâce à la création de cette base de données nous allons pouvoir comparer les événements climatiques que l’on vit aujourd’hui à ceux qu’ont vécu nos ancêtres et observer comment réagissaient les communautés urbaines. Ces retours du passé nous permettront d’aider à l’élaboration de la stratégie d’adaptation de nos villes face aux événements climatiques futurs et aux conséquences qui en découlent, que ce soit liées au réchauffement ou aux épisodes de grand froid. La finalité de ce projet est de savoir comment construire la ville de demain. Pour cela, il faut donc apprendre du passé pour anticiper l’avenir.

IL FAUT VÉRITABLEMENT PARLER DE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE CAR, À CERTAINS ENDROITS, NOUS AURONS DES VAGUES DE CHALEUR ET DANS D’AUTRES PARTIES DU GLOBE DES REFROIDISSEMENTS

Euh, attendez… J’ai bien entendu épisodes de grand froid ?

En effet ! La diminution, voir l’arrêt du Gulf Stream, fait craindre à un refroidissement net de l’Atlantique Nord, ce que les climatologues appellent un changement abrupt de température. Un risque, popularisé - mais très exagéré - par le film « Le Jour d’après ». Les récents travaux du MIT et de l’institut de recherche de Postdam en Allemagne avec les climatologues de Bordeaux indiquent que l’Atlantique Nord, comprenant les États-Unis et l’Europe occidentale, pourraient vivre un refroidissement climatique dans les 10 ans à venir de l’ordre de 2 à 3 degrés, c’est énorme et effrayant. Grâce à de nouveaux algorithmes, cette probabilité est passée de 10 % à près de 50 %. Mais attention, il ne s’agit en aucun cas de nier le réchauffement climatique, car ce refroidissement est bien une conséquence directe du réchauffement climatique : la fonte des glaces et le réchauffement des eaux planétaires sont en effet la cause du ralentissement du Gulf Stream. Les climatologues ont enfoncé le clou avec le réchauffement climatique, seulement ils ont été maladroits. Il faut véritablement parler de dérèglement climatique car, à certains endroits, nous aurons des vagues de chaleur et dans d’autres parties du globe des refroidissements. De toutes façon, c’est un avenir de tous les extrêmes qui se dessine. 40

Nos sociétés sont-elles plus adaptées au chaud ou au froid ? Ni l’un, ni l’autre ! Nos systèmes sont très vulnérables. On parle beaucoup de l’adaptation au chaud mais nous ne sommes pas du tout prêts au retour du grand froid. En cas de températures glaciaires mes craintes concernent les réseaux de communication et les moyens de transports. De facto, ceux utilisant l’électricité rencontreront de gros problèmes en cas de gel des caténaires, sans compter que RTE (et EDF) aura bien du mal à alimenter ces réseaux, les entreprises et les foyers. Quant aux axes routiers, je vous renvoie aux chutes de neige des 20 dernières années qui ont montré que quelques malheureux centimètres de neige suffisaient à paralyser la circulation en Ile-de-France, notamment le périphérique. De la même manière, la mauvaise isolation du parc immobilier français, comme pour les vagues de chaleur, ne permettrait pas de faire face à un refroidissement. Sans compter enfin les marchés d’approvisionnement en gaz et hydrocarbures incontrôlables pour nos Etats et qui attisent les braises de la hausse des prix. Historien du climat, vous évoquez la nécessité d’apprendre du passé pour anticiper l’avenir ; aussi, comment nos ancêtres s’adaptaient aux événements climatiques ? Et bien, prenons l’exemple des villes qui se développaient autour des cours d’eau pour favoriser le commerce. Ces villes, jusqu’aux années 1900, veillaient à créer des zones de protection, elles étaient conscientes du risque de vivre au bord d’une rivière, avec une mesure toute simple de précaution qu’était le maintien des « rubans verts » : ce sont des zones vertes de part et d’autre de la rivière qui restaient en fourrage ou en marais. En cas d’inondation, ces zones avaient un rôle d’absorption des crues. Certaines villes en Allemagne ou en Angleterre sont d’ailleurs revenues à ce système. Même si l’on pourrait penser que la situation de l’époque n’était pas comparable à celle d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que nos ancêtres connaissaient également des catastrophes climatiques aussi violentes que de nos jours. Un orage ravageur, ou bien une sécheresse, pouvait par exemple engendrer une famine. En quoi votre projet « Paris face aux crises climatiques du petit âge glaciaire, du XVe au XIXe siècle » a-t-il intéressé les chercheurs du MIT et de Harvard ? Tout d’abord, c’est le côté interdisciplinaire de ce projet, qui mêle historiens et climatologues qui les a séduits. Pour resituer, le MIT c’est les sciences dures tandis qu’à Harvard, c’est plutôt les sciences sociales. En fait, les Américains constatent avoir atteint les limites des formules mathématiques pour prévoir le climat. Surtout à un moment où les nouvelles données climatiques tendent à 50/50 entre un refroidissement et un réchauffement de la planète. Ces modèles mathématiques leur servent aussi a entrevoir ce qu’il s’est passé autrefois, ce qui est ridicule puisque nous disposons en Europe, et notamment en France, d’une documentation qui est très riche et qui débute en matière climatique au moyen âge ! En récupérant ces données, nous pourrons refaire tourner leurs modèles mais cette fois avec des données tangibles et non des données mathématiques qui ne correspondent pas à la réalité historique. Or, ces données sont parfaitement conservées dans les archives françaises, en particulier parisiennes, en raison de la longue tradition bureaucratique de notre pays. Tous les aléas

climatiques faisaient l’objet d’un enregistrement de la part du clergé, des administrations des villes, de l’Etat royal puis républicain (militaires, forestiers, marins…) depuis 300, 400 ans. Les rois de France souhaitaient, par exemple, affirmer la puissance scientifique de la France en créant l’observatoire de Paris où l’on a produit des séries météorologiques dès les années 1660. L’exemple français tranche avec les Etats-Unis qui, ayant été colonisés tardivement, n’ont commencé à faire des relevés météos qu’à la fin du XIXe. D’ailleurs ce pays « jeune » est largement dépourvu de monuments historiques et donc d’archives également. Mais pourquoi faire appel à un historien plutôt qu’à un climatologue ? Car nous sommes les seuls à avoir accès aux données climatiques sur des périodes aussi longues. Je travaille sur les 500 dernières années alors que les climatologues ne disposent pas de données très anciennes (depuis seulement les années 1950). Et aussi, nous ne travaillons pas sur les mêmes sources. La documentation historique, c’est de l’écrit. Notre savoir-faire est de traduire ces écrits en données exploitables scientifiquement. Pouvez-vous nous donner des exemples ? Et bien, par exemple, grâce aux marchés parisiens, nous pouvons reconstruire des données de température avec les dates d’arrivée du blé, ce que l’on appelle la phénologie. Autre exemple, du XVe au XIXe, l’Europe a donc connu une période froide que l’on appelle le petit âge glaciaire, mais il s’avère que ça ne « glaçait » pas tant que ça. Les hivers étaient certes plus rigoureux mais la période a connu des sécheresses et chaleurs terribles qui sont décrites par des gens de la Cour de Louis XIV, comme dans les lettres de Madame de Sévigné ou de la Princesse Palatine… Ces femmes décrivent ces vagues de chaleur dans leurs lettres à travers l’inconfort de leurs tenues qui n’étaient pas du tout adaptées à ce type de température. Un autre exemple de données historiques : à Besançon, quand il faisait très froid, le Doubs gelait, ce qui créait de très gros problèmes pour le transport du blé ( qui se faisait essentiellement par voie navigable ) et en 48h, les prix flambaient. Même si nous ne disposons pas de température, nous pouvons caler les températures moyennes qui expliquaient cette inflation. Pourquoi s’intéresser, plus particulièrement, à la vulnérabilité des villes ? On s’y intéresse plus spécifiquement car, dans les risques

engendrés par le changement climatique, le risque urbain est plus important. Déjà, environ 70% de la population mondiale actuelle habite en ville. Or, en raison de la densité de la population et de l’artificialisation des sols, la ville est bien plus vulnérable aux événements climatiques car tout y est amplifié. Et pour vous, c’est quoi une ville durable ? Que serait une ville durable ? Ma foi, je dirais une ville la plus autonome possible en termes de production d’énergie et être de denrées alimentaires, un peu à l’image d’une ville comme Freiburgim-Brisgau où les immeubles sont à même de produire leur électricité (petites éoliennes installées sur les bâtiments) ou encore la re-création de zones humides maraîchères qui ravitaillent la ville en circuit court. Bref, des cités à l’image des villes anciennes, c’est à dire plus résiliantes face à la menace climatique.

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interview

........... La nouvelle pépite du rap français est Gabonais. Il s’appelle Benjamin Epps et marche sur le rap game en allant puiser à la source des années boom bap, avec une technique et un flow qui rend fou, une voix reconnaissable entre mille et des productions offertes par l’énigmatique Chroniqueur Sale. Le jeune homme passait par la Rodia de Besançon cet automne. Un garçon posé, déterminé, très loin de l’image gangster du milieu, et très conscient de ce que veut dire le mot « game » de rap game. Par Chablis Winston Photos : Nathan Roux et Max Rozzi

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Je crois que ça a tué un peu le truc, du coup la scène rap s’est tournée un peu vers les musiques africaines, un peu d’afro, un peu de musiques locales. Toi gamin t’étais très branché rap français ? Très branché rap français. Américain aussi mais très français. Mon frère a vécu en France et a rappé au milieu des années 90. Lui et tous ses potes, c’est une grande famille. Il m’ont fait écouter le rap français des 90’s : La Cliqua, Time bomb etc… Donc tu vois, c’est avec tout ça que j’ai grandi. T’as eu une petite carrière quand même au Gabon, sous différents alias, des scènes, des show radio... Mais quand t’arrives à Montpellier à 20 ans, tu reprends tout à zéro ? Tu viens du Gabon, t’as passé toute ton enfance a Libreville, quartier Bellevue. Toute cette jeunesse gabonaise, qu’est ce que ça t’apporte en plus que les autres rappeurs en France ? Y’ a une sorte de fatalisme que je n’ai pas. Y a plein de frères qui sont nés en île de France, qui pensent qu’ils ne peuvent pas s’en sortir et moi j’ai envie de leur dire que je viens du Gabon. Je pense que si tu commences à demander à la population française, tu demandes à des jeunes étudiants de Besançon c’est où le Gabon, ils sauront même pas te dire. Je viens de là...toutes les misères, c’est les misères, on compare pas, je suis pas en train de comparer les souffrances, mais je pense que dans la vie il faut savoir relativiser. Moi je viens d’un coin où c’est vraiment difficile. Les HLM ça n’existe pas. Les aides au chômage ça n’existe pas, les aides au logement ça n’existe pas. tu n’as même pas le temps de t’apitoyer sur ton sort, parce qu’il n’y a personne qui va venir te sortir de là où tu es. Est-ce qu’il y a une scène rap qui est développée au Gabon ?

Tu débarques là, comment tu fais pour te faire remarquer ? Open mic. Alors y a un petit quartier qui s’appelle Louis Blanc, et y avait un petit bar, un super bar hip-hop, et là j’ai fais des rencontres extraordinaires. J’allais là tous les jeudis à l’open mic, je faisais mon freestyle et déjà tu pouvais sentir dans le regard des autres que j’avais quelque chose. Quand je prenais le mic, je faisais mon truc, t’as plein de mecs qui venaient me voir «Yo frérot ? Tu fais quoi ? T’as un groupe ?» et ça, ça m’a boosté, je me suis dit y a quelque chose. En fait que tu viennes de Chine, du Japon, d’Espagne, le rap finalement c’est quelque chose qui parle à tout le monde. Moi je suis francophone donc j’étais tout à fait au bon endroit.

Au gabon, tu n’as pas le temps de t’apitoyer sur ton sort, parce qu’il n’y a personne qui va venir te sortir de la ou tu es.

Au début des années 2000 oui, y avait une grosse scène, après je pense que le continent a souffert un peu de l’hégémonie américaine. Jusqu’à la fin des années 90, on s’était pris l’influence française à donf, IAM, NTM, Booba, Lunatic... Et finalement quand les américains ont commencé à vraiment s’imposer partout, bah nous on s’est pris ça et ça a complètement cassé le rap francophone. Au Gabon on a un président qui faisait un peu des folies, on a eu Ja Rule, on a eu Shaggy, Fat Joe, et les concerts étaient gratuits. Donc après ça quand tu as Busta flex qui veut venir à Libreville pour faire un concert on lui dit « mais mec nous on a vus, Shaggy, t’es qui ? »... 44

Quand t’arrives à Montpellier, t’es personne, t’es juste un mec qui vient pour les études, t’es juste un étudiant quoi.

Ça marche sur Montpellier, pourquoi tu montes à Paris ? Ça marche pas sur Montpellier. Je monte à Paris parce que justement, les amis de mon grand frère me demandent «qu’est-ce que tu fais ? Nous on apprend que tu fais des trucs, fais-nous écouter les trucs». Du coup pendant le confinement... Ah oui, y’a très peu de temps finalement…

Bien sûr ! En fait tout s’est enchaîné très vite, comme ça. Pendant le confinement je fais des morceaux, je leur envoie, ils me disent « bah y a vraiment de la matière ». Ton son, il a un côté boom bap un peu nostalgique mais y’a pas que ça, et je pense que ça a été travaillé avec le Chroniqueur sale, qui produit le dernier album, c’est aussi

un peu le futur. Toi tu voulais vraiment mélanger ce côté à l’ancienne que t’as dans ton flow avec des prods de maintenant. Ouais c’était une vraie volonté. Quand j’ai commencé mon truc, tout le monde m’a dit ça va parler à ceux qui ont 40 ans-50 ans qui mettent des gros pulls (sic), et là ça fait 4 mois qu’on est en tournée, on a fait 15 dates, et j’ai jamais autant vu de mecs de 15-16-17 ans à des concerts. Moi même je me surprends. On partait dans un truc un peu nostalgique, quarantenaires, casquettes, grands t-shirts XXL, mais pas du tout. Finalement le rap ce n’est pas une question d’âge.

très bon rappeur. Il me dit : « je vais te proposer des prods. T’es chaud on se fait un projet ensemble ? ». Je lui dit « bah écoute j’ai pas encore sorti mon premier maxi, Le futur, dès que je le sors on fait un projet ». De toute façon j’avais rien à perdre, au contraire j’avais tout à gagner. Le mec a quand même sa petite communauté donc pour C’est que le rap game. moi c’était tout bénéf. Et je Finalement crois-moi, m’attendais pas à ce que Le futur prenne autant. Le truc à pris, les booba il tue personne, médias parisiens, tu connais le il braque personne. petit entre soi parisien, ils ont commencé à faire des articles. C’est de la com’. Pareil pour le projet avec le Chroniqueur Sale sort, très bon accueil, on était content. Mais le truc s’est fait, sorti du chapeau. On n’était pas amenés à se rencontrer. Comme quoi il n’y a peut être pas de hasard.

Je t’entendais dire tout à l’heure : « On est en 2021, on fait du rap de 2021 mais on prend l’héritage ». T’es pas dans la nostalgie quoi... C’est-à-dire que moi toute la journée j’écoute pas Public Enemy. J’écoute pas non plus les derniers Damso, mais y a un entre deux quoi. En tant que jeune, en tant que mec qui a 25 ans, j’écoute des trucs de mon âge aussi, les trucs avec lesquels j’ai grandi. J’écoute Booba, Nekfeu, Alpha. Encore que Booba c’est un autre exemple mais c’est le parfait exemple en fait du mec qui a fait du boom bap et qui est là depuis 30 ans. Y a un entre deux, tout n’est pas tout noir ou tout blanc. On peut faire les deux. On peut tout écouter. Donc moi je suis vraiment de ces mecs là qui prennent absolument tout ce qu’il y a a prendre et qui essayent d’en tirer le meilleur. Ton album, Fantôme avec chauffeur, référence au film avec Philippe Noiret et Gérard Jugnot ? Ouais ! C’est pas le meilleur, mais c’est un souvenir de mon enfance et je trouvais que ça sonnait bien. Il est produit par le Chroniqueur Sale, comment elle se fait la rencontre avec le chroniqueur Sale (youtubeur, beatmaker, producteur masqué) ? On a des copains en commun, mon manager a un copain avec lui en commun. Du coup mon manager fait écouter à son pote avant que les trucs ne sortent. Parce que le Chroniqueur Sale, les gens ne le savent pas mais il a 36 ans. Donc il a vécu pas mal de trucs dans le hip-hop. C’est un vrai bon gars et c’est un gars qui connaît le hip hop, son histoire, et c’est un ancien rappeur aussi. Et un

Quand on écoute tes paroles t’es à fond dans la compèt’, le clash, les choses comme ça, mais quand je t’ai en face de moi t’es un mec posé, calme, tranquille, c’est un peu ambivalent, t’es schizo ? (Rires) On est tous un peu dans un rôle, dans un petit rôle, je joue le jeu. On appelle ça le game. Louis de Funès par exemple, il paraît que en coulisses c’était l’un des mecs les plus sérieux qui soit mais il a fait que des films de comédie quoi. Donc finalement on est tous un peu dans un rôle… Moi je ne braque personne, je ne vends pas de drogue. Mais dans ma musique il y a ce truc « allez je viens te prendre », il y a ce truc de compétition, un peu agressif, un peu insolent qui transpire de mes influences en fait. C’est tout ça que j’ai absorbé et que j’arrive à retransmettre, et si les gens arrivent à se prendre ça et à se dire « Le gamin est chaud. Il arrive, il clash tout le monde », ça veut dire que je réussis à faire parler de moi, voila, à donner ce que j’ai envie de donner à travers la musique. C’est que le rap game. Finalement crois-moi, Booba il tue personne, il braque personne. C’est de la com’.


Par Frank Le Tank Photo : Sofiane Boualia

LEE SCRATCH PERRY

APPARAT

RETURN OF THE SUPER APE

« Il y a deux albums, un de 76 qui s’appelle Super Ape et il y a Return of the Super Ape en 97 avec des mix différents et des tracks en plus. Celuilà, je l’ai mis parce qu’avant de faire de l’électro j’ai fait du dub pendant une bonne quinzaine d’années et c’est mon premier amour musical (Guillaume à joué dans le groupe Telldem’com’Unity et sous le nom de Mayd Hubb durant sa première carrière dub, ndlr). Lee Scratch Perry c’est un précurseur. Le morceau Bird In Hand, il est complet : il y a une partie chantée et une partie dubbé, c’est un classique. Même si je fais de l’électro aujourd’hui, le dub c’est hyper important pour moi, notamment sur le son de la basse et les effets. Mais il y a aussi le côté mystique et bricolage avec des sons subliminaux : ça, c’est un bagage que le dub m’a apporté et que j’utilise dans ma musique aujourd’hui. »

BOULEVARD DES HITS

THE DEVIL’S WALK

Chez Apparat, il y a une grosse base électro que je trouve assez stylé et après c’est le côté mélodique et planant que j’aime. Dans le morceau Black Water, ça monte tout en étant hyper contemplatif. C’est le genre de vibe par laquelle je suis rentré dans l’électro. Il y a ce côté hypnotique qui me fascine, un peu comme dans le dub mais a contrario, dans cette musique électro, il y a des nappes, des sons moelleux et surtout des mélodies de voix. Les mélodies apportent beaucoup d’émotions dans ce disque. C’est ce que je cherche à faire parfois dans Enfant Sauvage ou the Blaze, ramenée cette part d’émotion. La chanson préférée du disque ?

Black Water

La chanson préférée du disque ?

Bird In Hand

DANIEL AVERY

JAMIE XX

DRONE LOGIC

Laura Ingalls

DANS LA DISCOTHÈQUE DE

ENFANT SAUVAGE

Daniel Avery, contrairement à Apparat c’est bien plus froid ! Plus dur aussi mais j’aime aussi ce genre de techno un peu brute. Ses samples sont très mats, il fait des coupures hyper radicales, les charlestons sont saillants. Les plages de fréquences sont découpées et chaque élément à sa place, il n’y a rien qui dépasse et ça ne se mélange quasiment pas. Il y a un côté frontal et chirurgical même si tu retrouves aussi le côté musical et hypnotique. Finalement, il y a peu d’éléments mais avec ça il arrive à t’emmener hyper loin.

Jamie XX, il a une façon de mélanger plein de styles, d’inclure des breakbeats, etc. Tu sens que l’influence anglaise est ouf, plurielle et qu’il fait une électro hyper ouverte en faisant tomber les frontières du genre. Si je fais une teuf chez moi dans mon salon, je passe forcément le morceau d’ouverture : Gosh. La track est originale ; la rythmique et la montée sont méga planantes. Sur la scène anglaise c’est quelqu’un qui a réussi à mélanger plein de styles improbables mais qui fonctionnent parfaitement.

La chanson préférée du disque ?

La chanson préférée du disque ?

Drone Logic

Comme le disait Oxmo : « T’es l’enfant sauvage, je sais qu’c’est toi. Viens-tu des bas-fonds ou des quartiers neufs, bref, au fond tous la même souffrance ». L’enfant sauvage vient de Clamecy. Enfant Sauvage, c’est le nouveau projet de Guillaume Alric, que vous connaissez sans doute davantage pour son duo electro The Blaze, qui cartonne depuis quelques années. Dans son

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nouveau projet solo, il se dévoile à travers sa jeunesse dans la Nièvre (5-8 RPZ). Ambiance nature, teuf, pêche, traditions. Comme d’habitude avec Guillaume, le tout est accompagné de clips que l’on pourrait davantage qualifier de courtsmétrages : contemplatifs et très esthétiques. Quelles influences pour cet enfant du dub passé à l’électro ? On en a causé avec lui.

IN COLOUR

Gosh

L’album Petrichor par Enfant Sauvage est disponible dans les bacs (comme on disait en 1998).

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D I A P O R A M A

BRÈVES DE COMPTOIR par Aline Chalumeau

Le troquet, c’est fini. Ou presque. Un café sans autres concepts que de se retrouver autour d’un verre. Avec ses habitués au comptoir, ses petits noirs, ses petits blancs, son odeur de tabac toujours présente depuis la loi Evin, son billard, son formica... Oublie les cocktails, le bubble tea, les tapas, le Spritz et les poke bowls, ici c’est du brut. Petit tour de Côte-d’Or de certains des derniers des Mohicans.

Saulieu (Côte d’Or)

Saulieu

Ah ! Trop tard. 49


Fleurey-sur-Ouche

Formica for ever

Pontailler-sur-Saône (Côte d’Or)

Comblanchien (Côte d’Or)

Pontailler-sur-Saône 50

Pontailler-sur-Saône

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Couchey

Précy-sous-Thil

Terminus tout le monde (se) descend.

Pontailler-sur-Saône

Dijon

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Agence créative mieux

Vidéos incroyables / Événements léchés Belles histoires / Éducation aux médias Conseils et formations / Contenus éditoriaux ciselés Idées de génie en gros et demi-gros contact@sparse.fr julienlepers@france3.fr

media.sparse.fr *On vous rend plus beau (en allemand, ça fait plus efficace, plus propre).


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la page mode

Attention, malgré son air moelleux et engageant, le Pilou-Pilou, comme la laine polaire, flambe en quelques secondes.

Le Pilou-Pilou, la matière star pour tous les grands enfants qui ont peur d’affronter la vie.

T OU S EN P IL OU P IL OU Par Mathilde Lecomte et Chablis Winston Photos : Mathilde Lecomte Modèles : Alice Galland, Clara Jodon, Bérénice Fortier, Tanguy Renoud-Lyat, Lucie Coimbra.

Les rappeurs, les influenceurs, les ministres sont passés au Pilou-Pilou. Douceur, souplesse, chaleur,...avec ses coloris chamarrés, le PilouPilou est la pièce de votre enfance qui est de retour dans votre dressing. Pyjamas, bob, manteau, sweatshirt, voire slip de bain (si), cette matière longtemps décriée revient au top ! Avec un look less is more, faites en sorte que les autres aient envie de vous toucher et de vous caresser grâce au Pilou-Pilou. 60

Joyeusement régressif, le Pilou-Pilou allie confort et impression de protection extrême. Il vous rappelle cette période de l’enfance si joyeuse. Ce moment enchanté de votre vie ou vous n’aviez aucunes autres responsabilités que de courir dans les champs en chantant. La belle vie. Le Pilou-Pilou, la matière star pour tous les grands enfants qui ont peur d’affronter la vie. 61


le dessous des cartes

Scène de musiques actuelles

Par Chablis Winston

Dijon

lavapeur .com

GÉOPOLITIQUE DE BFC

On commence avec le classique des classiques, le salon de coiffure, grand patron du jeu de mot.

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Nom qu’on peut clairement qualifier d’éclaté au sol. Mais qui met encore des serres-têtes ? Ça doit être le salon en face de l’église.

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Le champion des champions. Triple jeu de mot. Tif et Hair dans la même phrase. 10/10.

LA CASA DEL COIFFEUR (Dijon / 21)

Pourquoi ? Ou alors pourquoi pas Breaking Barber ou Games of Coiffeur ?

Jan. Fév. Mars

Benjamin Biolay Deluxe Little Bob Blues Bastards Georgio Yann Tiersen Odezenne The Limiñanas Josman Mendelson Sun June Ada Lea Anika Oklou Gargäntua Kalika Théo Charaf Jerron Paxton Left Lane Cruiser Quinquis Thee Vibrafingers Beach Moonsters Daniel Webster Scalliet Cosse Don Aman Foxeagle Monophonics ...

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Le salon des lascars 90’s. Adidas torsions tolérées.

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THOMAS JOUE SES PERRUQUES THOMAS POITEVIN

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nault ine He

La taulière s’appelle-t-elle Mylène ?

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(Montceau-les-mines / 71)

De l’info dans le jeu de mot. Ça va aller très vite (trop vite ?).

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FEU! CHATTERTON

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(Châtillon-en-Bazois / 58)

Tu t’appelles Jennifer, c’est une punition. Mais tu fais de ton nom pourri un atout com’ imparable. Bravo.

CONCERT 6 MARS 2022

ESPACE-DES-ARTS.COM 62


chiens écrasés en BFC Par Frank Le Tank et Chablis Winston

Le pêcheur se jette dans l’Ognon pour échapper à ses agresseurs

VENU POUR DES SOINS AU CHU SANS PASS SANITAIRE, IL MENACE DE MORT LE PERSONNEL Le Bien Public

Zéro second degré

Le Bien Public

On précise quand même que l’Ognon est une rivière en Côte d’Or…

EN FAISANT DU SPORT, IL DÉTRUIT LA CROIX DE CHARLEMAGNE ET PERD UN TESTICULE

IL PEND LA CRÉMAILLÈRE DE SA FUTURE SÉPULTURE AU CIMETIÈRE DE CRONAT, EN SAÔNE-ET-LOIRE

événement / 9e nuit des conservatoires ven. 28 janvier Dès 17h / Conservatoire

théâtre mArionnettique les vieux enfants ven. 11 février 20h / théâtre du Grain de sel

Conservatoire du Grand Chalon 1 rue olivier messiaen 71100 Chalon-sur-Saône 03 85 42 42 65 conservatoire.legrandchalon.fr

Le Journal du Centre

La mort dans la joie. Fais gaffe au Karma quand même.

Le Bien Public

Chute dangereuse dans le précipisse.

Plus de 3 permis suspendu chaque jour en Haute-Saône L’Est Républicain

Rien à ajouter…

La championne de France de massage Caty Cissoko prépare les championnats d’Europe et du monde, à Chassy, dans l’Yonne L’Yonne Républicain

Au J.O. en 2024 à Paris ?

Aux Rousses (Jura), le forgeron, fabrique des armures pour chevaliers L’Est Républicain

Retour en force du 14 siècle dans le Jura. e

IL VOLE UNE BMW, SA MÈRE LE DÉNONCE À LA POLICE L’Est Républicain

GTA va l’adapter pour sa prochaine mission

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CONTRÔLE ROUTIER : IL S’ENFUIT À PIED EN LAISSANT SA FEMME SA VOITURE L’Est Républicain

Le sens des priorités

En résidence à la Péniche Cancale, Dijon.

Compet’ et sport indoor LA BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ, RÉGION N°1 DES PASSOIRES THERMIQUES EN FRANCE L’Est Républicain

Bravo ! Enfin un titre pour la BFC !

théâtre / téléphone-moi jeu. 3 mars 20h / Auditorium

.................................. VENDREDI 14 JANVIER Le retour du Gros blind test VENDREDI 25 FEVRIER Open de fléchettes VENDREDI 18 MARS Coupe du monde de ping pong sur table de bistrot


2021 — 2023

Hey les engagés, C’est quoi le wokisme ? Parce que moi on m’a demandé l’autre jour en soirée si j’aimais ça, j’ai répondu «ouais, grave» pour me donner de la contenance, mais en fait j’en sais foutrement rien. RÉPONSE DE LA RÉDACTION

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Feu! Chatterton ● Lujipeka ● P.R2B Cycles de Conférences ● Lonepsi Catastrophe ● Malik Djoudi ● Bigger Napalm Death ● The Limiñanas Polo & Pan ● Horskh ● tRuckks Curtis Harding ● Yan Wagner ● Terrier Nikola ● Chipo ● Turbo Party : Vandal + Crystal Distorsion + Bad Boy Chiller Crew ... Cyril Cyril ● Yin Yin ● Ammar 808 Jack & The Bearded Fishermen ● ...

Hiver 2022

Moi les wokistes, je leur demande du bœuf/nouilles sautées avec la sauce tigre. Je viens de découvrir que ça avait un autre sens et que le Figaro les détestait. Ce qui me les rend tout de suite sympathiques. Je te dirai Ilona que les «woke», c’est des gens qui aimeraient bien qu’on arrête de partir en couille avec 1000 ans de sexisme, de racisme, et de gros porc attitude, ce qui me parait plutôt bien. Maintenant, c’est vrai qu’il y en a certains qui sont un peu trop exaltés. Et qui voudraient déboulonner la statue de Thierry Roland... Ne faites pas ça.

Dualités les collections beaux-arts revisitées

Musée du château des ducs de Wurtemberg

Montbéliard

Antoine ETEX : L’Amour piqué par une abeille (colorisée), 1860 - Marbre : Collection Musées de Montbéliard - Photo : Jack Varlet - Conception :

Ilona | Chenôve (21)

TRISTAN FELLMANN

courrier des lecteurs

RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Merci pour cette proposition alléchante Patricia. Pour être honnête, je ne vais pas pouvoir. En effet, je n’ai pas de coordonnées bancaires. Je suis undercover en France, je n’ai pas d’existence légale. Je suis payé par Sparse avec des enveloppes de cash toutes les semaines, je paie tout en liquide en petites coupures avec des billets dont les numéros ne se suivent pas, désolé. Bon courage pour la suite Patricia, tu n’as pas un métier facile. Passe le bonjour à tes collègues de l’isolation à 1 euro.

Mer 19 jan 20h30

TARIF DE 8 À 25€

Oriana | Besançon (25) Bonsoir, Oh y’en a marre de la chasse ! C’est une véritable boucherie ! Il faut une loi pour stopper ça ! RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Bon, des chasseurs, y’en a des milliers depuis des centaines d’années, tu ne vas pas les interdire comme ça Oriana... Franchement, un loisir qui consiste à se trimballer avec des armes à feu pour tirer sur des êtres vivants, à côté des promeneurs et des ramasseurs de champignons, en quoi ça te paraît dangereux ?

Xavier | Mâcon (71) Hello la maison Gucci, J’ai entendu dire qu’il y avait un renouvellement de stock de la fameuse ligne de vêtement Sparse ? La collection hiver/printemps est-elle dispo ? RÉPONSE DE LA RÉDACTION

Tu tombes bien Xav’, on vient de recevoir les produits les plus stylés d’Europe en provenance de nos ateliers à Arc-sur-Tille. Casquettes, T-shirts, chaussettes, slips, sacs bananes... Y’a aussi des nouveaux modèles. C’est une boucherie d’élégance, un ligne pour personnalités racées, taillée pour la séduction. Bref, de la hot couture. Tu peux te rendre en page 70 de ce magazine pour en commander ou passer nous voir à la Sparse Tower à Dijon, pour des essayages.

musique DU MONDE

Bachar MAR-KHALIFÉ www.theatre-macon.com 03 85 22 82 99  

Licences : 1-136912; 2-136913; 3 -136914 © Habib Saleh


Grande et heureuse nouvelle : en 2022, l’astrologie est décrétée grande cause nationale. Les thunes du ministère de la culture vont tomber dru et je vois dans la maison des Gémeaux que je vais tout claquer sous le soleil radieux de Copa Cabana. La joie irriguant mes pensées et mon futur proche, voici des prédictions astrales

En décembre, votre aura magnétique attire à vous un maximum de cadeaux. Mercure en planète Saturne aura les meilleurs plans pour revendre le tout à bon prix, une fois les orgies digérées. Coeur : Tinder.

Débordant de sensibilité, vous optez pour une cure d’empathie pré fêtes de fin d’année, pour régénérer votre énergie. Tellement détendu, personne ne vous cherchera de noises, vous jugeant intouchable et prêt à marcher sur l’eau. Argent : Les planètes s’alignent en février, vendez vos conseils à des princes émiratis.

« Y’a que de l’eau, de l’eau de pluie, de l’eau de la haut », nous chantait la grande voyante Vero Sanson. De l’eau oui, mais du Pontarlier aussi. Profitez-en pour recharger les batteries de la caisse sur la 505 au José. Santé : Foie en votre foie.

dégoulinantes de plaisir comme un téléfilm M6 de Noël, où le père Noël finit toujours au lit avec la pauvre femme méritante comme pas deux avec son Kevin à élever toute seule, larguée par son salaud de mari parti avec une jeunette. Probablement une balance.

Fin de semaine 48, Jupiter tripote Vénus à l’ombre de Mars, vous ouvrant ainsi une période sentimentale parmi les plus intenses de la BFC lactée. Coaché par Jupiter, vous modifiez votre manière d’opérer tout en séduction à la française et avec une souplesse accrue. Santé : Au shaker, pas à la cuillère. Uranus vous allège des lourdeurs administratives, intestinales… mieux qu’une boîte de Diafuril© citron et votre conseiller fiscaliste Suisse : Formation de trous noirs massifs dans la constellation du caleçon. Santé : Ballonnements à prévoir

On ne se moque pas impunément des coupes de cheveux des autres. Né au 2ème décan, vous portez un serre-tête pour soutenir vos dreads. Shè ! Bien fait. Argent : Un smic tout au plus. Sans primes.

Pluie d’étoiles filantes le soir du 31 décembre sur votre consommation de stupéfiant. Trou noir pour nuit blanche. Né entre le 6 et 8 ? Vous êtes le 7. Cessez de vous cacher.

Pas de 3ème dose en lune montante pour vous les scorpions. Sinon il vous poussera un monosourcil. La santé ou la beauté ? Demandez à Emmanuel Chain.

Santé : Laboratoire Pfizer, imbattable.

Amour : Non.

La constellation d’Andromède chevauche allégrement la planète chômage la 2e semaine de janvier. Pensez aux indemnités de fin de contrat ou le PEL va pisser le sang.

Jupiter est tellement grosse qu’elle prends toute la place dans l’escalator du zodiaque en ce début d’année. Vous restez bloqué au rez-de-chaussée. Confiné pour confiné vous décidez de vous remettre l’intégrale des feux de l’amour. Rendez vous en 2023.

Santé : Appui tendu renversé, rondade et roulade arrière.

Commençant 2022 au plus mal, vous finirez élu plus beau hashtag de l’année sur instagram. Une remontada à la Marc Raquil. Les gens vous désirent, veulent être vous. Né au 2e décan, vous jouez à Amigo au PMU sans discontinuer en janvier et fevrier. Argent : Pesetas et Kalimucho.

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MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE DIJON 20/11/21 — 27/03/22

Par Nickdass Croasky Illustrations : Mr. Choubi

Anonyme perse, Portrait de jeune femme aux roses, XIXe siècle, musée des Beaux-Arts, Dijon © musées de Dijon/François Jay

horoscope

Cœur : Tapis vert

Qui c’est celui là ? C’est le Covid. Vos projets d’avenir de conquête du monde viennent de prendre encore 1 an dans la face. Alors prenez le temps de vous inscrire au crossfit et de vous mettre au hauboits. Après vous ne pourrez plus. Coeur : Très bel organe

ENTRÉE LIBRE

beaux-arts.dijon.fr expo-arts-islam.fr #artsislam


abonnement 25 euros pour 1 an * soit 4 numéros livrés à votre adresse par un gentil facteur *(frais de port inclus, sauf livraison hors France métropolitaine, nous contacter)

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COMMENT FAIRE ? Par Internet (carte bancaire) boutique.sparse.fr

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sur papier libre accompagné de votre règlement à l’ordre de Sparse Média et envoyé à cette adresse : Sparse Média 26 boulevard de l’université 21000 Dijon

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