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Les cahiers n° 203
mars-avril 2013
Des liens pour aimer, partager, servir
Dossier
La culture, une question sociale Spiritualité
Retour à l'esprit d'enfance
L’invité
Michael Thio,
Président international de la SSVP
Magazine
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Mille mercis Lettre de Frédéric : « Chère maman »
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L’invité : Michael Thio « Nous servons, Il dispose » 35 Courrier 38
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Dossier : Culture et social
Service Actus SSVP
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Quand la culture et le social font bon ménage
Actus juridiques et sociales
Réflexion : Retour à l'esprit d'enfance 24
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L’invité : Michel-Olivier Michel « Tu as un talent ! » 27
Entretien : Adrien Toreau, chargé de mission à Peuple et Culture
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International 20 Carnet de route : Bénin : « Aidez-nous à nous passer d'aide » 21
Spiritualité
Contemplation 28 Prier en Conférence
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à Alfortville, les livres relient les hommes 10
Ce numéro comprend un encart d’abonnement entre les pages 2/3 et un bon de commande entre les pages 38/39.
édito
La culture, une question sociale
© SSVP
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n 1848 dans L’ère Nouvelle, journal engagé dans la réforme sociale, Frédéric Ozanam s’attaquait à la dimension culturelle de la fracture sociale. Il préconisait, pour y remédier, la création de bibliothèques populaires et de patronages d’apprentis. Parallèlement, ses compagnons des Conférences de charité mettaient en place des cours du soir pour les ouvriers, ouvraient des bibliothèques et des écoles professionnelles. Précurseurs de l’éducation populaire, de la culture accessible à tous, ils avaient compris le rôle déterminant qu’elles jouent toutes deux dans la ségrégation sociale. Il s’agit là d’une pauvreté qui encore aujourd’hui caractérise notre société.
Depuis 180 ans, de très nombreuses Conférences n’ont eu de cesse de multiplier les initiatives visant à réduire cette fracture culturelle. De nos jours, les Vincentiens luttent toujours pour donner à tous une chance de découvrir sa culture ou ses talents artistiques, de maîtriser la langue de son pays. Il en va de même pour de nombreuses associations, vincentiennes ou non, des politiques gouvernementales, qui en France et à l’étranger en ont fait une priorité. Pour l’unité de nos sociétés modernes, comme pour l’unité de la personne, l’accès à la culture, à l’instruction et à l’art, sont en effet des clefs essentielles. Bertrand Ousset Président national
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Magazine L’événement
Mille mercis pour vos milliers de propositions de renouveau vincentien Bertrand Ousset, Président national de la SSVP France, adresse ses remerciements à tous les Vincentiens qui ont participé aux réunions décentralisées et apporté leur contribution au projet associatif. Dix-sept rencontres inédites qui marqueront les esprits et l’histoire de notre Société. Par Bertrand Ousset, Président national
«L
a Société de Saint-Vincent-de-Paul assume le principe de subsidiarité comme règle essentielle de son fonctionnement. Les décisions sont prises le plus près possible du point d’action » (R, I, 3.9). Cet énoncé de la Règle internationale est au cœur de la démarche de renouveau engagée depuis deux ans avec le Projet Ozanam 2015. Mais comment associer tous les Vincentiens de France à l’élaboration, à la construction d’un projet commun ? Sur la base d’un travail d’équipe réalisé par plusieurs chantiers, animés par des membres du Conseil d’administration, huit enjeux majeurs de rénovation ont été proposés à la convention de mars 2012, qui a réuni quatre cents Vincentiens. Les enjeux ont été approfondis et ventilés en une quinzaine de questions, alimentant des dizaines d’ateliers qui se sont attachés à y apporter des réponses concrètes. C’est ainsi que près de mille cinq cents Vincentiens ont formulé des propositions de rénovation pour notre mouvement, au travers des dix-sept réunions décentralisées. Ces dernières ont alors été organisées dans les différentes régions vincentiennes. Tantôt initiées par un Conseil départemental, tantôt par une Conférence, ces réunions ont toutes eu le mérite d’être pour nous passionnantes. Elles ont été des occasions de rencontres, de réflexions, de découvertes des actions menées par les uns et les autres, etc. À chaque fois, nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur fraternelle. Nous sommes touchés par l’inves-
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Les cahiers
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
À chaque fois, nous avons été accueillis avec beaucoup de chaleur fraternelle. Nous sommes touchés par l’investissement de chacun.
à Saint-Av old réfléchisse , toutes les génératio nt à l'aven ir de la SSV ns P.
tissement de chacun de vous dans ce projet de rénovation que nous vous avons proposé.
Un processus sans équivalent Les fruits de ce travail considérable alimentent en retour les cinq chantiers initiaux (Spiritualité, Pauvreté, Recrutement, Positionnement, Gouvernance), pour être consolidés dans le « projet » qui sera soumis à l’assemblée générale de juin 2013. Ainsi, cela devra donner lieu à une série de propositions détaillées, que la convention
à Reims, ils so nt venus nombreu x.
veau de la SSVP. estissent pour le renou à Dijon, les jeunes s'inv
réger profite pour ag en on , es og m à Li onférence. une nouvelle C
* Cardinal Angelo Scola, Conférence de Carême 2012 « Éthique chrétienne et vie en société ? », 26 février, Notre-Dame de Paris.
à Lyon, on se concentre sur les grands enjeux.
sujet passionne ! vont bon train. Le ns sio us sc di les à Nantes,
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© SSVP
d’octobre prochain s’attachera à mettre en œuvre d’ici au Congrès de 2015. Ce processus n’a pas d’équivalent dans d’autres mouvements. Il est propre à la SSVP et découle directement du principe de subsidiarité « qui est la garantie du droit irréductible de la personne à être un acteur et non pas un objet dans la société »*. Grâce à cette démarche, l’imagination individuelle et collective a été mise à contribution et alimentera de très nombreuses fiches d’actions qui concrétiseront la grande orientation du « projet ». Cent quatre-vingts ans après son lancement, vos contributions à tous témoignent de l’actualité de l’instruction qui présida à la création de la première Conférence de charité et qui enserre aujourd’hui le monde dans un réseau de charité de proximité.
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Dossier © Emmaüs Solidarité
En séance de lecture de poèmes à Radio Campus, les personnes en apprentissage du « français langue étrangère » (FLE) retrouvent confiance en elles.
Quand la culture et le social font bon ménage En ces temps de crise, le rôle de l'action culturelle peut sembler secondaire. Pourtant, de nombreuses associations la considèrent comme un outil essentiel dans la lutte contre l'exclusion. De la lecture partagée aux activités artistiques, elles luttent pour l’épanouissement de tous. Par Céline Marcon, journaliste.
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n France, 23 % des 15 ans et plus n'ont fréquenté en 2008 aucun équipement culturel, selon une enquête du ministère de la Culture et de la Communication. Ni une salle de cinéma, ni un spectacle vivant, ni une bibliothèque, ni un lieu d'exposition ou de patrimoine n'ont enchanté leur quotidien. Et 29 % des habitants de l'Hexagone en ont profité seulement de manière « exceptionnelle ». Malgré les politiques dites de « démocratisation culturelle », les
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Les cahiers
pratiques culturelles sont encore marquées par de profondes disparités. Une question de goût ? C'est loin d'être en réalité un facteur déterminant.
Avoir faim de livres Selon plusieurs études sociologiques, les comportements des Français dans ce domaine sont largement déterminés par leurs origines sociales. Ainsi, en 2008, 53 % des ouvriers n'ont feuilleté aucun livre contre 8 % des
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cadres. On observe une logique de cumul, les habitués des théâtres, par exemple, sont souvent des amateurs d'expositions d'art. Principaux freins pour les classes sociales les plus pauvres : l'argent et les barrières psychologiques. Les inégalités géographiques demeurent aussi une réalité forte : certains territoires sont délaissés culturellement, surtout dans les banlieues et les zones rurales. « On peut aussi avoir faim de livres et de cinéma », affirmait une ancienne affiche du
Redonner de la dignité Joseph Wresinski était, lui, convaincu que l'exclusion culturelle entretient le cercle vicieux de la misère. Dans les années 1950, le fondateur du mouvement ATD Quart Monde apparaissait comme un révolu-
«L'exclusion
culturelle entretient le cercle vicieux de la misère.
»
tionnaire. Ce prêtre fut l'un des premiers à avoir placé la culture au cœur de son action humanitaire. Ses projets culturels, comme la création de bibliothèques dans des quartiers défavorisés, visaient à aider les enfants et les adultes à améliorer leur niveau de lecture, d'écriture et d'expression orale. Car il constatait un certain échec de l'école à transmettre ces compétences primordiales pour l'intégration sociale et professionnelle. Au-delà de la transmission de savoirs, il comptait surtout sur le partage de la culture pour redonner de la dignité aux plus pauvres et leur insuffler un nouvel élan, comme il l'a expliqué en 1985 au cours d'un colloque intitulé « Culture et pauvretés » : « Concrètement, il ne s’agit
Chiffres Pratiques culturelles (2008) : de fortes disparités sociales
Parmi les Français de 15 ans et plus : 30 % n'ont lu aucun livre ; 43 % ne sont pas allés au cinéma ; 81 % n'ont vu aucune pièce de théâtre ; 70 % n'ont visité aucun musée. 53 % des ouvriers et 8 % des cadres n'ont lu aucun livre ; 19 % des ouvriers et 45 % des cadres ne sont pas allés au cinéma ; 93 % des ouvriers et 52 % des cadres n'ont assisté à aucune pièce de théâtre ; 84 % des ouvriers et 32 % des cadres n'ont visité aucun musée. Source : Ministère de la Culture et de la Communication.
pas du tout de distribuer de la culture aux familles très pauvres qui en sont privées. Il s’agit avant toute chose de permettre à toute une population de se savoir sujet de culture, homme de culture. Il s’agit de permettre à
Les bibliothèques de rue d'ATD Quart Monde sont un moyen d'intégration sociale.
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© François Phliponeau-ATD Quart Monde
Secours populaire français. Certes, un livre ne remplacera jamais un repas chaud ou un toit. Pour autant, l'enjeu de la culture est loin d'être anodin. En plus de distraire, elle contribue à la formation et à l'émancipation des citoyens. « La culture ne se réduit pas à sa dimension artistique, mais englobe tout ce qui permet d’appréhender le monde, de s’y situer et d’y agir individuellement et collectivement », rappelle Peuple et Culture sur son site Internet. Ce réseau d'associations cherche, au travers entre autres d'ateliers d'écriture ou de projections-débats de cinéma documentaire, à « donner à chaque individu des repères pour agir dans la société ». Leur ambition ne concerne donc pas seulement la libération individuelle, mais aussi le renforcement de la cohésion sociale.
© Emmaüs Solidarité
Dossier Certaines initiatives culturelles vont plus loin, en plaçant les personnes marginalisées non plus en spectateur, mais en acteur.
Devenir vecteur d’insertion
Les ateliers théâtre d'emmaüs Solidarité redonnent du sens au quotidien.
l’ensemble de la société de reconnaître que le plus pauvre de ses membres a droit à la culture, qu’il est capable d’en être sujet et que sa contribution est essentielle à tous. » Voilà un rappel essentiel : tout le monde est porteur de culture. La vision de Joseph Wresinski a inspiré beaucoup d'autres associations, notamment sur le rôle de l'action culturelle dans la lutte contre l'illettrisme.
Sortir pour s’en sortir Pour lutter contre l'exclusion, le secteur culturel et le secteur social unissent de plus en plus leurs forces. Mais cette collaboration suscite encore des réticences, de part et d'autre. Des associations relèvent le défi de créer des passerelles entre les deux univers. C'est le cas de Cultures du cœur, née il y a quinze ans. La bonne idée de ce réseau : demander à des lieux de spectacle de distribuer leurs places non occupées plutôt que de les perdre. Chaque jour, il reçoit près de huit cents invitations gratuites de théâtres, de cinémas, de musées ou de stades. Elles sont distribuées
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Les cahiers
aux plus démunis dans une quarantaine de départements par l'intermédiaire de centres sociaux ou des associations de solidarité. Le concept ne se réduit pas à une billetterie, car des animateurs préparent et suivent les sorties. Un accompagnement qui soulève les barrières psychologiques : « Un certain nombre de nos bénéficiaires pensent au début qu’ils ne sauront pas profiter des sorties, car ils ne comprendront rien. Nous voulons leur prouver le contraire », explique George Schneider, le directeur général de l'association. Elle forme aussi des travailleurs sociaux à la médiation culturelle pour mieux l'intégrer dans leur dispositif d'insertion. « Sortir pour s’en sortir », clame le slogan de Cultures du cœur. « Les sorties ne changent pas d’un coup de baguette magique le quotidien des plus démunis. Mais elles permettent de rompre leur isolement social et de les entraîner au respect de règles de vie en société, comme la ponctualité. Et ainsi, de les mettre dans de meilleures conditions pour retrouver un emploi », avance George Schneider.
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Elles deviennent des vecteurs d'insertion, à condition qu'elles soient associées à d'autres actions autour de l'emploi ou du logement. L'association Emmaüs Solidarité, qui accompagne des personnes sans-abri, développe, par exemple, dans ses centres d'hébergement des ateliers de théâtre, de création d'objets ou d'écriture. « Participer à une activité artistique permet à certaines personnes de retrouver un sens à leur quotidien et de l’énergie pour avancer dans leur vie, témoigne Hélène Thouluc, chargée de mission culture à Emmaüs Solidarité. C’est un moyen de reprendre confiance en eux, en voyant leur capacité à réaliser de belles choses, d’exprimer leurs émotions, ce qu’ils ont peu l’occasion de faire, et de créer des liens sociaux. » Certaines actions culturelles sont ouvertes à un public large pour favoriser la mixité sociale et l'intégration dans un quartier. Et Hélène Thouluc de conclure : « Finalement, une pratique artistique fait exister, donne le sentiment de ne pas être juste une bouche à nourrir. N’est-ce pas aussi important que manger et dormir ? »
Contacts Cultures du cœur Tél. 01 46 73 92 20 www.culturesducoeur.org Emmaüs Solidarité Tél. 01 44 82 77 20 www.association.emmaus.fr
Entretien
Adrien Toreau : « Valoriser les cultures
qui relient les hommes entre eux »
Adrien Toreau, chargé de mission à Peuple et Culture, nous explique pourquoi ce réseau national d'associations lutte depuis 1945 pour « rendre la culture au peuple et le peuple à la culture ». Propos recueillis par Céline Marcon © Adrien Toreau
Pourquoi Peuple et Culture considère-t-il l'accès à la culture comme « un droit fondamental » ?
Cette expression « d'accès à la culture », couramment utilisée, nous semble condescendante, car elle sous-entend que le peuple est un verre vide qu'il faudrait remplir. C'est loin d'être le cas ! Nous plaidons plutôt pour l'égalité de « l'accès aux pratiques culturelles », au nom d'un principe républicain primordial. Dans ce domaine, les pratiques des enfants sont encore Rendre l'accès aux pratiques culturelles, au nom d'un largement déterminées par principe républicain. les revenus de leurs parents et non par leurs intérêts. Les politiques mais la construire avec tous les individus publiques n'ont pas réussi à réduire signifi- d'une société et ainsi renforcer les liens cativement les inégalités. La culture est pour- entre eux. tant un enjeu essentiel pour la démocratie, car elle contribue à l'éducation des citoyens Quelles sont les principales orientations qui guident vos actions ? et à leur émancipation. Notre rôle est surtout d'insuffler un désir de Comment espérer que tous puissent prendre culture. Chacun de nos projets s'inscrit dans des décisions pertinentes s'ils n'ont pas les une dynamique d'ouverture au monde et moyens de poursuivre leur formation tout essaie au maximum de mélanger des au long de la vie ? La culture ne se réduit publics hétérogènes au niveau des origines pas à une somme de connaissances, mais sociales, des professions, des âges, des concerne aussi notre mode d'existence, ce sexes, etc. Nous travaillons en lien avec des qui influence notre manière d'être et d'agir. artistes de tous bords (écrivains, cinéastes, Pour nous, il ne faut donc pas la distribuer, plasticiens, etc.) et des partenaires variés
(centres d'hébergement d'urgence, associations, établissements scolaires, etc.) Notre société a tendance à se cloisonner de plus en plus et à exclure ceux qui sont différents. Nous voulons aller à l'encontre de ce mouvement, parce qu'en partageant nos différences, on se nourrit les uns les autres. Comment luttez-vous contre ce cloisonnement, cette exclusion ?
Nous essayons de valoriser les formes de cultures qui relient les hommes, qui les libèrent, et non celles qui les séparent. Il nous semble aussi important de favoriser un rapport direct avec l'acte de création, et d'avoir une approche globale des personnes et du territoire. La culture peut transformer le social, tout comme le social vient alors ouvrir, nourrir et enrichir la création. Vécue comme un lieu de rencontre, de dialogue et de partage, la culture participe à la construction ou à la réaffirmation d'une identité individuelle et sociale. Pour en savoir plus : Peuple et Culture. Tél. 01 49 29 42 80. www.peuple-et-culture.org.
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Dossier Reportage
à Alfortville, les livres relient les hommes Reportage à Alfortville, dans la banlieue parisienne, où chaque semaine le mouvement ATD Quart Monde descend les livres dans la rue. Une occasion de partager le plaisir de la lecture, et bien plus encore. Texte et photos par Céline Marcon
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rt Monde, vole à ATD Qua s origamis. né bé e, in rl ha C ire de olescente, à fa aide Emma, ad
«Notre but est avant tout de transmettre le plaisir de la lecture.»
Plus qu'un voyage dans l'imaginaire, le pouvoir de rassembler.
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Les cahiers
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uartier des Alouettes à Alfortville (Val-de-Marne). À l'ombre des tours grises d'une cité HLM, des bancs publics se sont métamorphosés en une bibliothèque. L'un, recouvert d'un tissu africain, s'est improvisé comme présentoir pour des beaux livres. Sur les autres, des enfants écoutent ou lisent des histoires, ou font des activités manuelles. De quoi égayer le quotidien pas toujours rose des habitants. Comme tous les samedis, depuis quatre ans, une équipe d'ATD Quart Monde anime de 15 h à 17 h une bibliothèque de rue pour un public âgé de 3 à 12 ans. Nul besoin de s'y inscrire. On y vient et on en repart quand on veut. Ce jour-là, une dizaine de jeunes se seront assis, quelques minutes ou quelques heures, sur les bancs.
Le livre, arme pour combattre l'exclusion L'association a lancé cette initiative en 1968 à Stains (Seine-Saint-Denis). Fort de son succès, elle s'est développée en France dans une soixantaine de lieux où vivent des familles défavorisées. Le concept est simple, mais porteur de sens : utiliser le livre comme arme pour combattre l'exclusion. La maîtrise de l'écrit est en effet essentielle pour l'insertion sociale et professionnelle. « Nous accueillons beaucoup d’enfants dont les parents ont des difficultés avec le français et donc peinent à les aider au niveau scolaire », confie l'animateur Laurent. L'informaticien de 49 ans accompagne aujourd'hui Amel* qui s'exerce à déchiffrer une BD d'Astérix et Obélix. La jolie petite fille aux cheveux frisés est une habituée : « ça m’évite de m’ennuyer. » Le rôle de Laurent n'est pas de jouer le professeur : « Notre but est avant tout de transmettre le plaisir de la
Est-ce que la médiathèque d'Alfortville ne voit pas le mouvement ATD comme une concurrence ? Non, bien au contraire. Elle leur prête même un local pour stocker du matériel et leur apporte des conseils.
Le livre, au-delà des différences « Notre activité dédramatise le rapport au livre, car dans la rue il devient plus accessible, et incite à se rendre à la médiathèque », avance Cécile. Laurent, Cécile et les autres partagent bien plus qu'un voyage dans l'imaginaire avec les enfants. « La lecture permet d’instaurer la confiance et de tisser des liens avec des personnes issues d’un milieu socio-culturel différent du nôtre. Un des objectifs de notre initiative est d’entrer progressivement en contact avec des familles en difficulté », explique Laurent. Son expérience lui a prouvé que le livre a le pouvoir de rassembler au-delà des différences : « L’année dernière, des Roms sont venus à notre bibliothèque. Au début, ils se sont disputés avec les autres enfants à cause de préjugés, de part et d’autre. Au fil du temps, ils ont fini par s’asseoir côte à côte sur un banc pour écouter des histoires et par jouer ensemble. » * Les prénoms ont été modifiés.
Laurent, bénévole à ATD Quart Monde, lit un livre à la petite Amel.
lecture. Certains enfants, qui au départ ne s’intéressaient qu’au dessin et n’arrivaient pas à tenir en place, se tournent désormais vers les ouvrages. Ils cherchent notamment à partager un moment privilégié avec un adulte. » Emma*, une collégienne, s'applique à plier un papier, en suivant les consignes d'un guide, pour lui donner la forme d'un poisson. Elle s'est initiée à cet art de l'origami grâce à ATD Quart Monde. C'est une de leurs philosophies que de valoriser les talents et ainsi faire gagner en confiance. « C’est important pour les jeunes de faire des activités qui requièrent de la concentration et de la réflexion », commente l'animatrice Cécile, une trentenaire. Thomas*, 11 ans, a, lui, posé sa trottinette-skate pour feuilleter Le chien bleu : « ça me détend de lire. J’aime bien la bibliothèque de rue parce qu’elle est proche de chez moi et que c’est simple d’emprunter un livre. »
Au pied des to urs, on s'asso pour lire ensem it côte à côte ble.
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Service Actus SSVP
La poésie pour dédramatiser le quotidien
© SSVP
à Valenciennes, la Conférence Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus travaille à rendre à chacun son âme d’enfant. Muriel Verstichel, Vincentienne, anime pour cela un atelier poésie. Par Benoît Pesme
Atelier poésie, vers une quête de la beauté.
«L
a Providence met des poètes dans les sociétés qui tombent, comme elle met des nids d’oiseau dans les ruines. » Cette citation d’Ozanam anime Muriel Verstichel lorsqu’elle parle de son travail en
atelier poésie. Qu’ils aient 5 ou 80 ans, elle amène ses « élèves » à trouver le geste de l’écriture et le chemin des mots. « Il ne s’agit pas de parler de soi mais de dire ce que l’on a du mal à exprimer et ainsi de dédramatiser le quotidien. » Muriel pratique la poésie depuis 30 ans. Elle sait débusquer dans l’écriture les mots trop durs à dire et trop lourds à entendre, car dans ses ateliers, on lit à haute voix. « Notre travail est tourné vers l’espérance, c’est la dynamique de l’atelier. S’il le faut, nous prolongeons l’écriture par l’art plastique,
panneaux, collage, etc.Cela aide à retrouver son âme d’enfant. » De l’âme d’enfant à la découverte d’une présence mystérieuse, il n’y a qu’un pas. « ça vient bien de quelque part et ça nous emmène vers Quelqu’un », disent certains, émerveillés par les mots qu’ils trouvent, par la poésie qui jaillit. C’est là qu’intervient le miracle de la poésie faite de « mots de tous les jours qui ne sont jamais les mêmes » comme le dit Paul Claudel. Muriel Verstichel au cours d’une mission vincentienne au Cameroun a découvert l’universalité de cette quête de la beauté, de la vérité, de soi-même en côtoyant un autre atelier d’écriture « L’arbre qui s’éveille ». Elle conclut : « Quand on perd la lettre, on perd l’esprit ». C’est là tout l’enjeu de l’action au sein de sa Conférence.
Soutien vincentien, soutien scolaire
L
e soutien scolaire s’adresse à des élèves de profils variés : des classes élémentaires à celles du lycée, en passant par une tentative de rattrapage d’élèves en total « décalage » avec l’école. Les bénévoles « enseignants » retraités sont, pour la moitié d’entre eux, passés par l’enseignement. Faute de local, certains n’hésitent pas à accueillir les enfants à leur domicile une à deux heures par semaine. Temps bien insuffisant au regard des besoins des bénéficiaires ! Les Vincentiens s’efforcent de maintenir un contact régulier
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Les cahiers
avec les parents pour permettre un meilleur suivi des jeunes. Cette année, l’alphabétisation concerne deux personnes : l’une, mère célibataire arrivée depuis peu d’Algérie avec son bébé, l’autre, un homme originaire d’Europe de l’Est. Pour eux, un seul objectif : s’intégrer par l’apprentissage de la langue et de la culture françaises. Les enfants et les adultes aidés sont issus de familles très modestes, dont les parents, installés dans la région de longue date, ne parlent parfois toujours pas ou peu le français. Clotilde Lardoux
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
© SSVP
Dans les Alpes-Maritimes, depuis plusieurs années, trois Conférences sont investies dans du soutien scolaire et de l’alphabétisation.
Accompagner ceux qui se sentent en « décalage ».
Le CD de La Réunion accueille et inaugure
Séjour marathon Cet accueil très chaleureux s’est poursuivi lors des rencontres avec les autorités et
Roger Roussel nouveau président du CD 89 (Yonne) © SSVP
D
u 17 au 24 février, les Vincentiens réunionnais ont accueilli Bertrand Ousset, Président national, et ceux qui l’accompagnaient. La petite délégation nationale – Bertrand Ousset, Joseph Sivatte, Président de La Martinique et animateur de la région DROM-COM, Bertrand Decoux, Secrétaire général et le Père Jérôme Delsinne, c.m. – a été accueillie par Georges Chane Kong, Président départemental, et par les Vincentiens de l’île, venus nombreux dans leur local tout neuf pour participer à la journée décentralisée.
Brèves
Une inauguration simple et joyeuse.
responsables locaux : Conférences, mairies, évêché, paroisses, Banque alimentaire. L’inauguration du siège départemental s’est faite dans la joie et la simplicité avec Mgr Gilbert Aubry et M. Lacouture, maire de L’Étang-Salé. Ce séjour marathon s’est achevé par une journée de formation très appréciée de tous. Jérôme Delsinne, c.m.
2 La presse parle de nous
Après avoir travaillé pour le ministère de l’Agriculture, il a créé une entreprise de conseil pour des entreprises du bâtiment. Plus disponible, il a accepté la présidence du CD 89 pour lequel il a clarifié les actions avec les autres associations et mis en place des repas fraternels bihebdomadaires, qui sont une véritable réussite.
Michel Meaudre nouveau président du CD 69 (Rhône) Vincentien depuis 2003, il veut accompagner la SSVP Rhône (fondée en 1836) dans son renouveau dynamique : rajeunir les effectifs, ouvrir des Conférences, accompagner les détresses d’aujourd’hui, sous le regard du Seigneur. Si les Conférences sont au service des malheureux, le CD est au service des Conférences.
Laurent Brager
x 21/02/2013
x 21/02/2013
L’agenda solidaire de La Vie annonce l’ouverture du bicentenaire de Frédéric Ozanam et les grands événements qui ponctueront cette année 2013, à Paris comme en régions.
L’hebdomadaire du diocèse de Paris invite tous les chrétiens à se réjouir avec la SSVP, à l’occasion de son bicentenaire, et les convie à la messe d’Action de grâce du 21 avril à Notre-Dame de Paris.
Le site de la Conférence des évêques publie : « SSVP : près de deux siècles au service des démunis ». Comme l’épicerie solidaire de Colombes (92), un millier de Conférences œuvre pour une charité de proximité en France.
La Vie
Paris Notre-Dame
La CEF
nouveau président du CD 48 (Lozère) Ce fonctionnaire territorial est entré à la SSVP en tant que bénévole pour du soutien scolaire, en 1999. Vice-président depuis 2004, ce Vincentien engagé est devenu président l’été dernier.
n°203 - mars-avril 2013 - Les cahiers Ozanam
© DR
x 14/02/2013
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Service Face à face
Marie-Ange : « Pour aider ma famille, je n’avais jamais trouvé un tel soutien »
Marie-Ange vit dans la cité de La Beaucaire, en banlieue de Toulon. à 38 ans, elle est heureuse d’avoir le soutien du Rocher, sans qui sa vie et l’éducation de sa fille seraient plus compliquées.
© DR
Une présence apaisante dans les cités.
Comment avez-vous connu l’association Le Rocher, Oasis des Cités ?
Je cherchais un moyen d’aider ma fille scolairement, et une de ses copines l’a emmenée suivre l’aide aux devoirs proposée par Le Rocher. Tous les jours, elle était accompagnée pendant une heure. Les volontaires du Rocher ont peu à peu pris une place importante dans notre famille. J’ai commencé à aller au café des femmes qu’ils proposent tous les jeudis matin. Une occasion de parler de notre quotidien, de rencontrer d’autres personnes, ce qui est parfois difficile dans la cité. Mais les volontaires sont également là dès que j’ai un problème, ma fille fait de nombreuses activités, j’emmène mon fils jouer avec eux au foot après l’école. Ils viennent nous voir régulièrement. Je n’avais jamais trouvé un tel soutien à La Beaucaire ! Quel genre de soutien ?
Un jour, ma fille m’a dit qu’elle ne supportait pas notre éducation, ses notes étaient catastrophiques, nous avions découvert qu’elle était maltraitée à l’école, nous étions démunis. J’ai appelé les membres du Rocher
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Les cahiers
pour chercher ensemble des solutions. Nous avons mis en place un programme de réussite éducative, ils sont devenus un lien entre la maîtresse, ma fille et nous, parents, qui n’arrivions plus à communiquer avec elle. Et puis ils se sont très bien occupés de ma fille, ils lui ont fait rencontrer des copines dans des camps, aux cours de théâtre, dans différents ateliers. Vous cherchez conseil auprès de ces jeunes ?
Oui, et c’est salutaire pour moi, ils n’ont que cinq ou six ans de différence avec ma fille qui est aujourd’hui en 6e, ils m’aident donc à la comprendre ! Moi, je reproduis l’éducation que j’ai reçue, mais parfois ma fille la rejette. Ils ont le recul que nous n’avons pas sur notre famille, sur nos enfants, et ils sont trop forts au niveau pédagogique ! Ces jeunes volontaires sont pourtant différents des jeunes de la cité …
ça c’est clair ! Alors nous les accueillons quand ils arrivent, il m’est arrivé de les aider à mieux comprendre notre vie de cité autour d’un déjeuner, mais finalement ils s’adaptent,
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
et ils nous aident à tous les niveaux ! C’est courageux de leur part de quitter leur cocon pour venir vivre avec nous, alors on les aide quand il faut ! Quand je les ai vus arriver, parler gentiment à nos jeunes, qui parlent parfois mal, j’ai pensé qu’ils étaient bêtes. En fait, ils ont raison ! Je suis très impulsive, et du coup admirative de leur calme. Ils sont une présence apaisante dans la cité, un excellent tampon entre les tensions qui existent. Le Rocher en quelques mots ?
Un soutien permanent, et une grande tolérance. C’est une belle mission, parce qu’ils sont présents dans toutes les dimensions de notre vie. Charlotte d'Ornellas, journaliste
En bref Le Rocher, Oasis des Cités, mène depuis l’an 2 000 des actions éducatives et sociales au service des habitants des sept quartiers sensibles de France. À Bondy (93), puis à Toulon (83), Lyon, Marseille, Paris (Xe) et aux Mureaux (78). Ce qui fait la spécificité de cette association est le choix des membres, volontaires et permanents, de vivre au cœur de la cité, seul ou en famille. « Vivre avec » pour devenir serviteurs de leurs frères des cités, partageant joies et tracas du quotidien. Leur guide dans cette aventure est le Christ. www.assolerocher.org
Brigitte Cathala : « Les ateliers de
l'Aire à mots,une sacrée écriventure ! » Brigitte Cathala, écrivain et ancienne enseignante, est directrice de l’Aire à mots. Cet atelier d’écriture inventive est relié à l’association spécialisée affiliée à la SSVP, Jeunesse de St Vincent de Paul (Paris Xe). Brigitte s’est donné la mission de transmettre à tous ceux qui le voudraient bien, son goût pour l’écriture et un appétit du beau. Propos recueillis par Capucine Bataille Comment est née l’Aire à mots ?
bien sûr une socialisation pour les étrangers, heureux de témoigner de leur culture, mais c’est aussi une occasion pour les Français de faire découvrir la richesse de la leur. Au fond, ma méthode, c’est la langue sensible.
Lorsque j’ai lancé cet atelier en 1997, je souhaitais créer une association culturelle militante du Beau. Passionnée d’écriture et de lecture, je me suis rendu compte que de nos jours on transmet aux enfants un savoir, sans qu’ils se l'approprient. Loin du cadre scolaire, je propose aux enfants, comme aux adultes, de découvrir l’écriture inventive. Quel est le rôle social de votre association ?
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La Maison des jeunes, qui nous héberge, est une maison de quartier. Un endroit dont les habitants ont appris à pousser la porte facilement. Dans cet arrondissement où la mixité sociale est omniprésente, les ateliers regroupent des personnes de tous horizons : des Parisiens aisés, des étrangers sans papiers qui parfois ne savent même pas écrire, des petits artistes en herbe ou des enfants en difficulté. Il existe donc des ateliers selon les âges, mais je tiens à garder cette mixité sociale. Comme l’ont écrit des adolescents, cela est source d’une vraie
Faire découvrir la richesse qui est sienne.
« écriventure » : apprendre une langue, développer ses talents, reprendre confiance en soi, etc. Quelle est votre méthode ?
Je propose aux participants de travailler ensemble à l’écriture d’un livre, parfois étayé d’un court-métrage, d’un événement, etc. C’est un bon moyen pour s’emparer de la langue et de l’écrit. Afin de développer notre imagination, nous allons au cinéma, au musée, ou nous nous promenons simplement dans Paris. Voilà notre vivier. Mais chacun s’appuie aussi sur ce qu’il a connu, sur ce qu’il ressent. Il y a alors un partage culturel très touchant qui s’opère. Des Maliens, des Tchéchènes, des Français, etc. parlent de ce qu’ils aiment, ce pour quoi ils sont en colère, ce qui leur manque… Ce partage engendre
Luttez-vous, en quelque sorte, contre une nouvelle forme de pauvreté ?
J’aime à penser qu’il y a beaucoup de princes et de princesses aux pieds nus, c’est-à-dire que je suis persuadée qu’il y a des talents inexploités parmi toutes les couches de la société. Je veux donc donner à tous ces gens des outils pour qu’ils puissent faire entendre leurs voix. L’écriture, comme les autres formes d’art, est aussi un moyen de se soigner l’âme. Ceux qui souffrent d’avoir quitté leur pays, l’enfant dont le papa est parti, etc. Au fur et à mesure des ateliers hebdomadaires, ils sont nombreux à arriver à écrire ce qu’ils n’arrivaient pas à dire.
Publications Pour plus d’informations ou pour commander leurs dernières publications : www.aireamots.com
n°203 - mars-avril 2013 - Les cahiers Ozanam
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Service Initiatives
La Conférence de Forbach fête ses 100 ans 1913-2013 : 100 ans de charité de proximité pour la Conférence de Forbach. Mais les années ont beau filer, l’esprit vincentien y reste jeune et enthousiaste. Sa particularité, être intergénérationnelle et unir sous une même bannière des Vincentiens très différents. Par Stéphanie Thiell, chargée de communication du CD 57
La première chose que l’on remarque lorsqu’on est accueilli par les Vincentiens de Forbach est que cette Conférence est composée de gens de tous âges. Sous la présidence bienveillante de Raymonde Pratt, Vincentienne retraitée, une quinzaine de membres se côtoient : jeunes professionnels et retraités, couples et célibataires, religieux et laïcs, etc. Tous travaillent main dans la main pour faire naître et exister dans leur ville un réseau de charité. Les jeunes profitent de l’expérience des anciens, qui se réjouissent de l’énergie et de l’inventivité dont ils font preuve en retour.
100 ans mais intergénérationnelle !
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Choucroute d’anniversaire
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a Conférence de Forbach, en Moselle, a été créée le 18 avril 1853, à peine vingt ans après la création de la toute première Conférence de Paris, par Frédéric et ses amis. Malheureusement, la Conférence forbachoise disparut avec la guerre de 1870, au moment où la région fut annexée par l’Allemagne.
Deuxième naissance Mais elle vit à nouveau le jour le 18 novembre 1913, et malgré deux guerres mondiales pendant lesquelles elle fut contrainte à l’inaction, elle est aujourd’hui toujours présente pour soulager la misère et apporter aide et réconfort là où les besoins se font le plus ressentir. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
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Les cahiers
la Conférence a ouvert un vestiaire et initié des distributions de charbon et de bois, ainsi que des distributions de cadeaux pour les enfants à Noël. Quelques années après s’ajoute à ces premières actions, celle de la distribution de denrées alimentaires jusque dans les années 1990. Mais par faute de local, cette activité a malheureusement été abandonnée. Les Vincentiens ne se sont pas laissés aller pour autant : ils ont alors pu se concentrer sur les visites à domicile, au cours desquelles uniquement sont distribués les bons d’achat et des aides financières (participation aux factures EDF/ GDF, loyer). Sans oublier qu’au-delà des aides matérielles, ces visites permettent avant tout de créer des liens.
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
Depuis 100 ans, la Conférence a donc aidé de nombreuses familles. Pour fêter ce siècle de charité, la Conférence de Forbach a organisé une journée « anniversaire » le 17 mars 2013. Après la messe dominicale, célébrée en l’honneur de saint Vincent de Paul, notre saint Patron, un déjeuner a réuni tous les Vincentiens de Moselle, les donateurs et les amis des Conférences, autour de la traditionnelle choucroute. Ce déjeuner festif s’est prolongé tout l’après-midi par des animations : chants, accordéon et sketch sur Frédéric Ozanam. La journée s’est finalement terminée par le tirage au sort de la tombola. De beaux lots, offerts par des sponsors, de généreuses entreprises de la région, ont été gagnés par les invités et les Vincentiens tous ravis.
Actus juridiques et sociales
L’habilitation administrative pour l’aide alimentaire
Le point sur
Règles d’hygiène
Par décret du 19 janvier 2012 et arrêtés du 8 août de la même année, les pouvoirs publics ont défini la procédure d’habilitation des associations, qui mettent en œuvre l’aide alimentaire sur le territoire. En voici l’essentiel. Par Bertrand Decoux orénavant, les associations faisant de l’aide alimentaire devront être habilitées, faute de quoi elles ne bénéficieront plus des contributions publiques (subventions), soutenant financièrement cette action sociale. Pour être habilitée au niveau national, une association doit satisfaire, notamment, aux conditions suivantes : Disposer d’une équipe nationale permanente de responsables opérationnels ; Disposer d’une organisation permettant sur une partie suffisante du territoire la distribution de denrées alimentaires aux personnes les plus démunies ; Avoir mis en place des procédures garantissant que les denrées distribuées ou fournies sont conformes aux exigences en vigueur en matière d’hygiène des denrées alimentaires ; Assurer la traçabilité physique et comptable des denrées en son sein, depuis le premier point de livraison ou de collecte, soit jusqu’au lieu de distribution aux personnes les plus démunies ; Avoir mis en place les procédures de collecte et de transmission des données
La SSVP a été habilitée au niveau national pour l’aide alimentaire.
statistiques (transmises par le logiciel « Passerelle » aux Banques alimentaires). L’habilitation nationale est conférée initialement pour 3 ans (2013 – 2015). La Société de Saint-Vincent-de-Paul est un acteur important de la distribution alimentaire avec un réseau de points de distribution couvrant l’ensemble du territoire. Aussi, par l’arrêté du 25 février 2013, la SSVP a été habilitée au niveau national. ERRATUM Dans Les Cahiers Ozanam n°202, l’encadré de la page 17 ne traitait pas du don en nature comme écrit, mais de « Salarié – Travailleur indépendant : quelle différence ? ». La rédaction vous présente ses excuses pour cette erreur de titre.
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Toute Conférence qui fait de l’aide alimentaire se doit de connaître les règles d’hygiène à respecter. En effet, sa responsabilité court de la remise jusqu'à la distribution au bénéficiaire. Il existe des pollutions de nature biologique, chimique ou physique et quatre axes d'action de prévention : La propreté et l'hygiène des locaux de stockage et de distribution : propreté « courante », protection contre les parasites, température des locaux, etc. La vérification des DLUO (date limite d’utilisation optimale) et surtout des DLC (date limite de consommation) à l'arrivée des produits. Le maintien de la chaîne de froid : camion à température appropriée, armoire de congélation ou frigorifique, sacs isothermes pour le transfert entre le lieu de distribution et le domicile, etc. Soyons très vigilants, car nous distribuons souvent des produits à DLC très courte. Interdiction absolue de congeler nous-mêmes dans nos congélateurs dans le but de « prolonger » un produit à DLC atteinte. L’intégrité des contenants : boîtes de conserve, surtout au niveau des sertissages, emballages sous vide, etc. Enfin, il faut savoir que notre responsabilité est dégagée pour les produits issus de l'industrie agro-alimentaire si l'emballage est intact et dans le cas de transport et de stockage par un tiers. Par Jean Vandenhaute, représentant de la SSVP auprès de la Fédération française des Banques alimentaires
Source : Guide des Bonnes Pratiques d'Hygiène établi au niveau européen (édition 2011)
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Service Actus juridiques et sociales
L'illettrisme, grande cause nationale 2013 Un peu de vocabulaire
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prendre, de renouer avec la culture de l’écrit, avec les formations de base, dans le cadre de la politique de lutte contre l’illettrisme. On distinguera l’illettrisme de l’analphabétisme, qui désigne des personnes qui n’ont jamais été scolarisées. Enfin, il y a aussi les formations français langue étrangère (FLE), destinées aux nouveaux arrivants dans notre pays, qui ne parlent pas la langue. Il s’agit, pour eux, d’apprendre la langue du pays où ils résident. Ces mots définissent
donc des situations bien différentes. Être illettré, c’est ne pas disposer, après avoir pourtant été scolarisé, des compétences de base (lecture, écriture, calcul) suffisantes pour faire face de manière autonome à des situations courantes de la vie quotidienne : écrire une liste de courses, lire une notice de médicament ou une consigne de sécurité, rédiger un chèque, utiliser un appareil, lire le carnet scolaire de son enfant, entrer dans la lecture d’un livre, etc.
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n parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. Les causes sont variables : passé scolaire douloureux, ruptures familiales, effritement des compétences de bases lorsqu’elles ne sont pas utilisées, etc. Il s’agit pour elles de réap-
Campagne 2013 de l'ANLCI : « Plus de 3 millions de Français resteront hélas persuadés qu'il s'agissait d'une publicité pour… »
Enquête INSEE : les chiffres de l’illettrisme
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n France, 4 millions de personnes ont du mal à se faire comprendre et 2,5 millions d’entre elles ont été scolarisées en France. Elles ont donc tendance à cacher honteusement leur difficulté. L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) travaille à révéler cette réalité invisible pour engendrer une prise de conscience et une lutte contre l’illettrisme en France. Pour cela, elle a fait réaliser par l’INSEE l’enquête « Information et Vie Quotidienne » en 2011-2012. En 2011, 7 % de la population adulte âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée en France est en situation d’illettrisme, soit 2,5 millions
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Les cahiers
de personnes en métropole. Sur ces 2,5 millions de personnes en situation d’illettrisme : La moitié a plus de 45 ans. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène est loin de se limiter aux classes d’âge les plus jeunes ! Les difficultés ont même tendance à augmenter avec l’âge. Plus de la moitié exerce une activité professionnelle. Par rapport à l’ensemble de la population nationale, cela signifie que 6 % des Français dans l’emploi sont en situation d’illettrisme. Cette lutte touche donc de très près le monde de l'entreprise. 20 % des personnes allocataires du RSA
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
sont en situation d’illettrisme et 10 % des demandeurs d’emploi. 71 % d’entre elles parlaient uniquement le français à la maison à l’âge de 5 ans. Il ne faut donc pas confondre l’illettrisme avec les difficultés linguistiques liées à l’immigration. La moitié des personnes souffrant d’illettrisme vivent dans des zones rurales ou faiblement peuplées, ce qui signifie que la politique doit s’organiser sur tout le territoire. 10 % vivent dans les Zones urbaines sensibles (ZUS).
Hervé Fernandez : « Être illettré,
c’est être vulnérable au changement » Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), témoigne de l’urgence de la lutte contre l’illettrisme en France. L’ANLCI a obtenu le label Grande cause nationale 2013. Propos recueillis par Capucine Bataille En quoi l’illettrisme serait-il une cause prioritaire aujourd’hui ?
Dans ce contexte de crise, il faut faire de la lutte contre l’illettrisme une priorité nationale.
Quelles sont les conséquences de l’illettrisme ?
La première que je vois est cette incapacité à s’adapter au changement. Il y a donc une perte de confiance en soi, un manque d’autonomie professionnelle, mais aussi dans son quotidien familial, et parfois des effets indirects sur le pouvoir d’achat. Être illettré, c’est être vulnérable. Un homme qui a suivi une de nos formations me confiait : « Aujourd’hui, j’ai davantage confiance en moi ! Je suis plus autonome. J’ose prendre la parole et regarder les gens en face. Je passe du statut d’invisible à celui d’acteur de la société. Si j’avais su, je me serai embarqué dans cette aventure bien plus tôt ! » On passe d’un moment où on ne se croit pas capable, au statut de celui qui a progressé, réussi. Cela donne un grand sentiment de fierté, qui ouvre des portes !
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Il est urgent d’agir ! Dans notre contexte de crises économique et sociale, les personnes en situation d’illettrisme sont particulièrement en danger. Plus de la moitié d’entre elles sont dans l’emploi, et au moindre changement dans leur entreprise, elles se retrouvent en difficulté et peuvent perdre leur travail. Il est urgent de leur donner cette adaptabilité et cette autonomie qui leur font défaut.
Quelles sont vos actions pour lutter contre l’illettrisme ?
Notre mission : mesurer, organiser, outiller. Tout d’abord, nous avons mesuré la situation nationale et celles de certaines régions, dont les plus touchées sont la Picardie, le NordPas-de-Calais et la Martinique. À partir de là, on a pu fixer des priorités à l’État et aux collectivités territoriales, organiser des plans régionaux, etc. Nous fournissons ensuite des « outils », tels que des systèmes d’information, des contacts régionaux, associatifs… Nous sommes les interlocuteurs pour toutes les personnes concernées de près ou de loin, et devons être capables de les renvoyer vers des pratiques adaptées aux adultes, loin des schémas scolaires. Nous travaillons donc beaucoup avec des centres de formation. On a aussi testé avec succès des formations pour
adultes au moment où les enfants entrent à l’école, car c’est une période où les parents sont motivés pour apprendre. Diriez-vous que l’illettrisme est ce que l’on pourrait appeler une « nouvelle pauvreté » ?
C’est une pauvreté concrète ! De nos jours, beaucoup de choses passent par l’informatique et les personnes souffrant d’illettrisme peinent à faire valoir leurs droits, par exemple, pour recevoir le RSA. L’illettrisme est un frein dans la vie de tous les jours ! Pourtant il n’y a pas de fatalité ! Je suis convaincu qu’on peut toujours apprendre quel que soit son âge ! Aujourd’hui, des syndicats et des patrons et plus de cent organisations se sont fédérés pour que l’on communique sur le sujet et qu'on lutte contre ce fléau.
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Service International
Rencontre des jeunes du Moyen-Orient : une grande première
© Julien Spiewak
Une vingtaine de jeunes de la Société de Saint-Vincent-de-Paul du Moyen-Orient se sont réunis au Liban en décembre dernier, à quelques kilomètres de Beyrouth, pour quatre jours de rencontre, de formation et de partage. Par Julien Spiewak, vice-président international pour la jeunesse à Beyrouth (Liban) en décembre. Cette dernière m’a particulièrement marqué. Albert Zoghbi, confrère libanais en charge du MoyenOrient et moi-même souhaitions depuis longtemps organiser
Les Vincentiens du Moyen-Orient, des jeunes courageux.
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out a commencé en 2008 à Salamanque (Espagne), lors de la rencontre internationale de jeunes de la SSVP. Une centaine de jeunes du monde entier sont venus pour des jours de formation et de travail autour du thème des nouvelles pauvretés. Dans cette dynamique internationale, j’essaie d’organiser des rencontres pour les jeunes de notre SSVP, afin qu’ils puissent se former, échanger et découvrir que notre charisme vincentien est aujourd’hui presque universel !
Quatre rencontres En 2012, quatre rencontres ont mobilisé de nombreux jeunes : la rencontre de la « Famille vincentienne d’Amérique du Sud » à Aparecida (Brésil) en avril, la rencontre « Hope » à Cebu (Philippines) en mai, celle du groupe « Europe 1 » à Madrid (Espagne) en novembre et celle du « Moyen-Orient »
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Les cahiers
une rencontre dans cette région du monde, où la situation politique et religieuse est difficile, particulièrement pour les chrétiens. Après avoir hésité de longs mois, nous nous sommes lancés. À notre grand étonnement, une vingtaine de jeunes d’Irak, d’égypte, du Liban et de Syrie ont vite répondu positivement à notre invitation. Pendant quatre jours, du 6 au 9 décembre, les jeunes ont pu présenter la situation de la SSVP de leur pays et les différentes activités de leurs Conférences. À cause de l’instabilité politique de l’Irak, de l’égypte, et de la guerre en Syrie, les souffrances et les besoins sont énormes.
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Les quatre jeunes venus d’Égypte, originaires de différentes villes, n’avaient jamais eu l’occasion de se rencontrer auparavant. Dans leur pays, tout n’est pas autorisé, il y a des membres officiels, des membres non officiels… Ce fut donc pour eux l’occasion d’échanger sur la manière de faire connaître la SSVP et leurs activités en égypte.
Ozanam, une révélation Les jeunes ont ensuite été initiés à la pensée d’Ozanam, par une lecture de lettres traduites en arabe par Antoine Wehbi, Vincentien libanais. Ce fut une révélation ! Ils découvraient la pensée d’Ozanam au travers de ses écrits dans leur langue maternelle. Malheureusement, encore trop peu de ses textes sont traduits en arabe et dans certains pays, la publication en reste difficile. Nous avons également eu le privilège de rencontrer à Bkerke Mgr Bechara Boutros Raï, patriarche maronite du Liban, récemment créé cardinal. Il fut très heureux d’échanger avec des jeunes représentants de la SSVP du Moyen-Orient et nous a assuré de sa prière. Tous sont finalement rentrés chez eux, avec de nouveaux projets en tête et beaucoup de choses à raconter aux autres jeunes de leur pays. Ils ne se sentent plus comme de simples bénévoles de leur quartier, mais comme des jeunes Vincentiens, faisant partie d’une grande famille de bénévoles au Moyen-Orient et dans le monde.
Carnet de route
L’école de Sot-Chanhoué attire de nombreux petits Béninois.
« Aidez-nous à nous passer d’aide »
endre. avides d'appr t n so rs ie ol éc Les
Il y a vingt ans, nos confrères du Bénin nous adressaient cette supplique : « Aidez-nous à nous passer d’aide. » Cette demande forte a alors été entendue par des Conférences françaises, qui aujourd’hui sont « jumelées » avec celles du Bénin. C’est ainsi que naquit un partenariat authentique et que beaucoup de projets, le plus souvent liés à la terre, ont vu le jour. Texte et photos par Monique Lalucque
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es projets initiés au Bénin ont pour but de permettre aux Conférences béninoises d'aider les familles pauvres dont ils s'occupent à « gagner leur pain », à se prendre en charge et à se soigner. Ils permettent l'autosuffisance alimentaire et la responsabilisation du groupe. Les Conférences deviennent motrices pour les populations, en créant des emplois ponctuels et en redynamisant le commerce local. Comme publié succinctement à la page 20 des Cahiers Ozanam n°202, nous sommes allés rencontrer une quinzaine de Conférences jumelées dans les trois départements du sud du pays. Nous avons découvert la brousse, sa piste
rouge, sa végétation luxuriante et variée avec ses palmiers à huile, ses eucalyptus, ses bananiers, ses acacias, etc. Monique lalucque, animatrice du pôle Bénin
Au son du tam-tam À chaque fois, l’accueil a été joyeux et enthousiaste, rythmé au son du tam-tam. Les confrères étaient fiers d’expliquer à quel point leur projet était utile au service des plus pauvres. Certes, tout n’est pas idyllique, et si certaines réalisations, particulièrement bien gérées, donnent toute satisfaction, d’autres méritent encore d’être améliorées ou réorientées. À chaque rencontre, un dialogue fraternel a permis de définir, si nécessaire, des pistes de progrès
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Service Carnet de route ou de nouveaux projets. Nous avons particulièrement été séduits par le projet de Bokovi. À la frontière du Nigéria s’étalent quatre cent sept palmiers à huile. Lorsque l’on découvre leur petit centre de transformation des amandes de palme, leur coopérative de femmes et la salle où les adultes suivent des cours d’alphabétisation, on peut sentir combien la Conférence a le souci de chacun. Ce projet est exemplaire : il nourrit et fait travailler quarante à cinquante saisonniers sur cinq mois ! Le palmier à huile n’a-t-il pas mauvaise réputation ? Détrompez-vous ! Si cela est vrai en France, nos confrères béninois pensent tout autrement. Ils nous ont expliqué l’importance de ces palmiers : « On tire une huile rouge des amandes, très riche en vitamine A, qui entre dans la préparation de beaucoup de mets africains ainsi que le vin de palme. Sur le plan industriel, cette huile sert à préparer le savon, les pommades, le beurre. Les sous-produits permettent de nourrir les animaux. Après trente ans de vie, l’arbre est abattu, le bois vendu pour la construction et les palmes pour la couverture des cases ou pour faire des palissades. »
à Koningbin, l’accueil au son du tam-tam a été joyeux.
« Ouvrir une école, c’est fermer une prison » Victor Hugo Si la majorité des projets sont liés à la terre, certaines Conférences en ont soutenu d’autres liés à l’éducation. C’est ainsi que six écoles ont été financées et permettent à un grand nombre d’enfants d’être scolarisés. Nous sommes alors allés à la rencontre des Conférences des villages lacustres (sur pilotis) afin de visiter les deux écoles financées par leurs jumelles. S’y rendre fut une véritable aventure ! De notre pirogue, nous avons pu admirer des paysages magnifiques, mais aussi constater une grande pauvreté. Les enfants nous ont accueillis, chantant « Bonne arrivée les étrangers ». Ils étaient joyeux et fiers d’être écoliers et leur bonne mine nous a permis de constater que des progrès avaient été faits en matière de santé publique. En ville, et notamment à Cotonou, les projets sont forcément très différents. Le plus innovant qu'il nous ait été donné de voir est pour le moins original : ici, la Conférence a choisi d’investir dans une moto neuve (625 euros), et l’a confiée à un jeune homme « diplômé sans emploi ». Ce dernier travaillera donc en tant que zemedjian (moto-
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Les cahiers
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Visite de la palmeraie de Bokovi, un projet exemplaire.
taxi) et versera ensuite quinze euros par semaine pendant quinze mois à la Conférence. Par la suite, la moto deviendra sa propriété et le petit bénéfice constitué au fil des mois lui permettra d’acheter une autre moto, pour qu’un autre jeune en bénéficie de la même façon. Il faut d’ailleurs souligner qu’au Bénin, les « jeunes diplômés sans emploi » sont légion dans la capitale économique. Durant tout notre séjour, et comme l’a souligné Jean-Noël Gallois à plusieurs reprises, nous avons pu constater la
Les magnifiques villages lacustres.
L’équipe nationale du Bénin : Constan (Président), Ernest et Julien.
«Un dialogue fraternel a permis de définir des pistes de progrès ou de nouveaux projets. » grande qualité du clergé béninois : ces prêtres se sont toujours rendus disponibles pour nous recevoir et nous pensons qu’ils constituent un point d’ancrage pour les
La brousse africaine traversée par sa piste rouge.
Six écoles permettent la scolarisation d'un grand nombre d'enfants.
confrères béninois. Avant notre départ, nous avons pris le temps de faire ensemble la synthèse de notre séjour, de revivre les moments les plus importants. Là, nous avons reçu des cadeaux issus de l’artisanat local, souvent pleins de symboles. Ces présents doivent nous rappeler que nos confrères vincentiens du Bénin comptent sur nous pour les aider à continuer « à passer la cruche de leurs genoux sur leur tête ».
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Spiritualité Réflexion
Retour à l’esprit d’enfance Au fil des années, nous perdons notre capacité d’émerveillement et nos yeux se voilent. Dans l’Évangile, nous pouvons à loisir lire et découvrir que la foi en Jésus naît de l’étonnement. Voir, entendre, parler, toucher, marcher, manger et boire : tels sont les miracles de l’Évangile et les merveilles de Dieu. Nous ne pouvons les reconnaître que « si nous changeons et devenons comme les enfants » (Matthieu 18, 3). Par Jérôme Delsinne, c.m.
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ouvons-nous encore nous émerveiller dans un monde qui connaît sans cesse la violence et le mal, l’injustice et la mort ? Connaissons-nous encore la joie de nous étonner et la possibilité de nous émerveiller ? Comme ces captifs délivrés au retour de l’exil à Babylone ? Comme le psalmiste s’étonnant que Dieu prenne souci de l’homme ? Comme les premiers auditeurs de la prédication de Jésus à Nazareth ?
Un petit reste vite étouffé
Jérôme Delsinne conseiller spirituel national de la SSVP
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Les cahiers
Certes, il nous arrive encore de nous émerveiller en été devant un lever ou un coucher de soleil grandiose, devant le spectacle féérique d’une aurore boréale, plus près de chez nous, dans un parc, devant un arbre majestueux qui a traversé les siècles ou des fleurs simples au parfum subtil, devant un visage joyeux d’enfant, à l’intérieur d’une immense cathédrale gothique dans laquelle se dressent harmonieusement pierres, bois et vitraux, ou encore à l’écoute d’une incroyable improvisation d’un trio de jazz. Mais cet émerveillement aujourd’hui se transforme en un petit reste vite étouffé à l’écoute des nouvelles. éloi Leclerc, dans la préface de son livre intitulé Sagesse d’un pauvre, constate que : « Le mot le plus terrible qui a été prononcé contre notre temps est peut-être celui-ci : “nous avons perdu la naïveté”. En perdant la naïveté, l’être humain a perdu aussi le secret du bonheur. Toute sa science et toutes ses techniques le laissent inquiet et seul ; seul devant la mort. Seul devant ses infidélités et celles des
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autres, seul au milieu du grand troupeau humain. Seul aux prises avec ses démons qui ne l’ont pas déserté. » Seul et indifférent. Seul et ingrat.
Trouver une naïveté Au contraire, l’homme qui s’émerveille n’est pas indifférent, ne vit pas dans la tristesse de la banalité du quotidien, mais est ouvert au monde, à l’humanité, à l’existence*. L’homme qui s’émerveille ne désespère pas. Paul Ricœur, philosophe protestant, affirmait que l’homme moderne aurait besoin de trouver une naïveté seconde : malgré notre tentation de tout organiser, tout planifier, tout maîtriser, il nous invite à garder cette capacité de s’étonner de ce qui advient sans qu’on l’attende, de s’étonner de ce qui surgit dans notre histoire comme une grâce, un don inattendu. Bref, de laisser l’Esprit Saint s’inviter… éloi Leclerc poursuit : « À certaines heures de lucidité, l’homme comprend que rien, absolument rien ne pourra lui rendre une joyeuse et profonde confiance dans la vie, à moins d’un recours à une source qui soit en même temps un retour à l’esprit d’enfance. La parole de l’Évangile n’est jamais apparue aussi lourde de vérité humaine : “Si vous ne devenez comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux”. » Cette parole « lourde de vérité » de Jésus faite aux disciples, chez l’évangéliste Matthieu, s’explique très bien. Elle est la réponse immédiate et sans concession de Jésus devant la demande pas si désintéressée que cela des disciples :
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Nous devons garder notre capacité à nous étonner.
«Dessille mes yeux, et je verrai les merveilles de ta Loi. » Psaume 119, 18
« Qui donc est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? » Les disciples cherchent encore les premières places et se disputeront en chemin, plus tard, à nouveau sur cette question. En effet, Jacques et Jean, les « fils du tonnerre », par l’intercession de leur mère, voudront siéger l’un à droite, l’un à gauche du Maître. La parole de Jésus devra être encore renouvelée et mémorisée… Jésus a fait sien le chant du psalmiste et essaye de l’incarner, de l’inculturer dans la vie de ses disciples : « Je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère » (Psaume 130). Ce que fait et dit Jésus étonne, détonne même. Jésus sort du lot de l’ordinaire des prédicateurs et des guérisseurs.
Il est « extra-ordinaire ». Ou encore, dans la langue grecque de l’écriture du Nouveau Testament, il y a des choses à voir et à entendre qui se situent à côté de l’opinion commune, à côté du bien-connu sur Dieu : « Nous avons vu des choses paradoxales ! » (Luc 5, 26). Ici, il n’y a plus rien à attendre. Il y a un homme en chair et en os : Jésus. Aujourd’hui, ici et maintenant. Les disciples, comme les foules, comme jadis Jean le Baptiste, buttent sur Jésus qui fait des choses toutes simples. C’est une mise à l’épreuve de leur foi comme de leur incrédulité : cet homme Jésus ne s’occupe que de faire marcher, entendre et voir des gens qui vont un jour ou l’autre mourir.
Les petites merveilles La rencontre avec Jésus est une invitation à quitter, à convertir cette attente en portant notre regard sur ses miracles qui sont merveilles de Dieu : les hommes voient, marchent, entendent... Ce que Jésus propose est énorme !
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Spiritualité devant ce miracle, c’est la foule qui s’est aussi « ouverte » à la foi et sa parole s’est « déliée » : elle est devenue proclamation, témoignage, annonce. Un pas plus loin que l’émerveillement, notre parole d’étonnement peut devenir – deuxième miracle – une parole de reconnaissance. Tel est le miracle évangélique mis à notre portée : passer de l’émerveillement du miracle à l’émerveillement de la foi. *Bertrand Vergely, Retour à l’émerveillement, Albin Michel, Essais clés, 2010. Normalien et agrégé de philosophie, il enseigne en khâgne au lycée Pothier à Orléans et la théologie morale à l’Institut Saint-Serge. Ndlr. : Lire l’encadré, extrait d’un entretien à propos de son dernier ouvrage, janvier 2011, dans Les grands Entretiens d’Actu-Philosophia .
© Clotilde Lardoux
Extrait
Nous avons des yeux et nous ne voyons pas.
Ces petites merveilles de tous les jours, eh bien, il nous faut les considérer comme l’œuvre de Dieu et donc comme la venue effective – déjà là mais pas encore complète – du Royaume. La prophétie d’Isaïe est terrible : nous avons des yeux et nous ne voyons pas. Nous avons des oreilles et nous n’entendons pas ! Jésus, en effet, fut profondément navré de « l’endurcissement du cœur » de ses contemporains (Marc 3, 5). Ils lui réclamaient plus de signes. Ils n’auront plus que « celui de Jonas ». Le geste accompli par le Christ pour ce sourd-muet signifie beaucoup (Marc 7, 31-37). Ce sourd incompris de ses semblables – de fait, il ne parlait pas correctement – vivait dans une sorte de mutisme, enfermé sur lui-même, incapable de recevoir du dehors, incapable d’entendre la Parole de Dieu. Il vivait sans pouvoir, à son tour, transmettre ce qu’il portait déjà en lui, la proclamation de la Parole de Dieu. Après que ses oreilles se sont ouvertes et que sa langue s’est déliée, notre homme peut parler correctement. Mais,
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« Il y a deux émerveillements. Un premier émerveillement est l’émerveillement naturel de l’enfance.[…] En s’ouvrant au monde et en accueillant celui-ci, il [l’enfant] est ouvert par le monde. En étant ouvert par le monde, il acquiert une intériorité qui lui permet d’ouvrir le monde, cela marche dans les deux sens, de manière dynamique. Et c’est là que jaillit l’esprit, c’est-à-dire l’intelligence rayonnante, libre.[…] Le second émerveillement est l’émerveillement adulte. Cet émerveillement consiste à découvrir des trésors derrière le vide ou l’âpreté apparente de l’existence. C’est exactement l’expérience que font Pascal, Heidegger mais aussi ce qui se passe à travers le haïku japonais. Les êtres humains sont jetés dans l’existence avec une impression d’absurdité, d’absence totale de sens et tout d’un coup, parce qu’ils se tiennent là, dans l’être-là, avec persévérance et courage, ils se découvrent non pas abandonnés dans l’existence mais envoyés dans l’existence. » Source : Extrait d’entretien avec Bertrand Vergely, par Henri de Monvallier, paru dans Les grands Entretiens d’Actu-Philosophia
Témoignage
Michel-Olivier Michel : «Tu as un talent ! » Michel-Olivier Michel, comédien depuis une quinzaine d’années, est le scénariste de la comédie musicale Ozanam. Pour écrire ce spectacle, il s’est plongé dans les écrits de Frédéric Ozanam. Il nous livre le message original qu’il y a découvert et son témoignage d’artiste chrétien. Propos recueillis par Capucine Bataille
La philosophie comme l’art naissent de la capacité d’émerveillement de l’homme. Le philosophe cherche à comprendre ce qu’il a perçu, l’artiste à l’exprimer à travers son art, avec son corps et toute sa personne. L’artiste saisit quelque chose de la réalité. Il a une intuition de l’invisible, de l’indicible. Il cherche alors à la communiquer, à la transmettre de sa propre manière. On peut dire, en quelque sorte, qu’il est prophète. Cette vérité ou beauté qu’il a saisie, avait besoin de lui, besoin de passer par l’incarnation d’une personne pour être connue. L’artiste annonce un message d’espérance. Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu. Et dans l’art, au moyen de cet émerveillement, il y a pour moi une anticipation de l’état divin. Quelle est l’importance de ce fameux « émerveillement » ?
Étymologiquement, s’émerveiller veut dire voir les phénomènes, la réalité, dans la lumière, s’en étonner jusqu’à les admirer. L’artiste, lorsqu’il se laisse toucher, ressent le besoin de communiquer ce qu’il a saisi, avec la matière, son corps, sa personne tout entière. L’émerveillement de l’intelligence qui comprend quelque chose et le même que celui de l’artiste qui exprime par son œuvre. Cet émerveillement nous fait exister en tant que personne, une, unique, créa-
trice. Il est important de réunir les deux dimensions de l’être : son côté spirituel, par la philosophie ou autre activité intellectuelle, et le sensible, le corporel, par la créativité de tous les arts. Comme le dit Jean-Paul II dans Fides et Ratio : « Sans émerveillement, l’homme tomberait dans la répétitivité et deviendrait incapable d’une existence vraiment personnelle. »
Il y a dans l'art une anticipation de l'état divin.
Quel message souhaitez-vous faire passer dans la comédie musicale Ozanam ?
J’ai été particulièrement touché par l’unité de la vie de Frédéric Ozanam. Pourtant il n’a renoncé à rien ! Il a su mettre tous ses talents au service de sa foi en l’intelligence de l’homme. Il n’a renoncé ni à son talent d’auteur, ni à celui de chercheur, de philosophe, d’homme de lettres. Il ne s’est pas non plus limité à une vie d’intellectuel. Il a compris cette nécessité de mettre sa foi en pratique, de la rendre réelle pour la transmettre, de l’incarner à travers ses œuvres de charité. Depuis que j’ai découvert Ozanam, je le prie tous les jours. C’est un saint d’aujourd’hui ! Il n’a pas eu besoin de s’enfermer dans un monastère ou d’être un grand mystique pour être saint. Sa sainteté était d’agir au cœur de la cité en développant ses talents.
© Capucine Bataille
En tant qu’artiste et croyant, comment pensez-vous que l’art puisse nous guider vers Dieu ?
Il fait confiance à la Providence, mais aussi à ses propres dons, même artistiques : il a lui-même gagné des concours de poésie ! Finalement, sa puissance intellectuelle n’est pas venue écraser sa sensibilité exacerbée. Dans notre esprit cartésien actuel, qui sépare l’artistique de l’intellectuel, les artistes des ingénieurs, Ozanam vient nous contredire et nous rappelle l’unité de l’homme ! Le message que j’ai voulu faire passer dans cette comédie musicale Ozanam s’adresse à chacun : « Tu as un talent ! Prends confiance et exploite ce don ! »
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© Clotilde Lardoux
Spiritualité Contemplation
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Vie et beautés Quand j’ouvre ma fenêtre chaque matin Voyant le soleil à l’horizon Dans mon cœur monte une chanson Qui va me donner entrain J’aime ce moment de lumière Qui chasse toute misère Donnant un regard d’enfant Même envers le mendiant. J’aime voir le foin pousser là où on l’a semé Le paysage changer selon la manière dont on l’a façonné J’aime la beauté des objets créés de toutes mains Pour ne faire qu’un seul refrain. C’est pourquoi par ces mots et du fond de mon cœur Je veux chanter la gloire de notre Créateur. Madeleine Thémines, Vincentienne
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Spiritualité Parole de Dieu Par Juliette Asta
«A
lors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. » Lc 24, 13-35
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ous imaginons bien la tristesse et la déception de ces deux disciples d’Emmaüs qui viennent de voir Jésus arrêté, condamné et mort sur une croix. Comme eux, nous marchons parfois en proie au découragement et à la peine, tout empreints des soucis quotidiens. Comme Il a su rejoindre les disciples en marche, Jésus chemine à nos côtés, mais savons-nous toujours Le reconnaître dans notre vie, à travers les événements ou à travers les autres ? Sur la route, Il explique aux disciples les Écritures. Leur cœur en est « tout brûlant » et ils découvrent ainsi que la mort de Jésus a un sens. Nous aussi, nous devons chercher à redécouvrir et à nous imprégner de la Parole de Dieu. À sa lumière, nous sommes invités à faire une relecture de notre vie afin d’y retrouver l’Amour de Dieu. C’est ainsi qu’avec les disciples, nous pouvons demander : « Reste avec nous Seigneur. » Mais c’est au partage du pain, grâce à ce signe concret, que les yeux des disciples s’ouvrent, qu’un voile se déchire et qu’ils Le reconnaissent ! Jésus est vivant ! Ils repartent tout joyeux annoncer la Bonne Nouvelle ! Nous avons besoin, nous aussi, de revivre le partage du Pain de Vie, d’être fortifiés par l’Eucharistie pour, qu’à notre tour, avec joie et enthousiasme, nous puissions proclamer que Jésus est vivant et montrer ainsi que le Christ continue le chemin avec nous !
«A
près ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître Ac 1, 1-11 à leurs yeux. »
voulu associer à sa gloire elle-même tous ceux qui croient en Lui. C’est l’Esprit Saint qui conduit l’Église à travers les siècles dans l’attente du retour glorieux du Seigneur » (Benoît XVI, Porta Fidei).
«T
u envoies ton souffle. Tu renouvelles la face de la terre. » Ps 103, 30
E
n hébreu, le mot ruáh que l’on traduit par Esprit, signifie « rafale » ou « bourrasque ». Le jour de la Pentecôte, Dieu a envoyé son Esprit sur Marie et les apôtres. Il s’agit d’un grand souffle, symbole de la communication entre Dieu et les hommes. L’Esprit, souffle de Dieu, c’est un vent qui nous pousse en avant, c’est la force de l’Amour, l’énergie de Dieu qui fait irruption dans nos vies personnelles. C’est son action transformante qui nous empêche de piétiner, qui nous pousse à changer notre vie intérieure et à devenir, à notre tour, des créateurs pour continuer à faire advenir le Royaume de Dieu. Comme les apôtres qui, par le don de l’Esprit, sont devenus des missionnaires, sachons être des témoins auprès des personnes que nous accueillons et accompagnons dans nos activités vincentiennes. Apprenons aussi à prier le Seigneur en demandant l’Esprit Saint, car la seule prière dont nous sommes sûrs qu’elle sera exaucée est celle-ci : « Envoie-nous Ton Esprit ! »
© Clotilde Lardoux
A
près sa passion, le Christ ressuscité s’est montré vivant à ses proches à plusieurs reprises : « Il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, Il leur était apparu, et leur avait parlé du Royaume de Dieu. » Cette période peut s’entendre comme un temps de formation, de révélation pour préparer ses disciples à leur mission future. L’Ascension de Jésus célèbre la fin de sa présence visible sur terre et son entrée dans la gloire de Dieu en réponse à son obéissance au Père. Croire que le Christ ressuscité est entré dans la gloire est un acte de foi. L’Ascension préfigure notre « passage de la mort à la vie éternelle, fruit de la résurrection du Seigneur Jésus qui, par le don de l’Esprit Saint a
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Les cahiers
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Jardins de Claude Monet à Giverny.
Prier en Conférence Par Jean-Claude Peteytas, diacre et Vincentien
La prière se cultive comme un jardin Saint Vincent de Paul invite ses disciples à être des « hommes d'oraison ». Tout Vincentien, qu'il soit laïc, prêtre ou religieuse, doit « être contemplatif dans l'action et apôtre dans la prière ».
D
ans la société d'aujourd'hui, nous courrons après tout ce que nous avons à faire, jonglant avec les rendez-vous de nos agendas. Mais nous ne pouvons donner que ce que nous recevons. Vincentiens, nous devons être des femmes et des hommes dont la prière et la vie spirituelle sont ancrées en nos êtres.
Cultiver son jardin Tous les jardiniers savent bien que les légumes et les fleurs ont besoin de la présence régulière du maître du potager. Comme on cultive la terre, la prière aussi a besoin d'être cultivée. Nous devons cultiver notre être, notre foi, notre relation à Dieu et aux autres, nos frères en humanité.
Chrétiens, nous sommes appelés à aimer et pour vivre concrètement de cet amour, suffit-il d'une prière matin et soir ? Nous ne pouvons pas nouer de profondes relations avec Dieu, si nous ne sommes pas continuellement attentifs à Sa présence. On ne parle pas à un absent, ou à quelqu'un que l'on croit absent, lointain, indifférent. C'est vrai pour nos relations humaines. C'est vrai pour nos relations avec Dieu. Notre relation à Dieu se cultive. Elle est nécessaire à tous ceux qui ont à témoigner de leur foi dans la vie quotidienne et dans la mission qui leur est confiée. Devenir une femme, un homme d'oraison, grandir dans sa relation avec Dieu est non seulement important pour son propre bien, mais aussi pour celui de tous ceux qui nous entourent.
Nous revêtir du Christ Comme le disait déjà l'apôtre Paul, saint Vincent parle constamment de se revêtir de Jésus-Christ, de L'imiter Lui, l'Évangélisateur des pauvres. L'oraison nous permet de nous « revêtir de Jésus-Christ ». Comme l'écrit le père JeanPierre Renouard : « Servir, évangéliser, former, se perfectionner, rien ne peut se faire sans une tension vers le spirituel. La prière est au rendezvous quotidien de toute action vincentienne. » (Saint Vincent de Paul, Maître de sagesse).
Dans un avis à Antoine Durand en 1656, Monsieur Vincent dit ceci : « Une chose importante, à laquelle vous devez vous appliquer soigneusement, est d’avoir grande communication avec Notre Seigneur dans l’oraison ; c’est là le réservoir où vous trouverez les instructions qui vous seront nécessaires pour vous acquitter de l’emploi que vous allez avoir. Quand vous aurez quelque doute, recourez à Dieu et dites-Lui : "Seigneur, qui êtes le Père des lumières, enseignez-moi ce qu'il faut que je fasse en cette rencontre". »
à la suite de Frédéric La famille vincentienne est riche de frères reconnus bienheureux ou saints par l'Église. De Monsieur Vincent et Louise de Marillac à François-Régis Clet et Jean-Gabriel Perboyre, de Catherine Labouré et Sœur Rosalie à Frédéric Ozanam et Pier Giorgio Frassati, tous ces disciples de l'apôtre de la Charité ont fait leur la parole de saint Vincent : « Il faut la vie intérieure, il faut tendre là ; si on y manque, on manque à tout. » Humblement, nous marchons aujourd'hui à leur suite. Pour suivre en vérité le chemin de ces aînés, il nous faut cultiver notre vie spirituelle, il nous faut donner toute sa place à la prière, à l'oraison dans notre vie. « Sans moi, nous dit Jésus, vous ne pouvez rien faire. » Contemplation et action sont les deux sœurs inséparables sur le chemin de la vie apostolique, unies dans la charité. Cultiver son jardin intérieur pour se donner à Dieu, pour mieux se donner aux autres.
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Magazine Histoire
Lettre de Frédéric « Ma chère maman » Frédéric Ozanam, étudiant puis professeur passionné, était convaincu de l’importance de transmettre à tous un savoir. C’est ainsi que la première Conférence de charité s’efforça d’offrir aux plus pauvres une éducation. Frédéric souhaitait sûrement leur donner les moyens de s’en sortir par eux-mêmes, en les aidant à développer leurs talents. Dans une lettre à sa mère, Frédéric raconte les premiers pas de la petite Société naissante. Illustrations Ambroise Meyer-Bisch
Ma chère V
N. B. : L'orthographe de l'époque a été conservée. Original :
Maman,
oici bien longtemps que nous n’avons un peu causé ensemble. Quel dommage que cette grande lettre que vous m’aviez écrite se soit perdue. La petite qui l’a remplacée m’a consolé un peu et cependant, ingrat que je suis, je n’y ai pas encore répondu. Il est vrai aussi j’ai beaucoup à faire et c’est là ma seule excuse. Il est vrai aussi que je suis moins curieux de vous donner de mes nouvelles que de savoir des vôtres. […] Vous m’avez reproché, et papa dans sa dernière lettre me renouvelle ce juste reproche, de ne vous avoir point depuis longtemps parlé de mes amis. Par ce temps d’examen et de thèses, les amis se voient peu. […] Cependant il est des amitiés qui résistent même à cette épreuve et qui ont besoin d’entretiens plus fréquens. […]
Archives Laporte. éd. partielle : Bulletin de la Société de Saint-Vincentde-Paul, Août 1925, p. 217.
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Les cahiers
23 juillet 1836
Nous nous sommes fait plusieurs visites particulières, nous avons pour nous voir des rendez-vous généraux : ce sont nos conférences de Charité. Mardi dernier, fête de saint Vincent de Paul, nous nous sommes tous réunis le matin à la messe dans l’église des Lazaristes où repose le corps de saint Vincent de Paul ; et le soir chez M. Bailly pour entendre les rapports des différentes sections, prendre connaissance de
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l’état des différentes œuvres, etc. M. le curé de la paroisse, M. Demante professeur à l’école de Droit, M. Binet, professeur d’Astronomie au Collège de France, quelques autres messieurs qu’on avait invités pour avoir leurs écus, assistaient à la séance. Il résulte des rapports que la Société se compose d’environs 200 membres visitant 300 familles pauvres, et distribuant chaque année un peu plus de 4 000 francs de secours à domicile, aux quatre coins de Paris. En outre nous avons une maison d’apprentissage pour l’imprimerie, où nous logeons, nourrissons, instruisons, dix enfans pauvres et presque tous orphelins. Des personnes charitables nous payent une espèce de demi pension pour chacun d’eux ; cependant l’établissement nous coûte à peu près 250 francs par mois ; ils apprennent l’imprimerie dans les beaux ateliers de M. Bailly, et quelques-uns des nôtres leur donnent des leçons d’écriture, de calcul, d’histoire sainte, etc. Un ecclésiastique de nos amis fait le catéchisme ; il y en a même deux plus avancés auxquels on fait apprendre un peu de latin, ce qui est nécessaire maintenant pour être admis comme correcteur et même comme compositeur dans les bonnes imprimeries de Paris. Ils ont pour les soigner un brave homme et une brave femme sans enfans qui
sont enchantés de leur famille. Le mari est employé dans un bureau. […] Le jour saint Vincent de Paul il a fait faire la fête à ces enfans et on leur a donné un petit repas dont ils ont été émerveillés. Nous avons lieu d’espérer que l’établissement prospèrera. Cependant, quand on l’a fondé, ce me semblait une grand folie, nous n’avions que 180 francs ; la Providence y a pourvu. Je suis bien persuadé maintenant qu’en fait d’œuvres de charité, il ne faut jamais s’inquiéter des ressources pécuniaires, il en vient toujours. Quelquesuns de nos collègues ont été chargés par M. le Président du tribunal civil de visiter les enfans détenus sur la réquisition de leurs parens.
© Ambroise Meyer-Bisch
« En outre nous avons une maison d’apprentissage pour l’imprimerie, où nous logeons, nourrissons, instruisons, dix enfans pauvres et presque tous orphelins. »
On fait ce qu’on peut ; on leur donne tous les jours quelques leçons mais c’est une œuvre fort ingrate. Ces petits malheureux sont corrompus pour la plupart jusqu’au fond du cœur, et le temps le plus long de la détention n’excédant pas trois mois il est impossible de corriger. N’importe, on sème toujours, laissant à Dieu le soin de faire germer la semence en son temps. Si on a peu de consolation de ce côté, on en a ailleurs. […] Dans ce commerce de Charité où l’on a bien voulu m’admettre je mets peu et je prends beaucoup. Il n’en est pas de même de Chaurand qui, non content de contribuer très activement à nos œuvres, travaille aussi pour d’autres non moins excellentes. Le Gouvernement et l’Auto-
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Magazine Histoire rité ecclésiastique ont eu communication de l’existence de notre petite société et en ont montré beaucoup de satisfaction. Nous avons parmi nos collègues un pair de France, des nobles, des artistes distingués, un musicien qui, il y a un mois, faisait courir Londres entier à ses concerts, des employés du ministère, d’anciens Saint-Simoniens, des ingénieurs, des avocats en quantité, des médecins, des étudiants, de petits marchands et jusqu’à des commis de magasin. Les deux seules choses qui soient communes, c’est la jeunesse de l’âge et la droiture des intentions. […] Adieu ma bonne mère ; je vous recommanderais bien de vous souvenir de moi mais je ne crois pas que vous puissiez m’oublier ; ainsi la recommandation est inutile ; il me reste donc qu’à vous faire un baiser par la pensée en attendant celui que je vous ferai bientôt en réalité.
Votre fils qui vous aime bien,
A-F Ozanam
Frédéric, poète Frédéric avait également un talent artistique. Amoureux de la langue française, il prenait plaisir à écrire des vers, pensant que « La Providence met des poètes dans les sociétés qui tombent, comme elle met des nids d’oiseau dans les ruines ».
à Mademoiselle Amélie Soulacroix Ainsi dans le désert une source inconnue S’est fait son lit de mousse en un creux de rocher ; Elle ne réfléchit que le ciel ou la nues, Et les bords du bassin qui voudrait la cacher. Mais si la jeune fille, enfant du voisinage, Son urne sur l’épaule, y vient puiser un soir, L’onde amoureusement répète son image Elle semble animer l’immobile miroir. Telle dans ces écrits mon âme se dessine : Solitaire, longtemps elle n’a reflété Que l’austère lueur d’une sainte doctrine, Et du savoir humain l’aride aspérité. Mais dès qu’une figure angélique, bénie, Vint s’incliner vers elle : il s’y fit dès ce jour Une nouvelle image, une nouvelle vie : Le reflet du beau, c’est l’amour.
© Ambroise Meyer-Bisch
30 décembre 1840
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Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
L’invité En cette année du bicentenaire de Frédéric Ozanam et des 180 ans de notre Société, Michael Thio, Président général international de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, adresse un message particulier à tous les Vincentiens de France et les encourage. Propos recueillis par Emmanuelle Duthu et Capucine Bataille
© DR
En tant que Président international, quels sont vos principaux objectifs pour la SSVP ?
Michael Thio : Le programme dans lequel je me suis engagé pour la durée de mon mandat recouvre plusieurs domaines : tout d’abord, je souhaite favoriser la formation spirituelle de nos membres, afin de maintenir notre spiritualité vincentienne. Le Christ doit être au cœur de toutes nos démarches, c’est une référence absolument essentielle et l’une des clés de notre spiritualité. Ma deuxième priorité est la formation des membres et l’adaptation aux besoins des pauvres au XXIe siècle, car la qualité d’une organisation dépend de la qualité de ses membres. Le programme de formation en cascade, dont la première phase, à l’intention des présidents des Conseils nationaux, a déjà touché 75 % d’entre eux, se répercutera ensuite jusqu’aux membres mêmes des Conférences. Il nous faut aussi renforcer notre globalisation et s’étendre à de nouveaux pays. Nous sommes présents aujourd’hui dans cent quarante-huit pays, avec environ sept cent quatre-vingt mille membres. Nous avons reçu l’an dernier notre agrément comme ONG reconnue par les Nations-unies. Nous sommes véritablement une entité mondiale reconnue !
Michael Thio, Président international de la SSVP « Nous servons, Il dispose » n°203 - mars-avril 2013 - Les cahiers Ozanam
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Magazine L’invité Je tiens aussi à avoir une attention plus particulière pour les jeunes, pour les accueillir dans nos rangs et leur donner l’occasion de prendre des responsabilités, pour la bonne santé de la Société tout entière. Enfin, je serai heureux d’accroître notre collaboration avec d’autres branches de la Famille vincentienne, d’autres organisations catholiques ou chrétiennes et de maintenir une relation étroite avec la hiérarchie de l’église. Une question plus personnelle : comment êtes-vous devenu Vincentien ?
Michael Thio : Aîné de cinq enfants, j’avais l’habitude de suivre ma mère partout. Lorsque nous croisions une personne pauvre dans la rue, elle s’arrêtait à chaque fois, s’adressait à elle et lui donnait de l’argent. Elle m’a souvent rappelé que dès que nous le pouvons, nous nous devons d’aider les pauvres. Sa nature compatissante a déteint sur moi. Dans ma paroisse, j’avais l’habitude de voir des membres de la SSVP qui aidaient les pauvres. J’ai assisté un jour à une réunion en tant qu’observateur. Depuis lors, j’ai joint la SSVP et ce depuis quarante-cinq ans.
Biographie Né le 12 décembre 1945, à Singapour. Il est marié et a eu un fils, Kenneth, décédé en 2003. SA VIE PROFESSIONNELLE Il est Doctor of Humanities (Honoris Causa) de Adamson Manila, aux Philippines. Il a travaillé en tant que directeur général à British Telecom South East Asia. Sa vie vincentienne 1968 : Il devient membre de la SSVP. 1978 : Il prend ses premières responsabilités au sein de la SSVP en devenant Président de la Conférence du Sacré-Cœur. 1987 : On lui confie la présidence de la SSVP Singapour, puis la coordination de l’Asie. 2010 : Il est élu Président général international de la SSVP. de votre participation dans les bonnes œuvres de charité. Nous invitons les jeunes à s’y joindre et nous sommes heureux de les accueillir au sein de la SSVP. Permettez-moi de citer la bienheureuse Mère Teresa : « Ce que vous êtes est le cadeau que vous fait Dieu ; ce que vous faites de vousmême est votre cadeau à Dieu. » Agissez maintenant, les pauvres et Jésus vous attendent !
Le plus grand défi de la France consiste à trouver de jeunes Vincentiens. Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes à l’occasion de ce bicentenaire?
Michael Thio : Les Conférences de divers pays se concentrent sur le fait de recruter des jeunes et de leur donner des opportunités de servir les pauvres. Les résultats des dernières années sont encourageants et les Journées Mondiales de la Jeunesse nous aident et nous aideront à sensibiliser et inspirer les jeunes du monde entier. Mais il faut savoir que l’investissement des jeunes à la SSVP varie d’un pays à l’autre ! Par exemple, au Brésil, la Société compte 100 000 jeunes, ce qui représente 50 % des Vincentiens brésiliens ! La Société a été fondée par des jeunes Français. J’espère que cela inspirera les jeunes de France à discerner ce en quoi consiste le service des pauvres. Les jeunes ont un incroyable potentiel et ils apportent leur vitalité, de nouvelles idées et constituent un enrichissement pour la Société ; ils en sont aussi les futurs leaders. Les pauvres ont besoin de vous et nous prions pour que vous viviez cet évangile d’Amour du prochain au travers
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Les cahiers
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
Durant cette année du bicentenaire de Frédéric Ozanam, qu’aimeriez-vous dire à tous les Vincentiens de France ?
« La France est le berceau de la SSVP et cela lui donne une connotation particulière, ainsi qu'une grande renommée. »
Michael Thio : Frédéric Ozanam et ses compagnons ont fondé la Société à Paris et c’est un grand témoignage envers le peuple français. La France est le berceau de la SSVP et cela lui donne une connotation particulière, ainsi qu’une grande renommée. La France a toujours été ce type de pays dans les annales de l’Histoire et elle est réputée pour sa culture, ses arts, ses célébrités qui incluent des religieux et des saints. La SSVP mondiale unit les Vincentiens en France afin de célébrer le bicentenaire. Frédéric était un homme de foi, un visionnaire pourvu d’un grand courage. C’est un homme qui a révélé l’amour le plus sincère en tant que fils, frère, mari, père et ami. Imitons la spiritualité, le dévouement et la passion de Frédéric Ozanam dans notre mission. Unissons-nous avec ferveur en invoquant Dieu à répondre à notre appel dans notre cause pour la canonisation du bienheureux Frédéric.
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« Osons rêver
nos rêves tel que le fit Frédéric
»
En tant que Vincentiens dignes de ce nom : - Osons rêver nos rêves tel que le fit Frédéric, afin « d’enserrer le monde dans un réseau de charité ». - Ayons envie de contempler pour méditer et discerner, de servir le Christ et l’humanité. - Célébrons ce merveilleux bicentenaire du bienheureux Frédéric Ozanam et réjouissons-nous en rendant grâce à Dieu. Dans cette période de crise et d’instabilité économique, quel message la SSVP peut-elle apporter au monde?
Michael Thio : Nous sommes attristés par les difficultés économiques qui assaillent de nombreux pays. Nous nous penchons sur le sort de ceux qui ont besoin d’assistance, mais sommes limités par nos humbles moyens. Donnons ce que nous pouvons avec la prière, l’amour et l’affection. Montrons que nous nous soucions d’eux, donnons-leur une oreille attentive et cela représentera tant pour eux ! La SSVP continuera de servir, dans l’espoir qu’ils trouveront
Jésus au travers de vos bonnes actions et qu’ils trouveront un réconfort en Lui. Comme le soulignait Frédéric : « Allons vers les pauvres. Que ce ne soit pas seulement des mots, mais agissons et affirmons au travers de nos actions la vitalité de notre Foi. » Nous devons être fidèles à notre devise « Serviens in Spe » – « Servir dans l’Espérance ». Et comme le disait Mère Teresa : « Il se peut que nous ne fassions pas de grandes choses, mais nous pouvons faire de petites choses avec beaucoup d’amour. » Nous prions et nous gardons confiance en notre Seigneur, car sans Lui, nous ne pouvons rien. Nous servons, Il dispose. Faisons de notre mieux et Dieu fera le reste. Unis dans la prière, invoquons le Saint-Esprit afin qu’Il continue de nous guider et de nous éclairer tandis que nous poursuivons notre mission et notre vocation dans l’apostolat vincentien en France et de par le monde. Que la Paix et la Bénédiction du Seigneur vous accompagnent !
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Magazine Courrier ANCV, partenaire des projets vacances SSVP Pour faire bénéficier des familles des chèques vacances ANCV (Association nationale des Chèques-Vacances), contacter Valérie Grabé au 01.42.92.08.15 ou par email : valerie.grabe@ssvp.fr
Agenda 2 au 5 avril 2013 « Jeu ici, Toi ailleurs », partenariat avec l’UGSEL (partout en France) 18 avril 2013 Spectacle « 1833, pages de feu, lettres d’amour », lecture de lettres de F. Ozanam par 3 comédiens, chez les Filles de la Charité (Paris) 19 avril 2013 Concert de piano (Paris) 19 et 20 avril 2013 Colloque sur le bicentenaire de F. Ozanam au Palais d’Iéna (Paris) 21 avril 2013 Messe à Notre-Dame, présidée par Mgr André Vingt-Trois (Paris) 9 au 11 mai 2013 Rassemblement Diaconia 2013, partenariat avec la SSVP (Lourdes) 8 au 12 mai 2013 Pèlerinage des jeunes Vincentiens (Turin)
e r b i l am e n a m z a O r Prog ire de Frédéric na Bicente
13 avril 20 Jeudi 18
Dans le cadre des célébrations du bicentenaire de Frédéric Ozanam à Paris, la SSVP vous invite à participer aux activités libres et gratuites du colloque international d’avril.
20 h 30 Lecture publique à la Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse Spectacle « 1833, pages de feu, lettres d’amour », lecture de lettres de Frédéric Ozanam par trois comédiens. Venez découvrir ce jeune catholique, enthousiaste, fidèle en amitié, amoureux et heureux d’être père, capable de mobiliser contre la pauvreté, au langage puissant et au caractère volontaire, ce Frédéric Ozanam « contemporain » qui nous invite à le suivre ! ril 2013 di 19 av Vendre 20 h 30 Concert à l’église Saint-Sulpice La pianiste espagnole Ana Vega Toscano interprètera des œuvres de Franz Liszt et de Santiago Masarnau, compositeur espagnol, ami du bienheureux Frédéric Ozanam et fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul en Espagne en 1849. ril 2013 i 20 av Samed
15 h - 17 h 30 Visite du Paris de saint Vincent de Paul et du bx Frédéric Ozanam il 2013 e 21 avr h c n a Dim 11 h 30 Messe solennelle Co-organisée avec l’Institut catholique de Paris à Notre-Dame de Paris présidée par Son Éminence le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris.
15 h - 17 h 30 Visite du Paris de saint Vincent de Paul et du bx Frédéric Ozanam
Pour plus d’informations ou pour recevoir votre invitation, contactez communication@ssvp.fr
9 juin 2013 Campagne solitude 15 juin 2013 Assemblée générale de la SSVP (Paris) 19 au 21 juillet 2013 Rassemblement mondial de la jeunesse vincentienne avant les JMJ (Rio de Janeiro)
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Les cahiers
Les Cahiers Ozanam, revue de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, 120, avenue du Général Leclerc, 75014 Paris www.ssvp.fr Directeur de la publication : Bertrand Ousset l Rédactrice en chef : Capucine Bataille l Rédacteurs : Juliette Asta, Capucine Bataille, Bertrand Decoux, Jérôme Delsinne, Céline Marcon, Benoît Pesme, Bertrand Ousset, Jean-Claude Peteytas. l Ont participé à ce numéro : Emmanuelle Duthu, Valérie Grabé, Jean Vandenhaute, Monique Lalucque, Clotilde Lardoux, Charlotte d’Ornellas, Madeleine Thémines, Stéphanie Thiell, Michael Thio. l Illustrations : Ambroise Meyer-Bisch. l Service abonnements : Clotilde Lardoux, 01 42 92 08 17 l Photo de couverture : Emmaüs Solidarité. l Fabrication/ production : CLD, 33 avenue du Maine, 75015 Paris l Graphisme : Florence Vandermarlière. l Impression : Imprimerie de Champagne, Z.I. les Franchises, 52200 Langres l Numéro C PPAP : 310G79517 l Dépôt légal : Mars 2013 – n°203 – 03/2013. l ISN : 1965 2917 l Abonnement 1 an, 5 numéros : 13 € l Toutes vos informations et photos sont à envoyer à la rédaction huit semaines avant la date de parution (édition sous réserve d’espace) à capucine.bataille@ssvp.fr
Ozanam - n°203 - mars-avril 2013
En 2013, bicentenaire de sa naissance Prenez le temps de prier quotidiennement avec Frédéric Ozanam
12,50 € Dans la collection Prier 15 jours, un exemplaire sur Frédéric Ozanam, écrit par Christian Verheyde, bénévole vincentien du Nord. Édition Nouvelle Cité, 2011
5€ Dans un format de poche (9,5 x 14 cm), 365 textes de Frédéric Ozanam ont été recueillis dans ce petit fascicule, pour vous accompagner dans votre méditation quotidienne. Éditions Médiaspaul, 2006
Pour commander, rendez-vous sur www.boutique.ssvp.fr ou par mail à commande@ssvp.fr – Tél. 01 42 92 08 16