Non-lieux, espaces éphémères face aux défis de la surmodernité. Les annexes

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NON-LIEUX,

ESPACES ÉPHÉMÈRES FACE AUX DÉFIS DE LA SURMODERNITÉ. STEVE HARDY ETUDIANT JÉRÔME GUÉNEAU ENSEIGNANT

LES ANNEXES. RAPPORT D’ÉTUDES DE FIN DE LICENCE S6 2015-2016 ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE


En première de couverture, maisons démolies et abandonnées sur la Pastorijstraat à Doel.


NON-LIEUX,

ESPACES ÉPHÉMÈRES FACE AUX DÉFIS DE LA SURMODERNITÉ. STEVE HARDY ETUDIANT JÉRÔME GUÉNEAU ENSEIGNANT

LES ANNEXES. RAPPORT D’ÉTUDES DE FIN DE LICENCE S6 2015-2016 ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE



Le mémoire a été réalisé par le biais d’une démarche d’enquête sur six sites de Belgique sélectionnés en amont au fur et à mesure de mes recherches. Tout au long de l’étude, j’ai tenu un carnet étant à la fois journal d’enquête, carnet de prises de notes et d’avancement de ma recherche. Ces annexes se proposent de rassembler l’ensemble des éléments photographiques, des croquis exploitables, relevés cartographiques et témoignages récoltés durant l’enquête et ayant participé à l’effort critique. Il rapporte aussi un compte-rendu de chaque visite de site. Les autres documents iconographiques utilisés pour la rédaction du mémoire sont aussi présents dans ces annexes.



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A / Relevés

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B / Iconographies extérieures

15 41 49 57 81 93

1. Doel 2. Anvers 3. Bruxelles 4. Charleroi 5. Sclessin / Seraing 6. Herstal



A/ RelevĂŠs.


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sites étudiés

+ de 12

conversations engagées

900 mins passés dans un train

265 mins

passés dans un métro, un tram, un bus

40 mins

passés à faire du stop

120 kms parcourus à pied


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Fig 1. L’enquête menée en Belgique. Fig 2. (pages suivantes). Synthèse comparative de différents sites étudiés


Nouveaux aménagements.

Pratiques relevant du lieu...

Zone sinistrée en pleine reconversion.

... du non-lieu. Relevé cartographique 12 Non-lieux, espaces éphémères face aux défis de la surmodernité.

Doel Anvers Tour et Taxis


Marchienne-au-Pont

Présence des ”pakis” et de quelques bars donnant une vie de quartier.

Avenue de la Providence, Marchienne-au-Pont

Leernes

Le Rockerill.

Le métro comme terrain de jeu.

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Sclessin / Seraing



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1. Doel - 29 novembre 2015

Après deux heures de train et une demie-heure de bus, le bus De Lijn 31 Sint Niklaas-Kieldrecht arrive à son terminus, à la sortie du village, à la frontière avec les Pays-Bas et la commune de Nieuw-Namen. De cette petite placette, de petits chemins partent à travers champs pour rejoindre notamment les polders de Doel et Arenberg, des terrains sous la mer protégés par des digues et quadrillés par un ensemble de canaux et routes. Après une quizaine de minutes de marche, le long d’un chemin et de l’une des digues coupant un champ en deux, une maison, un drapeau. Doel Polder Werelderfgoed, ‘‘pour un monde meilleur dans le polder de Doel’’. Au loin, les masses de marchandises et les grues du port d’Anvers dépassent de derrière une autre digue. En rejoignant une trentaine de minutes plus tard une route toute neuve, arborant fièrement le nom de ‘‘Eco-Route Doel’’, un petit poteau au milieu de ce nulle-part attire l’attention. Accroché dessus et mal plastifié, un arrêté municipal prend l’eau. ‘‘Procédure spéciale de planification urbaine’’ peut-ont ainsi deviner. C’est après une heure de marche sous la pluie qu’apparait l’entrée d’un village, un panneau qui me met en garde. Doel, Bewoond dorp. ‘‘Doel, village inhabité’’. Une longue avenue rectiligne fait face, des restes de trottoirs et d’arrêts de bus de chaque côté de la rue. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du centre du village, aparaissent un ensemble de maisons de type lotissements, abandonnées, certaines forcées et peut-être sans doute squattées. Au milieu de maisons inhabitées, un propriétaire semble faire de la résistance. Alors que les mauvaises herbes ont attaqué le trottoir et le jardin de ses anciens voisins, la propreté de son terrain fait tache. Nooit een dok door Doel peut-on voir accroché sur sa haie. ‘‘Doel ne deviendra jamais un port’’. Il y a quinze ans, le village de Doel, section de la commune de


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Beveren en région flamande, comptais un peu plus de neuf cents habitants lorsque le gouvernement régional flamand à décidé l’expansion du port d’Anvers. Ceinturé entre ce dernier et une centrale nucléaire et déjà comme coupé du monde, le village est voué à disparaître. Les expropriations commencent et de nombreux habitants organisèrent de la résistance. Au centre du village, les maisons sont victimes de dégradations. En discutant avec la barman d’un des deux seuls cafés / restaurants restants dans le village, une vingtaine d’habitants vivent encore ici malgré la suppression des écoles et des bus. Le reste du village est laissé à l’abandon - après quelques premières démolitions il y a cinq ans par le gouvernement -, aux artistes et au squatteurs, en témoignent les aliments retrouvés dans un réfrigérateur et des seringues au sol d’une des maisons. Il règne dans ce village une atmosphère étrange. Le matin, le village est encore sous la brume. Des rideaux flottent dans l’air à travers des carreaux brisés, les maisons vides sont accessibles et nous pouvons lire par les meubles laissés sans doute la précipitation dans laquelle s’est faite les expulsions. L’école est vide, les rues sont désertes. Au loin, un poteau sur lequel est accroché un ours en peluche. De haven heeft mijn huis verwoest, le port a détruit ma maison dit l’ours, un message laissé par un enfant il y a deux mois me dira la barman. L’après-midi, le village devient plus vivant malgré ces vingt habitants qui se cacheront, sans doute épuisés par le tourisme un peu malsain dont les Hollandais semblent friands. Les rues deviennent un lieu d’attractions pour les jeunes étudiants anversois et de safari photos pour les hollandais. A mon retour, dans la voiture de mon chauffeur qui m’as pris en stop au milieu de nulle part, il me parle lui aussi de ce village.


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Il ne comprend pas pourquoi Doel, voué à disparaître il y a 15 ans pour étendre le port d’Anvers jusqu’à la centrale, a été à quasiment entièrement expulsé et abandonné, mais pas totalement. Il se demande aussi comment les quelques habitants restants font pour y vivre sans commerces, sans transports, avec une nouvelle route qui les évitent au maximum, sans écoles ou bibliothèques. Selon lui, détruire un village ‘only for the haven and its boats’ n’est pas une raison valable. C’est sur cette interrogation, le transport de marchandises vaut plus qu’un village et sa communauté (dans le social du terme) qu’il me déposera à Zwijndrecht où je tenterai de rentrer sur Liège. Au cours de mes recherches sur le village, je découvrirai, en compensation de l’impact écologique de l’expansion du port, la mise en place d’une réserve naturelle sur les polder d’Arenberg et de Doel. Cette réserve, à deux pas du port a permis la création d’un étang marécageux et la réalisation d’une “Eco-Route” touristique qui doit permettre aux cyclistes et automobilistes de découvrir la partie sauvage du port. La nouvelle route d’accès à Doel, qui contourne une partie des champs, semblerait appartenir à cette éco-route.


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Fig 3. Doel (à l’ouest), Lillo (à l’est) et les installations du port d’Anvers, à l’embouchure de l’Escaut.


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Fig 4. Le polder de Doel et son village, entre centrale nuclĂŠaire et port en extension.


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De haut en bas : Fig 4. Relevé des édifices restants à Doel-Centrum. Seuls le bar et l’église sont encore pleinement accessibles au public. Fig 5. Coupe de principe du polder de Doel. Au nord, la centrale ; au sud, “de haven”, le port


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Fig 6. Pratiques rencontrĂŠes.


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De haut en bas : Fig 7. “Doel Polder Werelderfgoed”. Drapeau du collectif des “résistants” Fig 8. Réserve naturelle recréée sur le polder, le long d’une éco-route.


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De haut en bas : Fig 9. Les installations portuaires, constamment présentes dans le paysage Fig. 10. Arrêté régional invoquant l’extension du port.


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De haut en bas : Fig. 11. Entrée du village, Engelsesteenweg Fig. 12. « Nooit een dok door Doel (Doel ne deviendra pas un port) ». Un habitant résiste aux expropriations sur la Engelsesteenweg à Doel.


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De haut en bas : Fig. 13. Maison abandonnĂŠe et street art, Engelsesteenweg Fig. 14. Parkstraat


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De haut en bas : Fig. 15. Un salon d’une maison sur la Pastorijstraat. Les habitations sont squattées, saccagées et pillées. Fig. 16. Habitation sur la Engelsesteenweg.


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De haut en bas : Fig. 17 et 18. Les installations portuaires et ĂŠlectriques font partie intĂŠgrante du paysage de Doel.


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De haut en bas : Fig. 19. Habitations démolies sur la Pastorijstraat. Fig. 20. « De haven heeft mijn huis verwoest ». Le cadeau d’un enfant à son village.


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29 novembre 2015 12h30, la barman, Parkstraat, Doel Hello, why Doel is like this ? In 1990, the Vlaams Government and the Antwerpen Haven decide to destroy the city to expand the nuclear power plant in a part and the port in the other part And how the residents have learned the news ? (rire) I don’t know, I am too young but I don’t think they were very happy to learn this, some houses feel not too old. (elle me demande dans quoi je travaille. J’en profite pour lui montrer deux photos. La première, un fauteuil au milieu d’une pièce d’une maison) Yes, some residents have left without their furnitures. More, there are lots of krakers at night in these houses. There are drugs, alcohol, steals, ... It is very dangerous And there are still citizens here ? Yes, there are ten more or less. There was a family who is gone last month. (Je lui montre une autre photo. Une peluche sur un poteau de panneau de signalisation) Yes, it is them. The boy xmas very sad to leave this house. But I don’t think the village was safe for him. He puts his knuffeltje in this sign and with a message « De haven heeft mijn huis verwoest » ? What does it mean ? The port has broken my house


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People only left the city due to the insecurity ? No, the Government has closed the school, delayed the bus lines, and last month, it was the info center of the town with the library which it be closed For you, Doel will disappear ? (Elle réfléchit). I don’t want that. I work here ! (Elle rigole) No, I don’t think that. The project for the port has started in the 90’s and twenty years after, there is nothing so... Students love this place to play, make graffitis, and to shoot movies for rap music. The Dutch come here this ghost town. It is very touristic !


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16h00, le conducteur m’ayant pris en stop You are coming from Doel ? Yes Me too, from the power plant What do you feel about the condition of Doel, the town ? I don’t know why Doel stays like this. How a Government can say to people « we will buy your home to make a port We throw you out to make this port. » and after fifteen years, the old residents look their houses always standing there, without life, sacked, vandalized, with syringes and drugs which linger everywhere. And the port has never be expanded. The nuclear plant not too. They want to close it due to big safety problems. I understand the anger of the old residents. And the resistance of the last citizens You think they are angry ? How you want they are not ? Destroying their village, their houses only for de haven and its boats. The city of Beveren and the port of Antwerp have done all to piss them. No school, no bus, no stadhuis, ... (il me montre la route) A new road to get around fields for nothing. You can only be angry. I am very happy to live in Wijnegem, not here. Destroying a village to permit the port to grows up. And doing nothing.


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20 décembre 2015 11h00, Katrin, Meir, Anvers Sorry. Hallo. I am student in Architecture in Marseilles. You have few minutes ? Do you know Doel ? The power plant ? The little town between the power plant and the port ? No... The town was abandoned to permit the port to be expanded. But for now, it is not realized. Do you know if an other town near Antwerp was forced out to expand the port ? I don’t know but may be, I think it is possible


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11h00, Mark et Pieters, Meir, Anvers Hallo, Do you know Doel ? The ghost town ? Yes. Do you know why this village was abandoned ? Yes, we love go there with our friends. We shoot movies of us along the streets and doing skate Do you know if an other town near Antwerp was in the same condition? (Les deux réfléchissent, et l’un sort). Lillo, but it is not the same. It is like a museum. We can’t play there. You don’t have the same atmosphere there You prefer Doel ? Lillo is not very interesting, Doel is strange and it is for that we love it


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11h00, Beaudouin, Meir, Anvers Bonjour, vous connaissez Doel ? Oui. Les réacteurs nucléaires entièrement fissurés ? Peut-être et son village abandonné à côté Ah oui, c’est connu comme endroit, les Hollandais adorent le visiter Vous savez si un autre village a connu le même sort à cause du port ? Non, ça ne me dit rien. Mais le port est fort étendu donc ça ne m’étonnerait pas Et est-ce que cela vous choque ? C’est toute une partie de l’économie belge ce port. Ces gens là ont été relogés, donc non, ça ne me dérange pas.


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15h30, une femme, toit-terrasse du Musée Aan de Stroom, Anvers Sorry, (je me présente et explique sur quoi je travaille) You are from Antwerp ? From. Why ? I have seen you looking the skyline on the port. Do you see Doel ? (Elle regarde le port et pointe au loin les trois réacteurs nucléaires) There ? We can see the centrale. And it is so sad, at morning sometimes you can guess the village under the reactors. About this village, what are you thinking about its situation ? I don’t want thinking about. (un petit rire jaune). I imagine people who have to leave their houses. I don’t know if there was a consultation of citizens before or if the port has imposed that. But are you shocked by this situation ? (Elle a mit un certain temps avant de répondre). Not really. In fact, maybe if the citizens of Doel wanted to keep their houses, they could make more... « manifestations » (en français dans le texte). When Flemish students had wanted to educe Walloons from KU Leuven, they battered police and walloons. Why not the same for Doel ? And the port is very important for the Flemish economy so... I am not saying destroying Doel is a great thing but everybody doesn’t care I think. (Après vérification sur Wikipédia, elle fait ici part d’une histoire bien belge. Dans les années 70, l’Université la plus réputée du pays est située à Louvain ou plutôt Leuven. Il s’agit de l’Université Catholique de Louvain, où certains cours sont depuis peu réalisés en flamand. La ville est donc plus que francophonisée alors qu’elle se situe derrière la frontière


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linguistique. Il y a eu des manifestations anti-francophone et surtout antiwallons (les francophones) extrêmeement violentes, les Waalse buiten « les Wallons, dégagez ». Bref, l’êveque de Leuven a fini par demander au Gouvernement fédéral de réaliser une nouvelle ville en région Wallonne à Ottignies, à 30kms de Louvain. Louvain la Neuve est la seule ville nouvelle de Belgique. Ainsi, il y a la Katolische Universiteit van Leuven à Louvain et l’Université Catholique de Louvain à Louvain la Neuve) Are you ever gone there ? Once. When I was student in reto. It was like Disneyland Paris but during Halloween. Houses were vandalized, with some windows broken. It was brr... When I was gone there, I have seen a load of dutch photographers and during evening, students who take this town like a big playing space I am not surprised Do you know if an other city has experienced the same situation than Doel ? (Elle me remontre du doigt la rive opposée à celle des réacteurs de Doel). You see the highway there ? Under, you have for or five buildings. Ot was an old village but the name I don’t remember.




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2. Anvers - 20 décembre 2015

L’InterCity parti une heure plus tôt de Leuven arrive à AntwerpenCentraal. A une vingtaine de kilomètres de Doel, nous arrivons dans l’une des plus grandes villes de Belgique. Anvers. Après la découverte du village de Doel, il paraissait important de questionner les Anversois si l’existence de Doel n’était qu’un cas isolé ou si d’autres villages dans la banlieue de la ville flamande avaient été eux aussi sacrifiés pour permettre l’expansion du port. La démarche du jour s’est portée par l’interpellation de piétons dans la rue. Avec une photo représentant la rue principale abandonnée du village - l’Engelsesteenweg - une série de trois questions initiales leur était posée. Le but était, plus que de découvrir si un autre village avait disparu dans le même principe, connaître leur réaction ou les qualités d’un lieu semblable : - Do you know Doel ? - You are knowing a town, Doel, was abandoned to permit to the port to be expanded ? But for now, it is no realized - Do you know if an other town near Antwerp was forced out to expand the port, like Doel ? Cette petite expérience dans la rue commerçante de Anvers, la Meir, durant une demie-heure a permis, en plus de parfaire mon accent anglais et de faire jalouser mes acolytes liégeois qui m’accompagnait car des flamands me répondait même parfois en français quand eux ont bien du mal en Flandres d’obtenir des réponses à mes interrogations. Sur la demi-douzaine de personnes ou couples rencontrés, un nom de village est réapparu. Lillo.


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Face à Doel, du côté Nord de l’estuaire de l’Escaut, un ancien village a été détruit entièrement pour permettre au port de s’étendre au plus proche de la frontière avec les Pays-Bas. Symboliquement, quelques maisons ont été gardées et réaménagées près de la N101 et du ring R2. Seuls un restaurant, une église et un musée sont encore accessibles au public et à pied. Un parking à l’entrée empêche toute circulation motorisée dans les petites rues de Lillo. Doel est très prisé par les étudiants anversois. Les dires des étudiants rencontrés confirment les éléments vus sur place. Si le village n’est pas connu de tous, (heureusement !) il est un lieu un peu mystérieux où les jeunes aiment passer un après-midi pour graffer, tourner des clips, fumer, ou encore flâner le long de l’Escaut près du moulin. En arpentant les rues d’Anvers, nous débouchons sur le quartier du Nieuwpoort. Au centre de celui-ci, un immense bâtiment se dresse devant nous, face à une esplanade et au centre de l’anse du petit port, le musée Aan de Stroom. Le quartier du Nieuwpoort, situé au nord du centre-ville d’Anvers, est un ancien quartier industriel en plein réaménagement dont le Musée Aan de Stroom est le symbôle de son renouveau. Sur son toit, la skyline offerte au visiteur permet, plus que de profiter d’un panorama sur la cité flamande, d’assister aux travaux de réaménagements de ce quartier. Ce quartier développe ainsi culture, résidentiel tout en conservant son caractère industriel. Les entrepôts et hangars situés juste à proximité ont ainsi intégrés au quartier en ouvrant premièrement les accès au public


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et en ajoutant une faรงade contemporaine.


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Fig 21. Relevé du quartier du Nieuwpoort à Anvers.


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De haut en bas : Fig. 22. Le Nieuwpoort, quartier en réhabilittation sans véritable vie Fig. 23. Esplanade devant le musée Aan de Stroom


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De haut en bas : Fig. 24. Le réaménagement s’est accompagné d’une intégration architecturale des installations portuaires Fig. 25. Depuis le toit-terrasse du musée, vue sur le port d’Anvers.



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3. Bruxelles - 15 janvier 2016

L’InterCity à destination de Kortrijk arrive à Bruxelles-Nord.

En sortant de la gare sur le boulevard Albert II, face au quartier d’affaires de la capitale, nous empruntons le boulevard Simon Bolivar en direction du quartier de Tour et Taxis. Une fois traversé le Canal de Willebroek, les tours ont laissé place à un ensemble de bâtiments industriels, d’entrepôts fluviaux et de baraquements. Sur l’avenue du port, d’un côté les entrepôts font face au Canal de Willebroek, de l’autre, d’anciens docks appelés “entrepôt royal” venant à peine d’être réaménagés. Le quartier de Tour et Taxis, situé au Nord du centre-ville de Bruxelles, est un ancien quartier industriel s’étant construit autour du canal de Willebroek, canal maritime qui offrait un lien aux marchandises pour qu’elles puissent être transportées depuis le port d’Anvers et l’Escaut jusqu’à Bruxelles et inversement. Ce lien, imaginé dès 1550 pour pouvoir contourner la ville de Mechelen, qui faisait payer une taxe aux transporteurs pour emprunter la Senne sur le territoire communal, permet donc de relier les deux plus grandes villes de Belgique en péniche et en un peu moins de cinq heures. Avec le déplacement du port un peu plus au nord et la baisse du trafic des péniches au fil des ans, ce lieu a perdu son caractère industriel et ses entreprises (notamment d’import / export). Le port de Bruxelles a souhaité développer une politique d’intégration urbaine de ses installations lui appartenant toujours, notamment au niveau du quartier de Tour et taxis. Je me suis attardé dans ce quartier à cette portion de l’Avenue du Port. Ce que j’appellerai “baraquement”, en réalité des entrepôts montrant par leur état leur vécu, nous montrent ainsi une réutilisation judicieuse


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des lieux tout en gardant leur aspect industriel. Après le croisement avec la Place des Armateurs et le siège du Port de Bruxelles, les entrepôts se suivent sur la partie gauche de l’Avenue en direction du centre-ville. Ces baraquements ont été réaménagés par un ensemble d’associations. Comme salle de concert (Le Barlok), cinéma (le Brussels International Fantastic Festival) ou encore un local d’association, l’Allée du Kaai, promouvant l’occupation urbaine temporaire et citoyenne d’un lieu par la mise en place d’événements culturels ou le développement de l’agriculture urbaine. Malheureusement, il nous a été impossible d’en savoir plus que ce qui était indiqué sur les pancartes, les locaux étaient fermés. De l’autre côté de la rue, les docks de Tour et Taxis, appelés Entrepôt royal, nous font face. Ce long bâtiment, mélange d’architecture flamande et industrielle, a, après de longues années d’abandon (après le départ de la SNCB et de bpost), été entièrement réaménagé et transformé dès 2007. Il est devenu aujourd’hui un centre mixte proposant en rezde-chaussée des commerces hauts de gammes et branchés ; à l’étage, des bureaux sécurisés pour les entreprises. Ce bâtiment devient la vitrine du futur aménagement du quartier de Tour et Taxis au cours des prochaines années pour réhabiliter les lieux. Par ses architectures industrielles et hétéroclites et ses alentours populaires, le quartier est devenu un lieu de plus en plus prisé par les Bruxellois, conjugué, par ailleurs, par des événements culturels alternatifs que sont les foires, le festival Couleur / Café ou le Brussels Design Market. Symbole sans doute de cet engouement, c’est peut-être ce panneau aperçut près de la rue Drootbeek et des rues encerclant la parcelle du futur centre du quartier : « NMBS/SNCB wishes you the welcome in your new train


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stop: Tour et Taxis/Thurn en Taxis ». Un nouvel arrêt ferroviaire comme appât pour de futurs néo-résidents ou néo-employeurs.



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Fig 26. Relevé cartographique autour du canal de Willebroek à Bruxelles.


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De haut en bas, de gauche à droite : Fig. 27, 28 et 29. Les entrepôts royaux dans le quartier de Tour et Taxis. Le lieu, abandonné par la poste et les chamins de fer belges a été réhabilité en commerces de standing et bureaux pour le tertiaire.



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4. Charleroi - 19 décembre 2015

L’InterCity prit à Bruxelles-Midi arrive à Charleroi-Sud. Après avoir acheté à la borne un billet journée pour la TEC, les transports en commun, je me dirige vers la station de métro pour emprunter la métro M1 vers Anderlues. Traversant à la fois à l’aérien puis en souterrain la ville, il offre à l’usager un panorama sur la ville, traversant à la fois des zones résidentielles et d’anciennes industries minières. Le trajet continue ensuite en pleine forêt. La rame entre dans une station souterraine. La dernière de la zone accessible avec mon billet. Je décide de sortir à cet endroit. Leernes. Avec un métro toutes les trente minutes, les enfants du village environnant profite de cet imense terrain de jeu sans se soucier réellement des dangers. L’arrivée d’un voyageur ou d’un train devient un moment de jeu, passant les barrières et descendant du quai. Malgré la simplicité du plan de la station, le lieu, vide et silencieux, devient une cachette le temps d’une partie de jeu. Les escalators ne fonctionnent plus, le chassis des fenêtres ne tiennent plus aucune vitre. En sortant de cette station, un parvis jonché d’herbes folles donnent sur un chemin de campagne, des champs et une odeur de bouse de vaches. A l’entrée d’un bosquet, sa présence est uniquement signalée par un poteau surmonté d’un grand M. Un homme âgé, faisant rouler un chariot derrière lui, marche le long du chemin, se dirigeant vers le métro. Ce métro, il le prend tous les jours, ‘sauf quand il pleut, je prends le bus’. Cette station, au milieu de nulle part, ‘elle est pas très pratique, mais c’est fort agréable de se promener dans les champs avant d’aller en ville’. Lorsqu’on lui demande si le fait de la situation de la station ne pose pas de problèmes d’insécurité, c’est avec un sourire qu’il me répond. ‘Les enfants jouent tous les jours là-dedans, le métro ne passe pas souvent, et ça les amuse, c’est bien.’ ‘Le soir, le dernier métro passe vers


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huit heures, mais c’est vrai qu’en pleine nuit, c’est assez lugubre, le chemin n’est pas éclairé jusqu’au village’. Retour dans le métro. Station Providence. Une station aérienne dans le même état que la précédente, au pied d’usines de charbon et de métallurgie. La station offre un panorama impressionnant sur le passé historique minier de la capitale du Pays Noir. Chaque poteau du viaduc du métro surplombant la rue est devenu support d’oeuvres urbaines. Ces oeuvres de street art se prolongent sur les façades des usines abandonnées en face jusqu’à l’entrée d’un bâtiment entièrement peint. Le Rockerill. The Rockerill Art Industry est devenu ‘un centre urbain dédié aux cultures populaires , sociales et alternatives’. A la fois lieu d’art, l’association gérant le lieu produit des chanteurs, leur laisse leur possibilité de s’exprimer dans une petite salle de concert et offre aux jeunes Carolos une nouveau lieu pour sortir dans cette immense usine de la Providence désaffectée et réaménagée. Autour du Rockerill, les vieilles bâtisses abandonnées font que le Rockerill ainsi que l’extension contemporaine d’un centre de formation, dénotent avec le reste de cette rue de Marchienne-au-Pont. Cette rue, lieu de travail le jour pour les ouvriers, devient un lieu culturel alternatif pour les jeunes de la ville. De nouveau dans le métro. En arrivant à la station Waterloo, un quai semble muré. En sortant de la rame et en descendant dans la salle d’attente, un panneau dirige vers un mur de brique ‘direction Châtelet’. En questionnant une personne dans un couloir, elle m’indique qu’il s’agit d’une des lignes du métro construites dans les années 70 et 80 mais jamais mise en service. En sortant dans la rue, je décide de suivre cette


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ligne sortant juste après en viaduc à travers les maisons. Une demieheure plus tard et après avoir franchit des barbelés, j’accède à la station Chet. Tout le mobilier y est, même les panneaux informatifs. Les feux de signalisations fonctionnent. Elle a été laissé au vandalisme ainsi qu’aux tags. Interpellation par les agents de la TEC. En revenant vers la gare du Sud, une fois passé la placerelle, un des nouveaux aménagements réalisés dans le cadre de la rénovation urbaine de la ville dans une tentative de recréer de la vie dans le centreville miné par le chômage (Charleroi est considéré comme une véritable zone en Belgique), nous découvrons la place que prend les espaces de mobilités dans cette petite ville de moins de deux cents mille habitants. Une autoroute ceinturant le centre-ville, passant au-dessus des gares du Sud et de l’Ouest, et elle-même surplombée par les voies du métro léger. Tous ces aménagements ont éventrés dans les années 60 et 70 la ville de Charleroi.


Fig 30. Le village de Leernes dans la banlieue de Charleroi et sa station de mĂŠtro.


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De haut en bas : Fig. 31. Plan masse station Fig. 32a et 32b. La station de mĂŠtro comme terrain de jeu.


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De haut en bas : Fig. 33. Champs de betterave et chemin vicinal à la sortie de la station de métro Leernes. Fig 34. L’entrée du village depuis la station. Rue du Cimetière.


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De haut en bas : Fig. 35. Un endroit peu rassurant et pas entretenu. Fig. 36. Des enfants viennent de franchir cette barrière de sécurité pour se cacher.


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19 décembre 2015 11h30, un vieillard, Chemin du cimetière, Leernes Excusez-moi, (je me présente), vous allez prendre le métro ? Oui pourquoi ? Est-ce qu’il y a du monde qui le prend ? Oui, il y a toujours trois ou quatre personnes sur le quai quand je le prends Et vous le prenez souvent ? Au moins deux fois par semaine, sauf quand il pleut. Je prends le bus qui passe devant chez moi. Et il passe plus souvent. Et aucun bus ne dessert cette station ? Non, elle n’est pas très pratique, mais c’est fort agréable de se promener dans les champs avant d’aller en ville. Lorsque vous prenez le bus, vous attendez dans une rue. Là, vous prenez le chemin du cimetière, vous traversez les champs et vous rentrez dans la station. Et dans le métro, vous survolez la ville, c’est différent du bus J’ai vu des enfants jouer dans la station, passant derrière les barrières de sécurité ... Oui, je les vois souvent moi aussi. Mais je ne pense pas que ce soit dangereux. Le métro est un petit tram, il n’avance pas fort vite. Ils jouent dans les champs, ils jouent dans le métro. Le métro passe toutes les trente minutes, les stations sont souvent vides, ils y mettent un peu de vie. Et on ne peut pas les en empêcher Le soir, la station n’est pas un peu lugubre ? Le dernier métro passe vers huit heures, les escalators ne fonctionnent pas et les lumières sont en partie éteintes. C’est vrai qu’en plein nuit, c’est


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assez lugubre. Le chemin n’est pas éclairé de la station jusqu’au village, ça ne donne pas envie aux gens de prendre le métro (Voyant l’heure tourner, il me laisse prendre son métro) Si je le rate, je vais attendre une demi-heure


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Fig. 36. Coupe générale dans la rue de la Providence, Marchienne-au-Pont. Différentes époques se côtoient, des immeubles d’habitations wallones aux usines désaffectées d’inspiration flamandes à des constructions contemporaines.


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De haut en bas : Fig. 37 et 38. The Rockerill Art Company, Rue de la Providence, Marchienne au Pont.


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De haut en bas : Fig. 39. Habitations et entrepôts désaffectés se cotoient. Fig. 40. L’entrée à la station Providence du métro de Charleroi.


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Fig. 41. Paysage industriel du pays de Charleroi depuis les quais de la station Providence.


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Fig. 42. Réaménagement des quais de Sambre et création de la place-relle. La ville de Charleroi a entrepris un vaste réaménagement de son centre-ville : du nord au sud, des Beaux Arts à la gare du Sud; et de la gare de l’Ouest au Parc de l’ouest à l’est.


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13h45, une jeune femme, station Waterloo, Charleroi Excusez-moi, pour aller à Châtelet ? (je lui indique le petit panneau à moitié effacé) Vous ne pouvez pas, prenez le bus en haut. Ca, c’est le métro fantôme Il n’est pas ouvert ? Non, tout a été construit dans les années septante à nonante mais la TEC n’a pas l’argent pour faire fonctionner la ligne


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Fig 43. Safari urbain à l’est de Charleroi.


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De haut en bas : Fig. 44 et 45. La station Chet du métro de Charleroi, livrée aux vandales et graffeurs. Cette ligne est entièrement électrifiée depuis les années 90 mais n’a jamais été mise en service.


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16h45, agents de la TEC, station Chet, Montignies-sur-Sambre (Deux agents m’interpellent sur les voies et viennent à ma rencontre) Pourquoi tout fonctionne mais les stations sont fermées ? La ligne n’a jamais été terminée après la station Centenaire. Comment êtes vous arrivé sur les voies ? (Je leur montre les barbelés) Je les ai grimpés C’est dangereux monsieur Mais si il n’y a aucun train qui passe ? (Un des deux agents me répond) De toute façon, vous êtes sur un terrain interdit au public. (Nous marchons jusqu’à la station Centenaire, me faisant promettre de ne plus revenir) Vous savez pourquoi des quartiers ont été saignés par des viaducs et des tunnels pour rien ? C’est les politiques ça. Ca ne sert à rien, juste à détruire. Et à nous faire payer des impôts aussi Il n’y a que les jeunes qui ont compris à quoi ça sert. Souvent, on rencontre des graffeurs et des touristes qui viennent visiter les lieux Ca devient un véritable musée d’art ce métro ? On peut dire ça


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17h15, une vieille dame et son chien, rue du Grand Central, Montignies-sur-Sambre (début partie quasi illisible car a pris l’eau) Bonjour, vous habitez le quartier depuis longtemps? Oui Est-ce qu’il y avait des maisons à l’endroit où le viaduc du métro passe ? Oh oui, tout le long. Et ils ont tout démoli pour faire ça Vous en pensez quoi ? Vous savez, j’en pense pas grand chose. On fait des choses comme ça un peu partout, on nous dit on va vous faire le métro à Montigny ils rachètent les maisons, ils détruisent tout, il y a des gens qui travaillent, nous on paie et puis après plus rien. En montant tout à l’heure sur les rails, j’ai vu que les feux de signalisations fonctionnaient.. (ça commence à être plus lisible) Ils doivent pas être bien utiles à grand monde cela ! Tout ça ça sert juste à détruire maintenant Vous pouvez vous expliquer pourquoi ils ont fait un tel chantier ? Je me souviens, quand ils ont parlé du métro, Charleroi était la ville la plus riche de Belgique. Et ils ont du penser que Charleroi, c’était aussi grand que New York, il devait y avoir une dizaine de lignes. Alors ils ont fait l’antenne vers Fontaine parce qu’il y avait les usines Cockerill mais quand il a ouvert, elles ont fermé. Et puis, ils avaient commencé les travaux sur le ring et ça a jamais ouvert, à Gilly c’est resté comme là maintenant ici pendant des années et puis ils ont fait ça mais ça ouvrira jamais.


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Donc ce serait le fait que les usines aient fermé que certaines lignes soient fermées ? (J’ai marché avec elle parce que son chien tirait sur sa laisse) J’y crois oui. C’était une très belle ville Charleroi, et ils ont tout éventré, ils avaient la folie des grandeurs. On appelle ça chez nous les Carolomégalos. Et puis, tout a fermé avec le charbon et je pense qu’ils avaient plus d’argent pour terminer Mais pourquoi ils n’ont pas ouvert les tronçons déjà finis? Ah ça (vieille grimace). Ils ont fini le métro à Gilly, ils ont construit une nouvelle ligne à Gosselies mais tout ce qui était construit, je sais pas. Peutêtre parce que personne le prendrait. Pourquoi cela ? C’est un peu mal fichu quand même. Pour les jeunes, à huit heures c’est fini ils ont plus rien. Les ouvriers, ils ratent un métro, ils doivent attendre parfois une bonne demi-heure avant qu’il y en ait un autre. Et puis, il est beau notre métro, mais il est un peu vieillot quand même. A Bruxelles ou chez les Flamands, le tram il est moderne. Chez nous, ils doivent bien rigoler je pense.



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5. Sclessin / Seraing - 29 janvier 2016

Au sud de Liège, les voitures filent sur la N617 en direction de Huy. Passé le viaduc de l’E25 franchissant la Meuse, la voie rapide se poursuit, longeant le fleuve. Et le caractère urbain du lieu laisse place à des bâtiments neufs côtoyant des terrains vagues. Les entrepôts se suivent ensuite. Fire Service. Medipost. Le trottoir s’arrête. Une rue débouche directement sur cette voie rapide. La rue de la Préfecture. Des maisons de ville de chaque côté de la rue, des voitures garées sur le bas-côté. La rue traversée, le décor de ville disparaît de nouveau. Au bord de Meuse le long de la voie rapide, les enseignes publicitaires et les entrepôts se suivent. Superstore. Sur ce quai, l’utilisation du bitume de la route contraste avec le trottoir où les dalles de béton au sol sont jonchées de mauvaises herbes. Une dizaine de minutes de marches plus tard, on assiste à une nouvelle contradiction avec de nouvelles rues résidentielles débouchant sur cette voie rapide. Entre chaque intersection, des commerces station-service - ou des bureaux ou industries. La rue a donc une qualité résidentielle, la voie rapide réserve les emplois. Les intersections se font désormais tous les cent mètres. Les rues résidentielles frappent par leur faible longueur. D’un côté, la perspective sur la Meuse et la rive droite est coupée par le passage des voitures à grande vitesse et constant. De l’autre, la rue débouche sur la rue Ernest Solvay reliant Sclessin à Tilleur en passant dans les anciens tissus «villageois». Des barrières de type péage sont disposé à chaque intersection. Nous en profitons pour questionner une riveraine ramenant ses enfants de l’école. Les barrières permettent d’éviter les courses de voiture la nuit et les trafics en tous genres et qui troublent la tranquilité des habitants. En voyant les enfants et leurs cartables, nous ne pouvons


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nous empêcher de parler insécurité. La présence de la voie rapide, quoique pratique pour se rendre au travail, oblige les enfants à jouer dans le jardin de leur petite maison. Elle nous fera remarquer juste après que les amis de ses enfants qui vivent dans la rue viennent souvent jouer chez elle, ils ne possèdent pas de terrain. Ici, pas de jeu de ballon dans la rue. Trop dangereux. En arrivant à l’échangeur d’Ougrée, la nationale continue quant à elle sur le bord du fleuve jusqu’à Seraing, en gardant son caractère de voie rapide jusqu’à la ville suivante. En empruntant la route menant à Ougrée et une fois traversé la Meuse, nous débouchons dans une longue rue à proximité des anciens hauts-fourneaux Cockerill de Liège. Fermés par ArcelorMittal en 2013, la rue ne voit passer que quelques voitures et les piétons se font rares. La quiétude des lieux est troublée par une voie sans issue desservant un ensemble de maisons de ville en bordure de la voie ferrée. Des badauds s’attardent devant des vitrines et des voitures font le tour de la rue. Les néons bleus et rouges allumés tout au long de l’impasse permettent à chacun d’identifier des bars à prostituées. La voie sans issue devient un drive-in où les clients tournent en voiture, reluquant les vitrines à la recherche de la femme avec qui passer du temps. En revenant sur nos pas, et une fois retraversé la Meuse, nous atteignons Tilleur, autre section de la commune de Liège où se situe notamment le stade du Standard, revêtu de la couleur rouge des joueurs du club liégeois, actuellement classé en temps que premier club de football wallon au sein de la Jupiler Pro League. Face au stade, un immense terrain vague boueux attend les fidèles automobilistes-supporteurs pour une prochaine rencontre. La rue file ensuite au milieu des industries


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métallurgiques restantes dans le bassin liégeois jusqu’à Seraing. En reprenant la rue Ernest Solvay, nous découvrons une rue en travaux. ‘Depuis toujours !’ nous lance une dame dans la rue. Le bitume est éventré sur une très grande partie. Les travaux du tramway, encore arrêtés en raison d’un problème de financements, ont fait fermé quelques commerces. Seuls les pakis, les épiceries de nuit, restent encore ouverts. Passé Sclessin et en revenant sur Liège, nous longeons l’ancien campus universitaire du Val-Benoît. En 1924, l’Université de Liège décide d’implanter un campus universitaire au sud de la ville. Les dernières livraisons de bâtiments ont eues lieues en 1965 mais dès 1967, l’Université abandonne une partie du site, délocalisant au cours du temps ses activités au profit du nouveau campus du Sart-Tilman, situé sur les collines à cinq kilomètres. Les derniers bâtiments seront abandonnés en 2006.


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Fig 46. Au sud de Liège, le long de la Meuse, du Val-Benoît au Standard.


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De haut en bas : Fig. 47. Proximité de la voie rapide à la sortie de la rue de l’Île aux Corbeaux. Fig. 48. La voie rapide N67 longeant la Meuse donne directement sur la rue de l’Île aux Corbeaux à Sclessin.


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De haut en bas : Fig. 49. Rue barriérée à Sclessin-Centre. Fig. 50. Travaux du tramway arrêtés et laissés tels quels rue Ernest Solvay. De nombreux commerces ont fermé.


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Fig. 51. Le campus du Val-Benoît au sud de la cité ardente. L’Université de Liège a abandonné les locaux et attent une réhabilitation.


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29 janvier 2016 15h40, résidente, rue de l’ïle aux Corbeaux, Liège (Sclessin) (J’interpelle la femme, elle rentre avec ses deux enfants, leurs cartables sur leur dos, je me présente) Cette rue n’est pas trop dangereuse ? Ne m’en parlez pas ! On a la voie rapide juste à côté. Ils sont censés rouler à cinquante mais ils vont bien plus vite. Et le soir, ça pue l’essence ici Le passage des voiture est-il important ici ? On a un accès direct donc oui. C’est fort dangereux. Vous venez d’où, vous avez un accent français De Marseille (Elle rigole). Même si on avait le soleil comme chez vous, les enfants ne joueraient pas dans la rue, j’ai peur pour eux. Heureusement que l’on a un petit lopin de terre derrière la maison. On propose à une de nos voisines de laisser son gamin chez nous pour jouer dehors, sinon il ne sortirait pas! (On entend le flot de voitures) Et la nuit ici ? La rue devient une autoroute. C’est l’E25 en face des carreaux, ils roulent vite. Et ça appuie sur l’accélérateur. Un vrai rodéo ! J’ai vu des barrières comme celles de péage pour fermer les rues à la circulation deux rues avant Le péage, c’est bien un truc de français ça ! Oui, au centre de Sclessin, les riverains ferment les rues qui donnent sur la voie rapide le soir, pour éviter des accidents et pour être tranquille. Ils ne se tracassent plus comme ça (Elle donne les clés de la porte d’entrée à ses enfants pour qu’ils rentrent)


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Les travaux du tramway dans la rue Solvay ? On en a encore pour vingt ans, je vous le dit. L’Europe n’est pas d’accord avec le financement. Alors qu’on en a besoin ! En Wallonie, on a toujours vu les choses en grand. Vous avez vu la gare des Guillemins ? C’est too much, ils ont explosé tout le quartier. Quand j’étais enfant, j’habitais le Pont d’Avroy. On construisait un métro à Liège. Ils n’ont plus eu d’argent. Ils ont abandonné les tunnels, les trains et les rails. Aujourd’hui, ils ont commencé les travaux du tram mais on a pas d’argent. Ils arrêtent. En attendant, les bus sont chers, sales, blindés et dangereux. Au moins, on en rigole de ces histoires, on ne râle plus (Elle rigole) Vous pensez que cela va s’arranger ? On attend tous ça je pense. Ils refont la rue Solvay. Elle sera magnifique cette rue plus tard, elle sera vivante avec le tram. Et puis, ils referont peutêtre les quais jusqu’à Seraing mais dans longtemps. Pour l’instant le quartier est triste, plus depuis les travaux du tram, il ne reste que les pakis. C’est dommage. Bon, et avec ce temps (il pleuvait) aujourd’hui, vous n’avez pas de chance c’est pire (En la remerciant, elle ajoute) Je vais vous apprendre un proverbe wallon que me disait ma mère « dji vou, dji n’pou »


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(Après lui avoir fait répéter) Ca veut dire ? Je veux, je ne peux. En Wallonie, on veut faire comme en Flandre mais eux ils ont des sous, pas nous. Allez, bon courage pour votre mémoire !



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6. Herstal - 6 novembre 2015

Le train L venant de Verviers-Central arrive en gare d’Herstal. Traversé la ville, nous débouchons sur un pont enjambant le canal Anvers-Liège pour accéder à l’île Monsin. La pointe de l’île m’intrigue. En y accédant, nous découvrons une immense et monumentale esplanade composée d’un jardin à la française, d’un monument à la gloire du canal et d’un phare de plus de quarante mètres de haut. Les visiteurs y sont rares, nous rencontrerons uniquement un couple se faisant photographier et un sportif. Au retour en ville, en questionnant les habitants, ils nous avoueront qu’elle ne sert plus à grand chose si ce n’est pour se souvenir de l’ouverture du Canal et pour se promener. Le reste de l’île est dévoué au port de Liège avec une succession de larges chaussées pavées poussiéreuses croisant des antennes de voies ferrées. De nombreux terrains vagues et entrepôts inutilisés côtoient les entreprises encore en activité. Accès impossible par grilles. Enfin, l’île se termine de l’autre côté sur la Meuse par un barrage hydraulique reliant le port directement à l’autoroute Liège-Maastricht et à la brasserie Jupiler. Nous reprendrons le train IC Hasselt-Maastricht jusqu’à LiègePalais.


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Fig. 52. Esplanade monumentale Albert Ier à Herstal.


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Fig. 53. Partie large de l’esplanade à la gloire d’Albert Ier et des ouvriers du Canal Anvers-Liège.



B/ Iconographies extĂŠrieures.


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Fig. 54. Le Strip, l’artère principale de Las Vegas, en 1968.

VSBA, 1968


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Fig. 55 et 56. Le supermarché, un standard à travers le monde. Supermarché Delhaize Liège Fragnée, Belgique à gauche, Food Lion Grocery Durham, Caroline du Nord à droite.

RTBF, 2016 et Ildar Sagdejev, 2008


En dernière de couverture, champ de betteraves à la sortie de la station de métro souterraine Leernes du métro de Charleroi.



NON-LIEUX,

ESPACES ÉPHÉMÈRES FACE AUX DÉFIS DE LA SURMODERNITÉ.

LES ANNEXES. STEVE HARDY ETUDIANT JÉRÔME GUÉNEAU ENSEIGNANT RAPPORT D’ÉTUDES DE FIN DE LICENCE - S6 2015-2016 ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE


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