Végétaliser sa rue : s'approprier et pratiquer l'espace public

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Autour de la Plaine

Végétaliser sa rue : S’approprier et pratiquer l’espace public Steve Hardy co-dirigé par Alexandra Biehler et Arnaud Sibilat

S9 2017-2018 SÉMINAIRE “MODES DE CONSTITUTION DE L’ESPACE PUBLIC” ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE



Je tiens d’abord à remercier Arnaud Sibilat et Alexandra Biehler pour leur suivi, leur écoute et pour les échanges riches que j’ai pu partager avec eux sur mon sujet, l’avancée dans mes recherches et mon enquête de terrain. Par la suite, je remercie les Marseillais rencontrés, et notamment les commerçants près du Cours Julien, pour le temps qu’ils ont pu me consacrer. Une attention toute particulière à Lysiane Declève et Mireille Gouiran, chargées de la mission visa-vert à la Ville de Marseille pour m’avoir ouvert leurs portes et expliqué ce dispositif municipal et leurs projets futurs pour une ville plus verte. Je souhaite remercier aussi Charlotte Pimenta et Clara Gallo pour m’avoir accompagné sur le terrain, même lorsque le temps paraissait (très) long. Merci à Charlotte Orban, Laura Zinzius, Godefroy Rassel et Florence Duchêne pour leurs connaissances et leurs apports sur les dispositifs parisiens et à l’étranger. Enfin, je tiens à remercier Lucie Gualina, Loïs Gabriagues et mon père pour leur relecture attentive et pour m’avoir nourri en galette des rois.



Autour de la Plaine

Végétaliser sa rue : S’approprier et pratiquer l’espace public Steve Hardy co-dirigé par Alexandra Biehler et Arnaud Sibilat

S9 2017-2018 SÉMINAIRE “MODES DE CONSTITUTION DE L’ESPACE PUBLIC” ECOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE MARSEILLE



Introduction L’image de la nature a depuis longtemps véhiculé dans l’inconscient collectif l’idée du lien social qu’elle crée, notamment dans les jardins ouvriers du XIXème siècle (Weiss, 2017). Avec 2,5m2 d’espaces verts par habitant dans les quartiers nord contre 5 au sud, Marseille est loin de la moyenne nationale et des recommandations de l’OMS l’Organisation Mondiale pour la Santé - suggérant un minimum de 9m2 (Reyes et Figueroa, 2010). La Ville possède de grands parcs - XXVIème centenaire, inauguré en 2001, la Colline Puget, le Parc Longchamp ou encore Borély - situés la plupart du temps en dehors de l’hypercentre. Passés ces lieux de verdure, les espaces ombragés et végétalisés publics manquent à l’échelle de chaque quartier dans le centre-ville et l’accès à ceux environnants reste compliqué par les infrastructures de transports existantes. Pourtant, depuis les années 1970, Marseille a adopté une politique volontariste en matière environnementale et d’espaces verts (Saint Martin, 1998). Mais la grave crise économique qui a touché la ville à la fin des années 1980 et durant la décennie suivante ont fortement compromis cette politique publique, les financements communaux ne permettant plus qu’un entretien des espaces existants ou nouvellement créés. Par les friches, les jardins ou les parcs, la nature en ville semble nécessaire en ville et porteuse d’enjeux dans l’espace public par les usages et le lien social qu’elle entretient dans l’imaginaire des jardins ouvriers. Contrainte par son territoire - la Ville est cerclée de toutes parts par les massifs montagneux ou la Méditerranée, son nouveau dynamisme économique et sa très forte densité en centre-ville, l’aménagement de nouveaux espaces verts ne peut se faire que lors de grands travaux urbains1. Dans l’hypercentre, les dents creuses encore restantes aménagées par la Mairie comme des squares, permettant un “coin de verdure” et des lieux de rencontres pour les riverains dans les quartiers, sont progressivement vendues ces dernières années par la Municipalité au profit de promotions immobilières dans une logique de densification de la Ville et d’accueil de néo-Marseillais. Cette politique municipale rencontre une forte résistance de la part des habitants comme lors des manifestations contre la privatisation du square Michel Lévy en 2015 dans le VIème arrondissement (Gonzague, 2015), pour la réalisation d’un immeuble de logements, renforçant l’image d’une ville minérale peu végétalisée2. Cet exemple illustre bien le rapport tumultueux qu’entretient la Ville de Marseille avec ses espaces verts. Le réseau de trames vertes et bleues s’appuyant sur les éléments paysagers forts que sont les massifs entourant la ville et les friches urbaines (Conzalès

1 Ces grands travaux urbains sont le fruit d’une politique volontariste locale - le réaménagement de la gare du Prado en parc urbain, le Parc du XXVIè centenaire, dessiné par l’architecte-urbaniste Bernard Huet et inauguré en 2001, promesse électorale du candidat aux municipales Jean-Claude Gaudin pour les 2600 ans de la ville et imaginé comme un parc rassemblant l’ensemble des communautés marseillaises - ou nationale les parcs Bougainville et des Aygalades au nord et de la Porte d’Aix en centre-ville, portés par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée avec des fonds de l’Etat et de l’Union Européenne. 2 A cela s’ajoute aussi des manifestations lors de travaux de rénovation urbaine montrant l’implication des habitants dans la végétalisation de la ville, notamment par le collectif de l’Assemblée de la Plaine pour le réaménagement de la place Jean Jaurès. 7


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Fig 1.

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Marseille, une ville-nature en dehors de son centre ? Végétalisation privée. d’après Agam, Actigéo, MG, 2012


Introduction

et al., 2012), notamment dans les quartiers nords, est considéré comme des terrains à bâtir, n’ayant aucune valeur de biodiversité. En centre-ville, cette présence de continuité écologique passe, dans le cadre purement réglementaire, principalement par les alignements d’arbres. Mais en 2013, 27 840 arbres étaient plantés sur la voie publique de l’ensemble du territoire communal et 100 000 dans ses parcs (Coquille, 2016). Un nombre qui est bien plus bas qu’au début du siècle dernier après que les travaux d’élargissement des voies automobiles entrepris sous l’ère Gaston Defferre - sur le Cours Lieutaud ou les Allées Gambetta notamment - pour améliorer la circulation routière ont contraint à abattre de nombreux arbres. A contrario de cette politique publique, de nombreux collectifs d’artistes, d’architectes ou de philosophes - SAFI ou la Maison de la Philosophie - s’intéressent à redonner une importance à ce droit à une végétation pour tous par le biais de parcours ou d’ateliers prônant un lien évident entre nature et lien social dans les zones urbaines (Selliez, 2016). D’abord à Noailles, dans la rue de l’Arc ou des Pots Bleus, les habitants ont, quant à eux, pris l’initiative de poser des bacs à fleurs ou des arbres sur les trottoirs, devant chez eux. Désormais, ce phénomène s’est étendu un peu partout en ville pour apporter une nouvelle végétation dans les rues s’appropriant ainsi une partie de l’espace public. Notre étude s’intéressera à ce phénomène de végétalisation des rues de Marseille au travers de diverses situations rencontrées autour du quartier du Cours Julien, du Boulevard Chave et des Réformés. Ce territoire, situé en limites des 1er, 5ème et 6ème arrondissements de la Ville est coincé entre le Cours Julien et la place Notre Dame du Mont à l’ouest, la rue du Progrès et le boulevard Eugène Pierre à l’est, les rues Ferrari et des Trois Frères Barthélémy au sud ; de la rue Jaubert et de la Canebière au nord. De par ce cadre, nous pouvons nous demander si la végétalisation des rues autour du Cours Julien et de la place Jean Jaurès par ses habitants est une manière de se réapproprier l’espace public à la fois par la présence physique des habitants et par celle du végétal ? De quelles manières se met-elle en place sur le terrain et dans quels buts ? Dans ces lieux, le phénomène de végétalisation est plus ou moins visible selon les rues. A la sortie du métro Notre Dame du Mont - Cours Julien sur la ligne M2, le quartier autour du Cours Julien est arboré. Ce n’est pas le cas du reste des autres rues commerçantes adjacentes, qui disposent d’une série de pots disposés le long de la voie carrossable et des potelets. Ceux-ci sont par ailleurs graffés et manquaient nettement d’entretien au début de notre recherche en septembre 2017. D’autres éléments verts complètent le dispositif dans ces rues, à proximité de commerces ouverts et de leurs terrasses. De l’autre côté de la place Jean Jaurès, la plus grande place de la Ville et disposant d’un très grand mail planté, le tissu urbain se caractérise par un tracé orthonormé - avec quelques rares exceptions. La rue de Bruys, perpendiculaire au boulevard Chave à la sortie du tunnel de tramway menant à l’ancienne Gare de l’Est, possède une végétalisation plus importante, devant les immeubles de logements cette fois-ci. Celle-ci se fait le long des façades, le plus souvent devant les entrées ou sur les rebords de fenêtres des rez-de-chaussée. On

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remarque qu’aux croisements, le phénomène tend à s’étendre dans les rues adjacentes. Plus au sud, de l’autre côté du boulevard Chave, la rue Benoît Malon, étroite et ayant un tracé irrégulier hérité d’un ancien chemin vicinal, est fortement végétalisée à hauteur des numéros 4 au 10, avec une ouverture de l’espace le long des garages grâce à une parcelle triangulaire privée non bâtie le long de la rue. Les plantes en pots et les jardinières en bois prennent ici une place prépondérante dans la vision de la rue. Des éléments végétaux muraux, une table et un banc complètent le dispositif sur cette parcelle. En descendant vers la Canebière, la rue Sénac de Meilhan, une longue rue résidentielle, est incroyablement verte, notamment sur sa partie haute. Des éléments visibles à la fois sur les trottoirs, les rambardes, les pieds de portes, les rebords de fenêtres ou encore par des plantes grimpantes sur les façades. Ce phénomène est donc un élément important dans ce paysage et notre sujet cherche à comprendre le point de départ de celui-ci, sa raison d’être, ses acteurs, les manières de végétaliser et son apport à l’espace public et dans ses usages : à un meilleur apport social au voisinage, à une transformation de la rue résidentielle de simple lieu de passage à un lieu de vie à part entière. Avant le début de notre travail d’enquête, certaines hypothèses apparaissent déjà, en tant à la fois qu’usager quotidien de l’espace public marseillais, et lecteur de la presse locale ayant, à plusieurs reprises déjà, fait un état des lieux de ce phénomène. Les acteurs de cette végétalisation semblent multiples : à la fois les habitants, des collectifs d’artistes engagés ou des commerçants. Elle semble montrer une envie de s’approprier l’espace public de manière physique tout d’abord mais aussi par les usages qu’elle entraîne : les gens auraient tendance à rester bien plus longtemps dehors, à investir les lieux pour discuter, ou encore entretenir les plantes. Pour les commerçants, cette végétalisation leur apporterait une plus-value à leurs devantures. Aujourd’hui, la végétalisation citoyenne est trop peu documentée, si ce n’est par quelques articles de presse, dans des revues d’urbanisme et les études menées actuellement en France sont en cours3. Cette enquête s’appuie donc sur un travail de terrain mêlant observations, cartographie des dispositifs de végétalisation rencontrés, de leur localisation et des usages qui en découlent. Une série d’entretiens semi-directifs de commerçants, d’habitants-acteurs ou tout simplement spectateurs de cette végétalisation ainsi que des usagers de l’espace public a été mené sur sa mise en place, ses objectifs et les manières d’y parvenir. Par ailleurs, un entretien a été réalisé avec les responsables municipaux ayant participé à la conception du visa-vert marseillais.

Dans un premier temps, nous chercherons ainsi à définir la notion de nature en

3 On peut notamment citer la recherche ANR Ecoville : La végétalisation des murs et des rues comme outil de résilience urbaine ? dont la publication devrait avoir lieue en 2018 et portée notamment par l’Université de Paris, l’APUR, le CNRS, les villes de Paris et Nantes et financé par l’Agence Nationale de Recherche et Plante&Cité. Philippe Clergeau, coordinateur.

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Introduction

ville et ses apports à l’espace public, afin de comprendre ce qui pousse ses habitants à la verdir. Par la suite, nous verrons sous quelles formes se retrouve cette végétalisation citoyenne, mais aussi ses acteurs et les raisons qui président à son émergence au travers de l’étude du quartier du Cours Julien. Ce cas Marseillais n’est pas exclusif et sera mis en perspective avec d’autres exemples d’actions de végétalisation dans le monde. Enfin, nous essaierons de voir si investir la rue peut poser des conflits d’usages dans l’espace public et quelle réponse peut être apportée dans ces cas-là afin de trouver un consensus entre toutes les parties.

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Sommaire Introduction 7 1. La ville-nature, la recherche d’un espace public de qualité.

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2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

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3. Investir la rue, une démarche qui fait consensus ?

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La ville-nature, un concept ancien L’espace public contemporain en manque de qualité ? La ville-nature comme réponse aux enjeux sociaux et environnementaux

Végétaliser la rue, un effet de mimétisme Pour les végétaliseurs, apporter une identité au quartier S’approprier l’espace politique, le végétal comme vecteur d’usages ?

La végétalisation soumise aux incivilités Règlementer pour gérer les conflits ? Fédérer les habitants et les pouvoirs publics pour réinventer la ville-nature

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Conclusion 51 Bibliographie 55 Annexes 57

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1. La ville-nature, la recherche d’un espace public de qualité. La ville-nature, un concept ancien Depuis l’Antiquité, la ville est le lieu du commerce et des échanges. C’est aussi l’endroit où se concentrent les représentations culturelles, la pensée, avec cette image de liberté qu’elle véhicule. En France, sous l’impulsion des Lumières au XVIIIème siècle, les agglomérations créent des parcs et jardins, des cours et promenades ombragés dans le but de réduire l’écart de qualité de vie entre les villes et la campagne (Chomarat-Ruiz, 2013). C’est aussi un moyen de donner des lieux d’apparat en ville, de montrer la puissance de la bourgeoisie de l’époque. L’Académie Française définit la nature comme un “ensemble [...] indépendant de l’activité et de l’Histoire humaine”1, en ville, elle devient anthropisée. C’est à cette même période, pourtant, que naissent les principales forêts françaises, plantées sous l’époque de Louis XIV après des siècles de déforestations pour répondre aux besoins de la population française : pour le chauffage, les mines ou la construction navale. Les forêts royales, communales et de l’Eglise sont alors protégées2 et toutes les parties travaillent au reboisement du pays. Cette action sera prolongée après la mort de Louis XIV et de son ministre Colbert, chargé de cette mission, de manière intermittente au grès des périodes de conflits, de croissances et des différentes révolutions industrielles. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, le mouvement hygiéniste promeut, quant à lui, une meilleure qualité de vie au travers du sport, du thermalisme, de la nature et de l’héliotropisme, favorisé par la naissance d’une nouvelle société où les loisirs prennent une place importante. Dans les années 1960, avec l’avènement de la voiture accessible financièrement à tous, la manière de se déplacer et de concevoir la ville est bouleversé. Afin de libérer de l’espace pour traverser les villes ou stationner dans le centre, les parcs et arbres - au même titre que les tramways - voient leur présence réduite pour laisser plus de place à l’automobile. La rue devient voirie et de lieu social ancestral est transformé en espace de plus en plus fonctionnel3, où la question de la mobilité est prépondérante et son aspect social est réduit. Aujourd’hui, les villes tendent à inverser la tendance par les nouvelles problématiques environnementales en jeu. Elles doivent faire face à la question des îlots de chaleur qui, couplé avec le réchauffement climatique, font que les villes deviennent étouffantes. Le bruit et l’éclairage sont aussi autant de facteurs qui contribuent à rendre la ville polluante parasitant la faune et la flore existante si aucun filtre, comme les feuilles des arbres par exemple, ne vient diffuser la lumière. Lieux où se concentrent aussi les emplois, les villes contemporaines accueillaient en 2013 plus de la moitié de la

1 Académie Française, Dictionnaire de l’Académie Française (neuvième édition), tome 3, Imprimerie Nationale/Fayard (2011) 2 d’après l’Office National des Forêts 3 On peut d’ailleurs remarquer que Marseille était vouée dans les années 1980 à être traversée par pas moins d’une douzaine d’autoroutes. Sous Gaston Defferre, la création de la passerelle autoroutière jusqu’à la Porte d’Aix n’était qu’une première étape pour avancer l’autoroute A7 jusque sur le Vieux-Port. Aujourd’hui, ce projet de réseau autoroutier important subsiste d’une ampleur moindre, par ses trois pénétrantes - A7, A50, A55 -, la traversée souterraine de la ville par le Prado Carénage et son contournement par la L2, en construction, et l’A557. 15


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population mondiale (Victor, 2011) et près de 65% devraient y habiter d’ici 2050 selon les estimations des Nations Unies. Pour répondre à ces enjeux, les villes se verdissent. La nature en ville peut alors sembler inconcevable, le caractère urbain d’un lieu empêchant toute nature. Mais pour l’anthropologue Hélène Melin (2006), la nature se caractérise simplement par l’espace végétal, minéral et animal qui nous entoure. Le géographe Roger Dion formulait quant à lui en 1981 que la nature était, en parallèle du paysage, une construction de l’Homme n’ayant alors plus qu’une fonction utilitaire à ses yeux. La nature pourrait donc avoir toute sa place dans nos villes. Les cités-jardins proposées lors de la Révolution industrielle - et alors que les villes s’étendaient déjà de manière importante - par Raymond Unwin préconisaient d’ailleurs déjà de ramener la nature dans les villes pour combler ce besoin de nature de l’Homme, inexistant dans les centres urbains. A notre époque contemporaine, si les villes ont été changées, les aspirations des citadins restent les mêmes selon Thierry Paquot (2009). La ville devient lieu de nature grâce à une demande sociale de la part de ses habitants (Chomarat-Ruiz, 2013), chacun cherchant à avoir un morceau d’espace vert près de chez soi, à la fois dans les villes - par les parcs ou les squares - et à la campagne, à la périphérie des grandes villes des zones pavillonnaires où les habitants sont à la recherche d’un petit jardin. Ce besoin reste directement lié à la dégradation de la qualité de vie dans nos villes: par la bétonisation et l’artificialisation des sols, la surdensification des centres-villes, qui contribuent fortement à la destruction des espaces naturels ou verts à l’intérieur. Se pose alors la question de “dans quelle mesure la nature concurrence [...] l’espace public ?” (Chomarat-Ruiz, 2013).

L’espace public contemporain en manque de qualité ? Dans nos sociétés, l’espace public correspond à l’ensemble des lieux de transits, de déplacements, de partages ou de rassemblements - notamment dans les villes. Le terme “public” accroché à ces espaces tiennent de leur propriétaire, l’Etat ou toutes autres collectivités locales ou entreprises publiques. Dans le droit urbanistique, il est le lieu garantissant la liberté et les droits des citoyens. Il forme le lien entre les différentes parcelles privées qu’il irrigue. L’histoire des villes depuis l’Antiquité a proposé des manières de penser l’espace public de différentes manières : d’un lieu de commerces, de manifestations ou de représentations durant l’Antiquité et le Moyen-Âge à des réflexions plus fonctionnelles et routières durant le XXème siècle. Propriété commune, il est aussi le lieu public, que chacun peut investir. Pour la philosophe Hannah Arendt, l’espace public est d’abord l’espace politique ayant pour but de créer un réseau entre les Hommes, un “espace d’apparence” (Arendt, 1961). Thierry Paquot distinct l’espace public en deux : au singulier, comme le lieu de l’Homme politique. Durant l’Antiquité, l’Homme était vu comme un animal politique (Aristote, -330) jouissant d’une scène de représentation sur le forum de la ville. Au pluriel, les espaces publics sont les lieux ouverts à tous et produits par les architectes. L’espace public n’est donc pas véritablement un lieu dessiné, 16


1. La ville-nature, la recherche d’un espace public de qualité.

pensé, mais un lieu où les citadins peuvent se retrouver et échanger. Aujourd’hui, les deux notions, au singulier et au pluriel, sont plus ou moins indifféremment utilisées, signe sans doute que les deux définitions sont indissociables à l’époque contemporaine. Au sens large, l’espace public devient virtuel par les médias, les réseaux sociaux où chaque réaction devient publique sur les fils d’actualités. La qualité des espaces publics, quant à eux, montrent le désintérêt que porte les élus à l’égard de populations de certaines catégories sociales, contribuant ainsi à l’augmentation des inégalités et réduisant l’idée du “vivre ensemble”. En ville, l’espace public est d’abord minéral. En témoigne à Marseille les principales réalisations de places d’envergures durant les cinq dernières années : l’esplanade du J4 ou encore le réaménagement du Vieux-Port, où aucun arbre n’a été planté. Selon une étude réalisée par les géographes Alexandre Tavin et Alexia Leseur (2016) pour le compte de l’Agence Française de Développement, les espaces verts seraient les lieux en ville les plus plébiscités par les habitants. En 2008, 72% des Français mentionnaient la proximité des espaces verts comme critère de sélection lors de la recherche d’un nouveau logement (Chomarat-Ruiz, 2013), confirmant ainsi la nature comme demande sociale. Mais cette demande n’est que partiellement comblée car leur nombre est trop faible. Pourtant, ces espaces publics favoriseraient la cohésion sociale au sein des villes pouvant conduire à la réduction des inégalités sociales grâce à une plus juste répartition et un meilleur accès à ces lieux depuis n’importe quel quartier d’une ville (Tavin, Leseur, 2016). Ils apporteraient des bénéfices qualitatifs dans la ville, notamment en terme de santé, de bien-être ou de valorisation foncièr. Dans les villes, la végétalisation offrirait un effet rafraîchissant à la rue et un aspect récréatif. L’espace public urbain contemporain manque de qualité (Morelli, 2012) ce qui entraîne l’image d’une ville insécuritaire et des phénomènes de ségrégation urbaine. Dès 1961, Lewis Mumford et Jane Jacobs4 rappelaient qu’une pluralité de facteurs conditionnait la qualité et la vitalité d’un espace urbain : sa valeur, les rapports sociaux s’y tiennent, les usages qui y prennent place ou encore sa durabilité5. Au XIXème siècle, les jardins ouvriers apportaient un lien social évident entre un habitant avec le reste de son voisinage (Weiss, 2017). Cette image existe toujours aujourd’hui et entretient un attrait des citadins pour les jardins partagés6. En ville, lorsqu’ils ne peuvent pas être mis en place par manque d’espace, l’informel prend le dessus par la végétalisation citoyenne des rues, dans le but d’y apporter un “petit plus”. Plébiscitée, elle est une forme, certes pas la seule, de réappropriation de l’espace public. La conception de ces nouveaux espaces par les architectes et urbanistes doit donc permettre de ramener une certaine qualité de vie

4 Lewis Mumford, Jane Jacobs, The Death and Life of Great American Cities, New York, Vintage Books (1961) 5 Roberta Morelli cite d’ailleurs Jacques Lévy : “on ne peut pas exiger des villes qu’elles résolvent tous les problèmes posés par la société” (2008) rappelant que si la ville et la qualité de ses espaces publics contribuent à la perception que l’on s’en fait, ce n’est pas la seule réponse à apporter pour régler les problèmes sociaux.” 6 Selon le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, Marseille comptait 57 jardins partagés sur l’ensemble du territoire communal en 2013. 17


Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

Fig 2.

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Des espaces de nature en ville Le crassier des Arnavaux, Marseille. Geoffroy Matthieu, Marseille, Ville Sauvage, 2007-2010


1. La ville-nature, la recherche d’un espace public de qualité.

dans la ville, celle recherchée et aspirée par les habitants. La réorganisation des espaces publics recherche donc à créer de meilleures conditions de vie pour ses habitants.

La ville-nature comme réponse aux enjeux sociaux et environnementaux A notre époque contemporaine, l’Homme est donc à la recherche d’un mode de vie de qualité. La ville durable, la ville verte, sont autant de nouveaux concepts intégrés dans la réflexion de la conception urbaine qui tendent vers un cadre de vie plus sain et montrent une envie de transformer nos villes. Aujourd’hui, la réflexion portée dans la construction de la ville ne se limite plus à poser des voies, des rues, ou des boulevards. La conception de l’urbain passe par la mise en place de l’espace public. Ce changement de terme, à la fois par les architectes - on est désormais loin de la séparation des flux prônée par Le Corbusier7 durant la première moitiée du XXème siècle - mais aussi par les pouvoirs publics, redéfinit la place que doivent jouer les rues dans le quotidien des citadins. Leurs besoins sont désormais pris en compte dans la réflexion et la conception des villes contemporaines. Ces dernières doivent répondre à de nouvelles envies et manières d’habiter, où la nature en fait partie. “La ville-nature n’est pas une ville qui serait “naturelle” en tant que telle, mais une ville qui renouerait avec les éléments de manière inédite” (Bonnet et al., 2016). Pour l’Homme, la nature en ville apporterait ainsi de la fraîcheur à l’intérieur. Par les multiples facteurs entrant en jeu dans la conception de la ville-nature, ce concept apparaît aux yeux des citadins, des architectes, urbanistes et paysagistes comme un moyen de lutte contre la ségrégation sociale dans nos métropoles. Au-delà de cet enjeu social, c’est sur toutes les problématiques contemporaines que la ville-nature a un avenir. Elle apparaît comme une réponse aux enjeux environnementaux et climatiques, renforcé par leur puissance politique de plus en plus grande à l’échelle mondiale8. Par ailleurs, les villes, lancées aujourd’hui dans une concurrence mondiale entre elles, doivent, en plus des critères historiques que sont l’économie, la croissance, le développement, la culture, la mobilité ou l’accessibilité, présenter un cadre de vie de qualité, où le citadin fait partie intégrale des réflexions portées sur la conception de la ville. De ce fait, l’idée d’une ville verte augmente l’attrait de la ville et sa puissance au sein du monde globalisé contemporain. L’idée de la ville verte n’est donc pas anodin (Paquot, 2004). En effet, alors que les villes prônent la nature en ville comme un “retour aux sources” nécessaire par le contexte

7 Le Corbusier, Plan voisin (1925) 8 en témoigne la pression politique exercée par les plus grandes métropoles mondiales en septembre 2017 lorsque le président américain Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat signé par son prédécesseur Barack Obama deux ans auparavant. Les principales villes américaines : Pittsburgh, New York, ou Los Angeles ont alors annoncé un renforcement de la coopération entre elles et les villes européennes dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

actuel, elle reste un curseur avec pour ligne de mire l’importance économique de la ville. La nature urbaine reste donc un élément de consommation dans notre société, au même titre qu’elle l’était au XIXème siècle lorsqu’elle était lieu d’apparat. Elle sert aujourd’hui des intérêts politiques et économiques pour renforcer l’attractivité des villes ou dans le cadre d’enjeux électoraux9. La végétalisation citoyenne porte certainement d’autres intérêts, audelà d’un aspect consummériste. Elle viendrait répondre au manque de nature mentionné avant et d’une certaine défiance vis-à-vis des pouvoirs publics dans leur conception de l’espace public. Dans la ville contemporaine, cette nature se retrouve de différentes manières. L’envie de nature à côté de chez soi se caractérise par les jardins privés dans des zones pavillonnaires, les potagers collectifs, les parcs publics, les jardinières sur les balcons. Le but cherché étant de profiter des qualités qu’apportent à la fois les modes d’habiter de l’urbain et du rural. Dans l’espace public urbain, la nature devient symbolique et esthétisée, une troisième nature (John Dixon Hunt, XXème). C’est l’engouement citadin, comme les Green Guerilla, qui fait profiter les espaces publics de cette reconquête citoyenne. Pour Catherine Chomarat-Ruiz, “On ne cherche pas à faire des espaces privés, on rêve d’espaces rendus au bien commun, qui à terme donne des fruits et des légumes que les passent puissent cueillir” (Chomarat-Ruiz, 2013). Le Grenelle de l’Environnement, en 2008, plébiscite les jardins et les potagers collectifs notamment, comme une solution pour ramener la nature en ville. Ces espaces renforcent le lien entre l’Homme et la nature. En dehors des zones d’une nature anthropisée, la nature en ville se retrouve aussi dans ses friches, Marseille en est un exemple concret. De par ses espaces vides, abandonnés ou en friche, non planifiés, trop peu piétinés, la nature a repris ses droits dans de nombreux lieux de la ville créant des poches de flore sauvage à proximité immédiate du centre-ville et renforçant cette image d’une métropole étendue où la ville disparait dans la végétation. Ces espaces en dehors du centre sont des lieux de promenade et de sorties des Marseillais, de lieux où l’espace public permet la sociabilité par le sentiment agréable qu’il procure. Marseille fait parti de ces villes où la végétation est donc fortement présente, couplé à des massifs montagneux encerclant la ville. La cité phocéenne peut ainsi être considérée comme une ville-nature (Lanaspèze, 2012) où cette dernière est visible depuis n’importe quelle perspective dans la ville. Dans le centre-ville, ce sont les habitants qui la réintroduisent de manière informelle faisant de certains quartiers l’image d’une cité-jardin.

9 on peut par exemple noter que la création du Parc du XXVIème centenaire en lieu et place de la gare du Prado à Marseille est une des promesses électorales du maire Jean-Claude Gaudin face à son prédecesseur qui souhaitait la transformer en centre commercial (d’après une intervention de Jean-Claude Gaudin, sénateurmaire de la Ville lors de Nicole Ferroni, La chronique de Nicole. Marseille et Gaudin, on est loin de la nuit de noce in France Inter, 5 octobre 2016) 20




2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

100m RÉFORMÉS

LA CANEBIÈRE

LYCÉE THIERS CHAVE TRAMWAY T1 PLACE JEAN JAURÈS

COURS JULIEN

Acteurs

STATION DE MÉTRO

NOTRE DAME DU MONT

Fig 3.

commerçants indépendants association des commerçants de la butte marseillaise assemblée de la plaine habitants indéfini

Dispositifs pots rembardes éléments verticaux sur façade (plantes grimpantes ou installations)

Végétaliser la ville. Plan de situation de l’étude de cas Cartographie personnelle

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du Cours Julien à la Plaine

Association des commerçants de la Butte Commerçants de manière indépendante Quelques habitants

rue Sénac de Meilhan

Habitants Quelques commerçants

au nord du boulevard Chave

Habitants Quelques commerçants

Attirer la clientèle et créer une identité au Rendre la rue agréable et belle. quartier. Se protéger du vis-à-vis.

Rendre la rue agréable et belle. Se protéger du vis-à-vis

Mise en place des pots-poubelles en Initiative personnelle de 3-4 riverains. septembre 2016. Reprise de l’action par les autres habitants.

Initiatives personnelles. Effet de mimétisme

Au départ, plantes venant d’un pépinièriste. Aujourd’hui, chez le fleuriste de la Plaine.

Plantes achetées, trouvées ou données

Terrasses et personnes discutant avec les Discussions de voisinage Discussions de voisinage commerçants. Jeunes traînant sur les pas de portes lors de Jeunes traînant sur les pas de portes lors de la sortie des écoles. la sortie des écoles. Fig 4. 24

Végétaliser la ville. Synthèse des études de cas autour de la Plaine Cartographie et photographies personnelles


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

rue Benoît Malon

place Jean Jaurès

Acteurs

Dispositifs

Lieux Habitants

Quelques commerçants Quelques habitants Collectif de l’assemblée de la Plaine

Acteurs

Rendre la rue agréable Se créer une courette arborée

Refermer la terrasse du bar pour la tranquilité Montrer son existance pour l’assemblée

But

Iniative personnelle.

Pour l’assemblée, fait partie d’une démarche d’actions d’appropriation de l’espace public.

Démarche

Quels dispositifs ? Pour l’assemblée, de choses trouvées un peu partout

D’où proviennent les plants ?

Courrette face à la rue, avec bancs et table Pour le Petit Nice, lieu festif. (parcelle privée) Pour l’assemblée, créer le débat. Quels usages de l’espace public ?

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

100m

Acteurs

Dispositifs

Fig 5.

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Végétaliser la ville. Du Cours Julien à la Plaine Cartographie et relevés personnels des initiatives citoyennes et des dispositifs de végétalisation


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

100m

Acteurs

Dispositifs

Fig 6.

Végétaliser la ville. Rue Sénac de Meilhan Cartographie et relevés personnels des initiatives citoyennes et des dispositifs de végétalisation

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

100m

Acteurs

Dispositifs

Fig 7.

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Végétaliser la ville. Au nord du boulevard Chave Cartographie et relevés personnels des initiatives citoyennes et des dispositifs de végétalisation


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

100m

Acteurs

Dispositifs

Fig 8.

Végétaliser la ville. Rue Benoît Malon Cartographie et relevés personnels des initiatives citoyennes et des dispositifs de végétalisation

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

100m

Acteurs

Dispositifs

Fig 9.

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Végétaliser la ville. Place Jean Jaurès Cartographie et relevés personnels des initiatives citoyennes et des dispositifs de végétalisation


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

Fig 10. Pour les commerçants, le végétal comme outil d’attractivité Photographies personnelles, Rue Bussy l’Indien (20/09/2017), Rue de Bruys (11/11/2017)

Fig 11. Pour les habitants, le végétal comme image de sa rue et comme moyen de se protéger de l’extérieur Photographies personnelles, Rue Sénac de Meilhan (09/10/2017), Rue de Bruys (11/11/2017), Rue Abbé de l’Epée (11/11/2017)

Fig 12. Pour l’assemblée de la Plaine, une manière d’affirmer sa présence Photographies personnelles, place Jean Jaurès (12/12/2017)

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

Fig 13. Rue Benoît Malon Photographies personnelles, Rue Benoît Malon (18/10/2017)

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2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

Végétaliser la rue, un effet de mimétisme Nous avons pu voir que dans les villes, les espaces verts répondent au besoin de nature qu’ont les citadins. Avec les problématiques actuelles du dérèglement climatique et des villes surdensifiées augmentant la température en son sein, cet apport de végétation est vu comme une solution pour que l’atmosphère ne soit pas étouffant pour les citadins. Ainsi, cette nature en ville, tout comme la notion récente d’espace public, deviennent des éléments certes indispensables dans la conception de la ville mais comme des éléments de consommation où les plantes, arbustes et arbres deviennent du mobilier urbain au même titre qu’un banc ou un lampadaire. Les espaces verts, définis, aménagés, scénarisés, ne se rapportent alors plus à la nature, mais plutôt à son image (Chomarat-Ruiz, 2013). Au-delà des lieux pensés et conçus pour accueillir de la nature dans l’espace public de nos villes, nous assistons dans la rue, depuis quelques années, à une végétalisation citoyenne de manière spontanée et informelle. Celle-ci se retrouve de multiples manières dans notre lieu d’étude, à la limite des 1ers, 6ème et 8ème arrondissements autour de la place Jean Jaurès. Notre travail de relevés, d’observations et d’entretiens sur le terrain a été mené d’octobre à décembre 2017, privilégiant des horaires non fixes et des jours différents - à la fois en semaine ou les week-ends - dans le but d’obtenir des données plus exhaustives de la situation. Cela s’est accompagné d’un relevé photographique des divers dispositifs retrouvés sur place et des entretiens ont été conduits à la fois auprès des acteurs, des passants et des riverains par le biais de questionnaires semi-directifs. Dans un quartier où les rues sont pour la plupart étroites et densément bâties de chaque côtés, composées d’une voie de circulation à sens unique et éventuellement de voies de stationnements de part et d’autres et de trottoirs, les espaces publics plantés se limitent au Cours Julien, aux mails plantés sur la place Jean Jaurès et le long du boulevard Chave. Les autres rues conservent un côté très minéral dans leur conception. Lors de cette étude, nous nous sommes rendus compte que les cinq poches de végétalisation retrouvées sur le site se sont mises en place de manières différentes, mais ont pour point commun l’inexistence d’arbres ou de végétation “municipale”. Le long des rues entre la Plaine et le Cours Julien, très commerçantes et réputées pour être un lieu festif et où se retrouvent aussi de nombreuses boutiques de créateurs locaux, des poubelles ont été transformées en pots et décorées pour leur donner une certaine esthétique. Détournées de leur fonction initiale, elles permettent une réappropriation de l’espace public (Fig. 10). Elles sont disposées le long de la voie centrale de manière plus ou moins régulière. Remplies de terre, des plantes y sont parfois empotées, mais pas de manière systématique. Ces pots, qui sont installés autour des potelets, sont souvent abîmés. Entre la Plaine et la Canebière, sur le haut de la rue Sénac de Meilhan, une rue uniquement résidentielle, ce phénomène de végétalisation a envahit toute la rue : sur les trottoirs, ses rambardes, le long des façades et sur les rebords de fenêtres, à l’entrée des immeubles comme sur les murs par les plantes grimpantes. Sitôt la partie fortement résidentielle passée, dans la rue basse à proximité de la Canebière, autour des nouveaux immeubles construits ou des bureaux, cette poche de verdure s’arrête, aussi vite qu’elle a 33


Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

commencé. Sur la place Jean Jaurès, le long des grilles qui séparent le mail et le boulodrome, quelques planches de palettes de bois ont été découpées et assemblées pour former des bacs installés sur le muret (Fig. 11). Là encore, quelques plantes poussent à l’intérieur mais l’état de l’installation montre que l’entretien n’a pas été fait depuis un certain temps. Plus à l’est, dans la rue Benoît Malon, une longue rue résidentielle et étroite, tenant son tracé d’un ancien chemin vicinal, c’est cette fois-ci des éléments verticaux fabriqués ici aussi à partir de planches de bois provenant de palettes, disposés sur les façades des bâtiments. Les installations créent un ensemble de jardinières où les habitants investissent l’espace public par la végétation qu’ils y installent. Légèrement plus au nord, dans les rues de Bruys et Abbé de l’Epée, les pots de fleurs fleurissent sur une très grande partie des rebords de fenêtres des rez-de-chaussée. A cela s’ajoute un investissement des trottoirs par d’autres plants disposés à même le sol : des fleurs, des arbres, des herbes disposés ici et là, devant les logements où à l’entrée des immeubles et également devant les quelques commerces qui y existent. Les dispositifs retrouvés sur le terrain sont similaires dans chacune des rues. Il s’agit de pots, jardinières ou encore d’éléments fabriqués en palettes de bois. Cependant, il est intéressant de voir que leur installation n’a pas démarré aux mêmes moments et n’a pas été faite de la même manière. La différence des acteurs en est la cause. Dans les rues Sénac de Meilhan, Abbé de l’Epée et de Bruys, l’installation s’est faite par l’initiative personnelle des riverains. D’abord dans la rue Sénac de Meilhan, la végétalisation a démarré par un groupe de trois à quatre habitants (riverains, rue Sénac de Meilhan, 18/10/2017) qui ont, en référence à la végétalisation orchestrée par les voisins de la rue des Pots Bleus et de l’Arc, commencé à installer des pots et des bacs devant les entrées de chaque immeuble (Fig. 11). Ces voisins s’en sont ainsi occupés pendant une période avant que, par mimétisme, ce soit l’ensemble des habitants de la rue qui ont reprennent le mouvement à leur manière, complétant le dispositif existant par de nouveaux ajouts amenant à cette rue l’aspect d’un espace public verdoyant, si bien que les personnes rencontrées ne savent pas réellement si les investigateurs de cette végétalisation dans la rue y habitent encore. Au nord du boulevard Chave, de la même manière, on retrouve dans cette action un effet de mimétisme qui tend à s’étendre au fur et à mesure dans les rues adjacentes avec un point de départ dans la rue de Bruys. Les éléments mis en place - pots, bacs, … - sont sensiblement les mêmes que dans la rue précédente, par leur hétérogénéité à la fois des formes et des matériaux. Dans les rues de Bruys, Abbé de l’Epée et Sénac de Meilhan, de nombreux rebords de fenêtres sont végétalisés (Fig. 11). Ils permettent d’occulter, depuis l’espace public, la vision vers l’intérieur des logements, à la manière d’un rideau, et supprimer le vis-à-vis existant avec les usagers de l’espace public. Plus qu’apporter un côté verdoyant à la rue, la végétalisation tend aussi à apporter à répondre de manière fonctionnelle au problème très urbain de la promiscuité entre habitants-habitants et habitants-passants et dans cette façon très méditerranéenne de s’enfermer chez soi, aussi en ville. De manière simple, la végétation filtre la lumière extérieure dans le logement métant à distance l’habitant de

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2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

l’espace public de manière intelligente et sans que ce soit cet aspect de “défiance” de l’étranger qui ressorte dans la vision de la rue. Nous comprenons aisément la disposition spatiale des éléments dans cette rue, plus disparate, disposés en fonction des besoins des habitants, chose que nous retrouvons par ailleurs dans les autres rues résidentielles. Dans les rues autour du Cours Julien, les pots-poubelles sont quant à elles installées de manière plus ordonnée, les enjeux n’étant pas, à cet endroit, de protéger les devantures des commerces en rez-de-chaussée de la vision des passants. Cette notion d’appropriation se retrouve clairement dans la rue Benoît Malon (Fig. 13), et notamment dans sa partie haute, si bien que la limite entre espace public et privé devient floue. Dans cet espace, l’ouverture de l’espace a permis aux habitants d’investir pleinement le lieu et créer un “îlot de verdure”. Alors que l’angle fait partie d’une parcelle privée, la végétation sort aisément de cette petite propriété privée triangulaire, investissant alors les marches d’escaliers, les pas de porte là-encore et les façades par des éléments construits en planches de palettes de bois. Ici, le mimétisme se fait moins sentir, la concentration de ce phénomène sur cette petite portion de la rue montrent un travail des quelques riverains alentour. Dans tous les cas de végétalisation étudiés, nous remarquons que ce phénomène reflète donc ce besoin de nature du citadin contemporain appuyé par Bénédicte Weiss et le manque de présence d’un espace public de qualité.

Pour les végétaliseurs, apporter une identité au quartier Investir l’espace public par les habitants passe aussi par les plantes qu’ils mettent en place. Les arbres ont ainsi tendance à marquer l’entrée d’un immeuble, exception faite des petites rues autour du Cours Julien, commerçantes, où les arbres plantés deviennent un élément d’attractivité. Nous retrouvons, en plus d’arbres ou de plantes d’apparat, des plantes vivrières - à la fois aromatiques ou de consommation comme des tomates ou du choux - si bien que le rebord de fenêtre ou le trottoir deviennent un prolongement du logement pour l’habitant (Fig. 14). Pour apporter de l’attrait et pour accueillir les clients dans leurs commerces, l’association de la Butte Marseillaise a apporté dans les rues piétonnes autour du Cours Julien et de la place Jean Jaurès en septembre 2016 de la végétation par un travail artistique : des poubelles graffées. Le but de cette réalisation était donc de surfer sur l’image de quartier alternatif, d’artistes et de créateurs en proposant une action commune et donc une identité unique pour les rues. Le choix des plantes a aussi été pensé avec l’achat de végétaux haut de gamme - des oliviers, des grenadiers, ou encore des amandiers - dans l’optique de montrer un certain standing des produits vendus par les commerçants dans ce quartier. Dans les rues résidentielles, alternent des fleurs, plantes arbusives, mais aussi des plantes aromatiques et vivrières sur les rebords de fenêtres (Manon, rue Abbé de l’Epée, 11/11/2017 et Fig. 14), permettant de lier l’utile à l’agréable pour les habitants,

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

en plus de la valeur de beauté dans la rue recherchée par les habitants1. Parfois, quelques arbres peuvent être aperçus sur les trottoirs, il s’agit le plus souvent de plantes venant des propres logements des riverains, données par des proches, ou tout simplement achetées. Cette démarche de végétalisation citoyenne des rues n’est pas spécifique à Marseille mais tend à être un phénomène global. En France et en Europe, de nombreux exemples semblables à ce que l’on retrouve autour de la Plaine peuvent être visibles dans d’autres villes de France ou d’Europe. Les habitants verdissent leurs rues de façon spontanée. Des collectifs, des artistes-marcheurs à la manière du collectif SAFI à Marseille, désimperméabilisent les sols en explosant le bitume des trottoirs pour planter des arbres. Cette manière de végétaliser se retrouve aussi de l’autre côté de l’Atlantique. En Californie, les green guerilla ont un poids important en transformant les rues en apportant des trottoirs ombragés dans cette région ensoleillée (Fig. 16). Elles offrent à ces lieux une véritable qualité d’espace public. En outre, elles donnent un point de départ aux habitants pour prolonger cette opération de manière pérenne en les incitant à planter aux pieds des arbres nouvellement mis. Ces exemples montrent des manières plus coordonnées et plus organisées de végétaliser l’espace public tout en répondant aux mêmes enjeux : apporter une identité à ces rues et un cadre agréable à ses habitants. En Amérique latine, ce sont les places de stationnement qui sont réinvesties - dans le sens large d’espace public - en créant des installations précaires plantées. A São Paulo, les parklets (Fig. 17) comblent le manque de places et de lieux pour les piétons dans l’espace public. Leur mise en place est incitée par les pouvoirs publics puisque la nouvelle politique de la Ville vise à verdir les rues et redonner de la place aux habitants en réduisant celle accordée à la voiture. Ils y voient dans leur réalisation par les habitants une manière de prendre soin de leur ville, de la façonner à leurs envies, leur image promouvant la convivialité dans la rue et les processus participatifs.

S’approprier l’espace politique, le végétal comme vecteur d’usages ? Sur la place Jean Jaurès, nous retrouvons deux dispositifs montrant la présence de deux acteurs de la végétalisation différents (Fig. 9). Sur le triangle de la terrasse du Petit Nice, les plantes sont mises en place de manière à refermer l’espace et à tenir éloigner la terrasse du bruit de la circulation, parfois importante, qui ceinture la place. Ce schéma de création d’un espace pour une terrasse, se retrouve un peu plus loin, notamment dans les angles de la place, car les acteurs de cette végétalisation sont des commerçants, et cela apporte ainsi un cadre plus qualitatif de leur terrasse pour leurs clients. Au centre, les éléments proviennent des actions menées par l’association d’habitants de l’Assemblée

1 En 1882, Emile Zola écrivait déjà à l’époque :“Les plus pauvres trouvent le moyen d’installer un jardin sur leurs rebords de fenêtres ; ce sont quelques pots de fleurs qu’une planche retient”. Emile Zola, Le capitaine Burle et autres contes, Genève, Famot (1882) 36


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

de la Plaine, dans l’optique de montrer leur présence et leur lien avec la place actuelle, dont la Municipalité a engagé un projet de réfection et de réaménagement dans le cadre du plan Ambition Centre-Ville. Cette installation est intéressante car elle montre un acte de réappropriation de l’espace public par le biais du végétal, dans le but de signaler son attachement au lieu. La présence de nature ne reflète pas un manque d’espaces verts mais est surtout un acte politique. La place redevient dans ces actions un lieu politisé (Paquot, 2009) où les habitants souhaitent à la fois y montrer leur attachement et leur aspiration à un espace public de qualité fait pour eux et avec eux. L’attachement au lieu par le végétal se voit par l’installation spatiale des différents dispositifs. Ce phénomène de végétalisation se retrouve en effet dans les rues résidentielles mais disparaît face à des bureaux, comme dans le bas de la rue Sénac de Meilhan en s’approchant de la Canebière. Cette “accaparation” de l’espace public se retrouve d’ailleurs finalement dans les rues citées avant. En investissant les trottoirs et le mobilier urbain - les rambardes ou encore les potelets - par des bacs, des pots, par des petites plantes ou parfois par des arbres, le citadin investit l’espace public, un lieu qui par définition appartient au commun et ne peut pas être privatisé. Se l’approprier revient à l’occuper. Lieu politique, il devient alors le lieu du conflit (Le Brun-Cordier, 2016), le lieu de la démocratie. Se l’approprier ramène à l’idée de le vivre et de le faire vivre, renforçant son objectif de vecteur de sociabilité et de lien entre les différentes catégories sociales existantes en ville : “L’entrée par l’appropriation appelle et révèle des inégalités dans l’accès, l’occupation, l’usage et la jouissance des différents lieux de vie, qui par ailleurs ne se valent pas.” (Ripoll, Veschambre, 2005). L’appropriation de l’espace public est alors vu comme le besoin de faire soi-même, de répondre à ses propres envies qui ne sont pas pleinement satisfaites par l’existant, en produisant un lieu à son image. Ces installations créent un nouveau lieu, à la manière de la notion de frontage développée par Nicolas Soulier2, où la façade d’un édifice et l’espace côté rue qui le juxtapose est réinvesti par les habitants afin d’apporter de la qualité à la fois à l‘habitation et à la rue. Cependant, la réflexion portée par les habitants à Marseille diffère par le fait que ce qu’ils proposent se situent directement sur l’espace public, puisqu’aucun lieu de transition n’existe entre la rue et le logement. La végétalisation citoyenne n’est pas la seule démarche possible dans l’action de se réapproprier l’espace public. Les événements sportifs informels sur les places, les initiatives citoyennes de nettoyage3, sont autant de manières de réinvestir l’espace urbain à sa manière (Castro, 2017). La qualité cherchée et retrouvée de l’espace public se voit par les usages qui s’y font. L’usage dans l’espace public se rapporte à la manière dont on le pratique. La question des usages qui y prennent place est un requestionnement récent, à une époque où l’espace public doit être pour tous et multifonctionnel, après des années de nonconsidération de ces lieux, pensés comme seulement utilitaires (Monnet, 2012). Les rues

2 dans son livre Reconquérir les rues. Exemples à travers le monde et pistes d’actions pour des villes où l’on aimerait habiter, Paris, Ulmer, (2012) 3 Les actions du collectif “1 piece of rubbish” à Marseille ou les séances de crossfit spontanées sur les plages du Prado sont des exemples intéressants qui illustrent cette manière de se réapproprier et de montrer son attachement à l’espace public urbain. 37


Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

Fig 14. Un jardin en ville Photographies personnelles de plantes vivrières, Rue Benoît Malon (18/10/2017), Rue de Bruys (11/11/2017), Place Jean Jaurès (12/12/2017)

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2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine.

Fig 15. Poser des pots devant chez soi, une pratique non exclusive à la cité phocéenne Photographie personnelle, Rue Beauregard, Liège, Belgique (11/12/2017)

Florence Duchêne (Université de Liège), Rue des Cîteaux, Paris 12ème (2017)

curta o parklet! / faça o seu! parklet instalado na rua padre João manuel X Bienal de Arquitetura de São Paulo novembro 2013

manual operacional para

33

32

Fig 16. Les green guerillas, des actions pour des rues plus vertes Nicolas Soulier, action des Friends Urban Forest,

San Francisco, Etats-Unis (2012)

foto Sissy Eiko

implantar um parklet em são paulo

Fig 17. Le parklet, quand la place de la voiture est réinvestie en placette végétale Prefeitura de São Paulo, parklet na rua João Manuel,

São Paulo, Brésil (2013)

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

marseillaises du centre-ville sont souvent des rues corridors, étroites, où l’ombre est rare et où y rester s’avère compliqué ou, tout au plus, pas véritablement un moment agréable. Pour l’éditorialiste Morgan Boëdec4, la végétalisation participative gagne du terrain en ville. Interpellant la présidente de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) Catherine Müller sur le sujet, celle-ci incite cet engouement citoyen affirmant que cette végétalisation amène les rencontres et la convivialité. Dans la rue Sénac de Meilhan, les tabourets, les tonneaux, ont investit les trottoirs à certains endroits, et à la sortie des écoles, des lycéens se retrouvent sur les pas de portes, s’assoient pour discuter après leur journée de cours (Fig. 18). Dans la rue Abbé de l’Epée, les passants et les riverains s’arrêtent dans la rue pour discuter avec leur voisine en train d’entretenir ses plantations sur le trottoir (riverain, rue Abbé de l’Epée, 05/12/2017). Ces situations qui se retrouvent dans les rues résidentielles, sont plus difficilement applicables dans des espaces plus passants. Dans la rue des Trois Mages, nous rencontrons un père et son enfant, occupé à arroser les nouvelles plantes installées dans la rue dans la semaine à l’aide d’un pichet d’eau emprunté dans le bar d’à côté, regrettant par la même occasion que les habitants ne puissent eux pas travailler conjointement avec les commerçants : “Mais après si ils demandaient aux voisins de les aider, on le ferait volontiers et on pourrait y mettre notre pierre à l’édifice ! - Papa, nous aussi on peut descendre une plante à maman dans la rue ? - Il faudra voir avec elle, mon fils” (entretien, 04/12/2017). Sur la place Jean Jaurès, lorsque les habitants arrosent ou s’occupent de leurs plantes, la discussion ne s’engage pas forcément avec les passants ou les autres riverains. Seule exception faite au centre de la place, lors des manifestations de l’Assemblée de la Plaine où, couplé avec diverses actions, l’événement est plus là comme attrait et comme geste politique dans le but d’encourager les habitants à ouvrir ou prolonger un débat. Mais cet effet de sociabilité par le végétal ne semble pas être ressenti par les habitants : “Je n’irai pas jusque là mais que les gens sortent un peu plus oui, pourquoi pas” (retraitée, rue Sénac de Meilhan, 18/10/2017), “La seule chose que je trouve dommage, c’est que les gens ne profitent pas pour discuter avec ses voisins qui jardinent. Moi le premier d’ailleurs. Ca doit faire longtemps qu’on a pas fait de fête des voisins dans la rue, ou alors je n’y étais pas invité.” (mécanicien, rue de Bruys, 28/11/2017) La principale difficulté relevée par les végétaliseurs reste l’entretien, pour l’ensemble des acteurs. Dans toutes les situations, les incivilités, les dégradations ou les vols restent importants (Joan Gandolfi, 27/11/2017) si bien que le sentiment de lassitude et l’envie de tout abandonner peut réduire à néant les objectifs et la qualité de la rue souhaitée par les habitants ou les commerçants. Dans les rues végétalisées par les commerçants de la Butte Marseillaise, les principaux intéressés ont donc fini par arrêter leur action collective, pour s’adonner à de petites initiatives personnelles hétérogènes. Certains habitants - notamment des néo-Marseillais - continuent quant à eux, leurs actions malgré les difficultés (Gouiran/Declève, 21/12/2017), permettant d’encourager le mouvement pour qu’il s’inscrive dans la durée.

4 Morgan Boëdec, Biodiversité, la végétalisation participative gagne du terrain en ville, Paris, Loctalis, Victoires éditions (18/04/2017) 40



Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine du Cours Julien à la Plaine

4

5 6

2

1

3

7

1-2-3 terrasses et personnes dicutant avec les commerçants / 4-5-6-7 personnes attablées en terrasse

rue Sénac de Meilhan

au nord du boulevard Chave

1

1 2

2 3

3

1-2 jeunes sur le pas de porte / 3 conversations de voisinage

1 Manon arrosant ses plantes / 2 la voisine du 2ème avec qui les passants discutent / 3 jeunes sur le pas de porte

Fig 18. Le végétal, vecteur de sociabilité ? Cartographie personnelle des usages de l’espace public rencontrés lors des différentes présences sur le terrain 42


2. Végétaliser l’espace public dans le quartier de la Plaine. rue Benoît Malon

2 1

1-2 enfants sur le pas de porte, jouant dans la rue et dans la petite courette

place Jean Jaurès

1

2 3 4

5

1-2 personnes attablées en terrasse / 3-4 conversations de voisinage / 5 personnes attablées en terrasse

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>1;) >-:< CHARTE DE VÉGÉTALISATION D E L’ ES PAC E P U B L I C MARSEILLAIS

Fig 19. Encadrer une pratique pour mieux la prendre en compte dans la conception de l’espace public Ville de Marseille, Charte de végétalisation de l’espace public marseillais, (2015)


3. Investir la rue, une démarche qui fait consensus ? La végétalisation soumise aux incivilités Dans les rues à proximité du Cours Julien, les pots-poubelles deviennent des cendriers par manque d’entretien des commerçants (Freddy, rue Bussy l’Indien, 23/11/2017). En effet, seuls trois bénévoles de l’association prennent du temps pour arroser, couper, et enlever les détritus des pots. Le manque d’investissement personnel, couplé à des comportements inadaptés des passants et aux incivilités, des autres adhérents a réduit à néant la tentative de transformation de l’espace public. Cette absence de résultats et d’apport de qualité à ces rues Bussy l’Indien, Trois Mages ou encore Pastoret ont d’ailleurs conduit certains commerçants à installer devant leurs commerces des plantes de leur propre initiative (Mélanie, rue Bussy l’Indien, 23/11/2017), pensant à les rentrer le soir afin d’éviter qu’elles ne soient à leur tour abîmées. De plus, étant une initiative purement commerciale, les habitants de ces rues regrettent ne pas avoir été consultés et invités à prendre part à cette action ce qui aurait pu, peut-être, les inviter à entretenir, eux-aussi, ces espaces (créatrice, rue Bussy l’Indien, 23/11/2017). Dans les autres espaces étudiés, l’entretien est au cœur des préoccupations, à la fois des habitants-acteurs, mais aussi des voisins ou des passants. Dans cette envie de rendre la rue “jolie” (Manon, rue Abbé de l’Epée, 11/11/2017) , les habitants travaillent à l’entretien des plantes qu’ils ont posés sur le site. Cela devient même une obligation afin d’obtenir et garder l’image qu’ils souhaitent et qu’ils se font de leur rue, l’image d’eux-même. Pour que ce phénomène et ses résultats soient pérennes, il faut de la bonne volonté de la part de chacun. L’entretien de ce qui existe déjà doit être fait pour encourager à continuer et étendre cette végétalisation, malgré les nombreuses incivilités rencontrées. Cette démarche nécessite de l’investissement personnel : à la fois financier pour l’achat des graines ou lors de trocs, et dans cet entretien quotidien, les réparations des pots abîmés, … un investissement quotidien sur la durée. C’est une lutte quotidienne par les incivilités, et les vols, qui ont lieus, notamment dans les rues perpendiculaires au Cours Julien de par sa proximité avec les bars : “tout est dégradé ! Ca c’est à cause des bars, la population la nuit casse tout. Enfin, tous les bourrés.” (Rosie, rue Trois Rois, 23/11/2017). Certains commerçants, certains riverains ne comprennent également pas aussi pourquoi d’autres cherchent à végétaliser sur des places de stationnement : “ça ne sert à rien. C’est sale, les clients ne voient rien quand ils se garent parce que il y a des plantes partout. C’est inutile [...] Au lieu de mettre des plantes partout, les gens feraient mieux de se battre pour qu’on puisse avoir plus de places de parking” (boulanger, place Jean Jaurès, 23/11/2017). La Ville apprécie ainsi que les néo-Marseillais, plus enclins à recommencer (Gouiran, 21/12/2017), continuent à imposer leur végétalisation malgré les difficultés auxquels ils font face. Malgré les dégradations qu’ils subissent quotidiennement, leur détermination dans la végétation de la ville permet à ce phénomène de s’ancrer de manière pérenne sur le territoire. La végétalisation de l’espace public provoque l’occupation d’une partie des trottoirs réduisant de fait leur largeur. Cela peut empêcher le passage des personnes à mobilité réduite ou des poussettes notamment. Le visa-vert de la ville de Marseille vise ainsi à contrôler la largeur finale des trottoirs une fois l’installation posée afin d’éviter une 45


Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

gêne, à la fois pour les passants, mais aussi pour les véhicules d’intervention. Végétaliser ne doit donc pas rentrer en conflit avec les usages et les usagers de la Ville et cette pratique de l’espace public est parfois mal acceptée par ceux qui n’y trouvent aucun apport à la rue et n’y voit qu’une appropriation illégale du bien commun où les pouvoirs publics semblent impuissants.

Règlementer pour gérer les conflits ? Aujourd’hui, les enjeux dans les villes sont tels que la puissance politique ne peut pas tout prévoir et surtout ne pas tout faire. Cela se voit notamment par ce phénomène de végétalisation citoyenne que l’on retrouve dans les rues de nos villes. A Marseille, commencé il y a une dizaine d’années dans le quartier du Panier dans le Ier arrondissement de la ville, il tend à s’étendre aux quartiers limitrophes et vient investir aujourd’hui l’ensemble de l’hyper-centre. “Jardiner, c’est créer de la convivialité mais ça c’est possible quand il y a du terrain, de la friche, des dents creuses, mais quand il y a rien de tout ça ben voilà qu’est-ce qu’on fait ? Si en plus, il y a pas de square à proximité, pas de parcs publics à proximité donc c’est tout les gens étouffent, ils se font étouffer, par les quatre roues, les deux roues, … S’ils veulent respirer, mettre un peu de couleur sur ce gris, c’est de mettre des pots devant chez eux, donc ils ont commencé … la société civile a commencé bien avant que la municipalité ne dise je vous mets en place un cadre règlementaire. D’ailleurs, c’est toujours la société civile qui commence sinon on n’en serait pas là” (Gouiran, 21/12/2017). Pour tenter de contenir le phénomène et lui donner une vraie valeur juridique, à l’instar des autres métropoles françaises, Marseille a voté lors du conseil municipal du 26 octobre 20151 la mise en place d’une charte de végétalisation des rues, héritée de celle des espaces verts communaux, et d’un visa vert une autorisation d’occupation temporaire de l’espace public attribuée gratuitement - sous l’initiative de Mireille Gouiran et Lysiane Declève, employées municipales et avec l’appui de Monique Cordier, adjointe au maire et déléguée aux espaces verts et au plan Climat.

En effectuant leur demande, les habitants doivent remplir un questionnaire

1 Extrait de la délibération du Conseil Municipal de Marseille en date du 26/10/2015 sur l’approbation d’une Charte de végétalisation de l’espace public marseillais : “La Ville de Marseille a initié une politique ambitieuse et volontariste en faveur du retour de la nature en ville. Elle a ainsi œuvré, entre autres, pour le développement des jardins collectifs [...] Dans cet esprit, et dans la droite ligne du Plan Climat Territorial adopté par délibération du Conseil Municipal du 15 décembre 2008, la Ville de Marseille souhaite accompagner et soutenir les habitants dans leurs initiatives de végétalisation des rues, et promouvoir les actions collectives dans les pratiques nouvelles en faveur de l’embellissement du cadre de vie (valorisation du végétal en ville, respect de l’espace public, amélioration du vivre-ensemble). Ce type d’actions spontanées a commencé dans certaines rues de Marseille, discrètement, il y a plus d’une dizaine d’années pour se développer ensuite dans d’autres zones de la ville, et notamment dans l’hypercentre ou dans quelques ruelles piétonnes du 7ème arrondissement. Aujourd’hui, il est important pour la collectivité d’accompagner ces opérations de végétalisation à l’aide d’une charte afin de garantir leur compatibilité avec les différents usages du domaine public.” 46


3. Investir la rue, une démarche qui fait consensus ?

montrant l’implantation des futures installations et le type de plantes utilisées - la Mairie conseillant des plantes méditerranéennes nécessitant un minimum d’eau. Le dossier déposé, une commission technique réunissant de multiples acteurs : Marins-Pompiers, services de voirie, métropole, Ville, … se réunit pour faire un état des lieux et voir si la demande est acceptable : “Et quand le dossier suffit pas, on va sur site” (Gouiran, 21/12/2017). Si la réponse est négative, l’avis donne des recommandations et des possibilités d’autres possibilités de s’installer afin que l’habitant puisse végétaliser sa rue. Cette commission vise à proposer une réponse qui permette au végétaliseur de ne pas nuire à d’autres usages comme le déplacement des personnes à mobilité réduite quand elles pouvaient emprunter initialement la rue et à ne pas empêcher les véhicules de secours ou les transports en commun de passer ou manœuvrer. Elle permet aussi d’éviter que des supports et contenants à la végétalisation ne soient dangereux pour les passants en privilégiant des dispositifs non coupants, qui ne se renversent pas en cas de rafales de mistral, et qui ne cassent pas. En donnant l’autorisation à l’habitant de mettre en place ses végétaux sur l’espace public par cette autorisation, la Ville souhaite couper court à tous les conflits opposant les végétaliseurs aux autres usagers de l’espace public, en affichant par une signalétique spécifique l’obtention du droit à végétaliser cet espace. Une des difficultés majeures que rencontre la Ville de Marseille dans la végétalisation des rues, c’est que certaines actions ne soient qu’éphémères. Par le visa-vert, la municipalité souhaite responsabiliser les végétaliseurs dans l’entretien de ces espaces et, par la durée assez longue de l’autorisation d’occupation temporaire de l’espace public - trois ans reconduits jusqu’à douze - entend rendre ces actions pérennes dans le temps. Si aujourd’hui, le dispositif n’en est qu’à ses débuts - seulement deux ans d’existence et seuls deux personnes en sont chargées -, il vise à moyen terme à proposer un suivi plus important de cette végétalisation pour éviter que les installations ne deviennent des poubelles, des objets dangereux, ou que le propriétaire ne déménage sans enlever l’enlever (Declève, 21/12/2017). Dans une certaine mesure, le visa-vert permet de trouver un compromis entre sécurité, accessibilité et besoin de nature en ville. Par ailleurs, il offre la possibilité de donner un cadre réglementaire à cette pratique, à la contrôler et à lui donner une existence. Il permet aussi de donner raison à la présence d’une installation si l’autorisation a été obtenue2. Le visa-vert n’est pas une démarche exclusive à la ville de Marseille, de nombreuses villes ont adopté des chartes de végétalisation : Paris, Bordeaux, Lyon, ... Et Belgique, à Schaerbeek ou Bruxelles, … montrant une démarche politique visant à encadrer ce phénomène, lui donner une existence, une valeur juridique et déterminer des responsabilités en cas de litiges.

2 On peut cependant remarquer que cela n’empêche pas quelques couacs. Tous les services de la Ville n’étant pas au courant de ce dispositif et de la localisation des végétaux ayant obtenu l’autorisation, il est arrivé que des pots ayant eu le droit d’être disposés à un endroit soient retirés par la police municipale, sans prévenir ou demander au service visa-vert et végétalisation à la demande du théâtre de Lenche sous prétexte qu’il gênait le stationnement de leur véhicule de livraison. 47


Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

Fig 20. La ruelle verte montréalaise, quand la végétalisation est un projet porté par tous les habitants et la Ville Catherine Rollot, Ruelle à Rosemont - Petite Patrie, Montréal (2015)

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3. Investir la rue, une démarche qui fait consensus ?

Fédérer les habitants et les pouvoirs publics pour réinventer la ville-nature A la rue Saint-Léopold (VIème arrondissement), le dépôt d’un dossier de végétalisation par une trentaine de riverains montre l’engouement pour ce phénomène et la décision de la commission technique de donner son accord en rendant cette rue très étroite piétonne montre la volonté de la municipalité de s’impliquer avec les habitants à réintroduire de la nature dans le centre-ville, de les encourager : “Donc la génèse, c’est ça. C’est oui, les gens peuvent construire des jardins partagés mais quid, quand on est en centre-ville et qu’il n’y a rien ? [...] Ce qui est payant pour les bars [l’AOT], ce qui a une contrepartie économique normalement, là est offert gracieusement. Ils rendent service à la collectivité parce qu’ils décorent l’espace public, c’est beau ces jardinières, ses aménagements verticaux, horizontaux… et la collectivité rend service au requérant en lui disant allez-y c’est gratuit” (Gouiran, 21/12/2017). Cette piétonnisation a permis aussi de sécuriser la rue, empruntée quotidiennement par une à deux voitures qui étaient une gêne et un danger pour les riverains. Dans d’autres lieux, la prise en compte de cette pratique citoyenne a permis de l’intégrer dans la rénovation de l’espace public. Ainsi, lors de la réhabilitation de la rue de l’Arc (Ier arrondissement), la préexistance de ce phénomène, l’implication des habitants à vouloir continuer, une fois la rue rénovée, à pouvoir investir l’espace public par le végétal, a conduit à trouver un accord entre la métropole et la Ville pour proposer une réhabilitation innovante qui permette un milieu plus favorable au développement des végétaux : “C’était une rue qu’on pouvait prendre en voiture et qui s’est piétonnisée au début des années 2010. Et là, il y a eu un accord entre la Mairie et la métropole pour pouvoir créer des jardinières en sol le long des façades, en plus des pots” (Gouiran, 21/12/2017) en désimperméabilisant une partie de la voirie. Mais certaines communes vont plus loin. A Montréal au Canada, depuis une dizaine d’années, la démarche de la Ville est plus volontariste, visant à renforcer la mise en place de projets communs et de plus grande ampleur. Le réseau de ruelles sert ainsi de terrain de jeu aux habitants pour transformer leur Ville. En se concertant ensemble, les riverains déposent ainsi des demandes de végétalisation où la voiture et l’asphalte n’ont plus leur place dans l’espace public (Fig. 20). Lorsque le projet fait consensus auprès d’une majorité du voisinage, la ville entreprend les travaux, avec un soutien financier des commerçants. Ce sera par la suite aux habitants d’assurer l’arrosage et l’entretien des plantations : “la ruelle [est] divisée en [plusieurs] parcelles plantées et autant de responsables, chacun nettoie, plante son petit bout de verdure comme si c’était son jardin. Et binette à la main, on fixe les prochaines dates des apéros ou des soirées ciné en plein air.” (Rollot, 2015) En Europe et à Marseille, l’implication des pouvoirs publics est encore timide dans la végétalisation des villes. La végétalisation citoyenne présente montre l’envie des habitants de s’approprier l’espace public et leur Ville, pour la transformer à leur image et l’investir comme ils le souhaitent. Si le politique a cherché à encadrer le phénomène pour éviter les conflits d’usages à court terme, le projet vise, tout du moins pour le visa-vert marseillais, à transformer avec les habitants la Ville par la réintroduction de la nature. 49



Conclusion Dès 2012, les artistes-marcheurs Baptiste Lanaspèze et Geoffroy Matthieu publient un essai sur la relation ville-nature à Marseille. Ils montrent le besoin de nature des habitants, dans cette ville où la végétation est peu présente dans l’hyper-centre. C’est en périphérie - les Calanques, les Massifs, les Plages - que les Marseillais se retrouvent les week-ends, sortant de l’atmosphère étouffante de la ville. Ces espaces offrent à la ville cette image de métropole-nature, où la végétation s’invite en ville et où la limite entre les deux entités n’est pas réellement définie. Ces zones seraient définies par Gilles Clément comme des espaces du Tiers-Paysage, des lieux “où l’Homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature” (Clément, 2003), les délaissés, les friches, ou les réserves foncières, disséminées entre des entrepôts, des bretelles d’autoroutes, ou des tours de logements sociaux. Alors que l’image qui ressort de cette ville est celle d’un lieu pollué, bruyant et minéral, Baptiste Lanaspèze nous fait porter un autre regard sur celle-ci, l’idée que Marseille est en réalité une “Capitale Européenne de la Nature” (Lanaspèze, 2012) en référence à son titre de capitale de la culture en 2013. Nous pouvons donc remarquer que ce besoin de nature des Marseillais est évident - au regard de l’affluence qu’ont les parcs et jardins de la ville les week-ends - et le contraste est frappant entre une périphérie verte et sauvage et un centre-ville où la végétation dans l’espace public est rare. La nature crée du lien social (Weiss, 2017), et devient un enjeu dans la conception de l’espace public, fortement dégradé qualitativement avec la période du “tout-voiture”. Récréatif, rafraîchissant, le végétal a tout à apporter dans des villes étouffantes (Gouiran, 21/12/2017), et plus encore, dans notre société contemporaine où les villes-mondes se concurrencent désormais entre-elles. Il devient un facteur déterminant à l’installation de néo-arrivants, à la recherche d’une grande qualité de vie (Chomarat-Ruiz, 2013). En réponse aux ilôts de chaleurs et à des villes de plus en plus chaudes et de plus en plus denses à cause du réchauffement climatique, la végétalisation des rues peut être une des réponses à des problématiques environnementales. Autour du Cours Julien et de la Plaine, les différentes actions de végétalisation citoyennes menées et étudiées ont permis de découvrir de multiples dispositifs d’installations sur l’espace public suivant les objectifs recherchés : si l’image de la ville et la première des préoccupations pour les commerçants dans le but d’accueillir de manière plus plaisante leur clientèle, elle part pour les habitants de l’idée de rendre à la rue un cadre plus agréable alors que les trottoirs y sont étroits et non ombragés. Lors de notre enquête, nous avons aussi pu voir que la notion de l’esthétique et de l’image que les habitants souhaitaient donner de leur rue - et un peu d’eux-même - était primordiale dans cette végétalisation ce qui montre leur envier d’entretenir ce qu’ils ont mis en place. A part l’image, l’idée du lien social apporté n’apparaît pas dans les entretiens réalisés malgré quelques anecdotes pourtant parfois racontées “On la voit tous les matins, elle prend cinq minutes dehors, et puis elle discute avec les passants” (l’habitant du 2ème, Rue Abbé de l’Epée, 05/12/2017). S’approprier l’espace public pour les habitants revient un peu pour les habitants à se créer un extérieur : par le temps qu’ils restent sur le trottoir pour s’occuper de leurs plantations, par le type de plants mis en pots - des plantes aromatiques, des tomates, … Le végétal devient alors vecteur de nouveaux usages dans l’espace public: comme espace potager, lieu où les jeunes traînent sur les pas de portes à

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Végétaliser sa rue : s’approprier et pratiquer l’espace public, autour de la Plaine

la sortie des écoles, vecteur de discussions avec le voisinage. Mais cette démarche citoyenne ne fait pas que des heureux. Si de nombreuses actions fonctionnent bien, il y a parfois des conflits d’usages dans l’espace public. Les plants sont souvent dégradés par une population nocturne éméchée, le manque d’entretien et d’investissement de la part de certains végétaliseurs provoque l’inverse de l’objectif recherché d’une ville belle. Et la configuration de l’espace public marseillais avec ses rues étroites et ses trottoirs peu larges - réduit la possibilité de végétaliser la rue sans compromettre le passage des personnes à mobilité réduite. La mise en place d’une charte de végétalisation par la Ville permet d’encadrer ces actions, leur donner une valeur juridique et une autorisation qui permet d’éviter les conflits. D’une manière générale, le végétal en ville n’est qu’un moyen de plus pour les habitants, de montrer leur appartenance à la ville et inversement. La présence physique à la fois des habitants et de la nature dans l’espace public est une manière de se le réapproprier. Pour l’Assemblée de la Plaine, la végétalisation n’est qu’un élément pour signifier leur présence et leur mécontement face au projet de rénovation de la place Jean Jaurès. Pour les commerçants, donner l’image de rues attrayantes dans un quartier alternatif un peu sale montre leur envie de changer les choses. Pour les habitants, la rue appartenant à tout le monde, elle est un moyen de créer un lien entre voisins, qui même s’il n’est pas physique, existe par leur action commune de végétalisation des rues né pourtant d’initiatives individuelles et s’étant étendu par effet de mimétisme. Dans les zones urbanisées, l’architecte-urbaniste Nicolas Soulier montre que la nature a tout à jouer dans la création de lien social entre les habitants d’un quartier. Dans son ouvrage Reconquérir les rues. Exemples à travers le monde et pistes d’actions (2012), il nous présente une série d’exemples à travers le monde de dispositifs de végétalisation faisant lien entre le bâti et l’espace public et ce qu’il apporte à ce dernier. Pour ce chercheur, la végétation en ville est créatrice de sociabilité et contribue à la perception d’un espace public de qualité, agréable et engageant, par les pratiques qui lui sont directement liées l’entretien, l’arrosage - et les activités qu’elle apporte - le fait de s’y attarder plus longtemps, les conversations de voisinage, … Pour les villes contemporaines, le végétal est un enjeu majeur dans l’image de la ville, pour la transformer. D’une ville froide, sans âme, les villes veulent mettre à l’honneur leur côté social, montrer qu’elles sont faites par les habitants et pour les habitants. De nombreux exemples de végétalisation, transposables sur le modèle marseillais, sont visibles un peu partout en France et à l’étranger. Les green guerilla ou les parklets montrent une volonté commune des habitants et des politiques de la ville de modifier en profondeur et parfois de manière brutale ce qui existe. Est-ce que ces deux phénomènes, plus construits, peuvent-ils apparaître un jour à Marseille ?

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Bibliographie Ouvrages

Lanaspeze, B. et Mathieu, G. (photographies), Ville sauvage : Marseille. Essai d’écologie urbaine, Paris, Actes Sud (2012) Nicolas Soulier, Reconquérir les rues. Exemples à travers le monde et pistes d’actions, Paris, Ulmer (2012) Catherine Chomarat-Ruiz, Nature urbaine en projets, Paris, Archibooks (2013) Hannah Arendt, Condition de l’Homme moderne, Paris, Calmann-Lévy (1961) Thierry Paquot, l’espace public, Paris, La découverte, collection Repères (2009)

Articles

Bénédicte Weiss, Les villes se verdissent in Alternatives économiques,1er avril 2017 Yann Saint Martin, “Les espaces verts publics à Marseille : bilan d’une politique pour un meilleur environnement urbain” in Méditerranée, 2.3 (1998) Jean-Noël Conzalès, Marie Goiffon, Carole Barthélémy, Entre aménagement du paysage et ménagement de la nature à Marseille: la trame verte à l’épreuve du local, Développement durable et territoires, 3, 2 (2012) Hélène Melin, Le dualisme nature/culture à l’épreuve du paysage. Regard sur l’industrie comme un élément naturel du paysage in Sociétés, 109, de boeck supérieur, Louvain-la-Neuve (2010) Thierry Paquot, “ville et nature, un rendez-vous manqué ?” in Diogène, 2004/3, 207 (2004) Alexandre Tavin, Alexia Leseur, Végétaliser la ville. Pour quels bénéfices, avec quels financements, suivis et gouvernances de projets ? L’apport d’exemples européens et nord-américains, Institute for Climate Economics (11/2016) Roberta Morelli, “intégration et qualité dans la transformation de l’espace urbain” in Trajectoires doctorales, Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, 26/27 (11/2012) Morgan Boëdec, Biodiversité, la végétalisation participative gagne du terrain en ville, Paris, Loctalis, Victoires éditions (18/04/2017) Fabrice Ripoll, Vincent Veschambre, ”Introduction”, Norois, 195 (2005) Roland Castro, “la réappropriation de l’espace public urbain : convivialité, partage et convictions in Lumières de la ville (09/03/2017)

Presse

Julien Vinzent, “On a droit à 9m2 d’espaces verts par habitant” in Marsactu, 7 juin 2013 Arnaud Gonzague, “Parc Lévy, une ZAD en plein Marseille” in L’Obs, 29 janvier 2015 David Coquille, “Marseille, les arbres semblent être les ennemis innés des municipalités” in La Marseillaise, 29 novembre 2016 Tony Selliez, “Des arbres et des plantes contre le béton à Marseille” in France Bleu Provence, 9 novembre 2016 Catherine Rollot, A Montréal, de la verdure à la place du bitume in Le Monde (04/12/2015)

Sites internet

www.lafabriquedulieu.com/lespace-public-jardine-par-les-habitants/ www.villeresiliente.org/comment/6-vegetaliser-la-ville/ www.madeinmarseille.net/27478-pergola-street-art-cours-julien/ www.inra.fr/Grand-public/Economie-et-societe/Tous-les-magazines/La-ville-vegetalisee-ville-de-demain

Film documentaire

Détroit, Ville Sauvage, réalisé par François Tillon, 2015

Emission radiophonique

Villes-mondes. Marseille, par Martin Quenehen, Caroline Gillet, Julie Beressi. France Culture, 2012 Du grain à moudre l’été. A qui appartient l’espace public ? par Raphäel Bourgois, Emilie Chaudet. France Culture, 2016

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Annexes

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Personne / Observations

Heure

Site

Quel type d'espace public

Début

Vaporrissima, Gérant de commerce, 50aine

23/11/2017

Place Jean 09:45 Jaurès

commerce à l'angle de la place et du boulevard Chave -

Boulanger, place jean jaurès depuis 18 ans, 50aine

23/11/2017

Place Jean 09:30 Jaurès

commerce sur la place proche de n'en sait rien de quand ça s'es mis en place la circulation routière

Rue Bussy 15:00 l'Indien

rue piétonne commerçante

initiative de l'association des commerçants depuis septemb 2016 apporter un attrait à la rue Rue Pastoret, certains habitan ont récupéré les pots des commerçants plus entretenus

rue piétonne commerçante

initiative de l'association des commerçants depuis septemb 2016 apporter un attrait à la rue. Pa concertation Financé par l'association des commerçants

Arom'od'or, 30aine et créatrice de la rue Pastoret

Freddy, 50ains, vendeur de chaussures

23/11/2017

23/11/2017

Rue Bussy 15:00 l'Indien

Allika, magasin de créateurs, 30aine

23/11/2017

Rue Bussy 14:30 l'Indien

rue piétonne commerçante

initiative de l'association des commerçants pour trouver un alternative à des coûts de déc de Noël trops chers apporter un attrait à la rue. Financé par l'association des commerçants

Rosie, 70aine, retraitée du quartier 25 ans qu'elle habite ici

23/11/2017

10:00 rue Trois Rois

rue piétonne commerçante

habite rue Cruchère initiative des commerçants

27/11/2017

Piece Makers, rue des Trois 15:00 Mages

rue piétonne commerçante

initiative pour apporter de nouveaux clients autour du co julien

04/12/2017

rue des Trois Mages, à l'angle du Champ de 17:10 Mars rue piétonne commerçante

les commerçants

Rue Sénac de 16:30 Meilhan

3-4 personnes qui ont mis ça place de manière bénévole et entretiens Puis reprise individuelle de l'initiative

Joan Gandolfi, artiste présidente de l'association des commerçants de la Butte marseillaise Piece Makers

Un père et son enfant, 30aine + 68

Deux retraitées 70 ans+ 1 voisin

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Date

18/10/2017

rue résidentielle avec trottoirs étroits et stationnements


st

bre

nts

s

Manières de planter

-

Poubelles décorées + plantes chères choisies par Ricciotti Certains commerçants rajoutent eux aussi des plantes devant leurs commerces récupérées à droite à gauche + plantes ajoutées par les commerçants devant chez eux qu'ils rentrent tous les soirs

Plantes

-

Entretien des plants

Visa utilisé?

Interactions dans la rue ? Trouve que ça donne de l'attrait, une belle image au quartier si c'est bien entretenu

-

n'utilise pas le visa vert mais trouve que ça permet de gérer correctement ce phénomène : les trottoirs n'étant pas assez larges, pense que cela peut permettre aussi d'avoir un suivi sur l'entretien

-

-

-

Arbres récupérés et attachés

Plantes de l'association saccagées et en mauvais état ou inexistant Entretient parfois les plantes de l'association grâce à du compost qu'elle fait -

as de

ours

en t

apporte que des problèmes empêche les gens de circuler et les voitures de se garer Sale. Manque d'entretien. N'apporte rien au quartier

Laid car pas entretenu Donne une mauvaise image, le but était inverse. Peut être du au fait qu'à la rue de l'Arc ça se soit passé différemment ? Etait censé apporter un plus à la rue

bre

ne cos

De toute façon, les gens râlent dès l'instant que l'on propose quelque chose

Poubelles décorées graffées par une artiste+ plantes chères Poubelles décorées graffées par une artiste+ plantes chères Rajouté des plantes en plus pour accueillir. Proviennent de chez moi Rentrées tous les soirs

-

Plantes de l'association saccagées et en mauvais état ou inexistant -

Sert aujourd'hui de poubelles (ses pots sont face au Champ de Mars)

Plantes trouvées

Difficulté à entretenir ses plantes dû à l'incivilité Entretient parfois les plantes de l'association

Donne une mauvaise image au quartier. “On essaie de remonter le niveau individuellement”

-

Sa voisine plantait des choses avant mais à cause du saccage, a arrêté (coût trop élevé)

poubelles décorées graffées et plantes posées A peur que tout soit saccagé

non mais elle s'en tape car ses plantes sont sur sa marche à l'entrée de son commerce visa non utilisé mais pense que ça permet de faire en sorte que les gens ne fassent pas n'importe quoi. Permet de trouver un compromis intéressant entre l'envie des gens et la loi Dans la rue Benoît Malon, a permis de trouver des systèmes innovants

saccagées mais pense qu'avec le temps, ça peut apporter à la rue Permet d'avoir une rue belle

pas d'entretien car les commerçants ne s'en occupent pas. 3 bénévoles qui font le tour quand ils ont le temps poubelles graffées par mes soins + plantes chères finalement redécoration + nouvelles plantes achetées chez le fleuriste de la place Ne pensait pas que ça allait mal finir

-

pots (poubelle) le petit est en train d'arroser avec un brot d'eau Ricard, réupéré dans le bar à côté. Le père est un ami du gérant -

Pots Jardinières Rembardes Fenêtres en rez-de-chaussée

Plantes feuillues Fleurs

oui, nous ont demandé de changer quelques trucs mais finalement Pense qu'il faut on a rien fait persévérer dans la mise pas de conseils, pas de suivis en place de cette végétalisation pour que ça des recommendations un peu finisse par entrer dans les inutile : couper une branche mœurs. parce que les passants ne peuvent pas passer sur le Question du coût (ça a trottoir alors que ce sont des déjà coûté très cher) rues piétonnes

Le petit trouve ça plutôt coool et demande à son père de planter plein de choses chez soi et dehors -

Bien entretenu

-

Pour l'instant c'est pourri apporte un peu plus dans la rue. Il devrait pouvoir être possible aux riverains de planter des choses à l'intérieur eux aussi Côté agréable Fenêtres en rez-de-chaussée pour se protéger Nombreuses personnes dans la rue Des jeunes qui traînent sur les pas de portes A part le côté joli, ne trouve pas que ça apporte réellement un lien social dans la rue

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Manon, 30aine

Mécanicien, 40aine

habitant de la rue abbé de l'épée, 30aine

11/11/2017

28/11/2017

05/12/2017

14:20 Rue de Bruys

16:00 rue de Bruys

rue Abbé de 15:00 l'Epée

rue résidentielle avec trottoirs étroits et stationnements

rue résidentielle avec trottoirs étroits et stationnements

initiatives personnelles effet de mimétisme

initiative personnelle qui aurai dans la rue Abbé de l'Epée un peu plus loin ?

rue résidentielle avec trottoirs étroits et stationnements

initiative personnelle de la voi qui a descendu une plante de salon, puis maintenant des plantes qu'elle récupère au cimetière ou qu'elle achète un tout et n'importe quoi Mimétisme

Assemblée de la Plaine

04/12/2017

place Jean 17:30 Jaurès

place, pétanque et jeux

Montrer une présence sur site Mairie suite aux travaux de rénovation de la place Installations fabriquées sur pla lors d'un atelier appropriation (comme les bancs)

Centre vétérinaire de la Plaine, accueil

05/12/2017

place Jean 15:30 Jaurès

dans l'angle au nord-est

initiative personnelle des voisi Mais n'en sait pas plus

Fig 18. Tableau récapitulatif des éléments ressortis au cours des entretiens nb. pour l’assemblée de la Plaine, ayant participé à une de leurs tables rondes le 4/12/2017 en compagnie de Charlotte Pimenta et Clara Gallo,

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seul ce qui est ressorti de leur discussion est récapitulé dans ce tableau. Les 3h d’enregistrement n’ont pas été retranscris nb. pour l’entretien avec Mireille Gouiran et Lysiane Declève, à la Ville de Marseille, le 21/12/2017, aucune information n’a été récapitulée dans ce tableau, ne s’agissant pas de riverains ou de commerçants mais d’une entité décisionnelle


it n

Fenêtres en rez-de-chaussée Pots

Plantes achetées et parfois données Fleurs et feuillus Crocus Plantes vivrières Bien entretenu

Ne l'utilise pas mais ça montre que la mairie s'y intéresse

pots, fenêtres en rdc

thym romarin tomates, et autres

pense que ça demande beaucoup d'entretiens

ça peut être bien si c'est un peu contrôlé joli

bien entretenu

Trouve pas ça forcément utile car les gens ont l'habitude de voir des trottoirs pas larges

Apporte un attrait dans la rue Parfois prend un peu de place sur le trottoir et un peu compliqué pour se déplacer

isine e son

pots + plantes parfois replantés à n peu l'intérieur des voisins qui le font aussi : mimétisme

un peu tout

e à la

ace

ins.

Bacs créés collectivement lors d'un atelier

pots, éléments verticaux posés sur la façade

Vu du choux. Plantes vivrières ?

-

les gens discutent avec lorsqu'elle s'en occupe

plus entretenu suite à un manque d'investissement des membres non

visibilité de l'assemblée auprès des habitants. Sorte de manifestation pacifiste contre le projet de réaménagement. Permet d'ouvrir le débat

plutôt bien entretenu

On les croise de temps en temps en train de s'en occuper. Mais, on a pas l'impression que ça permet particulièrement que les gens s'arrêtent pour discuter avec

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18/10/2017 - 16H30 - retraitées et un de leurs amis, Rue Sénac de Meilhan Comment s’est mise en place la végétalisation dans la rue ? → C’est assez ancien. Au début, ils étaient 3-4 voisins qui ont commencé à mettre les pots un peu partout et ils s’occupaient de tout, de les arroser, de les entretenir, … Mais depuis, je crois que chacun a repris son pot, les anciens ont disparu je crois. Et puis il y en a plein qui ont rajouté, ça fait super joli Mais du coup, chacun y va de son initiative personnelle ? → Dans la rue, oui. Après j’ai jamais entendu parler d’une association ou d’autre chose qui s’occupait de ça ici. Est-ce que vous pensez que c’est parce que la rue est plutôt résidentielle et peu empruntée par les automobilistes ? → Ben ici il n’y a pas le bus, c’est assez tranquille, c’est vrai. Mais après, il n’y en a pas qu’ici des plantes, dans les rues où il y a des boutiques, il y en a aussi vous savez Oui c’est vrai, mais l’entretien c’est pas trop ça dans ses rues là → C’est vraiment bien en tout cas Ca ne vous dérange pas vous ? Parce que ça prend une partie des trottoirs qui ne sont déjà pas très larges → J’ai passé l’âge d’avoir des enfants vous savez, je suis pas prête à traverser la rue avec une poussette ! J’ai vu des tabourets, une table un peu plus loin dans la rue dans le quartier. Vous pensez que cette végétalisation crée du lien social ? → Je n’irai pas jusque là mais que les gens sortent un peu plus oui, pourquoi pas. Mais après vous savez, Marseille ce n’est pus ce que c’était C’est à dire ? → Vous savez, c’est plus comme avant. Vous le remarquez vous aussi non ?

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11/11/2017 - 14H20 - Rue Abbé de l’Epée - Manon, à sa fenêtre (en train d’arroser) Pour quelles raisons vous avez installé des plantes à vos fenêtres ? → Ah bien dans la rue, tout le monde fait ça et je trouvais ça joli. Et c’est la seule raison ? → Ca donne sur mon salon aussi, ça évite que les gens regardent par la fenêtre pour voir ce qu’il se passe chez moi. Quels types de plantes vous mettez en pots ? → Je sais pas trop. Attendez, ça c’est une amie qui me l’a offerte mais je sais pas ce que c’est. Après, j’ai un crocus mais il est un peu mal en point. Mais j’avais mis des tomates cet été Et vous avez pu en avoir beaucoup ? → Quelques-unes oui. Bon après c’était pas une production industrielle mais j’ai fait quelques salades avec, et elles étaient bonnes ! Et du coup, dans votre rue, chacun s’occupe soi-même de mettre des plantes dans la rue ou ses rebords de fenêtres, vous n’avez pas d’associations ou quelque chose comme ça qui gère ça ? → Non, je crois pas, non. Ou lors j’en ai jamais entendu parlé. Il y en a ? Non non, il y en a pas. Enfin, j’en ai pas encore trouvé pour l’instant ! → Si vous trouvez, vous me le direz, ils ont peut-être des infos sur des plantes ou des graines qui tiennent mieux parce que moi, j’en ai laissé crevé des fleurs ! Et du coup, vous en pensez quoi de cette végétalisation de votre rue ? → Moi je trouve ça bien, surtout pour les rebords des fenêtres, au moins on est tranquille. Et puis, c’est joli les petites fleurs devant les portes d’entrée des immeubles. Par contre, parfois ça prend un peu de la place hein, et c’est un peu compliqué pour passer sur le trottoir à ce moment là, et je ne suis pas avec une poussette ou dans un fauteuil. Vous pensez que c’est à cause de cette situation que la ville a mis en place le visa vert ? → le visa quoi ? Le visa vert. En gros, c’est une autorisation que la ville délivre aux habitants pour mettre des pots sur le trottoir → Et il y a des gens qui prennent la peine de remplir les papiers ? Ca j’en sais rien par contre → Non mais je pense que certains ont dû se plaindre parce que ça les gênait. Mais sans doute ça doit être pas mal parce que la ville fait quelque chose pour que les rues soient plus jolies On peut dire que ça ne fait pas consensus du coup ? → Ah mais ça c’est sûr, vous savez, il y en a toujours un qui va râler pour emmerder le monde on va dire.

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23/11/17 - 15H00 - Arom’od’or, 30aine et une créatrice rue Pastoret, Rue Bussy l’Indien Comment s’est mise en place la végétalisation dans la rue ? → Par l’association des commerçants, il y a un an, en septembre 2016, pour apporter un attrait au quartier Quelles plantes ont été mises en pot ? Ce sont des plants que l’association a acheté du coup ? → C’est l’architecte du Mucem - Rudy Ricciotti - qui a choisi les plantes, que des chères. On avait du thym, du romarin, des grenadiers, des amandiers et même des oliviers ! Mais, forcément, tout ça a fini par être volé. J’ai mis des plantes devant chez moi en plus pour que ça fasse plus propre, mais je les rentre tous les soirs parce qu’elles sont toujours abîmées et par les gens et par les chats. Et vous, que pensez-vous de cette végétalisation ? → Le concept original était sympa mais ça a mal fini. C’est devenu triste. Ca a couté 6500euro aux commerçants pour taguer des poubelles. Parce que ça reste des poubelles à l’origine et ça devient des poubelles ! Moi, je mets des plantes qui ne coûtent pas grand chose alors que là, ils ont mis des choses qui coûtent et qui demandent donc à être entretenues. Mais ce n’est pas le cas. Quand je suis de bonne humeur, je m’occupe de celles à côté parce que je fais du compost, mais sinon tant pis. Il n’y a pas eu de suivi, on les a posées et puis c’est tout ! Ca fait cinq ans que je suis là, quand on voit la rue de l’Arc ou la rue d’Aubagne, ça marche mais ici, ils détruisent tout. Après sans doute qu’à la rue d’Aubagne ou à la rue de l’Arc, tout le monde s’est impliqué et on en a mis partout d’un coup. Nous, ça s’est fait dans l’ombre sans réelle concertation entre les commerçants. C’est pour ça que j’ai décidé de ne plus adhérer à l’association l’an prochain. Ca fait cher la poubelle ! La mise en place du visa-vert par la mairie, une bonne idée selon vous ? → Je ne pense pas qu’ils aient eu l’autorisation ici, il faudrait que vous vous renseignez tiens !

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23/11/17 - 15H00 - Freddy, vendeur de chaussures, Rue Bussy l’Indien C’est bien l’association des commerçants qui ont mis en place les pots devant chez vous ? → Oui, l’an dernier. Si on peut appeler ça des pots Du coup, c’est l’association qui a financé ? → Surtout ceux qui y adhèrent. Ils ont acheté des plantes chères et on a demandé à une “artiste” de s’occuper de mettre en couleur les pots-poubelles. Mais le résultat est laid. Les façades sont déjà toutes colorées c’est ce qui fait le charme de ce quartier. En rajouter une couche, c’est inutile, il y aurait mieux fallu quelque chose de sobre, et surtout ça nous aurait peut-être coûté moins cher parce que là, c’est un peu minable. Du coup, vous avez un regard négatif sur ce qui a été fait ? → Ca partait d’une bonne intention, mettre de la verdure dans le quartier. Mais c’est devenu merdique. J’ai demandé à ce qu’on m’enlève les pots qui sont devant chez moi. Ils ont tenté plusieurs fois de rempoter, les bénévoles de l’association, mais tout est explosé. Comme je suis dans l’angle avec le Champ de Mars [un bar, cplt], les pots qui sont devant chez moi, posés en vrac et entourant les potelets, servent surtout de posegobelets ou de cendrier. Ca fait juste dégueulasse. Ca devient de vrais poubelles. Et puis bon, dès le début, c’était moche de toutes façons. Ca vous dérange du coup j’imagine ? → Oh là que oui, et je suis loin d’être le seul.

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23/11/17 - 14H30 - Allika, boutique de créateurs, rue Bussy l’Indien Comment s’est mise en place la végétalisation dans la rue ? → Il y a un peu plus d’un an, c’est l’association des commerçants qui s’en est occupé. On s’est rendu compte que si nous voulions des décorations de Noël - vous savez les guirlandes et luminaires de la Ville - il fallait payer une subvention à la Mairie et comme nous n’avons pas trop d’argent, on a décidé de trouver une autre solution pour égayer la rue. Et comment cela s’est passé ? → Il y a eu une sorte d’appel à projets et ça nous a coûté un bras. Et le résultat est pas génial, tout est mort vous l’avez vu. Après, j’en rajoute en plus moi, j’ai des pots devant ma vitrine. Mais comme toutes les plantes sont arrachées ou volées, je les rentre tous les soirs. Mais ça reste compliqué à les garder intactes. Quelles plantes mettez-vous en pot ? Et ce sont des graines ou des plantes que vous achetez vous-mêmes ? → Moi, j’achète un peu de tout de ce qu’il me plaît. Après, le reste - ceux qu’ils ont mis dans la rue - je m’en occupe de temps en temps quand j’ai le courage parce que il n’y a pas de suivi. Et qu’en pensez-vous de cette végétalisation ? → C’est devenu un peu pourri, rien n’est entretenu, et tout est cassé. Y trouvez-vous des problèmes ? Pensez-vous que cela dérange certains ? → Finalement, avec ça, ça donne l’impression que le quartier est pas entretenu, ça lui donne une très mauvaise image je trouve. La mise en place du visa-vert par la mairie, une bonne idée selon vous ? → Je ne savais pas que cela existait.

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23/11/17 - 10H00 - Rosie, retraitée, 70 ans, rue Trois Rois Comment s’est mise en place la végétalisation dans la rue ? → Oh, il y a vraiment longtemps. Moi, ça fait vingt-cinq ans que j’habite ici. Mais on en voit de plus en plus et moi je trouve ça vraiment chouette. Est-elle due à une initiative personnelle selon vous ? → Dans ma rue, rue Cruchère, ils nous ont mis les poubelles graffées. Je crois que c’est les commerçants qui ont mis ça. Et vous, vous participez à ce mouvement ? → Moi, je ne met rien, j’ai peur qu’on saccage tout. Ma voisine, elle, elle achetait des plantes pour les mettre sur le trottoir mais elle ne le fait même plus, parce que ça lui coutait trop cher. Et vous, que pensez-vous de cette végétalisation ? → Moi, je trouve ça vraiment super, enfin si c’est bien fait. Si c’est entretenu, enfin. Mais pour l’instant, c’est souvent saccagé. Mais sinon, moi je pense que ça apporte à la rue, c’est vraiment beau. Y trouvez-vous des problèmes ? Pensez-vous que cela dérange certains ? → Moi, ça ne me dérange pas, au contraire ! Mais bon, maintenant, les poubelles deviennent de vraies poubelles et tout est dégradé ! Ca c’est à cause des bars, la population la nuit casse tout. Enfin, tous les bourrés. La mise en place du visa-vert, une bonne idée selon vous ? → C’est très bien ce visa-vert. Les gens doivent attendre un peu mais après au moins ils ne font pas n’importe quoi, ils peuvent installer ce qu’ils veulent là où il y a de la place. Quand le trottoir n’est pas assez large, il faut ou chercher un autre endroit, ou un autre système. regardez, rue Benoit Malon, ils ont pas de trottoirs, mais ils ont accroché des choses sur leurs murs ! Et puis, j’en sais rien, mais peut-être que la Mairie aide les gens qui ont ce visa non ? Elle les conseille, je ne sais pas. C’est la rue après, c’est à tout le monde, on peut quand même pas faire tout ce que l’on veut.

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23/11/17 - 9H30 - Boulangerie, place Jean Jaurès. Boulanger depuis 18 ans Comment s’est mise en place la végétalisation dans le quartier ? → J’en sais rien, tout ce que je peux vous dire c’est que c’était il y a longtemps. Et vous, qu’en pensez-vous ? → Moi je vous le dis, ça ne pose que des problèmes, ça ne sert à rien. C’est sale, les clients ne voient rien quand ils se garent parce que il y a des plantes partout. C’est inutile. Du coup, ça vous dérange ? → Ca n’apporte rien au quartier. Au lieu de mettre des plantes partout, les gens feraient mieux de se battre pour qu’on puisse avoir plus de places de parking.

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23/11/17 - 9H45 - Vaporissima - Propriétaire du commerce, 50aine Que pensez-vous de cette végétalisation des rues du quartier ? → Moi, je trouve ça vraiment très bien si c’est entretenu. Mais, il faut s’en occuper. Ca donne de l’attrait au quartier, une belle image. Pensez-vous que cela en dérange certains ? Que cela pose des problèmes ? → Je pense surtout qu’on a du mal à faire changer les mentalités des Marseillais. Dès l’instant qu’il y a un truc tout neuf, qu’on veut changer les choses, ils râlent. Mais ils vivent dans des quartiers qui bien souvent sont pourris. Mettre du vert dans le quartier, c’est génial, mais si d’autres abîment ou râlent parce qu’ils ont plus leur place de parking du coup devant chez eux, là ça pose des problèmes. La mise en place du visa-vert par la Mairie, une bonne idée selon vous ? → Oui parce qu’il y a eu trop de problèmes. Les trottoirs ne sont pas assez larges, on ne peut pas faire ce que l’on veut quand même. Et puis ça permet d’avoir un suivi, de voir si les gens qui ont demandé d’occuper le trottoir n’abandonnent pas leurs plantes et que ça deviennent laid.

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27/11/17 - 15H00 - Piece Makers, Joan Gandolfi, artiste Comment s’est mise en place la végétalisation dans la rue ? → C’est nous, en temps qu’association des commerçants - cette année je suis devenue présidente - qui avons mis ça pour que le quartier soit plus attrayant. En fait, l’ancien président trouvait mes graf’s jolis et m’a dit “tiens, tu ne pourrais pas faire ça pour le quartier ?”. Donc on a acheté les poubelles, parce que c’est des poubelles les pots, et l’association avait financé des arbres et de belles plantes : on avait des oliviers, des amandiers, … mais sur le coup, on a trop dépensé pour tout ça, on pensait pas que ça allait être détruit Votre avis d’ailleurs, sur ce que s’est devenu ? → Ah c’est pourri, clairement. Tout est cassé, saccagé, rien est entretenu. Enfin, les commerçants ne jouent pas le jeu non plus, quand on a une pla,te devant chez soi, on s’en occupe quand même non ? Plutôt que les laisser crever. Enfin, ça ne coûte rien de mettre un peu d’eau. Je suis un peu énervée pour ça. Mais on va tout rempoter jeudi [le 30/11] Où vous allez chercher les nouvelles plantes ? → Sur le marché de la Plaine, à côté, chez le fleuriste. Me demande pas ce que c’est comme plante mais c’est joli, pas très cher, et ça résiste bien. Donc ça devrait tenir un peu plus longtemps que la dernière fois. En plus, on va rajouter de la terre pour que on ne puisse plus mettre des mégots dans les poubelles, ni d’autres déchêts. Il y aura moins de nettoyage comme ça. On va repeindre tous les pots aussi. On a vu que ça ne plaisait pas à tout le monde. Donc on va tout bomber d’une couleur unie comme ça, ca rendra quelque chose de plus sobre. Et surtout, si la poubelle a un coup, ce sera plus simple à remettre propre en un coup de bombe. Donc l’association des commerçants continue cette action ? → Au prix que nous ont coûté les pots, et maintenant qu’il y sont, autant les garder. Mais Il faut persévérer et on aura quelque chose de bien. Et ça nous évitera des critiques du genre “ça n’a pas marché, ils ont enlevé et ça a coûté cher pour rien” La mise en place du visa vert par la Mairie, vous en pensez quoi ? → Ca ne sert à rien, je pense. Nous, on a fait la demande histoire d’être réglos mais ils sont passés, ils nous ont dit, là il faut bouger ça, ici les branches dépassent, et là, les trottoirs sont pas assez larges mais on leur a dit que c’était une rue piétonne mais bon. Je crois qu’on les a même pas écoutés et on a rien changé malgré leurs remarques.

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28/11/17 - 16H00 - Rue de Bruys - Mécanicien, 40aine Comment s’est mise en place la végétalisation dans le quartier ? → Je crois que ça a démarré dans ma rue un peu plus loin, Abbé de l’Epée, mais après moi, j’ai vu mes voisins mettre des pots devant chez eux et en bas de mon immeuble sur leurs fenêtres mais après je n’en sais pas plus, moi j’y participe pas à tous ces trucs là Quels types de plantes voyez-vous ? Des plantes qui produisent des fruits ou légumes ? → J’y connais rien aux plantes, j’ai déja vu des tomates oui, de la menthe et du thym aussi. Mais après je ne pourrais pas vous en dire plus. Et vous, que pensez-vous de cette végétalisation ? → Moi, je trouve ça joli mais après ça demande beaucoup d’entretien donc bon. Y trouvez-vous des problèmes ? → Non, aucun. La seule chose que je trouve dommage, c’est que les gens ne profitent pas pour discuter avec ses voisins qui jardinent. Moi le premier d’ailleurs. Ca doit faire longtemps qu’on a pas fait de fête des voisins dans la rue, ou alors je n’y étais pas invité. La mise en place du visa-vert par la mairie, une bonne idée selon vous ? → Je ne sais pas ce que c’est. Mais que ce soit contrôlé c’est une bonne chose quand même, parce qu’on peut pas faire n’importe quoi dans la rue non plus.

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04/12/2017 - 17H30 - Un père 30aine et son fils 6-8 ans, Champs de Mars (le petit est en train d’arroser des plantes devant le bar) Bonjour, je suis étudiant en architecture et je travaille sur la végétalisation des rues dans le quartier dans le cadre d’un mémoire, pourquoi vous arrosez ces plantes posées par les commerçants ? → Le propriétaire du bar à côté est un ami à moi et du coup il a demandé à mon fils d’arroser, ils viennent de les replanter et toi, comment tu trouves le fait d’avoir des plantes dans la rue ? → moi, je trouve ça joli, c’est comme à la maison et vous, que pensez-vous que ça apporte au quartier ? → personnellement, je trouve ça vraiment bien. Là, ces derniers temps c’était laid, mais s’ils prennent le temps d’entretenir, je pense que ça apporte un côté agréable au quartier. Mais bon, il faut entretenir et c’est du boulot ! Mais après si ils demandaient aux voisins de les aider, on le ferait volontiers et on pourrait y mettre notre pierre à l’édifice ! (papa, nous aussi on peut descendre une plante à maman dans la rue ? → il faudra voir avec elle, mon fils

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05/12/2017 - 15H00 - Rue Abbé de l’Epée - un habitant du 2è, 30aine Comment s’est mise en place la végétalisation dans votre rue ? → Je sais pas, moi je m’en occupe pas, je crois que c’est la voisine du dessous qui a mis un pot une fois, vous devriez sonner J’ai essayé toutes les sonneries, vous êtes le seul qui a répondu sans me dire “non” → ah et vous savez à qui vous avez sonné ? (J’ai montré les noms) → ah oui, non eux, c’est ceux du rez-de-chaussée. Ah bien eux, ils mettent des plantes sur leurs rebords de fenêtre. Elle ne doit sans doute pas être là au premier Et du coup, la voisine, vous savez pourquoi elle a commencé à mettre sa plante et quand ? → Oh là ! Vous me posez une colle. Je sais qu’elle change parce qu’elle se la fait parfois esquinté et certains matins, elles disparaissent. Je crois qu’elle aimait bien ce qui c’était fait un peu plus loin vers Noailles, c’est sympa par là-bas. Et bien, elle a commencé à acheter des plantes pour les mettre en bas. Je crois même que la première, c’était celle qui trainait dans l’entrée de son salon ! et depuis, elle en rachète à chaque fois qu’elle se les fait voler ? → ça j’en sais rien, je pense qu’elle en rachète oui, mais sans doute pas tout le temps. Je sais parfois qu’elle revient du cimetière avec une ou deux fleurs quand il y a plus rien Du cimetière, des plantes ? → Oui, vous savez, les gens jettent parfois des fleurs alors qu’elles sont encore belles, alors elle les récupère, et ça dure un temps. Parfois, il y a déjà des plantes et elle les mets au pied, dans le même pot Mais c’est la seule à faire ça ? → Non, mais les autres je ne sais pas. Peut-être qu’ils sont à elles les autres aussi ! Mais du coup, ça doit lui prendre du temps non ? → On la voit tous les matins, elle prend cinq minutes dehors, et puis elle discute avec les passants Et qu’en pensez-vous vous ? → Moi, je trouve ça vraiment bien pour le quartier, la rue n’est pas vraiment belle. Mais jamais je ne le ferai, vu qu’il y a des vols ça me dégouterait Pensez-vous que ça pose problème au gens le fait que les gens déposent des pots devant chez eux ? → Pour les poussettes oui ! Mais après les trottoirs sont déjà pas larges et les gens ici ont l’habitude d’avoir des obstacles sur les trottoirs quand c’est pas des frigos, des cartons ou des voitures, donc bon Vu que vous avez l’air d’en savoir pas mal sur l’histoire de votre voisine, savez-vous si elle a fait la demande auprès de la mairie d’un visa-vert ? → Je sais pas, je ne sais même pas ce que c’est !

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21/12/2017 - 14H00 - Lysiane Declève et Mireille Gouiran, chargées de mission biodiversité et végétalisation des rues - direction ville durable et expansion à la Ville de Marseille LD. Ce sera ma collègue, Madame Gouiran, qui y répondra car elle est à l’origine du visa-vert et c’est elle qui a travaillé dans un groupe qui a mis au point sur la demande de Madame Cordier Madame Cordier ? LD. Madame Cordier qui notre élue à qui est délégué au développement … Madame Cordier qui est délégué aux espaces naturels, parcs et jardins, au développement durable et au Plan Climat, donc c’est elle qui a impulsé cette demande de création de visa-vert auprès de Mireille Gouiran. Elle es’est un peu inspirée de la charte des jardins collectifs D’accord LD. Voilà moi je m’occupe maintenant de tout ce qui est gestion, gestion du visa-vert donc donc c’est moi qui réceptionne les dossiers, j’essaye de les instruire avec l’aide d’une commission technique commission technique est composé de divers membres de la ville de la métropole : donc il y a le bataillon des Marins-Pompiers, la direction des handicapés, la direction de la gestion urbaine de proximité et il y a des représentants de la métropole de divers horizons qui bien entendu évoluent sur l’espace public. Pourquoi parce que uniquement dans les rues je précise pourquoi dans les rues parce que certains végétaliseurs me font des demandes dans les jardins publics c’est pour ça que je précise végétalisation des rues. J’ai une petite anecdote de ce de ce genre-là donc voilà. Espace privé aussi, j’ai un comité de quartier qui voulait végétaliser un parking qui appartenait à la fac donc là c’est l’Etat. C’est pour ça que je précise des rues. Quand est-ce que la Mairie a pris conscience de ce phénomène là ? comment s’est mise en place cette mission “visa vert” ? Y a t il un suivi … ? MG. Donc moi, ça fait dix ans que je m’occupe de la mission “jardins collectifs”, l’accompagnement de riverains pour la création des jardins partagés sur des terrains en friches ou momentanément abandonnés par la collectivité. Jardiner, c’est créer de la convivialité mais ça c’est possible quand il y a du terrain, de la friche, des dents creuses, mais quand il y a rien de tout ça ben voilà qu’est-ce qu’on fait ? Si en plus, il y a pas de square à proximité, pas de parcs publics à proximité donc c’est tout les gens étouffent, ils se font étouffer, par les quatre roues, les deux roues, … S’ils veulent respirer, mettre un peu de couleur sur ce gris, c’est de mettre des pots devant chez eux, donc ils ont commencé … la société civile a commencé bien avant que la municipalité ne dise je vous mets en place un cadre règlementaire. D’ailleurs, c’est toujours la société civile qui commence sinon on en serait pas là. Et au cours du changement de mandature, donc lors de la réélection de monsieur Gaudin, les mandats ont changé est arrivé une nouvelle élue parce que nous on avait eu le temps de la précédente mandature une ancienne élue qui était madame Caradec, chargée des espaces verts donc est arrivé quelqu’un de la société civile qui était vierge de tout … Mécanisme politique mais qui avait quand même un certain savoir et un certain réseau, notamment dans la société civile, parce que cette dame là était présidente de la fédération des CIQ de Marseille - pour ne pas la nommer Monique Cordier - elle a fait le tour de son service pour savoir un peu les missions qui était affectées à son service, savoir qui travaille sur quoi, se présenter, … donc moi je lui dis que je travaille sur les jardins collectifs, la mise en place de charte de jardins partagés, ... et j’ai ouvert, en fait, à discussion en disant “ah mais il y a aussi de la végétalisation qui se fait en centre-ville parce que les gens sont à ce que je viens de vous dire est-ce qu’il serait intéressant de formaliser un cadre pour réglementer tout ça parce que les gens sont ce qu’ils sont, parce que ça part un peu voilà dans tous les sens et tout le monde n’est pas protéger pour ça, y’a du beau, y’a de l’esthétique, y’a du débordant. Et oui, parce que si il y a un problème sur l’espace public, qui est responsable ? MG. Ben, là c’est la faute du Maire, c’est pour ça. Donc elle m’a dit “D’accord je suis d’accord pour qu’on fasse une charte de végétalisation”, et cette charte de végétalisation, après des mois de réflexion, on s’est dit “Ah mais ça ne concerne pas que la direction des parcs et jardins, ça concerne aussi ceux chargé des espaces publics, il y a nos collègues des handicapés, les marins-pompiers. Donc on a d’abord fait la charte de végétalisation, qui est passé en conseil municipal en octobre 2015. Ca a soulevé un tollé sur le plan politique 74


et d’abord des adversaires. Ah ben c’est de bonne guerre. Les gens de gauche, les écolos. Et quand je dis ça je les critique pas, parce que j’aurai tendance à être de leur bord. ils disaient “ah oui, scandaleux ! On veut freiner les gens”, mais voilà c’était un jeu de guerre. Un jeu de cours de récréation de maternelle. Mais après on s’est dit que ça ne concernait pas que les parcs et jardins et c’est pour ça qu’on a créé une commission qui nécessite tout un processus très formalisé mais on est bien obligé de passer pour ça pour obtenir une AOT. Et pour avoir quelque chose de plus vendeur, on l’a appelé Visa-vert. Ce qui est payant pour les bars, ce qui a une contrepartie économique normalement, là est offert gracieusement. Ils rendent service à le collectivité parce qu’ils décorent l’espace public, c’est beau ces jardinières, ses aménagements verticaux, horizontaux… et la collectivité rend service au requérant en lui disant “allez-y c’est gratuit” Est-ce qu’il y a un suivi ? MG. Il y a un léger suivi. Lysiane et moi on est dans la même configuration, c’est à dire la mission dont elle s’occupe est dans ma division “jardins collectifs” et je suis seule pour m’occuper des jardins collectifs, donc c’est compliqué. Donc oui, on suit. Enfin, on essaie. Alors quand j’ai fait la charte, j’ai fait un état des lieux, je me suis baladé dans le centre-ville, faire un état des lieux de ce qui existait, hors charte. Et tout part de la Plaine. On prend un plan du centre-ville, et ça fait une toile d’araignée. Et c’est normal, parce que quelqu’un a commencé et.. C’est du mimétisme ? MG. Oui, ils ont suivi. Vers la Plaine, sur le Panier un peu à la Belle de Mai, dans le VIIème. Et les plus vieux, c’est les Pots Bleus, dans le XVème, et la rue de l’Arc. Et parmi tout ça, il y a de belles rues végétalisées et qui ont démarré avant, hors cadre visa vert Et vous faites comment pour ces gens-là alors ? MG. L’idée ce serait que peu à peu ont mette dans ce cadre règlementaire tout ceux qui avaient commencé avant le vote de la charte, mais c’est un boulot titanesque. LD. C’est à nous d’aller vers le végétaliseur, de prendre contact avec lui, c’est un boulot de médiation, de discussion, … En discutant avec certains habitants, ils m’ont dit qu’ils n’osaient pas demander le visa-vert parce qu’il fallait remplir un document, c’est long c’est fastidieux, il faut attendre l’autorisation ensuite et surtout, il y a beaucoup de rues où les trottoirs sont trop étroits, ou l’espace public est déjà de piètre qualité, ils avaient peur de ne pas avoir l’autorisation du fait que les trottoirs soient pas déjà PMR MG. Non, c’est pas vraiment comme ça en fait. C’est vrai qu’on le sait qu’à Marseille, dans beaucoup d’endroits, les trottoirs sont très étroits et qu’en temps normal, dans tous les cas, les handicapés ne peuvent pas passer. Donc c’est pas un pot de plus, ou un pot de moins, qui va changer quelque chose. Donc ils ont surtout peur qu’on les freine parce qu’ils se manifestent en disant “regardez, j’ai déjà fait ça”. Tous les cas qui ont été analysés lors de la commission n’ont jamais dit un non catégorique LD. On n’a jamais refusé un dossier MG. On leur dit, “ça ça ne va pas, là vous êtes devant une bouche d’aération du métro votre plante ne tiendra pas, là il y a l’EDF, déplacez-le”. Il y a toujours un arrangement. On leur demande de le déplacer de 2-3m. Et puis vos pots sont coniques, ils risquent de basculer lorsqu’il y a du vent. On leur donne des conseils pour qu’au final ils aient l’AOT. Parce que c’est ça le but au final, et pour eux et pour nous. Nous, on a aucun intérêt à dire non au dossier, au plus il y a de rues végétalisées, au mieux c’est. pour tout le monde. Déjà pour les gens qui y vivent C’est à la fois leur image d’eux, et celle de leur rue MG. Oui exactement, je prends soin de ma rue regardez. Et puis dans une ville, je suis un citoyen responsable, 75


et je les entretiens, je taille, je nettoie, j’arrose. Surtout nettoyez parce que je sais pas si vous vous êtes baladé dans le centre-ville mais souvent ça sert de cendrier. Mais pas que, parfois c’est carrément de poubelle. On trouve des canettes. LD. Après certains nous demandent de démolir le bitume pour planter directement à l’intérieur. Mais c’est compliqué. il faut savoir qu’à Marseille, il y a un propriétaire du sol et un du sous-sol. Le dessous, c’est métropole, et le dessus vient seulement d’être passé métropole, cela appartenait à la Ville avant. Et puis le sous-sol, il y a plein de réseaux où à Marseille ils ne sont pas forcément tous répertoriés… Du coup, c’est très très compliqué. Madame Cordier avait demandé pourquoi on ne pouvait pas faire ça comme à Bordeaux. Mais du coup, cela peut se faire que lors de travaux de réfection complète de la voirie. C’est ce qui s’est fait à la rue de l’Arc. MG. C’était une rue qu’on pouvait prendre en voiture et qui s’est piétonnisée au début des années 2010. Et là, il y a eu un accord entre la Mairie et la métropole pour pouvoir créer des jardinières en sol le long des façades, en plus des pots. Donc la génèse, c’est ça. C’est oui, les gens peuvent construire des jardins partagés mais quid, quand on est en centre-ville et qu’il n’y a rien ? Donc ça peut rebuter certains, mais c’est comme le permis de conduire, on donne des conseils, si vous installez un pot ici, les pompiers ne peuvent pas passer, et vous seriez bien heureux de pouvoir les voir venir à votre immeuble si il y a le feu. En général, il y a pas de récalcitrants. Et la commission traite les dossiers avec passion. Et quand le dossier suffit pas, on va sur site. Comment ça marche, du coup au quotidien ? LD. Ahah, j’aimerais vous dire que c’est très simple, … Donc vous vous êtes surement mis sur le site de la ville où il y a la charte - un engagement moral -, la demande - très technique avec une description très précise de ce qui est envisagé. Combien de temps cela met-il pour obtenir l’AOT ? LD. C’est très variable parce que comme Mireille vous l’a expliqué, bien les dossiers m’arrivent parfois très brut avec un petit schéma, simpliste, qui ne permet pas d’analyser le dossier et alors là c’est un aller-retour qui se fait avec le demandeur le plus rapidement possible pour le transmettre à la commission, pour que l’analyse puisse l’analyser rapidement. Je ne peux pas vous donner un délai moyen car cela dépend des dossiers. Certains peuvent être très compliqués. Il faut savoir quelles dimensions, quel emplacement, quelle végétation. Donc une fois le dossier complet, c’est au tour de la commission, qui se réunit en moyenne une fois par mois. Et une fois l’avis favorable, j’enclenche toute le processus administratif formel qui est la constitution du dossier et de l’AOT qui est ensuite signée par Madame Cordier et est envoyé en recommandé. Comment est évalué ce dispositif ? LD. Oui, on a des retours des habitants. Pour l’instant ce sont des photos, mais aussi lors de mes déplacements, je fais des détours pour voir comment se portent les plants et où en sont les végétalisations. Donc j’essaie au maximum de voir où ça en est. Gentiment, je demande aux végétaliseurs une photo pour voir l’évolution des végétaux. Voilà le suivi pour l’instant que je peux faire de ce dispositif. Est-ce que la mise en place de cette végétalisation et de cette charte a changé complètement la manière de concevoir l’espace public, à Marseille ? MG. Oui, on peut le voir au niveau des commerçants. Ca fait faire des liens encore plus importants qu’avant entre les commerçants et les mairies de secteur pour embellir leurs arrondissements, parce qu’ils sont à l’agonie pour certains avec toutes les galeries marchandes qui se construisent à droite à gauche, donc ils essaient eux aussi de trouver un moyen d’attirer les gens à venir en centre-ville. il faut que la ville soit agréable. Et pour cela, rien de mieux que végétaliser, en mettant des pots de manière harmonisée, de qualité, ça fait plaisir. Donc au niveau des commerçants, il y a plus de projets. Avant, ils faisaient la demande auprès des parcs et jardins et on leur amenait des pots déjà plantés mais ce sont des procédures d’un autre temps. Cela n’engageait pas de manière pérenne le commerçant, parce que si il avait pas envie, il s’en foutait. Alors que là, si on leur donne le visa-vert, c’est eux qui s’impliquent financièrement pour le choix des pots, les 76


plantes. C’est eux qui sortent le porte-monnaie. Que là, on leur donne une autorisation pour, et c’est eux qui s’impliquent financièrement pour le choix des pots, des plantes, … Nous on leur donne la boite à outils mais après c’est eux qui sortent l’argent LD. Pour l’instant, que donne la collectivité à part l’autorisation ? Pour l’instant rien. Parce que c’est à l’étude mais on envisage des graines, ou des plants, ou du terreau.Voilà. Une petite contribution de la ville. Pour favoriser et remercier le citoyen pour l’embellissement de la ville. MG. C’est histoire de donner de manière concrète un petit quelque chose. Parce qu’aujourd’hui on donne des AOT. Mais c’est qu’un morceau de papier. Et ces gens là, ils en ont jamais payé d’AOT donc pour eux ça n’a aucune valeur. LD. Donc on envisage de faire ça MG. A moyen terme, ce serait pour offrir un kit aux citoyens pour pas les lâcher, montrer que la ville est avec eux : des entrées gratuites au jardin botanique, une formation. Mais bon au début, c’est joli, mais après il y a le vent, l’hiver il fait froid, donc il y a un apprentissage à avoir pour que ça reste. Mais pour l’instant on est pas prêts. On y pense et c’est aujourd’hui, ce que l’on nous reproche, notamment les anti-visa vert. Et c’est un phénomène que vous retrouvez dans tous les quartiers de la ville ou uniquement dans l’hypercentre ? MG. Surtout dans les quartiers très urbains. Dans l’hypercentre parce que déjà c’est dans ces quartiers surtout où il y a beaucoup de néo-Marseillais. Un peu genre bobo mais pas que, qui arrivent et qui ne connaissent pas la ville et qui viennent avec une énergie nouvelle. Parce que le vrai Marseillais, comme moi, moi je pense que je me serai déjà lassée de mettre des pots sur le trottoir, de me les faire voler, casser, de retrouver des cannettes de bières, … Je pense que je me serai lassée et que j’aurai déjà dit “ces Marseillais, c’est tous des …” mais là, c’est des gens qui arrivent, qui ont pas, ils sont ont le sang frais, c’est bien, … Et ils entraînent avec eux les Marseillais qui ont eux déjà l’habitude de ces incivilités. Et puis ça fait un bon mélange. LD. Et puis certains Marseillais ont déjà des maisons à l’extérieur de la ville, et ils ont déjà cette pratique du vert. Par exemple, je pense au XIIè arrondissement où il y a beaucoup de maisons avec de petits jardinets. MG. ALors que dans l’hypercentre, à part les cœurs d’îlots hausmanniens il n’y a rien. Si on prend une image aérienne du centre-ville de Marseille, c’est très vert, mais de la végétation privée dans ces cœurs d’ilots. Après aussi, il y a une politique générale de la Ville pas super adaptée à créer une vie sociale par le vert. Mais ceux qui vendent le terrain ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui veulent végétaliser. Et puis il y a de gros intérêts qui nous dépassent un petit peu. LD. La seule qui pourrait faire pression sur ça, c’est Madame Cordier mais même elle. Et puis nous, on récupère les miettes, et on fait ce qu’on peut. Et dans ce qu’on récupère, nous on pense que la végétalisation crée des liens de convivialité. J’ai un exemple en tête. La ruche Marseillaise qui a commencé à végétaliser les pieds d’arbres devant leur association et maintenant ça a fait boule de neige dans tous les boulevard National. Et ça permet d’avoir du lien, de la discussion. Par exemple, quand on était allé prendre des photos de suivi là bas, un commerçant est sorti pour nous expliquer qu’il avait végétaliser lui-même, on s’était pas présenté, on faisait les touristes de base et donc j’ai trouvé ça très chouette parce que il est venu vers nous nous expliquer ce qu’il avait mis, et cela se voyait qu’il en était fier. En discutant avec les riverains à la rue Sénac, justement, ils me disaient que eux, ils n’avaient pas l’impression que les gens ne discutaient pas forcément plus. C’est vrai que moi j’ai l’impression que ça dépend surtout des rues LD. Ca dépend aussi de qui impulse cette action. Est-ce que c’est une association ? MG. après c’est vrai que dans ce quartier, ce sont des rues qui sont montantes, où les voitures se garent de chaque côté de la rue, donc il n’y a pas cette continuité visuelle que l’on aimerait voir entre les végétaliseurs 77


et leurs trottoirs. a la limite sur le même trottoir il peut se passer des choses. C’est plus facile sur des rues à plateau unique, comme au cours Julien. Mais après ça stimule aussi tout le monde. Parce que une rue végétalisée ça ne plait pas forcément à tout le monde Est-ce que le visa-vert à ce moment là, n’est pas une façon de dire, “on m’a autorisé, du coup je laisse ce qui est là“ ? C’est une façon de régler les conflits ? MG. Ah ben oui bien sûr. Même avant que l’AOT soit donnée, certains disent “moi je ne veux pas d’une rue végétalisée parce qu’après je peux plus passer en voiture, parce que vous allez la rendre piétonne, c’est ce qui nous est arrivé dans une rue, la rue Saint Léopold. Et donc il y a quelqu’un qui avait l’habitude de passer dans cette rue et de monter sur les trottoirs et qui a dit “moi j’en veux pas parce que sinon je vais abîmer mon 4x4”. LD. Bon et du coup, on a préféré faire ça parce qu’il arrachait tout quand il passait, la rue ne faisait qu’1m75 de large. Donc c’était mieux pour les riverains Est-ce que la végétalisation pourrait à ce moment là, à terme, favoriser la piétonnisation du centre-ville ? MG. Non, tout de même pas, parce qu’il y a des axes de circulation un peu stratégiques. On peut pas dire ça, c’est du cas par cas, dans des cas très particuliers. Est-ce que vous conseillez un type particulier de plantes ? LD. Oui, bien sûr, il y a un guide qui a été produit et publié par une association et subventionnée par la Ville, qui est téléchargeable sur le site. Avec des conseils, une liste de plantes classées par l’ensoleillement et le vent. il est très bien fait, on ne conseille pas tout ce qui est piquant. MG. Surtout que c’est plus compliqué dans des pots, il faut que les plantes soient plus résistantes, qui tiennent plus que la moyenne dans des contenants, et dans un milieu très urbain. Combien de temps dure l’AOT ? LD. 4x3 ans. Et une fois que le visa-vert, on envoie une signalétique au végétaliseur. C’est mieux qu’il le mette à ce moment là, surtout si il a des voisins récalcitrants. C’est une visibilité. Regardez, c’est légal, j’ai le droit, j’ai eu mon autorisation. MG. Tu te souviens de ce qu’il s’était passé dans la rue du théâtre français ? On avait donné le visa-vert. Là où il y a le théâtre du Gymnase. Ils avaient demandé le visa-vert, ils l’ont obtenu. Et le théâtre a contesté et a appelé la police municipale pour faire enlever les pots. Parce que entre les pots se réfugiaient des SDF, et donc ça ne faisait pas propre lorsque les gens attendaient devant le théâtre. Et on l’a su après. LD. On l’a su le matin où la personne qui avait obtenu l’AOT m’a dit au téléphone “je n’ai plus mes pots. Je ne comprend pas, est-ce que c’est vous qui les avaient enlevé ?” “Non, ce n’est pas du tout notre objectif de une fois qu’on a accordé le visa-vert, de vous l’enlever” Pourquoi vous n’avez pas été prévenu plus tôt ? MG. Ben parce qu’il n’y a pas d’interaction entre les services municipaux. Marseille est une grande ville, les services ne se parlent pas. Eux ont fait le travail de leur police municipale mais comme ils n’étaient pas au courant de la procédure visa-vert. Aujourd’hui, on travaille donc avec eux et cette signalétique permet d’éviter ce genre de problème, que ça se répète. Pareil avec les services de la propreté de la Métropole, qui nous ont répété que le kärcher c’était super efficace, déterraient les plantes avec la pression de l’eau et cette signalétique va protéger ces lieux en disant attention. Et l’habitant peut se retourner contre la Métropole la prochaine fois.

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