INDIAN OIL DÉVOILE SA NOUVELLE GAMME DE LUBRIFIANTS
La compagnie pétrolière Indian Oil Mauritius Ltd (IOML) a dévoilé vendredi soir sa nouvelle gamme de lubrifiants : Servo Futura, qui permettra de combiner une maintenance de haute qualité et une réduction des coûts d’exploitation des matériels
Edition 123 – Mercredi 3 avril 2013
LA DIFFÉRENCE, C’EST LE CONTENU
Votre hebdomadaire à Rs 15
RÉCLAMATION DE DOMMAGES
PONZI SCHEME
LES ASSURÉS AU TIERS S’EN MORDENT LES DOIGTS
UNE TROISIÈME COMPAGNIE ET UN HOMME DE LOI CIBLÉS
Les inondations de samedi dernier ont causé énormément de dégâts matériels, dont des véhicules bons pour la casse... Sera-t-il possible de se faire rembourser par les compagnies d'assurance? Le principe d'« Act of God » jouera-t-il en faveur de ceux n'ayant pas une couverture « tous risques » ? Capital tente d'apporter des éléments de réponse
L'affaire Whitedot International Consultancy Ltd et Sunkai Co Ltd ne serait que le 'tip of the iceberg'. D'autres noms de compagnies commencent à émerger. Une, en particulier, intéresserait la police. L'implication d'un homme de loi soulèverait également bien des vagues
Si on voulait utiliser un langage imagé pour expliquer le conflit qui oppose Groupe Five Strabag Consortium à PLAN Consortium Bouygues-Colas au sujet de la 'ring road', on parlerait d'un match où l'arbitre a été expulsé à peine le match entamé. Un sentiment de frustration se dégage en effet d'une décision prononcée par l'Independent Review Panel (IRP) en mars 2013 suite à des amendements à la Public Procurement Act et au refus de la Road Developement Authority (RDA) de lui fournir certaines informations
RING ROAD
LA ROAD DEVELOPMENT AUTHORITY BAFOUE L’INDEPENDENT REVIEW PANEL MOHAMAD VAYID, PRÉSIDENT DE L’IFE
MAURITIUS TURF CLUB
« GOUVERNEMENT ET GOUROUS NE RÈGLENT PAS LES PROBLÈMES »
PEUT-ON IMAGINER DES COURSES SANS BOOKMAKERS ?
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FINAL REPORT
▼ RUDY VEERAMUNDAR
L
e bilan est lourd. 11 morts en une journée pluvieuse. Outre la météo, les regards sont tournés vers les systèmes de drains et la 'ring road'. En parlant de 'ring road' et des nouvelles infrastructures routières, il y a peut-être un épisode qui est passé inaperçu auprès du grand public. Qu'advient-il, en effet, de la bataille opposant Groupe Five Strabag Consortium à PLAN Consortium Bouygues-Colas, devant l'Independent Review Panel, au sujet d'un contrat de plus de Rs 30 milliards pour le construction de la 'ring road' ? Eh bien figurez-vous que le grand perdant, dans cette affaire, est l'Independent Review Panel (IRP) lui-même ! Un amendement à la Public Procurement Act, fait le 22 decémbre dernier à travers le Governement Notice, a en effet mis hors-jeu le tribunal. Un développelment qui a permis à la Road Developement Authority (RDA) de pousuivre ses négociations avec son « preferred bidder », PLAN Consortium Bouygues-Colas, et ce bien que l'IRP ait émis un ordre pour que ces négociations soient suspendues en raison de l'appel interjeté par Groupe Five Strabag Consortium. Dans un ruling prononcé le 19 mars 2013, l'IRP explique que suite aux amendements apportés à la loi le 22 décembre 2012, « by removing a recourse to challenge at any time », le législateur a délibérément enlevé la possibilité de contester le choix des autorités au moment du « notice ». Dans le cas mentionné plus haut, Groupe Five Strabag Consortium devra ainsi attendre la fin des négociations entre la RDA et Bouygues Colas afin de déposer leur appel. « PREFERRED BIDDER » Rappelons que le point principal de l’appel du Groupe Five Strabag Consortium porte sur la procédure d'‘impropriety’, car la RDA a demandé au Consortium Bouygues-Colas de changer de 'design' après la fermeture de l'exercice d'appel d'offres et pendant l’évaluation des offres, tout en lui suggérant la solution du design. Nous sommes en 2009 lorsque la RDA demande une 'feasibility study' dans le but d'identifier la « most appropriate procurement method » pour le projet de décongestion routière. Un rapport fait effectivement suite et un Public Private Partnership est recommandé. Le Central Procurement Board lance alors un exercice d'appel d'offres vers la fin de 2010 et onze soumissionnaires manifestent leur intérêt. Dans un premier temps, Group Five Strabag Consortium, PLAN Consortium et CHEC Consortium sont considérés comme des candidats potentiels avant que les deux premiers soumissionnaires soient finalement retenus au mois de juillet 2012. Ces derniers sont alors invités à soumettre leur Best and Final Offer (BAFO). Cinq mois plus tard, le Bid Evaluation Committee porte son choix sur PLAN Consortium et les recommandations nécessaires sont faites au Central Procurement Board, qui com-
MERCREDI 3 AVRIL 2013 CAPITAL | EDITION 123
Si on voulait utiliser un langage imagé pour expliquer le conflit qui oppose Groupe Five Strabag Consortium à PLAN Consortium Bouygues-Colas au sujet de la 'ring road', on parlerait d'un match où l'arbitre a été expulsé à peine le match entamé. Un sentiment de frustration se dégage en effet d'une décision prononcée par l'Independent Review Panel (IRP) en mars 2013 suite à des amendements à la Public Procurement Act et au refus de la Road Developement Authority (RDA) de lui fournir certaines informations
RING ROAD
LA RDA BAFOUE L’AUTORITÉ DE L’IRP By removing the terms “at any time” and keeping the proviso subject to subsections (2) and (3), the legislator has since 22 December 2012 deliberately and in clear terms, restricted challenge procedures to be instituted at a specific point in time and reaching a specific stage of the procurement process munique officiellement la décision le 21 décembre dernier. Non satisfait, Group Five Strabag Consortium conteste la décision du Bid Evaluation Committee et celle de la RDA le 4 janvier 2013 et saisit l'Independent Review Panel le 31 janvier. Le Road Decongestion Program est alors suspendu, comme le veut l'article 45 (4) de la Public Procurement Act quand une des parties concernées par le contrat fait appel contre une décision de l'autorité. Les points avancés par Group Five Strabag Consortium sont les suivants : (i) The procurement proceedings were tainted with procedural impropriety in as much as the exchange of correspondence after the BAFO submission date between the Respondent No. 1 and PLAN Consortium (presumably in a letter dated 16 November 2012 re-
ferred to in the Le Défi Quotidien newspaper of 29 January 2013 under the caption “Système de péage Interrogations autour du choix du ‘Most Preferred Bidder” and also referred to in the Le Week-End newspaper of 30 December 2012) has resulted in a material change in the original design submitted by PLAN Consortium, in contravention of section 37(1) of the Public Procurement Act 2006; (ii) Having regard to the Evaluation Criteria set out at pages 103 to 109 inclusive in the Request for Proposal (RfP), the Respondent No. 1 and or its agents and or employee(s) have not accorded the appropriate scores to the Applicant, namely: (a) Project management and integration response, more particularly item (a) referred to at page 103 of the Rfp; (b) Technical design, more particularly items (c), (e), (i), (m) and (n) referred to at page 106 of the Rfp; (c) Technical: Tolling and Operations, more particularly item (h) referred to at page 106 of the Rfp; (d) Financial and insurance, more particularly items (a) and (c) referred to at page 107 of the RfP and (iii)Whether PLAN Consortium was fully in compliance with the Essential Minimum Requirements concerning the grade separation of the Phoenix, Dowlut and Jumbo roundabouts.” Lors de sa plaidoirie devant l'IRP, Me Subash Lallah, l'avocat de la RDA, a quant à lui affirmé que la contestation n'avait pas sa raison d'être, puisqu'il n'y avait pas encore eu d'octroi de contrat, et que Group Five Strabag Consortium était toujours dans la course, les autorités pouvant toujours rejeter la candidature de PLAN Consortium. Selon lui, la demande de Group Five Strabag Consortium devait être rejetée parce que « the application does not state a valid basis for an application review and does not set for a detailed legal and factual statement ». Me Marc Hein, le représentant légal de Group Five Strabag Consortium, a pour sa part argué que la lettre du 21 décembre était très explicite : PLAN
Consortium est le « preferred bidder », alors que la compagnie qu'il représentait y est qualifiée de « reserve bidder ». Me Hein a ainsi expliqué que son client se sent lésé rien que par cette décision, et que la question d'octroi de contrat ne tient pas debout. En référence à l'article 11 (2) de la Public Procurement Act, l'homme de loi a également précisé que le Central Procurement Board est tenu de « strive to achieve the highest standards of transparency and equity in the execution of its duties ». Avant de commenter les plaidoiries des deux hommes de lois, l'Independent Review Panel a alors tenu à faire ressortir que des modifications avaient été apportées à l'article 43 de la Public Procurement Act 2006 le 22 décembre de l'année dernière. « The amendment which has been brought to section 43 of the Public Procurement Act of 2006 specifically restricts application for review, only in circumstances, where the decision has reached a stage of award namely under Sections 24(12) and 40(3) of the Public Procurement Act. These provisions set a specific delay to make a challenge to the Chief Executive of the Public Body and subsequently an application for review before the Independent Review Panel. « By removing the terms “at any time” and keeping the proviso subject to subsections (2) and (3), the legislator has since 22 December 2012 deliberately and in clear terms, restricted challenge procedures to be instituted at a specific point in time and reaching a specific stage of the procurement process. In the light of the clear provisions of Section 43 of the Public Procurement Act 2006 as highlighted above, which restricts the recourse to challenge only at notification of award stage, the Panel cannot entertain the present application which is accordingly set aside », devait conclure l'IRP. Ceci étant dit, l'IRP trouve les faits siuvants regrettables : bien que l'une des parties concernées avait interjeté appel, le tribunal devait être informé que la RDA négociait toujours avec le « preferred bidder », alors que suspension des négociations avait été prononcée par l'IRP. Et celle-ci d'ajouter que la RDA a également refusé de fournir certaines informations au tribunal.
ACTA PUBLICA
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Les inondations de samedi dernier ont causé énormément de dégâts matériels. Routes éventrées, maisons et bâtiments commerciaux endommagés, véhicules bons pour la casse... Sera-t-il possible, pour ceux concernés, de se faire rembourser par les compagnies d'assurance ? Le principe d'« Act of God » jouera-t-il en faveur de ceux n'ayant pas une couverture « tous risques » ? Capital tente d'apporter des éléments de réponse
RÉCLAMATION DE DOMMAGES
LES ASSURÉS AU TIERS S’EN MORDENT LES DOIGTS POURSUIVONS DIEU
RÉPARATIONS. A la MUA comme à la SICOM, les assurés « tous risques » verront la totalité de leurs coûts prise en charge
▼ HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN
L
es images flottent encore dans les esprits. Une voiture est emportée par les eaux quelques kilomètres plus loin, une autre est encastrée dans la devanture d'un magasin, alors qu'un carambolage voit une trentaine de voitures se chevaucher à Bell-Village. Pour certains propriétaires, passé le traumatisme de samedi, se pose le coûteux probème des réparations, alors que d'autres, qui se retrouvent avec de véritables épaves, enregistrent un 'total loss'. Leur premier réflexe, bien entendu, est de s'adresser à leurs assureurs. Ceux qui ont choisi l'assurance tous risques peuvent dormir tranquilles. Dans la gamme des contrats d'assurance auto, la formule « tous risques » offre en effet la couverture la plus importante. Quelle que soit la part de responsabilité du conducteur, elle assure contre les chocs avec un corps fixe ou mobile extérieur au véhicule (voiture, trottoir, animal...). Idem en cas de cambriolage, d'accident impliquant renversement, tonneaux ou chute du véhicule, ainsi que les dégradations liées aux inondations, aux cyclones, au feu, à la foudre, ou à toute explosion. “ACT OF GOD” Sous cette formule, le conducteur peut obtenir un véhicule de remplacement en cas de 'total loss', ou se voir rembourser la location d'une voiture si son véhicule a été abîmé dans un accident. Certains facteurs sont cependant pris en compte avant l'octroi de cette couverture complète, y compris l'âge du véhicule. Vient ensuite l'assurance au tiers, aussi appelée assurance responsabilité civile automobile. Il s'agit, selon la Mauritius Union Assurance, de la formule minimale permettant de rouler sur les routes maurici-
ennes. Elle permet de régler les éventuels dégâts occasionnés lors d'un accident et couvre les dommages corporels ou matériels causés à un tiers. Ces « tiers » peuvent être soit les passagers du véhicule assuré, soit ceux de l'autre véhicule, dépendant des torts de chacun. Mais qu'en est-il d'une situation où aucune des personnes impliquées dans l'accident de leurs véhicules respectifs n'est en tort ? Le terme légal « Act of God » s'applique à des événements qui sont hors du
Pour les tiers, malheureusement, on ne pourra rien Kris Lutchmenarraidoo, CEO de Mauritius Union Assurance contrôle de l'Homme, telles les inondations subites ou autres calamités naturelles pour lesquelles personne ne peut être tenu pour responsable. Les inondations de samedi tombant sous cette catégorie, nos compagnies d'assurance en tiendront-elles compte ? « Everything is an act of God », répond d'emblée Kris Lutchmenarraidoo, Chief Executive Officer de la Mauritius Union Assurance (MUA). Mais ce n'est pas pour autant que la compagnie outrepassera les règlements. Ainsi, les véhicules assurés sous la formule « tous risques » bénéficient déjà, à la MUA, d'une couverture contre les calamités naturelles comme les inondations. « Nous sommes là pour payer nos
clients pour les dommages subis selon les provisions de leurs couvertures. Pour le tiers, malheureusement, on ne pourra rien », explique-t-il. Dès samedi, la compagnie a mis sur pied une cellule de prise en charge des clients affectés. A hier matin, la compagnie avait déjà recensé 37 'motor claims', pour un montant provisoire de Rs 26 millions. Dès qu'un client envoie une 'notification of claim' à l'assureur pour stipuler que son véhicule a subi des dégâts, il est appelé à remplir une fiche pour détailler ces dommages, suite à quoi la compagnie envoie un 'surveyor' sur place pour vérification. A partir de là, l'assureur émet un devis de réparation du véhicule ou, en cas de 'total loss', met à la disposition du client un véhicule de remplacement. ASSURANCES TOUS RISQUES : AUCUNE CRAINTE Du côté de la State Insurance Company of Mauritius (SICOM), à 13 heures hier, la compagnie avait recensé 30 'motor claims' pour un coût total estimé à 25 millions. Si les assurés « tous risques » n'ont aucune crainte à avoir, l'espoir est également permis pour d'autres. « Vu les circonstances malheureuses, il n'y aura pas de difficulté à prendre en considération les autres réclamations avec plus d'ouverture d'esprit. De toutes façons, il est un peu tôt pour se prononcer là-dessus. On agira, dans la mesure du possible, pour accommoder nos clients », explique Gilles Chaperon, Head of Marketing & Communication de la compagnie d'assurance. Ainsi, ceux ayant opté pour une assurance « comprehensive basis », sans nécessairement avoir opté pour la couverture inondations et tempêtes, pourraient en bénéficier. Voilà de quoi rassurer de nombreux propriétaires de véhicules, sauf les assurés au tiers, qui ne devraient pas bénéficier d'un geste divin...
Il est possible de poursuivre Dieu pour réclamer des dommages. Idée farfelue, dites-vous ? C'est pourtant l'idée centrale du scénario d'un film bollywoodien sorti sur grand écran en septembre de l'année dernière. Résumons : le bâtiment commercial de Kanji Bhai, un homme d'affaires, est complètement détruit lors d'un tremblement de terre. Sa compagnie d'assurance refuse de le dédommager, disant que c'était un « Act of God ». Furieux et désespéré, il décide de poursuivre Dieu, des prêtres (en tant que représentants de Dieu), ainsi que la compagnie d'assurance. Une bataille légale dont il sort victorieux, avec, à la clé, des dédommagements !
AXEL PELLEGRIN : « IL Y AVAIT PRÉAVIS... » L'Association des Assureurs de Maurice ne sera pas de sitôt en mesure de se prononcer sur le nombre de véhicules endommagés lors des inondations de samedi. Il y a en effet toute une procédure à respecter et une évaluation des dégâts à effectuer au cas par cas. De plus, il faut s'assurer que les personnes qui envoient leurs 'claims' soient réellement assurées, et connaître le type de couverture souscrit. « De toutes façons, beaucoup de personnes ne se sont pas encore tournées vers leurs compagnies d'assurance », explique Axel Pellegrin, le secrétaire général de l'association. Une chose est cependant certaine : les assurés au tiers risquent de perdre gros. « Être assuré au tiers signifie que je prends le risque. C'est donc à moi de prendre la responsabilité en cas de dommages », ajoute Axel Pellegrin. Et l' « Act of God » dans tout cela ? « Ce n'est pas nous qui déterminons si cela entre en jeu, mais il y avait quand même un avis de fortes pluies émis par la station météorologique... », conclut notre interlocuteur.
PLAIGNEZ-VOUS À LA FSC La Financial Services Commission (FSC) ne s'occupe pas uniquement des activités bancaires. Selon l'Article 6 de la Financial Services Act de 2007, la commission a le pouvoir de « take measures for the better protection of consumers of financial services », y compris dans le secteur des assurances. A travers un communiqué émis hier, cet organisme a donc invité les personnes ayant subi des dommages lors des récentes inondations de déposer leurs plaintes auprès du Complaints Coordinator de leur compagnie d'assurance. Si la réponse de ce dernier ne les satisfait pas, ils peuvent alors s'en remettre à la FSC. Celle-ci demande par ailleurs aux assureurs de traiter au plus vite les réclamations liées aux inondations de samedi.
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ACTA PUBLICA
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NAVIN RAMGOOLAM
« Le radar de la météo est en panne depuis 2002 »
Hier, au Parlement, Alan Ganoo a axé sa Private Notice Question (PNQ) sur les inondations de samedi dernier, qui ont fait 11 morts. Le Premier ministre, qui a défendu les services météorologiques, a également parlé de l'équipe d'experts qu'il assemble afin de mieux gérer ce type de catastophe à l'avenir. La séance d'hier a aussi été marquée par le walk-out de l'opposition ▼ JESSEN SOOPRAMANIEN
I
l est 12h28 à l'Assemblée nationale. Après avoir insisté auprès du Speaker pour une dernière question supplémentaire suite à sa Private Notice Question (PNQ) sur les inondations meurtrières de samedi dernier à PortLouis, Alan Ganoo, hors de lui, se lève, récupère ses dossiers et quitte le Parlement. Il est suivi en cela des autres députés de l'opposition, non sans lancer de graves allégations à l'encontre du ministre des Infrastructures publiques. Ce dernier, impassible, hoche par moments la tête, tandis que les parlementaires de la majorité huent ceux de l'opposition. Tout avait pourtant bien commencé au début de la séance du jour. Après une minute de silence pour rendre hommage aux 11 personnes décédées suite aux inondations, Alan Ganoo a posé sa PNQ au Premier ministre. Le leader de l'opposition voulait s'enquérir auprès de Navin Ramgoolam des raisons pour lesquelles la station météorologique de Vacoas n'avait pas émis de communiqué pour informer le public des risques éventuels de fortes pluies et d'inondations, comme cela a été le cas à La Réunion. Dans sa réponse, Navin Ramgoolam a expliqué que la région de Port-Louis a enregistré 15 milimètres de pluie en l'espace de six minutes. Même dans les pays les plus avancés, avec les équipements les plus sophistiqués, avance le chef du gouvernement, il n'est pas possible de prévoir de tels événements avec précision. Jusque-là, mis à part quelques grognements venus des rangs de l'opposition, l'ambiance était bon enfant. Mais cela
Cette répartie devait mettre le feu aux poudres. Les députés de l'opposition, avec comme chef de file Rajesh Bhagwan, ont alors crié « honte » à l'adresse des membres de la majorité. Des deux côtés de l'hémicycle, on s'accusait de faire de la politique sur le dos des victimes. Le brouhaha était tel que le Speaker a dû se lever pour tenter, en vain, de ramener le calme n'allait pas durer. Le ton est monté d'un cran quand le Premier ministre a annoncé qu'il avait pris des mesures pour disposer d'une équipe d'experts comprenant des ingénieurs et des spécialistes de la gestion des catastrophes naturelles, composés de Singapouriens et de Britanniques, afin de revoir la stratégie globale à adopter en cas d'inondations. Navin Ramgoolam sera interrompu dans sa réponse par les tirades des députés du Mouvement militant mauricien (MMM) et du Mouvement socialiste militant (MSM). La moutarde montant rapidement au nez des députés, le Speaker Razack Peeroo a eu fort à faire
Canal Dayot, via le PMO
POUR AIDER les sinistrés des inondations de samedi dernier, il faudra désormais adresser vos dons en espèces au Prime Minister's Relief and Support Fund. Tel est la teneur d'un communiqué reçu, hier après-midi, du Prime Minister's Office (PMO). Soit trois jours après les évènements, et presque autant après que diverses ONG, telle que Caritas, des groupes de presse, et des centaines de simples citoyens se soient organisés pour prêter assistance aux démunis. Ceux qui veulent profiter de l'initiative tardive du PMO peuvent verser toute contribution sur le compte No. 61025100004021, à la State Bank.
ALLÉGATIONS. Anil Bachoo, ministre des Infrastructures publiques a été la cible de l’opposition
ALAN GANOO RÉCLAME UNE COMMISSION D'ENQUÊTE Après leur 'walkout', les membres de l'opposition ont tenu une conférence de presse pour réclamer une commission d'enquête afin de situer les responsabilités dans les inondations de samedi. « Malheureusement, je n'ai pas eu plus de temps pour le demander au Premier ministre au Parlement », a déclaré Alan Ganoo à la presse. Le leader de l'opposition réclame aussi les démissions du ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, et du directeur des services météorologiques. « C'est de l'incompétence meurtrière », a allégué Alan Ganoo, qui dit regretter que les recommandations formulées par le juge Bushan Domah en 2008 n'aient pas été suivies.
LE COMITÉ interministériel réuni le dimanche 31 mars pour se pencher sur la situation suite aux inondations sans précédent qui ont secoué la capitale la veille a été marqué par la violente sortie de Shakeel Mohamed contre les cadres de la Road Development Authority (RDA), et en particulier son directeur Cadress Dorsamy. Le ministre du Travail et des Relations industrielles, dont le père, Yousuf Mohamed, ainsi que le frère, Zakir, ont failli laisser la vie lors des inondations, a reproché à la RDA son incompétence. Selon certaines sources, le ministre devait évoquer les recommanda-
pour calmer les esprits. A l'heure des question supplémentaires, le leader de l'opposition a questionné le Premier ministre sur le manque d'équipements adéquats, surtout d'un radar, à la station météorologique de Vacoas. Citant plusieurs extraits du rapport du Fact Finding Committee sur les inondations qui avaient fait quatre victimes en 2008, Alan Ganoo a rappelé que le juge Bushan Domah avait déploré l'absence d'un radar. Lui donnant la réplique, Navin Ramgoolam a répondu que « le radar est tombé en panne depuis 2002, au moment où vous (Ndlr : l'alliance MMMMSM) étiez au pouvoir ». Cette répartie devait mettre le feu aux poudres. Les députés de l'opposition, avec comme chef de file Rajesh Bhagwan, ont alors crié « honte » à l'adresse des membres de la majorité. Des deux côtés de l'hémicycle, on s'accusait de faire de la politique sur le dos des victimes. Le brouhaha était tel que le Speaker a dû se lever pour tenter, en vain, de ramener le calme. Anil Bachoo, lui, encaissait les accusations de l'opposition en essayant tant bien que mal de les récuser. C'est alors que le Speaker a annoncé que la séance était levée et qu'il n'autoriserait plus de questions supplémentaires, l'ayant déjà fait 20 minutes plus tôt. Alan Ganoo, qui voulait poser une dernière question, a insisté, mais Razack Peeroo n'a pas bronché. Visiblement irrité, le leader de l'opposition a alors quitté l'hémicycle, suivi des autres membres de l'opposition, alors que fusaient de plus belles les critiques contre Anil Bachoo...
LA COLÈRE DE MOHAMED tions faites suivant les déluges du mois dernier auxquelles on avait notés l’obstruction majeures causées par les nouvelles barrières en béton sur l’autoroute. « Zot finn fer l’autoroute vinn la riviere… Zot bann incompetents », s'est emporté Shakeel Mohamed. Après cette remontée de bretelles devant un parterre de ministres, de Private Parliamentary Secretaries et autres haut cadres, Cadress Dorsamy devait récupérer ses docu-
ments pour quitter la salle. Il a alors été retenu par le ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, qui a joué au pacificateur. Les cadres de la RDA sont cependant pointés du doigt dans d'autres milieux, où on consi-dère qu'ils ont failli dans leur tâche de prodiguer des conseils techniques au gouvernement sur de nombreux projets, ainsi que leur proximité avec des contracteurs. (Voir reportage sur Canal Dayot et le tunnel de la mort en pages 26-27) n
ACTA PUBLICA PHOTO : NICHOLAS LARCHÉ
MERCREDI 3 AVRIL 2013 EDITION 123 | CAPITAL
APPEL. Cangayen Pillai, le dénonciateur du scandale financier Whitedot Consultancy, a reçu des menaces dans la soirée de mardi
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ernier développement dans l'affaire Whitedot Consultancy ; l'époux de Bimla Ramloll, cerveau de Sunkai, Mohit Ramloll, a été arrêté par le Central CID, hier, pour interrogation. Sunkai s'est d'ailleurs engagée à rembourser ses clients. D'autres noms risquent maintenant d'émerger. Le rôle d'un homme de loi se précise. Une déposition en ce sens sera fort probablement consignée, nous apprend Cangayen Pillai, le whistleblower de l'affaire Whitedot. L'avocat en question est réputé pour des white-collar crimes, tandis que la compagnie en question n'est pas inconnue des fichiers de la police. Capital a en sa possession une lettre envoyée à une présumée victime, en 2007, portant la signature dudit homme de loi, ainsi que le nom de la chambre où il exerce comme header. Il en ressort ainsi que cette affaire date de plus de cinq ans. Nous reproduisons la lettre ci-dessous:
« BIG DEALS » «Mr … has deposited the amount of Rs 400,000 with me, …, to be invested in the various businesses/enterprises to be undertaken by … Co Ltd. Mr... a partner with ...Co Ltd guarantees Mr … a return on his investment in the amount Rs 1,200,000 90 days from the date of the signature of this Agreement. Mr … further guarantees to pay Mr … the following amount Rs 1,200,000 every month for the whole duration of the contract which Mr … will be entering in with those companies based in Ghana, Africa. I, …, am a witness to this contract. And I further undertake to handover Mr …'s money (Rs 400,000) with ...Co Ltd.» Dans une autre lettre en 2008, le Managing Director de la compagnie fait ressortir : «We are grateful to you for the investment made in my company. This has contributed a lot for the expansion of … Co Ltd. We are now engaged in big deals, which will make ..Co Ltd one of the most wealthy companies in Mauritius. I accept that there has been delay in the conclusion of the deals, a situation that can create a bad impression. I would like to give you the assurance that you will not only recover the total amount of your investment but also the profit that you are entitled to benefit. The only mistake of the company has been to underestimate the long time it will
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RIAZ CROYAIT AU PÈRE NOËL La veille de Noël de l'année dernière, Riaz Mackey Moussa remet Rs 1,2 million en liquide à un agent de Whitedot Consultancy Ltd. Il est emballé à l'idée de recevoir le double de son investissement en très peu de temps. Sa confiance est d'autant plus grande parce que son frère avait déjà investi une somme initiale de Rs 500 000 et avait obtenu un mois d'avance dès le jour de l'investissement. A partir de là, son frère a obtenu ses dividendes sans aucune complication. C'est d'ailleurs lui qui conseille Riaz de se lancer. Ce dernier obtient également un mois d'avance sur la somme d'investissements. Mais depuis...il attend de retrouver son argent. « C'était une transaction en cash. L'agent a dû verser cette grosse somme dans une banque. Où étaient donc passés la FIU et la FSC, qui sont supposées détecter des transactions louches? » s'insurge-t-il.
take to conclude a such big deal. You will never imagine how time consuming it is to carry negotiations with our clients and partners abroad, to exchange correspondances, to see to it, through legal advise, that everything is set on paper in the appropriate legal frame in order that the interest on one and all is safeguarded [...]»
PONZI SCHEME
Une troisième compagnie et un homme de loi ciblés L'affaire Whitedot International Consultancy Ltd et Sunkai Co Ltd ne serait que le 'tip of the iceberg'. D'autres noms de compagnies commencent à émerger. Une, en particulier, intéresserait la police. L'implication d'un homme de loi soulèverait également bien des vagues
AGISSEMENTS LOUCHES L'enquête progresse à grands pas dans le Ponzi Scheme à la mauricienne. Les chèques des compagnies pointées du doigt, à savoir Whitedot International Consultancy Ltd et ses filiales, ont été versés dans deux grandes banques commerciales. Selon les documents en notre possession, il s'agit de deux chèques de Rs 1,500,000 versés dans une des banques en décembre 2012 et mars 2013. En ce qui concerne l'autre banque, la somme de Rs 1,000,000 y a été versée en janvier de cette année. Selon nos recoupements, il a été porté à l'attention du gouverneur de la Banque de Maurice que les banques en question avaient informé la Financial Intelligence Unit (FIU) des dits versements, avec mention : « suspicious transactions». Rundheersing Bheenick s'est dit « choqué » d'apprendre que cela ait pu se passer ainsi. Il a par la suite consignée une déposition à la police. Le scandale financier impliquant cette compagnie fait état de Rs 700 millions de placements d'investissements, avec pour principaux acteurs Arun Mossuddee, Bheemal Bissessur et Sanjeev Luchoomun. « Ces deux banques ont brassé des profits énormes à en voir leurs bilans financiers. L'argent des victimes est-il compté dans ces profits ? Où sont passés la Financial Intelligence Unit (FIU) et la Financial Services Commission (FSC) ? » s'interroge Cangayen Pillai qui nous dit avoir découvert toute cette affaire en septembre de l'année dernière, alors qu'il tentait d'aider des compagnies. Il a vite remarqué que certaines compagnies d'investissements offraient des intérêts incroyablement élevés, certains à 100%. Il se rend alors à l'Independent Commission Against Corruption (ICAC) pour dénoncer ces agissements pour dire le moins « louches ». Le Ponzi Scheme de Whitedot Consultancy est mis au grand jour quelques jours de cela.
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ACTA PUBLICA
MERCREDI 3 AVRIL 2013 CAPITAL | EDITION 123
MOHAMAD VAYID, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT DE LA FRANCOPHONIE POUR L’ENTREPREUNARIAT
« Gouvernement et gourous ne règlent pas les problèmes »
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'est dire que les intervenants à ce forum, tenu au Hennessy Park Hotel, à Ebène, n'ont pas fait dans la complaisance. Ainsi de Mohamad Vayid, président de l'Institut de la Francophonie pour l'Entrepreunariat (IFE) ; « Le Premier ministre a énoncé une politique ou une philosophie de démocratisation de l’économie. Le ministre de l’Enseignement tertiaire souhaite qu’il y ait un gradué par famille. Ce sont autant de rêves qu’on peut caresser assez longtemps ». Le panel d'intervenants comprenait également, outre Mohamad Vayid et Michel de Spéville, Krish Ponnusamy, ancien haut cadre de l'administration publique, et Nizaar Dowlut, président de Poster Graphics (PG) Group. Le thème des discussions était ainsi libellé : « How far has Mauritius gone in developing a "nation d'entrepreneurs" and what should be done to speed up the process? » Mohamad Vayid relève une contradiction dans le monde des affaires. Il observe qu'il n’y a jamais eu autant de Business Schools et d'étudiants dans les filières de Business Management. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de banqueroutes et d'économies qui s’éffondrent, même dans les pays les plus industrialisés. Il va même jusqu'à ironiser sur les 'gourous' et les 'génies' qui nous fréquentent régulièrement ; « Mais les problèmes persistent, que ce soit dans le secteur manufacturier ou le secteur touristique ». Dans un nautre ordre d'idées, Mohamad Vayid explique les difficultés rencontrées par les entrepreneurs à se faire connaître et ...accepter : « Surat produit des légumes et les hôteliers refusent d’acheter avec lui. Pourquoi ? Parce que monsieur Surat n’est pas dans le giron du secteur touristique. Quelques années de cela, il y a eu un entrepreneur qui a lancé la marque Julien R pour les chaussures, des produits de très
Un forum s'est tenu mercredi dernier, sur le « making of » d'une nation d'entrepreneurs. L'initiative était du Mauritius Business Growth Scheme (MBGS). À la fin de l'exercice, la vie des entrepreneurs n'aura certainement pas changé. Elle le sera si les autorités s'activent et fassent ce qu'il faut faire, a dit Michel de Spéville, fondateur du groupe FAIL NICHOLAS LARCHÉ
▼ JESSEN SOOPRAMANIEN
DÉFAUT. Mohamad Vayid regrette le manque du sens du risque dans les affaires
VENTURE CAPITAL Le Venture Capital consiste en un sous-ensemble de capital-investissement et correspond aux investissements en fonds propres dans des entreprises au cours des toutes premières années de leur existence. Les financements ainsi apportés permettent de constituer la société, de financer le développement d'un premier produit ou encore de financer sa fabrication et sa commercialisation. À ce stade, l'entreprise ne génère le plus souvent aucun profit. Le venture capital est de « l'argent alloué à des entreprises innovantes ou de recherche, en particulier dans le domaine des high-tech, dans lesquelles aussi bien les risques de pertes que le potentiel de bénéfices peuvent être considérables ». Il s'agit d'argent qu'on met dans de jeunes start-ups au destin incertain. Le risque, très réel, est compensé par le fait que les bénéfices, quand ils se matérialisent, peuvent être considérables. Un coup réussi, compense plusieurs qui échouent.
belle qualité. Mais malheureusement sa compagnie s’est effondrée après quelque temps, parce que l’entrepreneur ne maîtrisait pas vraiment la gestion financière ». Le président de l'IFE est d'avis qu’il faut créer un environnement beaucoup plus propice et porteur pour encourager les nouveaux entrepreneurs. Il regrette, sur ce plan, qu'il n'y ait pas, à Maurice, un Venture Capital Fund (voir hors texte). L'éternelle question de crédit a également été commentée par Mohamad Vayid qui trouve les banques « toujours très conservatrices, ne prêtant qu’aux riches ». S'il salue la démarche de la Banque de Maurice qui encourage les banques commerciales à être un peu plus ouvertes et à accepter de prendre des risques, le président de l'IFE constate que « nous n’avons pas ce goût du risque à Maurice, sauf le secteur privé. Sans le secteur privé, le pays n’aurait pas progressé autant qu'il l’a fait ». Reconnaissant, par là même, que les différents gouvernements qui se sont succédé à PortLouis ont su créer des condi-
tions favorables à ce développement, même si la bureaucratie de l'administration publique est parfois trop pesante ». Fondateur et présentement président directeur général de Food & Allied Group (FAIL), Michel de Spéville dit croire énormément dans les petites entreprises, lui-même ayant lancé un modeste poulailler dans un garage en 1966, avant de diriger, aujourd'hui, un groupe largement diversifié : agro-alimentaire, élevage, services, commerce, hôtellerie et logistique. Une petite entreprise, dit Michel de Spéville, permet de construire l'indépendance de soi. C'est aussi la semence du savoirfaire qui dépasse la simple idée de production mais qui permet une cohésion sociale en créant de la valeur matérielle et morale pour la population. Michel de Speville insiste beaucoup sur l'importance d'innover, de créer de la valeur ajoutée, des emplois et de la richesse. Krish Ponnusamy, plus de trente ans dans l'administration publique, prône, pour sa part, la promotion d'une cul-
ture de l’entrepreunariat dès le début du cycle secondaire, car cela ne se fait pas du jour au lendemain. Dispenser les Entreprenarial Studies dans les établissements scolaires est un bon début, dit-il, avant d'ajouter qu'à la tête de chaque entreprise, il faut un leader avec des valeurs. Après l'expérience, en nombre d'années et d'entreprises, de Michel de Spéville, le forum a voulu donner la parole à un jeune entrepreneur débutant. Nizaar Dowlut, tout juste 34 ans, est directeur de Poster Graphics Group, une entreprise brassant ,un chiffre d'affaires de Rs 300 millions. « J’ai dû me débrouiller tout seul pour arriver là où je suis aujourd’hui. Je n'ai pas été à l’université, j’ai arrêté mes études en Form V. Mais j'avais une vision où je voulais aller. L’accès aux finances est très important et demeure le premier obstacle de l'entrepreneur. Une anecdote : j’ai fait une demande d’emprunt auprès de la Banque de Développement (DBM) en 2008... J’attends toujours. Donc, il ne faut jamais se décourager. Si l’Etat ne peut vous aider, alors forcément il faut chercher d’autres alternatives », a confié le jeune entrepreneur. Ce à quoi Michel de Spéville a ajouté qu'il ne faut pas une nation d’assistés. A chaque fois qu’il y a un problème, il ne faut pas se tourner vers l’Etat, précise-t-il, tout en déclarant que les problèmes sont nécessaires et rendent plus forts. Quelle est la marche à suivre? « Il faut des décisions politiques très fortes. Le Premier ministre a annoncé qu’il veut faire de Maurice une nation d’entrepreneurs. La déclaration faite, maintenant qu’il fasse une action. Il faut se focaliser sur les problèmes » conclut Michel de Spéville.
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Pratique deux fois centenaire à Maurice, attirant des dizaines de milliers de Mauriciens à chaque journée, le sport hippique risque de connaître le même sort que le football si on ne prend garde. Une industrie qui agonise financièrement, sans en avoir l'air, et qu'il faut sauver
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PREMIÈRE JOURNÉE 2013. Le jockey Johnny Geroudis, pilotant le cheval Green Keeper, tentant de freiner la progression de Casey's War en l'agressant avec sa cravache. Geroudis a écopé d'une amende de Rs 100 000
MAURITIUS TURF CLUB
PEUT-ON IMAGINER DES COURSES SANS BOOKMAKERS ? ▼ RUDY VEERAMUNDAR
L
e mauvais temps qui a obligé, samedi dernier, l’annulation de la deuxième journée de courses de la saison 2013, était peut-être un signe : qu’il est temps de marquer une pause réflexion par rapport à la situation de l'organisation des courses en général. Loin de nous l'idée de nous intéresser à l’aspect sportif de la chose, ce qui n’est pas dans notre ligne éditoriale. Mais c'est la situation financière du Mauritius Turf Club (MTC) qui nous intéresse. En d'autres mots, l'avenir même du sport hippique à Maurice. Une industrie qui mobilise des foules et draine du « big money ». Du « very big money » en termes de paris. Sans compter les activités parallèles : publications spécialisées, transport, publicités ciblées, marchands ambulants etc. Une industrie agonisante, écrivons-nous. Mais ce n'est guère un scoop. Nous ne sommes pas les premiers à dresser un tel constat. Pas plus tard que le 23 février dernier, l’ancien commissaire JeanMichel Giraud déclarait, dans un entretien à l’express.mu, que « le MTC est dans une situation de crise ». Des paroles qui ne sont pas sans rappeler le commentaire
de Sir Anerood Jugnauth, qui quelques jours avant de se retirer de la State House, s'était dit choqué de voir que les casinos faisaient faillite. « Il n’y qu’à Maurice qu’une telle chose puisse arriver », avait déclaré SAJ. Car on pourrait appliquer la même remarque par rapport à la situation au Champ-de-Mars. Comment une industrie de courses hippiques peut-il accuser des pertes de Rs 12 millions ? Alors que les observations font état de presque un joueur par famille ! Jean-Michel Giraud n'est pas le seul à s'inquiéter de la situation financière du MTC et de l'avenir du sport hippique à Maurice. Ceux qui entretiennent encore un attachement à la riche histoire des courses à Maurice et qui aiment le cheval pour ce qu'il est, c'est-à-dire « une créature mystérieuse et divine », selon un proverbe indien, commencent à murmurer leurs ressentiments. Certains proposent un projet pilote s'inspirant des deux journées internationales : « L'idée est de rendre justice à tous ceux concernés, y compris l'organisateur des courses, c'est-à-dire le MTC. Nous pensons que certaines modifications doivent être apportées de sorte que chaque cheval participant a une chance réelle de gagner et que chaque entraîneur et propriétaire puisse augmenter ses
C’est un fait que plusieurs écuries éprouvent actuellement d’énormes difficultés à tenir financièrement, le prize money étant jugé « insignifiant ». Les bons chevaux et les bons jockeys sont chers et ce n’est pas facile de garder la tête hors de l’eau chances de gagner en retenant les services des meilleurs jockeys, à condition d'avoir de cash prizes alléchants ». Selon la formule actuelle des journées internationales, le nombre de partants est de huit et l'allocation des chevaux aux jockeys est décidé à travers un tirage au sort. Mais pour nos in-
terlocuteurs, il faudrait rendre les choses plus intéressantes, tant sur le plan financier que pour le spectacle. Car il faut se dire que nombreux sont les turfistes qui viennent au Champ de Mars pour le spectacle, et rien que pour le spectacle. Proposition : une vente à l'encan des jockeys. Ce qui fait que les meilleurs jockeys iront aux plus offrant. Une innovation qui pourrait rapporter au minimum entre Rs 1 à 2 millions par course : « En faisant une vente à l'encan pour les jockeys, le MTC pourra améliorer sa situation financière, les entraîneurs et propriétaires pourront s'offrir les meilleurs jockeys s'ils sont persuadés que leur cheval a une chance de remporter l'épreuve, tandis que les parieurs seraient ravis de voir leur cheval piloté par un jockey des plus compétitifs ». L'autre mesure, tout simplement « révolutionnaire » celle-là, est d'exclure les bookmakers du circuit et de laisser les opérations de paris qu'aux seuls deux opérateurs de Tote. Une telle mesure aurait les effets suivants : (i) Ce sera difficile d'influencer les résultats des courses ; (ii) cela permettrait une meilleure efficacité des commissaires de taxation, et (iii) une augmentation substantielle de revenus pour le MTC - comparé à ce qu'il perçoit des bookmakers, sans compter l'argent des sponsors.
Pour « révolutionnaire » qu'elle soit dans le contexte actuel des courses, l'idée, pourtant, n'a rien d'original. La formule existe déjà à Hong Kong, à Singapour et en France où les bookmakers ont cédé la place aux Totes, qui sont seuls autorisés à prendre les paris. C'est un fait que plusieurs écuries éprouvent actuellement d'énormes difficultés à tenir financièrement, le prize money étant jugé « insignifiant ». Les bons chevaux et les bons jockeys sont chers et ce n'est pas facile de garder la tête hors de l'eau. Le Tote serait également plus rassurant pour les parieurs, le MTC et la Mauritius Revenue Authority, car il y aurait plus de transparence et de justesse, observent nos interlocuteurs, ajoutant que l'argent encaissé pourrait servir en réinvestissant dans la qualité des chevaux, des jockeys et dans l'amélioration des infrastructures. « L'organisation des courses à Maurice est riche de 200 ans d'histoire, c'est notre patrimoine commun, il faut préserver son intégrité. Que serait Maurice sans son Champ-de-Mars et sans ses courses hippiques ? » plaident nos interlocuteurs. En gardant sans doute en tête le proverbe indien qui dit : « Le cheval ne nous appartient pas. La seule chose que nous possédons, c'est le devoir de nous en occuper correctement ».
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Le modèle de développement économique dominant doit se réinventer, plaide Thierry Catherine. Ce Mauricien est président de la Chamber of Inter Commerce of The Royal Academy of the United Nations - European Union. Cet organisme dit placer l'humain au centre de toutes ses entreprises et ses actions. La CICRAUN a des rpojets sociaux pour Maurice.
THIERRY CATHERINE, PRÉSIDENT DE LA CHAMBER OF INTER COMMERCE OF THE ROYAL ACADEMY OF THE UNITED NATIONS - EUROPEAN UNION
« NOUS VOULONS CONVERTIR LES INVESTISSEURS » ▼ JESSEN SOOPRAMANIEN ❚ Quelles sont les attributions de la
Chamber of Inter Commerce of The Royal Academy of the United Nations (CICRAUN) of the European Union ? Cette chambre a été créée sous l'égide de l'International Royal Academy of the United Nations, qui est un organisme, une organisation non gouvernementale (ONG) dûment enregistrée à Washington. Cette ONG a été fondée par le prince feu Mikhail Romanov (ndlr: de la dynastie Romanov qui régna sur la Russie de 1613 à 1917) et le duc Alexander Sokolinsky. Nous avons décidé de diversifier notre champ d'activité en créant une chambre de commerce pour promouvoir des échanges commerciaux, des projets sociaux économiques, l'énergie verte et des action humanitaires. La CICRAUN existe au Qatar, au Pakistan, au Bangladesh, en Ukraine, en Malaisie, entre autres. On a une autre vision de développement international, nous prônons le Green Energy et le Green Capitalism. Nous avons des projets de parc éoliens, de production d'électricté avec le courant de la mer et de panneaux solaires. Nous travaillons avec plusieurs societés dans la recherche, telle que Valcinte qui entreprend du vertical growth ; on fait des green houses où on peut planter sur huit niveaux. C'est comme pour les habitations, avec le manque d'espace on est obligé de construire en hauteur. Nous cultivons des légumes en hauteur. La nourriture va devenir un problème dans l'avenir. Certains pays n'ont pas la capacité financière, donc on va mettre en place des structures pour financer de tels projets. On a déjà réalisé des projets pilotes en Amérique et en Arabie saoudite. Nous visons particulièrement l'Afrique, parce que c'est là qu'on va manquer cruellement de nourriture. ❚ D'ou l'académie puise-t-elle ses
fonds ? On ne compte pas uniquement sur les investisseurs et les donateurs.
Une partie de l'académie traite du 'commodity trading', comme le pétrole, le ciment, l'or, le diamant etc. Une partie de la marge de profits est dédiée aux projets sociaux. ❚ Parlez-nous de vos projets pour
Maurice... On a déjà incorporé trois societés à Maurice : Mittgard International, Mittgard Golf Refinery et Mittgard Export. On a également enregistré une fondation, la World Serpent Foundation. Cette fondation s'occupera des projets socio-humanitaires. Nous allons investir dans le low cost housing. Le leitmotiv de la societé c'est : 'Un toit, de la nourriture, de l'éducation pour tous les enfants'. Nous avons déjà voté, entre les actionnaires, un budget de 50 millions de dollars pour ces projets. Il va sans dire que nous travaillons en concertation avec le gouvernement et les ONG qui sont sur le terrain. Nous allons bientôt installer une antenne de la C.I.C.R.A.U.N sur le terrtitoire mauricien. ❚ Le Green Capitalism, vous y
croyez vraiment ? C'est notre profonde conviction. Pour moi, il n'y a qu'une explication au problème de la pauvreté dans le monde : la richesse est mal distribuée. Il faut pouvoir aller vers les investisseurs qui ont accumulé des richesses et leur demander d'investir dans les projets d'énergie verte. Ces gens-là ont pris conscience, ils ont compris leurs responsabilités. Eux aussi souffrent de la crise. Ils savent très bien qu'il faut réinvestir leur argent et redistribuer les richesses. 2008 a été un réveil brutal pour beaucoup de gens très riches. Notre but n'est pas de rendre les gens plus riches. Mais d'amener une stabilité sociale. La répartition de la richesse concerne les gouvernements. A notre niveau, nous sommes une chambre inter-commerce privée qui fait de sorte que les petits trouvent leur place dans la cour des grands. ❚ Vous dites promouvoir l'énergie
renouvelable. Une centrale à
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Et si on parlait de ceux qui n’ont pas nécessairement de permis ? Les marchands de kebab, de mines frites sur nos plages ? Le gars qui investit plusieurs millions de roupies dans un restaurant et crée des dizaines d’emplois, c’est lui que les inspecteurs sanitaires ou du ministère du Travail vont visiter charbon est-elle recommandable pour Maurice selon vous ? Premièrement, je ne suis pas un expert dans l'énergie verte. Ensuite, je ne suis pas dans le secret des dieux pour connaître les intentions du gouvernement sur la question. Peut-être que c'est une histoire de coûts. En tout cas, les techniciens de l'Etat doivent savoir ce qu'ils font. Moi je vous donne un exemple de ce que l'Académie propose. Il y a une societé allemande qui fait des maisons avec toute la toiture en panneaux photovoltaïques. A Maurice, le soleil est en abondance. En Italie, après recherche, on a conclu que des panneaux d'un mètre carré peuvent produire 1 kilowatt d'électricité. Une maison a besoin de 4 kilowatts minimum. Ces panneaux captent non seulement le soleil, mais aussi les UV. Je ne vois pas pourquoi cela ne marcherait pas ici. Maurice a beaucoup de potentiel : soleil et vagues. ❚ Concrètement, des projets à
Maurice ? Nous avons soumis plusieurs projets au Board of Investment, notamennt une raffinerie d’or et de pétrole, une bourse de diamant et un Waste Water Treatment Plant. Nous attendons la réponse de l’organisme pour débuter ces projets.
réaliste et réalisable ? Pleinement. Je ne vois pas comment l'Afrique du Sud sera un concurent pour Maurice, par exemple. Je m'explique. Je connais le continent africain très bien. Mes partenaires et moi avons décidé d'implanter une raffinerie d'or à Maurice. On aurait pu le faire au Ghana, un des plus gros producteurs d'or d'Afrique. Maurice a une stabilité politique et sociale. Nous n'avons pas des ethnies qui s'entretuent entre elles. Bon on a des têtes brulées, mais les têtes brûlées on en trouve partout. Maurice est reconnu internationalement pour sa stabilité et son mode de gouvernance démocratique. Son système bancaire est nettement plus avancé que celui de l'Afrique du Sud. Vous savez, les investisseurs scrutent le rapport de la Central Intelligence Agency (CIA) avant d'investir dans un pays. Maurice est nettement plus stable que n'importe quel pays africain. Maurice est connu internationalement. C'est le travail de tous les gouvernements qui ont dirigé le pays depuis son indépendance. J’ai fait le tour du monde, j’ai rencontré des Mauriciens partout, même au fin fond de la Nouvelle Calédonie. Les Mauriciens sont des bosseurs. Cette qualité est reconnue partout. ❚ Quelle est votre analyse de la si-
❚ Vous êtes présent dans plusieurs
pays, plus particulièrement sur le continent africain. Maurice se positionne pour être le gateway to Africa. Est-ce une ambition
Président de la Chambre d’Inter Commerce de la Royal Academy of United Nations for the European Union & Africa, depuis avril 2012, Thierry Catherine est aussi à la tête de plusieurs autres œuvres caritatives. Toutefois, pour ce Mauricien que l'on rencontre tantôt en Allemagne, tantôt en France ou aux Etats-Unis, l'humanitaire et le caritatif vont de pair avec le développement économique.Il est à la tête de
tuation economique à Maurice ? J’ai quitté Maurice quand j’avais 19 ans. Aujourd’hui j’en ai 50. Cela fait 31 ans que je fais le va-et-vient entre Maurice et le reste du monde.
L’HUMANITAIRE plusieurs entreprises oeuvrant dans la recherche médicale, l’énergie verte, le développement de projets immobilier, la diamanterie et bientôt la restauration. Pourtant, rien ne présageait un tel élan d’entrepreneuriat chez Thierry Catherine. En effet, peu porté pour les études, il quitte les bancs de l’école
Beaucoup de Mauriciens pensent que l’herbe est plus verte ailleurs. Ce n’est pas forcément vrai. Voilà pourquoi je ne vais jamais changer de nationalité en dépit de nombreuses solicitations. Je suis fier d’être Mauricien. Bon c’est vrai qu'on passe actuellement par des moments difficiles, mais on est quand même mieux à Maurice. ❚ Vous vivez en Europe. Le concept
de shopping mall est adaptable pour Maurice ? Je fais une critique envers les conseils de district en ce qui concerne l’octroi des permis. A Pointe-auxCannoniers, là où j’habite, il y a deux quincailleries, l’une à côté de l’autre. Les camions de livraison sont là tous les matins, provoquant un embouteillage et un vacarme de plus en plus insupportables. Pourquoi avoir donné un deuxième permis ? Je ne comprends pas. Les shopping malls on les oblige à avoir des aires de stationnement. Et si on parlait de ceux qui n’ont pas nécessairement de permis ? Les marchands de kebab, de mines frites sur nos plages ? Le gars qui investit plusieurs millions de roupies dans un restaurant et crée des dizaines d'emplois, c’est lui que les inspecteurs sanitaires ou du ministère du Travail vont visiter. Je n’ai rien contre les marchands ambulants, mais il faut faire la part des choses. Ce qui est applicable à l’un doit l’être à l’autre. On me dira que c’est dans la tradition mauricienne, mais à l’époque il
après sa Senior et prend des cours de géomètre au SaintAndrews School de RoseHill. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’il comprend qu’il devra arrêter d’arpenter des terrains pour travailler derrière un bureau. Ainsi, il met fin à son bref parcours de géomètre et décide de suivre un Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) Restaurant à Curepipe. Son parcours hôtelier le conduira en Arabie saoudite, Nou-
VERTICAL GROWING The technology of plant and production will change drastically in the future. In order to make a profit on your farmland, or in your greenhouse, you will have to become more efficient. Water and energy will become more expensive and harder to obtain. High density growing has become standard in the agricultural and horticultural industry. Even though production has increased in the fields and in greenhouses there are still five hundred small farms and greenhouses going out of business every month. Steps need to be taken now to improve the efficiency of your farm or greenhouse to avoid becoming one of these statistics. Never before has there been a growing system that matches the cost and production possible with a high density vertical growing system. No other hydroponic or organic system can be installed as easily as the vertical towers of a high density vertical Growth (HDVG) garden. High density vertical hydroponic growing is the only practical outdoor hydroponic system and unlike many hydroponic systems it is easy to install anywhere. This unique system is a fraction of the cost of many of the current hydroponic systems. SOURCE: INTERNET
y avait des tricycles. C’etait plus hygiénique. Car les produits étaient conservés. J’ai remarqué que la mode de nos jours c’est une voiture qui arrive, le chauffeur qui descend et hop, il vend des plats de briani. Et le mec qui a investi dans un restaurant de briani dans tout ca ? il faut être raisonnable.
velle-Calédonie, Maldives. Après une mauvaise expérience avec un collaborateur, Thierry Catherine décide de se mettre à son propre compte et crée Bullion Investment Group aux Etats-Unis. Actuellement, il est vice-président de deux sociétés européennes et directeur d'une compagnie pétrolière allemande. Il est membre du RAUN depuis 2011. Cet organisme est une des entités qui évoluent dans
les domaines scientifique, éducatif, informatif et d'association culturelle. La RAUN est une organisation internationale indépendante opérant dans la sphère des Nations unies. Il est fait président de la Chambre Inter-Commerces de la RAUN (CICRAUN) en 2012. Il est aussi membre du comité de la CICRAUN au Qatar, au Pakistan et au Bangladesh.
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SEN RAMSAMY HEAD OF HOTELS, LEISURE AND TOURISM, KPMG MAURITIUS
“DO NOT TAKE TOURISTS FOR GRANTED”
L'an 2013 commence mal pour l'industrie touristique. Alors que Statistics Mauritius prévoyait un million d'arrivées, janvier et février ont accusé une baisse cumulée de 2,3% par rapport à la période correspondante, l'année dernière. Pour atteindre ce chiffre d'un million, il faudra réaliser une croissance de 5% chaque mois, estime Sen Ramsamy ▼ JESSEN SOOPRAMANIEN
L
e Head of Hotels, Leisure and Tourism à KPMGMauritius intervenait, vendredi dernier, à un forum de la Jeune Chambre Internationale, à l'Alliance française, à Bell Village. Le thème en était justement ; « Un million de touristes en 2013 : est-ce réalisable ? » Les autres intervenants à ce forum étaient Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer (CEO) de l’Association des Hôteliers et des Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), Donald Payen, Executive Vice-President d’Air Mauritius Ltd. L'économiste Eric Ng agissait comme modérateur. Sen Ramsamy pose plusieurs questions. La destination mauricienne est-elle toujours aussi attrayante ? En tout cas, selon ce professionnel du tourisme, l’image touristique que projette Maurice se résume toujours à soleil, plage et mer. Mais les attentes des touristes ont évolué avec la crise économique. Pour y répondre, les autorités touristiques ont pris le devant pour organiser plusieurs événements pour attirer davantage de touristes. Mais pas au goût de Sen Ramsamy. « Shopping malls ? J’ai des réserves. On le fait mal. Shopping fiesta ? On connaît le résultat. On veut concurencer Dubayy et Hong Kong en ce qui concerne le shopping ? Pourquoi faire un carnaval quand les Seychelles le font déjà ? Ok, on a agrandi l’aéroport, il y a plus de chambres dans les hôtels rénovés. Mais la majorité des touristes ne viendront pas ici pour le shopping ni le cranaval », observe Sen Ramsamy. L'intervenant au JCI
Forum a aussi fait des propositions. Il propose de promouvoir un tourisme de bien-être, incluant le yoga, le spa et la relaxation, un tourisme centré sur la musique, la cuisine et la culture mauricienne. Il faut créer des événements, avance le professionnel riche de plus de 5 ans pasés à Dubayy. « Il y a un gros travail à faire à Maurice pour stimuler la demande et rendre la destination attrayante et abordable par rapport à la situation économique mondiale. La commercialisation du produit mérite une meilleure approche par rapport à ce que font nos concurrents », dit-il. « We must not take tourists for granted, avertit Sen Ramsamy. Ce n’est pas parce que cela a marché dans le passé que ça va marcher demain et après-demain. C’est désolant de constater le niveau des services et la qualité des prestations dans les hôtels, et pas des moindres. C’est éffrayant, le mot n’est pas fort. Le prix des hôtels, destination haut de gamme que nous sommes supposés être, la cherté de la destination ne fait pas de nous une destination haut de gamme. Nous ne sommes plus haut de gamme mais nous sommes cher », constate sévèrement Sen Ramsamy. REVOIR NOS ATOUTS Il faut tout un 'package' pour attirer le client. Pas seulement les belles plages et le soleil. « Il existe un sérieux problème au niveau de l'environnement, de la courtoisie sur nos routes, de l'hygiène dans les restaurants », observe encore Sen Ramsamy. D'ailleurs, même nos atouts légendaires ne sont plus ce qu'ils étaient : « Le sourire, l’accueil, allez dire ça à Jamel Debouze qui a perdu son chapeau le temps d'un concert au Centre Vivekananda ». Si Sen Ramsamy reconnaît que « les hôteliers savent tra-
CONSTAT. Pour Sen Ramsamy, professionel du secteur touristique. Le niveau des services dans ce domaine est effrayant
SILENCE, ON RECULE Maurice n'est plus premier dans l'océan Indien et en Afrique sub-saharienne. Selon le dernier classement mondial du Forum économique mondial 2013 (FEM) publié en mars, Maurice perd sa première place au profit des Seychelles. Maurice dégringole à la 58e place dans ce classement, perdant ainsi cinq places par rapport à l'année précédente. Plusieurs critères sont pris en considération pour évaluer les secteurs touristiques des différents pays. Pour Maurice, la question des coûts a pesé lourd dans la balance, et passe de 18 à 75 en une année seulement. Cette majoration, explique le rapport, serait due à la hausse des tarifs hôteliers, des prix des carburants, des taxes sur les billets et autre frais aéroportuaires.
vailler », il se prononce surtout pour une vision à long terme au niveau du gouvernement et des institutions : « Il faut un sens de leadership au niveau institutionnel, opérationnel et politique. Il est grand temps qu’on élabore un nouveau business plan pour le tourisme ».
Pour Jocelyn Kwok, un million de touristes est le minimum à atteindre si des actions concrètes sont menées en 2013. C'est même vital. D'autant que la santé financière des hôtels n'est pas au top avec des dettes de Rs 43 milliards. Le CEO de l'AHRIM plaide
également pour des vols supplémentaires dans l’île, allant jusqu'à dire que « l'avenir du tourisme est étroitement lié à la configuration des services aériens sur Maurice ». Et Donald Payen, Executive Vice-President de la compagnie d'aviation nationale, de remettre les pendules à l'heure : « Les accords de pouvoir voler de point À à point B se font de gouvernement à gouvernement. Les droits aériens appartiennent aux pays et pas aux compagnies aériennes. Le problème, c’est que nous n’avons pas suffisamment de compagnies aériennes qui s’intéressent à Maurice, alors que nous le faisons pour un certain nombre de pays. Aucune compagnie d’aviation de Shanghai, de la Malaisie, d’Australie ou de Hong Kong ne souhaite exploiter les dessertes à Maurice », a-t-il indiqué. Partageant le point de vue de Sen Ramsamy, Donald Payen estime que les problématiques du secteur touristique ne se résume pas à l’aspect aérien. « Avec les mouvances dans le monde et les difficultés économiques, il ne faut pas se voiler la face. Il faut se réinventer d’une certaine façon, et il faut, plus que jamais comprendre, ce que veut le client pour qu’on soit en adéquation », conclut Donald Payen.
INSIDE
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SÉCURITÉ AU TRAVAIL
LA LOI N’EN DIT PAS ASSEZ A défaut d’être fatal, un accident de travail peut entraîner une amputation, un mal de dos, une fracture, une coupure, une brûlure. Qu’importe le degré de gravité de tels incidents, une loi – l’Occupational Safety & Health Act (OSHA) – existe pour les prévenir. Mais celle-ci est-elle assez explicite dans ses directives. Bryan Gujjalu, Chief Executive Officer d’APAVE Indian Ocean, conseiller et formateur en matière de sécurité au travail, brosse un tableau de la situation
▼ HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN
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n juin 2010, un opérateur est happé par une concasseuse et a la tête broyée. Le 15 novembre 2011, un jeune ouvrier de 21 ans meurt broyé à l’usine sucrière de Médine. En octobre 2011, l’écroulement de l’échafaudage d’un immeuble en construction à Ebène fait plusieurs blessés, dont un mort. Autant d’exemples d’accidents de travail qui suscitent, à chaque fois, l’émoi dans le pays. Pourtant, selon la loi, le lieu de travail doit être un lieu sûr. Mais est-ce le cas partout ? La loi actuelle – l’Occupational Safety & Health Act (OSHA) –
est-elle adéquate ? Et qui est à blâmer en cas d’accident, l’employé ou l’employeur ? Autant de questions qui se posent après un incident du type de l’incendie qui a ravagé le dépôt de pneus de L’Univers M, à Pailles. « On ne connaît pas le résultat des analyses, mais statistiquement, entre 40-50% des incendies sont d'origine électrique. Il y a de grandes chances que cet incendie soit parti d'un vieux tableau électrique ou d’une surcharge. Souvent, on construit une usine, et à mesure qu'elle grandit, on oublie d'augmenter la capacité des équipements et de l'alimentation électrique », explique Bryan Gujjalu, Chief Executive Officer d’APAVE Indian Ocean.
Cette société accompagne, conseille et intervient pour le compte d’industriels mauriciens pour maîtriser les infrastructures et faire de la prévention en matière de sécurité et éviter les accidents de travail, ainsi que la destruction du lieu de production. Ainsi, lorsqu’elle soumet son rapport après avoir mené une inspection annuelle, cela permet à l’entreprise ayant fait appel à ses services de prendre des décisions préventives. Y A-T-IL UN AUDIT DES RISQUES? A Maurice, bien qu'APAVE soit disposée à servir des particuliers et les institutions publiques, dans la réalité, c’est surtout le secteur privé qui fait appel à la
firme. Cela alors que, selon Bryan Gujjalu, l'Occupational Safety & Health Act (OSHA), qui date de 2005, mentionne l’obligation pour l'employeur de protéger l'employé, qu’il doit également informer des dangers qu'il peut courir dans le cadre de ses fonctions. La loi, cependant, mériterait d’être revue. « Si je ne me trompe pas, une refonte de l'OSHA est en cours. Cette loi date de 2005, alors qu’une loi du travail doit évoluer avec son temps, son industrie, les équipements et la technologie. Auparavant, on ne pouvait pas se blesser dans une boulangerie, parce que le travail était fait Suite en pages 12-13 n
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RIGUEUR. « Une loi du travail doit évoluer avec son temps, son industrie, les équipements et la technologie », déclare Bryan Gujjalu, le CEO d’APAVE Indian Ocean
de manière traditionnelle, alors qu'aujourd'hui, c'est devenu une usine avec des équipements coûteux. Tout s’est industrialisé et il y a beaucoup plus de risques », explique-t-il. L'OSHA, telle qu’elle est actuellement, est pleine de bonnes intentions, mais certaines recommandations sont très vagues et laissent beaucoup trop de place à l'interprétation. D'autre part, il n'y a pas suffisamment de directives. La loi spécifie, par exemple, que tout propriétaire d'usine doit mener un audit général des risques des installations durant les 21 ou 30 jours suivant sa mise en opération. Comment le faire ? Quoi vérifier ? A propos de cela, l’OSHA demeure vague. Il s’agit quand même de prendre un peu de recul pour vérifier et avoir une connaissance au niveau de l’hydraulique, de l’électrique, de la mécanique, de la pression, de la vapeur… Il faut en effet avoir un panel de compétences pour un tel audit. Or, s’il s’agit d’une petite entreprise qui, elle, ne possède pas nécessairement un Safety Officer, comment fait-elle pour procéder à ces vérifications, se demande le CEO d’APAVE. « Si j'avais quelque chose à dire pour assurer la sécurité au niveau des conditions de travail, ce serait de préciser les choses de manière quantifiable, plutôt que de laisser des intentions », lance notre interlocuteur. PRISE DE CONSCIENCE Récemment, la Mauritius Employers’ Federation (MEF) a effectué un sondage sur la question. Le résultat est frappant : à peine 10-15% des entreprises privées ont mené l’audit exigé par la loi. A quoi bon, peut-on se demander, de parler des obligations des entreprises dans une loi, si des contrôles ne sont pas menés pour vérifier si celles-ci s’y conforment, ou sont dans l’incapacité de s’y conformer ? Bryan Gujjalu se souvient que lorsqu’il est arrivé à Maurice en 2005, un paragraphe de cinq lignes, dans l'OSHA, sur l'électricité, l'a frappé. Ce paragraphe se lit comme suit : « All electrical apparatuses and conductors, including machines, equipment and fittings, shall be sufficient in size and power for the work for which they are used, and shall be so constructed, installed, protected, worked and maintained as to prevent danger ». Les installations devraient donc, selon le texte, être vérifiées par des personnes compétentes. Mais celui-ci peut donner lieu à diverses interprétations. Que veut dire « correctement installé ou construit » ? Par exemple, avance Bryan Gujjalu, si une entreprise mène un audit chaque 20 ans, cela veut dire qu’elle est conforme à la loi, qui ne spécifie pas la fréquence d’un tel exercice, mais une telle pratique n'est pas raisonnable. Il en va de même pour les « personnes compétentes » chargées de mener cet audit. Leur faut-il des certificats ou un certain nombre d'années
L’OSHA mériterait d’être approfondie en ce sens. En Europe, pour chaque domaine technique, il existe des pavés de 200-300 pages. Tout est détaillé. Mais à Maurice, on a un seul document qui comprend tous les domaines Bryan Gujjalu
d'expérience ? « L'OSHA mériterait d'être approfondie en ce sens. En Europe, pour chaque domaine technique, il existe des pavés de 200-300 pages. Tout est détaillé. Mais à Maurice, on a un seul document qui comprend tous les domaines », déploret-il. Maurice pourrait donc mieux faire en matière de sécurité au travail, bien qu’il y ait eu des améliorations à ce niveau, de même qu’en ce qu’il s’agit de la prise de conscience des employés quant à leur droit de travailler dans des conditions respectables. Pourtant si les accidents du travail continuent, c’est que d’un côté, on est loin du niveau de conscientisation atteint en Europe, et de l’autre, les compagnies en infraction avec la loi paient des amendes minimes au vu de ce qui se fait ailleurs. « Tant que le coût d’un handicap ou d'un accident ne sera pas plus fort que la prévention, il sera économiquement normal que les entreprises fassent le choix d'outrepasser certaines mesures », analyse Bryan Gujjalu. Pour ce dernier, les choses évolueront
quand les gens réaliseront que le coût d’un accident n’est pas qu’un coût direct (pénalités payées aux institutions, dépenses pour réparation de dégâts…), mais concerne aussi l’image de la compagnie et la méfiance qu’elle génère chez les employés. Des aspects qu’on peut difficilement mesurer, mais dont le coût, selon des études internationales, sont trois à cinq fois plus importants que les coûts directs. Souvent, les employés eux-mêmes ne sont pas conscients que ne pas porter les équipements de sécurité peut leur être fatal. Il faut leur expliquer cela, fait ressortir le CEO d’APAVE, qui ajoute que des fois, même si les employeurs font preuve de bonne volonté, ce sont les employés qui refusent. Certains, par exemple, ne veulent pas porter de gants parce qu’ils rendent les mains moites. « Je suis formateur, et j’ai eu l’occasion de former les employés au bas de l’échelle, soit les ouvriers. Je peux vous dire qu’ils en ressortent les yeux grands ouverts. Ils sont surpris de voir les images que je leur montre », conclut notre interlocuteur.
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150 ANS D’EXPERTISE Le groupe français APAVE International, vieux de 150 ans, a accompagné le développement industriel européen. Tout a débuté en 1860, lors de la révolution industrielle ponctuée par l'utilisation des chaudières et de l'énergie-vapeur. Cette technologie n'était pas maîtrisée au départ et les chaudières explosaient. Il fallait y remédier. Les industriels possédant plusieurs chaudières ne pouvaient pas embaucher un ingénieur-pression pour le contrôle pendant deux à trois semaines uniquement, car cela coûtait cher. Alors ils décidèrent de créer un pool d'experts, un genre de coopérative, où chaque industriel pourrait retenir les services de l'ingénieur-pression à tour de rôle. D'où l'Association des Propriétaires des Appareils à Vapeur (APAV). La vapeur a en-
suite permis de générer de manière massive l'électricité pour faire tourner les turbines. Ainsi, l’APAV devint l'Association des Propriétaires des Appareils à Vapeur et Électriques (APAVE). A mesure que l'industrie prenait son envol – aéronautique, télécommunication… – APAVE agissait afin de garantir le respect de la sécurité, c.-à-d. éviter les accidents pendant l'utilisation des équipements. « Aujourd'hui, notre corps de métier est d'offrir des conseils, des inspections et des formations pour mettre à jour les risques dans les lieux de travail tels les usines », explique Bryan Gujjalu. APAVE possède ainsi 43 filiales à travers le monde pour mieux répondre aux exigences des industriels. L'implantation mauricienne – APAVE Indian Ocean – date de 2002. « L'idée
était de rayonner dans l'océan Indien, et surtout de créer une base d'expertise du groupe APAVE à Maurice, puisque nous avons l'avantage d'être bilingues », poursuit-il. Quant à Bryan Gujjalu, il a étudié l'ingénierie électrique en France, à l'Institut National des Sciences Appliquées (INSA), basé à Lyon. En 2000, il a terminé son cursus avec un Master in Business Administration (MBA) à l'Institut d'Administration des Entreprises (IAE) à Montpellier. De retour à Maurice en 2002, il a occupé le poste de Head of Services & Industries, mais aussi celui d’Electrical and Thermal IR Inspector pour le compte d'APAVE Indian Ocean Ltd. En 2009, il a été promu General Manager, avant de devenir le CEO de la compagnie en 2012.
INVESTIR DANS LA SÉCURITÉ APAVE Indian Ocean compte plusieurs types de clients, mais il est plus facile, selon Bryan Gujjalu, pour une grande entreprise de retenir les services d’une telle firme, puisque souvent, il s’agit d’une filiale d’une société internationale, qui est obligée de respecter des normes internationales. Ce qui rend les choses plus faciles pour APAVE, puisque ses services seront déjà connus du client. « Puis, vu qu’elle est une grande entreprise, elle est prête à investir pour assurer la sécurité de ses employés.
Mais on a travaillé aussi pour des entreprises de dix personnes », ajoute le CEO d’APAVE Indian Ocean. Cela dépend surtout de la déontologie du client et de sa confiance dans ce qu’APAVE peut lui apporter. « Souvent les rapports d’APAVE mettent le doigt sur beaucoup de choses. On souhaiterait avoir plus d’individus pour mieux les aider, mais on comprend qu’il est difficile de caser le coût d’une inspection dans un budget ménager restreint », nous confie Bryan Gujjalu.
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A risque dans mon bureau TOUT BÂTIMENT doit avoir les éléments nécessaires afin d’assurer la sécurité et le confort des employés qui y travaillent. A commencer par les équipements de lutte contre les débuts d’incendie. Il faut ainsi une sécurité intrinsèque du bâtiment; c'est-à-dire dès la construction du bâtiment, le concepteur doit penser aux détecteurs de chaleur et de fumée, aux ‘sprinklers’, aux robinets d’incendie armés, qui sont connectés à un réservoir et une pompe suffisamment armés. « A Maurice, je parie que dans certains bâtiments hauts de 10 ou 25 étages, la pompe n’est pas dimensionnée comme il faut. Chaque trois étages, il faut une barre de pression », explique Bryan Gujjalu. Il faut aussi des extincteurs qui ne doivent pas être espacés de plus de trente mètres. Ainsi, n’importe quelle personne peut, en environ quinze mètres de marche, avoir accès à un extincteur. Chaque entreprise doit avoir une procédure claire de ce qu’il faut faire en cas de début d’incendie, qui il faut prévenir, et former ses employés sur comment gérer une telle situation. Il faut également des mains
courantes pour les escaliers dans les bureaux, un bon éclairage et une bonne ventilation. C’est le côté ergonomie du travail. Ces aspects sont tout aussi importants pour éviter les problèmes de santé irréversible. « On se souvient du scandale de l’amiante. Après 30 ans, le plafond commence à se détériorer et les gens respirent les particules d’amiante. Ils commencent à développer des cancers. Tous les métiers ont leurs risques », ajoute notre interlocuteur. Savoir quels sont les risques de son métier et se donner la chance de les éviter, c’est le droit fondamental de chaque employé.
Chantiers : dangers à combattre, normes à respecter LES ACCIDENTS de travail sont plus fréquents sur les chantiers de construction qu’ailleurs. Les dangers, en effet, y semblent partout présents : échafaudages qui s’effritent, risques de chute – de l’employé ou d’objets sur l’employé –, de membres sectionnés, d’électrocution… Ces dangers sont les mêmes partout, à Maurice, comme en France, selon Bryan Gujjalu, car les chantiers sont souvent sous pression. Il y a des croisements de divers corps d’états, par exemple les bétonneuses et ceux qui viennent pour les travaux électriques, ce qui est favorable aux accidents. S’il y a toujours un facteur chance, on se doit d’agir là où on peut. En France, par exemple, lorsqu’il s’agit d’un gros chantier – où une quinzaine de corps d’états se rencontrent – on monte une petite unité qui s’appelle le CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et de Conditions de Travail), car la multiplicité des intervenants est propice aux accidents. Ce comité contrôle les va-et-vient des différents intervenants et met en place des mesures permettant le bon déroulement des activités du chantier. Les délégués ont quant à eux pour mission de tenir un registre
d’observations portant sur la sécurité. Ils doivent également signaler les infractions aux règles de sécurité aux ingénieurs chargés des contrôles. « Bien sûr, il y a toujours des petits malins qui contournent les mesures. Cela, parce qu’il n’y a pas suffisamment de contrôle pour que les procédures soient respectées, et deuxièmement, par inconscience. Ils n’en voient pas l’intérêt pour la compagnie et pour eux-mêmes », explique le CEO d’APAVE Indian Ocean. De plus, ces procédures ont un coût et peuvent ralentir le chantier. L’IMPORTANCE D’UNE CTC A Maurice, la construction d’un bâtiment ou d’une usine, implique le client, qui finance le projet, alors que les personnes chargées de mener à bien la construction sont un Project Manager, des designers, des architectes et les contracteurs. Le système français, lui, fait également appel à des tierces parties, comme Apave, qui sont parfois mandatées pour être les yeux et les oreilles du client, qui lui n’est pas un technicien. OBSERVATION. « Il y a toujours des petits malins qui contournent Aujourd’hui, quand une les mesures. Cela parce qu’il n’y a pas suffisamment de contrôle... », construction se fait à Maurice, déplore le CEO d’APAVE c’est le contracteur qui émet le
‘test certificate’, alors qu’un installateur électrique – pour les câbles – fait les tests et soumet une ‘inspection sheet’. « Je vous pose la question : est-ce que vous voyez vraiment un installateur ou un contracteur dire véritablement si tel ou tel matériau fait défaut, et qu’il a été remplacé, mais qu’il n’est pas de la bonne taille ? Non, ils vont tous dire que tout est correct. Le client ne va pas se poser des questions. Il va simplement croire le bout de papier attestant que tout va bien », déplore Bryan Gujjalu. D’où l’importance d’une tierce partie qui peut mener une CTC (Contrôle Technique de Construction) et vérifier si dans les étapes importantes de la construction, les bonnes pratiques ont été respectées. Selon notre interlocuteur, le client accepte de payer pour ce service parce que l’assurance, par exemple, refuse de garantir le projet si ce contrôle n’est pas effectué. APAVE a d’ailleurs ouvert un bureau de CTC depuis un mois déjà. « Cela fait dix ans que nous existons, mais c’est la première fois que nous avons eu une telle demande. C’est en train d’évoluer à Maurice », conclut Bryan Gujjalu.
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MCCI ECONOMIC REVIEW 2012
La baisse de l'investissement privé inquiète
Prononcant son dernier discours en tant que président sortant de la Mauritius Chambers of Commerce & Industry (MCCI), Cedric de Spéville a mis l'accent sur l'investissement qui demeure un véritable « cause for concern ». La même idée est reprise dans le dernier Economic Review 2012 de la Chambre. Si cette tendance se maintient, plusieurs indicateurs passeront au rouge, préviennent les experts de la Chambre ▼ HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN
GANESH RAMALINGUM REMPLACE CEDRIC DE SPÉVILLE
L
'investissement en général est en berne. En 2009, il contribuait à hauteur de 29% au Produit Intérieur Brut (PIB), et 23% en 2012. Mais le pire est que l'investissement privé s'est contracté de 4 points en 2012, ne reflétant que 77% des investissements. Le moins que l'on puisse dire, c'est que sans être agressif, Cedric de Spéville n'a pas fait dans la dentelle. « Nous ne pouvons penser qu'au court terme, au détriment du long terme. Nous devons continuer à investir dans l'infrastructure car cela a un impact sur notre productivité. Nous ne pouvons fermer nos usines un jour à cause de pluies torrentielles, un autre à cause de la sècheresse. La remise à niveau de notre réseau de distribution d'eau aurait dû être faite depuis longtemps », a déclaré Cedric de Spéville à l'assemblée générale de la Chambre. Ces arguments sont repris dans l'Economic Review 2012 de l'institution. On note que pour la deuxième fois en trois ans, le Gross Domestic Fixed Capital Formation (GDFCF) a chuté. Alors qu'en 2010, le GDFCF a contracté de 0.7%, l'année 2011 donnait une lueur d'espoir et la confiance des investisseurs était de retour, la croissance de GDFCF augmentant de 1.4%. Or, en 2012, la si-
Nous ne pouvons penser qu'au court terme, au détriment du long terme. Nous devons continuer à investir dans l'infrastructure car cela a un impact sur notre productivité. Cedric de Spéville
La 164ème Annual General Meeting (AGM) de la Mauritius Chambers of Commerce & Industry s'est tenue jeudi dernier. A l'occasion, le plus jeune président de la Chambre a cédé la place à Ganesh Ramalingum, représentant de l'Outsourcing & Telecommunications Association of Mauritius (OTAM). Mis à part le président, un nouveau vice-président a été élu en la personne de Sébastien Mamet, responsable de Terragri Ltd. Trois ministres étaient présents à l'occasion : Arvin Boolell, ministre des Affaires étrangères ; Cader Sayed Hossen, ministre de l'Industrie et du Commerce ; et Jim Seetaram, ministre de l'entreprise et des Coopératives.
tuation se détériore et l'indicateur affiche une croissance négative de 1.3%. Le rapport de la Chambre fait ressortir que depuis l'éclatement de la crise, en dépit d'un GDFCF croissant, il y a eu un shift entre le pourcentage d'investissement du secteur privé et celui du public. L'écart s'est même accentué. Par exemple, cinq années de cela, soit en 2008, l'investissement privé représentait 83.2% du GDFCF. Le chiffre atteint 76.9% et 76% en 2011 et 2012 respectivement. « Cette situation reflète la chute du niveau de profitabilité des compagnies, ainsi qu'un manque de confiance et de visibilité dans le court et moyen terme, ce qui empêche les entrepreneurs à engager leur capital dans de nouvelles avenues », peut-on y lire.
Par contre, la croissance du GDFCF est le résultat d'une hausse de l'investissement public. Ce dernier représente 24% du GDFCF en 2012, comparé à 23.1% en 2011. Et si l'investissement public a contracté de 4.7% en 2011, il a connu une croissance de 2.7% l'année dernière. Les travaux d'infrastructure ont joué un grand rôle. « On pourrait avancer que la dépense publique a contribué à maintenir le GDFCF plus ou moins stable », soutient le rapport. Toutefois, la croissance à un taux de 2.5% de l'investissement privé suscite l'inquiétude des acteurs économiques. Au cours des quatre dernières années, seul 2011 a témoigné d'une croissance positive. « Cette croissance négative risque
d'avoir des effets adverses sur la croissance en général, le taux d'emplois et la capacité productive de l'économie dans le moyen et le long terme », fait ressortir l'Economic Review 2012. Autre indicateur qui devient alarmant ; le taux d'investissement, c'est-à-dire le ratio GDFCF-PIB. Cet indicateur représente la proportion d'investissement (Income) qui est ré-investi au sein de l'économie. En 2009, le taux a atteint 26.4%, et 23% en 2012. Alors qu'idéalement, le taux d'investissement devrait être 30% pour une économie en développement afin de générer une croissance stable. «GDFCF in Mauritius is being sustained by governmental actions. Investment in infrastructure is necessary for the future. However, the Government will not be able to sustain this level of activity for a long time. Major projects are coming to completion. If the level of private sector investment continues on this trend, several economic indicators are likely to worsen in the near future», relèvent les rédacteurs de l'Economic Review 2012. Une comparaison approfondie démontre que la structure de l'investissement a été modifiée au fil des années. En 2009, un pourcentage de 33.9% de l'investissement était consacré à la construction des bâtiments résidentiels. En 2012, le pourcentage atteint 40.5%. Entretemps, la part de la construction de bâtiments non-résidentiels chute de 45.1% en 2009 à 34.6% en 2012. D'autre part, les dépenses et revenus ont été moins que ce qu'attendaient les acteurs économiques pour l'année 2012. «This is a matter that should be looked into. For the coming years, the Government should ensure that expenditure in major infrastructural projects should undergo no lags, as this will add the burden of higher costs on top of the delay in the progress of the economy», soutient la Chambre.
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COOPÉRATION
▼ VRISHNI VALAYDON
M
aurice et la Zambie ont signé un accord jeudi dernier portant sur plusieurs domaines de coopération. Cela à l'issue d'une réunion de deux jours dans le cadre de la deuxième session de la ‘Zambia/Mauritius Joint Permanent Commission of Cooperation’. Le gouvernement mauricien était représenté à la cérémonie de signature par son ministre des Finances et du Développement économique, tandis que la Zambie était représentée par son ministre des Affaires étrangères, le Dr Effron C. Lungu. « Maurice est heureux de signer cet accord qui démontre l'engagement de l'île de continuer à collaborer avec la Zambie dans les différents secteurs qui peuvent être des avantages mutuels pour les deux pays et tout en favorisant la coopération transfrontalière », a dit Xavier-Luc Duval. DEUX PROTOCOLES D’ACCORD L'accord comprend des avenues de coopération dans plusieurs domaines, dont, entre autres : le commerce et l'investissement, les services financiers, l'intégration économique, l'agriculture, la protection de l'environnement, la coopération culturelle, l'égalité des genres, le tourisme, la santé, l'éducation, la science et la technologie, la jeunesse et les
Accord Maurice-Zambie
DÉCLARATION. Pour le ministre des Finances, l’accord avec la Zambie favorisera la coopération transfrontalière
sports, l'énergie et l'eau, le logement, les questions légales, l'emploi et les relations industrielles. Quant aux discussions futures, elles aborderont, entre autres sujets, les problèmes de l'accès aérien, la gestion des ports, des frontières et des procédures d'immigration, les relations entre les Chambres de commerce respectives ainsi que dans le domaine de la santé et particulièrement du VIH/sida et de la sensibilisation. Le ministre Duval a aussi annoncé que Maurice et la Zambie feront égale-
ment finaliser deux protocoles d'accord (Memorandum of Understanding) en ce qui concerne l'accroissement des services et l’éventail de services aériens bilatéraux qui seront signés très prochainement entre les deux pays. Le ministre des Affaires étrangères de la Zambie, le Dr C. Effron Lungu, a dit que le succès de la Joint Permanent Commission of Cooperation entre la Zambie et l'île Maurice, a confirmé les synergies de l'alliance entre les deux pays. La Zambie a connu un taux de crois-
IBL solidaire des enfants vulnérables LE 27 mars dernier, l’IBL Foundation de la compagnie IBL, a orga-nisé une cérémonie officielle de remise de chèques à dix organisations non-gouvernementales (ONGs) dans le cadre de ses projets de Corporate Social Responsibility. La compagnie donatrice était représentée par Nicolas Merven, Chairman d'IBL Foundation, Cécile Henry, Senior Manager Communication et CSR et Nicolas Maigrot, CEO du groupe IBL. Le montant totale des donations accordées s'élève à
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Rs 2 255 000. La dizaine d'Ong bénéficiaires oeuvrent dans le domaine de soutien aux enfants vulnérables. Les écoles ou ONG qui ont perçu une donation sont, entre autres; SOS Femme, SAFIRE, LEAD, Mahébourg Espoir, le collège du Saint-Esprit de Rivière-Noire et Association Solidarité Maman. Les donations aideront à financer l'achat de matériel scolaire, de la nourriture et le transport des enfants des différents
centres, à subventionner les ONG et centres pour les salaires des animateurs, enseignants et puéricultrices. L’IBL Foundation a touché, depuis sa fondation en 2009, plus de 100 000 enfants à travers près de 400 projets. Pour l'année financière 2013, le budget CSR de la compagnie tourne autour des Rs 8 millions. De plus, la Fondation IBL couvrira pendant cette période une vingtaine de projet en collaboration avec des ONG et des écoles.
OBJECTIF ATTEINT. L’IBL Foundation a touché, depuis sa fondation en 2009, plus de 100 000 enfants
sance impressionnant de 7,5% en 2012. « Nous croyons dans le développement de Maurice et de l'Afrique et, pour cela, il nous faudra enlever les barrières tarifaires sur les produits et services », a laissé entendre le ministre mauricien. Il a aussi rappelé que Maurice offre à partir de cette année une cinquantaine de bourses d'études tous frais payés à des étudiants africains, dont deux Zambiens. Ce nombre pourrait augmenter dans les années à venir en fonction de la demande des pays du continent.
2e édition du HR Excellence Awards
SATISFAIT DU déroulement de la première édition du HR Excellence Awards en 2011, le Human Resource Development Council (HRDC) a décidé de remettre cet événement sur le devant de la scène. Le HR Excellence Awards 2013 a été lancé, vendredi dernier, au siège de l'organisme, à Ebène. Les interessés ont jusqu’au 31 mai prochain pour faire parvenir leur acte de candidature au bureau du HRDC. L’entrée des professionnels en ressources humaines à cette compétition peut être enregistrée à titre personnel (HR Professional Category) ou au nom de la compagnie qu’ils représentent selon leur choix (Organisation Category). Les formulaires d’application et les critères de sélection sont disponibles sur la page web du HRDC: www.hrdc.mu/hrawards.htm Les noms des gagnants seront connus lors d’une soirée de gala qui aura lieu à Le Méridien Hôtel le 18 octobre prochain. Le HR Excellence Awards est un concours qui vise à reconnaître et récompenser les professionnels des ressources humaines de même que les entreprises mauriciennes qui ont su intégrer les meilleures pratiques en matière de ressources humaines dans leur stratégie de développement. L'objectif est de sensibiliser les employeurs afin qu'ils investissent davantage sur le développement de leurs employés, renforçant ainsi la gestion des ressources humaines sur le plan local.
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POST SCRIPTUM
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The ensuing euro crisis is causing much harm to the Mauritian tourism sector given the country’s over concentration on Europe, albeit recent efforts to diversify our markets. Undeterred by the bleak outlook in 2011 and 2012, the present government is committed to fulfill its mission in propelling the tourism industry and enabling its unparalleled recovery and growth with a view to attain 1 million arrivals in tourists by end of this year
TRAVEL LANDSCAPE
GLOBAL CHALLENGES FACING THE MAURITIAN TOURISM SECTOR
T
REVIEW BY ECONOMIST VIRENDRA POLODOO
he industry worldwide continues to be affected by a number of factors. Global exchange rate volatility, oil prices and fuel hedging costs affect airline profits and tourist volumes alike. Although jet fuel and crude oil prices are still significantly below the 2008 peak, they are rising steadily. Oil prices have an impact on aviation fuel prices, the cost structure of the global tourism market, and the affordability of access to long-haul destinations, such as Mauritius. A further cost driver relates to the policy response to climate change. Of particular concern is the absence of a multilaterally agreed regime for managing international aviation emissions, and the imposition of discriminatory, unilateral taxes, which are adding significantly to the cost of travel for already-weak leisure travellers from Europe. The new aviation taxes in the United Kingdom, Germany and Austria are expected to add 2–4% to ticket prices, with a material adverse impact on passenger num-
bers, which are already weak from Europe. Pressure is building up to make this a collective public policy issue, and various long-haul destinations in the developing world are coordinating efforts to call for a multilaterally agreed framework, and, at the very least, that revenue collected for so-called green taxes on international travel and tourism be earmarked for green innovation and growth in the sector, with full involvement of the sector’s stakeholders. “ROADMAP TO RECOVERY” Despite travel demand being pretty robust, consumer confidence in the aviation sector has not recovered in the same way as business confidence. Globally, airlines find themselves under pressure, with passenger numbers having declined by some 15% in 2012. Airline analysts expect headwinds in leisure travel to continue for up to another three years, especially from Europe, and a midcycle market slowdown in passenger numbers is also forecast for 2013. This risk is exacerbated by the shift from government fiscal stimulus to austerity
measures in much of the Eurozone. That said, future prospects are more upbeat, with 2,5% growth in air travel demand expected in North America and 3,4% in Europe for 2013. An average annual increase of 8,4% over the next 20 years is forecast for China. Changes in technology have also resulted in major changes in the way the tourism industry does business. The Internet has become an important source of information for travellers, providing them with an opportunity to obtain information both directly from destinations and tourism businesses as well as from fellow travellers through social networking, blogs and travel advisory websites. Where being wirelessly connected was something unusual a couple of years ago, it is now expected that travellers will be provided with an opportunity to connect. New technology could facilitate a platform for unlimited choices, where tourists tailor-make their desired experiences, and will increasingly make longhaul destinations more accessible in the global marketplace. However, it will also make competition tougher, and, as such,
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also poses a threat. Technology is increasingly substituting the traditional travel agent and other commercial enterprises as the chief mediator between customers, tourism destinations and a range of travel services. In future, the integration of information technology, mobile technology, social media and e-marketing will increasingly drive the choice of destinations, the tailoring of holidays, and new ways of booking and paying for travel. That said, this is a rapidly evolving space characterised by the parallel rise in mobile technology and social media. It is not clear as yet how social media will evolve in the next few years, and which technology medium will win the race in the consumer mindset. Travel and tourism have also begun to establish its place on the green growth agenda. The importance of the green economy is highlighted as one of the three focus areas of the “Roadmap to Recovery”. According to almost half of European business travellers, company environmental policies affected their travel behaviours. More and more travellers are interested in finding out more about the local social and environmental issues before booking a holiday. A carbon-constrained world will not affect airlines alone. In far less than a decade, a low-carbon value chain for the tourism sector will be an increasingly important driver of competitiveness. Not only will industry in the near future be faced with the changing preferences of consumers who want to travel responsibly, as well as increased shareholder activism, but, from government’s side, they can also expect a much tighter regulatory framework on issues of the green economy. In this regard, the World Travel and Tourism Council (WTTC) has already committed to a 50% reduction in CO2 emissions by 2035. The aviation sector [International Air Transport Association (IATA)] aims for a 1,5% improvement in fuel efficiency per year up to 2020; carbon-neutral growth or a cap on emissions from 2020, and net carbon emissions of 50% below those of 2005 by 2050. INNOVATOR STRATEGY The shift to low-carbon cities presents many indirect opportunities in providing the required innovation, technology deployment and new market offerings on the adaptation and mitigation sides – not least for green entrepreneurs, green work forces and decent green work, and green investment in tourism related infrastructure, such as hotels, land transport, airports and conservation assets. Moreover, particular opportunities in the tourism sector include green building design and sustainable land transport, the energy-efficiency retrofitting of accommodation establishments and other hospitality infrastructure, and the enhanced roll-out of renewable energy sources and improved waste management. Market trends that are affecting the tourism industry in Mauritius include demographics and lifestyle changes (e.g. ageing travellers, more young people
travelling and reduced leisure time). More people are interested in volunteering (combining unique travel opportunities with meaningful volunteer work); gap years are not only taken by the youth, and travellers are looking for authentic and niche experiences, among other trends. The demand for massbased leisure tourism is being replaced by a desire to connect emotionally with destinations, local people and local cultures Price-conscious customers in traditional source markets are retiring later, are travelling for shorter periods, are spending less, and are taking trips closer to home. At the same time, the ageing baby boomer market of Europe and America are moving into a consolidation phase of their lives, and their travel preferences are maturing. The general trend is for travellers to book later and to keep their options open until as late as possible in order to obtain better deals. In response to the more value oriented mindset, various destinations are developing innovative travel packages and new products to attract customers. An appropriate response to these trends will therefore ensure the resilience of the industry in the long term. The recent global financial crisis has fundamentally changed the economic and consumer landscape for tourism. Traditional source markets are showing a decline in outbound travel, and demand in the Western world remains weak. The European Union’s working population is declining, as is Japan’s. At an average of 6% economic growth, China, India and other emerging markets are expected to recover faster than traditional source markets. The growing middle-income countries will become the leading outbound markets of the future. This does not render the traditional markets insignificant, and income per capita in these markets will still overshadow those in the emerging markets. However, overall, the long-term opportunity lies in the fact that the middle class will increasingly be found in China, India, Africa and Latin America, and that the share of discretionary spending and consumption in these markets will increase dramatically
Of particular concern is the absence of a multilaterally agreed regime for managing international aviation emissions, and the imposition of discriminatory, unilateral taxes, which are adding significantly to the cost of travel for already-weak leisure travellers from Europe Thus, it is evident that the travel and tourism sector is crisis-sensitive, but also responds well to signs of recovery. However, it is expected that the economic crisis will soften demand in the short term, but that the tourism industry will bounce back and continue its growth path in line with the long term arrivals growth forecast very soon. As a concluding note, the local tourism is being forced to compete in rapidly changing global markets. Tourism is one of the sectors, which
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would be reinvigorated to sustain strong economic development and growth. The Minister of Tourism has adopted innovative strategies. He envisages differentiating the Mauritian destination by bringing innovative models of competitiveness and introducing new dimensions into the positioning equation, which other countries cannot immediately match. He is implementing an industry innovator strategy with the liberalization of air access policy. SOUND PARTNERSHIPS MTPA should continue to patronage the local operators customer philosophy and service culture to improve their customers’ experience by offering a range of differentiated, customer-focused and personalised services with higher perceived values and quality of service than competitors. Feel at home strategy with the intent of establishing an image Mauritius as a World Class Destination for fine and excellent services would be its focal point. This would be achieved by capturing the potential markets of the future promise: China, Australia, Scandinavia, America/Canada and conquering the world biggest continent comprising Russia, Ukraine, CIS and Eastern Europe, a market of more than 300 million potential tourists hitherto untapped. A wide range of muscled advertising campaign and new marketing models such as Guerilla Marketing, Internet Marketing, Web site Marketing, On-line booking and Web site advertising would also enable Mauritius not only to attain global agility but ensure a sustainable long term growth within a short span of time. Further, the tourism industry cannot improve without partnerships and collaboration. Visitors are looking for a great experience, which can only be achieved if the various tourism partners work together. Sound partnerships form the basis of any successful tourism industry. These partnerships include the public sector, the private sector and communities. At national level, the interaction between the public and the private sector is reasonably good, with open communication lines.
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PRODUCTIVITÉ
PLUS VOUS TRAVAILLEZ, MOINS VOUS TRAVAILLEZ… Qui n’est jamais resté au boulot au-delà de ses heures habituelles pour compléter un travail « urgent » ? Pourtant, selon certains psychologues du travail, bosser plus ne fait pas systématiquement de vous un employé performant. Dans certains cas, l’inverse est même plus proche de la vérité ▼ DOROTHY BONNEFEMME
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asser de longues heures au bureau n'augmente pas nécessairement la productivité. Dans certains cas, cela risque même de compromettre la santé de l’entreprise et celle des employés. Un employé efficient, nous apprend ainsi la psychologie du travail, est celui qui fait plus de choses dans un temps égal. Il n’est pas question du nombre d’heures consacré à quelque chose. Certains sont mêmes d’avis que pour en faire plus, il faut travailler moins. C’est la conclusion du billet signé par l’Américaine Sara Robinson sur le magazine en ligne Salon.com. Une opinion qui continue à faire des vagues, mais que certains semblent rejoindre. Hubert Gaspard, psychologue du travail, soutient ainsi que l’acte de présence physique pèse peu dans la balance de la productivité. C’est plutôt le rendement qui est pris en ligne de compte. Si la productivité est le cheval de bataille des employeurs, l’employé qui arrive le plus tôt au bureau et qui repart en dernier n’est pas nécessairement le meilleur. Par contre, indique Hubert Gaspard, celui qui est à son poste à l’heure convenu et repart lorsqu’il le faut, après avoir terminé sa tâche, peut être félicité, car il symbolise l’efficience. « Ce n’est pas l’acte de présentéisme qui est im-
Work efficiently during office hours and leave on time. Give the required time to your family, friends and have proper rest Ryan Dyson, ancien CEO de Coca-Cola
FIL CONDUCTEUR
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CALCULER LA PRODUCTIVITÉ
Heures supplémentaires et problèmes cardiaques Travailler trois heures de plus que la normale (7/8 heures par jour) expose à un risque accru de 60% de développer des problèmes cardiaques, selon une étude publiée par le European Heart Journal. 6014 fonctionnaires londoniens âgés de 39 à 61 ans (4262 hommes et 1752 femmes) sans pathologie cardiaque ont été suivis pendant 11 ans en moyenne, dans le cadre d’une vaste étude baptisée Whitehall II. Au cours des 11,2 ans de suivi, 369 d’entre eux sont morts d’une maladie du coeur, ou ont eu un accident cardiaque non mortel ou une angine de poitrine. « Le lien entre les longues heures de travail et les maladies cardio-vasculaires est indépendant d’un ensemble de facteurs de risque mesurés au début de l’étude, tels que le tabac, le surpoids ou un taux élevé de cholestérol », a précisé le Dr Marianna Virtanen, qui a dirigé l’étude du Finnish Institute of Occupationnal Health (Helsinki) et d’University College London dans un communiqué. Ceux qui travaillent plus que la normale sont plutôt des hommes, plus jeunes que la moyenne du groupe, et occupant des responsabilités plus importantes. Toutefois, des gens qui aiment leur travail et ont tendance à travailler davantage juste pour le plaisir pourraient avoir un risque moins élevé de maladie cardiaque.
portant. Je suis contre ce concept. Toutefois, lorsque vous occupez des postes à responsabilité, vous êtes appelés à rester après les heures normales, car durant la journée, vous passez la majeure partie du temps à régler les soucis et à assister à des réunions qui durent parfois des heures, sans apporter quelque chose de concret », explique-t-il. LE PLANNING EST VITAL L’Américaine Sara Robinson affirme pour sa part que ceux qui font un travail intellectuel donnent le meilleur d'euxmêmes six heures par jour. « Au-delà de ces seuils, les employés deviennent carrément improductifs. De surcroît, les risques d'accidents et d'épuisement professionnels augmentent. Au bout du compte, cela entraîne des pertes financières pour les entreprises », ajoute-t-elle. Stéphania, 36 ans, cadre dans une entreprise de communication, nous raconte que lors d’un séminaire, l’animateur a parlé de la règle des 45 minutes. Après maints efforts, elle a réussi à la mettre en pratique. Depuis, les résultats vont audelà de ses espérances. En quoi consiste cette règle ? Notre interlocutrice nous explique que pendant 45 minutes, elle ne se concentre que sur une unique tâche. Ainsi, pas d’appel téléphonique, pas de texto, pas de consultation des courriels… Cette employée dissuade même ses collègues de la déranger, car il est hors de question de laisser son esprit vagabonder. De plus, sachant qu’elle n’a que 45 minutes à consacrer à sa tâche, elle se concentre au maximum et y investit toute son énergie afin de l’accomplir de manière plus effi-
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Partons d’abord du principe que 10 travailleurs, travaillant pendant 8 heures, produisent 5 unités d’un produit. Chaque heure de travail coûte 12 euros et chaque unité de produit est vendue 40 euros. A partir de ces chiffres, on peut d’abord mesurer une productivité physique : ●
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la productivité physique par travailleur ––> 0,5 unité par travailleur = 5 / 10 la productivité horaire ––> 0,0625 unité par heure de travail = 5 / 80
On peut aussi calculer une productivité en valeur : ● 20 euros par travailleur = (40 x 5) / 10 ● 2,5 euros par heure = (40 x 5) / 80 ● 0,208 euros par euro de salaire = (40 x 5) / (80 x 12)
CONSTAT. « Vous passez la majeure partie du temps à régler les soucis et à assister à des réunions qui durent parfois des heures, sans apporter quelque chose de concret », explique le psychologue du travail, Hubert Gaspard
vailleurs, des équipements et même de l’en- Coca-Cola, Ryan Dyson. Ce dernier cace. Après ces 45 minutes, Stéphania se vironnement », ajoute notre interlocuteur, avait demandé aux siens d’imaginer que permet une petite pause d’une dizaine de pour qui l’individu doit évoluer dans un la vie est un jeu où vous possédez cinq balles qui sont le travail, la famille, la minutes avant de reprendre le boulot. Au bon environnement. Mais qu’en est-il des bourreaux du santé, les amis et le courage. Vous les sein de son entreprise, précise la jeune femme, plusieurs autres employés sui- travail ? « Si quelqu’un a ses motivations et lancez. Très vite, vous comprendrez que vent cette règle, à la grande satisfaction qu’il se donne à 120% au travail, tant le travail est une balle en élastique. Elle mieux si c’est volontaire. Mais s’il est sujet à revient vers vous, alors que les quatre du directeur des ressources humaines. Pour arriver à ce résultat, le planning des harcèlements, ce n’est pas sain », répond autres balles, qui sont en verre, s’écrasent quand elles tombent. est primordial. Hubert Gaspard nous cite Hubert Gaspard. L’être humain et la routine n’allant pas feu Stephen Covey, auteur, entre autres du best-seller « The Seven Habits of de pair, cette dernière peut être un en- FORCES ET FAIBLESSES Il est donc essentiel de trouver le juste Highly Effective People ». Ce dernier as- nemi de la productivité. L’Homme doit sure en effet que « le plus important n'est se reconstruire, sinon son cerveau va s’en- milieu. « Work efficiently during office pas urgent ». Le planning est donc vital, dormir, car il est programmé pour être hours and leave on time. Give the required que ce soit par jour, par heure, par se- en apprentissage continu. « Si cet appren- time to your family, friends and have maine, le tout en laissant de la place à tissage peut se vivre sur son lieu de travail, proper rest », ajoutait Ryan Dyson. C’est aussi pour cette raison qu’il l’imprévu. Sinon on entre faut apprendre à déléguer et dans une routine et le à faire confiance. « C’est un cerveau ne se muscle plus et L’Américaine Sara Robinson affirme que ceux vrai challenge. Cependant, il on ne devient plus productif. qui font un travail intellectuel donnent le faut apprendre à accepter que meilleur d’eux-mêmes six heures par jour. ce que je fais de mieux peut LA BALLE EN ÉLASTIQUE être fait par quelqu’un d’autre. Ce qui est le péché mortel « Au-delà de ces seuils, les employés deviennent Ce n’est pas évident, car vous pour un employé. « La con- carrément improductifs. De surcroît, les risques avez l’impression qu’en currence et la compétition sont d’accidents et d’épuisement professionnels déléguant, c’est une partie de telles que les directeurs d’entrevous que vous donnez. Néanprises n’ont pas vraiment le augmentent. Au bout du compte, cela entraîne moins, il faut croire dans le pochoix. Ils doivent se battre pour des pertes financières pour les entreprises », tentiel des autres », ajoute que leurs sociétés restent pro- explique-t-elle Hubert Gaspard. ductives », explique Hubert Les employés doivent Gaspard. Ce psychologue du travail très réputé dans son domaine in- tant mieux. Mais s’il considère que ce sont aussi apprendre à mieux se connaître, à dique que c’est aussi le cas parce que le les activités en dehors du travail qui ont le comprendre les forces et les faiblesses de gâteau est le même, alors le nombre de plus importance, il en est le seul juge. chacun. « Ma faiblesse peut être la force de managers s’est accru. De nos jours, D’ailleurs, quand peut-on dire qu’on a l’autre et ensemble, dans un cadre souligne-t-il, la productivité est égale à la réussi sa vie ? C’est une idée subjective », écologique, on travaille à devenir plus efficient. C’est le rêve », conclut Hubert Gasexplique notre interlocuteur. survie. Hubert Gaspard nous a d’ailleurs rap- pard. Une obsession qu’il s’agit de limiter. « Cela ne peut pas être au détriment des tra- pelé le discours de l’ancien CEO de
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FANNY BAUER-MOTTI Directrice de Think&BE Ltd Psychologue, psychanalyste Spécialiste de l’individu au cœur des fonctionnements d’entreprise Coach professionnel et privé
CAS OLIVIER METZNER
E
n dépit de tout ce qu'on a dit et écrit sur Olivier Metzner, au final ce qui reste c'est ce qu’il a voulu nous laisser entrevoir. Mais, un fait demeure : aux yeux des autres, ces autres qui nous définissent, Olivier Metzner avait tout. Et nous sommes stupéfaits quand le parcours d'un homme à la réussite éclatante s'achève par une mort choisie Pour ces professionnels qui côtoient au quotidien la noirceur humaine – avocats, psychiatres chacun a ses filtres psychiques protecteurs. Ainsi, à pressions égales, réactions différentes. Pour le burn out le plus courant, on peut repérer des causes, et en quelque sorte selon quelle logique elles ont pu détruire une personne. Cependant nous ne sommes pas tous à égalité devant l’éventualité du suicide : pas à égalité de chances de recevoir de l’aide, pas à égalité de risque de perdre espoir. Repéré à temps, le burn out est soignable. Le suicide découlant du burn out est souvent spectaculaire. Au moment de quitter volontairement la vie, celui qui se suicide lance son désespoir à la face du monde : se jeter de la fenêtre de son bureau, s’immoler par le feu dans les locaux de sa société… Le message accusateur peut être plus discret : une lettre. Cette lettre Olivier Metzner l’a laissée : sobre. A l’image de son rapport aux autres dans ses liens affectifs, c’est-à-dire sans effusion. Cette manière de partir, et d’écrire sa mort comme on écrit un scénario montre une facette de lui qui a sûrement contribué à sa réussite : il ne laisse rien au hasard. Chaque détail est pensé et contrôlé. Or le sentiment de ne plus avoir la maîtrise de sa vie est une donnée fréquente du glissement vers la dépression. Car on ne peut contrôler les hommes et l’impression que tout est vain et sans sens naît souvent de notre rapport aux autres. Vient un moment où, trop confronté aux travers des hommes, on ne les comprend plus… on ne veut plus en faire partie. C’est une hypothèse que nous pouvons avoir à la lecture des portraits d’Oliver Metzner parus un peu partout dans la presse. Une simple hypothèse, car l’homme en
Comment, parvenu au sommet, peut-on en venir à se suicider ? privé rejoignait l’homme professionnel qu’il était : il cache tout. Son île déserte en est une preuve, il s’isolait du monde des autres en retournant vers le monde qu’il s’était créé. Son monde à lui. Cette lettre, les indices qu’il a laissés, cela s’apparente au suicideappel, celui dont on se dit qu’il aurait peut-être pu être évité, si on avait su. Ce n’est pas qu’il voulait vraiment mourir au fond, c’est qu’il n’arrivait plus à vivre dans ces conditions. Quand on est devant le suicide totalement incompréhensible d’une personne qui a tout pour être satisfaite de sa vie, on reste sidéré. Et même si une lettre peut éclairer sur la décision du suicidé, elle ne suffit pas à nous expliquer ce choix de la mort. La réussite ne serait donc pas un gage de bonheur, ou tout au moins de satisfaction ? A trop se frotter aux aspects viciés et malsains de la société, peuton perdre le goût de la réussite, des richesses et aspirer à une simplicité perdue ? Le sentiment d’avoir fait le mauvais choix et d’y être coincé peut mener aux mêmes conclusions que celui d’être en butte à un contexte professionnel désespérant sur lequel on n’a pas prise : « je ne veux plus, je ne peux plus et il n’y a aucune issue ». Parvenu au sommet, on s’aperçoit qu’on n’est pas dans le paysage attendu. Il semble impossible de rebrousser chemin. Pourtant il en est qui quittent tout et changent radicalement de vie. Le businessman devient comédien, le professeur devient chef d’entreprise etc. Pour vivre autre chose, pour changer d'air et d’espace. Arrivé au sommet, il se peut qu’on ne puisse pas en repartir par le chemin par lequel on est venu. Le retour semble barré, on ne peut pas annuler ce qui précède. En revanche, on peut quitter l’espace de cette vie sans quitter la vie ellemême. Si l’on ne peut pas s’échapper instantanément d’une vie professionnelle et publique que l’on refuse à présent, il doit quand même être possible de devenir « pêcheur ». Ce chemin nouveau
peut être plus compliqué et presque plus dur que celui qui a mené au sommet, et les forces peuvent faire défaut. Oliver Metzner avait des projets, « se rapprocher de la mer » ; à travers cette phrase énigmatique, l’idée du suicide était-elle en train de pénétrer son esprit ou parlait-il simplement de sa nouvelle acquisition, son yacht ? En tout cas, il se projetait dans un avenir comme en témoignent les rendez-vous pris avec des amis pour les prochaines vacances, cette année-ci, celle d’après… Il essayait d’avancer dans une autre direction. Le petit collégien, cancre à ses heures, avait réussi un tour de maître : choisir son itinéraire et être au sommet… La descente, il l’a choisie aussi, tout comme il choisissait les voies de sortie empruntées lors de ses plaidoiries. Olivier Metzner a écrit sa mort avant de la vivre.
Pourtant il en est qui quittent La source tout et changent radicalement de ce vers de vie. Le businessman devient quoi on comédien, le professeur on avance, nos aspiradevient chef d’entreprise etc. tions, nos Pour vivre autre chose, pour buts changer d’air et d’espace ultimes, nos valeurs… c’est ce qui nous fonde et nous donne notre direction de vie. Rester connecté à cette source vitale, celle qui a permis l’ascension, est fondamental. Cela peut passer par une analyse de son parcours de vie et de ce qui a permis la réussite. Perdre cette connection, c’est perdre sa sécurité intérieure et risquer de basculer dans une appréciation faussée de ses possibilités de choix de vie, de choix de vivre. Suite en pages 22-23 n
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DÉFAITE. Olivier Metzner en compagnie de son client l’ancien trader de la Société Général, Jérôme Kerviel. Ils se sont séparés après que Metzner ait perdu son procès
OLIVIER METZNER
LA MORT POUR SEULE DÉFENSE
Il avait tout. La réputation d’être le meilleur avocat français, un compte en banque bien garni grâce à des honoraires faramineux et une liste de clients incomparables tant les plus grands politiciens et hommes d’affaires lui confiaient leur défense. Tout sauf le bonheur, que son travail d’acharné ne pouvait lui apporter ▼ VRISHNI VALAYDON
L
e suicide d'Olivier Metzner, dimanche le 17, en a choqué plus d'un. Grand avocat pénaliste, ténor du barreau parisien, il avait tout pour lui, l'argent, la gloire, la vie mais aussi une solitude latente et enlisante qui a eu, semble-t-il, raison de lui. Retrouvé sans vie dans les eaux glaciales du golfe de Morbihan, aux alentours de son île privée, Olivier Metzner avait préalablement évoqué sa volonté de mettre fin à ses jours dans une lettre retrouvée chez lui. Âgé de 63 ans, cet homme brillant et renommé s'est éteint avec ses secrets. Célibataire, sans enfant, sans famille et sans ami, l'homme avait pour seule compagnie son travail et pour seule détente la mer. Quoique discret sur sa vie et parlant à peine de lui, rien ne présageait ce drame assourdissant qui secoue, depuis plus d’une semaine, le monde juridique français. « Un redoutable praticien du droit » pour les uns, un avocat
pénaliste de talent pour les autres, même les adversaires d’Olivier Metzner ne tarissaient pas d'éloges sur celui dont ils ont fini par accepter le génie. Pourtant, rien ne le pressentait à un tel succès et encore moins à une telle fin. Né en 1949 dans l'Orne, au sein d'une modeste famille d'agriculteurs protestants, son éducation en Normandie a été simple et insipide. Cancre des bancs de l'école, Metzner dévorait Gide. Il haïssait sa famille et, selon les sources, se haïssait lui-même plus encore. « Parce qu'avec mon bac G (Ndlr: semblable au baccalauréat secrétariat-comptabilité-techniques commerciales) obtenu dans un lycée de province, je n'étais pas sûr de moi, que je ne connaissais personne, et que je m'entourais de tous les conseils livresques possibles », confiait-il au Monde en 2008. NATURE DISCRÈTE En 1975, Olivier Metzner vissait pourtant sa plaque d'avocat à Paris. Déjà très lucide à l'époque, il savait qu'il n'était pas le plus brillant de sa généra-
L’ESSENTIEL DE L’AFFAIRE KERVIEL Salarié de la Société Générale (SoGé), le trader Jérôme Kerviel serait responsable de pertes d’environ 4,82 milliards d'euros de l’entreprise suite à des prises de position de l’intéressé sur des contrats à terme sur des indices d'actions. Les pertes monumentales ayant été découvertes en janvier 2008, Jérôme Kerviel sera poursuivi en justice. Le 5 octobre 2010, alors défendu par Me Olivier Metzner, il sera condamné une première fois par le Tribunal correctionnel de Paris. Il fera appel de cette décision. En mars 2012, pour cause de divergences sur la stratégie de défense, Jérôme Kerviel et Me Metzner se séparent. L'ancien trader prend alors pour avocat David Koubbi, qui a déjà défendu ses intérêts dans des affaires de presse. En vain. Le 24 octobre 2012, la Cour d'appel de Paris, confirmant le jugement de première instance, condamne Jérôme Kerviel à une peine de 5 ans de prison, dont 3 ans ferme, mais aussi à rembourser en totalité à la Société générale une somme d’un peu plus de 4,91 milliards d'euros. L’histoire ne s’arrête pas là pour autant. Le 12 février 2013, Jérôme Kerviel a saisi les prud'hommes pour demander une expertise sur les pertes qui lui sont imputées par la Société générale. Il s'était déjà pourvu en cassation après sa condamnation en 2010, un pourvoi qui n'a pas encore été examiné. Il a précisé qu'il demandait « exactement 4,9 milliards d'euros à la Société générale », concédant qu' « évidemment, c'est un peu ironique, cette demande ».
tion. Il deviendrait alors le plus travailleur, acharné au point de rejeter les vacances. « Il se moquait de moi parce que j'en prends », se souvient son confrère JeanYves Le Borgne. Dans le petit monde féroce des pénalistes des affaires, Olivier Metzner a pourtant tou-
jours tenu une place privilégiée. En effet, sa nature discrète et sa solide réputation de spécialiste des procédures pénales le rendent plus fréquentable et moins accusateur que ses collègues qui défendent les figures du banditisme aux yeux des chefs d'entreprises. Quoique laconique
sur sa vie privée, dont il ne laissait transparaître qu’une passion pour l’opéra, les grands vins, les cigares, la mer et le design, Metzner était néanmoins volubile sur le plan professionnel. BRILLANT TALENT Elu « avocat le plus puissant de France », il avait parmi ses clients des hommes politiques, ainsi que les patrons de grandes entreprises du CAC 40 : Loïk Le Floch-Prigent, Jacques Crozemarie, Dominique de Villepin, Jérôme Kerviel, Françoise Meyers-Bettencourt, le général Manuel Noriega, Martin Bouygues et Jean-Marie Messier, entre autres. « Je suis devenu l'avocat de Bouygues le jour où l'un de ses proches collaborateurs, qui venait d'être placé en détention provisoire, a croisé dans les couloirs de la prison l'un de ses subordonnés, qui en sortait grâce à moi », racontait-il. Outre son brillant talent de pénaliste, Olivier Metzner était aussi connu pour avoir révolutionné la pratique du droit pénal. D’ailleurs, François Saint-Pierre, l'un des avocats du
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LE TABLEAU DE CHASSE D’OLIVIER METZNER
Olivier Metzner aura défendu, durant sa longue carrière, de nombreuses personnalités. Nous vous en proposons une liste non-exhaustive.
avant d’être libéré en 2007.
JÉRÔME KERVIEL
JEAN-LUC LAHAYE
Octobre 2010. Olivier Metzner défend, au tribunal correctionnel, l’ancien ‘trader’ de la Société Générale (SoGé), condamné pour fraude et pour la perte conséquente subie par son employeur. A la fin du procès, qu’il perd, Jérôme Kerviel se verra condamner à trois ans de prison ferme et à verser 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à la SoGé. Cette défaite sera lourde pour le pénaliste.
Le chanteur français est incriminé pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure de moins de quinze ans. Après l’avoir défendu en 2007, Olivier Metzner l’aidera à s’en sortir avec une amende de 10 000 euros.
BERTRAND CANTAT Chanteur principal du groupe de rock français Noir Désir, il a été incriminé pour l’homicide de sa compagne de l’époque, l’actrice Marie Trintignant, en juillet 2003, à Vilnius, en Lituanie. Défendu par Me Metzner, le rockeur français écopera de huit ans de prison
quotidien français Le Monde, auteur du Guide de la défense pénale et d'Avocat de la défense, estime que Me Olivier Metzner est « celui qui aura développé de façon la plus flamboyante la défense pénale dans le monde des affaires ». En effet, à la fin des années 80, Metzner a marqué les esprits en surexploitant les mécanismes de nullité (annulation et invalidation d’un acte) des procédures pénales grâce à un examen systématique des dossiers. Il a poussé ce système à un tel extrême que la Cour de cassation a dû prendre les mesures nécessaires en infléchissant sa jurisprudence pour pallier à ces cas d’annulations. François Saint-Pierre explique : « Autrefois, lorsqu'une perquisition était déclarée nulle, la mise en examen qui suivait pouvait être annulée. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Quand on fait annuler une garde à vue, toute la procédure demeure valable ». SIGNES AVANT-COUREURS Autre fait considérable à noter dans la carrière de Metzner : il a changé la perception de droit pénal dans le milieu des affaires. En effet, il est passé de la défense des trafiquants de drogue et des accusés de meurtres à celle des politiques, banquiers et autres grands patrons, mais en ce faisant, il a catégoriquement changé le rapport clients-avocats. Effectivement, alors qu’avec les uns, il adoptait une certaine supériorité intellectuelle et, peut-être,
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reprendre en automne 2013, sans Me Metzner cette fois. RACHIDA DATI
YVAN COLONNA Me Metzner avait un temps défendu ce berger corse poursuivi pour l’assassinat du préfet Erignac. Il sera finalement condamné à perpétuité en 2011. JEAN-MARIE MESSIER Ancien patron de la compagnie Vivendi-Universal. Il est condamné à trois ans de prison pour malversations suite à la mauvaise gestion de la société. Le procès en appel devrait
L’ancienne Garde des Sceaux et ministre sous le gouvernement Sarkozy a fait appel à Olivier Metzner dans la procédure engagée à l'encontre de plusieurs médias ayant fait état d'une assignation en justice de reconnaissance de paternité de sa fille Zohra. DOMINIQUE DE VILLEPIN En 2009, le pénaliste rejoint la défense de Dominique de Villepin et obtient sa relaxe quelques mois avant le début de l’affaire Clearstream. Me Metzner a aussi participé à plusieurs procès du monde politique, comme celui des faux électeurs du IIIe arrondissement de Paris, ou des écoutes de l'Elysée.
MANUEL NORIEGA
Olivier Metzner a défendu cet ancien dictateur du Panama en 2010, alors que celui-ci était incriminé pour blanchiment d’argent. A la fin du procès, le dictateur a été condamné à sept ans de prison. Mis au courant de la mort de l’avocat, le détenu s’est dit « surpris » et attristé. FRANÇOISE BETTENCOURT-MEYERS Olivier Metzner a représenté la fille de Liliane Bettencourt, l’actuelle héritière de l’Oréal. Françoise BettencourtMeyers poursuit plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, pour abus de faiblesse et escroqueries sur sa mère. Alors que Liliane Bettencourt, 90 ans, a été placée sous la tutelle de sa fille et de ses deux petits-fils début 2012, la saga poursuit de plus belle avec la mise en examen de l’ancien président français en ce mois de mars 2013.
RICHESSE. L'île de Boëdic, située dans le golfe de Morbihan, appartient au défunt Me Metzner. Elle symbolisait la réussite d’Olivier Metzner, avant de devenir son ultime refuge
économique nécessaire, avec les autres, il a su faire la transition vers une relation professionnelle égalitaire, tout en restant indépendant. Ses honoraires étant à la hauteur de son talent et de sa réputation, se comptant en millions d’euros pour certaines affaires, c’est sans grande peine que Metzner s’est offert son île de Boëdic dans le golfe du Morbihan, dont l’un des précédents propriétaires s’est pendu. Il l’a réaménagée et restaurée sans lésiner sur les moyens. Ainsi, lorsqu’il l’a mise en vente, fin 2012, pour une somme qui avoisinerait les dix millions d’euros, cela a étonné.
J’ai un autre projet, je vais encore plus retrouver la mer Confidence d’Olivier Metzner, à qui on avait demandé pourquoi il voulait vendre l’île de Boëdic, qui lui appartenait
Cependant, personne ne pensait que c’était là des signes avant-coureurs d’un suicide. Interrogé, il y a quelques temps, sur la vente possible de son île bretonne, il affirmait : « J'ai un autre projet, je vais encore plus retrouver la mer ». Des propos qui semblent avoir un double sens si l'on en croit les derniers éléments de l'enquête. En effet, selon les policiers, Metzner est monté sur son bateau, s'est éloigné de la côte du Morbihan et s'est tout simplement jeté à l'eau pour se donner la mort. Très peu de choses pourraient expliquer ce geste brutal, si ce n’est un mal-être inné. Le journaliste Denis Robert, qui l’a
interviewé quelques années de cela, apporte un témoignage étonnant sur la vie de cet homme si secret : « Il était déjà l'avocat le mieux payé de Paris. Homo, fumeur de cigares, amoureux de la Bretagne et de Boëdic (déjà), l'esprit aussi acéré que la lame d'un couteau de marin. On parlait. La caméra tournait. [...] Et puis, sans prévenir, une larme a coulé. Puis deux, puis un flot de larmes. Il a demandé de couper la caméra. Il pleurait comme un bébé en s'excusant. Il nous a alors expliqué qu'il avait raté sa vie. Son vrai bonheur eut été d'être marin et de partir en mer. Le boulot d'avocat le minait ».
MARKET
MERCREDI 3 AVRIL 2013 EDITION 123 | CAPITAL
BANK OF MAURITIUS EXCHANGE RATES TUESDAY, APRIL 2, 2013
This report has been prepared by Vanee Seeneevassen of Island Premier Traders FX Ltd. (FOR MORE INFORMATION, PLEASE VISIT OUR WEBSITE: HTTP://WWW.ISLANDPREMIERTRADERS.COM)
EXCHANGE RATES
MARKET OVERVIEW
BUYING
EURO The euro slipped against the dollar and yen on Tuesday, pressured by euro zone data showing the region was well into contraction territory last month. This has prompted expectations European Central Bank President Mario Draghi would strike a more dovish tone at Thursday's monetary policy outlook meeting and could provide hints about a possible rate cut. Traders reported thin liquidity in major currencies as European markets reopened after the Easter holiday, and said price moves were expected to be subdued. The euro was last down 0.1 percent against the dollar to $1.2834, hovering within sight of a four-month low of $1.2750 hit last week.
GOLD Gold fell to a 2-1/2 week trough on Tuesday, moving down with other precious metals due to a session high in the dollar index and better appetite for assets seen as higher risk, such as European stocks. Silver also dipped to its lowest since midAugust at $27.53 an ounce, while platinum and palladium lost more than one percent. It has been the case since the start of the year where one mostly have risk-on sentiment, while concerns about Cyprus, which is positive for gold, seem to have eased.
The pound fell to session lows against the dollar on Tuesday after data showed that the U.K. manufacturing sector remained in contraction territory for the second successive month in March. GBP/USD hit 1.5214 during European morning trade, the session low; the pair subsequently consolidated at 1.5220, slipping 0.08%. The weak data added to fears over the risk of a triple-dip recession and fuelled expectations that the Bank of England could restart its asset purchase program as soon as this week. Sterling was little changed against the euro, with EUR/GBP dipping 0.04% to 0.8433.
OIL A mixed performance in the oil complex to start the week with Brent, Gasoil and HO all adding value while WTI and RBOB declined on the day. Mixed economic data along with a mid-west to US Gulf
Sub-Saharan manufacturing weakens The latest issue of the Board of Investment Newsletter deals with the manufacturing sector in the Sub-Saharan region. According to the institution, the sector has failed to keep pace with the growing consumption and the need to export. However, it points out, many institutions see manufacturing as one of the future drivers of Africa's
growth. Although a variety of structural challenges, including weak infrastructure, poor transport links with export markets, and a difficult business environment, have prevented the continent from developing the light manufacturing industry common to the remaining emerging markets, Africa could become the next manu-
Coast pipeline flow interruption were the main price drivers in a light activity session as Europe was still closed on Monday. Cyprus is still evolving while the latest PMI data out of the US disappointed and China's factory activity - although still growing - also disappointed compared to the market expectations. The main news on the fundamental side of the oil complex was the shut-down of Exxon's Pegasus pipeline after a leak was discovered on Friday afternoon in Arkansas. The pipeline has a capacity of about 99,000 bpd and runs from Patoka, Illinois to Nederland, Texas. So far there is no word from Exxon as to when repairs will be completed and the line will resume full operation. The line was shipping Canadian Wabasca heavy crude oil at the time of the leak.
facturing hub due to new policy initiatives, large natural resources and growing labour force. With China’s growth rate slowing down, the rising costs of land and the erosion of the labour cost advantage, a real vacuum is opening for investors in Sub-Saharan African countries and, more particularly, in the sector of light manufacturing.
MARKET SHARES – TUESDAY, APRIL 2, 2013
OFFICIAL MARKET AIR MTIUS LTD ALTEO LIMITED BRAMER BANKING ENL LAND LTD GAMMA CIVIC H.MALLAC IRELAND BLYTH LTD LUX ISLAND MCB MAURITIUS UNION ASSURANCE NMH OMNICANE ROGERS SBM SUN RESORTS TERRA CIM FINANCIAL DEM CIEL INVESTMENT CIEL TEXTILE CONSTANCE HOTEL DEEP RIVER INVESTMENT ENL INVESTMENT UNION FLACQ LTD UNION SUGAR ESTATE UNITED INVESTMENT
SELLING
Country
Currency
TT
DD
Notes
AUSTRALIA CANADA EMU JAPAN NEW ZEALAND SINGAPORE SOUTH AFRICA SWITZERLAND U.K. U.S.A.
AUD 1 CAD 1 EUR 1 JPY 100 NZD 1 SGD 1 ZAR 1 CHF 1 GBP 1 USD 1
31.6897 29.7841 39.3228 32.6494 25.4039 24.4668 3.3053 31.9827 46.5938 30.5695
31.5185 29.6112 39.1607 32.3489 25.2538 24.3339 3.2622 31.803 46.428 30.4804
31.1894 29.3787 38.9404 31.9223 24.9788 24.2275 3.2064 31.5999 46.1564 30.3435
TT/DD/Notes
33.1325 31.1722 40.5227 34.1377 26.5365 25.6248 3.4757 33.3925 48.005 31.4897
GOLD COINS TUESDAY, APRIL 2, 2013
GBP/USD
COMPANY
< 25
NOMINAL
LAST CLOSING PRICE
LATEST
CHANGE
% CHANGE
VOLUME
VALUE
10.00 1.00 10.00 10.00 10.00 10.00 10.00 7.50 10.00 1.00 10.00 -
13.80 36.50 7.10 47.00 28.90 120.00 83.50 18.00 191.25 132.00 74.00 75.00 183.00 1.04 28.50 42.30 5.90
13.60 36.50 7.30 47.00 29.00 120.00 83.50 18.00 191.00 132.00 74.00 75.50 183.00 1.04 28.05 42.00 5.96
-0.20 0.20 0.10 -0.25 0.50 -0.45 -0.30 0.06
-1.45 2.82 0.35 -0.13 0.67 -1.58 -0.71 1.02
"3,856.00" "52,734.50" "24,880.00" "908,120.00" "2,800.00" "20,490.00" 500.00 "23,500.00" "17,000.00" "492,850.00" 12.00 "1,002.00" "1,700.00" "30,600.00" "111,043.00" "20,176,420.00" 63.00 "8,293.00" "1,500.00" "111,000.00" "1,100.00" "82,550.00" "1,141,073.00" "1,182,247.39" "3,061.00" "85,844.95" "3,900.00" "164,350.00" "42,000.00" "249,442.00"
10.00 10.00 1.00 1.00
2.75 24.00 21.00 45.00 43.00 7.50 48.80 9.86
2.75 23.50 21.00 45.00 43.00 7.40 48.80 9.86
-0.50 -0.10 -
-2.08 -1.33 -
"5,740.00" "15,500.00" 100.00 "1,000.00" "15,000.00" 100.00
"15,783.00" "364,250.00" "2,100.00" "43,000.00" "112,470.00" 986.00
Denomination
Weight(gm)
Diameter(mm)
Price (Rs)
100 250 500 1000
3.41 8.51 17.03 34.05
16.5 22 27 32.69
6880 16725 33265 66140
MARKET ACTIVITY TUESDAY, APRIL 2, 2013 Market Capitalization
195,446,890,838.91
Total Volume Traded
1,375,685
Total Value Traded
24,281,260.44
TOP 5 – OFFICIAL MARKET Symbol
Open
Latest
% Change
BRAMER BANKING
7.10
7.30
2.82
CIM FINANCIAL
5.90
5.96
1.02
OMNICANE LIMITED
75.00
75.50
0.67
GAMMA CIVIC
28.90
29.00
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MOST ACTIVE – OFFICIAL MARKET Symbol
Volume
SBM
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MCB
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CIM FINANCIAL
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ALTEO LIMITED
24,880
GAMMA CIVIC
17,000
TOP GAINERS - DEM NO GAINERS MOST ACTIVE – DEM Symbol
Volume
SODIA
57,100
CIEL TEXTILE LTD
15,500
UNION FLACQ LTD
15,000
CIEL INVESTMENT
5,740
LIVESTOCK (O)
2,100
DISCLAIMER: Publication of the above figures has been done with reasonable care and diligence. However, Capital makes no representations, gives no warranty and disclaims all liability in respect thereof and shall not be held liable for any damage, loss or costs incurred resulting from any error in the information or any use of the said information. Appropriate independent advice should be obtained before making any investment decision.
Une publication de Channel13 8, rue Mère Barthelemy, Port-Louis Tel : 213 1555 - Fax : 213 1552 Email : info@channel13.mu Imprimé par Yukondale Ltd - Plaine Lauzun
RÉDACTEUR EN CHEF Rudy Veeramundar DIRECTEUR EXÉCUTIF Rajen Valayden CHEF D’ÉDITION Clency Lajoie RÉDACTION Herrsha Lutchman-Boodhun, Dorothy Bonnefemme, Jamirouddin Yeadally, Jessen Soopramanien PHOTOGRAPHE Nicholas Larché COLLABORATEUR Jean-Luc Balancy CONCEPTION GRAPHIQUE Knivel Goonmeter, Ibrahim Atchia CHEF DE PRODUCTION Roland Nicolas Cheneya ADMINISTRATION Nishta Salandy, Essane Auleear, Vishesh Koonjobeeharry
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REPORTAGE
MERCREDI 3 AVRIL 2013 CAPITAL | EDITION 123
FLASHFLOODS
CANAL DAYOT,
un arc-en-ciel dans la boue Denzel Perette et son cousin pleurent toujours en pensant à ce samedi fatidique
Les marques, encore visibles sur les murs, indiquent la hauteur que les boues avaient atteint au plus fort des intempéries. Petit à petit, les maisons retrouvent un semblant de propreté. Canal Dayot semble reprendre vie. Mais le traumatisme n'est pas prêt de s'estomper ▼ DOROTHY BONNEFEMME
L Sonia Perette: « Je pensais ne plus revoir mon fils et mon époux »
Le gagne-pain et les effets personnels de Régis Perette à l'eau
Tony Nanette : « Huit ans de sacrifices sont partis à... l’eau »
Pendant une heure Florianne Louis âgée de 52 ans est restée sur une table
a plainte est unanime : « Notre vie ne sera plus jamais pareil ! ». Il y a eu un avant et il y aura un après 30 mars 2013. « J’ai toujours peur. C’était terrible. Je n’ai pas quitté les bras de ma maman, je tremblais, je pleurais. Je pensais qu’on allait tous mourir. On priait pour que la pluie arrête de tomber et que l’eau cesse de monter. J’espère qu’il ne pleuvra plus jamais ». Denzel Perette, 10 ans est traumatisé. Cet élève de l’école du gouvernement de la Tour Koenig a vécu ce samedi 30 mars, la peur de sa vie. Lorsque nous l’avons rencontré, mardi, dans la maison familiale, il portait des vêtements qui n’étaient pas du tout à sa taille. Idem pour les savates. Car il les a reçus en donation, fruit de la formidable solidarité nationale. Son regard était apeuré et il suivait des yeux les adultes qui s’affairaient à mettre de l’ordre dans la cour où gisaient maints objets boueux, cassés… Mais qu’on voulait garder précieusement, car ils symbolisent leur vie avant cette tragédie. Denzel Perette rêve de reprendre une vie normale. « J’ai envie d’aller à l’école, mais je n’ai pas d’uniforme. Presque toutes mes affaires ont dû être mises à la poubelle », dit-il d’une voix remplie de tristesse. Ainsi, pour le moment, il reste à la maison et attend un retour à la normale.
UN CAUCHEMAR Attendre ! C'est désormais le quotidien des 175 familles de Canal Dayot. L’attente de Régis Perette, le père de Denzel, est angoissante. Depuis samedi, il vit avec la peur au ventre. Sa vie est ruinée. Il avait aménagé un petit atelier de mécanique annexé à sa maison. Le jour du drame, s’y trouvaient environ cinq motocyclettes à réparer. Lorsque l’eau a envahi sa cour, il était à démonter une Suzuki. Il a eu tout juste le temps de courir se mettre à l’abri. Cependant, toutes les pièces et les outils ont été emportés par les crus. Les motocyclettes sont couvertes de boue et sont irrécupérables. « Certains clients vont faire preuve de compréhension, mais les autres, je n'en sais rien. J'ai tout perdu, l'eau est mon-
tée à plus de deux mètres », indique-t-il. « J’ai plus rien et même pas de boulot. Je suis déboussolé, désespéré, je vis un cauchemar », dit-il en secouant la tête, cachant difficilement ses larmes. Cet homme de 45 ans, compte énormément sur la solidarité des Mauriciens et de l’aide du gouvernement : « Nous avons reçu une armoire, deux matelas et quelques ustensiles. Nous remercions les donateurs et espérons que bientôt nous serons tirés d’affaires ». ELLE L’ÉCHAPPE BELLE Sonia, la belle-sœur de Régis, prie pour qu’enfin les autorités prennent leurs responsabilités pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent. Cette mère de deux enfants habite, pour sa part, à l’étage de la maison familiale. En ce samedi tragique, sortant du boulot, elle était partie récupérer sa fille à la crèche. Toutes deux rentraient à la maison, lorsqu’elle reçoit un coup de fil de son époux, l’informant que la maison était inondée. Impossible de rentrer. Elle est partie se réfugier chez sa sœur un peu plus loin, à Grande-Rivière. Mais elle était dans tous ses états, car son fils et son époux étaient à la maison. « Vu que nous sommes à l’étage, ils ont pu se mettre à l'abri. D’ailleurs, tous les autres membres de la famille ont pu venir chez nous ». Fort heureusement chez elle, il n’y a pas eu trop de dégâts, mais elle reste traumatisée par les événements. Elle tremble rien qu'à l'idée qu’il recommence à pleuvoir et que cette fois-ci, il y ait des pertes de vie humaine. Tony Nanette. Cet ingénieur de son ne ferme pas les yeux depuis le jour du drame. Il vit dans l’angoisse. Sa belle-mère, Florianne Louis, est restée pendant plus d’une heure perchée sur une table. « Quinze minutes avant le déluge, j’ai quitté la maison avec ma famille, pour partir à BeauBassin. Vers 13h15, mon voisin me téléphone pour me dire que de l’eau est rentrée chez lui. J’ai su que c’était encore plus dramatique chez moi. Quelques minutes après ma belle-mère qui habite à côté, m’appelle et elle me dit qu’elle a dû se mettre à l’abri sur la table. J’étais tourmenté, je ne savais quoi faire ». Et avec raison, car Florianne Louis
a failli y laisser sa vie, ce 30 mars. Cette femme de 52 ans s’était enfermée dans sa maison et elle priait. « J’étais même pas consciente qu’il pleuvait autant. Tout d’un coup j’ai entendu ma voisine crier. En allant à la fenêtre je vois l’eau qui inondait les lieux à une vitesse vertigineuse. Je n’ai pas eu le temps d’éteindre la télévision. Je me suis ruée sur la table de la cuisine qui est en ciment après avoir éteint la bonbonne de gaz. J’avais mon portable avec moi. J’ai téléphoné à mes enfants et à mes neveux pour leur dire de venir me secourir. J’entendais les fils d’électricité qui grinçaient. Je priais ». Prier, c'est tout ce qu'on peut faire en ces moments-là. Heureusement les siens ont nagé dans l’eau boueuse, ont fait des chaînes avec des cordes, ont défoncé une des portes pour la secourir. Elle est saine et sauve, mais tous ses effets sont partis à l’eau. « Je n’ai plus rien. Toutefois je garde le sourire et la foi, car je sais que Dieu m’aidera. D’ailleurs il y a quelques volontaires qui sont passés ». L'espoir, la foi qu'un retour à la normale est possible. Grâce à la solidarité des autres surtout. SOLIDARITÉ MAURICIENNE Car Canal Dayot est la capitale du mauricianisme et de la solidarité depuis dimanche. Ils sont venus de partout, de toutes les couches sociales. Simples citoyens anonymes, mais aussi animateurs d'associations civiles ou d'organisations non-gouvernementales qui n'ont fait que répondre à l'appel du coeur. Les radios aussi ont joué leur rôle de connectivité. Les dirigeants politiques, les religieux aussi. A part les nombreux dons – nourriture, vêtements, ustensiles de cuisine, bouteilles d'eau, matelas, couvertures, matériel scolaire - tout le monde met la main à la pâte. Nous avons croisé, au moment de notre passage les étudiants du collège de Lorette de Port-Louis qui mettaient de l’ordre dans les maisons, les soldats de la SMF qui balayaient les rues, l’Emergency Cell Coordinator de la CWA, Mahmad Bandhoo, qui donnait son numéro de portable aux habitants en cas de problème. Tout ceci devant le regard perdu du petit Denzel Perette, qui attend un cartable et un uniforme pour pouvoir enfin retourner à l’école.
ACTA PUBLICA
MERCREDI 3 AVRIL 2013 EDITION 123 | CAPITAL
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L'on sent comme un désespoir, une incompréhension, une désolation qui planent dans l'air tiède de la ville. La capitale, connue pour sa chaleur des fois insupportable, a perdu en degrés. Commencement de la fin de l'été ? Peut-être. Mais la démarche morne, presque solennelle des passants, leurs pas lourds, nous fait dire que c'est aussi le spleen, séquelle de ce samedi noir, qui a refroidi la ville soleil. Onze morts sous les eaux, en deux heures, cela marque l'histoire
FLASHFLOODS
Port-Louis se remet du choc ▼ VRISHNI VALAYDON
marches d'un magasin à proximité. Malheureusement, le niveau d'eau continuait à monter dangereusement et le pont débordait de toutes parts. Alors, il essaie et réussit tant bien que mal à mettre ses journaux dans un coin sûr dans un bureau d'à côté. Lorsqu'il revient pour prendre sa moto, son ami l'informe que les eaux l'on emportée. Pris au dépourvu, c'est tant bien que mal qu'il se fraie un chemin à travers les eaux pour remonter La Chaussée à la recherche d'un abri. « L'eau m'arrivait à l'estomac ! A la DBM, c'était pire ! Le gardien m'a dit qu'il a dû se mettre sur une table pour s'en sortir ! »
M
ardi 2 avril, 14 heures. Port-Louis porte encore les séquelles de ce drame du samedi 30 mars. Les routes sont encore embourbées et les coins de rues débordent de sacs remplis de déchets transportés par les eaux dévastatrices. Pis, à certains endroits, comme au début de La Chaussée, les bordures de rue en asphalte sont au mieux effritées, au pire elles ont été détachées par la pression de l'eau et ont été déposées quelques mètres plus loin. Nous passons devant le collège Bhujoharry à la rue Mère Barthelemy. Déjà impossible de marcher sur le trottoir ; sur près de vingt-cinq mètres, la route est impraticable, martelée à la boue sèche et humide. A l'intérieur, le personnel est occupé à laver les dernières traces de cette coulée de boue. Les visages sont fermés, les regards perdus. Pas disponibles, ni disposés à répondre à nos questions. Même son de cloche chez le voisin où des travailleurs déblayent la cour de l'entreprise. Plus loin, à la rue Saint-Georges, nous sommes stupéfaits par la vue d'un terrain englouti sous une eau noire. Il y avait un projet de parking payant, mais la pluie de samedi est venue le reporter. Une petite équipe a été mobilisée pour le nettoyage mais rien à faire. Ils sont impuissants devant toute cette eau stagnante. « Nous avons appelé les pompiers et réquisitionné une pompe, il ne nous reste plus qu'à patienter », nous explique un des membres de l'équipe. Les passants s'arrêtent et chacun y va de son commentaire : « Vous voyez le bout
de tôle écrabouillé sur le côté ? C'est un barrage qui a été emporté par la force des eaux ! Regardez, il y même un casque qui flotte, d'où cela peut-il sortir ? ». Une dame, la quarantaine, sortant du marché, ajoute : « Toute cette eau atteint facilement les huit mètres de profondeurs. C'est dangereux pour les enfants... il y a eu assez de morts, il faut que les autorités agissent en urgence devant ces dangers. L'eau dans le parking souterrain de McDonald est plus noire que celle-ci. Il y a des voitures... et peut-être aussi des corps là-dedans » LES TRAUMATISMES DE RAMMA Nous nous dirigeons vers le complexe Medine Mews dont le rez-de-chaussée était innondé. Les commerces sont fermés. Un tuyau d'incendie longe le sol d'un bout de la pièce à l'autre. « Ils nettoient encore », nous dit la sécurité. Nous distinguons clairement à travers les vitres des magasins ''Ronde & Belle' et que 'Arkhees', tout le travail de triage et de remise en place. Une odeur putride de
moisi irrite nos narines. La poubelle sur le côté déborde d'articles abîmés et inutilisables. Plus loin, nous croisons des femmes de ménages qui nous confient qu'elles ont dû doubler leur nombre pour faire face à la situation : « C'était inondé de partout, les magasins de devant ont subi beaucoup de pertes. Nous avons travaillé de sept heures du matin à cinq heures de l'après-midi dimanche ». Plus loin, après le pont La Chaussée, complètement impracticable, la moitié des commerces sont fermés. Nous rencontrons Ramma, le vendeur de journaux, qui nous fait le récit de ce samedi-là. « Je suis traumatisé ! Que voulez-vous que je vous dise ? Ce sont mes amis qui sont décédés dans le souterrain de même que ceux emportés par les flots ! Je connais la plupart ». Il nous explique comment, à la vue de toute cette eau sale qui se déversait sauvagement en cascade vers le pont, son réflexe a été de se mettre à l'abri avec sa marchandise sur les
FRUSTRATIONS ET COLÈRES Alors qu'il nous fait part de son récit, des gens s'attroupent autour de nous et chacun y va de son opinion. Casseem donne son avis : « C'est les travaux mal faits, la négligence des autorités, les colonnes construites sous les ponts. Il faudrait que la municipalité de Port-Louis arrête de donner des permis à tout va sans réfléchir. Mais bon, je parle, vous écrivez, mais cela ne servira à rien ! Car le gouvernement fait ce qu'il veut ! » Des employés du Kentucky Fried Chicken, tous chaussés de bottes pour nettoyer les locaux, nous expliquent qu'ils ont eux-mêmes perdu leurs voitures. Un des passant, ingénieur de profession, s'empresse de rajouter : « La faute à KFC aussi ! Quelle idée de combler un pont pour construire un fast food ! C'est évident qu'il y aurait eu des répercussions ». Entre commentaires et critiques, accusations et colères, Port-Louis, abasourdi, se soigne. Lentement, mais sûrement. Mais son visage ne sera plus pareil.
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GREEN BUSINESS
MERCREDI 3 AVRIL 2013 CAPITAL | EDITION 123
Short term gains, but long term pains. This is what a study projects for Sub-Saharan Africa. If climate change could mean less irrigation and rising yields in the region in the 2030s, rising temperatures could hurt agriculture in a more distant future
CLIMATE CHANGE
THE TWO SIDES OF ONE COIN ▼ VRISHNY VALAYDON
A
ccording to a study published last month, climate change could globally slash crop yields and increase reliance on irrigation in 2030. In some regions, including Southern Africa, agricultural output could increase and farming could become less dependent on water. The researchers, based in Canada, China and Switzerland, set out to predict the combined impact of climate change on food production and water levels globally, regionally and locally. “Such a study not only provides large-scale, that is global and continental analysis, but also indepth spatial details that can help decisionmakers deal with climate mitigation and adaptation locally," says lead author Junguo Liu, professor of hydrology at the Beijing Forestry University, China. DOUBLE-EDGED SWORDS The researchers used global datasets for soil data, climate, fertilizer inputs, and crops, taking into account whether they were irrigated or rain-fed. Using eight climate scenarios, they estimated the yields of three staples crops - maize, rice and wheat - and water use for the short-term 2030s period and the longterm 2090s one. They then compared these with figures obtained in the 1990s. "Southern and eastern parts of Sub-Saharan Africa, along the Rift Valley, may profit in the short run from climate change regarding yields for the three staple food crops," says Christian Folberth, a co-author of the study, and a research scientist with the Swiss Federal Institute of Aquatic Science and Technology. "Western and central parts, on the other hand, show a slight negative impact." The researchers also found that regions that presently have sufficient water,
NORTH AFRICA and the Greater Middle East remain the key anchor area in the world’s oil and energy markets and will continue to shape the dynamics of the global upstream industry, especially with oil prices and production still going up. New discoveries and production developments, gas-LNG finds, state oil-gas policies and investment and expansion opportunities expected in the world’s richest hydrocarbon zones will be revealed during the 10th Maghreb, Mediterranean, MidEast Upstream Conference 2013.
STUDY. “The positive impacts in the short run can help alleviate food shortage problems”, Chistian Folberth says
The positive impacts in the short run can help alleviate food shortage problems
including south-eastern parts of Latin America, will depend more on irrigation in the 2030s. In contrast, regions with insufficient water, including most parts of Sub-Saharan Africa, will depend less on irrigation for water because of favourable temperatures. Research scientist Christian Folberth says: “Until the 2030s, the increase in atmospheric carbon dioxide and modest changes in temperature may lead to yield increases in some regions if temperatures do not exceed the crop temperature thresholds. By the 2090s, however, the thresholds may be reached resulting in low yields.” The researchers have issued a warning about this double-edged sword. "The positive impacts in the short run can help alleviate food shortage problems," the
study says. "However, they may distract from attention paid to adapting and mitigating measures to combat the long-term negative impacts of climate change." Yet, Richwell Musoma, an irrigation agronomist at Zimbabwe's Department of Irrigation Development, says the study's findings are unlikely to be experienced in most African countries. He cites a 2011 Food and Agricultural Organization study that predicted yields from agriculture in Sub-Saharan Africa will decline by between 20 per cent and 50 per cent by 2050. Musoma also notes that, due to erratic rainfall patterns experienced in most African countries, irrigation has become important, and thus water use is likely to increase, not decrease, in the 2030s.
Future Energy Potential in North-Africa and Middle East The conference will be hosted by Global Pacific & Partners on June 4th and 5th, at the L’Hôtel du Collectionneur Arc de Triomphe, in Paris, France. It brings together key government officials, national oil companies and corporate as well as industry players. Through its significant exploration and production plays, acreage leasing, investment portfolio, hydrocarbon potential and joint venture interests, the Maghreb, Mediterranean &
Mideast oil, gas and energy landscape remains the key market of the global upstream industry. The event will focus on upstream oil and gas-LNG strategies, exploration and development across North Africa and the Greater Middle East, strategies of corporate, government and national oil companies and new players on the market. The program highlights presentations about future exploration potential in Mo-
rocco, Mauritania, Jordan, Pakistan, Tunisia, Lebanon and Libya. Dr Dexter Krol, New Business Development Manager of Shell International E&P BV, will focus on sustainable growth, while Roberto Pirani, Chairman of White Stream Pipeline Company Ltd, will talk about the southern corridor to provide gas supply diversification to the European Union. Prior to the conference, the 10th Mideast-Mediterranean Strategy Briefing will be held on
June 3rd, with presentations by Dr Duncan Clarke, chairman of Global Pacific & Partners. He will provide an in-depth examination of the upstream perspectives, oil and gas-LNG strategies in exploration and development. Dr Clarke will also evaluate in-depth a range of critical near-to-long term perspectives now in play, and destined to reshape over fifteen key countries and the strategies of corporate, government and national oil companies, and new players.
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WIDE ANGLE
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TABLE D’HONNEUR. De droite à gauche : Prashant Pise, le Deputy High Commissioner de l’Inde, Cader Sayed-Hossen, ministre du Commerce et de l'Industrie, Ranjan Kumar Mohapatra, directeur général de IndianOil et Ken Poonoosamy, directeur général du Board of Investment (BOI)
Indian Oil dévoile sa nouvelle gamme de lubrifiants
L
a compagnie pétrolière Indian Oil Mauritius Ltd (IOML) a dévoilé vendredi soir sa nouvelle gamme de lubrifiants ; Servo Futura. Le lubrifiant Servo est une combinaison unique de produits et de services permettant aux utilisateurs d’associer une maintenance de haute qualité et une réduction des coûts d’exploitation des matériels. Le Servo Futura de IOML est en effet la solution intelligente pour les personnes qui souhaitent simplifier l’entretien de leur voiture. Les Mauriciens trouveront dans l’assortiment Servo Futura le produit idéal pour une majorité des moteurs de voitures en circulation. Servo Futura a développé des lubrifiants spécifiques adaptés aux conditions d’utilisation les plus sévères notamment ; température, humidité, poussières, fortes charges et conduites rudes. Indian Oil Corporation est une compagnie pétrolière nationale indienne. Il
CÉRÉMONIE. Jayesh Ajwani recevant son certificat de distributeur officiel des mains du directeur général de l’IOML
s’agit de la plus importante entreprise indienne en termes de chiffre d’affaires, occupant la 83e position du classement Fortune Global 500. Issue de l’Indian Oil Company Ltd créée en 1959, Indian Oil Corporation voit le jour en 1964 à l’issue de la fusion avec Indian Refineries Ltd. Indian Oil et ses filiales détiennent plus de la moitié du marché indien des produits pétroliers. Son réseau comprend plus de 15 000 stations-service dans la Grande péninsule et plus d’une vingtaine à Maurice. Indian Oil fournit un large éventail de produit pétroliers incluant l’essence, le diesel, le GPL (gaz de pétrole liquéfié), les lubrifiants, le bitume et du kérosène. La compagnie indienne s’est établie comme un acteur important dans le secteur de la distribution de carburants pour l’aviation à Maurice en obtenant des contrats de plusieurs compagnies aériennes, dont Air Mauritius, Air France et Corsair.
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COMMUNIQUE OFFER OF PART-COST SCHOLARSHIPS FROM THE JSS MAHAVIDYAPEETHA OF INDIA TO THE GOVERNMENT OF MAURITIUS FOR ACADEMIC YEAR 2013-2014 Applications are invited from suitably qualified Mauritian candidates for the award of twelve (12) part-cost scholarships at undergraduate level offered by JSS Mahavidyapeetha (JSSMVP), Mysore, India and tenable at JSS Academy of Technical Education, Mauritius. Under the scheme, MUR 30,000 per academic year will be waived from the annual tuition fee. The courses will start in the first week of August 2013 with a one-month Foundation course. The scholarships are for the following full-time engineering courses: 1. Computer Science & Engineering 2. Electronics & Communication Engineering 3. Electrical & Electronics Engineering 4. Civil Engineering 2. Eligibility Criteria (i) SC/GCE ‘O’ level with credits in at least five subjects including English at one and the same sitting; (ii)
HSC/GCE ‘A’ level with compulsory passes in Physics and Mathematics at Principal level, in addition to a pass at Principal level in one of the following subjects at the same sitting: Chemistry/ Biology/ Computing; and
(iii)
Candidates must also have a pass in General Paper at the same sitting as at (ii) above.
3. Age Limit Candidates should not have reached 22 years of age by the closing date. 4. Mode of Application 4.1 Applications must be made on the prescribed form available at the Scholarships Section, Ministry of Education and Human Resources, 1st Floor, MITD House, Phoenix, or downloaded from the Ministry’s website: http://ministry-education.gov.mu Applications may also be made online on the following website: http://citizen.gov.mu However, applicants should submit certified copies of all supporting documents not late than the closing date at the Scholarships Section, Ministry of Education and Human Resourecs, 1st Floor MITD House,Phoenix. 4.2
Information about the JSS Academy of Technical Education,Mauritius, is available on the following website: http://www.jssatemauritius.com
4.3
The completed Application Form along with all supporting documents should be submitted to the Scholarships Section,Ministry by Monday 15 April 2013 at 14 00 hours at latest.
4.4
Candidates should ensure that certified copies of certificates, transcripts of final university results/marksheets and all other relevant documents relating to their qualifications are submitted to the Scholarships Section, by the closing date. Non-submission of these documents on time will result in their elimination from the selection exercise. Certification of documents may be done at the Scholarships Section of the Ministry or at the Career Guidance Service in Rose Hill.
4.5
Only the best candidates will be selected. Candidates who would not have been informed of their selection within eight weeks as from the closing date for application should consider that their applications have not been successful.
5.
The final decision to run the abovementioned courses rests on the institution.
6.
A communiqué will be placed on the Ministry’s website in due course to inform applicants that the selection exercise had been completed.
Ministry of Education and Human Resources MITD House,Phoenix
26 March 2013
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VIVO ENERGY MAURITIUS
Le projet CSR consacré à la sécurité routière
«C
ité Zen – Les jeunes roulent pour la sécurité routière. » C'est le nom qu'a choisi Vivo Energy Mauritius Limited pour son projet Corporate Social Responsibility (CSR) lancé le 20 mars dernier, au Labourdonnais Waterfront Hotel, à Port-Louis. La compagnie distributrice de carburants commerciaux et de lubrifiants et qui opère des stations-service prévoit ainsi un concours d'affiches destiné aux écoles primaires, une compétition de rédaction de scénario autour du thème de la sécurité routière pour les collégiens et finalement, une « Déclaration de la Jeunesse pour la Sécurité Routière » qui a pour but de recueillir plus de 25 000 signatures à travers le site officiel www.citezen.mu. Le projet CSR de Vivo Energy est principalement fondé sur une approche participative et active. En effet, dans un premier temps, les écoles primaires de l'île seront invitées à participer au concours d'affiche en équipes. Une fois soumises, vingt-cinq affiches seront sélectionnées par un jury pour constituer une réserve de support de communication. Ces dernières seront ensuites soumises au vote du public à travers un réseau social et les trois affiches qui recevront le plus de votes seront primées.
Dans la mesure où ils sont des usagers particulièrement vulnérables, les jeunes ont besoin d’une attention particulière Kiran Juwaheer Les établissements secondaires, quant à eux, pourront présenter un scénario autour du thème de la sécurité routière. Les dix meilleures idées seront sélectionnées par un jury, puis les internautes, toujours grâce à un réseau social, sélectionneront à leur tour les cinq scénarios vainqueurs. En guise de récompense, les gagnants des cinq collèges se rendront dans une académie spécialisée, où ils seront encadrés pour adapter leur scénario à l'écran, en version 3D. « Dans la mesure où ils sont des usagers particulièrement vulnérables, les jeunes ont besoin d’une attention particulière », a expliqué à l'occasion du lancement du projet Kiran Juwaheer, Managing Director de Vivo Energy Mauritius Limited. « Non seulement s’approprient-ils plus facilement la nécessité de changer de comportement et d’attitude; ils sont aussi plus à même de la transmettre à leur entourage, notamment leurs aînés. D’où notre vision de nous engager dans une démarche d’éducation », a-t-il ajouté. Le projet bénéficie du soutien de la Special Road Safety Unit du Prime Minister's Office et de la collaboration du ministère de l'Education. Le ministre de tutelle, Vasant Bunwaree, présent au lancement, en a profité pour annoncer qu'il se penche sur l'introduction d'un livret sur la sécurité routière dans les classes de troisième et de quatrième. Ce dernier envisage également que la sécurité routière fasse son entrée dans le curriculum du primaire d'ici quatre ans. V.V
PLEIN RÉGIME
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Total investit $ 10 Mds au Congo-Brazzaville
LE GROUPE français Total, opérateur du permis d’exploitation de Moho-Bilondo en République du Congo (Congo-Brazzaville), a annoncé dans un communiqué daté du 22 mars le lancement du développement de Moho Nord, incluant le développement de Moho-Bilondo Phase 1bis, ainsi que l’attribution des principaux contrats. La mise en production est attendue pour 2015 et devrait atteindre 140 000 barils équivalents pétrole par jour (bep/j) en 2017. Ce développement représente un investissement total de 10 milliards de dollars. Situé à environ 75 kilomètres de Pointe Noire et 25 kilomètres à l’ouest de Nkossa, par des profondeurs d’eau de 450 à 1 200 mètres, le projet de Moho Nord a pour objectif la production de réserves additionnelles dans la partie sud du permis (Phase 1bis) et de réserves nouvelles au nord (Moho Nord). Les réserves supplémentaires d’huile sont estimées à environ 485 millions de barils équivalents pétrole. Présent au Congo-Brazzaville depuis 1968, Total est le principal opérateur pétrolier du pays. Total E&P Congo opère ainsi 10 des 22 champs en production, qui représentent environ 60% de la production nationale. La quote-part de production du groupe a été de 113 000 bep/j en moyenne en 2012. Ce projet marque également une nouvelle étape dans le développement du permis, à la suite de Moho-Bilondo Phase 1E, entré en production en 2008. Pour la Phase 1bis, un total de 11 puits sous-marins au Miocène seront raccordés à l’unité de production flottante (« FPU ») existante de Moho-Bilondo, dont la capacité sera augmentée de 40 000 bep/j. Pour Moho Nord, 17 puits sous-marins à objectifs Miocènes seront forés et raccordés à une nouvelle unité FPU et 17 puits supplémentaires à objectifs Albiens seront développés à partir d’une nouvelle plateforme de type TLP (« Tension Leg Platform »). La production de Moho Nord sera traitée sur la nouvelle unité FPU, qui aura une capacité de traitement de 100 000 bep/j, avant d’être expédiée par canalisation sous-marine au terminal à terre de Djéno.
Services financiers : le Cameroun en manque La demande de services financiers au Cameroun se situe entre 6 et 12 millions de personnes pour une population de plus de 20 millions d’habitants, estime une étude du ministère des Finances présentée le 20 mars à Yaoundé. À peine un million de personnes disposent d’un compte bancaire, soit un taux de bancarisation de 5%. La microfinance disposait quant à elle de 1,2 million de clients à la fin 2011. D’après cette enquête, les institutions de microfinance (IMF) découragent la clientèle à cause du manque de diversification de leurs produits, de taux d’intérêt élevés, de crédits aux montants inadéquats, de délais de remboursement trop courts et de conditions tarifaires peu transparentes. Dans un autre registre, leur inégale répartition géographique, la difficulté de produire des garanties et l’enclavement des zones rurales constituent aussi des contraintes qui pèsent sur le développement des services financiers. L’étude révèle cependant l’existence d’un fort potentiel de développement, notamment à travers la banque mobile et la banque à distance
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Alors qu'il vient d'annnoncer sa volonté de se désengager du port de Hong Kong, DP World se tourne toujours plus vers les marchés émergents. La compagnie prévoit notamment de dépenser plus de 400 millions de dollars dans le projet Port du Futur, attendu à Dakar pour 2015
MANUTENTION PORTUAIRE
DP World se concentre sur les marchés émergents
C
hangement de stratégie pour DP World. Le troisième manutentionnaire portuaire mondial a décidé de vendre ses actifs situés dans les pays développés pour porter une attention plus soutenue aux marchés émergents. « Ils vont chercher la croissance là où elle est, en développant une stratégie remarquable qui leur permet de dégager des liquidités pour investir sur des pays à fort potentiel », explique Sébastien Hénin, gérant de portefeuille à Abou Dhabi. L'opérateur, détenu à hauteur de 80% par le gouvernement de Dubaï, a annoncé le 7 mars dernier sa volonté de se désengager du port de Hong-Kong. Il a vendu pour 742 millions de dollars les participations qu'il détenait sur plusieurs terminaux pour ne conserver que les opérations portuaires. DP World s'était déjà débarrassé de manière identique de ses derniers actifs australiens mi-2012, engrangeant 1,5 milliard de dollars pour ses projets futurs. INVESTISSEMENTS MASSIFS Le manutentionnaire, déjà présent aujourd'hui sur 60 terminaux portuaires, répartis dans une trentaine de pays, dont six en Afrique (Afrique du Sud, Mozambique, Djibouti, Égypte, Algérie et Sénégal), envisage en effet de dépenser près de 3 milliards de dollars d'ici à 2014 pour développer ses
L’OPÉRATEUR SOUDANAIS Sudatel tenterait, selon les médias africains, de vendre ses filiales africaines dans un marché où la compétition plombe la rentabilité des petits acteurs. Alors que la compétition s’intensifie sur les marchés africains, les revenus des opérateurs par utilisateur (Arpu) baissent de manière continue. Une chute qui devrait se poursuivre dans les prochaines années. Selon la société d’analyse télécom Ovum,
CROISSANCE. DP World, 3e manutentionnaire mondial, a vendu l'an dernier tous ses actifs australiens afin de dégager des fonds et investir ailleurs
activités sur le port de Santos au Brésil, en Inde et en Turquie. En Afrique, la compagnie prévoit toujours de dépenser plus de 400 millions de dollars dans le projet Port du Futur, attendu à Dakar pour 2015, tout en agrandissant son terminal de Sokhna en Égypte. En plus d'éponger une partie de son endettement, estimé aujourd'hui à près de 1,5 milliard de dollars, DP World compte également mettre le paquet sur Dubaï
pour augmenter de 5 millions supplémentaires la capacité du port de Jebel Ali, estimée actuellement à 11 millions de conteneurs par an. Bien décidé à profiter à plein de la reprise économique constatée ces derniers mois dans l'émirat, DP World annonce vouloir atteindre les 80 millions d'EVP sur Jebel Ali en 2030. À cette date, l'opérateur espère dépasser les 100 millions de boîtes traitées par an, contre 56 millions en 2012.
SUDATEL VEUT LÂCHER SES FILIALES l’Arpu devrait passer de 122 dollars par an en 2012 à 105 dollars en 2017. Dans ce contexte, de plus en plus d’acteurs de second rang réévaluent leurs positions sur le continent. C’est le cas de Sudatel, l’opérateur historique soudanais, qui, via sa filiale Expresso, détient des opérations au Ghana, en Guinée Conakry, au Sénégal, en
Mauritanie (sous la marque Chinguitel) et au Soudan du Sud (sous la marque Sudani). Vente par appartement de ses opérations internationales ou en un seul bloc, aucune option n’est écartée selon le site spécialisé TMT Finance. Il faut dire que Karthoum, actionnaire à 21 % de Sudatel, ne peut plus financer l’expansion internationale de l’opérateur depuis qu’il a
perdu une grosse partie de ses revenus pétroliers suite à l’indépendance du Soudan du Sud. Mais se retirer d’Afrique n’est pas forcément chose aisée. En effet, peu d’acheteurs sont intéressés par les opérateurs dont la part de marché ne dépasse pas 20%, faute d’avoir l’assurance de rentabiliser leur investissement.