Capital Edition 158

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LA BAI DEMANDE À SES YESSERS DE S’INDIGNER ET DE S’ENGAGER Que feront-ils de leur certificat de participation au programme Youth Engaged in Service de la British American Investment (BAI)? Pas seulement orner les murs, espère Paul Mercier, l'un des fondateurs du projet initié en 2007 Edition 158 – Mercredi 4 décembre 2013

LA DIFFÉRENCE, C’EST LE CONTENU

Votre hebdomadaire à Rs 15

INDUSTRIE CANNIÈRE

MAURITIUS STATIONERY MANUFACTURERS LTD

LE MSIRI MONTRE LA VOIE

L’ACQUISITION DE BOOK PRINTING A-T-ELLE ÉTÉ FATALE?

En 2010, le Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI) s’est vu confier la mise en œuvre de pas moins de huit projets sur les treize enclenchés par le Sugar Research Program de l'Union européenne pour les pays ACP. L’expertise de l'organisme, qui fête cette année ses 60 ans, est recherchée sur le continent africain et au-delà. Pleins feux sur une institution incontournable...

Etait-ce simplement une mauvaise décision ou une acquisition qui n'aurait pas eu les effets escomptés ? Toujours est-il qu'aujourd'hui, Mauritius Stationery Manufacturers Ltd, une des plus anciennes compagnies à être cotées en Bourse, se retrouve sous administration. Tentative de décryptage

DAN MARAYE,

ANCIEN GOUVERNEUR DE LA BANQUE DE MAURICE

« MAURICE NE DOIT PAS CÉDER FACE À UNE UNION MONÉTAIRE » L'histoire est le meilleur professeur. Les événements qui ont affaibli la zone euro ont démontré les faiblesses d'un système qui était cité comme modèle. Suivre les traces de l'Europe et créer une monnaie unique pour le continent africain serait-il judicieux ? Maurice en serait-il le perdant, comme le soutient le Fonds Monétaire International ?

RABAB FAYAD, DIRECTOR, REGIONAL NETWORK, WBCSD

BUSINESS

“TIME FOR BUSINESS TO TAKE THE LEADERSHIP”

BAI KENYA’S VALUE JUMPS BY RS 3.16 BILLION


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ACTA PUBLICA

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

JEAN-FRANÇOIS BOURQUE, SENIOR ADVISER, INTERNATIONAL TRADE CENTRE (ITC)

« Maurice a de grandes potentialités pour l’avenir » Senior Adviser au sein du département Trade and Law de l'International Trade Centre, Jean-François Bourque pense que Maurice a tous les atouts nécessaires pour jouer un rôle important, à l'échelle internationale, en ce qu'il s'agit du commerce et de la résolution des conflits par arbitrage. Dans un court entretien, l'expert en matière juridique livre également ses sentiments sur le capital humain qu'il faut indispensablement cultiver si le pays veut exploiter son potentiel ▼ JAMIROUDDIN YEADALLY ❚ Pourquoi l'ITC a-t-il choisi l'île

FIABILITÉ. Pour Jean-François Bourque, Maurice et la CCIM sont des partenaires crédibles

Maurice comme partenaire ? Maurice est un partenaire intéressant en raison de son dynamisme économique, et aussi parce qu'elle se situe au carrefour de différentes cultures juridiques. Ici, on peut facilement trouver des gens qui sont aussi familiers avec le Common Law qu'avec le droit civil, qui sont les plus grandes traditions juridiques du monde. Maurice bénéficie aussi d'une certaine stabilité sociale, ce qui la rend attractive pour des investissements de commerce. Je vous dis cela de par mon expérience personnelle au sein de l'agence du commerce international, qui est l'agence technique des Nations Unies pour le développement des exportations, et l'Organisation mondiale du

commerce (OMC). Notre expérience de travail s'est réalisée dans le concret avec la Chambre de Commerce et d'Industrie de Maurice cette année. Nous avons d'ailleurs trouvé un partenaire fiable en cette institution, notamment parce qu'elle a développé un centre d'arbitrage qui fonctionne. Je vois un avenir à travailler avec l'île Maurice. ❚ Selon vous, dans quelle mesure Mau-

rice peut-elle contribuer à faciliter le commerce sur le plan international ? Du point de vue de l'ITC, ce qu'il y a de certain c'est que l'île Maurice est un vivier de formateurs et de connaissances. En raison de son insularité, les échanges sont vitaux pour l'île. De ce fait, les gens ont acquis, ici, un certain savoir-faire. Et en matière de commerce international, ce savoir-faire peut facilement être

partagé dans les sous-régions. Là, je pense aux Comores, à La Réunion et bien évidemment à Madagascar, aux Seychelles et au Mozambique. ❚ L'île bénéficie-t-elle d'un certain

avantage, en ce qu'il s'agit du commerce régional et international, de part sa position géographique ? Pour moi, chaque pays a un potentiel, tel qu'il soit et où qu'il soit. Mais ce potentiel ne pourra jamais être réalisé sans les personnes pouvant le faire. Le potentiel d'un pays se mesure donc essentiellement par la qualité des personnes qui s'y trouvent, et il me semble qu'ici, en raison de sa composition particulière, de son multiculturalisme et de ce vivre-ensemble que reflète l'île Maurice, le pays a de très grandes potentialités pour l'avenir.


ACTA PUBLICA

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ccording to the Kenyan-based Business Daily newspaper, Britam shareholders have seen the value of their shares jump by Ksh 9 billion (Rs 3.16 billion). The shares have hit their peak since they were first listed at the Nairobi Securities Exchange (NSE) in July 2011. According to the newspaper, the jump comes after Britam has announced it will acquire a 99% shareholding in Real Insurance Company, which offers car and housing insurance products and will also give Britam a presence in Tanzania, Malawi and Mozambique. The buyout, it is reported, will nearly double Britam’s market share. We present hereunder the article published in the Business Daily: Britam shareholders have seen the value of their shares jump by Sh9 billion over the past five days on Saturday buyout news of rival Real Insurance that will nearly double its market share. The firm’s shares stood at Sh15.45 at the close of trading, reflecting an increase of 37.3 per cent and hit its peak since listing at the Nairobi Securities Exchange (NSE) in July 2011 at the price of Sh9 a piece. This a boon to Britam shareholders including investment banker Jimnah Mbaru, its CEO Benson Wairegi, Equity Bank chief, James Mwangi and Peter Munga, the businessman who chairs Equity Bank board. The investors along with Dawood Rawat, a foreign national, and Jane Michuki, a managing partner at Kimani & Michuki Advocates each control shares that are worth more a billion shillings in Britam - making

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BUSINESS

BAI Kenya’s value jumps by Rs 3.16 billion The share price of British American Investment Company Kenya, (BAI Kenya, known as Britam), the Kenyan associate of Mauritian group British American Investment Co. (Mtius) Ltd, has hit a record high in their stocks at the NSE. But Britam shareholders seem to be the biggest beneficiaries of the buyout news, especially its principal shareholders.

RESULTS. According to Benson Wairegi, CEO, Britam recorded a net profit of Sh2.1 billion from January to June 2013

them among the top beneficiaries of share price gains at the Nairobi bourse this year. Britam, which has interests in insurance, real estate and asset management, disclosed over the weekend of plans to purchase 99 per cent in Real Insurance in a cash and share swap deal. The deal will push its share of Kenya’s insurance premiums

to 7.4 per cent from a 4.3 per cent it had in December, placing the firm behind Jubilee (11.3 per cent), CIC (9.1 per cent) and APA (7.8 per cent). It will also see the principal shareholders of Real Insurance own shares worth hundreds of millions of shillings in Britam—which will also offer them a platform to easily trade

VALUE OF SHARES RISES Mr Rawat, a Mauritian who chairs Britak’s parent company, has seen the value of his shares rise by Sh1.6 billion in the five days. Mr Munga, the businessman who together with James Mwangi made his first billion at Equity Bank, is the second largest shareholder with 329.4 million shares has added more than Sh1.1 billion to his holding following the rally. Mr Mbaru - the principal shareholder at Dyer & Blair Investment Bank - owns 219.3 million shares at Britak is Sh927.6 million richer with Mr Mwangi of Equity Bank adding Sh317 million during the week. Ms Michuki saw her portfolio of Britam shares rise by Sh760 million to Sh2.7 billion. Britam says the acquisition is informed by its quest to get a larger share of Kenya’s general insurance like car and house and a presence in more African countries. It has presence in South Sudan and Uganda, but it derives more than 90 per cent of its earnings from Kenya and plans to change this structure in the coming years as the sub-

sidiaries mature. This means that Real Insurance will give it a presence in Tanzania, Malawi and Mozambique. Real’s general insurance business covers fire, commercial, and motor vehicle risks and had premiums worth Sh2.2 billion last year. EASY SOLUTION An acquisition provides an easy solution compared to a start-up, which could involve buying land, putting up buildings, hiring local staff, seeking regulatory approval and struggling to fight for market share against established rivals. This the latest buyout to be pursued by Britam, which on November 14 announced a 25 per cent stake in property development firm Acorn as it races to boost its presence in the real estate market. Its ambitions to rump up foreign subsidiaries mirror the rush by local insurers including UAP Insurance, Jubilee Insurance and CIC Insurance to open units outside Kenya. While Kenya’s insurance market has 45 players, the neighbouring countries have few insurers, attracting more Kenyan firms like Britam. Britam’s net profit rose 28.7 per cent to Sh2.1 billion in the six months to June, helped by capital gains in its equity portfolio.


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FINAL REPORT

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UNION MONÉTAIRE RÉGIONALE

Maurice, le grand perdant ?

Cinq pays africains viennent de signer un accord pour la création d'une monnaie unique. Le débat semble donc être en partie relancé, bien que les gouverneurs des banques centrales africaines maintiennent le statu quo. Maurice, qui, selon un document du Fonds Monétaire International, serait l'un des « gros perdants » si un tel projet aboutissait, se montre prudent ▼ HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN

A

lors que la crise économique a mis au jour les faiblesses de la zone euro et relancé, chez certains, le débat quant aux avantages d'une monnaie unique, l'Afrique semble vouloir emprunter le même chemin que le Vieux Continent. Les cinq pays membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) évoluent en effet vers une monnaie unique. Quel est l'enjeu pour Maurice si des Etats membres d'autres organisations régionales – COMESA, SADC, IGAD – décidaient de leur emboîter le pas? Déjà, le Fonds Monétaire International (FMI), dans une analyse intitulée « Une monnaie unique pour l'Afrique », nous qualifie de grand perdant. Un avis partagé par certains spécialistes locaux, à l'instar de Dan Maraye, l'ancien gouverneur de la Banque de Maurice, selon qui une monnaie unique serait néfaste pour le pays. Bien qu'il est vrai que Maurice fasse partie de l'Union africaine et qu'il soit considéré, au niveau international, comme faisant partie intégrante du continent noir, toujours est-il que culturellement, et sur le plan relationnel, l'attachement avec l'Inde demeure un facteur important. En cela, la roupie est sans doute d'une grande importance identitaire. Sur le plan historique d'ailleurs, les deux pays ont été colonisés par l'Empire britannique et ont reçu comme unité monétaire la roupie, et non la livre sterling. Ce qui nous différencie des Etats africains du 'mainland', où la dominance française, tant sur le plan historique que celui du lien monétaire, est plus prononcée que l'héritage anglophone. Persistons à suivre le chemin tracé par les Britanniques et peut-être que nous serons aussi confortables que le sont les Anglais aujourd'hui quand la politique monétaire régionale africaine connaîtra son lot de turbulences, tout comme l'euro aujourd'hui (Ndlr: voir entretien de Dan Maraye). ATTIRER LES INVESTISSEMENTS C'est le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie qui ont en premier exprimé l'intention de relancer la zone monétaire de l'EAC, dissoute en 1977. Un intérêt qui s'est traduit par la signature - par le Kényan Uhuru Kenyatta, l'Ougandais Yoweri Museveni, le Rwandais Paul Kagame, le Burundais Pierre Nkurun-

ziza et le Tanzanien Jakaya Kikwete samedi dernier, d'un protocole qui jette les bases d'une future union monétaire, dont la création est envisagée d'ici dix ans. Avant de lancer une monnaie commune, l'EAC compte harmoniser les politiques monétaires et fiscales des pays de la région et créer une banque centrale commune. L'avènement d'une monnaie unique s'accompagnera également de critères macro-économiques à respecter, notamment en termes de contrôle de l'inflation. Le projet d'union monétaire de ces cinq pays, qui comptent au total 135 millions d'habitants, vise à attirer les investissements étrangers, éliminer le coût lié à l'utilisation de plusieurs monnaies, réduire les coûts des transactions et accorder plus de liberté aux entreprises pour faire du commerce et investir davantage. Autant de raisons de vouloir une union monétaire. INCONVÉNIENT Pourtant, celle-ci ne s'annonce pas positive pour Maurice si l'ensemble du continent se prend au jeu. Selon le FMI, certaines économies gagneraient, alors que d'autres perdraient gros suite à la création d'unions monétaires régionales et sous-régionales. Pour cause : les disparités sont assez importantes entre les Etats membres du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) et de la Southern African Development Community (SADC). Le COMESA, selon le document du FMI, a pour inconvénient supplémentaire de ne pas inclure l'Afrique du Sud,

DANGER. Le pays risque de perdre une partie de son identité si elle abandonne la roupie pour une monnaie commune

principal pôle de stabilité monétaire de la région. Ainsi, selon le modèle du FMI, il semble qu'une union monétaire à part entière ne soit pas souhaitable pour certains membres du COMESA, à savoir l'Egypte, le Kenya, Madagascar, Maurice, la Namibie, l'Ouganda et le Swaziland, quoique l'Ouganda semble vouloir aller de l'avant avec le projet d'union monétaire réunissant les cinq Etats membres de l'EAC. PERTE DE BIEN ÊTRE Pour ce qui est de la SADC, dont Maurice fait aussi partie, le FMI cite le faible taux de biens manufacturés et des exportations, ainsi que la faible corrélation des chocs sur les termes de l'échange entre les pays, pour arguer que les Etats membres de l'organisation régionale ne bénéficieraient pas d'une union monétaire. Selon le FMI, ces pays subiraient même « une perte de bien être supérieure à 1% de l'équivalent PIB. » Ce qui ferait de Maurice un des « gros perdants ». Après l'idée d'une flotte aérienne régionale (que promeut la Commission de l'Océan Indien), nous constatons que le projet d'unité monétaire commence à prendre forme, du moins au niveau des débats. Il serait intéressant de jouer au jeu des devinettes, en guise de conclusion, quant à l'éventuelle composition du Monetary Policy Committee (MPC) d'une banque centrale régionale, ainsi qu'au déroulement des réunions. Déjà que le petit comité d'un si petit pays comme le nôtre connait son lot de péripéties...

RUNDHEERSING BHEENICK :: UNE « FOLLOW-UP MEETING » EN JANVIER Lors d'un entretien accordé à Capital il y a un an, le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, avait déclaré que les débats autour d'une monnaie unique étaient en mode 'attente'. Les Gouverneurs de Banques centrales africaines ayant voté en faveur du maintien du statu quo lors de la récente rencontre de l'Association of African Central Banks (AACB), nous avons voulu, encore une fois, sonder l'esprit de Rundheersing Bheenick. Joint au téléphone hier après-midi, ce dernier a affirmé qu'une « follow up meeting » avec l'Union africaine devrait se tenir à Addis Abeba, début janvier, afin de discuter d'union monétaire. La présence des représentants de l'Afrique australe sera très attendue, ces derniers ayant, par le passé, demandé à ce que toutes les discussions sur le sujet soient interrompues. En ce qu'il s'agit du protocole signé par les Etats membres de l'EAC samedi dernier, le Gouverneur de la Banque de Maurice est d'avis qu'une union monétaire est logique dans ce cas précis. « The EAC is building on something which existed before and collapsed. Kenya, Tanzania and Uganda are the core and they have brought in Rwanda and Burundi. But whether the system can be enlarged to take other countries is debatable. For instance, the Democratic Republic of Congo and EAC member states don't have much in common », précise Rundheersing Bheenick. Quant à l'opinion du FMI à l'effet que Maurice pourrait pâtir d'une union monétaire, ce dernier estime que la majorité des études internationales arrivent toujours à la même conclusion par rapport à notre pays. La même chose a par exemple été dite lorsque des discussions avaient été entamées sur le Protocole Sucre ou le 'Multi Fibre Agreement'. Et Rundheersing Bheenick de conclure sur une question lapidaire : « Do we look like a loser to you ? »


FINAL REPORT

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DAN MARAYE, ANCIEN GOUVERNEUR DE LA BANQUE DE MAURICE

« On ne doit pas céder face à une union monétaire »

L'histoire est le meilleur professeur. Les événements qui ont affaibli la zone euro ont démontré les faiblesses d'un système qui était cité comme modèle. Suivre les traces de l'Europe et créer une monnaie unique pour le continent africain serait-il judicieux ? Maurice en serait-il le perdant, comme le soutient le Fonds Monétaire International ? Réponses avec Dan Maraye, ancien gouverneur de la Banque de Maurice ▼ HERRSHA LUTCHMAN-

BOODHUN

❚ Cinq pays africains ont

récemment signé un accord en vue de la création d'une union monétaire. Dans le contexte actuel, et au vu de ce qui s'est passé dans la zone euro, est-ce une bonne décision ? Le problème c'est que malheureusement, d'après mes analyses, beaucoup de décideurs politiques, qu'ils soient européens, africains ou américains, n'apprennent pas de l'Histoire. Il est clair, aujourd'hui, que l'euro a été une faillite. Je maintiens même que l'euro est le plus gros problème de l'Europe. On ne peut pas avoir d'union monétaire avec différents pays indépendants. C'est tout le contraire aux États-Unis, avec des Etats au sein d'un seul pays. Regardez ce qui se passe en Europe. Dans la zone euro, un seul pays en tire profit, et c'est l'Allemagne. Les autres pays, tels la Grèce et la France, en sortent perdants. Les problèmes vont s'accentuer. Prenons l'exemple de la Grèce. En dépit de l'argent que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont injecté dans son économie, le pays ne sera jamais en position – du moins dans les vingt années à venir – de rembourser cet argent. Je dis toujours qu'une des plus grandes décisions que l'Angleterre a prise a été de refuser d'intégrer la zone euro. En octobre 1992, quand l'Angleterre a été éjectée de l'Union européenne, la Banque d'Angleterre a perdu des milliards.

Ce jour-là, j'étais à Edinbourg. Quelqu'un a demandé mon avis sur la situation et j'ai répondu ceci: 'If you change the name, I would have thought that we are talking about policies of a Third World country.' Si la Grèce avait toujours sa monnaie nationale, la solution aurait été de la dévaluer. La dévaluation est une solution et l'aurait aidée à devenir plus compétitive, quoique la dévaluation ait toujours une connotation négative pour les gens. Nous avons vécu deux dévaluations à Maurice. Si on ne l'avait pas fait, Maurice aurait été pire que Madagascar. C'était reculer pour mieux sauter. Pourquoi ne pas apprendre des erreurs que les autres ont commises ? Les grands pays européens ont dépensé des milliards et des milliards pour avoir la monnaie unique et modifier les lois... ❚ L'idée d'une monnaie

unique ne vous enchante pas... C'est comme un mariage entre deux personnes qui ont été élevées de façon différente, ce qui ne marchera pas forcément ! Ces cinq pays ont des gouvernements différents. Il se peut que l'un d'entre eux ait un gouvernement conservateur et un autre un gouvernement plus socialiste. Comment fusionner les politiques de ces pays ? L'Histoire est le meilleur professeur ! L'idée d'avoir une seule banque centrale pour l'Europe ou l'Afrique renvoie à une façon de coloniser, d'avoir un seul gros pays. Une fois que c'est fait, après dix ans, ça va éclater. Pouvons-nous nous permettre le luxe de gaspiller

les ressources d'un pays pour des choses pareilles ? Ces cinq pays ont des cultures différentes, des langues différentes. De plus, c'est une fierté d'avoir une monnaie nationale. Pourquoi, malgré les pertes d'Air Mauritius, ne meton pas la clé sous la porte ? On avait évoqué l'aboutissement d'une monnaie et d'une banque centrale uniques pour 2020. Est-ce que les Mauriciens seront prêts à transférer les réserves que nous avons au Zimbabwe ? Nous sommes d'une culture complètement différente. Personnellement, je suis tout à fait contre une union monétaire pour l'Afrique. En tant que bon citoyen Mauricien, je serai toujours contre une banque centrale africaine, ou que les réserves de notre pays soient gérées ailleurs que chez nous. ❚ Malgré vos réserves, n'y au-

rait-il pas de bénéfice à intégrer une éventuelle union monétaire ? Bien sûr. J'ai pesé le pour et le contre. Finalement, les avantages sont tellement minimes qu'il vaut mieux ne pas en parler. Savez-vous combien de lois il faudra modifier pour aboutir à une union monétaire ? Combien cela va-t-il coûter? L'Europe a dépensé des milliards et c'est devenu une catastrophe aujourd'hui. Je maintiens que l'euro ne va pas tenir durant les dix ou vingt ans qui viennent. J'espère avoir tort, mais finalement, l'euro est quelque chose d'artificiel. En ce qui concerne ces cinq pays d'Afrique de l'Est, est-ce que la Banque mondiale ou le FMI ne sont pas en train de les utiliser comme des 'guinea pigs' ? Je

Pourquoi ne pas apprendre des erreurs que les autres ont commises ? Les grands pays européens ont dépensé des milliards et des milliards pour avoir la monnaie unique et modifier les lois... ne dis pas que c'est ainsi. Si ces cinq pays se retrouvent en difficulté comme la zone euro, ces deux institutions vont-elles injecter l'argent nécessaire comme elles l'ont fait pour l'Europe ? Ce sont des questions à poser. Il faut voir la réalité en face. 'No one owes us a living.' Pensez-vous que les Allemands sont contents qu'une grande partie de leur argent soit utilisé pour financer le déficit d'un autre pays ? Où est la logique ? Par contre, nous avons vu qu'un pays avec deux monnaies, ça marche, comme c'est le cas pour Hong Kong et la Chine. Mais deux pays avec une monnaie, cela reste à voir. Je me demande même quel gouverneur d'une banque centrale aimerait avoir une monnaie unique. Nous ne pouvons pas suivre, de manière aveugle, ce que les organisations internationales nous dictent. 'This is a Mauritian problem and it has to be solved by Mauritians.' Je pense

que c'est une voie dangereuse. ❚ Lorsqu'on parle d'union

monétaire, est-ce nécessairement de la création d'une nouvelle monnaie ? Les décideurs vont prendre l'euro comme modèle. Le lancement a été fait en fanfare alors que les gouverneurs africains murmuraient que l'euro n'allait pas tenir. Certains n'ont rien dit car les pays africains francophones reçoivent beaucoup d'aide de la France. Ils n'ont pas osé le dire, aussi, parce que ces pays étaient puissants. ❚ Donc, pour résumer, Mau-

rice ne peut pas se permettre de perdre sa monnaie nationale, car celle-ci participe à son identité... Tout à fait ! Ce serait perdre notre identité si nous évoluions vers une union monétaire. Maurice ne doit pas céder face à une politique monétaire unique.



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MAURITIUS STATIONERY MANUFACTURERS LTD

L'acquisition de Book Printing a-t-elle été fatale ? Etait-ce simplement une mauvaise décision ou une acquisition qui n'aurait pas eu les effets escomptés ? Toujours est-il qu'aujourd'hui, Mauritius Stationery Manufacturers Ltd, une des plus anciennes compagnies à être cotées en Bourse, se retrouve sous administration. Tentative de décryptage ▼ HERRSHA LUTCHMAN-

BOODHUN

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année se termine sur une mauvaise note pour Mauritius Stationery Manufacturers Ltd (MSM). La compagnie, qui jouissait d'une bonne santé financière il n’y a pas si longtemps de cela, a été placée sous administration. Capital a donc voulu savoir comment une compagnie solide en arrive, en l'espace de quelques années, à crouler sous les dettes. Selon certaines observations, l'erreur commise par MSM pourrait avior été l'acquisition de Book Printing Services Ltd. Un rapide coup d'oeil aux bilans financiers de MSM, compagnie créée en 1966, permet en effet de voir qu'elle jouissait encore d'une santé financière positive en 2005, avec des profits après impôts de Rs 3 833 000. Quoique la situation s'est

légèrement dégradée en 2006 et 2007, avec des pertes de Rs 2 657 000 et Rs 4 080 000 respectivement, elle s'est améliorée en 2008, les pertes ne s'élevant, cette année-là, qu'à Rs 1 013 000. STRATÉGIE OU AMITIÉ Une année plus tard, c'est la dégringolade. Les pertes atteignent Rs 80 443 000. Entretemps, MSM a fait l'acquisition de Book Printing Services Ltd (BPS). Cette dernière était contrôlée par une famille très réputée dans le monde des affaires. Selon certaines analyses, suite à cette acquisition en 2008, conclue par stratégie ou par amitié, MSM se serait retrouvée avec toutes les dettes de Book Printing sur les bras. Sa situation, à partir de là, n'allait qu'empirer. En 2011, l'exercice financier s'est soldé par une perte nette de Rs 163 millions, et par la suite, la

PERCEPTION DE LA CORRUPTION

MAURICE DÉGRINGOLE...

LE MAURICIEN a l'impression que la corruption augmente dans son pays. C'est ce qui ressort du dernier classement établi par Transparency International. Maurice dégringole ainsi du 43e au 52e rang mondial sur 177 pays, avec 52 points contre 57 l’année dernière. En Afrique, nous n'arrivons qu'en 5e position, les Seychelles et le Rwanda nous ayant dépassé. Au niveau mondial, c'est le Denmark qui occupe la première place, suivi de la Nouvelle-Zélande et de la Finlande. A l'autre bout du classement, parmi les mauvais élèves, on retrouve la Somalie. Le Botswana (30e) demeure quant à lui le pays africain le mieux classé, devant le Cap-Vert (41e), alors que les Seychelles se sont hissés à la 47e place. Il est à noter que plus des deux tiers des 177 pays étudiés dans le cadre de l’indice 2013 obtiennent une note inférieure à 50, sur une échelle allant de 0 (pays perçu comme étant extrêmement corrompu) à 100 (pays perçu comme étant très peu corrompu).

moyenne mensuelle avoisinerait les Rs 10 millions. C'est ainsi qu'en février 2012, MSM confirme le départ de 195 de ses 621 employés. Un plan de restructuration est également établi. Pourtant, l'acquisition de Book Printing devait annoncer une ère positive pour MSM.

Dans un communiqué en date du 5 mai 2008, le conseil d'administration de MSM, annonçant que la compagnie ferait l'acquisition de 88,01% de Book Printing pour un montant de Rs 100,7 millions (une transaction sous forme d'échanges d'actions, soit 100 actions MSM pour chaque lot de 784

actions de BPS), le conseil d'administration de l'époque écrivait ceci : « The Directors of MSM are of opinion that the above proposed transaction will not only create synergies and enable economies of scale which will benefit to all their stakeholders but also strengthen the operations on the very competitive market of printing in Mauritius and in the region. » Dans la réalité, les choses ne se seraient pas passées aussi bien que prévues. Succession de General Managers après le départ de Didier Descroizilles, maintes recapitalisations, 'rights issues'... La compagnie s'est, de fil en aiguille, retrouvée avec une dette de plus de Rs 300 millions. Et bien que l'administrateur, Gérald Lincoln, se soit dit optimiste dans un entretien accordé, lundi, au Mauricien, le ver serait dans le fruit depuis longtemps, peut-être trop longtemps...

MAURA MCGOWAN QC, CHAIRWOMAN OF THE ENGLAND AND WALES BAR COUNCIL

« GOOD ADVOCACY IS THE ART OF PERSUASION » ON FRIDAY, at InterContinental Resort, Balaclava, the Mauritian Bar Association held a conference on « Facing up to the Challenges in the Legal Profession ». In the inaugural speech, Urmila Boolell, Chairwoman of the local Bar Association, explained that the conference was about setting « a sober and critical look at the challenges » the profession is facing. These are of three kinds : those that concern global events shaping the profession, challenges that are external to the profession and challenges that are internal. Handling litigation briefs is not the only thing expected from a modern barrister, says Urmila Boolell. Mauritian Barristers are to move from being practitioners to being service providers, thus rising to international standards. « We run the risk of not being able to reassure foreign

clients who would then turn towards foreign lawyers », she said. The International Arbitration Hub that we plan to become cannot work without local lawyers rising up to the required standard, added Urmila Boolell. Moreover she calls for the bar council to be self-regulatory and able to discipline its own members. Maura McGowan QC, Chairwoman of the England and Wales Bar Council, and guest of honour of the conference, said that « advocacy is rhetoric, it is the art of persuasion. » Similar to someone being convinced to change brand although he is used to an older one, the lawyer should, according to her, be able to seduce, entertain and convince. This art, she added, must be used to make an essential contribution to society. Lawyers in England and

Wales, she said, play an important role in political debate, in the formulation of laws through their bar councils and law reform committees assisting their law commission. She also outlined the importance of pro-bono work, that is lawyers taking up cases for free, especially for the needy, adding that about 40% of members of the England and Wales Bar Council were active in that sense. Access to Justice, she said, is important so that no one is left isolated in society. Pro-bono work ensures that all can have access to Justice. Maura McGowan QC concluded by saying that she would share with her Mauritian counterparts the lessons and mistakes made by the members of the British Bar, so that they could learn from them and not repeat them.


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FEU ROUGE

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

En 2010, le Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI) s’est vu confier la mise en œuvre de pas moins de huit projets sur les treize enclenchés par le Sugar Research Program de l'Union européenne pour les pays ACP. La notoriété internationale de l'organisme n’étant plus à démontrer, son expertise est recherchée sur le continent africain et au-delà. Pleins feux sur une institution incontournable, qui fête cette année ses 60 ans

INDUSTRIE CANNIÈRE

LE MSIRI MONTRE LA VOIE ▼ JESSEN SOOPRAMANIEN

U

n monde fascinant. Le Dr Salem Saumtally ne trouve pas d'autre mot pour décrire le monde de la recherche, où il évolue depuis une trentaine d'années. Il passerait des heures à parler de ses journées au Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), à Réduit, au coeur de l'île. Rien n’est plus passionnant que la recherche lorsqu'on veut solutionner un problème. Chercher, avec tout ce que cela comporte comme questionnements, doutes, échecs, recommencements, nouvelles connaissances. Un monde qui vous apprend la patience, la discipline, la persévérance, l'humilité. Cela peut prendre des années avant d'arriver à un résultat concluant ! Et quelle satisfaction, quelle plénitude, quand on sait que les résultats obtenus peuvent influer sur l'avenir de son pays et changer, en bien, la vie de tous ses concitoyens ! Le Dr Salem Saumtally intègre le MSIRI en 1983 comme Technical Officer, devient Scientific Officer en 1987 et est promu Chef de Département en 1992 et Principal Research Manager en 2010. Il est directeur de l'institut depuis

The first plant of economic importance to be introduced in Mauritius by the Dutch was sugar cane in 1639. It was grown primarily for the production of arrack (an alcoholic beverage), but sugar was also manufactured in two processing plants by the end of the 17th century. In the early days of the French Occupation (1715-1810), there was more interest in spices, cotton, indigo, coffee, foodcrops and animal husbandry, than sugar cane. It was Mahé de Labourdonnais, appointed Governor in 1735, who promoted the production of sugar cane. By the beginning of the 19th century, 3000 tonnes of sugar and 300 000 gallons of arrack were produced by 60 to 80 fac-

2012. Pour parler de l'histoire de la recherche dans l'industrie sucrière de Maurice, il faut remonter à 1893 avec la création de la Station Agronomique, qui sera remplacée par la Sugar Cane Research Station du Département de l’Agriculture en 1930. C'est la Commission Economique qui recommandera que l'industrie sucrière entreprenne ses propres recherches. C'est ainsi que le MSIRI voit le jour en 1953 (Ordinance No. 9) « to promote by means of research and investigation the technical progress

En soixante ans, le MSIRI a homologué pas moins de 65 variétés de canne. L’industrie en cultive actuellement une quinzaine of the Sugar Industry » (voir hors-texte ). Question : qu'y a-t-il à chercher dans la culture de la canne à sucre ? Quand on s'émerveille devant les jeux de lumière dans les champs fleuris au début de juin, se pose-t-on des questions sur les caractéris-

FROM ARRACK TO BIOMASS tories and distilleries. The sugar industry expanded under the British rule (1810-1968) and by 1862, production reached 150 000 tonnes and the number of factories increased to 259. This production stagnated until the end of the 19th century. The agricultural community had to face serious setbacks : violent cyclones, pests, and diseases, like malaria, which killed 10% of the population. These events led to the transformation of the sugar industry and the Chamber of Agriculture, founded in 1853, promoted organized research

tiques des plantes ? Toutes les cannes ne se ressemblent-elles pas ? Réponse du directeur : « Savez-vous qu'en soixante ans, le MSIRI a homologué pas moins de 65 variétés de canne ? Et que l'industrie en cultive actuellement une quinzaine ? » Explications : « Nous avons diverses conditions climatiques à travers le pays, de même que différents types de sols. Notre recherche consiste essentiellement à développer des variétés adaptées à ces différentes conditions. L'objectif est de pouvoir cultiver plusieurs variétés de canne dépendant de cette mosaïque d’environ-

with the creation of the “Station Agronomique”, in 1893, under the directorship of Mr Philippe Bonâme. Later, in 1913, the Department of Agriculture, was created to broaden research into other crops and in animal production. In 1930, a Sugar Cane Research Station was formed within that department to promote work on breeding, physiology and fertilization of sugar cane. While conducting research on crop and animal production, the Department of Agriculture continued to provide the sugar industry with specialized services, such as pathology, ento-

nement, en utilisant les pratiques culturales recommandées. » Quand on parle d'adaptabilité, on considère la repousse, le rendement, la teneur en saccharose, la résistance aux insectes et aux maladies, la mécanisation, entre autres. Le Dr Saumtally simplifie :

mology and sugar technology. The Mauritius Economic Commission of 1947-48 recommended that the sugar industry should finance and conduct its own research and experimentation. The Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI) was thus established by Ordinance No. 9 of 1953 “to promote by means of research and investigation the technical progress and efficiency of the sugar industry”. Under the guidance of Dr Octave Wiehe, its first Director, who remained in office for fifteen years, the MSIRI soon earned a prominent place in the world of sugar cane research, and in 1962 it hosted the XIth Congress of the International Society of Sugar Cane Technologists.


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PRADEEP GOBURDHUN, TECHNICAL OFFICER

PHOTOS : PATRICE BRETTE

« LA CANNE N’A PAS FINI DE NOUS SURPRENDRE »

« Il est important de cultiver la canne pour que l'industrie soit durable dans le temps, sans un impact négatif sur l'environnement. Par exemple, mis à part l'herbicide pour éliminer les mauvaises herbes, les pesticides ne sont appliqués dans les champs de canne que dans les cas exceptionnels. Pourquoi cela ? Au moment de développer une nouvelle variété de canne, nous prenons en considération, entre autres, la résistance intrinsèque à la maladie et aux insectes ravageurs. Les insectes ravageurs sont également contrôlés par la lutte biologique, cela afin de ne pas affecter l’environnement ». NOUVELLES APPLICATIONS Question de profane : pourquoi seulement une quinzaine de variétés sur les 65 créées sont actuellement cultivées ? « Une variété plus performante vient souvent chasser une autre. C'est comme votre téléphone portable, chaque nouveau modèle apporte son lot de nouvelles applications. A mesure que nous avançons nous développons de nouvelles variétés avec de nouvelles caractéristiques en termes de rendement ou de résistance aux maladies », explique le directeur de l'institut. Ce qui fait dire au Dr Saumtally que le MSIRI a grandement façonné l'industrie sucrière locale : « En 60 ans, les résultats des nombreuses recherches du MSIRI ont permis une augmentation d'environ 30% du rendement des plantations de canne. Ce qui est très éloquent, car n'oublions pas que le sucre a été pendant longtemps l'épine dorsale de l'économie mauricienne. L'industrie sucrière est intimement liée à l'histoire économique et sociale du pays ». La canne, en fait, n'a pas encore dit son dernier mot. Les possibilités que présente la canne sont innombrables, avance le Dr Saumtally. L'exploitation de cette espèce de la famille des Poaceae et du genre

Saccharum ne se résument pas qu’à la production du sucre. Dans les années 70 germait déjà l'idée de produire de l'électricité à partir de la bagasse de la canne. « Notre industrie sucrière a été un des pionniers dans la cogénération, c'est-à-dire brûler la bagasse pour produire de l'énergie électrique », déclare fièrement notre interlocuteur. Des compétences et une expertise qui ont donné à l'institution sucrière de Réduit un rayonnement international : « Nos compétences de recherche sont sollicitées un peu partout, en Asie et en Afrique, plus particulièrement par les sucriers de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, de la Tanzanie, de l'Ouganda, du Nigeria et du Pakistan. On trouve aussi les résultats de nos recherches dans les publications spécialisées ou dans des conférences internationales. Nous accueillons également des chercheurs étrangers pour des stages de formation et nous répondons toujours présents aux appels au secours de producteurs de sucre étrangers. Mentionnons, enfin, les échanges de variétés entre le MSIRI et d'autres instituts étrangers et les collaborations fréquentes avec des pays comme La Réunion, le Brésil, la Colombie, l'Australie, l'Afrique du Sud ou encore les Etats-Unis. » Et, cerise sur le gâteau: le MSIRI s’est vu décerner la mise en œuvre de pas moins de huit projets sur 13 du Sugar Research Program de l'Union européenne pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Le but de ces projets est d'améliorer l’efficience et la compétence de l'industrie de la canne au niveau des pays ACP. Le projet a commencé en 2010 pour être complété l'année prochaine. En parlant de ce jubilé de diamant, le Dr Saumtally tient fortement à citer les noms de ceux qui ont dirigé l'institut depuis sa fondation en 1953, « car ce sont les hommes qui font

les institutions ». Avant lui, l’institut a connu sept directeurs, qui ont été, dans l'ordre : Octave Wiehe, Robert Antoine, Jacques Dupont, Claude Ricaud, Régis Julien, Jean Claude Autrey et René Ng Kee Kwong. COMPETITIVE EDGE En nous faisant visiter les laboratoires, où les chercheurs travaillent dans un silence quasi religieux, le Dr Saumtally ne manque pas de souligner l'importance du personnel de l'institut : « On ne cessera jamais de leur rendre hommage. L'institut ne serait rien sans le dévouement et la compétence de ces travailleurs de l'ombre. Quand on parle des recettes financières de l'industrie et de ce qu'elle a apporté au développement économique, il ne faut pas oublier ces hommes et ces femmes, qui, dans la discrétion et l'anonymat, ont permis et continuent de permettre cela. Le MSIRI a joué un rôle déterminant dans la réussite économique du pays ». La recherche permet d'avoir un « competitive edge », nous dit le Dr Saumtally, en nous raccompagnant à la fin de la conversation: « Tous les pays avancés ont investi massivement dans la recherche ; le Brésil, l’Australie en sont des exemples ». Non sans partager avec nous un petit brin d'histoire, puisque le bâtiment abritant la salle de conférence de l'institut date de 1908. C'est une année après sa fondation, en 1954, que l'institut en a fait l'acquisition, grâce aux fonds des sucriers. Puis, au fil des décennies, la recherche prenant davantage d'importance dans le développement de l'industrie, « de nouveaux laboratoires et serres ont été érigés ». A 60 ans, le MSIRI est toujours appelé à jouer un grand rôle dans le développement économique du pays, car maintenant, on parle de l'industrie cannière. Elle en est encore à ses premiers pas, mais présente d’immenses possibilités.

Pradeep Goburdhun prend de l’emploi au MSIRI à l’âge de vingt ans, avant d’obtenir une licence en microbiologie à l’Université d’Afrique du Sud. C’est dire que la recherche, pour le jeune homme, est une passion de jeunesse. Une passion qui va durer, car il a passé vingt-trois « belles années » dans la vénérable institution. Détenteur d’une maîtrise obtenue en Angleterre, il est aujourd’hui Technical Officer au département de Plant Pathology. Dans le droit fil de sa devise, qui est qu’« on ne finit jamais d’apprendre », l’univers du MSIRI, dit-il, lui a apporté un enrichissement extraordinaire, tant au niveau professionnel que personnel. « Les gens du dehors peuvent difficilement imaginer le monde du chercheur. On nous voit passer tout notre temps derrière un microscope, ou manipulant de mystérieux agitateurs, burettes, minuteries ou tubes. C’est tout juste que l’on ne nous prenne pas pour des illuminés ! » « La technicité des résultats des recherches et la difficulté d’évaluer leur pertinence et leur portée sur le court terme ajoutent davantage à l’incompréhension des activités des organismes de recherche », observe Pradeep Goburdhun. N’empêche que le MSIRI existe et opère depuis 1953. L’institut a joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’industrie sucrière à Maurice. Et ce n’est pas demain qu’il dira son dernier mot. Et Pradeep Goburdhun de nous parler d’une des dernières découvertes du MSIRI : du plastique biodégradable fait à partir de feuilles de canne à sucre. « Avec des procédés chimiques et microbiologiques, on a pu convertir la paille de canne en bio plastique. C'est un ‘break through’ dans le monde. On a fait du bio plastique à partir de la mélasse et de l'éthanol, mais pas avec la paille. On a eu des résultats positifs, mais les examens continuent. C'est une première étape », explique Pradeep Goburdhun, non sans fierté. La canne, dit le microbiologiste, « n'a pas fini de nous surprendre et n’a pas encore livré tous ses secrets. » Une façon de dire que tant que durera la canne à sucre, le MSIRI continuera d’exister, et vice-versa...

LA CANNE ET LE MID La biomasse représente un potentiel énergétique important et demeure une alternative aux énergies fossiles. Notre industrie sucrière utilise déjà ce processus pour produire de l’électricité avec la bagasse de la canne à sucre. L’actuelle variété qui est cultivée possède un pourcentage de fibres entre 12 à 14%. L’institut vient de faire naître une nouvelle variété de canne, la ‘Canne Energie’, qui contient une forte teneur de fibres, soit plus de 20%. Ce qui signifie une plus grande production d’énergie. Selon Salem Saumtally, les résultats des recherches sont très prometteurs. La Canne Energie peut donner jusqu’à 135 tonnes de biomasse à l’hectare, contre 90 tonnes pour les autres variétés. « Il faut valoriser la canne dans toute son intégralité. Savez-vous que 90 % de l'énergie renouvelable disponible à Maurice émane de la bagasse ? Si nous voulons réduire notre dépendance sur les combustibles fossiles pour la production d’énergie, la canne nous offre une alternative fort intéressante. Il faut cultiver davantage de variétés en forte teneur en fibre. Mais pour cela, il faut un mécanisme afin de ne pas concurrencer la culture de la canne pour la production du sucre. Pourquoi ne pas la cultiver sur les terres marginales ? » analyse le directeur du MSIRI. Pour lui, loin de concurrencer le sucre, les dérivés de la canne ont un avenir certain dans le cadre du concept Maurice Ile Durable (MID).


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DR. LEONARDO BICHARA ROCHA, SENIOR ECONOMIST AT THE INTERNATIONAL SUGAR ORGANIZATION (ISO)

“Go for more sugar production”

The future of sugarcane is bright, says Dr Leonardo Bichara Rocha, Senior Economist at the International Sugar Organization (ISO). In Mauritius for the 60th anniversary of the MSIRI, the expert presented an overview of the world sugar economy. Small sugar producing countries like Mauritius have a big role to play, he says. Dr Bichara Rocha also stresses on the importance of venturing into second-generation ethanol production and bioplastics ▼ JESSEN SOOPRAMANIEN

THE SUGAR FORECASTER

A

Dr. Leonardo Bichara Rocha is a Senior Economist at the International Sugar Organization (ISO), the world's largest commodity organization with 86 member countries. At the ISO, he plays a key role in forecasting sugar and ethanol production, consumption and trade for over 150 countries, in addition to covering other related agricultural commodities. Prior to joining the ISO in February 2003, he acted as a consultant for ITS Consultancy as well as for the Brazilian government. Between 1999 and 2002, he taught Economics at the University of Essex, where he also obtained his Master's and PhD degree. He is also a former employee of the Brazilian Federal Court of Accounts and an alumnus of the University of Brasilia. While representing the ISO, Dr Bichara Rocha has regularly worked with other organizations such as the FAO and the OECD on agricultural commodity market analysis. Dr Bichara Rocha is also a regular guest of world commodity conferences and has addressed as well as chaired many international conferences on sugar and ethanol.

ccording to the forecasts of the International Sugar Organization (ISO), world sugar consumption will reach 201 million tons by 2020, compared to 173 million tons in 2012/2013. This represents an average forecast growth of 2.02% a year. On the other hand, world production levels are expected to fall from 183 million tons in 2012-2013 to 180 million in 2014-2015. All this means that there is a real demand for sugar on the world market. Predicting that Brazil, the world's biggest sugarcane producing country, will not be able to meet the whole of that demand on its own, Dr. Leonardo Bichara Rocha, Senior Economist at the ISO, states that the rest is “up for grabs” for smaller producing countries like Mauritius. The expert was the guest speaker during the celebrations of the 60th anniversary of the Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), which were held on Wednesday 20th November, at Bohame Hall, at the headquarters of the institute in Reduit. In the long term, he said the world needs more sugar – an additional 28 million tons between 2012/13 and 2020. Over 70% of world consumption growth is expected to take place in Asia and the Middle East, with India remaining the world’s largest consumer, at 32.7 million tons. According to ISO forecasts, China (22.1 million tons) will overtake the EU (19.7 million tons) as the world’s second largest consumer during that time. OPPORTUNITY TO GRAB It is a demand which major producers might struggle to meet. “In 1991, Brazil exported less than 2 million tons of sugar. Now they are exporting over 20 million tons. It is a revolution in the world sugar economy. But now there is a big slowdown in expansion in Brazil. In 2010, sugar production amounted to 39.5 tons, while forecasts suggest that in 2014-2015, it will be just 40.5 million tons, which only represents a rise of 1 million tons in production over four years,” Dr Rocha said during his exposé. In fact, according to ISO, Brazil will only be able to increase its production by 8 million tons by 2020 (46 million tons), while India’s will only improve

2.5 million tons (30 million tons in 2020). “It must also be noted that global consumption is growing by 3.5% every year. So the world cannot rely on Brazil anymore,” states the expert. For Dr. Bichara Rocha, other producers, particularly from the Far East and Oceania, South America (excluding Brazil), Equatorial and Sub-Saharan Africa and the Middle East, will have to come up with an additional 17.5 million tons to make up the difference. It is expected, for example, that the Equatorial and Sub-Saharan region, of which Mauritius forms part, will have to produce an additional 2 million tons of sugar. Talking to Capital after his exposé, the Senior Economist said that Mauritian sugar industry should get into production of second-generation ethanol. “This is the opportunity for the sugar industry to extract more energy from the other parts of the plant. The sucrose that is conventionally extracted from sugarcane is only about one third of the potential energy that can be extracted. So, of course, part of it would be the bagasse. But from the leaves of the sugarcane plant, you can make ethanol and that would be cellulosic ethanol production, which should really take place very soon in many countries. “Mauritius has to be proactive in that regard, as this is not a far-fetched project. Next year, the first second-generation


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ethanol project will be launched in Brazil. You already have many projects in Europe and in the United States using other feedstocks, so this is an opportunity that Mauritius cannot miss,” says Dr Rocha. With the scheduled end of the current system of sugar quotas for African Caribbean Pacific (ACP) countries on 30th September 2017, there is a fear of market instability and price volatility. But for Dr Bichara Rocha, these countries will still have free access to the European Union's market, duty free, unlike other countries. “Mauritius is privileged because it can still ship its sugar to the EU without paying duties. So you just have to take advantage of that and make sure that your production does not fall,” he adds.

Mauritius has to be proactive in that regard, as this is not a far-fetched project. Next year, the first second-generation ethanol project will be launched in Brazil. You already have many projects in Europe and in the United States using other feedstocks, so this is an opportunity that Mauritius cannot miss The abolition of the current system of sugar quotas marks the final stage of the reforms of the sugar sector decided in 2005 by the EU. ACP countries are however lobbying to maintain the sugar quotas until at least 2020, in accordance with the Cotonou Partnership Agreement. Whether this is successful or not, Dr Bichara Rocha believes that the diversification process of the Mauritian sugarcane industry has been a successful one, especially when it comes to cogeneration. The expert now calls for a move into bioplastics and second-generation ethanol, which would be a real challenge for the industry, as it would mean more investments. Thus, the need is, according to Dr Bichara Rocha, for a broader sensitization of investors, as in the longer term, “the marginal cost will be lower and the market is growing as well, as the demand is rising. Then there would be a market for it. I think it is more an issue of awareness than anything else.”

In his speech at the ceremony marking the 60th anniversary of the MSIRI, Satish Faugoo, Minister of Agro Industry & Food Security, gave an insight into the 13th ACP Ministerial Conference on Sugar, which he chaired last October, in Fiji. Amongst other important subjects, ministers reviewed the support provided by the EU under the Accompanying Measures Support Programme (AMSP) and urged the EU to show flexibility in the disbursement of the allocations and to ensure that unutilized funds are promptly reallocated. “One pertinent issue that was taken up at the Ministerial Conference in Fiji is Research and Innovation. MSIRI is implementing 8 of the 13 projects of the ACPSugar Research Programme for the period 2009-2014. The Ministers emphasized the role that innovation and research and development can play in the promotion of

SATISH FAUGOO, MINISTER OF AGRO INDUSTRY & FOOD SECURITY

“HARD TO IMAGINE MAURITIAN LANDSCAPE WITHOUT SUGARCANE” value addition and diversification, as well as the broader objective of increasing productivity and competitiveness of their sugar industries. “They considered ways and means of increasing the competitiveness of ACP sugar. In this regard, they encouraged deeper collaboration and exchange of best practices among the Research Centres of the ACP regions, and renewed their request for an extension of the support to the ACP Sugar Research sector beyond the current 13 million Euros program in 2014,” Minister Faugoo announced. Satish Faugoo also said that the social, cultural and environmental fabric of Mauritius is intrinsically linked to sugarcane, and although its contribution to

the economy is far from what it used to be a few decades ago, he remains optimistic that it still has a major role to play. “It is difficult to imagine the Mauritian landscape without it. Sugar cane is the only viable crop on a long term commercial basis. Today, more than ever, it has turned out to be a multi-purpose plant that can be exploited for its sugar, biomass, and related products. Many other crops have been tried over time in Mauritius, through specific and often costly research and field testing programmes, but none has so far been able to economically replace sugar cane. “We still have to further build our competitive strength and address issues such as abandoned land. This

will be tackled head on. In the Budget Speech, the Minister for Finance and Economic Development announced the provision of Rs 400 million for the Field Operations, Regrouping and Irrigation Project (FORIP) to carry out derocking and develop clusters. This is considered the most effective way to halt land abandonment and to improve land productivity. FORIP has been instrumental in replanting some 1300 ha of fields every year, comprising different levels of derocking and farm planning depending on field characteristics, and targeted mechanization of operations to keep small growers in business,” minister Faugoo stated.



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LA DIFFÉRENCE, C’EST LE CONTENU

Edition 158 – Mercredi 4 décembre 2013

EDITION 118

FOREIGN ACCOUNT TAX COMPLIANCE ACT

UNE LOI QUI POURRAIT COÛTER CHER

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EDITION 123 RING ROAD

LA RDA BAFOUE L’AUTORITÉ DE L’IRP

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14 19

EDITION 123

EDITION 113

MAURITIUS TURF CLUB

RUNDHEERSING BHEENICK

PEUT-ON IMAGINER DES COURSES SANS BOOKMAKERS ?

« LE RELATIONSHIP LENDING EST UN PROBLÈME À MAURICE »

16

17 EDITION 120 EDITION 117

NEW MAURITIUS HOTELS LTD

TEMPÊTE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

AMENDEMENTS À LA FINANCIAL REPORTING ACT

L’HEURE EST AUX SANCTIONS

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EDITION 116

VENTE AUX ENCHÈRES

QUI DIT MIEUX ?


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❚ Au vu de ce qui se passe avec Port

Chambly, diriez-vous que nous nous dirigeons vers un crash immobilier ? Sincèrement, je ne le crois pas. Mais, ceci dit, on n'est pas à l'abri des développements qui peuvent nous mener dans cette direction. Je dois aussi vous dire que la Banque centrale est en état d'alerte en ce qu'il s'agit d'investissements dans l'immobilier. Et cela ne date pas d'hier. Je tire la sonnette d'alarme depuis belle lurette sur l'engouement des promoteurs et des financiers potentiels de ce secteur. Depuis, on suit de très près les crédits octroyés à ce secteur. Il y a eu une croissance soutenue au niveau du crédit dans l'immobilier. On note des éléments perturbateurs, par exemple les crédits ont doublé sur quatre ans, passant de Rs 32 milliards à Rs 65 milliards. Donc il y avait déjà des 'alarm bells' et j'ai demandé à mes collaborateurs de suggérer des solutions pour empêcher que l'on continue avec un taux de croissance de la même envergure. Si on ne faisait rien, ça allait déboucher effectivement sur un Property Bubble (bulle immobilière), et qui dit bulle dit crash.

EDITION 113

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

MERCREDI 23 JANVIER 2013

RUNDHEERSING BHEENICK, GOUVERNEUR DE LA BANQUE DE MAURICE

« Le relationship lending est un problème à Maurice »

Certaines pratiques bancaires inquiètent toujours le gouverneur de la Banque de Maurice. A quelques mois de la fin de son mandat, Rundheersing Bheenick ne cache pas son impatience et son irritation face à certaines lenteurs et lourdeurs donc reconstitué leur conseil d'administration en incluant quelques anciens membres. On juge chaque demande, au cas par cas. Après analyse, on donne des exemptions comme prévu par la loi. Mais cette flexibilité s'accompagne d'une contrepartie. Il existe un composant du CAMEL Rating qui a trait au Management. Évidemment, si vous n'êtes pas totalement en phase avec les directives, comme la rotation ou la durée de six ans pour les membres, vous risquez de perdre quelques points. On l'a déjà dit et bientôt on viendra avec les moyens de mise en application. Si vous voulez être pénalisé sur le CAMEL Rating, c'est votre choix. Nous, on joue carte sur table.

(...) ❚ Votre requête aux banques de faire

preuve de prudence face aux promoteurs immobiliers est-elle toujours d'actualité ? Je suggéré cette prudence depuis 2007-2008. ‘I started to throw cold water on our exuberant sector since that time!’ Cela s'appliquait autant aux banques qu'au Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier misait sur une explosion de l'investissement – du Foreign Direct Investment – dans ce secteur. Nous voulions être plus prudents. On a demandé aux banques de réduire leur exposition à ce secteur. Mais le problème, à Maurice, est qu'on a trop de 'relationship lending'. On ne juge pas un projet sur sa propre valeur. On prête de l'argent parce qu'on connaît la personne, le groupe, le secteur... C'est le genre de relations qui fausse le 'proper credit appraisal' et nous mène à une certaine efflorescence de projets dans toutes les directions. Mais on travaille sur des mesures. Parmi, citons le Loan to Value Ratios (LVR) - une mesure macroprudentielle - et le Capital Provisioning, qui est déjà sur pied et qu'on applique à chaque fois qu'un projet commence à éprouver des difficultés. ❚ Comment çela fonctionne-t-il ?

C'est un de vos projets pour 2013 ? La banque en question est appelée à augmenter son 'Capital Provisioning'. On souhaite baisser le LVR pour empêcher d'autres situations du genre pour les banques. Actuellement, disons qu'une banque que vous connaissez finance votre projet à 100%. Or, nous croyons qu'il ne faut plus laisser les banques seules et leur Credit Com-

(...) mittee de se décider dessus; mais de réduire le LVR pour augmenter la participation de leur équité, du promoteur ou des acheteurs des produits finis éventuellement. On va introduire le LVR très prochainement (...) ❚ Nos banques ont-elles suffisam-

ment de ‘guarantees’ de ces promoteurs pour éviter qu'elles ne se retrouvent dans des situations embarrassantes ? Auparavant - je ne parle pas du secteur IRS/RES qui est un nouveau venu dans le paysage financier - la situation était inverse. On se plaignait que les banques cherchaient trop de collatéraux (garanties). C'était le phénomène de 'over collateralisation', et on prêtait uniquement à ceux qui n'avaient pas besoin d'argent. Alors que celui qui n'avait pas de garantie n'obtenait rien. C'était la norme à Maurice. Mais quand est arrivé le secteur IRS-RES, il y a eu tellement de projets qu'en fin de compte, les banques ont baissé légèrement leurs 'credit standards'. Si on commence à avoir du 'red ink' dans une banque, cela a un effet de contagion rapide sur les autres banques. Nous avons un niveau très élevé de 'interconnected lending' dans le pays. Toutes les banques prêtent aux mêmes groupes, aux mêmes personnes et dans les mêmes secteurs. Cela crée une concentration. Vous pouvez vous réveiller du jour au lendemain pour vous retrouver avec un problème énorme sur les bras.

❚ Bâle III a assoupli les règles au

(...) ❚ La rotation des auditeurs n'a pas

été retenue parmi les mesures dans l’Economic and Financial Measures (Miscellaneous Provisions) Act 2012. Ce sujet est-il de nature trop complexe ? Il est clair que la Banque centrale est pour la rotation des auditeurs. Ceci dit, elle ne rédige pas les lois du pays, quoique notre position soit claire. Ce n'est pas la première fois que je soulève cette question. Je l'avais proposée quand j'étais ministre des Finances, en 1996. C'était avant l'épisode Enron. A Maurice, vous savez, plus ça change, plus c'est la même chose. Dix ou quinze ans de cela, on aurait pu dire qu'il y avait un manque d'auditeurs, de comptables qualifiés et de bureaux de comptable. Maintenant on compte près de 200 bureaux enregistrés. Je comprends donc de moins en moins pourquoi on ne va pas dans cette direction. ❚ Les changements au niveau des

conseils d'administration des banques ont-ils déjà commencé ? Depuis qu'on a introduit ces directives, plusieurs banques sont venues vers nous pour demander si elles pourraient maintenir certains membres du conseil dans un esprit de continuité, alors que d'autres ont signifié que cela ne leur pose absolument pas de problème. Certaines banques ont

niveau de la liquidité. Quelle en est l'implication pour Maurice ? Il y a plusieurs écoles de pensées. L'une avance que cela fait quatre ans déjà qu'on tente de sortir de la crise. Selon elle, il ne faut pas oublier de quoi découle la crise. On a une tendance à être plus charitable envers les banques qui sont responsables de la crise. Deuxio, on a toujours une reprise très timide et on ne peut pas imposer aux banques des conditions en termes de Capital Buffers additionnels. Cette mesure les incitera à réduire les prêts et compressera leurs ‘Balance Sheets’. Donc, la reprise ne viendra pas. Suivant des lobbys, à l'instar de la MBA et des banques, le Financial Stability Board (régulateur du G-20 essentiellement) a fait marche arrière en attendant une reprise plus ancrée. Cela ne veut pas dire qu'il y a l'unanimité au sein du FSB. L'augmentation du capital des banques était l'élément clé dans Bâle III, surtout pour les banques systémiques. J'espère que le FSB reviendra à de meilleurs sentiments, de même que les banques. ❚ Votre mandat prend fin cette

année. Souhaitez-vous un renouvellement ? Oui, mon contrat expire cette année ! Eh bien, je suis à la disposition des personnes qui m'ont placé ici, comme il se doit ! Si le besoin se fait sentir, je viendrai peut-être solliciter un emploi à Capital...


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MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 EDITION 158 | CAPITAL

MERCREDI 27 FÉVRIER 2013

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Pour récupérer les impôts dus sur l’argent que les Américains vont planquer dans d’autres pays, les Etats-Unis ont voté la Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA), qui entrera en vigueur en janvier 2014. A Maurice, où les institutions, bancaires et autres, devront procéder à de profonds changements, la Banque de Maurice et la Mauritius Bankers’ Association ont mis en place un Joint Working Group pour étudier la question

FOREIGN ACCOUNT TAX COMPLIANCE ACT

Une loi qui pourrait coûter cher

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00 milliards de dollars par an. C’est l’estimation faite par le Congrès américain des pertes que connaîtraient les Etats-Unis à cause de ce qu'il considère être des cas de fraude fiscale à l'étranger. Pour arrêter l’hémorragie, une loi – la Foreign Account Tax Compliance Act – a été votée. Pour faire simple, la FATCA, comme elle est davantage connue, exigera des institutions financières étrangères (FFI) qu'elles deviennent un instrument de l’Internal Revenue Service (IRS), l’agence responsable de la collecte des impôts aux EtatsUnis. Tous les pays devront y adhérer, au risque d’être frappés par un prélèvement. Quelles en sont les incidences sur Maurice ? Nos institutions sont-elles prêtes à répondre aux exigences américaines ? Sonali Sewraj-Reetoo et Rajshri Gopy, respectivement Chief Legal Advisor et Chief Compliance Officer de la Banque de Maurice, nous fournissent des éléments de réponse. Pour elles, les choses s'activent à Maurice. Dans la mesure où la FATCA aura une incidence indéniable, entre autres institutions, sur les banques locales, la Banque de Maurice, conjointement avec la Mauritius Bankers' Association (MBA), a mis sur pied un Joint Working Group afin d'établir une approche commune pour l'implémentation de cette loi, tout en évaluant son impact sur nos institutions bancaires. COMPLIANCE COSTS En sus du Joint Working Group, le sujet a également été débattu lors des réunions du Banking Committee présidées par le Gouverneur. Quant à la MBA, elle a déjà soumis un 'Position Paper' à la Banque de Maurice et aux autres autorités compétentes. Entre-temps, les deux institutions ont exprimé le souhait que Maurice devienne un 'FATCA Partner' et qu'un comité technique soit mis sur

A L’ANNÉE PROCHAINE… L’entrée en vigueur de la FATCA était initialement prévue pour le 1er janvier 2013. Cependant, vu les préoccupations liées à l’implémentation de la loi, les autorités américaines ont été contraintes de repousser l’échéance à janvier 2014. Parmi les règlements définitifs publiés par l’IRS en janvier de cette année, dans un document de 544 pages, différents délais sont prévus. Ainsi, les accords intergouvernementaux devront être signés d'ici le 31 décembre 2013 et entreront en vigueur le 1er janvier 2014, alors que les FFI devront mettre en place les procédures d’ouverture de compte pour les nouveaux clients d'ici le 1er janvier 2014. En ce qui concerne le ‘reporting’, les FFI devront soumettre leur rapport au IRS pour la période 2013 et 2014 au plus tard le 31 mars 2015. Les ‘participating FFIs’ devront aussi être enregistrées auprès de cet organisme.

ACCORD. Selon Sonali Sewraj-Reetoo, la Chief Legal Advisor de la BOM, un ‘FATCA Partnership sera meilleur pour le pays

pied au niveau national. Ce comité devrait regrouper les différentes parties prenantes, car la FATCA est une loi fiscale ayant une portée sur le territoire Mauricien dans son ensemble, et non seulement sur les banques. « Nous avons donc entrepris de faire de sorte que les autorités considèrent urgemment la nécessité de conclure un accord intergouvernemental relatif à la FATCA dans les plus brefs délais, afin de minimiser les ‘compliance costs’. Nous sommes ravis que notre démarche ne soit pas restée lettre morte », expliquent Sonali Sewraj-Reetoo et Rajshri Gopy. Ainsi, le gouvernement a déjà signifié l'intention de Maurice de conclure un accord intergouvernemental (IGA), ainsi qu’un accord d'échange de renseignements fiscaux (TIEA) avec l’IRS, afin de se mettre en conformité avec la FATCA. « Nous comprenons

qu’une ligne de communication a été établie entre les autorités compétentes locales et l’IRS, aux Etats-Unis », poursuivent-elles. De plus, un comité technique, présidé par la Mauritius Revenue Authority (MRA) et regroupant, entre autres, la Banque de Maurice et la MBA, a aussi été mis sur pied afin d'examiner toutes les questions relatives à l'application de la FATCA et envisager le modèle d’IGA que Maurice devra conclure avec les Etats-Unis. Il faudra, pour cela, considérer l’impact de cette loi sur les banques locales et les coûts qui y seront associés. « L'impact sera différent d'une banque à une autre, en fonction du volume de transactions de la banque, du portefeuille de clients américains, ainsi que de l’activité bancaire elle-même », avancent nos interlocutrices. Ce qui est certain, c’est que cet impact peut être conséquent, puisqu’elle contraint

Selon les règlements de l’IRS, les FFI doivent, entre autres, être en mesure d’identifier les clients américains à partir d’indices spécifiques. Elles devront ainsi revoir tout leur système informatique afin de pouvoir identifier et suivre les différentes transactions des clients concernés, ce qui engendrera, à coup sûr, des coûts importants

toutes les institutions financières non-américaines – les FFI – à dévoiler les détails des comptes (noms, adresses, numéros de comptes bancaires, mouvements opérés sur ces comptes…) de tous les clients américains ayant une balance annuelle de plus de 50 000 dollars, dans le but de réduire l'évasion fiscale offshore. FORMATION Selon les règlements de l’IRS, les FFI doivent, entre autres, être en mesure d’identifier les clients américains à partir d’indices spécifiques. Elles devront ainsi revoir tout leur système informatique afin de pouvoir identifier et suivre les différentes transactions des clients concernés, ce qui engendrera, à coup sûr, des coûts

importants. Les FFI auront aussi à investir dans la formation de leur personnel pour pouvoir être en règle avec cette loi. La réglementation FATCA aura par ailleurs un impact sur l’ensemble de la chaîne de traitement des opérations, du Front Office au ‘reporting’. De nouvelles informations concernant les clients devront être collectées et un grand nombre de fonctions devront être revues. En outre, font ressortir nos interlocutrices, le dispositif FATCA ne s’applique pas qu’aux nouveaux clients, mais aussi aux clients existant. Les FFI devront donc effectuer des vérifications rétrospectives, afin d’identifier les clients existant qui pourraient faire l’objet de déclarations. Par contre, la Banking Act de 2004 ne risque rien, assurent Sonali Sewraj-Reetoo et Rajshri Gopy. Selon la Section 64 de cette loi, les dispositions relatives au devoir de confidentialité sont sans préjudice aux obligations de Maurice en vertu d'un traité international. « Donc, si un traité est mis en place avec les Etats-Unis, permettant l’échange d’informations entre nos deux pays, cet échange d’informations sera permis sous la Banking Act », expliquentelles. Et vu que le gouvernement mauricien a déjà signifié l'intention de Maurice de conclure un accord intergouvernemental (IGA) et un accord d'échange de renseignements fiscaux, les représentantes de la BoM pensent que les obstacles juridiques peuvent être surmontés.


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MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

Si jusqu’à présent, certaines compagnies ont fait preuve d’un certain manque de rigueur et de non-respect du Code de bonne gouvernance, leur marge de manœuvre sera désormais réduite. Suite à des amendements à la Financial Reporting Act, le Financial Reporting Council (FRC) dispose désormais d’un arsenal de sanctions

AMENDEMENTS À LA FINANCIAL REPORTING ACT

L’HEURE EST AUX SANCTIONS

U

n actionnaire se rend à une assemblée générale en brandissant une copie du National Code of Corporate Governance. Il n’est pas satisfait de certaines performances, ainsi que des décisions et des réponses du président du conseil d’administration. Il lui pose alors la question : « Et le Code, vous en faites quoi ? » La réponse qui fuse, il ne s’y attend pas : « Le Code ne fait que des recommandations. On n’est pas obligé de les suivre à la lettre ! » Une telle scène risque de ne plus se reproduire. En effet, alors que par le passé, elles avaient pris l’habitude de mettre de côté certaines recommandations du Code de bonne gouvernance, les entreprises devront faire plus attention après les amendements apportés à la Financial Reporting Act de 2004. Parmi les nouvelles clauses de la loi, on note que le pouvoir de sanction a été accordé au Financial Reporting Council (FRC), dont la principale mission est de s’assurer que le cadre de la diffusion des informations financières des sociétés est conforme aux normes de comptabilité et de vérification des comptes. Bien que le FRC n’ait pas encore mis la touche finale aux types de sanctions prévues pour les différents degrés de non-conformité aux exigences par rapport aux informations financières, la loi est on ne peut plus claire : « (…) sanctions would be applied to Public Interest Entities (PIEs) if they failed to comply with the requirements of the Code of Corporate Governance ». Mais ce n’est pas le seul changement prévu. La loi devient plus stricte sur de nombreux aspects et il semblerait bien que les sociétés n’auront d’autre choix que de la respecter. LA DÉFINITION A CHANGÉ Auparavant, était considérée comme ‘Public Interest Entity’ (PIE) toute entreprise dont les revenus annuels atteignaient Rs 200 millions. La loi ne tenait ainsi compte que des paramètres quantitatifs d’une société. Désormais, pour être catégorisée en tant que PIE, les paramètres qualitatifs seront également pris en considération (Voir hors-texte). Une PIE sera ainsi une entité qui, pendant deux années consécutives, parvient à satisfaire

deux des trois conditions stipulées dans la nouvelle loi : un revenu annuel dépassant Rs 200 millions, des actifs d’une valeur dépassant Rs 500 millions et plus d’une cinquantaine d’employés. RAPPORT SUR LA BONNE GOUVERNANCE La Financial Reporting Act stipule que les compagnies doivent obligatoirement soumettre leur rapport annuel dans un délai de six mois après la fermeture des comptes. De plus, elles devront fournir un rapport sur le ‘Corporate Governance’, qui démontre que la compagnie a été conforme aux recommandations du Code.

« (…) sanctions would be applied to Public Interest Entities (PIEs) if they failed to comply with the requirements of the Code of Corporate Governance », stipule la loi DE NOUVELLES DÉFINITIONS Outre les compagnies listées en Bourse, les State Owned Enterprises (SOE), enregistrées sous la Companies’ Act, entrent désormais dans la catégorie des Public Interest Entities (PIEs), à l’instar d’Air Mauritius, de la SBM… Leur nature « qualitative » est également prise en compte par le Financial Reporting Council. Avec l’ancienne définition, on considérait comme PIE des firmes ayant plus de Rs 200 millions de chiffres d’affaires. La Banque mondiale a par la suite fait remarquer, dans son Report on the Observance of Standards and Codes de 2012, que certaines entreprises listées ne cadrent pas avec cette définition. « Il fallait donc redéfinir les PIE pour inclure les compagnies listées, des entreprises qui émettent des ‘securities’, des banques, des firmes d’assurance… », explique Deva Armoogum, Chairman du Mauritius Institute of Directors (MIoD). Cela facilite aussi la tâche des auditeurs. « Auparavant, ils se conformaient uniquement aux standards internationaux et signaient, tandis qu’une partie du Corporate Governance Report figurait dans le Director’s Report », poursuit-il.

TÂCHE DIFFICILE POUR LES AUDITEURS En 2008, la Financial Reporting Act stipulait déjà que les PIE étaient obligées de se conformer au Code émis par le National Committee on Corporate Governance en 2003. Depuis, bon nombre de PIE ont émis un ‘Corporate Governance Report’ comme le veut le Code. Le seul hic, selon le FRC, c’est que les auditeurs rencontrent des difficultés lorsqu’ils doivent vérifier le degré de conformité des PIE au Code. Ce qui explique une nouvelle mesure : les entreprises devront émettre un rapport de Corporate Governance et un Statement of Compliance séparément. Ce dernier déterminera l’étendue de la conformité au Code. LICENCE OBLIGATOIRE POUR LES AUDITEURS Avant les amendements à la loi, les petites entreprises avaient le droit de solliciter un ‘non-licensed auditor’ pour auditer leurs comptes. Cette situation a évolué. « FRC was of view that a professional accountant cannot state in the audit report that an audit has been carried out in accordance with the International Auditing Standards (ISA) if he/she has not really done so », avance le FRC. C’est pourquoi, selon la nouvelle loi, tous les auditeurs devront être enregistrés auprès du FRC pour obtenir une licence. « Meaning that, whenever a small and private company wishes to have its accounts audited, it should be done by a licensed auditor », fait comprendre l’institution. De plus, lorsque l’auditeur signera le rapport, il devra inclure, auprès de son nom, les mots « licensed by FRC ».


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MERCREDI 20 FÉVRIER 2013

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NEW MAURITIUS HOTELS LTD

TEMPÊTE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE Herbert Couacaud ne devrait-il pas se retirer suite à la dégringolade du groupe en bourse ? L'auditeur Ernst and Young et le directeur Sunil Banymandhub n'ont-il pas fait leur temps ? Quelle est la vraie histoire derrière le départ de Jean-Marc Lagesse ? L'assemblée générale du groupe hôtelier, vendredi dernier, a été houleuse. Comme nous l'avions prévu

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la réalité. Dans le cas de Sunil Banymandhub, il faut surtout tenir compte de son expérience. Des questions, Feroze Bundhun en avait dans son sac : « Qu'en est-il du choix de l'auditeur ? Il est recommandé qu'on change d'auditeur chaque six ans. Pourquoi Ernst and Young n'a-t-il jamais été remplacé après toutes ces années ? » Cette pratique de changer d'auditeurs n'est pas dans les plans de NMH, devait faire comprendre Hector Espitalier Noël, ajoutant que « nous sommes satisfaits de Ernst and Young ». Et Collin Taylor, a-t-il une quelquonque expérience en matière de tourisme et de l'hôtellerie pour siéger sur le board ? Il n'est pas nécessaire que les directeurs soient des experts dans le domaine du tourisme, retorqua sèchement le président.

ans son édition de la semaine dernière (Ndlr : édition du 13 février 2013), Capital avait donné, comme plat d'entrée, un avant goût de l’ambiance qui allait prévaloir lors de l’assemblée générale de New Mauritius Hotels Limited, qui s’est tenue vendredi dernier à l’hôtel Le Labourdonnais. Passons cette semaine au plat principal. Une AGM épicée et pimentée par un actionnaire de taille en provenance de Londres. Herbert Couacaud, Sunil Banymandhub et Collin Taylor sur le gril de la bonne gouvernance. Pour le dessert, le dossier Jean-Marc Lagesse fondu dans des explications pas claires. Fait inhabituel selon les habitués de l'assemblée générale annuelle de NMH : la présence des conseillers légaux, Mes Maxime Sauzier et Michael King Fat. Mais le clou de cette mémorable journée du vendredi 15 février, lendemain de la St-Valentin, n'a été autre que l’intervention de l'actionnaire Feroze Bundhun, homme d’affaires mauricien basé à Londres. Le frère de l’ancien vice-Président de la République est aussi aussi connu sur la place comme étant « un ami proche du Premier ministre ». Ainsi, après la présentation du rapport du président, c'est une véritable pluie de questions qui attendait le conseil d'administration. Et alors que certains s'attendaient à voir Bissoon Mungroo mener le bal, c'est un actionnaire qui, quittant le froid de Londres pour un week-end, rapport de la bonne gouvernance en main, est venu mettre le feu à l'assemblée générale.

PASSER À L’ATTAQUE Feroze Bundhun devait débuter son intervention en saluant le bon travail accompli par le Chief Executive Officer, Herbert Couacaud, pendant de nombreuses années. Mais ce n'était qu'une entrée en matière en douceur avant de passer à l'attaque. Le ‘share price’ de NMH Ltd a lourdement chuté, passant de plus de Rs 200 pour osciller entre Rs 59 et Rs 70 ces dernières années. Une telle situation, dans des compagnies qui se respectent, a avancé l'actionnaire, conduit inévitablement à un changement de CEO. Il devait même citer un cas concret pour illustrer ses propos. Avant de demander : « Le CEO de NMH LTD est en place depuis environ 40 ans. Le Conseil d'administration a-til pensé à mettre en place un 'Succession

Le Chairman Hector Espitalier-Noël (en haut) et le CEO Herbert Couacaud (à gauche), ont subi un barrage de questions venant de l’actionnaire Feroze Bundhun (à droite)

Plan' dans le cas de Monsieur Herbert Couacaud ? » Réponse du président du conseil d'administration, Hector Espitalier-Noël : « Pas pour le moment. Nous allons prendre les décisions appropriées au moment voulu ». L'actionnaire Bundhun s'est ensuite intéressé au cas de Sunil Banymandhub, membre du conseil d'administration. Brandissant un document qu'il dit être le Code of Corporate Governance, il a déclaré : « Selon ce Code, il

est recommandé qu'un directeur ne fasse pas plus de six ans au sein d'un Conseil d'administration, mais je constate que Monsieur Sunil Banymandhub est sur ce board depuis bien plus de six ans. Comment expliquez-vous cela ? » Explication : Sunil Banymandhub siège en effet depuis neuf ans sur le board. Le Conseil d'administration prend note des remarques faites. Le code de bonne gouvernance ne fait que des recommandations et il faut s'ajuster à

ACCORD À L’AMIABLE Le départ de Jean-Marc Lagesse, ancien directeur des hôtels Dinarobin et Paradis, évoqué récemment dans la presse, allait inévitablement faire l'objet d'une question. Encore que les comentaires et interprétations allaient bon train avant le début de l'assemblée. Selon les explications officielles, c'est dans le cadre d'un exercice de redynamisation du groupe qu'il fut décidé d'un 'swap' entre Jean Pismont et Jean-Marc Lagesse. Ce dernier aurait ainsi perçu cette décision comme étant une 'demotion' et les deux parties ont préféré trouver « un accord à l'amiable » au lieu d'aller régler l'affaire devant les tribunaux. Explication qui n'allait nullement satisfaire l'actionnaire venu de Londres. « Selon les journaux, le départ de JeanMarc Lagesse serait dû à un conflit avec Olivier Couacaud. Quel était la position de ce dernier au sein de NMH ? » a démandé Feroze Bundhun. « Il n'avait aucune position dans le groupe », a répondu Hector Espitalier-Noël. Mais c'est un « accord qui a coûté ». Le Conseil d'administration a fait ressortir qu'il n'était pas en mesure de révéler le montant remis par NMH Ltd à Jean-Marc Lagesse. Raison officielle : « c'est un accord confidentiel entre les deux parties ». Une réponse qui a étonné et choqué plus d'un. « Comment ça, confidentiel ? Il s'agit bien d'une compagnie listée. Sous quel item vont-ils passer cela dans les comptes ? » ont questionné des actionnaires, en s'adressant à Capital. Réponse l'année prochaine, à la même période. Dans ces mêmes colonnes...


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e bilan est lourd. 11 morts en une journée pluvieuse. Outre la météo, les regards sont tournés vers les systèmes de drains et la 'ring road'. En parlant de 'ring road' et des nouvelles infrastructures routières, il y a peutêtre un épisode qui est passé inaperçu auprès du grand public. Qu'advient-il, en effet, de la bataille opposant Groupe Five Strabag Consortium à PLAN Consortium BouyguesColas, devant l'Independent Review Panel, au sujet d'un contrat de plus de Rs 30 milliards pour la construction de la 'ring road' ? Eh bien figurez-vous que le grand perdant, dans cette affaire, est l'Independent Review Panel (IRP) lui-même ! Un amendement à la Public Procurement Act, apporté le 22 décembre dernier à travers un Governement Notice, a en effet mis hors-jeu le tribunal. Un développement qui a permis à la Road Developement Authority (RDA) de pousuivre ses négociations avec son « preferred bidder », PLAN Consortium Bouygues-Colas, et ce bien que l'IRP ait émis un ordre pour que ces négociations soient suspendues en raison de l'appel interjeté par Groupe Five Strabag Consortium. Dans un ruling prononcé le 19 mars 2013, l'IRP explique que suite aux amendements apportés à la loi le 22 décembre 2012, « by removing a recourse to challenge at any time », le législateur a délibérément enlevé la possibilité de contester le choix des autorités au moment du « notice ». Dans le cas mentionné plus haut, Groupe Five Strabag Consortium devra ainsi attendre la fin des négociations entre la RDA et Bouygues Colas afin de déposer leur appel. Rappelons que le point principal de l’appel du Groupe Five Strabag Consortium porte sur la procédure d'‘impropriety’, car la RDA a demandé au Consortium Bouygues-Colas de changer de 'design' après la fermeture de l'exercice d'appel d'offres et pendant l’évaluation des offres, tout en lui suggérant la solution du design. Nous sommes en 2009 lorsque la RDA demande une 'feasibility study' dans le but d'identifier la « most appropriate procurement method » pour le projet de decongestion routière. Un rapport fait effectivement suite et un Public Private Partnership est recommandé. Le Central Pro-

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MERCREDI 3 AVRIL 2013

RING ROAD

LA RDA BAFOUE L’AUTORITÉ DE L’IRP Si on veut utiliser un langage imagé pour expliquer le conflit qui oppose Groupe Five Strabag Consortium à PLAN Consortium Bouygues-Colas au sujet de la 'ring road', on parlerait d'un match où l'arbitre a été explusé à peine le match entamé. Un sentiment de frustration se dégage en effet d'une décision prononcée par l'Independent Review Panel (IRP) en mars 2013, suite à des amendements à la Public Procurement Act et au refus de la Road Development Authority (RDA) de lui fournir certaines informations ferred to at page 103 of the Rfp; (b) Technical design, more particularly items (c), (e), (i), (m) and (n) referred to at page 106 of the Rfp; (c) Technical: Tolling and Operations, more particularly item (h) referred to at page 106 of the Rfp; (d) Financial and insurance, more particularly items (a) and (c) referred to at page 107 of the RfP and

curement Board lance alors un exercice d'appel d'offres vers la fin de 2010 et onze soumissionnaires manifestent leur intérêt. Dans un premier temps, Group Five Strabag Consortium, PLAN Consortium et CHEC Consortium sont considérés comme des candidats potentiels avant que les deux premiers soumissionnaires soient finalement retenus au mois de juillet 2012. Ces derniers sont alors invités à soumettre leur Best and Final Offer (BAFO). Cinq mois plus tard, le Bid Evaluation Committee porte son choix sur PLAN Consortium et les recommandations nécessaires sont faites au Central Procurement Board, qui communique officiellement la décision le 21 décembre dernier. Non satisfait, Group Five Strabag Consortium conteste la décision du Bid Evaluation Committee et celle de la RDA le 4 janvier 2013 et saisit l'Independent Review Panel le 31 janvier. Le Road Decongestion Program est alors suspendu, comme le veut l'article 45 (4) de la Public Procurement Act quand une des parties concernées par le contrat fait appel d’une décision de l'autorité. Les points avancés par Group Five Strabag Consortium sont les suivants :

(i) The procurement proceedings were tainted with procedural impropriety in as much as the exchange of correspondence after the BAFO submission date between the Respondent No. 1 and PLAN Consortium (presumably in a letter dated 16 November 2012 referred to in the Le Defi Quotidien newspaper of 29 January 2013 under the caption “Système de péage Interrogations autour du choix du ‘Most Preferred Bidder” and also referred to in the Le Week-End newspaper of 30 December 2012) has resulted in a material change in the original design submitted by PLAN Consortium, in contravention of section 37(1) of the Public Procurement Act 2006; (ii) Having regard to the Evaluation Criteria set out at pages 103 to 109 inclusive in the Request for Proposal (RfP), the Respondent No. 1 and or its agents and or employee(s) have not accorded the appropriate scores to the Applicant, namely: (a) Project management and integration response, more particularly item (a) re-

(iii) Whether PLAN Consortium was fully in compliance with the Essential Minimum Requirements concerning the grade separation of the Phoenix, Dowlut and Jumbo roundabouts.” Lors de sa plaidoirie devant l'IRP, Me Subash Lallah, l'avocat de la RDA, a quant à lui affirmé que la contestation n'avait pas sa raison d'être, puisqu'il n'y avait pas encore eu d'octroi de contrat, et que Group Five Strabag Consortium était toujours dans la course, les autorités pouvant toujours rejeter la candidature de PLAN Consortium. Selon lui, la demande de Group Five Strabag Consortium devait être rejetée parce que « the application does not state a valid basis for an application review and does not set for a detailed legal and factual statement ». Me Marc Hein, le représentant légal de Group Five Strabag Consortium, a pour sa part argué que la lettre du 21 décembre était très explicite : PLAN Consortium est le « preferred bidder », alors que la compagnie qu'il représentait y est qualifiée de « reserve bidder ». Me Hein a ainsi expliqué que son client se sent lésé rien que par cette décision, et que la question d'octroi de contrat ne tient pas debout. En référence à l'article 11 (2) de la Public Procurement Act, l'homme de loi a également précisé que le Central Procure-

ment Board est tenu de « strive to achieve the highest standards of transparency and equity in the execution of its duties ». Avant de commenter les plaidoiries des deux hommes de loi, l'Independent Review Panel a alors tenu à faire ressortir que des modifications avaient été apportées à l'article 43 de la Public Procurement Act 2006 le 22 décembre de l'année dernière. « The amendment which has been brought to section 43 of the Public Procurement Act of 2006 specifically restricts application for review, only in circumstances, where the decision has reached a stage of award namely under Sections 24(12) and 40(3) of the Public Procurement Act. These provisions set a specific delay to make a challenge to the Chief Executive of the Public Body and subsequently an application for review before the Independent Review Panel. « By removing the terms “at any time” and keeping the proviso subject to subsections (2) and (3), the legislator has since 22 December 2012 deliberately and in clear terms, restricted challenge procedures to be instituted at a specific point in time and reaching a specific stage of the procurement process. In the light of the clear provisions of Section 43 of the Public Procurement Act 2006 as highlighted above, which restricts the recourse to challenge only at notification of award stage, the Panel cannot entertain the present application which is accordingly set aside », devait conclure l'IRP. Ceci étant dit, l'IRP trouve les faits siuvants regrettables : bien que l'une des parties concernées avait interjeté appel, le tribunal devait être informé que la RDA négociait toujours avec le « preferred bidder », alors que la suspension des négociations avait été prononcée par l'IRP. Et celle-ci d'ajouter que la RDA a également refusé de fournir certaines informations au tribunal.


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MERCREDI 3 AVRIL 2013

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Pratique deux fois centenaire à Maurice, attirant des dizaines de milliers de Mauriciens à chaque journée, le sport hippique risque de connaître le même sort que le football si on ne prend garde. Une industrie qui agonise financièrement, sans en avoir l'air, et qu'il faut sauver

MAURITIUS TURF CLUB

Peut-on imaginer des courses sans bookmakers ?

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e mauvais temps qui a obligé, samedi dernier, l’annulation de la deuxième journée de courses de la saison 2013, était peut-être un signe ; qu’il est temps de marquer une pause réflexion par rapport à la situation de l'organisation des courses en général. Loin de nous l'idée de nous intéresser à l’aspect sportif de la chose, ce qui n’est pas dans notre ligne éditoriale. Mais c'est la situation financière du Mauritius Turf Club (MTC) qui nous intéresse. En d'autres mots, l'avenir même du sport hippique à Maurice. Une industrie qui mobilise des foules et draine du « big money ». Du « very big money » en termes de paris. Sans compter les activités parallèles : publications spécialisées, transport, publicités ciblées, marchands ambulants etc. Une industrie agonisante, écrivonsnous. Mais ce n'est guère un scoop. Nous ne sommes pas les premiers à dresser un tel constat. Pas plus tard que le 23 février dernier, l’ancien commissaire Jean-Michel Giraud déclarait, dans un entretien à l’express.mu, que « le MTC est dans une situation de crise ». Des paroles qui ne sont pas sans rappeler le commentaire de Sir Aneerood Jugnauth qui, quelques jours avant de se retirer de la State House, s'était dit choqué de voir que les casinos faisaient faillite. « Il n’y qu’à Maurice qu’une telle chose puisse arriver », avait déclaré SAJ. UN JOUEUR PAR FAMILLE On pourrait appliquer la même remarque par rapport à la situation au Champ de Mars. Comment une industrie de courses hippiques peut-elle accuser des pertes de Rs 12 millions ? Alors que les observations font état de presqu'un joueur par famille ! Jean-Michel Giraud n'est pas le seul à s'inquiéter de la situation financière du MTC et de l'avenir du sport hippique à Maurice. Ceux qui entretiennent encore un attachement à la riche histoire des courses à Maurice et qui aiment le cheval pour ce qu'il est, c'està-dire « une créature mystérieuse et divine », selon un proverbe indien, commencent à murmurer leurs ressentiments. Certains proposent un projet pilote s'inspirant des deux journées internationales : « L'idée est de rendre justice à tous ceux concernés, y compris l'organisateur des courses, c'est-à-dire le MTC. Nous pensons que certaines modifications doivent être apportées de sorte que chaque

C’est un fait que plusieurs écuries éprouvent actuellement d’énormes difficultés à tenir financièrement, le prize money étant jugé « insignifiant ». Les bons chevaux et les bons jockeys sont chers et ce n’est pas facile de garder la tête hors de l’eau

cheval participant a une chance réelle de gagner et que chaque entraîneur et propriétaire puisse augmenter ses chances de gagner en retenant les services des meilleurs jockeys, à condition d'avoir des cash prizes alléchants ». TIRAGE AU SORT Selon la formule actuelle des journées internationales, le nombre de partants est de huit et l'allocation des chevaux aux jockeys est décidé à travers un tirage au sort. Mais pour nos interlocuteurs, il faudrait rendre les choses plus intéressantes, tant sur le plan financier que pour le spectacle. Car il faut se dire que nombreux sont les turfistes qui viennent au Champ de Mars pour le spectacle, et rien que pour le spectacle. Proposition : une vente à l'encan des jockeys. Ce qui fait que les meilleurs jockeys iront aux plus offrant. Une innovation qui pourrait rapporter au minimum entre Rs 1 à 2 millions par course : « En faisant une vente à l'encan pour les jockeys, la MTC pourra améliorer sa situation financière, les entraîneurs et propriétaires pourront s'offrir les meilleurs jockeys s'ils sont persuadés que leur cheval a une chance de remporter l'épreuve, tandis que les parieurs seraient ravis de voir leur cheval piloté par un jockey des plus compétitifs ». L'autre mesure, tout simplement « révolutionnaire » celle-là, est d'exclure les bookmakers du circuit et de ne laisser les opérations de paris qu'aux seuls deux opérateurs de Tote. Une telle mesure aurait les effets suivants : (i) Ce serait difficile d'influencer les résultats des courses ; (ii) cela permettrait une

meilleure efficacité en matière de taxation, et (iii) une augmentation subtantielle de revenus pour le MTC comparé à ce qu'il perçoit des bookmakers, sans compter l'argent des sponsors. Pour « révolutionnaire » qu'elle soit dans le contexte actuel des courses, l'idée, pourtant, n'a rien d'original. La formule existe déjà à Hong Kong, à Singapour et en France, où les bookmakers ont cédé la place aux Totes, qui sont seuls autorisés à prendre les paris. C'est un fait que plusieurs écuries éprouvent actuellement d'énormes difficultés à tenir financièrement, le prize money étant jugé « insignifiant ». Les bons chevaux et les bons jockeys sont chers et ce n'est pas facile de garder la tête hors de l'eau. Le tote serait également plus rassurant pour les parieurs, le MTC et la Mauritius Revenue Authority, car il y aurait plus de transparence et de justesse, observent nos interlocuteurs, ajoutant que l'argent encaissé pourrait servir à réinvestir dans la qualité des chevaux, des jockeys et dans l'amélioration des infrastructures. « L'organisation des courses à Maurice est riche de 200 ans d'histoire, c'est notre patrimoine commun, il faut préserver son intégrité. Que serait Maurice sans son Champ de Mars et sans ses courses hippiques ? » plaident nos interlocuteurs. En gardant sans doute en tête le proverbe indien qui dit : « Le cheval ne nous appartient pas. La seule chose que nous possédons, c'est le devoir de nous en occuper correctement ».


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MERCREDI 13 FÉVRIER 2013

VENTE AUX ENCHÈRES

Qui dit mieux ?

Vous l’aurez peut-être remarqué. Les annonces publicitaires informant de ventes aux enchères sont de plus en plus fréquentes dans les journaux. Si ça marche, c’est qu’on doit y faire de bonnes affaires. Capital, à la recherche d’un bon article, s'y est intéressé

«1

50 000 piastres le mini bus. 150 000 piastres le mini bus ! » Ces mots répétés en chœur, à haute voix et d'un ton sérieux, pourraient susciter des rires s’ils étaient prononcés ailleurs. Mais chez J.A.L. Auctioneer, la vente aux enchères, ce n'est pas de la rigolade. Pour preuve, lors de la vente à la criée de mercredi dernier, des voitures haut de gamme étaient proposées sous les yeux de Jean Alain Lazarre, commissaire-priseur et directeur de l'entreprise portant son nom, Tel un maître d'école, celui-ci veille au grain. « Je dois m'assurer du bien-être des clients. Ils m'ont confié leurs biens et je veille à leurs intérêts », explique-t-il dans son bureau, où il nous a reçus avant le début de la vente. C'est pour son sérieux, entre autres, que depuis 2007, les particuliers, les entreprises, les hôtels et autres font confiance à J.A.L Auctioneer pour la vente d’objets leur appartenant. En effet, si pour diverses raisons, les gens souhaitent vendre tel ou tel objet, souvent ils ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s'en occuper personnellement. C'est alors que J.A.L Auctioneer entre en jeu. On y trouve, de ce fait, un peu de tout. IMPATIENCE Nizam, la quarantaine, le sait bien. En ce mercredi, cet habitant du Nord de l'île s’est rendu dans les locaux de J.A.L. Auctioneer, à Bell Village, dès 10h50, car le minibus de la Barclays qu’on y met en vente lui a tapé dans l'œil. Ce jeune homme peu bavard travaille pour son propre compte et propose un service de transport aux touristes. C’est la raison de sa présence, ce jour-là, chez J.A.L. Auctioneer. « Je suis un habitué des ventes aux enchères qui se tiennent à travers l'île. Parfois, on y fait de bonnes affaires », nous confie-t-il. C’est ainsi que le mardi, il s’est rendu à Pailles pour tester le minibus. Satisfait, il est revenu ce matin et lorgne d'un air envieux le véhicule. Il trépide même d'impatience en attendant le début de la vente aux enchères. Il en profite également pour discuter avec les autres habitués. A quelques mètres de lui, Henry Bazille, musicien réputé, joue de la trompette pour attirer les clients. « C'est une tradition pour annoncer une vente aux enchères », nous explique-t-il.

CONDITIONS DE VENTE Il est 11h30. Le commissaire-priseur, encadré de son bras droit, Magesh Caullee, et d'autres employés, se dirige d'un pas pressé vers l'arrière-cour de l'entreprise. Motocyclettes, vans et voitures, entre autres, y sont exposés. Une cinquantaine de personnes – majoritairement des hommes – patientent sous un soleil de plomb, alors que les plus rusés essaient de trouver un petit coin ombrageux. Jean Alain Lazarre se met alors au milieu d'eux, tandis qu’un des employés tient un parasol pour le protéger du soleil. D'une voix ferme, dont le ton ne peut qu’impressionner, il prend la parole pour parler des conditions de vente. Il est, entre autres, question du transfert obligatoire du véhicule, de l'àvaloir indispensable aussitôt que l'article est adjugé, des conditions de la vente sous conditions… Le directeur prend cependant le temps, de temps à autre, de fixer quelqu'un dans la foule, pour s'assurer que son message est clair. D'ailleurs, son discours est ponctué d’une question digne d’un maître : « Vous avez compris ? » Entre-temps, certains des clients commencent à s'impatienter. « Que lui arrive-t-il aujourd'hui ? Depuis plus de dix minutes, il n'arrête pas de parler », lance l’un d’eux à son voisin. Celui-ci répond : « Je suis arrivé en retard. Je pensais que j'allais rater la vente ». « Loin de là », renchérit son interlocuteur, avant que tous deux ne rigolent. L'impatience des clients ne gêne aucunement Jean Alain Lazarre. Pour ce dernier, il est capital que ceux présents comprennent les règles de la vente aux enchères. Ainsi, ce n’est qu’après une bonne quinzaine de minutes qu’il annonce que la vente va démarrer dans la cour à côté de leur bâtiment. C’est l'objet tant convoité par Nizam – le minibus de la Barclays Bank – qui sera mis en vente. Un des employés de J.A.L Auctioneer met alors le véhicule en marche et les intéressés prêtent l'oreille. Jean Alain Lazarre prend cependant le temps de demander à la foule de ne pas empiéter sur le terrain de leurs voisins. Il attire même l'attention de ceux présents sur un petit arbuste. « Ne l'écrasez pas », ordonne-t-il. Jean Alain Lazarre donne ensuite le coup d'envoi de la vente aux enchères, après un descriptif du véhicule. Il s’agit d’un minibus diesel, dont la déclaration

est expirée et dont les frais d'enregistrement sont d’environ Rs 8 800. Si le véhicule est en état de marche, il est resté longtemps dans la cour. « Vous savez aussi que lorsque vous faites l’acquisition d'une voiture seconde-main, vous devez tout d'abord l'emmener chez le garagiste », explique le commissairepriseur. Il lance alors les enchères. Aussitôt, une voix s’élève dans la foule. « 150 000 piastres », peut-on entendre. Jean Alain Lazarre et les trois autres employés répètent le chiffre en chœur, en plusieurs occasions. Ils donnent également l'équivalent en roupies, c’est-àdire 300 000, et invitent d'autres personnes à faire leur offre. « 160 000 », lance alors un autre. « 160 000 piastres le minibus, 160 000 piastres le minibus, qui dit mieux… 160 000 piastres le

minibus… » Les chiffres s’enchaînent alors rapidement : 170 000 piastres, 175 000, 180 000, 185 000, 190 000, 200 000 et enfin 210 000. « 210 000 piastres le minibus, 210 000 piastres le minibus, 210 000 piastres le minibus… qui dit mieux ? » crient le commissaire-priseur et ses collègues. Pas une mouche ne vole dans l'assistance. « Adjugé », annonce Jean Alain Lazarre. « Le minibus revient à Roy A. », déclare à haute voix le commissairepriseur, qui connaît l'acheteur, car c’est un habitué. Nizam est déçu. Il a dû arrêter d'enchérir à 175 000 piastres, car il ne s’attendait pas à ce que la criée grimpe à ce point. Vu qu'aucun des autres objets en vente ne l'intéresse, il tourne les talons pour quitter les lieux (…)



22 >

ENTREPRENDRE

Elle, c’est un petit bout de femme qui adore créer. Avec ses doigts de fées, Cindy Cuvellier transforme les pierres en de magnifiques boucles d’oreilles, bracelets et colliers fantaisie. Les créations d’Acadia, sa petite entreprise, ont franchi nos frontières pour trouver preneur dans la région et au-delà. Mais tout n’est pas rose : face à la concurrence venue d’Asie, les ventes chutent, et avec elle le moral de la créatrice

ACADIA

BIJOUX FANTAISIE, PROFITS MINI ▼ DOROTHY BONNEFEMME

«J

confie qu’elle dessine personnellement les modèles et qu’il est rarissime pour elle de s’inspirer de magazines ou d’internet, car elle déteste copier. Elle préfère, dit-elle, jouer la carte de l’originalité, tout en prenant en ligne de compte que certaines clientes aiment les bijoux discrets, d’autres de grosses pièces. Concernant le prix, une paire de boucle d’oreilles se vend dans les Rs 100. Le produit le plus cher qu’Acadia propose en ce moment est une ceinture en pâte de verre, agrémentée de

e ne peux vivre sans créer. C’est inné en moi. Parfois, je pense à m’arrêter et à me convertir dans un autre métier, mais je n’y arrive pas. Mon métier, c’est ma passion. » C’est les yeux pétillants de joie que Cindy Cuvellier, l’une des exposantes à Eclat Tropical (Voir hors-texte), nous fait cette confession. Son talent, d’ailleurs, attire de nombreux visiteurs. Et avec raison, car l’imagination de la directrice d’Acadia n’a pas de limite. Cette jeune femme qui bouillonne d’énergie mélange couleurs, formes, pierres... pour proposer d’innombrables bijoux fantaisie depuis 2003. Comme cette chaîne pour les pieds originale, puisqu’elle ne se porte pas autour de la cheville, mais placée entre les orteils. Il y en a de toutes les couleurs et de modèles différents. « J’ai fabriqué ce bijou dans le cadre d’Eclat Tropical. J’espère que les visiteuses apprécieront », fait ressortir Cindy Cuvellier. Cindy Cuvellier, Le petit stand installé directrice d’Acadia juste à l’entrée du Centre d’Exposition de Mer Rouge déborde de bijoux. Ils nacre, ou encore de pierres et ont été installés minutieusement d’autres matériaux, et qui ne sur la table, sur des perchoirs... coûte que Rs 1000. Tout en nous parlant, Cindy Les visiteurs peuvent y admirer des colliers, des bracelets ou en- Cuvellier déplace un collier ou core des boucles d’oreilles en une boucle d’oreille, car elle esnacre, en pâte de verre, en jade, time que tel bijou n’est pas assez en corail rouge, en hématite… mis en évidence ou encore que Notre interlocutrice nous telle couleur ressortira mieux si

Les bijoux fantaisie venant d’Asie envahissent le marché local. Le prix de ces bijoux est moins cher que le coût de nos matières premières

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158


ENTREPRENDRE

< 23 PHOTOS : PATRICE BRETTE

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 EDITION 158 | CAPITAL

le bijou est placé ailleurs. Visiblement, au-delà de la passion pour son métier, elle est une perfectionniste. « J’adore vraiment ce que je fais. Lorsque je fabrique un bijou, je ne le vends que lorsque je suis satisfaite à 200% », nous confie-t-elle. Ce n’est guère étonnant que ses bijoux fantaisie connaissent du succès. « Récemment, j’ai fait un voyage à Las Vegas. Vous vous imaginez ! Grâce à mes petits bijoux, j’ai pu côtoyer des gens de la haute société, car c’était un salon haut de gamme. Nombreux sont ceux qui ont apprécié mes bijoux. Je me suis fait pas mal de contacts et je pense que nous allons travailler ensemble prochainement », explique-t-elle. COMMANDES Cette aventure américaine n’est pas la seule expérience internationale de Cindy Cuvellier. La directrice d’Acadia a en effet effectué sa première sortie hors de nos frontières en 2007. C’était dans le cadre du Salon Mauricien organisé par Enterprise Mauritius au Parc d’Expositions à Tananarive, à Madagascar. « Je pensais que les Malgaches, qui vivent parfois dans une pauvreté extrême, ne seraient pas intéressés par mes produits. Je visais surtout les expatriés. Or, j’étais complètement à côté de la plaque. En un clin d’œil, mes bijoux se sont vendus. Le dernier jour de l’exposition, je n’avais plus que quatre malheureux colliers dans mon stand », se souvient-elle en riant. C’est également avec plaisir qu’elle nous parle de son voyage en 2008, à l’île de la Réunion, où elle s’est rendue au moins cinq fois par la suite, avec des commandes en plusieurs occasions.

UN SECTEUR IMPORTANT

Cependant, explique cette chef d’entreprise, la crise financière a eu des répercussions sur son carnet de commandes. Ce n’est pas pour autant que Cindy Cuvellier s’avoue vaincue. D’autant qu’elle n’est pas seule dans cette aventure. « Je reçois beaucoup d’aide d’Enterprise Mauritius. C’est vrai que nous payons le billet quand nous nous déplaçons à l’étranger, mais il est ensuite remboursé. C’est avec le soutien de cet organisme que j’ai la chance de promouvoir mes produits. D’ailleurs, dès que j’ai décidé de me mettre à mon propre compte, je me suis inscrite auprès d’Enterprise Mauritius. Après avoir évalué mes produits, ils ont accepté ma candidature. Idem en ce qui concerne l’association des Femmes Entrepreneurs. Je suis membre depuis 2005 et je dois avouer que je bénéficie de plusieurs facilités », ajoute la directrice d’Acadia. La vie professionnelle de Cindy Cuvellier n’est pas pour autant un fleuve tranquille. « Je suis fière de mon parcours et de

mes réalisations, mais vendre mes bijoux est une autre paire de manches », nous confie-t-elle. Et c’est avec une certaine tristesse dans la voix que la directrice nous raconte ses déboires : « Je travaillais au sein d’une boutique touristique à Grand-Baie. J’adorais fabriquer des bracelets avec des perles. Mes voisins et mes proches étaient fans de mon savoir-faire et ils m’encourageaient à me mettre à mon propre compte. En 2003, j’ai lancé mon entreprise. Les affaires étaient florissantes. Deux ans après, j’employais cinq personnes et je commercialisais mes produits dans les boutiques d’hôtels, les supermarchés du Nord, les boutiques Maille Street... J’avais aussi ouvert une boutique, en 2007, à Ruisseau Créole. » Toutefois depuis quelque temps, la donne a bien changé. Les produits d’Acadia ne sont plus disponibles que dans les boutiques du groupe hôtelier Sun Resorts, à Belle-Mare et dans son atelier à Pointe-auxPiments. De plus, les boutiques

Le salon Éclat Tropical, consacrée à la bijouterie mauricienne, s’est tenu au Port Franc du 28 au 30 novembre. Le but était de mettre en avant des pièces authentiques et modernes conçues et fabriquées par les maîtres artisans mauriciens, et ainsi d’aider les PME à augmenter leurs ventes. La plupart des exposants n’avaient d’ailleurs pas lésiné sur les moyens pour faire scintiller leur stand. Ainsi, pour cette quatrième édition, les visiteurs ont pu découvrir une large gamme de produits. Ont surtout volé la vedette les collections Magma Pierre de Lave & Fleurs des îles, des bijoux en or, platine et argent montés avec des pierres précieuses et semi-précieuses, des diamants taillés et polis, des gemmes et des bijoux de mode fabriqués avec des perles en verre, porcelaine, bois et cristal. Du côté d’Entreprise Mauritius, c’est la satisfaction, car ce salon est venu rassembler tous les bijoutiers locaux et ceux orientés vers l’exportation afin de renforcer davantage le ‘networking’ et le partage des connaissances et des technologies. Pour les autorités, le secteur de la bijouterie s’impose de plus en plus comme un pilier majeur du secteur manufacturier, avec des exportations se chiffrant à Rs 3,9 milliards en 2012. On dénombre 26 entreprises orientées vers l’exportation et quelque 500 bijoutiers qui alimentent essentiellement le marché local, et employant environ 3 000 personnes. Les marchés principaux, pour l’exportation, sont la France, les États-Unis et la Belgique

d’hôtels ont mis en place un nouveau système qui fait qu’elle n’est payée que lorsqu’un bijou est vendu. Face à cette situation, Cindy Cuvellier a dû licencier ses employés. Ainsi, depuis 2009, elle travaille seule. « Je fais appel aux services de ces dames quand j’ai beaucoup de commandes », précise-t-elle néanmoins. De plus, elle a dû fermer la boutique installée à Ruisseau Créole, car elle ne pouvait payer les frais de location. Les grands coupables dans le changement de fortune d’Acadia demeurent les produits importés. « Les bijoux fantaisie venant d’Asie envahissent le marché local. Le prix de ces bijoux est moins cher que le coût de nos matières premières. De ce fait, nos créations se vendent plus cher. Quoi que nous fassions, nous ne pouvons rivaliser avec eux. L’idéal serait que je fasse personnellement le voyage pour acheter mes matières premières en grande quantité, que j’aille en quête des perles et des pierres qu’on ne trouve pas à Maurice. Malheureusement, je n’en ai pas les moyens financiers », ajoute Cindy Cuvellier. En fait, elle arrive difficilement à joindre les deux bouts. « Parfois j’ai envie de jeter l’éponge, de trouver un emploi où j’obtiendrai un salaire fixe à chaque fin de mois. Cependant, ma passion pour la création finit toujours par avoir le dernier mot », nous confie-t-elle. Alors cette mère de deux enfants continue à se battre contre vents et marées, en espérant que ses contacts, notamment ceux établis lors des différents salons internationaux auxquels elle a participé, seront sa planche de salut.


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GREEN BUSINESS

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

RABAB FAYAD, DIRECTOR, REGIONAL NETWORK, WORLD BUSINESS COUNCIL FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT

“TIME FOR BUSINESS TO TAKE THE LEADERSHIP” The Director of the Regional Network of the World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), Rabab Fayad, was recently in Mauritius to meet the business community. The aim was to help them assume the lead role in terms of sustainable development, which she sees as good business practice ▼ HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN

NICHOLAS LARCHÉ

A

bout twenty years ago, business came together, under the World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), to put forward a vision. Named Vision 2050, it is simple, yet complex at the very core : to have nine billion people living well within the boundaries of the planet. The WBCSD is a CEO-led organization of forward-thinking companies that galvanizes the global business community to create a sustainable future for business, society and the environment. It is run and managed by business. In other words, it is business for business in both social and environmental sustainability, with business leaders driving the agenda. “In April, we hit the Overshoot Day, that is the day when we use all of the planet’s resources for the year. Therefore, everything we have been doing since has been operating at a deficit. We are using more resources than the planet can replenish, which is going to be very bad for business,” explains WBCSD Regional Network Director Rabab Fayad. SHARING AND TRAINING WBCSD is a private sector membership entity and involves about 200 of the world’s biggest companies like Unilever, Shell and Coca Cola. Its 67 Regional Networks, which represent over 35 000 companies globally, take the big ideas which come out of multinationals and put them in scale. During Friday's session, the setting up of a regional network was at the centre of the discussions. “It can provide an international platform and services like training in several different areas. For example, we offer training on how companies can do sustainable reporting. People come down from the head office of the WBCSD at the request of the business. The latter decides on what it wants to be trained on.”

In Mauritius for two days, she had a working session, on Friday last, with the local business community. The aim of the meeting was to talk to business and make sure they are walking in a direction which is going to ensure they will work well into the future. “Right now, it’s the time for business to take the leadership role. That’s the big message. A strong business case in Mauritius can be duplicated in Mozambique

or the Philippines. That’s what WBCSD is about – creating the platform for sharing the big ideas globally and making sure policy makers can create an enabling framework that helps business,” pointed out Rabab Fayad. Globally, the trend has changed. The private sector, she pursues, has realised that in order to do business in the future, it needs to maintain its ability to work. Before, it was really led by the multilateral processes. However, this has stagnated and nothing is really happening. If we take the example of the Millenium Development Goals, she adds, which are turning into Sustainable Development Goals, the voice of business is becoming increasingly important. Hence, business is interested in sustainable development, while international organisations and

governments are interested in working with business. The ground work is changing. However, although WBCSD is 'business for business', it does talk to governments. It currently works with the United Nations, the World Trade Organisation and the World Bank, among others, to make sure the voice of business is considered at the international level at a point when multilateral processes have completely stagnated. It is now the role of business to make sure it is operating sustainably. At the core of WBCSD's work is the Vision 2050 and Action 2020. Without doubt, the two concepts are complementary, says Rabab Fayad. Vision 2050 is the overall vision for the future, and while most businesses don’t look at 2050 in their plans, because

that date might seem distant, “some do because they realize, for example, that their supply chain is based on the food production industry.” Action 2020, which is more 'immediate', identifies nine priority areas: climate change, water, food-feed-fiber and biofuels, release of nutrient elements, basic needs and rights, ecosystems, skills and employment, exposure to harmful substances and sustainable lifestyles. GOOD PRACTICE “If we don’t do something right now, we are going to be in a situation where we will never be able to achieve vision 2050. These areas are to be worked on concretely to ensure 2050. Everything is action-oriented and not about projects or plans,” adds Rabab Fayad. This is why WBCSD has trimmed its focus down to the ‘must-haves'. One such example relates to climate change. Right now, we cannot reverse climate change, but we can act so that the change in temperature is not more than 2 degrees. This is what WBCSD is looking at. From there, it develops business solutions underlying climate change in order to help businesses move forward. The solutions, which have to be impactful, scalable, measurable and applicable, range from electrification of CDs to broad and specific actions. Small islands are concerned because they are the ones that are most impacted by environmental degradation. A country like Mauritius, she says, where the majority of the economy is run by business, has the ability to move very fast because business is action-oriented. Yet, if Mauritius is hit by a mega storm, it is going to impact its sugarcane and farming industries. Trade will be impacted, as well as the livelihood of the people and the banks. “It comes down to understanding that the stakeholder is larger than just the shareholder,” says Rabab Fayad. “We need to understand this is better business practice. A project is slow to implement, but understanding that you save money by recycling or making sure the production line is streamlined is really good practice. We need to move quickly since we are running out of time,” she adds.


MARKET

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 EDITION 158 | CAPITAL

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BANK OF MAURITIUS EXCHANGE RATES TUESDAY, DECEMBER 3, 2013

EXCHANGE RATES

MARKET OVERVIEW

BUYING

EUR/USD The euro was trading at session lows as we started the week after the Institute for Supply Management said manufacturing activity in the U.S. expanded at the fastest rate since April 2011 in November. The ISM said its manufacturing purchasing managers’ index rose to 57.3 in November from 56.4 in October. Analysts had expected the index to fall to 55.0. The report said both production and new orders rose by around 3 points to 62.8 and 63.6 respectively. The employment component of the index indicated some improvement in the labor market in November, rising by more than 3 points to 56.5. Revised data showed that the euro zone manufacturing PMI rose to a two year high of 51.6 last month from October's 51.3, slightly higher than a preliminary estimate of 51.5. However, Spain’s manufacturing sector contracted for the first time since July last month, while the French manufacturing sector contracted for the 21st straight month.

THE MUR Stability in the MUR is still the key for the moment. Versus the USD, the rupee keeps oscillating in about a 10 cent range. Clues are still being sought from the EUR/USD which remains at a tricky level. The market seemed to have been resigned to a downside move in the pair last week, but this is yet to happen. In the meantime we see USD/MUR at the 30.40s and EUR/MUR close to 40.95……. all the best.

GOLD Gold slumped the most in almost three months after a pair of reports indicated that the U.S. economy is strengthening. U.S. manufacturing grew in November at the fastest pace in 2½ years as factories ramped up production, and U.S. developers boosted construction spending in October at the fastest pace in more than four years. The news gave the dollar a boost. Gold typically slumps when the U.S. currency strengthens, as traders generally hold the metal as a hedge against declines in the dollar. Investors were also selling gold as the end of the tax year neared, given the strong gains for the U.S. stock market, said George Gero, a precious metals strate-

LAST CLOSING PRICE

LATEST

1.00 10.00 10.00 10.00 10.00 7.50 10.00 0.01 10.00 4.00 -

13.65 36.80 6.08 51.00 35.00 100.00 36.20 203.75 122.00 82.50 86.25 199.00 1.04 35.05 40.20 7.98

13.65 36.80 6.10 51.00 35.00 101.00 36.20 205.00 122.00 82.50 86.25 199.00 1.05 35.50 40.20 7.98

10.00 10.00 1.00 1.00

3.89 24.80 29.25 5.20 46.00 8.20 52.00 10.00

3.89 24.75 29.25 5.46 46.00 8.24 52.00 10.90

10.00

DD

Notes

AUSTRALIA CANADA EMU JAPAN J NEW ZEALAND SINGAPORE SOUTH AFRICA SWITZERLAND U.K. U.S.A.

AUD1 CAD1 EUR 1 PY 100 NZD1 SGD 1 ZAR 1 CHF 1 GBP 1 USD 1

26.8785 27.8673 40.4961 28.7347 24.2444 23.5801 2.8939 32.5663 48.9734 29.9925

26.7195 27.6851 40.3229 28.4335 24.0984 23.4614 2.857 32.3898 48.7748 29.9042

26.4246 27.4696 40.1656 28.0091 23.8282 23.3439 2.8009 32.1631 48.5701 29.8607

TT/DD/Notes

28.0862 29.0967 41.67 30.0283 25.3342 24.6997 3.0417 33.9808 50.3882 30.8762

Denomination

Weight(gm)

Diameter(mm)

Price (Rs)

100 250 500 1000

3.41 8.51 17.03 34.05

16.5 22 27 32.69

5195 12630 25115 49935

Market Capitalization

The Report has been prepared by Nishal Babooram

Island Premier Foreign Exchange (www.iptfx.com)

gist at RBC Global Futures. The metal has slumped 25 percent this year, and any losses can be set off against other gains for tax purposes.

MARKET SHARES – TUESDAY, DECEMBER 3, 2013

AIR MTIUS LTD ALTEO LIMITED BRAMER BANKING ENL LAND LTD GAMMA CIVIC IRELAND BLYTH LTD LUX ISLAND MCB MAURITIUS UNION ASSURANCE NMH OMNICANE ROGERS SBM SUN RESORTS TERRA CIM FINANCIAL DEM CIEL INVESTMENT CIEL TEXTILE CONSTANCE HOTEL DEEP RIVER INVESTMENT ENL INVESTMENT UNION FLACQ LTD UNION SUGAR ESTATE UNITED INVESTMENT

TT

MARKET ACTIVITY TUESDAY, DECEMBER 3, 2013

The pound rose to 27-month highs against the dollar on Friday after the Bank of England said Thursday it was rolling back stimulus to the U.K. housing market, adding to indications that the economic recovery is deepening. The BoE announced Thursday that it is modifying its Funding for Lending Scheme, which was launched last year to boost mortgage lending, in response to what it called “evolving risks” to financial stability. BoE Governor Mark Carney said the Funding for Lending Scheme will no longer be aimed at house buyers and would only apply to businesses from January 2014. Carney said an overheated housing market would be a risk to the economy and added that supporting mortgage lending was "no longer necessary". The data came one day after revised data showed that the rate of growth in the U.K. economy in the third quarter was in line with preliminary estimates. The Office for National Statistics said its second estimate of U.K. third-quarter gross domestic product was unchanged at 0.8% quarter-on-quarter, while the annual rate of growth was also unchanged at 1.5%.

NOMINAL

Currency

GOLD COINS TUESDAY, DECEMBER 3, 2013

STERLING

COMPANY

SELLING

Country

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% CHANGE

0.02

0.33

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1.00

1.25

0.61

0.01 0.45

0.96 1.28

-0.05

-0.20

0.26

5.00

0.04 0.90

0.49 9.00

VOLUME

VALUE

13,100,00 28,651,00 16,300,00 500.00 1,100,00 5,305,00 21,500,00 143,550,00

178,810,00 1,054,351,40 99,430,00 25,500,00 38,500,00 533,825,00 775,900,00 29,344,098,25

10,385,00 58.00

856,722,50 4,988,00

7,238,600 5,700,00 10,200,00 18,200,00

7,574,170,00 201,500,00 410,040,00 145,232,00

100,000,00 20,000,00

389,000,00 495,000,00

4,000,00 6,000,00 7,600,00 3,511,500

21,308,00 276,000,00 62,324,00 38,620,350,00

Rs 207,214,776,549.74

Total Volume Traded

7,910,509

Total Value Traded

Rs 52,948,369.40

TOP 5 – OFFICIAL MARKET Symbol Open MEI 97.00 SUN RESORTS 35.05 IRELAND BLYTH 100.00 SBM 1.04 MCB 203.75

Latest 99.00 35.50 101.00 1.05 205.00

MOST ACTIVE – OFFICIAL MARKET Symbol SBM MDIT MCB ROCKCASTLE (USD)* MOROIL

Volume 7,238,600 153,300 143,550 100,000 51,600

TOP GAINERS - DEM Symbol UNITED INVEST. DEEP RIVER INV MED &SURG UNION FLACQ LTD BLUELIFE LTD MOST ACTIVE – DEM Symbol UNITED INVST. CIEL INVESTMENT BLUELIFE IMITED ENL LTD (P) CIEL TEXTILE LTD

Open 10.00 5.20 1.55 8.20 8.48

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WIDE ANGLE

MERCREDI 4 DÉCEMBRE 2013 CAPITAL | EDITION 158

Charterholders in growing numbers !

From right to left: Nitin Mehta (EMEA Director for CFA Institute) and new charterholder Nousher Sait with wife Yasmin, son Zeeshan and daughter Nismah

A new record has been set for Mauritius. Never in the past have we had so many candidates being awarded the charter in a single year. From the 2013 batch, five new CFA charterholders joined the ranks of the 31 existing ones in Mauritius. The CFA charter is awarded after taking three exams and having clocked at least four years of experience as an investment professional. It is considered a gold standard in the global investment industry and is recognized internationally. Becoming a CFA charterholder implies demonstrating one's expertise and signifying one's commitment to a high standard of professional ethics. Earning the CFA charter also demonstrates a mastery of the analytical and decision-making skills needed in today's fast-evolving and competitive workplace. The CFA Society Mauritius (CFASM) lauds the new charterholders and welcomes them to the fraternity of financial analysts. The CFASM also hopes that a much larger wave of charterholders follows and swells its membership ranks in the years to come.

From right to left: Nousher Sait (Advocacy Chair CFASM), Koraisha Jeewot and her sister, and Ved Auckaloo (Education Chair CFASM)

Shanaka Katuwawla, Charterholder, with wife Anupama

Rajeev Hansah with wife Asha

From left to right: Christopher Li Ying, Norman Fon Sing (Brand Awareness Chair CFASM) and Christopher Li Ying's brother


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LEADERSHIP SOCIAL

La BAI demande à ses YESsers de s’indigner et de s’engager

Q

ue feront-ils de leur certificat de participation au programme Youth Engaged in Service de la British American Investment (BAI)? Pas seulement orner les murs, espère Paul Mercier, l'un des fondateurs du projet initié en 2007 par la BAI. « Sachez aussi vous indigner », a-t-il exhorté les 150 jeunes qui recevaient, le jeudi 21 novembre dernier, leur certificat de participation au programme de formation Youth Engaged in Service (YES). Cette activité CSR du groupe BAI, destinée aux jeunes de 13 à 18 ans, est gérée par son antenne Partners in Progress

Foundation. YES permet ainsi aux jeunes de développer leur potentiel de leadership et vise à leur inculquer des valeurs citoyennes. Depuis son lancement en 2007, le programme YES a formé plus de 1850 jeunes Mauriciens. YES ne cherche pas à asservir l’esprit de la jeunesse. Bien au contraire, il vise à les doter de certaines facultés qui pourront leur permettre de se mettre au service de la société. « Or, dans cette société, il y a tant de choses à changer. Il ne suffit pas, alors, d’être scandalisé et de râler. Il faut agir. En fait, râler c’est utile, parfois, pour alerter tout le monde. Mais une fois qu’on a râlé,

il faut agir, avec d’autres, pour changer ce qui n’est pas bien dans la société. Le programme YES cherche à développer la passion du volontariat chez les jeunes. Mais le volontaire doit aussi savoir s’indigner et agir devant ce qui n’est pas bien. Les actions au niveau de la société civile peuvent changer beaucoup de choses ». « Indignez-vous ! » comme on le sait, est un petit livre écrit en 2010 par un bonhomme français de 91 ans, Stéphane Hessel, qui est décédé en février dernier. « Indignez-vous », qui connut un succès phénoménal, fut suivi, en 2012, d’« Engagez-vous ». Nina Gopaul, AVP Corporate Social Responsibility, BA Investment, remettant un certificat à une participante

Nina Gopaul, AVP Corporate Social Responsibility, BA Investment et Paul Mercier, Technical Manager – Non State Actor Unit, Ministry of Social Security and UNDP Representative

De gauche à droite: Nirish Beeharry, Head of Consumer Banking, Bramer Bank, Brian Burns, CEO, Iframac et Dany Tong Sam, Vice President - Customer Relations and SCB Operations, BAI Co (Mtius) Ltd

DOCTEUR HONORIS CAUSA

Cocktail dinatoire en l’honneur d’Ameenah Gurib Fakim

Ameenah Gurib Fakim, Managing Director du Centre de Phytothérapie et de Recherche

LE CENTRE de Phytothérapie et de Recherche a tenu un cocktail dinatoire en honneur d'Ameenah Gurib Fakim dans la soirée du lundi 3 décembre, au River House, à Phoenix. La scientifique a en effet été fait Docteur Honoris Causa par l'Université Pierre et Marie Curie pour son parcours dans le domaine de la chimie, des plantes médicinales et aromatiques, ainsi que pour son impressionnante bibliographie scientifique. Ameenah Gurib-Fakim est non seulement la première Mauricienne, mais également la plus jeune de la promotion 2013 à recevoir cette distinction. Devant les proches et amis de cette dernière, ainsi que quelques invités de marque, Jean Louis Roule, CEO du Centre International de Développement Pharmaceutique, ainsi que l'ambassadeur de France, Laurent Garnier, ont fait l'éloge de celle qui occupe actuellement le poste de Managing Director du Centre de Phytothérapie et de Recherche.

De gauche à droite : Laurent Garnier, ambassadeur de France à Maurice, Eric Vanhalewyn, Premier secrétaire de la Délégation de l'Union européenne et Sara Portela Garcia-Miguel, Conference Interpreter

De gauche à droite : Amédée Darga, Chairman d'Enterprise Mauritius, Bertrand Baudot, du Mauritius Turf Club Laboratory et Hubert Leclézio, Business Development Executive de GML


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GROS PLAN

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BRAMCOM HOLDING

REDISTRIBUTION DES CARTES

L

RESPONSABILITÉS. Brian Burns, qui compte de longues années d’expérience dans l’industrie de l’automobile, a été nommé CEO d’Iframac

e groupe commercial de la British American Investment Bramcom Holding - vient de procéder à une redistribution des postes. Brian Burns, qui compte plus de 20 ans d’expérience en tant que cadre supérieur dans le commerce et l’industrie de l’automobile, a ainsi été nommé CEO d'Iframac. Ce dernier a rejoint Bramcom en 2010, en tant que Senior Vice President-Projects, mais a rapidement gravi les échelons pour diriger les activités automobiles depuis 2011. L'ancien CEO de Victoria Courts, Raj Doolun, a quant à lui été nommé Deputy CEO d’Iframac Ltd – Retail Division. Il aura désormais la responsabilité de superviser les activités commerciales de Courts Mauritius, qu'il a rejoint en 1994, en tant que Regional Manager, avant

d'être nommé directeur de Courts Madagascar en 2001, puis Managing Director en 2005. En 2006, il assuma les fonctions d'Operations Director de Courts Mauritius, avant de devenir CEO de Victoria Courts en 2012. PROGRESSIVEMENT Salim Emritte, ancien Area Manager chez Courts Mauritius également été promu, puisqu'il sera le Country Manager de Victoria Courts à Nairobi, au Kenya. Ce dernier a pris de l'emploi chez Courts Mauritius en 1991, en tant que Data Entry Clerk, et a progressivement gravi les échelons durant 23 ans, devenant tour à tour Branch Administrator, Branch Manager, puis Operations Manager. Les autres nominations concer-

Rony Lam prend les rênes de MCB Capital Markets LA MAURITIUS Commercial Bank Ltd (MCB) vient de nommer Rony Lam au poste de Chief Executive de MCB Capital Markets. Ce dernier aura pour tâche de développer davantage les activités de la banque, surtout sur le continent africain, où Capital Markets croit fermement qu'il y a des potentiels intéressants pour de nombreuses institutions mauriciennes. « J'ai la chance de prendre la direction de MCB Capital Markets et il me tarde de travailler de concert avec mes collègues de la banque afin de développer davantage nos activités sur l'Afrique », a souligné le nouveau Chief Executive. Rony Lam a rejoint la MCB après 23 ans passés à l'extérieur. Il a débuté sa carrière chez KPMG à

FINANCE. Le nouveau CEO a hâte d’accroître les activités de la MCB sur le continent africain

Pékin, puis à Londres, où il a obtenu son diplôme de Chartered Accountant. Il a ensuite poursuivi sa carrière dans le secteur de la banque d'investissement, d'abord chez HSBC Investment Bank,

puis à la Barclays. De 2007 à 2012, il a été partenaire et directeur chez Fenchurch Advisory Partners, un leader au RoyaumeUni en matière de conseil en fusions et acquisitions et levées de capitaux auprès d'institutions financières et de private equity. Ces neuf derniers mois, Rony Lam a travaillé avec la direction de la MCB sur la restructuration du groupe et ses projets de levée de capitaux. Il a aussi été impliqué dans différents dossiers de privatisation de banques en Pologne et en Islande, et plus récemment, il a travaillé sur la restructuration de UK Asset Resolution, la « bad bank » gérée par l’Etat britannique, qui réunit près de £70 milliards de prêts toxiques.

La COI récompense ses épidémiologistes de terrain SUITE À une formation en épidémiologie de terrain, six jeunes venant des Comores, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles ont reçu leurs diplômes au cours d'une cérémonie qui s’est tenue le vendredi 29 novembre 2013, à l’hôtel Victoria, à Pointe-auxPiments. La formation en question avait pour cadre le projet Veille Sanitaire Océan Indien du Réseau de surveillance épidémiologique et de gestion des alertes (SEGA) de la COI, qui est financé par l’Agence Française de Développement (AFD). Après les épisodes de Chikungunya et de dengue qui ont affecté l’Indianocéanie les années passées, cette initiative démontre l’importance qu’attache la COI, ses Etats membres et la communauté scientifique à la mise en place d’un outil de veille sanitaire qui constitue le premier rempart de protection contre la propagation des épidémies. Ce projet de la COI s'inscrit dans le cadre de la

mise en application du nouveau règlement sanitaire international (RSI) et répond aux priorités de États membres de la Commission. La stratégie vise à la mise en réseau de compétences scientifiques, d'informations épidémiologiques et de recherches concernant des épisodes épidémiques et des urgences de santé publique de portée internationale, mais aussi au renforcement des liens, dans la région, entre les services de surveillance de la santé humaine et ceux chargés de la santé animale. La remise des diplômes a également marqué le début de la seconde phase du projet de la COI. Son objectif est la poursuite du programme de formation des épidémiologistes de terrain, en vue d’atteindre un seuil de 25 spécialistes opérationnels dans l’Indianocéanie en 2017 et la pérennisation du réseau régional de veille sanitaire à cette date.

nent Ravi Bisasur, qui devient le nouveau Country Manager de Courts Madagascar, et Fabien Lefébure, l'actuel président et CEO de Solis Indian Ocean Ltd et Le Voyageur Travel & Tours, qui sera appelé à également superviser les opérations de TMS Ltd, Bramwell Catering et Ireko Facilities, entre autres. Bramcom Holding a également annoncé que David Isaacs se retirera de ses engagements à plein temps, en tant que président et CEO de Bramcom Holding, à la fin de décembre. Ce dernier travaillera toujours en tant que consultant pour la BAI, avec pour responsabilité l’expansion des activités commerciales du groupe dans la région de l’océan Indien et sur le continent africain.

Grant Thornton parle ‘Internet Intelligence’ aux hommes d'affaires

LA FIRME Grant Thornton Mauritius, cabinet d'audit et de conseil, a organisé, le 27 novembre dernier, son premier séminaire axé sur « l’Internet Intelligence », au Clos St Louis, au Domaine Les Pailles. L'événement, qui a regroupé plus d'une cinquantaine de participants évoluant dans le monde des affaires et de la profession légale, avait pour but de renforcer la maîtrise d'outils informatiques. L’Internet Intelligence est une nouvelle technique de recherche et d’enquête en ligne pour obtenir des renseignements pertinents, notamment dans des cas de fraude d’entreprise, de dépistage des avoirs, de blanchiment d’argent, de cyber-terrorisme, de protection ou d’abus de la marque et de la propriété intellectuelle, ou encore d’examens financiers. Pour Raj Thacoor, Managing Partner chez Grant Thornton Mauritius, il est important que les entreprises locales, les décideurs, les avocats, ainsi que les forces de l’ordre, soient au courant des nouvelles techniques permettant une meilleure utilisation d’internet comme source d’informations qui, souvent, ne sont pas disponibles via les sources traditionnelles. « L’internet est couramment utilisé dans divers aspects de la vie quotidienne. Alors que le milieu des affaires est de plus en plus réglementé, l’internet demeure, lui, non-réglementé et est souvent exploité par des personnes ayant des intentions malveillantes ou criminelles. De nos jours, le défi de tout décideur est de pouvoir confirmer ou discréditer la source d’informations avant de prendre une décision », devait-il dire. Ce dernier est par ailleurs d'avis que les informations obtenues à travers l’Internet Intelligence peuvent constituer une valeur ajoutée. « Avec les cas de fraude récemment enregistrés à Maurice, ce séminaire est une plateforme qui a permis à la communauté des affaires de s’informer sur cette technique d’enquête en ligne et d’apprendre à exploiter le contenu enfoui dans la toile », a ajouté Raj Thacoor.


5th Mile United Sadanand Seedoyal Memorial Cup Football: Rencontres Amicales

En mémoire de l’ancien dirigeant feu Sadanand Seedoyal, l’équipe de 5th Mile United rencontrera l’équipe St. Paul National, le dimanche 8 décembre 2013, à 16 h 00 au Stade Law Kwang de Chebel, Beau Bassin. En lever de rideau les vétérans des deux formations s’affronteront a 14 h 00. Chaque équipe recevra un trophée souvenir et des médailles de participation. Le public est cordialement invité.

MINISTRY OF TERTIARY EDUCATION, SClENCE, RESEARCH AND TECHNOLOGY COMMUNlQUE Participation in Lindau Nobel Laureates Meeting - Economic Sciences 19 - 23 August 2014 The Lindau Nobel Laureates meeting, which aims at bringing together young scientists from all over the world to meet and interact with Nobel Laureates, is held annually to allow scientists to meet and interact with Nobel Laureates. The 5th meeting on Economic Sciences is scheduled from 19 - 23 August 2014. Participants will be recruited worldwide among most promising students in economic sciences and young and highly qualified economists from central banks/financial institutions. The eligibility criteria are as follows: (a)

(b)

the student (graduate or post-doc) candidate should be under 30 years of age, belong to the top of his/her class and have strong recommendations from his/her academic advisor; he/she should have a promising research agenda. Post-docs should have produced outstanding research papers on relevant subjects;

(c)

he/she candidate should show a pronounced interest in the international dialogue within the academic community and demonstrate fluency in the English language;

(e)

Postdoctoral scientists shall have up to 5 years of postdoctoral experience, published in widely recognised academic journals, presented their research at international conferences and acquired solid experience in tutoring and/or teaching.

More details about the selection criteria may be obtained from the website: www.lindau-nobel.org. A nomination does not necessarily lead to an invitation to participate in the meeting. The final selection is made by Lindau Nobel Laureate Meetings Council. Eligible candidates are invited to send their applications by email to the Ministry of Tertiary Education, Science, Research and Technology, on email address tertiary@mail.gov.mu by 10 December 2013 at latest. Applicants should send a letter of application, CV and their email address. 25 November 2013

GROS PLAN

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CHEICK MODIBO DIARRA, PRÉSIDENT DU CONSEIL DE L’AFRICA LEGAL NETWORK

« L’attraction économique de l’Afrique doit être soutenue par la sécurité juridique »

L’

Afrique est bien placée pour devenir un centre économique incontournable. C'est ce qu'a soutenu le nouveau président du conseil de l’Africa Legal Network (ALN), le Dr. Cheick Modibo Diarra, lors de la conférence de l’ALN organisée par BLC Chambers le vendredi 22 novembre dernier. Cependant, a-t-il ajouté, l’attraction économique du continent doit être soutenue par la sécurité juridique. Originaire du Mali, Cheick Modibo Diarra, astrophysicien, homme d’affaires et ex-Premier ministre par intérim du Mali, a affirmé que « c’est à nous, Africains, de déterminer notre avenir. Les analyses attestent que le 21e siècle sera peut-être le siècle de l’Afrique. Nous devons nous assurer que ce sera le cas. » Mais pour y arriver, il faudra surmonter certains obstacles, dont la corruption, et c’est pour cela que la sécurité juridique revêt toute son importance. Le ministre mauricien des Affaires étrangères, Arvin Boolell, devait pour sa part affirmer que Maurice est déterminée à jouer une part active pour soutenir le développement du continent

E-GOVERNMENT TAKING SHAPE

LEGAL. La sécurité juridique est important face à la corruption si l’Afrique veut bénéficier de l’appui de ses partenaires

africain. Le Budget 2014, a-t-il expliqué, fait la part belle à l’Expanded Africa Strategy. « Plusieurs mesures concrètes ont été proposées, incluant la mise sur pied de l’Africa Fund, avec des ressources dédiées, afin de permettre à la communauté des affaires de participer au développement économique des pays du continent. Maurice peut bénéficier de l’accélération de la croissance africaine en créant les conditions nécessaires pour permettre à son secteur privé de prendre avantage des

LAST WEEK, the ministry of Civil Service and State Informatics Ltd (SIL) signed a contract agreement of Rs 207 million for the implementation of the Human Resource Management Information System (HRMIS) project. This project consists of five modules, all Oracle-based systems. Two modules, which will be implemented by 2016, concern the core Human Resource Management Module and the Payroll Module. This will simplify the current HR processes as well as the related financial operations. For example, payment of salaries to employees will not necessitate the filling of variation forms which have to be submitted within a particular date. Strategic Human Resource Management will also become a reality with the availability of timely online information on human resources. The three remaining modules will be implemented between 2015 and 2016. These relate to the self-service applications, learning management system and the performance management system. With a self-service application, employees will be in a position to query information pertaining to their leave and passage accounts, apply for leave online and have the possibility to access their basic personal details.

opportunités d’affaires et en positionnant le pays comme un ‘gateway’ pour les affaires sur le continent » , a déclaré Arvin Boolell. L’ALN est présent dans 13 pays, notamment le Botswana, le Burundi, l’Ethiopie, le Kenya, le Malawi, Maurice, le Mozambique, le Nigeria, la Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan et la Zambie. Les membres de l’ALN sont reconnus comme des références dans le domaine du droit dans leurs territoires respectifs.

OGILVY & MATHER AFRIQUE ÉLU MEILLEUR AFRICAN AGENCY NETWORK LE RÉSEAU d’agences de communication Ogilvy & Mather Afrique a obtenu, pour la cinquième fois, le titre de meilleur African Agency Network. C’était lors de la cérémonie des Financial Mail Ad Focus Awards, tenue le 29 novembre 2013 à Johannesburg, en Afrique du Sud. L’agence mauricienne Maurice Publicité fait partie du réseau africain d'Ogilvy & Mather depuis 1996 et a été l'un des membres fondateurs du réseau. Remises par le prestigieux groupe de publication d’affaires sud-africain Financial Mail, cette récompense est l’une des plus convoitées par ceux qui travaillent dans les agences de publicité et de communication à travers l’Afrique. « Cette récompense témoigne de l’excellente capacité créative d’Ogilvy & Mather et de notre force pour nous positionner comme l’un des réseaux les plus efficaces dans le milieu de la publicité. Notre agence est extrêmement fière d’appartenir à ce réseau, qui nous permet notamment de contribuer au rayonnement des entreprises mauriciennes dans la région Afrique, en leur apportant les prestations et le soutien en communication dans cette zone », a expliqué Jean Jacques de Robillard, directeur général de Maurice Publicité Ogilvy & Mather. A noter que l’agence Ogilvy & Mather CPT a, elle, obtenu le titre d’Agence de l'année, et qu'Ogilvy PR a été désignée meilleure agence spécialisée.


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POST SCRIPTUM

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NUCLÉAIRE IRANIEN OPINION

JEAN-PIERRE LENOIR

ENFIN UN ACCORD INTÉRESSANT...

I

l y a longtemps qu'un accord international n'avait pas suscité autant de passions partagées par le monde entier... Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que les deux éléments principaux de l'accord qui vient d'être signé à Genève sont d'abord l'Iran, qui détient une partie de la clé de ce jeu géopolitique infernal qu'est devenu le Grand Moyen-Orient, et deuxièmement le nucléaire, cette énergie que certains appellent luciférienne tant son feu, lorsqu'il devient militaire, peut être redoutable et destructeur. Comment en est-on arrivé là ? Ici, à Maurice, tout cela nous semble lointain, mais surtout incompréhensible pour beaucoup d'entre nous. Il y a très longtemps que la question du nucléaire iranien empoisonne non seulement la vie politique régionale, mais aussi internationale, à travers le jeu des alliances entre les grandes puissances d'une part et l'Iran et Israël d'autre part. Israël, l'allié inconditionnel des États Unis, a toujours fait pression sur son protecteur américain pour que l'Iran, nouveau protégé de Moscou depuis quelques années, cesse manu militari son programme nucléaire. Du temps du Shah (allié inconditionnel des Américains, qui le laissèrent tomber comme une vieille chaussette), Israël et l'Iran faisaient bon ménage et excellent voisinage. Après l'arrivée de l'ayatollah Khomeiny au pouvoir en 1979, les choses changèrent radicalement et Israël et son protecteur américain, « Le grand Satan », devinrent les ennemis jurés des nouveaux dirigeants perses, qui firent aussi de la question palestinienne le nœud du contentieux entre ces trois pays. Israël est le seul pays moyen oriental à posséder l'arme atomique (entre 100 et 400 ogives). Se prévalant de sa situation d'agressé permanent, ce pays n'a jamais signé (au même titre que l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord) le traité de non prolifération nucléaire. L'Irak et la Syrie ont bien essayé, dans le temps, de se doter de l'arme atomique, mais leurs installations ont été rasées par l'aviation israélienne, avec une diabolique précision. Il faut faire une distinction entre le nucléaire civil et militaire. Pour arriver à produire de l'électricité à base du nucléaire, il suffit d'enrichir l'uranium 235 à 5%. Pour arriver à produire du nucléaire militaire, il faut d'abord grimper jusqu'à 20%, seuil à partir duquel on peut relativement rapidement atteindre les 90% nécessaires pour fabriquer l'arme nucléaire. C'est sur cette question que le récent accord de Genève a porté. Les Iraniens ont toujours bataillé pour avoir le droit de développer un programme nucléaire sans préciser réellement si celui-ci avait des fins militaires ou civiles. De là les

sanctions imposées par la communauté internationale contre ce pays. Se sentant menacé, à tort ou à raison, par les ambitions nucléaires iraniennes, Israël a toujours fait jouer ses relations privilégiées avec les États-Unis pour hurler à sa mort programmée, menaçant au passage de bombarder les installations iraniennes. L'accord obtenu à Genève porte sur le seuil d'enrichissement d'uranium par l'Iran, qui sera supervisé par l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique (AIEA). Comme dans toute négociation, il y a des gagnants et des perdants. Au premier plan de ceux qui sortent renforcés par cet accord, il y a l'Iran, bien évidemment, qui peut maintenant revendiquer haut et fort son droit à un programme nucléaire civil, tout en réintégrant la communauté internationale. Nul doute que la modération des nouveaux dirigeants iraniens ont fait oublier l'ancien, Ahmadinejad, qui campait sur des positions pour le moins douteuses, notamment vis-à-vis d'Israël, dont il remettait l'existence même en question. La Syrie de Bachar el Assad sort aussi renforcée de cette « victoire » de son protecteur iranien et de sa légitimité retrouvée. Reste à savoir maintenant ce que les Iraniens auraient « lâché sous le tapis » quant à leur appui inconditionnel à Damas... La Russie de Vladimir Poutine, elle, s'impose de plus en plus comme le pion incontournable de toute solution diplomatique à des problèmes moyens orientaux. Sans elle, il y a longtemps que Bachar el Assad aurait quitté le pouvoir et serait même mort, comme l'ont été avant lui les dirigeants irakiens et libyens, notamment avec la complicité des diplomaties occidentales. Les Etats-Unis, enfin, qui ont redoré leur blason moyen oriental en montrant

pour la première fois à Israël que la défense de ce pays n'était plus le pivot central de leur diplomatie dans la région et qu'il faudrait que ce pays fasse enfin des efforts réels pour régler la douloureuse question palestinienne. Dans le camp des perdants on retrouve donc, en tête de liste, Israël, qui pour la première fois depuis très longtemps n'a pas su, ou pu, dicter sa conduite à son protecteur américain. Son arrogance vis-à-vis des Palestiniens et son expansionnisme colonisateur en Cisjordanie devenaient insoutenables pour la diplomatie américaine. Comme dans la crise syrienne, la diplomatie française n'a pas su se frayer un chemin cohérent avant et après la conférence de Genève. Va-t-en guerre contre l'Iran lorsqu'il s'est agi de préparer la conférence, la France a, à travers ses gesticulations post-accord, été incapable de prendre le train de celui-ci en marche. Elle est restée sur le marchepied de la locomotive, pour enfin trouver une place dans le wagon de queue. En Iran comme en Syrie, il est probable que les juteux contrats qui suivent les déblocages de situations difficiles lui passeront encore une fois sous le nez. Mais le plus important dans tout cela – plus important que les avantages collatéraux et souvent sordides des grandes puissances – c'est que cet accord de Genève va probablement débloquer une situation figée depuis 1979, année de la grande prise d'otages, en Iran, de diplomates américains par le gouvernement des mollahs... S'en était suivi, depuis, un long processus de pourrissement géopolitique et de raidissement des différents acteurs moyens orientaux, qui ont peu à peu construit le baril de poudre que l'on connaît aujourd'hui.


PLEIN RÉGIME

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DIPLOMATIC RELATIONS

Mauritius wants do to business with Kyrgyzstan

The Kyrgyz Republic, also known as Kyrgyzstan, may very well represent business opportunities for Mauritius in the future. This is why Cabinet, which met on Friday 29th November, has taken the decision to establish diplomatic relations with the Government of the landlocked Asian country CAPITAL. Bishkek, the Kyrgyz Republic's largest city, is home to 874,400 people

USD 693.5 million Kyrgyzstan's FDI inflow in 2011 1.9%, and trade by 8.2%, while construction soared by 15.0%, reflecting a substantial rise in new capital projects and extensive repairs to existing structures. The Asian Development Outlook (ADO) 2013 Update raises the growth forecast for 2013 to 7.5% from the 5.5% projected in ADO 2013 in April, leaving the forecast for 2014 at 4.5%

▼ JAMIROUDDIN YEADALLY

F

ew Mauritians, if any, would be able to identify Kyrgyzstan on the world map. Fortunately, the Cabinet, having done its revision, has decided that establishing diplomatic relations with the Kyrgyz Republic would help articulate a more structured framework for developing trade and economic relations between the two countries. According to reliable sources, the Mauritian government has already embarked on discussions with the Government of the Kyrgyz Republic to accelerate paper works. Located in Central Asia, Kyrgyzstan is a landlocked, mountainous country, whose capital city – Bishkek – is located west of China and south of Kazakhstan. The country, considered a low-income one, uses Kyrgyzstani Som (KGS) as its main currency. The Mauritian Rupee (MUR) has appreciated compared to the Kyrgyzstani Som during the past five years. In 2008, 1 MUR could be exchanged for 1.29 KGS, while in 2012, IMPORTANT REVENUE SOURCES Natural Resources is not a problem for the Kyrgyz Republic, as the country has important hydropower potential and significant deposits of coal, oil, natural gas, gold, mercury, lead, zinc and rare earth metals. The agriculture sector is predominant in the country as it produces potatoes, vegetables, grapes, fruits and berries on a large scale. Cotton and cattle are also bread and exported worldwide. Small machinery, textiles, food products and cement are also produced, but on a smaller scale.

the same rupee would have got you 1.56 KGS. DEMOCRATIC SYSTEM The country's population is composed of five main ethnic groups: Kyrgyz (52.4%), Russian (18%), Uzbek (12.9%), Ukrainian (2.5%) and German (2.4%). 75% of the population are Muslims, 20% are Russian Orthodox and 5% are of various beliefs. Its official languages are Russian and Kyrgyz, whereas business language is English. For the record, the Kyrgyz Republic, which is some 200,000 km² (77,220 sq. mi.) in size, was annexed by Russia in 1864, and achieved independence in 1991, following the fall of the Soviet Union. After independence, the country embarked on a transition to a democratic system of governance, as it joined the United Nations in 1992. The Kyrgyz Republic is now a member of the Commonwealth of Independent States, the Eurasian Economic Community and the Non-Aligned Movement. It also acceded to the World Trade Organisation (WTO) in December 1998, and is an active member of the Turkic Council, the TURKSOY community, the Shanghai Cooperation Organization and the Organisation of Islamic Cooperation. According to the World Bank, the Kyrgyz economy and public services were hit hard by the break-up of the Soviet economic zone and the end of subsidies from Moscow after its independence in 1991. But thanks to the adoption of market-based economic reforms in the 1990s, the economy has nearly recovered to its pre-independence

level of output, even if infrastructure and social services have suffered from low investment. In both total and per capita GDP, the Kyrgyz Republic’s economy ranks as one of the poorest in Central Asia. Indeed, in 2008, out of 175 countries around the world, it sat in 133rd place in terms of total GDP, and in 140th place in per capita GDP. Nevertheless, Kyrgyzstan has made significant strides in the past ten years to expand trade and improve its market economy. To date, the commitments of the World Bank vis-a-vis the Kyrgyz Republic have reached over USD 1 billion for 49 International Development Association (IDA)-funded projects, out of which USD 908 million have been disbursed. 32 operations for USD 739.5 million have been completed and closed, and 17 projects for USD 349.5 million are ongoing. ECONOMIC CLIMATE The country recovered economically after the election of new President Almazbek Atambayev in 2011. Economy grew by 7% in the same year, but the regional economic climate worsened. It is also reported that the economy was hit by a significant decline in gold production due to geological movements at the Kumtor gold mine. Economic slowdown in Russia and Kazakhstan also played a major role in the low growth recorded by the country in 2012 (1%). 2013, however, looks to be a good year. According to the Asian Development Bank, GDP in the Kyrgyz Republic grew by 7.9% during the first 6 months of 2013. Agriculture grew by

CASH-BASED ECONOMY Inflation was recorded at 7.8% during the months of January to June 2013, driven mainly by price increases of 6.7% for food, 7.9% for other goods, and 8.5% for services. Inflation is expected to moderate slightly during the second half of the year, easing to 7.5% by year-end and thus matching the ADO 2013 forecast. Trade deficit also widened during the period January-May 2013, reflecting 13.0% growth in imports and 7.9% decline in exports. Nonetheless, the current account balance is forecast to improve by yearend, with export growth narrowing the deficit to 8.0% of GDP in 2013, slightly above the 7.0% projected in ADO 2013. With a population of 5.5 million, the rate of unemployment in Kyrgyzstan is 8.6% and FDI inflow stood at USD 693.5 million in 2011. According to the Kyrgyz National Statistical Committee, the Kyrgyz Republic's Consumer Price Index increased by 4.6% in 2011 and 15.4% in 2010 . The economy of the Kyrgyz Republic is primarily cash-based, although non-cash consumer transactions, such as debit cards, have been growing for the past few years. There are two stock exchanges in the Kyrgyz Republic (Kyrgyz Stock Exchange and Stock Exchange Kyrgyzstan), but all transactions are conducted through Kyrgyz Stock Exchange. In 2011 the total value of transactions amounted to USD 32.7 million, compared to USD 31 million in 2010. The total capitalization of the banking sector in October 2011 was roughly USD 188 million and has increased slightly compared with 2010 in local currency terms, but decreased by almost USD 10 million in U.S. dollar terms, due to U.S. dollar appreciation.



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