Jo est génial… Après avoir rentré une première fois son trick, l’idée de corser les choses en passant sous le panneau lui est suggérée, on ne peut plus sérieusement. L’affaire est corsée, mais Jo n’est pas contre le fait d’essayer quelques coups, sans conviction… Après une tranche, un impact épaule/poteau et plusieurs coups de tête dans le panneau, l’alignement des planètes est parfait et le trick auquel on ne croyait qu’à moitié est dans la boîte, sans trop de casse. Charley
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JO DEZECOT
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Boneless
Le barrage, c’est vraiment magique… Oui, c’est juste exceptionnel… Perdu dans la colline, le cadre est magnifique, tu es en pleine nature, entouré d’arbres, la rivière toute proche, y’a pas un bruit… Tu te sens forcément privilégié de skater ce genre d’endroits. Quand je l’ai vu au loin, pour la première fois, j’ai cru à un mirage et plus je me rapprochais, plus c’était fou. Après, pour que ça soit skatable, il faut que le niveau d’eau soit au plus bas, sinon le couloir qui sert d’élan est inondé. Le spot peut ne pas être skatable pendant plusieurs années. Mais quand c’est sec… L’élan est en descente, y’a même pas besoin de pousser. Vu que le sol est pourri, il faut prendre des roues un peu molles… Par contre, il faut vraiment faire gaffe à la vitesse et à replaquer bien dans l’axe parce que c’est dangereux, c’est super haut.
étant tous les jours. Je n’ai jamais anticipé ce que ça allait donner, j’étais tributaire de ce que je trouvais en rôdant avec mon van. Je récupérais tous les gravats et les moellons que les gens jetaient et je les transformais en volume skatable. Mais ça, c’est encore une autre histoire… Tu considères ton approche du skate comme créative ? Oui, d’une certaine manière, elle l’est. Parce qu’à un moment tu décides de réfléchir à ce que tu as envie de skater, comment tu veux le faire et ce que tu dois mettre en œuvre pour y arriver. Ce n’est pas toujours le choix le plus simple, parfois tu veux skater un truc, mais ça roule mal ou l’angle est impossible, la replaque est merdique, y’a un truc qui gène… Je ne fais pas une fixation sur les spots pourris, j’aime aussi les trucs faciles à skater et les élans qui roulent normalement…[rires] Mais je ne saurais pas trop expliquer pourquoi, je suis attiré par les trucs un peu cagneux, dégueulasses ou dangereux . En tout cas, quel que soit le spot, il faut skater, même si c’est un petit trick, pas forcément un truc exceptionnel, ça vaut le coup. Ça vaut toujours le coup…
Oui, pas question de tomber… D’autant plus que je skate souvent tout seul ! C’est une sensation assez étrange d’ailleurs... Selon les endroits, j’ai vraiment pas intérêt à me blesser ! En snowboard, c’est pareil, l’hiver je peux trouver de la neige à même pas une demi-heure de chez moi. Du coup, je prends ma voiture et je vais tailler des kickers dans la montagne que je ride souvent tout seul.
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Un peu comme le DIY que tu as construit… Oui, voilà. L’idée, c’est de trouver des spots là où il n’y en a pas et s’il n’y a vraiment rien, il faut en construire. Avec des potes, on a dû investir 300€ et avec beaucoup d’ingéniosité ça a suffit. J’ai quasiment fabriqué le spot tout seul, vu que les autres skateurs habitent quand même assez loin. J’ai mis un peu moins de deux mois à le construire, en y
D’autant plus si le spot n’est que très rarement skatable… Exactement… Demain ce sera peut-être trop tard et des années risquent de passer avant qu’il ne soit skatable de nouveau, alors il faut le faire, là, maintenant !
Depuis longtemps, tu t’habilles comme tu skates, de manière un peu excentrique… C’est vrai que je portais très souvent des fringues colorées, avec des arc-en-ciel ou avec Elmo, de la série 1, rue Sésame… Maintenant, je me suis un peu calmé, le bleu marine ou le noir, ça marche aussi… J’aimerais lancer une petite marque, en fait j’y pense depuis pas mal de temps. J’essaie de mettre à plat mes idées… Ça ne devrait pas être trop compliqué à gérer, tant que ça reste confidentiel et pour se marrer. Mon frère Victor m’aide pas mal, il est vraiment créatif tout en étant bricoleur, il a la double carte ! Tu as passé plusieurs fois du temps aux États-Unis, mais en ce moment tu restes plutôt en Europe… Oui, c’est voulu. J’aime bien aller aux US, mais pas
y rester trop longtemps. J’ai le sentiment que le skate est un peu trop sérieux là-bas. Mais si tu bouges avec les bonnes personnes, c’est quand même cool, même si je préfère vivre en Europe. En vieillissant, tu trouves qu’il devient plus difficile de progresser ? Disons qu’aujourd’hui j’ai pas mal de choses dans ma vie, donc j’ai le sentiment d’avoir moins de temps à consacrer au skate par rapport à avant. Par contre, là où je galère vraiment en termes de progression, c’est pour tout ce qui est switch et nollie, j’avance à tous petits pas… [rires] Et puis mon corps me rappelle parfois que je ne pourrai pas me ballarguer toute ma vie, mais pour l’instant, je me porte plutôt bien, alors je continue !
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Sammy Winter, switch kickflip
caméscope, forcément ça donne un look récurrent dans les vidéos, en plus du fait que le skate peut étrangement devenir tellement formaté, alors que cela ne devrait jamais être le cas. Tout le monde peut faire des choses différentes, et ainsi enrichir encore plus l'univers du skate. Je peux dire que je suis fier d'avoir apporté des choses au monde du skate, lui qui m'a tellement donné en premier lieu... Penses-tu que la créativité doive prendre le pas sur l’aspect classique d’une photo ? Selon moi, il n'y a aucune règle. Tout dépend des projets, des idées, de ce que l'on veut retranscrire. Entre la vidéo et la photo j'ai deux approches totalement opposées. En vidéo j'essaye toujours de ne jamais refaire deux fois le même projet. Chacun doit être unique et différent. En photo, je me concentre sur un seul style, afin de créer une ‹ œuvre › qui a du sens dans la durée. Il me serait très dur de mélanger des photos très différentes dans un même ouvrage... et pour moi ajouter des photos couleurs dans un livre majoritairement en noir et blanc est totalement impensable... enfin, seulement en ce qui me concerne. Quand un autre le fait, bien, ça ne me choque pas.
Ricardo Fonseca, wallride
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Pourquoi ne voit-on pas plus souvent tes photos dans les magazines ? C’est aussi en partie à cause de moi, par manque de temps ! La photo c'est mon hobby. Et faire de la vidéo, ça prend un temps de dingue, surtout que moi je fais tout : le filming, le montage et tout ce qui va avec.
Quels ont été et quels sont les photographes dont tu admires le travail ? En skate, Daniel Harold Sturt (années 90 – début 2000), car ses photos étaient tellement différentes, mais surpuissantes. Sinon mes idoles sont issues de la photographie classique : Henri Cartier-Bresson, Willy Ronis, Josef Koudelka, Robert Doisneau, Burk Uzzle... et puis également Anton Corbijn qui a écrit la préface de mon livre. Je l'ai sollicité car avant même que je ne m'intéresse à l'image, son travail me rendait dingue, dans les clips de Depeche Mode que je regardais ado. Il a toujours eu une esthétique si particulière, tellement différente de toute la soupe qu'on voyait à la télé… Tes images se font plutôt rares, tu sélectionnes beaucoup ou tu photographies peu ? C’est vrai que je ne photographie pas tant que cela. Enfin, beaucoup plus ces dernières années, mais je n'étais pas intéressé pour faire un max de photos, puisqu'elles ne sont pas faciles à faire et demandent certains ingrédients précis pour élaborer la bonne recette. Donc je préfère me faire de bons gueuletons de temps à autre !
Nassim Guammaz, backside smithgrind.
tos ne correspondaient pas aux standards classiques (couleur / flash / fisheye) et montraient des figures basiques, alors que le sport était tourné sur la course à la performance ! Les choses ont bien changé et c'est bien. J'aime quand les magazines osent faire des choses qui sortent des sentiers battus.
Quel regard portes-tu sur les images que tu vois dans les magazines de skate aujourd’hui ? Je suis content de voir qu'il y a de la place pour des styles photographiques très différents. Pour moi, il a été assez dur d'être publié en général, car mes pho-
Personne n'imagine le travail de chinois qu'une grosse vidéo représente, même les petites vidéos d'ailleurs ! C'est titanesque, vraiment. Et donc, forcément, je délaisse malgré moi la photo, enfin je shoote et j'accumule des clichés sans cesse, mais ensuite je n'ai plus de temps pour les proposer aux magazines, cela me dépasse. Même pas le temps de scanner les photos. Ces dernières années ça va mieux car j'ai bossé sur des projets vidéo plus petits, mais aussi parce que je donne plus la priorité à la photo. Et avec le numérique, je gagne du temps, c'est clair… Quelle est la photo que tu aurais aimé faire ? Surprise, je compte toujours la faire !
Des photographies et des propos recueillis par Kevin Métallier Boardslide 82 - 83
Si le nom de Jaakko Ojanen ne vous est pas encore familier, il y a fort à parier que vous allez garder ce doux sobriquet en mémoire dès que vous aurez découvert l’impressionnant potentiel créatif de ce jeune prodige venu du grand froid scandinave. Ce Finlandais de 22 ans, au parcours semé d’embûches, commence à sérieusement agiter la toile avec ses tricks improbables et ses mini-parts en forme de pochettes surprises toutes plus incroyables les unes que les autres. Pourvu d’un board control pour le moins déconcertant et d’une aptitude à skater tout et n’importe quoi avec une aisance défiant les lois de la gravité, voici un aperçu de ce dont ce spécimen rare est capable. Pour le reste, un conseil, restez connectés et guettez ses prochaines vidéos, ça risque de sérieusement piquer les yeux…