La grotte Cosquer révélée

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LES AUTEURS

Pedro Lima, auteur du texte, est journaliste scientifique spécialiste de la préhistoire. Il arpente les calanques depuis son enfance marseillaise, et a visité de nombreux sites ornés à l’occasion d’ouvrages et de reportages. Philippe Psaïla, auteur des photos aux ateliers Arc et Os et Déco Diffusion et à la Villa Méditerranée (restitution de la grotte Cosquer), est photographe et vidéaste spécialisé dans les reportages sur la connaissance, les sciences et la découverte. Témoignages Ce livre donne la parole à des témoins (plongeurs, scientifiques, experts) qui ont visité la grotte ou sont associés à son histoire et celle de sa restitution : Pascale Oriol, Jean Courtin, Jacques Collina-Girard, Jean Clottes, Luc Vanrell, Michel Olive, Michel L’Hour, Guillaume Thibault, Bertrand Chazaly, Alain Dalis et Gilles Tosello. Contributions Ingrid Sénépart, préhistorienne au Pôle archéologie du musée d’Histoire de Marseille, rattachée au laboratoire TRACES (UMR 5608), et Geneviève Pinçon, préhistorienne, directrice du Centre national de Préhistoire (CNP). Relectures Bertrand Chazaly, topographe – Fugro ; Jacques Collina-Girard, maître de conférences horsclasse à Aix-Marseille Université (AMU), géologue et préhistorien ; François Marchal, paléoanthropologue au CNRS, laboratoire ADES (UMR 7268) ; Valérie Moles, Responsable culturelle Préhistoire – Kléber Rossillon ; Michel Olive, archéologue au Service régional de l’archéologie (DRAC PACA), rattaché au LAMPEA – MMSH ; Francis Talin, responsable du pôle Éducation à l’environnement, Culture et Développement social au Parc national des Calanques ; Luc Vanrell, archéologue rattaché au LAMPEA – MMSH ; Magali Veyrat, chargée de mission Patrimoine culturel et interprétation au Parc national des Calanques.

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Collection Préhistoires

LA GROTTE COSQUER RÉVÉLÉE Les secrets du sanctuaire préhistorique englouti

Déja parus dans la même collection : Chauvet-Pont d’Arc, le premier chef-d’œuvre de l’humanité révélé par la 3D et Tout Lascaux

SYNOPS

ÉDITEUR DE SAVOIRS


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Grand Puits

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Mains noires

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Faille des Bisons 127

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Mains rouges

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Les trois Pingouins

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Hublot Point culminant

117

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Plage 123

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Panneau des petits Chevaux 101 Galerie d’accès

0m

25 m

Double-page précédente : La calanque d’En-Vau vue depuis le plateau de Cadeiron, dans le Parc national des Calanques.

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Le Grand Puits, qui plonge à 20 mètres de profondeur, est environné de figures.

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Introduction

De Toumaï à la grotte Cosquer La longue marche de l’humanité Main négative noire aux doigts incomplets sur la grande paroi des Mains rouges, sur laquelle a été ajouté un trait rouge.

* Le mode de vie des chasseurscollecteurs, ou chasseurscueilleurs, est basé sur la chasse, la pêche et la collecte d’aliments dans l’environnement (baies, fruits, racines, champignons, coquillages...). Historiquement, ce sont les premiers modes de subsistance de l’espèce humaine avant l’apparition de l’agriculture et de l’élevage.

Minutieusement épiés, ces mammifères sont chassés au moyen de pointes en pierre tranchantes, remarquablement taillées et soigneusement emmanchées sur des sagaies et des harpons. Pourtant, malgré les conditions matérielles extrêmes qu’ils affrontent, ces groupes de chasseurs-collecteurs* du Paléolithique supérieur provençal ne se contentent pas de subvenir à leurs besoins vitaux grâce à la viande, la graisse et la peau des animaux qu’ils capturent. Bien au contraire, leur imaginaire est très riche, peuplé de symboles et d’images qu’ils se sont certainement transmis au fil des générations et au sein desquels les grands mammifères occupent une place importante. Ces préoccupations d’ordre spirituel les ont conduits à réaliser, dans une cavité souterraine, une œuvre artistique et symbolique magistrale, parvenue partiellement jusqu’à nous. Ayant repéré une petite ouverture sombre dans la roche au pied d’une haute falaise calcaire, quelques membres d’un groupe entreprennent de l’explorer, s’enfonçant profondément par un étroit boyau. Au terme d’une progression périlleuse d’une centaine de mètres à la lueur de leurs torches, ils parviennent dans deux vastes salles aux voûtes élevées. Là, ils décident de laisser sur les parois la trace de leur passage, sous forme d’empreintes de leurs mains, à la peinture rouge et noire, et de nombreux tracés digitaux, réalisés avec leurs doigts dans l’argile. La grotte va être fréquentée durant plus de 13 000 ans. Ainsi, des millénaires après le passage des premiers artistes, d’autres groupes humains investissent à leur tour la cavité, découvrant les œuvres de leurs prédécesseurs. Ils dessinent eux aussi des figures. Chevaux, bouquetins, pingouins, bisons et autres mammifères sont admirablement représentés par dizaines. Puis, ces artistes disparaissent à leur tour. Leurs croyances, et avec elles le sens profond des figures déposées sur la roche, se sont évanouies avec leurs auteurs.

Il y a environ 33 000 ans, des groupes de quelques dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants occupent la côte méditerranéenne, sur le site des actuelles calanques entre Marseille et Cassis. Ces populations appartiennent à la même espèce que la nôtre, Homo sapiens, et se composent d’individus de grande taille. Ils se protègent des vents froids qui balayent la plaine en installant leurs abris, orientés vers le sud et chauffés par des foyers, au pied de hautes falaises calcaires creusées par les cours d’eau. Vivant de chasse, de pêche et de cueillette, ils poursuivent leurs proies dans un paysage sec et austère de type toundra. Ils connaissent les secrets et les ressources de cet environnement auquel ils sont remarquablement adaptés. Nous sommes en pleine période glaciaire. La température sur terre est plus basse qu’aujourd’hui, de 5 degrés Celsius environ. De gigantesques masses d’eau sont stockées, sous forme de glace, dans les calottes polaires et dans les glaciers qui recouvrent une bonne partie de l’Europe. Conséquence, le niveau de la Méditerranée se situe jusqu’à 135 mètres plus bas que de nos jours, et le littoral, dix kilomètres plus loin. À cette époque, on peut parcourir à pied les neuf kilomètres qui séparent l’actuel Vieux-Port de l’île du Planier, dans la rade de Marseille. La faune locale est composée de phoques, de pingouins, de chamois, de cerfs, de chevaux, de bisons et de bouquetins.

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Les trois pingouins dessinés sur une voûte ont beaucoup fait pour la célébrité de la grotte Cosquer. Vivant sur le littoral méditerranéen situé à 10 kilomètres environ de la grotte lors de sa fréquentation préhistorique, il est normal qu’ils figurent dans le bestiaire de la cavité engloutie. La scène montre peut-être un combat entre deux mâles, en haut, pour une femelle représentée en bas à gauche.

Salle 2

Secteur 204


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Le panneau du puissant bison, long de deux mètres, a été remanié à plusieurs reprises et pourrait correspondre à plusieurs phases de réalisation aux alentours de - 22 000 ans.

Salle 1

Secteur 108

176


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