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Les relèves
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Soyons phygitaux:
Web3 et NFT
Par Paul O’Neil, ancien rédacteur en chef de Worldtempus.com
Le concept d’une blockchain est simple, il s’agit d’une chaîne de blocs. Chaque bloc contient un hash, une empreinte numérique ou un identifiant unique, un ou plusieurs enregistrements de transactions et, surtout, le hash du bloc précédent. C’est ce qui rend la blockchain immuable. Comme chaque bloc contient un lien vers le bloc précédent, toute altération de la blockchain serait clairement visible.
Il n’existe pas de blockchain unique. En fait, il en existe des centaines, voire des milliers, car la blockchain n’a pas nécessairement besoin d’être publique. Il existe des
NTF, jetons et fongibles font désormais partie de notre vocabulaire. A condition de bien comprendre le sens de chaque terme. Quelques acteurs de l’horlogerie ont pris le train en marche. Décodage.
frameworks open source qui permettent à quiconque de créer sa propre blockchain. Ils peuvent être utilisés par les entreprises pour héberger des grands livres partagés avec des autorisations et des contrats intelligents, des services financiers à la gestion de la chaîne d’approvisionnement et des soins de santé aux médias et au divertissement.
La blockchain, une carte d’identité numérique?
Les blockchains peuvent également être utilisées pour l’authentification, comme l’ont déjà démontré deux noms de l’industrie horlogère, à l’instar de Nicolas Commergnat, un horloger qui s’occupe de ces montres rares qui finissent par passer sous le marteau des commissaires-priseurs Phillips, après quoi elles seront rarement - voire jamais - revues en public. Ce-dernier a compilé une base de données de ces garde-temps. Les détails qu’il a minutieusement enregistrés pour chaque montre, y compris les scans 3D qui peuvent montrer des détails jusqu’à l’épaisseur du matériau luminescent sur une aiguille de montre, sont stockés sur une blockchain comme une carte d’identité numérique qui peut prouver irrévocablement l’authenticité de la montre.
Vincent Perriard, fin connaisseur de montres, pour avoir occupé de hauts postes chez Audemars Piguet, Concord et HYT, est cofondateur de la fondation à but non lucratif ORIGYN, qui affirme être la seule plateforme de certification conçue pour prouver l’authenticité d’une montre (ou de tout article de luxe) en utilisant les informations biométriques de l’article lui-même. La plateforme est basée sur une blockchain, des NFT et le concept de «jumeaux numériques», mais dans ce cas, le jumeau numérique est lié à des caractéristiques uniques de la montre compilées à l’aide de techniques avancées de vision par ordinateur. Vérifier l’authenticité d’une montre est aussi simple que d’en prendre une photo avec son smartphone.
La question climatique
L’impact environnemental de la blockchain et des crypto-monnaies fait l’objet d’un vaste débat, alimenté par certaines des estimations stupéfiantes de l’énergie qu’elles consomment. L’ajout d’un nouveau bloc à la chaîne de blocs exige des utilisateurs qu’ils résolvent des énigmes complexes sous forme de «preuves de travail», ce qui nécessite une puissance de calcul considérable et, par conséquent, beaucoup d’énergie. Digiconomist.net, un site web dédié à la recherche sur la durabilité des crypto-monnaies et des blockchains, estime l’empreinte carbone d’une seule transaction Ethereum à un peu plus de 150 kilogrammes, ce qui équivaut à 334 314 transactions Visa ou à passer 25’140 heures sur YouTube. Son empreinte carbone annualisée est équivalente à celle d’un pays européen de taille modérée.
Déjà famillier de la blockchain depuis 2020 avec son système d’ultra traçabilité, Loïc Florentin entraîne sa marque Le Rhöne de manière inédite dans l’aventure NFT. «Cette montre existe d’abord en tant que NFT. Une fois le NFT acquis, les amateurs de crypto-monnaies et les collectionneurs décideront de l’avenir du garde-temps dans les 12 mois suivant l’achat. Avec le savoir-faire complice de Art Setting SA, la Hedönia Destiny (41 mm de diamètre), aura 150 diamants baguettes sur son boîtier or blanc 18c, 208 sur le cadran, 14 sur la couronne et pas moins de 516 sur le bracelet! A suivre...
L’idée d’unicité
Comme avec une blockchain, n’importe qui peut créer un NFT. Et comme ce NFT n’est qu’une preuve de propriété d’un actif numérique, il peut être attaché à presque tout. La légende de l’industrie Jean-Claude Biver a vendu un NFT qui est la preuve de la propriété d’une photo numérique d’un prototype de Big Bang dans sa collection personnelle. Il ne fait aucun doute que cette montre a une signification tellement personnelle pour lui qu’il ne la vendra jamais. Mais la vente d’un NFT lié à une photo de la montre lui permet de partager ce sentiment de propriété. Cela permet également d’aborder les aspects des NFT qui les lient étroitement au monde des montres.
Transposer nos goûts et les modes
Louis Moinet et DWISS sont deux exemples récents de marques horlogères qui ont adopté les NFT en utilisant deux approches différentes. Louis Moinet a lancé une collection de 1 000 NFT inspirée de la collection Space Revolution de la marque. Chaque jeton comprend une vidéo en 3D de la montre correspondante, un filtre Snapchat exclusif et un visage Apple Watch, ce qui vous donne l’option plutôt alambiquée de porter une réplique numérique d’une montre physique sur une montre numérique, soit l’antithèse même de la haute horlogerie. Plus de la moitié de ces jetons ont été vendus lors de la vente aux enchères initiale, le reste étant disponible sur la plateforme d’échange OpenSea. Avec un prix plancher de 0,2 ETH (Ethereum coins) qui équivaut à plus de 500 dollars, ces jetons sont plus chers que de nombreuses montres dites entrée de gamme. Il s’agit toutefois du coût des transactions avec les NFT car il couvre le coût de la puissance de calcul nécessaire pour frapper un NFT et traiter la transaction.
Certains des projets NFT les plus réussis, comme le Bored Ape Yacht Club, fonctionnent sur les mêmes thèmes que ceux que l’on retrouve dans l’industrie horlogère, ce qui pourrait expliquer pourquoi les marques de montres sont si désireuses de les adopter. Premièrement, il y a l’idée d’unicité, le NFT étant l’équivalent numérique d’une montre à pièce unique. Deuxièmement, il y a le statut, le propriétaire de la montre la plus chère jamais vendue aux enchères (une Patek Philippe Grandmaster Chime vendue par Christie’s en 2019 pour 31 millions de dollars) ayant les mêmes droits de frimer que le propriétaire de la Beeple NFT vendue l’année dernière par Christie’s pour la somme vertigineuse de 69 millions de dollars. Et enfin, la communauté, car il existe des groupes de collectionneurs de NFTs tout comme il existe des clubs de collectionneurs de montres. Enfin, il y a toujours l’espoir que le bien rare d’une personne, qu’il soit numérique ou physique, prenne de la valeur avec le temps.
DWISS a adopté une approche différente en créant des montres sur mesure qui pourront être portées par les avatars qui occuperont le métavers, la théorie étant que nous voudrons transposer nos goûts et les modes du monde physique au monde numérique. Avec 10 000 NFT DWISS disponibles, la marque exploite le potentiel du monde cryptographique pour former des communautés. Les gens collectionnent les NFTs tout comme ils collectionnent les montres, et DWISS vise à rassembler ces collectionneurs dans le monde numérique sous l’égide du «DWISS Watch Design Club» pour développer ensemble une future montre physique. (Lire encadré)
Aucun droit sur les jetons
Les NFT commencent-ils à être attrayants? N’oubliez pas le terme «jeton». Un NFT ne vous donne pas automatiquement de droits de propriété intellectuelle sur votre acquisition. Le jeton n’est qu’une preuve de propriété de l’actif numérique. Il ne signifie pas que vous avez le droit de reproduire ou de distribuer ce que vous avez acquis. Pour la même raison, vous ne pouvez pas créer un NFT en utilisant la propriété intellectuelle d’un autre. En outre, dans le cas de la photo de la montre de Jean-Claude Biver, un NFT n’empêchera personne de copier la photo. Néanmoins, les NFT présentent quelques avantages par rapport à leurs originaux physiques. S’Il est possible d’acheter de nombreuses fausses Rolex, il est impossible de falsifier un NFT. Grâce aux contrats intelligents qui peuvent être intégrés à la blockchain, les NFT peuvent également être programmés pour verser au propriétaire de l’actif physique des redevances sur toute transaction future du NFT.
Mais dans quelle mesure ces NFT sontils non fongibles? Et jusqu’à quel point le «Web 3» que cette technologie est censée sous-tendre est-il décentralisé? Une récente vente de NFTs visait à répondre à cette question, plutôt qu’à rapporter à son créateur une somme d’argent ridicule. Moxie Marlinspike, fondateur du service de messagerie cryptée Signal, a créé un NFT qui changeait d’apparence en fonction de
Succès: en 7 minutes seulement, Les Ateliers Louis Moinet, en collaboration avec Exclusible et Tafi, ont vendus 1000 NFT. Jean-Marie Schaller fait office de pionnier.
Après avoir remonté le cadran sur le mouvement, l’horloger chasse les aiguilles à la main, une à une. ©Rolex/Denis Hayoun
Première mondiale dans le métavers? Entretien avec Rafael Miranda, fondateur de DWISS
Pour la première fois et sans doute en exclusivité mondiale pour le Journal Suisse de l’Horlogerie, j’ai réalisé cet entretien avec Rafael Miranda dans le métavers, assis à une table de bureau dans l’usine numérique de la marque, avec ses salles de réunion, ses bancs d’horlogers et sa cuisine pour le personnel.
Paul O’Neil: Pouvez-vous expliquer l’idée derrière vos NFT?
Rafael Miranda: J’ai pris quatre éléments clés de nos montres - le boîtier, le cadran, la lunette et le bracelet - et j’en ai fait des versions numériques dans différents matériaux, de l’acier inoxydable traditionnel à des matériaux plus exotiques et, bien sûr, avec un soupçon de diamants. Il existe 150 configurations possibles, et lorsque les jetons seront frappés, un algorithme composera les motifs de chaque montre NFT. Je peux attribuer une valeur de rareté à chaque élément, mais c’est finalement l’algorithme qui déterminera le design final des 10’000 NFT.
Quel sera le prix de vos NFT et comment le déterminez-vous?
Le prix plancher est de 0,1 ETH (environ 250 $). Il est important de trouver un équilibre qui rende les NFT accessibles sans éroder la valeur de la marque. Tout le monde paiera le même prix, mais ne connaîtra pas le design de la montre avant que son NFT ne soit frappé. Ainsi, si vous avez la chance d’obtenir l’une des montres les plus rares, vous pourrez peut-être revendre votre NFT à profit sur des places de marché telles qu’OpenSea.
Quels avantages obtenez-vous avec vos NFT?
J’offre 500’000 dollars US en cadeaux, dont 100 NFT et 100 montres DWISS Swiss Made pour encourager les gens à s’inscrire sur le serveur Discord de DWISS. Chaque fois que le serveur Discord atteindra un objectif prédéterminé, il déclenchera un cadeau spécifique. Après la frappe de la monnaie, nous distribuerons également 200 montres aux détenteurs de NFT. Ces derniers auront également droit à une remise de 50 % sur nos montres, ce qui équivaut au coût initial du NFT. Les personnes déjà actives dans le métavers sur des plateformes telles que Decentraland et Second Life pourront demander des versions compatibles de leur montre NFT pour que leurs avatars les portent.
Votre public cible pour les NFT est-il le même que pour vos montres?
Non. Les clients de nos montres ont plus de 30 ans, alors que ceux des NFT seront beaucoup plus jeunes. Je pense que les NFT sont un excellent moyen de les habituer à l’idée de porter une montre, que ce soit dans la vie réelle ou dans le métavers.
la personne qui l’ouvrait, affichant un émoji caca si vous l’achetiez et l’ouvriez sur un ordinateur. OpenSea, l’une des principales places de marché pour les NFT, a retiré ce jeton particulier de sa plateforme après quelques jours, prouvant ainsi que «DeFi» n’est pas si décentralisé que cela. Peut-être que «autorégulation» serait plus idoine? n
FEMTOPrint
embarquement pour la magie alvéolaire
Joël A. Grandjean / JSH® Magazine
La deux fois lauréate du Grand Prix des Exposants de l’EPHJ maîtrise un traitement alternatif aux couleurs du moment: cadrans toujours plus audacieux, marques toujours plus portées sur les couleurs, les formes.
«C e traitement est une alternative aux colorations des nuances de bleu, de vert ou aux multi-couleurs appliquées dernièrement, pour donner cet effet dynamique, de mouvement, et vif…» précise Giulia Bottarini, business developer.
Inimaginable il n’y a pas si longtemps
Créer des pièces de nouvelle génération, c’est dans l’ADN technologique de FEMTOprint. Sortir des sentiers battus, telle est sa mission face à des clients qui rêvent de cadrans toujours plus audacieux, de couleurs et de formes toujours plus osées. Soudain, la «structure alvéolaire» dévoilée en 2021, stimule la créativité en matière de revêtement de surface. Car, pour les arts décoratifs propres à l’horlogerie d’excellence, cette manière de structurer la surface permet de guider la lumière et de générer, en fonction de l’angle, des effets iridescents. Une magie où l’intensité de la couleur change, où la lumière, selon la manière dont elle est guidée, s’amuse à surprendre. Qu’il s’agisse de géométries rondes, carrées, allongées ou rectangulaires, ou de mix entre elles, l’effet escompté est d’attirer l’attention, ce qui est à l’origine le rôle des pièces d’exception: pouvoir, de façon alternée, disposer de zones transparentes, de motifs gravés dans le volume même de la pièce, cadrans, aiguilles ou autres composants. Ce qui est bien pratique pour apposer le logo d’une Maison horlogère, des chiffres ou des écritures, sans jamais faire de compromis avec la qualité optique des surfaces.
Ce traitement peut être adapté à toutes formes de géométries: rondes, carrées, allongées, rectangulaires, un mix entre elles… Son effet, pensé pour des pièces d’exception qui désirent attirer, peut être combiné avec d’autres options. On peut jouer ainsi sur les nuances de la transparence, sa plus ou moins accentuation, jouer avec les dépositions à coloration variable, foncées ou miroir. Mieux encore: «Nous pouvons aussi réaliser des canaux enterrés en monolithique pour l’injection de liquides, par exemple du SuperLuminova» s’enthousiasme Giulia Bottarini depuis Muzzano, dans le canton du Tessin. Ce qui mène aux constructions 3D, aux géométries complexes avec chanfreins, plans inclinés, surfaces polies ou mates, rondes ou à angles vifs. «En travaillant avec une structure à trous passants (coniques ou complètement verticaux), de style membrane, ce traitement peut offrir d’autres effets esthétiques très intéressants» ajoute-t-elle.
L’impression soustractive, la réponse 3D
FEMTOPrint est une entreprise suisse innovante en phase avec le développement et la fabrication de micro-dispositifs 3D de haute précision. En 2021 à l’EPHJ, son cœur technologique battra encore plus fort. Fondée sur le principe de la structuration au laser dans le volume et gravure chimique, autrement dit le principe d’une véritable impression 3D soustractive, la PME continue d’apporter ses réponses autant au prototypage rapide qu’à la production en série à l’échelle wafer.
Et le besoin est dans l’air: miniaturisation, précision micrométrique, conception de formes libres et intégration de fonctionnalités micro-fluidiques, micromécanique et micro-optique dans des composants monolithiques à très haute valeur esthétique ajoutée. n
https://www.femtoprint.ch
JTTI, des tisserands et des marques
Par Laurent Sage, analyste, expert de l’horlosphère conférencier et coach d’équipes
Groupe industriel créé il y a 50 ans, JTTI est spécialisé dans l’extrusion de fil, le tissage de sangles, l’injection, le surmoulage ainsi que la transformation et la confection textile. Rencontre avec Guillaume Dromel, son DG.
«N ous partons de la matière première, nous fabriquons nos propres fils, nous tissons et nous confectionnons à partir de fibres synthétiques ou naturelles telles que la laine ou le lin», introduit notre interlocuteur.
La fibre du luxe
Tisserand implanté au cœur du bassin du textile français, à coté de Saint-Etienne, l’entreprise doit lutter contre la concurrence asiatique, féroce. Elle intègre très vite un maximum de savoir-faire et de métiers, jusqu’à la confection, comme c’est le cas pour les bracelets de montre ou la maroquinerie. «Sollicités par une marque, nous avons commencé à travailler pour le luxe dans les années 80. Devancer les attentes des clients, créer des bandoulières complexes, aux couleurs inédites…» commente Guillaume Dromel qui, en se prêtant à cet article, entend rendre hommage à son mentor, feu Jean-Luc Tschirky. C’était, lorsqu’il était encore chez Cartier, son vice-président en charge du manufacturing. «Je lui dois énormément, il était doté d’une vision industrielle et d’une humanité exceptionnelles. Deux de ses enseignements guident encore mon quotidien: ‘tenir le couteau par le manche’ et ‘rester les doigts dans la prise’» se souvient-il. Il poursuit: «Désormais, quand une marque souhaite une matière, un touché, un design, elle nous contacte. Anticiper, sentir les tendances et y répondre avec une dimension technique forte est resté notre fil conducteur». Franck Janisset (g) et Guillaume Dromel, respectivement Président fondateur de JTTI Group et CEO: «Avec et pour les marques, nous travaillons les qualités organoleptiques des bracelets, en développant des matériaux et des procédés capables d’impressionner un récepteur sensoriel: vue, toucher, bruit, parfum… »
«Nous sommes un laboratoire d’idée qui veut s’imposer sur le registre du développement durable, de la sobriété énergétique et de consommation»
Laurent Sage: Quelle est votre vision d’un co-traitant du luxe?
Guillaume Dromel: c’est très enrichissant de travailler pour plusieurs marques car on a les échos de nombreux marchés, concernant de multiples produits. C’est différent quand on travaille en fabrication au sein d’une seule marque. Grâce à cela, nous avons un temps d’avance en termes d’agilité, de réactivité, de flexibilité, d’innovation.
Une marque dira-t-elle un jour ‘mes bracelets sont des JTTI’?
Peut-être, je l’espère. Dans tous les cas, il s’agit d’être en mesure de montrer qu’il y a quelqu’un, ‘de belles mains’ derrière le luxe. La fabrication de spécialités est essentielle au luxe: ‘je ne sais pas faire des plumes, je m’adresse à un plumassier. Pour des sangles, je m’adresse à un sangliste’. Autre
Parcours de Guillaume Dromel
Du luxe en grandes maisons à la cotraitance
Jeune ingénieur entré en maroquinerie chez Louis Vuitton où il finit directeur de production et développement d’un site, il rejoint Cartier. Il y relève, l’ambitieuse mission «from Marsh to Market» que lui lance le CEO. Il s’agit de maîtriser la ‘supply chain’ du bracelet alligator, puisque le groupe Richemont en est le premier consommateur.
Fondateur de l’Atelier du Bracelet et de ses «strapbars» inédits
«Sourcer des œufs, créer une tannerie à Meyrin, déposer des brevets, révolutionner la fabrication grâce à la digitalisation, puis, de New-York à Dubaï en passant par Genève, implanter dans les boutiques des ateliers éphémères avec mise en scène de la découpe laser, impression 3D, tradition du travail manuel du cuir. Telle était cette incroyable aventure d’une start-up de 25 passionnés qui, face aux clients, avait pour projet la démonstration des savoir-faire traditionnels alliés aux procédés ultramodernes, au service du bracelet.
«Du côté du gain plutôt que du côté du coût»
Directeur Retail pour Cartier Amérique Latine et Caraïbes, il se forge une conviction globale: les gens passionnés veulent savoir ‘comment c’est fait’. En maroquinerie, horlogerie, bijoux et haute-joaillerie, le client apprécie qu’on lui parle métiers, belles mains, pas seulement de com’ et d’image. Il intègre JTTI comme Directeur Général. «Le manufacturing et les gens qui y contribuent – les artisans – peuvent être encore plus mis en avant» affirme-t-il.
élément qui nous est spécifique: les maisons de luxe ont parfois du mal transmettre la notion de terroir à leurs clients. Leur proposer des produits et des services alliant savoir-faire et traçabilité géographique fait sens. dits, simples d’usage et quasi-universels. Dans la même veine, nous travaillons à la conception et l’usage de fibres synthétiques biosourcées, antibactériennes… De plus, nous sommes ‘animal free’, ce qui est un grand avantage aujourd’hui.
Et du côté des process de fabrication?
Nous recyclons tous nos déchets ‘in house’, ce qui évite les transports inutiles et permet une traçabilité totale. Face aux quantités astronomiques des synthétiques usagés, nous savons que le plastique recyclé, c’est vertueux, que l’équation écologique est bonne. Nous avons donc développé une gamme complète de fibres synthétiques recyclées. Pour chaque produit, au choix du client, nous pouvons proposer du GRS (Global Recycling Standard).
D’après vous, quel sera le bracelet du futur?
Il sera en tissu, lavable, recyclable et recyclé et, qui plus est, personnalisable! Et interchangeable! Nous sommes en train de passer d’un produit à un service, embellir la montre, en adapter la couleur à sa tenue… Nous finalisons donc la mise au point de bracelets interchangeables totalement iné-
Une suggestion?
Qu’une marque courageuse dise un jour à son client: au bout de deux ans, un bracelet de montre porté est fini. Venez en boutique, nous vous le changerons pour 50 % du prix initial et nous recyclerons le vôtre, comme pour le verre. Ce serait gagné! n
www.jtti.com