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Le COSC a 50 ans, une institution unique au monde

Vincent Daveau Journaliste, historien et horloger

Origine des chronomètres certifiés

A la fin 19ème siècle, parce que les fabricants horlogers éprouvent le besoin d’officialiser la garantie de précision de leurs montres, sept laboratoires se créent et se dotent d’une mission de vérification et de certification. (Lire l’interview de l’historien Pierre-Yves Donzé). S’ils sont issus de la corporation elle-même, leur implantation s’appuyait sur les écoles d’horlogerie, des institutions garantes d’une neutralité indispensable, disposant d’outillages performants déjà mis au service de la communauté, de professionnels formés et d’une disponibilité liée au statut de leurs élèves.

Objectif? Se doter d'une unité de doctrine et uniformiser les prix. Elle ne touche aucune subvention, s’autofinance par ses activités, ne publie pas son budget annuel, investit annuellement pour améliorer ses équipements et emploie plus d’une centaine de collaborateurs, fixes ou temporaires. Le COSC, c’est aujourd’hui trois 3 bureaux d'observation en Suisse romande, actifs 7 jours sur 7, soit trois des laboratoires hérités du passé, Genève, Bienne et Le Locle. Devenus, sous l’abréviation BO, des Bureaux Officiels, leur mission est l’observation chronométrique et l’établissement de certificats de chronomètre en tant que services pour des tiers.

Accréditation confédérale

Ces bureaux, selon la norme ISO 17025, sont accrédités SCS (Swiss Calibration Service) par le SAS, (Service d’accréditation suisse), seule autorité suisse habilitée à décerner cette accréditation sur la base

Enregistré à Neuchâtel en 1973 comme association à but non lucratif, le COSC aura pour la seule année de 2023 mesuré et contrôlé la précision de plus de 2,5 millions de mouvements horlogers ou de montres.

Chaque mouvement ou garde-temps testé/e, s’il s’inscrit dans les tolérances admises, reçoit son propre certificat. Le contrôle est unitaire, non pas aléatoire. Ici, le bulletin de marche d’une montre Omega testée au BO (Bureau Officiel) du Locle en 2005.

Moteur

d’audits. A l’issue d’un audit, ce service a reaccrédité les laboratoires selon les normes ISO 17025 et 17065 en juillet 2021 pour une nouvelle période de 5 ans. Des projets d’agrandissement des locaux ont été initiés afin que les infrastructures des laboratoires puissent répondre à l’augmentation des quantités déposées ces prochaines années. Les travaux d’agrandissements et la modernisation des installations et machines entamés en 2022 devraient contribuer à fluidifier les certifications en hausse continue depuis plusieurs années.

Chacun des BO doit ainsi traiter plus de 60’000 mouvements par jour et, puisque le test dure 16 jours – dimanches et jours fériés compris – ces opérations doivent se faire en flux continu. Chaque mouvement soumis se trouve physiquement présent dans leurs locaux, car le principe d’une délégation de procédure, par exemple au sein d’un fabricant est contraire à l’esprit du COSC (sic!). Seul un mouvement répondant au critère du «Swiss made» peut être soumis aux tests.

Le caractère non lucratif de l’association, ainsi que le haut degré d’automation de ses processus, permettent d’offrir la participation aux tests à un prix particulièrement raisonnable. Sur la base 2021, il faut retenir comme chiffres que 39% des montres-bracelets mécaniques exportées sont des chronomètres certifiés, que ce sont 2'379’800 mouvements ou tête de montres qui ont été déposés pour un total de 2'284’935 certificats émis. En d’autres termes, le COSC a rejeté 3,5 % des pièces présentées ce qui est un chiffre très faible eu égard à la sensibilité de ces produits.

Mouvements mécaniques, conditions d’obtention 365 jours par an et 24 heures sur 24, les mouvements sont mesurés et remontés. La mesure détermine l’écart, en plus ou en moins, entre la dérive de la trotteuse portée par l’instrument horaire contrôlé et un temps de référence délivré par un serveur de temps composé de trois horloges atomiques (2 au rubidium temps GPS et 1 sur internet), dont l’erreur résiduelle est

Conditions d’admission

(1) Le COSC travaille principalement à l’observation de mouvements, mais contrôle également des têtes de montre. La norme ISO 3159 précise que la certification peut se faire en tête de montre ou en mouvement, le titre «chronomètre» étant le même dans les deux cas. Le choix relève donc du fabricant. La vérification de la tête de montre est la vérification la plus absolue, puisqu’il n’y a pas d’intervention ultérieure au niveau de la production. Mais le contrôle de la tête de montre est plus coûteux, car le travail de mise en place et d’observation, impliquant la présence et le travail manuel d’un opérateur pour chaque pièce, nécessite davantage de temps. Ce travail se fait surtout sur des montres dites d’exception. Les exigences minimales pour les têtes de montre mécaniques sont les mêmes que celles pour les instruments horaires de Genre I.

(2) Le déposant doit être une marque suisse inscrite auprès d’un institut national de propriété intellectuelle.

(3) Le mouvement déposé répond aux critères du Swiss made, à savoir qu’il doit obligatoirement être fabriqué ou acheté, et assemblé en Suisse.

(4) Chaque mouvement désireux d’être certifié chronomètre doit être physiquement déposé au maximum 21 jours dans l’un des 3 Bureaux Officiels (BO) sachant que la norme ISO 3159 impose une durée de test d’au minimum 16 jours consécutifs, y compris le jour nécessaire de conditionnement.

(5) Selon une clause ajoutée au règlement technique du COSC, un mouvement chronomètre doit proposer l’affichage permanent de la seconde.

(6) Chaque mouvement déposé doit appartenir à l’un des 4 genres suivants: montre bracelet à balancier spiral (1) – montre de poche à balancier spiral (2), appareil horaire fixe (3, par exemple chronomètre de marine), mouvement quartz (4)

(7) Chaque mouvement déposé doit se soumettre à 15 jours de tests, 5 positions à 3 températures (8°, 23° et 38°): couronne à gauche, couronne en haut, couronne en bas, cadran visible, cadran à l’envers, contrôle du fonctionnement des mécanismes supplémentaires (date, chronographe, etc…).

L’avis du journal suisse d’horlogerie JSH

Pour le consommateur final, la mention «Chronomètre suisse certifié» représente un indéniable atout et certaines enseignes l’intègrent systématiquement dans leurs communications. D’autres, comme Rolex ou Breitling, y ont associé l’ensemble ou la presque totalité de leur production. On retiendra que l’appellation «chronomètre» est considérée comme non recevable par une institution comme le COSC, si le mouvement de montre ou la tête de montre n’est pas passé par les tests édictés par la norme internationale ISO 3159. Cette façon de voir les choses permet au COSC, qui n’est ni une véritable certification ni un label à part entière, de garder une sorte de monopole sur la précision horlogère. On notera que le coût de la certification ne représente qu’une infime proportion du coût de fabrication d’un chronomètre. Ainsi, le COSC n’apporte pas directement de valeur ajoutée aux mouvements, il se contente de certifier scientifiquement et officiellement que cette valeur ajoutée est présente dans le produit qui lui est soumis. En d’autres termes, la différence de prix de revient entre un mouvement de qualité standard et un chronomètre se situe chez le fabricant et non au COSC.

Longtemps, le problème fondamental a été que seuls les mouvements nus étaient certifiés. Aujourd’hui, la chose évolue et les marques ont le choix de faire certifier le mouvement seul ou la tête de montre (le mouvement avec ses aiguilles assemblé dans un boîtier final).

On notera pour finir que la valeur de chronomètre n’a de sens que si les montres portant cette indication sont stockées en boutique de façon à ce que leurs caractéristiques ne soient pas remises en cause. Il faut donc éviter de les exposer aux températures extrêmes et leur éviter de stationner trop durablement dans les vitrines exposées au soleil ou à des lampes halogènes.

inférieure à 1 seconde en 300 ans. La différence entre deux états consécutifs sur 24 heures permet d’exprimer une marche diurne observée. Ces marches diurnes (sur 24 heures) permettent ensuite de calculer les 7 critères fixés par la norme.

La norme

Le jour de la réception des mouvements (jour 0), le COSC procède au contrôle des numéros gravés sur les mouvements (mis en relation avec la liste donnés par le déposant). Au placement des mouvements, à leur armage (livrés non armés) selon les consignes du fabricant et enfin au dépôt des pièces dans une enceinte à 23°C (± 1°C), où elles doivent rester au minimum 12 heures afin que leur température soit stabilisée avant de commencer la phase des contrôles.

1. Obligation sine qua non d’atteindre 7 critères: marche diurne moyenne, variation moyenne des marches, plus grande variation des marches, différence entre horizontal et

Important!

Contrairement à une certaine souplesse aujourd’hui révolue, l’accès au COSC ne peut se faire que si la boîte de montre dans laquelle le mouvement est ou sera emboîté est également Swiss made. On notera comme importante également la disposition prise par le COSC de certifier depuis quelques années les têtes de montres complètes. Comme dans le passé, les pourvoyeurs de mouvements ont l’obligation d’indiquer à qui se destinent les unités qu’ils soumettent aux tests. Autre condition: la marque suisse déposante doit être inscrite auprès d’un institut national de propriété intellectuelle, ce qui a pour effet d’écarter les particuliers.

METAS, le temps suisse

A tout moment, un ordinateur peut être mis à l'heure suisse! Il suffit de se rendre dans les réglages liés aux fuseaux horaires et de remplacer le «serveur NTP (Network Time Protocol)» d'Apple par exemple, par ntp. metas.ch. Car le temps est fondamentalement «politique» au sens où, comme tout autre étalonnage lié aux poids et aux mesures, il est du devoir de l’État d'en garantir l'exactitude et de le faire parvenir aux citoyens. En Suisse, c’est l'Institut fédéral de métrologie, le METAS, qui diffuse avec la précision officielle à partir d’unités de mesure coordonnées. Cet institut de droit public, en charge de la définition même des mesures, veille à l'exactitude suisse et supervise l’utilisation des instruments tels que des horloges atomiques dont la dérive flirte avec une seconde par 30 millions d’années. Il surveille de plus l’exécution des dispositions légales par les cantons et les laboratoires de vérification habilités. En cela, le METAS accrédite la précision COSC. www.metas.ch _JAG vertical, plus grande différence des marches, variation thermique, reprise de marche.

2. Exigences minimales en seconde par jour (s/d), catégorie 1 (diamètre du mouvement inférieur à 20 mm)

• marche diurne moyenne = -4 / +6

• variation moyenne des marches = 2

• plus grande variation des marches = 5

• différence entre horizontal et vertical = -6 / +8

• plus grande différence des marches = 10

• variation thermique = ± 0.6

• reprise de marche = ± 5

3. Exigences minimales en seconde par jour (s/d), catégorie 2 (diamètre du mouvement égal ou supérieur à 20 mm)

• marche diurne moyenne = -5 / +8

• variation moyenne des marches = 3.4

• plus grande variation des marches = 7

• différence entre horizontal et vertical = -8 / +10

• plus grande différence des marches = 15

• variation thermique = ± 0.7

• reprise de marche = ± 6

4. Unicité du chronomètre: numéro gravé sur son mouvement car un numéro de certificat individuel sera délivré par mouvement ayant réussi les tests. n www.cosc.swiss

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