Journal Suisse d'Horlogerie JSH Fin 2023-2024

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147e ANNÉE

® SINCE 1876

JSH.SWISS

2023 #03

SPÉCIAL SALONS MOTEUR / MATIÈRES MÉTIERS / MARCHÉS

ISSN 1422-9323

ABO CHF 18.76 / AN

CHF 14.70 | € 12,91

Conçu et réalisé par Purtec, Société du TEC Group fondé par Arnaud Faivre, ce Tourbillon Conique dans sa version Saphirs Infinis, est un concentré de cosmos traversé d'animations hypnotiques. Fusion maîtrisée de deux univers, les fluides et la micromécanique, ce «conillon volant», avec son balancier-spiral incliné à 30°, est un summum complicationnel.

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EDITORIAL

Horloculture?

Il y a ceux qui, en raison d’une teneur en «suisssitude» jugée insuffisante dans ce label, n’accepteront jamais d’inscrire Swiss made sur leurs cadrans. Ils iront chercher d’autres appellations, souvent délicieuses et honnêtes, mais toujours individualistes. Il y a les autres aussi qui, en raison de leur positionnement ‘entrée de gamme’, flirteront sciemment avec la limite des 60% de valeur requis par la réglementation. Reste qu’ils sont tous, à leur manière, les promoteurs d’une labélisation qui, sur le plan international est d’une puissance inouïe: pour le monde entier, une montre se doit d’être suisse! C'est un miracle, une exception terroir dans le village global. C'est une bénédiction. D’autant que ce n’est pas le fruit d’une vision suisse. C’est un héritage empirique issu de facteurs pluriels: géographique, puisque la paysannerie de montagne, plus pauvre, est sujette aux confinements hivernaux et donc aux «temps à tuer.» J’imagine que si Endemol ou Netflix avaient existé, nos paysanshorlogers n'auraient certainement pas inventé les complications. Facteur géologique avec la présence de l'eau qui génère l'énergie, donc les machines, donc les savoir-faire. Facteur religieux, migratoire, avec l'accueil des persécutés du monde,

Huguenots et Juifs, enclins à restituer à leurs terres d'accueil des bienfaits inespérés. Facteur social, politique, avec ces bas-salaires qui incitaient les horlogeries d'Europe à venir produire ici et à profiter des zones franches... Bref, il y a là tous les ingrédients d'une culture à part entière, d'autant plus légitime que pour les autres cultures déjà reconnues, trois de nos langues nationales dépendent de capitales linguistiques. L’horlogerie, une vraie culture? Un jour, j’avais croisé Nicolas Bideau de Présence Suisse qui fut ancien Monsieur Cinéma. «Nous Suisses ne sommes pas réputés dans le monde pour nos films et pourtant nous avons eu un Monsieur Cinéma? Quid d’un Monsieur Horlogerie?» Il m'avait répondu quelque chose du genre: «En horlogerie, il n'y pas de subventions à distribuer!». Logique! Pourtant, face aux défis de l'emploi, des savoirs qui s'estompent, de la cruauté des actionnaires, il serait temps que les autorités suisses reconnaissent l'horlogerie comme une culture à part entière et plus seulement comme une mamelle économique nationale.

Joël A. Grandjean Rédacteur en chef jag@jsh.swiss

5 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
©David Olifson

Moments EPHJ Rendez-vous en 2024, du 11 au

14 juin

«88% des entreprises sondées déclarent au terme de l’édition 2023 y avoir initié ou conclu des affaires»

Alexandre Catton, directeur EPHJ: «Quelles que soient les fluctuations des marchés, les exposants ont bien compris l’importance de se montrer, d’exhiber leurs savoir-faire et leurs innovations à leurs clients ou à de nouveaux prospects»

6 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la naissance du Salon EPHJ! Depuis, rien ne semble perturber le destin de cet événement unique au monde qui rassemble chaque année à Genève le meilleur de la haute-précision horlogère, joaillère, médicale et microtechnique. Et les 20'000 visiteurs professionnels ont aussi bien saisi qu’EPHJ était the place to be si on veut être à la pointe de l’innovation, découvrir de nouveaux talents et sentir le pouls des marchés. Le Salon va beaucoup plus loin.

Il ne se contente pas de faire briller durant quatre jours tous ces talents, il vous offre la possibilité d’être visible toute l’année au cœur du plus important réseau professionnel de la haute-précision au monde.

EPHJ a en effet patiemment bâtit une communauté de plus de 30'000 contacts professionnels internationaux. Visiteurs, exposants et partenaires de ce réseau sont régulièrement informés par EPHJ des nouvelles de ces marchés ou des innovations en cours via une newsletter qui fait le tour du monde; une newsletter trimestrielle mise à disposition des entreprises exposantes pour partager des infos qui intéressent ces cibles. Chaque année, les exposants et les visiteurs sont plus nombreux à se retrouver à Genève. Ce réseau s’agrandit… Il serait dommage de ne pas en profiter. _JSH/Rédaction

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Grand Prix des Exposants: «La remise du Prix est un temps fort du Salon. Élue par ses pairs, c'est en 2023 la société MPS Watch qui reçoit le trophée pour son innovation ‘Oscrew’, un nouveau système de fixation des masses oscillantes.»

7 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

JSH 2023-24 / #02

JSH® Magazine

Réservé aux personnels de l'horlogerie et de la joaillerie, en amont comme en aval du produit fini, à quelques aficionados, cette publication est soutenue par JSH Archives & Patrimoine, une association à but non-lucratif créée pour faire revivre le plus ancien magazine horloger, le Journal Suisse d’Horlogerie fondé en 1876, pour digitaliser et valoriser son patrimoine d’archives (1876-2002).

Organe officiel de l’Association

JSH Archives & Patrimoine

5, Etienne-Dumont, Case Postale CH-1211 Genève 3, Suisse www.journal-suisse-horlogerie.swiss

Éditeur & rédacteur en chef

Joël A. Grandjean, journaliste RP jag@jsh.swiss

+41 76 328 03 79 | +41 44 586 79 27

Journalistes

Vincent Daveau, journaliste, historien, horloger rédacteur en chef adjoint Swiss-Watch-Passport.ch v.horloger@jsh.swiss

Emmanuel Alder, journaliste / TàG+41 emmanuel.alder@gmail.com

Ollivier Broto, expert journaliste / TàG+41 obroto@arcadimmo.ch

Albert-J. de Buttes-LaCôte / TàG+41 ajdlc@tagpress41.info

Timm Delfs, journaliste timm@delfs.ch

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Lorétan Khipass, chroniqueur ThePlace@TheRightPlace.ch

Joël Grammson, auteur / TàG+41 Joel@Grammson.ch

Michel Pech, journaliste michel.pech@wanadoo.fr

Olivier Muller, journaliste Delos Communications olivier@delos-communications.com

Lee Warrien, rédacteur TàG+41 lwarrien@tagpress41.info

Team permanent de rédaction Amandine, Anna Aznaour, Rossella Baldi, Xavier Comtesse, Dr. François H. Courvoisier, Sigrid Flory, Françoise Garnier, Isabelle Guignet, Audrey Humbert, Johnny McElherron, Jean-Michel Piguet, Marton Radkai, Kenan Tegin

Expertises

Alexandre Catton, André Colard, Jean-Daniel Dubois, Alain Guttly, Roderich H. Hess, Olivier Saenger, Philippe Perret du Cray, Laurent Sage, Kalust Zorik

Fabrice Mugnier & Suzanne Wettstein Fondateurs de Watchprint.com

Anciens éditeurs du Journal Suisse d’Horlogerie - JSH info@watchprint.com

Me Marc-Christian Perronnet Conseil en propriété intellectuelle mc@perronnet.law

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TàG Press +41 / JSH News Agency

Etienne-Dumont 5, CP 1211 Genève 3 www.tagpress41.info

Delos Communications www.delos-communications.com

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Photographes, crédits photos DR / Photos libres de droits

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Dave-William, Ralf-Arnaud, Manon, Zoé, Peter G. Rebeiz

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André Colard, Imed Hajam, Marco Gabella, Bernard Marendaz, Alexandre Takàcs

Maquette originale

©Bernard Marendaz

Cession spéciale à Joël A. Grandjean b.marendaz@optiproduction.com

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Graphisme, press design hello@brandlift.ch

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NEXE Impressions, Lluís Masdevall lluis@nexeimpressions.com

Partenariats & Relations Publiques adv-pr@jsh.swiss

Philippe Perret du Cray (PPDC) Secrétaire Général ppdc@jsh.swiss

Laurent Sage, JSH France Coach certifié, auteur laurent.sage@jsh.swiss

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Une reprise partielle des contenus journalistiques de JSH® Magazine est publiée également en anglais sur le magazine horloger en ligne www.Swiss-Watch-Passport.ch

La une du Journal Suisse d’Horlogerie fondé en 1876.

Couverture: Vallorbe ou le choc des mondes! D’un côté, l’ingénierie microfluidique de l'inventeur entrepreneur Lucien Vouillamoz, de l’autre les doigts d’horlogers géniaux dont Eric Coudray: il y a du ‘Star Trek’ dans ce calibre en cover qui intègre l’indication rétrograde d’un temps qui coule. Prodige complicationnel, hommage futuriste aux antiques clepsydres. Signé Purtec pour la marque HYT…

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® SINCE 1876 147 ANNÉE Conçu et réalisé par Purtec, Société du TEC Group fondé par Arnaud Faivre, ce Tourbillon Conique dans sa version Saphirs Infinis, est un concentré de cosmos traversé d'animations hypnotiques. Fusion maîtrisée de deux univers, les fluides et la micromécanique, ce «conillon volant», avec son balancier-spiral incliné à 30°, est un summum complicationnel. JSH.SWISS 2023 #03 SPÉCIAL SALONS MOTEUR MATIÈRES MÉTIERS MARCHÉS ISSN 1422-9323 ABO CHF 18.76 AN CHF 14.70 € 12,91 9 771422 932002 02
Moments
Horloculture?
Édito
2024
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06 EPHJ
du 11 au
juin
Expresso
100 ans Société Suisse de Chronométrie, SSC 20, 40, 42, Échos des fabriques 61, 87 News et bruits de couloirs
Observatoire FutureGrail Musée, Singapour
Accutron la légende
largo Olivier Kuffer 16
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Les 3 livres de Watchprint.com
Interview jubilé
50 ans du COSC
Carte blanche Xavier Comtesse, Tavannes 8 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
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22 Certifications et labels Dossier référence, par Vincent Daveau
Interview Jean-Daniel Pasche, FHS 44 Sous la loupe Purtec: Lucien Vouillamoz, Eric Coudray 78 Enseignes sur les toits Impressions célestes 82 Dietling Xavier à confesse 86 Qlock new business 88 Trends & indépendants Le «no-brand» par Olivier Muller 48 Prix Gaïa Georges Brodbeck, artiste guillocheur 50 Révolution micromécanicienne Matériaux et Machines, par Michel Pech 54 Mauron Musy sans les joints 56 Akyalis toucher sublime 58 Chronospedia trésors de données Moteur Métiers Marché Matières 66 L’anti-retraite Sven Andersen, as de l’impossible 68 Angélique Chappuis Habilleuse conseil 70 Faiseurs d’ambiance esquisses et festivals 72 Amande graine de polymécanicienne 76 Contre-emploi le Guitar Hero 10 #JSH1876 #JournalSuisseHorlogerie ABO@JSH.SWISS JSH® Magazine, prochaine parution, édition EPHJ 2024 Abonnement CHF 18.76*/an abo@jsh.swiss | donations presidence@jsh.swiss *1876, année de la fondation du Journal Suisse d’Horlogerie
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LA PERFORMANCE A DE L’AVENIR

Expresso avec Olivier Kuffer Président de la SSC

Propos recueillis par Joël A. Grandjean

MOMENTS

En 2024, la Société Suisse de Chronométrie (SSC) célèbre son 100ème anniversaire et participe pour la première fois au salon EPHJ. Son président pour les trois ans à venir est Genevois. Ça ne pouvait mieux tomber!

C'est inscrit dans les statuts de cette vénérable société signés au Palais de l’Athénée à Genève il y a 100 ans, chaque Président est élu pour une période de trois ans et provient d’une des régions membre d’où il nomme son Bureau. De 2024 à 2026, sous la présidence d’Olivier Kuffer, c’est la région genevoise qui hérite du flambeau, joli clin d’œil du destin.

Docteur en physique, ce père de quatre enfants, ancien collaborateur scientifique à l’Unige et chercheur reconnu, arrive en 2006 chez Rolex en tant que «référent métier» au sein du département mouvement. Responsable de la fiabilité mouvement en 2013, il est aujourd’hui sous-directeur R&D responsable de la définition et de la performance montre. Le tout nouveau président n’a plus le choix, le voilà «offert» à une inhabituelle visibilité ! Et au passage, au péril de ce format d’interview qui n’a pas la langue dans sa poche:

Vous aurez 100 ans en 2024? Mais vous ne les faites pas… Ces 100 ans s’inscrivent dans l’histoire horlogère suisse qui date de bientôt cinq siècles. Si les premiers instruments lisant ou indiquant le temps remontent à des passés encore plus lointains, si les principaux systèmes horlogers ont été inventés avant la création de notre société, les 100 dernières années couvrent une période incroyable où les mouvements horlogers sont passés de la poche au poignet allant au sommet des montagnes et jusqu’au

fond des océans. Ils ont sans cesse été améliorés, industrialisés, réinventés. Et surtout, durant cette période, la Suisse a su se faire un nom et une place enviée mondialement. L’idée géniale de créer une société suisse de Chronométrie indépendante des groupements professionnels horlogers et accessibles à tous les scientifiques a permis de stimuler les échanges techniques de haut niveau sur un terrain neutre pour le bien de la précision chronométrique des gardes temps suisses.

C’est plutôt bien vu dans un plan de carrière, cette nomination qui tombe l’année des 100 ans? Calcul planifié ou hasard?

C’est un hasard du calendrier si la rocade des régions qui gouvernent à tour de rôle la SSC pendant 3 ans fait que l’on tombe sur Genève pour notre 100ème. Me retrouver à la présidence de la SSC est un grand honneur pour moi, un magnifique challenge imprévu et très stimulant. La précision chronométrique d’une montre et ses performances en général sont le fruit d’un ajustement de multiples paramètres qu’il faut conjuguer à la perfection avec les contraintes géométriques et physiques propres à chaque environnement dans lequel elle évolue. C’est un environnement dans lequel je me sens particulièrement bien depuis bientôt 20 ans, notamment dans mon rôle actuel de responsable de la définition et de la performance montre au R&D chez Rolex. Chaque journée est celle d’un nouveau défi ou d’un nouvel enseignement.

13 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

MOMENTS

A Genève toujours, l'École d'Horlogerie vient de fêter ses 200 ans. Décidément…

C’est un joli clin d’œil à l’Histoire et à notre histoire commune avec l’école d’horlogerie de Genève. En effet la SSC a été fondée au Palais de l’Athénée à Genève, fief de la Société des Arts, à l’occasion du 100ème de l’École d’horlogerie. L’idée de fonder notre Société a été conduite et proposée par Léopold Defossez qui était alors directeur de l’école d’horlogerie du Locle. Toutes les planètes étaient alignées à l’époque et le seront l’année prochaine à nouveau pour préparer une magnifique célébration dans la ville berceau de l’horlogerie suisse et sur les lieux même de notre fondation.

Avec votre position à la R&D de Rolex, vous devez être titulaire de secrets parmi les mieux gardés au monde! Vous allez faire comment dans cet espace de partage et d’échange si cher à la SSC ?

Soyez rassuré, je n’aurais aucune occasion de risquer de m’égarer, les secrets resteront bien à leur place! Mon rôle en tant que président de la SSC sera de perpétuer ses valeurs et de réfléchir à la manière de poursuivre leur ancrage afin d’aborder le deuxième centenaire avec une grande dynamique. Nous aurons la chance de vivre ce 100e anniversaire en 2024, puis nous irons au-devant d’un congrès international en 2025, quelques occasions supplémentaires de provoquer les échanges techniques et scientifiques entre nos membres pour continuer à renforcer le niveau horloger national. Entre-temps avec le bureau et le Comité, nous poursuivrons nos réflexions quant aux bonnes voies à prendre pour que la SSC reste au niveau des attentes de ses membres et perpétue les volontés de ses fondateurs…

En fouinant dans les archives depuis 2 ans déjà, la SSC a-t-elle finalement retrouvé l'exemplaire signé de ses statuts fondateurs?

Si nous avons pu retrouver toutes les traces et motivations qui ont conduit à la

Dans l’Histoire, l’esprit SSC

Olivier Kuffer, président 2024-2026 : «Nous pouvons déjà y lire une société discrète, efficace, d’une grande valeur technique, basée sur des liens d’amitié et de respect entre ses membres, un terrain propice à stimuler les idées et l’envie de placer très haut le niveau des exigences techniques. Elle est à l’image de notre pays et de la qualité qu’il représente à travers notre branche.»

création de notre association le 5 octobre 1924, nous n’avons pas mis la main sur un acte à proprement parlé et à ce stade, nous ne savons pas s’il a été établi, une vraie chasse au trésor! Nous découvrons une magnifique histoire, nous nous plongeons dans les archives et espérons pouvoir illustrer à l’occasion des événements de l’année prochaine, les moments forts, tant au niveau des avancées techniques partagées à travers les événements organisés par la SSC qu’au niveau des personnalités qui ont bâti et entretenu les valeurs de notre association au fil des années. Nous découvrons une magnifique

histoire, nous nous plongeons dans les archives et espérons pouvoir illustrer à l’occasion des événements de l’année prochaine, les moments forts, tant au niveau des avancées techniques partagées à travers les événements organisés par la SSC qu’au niveau des personnalités qui ont bâti et entretenu les valeurs de notre association au fil des années.

Vous serez au salon EPHJ à Palexpo, c’est une première?

Cette idée est très vite devenue une évidence. La coïncidence des calendriers, puis Genève et notre histoire, le 200ème

14 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2022 / #02

LA MANUFACTURE

AU CŒUR DE SON TEMPS 2003 – 2023

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en ligne MOMENTS

de l’école d’horlogerie, notre 100ème et surtout un public commun. Nos membres se rendent à l’EPHJ, ils viennent découvrir les dernières nouveautés techniques. On ne parle pas produit, ni marque, on échange sur la technique, les procédés, les matériaux, l’illustration de vraies valeurs communes. Notre rencontre avec le directeur Alexandre Catton et les fondateurs du salon André Colard et Olivier Saenger n’a fait que confirmer cette évidence pour l’année de notre 100ème. Nous les remercions pour leur chaleureux accueil et leur enthousiasme. Nous y présenterons nos publications et ferons mieux connaître notre patrimoine accessible en ligne, la banque de données chronométrie BDchrono, unique au monde, qui offre un accès rapide aux savoir-faire horlogers et techniques partagés au fil de notre histoire. Nous profiterons aussi de rencontrer nos partenaires et nos membres et de susciter l’envie de rejoindre notre association.

A l’heure des portables qui donnent une heure plus précise qu’une montre mécanique, d’où viennent tous ces élèves motivés qui participent à votre concours de réglage?

Un mouvement horloger parfaitement réglé n’est-il pas une illustration palpable du génie humain? (..) La chronométrie est une science fascinante qui mobilise horlogers, techniciens et ingénieurs de différents domaines pour en révéler toute la complexité et l’attrait. L’initiative du concours de réglage a permis de fédérer les écoles d’horlogerie suisses derrière notre association. C’est une magnifique opportunité de valoriser les qualités et l’adresse des jeunes horlogers. Ce concours a une place importante pour contribuer à donner envie. Et donner envie c’est aussi valoriser notre branche auprès de la nouvelle génération, c’est essentiel pour son futur.

Agenda

Agenda jubilaire 2024, en bref

Jeudi 13 juin: Cérémonie de célébration, Palais de l’Athénée

Genève, sur invitation et en présence des autorités politiques

Mardi 24 septembre: Dîner de gala du 100ème, sur inscription, Bâtiment des Forces Motrices, Genève

Mercredi 25 septembre: Journée d’Étude 2024, Thème «Les artistes du temps», Portail des Sciences, CERN, Genève (appel à conférenciers jusqu’au 14 février.

Mardi 11 au vendredi 14 juin: Participation à l’EPHJ, Palexpo, Genève

Soutiens et partenariats: info@ssc.ch

et j’ai eu la chance de pouvoir participer avec grand intérêt à la plupart des événements organisés depuis 2006. J’ai même eu l’opportunité d’y faire une présentation en 2018 sur "L’art et la maîtrise des lignes de lumière dans l’habillage." Vous comprendrez qu’en être président aujourd’hui a pour moi une signification et un intérêt particuliers tant personnel que professionnel. n www.ssc.ch

Avant d’en accepter la Présidence, que représentait pour vous la SSC? Elle a toujours été une association de personnes clés qui font la valeur technique de notre horlogerie aujourd’hui. Mon premier congrès me laisse encore un souvenir fort 16 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2022 / #02
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Trésors historiques 1924: le JSH annonçait la SSC!

Monsieur Defossez, Directeur de l'École d'Horlogerie du Locle, prononce son discours lors des célébrations du 100ème anniversaire de l'École d'Horlogerie de Genève. Le JSH, mensuel à l'époque, est alors organe officiel de la «Fédération des Sociétés des Anciens Élèves des Écoles Techniques de la Suisse Occidentale.» A ce titre, il couvre l'événement qui dure 4 jours et y consacre naturellement dans son édition de décembre 1924 (02) un compte-rendu exhaustif. Dont l'allocution historique, face à ses pairs, de l’initiateurfondateur de la SSC, Léopold Defossez...

Samedi 4 octobre 1924, un jour avant la 1ère assemblée constitutive de la Société Suisse de Chronométrie au Palais de l'Athénée (01) à Genève. Flash-back, en direct dans le Journal suisse d’horlogerie JSH d’alors…

Après avoir été durant plusieurs décennies organe officiel de la Société Suisse de Chronométrie, en marge d’un statut similaire pour la Foire de Bâle, le journal suisse d’horlogerie JSH a eu l’honneur fin 2022 d’éditer un hors-série consacré à l’annonce de la journée d’étude 2023.

Insigne honneur pour le Journal suisse d’hor-

JSH, décembre 1924: «Des gens compétents, qui se placent au-dessus des intérêts particuliers pour n'écouter que la voix de l'intérêt général.»

Extrait: «Elle (ndlr: la Société Suisse de Chronométrie) sera d'autant mieux écoutée que ses avis seront ceux de gens compétents, qui se placent au-dessus des intérêts particuliers pour n'écouter que la voix de l'intérêt général.» Le lendemain, lors de l'acte fondateur, un premier «membre d'honneur» est élu: le physicien Charles Edouard Guillaume (03) (1861-1938), prix Nobel en 2020. Il est écrit ce savant fleurisan, inventeur entre autres de l’alliage invar, fut acclamé... n www.jsh-journal-suisse-horlogerie.org

MOMENTS
logerie JSH! il est distribué lors des événements de la
03 01
WatCH Maison de l’Horlogerie, Genève 1 24, rue du Cendrier Entrée Rue Kléberg 1201 Genève Un événement ProWaCH Savoirs et Culture Horlogers suisses initié par Alain Guttly et Joël A.Grandjean (presidence@prowatch.ch) 18 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02 WatCH Café Maison de l’Horlogerie, Genève Coutellerie des Halles, Neuchâtel #TheWatchPlace2Be 1 Rue du Cendrier 24, Entrée Rue Kléberg, 1201 Genève Place des Halles 13, 2000 Neuchâtel Un événement ProWaCH Savoirs et Culture Horlogers suisses initié par Alain Guttly, Patrick J. Goussard et Joël A. Grandjean (presidence@prowatch.ch)
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MOMENTS

Nicola Thibaudeau et Son Altesse

Au programme, innovation technologique, archéologie et développement durable. Ça tombe bien puisque MPS Micro Precision Systems a réalisé avec la Fondation SolarStartos la centrale solaire de Bienne, et qu'elle est partenaire officiel de son avion. Or, Son Altesse Sérénissime, Le prince Albert de Monaco partage le même intérêt pour le développement durable et l’énergie solaire. Du coup, il se déplace à Neuchâtel et, après une visite du centre de recherche en photovoltaïque de l’EPFL et du CSEM, passe par le Laténium avant un trajet sur le lac à bord d’un bateau-taxi solaire. Rencontre au sommet, placée sous le signe du partage des filets de perches arrosés de vin du cru. Echanges animés, mêmes vues sur l'urgence climatique. "MPS assume son rôle d’acteur dans les actions positives envers le climat" rappelle la CEO. _Albert-J. de Buttes-LaCôte n

www.mpsag.com

Claudia Jaeger, collages et rouages

Malgré un nom prédestiné, cette artiste ne fait dans l'univers horloger que d'occasionnelles incursions. Avec sensibilité, usant de ses arts du collage, elle joue d'assemblages hétéroclites, des images collectées et découpées dans les magazines spécialisés de l'horlogerie, pour figer le temps. Ou plutôt pour l'inscrire dans un mouvement perpétuel... Rencontrée à la Maison de l'Horlogerie de Genève, chez Alain et Olivier Guttly, elle y avait transformé l'espace galerie en poésies horlogères.... _AJdBLC n

@claudiajaeger (Instagram)

Maelle Constant, l’émail a le dernier mot Horlogère, elle s'éprend de l'émail... Peut-être parce que «c'est magique», comme elle l'exprime dans une touchante vidéo du site «Artisans de Genève.» L'émail, un métier difficile en carence de transmetteurs de savoir. Seule l'expérience autorise l’accès aux compétences. C'est l'école de l'humilité: qu’importe le temps et l'investissement qu'on y met, la matière et le feu ont le dernier mot. «C'est une surprise à chaque fois, car même si j'ai une idée sur le papier ou dans ma tête, le résultat, je le découvre à la fin. J'ai travaillé sur des pièces qui ont une histoire, une âme (...). C’est un peu comme interpréter une œuvre musicale qu'il faut respecter tout en y ajoutant des émotions. C'est ce que je fais au quotidien.... _AJdBLC n

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20 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
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Moteur Les certifications

50 ans de COSC. Au Club 44 de La Chaux-de-Fonds en présence de son Président Nico de Rooij. J’aurais imaginé, au cœur d’un journal télévisé, une interruption du genre: «La nouvelle vient de tomber, les statuts du COSC ont été signés en 1973!» Au lieu de ça, quand bien même la conférence fut réussie, ce jubilé, celui d’une institution unique au monde, ingrédient majeur de la bonne santé du secteur, est passé quasi inaperçu. Hommage! _JAG

22 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

La Saga JSH se poursuit

Dans les sections «Moteur» et «Matières» du précédent journal suisse d’horlogerie JSH, le numéro sorti à l’ouverture du salon EPHJ 2023, le journaliste et horloger Vincent Daveau entamait avec la rédaction un dossier référence qui se poursuit ici. Après avoir passé en revue les principaux labels de qualité de l’horlogerie d’excellence suisse, le Chronofiable, le Poinçon de Genève, feu le Poinçon du Jura, les poinçons Vipérine de l’Observatoire chronométrique de Besançon et de l’Observatoire chronométrique de Genève, après s’être promené dans les coulisses du prometteur concours de réglage, le seul encore en vigueur, celui d’une relève stimulée par la Société Suisse de Chronométrie, JSH persiste. Votre média poursuit dans ce numéro avec le COSC, le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres qui, ça tombe bien, célébre en 2023 son 50ème anniversaire. Puis il se penche

sur les «labels internes», propres à certaines marques. Au sortir de ce survol «à conserver» dans les écoles de la branche et sur le chevet de tout passionné, notre expert exprime son constat: «En matière de labels et de certifications, la tendance est à la redondance. On devine une sorte de malaise de certaines Maisons à l’égard de normes qui leurs semblent ne plus correspondre aux exigences moyennes du public et aux capacités de leurs créations. Selon l’expression ‘on n’est jamais mieux servi que par soi-même’, les horlogers les plus en avance sur leur temps ou les plus conscients du niveau d’exigence atteint par leur public, sont en passe d’intégrer les qualifications pour en faire des labels exclusifs. Ainsi n’auront-ils plus besoin de les partager avec d’autres et en particulier la concurrence. Le Luxe est à ce prix!»

Joël A. Grandjean

Pilier des rédactions du journal suisse d’horlogerie JSH (Since 1876) et du magazine horloger bilingue en ligne «Swiss Watch Passport» , Vincent Daveau reste l’une des plumes les plus reconnues de la francophonie horlogère. Parce qu’il est horloger, historien et… journaliste, son expertise, en mode didactique et volonté de partage, contribue à l’indépendance journalistique de JSH, seul média à bichonner les lecteurs au sein des marques tout en refusant leurs annonces publicitaire «produit.» _JAG

23 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

11 - 14 JUIN 2024

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Le COSC a 50 ans, une institution unique au monde

Vincent Daveau Journaliste, historien et horloger

Origine des chronomètres certifiés

A la fin 19ème siècle, parce que les fabricants horlogers éprouvent le besoin d’officialiser la garantie de précision de leurs montres, sept laboratoires se créent et se dotent d’une mission de vérification et de certification. (Lire l’interview de l’historien Pierre-Yves Donzé). S’ils sont issus de la corporation elle-même, leur implantation s’appuyait sur les écoles d’horlogerie, des institutions garantes d’une neutralité indispensable, disposant d’outillages performants déjà mis au service de la communauté, de professionnels formés et d’une disponibilité liée au statut de leurs élèves.

Objectif? Se doter d'une unité de doctrine et uniformiser les prix. Elle ne touche aucune subvention, s’autofinance par ses activités, ne publie pas son budget annuel, investit annuellement pour améliorer ses équipements et emploie plus d’une centaine de collaborateurs, fixes ou temporaires. Le COSC, c’est aujourd’hui trois 3 bureaux d'observation en Suisse romande, actifs 7 jours sur 7, soit trois des laboratoires hérités du passé, Genève, Bienne et Le Locle. Devenus, sous l’abréviation BO, des Bureaux Officiels, leur mission est l’observation chronométrique et l’établissement de certificats de chronomètre en tant que services pour des tiers.

Accréditation confédérale

Ces bureaux, selon la norme ISO 17025, sont accrédités SCS (Swiss Calibration Service) par le SAS, (Service d’accréditation suisse), seule autorité suisse habilitée à décerner cette accréditation sur la base

Enregistré à Neuchâtel en 1973 comme association à but non lucratif, le COSC aura pour la seule année de 2023 mesuré et contrôlé la précision de plus de 2,5 millions de mouvements horlogers ou de montres.

Chaque mouvement ou garde-temps testé/e, s’il s’inscrit dans les tolérances admises, reçoit son propre certificat. Le contrôle est unitaire, non pas aléatoire. Ici, le bulletin de marche d’une montre Omega testée au BO (Bureau Officiel) du Locle en 2005.

MOTEUR 25 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

d’audits. A l’issue d’un audit, ce service a reaccrédité les laboratoires selon les normes ISO 17025 et 17065 en juillet 2021 pour une nouvelle période de 5 ans. Des projets d’agrandissement des locaux ont été initiés afin que les infrastructures des laboratoires puissent répondre à l’augmentation des quantités déposées ces prochaines années. Les travaux d’agrandissements et la modernisation des installations et machines entamés en 2022 devraient contribuer à fluidifier les certifications en hausse continue depuis plusieurs années.

Chacun des BO doit ainsi traiter plus de 60’000 mouvements par jour et, puisque le test dure 16 jours – dimanches et jours fériés compris – ces opérations doivent se faire en flux continu. Chaque mouvement soumis se trouve physiquement présent dans leurs locaux, car le principe d’une délégation de procédure, par exemple au sein d’un fabricant est contraire à l’esprit du COSC (sic!). Seul un mouvement répondant au critère du «Swiss made» peut être soumis aux tests.

Le caractère non lucratif de l’association, ainsi que le haut degré d’automation de ses processus, permettent d’offrir la participation aux tests à un prix particulièrement raisonnable. Sur la base 2021, il faut retenir comme chiffres que 39% des montres-bracelets mécaniques exportées sont des chronomètres certifiés, que ce sont 2'379’800 mouvements ou tête de montres qui ont été déposés pour un total de 2'284’935 certificats émis. En d’autres termes, le COSC a rejeté 3,5 % des pièces présentées ce qui est un chiffre très faible eu égard à la sensibilité de ces produits.

Mouvements mécaniques, conditions d’obtention 365 jours par an et 24 heures sur 24, les mouvements sont mesurés et remontés. La mesure détermine l’écart, en plus ou en moins, entre la dérive de la trotteuse portée par l’instrument horaire contrôlé et un temps de référence délivré par un serveur de temps composé de trois horloges atomiques (2 au rubidium temps GPS et 1 sur internet), dont l’erreur résiduelle est

Avec la délivrance de ses certificats «Chronomètre certifié» le COSC propulse depuis 50 ans l’image de la précision suisse dans le monde

Conditions d’admission

(1) Le COSC travaille principalement à l’observation de mouvements, mais contrôle également des têtes de montre. La norme ISO 3159 précise que la certification peut se faire en tête de montre ou en mouvement, le titre «chronomètre» étant le même dans les deux cas.

Le choix relève donc du fabricant. La vérification de la tête de montre est la vérification la plus absolue, puisqu’il n’y a pas d’intervention ultérieure au niveau de la production. Mais le contrôle de la tête de montre est plus coûteux, car le travail de mise en place et d’observation, impliquant la présence et le travail manuel d’un opérateur pour chaque pièce, nécessite davantage de temps. Ce travail se fait surtout sur des montres dites d’exception. Les exigences minimales pour les têtes de montre mécaniques sont les mêmes que celles pour les instruments horaires de Genre I.

(2) Le déposant doit être une marque suisse inscrite auprès d’un institut national de propriété intellectuelle.

(3) Le mouvement déposé répond aux critères du Swiss made, à savoir qu’il doit obligatoirement être fabriqué ou acheté, et assemblé en Suisse.

(4) Chaque mouvement désireux d’être certifié chronomètre doit être physiquement déposé au maximum 21 jours dans l’un des 3 Bureaux Officiels (BO) sachant que la norme ISO 3159 impose une durée de test d’au minimum 16 jours consécutifs, y compris le jour nécessaire de conditionnement.

(5) Selon une clause ajoutée au règlement technique du COSC, un mouvement chronomètre doit proposer l’affichage permanent de la seconde.

(6) Chaque mouvement déposé doit appartenir à l’un des 4 genres suivants: montre bracelet à balancier spiral (1) – montre de poche à balancier spiral (2), appareil horaire fixe (3, par exemple chronomètre de marine), mouvement quartz (4)

(7) Chaque mouvement déposé doit se soumettre à 15 jours de tests, 5 positions à 3 températures (8°, 23° et 38°): couronne à gauche, couronne en haut, couronne en bas, cadran visible, cadran à l’envers, contrôle du fonctionnement des mécanismes supplémentaires (date, chronographe, etc…).

26 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02 MOTEUR

L’avis du journal suisse d’horlogerie JSH

Pour le consommateur final, la mention «Chronomètre suisse certifié» représente un indéniable atout et certaines enseignes l’intègrent systématiquement dans leurs communications. D’autres, comme Rolex ou Breitling, y ont associé l’ensemble ou la presque totalité de leur production. On retiendra que l’appellation «chronomètre» est considérée comme non recevable par une institution comme le COSC, si le mouvement de montre ou la tête de montre n’est pas passé par les tests édictés par la norme internationale ISO 3159. Cette façon de voir les choses permet au COSC, qui n’est ni une véritable certification ni un label à part entière, de garder une sorte de monopole sur la précision horlogère. On notera que le coût de la certification ne représente qu’une infime proportion du coût de fabrication d’un chronomètre. Ainsi, le COSC n’apporte pas directement de valeur ajoutée aux mouvements, il se contente de certifier scientifiquement et officiellement que cette valeur ajoutée est présente dans le produit qui lui est soumis. En d’autres termes, la différence de prix de revient entre un mouvement de qualité standard et un chronomètre se situe chez le fabricant et non au COSC.

Longtemps, le problème fondamental a été que seuls les mouvements nus étaient certifiés. Aujourd’hui, la chose évolue et les marques ont le choix de faire certifier le mouvement seul ou la tête de montre (le mouvement avec ses aiguilles assemblé dans un boîtier final).

On notera pour finir que la valeur de chronomètre n’a de sens que si les montres portant cette indication sont stockées en boutique de façon à ce que leurs caractéristiques ne soient pas remises en cause. Il faut donc éviter de les exposer aux températures extrêmes et leur éviter de stationner trop durablement dans les vitrines exposées au soleil ou à des lampes halogènes.

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inférieure à 1 seconde en 300 ans. La différence entre deux états consécutifs sur 24 heures permet d’exprimer une marche diurne observée. Ces marches diurnes (sur 24 heures) permettent ensuite de calculer les 7 critères fixés par la norme.

La norme

Le jour de la réception des mouvements (jour 0), le COSC procède au contrôle des numéros gravés sur les mouvements (mis en relation avec la liste donnés par le déposant). Au placement des mouvements, à leur armage (livrés non armés) selon les consignes du fabricant et enfin au dépôt des pièces dans une enceinte à 23°C (± 1°C), où elles doivent rester au minimum 12 heures afin que leur température soit stabilisée avant de commencer la phase des contrôles.

1. Obligation sine qua non d’atteindre 7 critères: marche diurne moyenne, variation moyenne des marches, plus grande variation des marches, différence entre horizontal et

Important!

Contrairement à une certaine souplesse aujourd’hui révolue, l’accès au COSC ne peut se faire que si la boîte de montre dans laquelle le mouvement est ou sera emboîté est également Swiss made. On notera comme importante également la disposition prise par le COSC de certifier depuis quelques années les têtes de montres complètes. Comme dans le passé, les pourvoyeurs de mouvements ont l’obligation d’indiquer à qui se destinent les unités qu’ils soumettent aux tests. Autre condition: la marque suisse déposante doit être inscrite auprès d’un institut national de propriété intellectuelle, ce qui a pour effet d’écarter les particuliers.

METAS, le temps suisse

A tout moment, un ordinateur peut être mis à l'heure suisse! Il suffit de se rendre dans les réglages liés aux fuseaux horaires et de remplacer le «serveur NTP (Network Time Protocol)» d'Apple par exemple, par ntp. metas.ch. Car le temps est fondamentalement «politique» au sens où, comme tout autre étalonnage lié aux poids et aux mesures, il est du devoir de l’État d'en garantir l'exactitude et de le faire parvenir aux citoyens. En Suisse, c’est l'Institut fédéral de métrologie, le METAS, qui diffuse avec la précision officielle à partir d’unités de mesure coordonnées. Cet institut de droit public, en charge de la définition même des mesures, veille à l'exactitude suisse et supervise l’utilisation des instruments tels que des horloges atomiques dont la dérive flirte avec une seconde par 30 millions d’années. Il surveille de plus l’exécution des dispositions légales par les cantons et les laboratoires de vérification habilités. En cela, le METAS accrédite la précision COSC. www.metas.ch _JAG

vertical, plus grande différence des marches, variation thermique, reprise de marche.

2. Exigences minimales en seconde par jour (s/d), catégorie 1 (diamètre du mouvement inférieur à 20 mm)

• marche diurne moyenne = -4 / +6

• variation moyenne des marches = 2

• plus grande variation des marches = 5

• différence entre horizontal et vertical = -6 / +8

• plus grande différence des marches = 10

• variation thermique = ± 0.6

• reprise de marche = ± 5

3. Exigences minimales en seconde par jour (s/d), catégorie 2 (diamètre du mouvement égal ou supérieur à 20 mm)

• marche diurne moyenne = -5 / +8

• variation moyenne des marches = 3.4

• plus grande variation des marches = 7

• différence entre horizontal et vertical = -8 / +10

• plus grande différence des marches = 15

• variation thermique = ± 0.7

• reprise de marche = ± 6

4. Unicité du chronomètre: numéro gravé sur son mouvement car un numéro de certificat individuel sera délivré par mouvement ayant réussi les tests. n

www.cosc.swiss

28 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02 MOTEUR

EPoinçon Patek Philippe

Vincent Daveau Journaliste, historien et horloger

n offrir toujours plus aux passionnés qui l’adoubent, c’est une responsabilité et une préoccupation constantes au sein de la marque: son label sanctionnera donc toute une batterie de mesures visant à garantir une précision de marche, une fonctionnalité et une robustesse supérieures.

Les origines

Le Poinçon Patek Philippe présenté en 2009 marque un tournant pour l’entreprise familiale. En effet, la manufacture genevoise qui, depuis 1884 faisait majoritairement appel au Poinçon de Genève pour valider sa qualité de production, lance son propre label de qualité. La prise de conscience qu’il fallait dépasser le simple constat esthétique du mouvement a poussé la célèbre maison à se pencher sur un nouveau format de contrôle intégrant les finitions des boîtiers dans les critères du poinçon Patek Philippe. L’entreprise dont la verticalisation est très poussée fait donc le choix de l’auto-contrôle pour sa production qui intègre tous les savoir-faire et signes distinctifs liés à la fabrication, à la précision et à l’entretien à long terme d’un garde-temps Patek Philippe. On note que ce contrôle est aujourd’hui effectué sur la totalité des montres mécaniques de la manufacture, quel que soit leur degré de complication et qu’il concerne le mouvement, mais également les composants de l’habillage que sont le boîtier, le cadran, les aiguilles, les poussoirs et les attaches de bracelets.

L’ensemble est donc un tout cohérent dont les fonctionnalités et le fonctionnement doivent être irréprochables. Le règlement «interne» du lancement inclut un engage-

En 2009, coïncidant avec l’arrivée de Thierry Stern à sa présidence, Patek Philippe introduit son propre poinçon de qualité: il atteste l’intégralité de sa production, boitiers et mouvements…

ment concernant la précision de marche de la montre. Contrôlée à plusieurs étapes de la production, elle devait, une fois la montre assemblée, rester dans une plage de temps comprise entre -3 et +2 secondes par jour pour les calibres de mois de 20 mm, ne pas excéder les -5 +4 pour les pièces de plus de

20 mm et les tourbillons doivent régler entre -2 et +1 seconde sur 24 heures (au contrôle final). Par ailleurs, la précision de marche des montres à tourbillon est depuis 2009 attestée par un bulletin de marche individuel livré avec la montre. Ces contrôles sont réalisés à l’interne, montres complètes.

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Un label de qualité n’a de valeur que s’il s’accompagne d’un organe de contrôle garantissant le respect de toutes ses pres criptions. Pour cela un comité du Poinçon Patek Philippe a été mis en place. Son rôle: définir et modifier le règlement en fonction des innovations contribuant à améliorer la qualité du produit. Par ailleurs, la manu facture a mis en place une commission de surveillance en charge de garantir le respect des règles et assurer le contrôle de leur application. Elle doit également intégrer de nouvelles prescriptions en fonction des nouveaux développements. Ces deux enti tés sont chapeautées par Philippe et Thierry Stern respectivement Président d’honneur et Président de Patek Philippe.

L’avis du journal suisse d’horlogerie JSH

Le Poinçon Patek Philippe a fait bouger les instances genevoises qui entreprirent de réviser les principes mêmes du Poinçon de Genève qui, depuis juin 2012, contrôle aussi l’intégralité de la montre. Le mouve ment doit être conforme aux qualités de finitions propres à l’horlogerie d’excellence et les composants doivent respecter leur structure géométrique. Pas de modification structurelle après anglage, polissage, per lage, rhodiage etc...

La précision, montres finies, est supérieure aux tolérances du COSC et du Poinçon de Genève. Dans l’absolu, on retient que le contrôle du Poinçon Patek Philippe reprend pour l’essentiel ceux propres au Poinçon de Genève, mais que le comité est prêt à se montrer plus réactif face aux décou vertes faites sur les nouveaux matériaux. Les boîtiers et les organes esthétiques sont contrôlés pour être conformes aux spécifications qui sont celles d’usage. Autrement dit, elles doivent être conformes et passer les contrôles d’étanchéité sans faillir (test de condensation).

A retenir également, et ce n’est pas un détail vain, que le Poinçon Patek Philippe s’étend au Service Après-Vente. n www.patek.com

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«Le poinçon Patek Philippe coïncide en 2009 avec l’arrivée à la présidence de la marque de Thierry Stern»

Éclairage et reliefs

Parce qu’il est admis par ses pairs, les professionnels et les collectionneurs que la marque est irréprochable en matière d’exigences qualitatives, Patek Philippe pouvait se permettre de se détacher d’une institution aussi sacrée que le Poinçon de Genève à laquelle elle avait pourtant offert bon nombre de ses lettres de noblesse. Et de jouer le sprinter qui se détache d’un peloton peut-être devenu trop accessible? On suppute encore que l’accès par Cartier à ce poinçon neutre et indépendant, via une infinitésimale partie de sa production transitant en terres genevoises par le site de Roger Dubuis, autre signature du groupe Richemont se distinguant pour avoir mêlé son ADN de marque «récente» à l’historique blason genevois, aurait pu encourager la démarche «cavalier seul» de Patek Philippe. Reste que l’histoire globale et son recul retiendront plutôt que l’avènement du label Patek Philippe était un message fort en autonomie et en indépendance lancé au marché à l’heure où la Manufacture communiquait sa transition générationnelle, le passage de Philippe Stern à son fils Thierry. Un timing d’autant plus idéal que la société, était en phase d’implantations côté Neuchâtel et Arc jurassien, deux terroirs horlogers exempts de labels. _JAG

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Rolex, la certification «Chronomètre Superlatif»

Pour le consommateur mondial, la mention «Chronomètre suisse certifié», définie dans la loi suisse et délivré par le COSC, représente déjà un indéniable atout. Au point que plusieurs enseignes l’intègrent systématiquement dans leurs communications (voir le dossier COSC, pages précédentes).

La manufacture Rolex a donc développé des méthodologies de tests et un nouvel équipement de haute technologie pour certifier la totalité de ses montres et leur décerner le statut de «Chronomètre Superlatif», une expression apparue dans les années 1950 déjà. Ce titre est désormais synonyme du fait que chaque montre a subi avec succès une série de contrôles finaux spécifiques menés par Rolex dans ses propres laboratoires et selon ses propres critères, plus sévères que les normes horlogères, en complément de la certification officielle COSC de chacun de ses mouvements.

Cette certification porte sur la montre dans son ensemble, une fois le mouvement emboîté, afin de garantir les meilleures performances possibles au poignet en termes de précision, d’étanchéité, de remontage automatique et d’autonomie.

1. La précision d’un Chronomètre Superlatif Rolex doit être de l’ordre de –2 / +2 secondes par jour, soit plus de deux fois celle exigée par le COSC.

2. Cette précision est testée par Rolex selon une méthodologie exclusive qui simule des conditions de porter réelles, plus représentatives de l’expérience quotidienne du client.

Afin d'établir un nouveau standard d'excellence en matière de montres mécaniques, Rolex qui fait appel au COSC pour ses mesures, a fait le choix en 2015 de doubler cette certification par des mesures réalisées à l’interne.

Déjà bien avant la création du COSC en 1973, Rolex attachait un crédit ultime aux certifications des Observatoires ou des Laboratoires. En témoigne ce premier certificat délivré par «Le comité du Laboratoire national de physique» de la «Royal Society» en Angleterre. Une institution qui, sur le site de l’ancien Observatoire de Kew, perpétuait les procédures de test pour les montres. A noter qu’en 1914, la montre titulaire de cette attestation est certainement l’une des premières montres-bracelet.

3. La certification Chronomètre Superlatif englobe également l’étanchéité de la montre, qui protège le mouvement de l’eau, mais également de tous les éléments extérieurs qui compromettraient sa précision, ainsi que le remontage automatique et l’autonomie du mouvement. Tous ces éléments de contrôle contribuent à garantir que la montre testée fonctionne durablement avec précision. n

www.rolex.com

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Labels internes

Le concept de «contrôle en interne» n’est pas nouveau et, de manière cyclique, s’invite toujours, souvent pour des raisons de communication, dans la boucle des certifications. En 1992 déjà, la manufacture Jaeger-LeCoultre mettait au point le précurseur Master Control 1000 heures: une série de tests destinée à vérifier le parfait fonctionnement de certaines séries de montres assemblées. Le «rodage» effectué en usine permet de déceler les défauts, de les corriger et, par conséquent de livrer des instruments parfaitement fiables aux détaillants. Reste ensuite à ces derniers à tout mettre en œuvre pour stocker et présenter les pièces de façon à leur conserver les réglages d’usine.

L’idée fait son chemin chez Montblanc, qui avec son «Test du

Laboratoire Montblanc» choisit de réduire à 500 heures, soit 20 jours en continu, cette rigoureuse observation attestant de la précision fiable d’une pièce. On l’oublie, mais la manufacture japonaise Grand Seiko soumet également ses créations à un programme de tests à l’interne. Le contrôle standard Grand Seiko implique de tester la précision du mouvement mécanique pendant 17 jours, dans six positions et à trois températures différentes. Certaines pièces comme le tout récent Tentagraph, font l’objet de trois jours d’essai supplémentaires afin d’en mesurer la précision dans trois positions avec le chronographe en marche. Ces instruments sont alors testés pendant 20 jours afin de garantir que la marche diurne est bien comprise entre +5 et -3 secondes.

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Swiss made, l’ultime certification

Propos recueillis par Joël A. Grandjean

Sa vie, son œuvre? Cette succincte interview n’en a pas la prétention. C’est juste qu’à l’heure de son repli sur une vie de retrouvailles méritées avec le privé, avec sa famille, j’avais envie de m’offrir une dernière petite piqure de jouvence en matière de conviction Swiss made. Car Monsieur le Président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse FH jusqu’à la dernière goutte de 2023, a eu à ce sujet son mot à dire. Rappel et survol, énième rencontre.

Avant d'arriver à la FHS, vous êtes déjà un pro de la «propriété intellectuelle»?

J'ai débuté ma carrière comme jeune juriste à l'Office fédéral de la propriété intellectuelle à Berne en 1981 (OFPI devenu entretemps IPI, à savoir Institut fédéral de la propriété intellectuelle). Voyant qu'il y avait de l'avenir dans cette branche du droit, à savoir la propriété intellectuelle (PI), qui concerne brevets, marques, designs, droits d'auteur et indications géographiques, j'y ai fait mon doctorat en cours d'emplois, je vous le donne en mille, sur le Swiss made: c'était prémonitoire. Parallèlement, j'ai fait mes classes à l'OFPI pour en devenir l'un des vice-directeurs. Durant cette période, j'avais déjà des contacts avec la FH en raison des affaires de PI et j'ai été nommé directeur FH en 1993 avant d'en devenir le président exécutif en 2002 (fusion des postes de directeur et de président). Par conséquent, il est vrai que la PI a conduit ma carrière professionnelle et je n'ai jamais regretté ce choix.

Dès 2024, un chapitre majeur de l’histoire horlogère de la fin 20e et début 21e siècle se referme: à la tête de FHS, le loyal Jean-Daniel Pasche cède son fauteuil présidentiel à Yves Bugmann. Il nous parle du Swiss made.

Du coup, avec ce recul particulier, comment expliquer le Swiss Made aujourd'hui?

Un petit peu d'histoire, en essayant de faire court. L'ordonnance réglant l'utilisation du nom «Suisse» pour les montres (OSM) a été promulguée par le conseil fédéral en 1971: c'est le texte officiel. Il ne prévoyait qu'un seul critère à respecter: dès qu'une montre incorporait un mouvement suisse, elle pouvait être désignée comme Swiss made. J'insiste, il n'y avait pas d'autres conditions à remplir, ce qui a vite provoqué des insatisfactions. Cette OSM a été renforcée en 1992 avec l'adjonction de deux critères supplémentaires, à savoir: emboîtage de la montre et contrôle final par le fabricant à effectuer en Suisse. Par conséquent, un mouvement suisse emboîté hors de Suisse ne pouvait plus donner naissance à une montre suisse. Malgré tout, cette définition, entrée en vigueur en 1997, après un délai transitoire de cinq ans réclamé notamment par l'Union européenne (UE), n'a pas mis fin aux polémiques, car l'habillage ne jouait aucun rôle dans l'obtention du Swiss made.

D’où votre combat pour le renforcer? Il a fallu que le dossier murisse pour obtenir un certain consensus au sein de la branche afin d'aller plus loin, ce qui fut fait en 2007 lorsque la FH a décidé, à son assemblée générale, de demander officiellement le renforcement du Swiss made.

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En conséquence, vous avez envoyé à chacun de vos membres une lettre avec les nouvelles conditions à respecter?

Il fallait réviser préalablement la législation fédérale avant de s'attaquer à l'OSM.

Pourquoi le Swiss made devait être «validé» par le pouvoir politique?

En résumé, les procédures devant les commissions parlementaires, les chambres fédérales, le conseil fédéral ont duré dix ans, car le projet Swissness était très controversé, surtout la nouvelle exigence du taux de 60% de valeur minimale suisse. Songez que le conseil des États n'a accepté ce taux, en second vote, qu'à une seule voix de majorité, car une grande partie de l'industrie suisse,

notamment l'industrie des machines, s'y opposait. Une fois la loi Swissness, qui concerne donc l'ensemble de l'économie suisse, fut adoptée par les chambres fédérales, il a été possible pour le conseil fédéral d'adapter l'OSM avec le texte actuel qui est entré en vigueur le 1er janvier 2017 (voir le texte actuel en fin d'article).

Votre sentiment?

J'avoue que ce fut un dossier difficile, surtout au niveau du parlement pour obtenir non pas seulement un taux de 50% mais bien de 60%, car la FH était pratiquement seule à le soutenir au sein du monde industriel. Il a fallu faire beaucoup de lobbying mais cela a finalement fonctionné, de justesse.

«Pour attaquer un abus, il faut être soi-même titulaire d'une marque»

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Consultable en ligne sur le site de l’IPI (L’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle), le dépôt du nom «Swiss» a été rendu nécessaire afin de renforcer la lutte contre l’utilisation abusive de l’appellation «Swiss made»

«Les marques respectueuses du Swiss made sont au bénéfice d'une licence implicite. Les autres sont dans l'illégalité»

En quoi cette «contextualisation légale» en Suisse du Swiss made concernait l’international et pour quelle raison d’autres pays avaient leur mot à dire?

La législation sur le Swiss made a été promulguée en 1971 pour prévenir l'augmentation des abus à la suite du démantèlement du statut horloger. Dans ce dossier Swiss made, la pression extérieure est principalement venue de l'UE, de la Chine et de Hong Kong et visait plutôt à ne pas renforcer le Swiss made de peur de voir la Suisse diminuer ses importations de composants horlogers. Notre marge de manœuvre était étroite, entre l'obtention d'un consensus au sein de la branche et le respect des obligations internationales de la Suisse au regard des règles OMC (non-discrimination et clause la nation la plus favorisée), des accords de libre-échange, notamment ceux avec l'UE, la Chine et Hong Kong.

Le mot «Swiss» qui appartient de facto à la Confédération ne devrait être déposable par aucune institution de PI au monde? Pourquoi alors l’avoir protégé en classe 14?

Nous voulons pouvoir attaquer ab initio, dès le dépôt d'une marque contenant abusivement le Swiss made, avant même qu'elle ne soit sur le marché. Or l'idéal pour attaquer une marque consiste à être soi-même titulaire d'une marque. Nous l'expérimentons aux Etats-Unis, à Hong Kong et dans l'UE. La FH est titulaire du nom «Swiss» en classe 14 notamment (classe internationale qui comprend l'horlogerie) dans ces régions, sur la base d'une marque de certification ou d'une marque collective selon les cas. Pour faire court, la FH peut invoquer sa marque contre toutes celles qui ne respectent pas l'OSM: c'est efficace. Les marques respectueuses du

Swiss made définition, rappel

«Est considérée comme montre suisse la montre… »

a) dont le développement technique est effectué en Suisse:

1. pour les montres exclusivement mécaniques: au moins la construction mécanique et le prototypage de la montre dans son ensemble,

2. pour les montres non exclusivement mécaniques: au moins la construction mécanique et le prototypage de la montre dans son ensemble, ainsi que la conception du ou des circuits imprimés, de l'affichage et du logiciel;

a bis) dont le mouvement est suisse;

b) dont le mouvement est emboîté en Suisse;

c) dont le fabricant effectue le contrôle final en Suisse, et

d) dont 60 % au minimum du coût de revient sont générés en Suisse.

Swiss made sont au bénéfice d'une licence implicite de notre part. Les autres sont dans l'illégalité et nous pouvons les attaquer.

Quels abus possibles face à l’usage du Swiss made?

Il faut relever que de nombreux abus sont commis en Chine. Nous intervenons contre, parfois avec succès. Les autorités chinoises collaborent. Cependant (…), en Chine nous nous heurtons à des difficultés de culture juridique. La FH est pratiquement la seule organisation au monde qui dépose des marques collectives industrielles couvrant tout un secteur économique alors que c'est très fréquent dans le monde agricole et viticole: les fameuses appellations d'origine protégées. C'est peu répandu dans le monde industriel et peu connu des autorités. Il nous a fallu du temps et de l'abnégation pour les

38 MOTEUR #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Yves Bugmann (g), président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse FH dès le 1er janvier 2024. Titulaire d’une licence en droit de l’Université de Zurich et d’un bachelor of business administration de la Graduate School of Business Administration à Zurich il a été chef de service à l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle à Berne. Il rejoint la FH en 2006 pour prendre la direction de la division juridique.

obtenir aux Etats-Unis et à Hong Kong. Avec l'aide des autorités suisses et de nos avocats locaux, nous essayons dès lors de convaincre l'administration chinoise du bienfondé de notre démarche, d'autant plus que celle-ci reconnaît la légitimité de lutter contre les tromperies affectant les consommateurs.

Et le commerce en ligne?

Le problème se trouve principalement sur les plateformes en ligne. Nous y rencontrons

Dans la loi d’autres pays, y a-t-il quelque chose de comparable à l'ordonnance Swiss made? «Nous ne connaissons pas de législation comparable couvrant tout un secteur économique dans le monde industriel, à part peut-être l'ordonnance Glasshütte pour les montres en Allemagne. Il existe des législations spécifiques dans le monde agricole et viticole avec les AOP et AOC. Il existe aussi quelques législations plutôt dans l'artisanat: porcelaine de Limoges, couteaux de Sollingen et couteaux Laguiole.»

MOTEUR

fréquemment des indications abusives telles que «Swiss Brand» et «Swiss Design.» Donc, nous poursuivons nos démarches sans pouvoir déterminer le temps que cela prendra.

Comment expliquer le fait que de nombreux dépôts horlogers de marques graphiques ou nominales contiennent le mot «Swiss»? Vous les autorisez? Nous surveillons tous les dépôts de marques au monde portant sur des produits horlogers et intervenons lorsqu’ils contiennent une référence à la Suisse et nous semblent suspects. Le cas échéant, nous nous opposons à l’enregistrement de la marque, demandons son annulation, ou sa restriction de protection aux produits d’origine suisse. Sans entrer dans les détails, notre taux de succès est de plus de 90%. n

www.fhs.swiss

«même des machines?»

Romuald Cappelle

Lorétan Khipass / TàG Press +41

L'horlogerie mène à tout et le secteur, dans sa pratique volontaire d’une opacité parfois nécessaire, sait où se trouvent les bonnes adresses.

«Horlomobile»

Au nombre de ces contacts qu’on se refile discrètement, il y a ceux qui incarnent l’incroyable potentiel de la sous-cotraitance. Comprenez qu’un cotraitant sollicité, lorsqu’il butte sur une problématique ou qu’il sait où trouver rapidement des solutions qu’il lui serait coûteux de mettre luimême sur pied, n’hésite pas à externaliser.

Cet attachant entrepreneur de Sierre, qui vient de transformer sa structure «respon-

En chantier, la construction fascinante et à partir d’une feuille blanche, d’une Porsche 356 totalement électrique, dotée dans l’habitacle comme à l’extérieur, de finitions à caractère «horlogerie d’excellence.» Ici une poignée de porte qui vient d’être usinée…

Dans cet antre du développement, couvert par ses contrats de confidentialité, le Bureau d’Étude Mécanique BEMRC, entre automation, Recherche et Développement et CAO conçoit et usine aussi des machines…

Dans l’atelier à Noës (proches environs de Sierre en Valais), une ligne de production en cours de montage

sabilité individuelle» fondée en 2006 en «société anonyme» révèle aujourd’hui d’autres expertises que celles que votre journal suisse d’horlogerie JSH avait repérées, tantôt sous l’égide d’un atypique numéro de stand à l’EPHJ, tantôt au travers de son incroyable percée automobile, la construction d’une «réplique électrique de la Porsche 356 réalisée façon horlogerie d’excellence.»

Machines et automates

Ainsi, au-delà de sa capacité à designer et manufacturer des produits finis et acces-

Bienvenue dans l’univers de la sous-cotraitance

soires en mode ultra-luxe tels que des présentoirs ou des écrins horlogers - ou des poignées de portes automobiles -, BEMRC couvre aussi toute l’étendue des besoins côté machines et unités de production: usinage en interne de pièces unitaires ou de petites séries pour réalisation de prototypes, réparations, entretien et mainte-

40
MOMENTS
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Montage du train avant de la Porsche 356 totalement électrique développée, plans et manufacture, dans l’atelier de Romuald Cappelle

MOMENTS

nance d’unités de production, rétrofitage de machines (remises en état aux normes d'installations existantes) et même montage mécanique de machines, de groupes (câblages électrique pneumatique inclus). Enfin, l’entreprise orchestre parfois aussi des mises en service sur site.

A l’ère 4.0, à l’heure où les données des machines recueillies durant leur usage sont

… là un frein à main entièrement usiné chez BEMRC

Depuis 2008, nous formons des apprentis Dessinateurs en Construction

stockées dans des bases intelligentes, l’atelier BEMRC est capable, qu’il s’agisse de plans ou de réalisations abouties, d’imaginer et de produire des automates de stockage et de déstockage reliés à toute forme d’ERP (Enterprise Resource Planning) ainsi que des automates «Pick & Place» pour assemblage automatique de produits. n

MOMENTS

24 au 26 juin 2024, le «temps mondial» à Neuchâtel

Ce n'était plus arrivé depuis 10 ans! Tout ce qui compte sur le plan de la précision temporelle atomique sera de retour dans la ville lacustre. Plus de 400 sommités internationales mettront l'Uni, l'Aula des Jeunes Rives et même le Palais du Peyrou au diapason du temps fréquence. Le «European Frequency and Time Forum» (EFTF) revient: un cycle de conférences scientifiques capitales sur temps et la fréquence. Y sont présentés nouveautés et développements technologiques connexes. Le congrès réunit des chercheurs et des technologues d'universités, centres de recherche, laboratoires nationaux de métrologie, fabricants, organismes de normalisation et de chronométrage de défense. S'y échangent les avancées et les développements de systèmes et de composants. Partenarisée notamment par la FSRM et le CSEM, par Safran et Oscilloquartz, cette conférence mondiale ouvre ses halls et espaces communs à la présence de marques symboles d’une horlogerie mécanique d’excellence, ancrées dans les terroirs historiques du temps. Se renseigner? fischer@fsrm.ch _Albert-J. de Buttes-LaCôte n

www.eftf2024.ch

Thermo Technologies désormais garante d'Henriod

Les experts galvanoplastes d'Henriod, signature si chère aux prestigieuses Maisons horlogères et joaillières suisses en raison de la perfection atteinte dans ses traitements, rejoignent un groupe fondé en 1913 sur l'excellence de deux métiers: le revêtement de surface par métaux précieux et les fils spéciaux de haute technicité. Une passation qui s'inscrit dans la pure pérennisation des savoir-faire rares et précieux. Une sorte de fusion, à l'image de ce chef de cuisine moléculaire Mickaël Brun invité à l'EPHJ pour illustrer les arts et les techniques de la galvanoplastie. Un univers d’alchimies _Lee Warrien n

www.henriod.swiss

Les gants du Festival

Pour sa première édition à Yverdon-les-Bains, «au coeur du sillon romand», le Festival Suisse de l'Horlogerie a pu compter sur les gants et les tissus personnalisés de Keller Trading. Blancs, avec leur logo ensoleillé couleur or, ils ont atterri sur les établis des artisans, sur le stand des quelques horlogers présents ainsi qu’aux mains de quelques privilégiés. Babette Keller et son gendre François Matthey, toujours prompts à soutenir les aventures naissantes, ont apporté sans hésiter aux organisateurs leur crédit et l'aura des prestigieuses marques horlogères leur font confiance. Une implication sectorielle, qui a du sens. _Lee Warrien n

Prochain festival: du 20 au 22 Septembre 2024

www.festival-suisse-horlogerie.ch

www.kellertrading.ch

42 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Bancs de polissage Badeco

MOMENTS

Les nouveaux bancs de polissage Badeco à une ou deux broches sont compacts, robustes, légers. Ils se fondent dans tous types d'environnement, du fait de leur faible encombrement et du peu de nuisances sonores. Equipés de composants reconnus fiables, Siemens, Danfoss ou Schneider Electric, ils s'insèrent dans le cadre des normes en vigueur en Suisse sans faire l'économie des performances et de la sécurité. Et puisque Badeco reste avant tout reconnu pour ses micromoteurs, ils se prêtent à l'intégration directe de l'un d'entre eux, évitant câbles trainants et déplacements permanents. L'opérateur bénéficie même de la cellule d'aspiration du banc lorsqu'il utilise le micromoteur. Et ça tombe plutôt bien dans les ateliers, à l'heure de la traque assidue aux microparticules de gomme ou de pâtes à polir suspendues dans l'air. _Lee Warrien n

www.badeco.com

BOÎTES, CADRANS ET AIGUILLES

H-Development vous assiste dans le développement technique de vos projets horlogers et vous fournit boîtiers, bracelets, cadrans et aiguilles. En lien direct avec les ingénieurs et techniciens des fabricants, notre équipe vous apporte des solutions, un service personnalisé et un suivi professionnel.

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• Composants complexes

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Plus d’infos

Moteur Les fluides apprivoisés

Le TEC Group est fondé à Vallorbe en 2018 par Arnaud Faivre. 11 sociétés qui se dédient à la cotraitance horlogère à l’exception d’Helvetica Horlogerie au Sentier, un haut-lieu de distribution regroupant sur 250 mètres carrés plus de 60 marques horlogères, et Rita & Zia, une marque de bijoux sise à la Rue du Rhône à Genève.

44 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Lucien

Vouillamoz et Eric Coudray, la clepsydre capturée

L'ombre, le sable, l'eau et HYT... Tout démarre à l'aube des tergiversations d'Expo 02, la sixième exposition nationale suisse. L'entrepreneur-inventeur Lucien Vouillamoz (g) se trouve aux abords d'un lac suisse.

L'eau, le lacustre, sont les leitmotivs de cette expo qui se tâte et fait bouillonner les esprits. Or, parmi les moyens ancestraux de définir le temps et ses intervalles, hormis les cadrans solaires et les sabliers, il y a dans l'Antiquité des Grecs, des Amérindiens et des Egyptiens, les clepsydres. «Et si l'indication de l'heure sur un poignet, via une montre-bracelet, parvenait à se faire grâce à la domestication d'un fluide?»

Soudain, d'une idée improbable, naît un formidable

voyage dans la machine à remonter le temps: un bond viscéral qui propulse l'être humain d'aujourd'hui autant 3400 ans plus tôt que dans un futur d'ultra technicité. Qui aurait pu prédire que cette maîtrise des fluides, faite de prouesses technologiques mêlant science des matériaux et lois de la physique, allait participer aux grandes avancées Medtech tout en donnant aux horlogers de PURTEC, le génial Prix Gaïa Eric Coudray (dr) en tête, quelques nuits blanches et du fil à retordre. Récit d'une délicieuse aventure horlogère, aux confins des quêtes existentielles…

Joël A. Grandjean

En coulisses, sur fond d’une discrétion qui ne révèle le prestige de ses clients que si ceux-ci l’y invitent, le groupe soutient des causes sectorielles comme la réalisation des trophées du Grand Prix d’Horlogerie de Genève. www.tec-groupswiss.ch

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Calibre conillon, tourbillon conique fluidique le choc des mondes

maginer faire entrer des fluides dans un mouvement de montre relève de la pure folie! Car l’élément liquide, source des pires atteintes portées aux microcomposants mécaniques, reste viscéralement la hantise de tout horloger sain d’esprit: buée et rouille sont deux gros mots à éradiquer du vocable horloger!

Or, justement, l’idée fondatrice de Lucien Vouillamoz, d’abord ingénieur en physique nucléaire avant d’être inventeur et surtout entrepreneur, c’est de se servir d’un liquide pour indiquer l’heure au poignet. Et puisque l’énergie qui fera bouger ce fluide sera générée par un cœur mécanique, l’expression «Hydro Mechanical Horologists» voit le jour. L’acronyme HYT naît en 2012 et la marque incarne une nouvelle horlogerie décomplexée, disruptive et innovante.

Technologie fluidique

Au commencement, un tube circulaire, disons un «capillaire» tellement ce tube est fin. A l’intérieur, du liquide et à chacune de ses extrémités un «soufflet» qui se déploie ou se rétracte, selon qu’il pousse ce liquide ou qu’il est poussé par lui. Ou plutôt deux liquides de deux couleurs différentes, non miscibles, qui sont maintenus sous pression à l’intérieur du tube grâce à leurs soufflets respectifs. Leur point de jonction, c’est-àdire là où ils se touchent sans jamais se mélanger, se déplace autour du cercle. C’est lui qui indique l’heure, en mode rétrograde,

D’un côté, de l’ingénierie microfluidique à haute dose, de l’autre des doigts d’or horlogers géniaux: il y a du ‘Star Trek’ dans ce calibre tourbillon ce calibre tourbillon conique qui intègre l’indication rétrograde d’un temps qui s’écoule…

Éric Coudray, horloger de PURTEC lauréat du Gaïa, implante un tourbillon central incliné à 30° au cœur du calibre 701 TC, un mouvement mécanique à remontage manuel oscillant à 21’600 alt/h (3Hz).

grâce aux divisions d’un tour d’heures traditionnel fait de chiffres et d’index.

Vite énoncé, incroyablement complexe à réaliser! Les contraintes sont multiples. Hormis la nature même des fluides, leur viscosité et leur résistance aux variations de chaleur et de pression atmosphérique, il y a la finesse et la forme circulaire du tube. Il faut inventer une «machine» capable de

couler ce tube en verre: imaginez un «souffleur de verre» qui voudrait, à partir d’un matériau en fusion, donner à sa création une forme parfaitement circulaire, une épaisseur identique de bout en bout. Et, afin d’éviter toute congestion des fluides, il faut inventer le traitement de surface (revêtement) qui tapissera les parois intérieures de ce capillaire en verre de type

46
MOTEUR
I
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

borosilicate, c’est-à-dire d’une qualité supérieure résistant aux hautes et basses températures ainsi qu’aux chocs thermiques.

Dès lors, pour que chaque millimètre de déplacement du liquide corresponde à une division du temps, il faut calculer la valeur du micro-déplacement que doivent faire les soufflets, l’un vers le haut (déploiement), l’autre vers le bas (rétractation). Et trouver le moyen «transitionnel» de permettre au calibre mécanique de réguler tout ce système de propulsion sans perdre ses performances chronométriques…

Génie horloger, transmission et hypnose Lauréat du Gaïa, un prix surnommé «le Nobel de l’horlogerie», le maître Éric Coudray, supporté par les horlogers de PURTEC, entre en scène. Père du gyrotourbillon, du sphérillon ainsi que de ces cages de tourbillon hypnotiques qui peuplent l’actualité mondiale, il s’inspire cette-fois des travaux du Saxon Walter Prendel fondés depuis son atelier de Groitzsch (Saxe) sur les théories du maître horloger Alfred Helwig (1886-1974): il entend améliorer et transcender la stabilité et la régularité de

Ici, le calibre 701 TC vu de dos avec ses deux «soufflets» apparents. Chez Preciflex, l’entité microtechnique fondée par l’entrepreneur-inventeur Lucien Vouillamoz à partir de sa folle idée horlogère, une trentaine d’intelligences émoustillées s’active pour permettre à la technologie des fluides d’apporter des solutions médicales.

marche de son tourbillon oblique doté d’un balancier-spiral incliné de 30° par rapport à la ligne d’horizon.

Ainsi, à la cinétique déjà si fascinante d’un tourbillon conique qui effectue son tour complet en 30 secondes dans le sens horaire, sont ajoutées, selon le modèle, tantôt des sphères gorgées de liquide coloré, tantôt des pierres de saphir de couleurs, répondant chacune à une vitesse de rotation différente. La première accomplit 4 tours par minute, la deuxième 5 et la troisième 6, toujours dans le sens horaire.

Ponts entre luxe et médical Sans le savoir, le porteur de ce «Tourbillon Conique HYT» incarne la connexion improbable entre deux mondes réputés hostiles, celui de la micromécanique et celui des fluides. Qui plus est un garde-temps qui résout l’énigme d’une répartition d’énergies motrices entre le système régulé des soufflets et le calibre tourbillon conique. Se doute-t-il que sa montre historico-futuriste reste aussi le territoire d’expression d’une recherche en cours? n

www.tec-groupswiss.ch

Ce HYT Tourbillon Conique dans sa déclinaison Saphirs Infinis, étanche à 30 mètres, ressemble au concentré d’un cosmos traversé d’animations pseudo-chaotiques. A son improbable ballet en continu s’ajoute la fascinante et rétrograde lecture fluidique et colorée des heures.

MOTEUR
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Matière Dompteur de matière

Guillochage sur index de cadrans

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Georges Brodbeck

Le guillochage est un art. Un jour, un oncle lui offre une vieille machine que Brodbeck va restaurer et refaire fonctionner. Cette machine qu'il voyait uniquement comme un objet de décoration installé dans son salon sera en réalité à l'origine d'une véritable passion pour le guillochage et la restauration de machines anciennes. Diplômé mécanicien de précision en 1971, au Technicum à La Chaux-deFonds, il transite par Voumard Machines avant d’entrer en horlogerie en 1973 chez Natéber, une manufacture de cadrans chaux-de-fonnière. En 1981, il prend la direction des cadrans Precima en Malaisie. Il assure la formation des mécaniciens ainsi que la maintenance et l'amélioration de l'outil de production. De retour en Suisse en 1987, il œuvre pour Imhof, Fehr, Union Carbide avant de s’adonner au guillochage chez Lemrich Cadrans, Stampfli

Gravure et enfin Stern. Il est poussé vers l’indépendance en 2001 après le rachat en 1995 de l'atelier de guillochage de Pierre Rosenberger à La Chaux-de-Fonds. Ses compétences en restauration de toutes machines à guillocher afin d'assurer la production des tapisseries et du guillochage s’avèrent particulièrement cruciales dans son domaine où les outils ne se fabriquent plus depuis des décennies. L’artiste devient une référence, le maestro œuvre pour les plus prestigieuses marques de montres. Grâce à Kari Voutilainen, il s’apprête à tirer sa révérence la conscience tranquille puisque seront pérennisés ses savoirfaire rares et en voie de disparition. Son prix Gaïa, en 2023, il a 72 ans, est donc l’histoire d’un incroyable dompteur de matière.

MIH et Joël A. Grandjean Juré du Prix Gaïa

Georges Brodbeck, lauréat Gaïa 2023 dans la catégorie Artisanat-Création, pour avoir réhabilité en autodidacte, par amour de la mécanique, un art en voie de disparition dans le registre de la décoration horlogère, le guillochage, et participé au sauvetage et à la restauration de nombreuses machines dont il a su apprivoiser et transmettre les fonctionnements. Ici un binoculaire sur un ancien tour à guillocher _MIH

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Révolution en micromécanique

Une révolution industrielle se mesure à l’aune du changement touchant à la fois la matière, les moyens de produire et le milieu dans lequel se fait la production. Une visite d’entreprises du secteur micromécanique implantées dans l’Arc jurassien suffit à en constater les prémisses. Elle est organisée par le journaliste Pierre-Yves Kohler du salon SIAMS. Elle complète des informations factuelles recueillies chez nos voisins français.

On ne travaille plus de la même matière

En fabrication de pièces inférieures au décimètre cube, le travail du métal change. L’obtention des formes les plus complexes nécessaires aux secteurs aéronautiques, horlogers, médicaux et micromécaniques fait de plus en plus appel à des alliages métalliques à haute valeur ajoutée. Ainsi, les alliages métalliques amorphes Vulkalloys sont obtenu par fusion du métal puis transformation au plus près de la forme finale par thermo moulage.

«Déjà une décennie que des micromachines sont apparues sur les salons»

L’année 2024 marque le début effectif de la troisième révolution industrielle. Les micromachines et l’intelligence artificielle en seront les signes visibles sur tous les salons. Tour d’horizon…

Développé par le bureau d’études de la société Vulkam, ce procédé global permet une globulisation homogène de la matière. Il a été primé deux fois par un prix des exposants lors du salon EPHJ de Genève. Par ailleurs, la croissance de la fabrication additive métal ouvre de nombreuses perspectives pour la fabrication de pièces de petites

Le souci de l’environnement de l’entreprise familiale Klein est exemplaire. La qualité et la traçabilité des métaux est égale à celle du bien-être au travail des personnels. Photo Art et métaux Savoie.

MATIÈRE 50 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Acierhorloger-CDH20.20

LeCDH20.20-1.4435refondu,spécialementdéveloppépar FCDHAcierspourl’habillagehorlogerhautdegamme.

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dimensions en deux étapes: fabrication 3D plus rectification et polissage sur une seule machine 5 axes.

Toutefois, le décolletage CNC conserve tous ses atouts pour les secteurs cités, lorsqu’il est multifonctionnel et permet les opérations de finissage sur la même machine. Il bénéficie alors d’une offre importante en matières précieuses, alliages inoxydables HLE, structures globulisées, en barres rectifiées ou en couronnes. La Suisse bénéficie de fournisseurs de premier rang pour ces produits, dont l’entreprise familiale Klein est un exemple. C’est un modèle à suivre pour toutes les sociétés qui inscrivent leur stratégie dans ce que l’industrie française veut mettre en place avec la RSE, loi pour la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises.

De la micromachine à la smart-factory Cela fait déjà une décennie que des micromachines sont apparues sur divers salons suisses, ainsi qu’à l’université de Darmstadt, au centre technique français CETIM-CT-Dec et ailleurs. Aujourd’hui, plusieurs micromachines réellement fonctionnelles ont été conçues et présentées sur les salons EPHJ, SIAMS et SIMODEC dès 2022. D’autres les rejoindront en 2024 sur les mêmes salons. Toutes visent à diminuer l’encombrement des machines, à augmenter leur autonomie tout en réduisant leur impact environnemental. L’une d’entre elles, dans la gamme Willemin-Macodel, revendique le fait de ne pas dépenser plus d’énergie qu’un sèchecheveux, c’est dire!

aussi bien qu’au contrôle ou, pourquoi pas, à l’assemblage. L’objectif vise à créer une micro-usine modulaire et autonome, qui pourrait évoluer à la demande. Si la révolution n’a pas fait un tour complet, il est déjà bien commencé. n MATIÈRE

Concept de transitique à l’HE-Arc

Pour la micromachine MiLL MicroLean Lab en chantier: d’abord, les pièces et consommables sont disposés et déplacés sur des palettes, puis la manutention avec les blocs technologiques se fait avec un robot Mecademic 5 Axes. Enfin, la manipulation des palettes est réalisée par un robot autonome cobotique externe. _MP

Il reste de nombreux travaux de validation à effectuer pour les chercheurs de la Haute École Arc Ingénierie. Ceux en cours présagent d’une révolution dans la manière de produire. Ici, la micromachine MiLL (MicroLean Lab) en chantier, selon la philosophie d’un smartphone offrant une plateforme de fonctionnement à plusieurs types d’applications

«On fait de plus en plus appel à des alliages métalliques à haute valeur ajoutée»

Par ailleurs, lors d’une visite à la Haute École Arc Ingénierie, à Saint-Imier, il a été possible d’appréhender l’état d’avancement des recherches concernant son MicroleanLab. Intégré à un plan européen, ce projet est soutenu par une vingtaine d’acteurs industriels jurassien et un collectif de quatre grands groupes horlogers. Concrètement, c’est une smart-factory composée de neuf cases qui servent de contenant à diverses micromachines et systèmes robotiques. En fonction d’un besoin particulier de fabrication, ces neufs emplacements peuvent recevoir les moyens nécessaires à la production 52 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

MATIÈRE

La «Manufacture de paniers.» Chez Rimann, réputé pour son expertise en récupération de matières précieuses, on construit à l'interne tous les types de «paniers» récupérateurs de copeaux fins... Un savoir-faire unique.

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Mauron Musy, se passer des joints

Ils l’ont fait! Alors que certaines marques horlogères veulent ajouter à leur pré carré d’autres industries, Mauron Musy fait le chemin inverse: aller de la pharma et de l’aéronautique, vers l’horlogerie.

Les deux hommes ne pensent pas en horlogers. C’est ce qui fait leur force. Il leur semble inconcevable d’attacher autant de valeur au mouvement, au cadran, sans se pencher sur ce qui les protège, la boîte. «Les gens ne sont pas éduqués à changer leurs joints tous les deux ans», explique Christophe Musy. Plutôt que d’en augmenter la durée de vie, il décide de s’en dispenser.

Deux étanchéités différentes

Mauron Musy part d’une feuille blanche et constate qu’il n’y a pas une étanchéité, mais deux. D’abord, statique: elle concerne tous les éléments immobiles de la boîte, comme la glace sur la boîte. Ensuite, dynamique: elle concerne le jeu de la tige de remontoir. Ces deux étanchéités sont différentes, et exigent donc des approches différentes.

Éric Mauron et Christophe Musy, spécialisés dans les composants industriels, se lancent un défi horloger peu commun: construire une montre étanche sans joint. C’était en 2013, il y a dix ans.

La partie statique est hermétique grâce à un jeu de pression. La lunette vient sur un disque satellitaire en contact avec la glace, sur laquelle elle exerce une pression de 20 kilos. Pour la partie dynamique, la tige de remontoir est solidaire d’un arbre qui pivote dans un palier. Les tolérances sont si fines que rien ne peut pénétrer ce milieu.

Une carrure en quatre parties vient fermer l’ensemble et mettre les disques satellitaires en compression. Mais, contrairement à une Big Bang ou à une Royal Oak, les vis de la boîte (qui sont en réalité des goupilles filetées) n’ont pas d’incidence sur son étanchéité, déjà garantie par la mise sous pression de ses autres composants. Ces goupilles font simplement en sorte que la boîte reste assemblée, mais l’étanchéité ne dépend pas d’elles.

R&D inversée, titane et or renforcé Finalement, le concept est assez simple. La boîte ne comporte que 36 composants. Là où les marques ont d’abord cherché un design et ensuite des solutions pour les rendre étanches, Mauron Musy a fait l’inverse: chacun des 36 composants a été individuellement pensé, conçu, usiné et assemblé dans l’unique perspective de contribuer à l’étanchéité de l’ensemble.

Si l’idée paraît simple, sa réalisation ne l’a pas été. Certains matériaux sont par nature trop mous pour encaisser les pressions –l’or 750, par exemple, ou le laiton. Mauron Musy travaille avec du titane et de l’or renforcé.

La fonction prime, la forme s’adapte
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MATIÈRE
Olivier Muller / Delos Communication
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
Les gens ne sont pas éduqués à changer leurs joints tous les deux ans

Contrôles par lampe monochromatique

En termes de contrôles, Mauron Musy travaille à l’échelle nanométrique. La planéité est d’une telle précision qu’elle ne peut pas être contrôlé par les procédés habituels,

comme les palpeurs qui, au contact de la surface, l’abimeraient. Mauron Musy contrôle ses planéités par lampe monochromatique. Elle autorise le contrôle d’un état de surface à distance, par analyse de ses reflets.

COULEURS 3D

Le procédé n’est pas vraiment industrialisable pour le moment. L’assemblage est manuel. Les tolérances voulues sont inatteignables pour des très grands volumes en CNC. Sans compter que le design de la boîte est, pour le moment, peu adaptable. Il est devenu la signature esthétique de Mauron Musy mais une autre marque devrait quasiment repartir d’une feuille blanche si elle voulait, à son tour, avoir sa propre boîte, avec un nouveau dessin, mais sans joint. Autant de limites qui, pour le moment et grâce au Brevet 710582, offrent de facto une exclusivité à Mauron Musy. n www.mauronmusy.com

Découvrez un tout nouveau potentiel créatif pour vos composantes 3D en verre en ajoutant des couleurs fluorescent à la surfaces comme à l’intérieur du volume.

The Art of uMANUFACTURING

MATIÈRE
femtoprint.ch
REDÉFINIR LES DIMENSIONS. Cadrans I Aiguilles I Oscillateurs I Disques de quantiéme I Couronnes I Micro-composantes

Ollivier Broto, TàG Press +41

Akyalis, les arts du ‘toucher’ sublime

De ce nom qui sonne telle une promesse de douceur, on ne sait pas grand chose. Si ce n'est que Tuncay Karabacak, le fondateur en 2005 de cette société devenue véritable marque qualitative, l'a imaginé à partir de résonances intimes mêlant prénoms d'enfant et lettres de patronyme.

Microfibre universelle

Pionnière en matière d'introduction de matières recyclées jusque dans ses packagings écologiques certifiés FSC, l'entreprise de microfibre sise à Porrentruy dans le Jura Suisse, rayonne au-delà des terroirs horlogers ou joailliers. Elle s'offre entre autres quelques percées significatives dans l'univers automobile européen. Un domaine qui privilégie le nettoyage soigneux des surfaces à l'intérieur de l'habitacle, écrans tactiles inclus, parfois à l'extérieur.

Validée avec rigueur par les tests du Laboratoire Dubois et de Testex, la microfibre Akyalis prisée des horlogers, envahit d'autres secteurs. Parcours soyeux d'une fibre écologique propre à s'immiscer sous les doigts d'or…

Comme toute microfibre qui se respecte, les tissus d'Akyalis pratiquent à l'envi et au quotidien, pour les secteurs de l'horlogerie et de la joaillerie, le lustrage, le polissage, la manipulation délicate et les minutieux nettoyages. En matière d'exigence, la barre a été placée haut, ce qui est la moindre des choses vu la préciosité des pièces auxquelles elle se frotte.

«Sous la main, une telle puissance de contact»
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MOMENTS
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

MOMENTS

Ainsi, à La Chaux-de-Fonds, c'est le fameux Laboratoire Dubois, si couru des maisons horlogères, qui évalue et certifie son aptitude à bannir toute once de rayure. Puis, à Zurich, c'est au tour de Testex, une entreprise suisse indépendante d'analyse et de certifications fondée en 1846 et spécialiste des textiles, qui valide dans la microfibre Akyalis l'absence de composants allergènes ou cancérigènes. Respect évidemment

des fameuses et contraignantes normes REACH, un protocole salutaire en passe de devenir standard absolu dans l'univers mondial des matériaux.

Impressions et messages identitaires

Le «tissu microfibré», qu'il prenne la forme d'un gant, d'une serviette ou de toute autre espèce de «goodies» reste un formidable territoire d'expression. Disposer «sous la

main» d'une telle puissance de contact, c'est stimulant. Autant la microfibre Akyalis peut être plébiscitée neutre et discrète, autant elle se prête volontiers aux personnalisations les plus libres: formes, couleurs, types d'impression et d'emballages... Le champ des possibles est vaste, la multiplicité des combinaisons infinies. n

www.akyalis.ch

Matériau historique, archives Chronospedia

Ollivier Broto, TàG Press +41

Il incarne une cinquième génération d’horlogers de père en fils. Et son titre, il l’a reçu du ministère de la Culture français. Car l’Hexagone, s’étant inspiré du dispositif des «trésors vivants» japonais destinés à protéger et préserver les savoir-faire, crée en 1994 l’appellation «Maître d’Art»: tous les deux ans depuis 1994, parmi 281 activités répertoriées «métiers d’art», le pays décerne cette suprême distinction. Sur les 140 dans le monde à pouvoir s’en réclamer, tous métiers confondus, il est le seul horloger.

Également reconnu Maître Artisan par la Chambre de Métier «pour mon parcours et surtout la formation de 16 apprentis et l’accueil de plus de cent stagiaires», François Simon-Fustier s’est aventuré dans un chantier à but non lucratif. «Chronospedia est un terrain de jeu où des équipes de divers horizons viennent confronter leurs idées avec notre réalité» détaille-t-il, ajoutant que «l’énorme avantage est que nous avons besoin de couvrir des frais de fonctionnement qui n’ont rien à voir avec les investissements en hommes et en équipement normalement nécessaires si notre modèle était économique.»

«Le titre de Maître d’Art impose la transmission et c’est donc ce que j’essaie de faire désormais, non pas avec un élève, mais avec les générations qui viennent. J’ai un toit au-dessus de la tête, aucun train de vie dispendieux, j’arrive parfois à facturer mon temps, mais surtout je m’amuse au-delà de ce que je n’aurais jamais rêvé» confie-t-il.

Horloger «Maître d’Art», oui le terme existe, François Simon-Fustier est le pilier d’une œuvre humaniste et titanesque: la réalisation d’une encyclopédie qui couvre l’horlogerie, hors montre, de 1300 à 1900. Il n’est pas tout seul…

N'est-ce pas un peu ambitieux de parler d'encyclopédie en 2023?

Je ne pense pas. La définition officielle est ‘Ouvrage où l'on expose méthodiquement ou alphabétiquement l'ensemble des connaissances universelles (encyclopédie générale) ou spécifiques d'un domaine du savoir (encyclopédie spécialisée). L'encyclopédie peut être proposée en version numérique, principalement sur Internet. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire pour l’horlogerie de moyen et gros volume. Nous utilisons l’innovation pour inventorier et sauvegarder le patrimoine horloger dans un projet qui s’inspire de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à cela près qu’elle ne sera pas vendue mais en libre accès.

Quelle est la période couverte par votre projet?

Le constat de départ est simple: la formation actuelle est pratiquement exclusivement tournée vers la montre et si rien n’est fait dans 15 ans on parlera d’archéologie horlogère pour la pendulerie et l’horlogerie d’édifice. Quand la dernière génération formée «à l’ancienne» sera à la retraite, le savoir-faire sera perdu et il sera trop tard pour essayer de le formaliser et le préserver. L’objectif est de couvrir les fabrications du continent européen principalement. L’exercice est assez délimité avec tout au plus une vingtaine de type de mécanismes différents. Certains multinationaux, comme les horloges lanternes, les premières hor-

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MATIÈRE
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ETSM est une PME de plus de quarante collaborateurs spécialisée dans la sous-traitance mécanique générale

Ses ateliers composés de machines CNC usinent des pièces complexes en tournage, décolletage, fraisage et rectifiage.

Travaillant dans le secteur médical, horloger ou de l’industrie générale, ETSM maîtrise aussi bien le titane, les inox que des matériaux composites. La norme ISO13485 est appliquée dans sa production.

Avec plus de 40 ans de savoir-faire en mécanique de précision, nous sommes à l’écoute de vos spécifications techniques.

MATIÈRE

Interopérabilité des données

Force est de constater que les données sont des matériaux non-miscibles. A la cruciale question de leur stockage et de leur indexation, variant d’une zone linguistique à l’autre et en Suisse, d’un canton à l’autre, le soutien approté à Chronospedia par une équipe du CNRS fait rêver: L’INIST à Nancy est un service d’appui du CNRS qui, en collaboration avec des services des bibliothèques de l’Université Grenoble-Alpes, travaille entre autres sur l’interopérabilité des bases de données.

RECRUTEMENT

Actuellement, nous recrutons dans tous les secteurs techniques N’hésitez pas à nous transmettre vos CV : martine.meier@etsm.ch - +41 21 800 90 80

Nos certifications, le reflet de notre savoir-faire www.etsm.ch

loges d’édifice cage fer, d’autres plus locaux comme la Saint-Nicolas, la Comtoise, la Neuchâteloise, le coucou…

Comment procédez-vous?

Nous avons entrepris de prototyper la démarche en commençant par le chapitre sur la comtoise prévu pour décembre 2023, puis l’horloge d’édifice au premier semestre 2024, enfin l’horloge de table et la Neuchâteloise pour la deuxième moitié 2024. Suivront Paris, cartel, tête de poupée et sans doute un certain nombre d’éléments d’origines anglaise et allemande tant les contacts s’amplifient. Nous gagnons en efficacité grâce à l’expérience acquise et aux derniers développement techniques qui nous permettront d’aller deux à trois fois plus vite.

Concrètement, hormis la noblesse du geste, ça peut servir à quoi? Chronospedia est justifié, voire indispensable, puisque que le recueil de pannes et de leurs résolutions que nous sommes en train de tester doit permettre de déboucher sur une assistance au dépannage en réalité virtuelle pour pallier l’absence de transmission directe du savoir-faire. Il faudra toujours avoir des compétences horlogères mais l’absence des «anciens» qui partent avec leurs secrets ne sera plus aussi problématique. n

www.chronospedia.com

Le MIH en lice

Chronospedia est un projet collaboratif français, puis franco-suisse et désormais en lien avec d’autres pays où les associations d’horlogerie ancienne sont puissantes et très bien structurées. De 2020 à 2023 un gros travail de R&D nous permet de construire une méthode de travail, valider les formats de fichiers, monter des collaborations. Tous les freins ont été identifiés et les solutions validées. La phase de production des contenus et de diffusion est en route. Le premier chapitre, l’horloge comtoise est en ligne, le prochain, la Neuchâteloise, agendé pour 2024, sous le pilotage du Musée International d’Horlogerie de La Chaux-deFonds, le MIH.

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Expo unique Jurgensen, rencontre au sommet

Rencontre au sommet à la Réserve à Genève, durant les ventes aux enchères Phillips fin 2023. C'est là que le collectionneur Dr. Helmut Crott, expert mondial et auteur d’un livre référence sur le cadran de montre, avait décidé de célébrer les 250 ans de la dynastie danoise des Jurgensen, une famille de grands horlogers qui avait ses habitudes au Locle. Comment? En organisant carrément une exposition aussi unique qu'éphémère à partir de sa collection privée. Avec vitrines et catalogue, pièces rares et... quelques amis passionnés de passage: ici avec Philippe Dufour (dr) en train d'admirer la référence 3055, le remontoir tourbillon réalisée par Derek Pratt. _Albert-J. de Buttes-LaCôte n

bit.ly/Jurgensen250

LOUIS BÉLET S.A. Les Gasses 11 CH - 2943 Vendlincourt www.louisbelet.ch
MOMENT

Métiers Profession retraité?

Sven Andersen, à défaut d’occuper en 2023 le podium du GPHG, le Grand Prix d'Horlogerie de Genève avec sa pourtant sobrissime «Jumping Hours Rising Sun Edition» en platine, se voit attribuer, en partage avec Vincent Calabrese, le prix spécial du Jury: en 2025, leur plateforme internationale, l’AHCI (Académie horlogère des Créateurs Indépendants) aura 40 ans! Elle aura servi de tremplin à des marques horlogères comme Franck Muller, Urwerk et F.P.Journe. _JAG www.ahci.ch

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Sven Andersen,

La passion peut-elle prendre sa retraite? Il y a, dans tout ce que ce maître horloger réalise, la profonde jeunesse d’une créativité jamais assouvie. Une curiosité toujours en éveil, contagieuse. Transmetteur de savoirs, il est toujours entouré d’horlogers prometteurs, ces élèves de l’école d’Horlogerie qu’il cueille à la sortie de leur dernière année. Juste pour leur éviter de s’égarer dans une grande maison et de perdre en deux ans tous leurs acquis. Sont passées par ce 36 Quai du Seujet à Genève quelques pointures: Franck Muller, FrançoisPaul Journe, Félix Baumgartner, Nicolas Commergnat… De la transmission continue. Sven Andersen fut mon voisin, quelques années.

De temps à autre il débarquait dans mon capharnaüm pour me signaler une actu. Ce que j’aime en lui, c’est sa capacité à se battre pour ses pairs, pour l’indépendance, pour tout le secteur. Et je m’en voulais, à chaque fois, de ne pas encore lui avoir rendu, par écrit, l’hommage mérité. Soudain, j’ai retrouvé Timm Delf, un confrère germanophone à qui je me souviens avoir notamment confié un tout premier sujet JSH sur les cadrans solaires, une de ses grandes spécialités. Je l’ai retrouvé avec un superbe portrait de Sven Andersen, paru en allemand dans «Beyond», le magazine de la Chronométrie Beyer.

Joël A. Grandjean

Timm Delfs nait en 1963 à Bâle où il a encore son bureau. Cet ancien prof de lycée (anglais, italien), est journaliste indépendant spécialisé en horlogerie depuis 1997. Il écrit en allemand pour: la NZZ am Sonntag et la NZZ, Bilanz, Watch Around, Armbanduhren et Horological Journal. Dans le passé il a aussi publié entre autres pour la Basler Zeitung et le journal suisse d’horlogerie JSH. Il écrit encore pour des détaillants comme Beyer à Zurich et Huber à Vaduz. _JAG www.zeitzentrale.ch

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Photo Miguel Bueno

L’horloger de l’impossible…

Par Timm Delf*

On imagine mal Svend Andersen sans sa loupe d’horloger rabattable à l’œil, tant ce Danois d'origine est marié à l'horlogerie. Même en ce dernier jour de vacances, tandis qu’il nous reçoit dans sa maison de campagne de Fort l'Écluse, près de Genève, l'octogénaire pense déjà à son emploi du temps du lendemain.

Marié à l’horlogerie

«Demain, je vais certainement avoir encore beaucoup de travail à l'atelier. Mais aujourd'hui, je me réjouis de cueillir des légumes - c'est sans doute un vestige de ma jeunesse passée à la campagne.» Svend Andersen, né en 1942, grandit dans une ferme du sud du Danemark où il se découvre très tôt une passion pour la mécanique. «Au début, c'était surtout des vélos qu'il fallait sans cesse réparer», sourit-il. Après l'école, il postule pour un apprentissage dans une entreprise qui construisait des instruments de précision pour la navigation. Il est d'ailleurs sur le point d’obtenir un poste, mais la chambre de commerce le déconseille à son père: «Ils ont dit que l'entreprise pouvait faire faillite l'année prochaine.»

Il postule donc chez un horloger près de la frontière allemande, où il suit sa formation et obtient son diplôme. Et parce qu’il désire désormais savoir comment sont fabriquées les montres qu'il a si souvent démontées et réparées, il se rend en Suisse en septembre 1963.

Au milieu de ses pairs, Svend Andersen est une légende vivante. Deux de ses œuvres sont visibles à l’Uhrenmuseum à Zürich, le musée de Beyer Chro nometrie. Elles illustrent son espièglerie virtuose.

«Je n’avais jamais vu de telles montagnes de ma vie»

«Les offres d'emploi des fabriques de montres étaient deux fois moins bien payées que celles des magasins spécialisés en horlogerie, qui étaient en outre heureux d'avoir un horloger qui parlait aussi anglais. C'est pourquoi j'ai commencé par aller tra vailler pour un horloger en Valais. Je n'avais jamais vu de vraies montagnes de ma vie auparavant.»

Suivent cinq années chez Gübelin à Lucerne et à Genève, une phase au cours de laquelle Andersen commençe à travailler de plus en plus sur ses propres projets pendant son temps libre. Bientôt, il présente au public sa première création: une bouteille en verre qui, au lieu de contenir en son ventre un bateau, comme c’est la tradition dans son pays, abrite une montre. A l'aide d'outils spécialement conçus pour cette tâche, il fait passer les composants du mouvement et le cadran découpé en bandes à travers le gou lot de 18 millimètres de la bouteille, puis il les assemble depuis l’extérieur. En peu de temps, l'horloge en bouteille fait la une des journaux du monde entier. Dès lors, Sven Andersen devient pour tous «l'horloger de l'impossible.»

Neuf ans de Patek Philippe Cette notoriété lui vaut son poste suivant, le rêve de tout horloger: travailler chez Patek

Une montre dans une bouteille? Une folie et une maîtrise inouïe! L’exploit fait le tour du monde et médiatise mondialement Sven Andersen. Au Musée d’Horlogerie Beyer de Zurich.

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MÉTIER

Philippe dans l'«Atelier des grandes complications», où il exerce son esprit d'invention pendant neuf ans. En 1979, il se met à son compte et fonde son propre atelier et s’emploie à réaliser des montres de poche pour des collectionneurs et, de plus en plus, des montres-bracelets avec des complications à la demande. En 1985, il crée une association internationale d'horlogers indépendants, l'Académie Horlogère des Créateurs Indépendants, soit l’AHCI. C’est aujourd'hui encore la principale plateforme des horlogers indépendants.

Au 36 Quai du Seujet à Genève, l’Atelier Andersen Genève

«L'un de mes principaux clients depuis la création de mon propre atelier a été Theo dor Beyer. Il a vendu quatre de mes hor loges en bouteille et m'a également aidé à me faire naturaliser», se souvient Sven Andersen. Pour l'horloge en bouteille du musée Beyer, il s'agit déjà d'un développe ment en verre à double paroi. La montre est cette fois passée par une ouverture dans le fond de la bouteille: «C'est pour ainsi dire une bouteille dans la bouteille. Cela permet de remplir le récipient avec un liquide sans pour autant noyer le mécanisme. Je ne sais toutefois pas quel genre d'eau-de-vie se trouve à l'intérieur car j'ai remis la bouteille vide à Theodor Beyer et c’est lui-même qui l'a remplie.»

Dans le Guinness Book of Records Sven Andersen réfléchit un instant avant de raconter l'histoire de la plus petite montrebracelet avec calendrier qui se trouve aussi dans la collection Beyer: «Un jour, un collec tionneur français m’apprend qu'un coffrefort fermé depuis 1939 avait été ouvert à Paris et qu'il contenait, entre autres, 15 minuscules mouvements de LeCoultre. Il me demande si je suis intéressé par ces composants.» Le maître horloger accepte, bien qu'il n'ait pas encore de plans pour ce qu'il allait en faire.

«C'est en voyant dans une maison de vente aux enchères un stylo plume avec un calen drier mécanique intégré que j'ai eu l'idée de génie.» En 1989, la plus petite montre au monde avec calendrier mécanique est prête; elle réussit même à entrer dans le «Guin ness Book of Records.» Après que Beyer Chronometrie en vendit quatre, Theodor Beyer demande au génial horloger s'il lui en reste encore éventuellement un exemplaire pour le musée. «Il ne restait que le proto type, et il était démonté», raconte Sven Andersen soudain pensif: «Bien sûr, c’est

La plus petite montre-calendrier du monde est dans le «Livre Guinness des records»: le boîtier mesure 24 mm de long, 10 mm de large et 7,5 mm de haut. Le module du calendrier, qui ne mesure que 1,4 mm de haut, repose sur un calibre 101 de LeCoultre. La couronne de remontage est placée au dos. A voir à l’Uhrenmuseum Beyer

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MÉTIER

avec fierté que j’ai remonté ce prototype pour le musée horloger de la Chronométrie Beyer. Nous l'avons fait photographier, nous avons réalisé un dossier de présentation. Hélas, au moment où tout avait été rassemblé avec précision, Teddy Beyer est décédé.» C’est donc son fils, René Beyer, qui en 2013 reçoit avec reconnaissance le précieux cadeau: une trace de Svend Andersen au musée d'horlogerie Beyer. n www.andersen-geneve.ch www.beyer-ch.com/uhrenmuseum/

Genevaprod Sàrl

8 Rue de la Coulouvrenière

1204 Genève - Suisse info@genevaprod.ch www.genevaprod.ch

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Poussoir

Poussoir de forme

Correcteur

Aiguilles

Appliques Guichets

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Angélique Chappuis, fée des habillages

Les origines de son métier se fondent dans l’histoire de la fabrication des boîtes de montres et des bracelets. Qu’est-ce que l’habillage? «Les éléments qui contribuent à la lecture, la manipulation, la sécurité et l’esthétique du gardetemps», explique cette Constructrice Habillage: «Mon job consiste à permettre que la forme imaginée par le designer soit faisable en fonction du type de fabrication, de terminaison et de matière, qu’elle soit de qualité - étanche, robuste - et ergonomique tout en respectant son esthétique.»

A l’époque, avant que tout ne se complexifie et ne se spécialise, c’était au sein de ces Manufactures, les «boitiers», que s’exerçaient les arts de l’habillage au travers des propositions faites aux marques ou aux établisseurs.

Qu’apportez-vous de plus qu’un horloger doué d’esthétique fonctionnelle ou qu’un designer complet?

Il existe des règles de construction et des outils nécessaires pour obtenir un habillage comprenant toutes les caractéristiques d’un garde-temps de qualité. On ne trouve pas ces règles dans les livres, elles sont plutôt connues par les bureaux techniques habillage des marques ou des boîtiers.»

A quel moment fait-on appel à vous?

Sur quelles opérations de fabrication intervenez-vous?

Sur toutes les opérations. Évidemment, c’est le design qui commande, mais je peux guider le designer afin de simplifier la fabri-

L’horlogerie qui prône l’excellence jusque dans les moindres détails, regorge de métiers moins exposés: rencontre avec une constructrice en habillage horloger, conceptrice, consultante et enseignante à ses heures…

28 années d’expérience

Parmi les marques et modèles qui peuvent témoigner officiellement du travail d’habillage réalisé par Angélique Chappuis, il y a la «Swatch Irony Medium», la «TAG Heuer Aquagraph», «la première montre que j’ai réalisée de A à Z, boîte, bracelet, fermoir et affichage» explique la constructrice. Il y a aussi la montre concept de Cartier « ID Two», avec sa magnifique céramique transparente. Plus récemment, la «TAG Heuer Monaco Split-Seconds Chronograph», une ‘rattrapante’ réalisée pour Only Watch: «Ça a été une super rencontre avec Julien Delcambre, leur designer, qui m’a fait énormément confiance et a accepté mes propositions.»

Visuel de travail utilisant le calibre open source OM10

cation et d’obtenir un produit qui soit moins coûteux à réaliser. Selon comme je conçois une montre, elle sera ou usinée ou étampée. On utilisera tel ou tel outil ou telle ou telle machine.

«Sans l’habillage, le mouvement est juste une machine qui fonctionne régulièrement»

Vous parlez donc couramment les langues de la technique?

Exactement! Je fournis à mes interlocuteurs les éléments nécessaires à la fabrication, des fichiers 3D, des plans de détails des pièces, des plans de montage…. Et également, à partir des fichiers 3D, il m’arrive même de participer à la création des vidéos et des images publicitaires.

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«Aujourd’hui je suis dans le faire et le transmettre»

Par cette formule, l’entrepreneuse Angélique Chappuis rappelle que depuis 2018, elle est enseignante de «connaissances professionnelles» à l’EAA de La Chaux-de-Fonds, l’École d’arts appliqués. Comment a-t-elle choisi ce métier spécifique? «C’est pas très glamour, c’est un choix de raison. J’avais choisi un métier technique, alors l’horlogerie est venue tout naturellement puisqu’autour de moi, il y avait plein d’entreprises horlogères. Au fur et à mesure de mon parcours professionnel, j’ai pu acquérir des compétences dans les formes, la fabrication. Puis dans les divers types d’objets horlogers, comme les montres traditionnelles ou de haute joaillerie…»

Vous devez connaître les matériaux, alliages, traitements de surfaces… Les jeux, tolérances ou états de surface dépendent de la matière, ainsi que le type de conception. Savoir avec quelle matière le produit va être réalisé est très important. Par exemple, un produit en carbone

ne sera pas conçu comme celui en acier. On utilisera pour le premier un container étanche dans une matière métallique avec une «coiffe esthétique», ce qui aura comme conséquence d’avoir une pièce plus grande que celle réalisée en acier.

A force de parler «habillage» pourriez-vous réaliser votre propre montre un jour?

J’ai eu le privilège de travailler sur des projets de montres-concept, des garde-temps exceptionnels. J’ai pu proposer des modifications esthétiques sur les mouvements, mais je n’oublie jamais que j’aurai toujours besoin d’un constructeur mouvement pour valider mes propositions. C’est ce qui fait la beauté du monde horloger suisse: des spécialistes qui respectent les connaissances de chaque métier. n

www.angeliquehabillage.swiss

MÉTIER
Photos 01, 02, 03: Ergonomie, esthétique du calibre. Détails d’éclatés de boîtes de montre
03 02

Métier Lesd'ambiancesesquisseurs

Mission? Créer et innover continuellement en apportant une réelle touche d’originalité réaliste pour chaque concept. Un travail d’équipe et la plus grande «réserve» d’accessoires et de matériels d’exposition sur 3'000 mètres carrés. _JAG

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D'Hollywood à l'horlogerie

Rencontré au premier Festival Suisse d'Horlogerie, à Explorit sur Yverdon-les-Bains, Nicolas Imhof (grande photo) un «créateur de mondes» sorti de l'ECAL est revenu de la Mecque cinématographique des idées de dessins plein les yeux. Et un vécu passé à créer des effets spéciaux pour des blockbusters du genre Harry Potter, Batman & Robin, Cats & Dogs et tant d'autres… Il a alors croisé un binôme, l'entrepreneur de Art-Show Communication Thierry Despland. Ce-dernier, depuis son siège d'Orbe dans la canton de Vaud, résume leur collab' en une formule phare: «Embrasser l'émerveillement.» C'est leur crédo. L'un, Nicolas, armé en point de départ de ses feuilles à dessins, de ses univers enchanteurs et de son habilité à manier le crayon, la peinture, la peinture digitale ou la synthèse. L'autre, Thierry, à la tête du plus de 3'000 carrés d'un dépôt gorgé d'accessoires d'exposition et de matériels prêts à l'emploi, armé d'un carnet d'adresses horlogères qu'il n'a pas le droit d'énumérer. Armé aussi d'idées et d'expériences événementielles. Ensemble, dans ce laboratoire extrême de cogitation chronique, libres de toute pudeur face aux extravagances et aux démesures, ils conçoivent des atmosphères inédites, des failles temporelles où l'impossible imaginé marié à la concrétude du réalisable, génère des tonnes de souvenirs. Les participants s'en souviennent, les acteurs s'en réclament...

Marie Commergnat

www.nicolasimhof.com

www.art-show.ch

www.festival-suisse-horlogerie.ch

Thierry Despland, professionnel de l’événementiel et fondateur de l’agence événementielle Art-Show Communication, œuvre en binôme avec l’artiste Nicolas Imhof (à sa table à esquisses, sur la grande photo).

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Amande, jeune polymécanicienne

Propos recueillis par Joël A. Grandjean

Modèle? C’est aussi là qu’Amande vous en mettra plein la vue, côté hobby seulement, puisqu’au quotidien, c’est plutôt aux prises avec d’énormes machines que vous la verrez. Des unités de travail qu’elle maîtrise, qu’elle dompte, des matériaux en tous genres qu’elle façonne et usine.

Amande sait ce qu’elle se veut. Déjà à la naissance, ses pleurs décidés ont eu raison du prénom «Marie» que sa maman voulait lui donner. Ce n’est qu’en entendant «Amande» qu’elle s’est calmée, son père n’était même pas au courant. Son métier, elle le kiffe et s’y épanouit dans un atelier mécanique valaisan, le BEMRC.

Comment devient-on polymécanicienne?

Au début, je ne me sentais pas à l’aise de dire à mes parents que j’avais choisi d’arrêter le collège pour suivre une formation dans la mécanique. A ma grande surprise, c’est même mon papa qui m’a fait rencontrer une connaissance dans la polymécanique. Mes parents m’ont soutenue à 100%. Au niveau de mon entourage amical, cela ne choquait personne. Ni même mes profs. Par-contre certains membres de ma famille ne sont toujours pas très fiers d’avoir une ouvrière en tant que nièce ou petite-fille. Alors je me suis préparée pour l’apprentissage, notamment en faisant une troisième année de cycle.

Côté formation, par où êtes-vous passée?

J’ai fait un apprentissage de polymécanicien en 4 ans où j’ai appris tout sur l’usi-

S’offrir un avenir professionnel dans l’horlogerie, travailler avec elle ou pour elle, ce n’est pas réservé aux hommes. A l’heure où le secteur fait face à une pénurie de vocations, Amande Berclaz est un modèle à suivre…

Amande Berclaz, côté hobbies

«Je suis modèle photo à coté de mon travail et je m’intéresse aux voitures en particulier, aux propulsions. C’est d’ailleurs la raison de mon arrivée chez BEMRC pour son projet de la Porsche 356 électrique!»

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MÉTIER #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
©Photo Luis Nunez

nage conventionnel et numérique, sur ce qui relève du montage, de l’assemblage et de l’ajustage. Aussi bien sûr, le dessin technique, de la conception et de l’automation.

Est-ce nécessaire de se spécialiser ensuite?

J’ai fait mon apprentissage à Constellium pendant 4 ans. Après on peut partir à l’école d’ingénieur, ou suivre des formations internes aux entreprises. Je suis actuellement plusieurs formations où je travaille actuellement au sein de BEMRC SA. Mon boss Romuald Cappelle m’offre beaucoup d’opportunités.

AxNum propose des postes de travail clé en main pour l‘assemblage, le marquage et le vissage ainsi que des composants et modules pour fabricants de machines.

Tel +41 32 343 30 60office@axnum.ch www.axnum.ch
Presses Marquage Vissage Motion MÉTIER
«Des petites pièces telles que celles d’une montre réclament beaucoup de minutie»

Le saviez-vous?

Étiez-vous beaucoup de filles dans la formation?

Depuis que je suis dans le métier je n’ai connu que quatre filles dans ce domaine précis…

Y a-t-il des prédispositions naturelles à avoir pour être polymécanicienne?

Il faut une certaine logique qui ressort lors de l’apprentissage, être bon en maths… Et chaque entreprise vous demandera différentes capacités. Si l’on travaille avec des petites pièces telles que celles d’une montre il faut beaucoup de minutie tandis que si c’est avec des pièces d’une tonne on aura besoin d’autres qualités telles que la force ou d’être apte de s’adapter à ce qui peux arriver. Chaque poste et chaque entreprise vous demandent diverses facultés et des formations spécifiques.

En étant femme, est-il plus difficile de trouver un emploi?

Il fut un temps où c’était plus dur de trouver un emploi, car toutes les entreprises n’avaient pas mis en place des vestiairesdouches et WC pour femme. Aujourd’hui, ça devient de plus en plus facile. Je me souviens d’une entreprise qui avait voulu m’engager après mon apprentissage mais qui n’avait pas encore les conditions requises selon la loi pour m’accueillir. Ça ne m’as pris que quelques mois à trouver un emploi après l’apprentissage.

Quels conseils à donner, garçon ou fille, pour exercer ce métier?

Il y a un sacré futur dans ce métier et les formations sont super intéressantes. Ce métier c’est le top si on n’aime pas la routine, c’est très diversifié.

Quelles sont les disciplines que tu préfères dans ce métier?

Avoir en tête une idée, pourquoi pas une invention, et pouvoir la réaliser de À à Z… Je trouve ça tellement beau! n

Les femmes sont trop souvent les «petites mains» de l’horlogerie. La Fondation Prevhor dispose de formations subventionnées spécifiques pour les femmes. 43% des employés de l’horlogerie sont des femmes! La convention collective de travail (CCT) des industries horlogère et microtechnique contient des dispositions précieuses pour les droits de femmes au travail. Congé maternité, formation, retraite… Au fil du temps et des luttes, les femmes de l’horlogerie ont conquis des droits. Il n'empêche que d’autres combats sont encore à mener, notamment pour l’égalité salariale.

Emplois horlogers, en bref

La Convention patronale de l'industrie horlogère (CP) estime qu'il faudra former et recruter près de 4000 professionnels d'ici à 2026. En tête des cantons accueillant le plus de personnels issus de l’horlogerie, se trouvent Neuchâtel, Berne et Genève. Sur dix personnes employées par la branche, neuf travaillent dans l’«Arc horloger», composé de ces trois cantons ainsi que du Jura, Soleure et Vaud. Avec 3’332 employés supplémentaires en 2022, le nombre de collaborateurs actifs dans l’industrie horlogère en Suisse atteint des niveaux proches de ceux d’avant la crise du quartz entre 1970-1988, durant laquelle les effectifs avaient chuté de 90'000 à 30’000. _Source CP.

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Le livre:

«Les pionnières du temps»

Sous-titré «Vies des ouvrières de l’industrie horlogère suisse (18701970)» cet ouvrage de Dre. Lachat Stéphanie démêle un impressionnant écheveau de données éparses. Il décrit des vies qui ont souvent laissé peu de traces écrites. Non, l’idéal de la femme au foyer n’a jamais concerné toutes les épouses. Oui, le travail en fabrique a pu être vanté pour les mères. Non, le travail à domicile n’est pas la destinée des travailleuses non qualifiées. Ce livre amène à déjouer bien des idées reçues sur les rapports entre hommes et femmes, l’horlogerie et l’emploi en général. Les femmes ont largement participé au succès de l’industrie horlogère suisse, dès ses premières heures. Qui étaientelles? Que faisaient-elles de «leurs» enfants pendant les longues heures passées à l’atelier? D’ailleurs, ont-elles davantage travaillé en fabrique, ou à domicile?

www.watchprint.com

Accompagnement & Coaching Liens avec les hautes écoles Animateur de l’écosystème genevois Office de Promotion des Industries et des Technologies www.opi.ch
Au cœur du dispositif de soutien aux entreprises
©Photo Luis Nunez

Vies parallèles

Eric Zuccati, guitar hero! Les doubles-casquettes, à savoir ces talents qui habitent quelques personnages en dehors de leur activité professionnelle dans l’horlogerie, sont des incitations à rejoindre le métier.

Le journal suisse d’horlogerie JSH avait déjà dressé dans une édition précédente, quelques portraits de traverse. La rubrique avait plu, elle avait ouvert quelques perspectives durables.

Des outils et le manche

Vie parallèle? Autant que les six cordes de ces guitares qu’il balaie énergiquement, énervé, rock’n roll… Le directeur d’Horotec, figure déjà vedette dans le paysage des outils horlogers et des fournitures horlogères, a le sens du show et des lieux habités. N’at-il pas, avec l’aide de Vladimir Zennaro et Johnny Veillard, respectivement à la tête de Bergeon et de Partner IT, transformé les Anciens Abattoirs de La Chaux-de-Fonds en une scène incontournable de l’horlogerie qui s’expose? Ils y ont installé le «Technical Watchmaker Show» (TWS), lieu de regroupement d’entreprises dédiées.

Les photos datent un peu, ça ne se voit pas, on y voit que du feu. Elles remontent à ce mini-festival très «corporate» organisé à même la devanture du bâtiment Horotec: sur scène, le responsable logistique, un Julien Oberson emprunté momentanément à son groupe Punkbilly, Marc Zuccati, son frère, arraché à son usuelle formation rock sévissant sous le nom de «Snurfu.» Et lui, transfuge de «68 Ratt», son band d’alors en version rock anglais.

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MOMENTS
Joël Grammson
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Premières démangeaisons

«Mon aventure musicale commence sur les bancs de l’école par la flûte à bec puis le cornet à piston dans une fanfare locale.» Sauf que la guitare le démange vite et le détourne des kermesses dès l’âge de 14 ans. Jusqu’à 22, il y fait, dans diverses formations pop-rock locales, ses armes scéniques et… relationnelles. De belles rencontres féminines parfois! A l’aube de ses 40 ans, ses enfants presque élevés, il revient à la «miouze» via quelques cours avec des pointures de la guitare.

Prochainement, sur une scène d’ici ou d’ailleurs, dans un ou l’autre des tripots du pays, il se pourrait que vous croisiez ses riffs passionnels. Car il s’y est sérieusement remis. Tant au rock des Fifties avec un fidèle Stef à la contrebasse et au chant: «ça sonne pas toujours juste, mais ça sonne», dit-il modeste. Tant au sein d’une formation «soul» composée de trois sublimes chanteuses, trois guitaristes émérites ainsi qu’une basse et une batterie. Cette fois, côté voix, c’est le top. n

www.horotec.ch

Le SEC, plateforme des métiers de l’électronique, permet à ses membres de développer de nouvelles compétences, d’améliorer compétitivité et productivité, pour in fine maintenir et valoriser leurs personnels hautement qualifiés en Suisse :

Offres de formations de perfectionnement ou de bases

Conférences d’experts internationaux ou suisses

Et il intègre en son sein l’IPC Training Center accrédité de Suisse.

C’est aussi un réseau de professionnels à votre écoute, qui peut vous aider à intégrer de l’électronique dans vos produits.

• Vous cherchez une solution (par ex. Hardware, Design, etc.) ?

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• Ou vous souhaitez rejoindre le réseau SEC – Swiss Electronics Cluster ?

Contactez-nous

Marché Sur les toits du monde…

Il accroche une «image de marque» au panthéon des espaces les plus convoités, à même les toits qui surplombent la Rade de Genève. Directeur de l’Agence M.P. Berthoud (du nom de sa fondatrice Marie-Pierre Berthoud), Norbert Nicolau perpétue à Genève un partenariat historique de plus de 60 ans entre les marques et les propriétaires.

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Genève, ses symboles... Au nombre des incontournables, le jet d'eau, l'horloge fleurie et, omniprésente, cette peuplade d'enseignes autour de la rade. La nuit, elles s'allument et, lorsque le lac est d'huile, s'y reflètent. Indissociables de l'ADN de la Cité de Calvin, elles font partie du paysage et égayent, multicolores, la vie nocturne. Très vite, au nombre des marques à notoriété mondiale, les maisons horlogères les plus prestigieuses se les sont appropriées. Car elles arriment un nom et son aura à l'inconscient populaire, tant des Genevois que des touristes suisses et internationaux. Depuis les palaces et les trottoirs du bord du lac, elles se laissent voir, photographier et, parfois subliminalement, inviter au cœur des délé-

gations, des participants aux multiples salons et conférences. De passage, il n'est ni un puissant, monarque ou oligarque, ni un passant, lambda ou indigène, qui n'y ait été exposé. Difficile d’y échapper, elles sont visibles H24 365 jours l’an. Leurs logos épousent l'index mondial de la notoriété, offrant des assises qui flirtent avec les immuables Rolex, Patek Philippe, Vacheron Constantin, Zenith, Richard Mille, Audemars Piguet, Chopard, Jaeger-LeCoultre, Tudor, Hublot, Cartier, TAG Heuer, Tissot, Hermès, Piaget... Présences institutionnelles, soutiens aux luxes alentours de la rue du Rhône ou des Bergues, les voici qui propulsent leurs noms éclairés jusqu'aux portes des étoiles... _Lee Warrien / TàG +41h

Quai Bezanson-Hugues en 1985: photo d’archives, la «Maison Gallopin», du nom d'un célèbre joaillier genevois.

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Un marché tout en hauteur

Leur éclat historique est un défi contemporain, leur attractivité n’a rien d’obsolète. Ce média, les enseignes autour de la Rade, résiste plutôt bien face aux flux actuels d’une communication en pleine mutation qui a déplacé une partie de ses moyens vers les réseaux sociaux, mais qui s’obstine à rêver du Graal.

Un prestige sans prix

Dès les années 1930, ces fleurons communicationnels fleurissent comme des trophées sur les toits qui jouxtent l’un des plus beaux paysages de Suisse. Les places sont rares et la liste d’attente est longue.

Elles brillent et illuminent la «skyline» genevoise tous les soirs depuis bientôt 100 ans. Signatures visuelles indissociables de la Rade, les enseignes lumineuses résistent, n’en finissent pas d’aiguiser les convoitises…

En effet, une fois acquis, l’emplacement se reconduit jalousement plus qu’il ne se libère. Ne serait-ce que pour éviter qu’un indésirable ou un concurrent ne parvienne à s’y nicher.

Ainsi, majoritairement réservées sur plusieurs années par les marques de luxe, horlogerie et secteur bancaire en tête, ces enseignes lumineuses s’inscrivent dans la tradition d’une ville qui, hormis ses grandes maisons déjà propriétaires d’enseignes murales ou en toiture, jouait les premiers de classe en matière d’électrification urbaine, grâce à son réseau hydraulique et ses barrages.

Sursauts d’ego?

Qu’est-ce qui pousse les marques à investir annuellement des montants plutôt conséquents? L’ego certes, mais surtout la volonté d’ancrer un nom dans l’ADN de la Genève horlogère, terroir fondamental et capitale mondiale incontestée de l’horlogerie d’excellence. Certes, les marques ont historiquement toujours été là, mais il y a aussi aujourd’hui les retombées générées par les salons Watches & Wonders, Time to Watch, les Geneva Watch Days, l’EPHJ, les ventes aux enchères ainsi qu’un Grand Prix d’Horlogerie qui se nourrit des scintillances de tout le secteur. Autant alors, dans cet écrin propice, se profiler comme un privilégié.

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#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Vue d’en haut, grâce à un drone: l’installation de l’enseigne Kerbedanz avec la présence contemplative du chef designer Aram Petrosyan

Interview express

Fondée il y a plus de 60 ans par une figure locale de la vie économique genevoise et des milieux immobiliers, L’Agence M.P. Berthoud est aujourd'hui dirigée par Norbert Nicolau.

«Nous perpétuons la qualité des services qu'elle avait mise en place…»

Ces enseignes, ce n’est pas un peu dépassé aujourd’hui?

Cela s’inscrit plutôt dans une autre dynamique. Celle du temps long, qui imprègne l’inconscient collectif. Avec le digital et les réseaux, on est dans une consommation immédiate alors qu’avec les enseignes, les marques s’inscrivent dans l’ADN de la Genève horlogère ou de la place financière. Et puis il suf-

firait de demander aux Genevois et aux touristes ce qu’ils penseraient d’une rade sans les enseignes…

La «Rade de Genève» n’est-elle pas un peu limitée?

Il n’y a pas assez d’immeubles pour tout le monde. Mais c’est aussi cette exclusivité qui rend ce marché si intéressant: il faut se creuser la tête pour satisfaire les demandes, sortir de sa zone de confort. Nous développons d'ailleurs nos activités dans d’autres villes de Suisse… Et nous accompagnons nos prestigieux clients à l’Étranger, en Chine par exemple où l’Agence propose aujourd’hui des panneaux LCDs gigantesques au cœur des business centers de Shanghai, Beijing, Shenzhen et Guangzhou.

MOMENTS

Ancrages tangibles

En matière de performances d’impact – les pros du marketing parlent de CPM, soit de coût pour 1000 vues – le média «enseigne lumineuse» présente un meilleur retour sur investissement que bien des campagnes dites traditionnelles. Il y a surtout l’aspect émotionnel qui, générateur de sympathies généralisées de jour comme de nuit, ancre une marque dans son environnement et dans son berceau originel. Peut-on d’ailleurs mesurer le nombre de fois que ce paysage global est photographié, puis diffusé sur des réseaux et promu jusqu’au plus profond des sphères privées?

Évidemment, les inconditionnels du mécontentement, ayant peine à agiter la menace de l’intrusif tant les enseignes savent se fondre dans le panorama, brandissent le spectre de l’irresponsabilité carbone! Là encore, ils vont trop vite en besogne tant les technologies responsables, entre dernières technologies LED et nature recyclable des matériaux les ont pris de court. Sans compter que l’électricité genevoise est à 100% durable et qu’une prise de conscience se fait toujours plus marquée quant au côté particulièrement énergivore du digital… n www.agencempb.ch

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Xavier Dietlin: «La créativité ne s’arrête jamais»

Marie Commergnat

Grand observateur, il se distingue par sa philosophie de création. Son leitmotiv? Cet enfant qui dort en chaque homme! Son entreprise ne grandira pas en termes de chiffre d'affaires ou de volume. En effet, d'autres facteurs de pérennité passent avant: la capacité de toujours innover, la prise de risque, l'imprévisible et l'émotif.

Traqueur d’émotions

«Je pense que de disposer un objet sous cloche, c'est comme le figer dans le temps

Coqueluche des médias horlogers, ce charismatique atypique de la vitrine d'excellence, as des mises en valeurs innovantes, était de passage au premier Festival Suisse d'Horlogerie. Yverdon-les-Bains, rencontre.

et le priver de toute vie. Cela peut sembler pratique et facile, mais cela peut également conduire à une perte de connexion émotionnelle avec l'objet ou la situation en question.» Alors, Xavier Dietlin invente constamment, joue de sa différence et gratifie d'émotions ceux qui le suivent, à l'intérieur comme à l'extérieur de sa société.

Sa production et sa distribution demeurent limitées, ce qui permet à la demande d'être plus forte que l'offre. D'autant que

Dietlin Swiss Showcases

La «petite entreprise» de Xavier Dietlin dispose d'un sacré renom coté vitrines et présentoirs! Grâce à son directeur créatif et à une équipe de chevronnés, notamment les ingénieurs du bureau FiveCo au Mont-sur-Lausanne, elle sait se démarquer: displays originaux, de qualité supérieure, souvent audacieux, toujours générateurs d'expériences. Le spectateur vit l'objet, ressent ses vibrations. Ici, la spirale de présentation proposée à la Fondation du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG) pour présenter les montres nominées 2023.

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Louis, le roi des serrures... et des secrets

Xavier Dietlin en visite découverte du Château de Versailles, avec Pia de Chefdebien des maisons Vaudaux (haute gainerie depuis 1908) et Claude Meylan. «La première fois que j’ai visité Versailles avec ma compagne, j’ai été émerveillé par l’histoire du Roi Louis XVI qui était fasciné de serrures. C’était un homme passionné qui s'intéressait à la botanique à l'horlogerie en passant par la serrurerie. Sa passion pour cette activité témoigne de son goût pour le travail manuel et de son désir de perfectionner ses compétences dans ce domaine. Inspiré par cet illustre personnage et ce château extraordinaire renfermant tant de mystères, mes idées ont fusé. De retour, je me suis lancé le défi de créer des «meubles à secrets» et d’aller encore plus loin...»

"Passionné d'art, j'ai pu mélanger mes deux passions, l'horlogerie et l'art"

MARCHÉ

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Systèmes munis d’alarmes et de secrets

«Il existe de nombreuses façons créatives de présenter des montres sans utiliser de vitrines en verre. En intégrant la sécurité de manière proactive, nous contribuons à créer un environnement de vente au détail plus sûr et plus agréable pour tous», s’enflamme-t-il. «Le plus grand travail est de démocratiser les mentalités, pour penser et agir différemment.» Xavier Dietlin décide d'arrêter de mettre une distance entre le produit et le visiteur. Ce qui souligne une tendance qui veut que la marque horlogère prend conscience qu'elle doit être plus accessible.

En 2006, la marque horlogère Hublot fait appel à lui avec une vitrine révolutionnaire appelée «Raptor.» Le marché découvre que les garde-temps peuvent être présentés autrement que sous leur traditionnelle cloche de verre, tout en garantissant la sécurité. «Ça a suscité des émotions différentes et ainsi apporté un plus aux collections présentées.»

L’année 2024 s’annonce créative et surprenante. Parmi les nouveautés, il y a cette série «Free Access.» Elle comprend des tableaux et des totems en bois du Risoud (une forêt à la Vallée de Joux) qui, du haut de leur deux siècles d'âge, s'ouvrent soudainement. «J'ai été inspiré par les meubles à secret que j'ai vus lors de mon voyage à Versailles...» _ MC/FHS

Pulsograph: «Ma plus belle anecdote horlogère»

Xavier Dietlin: «C’était chez Breguet, où un rendez-vous avait été pris avec le grand patron, M. Nicolas Hayek senior, âgé alors d’environ 80 ans. Dans son bureau, je lui ai présenté un Pulsograph, une vitrine avec un patch qui permet de ressentir toutes les vibrations de la montre. Monsieur Hayek a demandé à son assistante de lui chercher un double tourbillon et de le disposer sur la vitrine. Soudain, il s’est mis à entendre sa montre avec ses vibrations: grâce à un système qui fonctionne par le biais de la couronne, je l’ai faite vibrer sur un bois de résonance… J'ai vu ses yeux pétiller. Il a alors demandé à ce qu’on m’amène un tourbillon, un quantième, un chronographe. En tout six garde-temps différents ont été essayés les uns après les autres. Quelques minutes de silence, plus loin, Nicolas Hayek s'est mis à genoux pour être plus près du bois de résonance et m'a regardé en disant: «C'est extraordinaire Monsieur!» Après presqu’une heure d’écoute et d’observation, il en a commandé 20 exemplaires..» _ MC/FHS

ses pièces sont sans cesse appelées à se régénérer. «Proposer une expérience sensorielle est très porteur. Cela permet aux clients de découvrir la qualité et la finesse des matériaux utilisés pour la confection des montres», glisse-t-il au sujet de son approche qui bouscule la tradition, offrant au client une autre perception de sa future acquisition. Certaines marques n'hésitent pas à s'embarquer dans des présentations audacieuses. Audemars Piguet, par exemple, qui ose aller assez loin en provocant les gens sans jamais pour autant se départir de talent.

Au final, le bon sens Seul le client final compte. «Il est essentiel de rester dans le cadre du bon sens et du pourquoi on fait les choses.» Autrement dit, dans ce marché en pleine évolution, Xavier Dietlin traque l’innovation, innove et s'adapte sans jamais perdre en pertinence. Concevoir une vitrine, la développer, fournir un service? Il n'oublie jamais que le client final est la partie prenante la plus importante de l'équation. Et de citer Jean-Claude Biver, un fidèle de la première heure: «Je n'ai jamais réalisé une vitrine pour lui faire plaisir, mais pour satisfaire ses clients.» Répondre à ses besoins, dépasser ses attentes, susciter sa satisfaction, partager son aventure.

Stimuler l'innovation, c'est aussi promouvoir le design suisse. Xavier Dietlin se rapproche alors d’institutions suisses de renom: l'École cantonale d'art de Lausanne (ECAL), la Haute école d'art et de design de Genève (HEAD) ou l'École de design de Vevey (ESVMD). Réputées pour leur haute valeur académique ajoutée, ces fleurons défendent l'innovation et la créativité. L'enrichissement est bénéfique, mutuel n www.dietlin.ch

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MARCHÉ

Pourquoi visiter la planète SIAMS au printemps 2024 ?

Moutier du 16 au 19 avril 2024 au Forum de l’Arc (parmi de nombreuses autres)

8,6 bonnes raisons

1 Rencontre en vrai, qualité de contacts maximale !

2 Salon spécialisé microtechnique (et donc aussi horlogerie) !

2,5 Toute la chaîne de production représentée !

3 Visite réalisable en 1 jour !

4 On y vient pour trouver des solutions et faire des affaires !

5 Ambiance conviviale et sympathique !

6 Un programme stimulant !

7 Le meilleur outil de veille et d’information !

8 Entrée gratuite à télécharger (dès février) !

8,5 Moutier n’a jamais été aussi près du reste de la Suisse !

8,6 L’édition de 2022 de SIAMS a été exceptionnelle !

AU CŒUR

SIAMS

Différentdepuis1989

DE L’ARC JURASSIEN DES MICROTECHNIQUES
: le salon de l’ensemble de la chaîne de production des microtechniques

Les heures en Qlock

Albert J. de Buttes-LaCôte / TàG Press +41

C'est sous la casquette de Qlock, une société anonyme fille de Qoqa, que Charles Defrance (01g) et Benjamin Ranchoup (dr) parcourent inlassablement les terroirs horlogers suisses. Connaisseurs, passionnés, ils performent surtout parce qu'ils savent se mettre au service des marques. Du coup, leur shop horlogeriebijouterie est devenu un acteur incontournable du marché, souvent complémentaire aux réseaux du détail.

Séduire les marques? Avant tout se montrer créatif! Soit en leur proposant ponctuellement des thématiques de collaboration, sur une durée d'une semaine, soit en générant communément des produits spécifiques présentés et livrés en primeur à la ‘Qommunauté’. «L'exclusivité peut être symbolisée soit par une proposition inédite de design, soit en mode ‘levé de rideau’ sur une création conjointe entre Qlock et la marque partenaire, soit sous forme de votation pour la future montre à inscrire au catalogue» expliquent en ‘Qheur’ les deux ‘Qompères’. Comprenez que les internautes s'immiscent dans les choix possibles, le cadran, le bracelet, le diamètre, le matériau de la boîte voire même l'option d'une complication.

Le site suisse de vente en ligne Qoqa, fondé par le Jurassien Pascal Meyer, s'est invité dans l'horlogerie, ajoutant au marché les centaines de milliers de consommateurs de sa communauté. Plus de 50'000 montres déjà vendues!

L'exemple type, celui fait des envieux dans le petit monde des indépendants, est celui de l'horloger Vincent Plomb, fondateur de Vicenterra, une marque d'excellence particulièrement léchée et cohérente, un Graal absolu pour collectionneurs avertis, avec ses «phases de terre» uniques. L'artisan concepteur a conjugué aux temps de Qlock une version enrichie de son désirable der-

nier modèle AstroLuna (02), véritable ovni ‘Qomplicationnel’ avec sa terre stylisant les océans et sa lune peuplée de vrais cratères: chacune tourne sur elle-même selon son rythme astral. Pour Qlock, l'horloger de Boncourt dans le Jura a inventé des lignes de guillochage spécifiques, le «Blue papillon» (03). Puis il a doté son calibre Vaucher Manufacture Fleurier, d'une masse oscillante en or jaune. Une série limitée, loin de toute espèce de discount, totalement sold out… n

www.qoqa.ch

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L’effet Wow, à fleur de parois

Albert J. de Buttes-LaCôte / TàG Press +41

Quel collectionneur, dans l’intimité de chez-lui ou dans le passage de son bureau, n’a pas rêvé de pouvoir montrer à ses visiteurs, en tout grand, sa dernière prise, ou sa favorite? C’est dès lors possible, puisque Marie-Aude Acker et Guillaume Sireyx, fondateurs de cette startup focusée sur une horlogerie mécanique XXL d’excellence, lui permettent de faire un zoom «magnifiant» sur les micro-merveilles de son cadran ou de son calibre. Il suffit d’installer la montre du jour – car on peut en changer facilement – dans l’arrière de ce cadre high-tech de 70x70 cm. Une caméra

Ces deux-là de Keris débordent d’idées et de savoir-faire. Après avoir réinventé la mythique horloge neuchâteloise, les voici à l’origine d’un brevet qui transforme la montre en œuvre d’art…

à objectif de12 Megapixels dont l’inclinaison et a été savamment étudiés, vous projette la pièce sur un écran 4K UHD avec ajustement automatique de la luminosité, comme si elle devenait un tableau. Ça s’agrippe au mur, ou sur n’importe quelle surface d’exposition. Car voilà, ce cadre «Watch On Wall», d’où Wow, séduit aussi les détaillants, les salons, les marques qui s’exposent ou qui, dans leurs salles de conférence, halls d’accueil et séances de démo, ont bien décidé de vous en mettre plein la vue… n

www.keris-time.com

BUREAUX DELÉMONT LA CHAUX-DE-FONDS WWW.INFOSUISSE.CH
ET CONSEILS
MOMENTS
PROTECTION
MARQUES DESIGNS BREVETS

Marché

Le phénomène du «no-branding»

Mauron Musy. Au départ, les industriels Christophe Musy et Éric Mauron veulent simplement faire une montre étanche, sans joint, pour offrir à la famille sous le sapin de Noël. Leur savoirfaire est dans la micromécanique (grande photo de l’atelier). Sauf que le projet monte en puissance et qu’une collection peut techniquement et financièrement voir le jour. Pourquoi ne pas se lancer? D’un projet de R&D est née la marque. _OM www.mauronmusy.com

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Des marques qui rêvent de ne pas en être?

«Cette montre, c’est juste un projet personnel!» Beaucoup se posent cette question en voyant émerger de récents modèles d’origine inconnue. Éclairage. Où est la limite entre ce qu’est une marque, et ce qui ne l’est pas? La limite s’est estompée et nos jeunes diront que cette interrogation appartient au «monde d’avant». Or le phénomène, qui existe depuis des décennies, revient de manière cyclique.

Auparavant, une marque horlogère, c’était d’abord le dépôt d’un nom, la constitution d’un capital, puis la nomination d’un board, lequel décide d’un business plan. Autant d’étapes aujourd’hui sautées par des personnes, ou des groupes d’amis, qui font une montre, puis deux, et se laissent ensuite porter par l’engouement qu’elles suscitent... ou non.

Olivier Muller / Delos Communication

Olivier Muller crée Delos Communications en 2008, agence de conseil et de création de contenus. Consultant et journaliste depuis près de 20 ans, il est également conférencier et expert horloger auprès du secteur privé (manufactures, détaillants, horlogers indépendants) comme du secteur public. Fidèle au journal suisse d'horlogerie JSH depuis sa première relance en 2009, sa plume participe aussi au «Millenium Watch Book», la vaste épopée éditoriale et littéraire lancée par GMT Publishing. www.delos-communications.com

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Le «No-Brand», tendance décryptée

Cette mouvance entrepreneuriale n’a pas vraiment de nom. Elle est le fruit de la génération Kickstarter: un projet, une idée, des fans qui en assurent le pré paiement, et le tour est joué.

Rien de bien nouveau! Breguet faisait la même chose il y a 250 ans. On appelait cela de la souscription. Sauf que le savant du Quai de l’Horloge parlait à quelques proches.

Son nom, sa marque

L’homme connecté du 21ème siècle dispose, lui, de centaines de milliers de «fans.» Une puissance qui permet d’envisager la création d’un projet sorti de nulle part et d’en faire éventuellement une marque. C’est dans cet «éventuellement» que gravitent des acteurs de plus en nombreux.

«Bien sûr, créer une marque apporte plus de valeur ajoutée, mais j’espère que «Massena» restera un hub créatif», explique William Massena (01). L’homme, pionnier des premiers forums sur le web avec Timezone a d’abord fait quelques «collab» sous son nom, avec Habring, Mathey Tissot, Louis Erard. Le succès fut massif. Depuis, l’intéressé produit des pièces sous son propre nom. «Mais je n’ai jamais voulu faire une marque, je suis un funambule, je veux continuer à naviguer facilement sans m’écraser sur les rochers de la mode. Mais oui, Massena devient une marque, et il va désormais falloir être prudent.»

Même son de cloche chez Hervé Schlüchter (02a, 02b, 02c). L’ex-éminence grise de Bovet, disciple de Philippe Dufour, hésitait. «Je ne me considère pas comme une marque, c’est pour cela que j’ai mis «Ate-

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Olivier Muller / Delos Communication
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www.mih.ch

lier» devant mon nom.» L’horloger n’est pourtant pas dupe de sa propre ruse: «Je sais bien qu’il faut raisonner en tant que marque si l’on veut durer. J’ai beaucoup de peine à écrire mon nom sur une pièce, un nom qui n’est de surcroît pas le plus simple à orthographier. Mais, oui, j’ai fini par le déposer.»

Incontournable dépôt

Le dépôt de nom reste donc le premier pas vers la constitution d’une marque. Un certain Jean-Claude Biver (03) a failli en faire les frais: lorsqu’il annonce il y a deux ans qu’il crée avec son fils Pierre (03) une marque sous son nom, il ne l’a en réalité pas encore déposée. Un plaisantin n’a pas manqué de le faire à sa place. Grâce au journaliste Joël A. Grandjean qui découvre le jour même le pot-au-rose, informe l’intéressé et le publie sur son magazine horloger en ligne, le Swiss Watch Passport, le droit lui a été restitué, d’autant que les médias nationaux s’en sont mêlés. Reste que «JC Biver» a senti le boulet passer de près.

D’autres patronymes ont eu les mêmes déboires. Hésiter entre un projet personnel, et le lancement d’une marque horlogère, c’est exposer l’un comme l’autre à un certain flou. Alain Silbertstein (04) a passé sa vie à jongler entre les deux. Il est avant tout architecte d’intérieur. À son premier Baselworld, en 1987, il se lance en horlogerie et crée la marque... qui porte son nom.

Mais celle-ci ferme en 2012. Depuis, retour à la case départ: MB&F ou Louis Erard sont revenus chercher Alain Silberstein pour l’esprit qu’il a insufflé dans sa marque... qui n’existe plus! Pourtant, remonter une enseigne titille toujours le designer de 73 ans. «Tout est prêt, je n’ai juste pas les fonds.» Avis aux amateurs.

Talents lyriques, naissance du «C2M» L’actualité récente fournit bien d’autres exemples. L’un des plus intéressants est le groupe Lyrique. Au centre: un collectif de collectionneurs qui, pour la plupart, ne se sont jamais rencontrés ailleurs que sur le web. Ils aiment les horlogers indépendants, mais aucun n’a les moyens d’y mettre un ticket d’entrée entre 40'000 et 50'000 USD. «C’est là que nous avons eu l’idée de nous rassembler pour faire faire notre propre garde-temps indépendant», explique Bill Sanders (05, avec le béret), sémillant retraité américain, bientôt 80 ans, au cœur du projet.

Le collectif se donne un objectif de 20 collectionneurs pour abonder la première mise de fond. Ils seront finalement 70. Ils se tournent vers Agenhor pour la partie mouvement, en tandem avec le designer Matthieu Allègre. Leur première création baptisée «Etude N°1» (06) sort à 8’500 USD. Une seconde suit en 2022, pour 100 collectionneurs, à 10'400 USD. La troisième (9'200 USD) est déjà en route. Elle intégrera des complications. Le groupe Lyrique va-t-il devenir, à terme, une marque «C2M», Customers To Motorists?

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Flou artistique savamment entretenu Parfois, le flou entre marque et projet ponctuel est savamment entretenu. On voit d’ailleurs fleurir des «collectifs» qui créent des «chapitres» ou ne font que des «collab.» On jure, la main sur le cœur, ne répondre qu’à la demande de collectionneurs, d’un groupe de passionnés, sans jamais viser à la création d’une marque.

L’une d’elles a poussé l’exercice à son paroxysme. Elle s’appelle «The Unnamed Society» (07) denier bébé de l’anglais Pieric De La Croix, distributeur aux Amériques, ex TAG Heuer, également fondateur de Bomberg. Il s’agit bien d’une marque, mais qui se donne pour nom de ne pas en avoir! La marque édite des pièces en continu, mais que des séries limitées. The Unnnamed Society n’a donc pas de catalogue, «mais nous fonctionnons par projet», explique-telle. Pas facile pour le collectionneur-investisseur de savoir si le porteur dudit «projet» existera encore dans 5 ou 10 ans.

Nous souhaitons tous vous remercier pour cette 4ème édition !

| 5ÈME ÉDITION | DU 10 AU 13 SEPTEMBRE 2024

Nous nous réjouissons de vous retrouver l’année prochaine !

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Du modèle à la marque

D’autres ont clairement cette volonté de durer, même s’ils ont pourtant hésité entre projet ponctuel et marque pérenne. Ba1110d, par exemple. Au départ, Thomas Baillod (08) veut d’abord promouvoir un nouveau modèle de distribution. Il le baptise «wecommerce», mais aucune maison institutionnelle ne veut l’essayer. Las, l’homme finit par créer sa propre montre pour démontrer qu’il peut la vendre en adoptant son modèle. C’est un double succès: la distribution fonctionne, et la montre est vendue en quelques semaines. Que faire? «J’ai dû créer une société à la hâte. Lorsque je suis chez le notaire et qu’il me demande comment l’enregistrer, je n’en ai aucune idée», confesse Thomas Baillod. D’un modèle de distribution est née une marque. n

Flou entre marque et chapitre savamment entretenu

94 MARCHÉ #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
08

Amr Sindi alias «The Horophile»

Sous «The Horophile» et son désormais très célèbre lapin espiègle se cache l’hybride Amr Sindi, l’un des influenceurs les plus impactant du web. On dit dans le secteur qu'il est le père des collabs et que, avec Emmanuel Emch entre autres, autre ponte de l'exercice, ils nous préparent une nouvelle aventure horlogère. Reste que «The Horophile» est devenu une «quasi-marque» synonyme de passion, d’authenticité et de sincérité. Sa particularité? Bran-

dir sans fard l’expression de ses propres sensibilités au sein d’une communauté de collectionneurs de montres (plus de 130’000 followers sur instagram). Du coup, un grand nombre d’enseignes, en raison de son large public et de ses convictions, l’ont consulté. Depuis 2013, «The Horophile» a ainsi réinterprété, par ses fins tunings, de nombreux modèles. Avec toujours, en toile de fond, l’envie de mettre en lumière les créateurs moins mainstream… _JAG

Micromécanique de grande précision à haute valeur ajoutée.

Construction mécanique

Industrie médicale

Micromécanique et horlogerie

Outilleurs et moulistes

MARCHÉ
SWISS CUSTOMIZED Recherche machines: suvema.chTOURNAGE - DÉCOLLETAGE F RAISAGE– MICROFRAISAGE
SUVEMA AG | CH-4562 Biberist | www.suvema.ch | System certification ISO 9001/ISO 14001

Christian Etienne, la griffe restauratrice

Rêvait-il d'une collection? Depuis Porrentruy, qui figure d'ailleurs sur son cadran, cet expert en restauration de montres anciennes se fait un nom en remettant en état une pléthore de montres pour des collectionneurs passionnés ou de simples amateurs d’horlogerie. Il collabore aussi, dans le cadre de collections privées d’horlogers de renom, notamment à l’assemblage du planétarium Tellurium de Richard Mille. Artisan du patrimoine horloger, Christian Etienne consacre la plupart de ses heures à la préservation de montres anciennes, précieux témoins du passé. Est-ce l'envie d'assouvir un élan éponyme qui le pousse à créer sa propre collection de montres? On parle bien de collection, pas de marque. Il

n'empêche qu'il a son nom sur le cadran et qu'il insuffle à son projet son éthique fondamentale, la pérennité et la circularité, principes essentiels en restauration visant à perpétuer les techniques anciennes et à optimiser l’utilisation de ressources existantes. Particularité. Cet admirateur du Omega 30, mécanique à remontage manuel, un mouvement qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’horlogerie, en avait quelques exemplaires en réserve. Ce sont alors ces calibres, restaurés et uniques, qui habitent ses montres inspirées des années

40-50, marquées par la simplicité et l’authenticité d'un «vrai de vrai.» _JAG

www.christian-etienne.com

«Hésiter entre un projet ponctuel et une marque pérenne»
MARCHÉ

Le mystère Nicolas Commergnat: sous la contrainte

C'est sous la pression des collectionneurs que ce «doigts d’or», celui qui manipule pour les réparer ou les réviser les trésors des ventes aux enchères Phillips, c'est à dire les montres les plus rares et exceptionnelles du monde, vient de craquer: il sort sa «Level One» dans la plus pure des discrétions. Incarnation ultime d'un «nobrand» qui, sous la contrainte, porte quand même son nom. Reste qu'il aurait déjà tout pré-vendu, tout ou presque, et qu'il y a des délais d'attente pour la livraison et les prochains projets. Cerise sur le gâteau, une indication inédite sur le cadran.... L'excellence et l'authenticité se sont un jour mariées pour enfanter un horloger génial: il y a du Journe sous ses doigts d'or, du Derek Pratt, peut-être un zeste de Dufour et de Daniels. Bref, la relève des indépendants, dans toute sa quintessence.... _JAG

www.commergnat.com

MARCHÉ

ALTAIR Consulting SA 3D SCAN –3D PRINT –3D SOFT Tel + 41 22 301 53 60 www.altair-consulting.com Distributeur d’équipements et prestataire de services depuis 25 ans • Impression3DHauteQualité • Logicieldeconceptionbijoutière • Scan3D • Métallisation • Analysedesurfacehauterésolution 109 ch. du Pont-du-Centenaire CH 1228 Plan-les-Ouates

Observatoire Nouveau musée à Singapour

Arnaud Tellier, ancien conservateur du Patek Philippe Museum, depuis Singapour: «Je ne peux que recommander à tous les collectionneurs de n’acheter que des objets en parfait état de conservation. Seule la chose unique autorise l’exception. A long terme, une collection bien construite, faite d’acquisitions «intelligentes» (rareté des modèles et état de conservation exceptionnel), ne peut pas perdre sa valeur.»

98 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Voir les collections

Inédit: de la collection au Musée

Le collectionneur Ali Nael, initiateur de Singapore Watch Fair, constitue depuis plus de dix ans une importante collection de montres. Après avoir satisfait ses appétits de pièces «mainstream», le voici embarqué dans une nouvelle dimension, la consolidation du FutureGrail, un vrai musée. «Concrètement, il existe déjà, est ouvert au public sur RV mais nous œuvrons à son amélioration, espace de conservation, sécurité, publication, etc.» précise son conseiller, l’historien Arnaud Tellier. Libanais d’origine, Ali Nael a fait fortune en Asie du Sud-Est. A propos de son espace muséal: «Le propos d’Ali est avant tout éducatif» poursuit l’ancien conservateur du Musée Patek. «Il investit beaucoup d’argent dans ce projet indépendamment des acquisitions. C’est le partage de la connaissance et l’amour de l’art qui le motive. Hormis sa remarquable collection de montres Patek Philippe, on trouve au musée, des montres décoratives londoniennes et genevoises faites pour les marchés ottomans, perses et chinois datant de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Aussi des pièces à complications horlogères et des chronomètres avec régulateur à tourbillon des années 1850 aux années 1950, réalisations d’autres grands maîtres de Genève, de la Vallée de Joux et des Montagnes neuchâteloises.» Comme ces Jules Jürgensen, Henri Grandjean, Paul Ditisheim ou Ulysse Nardin... «Son idée est au gré des achats, de constituer de petits ensembles thématiques – historiques, esthétiques ou techniques –, liés à l’histoire des horlogeries genevoise, suisses, française, voire anglaise et allemande. Son idée? Rassembler des pièces exceptionnelles.» La collection compte déjà plus de 200 montres…

_Joël A. Grandjean

Arnaud Tellier, pour Ali Nael: «Seul le temps, la persévérance et naturellement des moyens financiers permettront la constitution d’une collection digne en qualité, et pas forcément en quantité, du Patek Philippe Museum, du Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds, du Musée d’horlogerie du château des Monts au Locle ou du Topkapi Palace Museum d’Istanbul.»

99 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Fascinante Accutron

Joël A. Grandjean

Au poignet, celui qui s'est autobaptisé «Pilaleur», certainement en allusion à l'élément «pile» inhérent à la spécificité de son expertise, arbore une Omega dotée d'un calibre électrique.

Miniaturisation, la clef

On la porte à l'oreille, on est sidéré du volume sonore qui s'en échappe: un bourdonnement continu, carrément perceptible! Et on réalise à quel point l'ingéniosité d'alors, dans les années 1960 et suivantes, était parvenu à ce niveau de miniaturisation d'une micro-batterie.

«Ce fut la révolution horlogère du milieu du 20ème siècle», explique-t-il. «C’est le génial ingénieur Suisse Max Hetzel qui l’inventa. Le modèle 214 avec sa tige située au fond du boitier, inaugura la série. Puis vinrent

Elles font encore rêver, ces montres en quête de précision qui ont opté pour une motricité électrique hybride, juste avant de devenir obsolètes à cause du quartz. Jean-Pierre Renaud, le maestro ès montres à diapason.

les 218, 221 & 230. Équipée d’un circuit électronique miniaturisé, elle garantissait une précision au porter de 2 secondes/jour. Côté mécanique, la roue-cliquet mesure 2,4 mm de diamètre et 0,04 mm d’épaisseur. En dépit de cette miniaturisation poussée, 300 dents ont néanmoins pu être fraisées sur son pourtour. Le diapason équilibré vibrant 360 fois par seconde.» Voici pour la technique.

Originalité de l'Accutron

L’aiguille des secondes défile en continu, d’où le bourdonnement permanent. Son nom est la contraction d'«Accuracy» (précision) et d'«Électronique.» Jusqu'à l'arrêt de sa production en 1977, il s’en vend 5 millions depuis 1960. «Le modèle «Spaceview» était à l’origine destiné aux détaillants pour faire découvrir aux clients un système révolutionnaire. Face à l’engouement du public, Bulova décida de la commercialiser. Il y eut deux pays producteurs, la Suisse et les États Unis.» Quant au mouvement 214, il fut copié sans autorisation par Slava 2937 et Tian Jin ST4.

«la première montre munie, pour assurer sa marche, d’un diapason au lieu d’un balancier»
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MOMENT
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
HISTOIRE

Tandis que je m’évade rêveur, je retrouve un exemplaire du journal suisse d'horlogerie JSH de 1961: c’est l’année de naissance de cet atypique horloger. Toute l'histoire de ce modèle y est racontée pour la première fois, par un certain Léopold Defossez, alors pilier de la rédaction. Quelle trouvaille!

Lunaire

«Le 20 juillet 1969 un compteur électronique à diapason Bulova Accutron fut déposé sur la surface lunaire par les astronautes d’Apollo 11, premiers hommes à poser le pied sur la lune», lance un Jean-Pierre Renaud à la passion communicative. n

www.pilaleur.ch

#JournalSuisseHorlogerie JSH 2022 / #01 #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020 TheRightPlace.ch @ TRP, T extes & Relation s, P rod uctions relations publiques, be@therightplace.ch ge +41 76 328 03 79 | zh 41 44 586 79 27 | us +1 (310) 598 -7728 MOMENT
NOUVEAUTÉS 2023 watchprint.com : éditeur libraire de l’horlogerie THE DIAL THE FACE OF THE WRISTWATCH IN THE 20TH CENTURY Stern Frères Stern Créations A master dial - maker Dr. Helmut Crott LE CADRAN VISAGE DE LA MONTRE-BRACELET AU 20E SIÈCLE Stern Frères Stern Créations Un ma^tre cadranier Dr. Helmut Crott GRÉGOIRE ROSSIER – TIFFANY TO – ANTHONY MARQUIÉ ROLEX COSMOGRAPH DAYTONAMANUAL WINDING MODELS (1963-1988)

MOMENTS

Les montres les plus chères du monde

Ariel Adam, sommité de la toile horlogère avec son «aBlogtoWatch.com» remet ça. Cette version est une édition mise à jour et augmentée d’un volume précédent construit sur la même logique: l’univers exclusif des montres-bracelets de très haut de gamme, évaluées à 200 000 dollars et plus. Les premiers chapitres en expliquent la valeur, listant certaines formes d’originalité et de savoir-faire qui les rendent si inaccessibles. Y figurent 50 références supplémentaires qui n’existaient pas à l’heure de la première édition. Superbes photos couleur, informations fouillées sur leurs matériaux, leur design et la spécificité qui contribue à justifier leur prix. n

Fabrice Mugnier, éditeur libraire à la tête d'un catalogue de plus de 800 références, est en lien direct avec tout ce que la planète horlogère compte d'acheteurs de culture horlogère. Précieux conseils d'un pro du livre…

Rolex Cosmograph Daytona

Écrit par les mêmes auteurs que «Moonwatch Only», Grégoire Rossier, Tiffany To et Anthony Marquié, cet ouvrage coïncide avec les 60 ans du modèle de légende de Rolex.

A New York chez Phillips le 26 octobre 2017, les coups de marteau du commissairepriseur Aurel Bacs, star incontestée des enchères horlogères, ont adjugé une Rolex Daytona Cosmograph en acier ayant appartenu à Paul Newman: 15,5 millions de dollars US, une somme record à laquelle s’ajoutent 12.5% de commission, ce qui porte le montant déboursé à USD 17,8 millions! Penser qu’elle fut acquise dans les années 1960 par l’épouse de l’acteur à quelques USD 300 donne le vertige. Car elle a pris 59’333 fois son prix en moins de 60 ans. Ceci n’est qu’un épisode de la montre la plus célèbre du monde, qui est à l’horlogerie ce que Michael Jackson était à la musique. «En 1959, la course Daytona 500 voit le jour sur le Daytona International Speedway et trois ans plus tard, Rolex en devient le chronométreur officiel, marquant le début de l’histoire du célèbre Cosmograph Daytona», rappelle Fabrice Mugnier. C’est en 1963 que Rolex lance ce chronographe de sport qui n’a cessé d’évoluer. L’histoire et la grande diversité de ce modèle sont telles que deux volumes (indépendants) lui sont dédiés. Ce premier volume, consacré aux modèles à remontage manuel produits entre 1963 et 1988, est une célébration de son illustre histoire… n

Investir dans les montres Patek Philippe

Il s’agit certainement d’une série «Investir dans… » En effet, le premier du genre se dédiait à Rolex. Ici de nouveau, les auteurs, Osvaldo Patrizzi et Mara Cappelletti, pro posent un ouvrage de référence. Il y a les valeurs documentées de plus de 550 montres Patek Philippe, sélectionnées par les plus grands experts. Sont passés en revue leurs résultats lors de ventes aux enchères sans oublier d’évoquer leurs croustillantes anecdotes. Elles sont regroupées par numéro de référence et sélectionnés par Osvaldo Patrizzi, expert horloger émérite. Cette compilation offre une analyse comparative des résultats, montrant l’évolution des prix dans le temps, des années 1980 à aujourd’hui. Au passage, on décortique les rouages de l’authentification et des systèmes d’évaluation. Outil pré cieux pour collectionneurs avertis ou débutants. n

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CULTURE
Les trois livres du moment selon Watchprint #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #01 103

Joël A. Grandjean

L’actualité littéraire: Pierre-Yves Donzé

est toujours rempli d'humilité que je franchis l'enceinte du Club 44 à La Chaux-de-Fonds. J'ai en effet à l'esprit, l'ensemble des grands esprits de ce monde qui y tinrent conférence. Andreas Wyss, le directeur du COSC, le Contrôle Suisse des Chronométres y avait convié un parterre d'acteurs de la chronométrie actuelle. PierreYves Donzé est là, même pas «jet-lagué.»

Finalement, votre livre est une histoire de la Chronométrie sur 200 ans et non pas seulement le récit des 50 ans du COSC?

Absolument. Afin de mettre en lumière la signification de la création du COSC, en 1973, il était nécessaire de présenter le contexte historique de cette fondation car cette institution n'émerge pas de nulle part. Il fallait donc écrire une histoire sur le long terme qui mette en évidence les grandes lignes de cette évolution. Les débats qui débouchent sur le COSC remontent au moins au début du 19e siècle: qu'est-ce qu'un «chronomètre»? et comment certifier la haute précision d'une montre?

La création du COSC semble avoir résolu une grande tension de plus de 30 ans entre les différentes régions horlogères? On se «tirait donc déjà dans les pattes» à l'époque? Pensez-vous, vu les individualismes actuels entres marques et groupes, qu’une telle association serait possible aujourd'hui?

Venu spécialement du Japon où il vit et enseigne, l'historien vedette du paysage horloger suisse me dédicace cet ouvrage référence publié chez Alphil pour le 50e anniversaire du COSC.

«L'important n'est pas de découvrir toujours de nouvelles archives mais de se poser les bonnes questions»

Oui, car les individualismes ont toujours été forts dans l'industrie horlogère. Les entreprises sont en concurrence les unes contre les autres, et leur objectif est d'assurer leur croissance et leur profitabilité. Toutefois, certaines institutions bénéficiaires à tous permettent parfois des consensus. Le COSC en est une. La loi sur le Swiss made en est une autre.

Faut-il qu'il y ait crise pour que les choses avancent et que les acteurs s'entendent?

De manière générale, les crises sont des moments importants car on observe une cristallisation des diverses positions et souvent un conflit ouvert entre elles. La sortie de crise nécessite la construction d'un consensus ou la victoire de la tendance dominante: c'est l'industrialisation progressive de la fabrication des montres après la crise des années 1870, la mise sur pied du Statut horloger après celle des années 1930 ou la création de Swatch Group en 1983 après la crise des années 1970.

MOMENTS
C'
#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02
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MOMENTS

Le COSC suisse unique au monde?

La question est de savoir s’il existe dans d'autres pays de telles organisations ‘neutres, apolitiques et accréditées par l’Etat?’ Pierre-Yves Donzé: «Il y avait jusque dans les années 1970 des organisations similaires dans d'autres pays comme la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, etc. mais la plupart ont fermé car les entreprises horlogères de ces pays ont disparu. Par ailleurs, l'authentification d'un chronomètre n'est plus un acte utile en soi. Un smartphone ou une montre électronique chinoise à deux francs suffisent pour donner l'heure exacte.

Le COSC accorde aujourd'hui une légitimité à incarner l'excellence industrielle suisse dans l'horlogerie. C'est nécessaire pour des raisons marketing et pour se positionner comme une entreprise de luxe. La principale organisation étrangère neutre à proposer un service similaire est à ma connaissance l'Observatoire de Glashütte, en Allemagne, là où précisément se trouvent également des entreprises positionnées dans le luxe qui appartiennent pour l'essentiel à Swatch Group et à Richemont.

Vous qui vivez au Japon et enseignez autant à Fribourg qu'aux US, comment parvenez-vous à déterrer les trésors utiles à la rédaction de vos livres? Le web est-il votre allié?

Tout d'abord, j'aimerais bien insister sur le fait qu'il est tout à fait illusoire de faire une recherche historique sur la seule base des documents en ligne. Ce n'est pas sérieux et du pur bricolage. Ensuite, l'historien que je suis s'épanouit dans les archives. Je n'ai ni délégué, ni émissaire, même si les équipes des musées et archives sont en général extrêmement serviables et préparent mes visites. Mais j'aime me rendre moi-même sur place. L'important toutefois n'est pas de découvrir toujours de nouvelles archives mais de se poser les bonnes questions. On peut relire un même document ancien avec une nouvelle question en tête et l'on aura une nouvelle réponse. Un bon historien n'est pas celui qui découvre des documents, tel Indiana Jones, mais celui qui se pose les bonnes questions et propose des points de vue originaux. Dans cette perspective, mon parcours cosmopolite m'a certainement aidé à poser un regard particulier sur l'horlogerie.

Aujourd'hui, grâce à l'excellence industrielle, on atteint une chronométrie respectable et souvent apte à passer le COSC en se passant des régleurs... Les normes utilisées aujourd'hui par le COSC ne sont pas anciennes mais perpétuellement actualisées. Pour la question du réglage, il est vrai que la machine remplace de plus en plus la main de l'homme, mais ce sont aussi des hommes qui programment et conçoivent les machines. n

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Histoire sociale et économique de la Chronométrie

Par Pierre-Yves Donzé, historien vivant à Osaka au Japon. 224 pages: «Il a fallu concilier les idéaux des scientifiques et les besoins des entreprises horlogères, tout en mettant sur pied une coordination.»

105 #JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #02

Xavier Comtesse

CARTE BLANCHE

Tavannes Watch, l’histoire oubliée?

L’établissage était la forme d’organisation de la fabrication des montres dans le Jura au 18ème et 19ème siècle. Les choses allaient changer sous l’impulsion de quelques visionnaires suisses et de la pression concurrentielle des Américains.

Rappel historique, moment de rupture décisif pour l’avenir de l’horlogerie suisse: Henri Frédéric Sandoz, fondateur de la Tavannes Watch nait au Locle en 1851; à l’âge de 13 ans, il entre en apprentissage dans un atelier d’emboîtage et à 18 ans, s’établit comme emboîteur. A l’époque, le milieu loclois est stimulant. La ville possède une librairie digne de celles de Paris ou de Londres. La région est une pépinière à inventeurs. Profitant d’une offre exceptionnelle de la commune de Tavannes, à savoir une usine clé en main, Sandoz l’emporte. Il s’y installe avec quelques horlogers du Locle. Commence alors, en 1891, l’aventure extraordinaire qui mène Tavannes Watch au firmament de l’horlogerie suisse voire mondiale.

Xavier Comtesse

Mathématicien et docteur en informatique, il crée trois startups à Genève, dans les années 1980: une maison d'édition, une radio et une société informatique. Puis Xavier Comtesse devient en 1992 haut fonctionnaire à Berne auprès du Secrétaire d'État à la Science et rejoint comme diplomate en 1995 l'Ambassade de Suisse à Washington. En 2000, il crée la première Swissnex à Boston puis intègre le think tank «Avenir Suisse.» En 2014, avec plusieurs experts il fonde «ManufactureThinking», un nouveau hub de réflexion sur la révolution industrielle.

www.manufacturethinking.ch

Mécanisation de la fabrication, l’arme du succès

Les précurseurs sont américains: en 1878, l’exposition universelle de Philadelphie consacre une place de choix à la première machine-outil, une Waltham Watch Company, dédiée à l’industrie horlogère. Les horlogers suisses en délégation sont sidérés par cette invention. Ils produiront sous la plume du radical Jacques David un rapport à l’intention des autorités demandant un réveil urgent de la profession. La menace est sérieuse, les Américains s’apprêtent à produire plus de montres.

Longines d’abord puis plus tard «Tavannes Watch» se lancent dans l’aventure industrielle. Fini les établis ruraux, vive les usines urbaines! La machine crée la division du travail, elle rythme la production qui s’organise à la chaîne. Ce système gagne en efficacité mais génère son lot de frustrations et d’injustices sur la répartition des richesses ainsi créées. C’est le début d’une série de luttes ouvrières qui mènent la Suisse en 1937 au concept de la «paix du travail.» Une sorte de négociation permanente. Le secteur horloger s’en sort renforcé.

Gloire et misère en milieu horloger

En 1907 Tavannes Watch tourne à plein régime, 1'800 montres sortent chaque jour de ses ateliers mécanisés, plus de 800 ouvriers et ouvrières y travaillent. Son centre industriel dispose d’une renommée mondiale. Rapidement, un département de mécanique est installé dans l’enceinte de l’usine afin d’améliorer les machines achetées aux Américains mais surtout d’en développer de nouvelles liées aux besoins de l’industrialisation naissante. Dans la foulée Tavannes Watch Co voit le jour. Elle produira plus de 2'000 machines-outils jusqu’en 1930. Ainsi nait l’industrie de la machine-outil dans le Jura. Son essor actuel dépend encore de ce moment de rupture (..).

Les trois grandes transformations actuelles sont l’écologie, le digital et les relations internationales, à savoir la mofification de l’ordre mondial avec la montée en puissance de l’Asie. Prendre de la hauteur plutôt qu’être visionnaire. Voilà la leçon de l’Histoire. Bonne chance à la nouvelle équipe en charge de la destinée de Tavannes Watch. Cette marque iconique à plus d’un titre le mérite. n

www.tavannes-watch.swiss

#JournalSuisseHorlogerie JSH 2023 / #01
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