18.76 / AN
ISSN 1422-9323 ABO
14.80 | € 12,91
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L«Histoire qu’il reste encore quelque humanité ici où là, aussi dans un gardetemps mécanique issu de l’excellence industrielle»
e jour viendra où seul un CEO avisé et visionnaire pourra et devra arrêter la course à l’amélioration! Histoire qu’il reste encore, ici où là, surtout dans un garde-temps mécanique issu de l’excellence industrielle, quelque humanité. Je parle ici des plus ou moins grands volumes, pas de toutes ces niches qui célèbrent et transcendent le fait-main. Car la machine intelligente s’aide de l’IA pour se corriger, s’adapter. Elle apprend de ses erreurs et arrive au point d’être si parfaite qu’elle risque d’enfanter le froid, le «sans âme.». Elle imite si bien l’opérateur, sans ses fatigues, ses pellicules et ses coups de mou, qu’elle est même capable de simuler ses inévitables imperfections, les défauts de son humaine condition! Ce nouveau danger, bien réel, guette l’horlogerie des volumes qui, pour la première fois dans ses phases d’industrialisation, doit faire face à la machine elle-même. Cette réflexion n’est pas de moi. Je l’ai captée d’un patron horloger. Il s’exprimait presque à contre-cœur puisqu’il devait tenir tête à son propre formatage d’ingénieur, quelqu’un formé
pour justement réprimer, par la précision de ses plans et de ses programmations, la plus imperceptible des imperfections. D’après lui, il est urgent de placer le curseur là où la perception d’une «human touch» est encore possible. Car la machine 4.0 augmentée apprend vite! Elle n’a pas d’état d’âme et fascine même ceux qui l’ont conçue. Or une montre reste une magie, celle de plus d’une centaine de composants qui s’imbriquent les uns dans les autres et coexistent pour le bien de la marche la plus précise possible. Considéré comme un génie de son siècle, un vieil horloger me confiait qu’il est bien plus facile de trouver pourquoi une montre ne fonctionne pas que de comprendre pourquoi elle marche! Implicitement, cet artiste du coup de main, cet authentique «doigts d’or», avouait cette part d’humanité qui, telle une valeur sûre à retardement, sommeille dans les entrailles Swiss made de tout garde-temps mécanique. L’humilité horlogère, si humaine…
Joël A. Grandjean Rédacteur en chef jag@jsh.swiss
«EPHJ met chaque année en contact plus de 750 sociétés avec 23’000 visiteurs professionnels»
Alexandre Catton, directeur EPHJ: «À l’heure des réinscriptions pour l’édition 2025, le Salon est bien parti pour être à nouveau complet. Les entrepreneurs ont bien compris la nécessité de se montrer et de valoriser leurs compétences, même et surtout si la conjoncture est moins favorable».
EPHJ en 2025
Rendez-vous du 3 au 6 juin prochains
EPHJ, c’est bien plus qu’un événement international de quelques jours, c’est une communauté professionnelle qui interagit et vit toute l’année au gré des actualités de ses membres, des expertises partagées, des tendances fortes du secteur, des retombées médiatiques ou de l’évolution des conditions-cadres.
Au cœur des affaires, un modèle unique
Depuis plus de vingt ans, le Salon EPHJ a une place privilégiée au cœur du marché horloger.
C’est la seule plate-forme au monde capable de mettre en valeur tous les acteurs horlogers en amont et en aval du produit fini. EPHJ met ainsi chaque année en contact plus de 750 sociétés avec 23’000 visiteurs professionnels, dont l’intégralité des marques horlogères qui y consolident les liens avec leurs fournisseurs, passent commande et viennent découvrir les innovations.
C’est pour cela que ce Salon est à part. C’est un modèle unique qu’il faut préserver et chérir. Quels que soient les aléas du marché horloger, le Salon EPHJ traverse le temps avec la légitimité de ses exposants qui y font des affaires, y compris dans les périodes plus délicates.
Innovations mises en valeur, visibilité prolongée
Beaucoup d’exposants attendent EPHJ pour présenter leurs innovations. Un constat qui a incité les organisateurs à publier pour la première fois un Innovation Digest 2024 qui rassemble les 50 innovations présentées cette année. «Ce Digest exclusif en 3 langues est très largement diffusé, notamment auprès des 30’000 contacts professionnels de la communauté EPHJ, précise Alexandre Catton. Il prolonge avantageusement la visibilité des exposants bien au-delà des quatre jours du Salon, au même titre que l’App EPHJ, le Grand Prix des Exposants, le challenge Watch Medtech, nos newsletters ou notre page LinkedIn.»
www.ephj.ch
Olga Fontanellaz, co-fondatrice et CEO d’Incaptek, reçoit le Grand Prix des Exposants: «Incaptek, a mis au point une nouvelle technologie pour produire des Matériaux composites ultra-résistants et durables compatibles avec la fabrication additive et le moulage par injection, pour des implants légers et personnalisables en 3D».
JSH® Magazine
Réservé aux personnels de l’horlogerie et de la joaillerie, en amont comme en aval du produit fini, à quelques aficionados, cette publication est soutenue par JSH Archives & Patrimoine, une association à but non-lucratif créée pour perpétuer le plus ancien journal horloger helvétique, le Journal Suisse d’Horlogerie fondé en 1876, et valoriser son patrimoine d’archives (1876-2025).
Organe officiel de l’Association JSH Archives & Patrimoine
5, Etienne-Dumont, Case Postale CH-1211 Genève 3, Suisse www.journal-suisse-horlogerie.swiss
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Couverture: Au début du 19e siècle, les artisans du Locle se spécialisent dans les automates miniaturisés comme les Genevois. David-Henri Grandjean emprunte ce chemin et fabrique des montres à automates. Trois pièces en particulier reflètent son génie: un danseur de corde, resté inachevé, mais surtout deux exceptionnelles montres à magicien, qui font aujourd’hui partie des prestigieuses collections du Patek Philippe Museum de Genève. En 1842, une de ces pièces suscite l’admiration du roi de Prusse Frédéric Guillaume IV. Elle est ensuite vendue au Pérou. Après la mort de l’horloger, elle est rapportée au Locle chez son fils Henri Grandjean. Au début des années 1870, cet artefact unique est acquis par un radja indien.
03 Édito machines intelligentes, danger
04 EPHJ 2025 du 3 au 6 juin
11 Expresso avec… Sylvain Jacques
16 Ivresses temporelles
18 Tramelan futur musée?
38, 40, 52, Échos des fabriques 62, 70 parcours ‘behind-the-scene’ 90, 95 Livres prescriptions littéraires
92 Cluses musée
96 Mythes & Légendes Kenan Tegin
98 Carte blanche Vincent Perez
Chronographe intégré 5Hz
De par sa matière, le roulement Super-Myrox surpasse les qualités reconnues du X-Myrox grâce à son amagnétisme, une résistance améliorée et un bruit contenu. Ce nouveau produit breveté répond aux situations les plus exigeantes.
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Sylvain Jacques face aux marques qui le challengent: «nous savons faire le ‘mouton à cinq pattes’, des platines galbées, travailler les matériaux amagnétiques, laiton sans plomb, métaux précieux et d’autre matériaux très innovants...»
Propos recueillis par Joël A. Grandjean
Ancien régleur Valjoux, après une parenthèse genevoise, il revient dans son Val de Travers, avec une discrétion dont il conserve encore quelques travers! Il œuvre depuis au rayonnement des calibres d’excellence…
la vingtaine, comme régleur, il fait ses armes notamment sur des ébauches et des platines 7750. Puis, après Prodor à Genève, il rejoint la célèbre unité «Piaget complications» à la Côte-aux-Fées. Enfin, par suite du rachat historique par le groupe Richemont entre autres de la marque Piaget, il devient la cheville ouvrière de ce qui est aujourd’hui considéré comme l’armature Richemont en matière de calibres. Oui, et les initiés l’attestent, la Manufacture Horlogère ValFleurier (MHVF), lui doit beaucoup!
Avant de rencontrer Sylvain Jacques et de tenter, entre Fleurier et Couvet, de suivre son pas décidé dans la partie émergée des coulisses du groupe Le Temps Manufactures, incluant Centagora, Unimec, Decotech et Reldhis, j’avais tendance à minimiser cette entité: je l’avais juste qualifiée en 2022, dans un précédent numéro, de «Motoriste à part». En fait, le groupe LTM, c’est bien plus!
Rencontre et franc-parler
Parti avec CHF 50’000.-- de fonds propres, Sylvain Jacques se retrouve en 2025 à la tête d’un groupe manufacturier indépendant parmi les plus secrets de l’horlogerie d’excellence Swiss made: fabricant complet de calibres et de complications, concepteur et producteur de machines et de robots qui servent l’ensemble de la branche.
Vu votre cursus, on pourrait presque dire que vous êtes un dinosaure! Cela fait en effet 35 ans que je suis «dans le calibre.» J’étais dans les 17 personnes «Piaget» transférées de la Côte-aux-Fées à Buttes pour créer ValFleurier. J’en suis parti en 2008, il y avait 200 collaborateurs.
Pourtant, dans le secteur, hormis les initiés, qui vous connaît?
Je suis un homme de l’ombre, j’ai toujours voulu être dans l’ombre!
C’est raté, vous avez accepté cette interview! D’où vient le groupe LTM?
Notre culture, c’est la discrétion. Car au départ, nous étions des fabricants de composants, pas de mouvements.
Aujourd’hui, qu’est-ce que vous ne fabriquez pas en fait? Nous sommes une vraie manufacture, capable de faire ses propres mouvements, ses propres mobiles, des cadrans, ou même des boites de montre. Nous allons jusqu’à la tête de montre en private Label. Hormis les «assortiments», les ressorts de barillets, certains cadrans et les glaces..., tout le reste, on le fait à l’interne.
En terme de volumes, à qui vous adressez-vous, aussi aux indépendants?
Les petites séries, nous savons les faire! De 1 à 15’000 pièces, tels sont les quanti-
tés dans lesquelles nous sommes à l’aise.
C’est notre particularité, notre spécialité. C’est notre cœur de métier. Nous avons environ 25 clients historiques, quasiment toutes les grandes maisons. Et de nouveaux clients arrivent et nous font confiance...
Du coup, vous allez grandir?
Nous ne voulons pas aller trop vite, nous ne voulons pas grandir. Nous souhaitons surtout servir dans les délais ceux qui nous font confiance dès le début.
Quand on vous connaît, en pense Fleurier. Pourtant, vous êtes aussi à Couvet?
Sur le site de Fleurier, ce sont 90 personnes (Ndlr, dans l’ancienne usine Numa Jeannin, également devenue par la suite le 1 er siège de Vaucher Manufacture Fleurier). Nous y faisons du T0, du T1, des décorations, du R&D, des méthodes industrielles et notre logistique. À Couvet, ce sont 40 collaborateurs dans 3’000 mètres carrés d’ateliers, climatisés et refaits à neuf.
Nous disposons d’un parc machine pour l’usinage (Ndlr: 60 CNC en tous cas), le fraisage 3/4/5/6 axes, de l’érosion fil, et même le décolletage.
Sylvain Jacques, qu’ont de plus vos machines?
«Nous amortissons nos machines sur 7 ans mais nous voulons et pouvons les utiliser sur 15 ans minimum. Nous avons donc travaillé sur la fiabilité ainsi que sur le meilleur vieillissement de nos équipements, ce qui a un impact incontournable sur l’environnement. Nos centres d’usinage sont réalisés selon des méthodes traditionnelles de fabrication mais sont équipés des dernières technologies numériques et d’asservissement.
Nous avons créé entre autres deux machines, avec châssis en fonte, moteur linéaire, broche 60’000 tours/minute. C’est une vraie compétence machine-outil Swiss made au Val de Travers, avec de la polyvalence et une grande possibilité d’applicatifs que ce soit pour la fabrication de mouvements, de cadrans, d’habillages horlogers et ou toute autre application d’usinage microtechnique.
Avec nos MINI CUB 800 ou MINI CUB 1000, nous voulions faire des machines plus petites, 1 mètre carré au sol. Nous les proposons d’ailleurs à d’autres, nous avons une capacité de production de 20 à 30 unités par année, et depuis le dernier EPHJ, au travers des commandes, nous savons qu’elles ont un marché très prometteur».
www.centagora.com
Vous êtes réputés pour vos calibres de petite taille?
Les calibres LTM 2000, la version manuelle et la version baptisée LTM 2100 à remontage automatique, sont des cœurs qui ont été conçus sur les bases de mouvements anciens des années 1970. Ces cœurs alors considérés comme les plus petits du marché portaient les références FP 6.10 et FP 6.15. et sont complètement interchangeable en SAV. Malgré leurs similarités avec les modèles d’antan, la mise au point de ceux proposés par LTM a demandé 3 ans de développement: nous avons tout redéveloppé. Les deux font 6 3/4 lignes et ont un diamètre d’encageage de 15,3 mm. Quant à nos calibres baguettes, comme le 9x21 mm choisi par Caran d’Ache, ils sont prisés par les marques joaillières.
Des développements en cours?
Nous avons tellement de projets...! Par exemple un calibre automatique qui fonctionne déjà, mais que nous sommes en train de réduire encore en taille.
Il paraît que vous fabriquez en plus vos propres machines?
La société Centagora, dans le groupe LTM, dispose d’une avancée technologique énorme: nous avons robotisé nos propres centres d’usinage et nous pouvons offrir à d’autres fabricants ou utilisateurs de machines, nos cellules d’automation. Puis, face au renouvellement programmé de notre parc machine, à raison en tous cas de 4 unités par année, nous nous sommes dit qu’il valait la peine de nous lancer dans la conception et la fabrication de nos propres machines. n
www.letempsmanufactures.ch
Le Groupe LTM, c’est aussi:
Unimec à Chaux de Fonds: un savoir-faire d’exception avec une machine développée en partenariat avec le SSEF à Berne, l’Institut suisse de gemmologie, pour trier la naturalité des diamants de petite taille 0.5 à 4 mm et une multitude de solutions de micro-automation avec déjà plus de 1’200 bras micromanipulateurs sur le marché.
Décotech au Locle: terminaison de composants mouvement, décoration traditionnelle ou décoration laser, galvanoplastie, pose de vernis de laques.
Relhdis à Fleurier: traitements de surface ainsi que traitements bicolores.
Albert-J. de Buttes-LaCôte
époque est aux collab’s et, grâce à cette pratique généralisée, particulièrement efficace, l’horlogerie s’offre quelques vitales bouffées d’air frais: séries limités ouvertes à de nouvelles tribus, occasions multipliées de faire parler de soi. L’aguerri Hakim El Kadira, maestro du design et du bon goût, gardien d’Elka Watch Co, innove! Il lance la «collab’ parmi», à avoir une collab’ avec luimême! En partenariat avec son deuxième bébé entrepreneurial, la marque Loch Lat – de l’ancien nom du lac de Hauterive -, il lance un véritable Single Malt Swiss made qui fleure bon le bois ancestral dans lequel il s’est construit. La marque historique de 1877 n’a pas fini d’innover: 25 pièces numérotées d’une version summum d’épure et de sobriété, dotée d’un cadran assorti.
La création par l’horloger Elka Watch Co du premier vrai whisky neuchâtelois et du garde-temps limité qui va avec, m’incite à creuser un peu… Tour d’horizon des flirts entre addiction horlogère et breuvages surveillés.
Vieux Cognac Gautier de 1762 Avec embarquée à son bord, une capsule contenant un authentique antique cru, cette montre spéciale célébrait en février 2016 le partenariat d’Armin Strom avec Wealth Solutions en Pologne. Pas facile d’encapsuler, de manière étanche, un tel breuvage: un disque en saphir scellé, placé à 5 h, contient l’estimable cru. A l’arrière, une grappe de raisin gravée main orne la platine. Ces grains d’un temps qui coule le long d’un temps mécanique, durable.
Au poignet, un cru classé?
En 2021 déjà, le Journal Suisse d’Horlogerie JSH, dans son hors-série «Circuits Courts»
réalisé avec Panatere, alias la PME visionnaire qui construit entre Le Locle et La Chaux-de-fonds le premier four solaire de l’industrie horlogère capable de convertir en acier haut de gamme les copeaux issus d’une quarantaine d’entreprises régionales, évoquait l’existence de ces nouvelles avancées au monde des matériaux recyclés et donc durables. Des bracelets de montre, aptes à subir les plus cruels tests de vieillissement et de résistance, à partir de marc de raisin. Et si, en circonscrivant la récolte des résidus de la grappe, on parlait domaine, terroir? Une idée qu’ID Genève, marque indépendante pionnière de «l’environnementalement correct» avait déjà concrétisée… n www.elkawatch.ch www.arminstrom.com www.idwatch.ch
L e ade r d a n s s o n d om a i n e, D u bo i s Dé p r a z me t s o n savoir-faire au service de ses clients.
Dubois & Dépraz SA
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CH – 1345 Le Lieu
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DÉVELOPPEMENTS
SUR MESURE
• Equipes projets
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Depuis plus d’un siècle, Dubois Dépraz marque de son empreinte l’industrie horlogère tant dans la conception, la fabrication et l’assemblage de mécanismes horlogers à complications que de composants et mobiles à haute valeur ajoutée.
Dubois Dép r az e s t une e nt r epri s e indépenda nt e, qu i pla c e l’h u main et s es pa r t enai r e s au c e n t r e de s e s préoccupations Son nom est synonyme d’innovation, d’expertise et de qualité.
MANUFACTURE DE COMPOSANTS
• Découpage, laser, usinage
• Décolletage, taillage, roulage, assemblage
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MANUFACTURE DE COMPLICATIONS
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Joël A. Grandjean
l est de bon ton, par les temps qui courent, de parler «patrimoine», «transmission des savoirs» ou «archives.» Eux sont dans l’action, ont déjà squatté un lieu mythique, l’ancienne usine Auguste Reymond.
«L’impulsion démarre politiquement par une motion de Thierry Gagnebin au conseil général de Tramelan. Enfant de Tramelan, il est notre vice-président et trésorier» amorce Stefano Rastelletti, président. Née en 2022, cette association entend promouvoir, préserver, conserver la mémoire et le patrimoine micromécanique, horloger et industriel de Tramelan et ses environs. «Nos 56 membres actuels ont une profonde «fibre» villageoise, principalement enfants de Tramelan des années 60 et par défaut tous avec un lien de près ou de loin aux activités horlogères ou des multiples branches annexes. La passion de l’horlogerie est également bien présente», détaille-t-il.
Ils seront bientôt une centaine, ont tous un lien avec l’horlogerie du cru et, concrètement, contribuent à la préservation des savoirs et des objets. Leurs trouvailles et leurs actes démontrent qu’ils sont dans le concret…
Les intérêts de ces Tramelots? Rassembler des objets divers, outillages, montres, témoignages, photos, et tout autre élément évoquant le lien avec l’horlogerie et la mécanique... Et c’est dans un bâtiment de 1903, l’emblématique manufacture horlogère Auguste Reymond, que seront exposés ces trésors. Futur musée? «Le chemin est long» concède le Président. «Tramelan dans ses années prospères d’après-guerre comptait environ 47 comptoirs et une centaine de marques horlogères».
Déjà, un ancien établi (01) ayant appartenu à Gilbert Monnier, respectable figure villageoise, a été sauvé de l’oubli et restauré. Il incarne une vie simple mais riche. Quant au tour mécanique estampillé Albert Voumard Tramelan (02) datant de 1900 environ, il a été rapatrié d’Allemagne. Et, parmi tous les objets déjà dénichés, trois montres (03): une antique de poche signée Willeumier Tramelan, une savonnette estampillée «championnat suisse de ski de fond 1978» et une pièce mécanique de la marque Re-
cord, plutôt colorée et clairement seventies. Les fonds, les financements…? Les buts sont louables, les intentions justes. Ce n’est plus qu’une question de temps et…. d’adhésion.n
www.montremoitramelan.ch
Adhésion: Philippe Beguelin contact@montremoitramelan.ch
Légende de la photo panoramique: Felix Baumgartner et son père. Celui qui, depuis la création avec Martin Frei de Urwerk en 1997 est considéré comme chef de file de la «nouvelle horlogerie», a été bercé d’horloges antiques dans l’atelier paternel. Petit-fils et fils d’horlogers, il incarne pourtant en 2025 l’innovation. _JAG www.urwerk.com
Graines d’avenir nourries d’ingéniosités passées?
Pour un élève passionné qui sort d’une école d’horlogerie, l’idéal est de s’offrir une parenthèse dans le domaine de la restauration de pièces anciennes. Un industriel m’expliquait un jour qu’un horloger fraîchement diplômé peut perdre en deux ans tout ce qu’il a appris en acceptant son premier job, souvent bien payé, dans une grande manufacture. En effet, dédié à un seul type de tâche, il s’expose à perdre pied dans les autres disciplines acquises.
L’horloger Svend Andersen, conscient de cette réalité et pour aussi trouver quelque renfort dans ses travaux de réparations en provenance de tiers, des maisons de ventes aux enchères notamment, comme pour faire face aux variations de sa production de niche, a empiriquement mis au point une formule magique: encore aujourd’hui, il «offre» moyennant loyer raisonnable, un «établiplace-de-travail» à un jeune horloger.
Celui-ci dispose alors de l’espace pour ses propres projets tout en s’acquittant de son loyer via, si le carnet de commandes le permet, des heures pour le Maestro. Un système orignal qui insuffle à ces «disciples» volontaires un goût irréversible pour l’indépendance: Franck Muller, Felix Baumgartner, Nicolas Commergnat, Roland Gloor, Damien Giroud et Gaël Petermann sont passés, façon Cabinotiers, par le célèbre Quai du Seujet à Genève.
Les horlogers contemporains qui ont amené quelque chose de significatif à l’horlogerie compliquée et innovante sont-ils tous passés par la restauration de pièces anciennes?
Ont-ils tous été confrontés aux trésors d’ingéniosités de leurs pairs d’antan?
_Joël A. Grandjean
Le journaliste auteur Vincent Daveau, collectionneur, est avant tout aussi un véritable horloger, un concepteur-développeur. A cette question cruciale, il offre au Journal Suisse d’Horlogerie JSH son regard et décrypte une époque édifiante _JAG
Vincent Daveau
Toute la réflexion concernant ce sujet a débuté sur une interrogation concernant les sources des connaissances horlogères et leurs mises en applications au sein des entreprises. Au fil de l’échange s’est posé la question de l’importance de la transmission des savoir anciens dans l’approche contemporaine du métier. L’analyse synthétisée ici est le fruit d’une étude personnelle associée à une enquête menée auprès d’acteurs plus ou moins célèbres de la profession.
Au début était l’empirisme
Sans revenir sur les origines du renouveau horloger dans le courant des années 1990, toute l’histoire du savoir horloger d’aujourd’hui prend ses racines à cette époque. Il ne faut pas oublier que la rupture liée à l’émergence du quartz a fait se scinder le métier en deux branches distinctes liée à la conception même du temps. Avant le quartz, la majorité des horlogers avaient pour tâche de parvenir à produire des mouvements de montres en série les plus précis possibles. Évidemment quelques originaux avaient pour ambition de séduire une clientèle rare mais existante en leur proposant des instruments toujours plus compliqués. Seulement, l’émergence de l’automobile et de l’aviation qui fascinait les élites précédemment intéressées par l’horlogerie pour briller en société et dire leur pouvoir, a finalement entrainé la marginalisation des artisans d’art. La preuve? Entre les années 1940 et 1980, rares ont été les pièces à complications réalisées au sein des grandes maisons et seules de trop rares pièces émergent parfois.
Longtemps les horlogers ont appris de leurs pairs les arcanes du métier. Aujourd’hui, deux écoles s’affrontent: celle d’une mise en application des techniques à travers une maîtrise de la restauration et celle de l’exploitation ultime des programmes de CAO-DAO. Petit coup de projecteur sur deux approches distinctes du métier.
L’arrivée du quartz a fini de mettre à mal une industrie en quête d’un second souffle qu’elle a finalement trouvé en renaissant pour conquérir une clientèle attachée à conserver une approche artistique du temps et soucieuse de disposer d’outils à même de dire leur pouvoir une fois leurs jouets mis au parking des grandes métropoles. Après 20 ans d’arrêt et près de 50 ans d’absence de créations de montres à complications, les maîtres disposant d’un savoir hérité
Michel Parmigiani, horlogerconservateur-en-chef de la collection de la Fondation Famille Sandoz avant d’être encouragé à lancer sa marque éponyme
de leurs pairs avaient tous plus ou moins disparus. Restait alors à ceux désireux de se lancer sur la voie de la création à apprendre les arcanes du métier par tous les moyens possibles. Deux axes s’ouvraient à eux: apprendre dans les rares livres existant quelques coups de main et la façon de réaliser les complications traditionnelles ou les appréhender à force de restaurer les œuvres des maîtres du passé qu’un certain nombre de collectionneurs avaient amassé.
Parmi les initiateurs de ce renouveau dans l’art de créer des instruments de mesure du temps compliqués il faut compter George Daniels. Cet Anglais -encore et toujours eux au cœur d’un métier qui a fini par oublier à quel point leur apport a été essentiela donné par son travail remarquable tant en restauration qu’en création, une vraie impulsion aux jeunes qui, perdus dans la jungle du marché du travail, avaient pour ambition de devenir horlogers dans le courant des années 1970-80. A l’époque, le seul avenir qui s’ouvrait à eux était celui de restaurateurs puisque l’essentiel des marques classiques étaient pratiquement toutes au bord du gouffre. Certains ont renoncé et se sont tourné vers la micromécanique (aviation, automobile et spatial),
d’autres ont persévéré et ont acquis leur savoir à force de réparer, montres à coq, cartels et pendules à complications.
Dans cette nébuleuse de talents où chacun gravitait dans sa sphère spécialisée est ap paru un catalyseur sous la forme de quatre visionnaires de talent prêt à tout pour se faire une place dans un secteur qui leur semblait prometteur. On pense à Nicolas Hayek, Philippe Stern, Pascal Courteault et Günter Blümlein. Tous quand ils ne les avaient pas à disposition au sein même des entreprises qu’ils détenaient, sont allé cher cher les talents où ils se trouvaient pour relancer le métier horloger traditionnel et en particulier chez les horlogers rhabilleursrestaurateurs.
F.P.Journe Chronomètr à résonnance, platine
L’Armoriale Répétition Mystérieuse de Parmigiani Fleurier, sortie le 2 décembre 2024, date anniversaire du maître horloger: hommage à sa passion pour les répétitions minutes, introduction d’une nouvelle Édition au sein de la Collection «Objets d’Art»
Copier n’est pas jouer
Dans un premier temps, les acteurs ayant engagé ces jeunes passionnés trop contents de pouvoir mettre leur savoir, hérité de leurs apprentissages, au service de société prêtes à les payer un bon prix, ont pris le parti de reproduire ce que les anciens avaient fabriqué de meilleur en matière de complications. Certains, ont même réalisé pour le compte de commanditaires fortunés, de fidèles copies de pièces anciennes disparues ou manquantes et/ou ont extrapolé certaines œuvres des plus grands maîtres pour séduire une clientèle avide de disposer de pièces habituellement dans des musées de renom.
Cette mise en perspective des complications devait inciter les meilleurs et les plus entreprenants à se lancer dans l’aventure de la création sous leur propre nom. Au début du renouveau horloger, et il ne faut surtout pas l’oublier, il n’existait aucune machine informatique capable de générer ce que le cerveau des horlogers parvenait à faire: projeter mentalement en 3D des études faites sur papier millimétré, toutes réalisées en 2D. Le cortex humain ayant ses limites, les œuvres d’alors ne dépassaient pas celles des maîtres d’antan puisque la technologie exploitable se limitait en matière de conception aux seuls neurones disponibles (et les gens d’aujourd’hui n’en ont pas plus que ceux du Siècle des Lumières).
La copie était donc la base de l’approche et l’empirisme était souvent la règle. Comme le soulignait Claude Greisler, le co-fondateur de la maison Armin Strom, ce sont les connaissances des horlogers acquises lors de la restaura-
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tion qui ont permis à de nombreuses complications d’être ressuscitées. Seuls ceux ayant eu en main des œuvres majeures et ayant les outils à disposition pouvaient espérer briller dans un monde où plus rien n’existait en dehors des modèles anciens. Ainsi, des maîtres comme Franck Muller, François-Paul Journe, Vianney Halter - tous deux issus de chez THA à Sainte-Croix, en Suisse (Technologies horlogères avancées) et d’autres, ont finalement entamé leur carrière de créateurs indépendants dans le courant des années 1990-2000.
On aurait tendance à l’oublier, mais Maximilian Büsser, un jeune patron de marque parachuté chez Harry Winston et aujourd’hui célèbre pour sa créativité horlogère (MB&F) devait contribuer avec la société autrichienne Goldpfeil à lancer une partie de ces horlogers indépendants, tous à la recherche de contrats leur permettant de prendre leur envol. Assurément et forts de leur talent, la série des Opus a largement contribué à leur permettre de le prendre dans un marché alors en pleine croissance.
Renouer avec la créativité
Mais au tournant du millénaire précédent, cette croissance n’a pas échappé à l’analyse des grands groupes économiques ou industriels en quête de nouveaux horizons. Nicolas Hayek, visionnaire, avait saisi avant les autres l’importance de partir de bases historiques pour construire son empire et avait racheté à George Daniels son échappement Co-Axial, lui-même une itération d’un groupe de régulation mis au point au cours du XIXème siècle par un horloger devenu nord-américain. Par souci de détenir la paternité d’une partie des inventions majeures, il rachetait également en 1999 la marque Breguet, les archives ainsi que la légende associée au maître du XVIIIème siècle.
Un peu avant, la Fondation de Famille Sandoz, forte d’une formidable collection de montres, proposait à Michel Parmigiani, son horloger-conservateur-en-chef, de lancer une marque horlogère à son nom. L’idée d’avoir des maîtres d’aujourd’hui héritiers des artistes du passé comme refondateurs
Horloge de nuit à tabernacle des frères Campani, fin du 17e siècle. Une source d’inspiration, pour l’affichage notamment pour Felix Baumgartner, horloger co-fondateur d’Urwerk
d’un métier était dans l’air du temps. Toutefois, à la même époque, les tous premiers ingénieurs horlogers arrivaient également sur le marché de la création. Dominique Renaud et Julio Papi étaient assurément les premiers à montrer le bout de leur nez en installant leur entreprise à la sortie du Locle, au-dessus de la boite de nuit la Pyramide. Chez eux, la vision du monde horloger se voulait un juste équilibre entre futurisme et traditions.
En avance de 4-5 ans sur la tendance à venir du millénarisme horloger qui devait donner naissance à ce que l’on appelle depuis lors «la Nouvelle Horlogerie», leur perception du métier allait faire tache d’huile et rapidement devenir une norme. A grand renfort de machines à commandes numériques, aidés par des infographistes doués utilisant
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des programmes de nouvelle génération initialement dédiés aux ingénieurs aéronautiques puis aux horlogers (Catia, Autocad, Pro Enginer, Inventor Nastran), ceux-ci ont commencé à révolutionner le marché en proposant des conceptions qui, assistées par ordinateurs, pouvaient aller plus loin en matière de créativité et de complexité que ce qu’étaient capables de concevoir les plus doués des maîtres d’alors.
Comme le disait le co-fondateur d’Armin
Strom à ce propos: «L’histoire nous a appris que les horlogers sont toujours allé dans le sens de l’innovation et les meilleurs n’ont jamais regardé en arrière car leur but a toujours été d’aller de l’avant pour améliorer la qualité et la précision des mouvements avec tous les outils qu’ils avaient à leur disposition. Hier c’était le tour-revolver, aujourd’hui la commande numérique pilotée par des programmes d’infographie surpuis-
sants». Et l’innovation dans la conception n’interdit pas de rester classique dans l’esthétique ou la finition même si certaines machines d’aujourd’hui sont susceptibles de remplacer la main de l’artisan jusqu’à même être capables d’intégrer quelques menus défauts ou irrégularités afin de donner l’impression que l’homme est toujours aux commandes…
Écrire le futur à quatre mains
Maintenant, dans un monde horloger en pleine ébullition où l’hyperbole est un mode de communication, la part belle a été faite aux concepteurs ambitieux prêts à tout pour célébrer le temps mécanique avec emphase. La technologie assistée par ordinateur a alors permis à ces adeptes des écrans de concevoir de nouveaux organes de régulation, des tourbillons multiaxiaux, des sonneries toujours plus évoluées associées à de subtiles complications classiques ou d’autres mécaniques sophistiquées, élaborées à partir de composants réalisés à partir de matériaux issus des technologies d’avant-garde (LIGA / DRIE, silicium, carbone…).
a récemment fait la démonstration qu’il était possible d’avoir un parcours classique tout en proposant un mode d’affichage de l’heure totalement original, basé sur une transcription manuelle des chiffres inspirée de celle des indiens d’Amérique.
Photos: Ces deux versions fin 2024 de la UR-102 portent la mention «Reloaded.» Collection 102, 26 ans, lancée à Baselworld en 1997. L’affichage a quelque chose des horloges antique des frères Campani.
Cette nouvelle génération de concepteurs plus qu’horlogers, souvent peu connaisseurs des œuvres du passé parce que peu ou pas formés à l’histoire du métier, ont repensé la mécanique en vue de révolutionner la profession pour inscrire les nouvelles œuvres cinétiques dans une logique contemporaine. Sortes de concept-watch comme le sont les concept-cars pour les constructeurs automobiles, ces merveilles n’ont pas pour propos de repousser les limites de la précision même si leurs concepteurs les assurent précises, mais d’offrir une nouvelle vision de la mécanique au service de la lecture de l’heure. Plus stylistes temporels qu’horlogers purs, ces nouveaux acteurs du marché entendent laisser une trace dans l’histoire du métier en proposant, le plus souvent, une nouvelle grammaire mécanique capable de s’exprimer à plein à travers une nouvelle façon d’afficher le temps qui passe. On notera que cette façon s’applique également à quelques artisans attachés à produire des montres dans le respect de la tradition. C’est le cas de François-Paul Journe qui
Mais le progrès est un moteur de l’histoire et le métier ne peut se contenter de répéter à l’infini ce que les maîtres du passé ont produit. Durant des siècles, les montres sont restées équipées d’échappements à verges avant que la science impose presque naturellement aux plus malins de s’interroger sur l’avenir des montres et de la précision. Au tournant du XVIIIème siècle, ce bijou séquençant le temps en fractions plus ou moins égales avait un rôle à jouer dans ce besoin vital qu’ont les hommes de partir à la conquête de l’espace les environnant.
Aujourd’hui, la technologie horlogère a évolué et la montre mécanique est redevenue comme avant le XVIIIème siècle, un bien positionnel: un outil permettant de transmettre un message à sa tribu… Il est donc essentiel que cet objet soit démonstratif et à l’image de la société qui l’utilise. Autrement dit à la fois superficielle et ultra technologique. La boucle est bouclée car, en substance, la montre mécanique d’aujourd’hui s’inscrit dans la logique de son époque pour être à l’heure de son temps. n
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De l’expérience de Huygens à un organe réglant de grande précision
Tout commence avec Christian Huygens qui découvre fortuitement le phénomène de sympathie ou synchronisation entre deux horloges. C’est l’époque des grandes découvertes et l’horlogerie, à travers les enjeux de la navigation marine et de la mesure de la longitude, se retrouve alors au cœur des ambitions géostratégiques des grandes puissances de ce temps. C’est ensuite l’histoire d’une manufacture biennoise qui parvient à reproduire l’expérience de Huygens à l’échelle de la
montre bracelet. Le récit se poursuit par un partenariat entre cette même entreprise et un centre de recherche qui permettra à cette montre d’être certifié COSC. De cette histoire, on en retiendra surtout qu’une innovation technique sur la base de temps même de la montre mécanique peut mener à un véritable succès commercial.
Grégory Musy, CSEM SA, Neuchâtel
Claude Greisler, Armin Strom SA, Bienne
Via ce QR-code, visualiser les figures techniques citées dans ce dossier. Cet article paru dans les Actes de la SSC 2024 conclut: «La découverte de Huygens sur la synchronisation des pendules a jeté les bases d’un domaine de recherche qui continue de susciter l’intérêt des scientifiques du monde entier. Le ‘Mirrored Force Resonance’ d’Armin Strom n’en demeure pas moins le descendant le plus fidèle réalisé à ce jour.» _JAG www.arminstrom.com
«En 1665 Huygens tombe malade et est contraint de rester alité. Pour passer le temps, il observe les horloges à pendule qu’il avait construites et remarqua un phénomène étrange: deux pendules suspendus à une même poutre reposant sur deux chaises finissaient par osciller de manière synchronisée, mais en opposition de phase. Huygens décrivit cette observation comme une ‘sympathie étrange’, suggérant que les pendules semblaient interagir d’une manière inattendue». Voir aussi la SSC. www.ssc.ch
Grégory Musy, CSEM SA, Neuchâtel
Claude Greisler, Armin Strom SA, Bienne
Pour la SSC, Société Suisse de Chronométrie
est dans ce contexte que Christian Huygens, un mathématicien, astronome et physicien néerlandais, fit l’une des découvertes les plus intrigantes du siècle: le phénomène de synchronisation des horloges. À cette époque, Huygens était déjà bien connu pour ses travaux sur les horloges à pendule, ayant inventé le premier régulateur mécanique pour les horloges en 1657, ce qui a considérablement amélioré leur précision.
Ce qui rend cette découverte remarquable, c’est le fait que les pendules n’avaient pas de contact direct ni de mécanisme apparent qui aurait pu expliquer leur synchronisation.
Le XVIIe siècle fut une période de grandes découvertes scientifiques et d’avancées significatives dans le domaine de la physique et de l’astronomie.
A l’époque de Huygens, les outils mathématiques étaient insuffisants pour expliquer ce phénomène. Néanmoins par l’observation, il comprit que la poutre sur laquelle les pendules étaient suspendus jouait un rôle dans le transfert d’énergie entre elles. Lorsque l’un des pendules oscillait, il induisait de petites vibrations dans la poutre, qui étaient ensuite transférées à l’autre pendule. Au fil du temps, ces vibrations conduisaient à la synchronisation des oscillations des deux pendules.
L’enjeu majeur de la Longitude?
Huygens envisagea alors d’exploiter le phénomène de synchronisation afin d’améliorer la qualité des calculs de longitude. En effet, le «problème de la longitude» était un enjeu géostratégique majeur à cette époque où la
9830 - Appareil à chasser et déchasser les tubes, correcteurs et poussoirs
stables, soit en phase, soit en antiphase. Même si leurs résultats expérimentaux correspondent aux prédictions théoriques, la thèse des impulsions sonores est rapidement contredite par un autre article paru l’année suivante par J.P. Ramirez et al. Ces derniers mettent en avant la dynamique de l’élément de couplage et ses propriétés mécaniques, telles que sa flexibilité et son impact sur la fréquence des horloges. Leurs expériences sur des horloges à pendules confirme leur approche théorique. Initialement lancés en antiphase, les pendules se synchronise en phase après 30 minutes d’oscillation. Les auteurs constatent également que la marche des horloges varie durant la synchronisation pour se stabiliser à une fréquence plus faible provoquant un retard.
L’instabilité de la marche durant la synchronisation et du type de synchronisation (phase ou antiphase) observée par Huygens et bien d’autres après lui constitue l’obstacle principal pour obtenir un garde-temps précis exploitant ce principe. Le mécanisme «Mirrored Force Resonance» (MRF) de l’horloger Armin Strom, décrit dans cet article, est une nouvelle approche efficace pour résoudre cette problématique.
Le «Mirrored Force Resonance» d’Armin Strom
Le mécanisme de «Mirrored Force Resonance» (MRF) de l’horloger Armin Strom est une innovation exploitant la synchronisation entre oscillateurs pour obtenir un gardetemps de grande précision. À l’origine,
l’intention des fondateurs d’Armin Strom n’était pas de simplement recréer l’existant mais d’aller au-delà et résoudre le problème de sensibilité de la synchronisation aux perturbations extérieures dans le contexte de la montre-bracelet où bon nombre des plus grands horlogers de l’histoire avaient échoué. Pour y parvenir, il fallut regarder au tout début de l’histoire de la synchronisation; Christian Huygens et ses expériences.
Le mécanisme MFR comporte deux oscillateurs liés par un ressort de couplage. Ce ressort de couplage relie les deux oscillateurs par leur piton situé à la base de leur ressort spiral. Si les oscillateurs étaient synchronisés en phase, le ressort de couplage ne se déformerait pas et les pitons resterait
immobile alors qu’en antiphase (mode privilégier par le MFR) le ressort de couplage se déforme et les pitons se déplace légèrement autour de leur axe de balancier respectif. Phase et antiphase sont 2 modes structurels distincts aillant chacun une fréquence proche mais légèrement différentes (environ 3.5[Hz]). De plus, la fréquence des oscillateurs non-synchronisés est différente de l’état synchronisé et la marche durant la synchronisation n’est pas stable. Ainsi, il est indispensable pour la précision de la montre que le mode de synchronisation soit toujours le même, quel que soit les conditions initiales de lancer des balanciers et que la synchronisation soit la plus courte possible. En d’autres termes, l’un des modes (l’antiphase pour le MFR) doit être le plus stable possible alors que l’autre (la phase) doit être instable.
Le ressort de couplage est constitué de parties extérieures et d’une partie centrale. Les parties extérieures induisent une certaine rigidité en rotation des pitons et accompagne ses derniers en rotation autour de leur axe de balancier. La partie centrale réalise une liaison souple entre les deux pitons et leur permet de s’éloigner l’un de l’autre au cours de leur rotation. La partie centrale se déplace ainsi en translation sur l’axe x. A noter que seul le ressort de couplage lie les oscillateurs car chacun d’eux dispose de sa propre alimentation en énergie (barillet, train d’engrenage et échappement).
Le MFR est un mécanisme particulièrement proche de l’expérience de Huygens. A la manière des parties extérieures du ressort de couplage du MFR, les chaises accompagnaient et donnait une certaine souplesse à
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la structure permettant à la poutre en bois supportant les horloges des petits déplacements en translation de faible amplitude. La partie centrale du ressort de couplage du MFR liant les pitons correspondent à la poutre en bois dans l’expérience de Huygens liant les deux horloges l’une à l’autre.
Conclusion
Le mécanisme ‘Mirrored Force Resonance’ (MFR) transpose avec succès l’expérience de Huygens pour une montre-bracelet. Cet accomplissement a été validé par une première certification COSC à la suite de cette étude, démontrant que la synchronisation peut être utilisée pour créer des montres mécaniques fiables et précises.
La problématique de la sensibilité de la synchronisation aux perturbations extérieures a été surmontée grâce:
• Au réglage précis de la différence de marche entre oscillateurs avant couplage ( ∆ μ_0) permettant d’obtenir un seul mode de synchronisation stable (antiphase) et donc une seule fréquence de fonctionnement
• À l’optimisation de la raideur du ressort de couplage minimisant le temps de synchronisation et donc la durée durant laquelle la marche est instable.
Au-delà de l’horlogerie
La découverte de Huygens a ouvert de nouvelles perspectives sur la manière dont des systèmes apparemment indépendants pouvaient s’influencer mutuellement. Elle a inspiré des recherches sur le phénomène de synchronisation dans divers domaines, y compris la biologie, la physique, et même la sociologie.
En biologie, la synchronisation est essentielle pour coordonner des processus comme le rythme circadien ou les contrac-
«Le Chapitre ‘Analyses théoriques et expérimentales du MFR’, les figures et les notes sont à découvrir sur le Swiss Watch Passport (by JSH)»
tions des cellules du cœur pour pomper le sang de manière efficace. En neurosciences, les oscillations cérébrales sont des exemples de synchronisation où des groupes de neurones coordonnent leur activité électrique. Cela joue un rôle crucial pour des fonctions cognitives comme la mémoire, l’apprentissage et l’attention. Par ailleurs, les défaillances de cette synchronisation peuvent être associées à des troubles comme l’épilepsie ou la schizophrénie.
Ainsi, la découverte de Huygens sur la synchronisation des pendules a jeté les bases d’un domaine de recherche qui continue de susciter l’intérêt des scientifiques du monde entier. Le «Mirrored Force Resonance» d’Armin Strom n’en demeure pas moins le descendant le plus fidèle réalisé à ce jour. n
Par Lee Warrien / JSH 1876 News
as question de se reposer sur les lauriers d’un passé prestigieux! 2025 sera pour Badeco l’occasion de servir mieux encore la clientèle fidèle, en horlogerie et joaillerie, et de continuer pour les nouveaux, à amplifier sa dimension antonomastique.
80 ans d’innovation et d’excellence
Fondée en 1945 par Monsieur Badel, Badeco est depuis 80 ans au service des industries horlogères et joaillières. Implantée au centre de Genève, au cœur de ce quartier historique où les cabinotiers étaient autant des horlogers que des orfèvres, la manufacture a continuellement été à proximité des meilleurs professionnels et des acteurs académiques. A leur écoute aussi, pour développer les outils les plus performants répondant à des exigences en perpétuelle évolution.
C’est en 1975 que Badeco prend le virage des micromoteurs. Elle présente dès lors son M3-ASF qui est aujourd’hui légendaire. Encore en service 50 ans après, notamment dans les écoles et les manufactures. Son boîtier, d’abord rouge-orangé puis gris clair, est immédiatement reconnaissable sur
Micromoteur M3-ASF «The Legend» dans sa couleur rouge orangée originale
80 bougies en 2025 et cinquantenaire du légendaire micromoteur M3-ASF Badeco, ça se fête! D’autant que la manufacture s’apprête à lancer plusieurs nouveautés horlogères et joaillières…
Image d’archives: Usine Badeco dans les années 50
les établis des grandes maisons suisses où il est un véritable «need to have»: un appareil symbole de qualité suisse et de longévité.
Reconnaissance des ateliers: carbone, design et conforts «Badeco» la marque, est devenue avec le temps le terme générique désignant le micromoteur… Plus récemment, en parant ses outils de carbone véritable, la marque genevoise impose des modèles plus compacts, très ergonomiques et dotés d’une esthétique reconnaissable. Du beau, du bien et surtout, avec ses nanomoteurs qui épargnent les articulations des opératrices tout en améliorant la répétabilité, du confort d’utilisation et des gains de précision.
«Badeco invente dans les années 1960 le maillet de sertissage, un brevet qui lui vaut encore aujourd’hui une reconnaissance internationale»
Serial innovateur
Via son programme de lancements et de nouveautés révolutionnaires, Badeco entend créer le buzz durant son année de jubilé via sa présence aux salons internationaux: Vicenzaoro, Inhorgenta, EPHJ ou JCK.
Le temps de l’Upsilon et de la collection Omega
Après le MX-2 Revolt lancé en 2024, voici venu le temps de l’Upsilon, ce nouveau contrôleur ultra compact cylindrique qui s’intègre entre l’établi et la lampe pour libérer un maximum de place… ou encore la nouvelle collection Omega qui combinera pour la toute première fois moteurs à char-
bons et moteurs ‘brushless’. Il y aura aussi quelques autres surprises qui devraient faire de cette machine un véritable ‘game changer’… Enfin, il y aura l’Ultrasonic qui redéfinira les standards de l’industrie en combinant sur le même appareil une pièce à main ultrason et un micromoteur…
Rien ne peut remplacer, dans les secteurs dédiés, la place de choix d’outils de précision Swiss made à la pointe de l’innovation. Badeco, avec sa manufacture et son aura en lien avec l’histoire horlogère en est la preuve vivante. n
www.badeco.com
Micromoteur
MX-2 Revolt, nouveauté 2024
Si Amir Hoveyda, actuel propriétaire et directeur de Badeco est heureux de célébrer les 80 ans de son entreprise et les 50 ans du M3-ASF, il compte continuer à innover et à surprendre sa clientèle exigeante. Elle reste son moteur principal. «Je suis fier de contribuer avec toutes ces innovations au développement d’un fleuron de l’industrie de précision suisse tout en préservant une fabrication et des emplois au cœur de Genève».
Une longévité à toute épreuve puisque ce micromoteur M3-ASF «The Legend» est toujours en service sur un établi de l’École d’Horlogerie de Genève, avec sa couleur originale rouge-orangée.
ORIENTER. PARTAGER.
Accompagnement & Coaching
Liens avec les hautes écoles
Animateur de l’écosystème
Par Lorétan Khipass
JSH News 1876
Cette entreprise secrète est spécialisée, entre autres particularités, dans la réalisation d’horloges murales reconnaissables en ce sens que leurs formes et cadrans sont fidèles aux originaux, les modèles portés au poignet.
La transmission, pour agrandissement, de ces designs si familiers très souvent brevetés et ultra verrouillés, fait qu’Alatron joue d’une discrétion qui frise la parano.
L’histoire de cette société familiale se raccroche aux plus belles heures de la Foire de Bâle et se poursuit jusque sur les murs les plus actuels, les plus hypes et les mieux fréquentés. Également sur les parois des manufactures.
Pour quelles marques cette chaux-defonnière travaille-t-elle? Impossible de le savoir, même en visitant les ateliers. On y verra en revanche de l’heure monumentale, qu’il s’agisse d’une horloge de gare ou d’aéroport à réparer en SAV, c’est aussi un de leur savoir-faire, qu’il s’agisse de reproductions fonctionnelles de calibres mécaniques en état de marche, ou encore d’un banc de contrôle de fiabilisation du calibre maison.
Oups, l’info est lâchée. Oui, Alatron produit et améliore son propre calibre grand diamètre, inspiré d’une longue histoire familiale ponctuée par l’inventivité et l’ingéniosité du Dr. Paolo Spadini. Un grand Monsieur qui vient de partir mais dont la mémoire continue d’être célébrée par son fils Daniel Spadini, CEO et propriétaire d’Alatron. n
www.alatron.ch
Maitre d’œuvre du projet, Alatron participe à l’installation «Place de la Gare» de la grande horloge offerte par Tissot à la ville de La Chaux-de-Fonds. Un des savoir-faire de cette discrète société familiale, la réalisation de projets fous. Gros plan sur le calibre.
Perspective de l’horloge installée en face de la gare de la métropole horlogère. C’est le design de Loïc Chatton, alors élève en design horloger à l’école des arts appliqués de de La Chaux-de-Fonds, qui a été retenu.
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«Aujourd’hui, Idar-Oberstein est le seul endroit au monde où toutes les pierres précieuses existantes sont taillées et commercialisées» m’explique Timm Delfs chargé d’aller là-bas à la rencontre d’une entreprise familiale fidèle au Journal Suisse d’Horlogerie JSH et aux marques horlogères suisses. Ce journaliste indépendant et spécialisé, à l’aise en anglais et en allemand, est né et réside à Bâle. Il distille la bonne parole horlogère dans les institutionnels NZZ am Sonntag, NZZ, Bilanz, Armbanduhren, Horological Journal et Journal suisse d’horlogerie JSH avec lequel il collabore depuis les années 1990. Ancien prof d’anglais et d’italien, il est aussi publié dans la Basler Zeitung et dans les revues privées de Beyer à Zurich et Huber à Vaduz. _JAG www.zeitzentrale.com
L’horlogerie d’excellence éprise de Groh+Ripp
Au cours des vingt dernières années, l’industrie horlogère a investi beaucoup d’énergie dans la verticalisation. Reste qu’aujourd’hui encore, elle dépend dans de nombreux cas de spécialistes, dont certains sont extérieurs à la Suisse.
L’un d’entre eux est l’entreprise familiale Groh & Ripp à Idar-Oberstein, une ville de Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Il s’agit de l’une des sociétés de taille de pierres précieuses les plus renommées. Structure familiale, cette PME remonte à un atelier de taille d’agates fondé en 1953 par
Theo Groh à Rhaunen, environ 20 km au nord d’Idar-Oberstein. L’homme a une fille, Stefanie, qui épouse Bernd Willi Ripp. Ce-dernier rejoint l’entreprise de son beau-père en 1973.
Sous la direction de Stefanie et Bernd Willi Ripp, l’entreprise déménage en 1985, à Idar-Oberstein. Avec sa cinquantaine d’employés, y compris Sandra depuis 1996 et Nicole depuis 2003, les petites filles du fondateur, la voici déjà, avec l’arrivée récente de Richard Brunk, fils de Sandra Ripp, aux portes de la quatrième génération... _Timm Delfs
En allemand, elle s’appelle «Rivière d’Or» (Goldfluss). On la connaît en français sous le nom d’Aventurine. Il s’agit en fait d’un verre synthétique et non d’une pierre naturelle
Photo panoramique: du lapis-lazuli avec son bleu fascinant
Par Timm Delfs
En Allemagne, la commune d’IdarOberstein est née de la fusion entre autres d’Idar et d’Oberstein. Elle est réputée depuis des siècles pour être un haut-lieu d’orfèvrerie et de taille des pierres précieuses.
Berceau historique, rayonnement international En concurrence dans ce domaine avec
Dans ses savoir-faire rares de la taille des pierres, Groh+Ripp a introduit des apports technologiques de haute précision. Et à l’ancienneté de cette maison familiale s’ajoutent d’incroyables stocks...
d’autres villes allemandes comme Pforzheim, Hanau ou Schwäbisch Gmünd, même si chaque localité se distingue par ses spécialités, Idar-Oberstein se fait un nom grâce à une tradition qui remonte au 17ème siècle suite à la découverte de gisements d’agate dans la région.
Cette tradition ne se dédie pas uniquement à la transformation des pierres en bijoux,
mais aussi à des travaux finement exécutés sur des objets de plus grande taille, tels que des gobelets par exemple, ou des coupes aux parois très fines. Cet artisanat exigeait une grande habileté et une maîtrise technique spécifique. Un savoir-faire qui, lorsque l’extraction des pierres précieuses est devenue moins rentable, a perduré jusqu’à aujourd’hui grâce aux importations en provenance de divers pays.
Ces turquoises sont fraisées avec l’une des machines 5 axes pour une précision usinée maximale
Sandra Ripp, qu’est-ce qui part chez vos clients?
«Nous livrons ce que nous appelons des produits semi-finis. Il peut s’agir de supports en pierre avec ou sans trous. La finition des cadrans avec des décalques, des appliques, etc. reste le travail de nos clients, les fabricants de cadrans. Notre fabrication comprend des cadrans, mais aussi des composants en pierre précieuse comme par exemple des poussoirs, des boîtiers, etc.»
Sandra Ripp:
«Notre maison est assise sur des trésors que l’on ne peut plus acheter nulle part car les gisements sont souvent épuisés».
Contrôle optique de différents cadrans, entre autres en malachite et en onix
Cadrans ultra fins, stocks inimaginables
Profondément enracinée dans l’expertise de la taille traditionnelle des pierres précieuses, une pratique encore utilisée aujourd’hui pour chaque opération individuelle, Groh+Ripp s’est ouverte à la haute technologie. Et avec elle, son lot de machines CNC de haute précision. C’est justement le domaine de prédilection de Sandra Ripp, troisième génération: intervenir dans les applications dites techniques où la précision d’ajustage et les tolérances pointues sont essentielles. Cela pour la réalisation de cadrans de montres ultrafins à partir de toute espèce de pierres, à commencer par la nacre ou, encore plus rare, le corail.
Au-delà de la maîtrise des techniques qui fait de Groh & Ripp le fournisseur de pierres préféré de nombreuses marques horlogères, il y a ses stocks d’une valeur inestimable. Car au fil des décennies, la famille a toujours su se montrer prévoyante. Elle n’a cessé d’acquérir des pierres précieuses du monde entier. Son stock, à nul autre pareil, est d’une valeur inestimable, une sorte de «caverne d’Ali Baba»! n
www.groh-ripp.de
Une réserve d’Œil-de-tigre
en microscopes de mesure d’atelier et en solutions de mesure optiques
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Agrandie, repensée, dotée d’un nouvel étage, la Manufacture «composants d’habillage» de Bvlgari à Saignelégier, 130 collaborateurs dans le Jura, passe de 3400 à 4400 mètres carrés. S’y exercent moult talents dont les métiers du cadran et des boitiers. Un site qui complète, en matière d’horlogerie, ceux de Neuchâtel et de la Vallée de Joux. _JAG
Dans l’univers du «tout beau tout bien léché», le communiqué de presse relatif à la Manufacture Bulgari à Saignelégier est sublimé par de somptueuses photos: oui, tout ce qui se rapporte aux métiers d’art génère, lorsqu’un objectif photographique pro s’en mêle, des visuels délicieux.
Il fallait oser. Au milieu de cette apogée colorée, la photo sur laquelle votre Journal suisse d’horlogerie JSH entend focaliser (l’image panoramique de ces deux pages) présente des «mains maculées» tenant une pièce merveilleusement polie. Ça tombe bien puisque notre rédaction se bat pour élargir, dans la perception du public, le cercle des mots horlogers devenus nobles. Tandis que les «petites mains» sont devenues «doigts d’or», les usines «Manufactures» et les artisanats «Métiers d’Art», il y a toujours des laissés-pourcompte. Parmi eux, le savoir-faire du polissage semble avoir jusqu’ici échappé à ce phénomène d’anoblissement vocabulaire. Est-ce parce que le polisseur, à l’origine de l’une des plus belles phases d’embellissement des pièces horlogères, s’en sort toujours avec des doigts sales, quand ce n’est pas la blouse maculée de tâches?
Grâce à cette image, cet exercice manuel rare aidé par une meule tournante, instrument plus que machine, s’offre enfin une reconnaissance au monde des arts horlogers. C’est mérité, car rarement expertise n’aura contribué à ce point aux éclats les plus subtils d’une horlogerie d’excellence encore habitée d’humain. Le polisseur offre aux structures qu’il caresse avec minutie et patience, un «coup de main» chargé d’âme, un supplément d’émotion. _Joël A. Grandjean
www.bulgari.com
Au nombre de la centaine de métiers liés à la fabrication des cadrans de montre, quelques-uns appartiennent au registre des techniques artisanales fondamentales. A Saignelégier, désormais, ils jouissent d’un atelier dédié: sertissage et micropeinture, marqueterie de pierres dures ou marqueterie... de plumes de paon!
Par Olivier Muller
Delos Communications
I accompagne discrètement de nombreuses industries dans leurs choix chromatiques, dont l’horlogerie.
La couleur au fil du temps
Que ressort-il des exportations horlogères, des sites marchands, et du retour des détaillants? Que ce qui se vend le plus à travers le monde possède un cadran noir, blanc, ou gris. Pour le designer Jean–Gabriel Causse, qui vit dans un univers en couleurs, le constat est dur, mais il n’est pas nouveau. «Au XVIIIe siècle, sous Louis XIV, la couleur était partout. Il fallait certains moyens pour avoir des habits teints. La noblesse était en couleur, c’était un signe extérieur de richesse. En Europe, ce
Il intervient durant la soirée des 20 ans de Positive Coating au MIH. Sa lumineuse présentation parle d’essentiel. Jean-Gabriel Causse, un homme de l’ombre très... haut en couleur! Paradoxe? Pas vraiment, Interview!
n’est plus le cas depuis le tournant du XXe siècle. La mode du smoking londonien, mais aussi de la «petite robe noire» de Chanel, a changé la donne. Aujourd’hui, pour être statutaire, il faut porter du noir».
Pourtant, la couleur revient sporadiquement. Dans les années 60 et 70, elle est partout. Depuis la fin des années 80, la Swatch ne jure que par ses vives couleurs.
Et régulièrement, les horlogers offrent de nouvelles gammes chromatiques. «Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg» précise Jean-Gabriel Causse. «La couleur, dans l’horlogerie comme ailleurs, sert à indiquer la nouveauté. Quand Apple dévoile une véritable rupture technologique, elle est grise ou noire. Quand il s’agit d’une déclinaison d’un modèle existant, une large palette de couleurs est proposée. C’est la
même chose pour les montres: un nouveau modèle est presque toujours noir, blanc, ou gris. Les animations arrivent ensuite avec de la couleur».
Les lignes bougent
Selon Jean–Gabriel Causse, dans le secteur du luxe, la couleur est souvent associée à l’entrée de gamme, alors que le noir et le blanc, avec leur caractère statutaire, sont davantage reliés au haut de gamme. Le designer explique un autre facteur intéressant: la nature permanente de ces trois tons noir, blanc, ou gris. «Si vous achetez une montre pour tous les jours dont vous ne voulez pas vous lasser, vous aurez naturellement tendance à la choisir avec un cadran achromatique, intemporel.
Souriante et solaire, la talentueuse gouacheuse
Estelle Lagarde, fondatrice de sa marque éponyme, dévoile une toile spécifiquement dédiée aux 20 ans de la maison Positive Coating. Une soirée toute en couleurs, baignée de ce bleu corporate profond synonyme d’identité.
Certaines lignes commencent à bouger. Jean-Gabriel Causse note que le bleu et le vert sont d’ailleurs les deux couleurs qui progressent le plus en horlogerie. «Plutôt dans des variations sombres, comme le bleu marine ou le vert sapin, car ce sont finalement celles qui se rapprochent le plus du noir!», souligne Jean–Gabriel Causse.
Par ailleurs, le designer retient que les tonalités sont de moins en moins genrées. «À terme, les choses devraient bouger, mais pas à l’échelle d’une seule génération. Il faut apprendre à se réapproprier les couleurs. n
www.positivecoating.ch
Par
Timm Delfs*
Le laboratoire indépendant Dubois à La Chaux-de-Fonds est le crash test de l’industrie horlogère. C’est ici que les nouveaux modèles sont examinés sous toutes leurs coutures avant d’être mis en production!
ans la présentation du Laboratoire
Dubois apparaît un dessin animé à faire frémir les amateurs d’horlogerie: une montre est posée sur une enclume, à côté d’un personnage qui fait tomber une masse dessus. «C’est vrai que ça fait mal quand, à la fin du test, il ne reste que de la ferraille d’une montre qui vaut des milliers de francs», reconnaît Mirko Kipfer, directeur depuis 2020 de l’institut de contrôle indépendant de La Chaux-de-Fonds. «Évidemment, ce n’est pas comme si nous envoyions gratuitement les montres de nos clients dans l’au-delà», sourit-il.
Le Laboratoire Dubois a été fondé en 1977 par Henri Dubois. Il avait travaillé dans une entreprise de revêtements de surface pour bijoux et boîtes de montres. La présence de nickel dans les bijoux plaqués or, cause d’irritations cutanées et d’allergies, était déjà un problème à l’époque. Comme il n’existait pas de méthodes d’essai permettant d’analyser les bijoux avant leur mise en vente, Henri Dubois décide de se mettre à son compte et de créer un tel laboratoire. Au début, l’analyse des matériaux est l’activité principale de son entreprise, raison pour laquelle son logo représente une éprouvette.
C’est en 1985 que le Laboratoire devient ce qu’il est aujourd’hui: la Fédération Horlogère se sépare de son laboratoire d’essai de
«Nous pouvons étudier en 21 jours comment une montre se comporte sur une période de six mois d’utilisation intensive»
fiabilité des montres, créé quelques années auparavant. Henri Dubois intègre le département dans son laboratoire et peut dès lors offrir un service complet qui n’existe nulle part ailleurs. Comme il est totalement indépendant, toutes les marques horlogères lui confient leurs produits. En 1992, un autre département vient s’ajouter puisque l’institut public «Contrôle Technique des Montres» (CTM) ferme ses portes. L’entrepreneur reprend dès lors également ses installations. A partir de 1993, ce département devient «Chronofiable.» Il est chargé du contrôle du fonctionnement des montres terminées.
En bref. Fondé en 1977 par Henri Dubois, le Laboratoire Dubois, certifié ISO17025, à La Chaux-de-Fonds analyse, à la demande des fabricants, les montres, les bijoux, les articles en cuir, les métaux et les matières plastiques quant à leur composition, leur qualité, leur durabilité et leur tolérance cutanée. Il emploie une quarantaine de personnes (31 postes à temps plein) et reste une entreprise familiale. Patrick Dubois, le fils du fondateur, est président du conseil d’administration tandis que Mirko Kipfer dirige l’entreprise. Henri Dubois reçoit en 2014 le Prix Gaïa dans la catégorie «esprit d’entreprise.»
Bien entendu, la discrétion est de rigueur. Personne ne sait ici quelles montres sont testées et encore moins quel est le résultat des tests. Lors de la visite du bâtiment 1, des montres bon marché sans nom sont montées sur tous les appareils pour illustrer les tests. «Je ne peux malheureusement pas vous montrer l’intérieur du bâtiment 2», déclare Mirko Kipfer pendant la visite. Reste ce que nous y voyons est impressionnant et parfois difficile à comprendre, en particulier les tests chimiques.
*Article paru en allemand dans le magazine «Beyond» de Beyer Chronometrie à Zurich depuis1760 © Photo Schreyer
La qualité des métaux, des verres, des revêtements, des plastiques, des caoutchoucs et des cuirs y est examinée. Souvent, les échantillons de métal proviennent de marques qui veulent vérifier si leurs fournisseurs ont vraiment livré ce qu’ils avaient promis. «Pour l’examen des surfaces, nous avons non seulement des microscopes électroniques, mais aussi un microscope à force
atomique qui nous permet d’examiner les structures atomiques», explique le directeur. Ici, des sacs remplis d’un sel spécial sont posés sur une table: «Le sel corrode les métaux de manière particulièrement agressive. Nous l’utilisons pour générer des vapeurs salines auxquelles nous exposons les échantillons», explique-t-il.
Et puis il y a bien sûr la chambre de torture pour les montres finies. Ici, les garde-temps sont secoués selon des paramètres précis,
noir: Henri
Le Journal Suisse d’Horlogerie JSH, en soutien à sa famille et ses proches, tient à perpétuer la mémoire de Henri Dubois qui nous a quitté la veille de la cérémonie 2024 du Prix Gaïa. Une distinction qu’il avait reçue en 2014. Au cours de sa car-
lâchés, catapultés dans un tissu à l’aide d’un marteau oscillant, cuits à l’étouffée et finalement brisés par la chute d’une bille d’acier. «Avec les méthodes non destructives, nous pouvons étudier en 21 jours comment une montre se comporte sur une période de six mois d’utilisation intensive». Le laboratoire, certifié ISO, doit constamment se tenir au courant des normes en vigueur dans les différents pays du monde.n
www.laboratoiredubois.ch
rière, cet entrepreneur émérite et pétri d’humanité avait aussi assumé de nombreuses responsabilités à dimension corporatiste: Membre du Conseil de l’ASRH (Association Suisse de Recherche Horlogère); délégué suisse au Groupe de travail
européen «Nickel»; participation à l’élaboration de la norme EN 1811 (mesure de la libération de nickel pour les produits en contact direct avec la peau). _Joël A. Grandjean, membre du Jury du Prix Gaïa (MIH).
Découvrez un tout nouveau potentiel créatif pour vos composantes 3D en verre en ajoutant des couleurs fluorescentes à la surface ainsi qu’à l’intérieur du volume.
Cadrans I Aiguilles I Compteurs I Disques de quantième I Ponts I Micro-composants
Bouquet gagnant
90 montres nominées et présélectionnées sur dossier, 20 prix distribués dont 14 couronnant des indépendants, et la prestigieuse «Aiguille d’Or» remise à IWC pour son ultra compliquée «Portugieser Eternal Calendar»: le tremplin des tremplins, véritable boost promotionnel mondial, a donc tenu ses promesses. Les garde-temps ont sillonné la terre, de Hong Kong à Hi Chi Minh-Ville en passant par New-York et Genève au Musée Rath. Puis, après une remise des prix animée par l’actrice Carole Bouquet, les montres lauréates sont allées à Bucarest réjouir d’autres aficionados. Le prix spécial du Jury revient à l’artiste Jean-Pierre Hagmann, créateur de boîtiers de montres, fraichement révélé par le prix Gaïa _JAG/ photo Miguel Bueno www.gphg.org
Evan Deturche-Renaud, trophée de l’espoir
Wow, une note de 5,6 sur 6! Le voici déjà en deuxième, après avoir été le meilleur élève de l’école d’horlogerie de Genève durant l’année scolaire 2023-2024. Cette note improbable lui permet de fouler la scène du Théâtre du Léman, au vu et au su de tout ce que le secteur compte de gratin et de happy fews. En effet, lors de la 24ème cérémonie du GPHG, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève, il se fait congratuler puis se fend d’un discours assuré, humble de reconnaissance. Il remercie
Messieurs Mino et Novo, deux de ses profs: «Ils m’ont donné une vraie passion pour l’horlogerie. Je n’y connaissais pas grand-chose et ils m’ont fait adorer ce métier», me confie-t-il, à peine remis de ses émotions. Il remercie aussi sa maman qui lui a offert sa première montre, une Fossil sport. «J’ai maintenant comme objectif de travailler dans les complications horlogères après avoir fait des études d’ingénieur». Et d’ici là, il risque fort d’être recruté pour des stages dans de prestigieuses manufactures... _Joël A. Grandjean
Toujours accessible, l’auteur historien anglais Nick Foulkes, président du Jury du GPHG, croise Amandine, 13 ans, la jeune chroniqueuse horlogère qui sévit depuis 2020 avec ses interview «Tékitoi» sur le magazine horloger Swiss-WatchPassport.ch
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Cette pleine page de publicité achetée par la Ville de Genève propose le programme des festivités prévues pour le 100e anniversaire de l’École d’Horlogerie de Genève. En 2025, pour honorer la mémoire du plus
ancien journal horloger suisse fondé en 1876, JSH Archives & Patrimoine, structure éditoriale du JSH, offre cet hommage historique à une Institution qui s’apprête à célébrer son 200e anniversaire.
Par Mélissa Samson
année s’annonce riche en festivités, souvenirs et hommages, alors que l’institution se prépare à entrer dans son troisième siècle d’existence.
L’École d’Horlogerie de Genève, plus ancienne
Fondée en 1824, elle est la plus ancienne institution publique de Suisse dans le domaine, ayant vu le jour bien avant la plupart des maisons horlogères emblématiques. Ses 200 ans offrent l’opportunité de réaffirmer sa mission fondamentale: former les générations futures d’artisans du temps, tout en perpétuant un savoir-faire précieux, ancré dans la culture suisse. Cette voca-
Forte de deux siècles d’histoire, l’École d’Horlogerie de Genève entame les célébrations de son bicentenaire, qui se poursuivront tout au long de l’année scolaire 2024-2025.
tion incarne un engagement, traversant les décennies, où tradition et héritage se conjuguent harmonieusement avec innovation et créativité.
Cérémonie d’ouverture empreinte de remerciements Pour ouvrir les festivités, l’école a souhaité exprimer sa gratitude à ses partenaires de longue date lors d’une cérémonie officielle.
Celle-ci s’est tenue le jeudi 21 novembre 2024, dans les nouveaux locaux situés à l’Espace Tourbillon, à Plan-les-Ouates, en présence des autorités locales. Stéphane Cruchaud, le doyen a souligné le rôle crucial de cet établissement: «Cette institution reconnue a traversé les époques et s’est imposée comme une véritable pépinière de talents. Certains d’entre eux sont d’ailleurs parmi nous ce soir».
Dans le livre, l’histoire de ce mystérieux Chronomètre de Marine revendiqué par l’École d’Horlogerie de Genève. Une épopée jusque-là inconnue parsemée de pressions politiques…
Un moment fort de cette soirée a été la présentation de l’ouvrage «Garantir la tradition – Porter l’innovation» par Gérard Duc, historien et auteur. Ce livre, spécialement rédigé pour le bicentenaire grâce à un travail méticuleux de valorisation des archives, propose une plongée dans l’histoire fascinante des horlogers d’hier, d’aujourd’hui et de demain, tout en retraçant celle de l’école. Désormais disponible à la vente au prix de 40 CHF, il peut être acquis via un simple mail complété par les coordonnées d’envoi et la quantité voulue d’ouvrages.
Rendez-vous marquant en juin 2025
Le point d’orgue des festivités aura lieu le samedi 14 juin 2025. L’événement ouvert au public, organisé dans les locaux de l’école réunira les élèves, anciens comme actuels, ainsi que le corps enseignant, dont l’implication a permis à l’école de perdurer et d’évoluer au fil des années. «Ces locaux prennent vie grâce aux équipes passionnées qui les animent, a ajouté Sté-
Huit épisodes, «Série vidéo 200e»
Réalisées en collaboration avec la Maison Cadrange et soutenues par Jean-Claude Biver, parrain du bicentenaire, ces brèves capsules vidéo, s’inscrivent dans une démarche de valorisation du patrimoine historique de l’école, au même titre que le livre. A visionner… _MS https://flash.cadrange.ch/
phane Cruchaud. Nous avons la chance de compter sur des enseignants motivés et un personnel engagé, toujours prêts à relever les défis». (..) Clôturer dans une ambiance
Commande du livre: cfpt.horlogerie-200e@edu.ge.ch
festive et conviviale le deuxième siècle de l’École d’Horlogerie de Genève, tout en ouvrant avec ambition les premières pages de son troisième siècle. n
https://edu.ge.ch/site/cfpt-horlogerie
Au commencement, le doyen de nos horlogers Georges Dubois, invité d’honneur de l’EPHJ au Watch Café. Puis, grâce aux chaleureux conforts offerts par les dirigeants du salon, avec la complicité de l’expert horloger Carmelo Armeli et du maestro Svend Andersen, une visite guidée prolonge les moments bénis: l’homme, indécrottable boute-en-trainxa, impardonnable curieux, s’émerveille, s’intéresse. A l’heure de rentrer, tout s’enchaîne. Au sortir des halles, notre petite troupe croise par hasard Stéphane Cruchaud, doyen de l’École d’Horlogerie de Genève. Je lui présente «son» plus ancien élève connu, celui qui en 1941 sortait major de sa promotion! Le courant passe, une visite des nouveaux locaux de l’école s’impose. Des deux côtés on se réjouit, rendez-vous est pris «si possible quand les classes sont remplies d’élèves» réclame poliment celui qui eut
A gauche, le journaliste télévisuel Marc
André Deschoux de WATCHEStv.com, fondateur de la fondation Horopedia, la première encyclopédie vidéo en ligne, neutre et indépendante, consacrée à l’horlogerie et à la culture horlogère
Hans Wilsdorf comme premier boss. Nous sommes en juin, examens obligent, il faudra attendre la rentrée.
Conscient qu’un tel moment mérite d’être immortalisé plus que par une plume papier, ma mémoire défaillante ou quelques selfies, je m’en ouvre à Marc André Deschoux, le visage télévisuel le plus connu de la planète horlogère. Avec un enthousiasme de la même teneur que les «Viva Watchmaking» qu’il lance à l’antenne, il éclaire la situation, prend les choses en mains. Finalement, la visite ponctuée d’une humanité intergénérationnelle, restera à jamais gravée dans les annales horlogères. Un reportage historique, unique, du genre de ceux qui consolident le socle culturel de la Fondation Horopedia. Cette structure d’utilité publique également fondée par Marc André Deschoux… Authentique. n _Joël A. Grandjean
www.watchestv.com
Le SEC est le réseau des professionnels suisses des métiers de l’électronique qui est à votre écoute et vous aide à intégrer de l’électronique dans vos produits
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phane Cruchaud. Nous avons la chance de compter sur des enseignants motivés et un personnel engagé, toujours prêts à relever les défis». (..) Clôturer dans une ambiance festive et conviviale le deuxième siècle de l’École d’Horlogerie de Genève, tout en ouvrant avec ambition les premières pages
• Vous avez des questions ? (Faisabilité, Fiabilité, etc.)
• Ou vous souhaitez rejoindre notre réseau ?
La cheville, désarmante
Avec cette image et ses déclinaisons, l’équipe de Jaquet Droz et le photographe Benny Tache saventils qu’ils pourraient bien lancer une mode? A l’heure où les objets connectés ont réussi à détrôner une conquête centenaire, celle du poignet droit où généralement se porte une montre, il est grand temps de trouver aux montres mécaniques quelques débouchés subtils, osés. Ainsi, après la trop peu suivie tendance de porter deux montres, ou la tentation de réarborer occasionnellement une montre de poche, voici que les heures s’installent à la cheville! Cet automate Jaquet Droz célèbre en une édition limitée baptisée «Some Girls», le sulfureux album des Rolling Stones sorti en 1978. Décidément, ces seventies, aussi pour un photographe épris d’humain, sont pleines de furieuses envies d’en découdre. _JAG www.jaquet-droz.com
«Je viens de l’écriture, c’est comme pour la photo: le plus important n’est pas la technique absolue mais la vision, l’émotion...»
Portait d’Adrian Bosshard, CEO de Rado
Rien n’est acquis, tout reste à faire! Son métier? Un acte d’amour, un supplément d’âme que les smartphones ou autres raccourcis artificiels n’arriveront pas à voler.
Il s’intéresse avant tout à l’autre. Son univers artistique est poétique, sensuel, épique, saupoudré de mélancolie ou de déjante.
En quête de sens
Entre doutes, rêves et convictions, il traque la signification. Ainsi fait-il voir la beauté partout, même parfois lorsqu’elle est bien enfouie dans les univers du visible ou de l’invisible. «Elle est un remède puissant contre les maux de notre monde, un baume à l’âme», souffle-t-il. Son bras droit tatoué l’atteste: «Beauty is a mystical intelligency.»
Après des études littéraires, il crée plusieurs magazines, vit une existence intense, se réinvente avant de se consacrer exclusivement à sa passion, la photographie. Primé plusieurs fois à l’international, il a notamment remporté en 2023 la médaille d’or au Paris International Photo Awards, dans la catégorie «Street Portrait.» il aime sublimer tout en révélant la singularité de chacune et de chacun.
Montreux studio: le plaisir, un savoir-faire
Benny Tache vit sur la Riviera Suisse. Certes, son métier de photographe l’amène ici et ailleurs. Sachant sévir autant dans des projets artistiques que commerciaux, il réalise notamment de nombreux portraits, collabore avec des marques horlogères et réalise des images dans des domaines comme la gastronomie, la santé et le bien-être, l’architecture…
Ce qui le fait le plus vibrer? «L’humain me fascine et je l’aime tellement que j’adore le mettre en scène: dans un paysage, sur le toit d’un chalet, sur une table de cuisine ou une piscine vide». Mises en scènes décalées, idées disruptives, jamais dénuées de simplicité et d’efficacité. «J’aime suggérer une histoire plus que de la raconter, dans une autre dimension, celle qui côtoie l’imaginaire».
www.bennytache.com
Par Marie Commergnat
Festival Suisse de l’Horlogerie
ar quel miracle un artisan parvient-il à reproduire sur le cadran d’une montre ou d’une œuvre en préparation, la finesse d’un motif et la subtilité des nuances, en utilisant uniquement de la poudre d’émail, un soupçon d’eau, un pinceau, et la chaleur d’un four?
Artiste pluridisciplinaire
Cet artisan renommé est un architecte diplômé de l’EPF, designer et émailleur. Tout au long de sa carrière, il se diversifie dans plusieurs thématiques passionnantes en assumant des rôles variés de direction artistique, en participant à des projets dans des domaines aussi variés que la musique, la joaillerie et le graphisme.
«Espressione Romantica»
Ce garde-temps d’exception, démonstration de tout son savoir-faire, est parmi les 6 finalistes (catégorie femme) au Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2023. En collaboration avec l’émailleur Matteo Stauffacher, il est signé «XRBy la Montre d’Art», une marque lancée par l’horloger Xavier Rousset.
www.xrby.art
Parmi les artisanats d’exception, les métiers d’art, il en existe un qui semble presque magique, l’émail grand feu. Sur Instagram, cet émailleur atypique est connu sous «Le Seigneur des Émaux»! clin d’œil fantastique…
Quand l’infini devient le minuscule
Pour Matteo Stauffacher, l’art de l’émail grand feu est une discipline qui exige une passion ardente, une patience infinie et une précision sans faille. Le cadran, pour lui, est une véritable toile, bien que réduite à un espace de quelques centimètres de diamètre. Cette contrainte ne limite pas sa créativité mais, au contraire, magnifie son talent.
Magie de la transformation
Sa matière première est tout aussi captivante: des morceaux de verres colorés grâce à des oxydes métalliques, offrant des finitions tantôt translucides et tantôt opaques, évoquant la mosaïque. Ces plaques sont brisées et broyées avec soin
jusqu’à devenir une poudre d’une finesse comparable à celle d’un sable fin. Cette poudre, c’est l’émail, que Matteo prépare en y ajoutant un peu d’eau pour lui donner des allures de peintures. «C’est un processus intriguant car avant de créer, il faut détruire», ose-t-il.
Lorsqu’il atteint le résultat souhaité, tout en prenant soin de ne pas altérer la base fragile, la pièce est passée au four pour que l’émail se stabilise et devienne parfaitement lisse. Fidèle à sa quête de perfection, Matteo Stauffacher cuit la pièce autant de fois que nécessaire. Une fois son œuvre achevée, il effectue un polissage miroir entièrement fait main.
Maitrise et talent
On reconnaît immédiatement la signature de Matteo Stauffacher, non-conformiste du design, à la finesse de ses œuvres et à sa capacité à insuffler une profondeur unique à ses compositions abstraites, où chaque nuance et chaque forme semblent vibrer d’une énergie subtile. Car la maîtrise de l’émail ne suffit pas pour transformer un cadran de montre en véritable œuvre d’art: il faut également posséder une créativité et un talent artistique exceptionnels. Des qualités que cet émailleur indépendant et son expertise incarnent pour le compte de marques d’horlogerie et de joaillerie. n Instagram matteo_stauffacher www.instagram.com/matteo_stauffacher
Fondée en 1927, la société FERNER est une référence en Suisse en ce qui concerne le domaine des coffres-forts, armoires fortes et chambres fortes. Le stock, le plus important de Suisse, est constitué de coffres-forts de dimensions très diverses à des prix extrêmement attractifs.
Ferner Coffres-Forts
Le Crêt-du-Locle 28B, 2322 Le Crêt-du-Locle • 032 926 76 66 www.ferner-coffres-forts.ch
Minimilians sur la route
Théoriquement, Aurélien Bouchet ne devrait pas être sous une lumière qu’il réserve à ses clientes les marques. Seulement voilà, il a lancé à toute bombe sa Zéphyr Phase 2 PH-Sport sur le tracé majestueux du Dakar, la transformant via des ajouts d’impression 3D en proto-laboratoire ambulant. De plus, en tant que «friend» à visage découvert de la marque MB&F, il a joui d’une notoriété inhabituelle en réalisant pour Max Büsser la famille des Minimilians : de petites figurines bonhommes à tête de tête de montres, des néo-schtroumpfs expressifs, touchants et malicieux qui se baladent dans la tribu MB&F. _JG www.mbandf.com
Dossier: que font-ils après le boulot?
L’horlogerie est pleine de talents, c’est indéniable. Mais que font les figures du secteur, connues ou dans l’ombre, lorsque le métier qui les fait vivre les livre à leurs loisirs? «Dis-moi quel est ton hobby, je te dirai qui tu es… !» D’ailleurs, pour certains, c’est plus que du hobby, c’est de la semi-professionnalité. Cette série de portraits, délicieusement magazine et propre au Journal Suisse d’Horlogerie JSH, se poursuit dans ce numéro après avoir été explorée sous d’autres appellations dans des précédentes éditions. «Doubles-Casquettes», «Vies Parallèle»… Elle prend place dans la section «Métiers» du journal car elle est porteuse d’un message particulièrement séduisant pour celles et ceux qui rêvent de rejoindre la branche: non, les horlogers et autres pros qui se cachent dans l’ombre des produits ravageurs et des enseignes de prestige, comme ceux qui travaillent pour, dans ou avec l’horlogerie, ne sont pas des tristes! Et parfois leurs amusements, c’est du lourd, du très sérieux. _Joël Grammson (auteur compositeur interprète)
A l’heure de ces lignes, Aurélien Bouchet fondateur-directeur d’AB Concept, incontournable manufacture de la fabrication additive, doit être en train de mordre ou de digérer la poussière du Dakar. Boosté par sa copilote et partenaire Élisa Huguenin, dans la vie elle travaille en radiothérapie à l’hôpital de Sion, il lance sa voiture à l’assaut des dépassements de soi. Côté professionnel, l’aventure n’a rien d’inutile puisque l’ensemble de ses partenaires, hormis le prêt expérimental par HYT d’un gardetemps fluidique, sont liés à son cœur de métier, l’imprimerie 3D. Il y a HP, Decip, Steiner3D, AMT et bien sûr, ABConcept! _JG www.abconcept.ch
Par Joël Grammson
e l’ai connue la première fois chez Jaquet-Droz où elle incarnait une de ces âmes anonymes des coulisses, de celles qui rendent meilleure la vie dans les Manufactures. A jamais liée à la région des Ponts de Martels où ses parents avaient, au travers de leurs échoppes historiques, pignon sur rue et sur Val de Ruz, Sheeba Ramseier est le genre de «bras droit» dont rêverait tout fondateur de start-up.
Logistique internationale, maîtrise des circuits
Dans la vie professionnelle, au cœur de AdMN-Assist, elle participe à 100 à l’heure à l’essor inattendu d’une jeune société créée pour décharger les marques horlogères, les acteurs de la cotraitance comme toute entreprise en besoin de transports, de tout ce qui concerne les expéditions: administration des ventes, import-export, conditionnement, délais, formalités de passages en douane, sécurisation des valeurs déplacées et des stockages. D’ailleurs, à l’heure de ces lignes, la structure agrandit ses lieux sécurisés. Elle est installée au Locle, pas très loin de la frontière et d’un proche bureau qu’elle détient sur sol européen.
Deux «GAS’elles» à forte valeur médiatique
Nul doute la maîtrise de Sheeba des paramètres pointus liés à toute espèce de logistique lui facilitera les démarches d’avant l’embarquement pour Essaouira, depuis Monaco, en présence de son Altesse Sérénissime le Prince Albert II. En avant donc pour une aventure sans précédent, ce
Sheeba Ramseier a déjà trouvé son premier sponsor! Il s’agit de Mike Nussbaumer, son boss chez AdMN-Assist, qui la libérera en 2026 le temps qu’elle et sa coéquipière puissent briller sur les pistes marocaines.
Sheeba Ramseier, mère de famille, employée modèle et… pilote de Rallye!
fameux rallye qui met en émoi la planète médiatique francophone, et pas seulement.
D’employée modèle, de mère de famille présente, Sheeba s’est trouvé une coéquipière ultra partante, sa BFF Alexia Légeret. Ensemble, sous l’appellation «GAS’elles», elles apprivoiseront les tracés les plus rebelles du désert nord-africain. Surtout, elles porteront bien haut leurs valeurs humaines, quitte à rouler au bout de leurs limites, comme la plus improbable peut-être, celle de la «recherche de financement…»! A bon entendeur… n
Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc, 27 mars au 11 avril 2026 gas.elles2025@gmail.com instagram: GAS_elles2026
Sous l’appellation Gas’Elles, les deux BFF Sheeba Ramseier et Alexia Légeret se lancent dans un rallye de tous les défis, y compris celui d’aller chercher des sponsors!
Par Joël Grammson
n auteur qui a échappé à une fin sordide et qui manie son récit, en mode victime assumée, sans jamais glisser dans le victimaire ou le larmoyant.
«Je suis devenu un survivant»
En fait, il ne devrait pas être là aujourd’hui, parmi nous. C’est un miracle s’il peut aujourd’hui servir aux lecteurs du Figaro leur quasi quotidien article sur les montres. S’il peut même occuper le terrain de l’actu littéraire avec son «Guide des Montres Vintage», un ouvrage de mémoire qui fait le buzz.
Un livre à lire, d’urgence… N° EAN 9782749174914, livre broché de 192 pages, format 140 x 210 mm
Judikael Hirel, journaliste horloger au Figaro, une des plumes spécialisées les plus lues de la sphère francophone. En marge de son job, son livre poignant «Concorde Rouge» rappelle qu’il est aussi.. un auteur.
L’auteur-journaliste Judikael Hirel, Métro concorde à Paris. Rescapé d’une horrible agression
Dans Concorde Rouge, il confesse: «On vit, on court, on travaille. On croit que tout est sous contrôle. On ne pense jamais que tout peut s’arrêter. Moi aussi, je vivais, je courais, je travaillais. Comme tout le monde. Mais un 13 novembre, tout s’est arrêté. Quand on prend le métro, on ne se dit pas que l’on peut aussi y laisser sa peau. Il aurait suffi d’un coup de pied de plus pour que j’y laisse la mienne. Aujourd’hui, j’ouvre les yeux, je respire, je me lève. Je suis encore vivant. J’en ai rarement eu autant conscience qu’à présent. J’ai franchi le cap
de la cinquantaine. Je vais pouvoir continuer de vieillir. Jamais je n’aurais cru en être heureux. Je suis devenu un survivant».
Le titane en renfort
Tout bascule un soir de novembre, ce 13 devenu indélébile, à la station de métro Concorde. Une femme se fait agresser, il vole à son secours, s’en mêle. Les coups pleuvent soudain, la violence se déchaîne, l’acharnement. Son visage tient aujourd’hui grâce à une cinquantaine de plaques de titane fixées sous sa peau. Quant à l’accep-
table de son quotidien, il reste pendu au fil des antidouleurs.
On en parle souvent, certes, de ces agressions. Étonnamment, l’agresseur semble toujours faire cas de plus d’attentions que l’agressé. On le décrit, on le médiatise... Quid du rescapé, de ses combats, de ses retrouvailles avec la vie, la santé? Cette solitude-là, post-tsunamique, celle de l’après désastre, celle qui tend à recoller les mille morceaux épars, qui s’en soucie? Procès, tribunaux, audiences, froids existentiels, autres coups portés par le système aveugle? «Judikael Hirel pousse toutes les portes, n’élude aucune question et trouve les mots justes pour parler d’un sujet devenu central dans nos sociétés» prévient son éditeur, la célèbre enseigne «le cherche midi.» n
Par Marie Commergnat
Festival Suisse de l’Horlogerie
lle débute sa carrière chez Jaeger LeCoultre. De fil en aiguilles, ses expériences chez Jonhson, Comadur et Breguet jouent un rôle crucial dans son développement professionnel. Choix audacieux, c’est en tant qu’angleuse qu’elle rejoint l’équipe de Breguet. Avant de poursuivre sa carrière chez d’autres enseignes prestigieuses comme Romain Gauthier ou Bovet Fleurier. Sa réputation est faite.
Cotraitance en binôme
Ce patrimoine fragile, protégé et embelli par ses doigts habiles, témoigne du savoirfaire unique de sa profession. Actuellement, Noelle Grisard se consacre à la cotraitance en binôme avec Abigaïl Vouillamoz, qui a rejoint son atelier à Bienne.
Véritable virtuose de l’horlogerie, Noelle Grisard pratique l’anglage main. Forte de plus de dix ans d’expérience, elle se consacre à la décoration des mouvements de pièces uniques ou en séries limitées.
«Quelle noble fierté que de donner vie à ces composants et de tendre à la perfection, entre éclats et profondeurs!»
Quand le temps se fait poésie
Noelle Grisard, c’est aussi la marque horlogère Nocey, projet conçu comme une véritable œuvre d’art, avec des experts pour chaque étape de la fabrication, apportant elle-même son savoir-faire en sertissage, gravure, pose de nacre et guillochage. _JAG
www.nocey.ch
Chaque mouvement, minutieusement exécuté, reflète des années de maîtrise et de patience: étirage au cabron, anglage à la lime à 45° et en angle rentrant, anglage bercé, adoucissage des angles au cabron, polissage des angles avec une buchette de bois de buis ou de gentiane et pâte diamant, création et polissage de moulures, anglage au micromoteur, cerclage au cabron, perlage, soleillage, et colimaçonnage.
«Poésies boisées: polissage des angles avec une buchette de bois de buis ou de gentiane…»
Investie dans une mission, la formation
En marge de son atelier, pour répondre efficacement à la demande croissante des marques et afin de contribuer au développement du secteur de la formation, Noelle Grisard transmet son savoir-faire en formant de nouveaux élèves, créant ainsi un vivier de compétences pour l’avenir de ce métier. Elle forme autant des professionnels de l’horlogerie que des amateurs passionnés. Notamment au centre de formation continue CIP à Tramelan où elle donne des cours d’anglage lime et micromoteur 2 fois par semaine. n
www.artisan-anglage.ch
Les graphistes ne respectent pas les délais. Nous non plus. On a souvent quelques jours d’avance.
Coutellerie des Halles à Neuchâtel. Organisés dans ce haut-lieu de la «cout’horlogerie» par ProWaTCH, Savoirs & Culture Horlogers suisses et le Journal suisse d’Horlogerie JSH, les WatCH Cafés permettent la rencontre entre Fabio Monti, nouveau CEO de Swiza et Patrick Goussard, coutelier et hôte de l’événement. Désormais les Legacies et les Urbex ont pignon sur rue, Place des Halles. _JAG
Swiza au sommet
«C’est la plus haute boutique de luxe du monde», me confirme Stéphane Linder, le CEO du groupe Kirchhofer, l’un des plus grands distributeurs horloger de Suisse. Nichée sur le «toit de l’Europe», elle fait face à la célèbre Jungfrau, sommet symbole culminant à 4’158 mètres d’altitude.
Depuis peu, outre les marques horlogères prestigieuses qui se laissent ici acquérir, dotées d’un certificat d’altitude, le point de vente baptisé «High Time» accueille les couteaux suisses de légende Swiza. Notamment le tout nouveau Urbex qui célèbre le 120e anniversaire de cette ancienne enseigne horlogère, résolument
reconcentrée sur son ADN coutelier. Ainsi, en marge d’une production historiquement «private label», la marque jurassienne impose sur les marchés, souvent aux côtés des garde-temps de prestige, de véritables aboutissements de désir: à la collection haut-de-gamme Legacies s’ajoutent aujourd’hui les trois déclinaisons de l’Urbex, Lava, Mirage et Canoy. Lancées à Glovelier, au cœur de la manufacture Biwi, ces fines lames bourrées de Suissitude incarnent la fusion entre horlogerie d’excellence et couteau suisse. _Joël A. Grandjean www.jungfrau.ch www.kirchhofer.com
L’Urbex, avec ses trois territoires d’aventure, les dunes pour la ver sion Mirage, les volcanicités pour la Lava et les étendues végétales pour Canopy, a été développé chez Biwi, une perle industrielle jurassienne connue par sa micro-précision et ses matériaux innovants. Comme le Bioroc, composite haute performance qui allie fibres de carbone et matériaux biosourcés pour offrir une résistance inégalée aux chocs et aux rayures. Comme aussi le Vulcarbone, ce caoutchouc high-tech développé exclusivement par l’entreprise delémontaise. Il assure ergonomie fiable et une durabilité exceptionnelle. D’ailleurs les corps des couteaux Swiza, partie constituée des lames et des outils, sont garantis à vie! _JAG
www.swiza.com
Joël A. Grandjean
aire en sorte que le client final devienne prescripteur de ses clientes les marques de montres, tel est le pari fou que lance Portescap dans les seventies.
En ligne de mire, les masses Il faut attendre 1990 pour que la fameuse campagne «Intel Inside», à force de pubs et d’étiquettes produit, permettent à l’Américaine Intel Corporation de faire savoir même au plus lambda, qu’un ordi contient un processeur!
Un superbe ouvrage sur l’histoire de cette lyre magique, confidentiel et recherché tant il fut tiré à peu d’exemplaires, liste aussi quelques autres grandes percées d’Incabloc dans les mass médias: plateaux télé, customisations de bus et affichages grand format. Résultat? Entre 1954 et les années 80, trois-quarts des montres fabriquées en Suisse contiennent entre 17 et 23 rubis, c’est à dire autant de systèmes antichocs. Le slogan d’alors est simple, redoutable-
L’opinion JSH, un rachat prometteur
Face aux orages successoraux qui menacent la branche ces prochaines années, le «business case» Incabloc reste porteur d’espoir. Il est surtout un message fort au tissu de la cotraitance qui rechigne encore, discrétion systémique oblige, à jouer des coudes pour capter la lumière…
Entre autres démarches publicitaires grand public, Incabloc sponsorise le Tour de France cycliste 1977! Et invente un cas d’école à enseigner encore aujourd’hui dans les cours marketing! Disruptif? Le mot n’existait même pas...
ment génial: «Incabloc makes a good watch Better» (littéralement, ‘Incabloc rend encore meilleure une bonne montre’).
Technicité, pureté visuelle, vocabulaire
Rarement fonction n’avait engendré pareille réussite esthétique. Ce fameux composant horloger en forme de lyre s’est taillé une place dans l’inconscient collectif au point de régaler encore en 2025, via la panoplie de goodies qui s’en inspirent, la ferveur des collectionneurs. Mieux il a engendré aussi un phénomène d’antonomase, soit un nom de marque ou de produit qui accède au statut d’appellation générique. Ainsi, il y a beau y avoir sur les marchés de l’Etachoc ou du Kif-Parechoc, c’est bien avec le mot Incabloc que l’on continue de désigner tout système équivalent.
Slogan redoutable: Incabloc makes a good watch Better
La notoriété, produit dopant
Autre sujet à titiller les pros du marketing, la toute récente vente réussie d’Incabloc. Est-ce le fait que cette marque-produit a su «sortir du bois» qu’en 2024, Willy Zutter, le propriétaire sortant d’Incabloc, trouve trois excellents acheteurs aptes à résoudre sa problématique successorale. Comme ils l’avaient fait pour développer le spiral en silicium avec le CSEM à Neuchâtel, les trois géants Rolex, Patek Philippe et le groupe Richemont, se sont entendus pour racheter l’entreprise et ainsi, pérenniser un savoir-faire qui profite à l’ensemble de la branche. n
www.incabloc.ch
des goodies
délicieux cendrier
collectionneurs. Fabriqué à l’époque par Fuhrmann à Neuchâtel (collection Joël Laplace) – www.instagram.com/jojolamontre/
Incabloc, les fameux rubis
C’est à la fois un produit et une marque issus de la collaboration entre deux ingénieurs EPFZ, Fritz Marti et Georges Braunschweig, auteurs d’une idée novatrice: proposer aux fabricants d’horlogerie, un amortisseur de chocs complet, préassemblé et adapté aux côtes des mouvements. Ils fondent en 1931 la société anonyme «Le Porte Echappement Universel SA». Aujourd’hui encore, ce dispositif génial, continue d’équiper la plupart des montres mécaniques des manufactures suisses et étrangères. En 1988, le département «Incabloc», alors propriété de Portescap (La Chaux-de-Fonds) est racheté par Eric Zutter, père de Willy Sutter, propriétaire jusqu’à fin 2024.
Nous souhaitons tous vous remercier pour cette 5ème édition !
| 6ÈME ÉDITION | DU 16 AU 19 SEPTEMBRE 2025
Nous
nous réjouissons de vous retrouver l’année prochaine !
«Trop bizarre pour vivre, trop rare pour mourir»
En 1971, l’auteur Hunter S. Thompson révolutionne la forme du roman, instruisant le style Gonzo, mettant l’auteur au niveau de protagoniste et narrateur dans son ouvrage «Las Vegas Parano». Décrivant son avocat, Thompson use de ces termes dont l’analogie avec le destin tragique de montres pionnières des Seventies, me parait à propos: «Prototype personnel de Dieu, mutant à l’énergie dense jamais conçu pour la production en série. Il était le dernier d’une espèce: trop bizarre pour vivre mais trop rare pour mourir... »_Marco Gabella
Nouveautés? Sacrées remises à l’heure!
C’est l’histoire d’une tragédie qui enfante une renaissance, d’un territoire de désolation programmée, d’une antichambre de crise, qui génère ses sursauts de survie. Graines d’avenir? Qui, dans ce contexte pré-sinistré des seventies, aurait pu les prédire? Les designers et les créatifs vont kiffer ce dossier de Marco Gabella, éditeur de Watchonista.com, qui remet les pendules de la nouveauté à l’heure de l’urgence, du besoin, de la fêlure.
Les amoureux de l’horlogerie, néophytes ou aguerris, vont aussi en prendre plein les neurones face à ces quelques perles historiques à haute future valeur ajoutée. Quant au tissu malmené et parfois distendu de la cotraitance, il y puisera des pépites d’espoir.
En ce temps-là, les jours meilleurs n’étaient clairement pas bons, l’évidence d’une reprise quasi imperceptible. Et pourtant, avec le recul… _Joël A. Grandjean
Marco Gabella, poly-collectionneur et éditeur du magazine international Watchonista.com, est issu d’une tradition familiale faite d’entreprenariat marbré de goûts esthétiques sûrs. Artiste à ses heures, peintre notamment, il décode une époque épique et son lot de ruptures existentielles. Bref, c’est l’histoire d’un éternel recommencement, riche en promesses d’avenir. _JAG/Photo ©Pierre Vogel
www.watchonista.com
Par Marco Gabella / Poly-collectionneur & Éditeur de Watchonista.com
Photos: Pierre Vogel
En matière de style en général et de design industriel en particulier, certaines périodes ont bien marqué leur empreinte et influencent encore aujourd’hui nos contemporains.
Désir de changement
Avec l’apparition de nouveaux matériaux, formes et technologies, les années 1970 furent une ère de liberté et d’innovation. Du design radical de la Lamborghini Countach LP500 de Marcello Gandini pour Bertone, au Centre Georges Pompidou attribué à deux jeunes architectes, Renzo Piano et Richard Roger ou encore, à l’orée de cette décennie, à la Pantone Chair en plastic injecté, le désir de changement initié en 1967, puis basculant en 1968, rentre dans le quotidien des objets, qu’ils soient ordinaires ou précieux. L’air était au changement, en rupture avec le passé.
Malgré un conservatisme avéré, les marques horlogères ont également su saisir le pouls de l’époque avec des propositions novatrices. Mais la mutation structurelle du secteur, jumelée à l’émergence du mouvement à quartz et de la concurrence encore insoupçonnée qui s’en suivra, cache sous le désir d’innovations propres aux 1970s, une nécessité programmée pour l’industrie horlogère d’évoluer ou de disparaitre.
La rupture par l’innovation Depuis 1967 avec le «Summer Of Love» ou la contre-culture, l’époque cristallise en premier le désir de dizaines de milers de jeunes de se réunir dans les rues à San Francisco pour célébrer leur soif d’un monde meilleur.
Comme Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison ou encore Brian Jones, disparus tragiquement à 27 ans mais ayant impacté durablement leur époque, l’horlogerie des années 1970 connait elle aussi ses icones sacrifiées, entre le désir de changement et une crise industrielle sans précédent.
Ce besoin de rupture s’affirme comme une nécessité de l’époque, une métamorphose non éludable.
Dès la seconde partie des sixties, décomplexés par l’ouverture à l’innovation des consommateurs, les industriels ont su et pu prendre le risque de proposer des objets dont la forme assumait la volonté de rupture de leurs contemporains, tout en offrant également une alternative innovante aux propositions établies par la tradition, les usages de la branche ou encore les règles de l’art.
«Nouveaux matériaux, formes et technologies, les années 1970 sont une ère de liberté et d’innovation»
Omega Dynamic et Astrolon
Fer de lance de la rupture dans l’industrie horlogère, l’Omega Dynamic (01) propose en 1968 une véritable avancée ergonomique avec un boitier monobloc sans cornes conçu pour mieux s’adapter au poignet humain. Avec sa forme organique et son bracelet cuir d’un seul tenant, démontable facilement par le fond au moyen d’un insert et d’un outil, cette pièce révolutionne le concept même de la montre bracelet. L’utilisateur est mis au centre du débat et son envie de changement devient ainsi accessible, à sa guise et selon son humeur.
En 1971 après un développement mouvement initié déjà en 1954, Tissot dévoile l’ Astrolon (02) et son calibre dont les composants réalisés en polymères injectés (vinyle & Makrolon), diminuent les risques d’abrasion et permettent ainsi une conception sans huiles (03). Initié à une époque où la mécanique était reine, le mouvement révolutionnaire auto lubrifié de l’Astrolon sort au moment où tous pensent que le mouvement à quartz émergeant sera le nouveau standard de qualité et de suprématie chronométrique.
Luc Tissot s’en souvient
Contraint par les circonstances, Tissot prend le pari de la forme et des matériaux pour différencier le design de cette montre au mouvement révolutionnaire mais dont l’époque ne veut pas. C’est sous les traits du designer Lucien Gurtner, père de la légendaire PR 516 GL, que l’Astrolon prend forme dans un boitier injecté réalisé en polymère injecté et cintré sur le fond, comme moulé sur le poignet du porteur.
«Une nécessité programmée pour l’industrie horlogère d’évoluer ou de disparaitre»
Le bracelet coulissant et démontable par deux vis en plastic non structurelles, désintègre les conceptions passées et ce une année avant le bracelet dit «intégré» de la Royal Oak. Boudée par les commerciaux de Tissot et ignorée par l’époque, l’Astrolon fut livrée à son tragique destin. Malgré sa fin funeste, la technologie d’injection servira, sous les auspices de Luc Tissot, à fabriquer des pacemakers révolutionnaires dans ce qu’il convient de nommer comme une des
premières aventures Medtech de l’histoire horlogère suisse.
De l’euphorie à l’énergie du désespoir Fossoyeur tout désigné de l’Astrolon comme de tous les obsolètes mouvements mécaniques en général, les calibres à quartz f 300 Hz (04) et surtout f 2,4 MHz d’Omega, lequel permettant une précision inégalée jusqu’alors, font leur apparition au début de la décennie.
Prévu comme le nouveau standard du haut de gamme, le calibre f 2,4 «Megaquartz» fait son apparition dans la collection Constellation, dédiée à la chronométrie. Pour différencier ce nouveau calibre révolutionnaire, l’accent est également mis sur
«Une décennie transitionnelle tiraillée entre besoin de rupture et nécessité d’évoluer»
des designs en rupture avec la tradition, fortement influencés par le style de l’époque. En témoigne cette Omega Constellation Megaquartz de 1971 (05) avec sa boite rectangulaire, son bracelet massif et son spectaculaire cadran en aventurine. Disponible en or massif également, car positionnée «luxe», elle est offerte en 1972 dans un design similaire sous l’appellation «Marine Chronomètre», clamant ainsi la suprématie absolue du calibre f 2,4 MHz d’Omega.
Au milieu des années 1970, l’engouement
«Garder l’ancien pour ressembler au nouveau, une stratégie répandue chez les industries en transition technologique»
helvétique pour le quartz est rattrapé par un double phénomène, une évolution structurelle de l’industrie impossible à assumer vu les transitions technologiques radicales et une concurrence japonaise organisée en industrie dédiée avec un produit un peu moins précis mais beaucoup moins cher. Entre décroissance du mécanique et impossibilité de croissance du quartz, l’industrie horlogère suisse sombre dans une réalité sans perspectives et souvent, également, sans issue.
Soudain, les «casquettes»
Véritable OVNI avec sa silhouette aérodynamique et son affichage LED, La GirardPerregaux Casquette de 1976 (06) est sans doute un des témoins clefs d’une époque où seul le changement peut éven-
tuellement permettre une pérennité tandis que l’immobilisme condamne d’office à la disparition. Proposée «clef en main» par le boitier Éric-Marcel Grandjean, l’oncle du rédacteur-en-chef de JSH, la Casquette est rapidement introduite dans un boitier injecté et usiné en Makrolon®, un alliage polymère intégrant des fibres de métal.
Dans la même configuration, l’Amida Digitrend (07) propose également en 1976, un affichage digital mais sur une base mécanique. Elle se distingue par ses disques affichant deux indicateurs numériques sur le côté de la montre: les heures à gauche et les minutes à droite. Deux disques à affiche analogique (heure et minutes) remplaçant les aiguilles dans leur fonction, sont réfléchis à 90% au moyen d’un prisme en saphir. Garder l’ancien pour ressembler au nouveau, une stratégie répandue chez les industries en transition technologique.
Disparues trop tôt, toujours célébrées
Dans les années 1970, le besoin d’ajustements culturels et sociaux permet l’émergence de designs novateurs, définitivement ancrés dans leur époque mais impactant cependant l’industrie horlogère contemporaine. En témoignent, pour n’en citer que deux, la Casquette rééditée par GirardPerregaux en petites séries ou le retour d’Amida. Deux modèles qui démontrent l’impact tant stylistique que technologique de cette décennie transitionnelle, tiraillée entre le besoin de rupture et la nécessité d’évoluer. n
En bref. Historienne de l’art de formation, Rossella Baldi s’occupe d’histoire des sciences et des techniques depuis plusieurs années. Lauréate de plusieurs prix académiques et ancienne directrice de l’Institut l’Homme et le Temps du Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds, elle est actuellement collaboratrice scientifique à l’Université de Neuchâtel. Ses recherches portent essentiellement sur l’histoire de l’horlogerie au 18e et 19e siècles, ainsi que sur l’histoire des collections, de la botanique et des voyages. _JAG
Rossella Baldi, l’interview référence
Le marché est sensible aux histoires, le consommateur a de plus soif d’authenticité. Dans l’univers horloger suisse peuplé de marques patrimoniales, le passé est soit une sacrée valeur ajoutée soit utilisé comme socle à résurgences. Nombre d’enseignes ne cessent de capitaliser sur ses trésors oubliés, parfois en creusant profondément ou juste après en avoir inhumé quelques fragments. Or l’Histoire est une science. Elle est une matière en constante évolution, sujette à ajustements révisionnels. Comment donc faire coïncider ces paramètres? Plus la recherche est sérieuse, mieux elle est documentée, plus elle risque d’aller à l’encontre des intentions marketing.
J’ai eu envie de rencontrer une experte, une spécialiste. Et de la soumettre à des questions parfois périlleuses. Elle s’en sort plutôt bien, n’esquive aucune de mes piques. Elle place le curseur de la remise en question parfois très haut. Du coup, cet entretien fait date. Il permet au passionné que je suis de faire la part des choses tout en tenant compte des paradigmes d’une discipline pas assez connue. _Joël A. Grandjean
Indépendante. Charismatique et communicative, ce qui est plutôt inhabituel dans ses rangs, Rossella Baldi travaille aussi comme historienne indépendante. Et collabore donc régulièrement avec des marques, des collectionneurs et toutes sortes d’acteurs du monde horloger.
Propos recueillis par Joël
A. Grandjean
Qu’est-ce qui vous vaut la réputation d’être une «historienne iconoclaste»?
Il est vrai que j’aime remettre en question certains acquis de l’histoire horlogère et de l’histoire horlogère du 18e siècle en particulier, dont je suis spécialiste. Cette histoire, comme l’histoire horlogère en général, est peuplée de mythes et de légendes. Un exemple? Les paysans-horlogers jurassiens. Elle comporte également nombre de sujets tabous comme la contrefaçon, qu’on n’évoque que rarement car elle va à l’encontre de l’image idéalisée et glorieuse que l’on a confectionnée du passé horloger des régions suisses. Aussi, je suis un peu iconoclaste car j’aime sortir des sentiers battus et je m’intéresse à toute sorte de sources qui nous aident à mieux comprendre les enjeux de l’horlogerie de l’époque, qu’il s’agisse des jeux de mot dans la presse, de la correspondance d’auteurs célèbres, des traités techniques illustrés etc.
Tout de même, vous y allez un peu fort. Au 18e siècle et pendant une partie du 19e siècle les horlogers suisses pratiquaient-ils la contrefaçon?
Pas tous, mais la contrefaçon constitue un aspect central des activités horlogères genevoises et neuchâteloises de cette période. Ainsi, en Angleterre et en France notamment, on retrouve plusieurs plaintes contre l’agressivité des méthodes frauduleuses des horlogers suisses. En outre, les contrefaçons peuvent être détectées en analysant certaines pièces mécaniques. Le phénomène connaît un essor important dans la seconde moitié du 18e siècle, alors que la demande en montres d’or et en argent augmente considérablement. A cette période,
Au 18e siècle, Neuchâtel et Genève abritaient des contrefacteurs. Le Swiss made n’existait pas encore. Cet éclairage de l’histoire n’a rien d’inutile, il nous exhorte à l’apprécier à sa juste valeur. Entretien choc!
«Le contexte horloger du 18e siècle est extrêmement dynamique et bien plus passionnant que ce l’on nous a laissé entendre»
la montre est surtout un objet qui marque un statut social et que les classes plus aisées consomment en grande quantité.
Quelques exemples de ces pratiques?
Usurper le nom d’horlogers établis à Paris était courant. On fabrique des montres à Genève – dont les ébauches proviennent parfois des montagnes neuchâteloises –qu’on grave avec un nom parisien et on les revend sur le marché français, en faisant croire que la pièce est de fabrication française. Dans ce processus, il est évidemment nécessaire de tricher du côté du titre des métaux: à Genève, on se sert de l’or à 18k, mais en France la loi oblige l’usage du 20k.
D’autres exemples?
Il y a les montres pour le nord de l’Europe signées avec des noms d’horlogers anglais «réajustés» ou véritablement inventés. Ces montres ne visent pas le marché londonien, mais la clientèle des régions périphériques. Si vous tenez entre les mains une montre avec un coq continental, alors que le mouvement ou le cadran sont signés avec un nom anglais, dites-vous qu’il y a une chance que la montre ait été produite sur le territoire helvétique!
On est semble-t-il loin d’un Swiss made inscrit dans notre loi confédérale?
Bien sûr. Cette valeur n’existe tout simplement pas à cette époque. L’horlogerie avec un grand «H», comme on le dirait aujourd’hui, se fabrique surtout à Londres et à Paris. C’est la raison pour laquelle des horlogers comme Ferdinand Berthoud,
Abraham-Louis Breguet ou Justin Vulliamy poursuivent leurs apprentissages dans ces capitales européennes. Nous n’avons pas inventé le concept de formation continue (rires)! Ces trois hommes sont restés dans leur pays d’adoption, mais d’autres artisans migrants rentrent après avoir enrichi leur bagage technique, leur réseau ou avoir saisi quelques secrets de fabrication.
Qu’est-ce qui vous agace le plus parmi ces «certitudes admises» qui mériteraient d’être bousculées?
Ce qui me laisse perplexe c’est le fait qu’on se contente de répéter les mêmes histoires, les mêmes noms ou les mêmes dates sans vérifier leur pertinence par rapport au contexte et donc aux pratiques du 18e siècle. Il y a un certain pan de l’histoire horlogère qui sent la naphtaline, si je peux me permettre d’utiliser cette expression. Cela est fort dommage…
Extraits d’une lettre inédite de Ferdinand Berthoud (1761), conservée en Ecosse (Edimbourg, National Records of Scotland, GD157/3301).
Existe-t-il des vérités historiques qui ne sont pas bonnes à dire?
Il existe surtout des contextes qui ne veulent pas de ces vérités ou qui ne sont pas prêts pour les entendre. Alors que j’étais conservatrice adjointe au Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds, lors d’une élocution officielle j’ai «osé» rappeler qu’au dernier tiers du 18e siècle les JaquetDroz siècle avaient mal géré leurs relations commerciales avec la Chine, car un chercheur anglais l’avait démontré, sources à la main. Mon intervention a suscité des réactions très vives et on m’a reproché d’avoir mis en péril le soutien de l’entreprise Jaquet Droz actuelle au musée. Récemment, j’ai en revanche collaboré avec un «lanceur d’alertes» connu dans les milieux horlogers: Il voulait démontrer que la date de fondation d’une maison horlogère suisse n’avait pas de fondement historique solide. Je lui ai expliqué comment trouver les sources et, plus important encore, comment les comprendre pour mener un travail d’historien sérieux. L’entreprise horlogère en question n’a pas apprécié mon implication.
On vous dit redoutable en recherches, qu’est-ce qui vous différencie? (Rires). Mes amis et collègues anglais m’appelle «Super Sleuth» en effet. J’aime énormément le travail de terrain, car à mon avis l’histoire ne s’écrit pas en réinterprétant les sources déjà connues. Je fréquente donc assidument les bibliothèques, les archives et les responsables de ces collections. Certains de mes collègues ne le font
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«J’aime rappeler au secteur horloger que la recherche historique de qualité est un savoir-faire»
pas ou plus, puisque ça prend du temps. C’est regrettable car le travail de terrain a ses avantages. Il m’arrive constamment de repérer des informations intéressantes, alors que j’étais en train de chercher autre chose. C’est une question de chance ou d’instinct, peut-être. Ou de capacité à tisser des liens entre des phénomènes apparemment distants. Aussi, trouver une information dépend de votre connaissance du contexte et d’une époque.
Est-ce qu’on ne trouve pas tout finalement sur internet?
L’AI et les plateformes digitales qui se multiplient représentent des instruments formidables et indispensables pour la recherche. Les campagnes de numérisation de ces vingt dernières années ont beaucoup facilité les recherches et c’est donc en ligne que les recherches démarrent. Cependant, elles ne doivent pas se confiner à ces outils. Aujourd’hui, le public et les nouvelles générations d’étudiants ont tendance à croire que
tout ce qui existe est accessible en ligne. C’est faux. Ce qui est en ligne ne constitue qu’une petite partie des documents accessibles dans les bibliothèques, aux archives ou chez les particuliers. Dès lors, on se confronte à une forme de paradoxe: si vous pensez que tout est disponible en ligne, vous ne ferez plus l’effort de chercher ailleurs! Ainsi, alors que les bases de données et les plateformes valorisent et donnent de la visibilité à certains documents, elles contribuent à en invisibiliser tout plein d’autres.
Faut-il encore savoir quoi faire de ce qu’on trouve sur la Toile?
J’entends régulièrement des gens des milieux horlogers me raconter qu’ils se découragent, parce qu’ils ne trouvent pas d’informations sur telle ou telle plateforme. La recherche de qualité reste un savoir-faire et pour bien exploiter le matériel sur les plateformes il est nécessaire de posséder quelques compétences spécialisées.
«Il y a des marques qui soignent leur rapport à l’histoire et d’autres qui le considèrent comme un instrument marketing à manier sans précautions»
«Il y a un certain pan de l’histoire horlogère qui sent la naphtaline»
Vous est-il arrivé dans le cadre d’un mandat rémunéré de faire des découvertes qu’on vous a demandé de taire?
Lors de mandats, je recherche des informations pour des clients, privés ou publics, que je livre sous la forme de données historiques. Je ne cède pas la propriété intellectuelle de ma recherche. Dès lors, la manière dont le client décide d’exploiter ces données ne me concerne pas. De surcroît, je travaille avant tout sur des documents du 18e et du 19e siècles essentiellement conservés par des institutions publiques ou disponibles sur des plateformes gérées par ces mêmes institutions. L’accès à ces sources n’est généralement pas soumis à des restrictions, à quelques exceptions près. Demander de «me taire» n’a donc pas de base légale, car ces sources sont accessibles à tout le monde.
Extraits du contrat de société entre l’horloger Henry Grandjean et sa nièce Oline Rossel, 1869 (Neuchâtel, Archives de l’État, NOT Jules Jeanneret). Consulter l’intégralité du document sur demande jsh@jsh.swiss
A force de marteler des pseudo-réalités historiques ou des «raccourcis », les marques arrivent-elle à imposer des vérités qui s’opposent à la réalité historique?
La question est complexe, elle dépasse le cadre des marques, car en Suisse l’histoire horlogère est fortement enracinée dans des territoires et, par conséquent, constitue une composante essentielle de processus identitaires qui ont eux-mêmes des origines lointaines. «Il y a des marques qui soignent leur rapport à l’histoire et d’autres qui le considèrent comme un instrument marketing à manier sans précautions»
J’aurais tendance à dire que les marques n’imposent pas leurs vérités historiques, elles les vendent avec leurs montres, comme un produit. Le client a le choix d’y croire ou non. De nos jours, beaucoup de collectionneurs critiquent, voire se moquent sur les réseaux sociaux, de ce traitement «photoshopé» de l’histoire. Ils réclament davantage de transparence et d’authenticité. Les professionnels de l’histoire, quant à eux, savent très bien faire la différence, mais nous ne sommes pas la clientèle cible des marques (rires). n
Par Albert J. de Buttes-LaCôte
éditeur suisse des débuts, acteur majeur de la distribution de livres horlogers dans le monde, persiste et signe.
Cosmograph Daytona… nom légendaire
En 1963, Rolex lance le Cosmograph Daytona, un chronographe de sport qui n’a cessé d’évoluer dans le respect de l’esprit de la marque, s’efforçant d’améliorer la
Après avoir cartonné en 2014 avec ‘Moonwatch Only‘, l’éditeur suisse publie à nouveau ses deux auteurs Anthony Marquié et Grégoire Rossier: deux indispensables co-écrits avec l’autrice-experte Tiffany To.
technologie existante et de repousser les limites de la faisabilité technique.
Il n’existe que très peu de montres aussi célèbres que la Rolex Daytona. Si cela semble une évidence aujourd’hui, tel n’a pas toujours été le cas: contrairement à ce que l’on pourrait penser, son succès n’a pas été immédiat. Reste qu’elle dispose aujourd’hui d’une renommée probablement inégalée dans l’his-
L’acteur Paul Newman, pilote émérite, reçoit de son épouse ce qui deviendra cette montre en acier, la plus légendaire de l’horlogerie. Au point que, sans que la marque ne le cautionne, ce modèle porte désormais son nom.
L’autrice Tiffany To, experte reconnue œuvrant au sein de la prestigieuse maison Phillips, a apporté sa précieuse contribution et son indéniable expertise de ce modèle mythique Daytona. Grâce à son implication, ces deux ouvrages ont également pu avoir accès à des images rares provenant des bases de données de la célèbre maison d’enchères portée par Aurel Bacs.
toire de l’horlogerie moderne. Cette reconnaissance unique en fait l’une des montres les plus convoitées du monde, entraînant ainsi de gigantesques spéculations – financières et psychologiques – dans le milieu des collectionneurs et des amateurs de montres.
Renommée et dangereuses variations
Des variations de configurations, à commencer par les célèbres cadrans «Paul Newman», peuvent engendrer des différences de prix extravagantes, souvent inimaginables pour le grand public. Cela titille les tentations, de la part d’acteurs du marché peu scrupuleux, de reconstituer des versions non originales mais particulièrement
Volume 1
Consacré aux modèles à remontage manuel produits entre 1963 et 1988. Ce livre est une célébration de cette illustre histoire, forgée par de nombreux personnages, le plus célèbre d’entre eux étant sans aucun doute l’acteur, philanthrope et pilote automobile Paul Newman.
Valeur € 175,00 / N° ISBN 978-2940506-53-8 (anglais) / N° ISBN 978-2-940506-54-5 (français) / 27,6 x 23,8 cm / 288 pages, plus de 350 illustrations
onéreuses. Ainsi, de nombreux exemplaires discutables sont apparus au fil des années sur un marché dont les enjeux financiers sont en constante croissance.
Ce phénomène touche quasiment toutes les Daytona, y compris certains des modèles les plus chers, dont l’originalité de la conformité a parfois été le sujet de vives discussions et de conclusion divergentes entre experts renommés.
Ces deux volumes sont donc à placer sur l’étagère des indispensables. n
www.watchprint.com
Watchprint, alias Fabrice Mugnier, est un éditeur libraire à la tête d’un catalogue horloger de plus de 800 références. C’est sur son stand, lors du Watches & Wonders que se trouve distribué le journal suisse d’horlogerie JSH, dont il reste un des grands éditeurs historiques. Ici à La Maison de l’Horlogerie de Genève, lors d’un WatCH Café (événement signé JSH et les frères Alain et Olivier Guttly).
Devant lui, un livre exceptionnel «Oyster Perpetual Submariner – La clé des profondeurs» dont il a la distribution officielle pour l’Europe, la «première biographie autorisée» par Rolex sur l’histoire de cette légende. Signé Nicholas Foulkes, auteur et expert en horlogerie, président du Jury du GPHG. Fruit d’une association entre Rolex et Wallpaper. 252 pages.
Intégralement consacré aux modèles automatiques (de 1988 à nos jours). 25 ans après l’apparition de son modèle phare, Rolex décide de l’équiper d’un calibre à remontage automatique qui remplace définitivement les anciens mouvements à remontage manuel. La Daytona devient alors probablement l’une des montres les plus convoitées de l’histoire. Depuis cette époque, la Daytona n’a cessé d’évoluer, intégrant une multitude d’innovations techniques, que ce soit au niveau du mouvement, toujours plus performant, ou d’autres composants, tels que le bracelet ou la lunette en céramique. Elle se décline désormais dans une gamme beaucoup plus large, intégrant des versions en métal précieux et/ou serties de pierres. Toutefois, la marque a toujours su garder cet ADN si particulier qui rend cette icône immédiatement identifiable.
Valeur € 175,00 / N° ISBN 978-2-940506-56-9 (anglais) / N° ISBN 978-2940506-57-6 (français) / 27,6 x 23,8 cm, 318 pages, plus de 350 illustrations
Par Charlotte Ollivier JSH 1876 News
Au commencement, une fabrique horlogère puis un musée… Un taux de satisfaction élevé, Florence Jiguet-Poirier est fière de son équipe.
Un établissement technique
Après la réception d’une première reconnaissance en 2018, un label qualité ‘tourisme’ renouvelé valorise ce musée qui, pour se laisser découvrir, requiert au préalable quelques connaissances. En1848, il était un établissement d’enseignement technique, il formait des horlogers et des mécaniciens. Les travaux des élèves et des professeurs y étaient exposés afin de les faire connaître et de les valoriser. 1900, une participation à l’Exposition Universelle. En 1960, l’institution devient lycée technique d’État.
Aujourd’hui, les archives municipales occupent le rez-de-chaussée tandis que le musée est à l’étage. En 1998, une salle
Premier étage. Situé au 100 place du 11 Novembre à Cluses, en HauteSavoie, une navette quotidienne au départ de Genève. A 45 minutes d’Annecy et à 30 minutes de Chamonix, des parkings gratuits à proximité.
en hommage à l’histoire industrielle de la région est inaugurée. Depuis 2015, le lieu est géré par la communauté de communes
Cluses Arve et montagnes. L’histoire, ici en Haute-Savoie, c’était celle des cotraitants des horlogers de Genève. Les petites pièces
Véritable institution clusienne, «L’horlo» a 1001 histoires à nous livrer…
Septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Après quelques mois d’une «drôle de guerre», Cluses se retrouve en zone libre. Les conséquences sont nombreuses pour l’école: manque de personnel, difficulté de ravitaillement… Puis en 1942, la zone libre est supprimée et l’armée occupe l’établissement scolaire. La vie quotidienne est lourdement impactée. Tel était le thème d’une exposition temporaire 2024, année du 80ème anniversaire de la libération de la France. Le musée de l’Horlogerie et du Décolletage se faisait alors l’écho de cette période marquante pour l’histoire de l’école, de ses élèves et de Cluses.
Jumelage avec Trossingen en Allemagne
Charlotte Ollivier, journaliste
Le jumelage de Cluses-Trossingen s’inscrit dans la lignée du traité de l’Élysée signé en 1963 par le Général de Gaulle, alors Président de la République, et Konrad Adenauer, chancelier fédéral. Jacqueline Raguin, professeur d’allemand au collège de Cluses, organise les premiers échanges en 1970. C’est en 1973 que naît le comité de jumelage et c’est en 1974 qu’il est acté officiellement entre les deux villes. Les maires de l’époque étaient messieurs Paul Bechet et monsieur Heinz Mercherlein. Récemment, les deux institutions ont célébré leurs 50 ans de jumelage en procédant à un échange de musée: tandis qu’une exposition temporaire se déroulait à Cluses, une exposition se tenait du 2 mars au 26 mai 2024 à Trossingen. Le musée Auberlehaus relate l’histoire de la ville et aborde différentes thématiques. www.museum-auberlehaus.de
y étaient fabriquées puis la suite assurée en Suisse, notamment à Neuchâtel, où l’ensemble était assemblé, monté, décoré et mis en vente.
Multiples médiations
L’ambition d’être accessible à tous et d’être ‘tout public’ a toute son importance. Depuis une dizaine d’année, des visites, activités, ateliers et autres médiations sont organisées. Même le plus jeune public a accès à la culture accompagné par des parents
Originaire d’Alsace et en phase de s’en rapprocher au détour d’une opportunité professionnelle prochaine, Charlotte Ollivier rejoint la rédaction du Journal suisse d’horlogerie JSH et l’agence de presse JSH 1876 News. Ses articles sont régulièrement publiés sur le Swiss Watch Passport by JSH, un magazine horloger online bilingue français et anglais ainsi que sur son blog.
www.laplumeartiste.com www.swiss-watch-passport.ch
encouragés à leur donner goût à l’histoire. Une approche qui tend à inspirer le musée Saint Nicolas d’Aliermont, autre haut-lieu de l’horlogerie présenté dans JSH en juin 2024.
L’établissement participe généralement à la Fête de la Science, aux Journées du Patrimoine, à la Nuit des Musées. Ouvert à toute initiative, il a à cœur de se faire connaître et d’intéresser toute personne et toute organisation désireuse de découvrir la région et son parcours. Au printemps, tourisme et handicap propose des visites sensorielles. n
www.musee.2ccam.fr
Par Albert J. de Buttes-LaCôte
Loin d’être une simple collection de biographies, ce livre nous invite à comprendre plus en finesse l’histoire de l’horlogerie elle-même.
Trajectoires fascinantes
L’ouvrage retrace l’histoire de plusieurs membres de la famille Gagnebin et le rôle qu’ils ont joué dans l’évolution de l’art horloger de l’époque. On y découvre donc Daniel Gagnebin, horloger du tout début du siècle qui a été le maître d’apprentissage d’Abraham Favre, le fondateur de la marque Favre Leuba. Le fils de Daniel Gagnebin, lui-même appelé Daniel, deviendra un businessman féru; Simon-Pierre Gagnebin, quant à lui, est nommé graveur de la reine Marie-Antoinette.
Écrit par Rossella Baldi, l’historienne spécialiste du XVIIIe, «Parcours horlogers de la famille Gagnebin au siècle des Lumières» promet une immersion captivante dans le fascinant univers horloger de l’époque!
Au fil des pages, l’autrice ne se contente nages: elle éclaire, par leurs histoires, le développement du savoir-faire horloger
dans la région jurassienne. En explorant les trajectoires professionnelles et familiales des Gagnebin, ses pages offrent au lecteur une incursion dans un monde artisanal en plein essor, mais déjà marqué par la quête d’innovation, la constitution de réseaux internationaux, ainsi que la mobilité des gens et des objets. n
www.alphil.com
Par Kenan Tegin*
Les deux souverains avaient plusieurs choses en commun. Ils aimaient les philosophes du siècle des Lumières: tandis que Frédéric II de Prusse (1712-1786) était influencé par Voltaire, Napoléon (17691821), qui semblait apprécier Frédéric II dans sa jeunesse, admirait Jean-Jacques Rousseau. Il lisait Machiavel et… Voltaire aussi, sans négliger les philosophes grecs.
Tous deux semblaient aimer passionnément la France. Une chose les unissait encore, l’amour des instruments horlogers. Nul doute qu’ils avaient fait des garde-temps leurs indispensables instruments de guerre. Dès lors, Breguet, Berthoud et Lépine deviendront pour eux des fournisseurs privilégiés. Napoléon entretenait des relations particulières avec son horloger préféré Abraham-Louis Breguet. D’ailleurs, sur les champs de bataille, l’Empereur faisait des qualités et de l’ingéniosité des montres du maître, ses «armes spéciales».
Pour les deux chefs guerriers Frédéric Le Grand et Napoléon Bonaparte synchroniser les mouvements des troupes sur un champ de bataille nécessitait, avant tout, de maîtriser le temps. Récit.
Napoléon Bonaparte était un fidèle client d’Abraham Louis Breguet
Prises de guerre
Le 27 octobre 1806, Napoléon et sa Grande Armée entrent victorieusement à Berlin. La Prusse est vaincue! Les soldats napoléoniens mettent 19 jours pour triompher. Le 6 novembre 1806, la paix est signée. Il est dit que le vainqueur tient pourtant le vaincu Frédéric II en haute estime, le considérant comme l’égal d’un Jules César ou d’un Alexandre Le Grand. L’apprécie-t-il aussi indirectement en raison de son amour des belles montres?
Le temps de l’exil
Cette montre de Frédéric II et sa légendaire Breguet furent les seules à accompagner
Toujours est-il que comme prises de guerre, l’Empereur des Français reçoit entres autres le quadrige de la Porte de Brandebourg, l’épée de Frédéric II ainsi la montre en argent massif qui lui servait de réveil. Là, un détail m’étonne: si Napo léon restitue l’épée et le qua drige, il conserve le garde-temps en argent. Un jour, on lui demande pourquoi il n’a pas gardé l’épée. «J’avais la mienne» dit-il. Celui qui a toujours sur lui son inséparable Breguet semble donc apprécier les montres plus que les armes…
Frédéric Le Grand, alias Frédéric II de Prusse, comme Napoléon Bonaparte, affectionnait les instruments horlogers
Compagne de Napoléon durant son exil à Sainte-Hélène, cette Breguet de poche se trouve aujourd’hui à Cuba, au Museo Napoleoico de La Havane.
photo © Margaret Rosenberg, 2017
Hélène. Outre l’importance du temps qui passe, un ressenti accru en raison de son isolement, tout laisse à penser que ses montres avaient valeur de témoin de ses grandes actions passées et de ses prises de décision. Il songea même à se suicider. A Sainte-Hélène, dans sa demeure déchue, n’y avait-il pas sur la cheminée, les portraits ou bustes de l’Impératrice Marie-Louise, de son jeune fils Roi de Rome, et cette bienaimée montre de Frédéric II? Pour ce qui
A visiter à La Havane, proche de l’Université: la collection, évaluée à 8 millions de dollars en 1986, réunit des armes et des équipements militaires, des meubles, des bronzes, des porcelaines, des peintures, des sculptures, des monnaies, des objets personnels de Napoléon et de ses proches, des livres, des gravures et des lettres autographes. Au total, plus de 7 000 pièces.
www.facebook.com/ museonapoleonico.ohc
La suite, on la connaît. Il rend l’âme le 17 avril 1821, certainement brisé par son célèbre geôlier, le général Hudson Lowe, gouverneur britannique de 1816 à 1821 de l’île. Avant de partir, son testament l’atteste, il lègue à son fils son inséparable Breguet et l’imposante montre en argent de Frédéric le Grand. Les deux pièces n’atteindront jamais leur destinataire, elles disparaissent mystérieusement durant le voyage.
Piste cubaine
Par on ne sait quel méandre de l’Histoire, la Breguet réapparaît à Cuba où Raul Castro, peu avant de devenir le dirigeant de l’État cubain, la destine au Museo Napoleonico de la Havane à l’occasion de sa réouverture en 2007. Elle y est encore! Quant à la montre de Frédéric II de Prusse, elle n’a jamais été retrouvée. Peut-être un jour, qui sait? n
*Kenan Tegin, l’impact horloger
Dès 1993, il lance pour le groupe Ringier avec son collaborateur d’alors, le soussigné Joël A. Grandjean, les magazines Montre Passion, Uhren Welt en version allemande, ainsi que le prix annuel «Montre de l’Année». Collectionneur éclectique, passionné instatiable, ce patron de presse participe ainsi en Suisse à la naissance de la presse horlogère destinée au public. Jusqu’au dernier numéro du magazine Montres Passion, il tenait cette fidèle rubrique «Mythes & Légendes» que le Journal suisse d’horlogerie JSH fait revivre depuis sa relance en 2019. Hommage à son œuvre, elle alimente le rêve qui se transmet et la passion contagieuse de l’horlogerie, jamais _JAG
Montre émaillée représentant Frédéric II de Prusse signée Abraham-David Perret-Wattel à Valangin, vers 1774. Collection MIH
Par Joël A. Grandjean
Or donc, l’ancien étudiant en design industriel et architecture devenu publicitaire collectionne les montres! Il semble plus pugnace que ses semblables et face aux marques n’a pas l’once d’une attitude obséquieuse ou larbine. D’ailleurs, son pseudo sur insta en dit long: «Pereztroika!»
Alias Perezcope, un magazine ultra qui traque les ‘frankenwatches’ et... toute autre espèce d’ineptie horlogère.
Tremblements de terre
Quand a-t-il stoppé de prendre pour «parole d’évangile» ce que les marques lui racontent et pour «argent comptant» ce que les maisons d’enchères lui vendent? Certains le disent, il a disjoncté. Quelles que soient ses motivations, sa quête de vérité débouche parfois sur de sains résultats et génère une forme bienvenue de «recadrage»: du genre de ceux qui fortifient les process de contrôle et, en définitive, restaurent la confiance du consommateur final.
Du «lourd», il en a sorti! Ça a même fait trembler Omega et failli écorner l’image de Philips: une fausse-vraie pièce historique issue des intérieurs, qui venait de se tailler une performance usurpée à l’encan! Tout s’est avéré exact, des têtes sont tombées, du ménage a été fait.
Vallée de Joux, juste une chiquenaude?
L’horlogerie a-t-elle son Julien Assange? Le voici maintenant qui s’en prend au fait qu’un certain Jehan-Jacques Blancpain ne peut techniquement pas s’être inscrit à Villeret comme horloger en 1735... Registres consultés, originaux traqués et déterrés. L’homme a de la méthode. Du coup, il inventorie sans complexe les pubs d’une époque antérieure qui atteste qu’une autre date de fondation, 1815, semble alors acquise.
Ce natif de Suisse s’est posé en Asie du Sud-Est. Addict au purisme et à la collectionnite, cocktail dangereux, il règne sur une communauté de plusieurs dizaines de milliers de followers. Sa voix compte, ça inquiète ici et là!
Nul doute qu’un historien, même haut placé dans le Swatch Group, aurait peine à réfréner un demi-sourire en coin s’il apprenait l’éventualité de cette petite imprécision de 80 ans! Pourvu que certains acquéreurs américains déçus d’avoir craqué notamment dans les années 1990 pour la ‘1735
Grand Complication’, ne rameutent pas suffisamment de pairs pour se lancer dans une «class action»! Les dents grincent… n
www.perezcope.com
Attachements véritables, l’avis de JSH
Toute vérité s’invitant dans le storytelling d’une marque reste utile, même si, momentanément, elle n’est pas bonne à entendre ou qu’elle «dé-romance» un discours officiel. Elle rend la marque plus humaine, plus attachante... moins arrogante. Au monde de la passion véritable, Assange ou pas, le peu que je sais de cette «matière historique» apparemment figée mais capable d’éruptions surprises, c’est qu’elle reste indiscutablement indomptable. Lorsqu’elle nous gratifie ainsi de ses particules de justesse, irradiant au passage quelques certitudes, elle raffermit sur un plus long terme l’amour de l’horlogerie, marques visées comprises.
présente
LES QUATRE SAISONS Le C anton H alles
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ÉCRINS HORLOGERS, SPIRITUEUX, COSMÉTIQUES, INSTRUMENTS
D’ÉCRITURE, JOAILLERIE, MAROQUINERIE & DISPLAYS