144e ANNÉE
® SINCE 1876
JSH.SWISS PRINTEMPS 2020 SPÉCIAL SALONS MOTEUR MATIÈRES MÉTIERS MARCHÉS ABO CHF 18.76 / AN CHF 14.40 | € 12,91
Big Data, Machine Learning et Blockchain versus Observatoires, chronométrie, réglage et grands horlogers. JSH® Magazine, fidèle à son ADN de journal suisse d’horlogerie, explore l'histoire horlogère et les pistes du futur.
LE CADRAN « Je serai au salon EPHJ à Genève le mercredi 17 juin 2020 pour une séance de dédicace. » Dr. Helmut Crott
18.76 % DE REMISE À L’ACHAT DU LIVRE Offre réservée aux abonnés JSH ® Magazine — abo@jsh.swiss
LE CADRAN VISAGE DE LA MONTRE BRACELET AU 20 E SIÈCLE
Stern Frères Stern Créations Un maître cadranier
Livre à part dans le paysage littéraire horloger, cet ouvrage référence consacré au cadran des montres bracelets au XXe siècle, révèle la remarquable histoire du célèbre cadranier genevois Stern. Au fil de ses 392 pages et plus de 600 illustrations, il propose un regard approfondi sur les différents procédés de fabrication des cadrans, du simple décor argenté avec index imprimés aux cadrans complexes et uniques, en émail cloisonné ou champlevé. Puis, un chapitre dédié à une sélection de cadrans rares appartenant à des montres anciennes emblématiques, tous analysés dans le détail, complète le tableau. LE CADRAN par le Dr. Helmut Crott, Édité en français, imprimé à 300 exemplaires.
Dr. Helmut Crott
Commande et livraison via le site : www.vintagewatchexpert.com
Bennahmias et corona
même combat
D’un côté, la voix de l’intelligence, celle du CEO d’Audemars Piguet, François-Henry Bennahmias. Perché sur la scène du GPHG 2019, il lance un coup de gueule. Il fustige les marques qui, pour gratter 10 à 20 francs sur un prix public, vont voir « comment produire dans d’autres parties du monde. » Comprenez celles qui tournent le dos à leurs fournisseurs historiques, suisses ou de proximité, pour sous-traiter en Chine, sans toutefois renoncer au Swiss made puisqu’elles en manient avec habileté la marge de manœuvre. En contrepied, les mots du plus swag des patrons horlogers résonnent : « sans les fournisseurs, l’horlogerie n’est absolument rien (…), on a le devoir de préserver un savoir-faire qui est absolument unique dans ce pays et on ne le fera que si on continue à soutenir les fournisseurs. » De l’autre, la voix des circonstances. Celle d’un coronavirus qui s’en prend aux intérêts du secteur, le privant de visiteurs, d’acheteurs et aussi... de composants ! Car cette catastrophe dévoile le sacré va-etvient entre manufactures helvétiques et entreprises chinoises. En immobilisant personnes et biens, pour juguler la contagion, les mesures sanitaires mondiales ont mis en lumière les marques qui font juste. Celles qui, malgré la tentation de faire reluire leurs bilans comptables ou d’élargir le sourire de leurs actionnaires, renoncent à délocaliser pour optimiser leurs marges. Celles aussi qui, grâce à leur respect du « retail à l’ancienne », survivent à l’immobilisation générale des marchandises parce qu’elles disposent, chez des détaillants traditionnels, de stocks disséminés jusque dans le moindre recoin de leurs marchés.
Cotraitance, l’espoir. Ainsi, en ces temps sinistrés et infectés, quelques signes sont synonymes d’espoir pour les fournisseurs. Moins arrogantes, les marques reviennent au bercail, en quête d’alternatives de proximité et de « solutions locales ». Elles multiplient leurs demandes pressantes en vue de recevoir des offres. D’anciens liens se renouent. A tout prendre, elles réalisent que le cotraitant voisin, compétent et lucide, a encore de belles cartes à jouer, comme sa force d’innovation. Des bactéries résistantes. Les maux engendrent les mots, qui circulent aujourd’hui sans garde-fou, bruts de décoffrage, colportés par des réseaux pseudo-libres prisonniers de leurs travers : absences d’analyse, de relief, de contextualisation... Les rumeurs en rajoutent, abreuvant le ragot diffus d’experts autoproclamés, souvent des consultants en quête de job qui usent de catastrophisme pour gagner en visibilité. Les troubles politiques de Hong Kong, le Coronavirus, la Comco qui en remet une couche... C’est vrai que c’est flippant. C’est à prendre au sérieux, ça menace des emplois. Face à l’Histoire toutefois, au-delà de sa célèbre crise des seventies, l’horlogerie suisse n’a cessé de digérer les guerres, la cherté de son franc, les troubles politiques, les épidémies, l’explosion des bulles.... Un horloger me glissait : « Nous nous en sortons parce que nous sommes des bactéries. Et les bactéries, ça a l’avantage de s’adapter, même aux remèdes. » Se serrer les coudes ! Joël A. Grandjean, rédacteur en chef
jag@jsh.swiss
#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
3
MOMENTS
La Bibliothèque
Jean-Claude Sabrier
Audrey Humbert, Experte en Horlogerie spécialisée dans l’Horlogerie de collection
Lovée au cœur de la Manufacture Journe, la Bibliothèque Jean-Claude Sabrier nous rappelle l’importance de la conservation du patrimoine.
A
pprendre par la lecture des livres ? Cette notion devient désuète à l’heure où nous confions tout notre savoir à notre téléphone. Le digital a pris ses quartiers dans notre quotidien et jusque dans la conservation et la consultation des livres historiques. La démarche de François-Paul Journe En marge de ce mouvement du tout numérique, l’horloger de l’Invenit et Fecit, deuxième prix Gaia en 1994 dans la catégorie Artisanat Création, est aujourd’hui le gardien d’un héritage horloger patiemment rassemblé par Jean-Claude Sabrier. Il veut le préserver de l’oubli, il s’en est donné les moyens. Car tandis que les livres dans leur version digitalisée favorisent le survol d’une œuvre et un accès rapide en fonction de mots clés, pour autant que l’on connaisse ce que l’on recherche, les livres dans leur version physique offrent une expérience incomparable. Pour ce passionné d’horlogerie, parcourir les livres agit comme une thérapie. Chaque livre est une découverte. On y retrouve des écrits sur les plus grands chefs-d’œuvre de l’horlogerie comme par exemple Le Paon, cette horloge automate réalisée par l’horloger joaillier et homme d’affaires anglais James Cox (1723-1788), qui
72
#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
se trouve exposée au Musée de l’Ermitage de St Pétersbourg. Vendue en pièces détachées à Potemkin (amant et favori de la reine Cahterine la grande), elle mit 9 ans à être reconstituée. L’apprentissage de l’horlogerie passe par les livres Au fil de ces livres, on vibre en suivant l’histoire trépidante de la fameuse Marie-Antoinette, cette montre lé-
gendaire d’Abraham-Louis Breguet rassemblant un nombre vertigineux de complications. Une pièce qui avait disparu pendant de nombreuses années suite à un vol et qui, retrouvée, fut léguée au Musée d’Art Islamique de Jérusalem. Les pages de ces livres révèlent aussi des secrets, comme les querelles entre horlogers qui furent nombreuses quoique largement oubliées
MOMENTS
aujourd’hui. On se délecte de la finesse et de la diplomatie dont faisaient usage les uns et les autres afin de gérer des affaires de la plus haute importance puisque l’horlogerie, au 18ème siècle, était au centre des enjeux politiques.
Faire souffrir les montres avec élégance tout en leur mesurant le pouls.
Prix Gaïa 1997 dans la catégorie Histoire et Recherche, Jean-Claude Sabrier était passionné d’horlogerie et travailleur infatigable. Il était pleinement engagé - comme collectionneur, marchand et historien –, dans l’étude des pendules et des montres, dans toutes leurs variétés. Son domaine de prédilection était l’horlogerie de précision. En 1980 et en collaboration avec Hervé Chayette, il initie en France les ventes aux enchères spécialisées dans l’horlogerie. Il s’éloignera plus tard du monde des ventes aux enchères au bénéfice du Swatch Group, comme conseiller en charge des collections patrimoniales. Il était un ami et un confident de très longue date de François-Paul Journe.
Histoire de la chronométrie Pour d’autres, le plus grand intérêt de la collection, et ce qui constitue son fil rouge, c’est toute la documentation qu’elle rassemble sur le thème de la chronométrie, française et anglaise principalement. Les recherches, les concours, les expositions, etc… Tout y est. Mais attention, la lecture de ces documents doit se faire avec les précautions nécessaires. Pour bien interpréter les informations disponibles dans les livres, il faudra prendre le temps de se documenter en croisant les sources. Dans ce repaire de savoir regroupé, il règne une atmosphère apaisante, à la fois loin de l’agitation de la ville autour, pourtant si près. Cette atmosphère, je l’ai particulièrement appréciée pendant de longues journées studieuses passées à parcourir les livres afin de constituer un catalogue raisonné de la bibliothèque. Préservés au cœur de la Manufacture Journe, ces trésors littéraires veillent sur un majestueux régulateur astronomique réalisé par Constantin-Louis Detouche (1810-1889). n
La Bibliothèque Jean-Claude Sabrier est constituée de près d’un millier d’ouvrages, manuscrits, lettres et catalogues, ayant tous appartenu à Jean-Claude Sabrier. Ce qui représente également près d’un millier d’auteurs et de co-auteurs. Les plus grands noms de l’histoire de l’horlogerie se distinguent parmi eux, tels Ferdinand Berthoud, Pierre Le Roy, Antide Janvier, Abraham Louis Breguet, Thomas Mudge. Les livres ne sont pas disponibles à la consultation à moins que vous ne puissiez négocier directement avec l’heureux propriétaire. Il vous faudra dès lors savoir toucher une de ses cordes sensibles.
#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
73
éditeur libraire de
l'horlogerie Bruxelles
Genève London Luxembourg Basel Zürich New York München Paris Hong Kong
watchprint.com