144e ANNÉE
® SINCE 1876
JSH.SWISS PRINTEMPS 2020 SPÉCIAL SALONS MOTEUR MATIÈRES MÉTIERS MARCHÉS ABO CHF 18.76 / AN CHF 14.40 | € 12,91
Big Data, Machine Learning et Blockchain versus Observatoires, chronométrie, réglage et grands horlogers. JSH® Magazine, fidèle à son ADN de journal suisse d’horlogerie, explore l'histoire horlogère et les pistes du futur.
Bennahmias et corona
même combat
D’un côté, la voix de l’intelligence, celle du CEO d’Audemars Piguet, François-Henry Bennahmias. Perché sur la scène du GPHG 2019, il lance un coup de gueule. Il fustige les marques qui, pour gratter 10 à 20 francs sur un prix public, vont voir « comment produire dans d’autres parties du monde. » Comprenez celles qui tournent le dos à leurs fournisseurs historiques, suisses ou de proximité, pour sous-traiter en Chine, sans toutefois renoncer au Swiss made puisqu’elles en manient avec habileté la marge de manœuvre. En contrepied, les mots du plus swag des patrons horlogers résonnent : « sans les fournisseurs, l’horlogerie n’est absolument rien (…), on a le devoir de préserver un savoir-faire qui est absolument unique dans ce pays et on ne le fera que si on continue à soutenir les fournisseurs. » De l’autre, la voix des circonstances. Celle d’un coronavirus qui s’en prend aux intérêts du secteur, le privant de visiteurs, d’acheteurs et aussi... de composants ! Car cette catastrophe dévoile le sacré va-etvient entre manufactures helvétiques et entreprises chinoises. En immobilisant personnes et biens, pour juguler la contagion, les mesures sanitaires mondiales ont mis en lumière les marques qui font juste. Celles qui, malgré la tentation de faire reluire leurs bilans comptables ou d’élargir le sourire de leurs actionnaires, renoncent à délocaliser pour optimiser leurs marges. Celles aussi qui, grâce à leur respect du « retail à l’ancienne », survivent à l’immobilisation générale des marchandises parce qu’elles disposent, chez des détaillants traditionnels, de stocks disséminés jusque dans le moindre recoin de leurs marchés.
Cotraitance, l’espoir. Ainsi, en ces temps sinistrés et infectés, quelques signes sont synonymes d’espoir pour les fournisseurs. Moins arrogantes, les marques reviennent au bercail, en quête d’alternatives de proximité et de « solutions locales ». Elles multiplient leurs demandes pressantes en vue de recevoir des offres. D’anciens liens se renouent. A tout prendre, elles réalisent que le cotraitant voisin, compétent et lucide, a encore de belles cartes à jouer, comme sa force d’innovation. Des bactéries résistantes. Les maux engendrent les mots, qui circulent aujourd’hui sans garde-fou, bruts de décoffrage, colportés par des réseaux pseudo-libres prisonniers de leurs travers : absences d’analyse, de relief, de contextualisation... Les rumeurs en rajoutent, abreuvant le ragot diffus d’experts autoproclamés, souvent des consultants en quête de job qui usent de catastrophisme pour gagner en visibilité. Les troubles politiques de Hong Kong, le Coronavirus, la Comco qui en remet une couche... C’est vrai que c’est flippant. C’est à prendre au sérieux, ça menace des emplois. Face à l’Histoire toutefois, au-delà de sa célèbre crise des seventies, l’horlogerie suisse n’a cessé de digérer les guerres, la cherté de son franc, les troubles politiques, les épidémies, l’explosion des bulles.... Un horloger me glissait : « Nous nous en sortons parce que nous sommes des bactéries. Et les bactéries, ça a l’avantage de s’adapter, même aux remèdes. » Se serrer les coudes ! Joël A. Grandjean, rédacteur en chef
jag@jsh.swiss
#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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MANUFACTURE DE MOUVEMENTS MÉCANIQUES D’EXCEPTION
c’est bien au cœur de Concepto à La Chaux-de-Fonds que la matière se transforme en calibres exclusifs. Du bureau technique aux ateliers horlogers en passant par la fabrication, nous réaliserons vos
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Rue du Collège 85 2300 La Chaux-de-Fonds +41 32 911 19 19 info[at]conceptowatch.ch www.conceptowatch.ch
Audrey Humbert Experte en Horlogerie spécialisée dans l’Horlogerie de Collection humbertaudrey@yahoo.fr
Hiver / Printemps 2020 JSH® un magazine soutenu par JSH Archives & Patrimoine, association créée pour faire revivre le plus ancien magazine horloger, le Journal Suisse d’Horlogerie, et pour digitaliser l’ensemble de ses éditions entre 1876 et 2002.
Fabrice Mugnier & Suzanne Wettstein fondateurs de Watchprint, éditeurs libraires de l’horlogerie. Anciens éditeurs de Journal Suisse d’Horlogerie - JSH info@watchprint.com Me Marc-Christian Perronnet conseil en propriété intellectuelle mc@perronnet.law
Organe officiel de l’association JSH Archives & Patrimoine 12, James-Fazy 1201 Genève www.journal-suisse-horlogerie.swiss
Agences de presse : TàG Press +41, Agence de presse 12, Bd. James-Fazy, 1201 Genève www.tagpress41.info
Editeur et rédacteur en chef Joël A. Grandjean, journaliste RP jag@jsh.swiss m +41 76 328 03 79 tel +41 44 586 79 27
ProWatCH Savoirs & Horlogers Suisses www.prowatch.ch
Journalistes Anna Aznaour, journaliste RP anna@aznaour.com Emmanuel Alder, journaliste / TàG+41 emmanuel.alder@gmail.com Thomas Baillod, expert, Fondateur de la Watch-Trade Academy info@watch-trade.academy Ollivier Broto, journaliste, expert horlogerie / TàG+41 obroto@tagpress41.info Albert-J. de Buttes-LaCôte, journaliste / TàG+41 ajdlc@tagpress41.info Vincent Daveau, horloger, journaliste, historien, rédacteur en chef de Express Montres (F) v.horloger@orange.fr Isabelle Guignet, Journaliste isabelle@cm-patch.com Joël Grammson, auteur grammson@gmail.com Henri-Maxime Khedoud, journaliste RP, hmkhedoud@gmail.com Paul O’Neil, Journaliste onepau@gmail.com Marton Radkai, journaliste RP rédacteur en chef de Wristwatch Annuel m.radkai@bluewin.ch Kenan Tegin, auteur tegin.kenan@bluewin.ch
® SINCE 1876
La une du Journal Suisse d’Horlogerie fondé en 1876.
Photographes, crédits photos DR / Visuels et photos libres de droits fournis par les entreprises citées. ©Marie Demille demille@web.de ©Grégory Maillot, info@point-of-views.ch ©Vincent Perego JSH.SWISS PRINTEMPS 2020
Service de traductions St-LuSwiss, Shaniah Asha Gibson, présidente st.luswiss@gmail.com
SPÉCIAL SALONS MOTEUR MATIÈRES MÉTIERS MARCHÉS ABO CHF 18.76 / AN CHF 14.40 | € 12,91
Remerciements Guy Laurent Ballif, André Colard, Imed Hajam, Marco Gabella, Shaniah Asha Gibson, Alain et Olivier Guttly, Bernard Marendaz, Amarildo Pilo, Olivier Saenger, Igor Sokolov, Alexandre Takacs, Kalust Zorik
Big Data, Machine Learning et Blockchain versus Observatoires, chronométrie, réglage et grands horlogers. JSH® Magazine, fidèle à son ADN de journal suisse d’horlogerie, explore l'histoire horlogère et les pistes du futur.
Avant la traçabilité garantie par la blockchain, les horlogers d'antan ne signaient pas toujours leurs œuvres. Ici, une montre de poche en or 18 ct au nom du détaillant indien C. Marcks & Co., Ltd, Bombay and Poona : chronographe, répétition minutes, calendrier perpétuel et phase de lune. Réalisée par Henri Grandjean vers 1890, lire en page 28. ©Bonham
Spéciales dédicaces Marie Demille, Peter G. Rebeiz, Dave-William, Ralf-Arnaud, Manon, Zoé Maquette originale Copyrights et droits d’auteur Bernard Marendaz Sur autorisation spéciale, cession à Joël A. Grandjean b.marendaz@optiproduction.com
Moments 03
Edito
Press design et mise en page Gael Lugaz / Brandlift, graphisme, press design hello@brandlift.ch
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Expresso avec
Impression GroupeDoc SA, Bienne Fadi Marachly Fadi.marachly@groupdoc.ch
10, 14, 30 51, 52, 66
Publicité, Relations Publiques Association JSH, Archives & Patrimoine Philippe Perret du Cray (PPDC) Secrétaire Général ppdc@jsh.swiss adv-pr@jsh.swiss Informatique & Solutions Online Alexandre Takàcs a@atc.ch
Lee Warrien, rédacteur / TàG Press +41 lwarrien@tagpress41.info Abonnements & Soutiens abo@jsh.swiss / CHF 18.76/an Contributions, expertises presidence@jsh.swiss Lee Dowell, horloger certifié SAWTA Compte CCP 15-269360-9 Fondateur de Schmutz Watches IBAN CH84 0900 0000 1526 9360 9 BIC/SWIFT POFICHBEXXX EPHJ-EPMT-SMT Direction & Team Alexandre Catton, André Colard, Prix au numéro Stephan Post, Olivier Saenger numéro ISBN-ISSN (en cours) CHF 14.40 / EUR 12.91 Philippe Fischer, Président du Abonnement annuel CHF 18.76 Concours de Chronométrie Directeur de la FSRM, Neuchâtel ©JSH® Marque déposée contact@concourschronometrie.org La reproduction même partielle des articles, photos et illustrations parus dans JSH – Journal Suisse d’Horlogerie est encouragée sous toutes ses formes, édi#JournalSuisseHorlogerie toriales ou électroniques, sous réserve de Printemps 2020 demande préalable et d’autorisation écrite.
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144e ANNÉE
Bill Yao, fondateur et CEO de Mk II Watches
en ces temps infectés…le sourire des fournisseurs
Kalust Zorik, interview cash
Echo des fabriques News, focus et apartés
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Agenda 2020
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Swissness
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salons, événements et plus encore
Nagra, le mythe perdure
Evénement littéraire Le Cadran, ouvrage référence
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Observatoire
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Bibliothèque Sabrier
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Mythes & Légendes
Concours de chronométrie, l’absolu prestige
les lectures de François-Paul Journe
Kenan Tegin et son Universal Genève
Le partenaire global spécialisé dans les solutions de production de composants, de mouvements et d‘habillage horlogers
Platine Pont Masse oscillante Balancier Barillet ...
Cadran Index Aiguille Carrure Lunette Couronne Poussoir ...
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Moteur
Métiers
20
Ouverture & dossier
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Régleur
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Dubois Dépraz
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Prix Gaïa 2019
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Henri Grandjean, grand chronométrier
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Hommage
1969, année prolifique saga des quinquas
Aux origines du mythique Calibre 11
bâtisseur ès précisions
son ennemi, le silicium
Suzanne Rohr, l’émailleuse de légende
Gilbert Albert, talent et caractère
Matières 32
Ouverture
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Technique
l’éthique et la fonderie
de l’huile dans les rouages
portrait : l’incroyable Madame Shah
40 Accréditations et certifications
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Ouverture & dossier
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SAV : 12Time, douze coups d’avance
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L’ère phygitale selon Thomas Baillod
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révolution Meotion l’espoir du commissionnement universel
38 Cadrans de pierres
Marché les algorithmes sont parmi nous Paul O’Neil et l’ère du 4.0, décodage
fondation Timelab et Laboratoire Dubois
#JSH1876 #JournalSuisseHorlogerie ABO@JSH.SWISS JSH® Magazine, prochaine parution EPHJ 2020 abonnement CHF 18.76*/an abo@jsh.swiss | donations presidence@jsh.swiss *1876, année de création du Journal Suisse d’Horlogerie
UNE SYMPHONIE DE SAVOIR-FAIRE Leader dans son domaine, Dubois Dépraz met son savoir-faire au service de ses clients. Dubois & Dépraz SA Grand-Rue 12 CH – 1345 Le Lieu +41 (0)21 841 15 51 info@dubois-depraz.ch
Depuis plus d’un siècle, Dubois Dépraz marque de son empreinte l’industrie horlogère tant dans la conception, la fabrication et l’assemblage de mécanismes horlogers à complications que de composants et mobiles à haute valeur ajoutée. Dubois Dépraz est une entreprise indépendante, qui place l’humain et ses partenaires au centre de ses préoccupations. Son nom est synonyme d’innovation, d’expertise et de qualité.
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MOMENTS
Montre MIH Gaïa,
concentré de messages
Albert-J. de Buttes-LaCôte, Emmanuel Alder
D
érogeant exceptionnellement à la dimension internationale de son appellation, le Musée International d’horlogerie fait appel à des savoir-faire chaux-de-fonniers pour lancer une montre MIH Gaïa dont la vente sans intermédiaire finance la restauration de deux pièces rares, historiques, essentielles : le Grand Magicien signé famille Maillardet vers 1830 et le Tellurium de François Ducommun, début 19ème siècle. Architecturale, aboutie sur le plan ergonomique autant que sur celui des attentions micromécaniques et d’affichage dont elle a fait l'objet, cette montre a vocation de véhiculer le savoir de la production horlogère, ce mariage subtil de compétences et de cotraitants. En tout, huit acteurs : Stila SA (boîtier), Jean Singer & Cie (cadran, affichage), Sellita Watch Co (Calibre), Brasport SA (bracelet), Cornu & Cie (fermoir), Timeforge (plans techniques), Atelier XJC (design), Laboratoire Dubois (tests). La montre MIH
Gaïa, sold out à l’heure de ces lignes, sensibilise au patrimoine horloger, ce concept immatériel qui a imprégné, dans cette région du monde, les hommes et leurs habitats. Affaire à suivre... n www.montremih.ch _ AJdBLC
What.ch ? Première montre école industrielle
WH&T, prononcez 'What', the Wild Horologists And Team est une aventure initiée par les étudiants d’un centre indépendant basé à La Chaux-de-Fonds, spécialisé dans la formation continue. Destinée à financer les cursus qui mènent au métier d'horloger, cette « montre-école » industrialisée au design contemporain, concentre un bouquet de savoirs sous l'angle d'un imbattable rapport qualité-prix et d'une accessibilité rendue possible grâce à un financement participatif. Après tout, pourquoi ne faire qu'apprendre, pourquoi ne pas apprendre en pratiquant ? Est ainsi né la LCF888, un chronographe automatique dont le mouvement, le calibre C3057, est signé Concepto. Un motoriste local dont le rayonnement séduit, via ses complications notamment, les marques horlogères les plus prestigieuses. n www.WHAT.ch _ EA
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#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
MOMENTS
Salons horlogers,
bon sens paysan et esprit festival
Opinion. Hormis le contexte pandémique actuel, qui reste exceptionnel, la tendance en général veut que les marques se tâtent. Salon ou pas salon ? Une telle se dédie, une de plus, à Genève ou à Bâle. Une autre s’invente mille et une bonne raisons de ne plus en être. Les salons sont-ils appelés à disparaître, parce que l’époque a changé ? Faux. Car l’esprit festival des grands événements ne meure pas. Plus que jamais, on a besoin d'un grand raout, on a aussi aujourd’hui soif de festif, d’explosion, d’exubérances et de foules. Or la foule appelle la foule tandis que les cavaliers seuls finissent par n’avoir comme silhouette que l’ombre de leur égo. Mais où est donc aussi passé l’esprit paysan-horloger qui, même bourru ou caractériel, savait sortir de ses gonds et vivre
ses excès. Ce même esprit pragmatique qui veut que si le champ du voisin va mal ou baisse en fertilité, il faut impérativement lui prêter main forte avant que la chose ne s'étende à son propre champ. Des leçons primaires de nanagement. A propos d’étendues champêtres, j’adore Paleo qui parvient à vendre l’ensemble de ses tickets en quelques heures sans même avoir bouclé son programme. On achète l’événement, pas le programme. Et si Genève et Bâle, comme l'expérimente déjà l’EPHJ, le plus grand salon horloger de Suisse, renouait avec ses convivialités ? Ici ou là déjà, les ‘odeurs de saucisses’ ont fait leur retour... C'est encourageant et cela n'enlève aucune saveur aux petits fours et autres encas. _Joël A. Grandjean n
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MOMENTS
Expresso avec Kalust Zorik
les outils qui feront que les actions entreprises auront des bases solides et scientifiques.
Fondateur des JIMH
Existe-t-il des thèses d’étudiants sur le marketing horloger ? Oui, chaque étudiant pour son CAS doit présenter un travail personnel de recherche. En plus, je suis souvent contacté par les étudiants d’autres universités de marketing qui choisissent pour leur master des thèmes liés à l’horlogerie.
Propos recueillis par Joël A. Grandjean Fondateur des Journées Internationales du marketing horloger, il fait entrer le marketing horloger à l’Université de Neuchâtel. En résulte, unique au monde, une formation diplômante reconnue par l’Etat suisse. Interview cash. Malgré son statut de gourou du marketing, Kalust Zorik a toujours été entouré d’artistes. Pour la 23ème fois, il foulait début décembre 2019 la scène du Théâtre de l’Heure Bleue, l’ancienne salle de musique de La Chaux-de-Fonds. Au programme, avec conférenciers en vue et personnalités en devenir, la question qui agite toutes les popotes horlogères : « Direct to Consumer, à la conquête du client roi ». Où trouvez-vous les idées de sujets à débattre ? Avec un trio au sein de notre comité, formé par la présidente, la coordination pour la recherche et moi-même, nous pointons les thèmes de demain à même de susciter des recherches internationales et de transmettre un fil rouge auprès de 300 participants issus de l’axe marketing. Ce sont des problèmes peu ou mal résolus dans notre industrie horlogère.
Edition des JIMH 2019, en bref Modération Thomas Baillod. Conférences et tables rondes : Roger Ruegger (rédacteur en Chef de Watch Time USA), Emeric Delalandre (fondateur de Meotion), Nathalie Graevenitz (directrice Bijoux Victoria France), Ariel Adams (blogueur).
Le marketing est-il une science ? Contrairement aux sciences exactes, il fait partie des sciences humaines. Le marketing n’est pas la pub, il définit le business de l’extérieur vers l’intérieur. Concrètement que permet le marketing ? C’est un état d’esprit qui pour réussir, doit régner dans toute l’entreprise. Il permet de connaître les clients parfois mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Il permet d’apporter des solutions innovantes, de communiquer ces solutions à un groupe mieux défini de futurs clients, de mettre les clients au cœur de l’entreprise. En quoi le marketing horloger est-il différent du marketing tout court ? Le marketing horloger s’applique à un univers très large lié à la mesure et l’expression du temps. Dans ses diverses applications on peut aller d’une audience et d’une offre de masse, au luxe le plus extrême et couvrir ainsi, sans s’y tromper, un vaste champ de stratégies. Pourquoi avoir fait entrer le marketing horloger à l’université ? Pour développer son côté académique de science humaine et donner
Comment combler le fossé entre gens du marketing et gens de la prod ? La technique et le marketing sont et doivent être intimement complémentaires. Sans la connaissance et la compréhension techniques, le marketing ne peut pas fonctionner. Et sans avoir entendu le son de l’extérieur, la technique ne peut pas être en adéquation avec le marché. La crise du quartz ne serait pas arrivée si le marketing avait été considéré comme noble dans cette industrie. A l’heure où les données sont accessibles par tous, où il suffit d’aller les chercher, le marketing est-il toujours incontournable ? Si vous voulez vendre n’importe quoi à n’importe qui et que vous pensez que vous aurez du succès, le marketing est inutile. Par contre si vous voulez sélectionner votre audience, choisir les marchés cibles, identifier, anticiper et définir leurs besoins et leurs désirs… Adapter l’entreprise, c’est tout à son bénéfice, pour fournir des produits et des services qui engendrent la haute satisfaction d’une cible définie précisément. Les données doivent être les outils. n http ://www.marketinghorloger.ch Chaque édition des JIMH génère la sortie d’un livre. Commander le livre 2018 Publicité Horlogère 4.0 : les nouveaux codes : éditions Loisirs et Pédagogie LEP – abo@jsh.swiss #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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MOMENTS
Positive Coating, anniversaire
Plus de 15 ans de chimie et de physique à visage humain Lee Warrien
A
u cœur de la Watch Valley, une ex-start-up familiale s’emploie à conserver toujours sa longueur d’avance. Elle expérimente depuis quinze ans, sous la houlette de son CEO Pierre-Albert Steinmann, une formule gagnante ainsi résumée par sa directrice Isabelle Droz : « Chaque collaborateur est acteur du succès de l’entreprise… »
Revêtements décoratifs, dépôt de valeurs ajoutées
La chimie, la physique, ce sont à priori des univers froids, aseptiques, des mondes où l’infiniment petit traque le grain de poussière. Et, depuis 2004, cette entité d’une trentaine de collaborateurs se distingue par ses développements et ses applications de solutions innovantes en matière de traitements de surface. Des surfaces qui peuvent être en métaux ou céramiques. Surtout des surfaces au cœur d’attentions particulières et d’un savoir-faire qui tutoie l’excellence quand il s’agit d’aborder la décoration des articles à forte valeur ajoutée. Grâce à ses recherches couronnées par un bouquet de brevets, grâce à une capacité d’industrialisation de sa production, l’entité, forte d’un département engineering, participe à la renommée mondiale de l’Arc jurassien. Au cœur de cette industrie microtechnique prestigieuse, Positive Coating se distingue donc par ses traitements
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#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
Conserver une longueur d’avance, pas seulement en matière de technicité. Et si, pour perpétuer la célébration en 2019 de ses 15 années de rayonnement, une entreprise durable décidait également de placer l’humain au cœur de ses objectifs ultimes ? Action. physiques et chimiques de pointe tels que le PVD (Physical Vapor Deposition) et l’ALD (Atomic Layer Deposition). Ses procédés recouvrent, protègent et participent à l’embellissement d’articles et de composants pour les leaders du luxe horloger, maroquinier, bijoutier ou des instruments d’écriture. Ce sont, avec les promesses du secteur des medtech, ses champs d’action et, clin d’œil géographique, elle est sise à la Rue des Champs à La Chauxde-Fonds.
Eradiquer le grain de sable
Côté physique et chimie, la traque au grain de poussière. Quant à la performance et à la réactivité, elles réclament de traquer efficacement tout grain de sable susceptible d’enrayer les rouages de l’entreprise. A cet
Positive Coating, l’humain au centre 1 femme, 1 homme, mixité de la direction opérationnelle 67 % de femmes, mixité des effectifs 39 % des collaborateur bénéficient de temps partiels 50 % de l’effectif présent depuis plus de 5 ans dans l’entreprise Plus de 10 origines différentes parmi les collaborateurs.
exercice-là, Positive Coating semble depuis sa création se situer parmi les modèles à suivre. Parce que ses dirigeants, affranchis de leurs titres pour être à fond dans leurs rôles, misent dès leurs premiers pas entrepreneuriaux, sur la composante humaine. Climat de travail positif, ambiance où l’esprit de labeur peut côtoyer le plaisir, le bien être, grâce aux indispensables ingrédients que sont la transparence, l’authenticité et la participation aux décisions. Quelques chiffres derrière lesquels se bousculent des moments intenses de vie d’entreprise (voir l’encadré), traduisent cette réalité. Au passage, ils constituent d’enthousiastes raisons d’exister et… de durer. n www.positivecoating.ch
www.abraitalia.it
BRACELETS Tél.: +39 0444 343434 • www.promotionbracelets.eu • promotion@promotion-spa.com
LE CADRAN « Je serai au salon EPHJ à Genève le mercredi 17 juin 2020 pour une séance de dédicace. » Dr. Helmut Crott
18.76 % DE REMISE À L’ACHAT DU LIVRE Offre réservée aux abonnés JSH ® Magazine — abo@jsh.swiss
LE CADRAN VISAGE DE LA MONTRE BRACELET AU 20 E SIÈCLE
Stern Frères Stern Créations Un maître cadranier
Livre à part dans le paysage littéraire horloger, cet ouvrage référence consacré au cadran des montres bracelets au XXe siècle, révèle la remarquable histoire du célèbre cadranier genevois Stern. Au fil de ses 392 pages et plus de 600 illustrations, il propose un regard approfondi sur les différents procédés de fabrication des cadrans, du simple décor argenté avec index imprimés aux cadrans complexes et uniques, en émail cloisonné ou champlevé. Puis, un chapitre dédié à une sélection de cadrans rares appartenant à des montres anciennes emblématiques, tous analysés dans le détail, complète le tableau. LE CADRAN par le Dr. Helmut Crott, Édité en français, imprimé à 300 exemplaires.
Dr. Helmut Crott
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MOMENTS
Agenda 2020 Point fort, l’EPHJ du 16 au 19 juin Lee Warrien @TRP
JSH® Magazine propose un bouquet de dates à retenir parmi lesquelles se sont glissés des rendez-vous d’ordre culturel à fort potentiel médiatique. Des rendez-vous dans lesquels les marques s’immiscent, ou rêvent de paraître.
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arques et cotraitants vivent au rythme des événements du secteur. Les uns vendent, les autres produisent, il y a ceux qui sont sous les feux de la rampe et ceux qui, en backstage, œuvrent dans la discrétion. Pouvoir marquer ces temps forts dans un agenda peut donner des idées, créer des opportunités. Le monde de la haute précision Pour tous les personnels de l’horlogerie, une date se distingue du lot, celle de l’EPHJ en juin. Ouverte aux professionnels – même si les passionnés et les collectionneurs parviennent toujours à s’y frayer un chemin – la manifestation genevoise forte de ses plus de 800 exposants, attend plus de 20’000 visiteurs venus du monde entier. On y fait des affaires, parfois pas seulement grâce aux visiteurs, mais aussi entre exposants. Il n’est pas une marque, même la plus verticalisée et autonome, qui ne fasse le déplacement. C’est proche de l’aéroport, du train et de route. Les CEO sont de sortie, ils font faux bond aux tapis rouges pour se fondre dans cet esprit convi-
Entrée de l’EPHJ à Genève vial et abordable qui caractérise cette face secrète, discrète de l’horlogerie suisse. C’est là que se concentre l’excellence, celle qu’attend le marché, celle revendiquée par les marques. Le programme des tables rondes et des conférences s’étoffe d’année en année, permettant la création de passerelles entres des secteurs qui sont
en parenté au monde de la haute-précision suisse. Les acteurs des MedTech, dont le nombre ne cesse de croître, travaillent déjà ou rêvent de travailler pour l’horlogerie. Quant à l’horlogerie, elle se verrait bien élargir ses carnets de commande au secteur médical. Du côté de toutes les autres microtechniques, les enjeux sont identiques, les synergies concrètes.
Le dernier-né des grands salons genevois, fondé par MM. Faerber et Totah à Palexpo : bijoutiers, joailliers, diamants, pierre précieuses et semi-précieuses.
La Halle 1 à Baselworld, l’indéfectible présence de Rolex.
Suisse, les incontournables Baselworld & Swiss Creative Lab g Press Day 27 janvier 2021 | 28 janvier au 2 février 2021, ouvert au public EPHJ g 16 au 19 juin, Genève Palexpo GemGenève g 05 au 08 novembre, Genève Palexpo
#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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MOMENTS
Horlogerie et bijouterie dans le monde
Suisse, institutionnels
Ventes aux enchères horlogères
Exposition Talents Rares g Jusqu’au 25 mars, Arcade des Arts, Pont de la Machine, Genève Gaia délai de remise des candidatures g 21 mars SIAMS g 21 au 24 avril, Moutiers F.P. Journe Exposition Manufacture g 24 au 29 avril, Genève SSC Petit Déjeuner de la Société Suisse de Chronométrie g 14 mai, Les guidages flexibles en horlogerie GPHG, Grand Prix d’Horlogerie de Genève g 18 mai, ouverture des inscriptions GPHG, Grand Prix d’Horlogerie de Genève g 1er septembre, liste des présélections Gaia Cérémonie g 17 septembre, La Chaux-de-Fonds SSC, Journée d’Etude g 29 septembre, Montreux GPHG, Grand Prix d’Horlogerie de Genève vernissage g 30 octobre, vernissage exposition à Genève GPHG, Grand Prix d’Horlogerie de Genève g 12 novembre, cérémonie Théâtre du Léman
Antiquorum (Genève) g 20 mars, Important Modern & Vintage Timepieces Phillips Auction The Art of (our) Time (Hong Kong) g 21 mars Sotheby’s (Genève) g 26 mars Auction Watches Phillips Auction (Genève) g 09 au 10 mai, The Geneva Watch Auction : ELEVEN, Hôtel La Réserve Antiquorum (Genève) g 10 au 11 mai, Important Modern & Vintage Timepieces Christies Magnificent Jewels (USA) g 22 avril, New York
Networking Watch Café Maison de l’Horlogerie, Genève rue du Cendrier. Avec le partenariat de JSH® Magazine, tous les derniers mercredis du mois, le matin, de 07h50 à 10h00 : g 25 mars | 29 avril | 27 mai | 24 juin | 29 juillet |26 août | 30 septembre| 28 octobre | 25 novembre | 30 décembre
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#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
Arts, culture, sports Cully Jazz g 27 mars au 04 avril Zermatt Unplugged g 14 au 18 avril Caribana Festival g 17 au 21 juin Festival de Bellerive, classique g 06 au 13 Juillet, Genève Montreux Jazz Festival g 03 au 18 juillet Gurten Festival Berne g 15 au 18 juillet Gstaad Menuhin Festival 2020 « Wien » g 17 juillet au 06 septembre Paleo g 20 au 26 juillet Festival international du film de Locarno g 05 au 15 août Lucerne Summer-Festival g 14 août au 13 septembre MTV Video Music Awards, Newark USA g 24 août BET Awards (Los Angeles) g 13 septembre Monaco Yacht Show (Monaco) g 23 au 26 septembre NRJ Music Awards, Cannes g 07 novembre Montreux Comedy (Festival du rire) g 03 au 12 décembre 60e CHI Concours Hippique de Genève g 10 au 13 décembre
Salon des Grandes Complications (Ryad) g 09 au 12 mars, Alfaisaliah Hotel China International Gold, Jewellery & Gem Fair (China) g 14 au 17 mars, Shenzhen JA New York Spring (USA) g 15 au 17 mars Moscow CLOCK AND WATCH Premium Fair (Russie) g 17 au 19 mars Amberif International Fair of Amber & Jewellery (Pologne) g 18 au 21 mars Istanbul Jewelry Show (Turquie) g 19 au 22 mars Jakarta International Jewellery Fair (Indonésie) g 19 au 22 mars Windup Watch Fair (USA) g 27 au 29 mars, San Francisco Midest Paris / Industrie Paris (France) g 31 mars au 04 avril Gem & Jewellery India International Fair - GJIIF (Inde) g 03 au 05 avril, Chennai International Gold & Jewelry Exhibition (Kuweit) g 13 au 19 avril, Mishref May International Jewelry + Watch (Vietnam) g 16 au 20 avril, Ho Chi Minh City MACH (UK) g 20 au 24 avril, Birmingham, 24th International Jewellery Kobe (Japon) g 14 au 16 mai Jewellery Exhibition (Ukraine) g 21 au 24 mai, Kyiv CoutureTime Las Vegas (USA) g 01 au 05 juin Hyderabad Jewellery, Pearls & Gem Fair (Inde) g 12 au 14 juin Watch and Clock Fair (CWCF) - (Chine) g 19 au 22 juin, The Power Of Time, Shenzhen Mineral & Gem (France) g 25 au 28 juin, Sainte-Marie-aux-Mines Jewellery & Gem ASIA, Hong Kong Jewellery & Gem Fair (Hong Kong) g 25 au 28 juin SIJE Singapore International Jewelry Expo (Singapour) g 23 au 26 juillet New York Antique Jewelery & Watch Show (USA) g 24 au 26 juillet Malaysia International Jewellery Fair (Malaisie) g 07 au 10 août, Kuala Lumpur Hong Kong Watch & Clock Fair (Hong Kong) 01 au 05 septembre IIFJAS, India International Fashion Jewellery & Accessories Show (Inde) g 10 au 13 septembre Shenzhen International Jewellery Fair (Chine) g 10 au 14 septembre, Shenzhen International Jewellery & Watch Fair (Australie) g 12 au 14 septembre, Sydney MICRONORA (France) g 22 au 25 septembre, Besançon, SIAR (Mexique) g 20 au 22 octobre Jewellery Watches Antique (Singapour) g 29 octobre au 01 novembre Watch & Wonder Miami (USA) g 12 au 14 février 2021 Les Journées de la Passion (Luxembourg) g dates à confirmer Dubaï Watch Week Dubaï g dates à confirmer
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Calibres de légende Les quinquas sont parmi nous
EPHJ 2019 : présenté en primeur par Dubois Dépraz, le calibre DD 540. Eclipsé par un Chronomat-Calibre 11 en pleine célébration de son jubilé, voici le premier chronographe intégré de Dubois Dépraz : roue à colonne, embrayage latéral, remontage automatique, 28’800 Alt/h, 51 rubis, diamètre 32.0 mm, épaisseur 6.60 mm, 72 h de réserve de marche, quantième instantané à guichet, fonction Flyback… 1969-2019, la boucle est bouclée.
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1969, flash back ! Il l’avait déjà fait pour un grand média français. Il revient de manière plus pointue pour JSH® Magazine sur l’année 1969. Vincent Daveau, horloger et journaliste, la plume francophone la plus lue dans le monde, nous offre son résumé d’historien – ce qu’il est également – sur une année génératrice de mythes. 1969, juste avant une méga-crise pour la Suisse. Ce qui semblait figé allait s’écrouler, milliers d’emplois supprimés, perte de parts de marché. La sensibilité de JSH® Magazine, son ADN de Journal Suisse d’Horlogerie créé en 1876, proche de la cotraitance et de ceux qui, derrière le rideau, fascinent de plus en plus d’amateurs tout en facilitant la brillance des marques, penche donc naturellement pour Dubois Dépraz à la Vallée de Joux. Resté indépendant et familial jusqu’à aujourd’hui, ce motoriste professe l’humilité. Il a pourtant co-écrit dans le livre de l’horlogerie suisse un bon nombre de pages légendaires. Notamment celle du Chronomat, le fameux Calibre 11. Un exploit qui n’a pas fini de faire couler de l’encre... Joël A. Grandjean #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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Calibres historiques
50 ans de bons et loyaux services Vincent Daveau, horloger, journaliste et historien
S’
il n’est pas ici question de réécrire l’histoire de l’année 1969, il semble important de replacer les grands événements horlogers dans leur époque.
Précurseur, au pays du Soleil Levant, début 1969, le Calibre 6139 de Seiko ouvre le bal des chronographes automatiques.
Distances raccourcies Confronté à une accélération de la vitesse des transports et une réduction des distances avec le lancement du Boeing 747 le 9 février, suivi le 2 mars du premier vol non commercial du Concorde, l’avion supersonique franco-britannique, les habitants des zones enfin en paix dans un monde où la guerre fait encore des ravages dans le Sud-est asiatique, mesurent soudain combien la Terre est petite. Tandis que les uns partent à la conquête de nouvelles contrées extra-planétaires, d’autres, au sommet de la culture hippie, s’inventent entre le15 et le 18 août 69 des paradis artificiels au festival de Woodstock à grand renfort de musiques aujourd’hui devenues cultes et de substances exotiques.
Dans l’univers horloger, certaines années font date. 1969, en particulier, a marqué un tournant avec l’arrivée simultanée de plusieurs innovations majeures qui, à terme, ont fortement impacté le marché. Période charnière. Dans ce contexte d’après 1968 qui avait marqué un clivage de générations, il manquait encore au catalogue des manufactures horlogères de renom un chronographe de sport capable de se remonter automatiquement au poignet, comme le faisaient alors la plupart des montres à la mode. Conscientes de l’importance de devoir remédier à cette absence pour séduire une clientèle jeune et dynamique en attente d’un produit conforme à ses aspirations de dévorer la vie à pleines dents, plusieurs marques suisses se sont attelées à la tâche dans le but de sortir au plus tôt un garde-temps de ce type. Soleil-Levant, le coup d’avance La façon qu’ont les horlogers d’écrire l’histoire fait oublier qu’en 1969, la première marque à avoir commercialisé un chronographe automatique se trouve aux antipodes de la Suisse. En effet, et pour remettre les pendules à l’heure, aux premières semaines de cette année qualifiée d’érotique par l’auteur compositeur Serge Gainsbourg, c’est la manufacture Seiko, fondée en 1881 à Tokyo par Kintaro Hattori, qui la première proposait au public son chronographe mécanique à remontage automatique connu sous la référence Calibre 6139. Commercialisé au mois de mai 1969, l’instrument aux lignes massives, mais finalement dans l’esprit du temps, enfermait un calibre totalement innovant dont certaines avancées en matière horlogère ne seront reprises que près de 30 ans plus tard. Ainsi, ce cœur vibrant à 21’600
Fin 1969, l’Astron de Seiko, en or massif et pour le prix d’une petite voiture chic de l’époque est la première montre équipée d’un mouvement quartz de série. Elle marque le début de la fameuse crise du quartz qui met à genoux l’horlogerie suisse. alternances par heure et doté d’une roue à colonne pour la sélection des fonctions chronographiques, recevait un mécanisme automatique appelé Magic Lever qui, inspiré du fameux système Pellaton, autorisait un remontage rapide du ressort de barillet. De plus, ce nouveau mouvement emportait un embrayage vertical. Cette innovation permettait d’éviter les sauts de trotteuse au départ d’un chronométrage, mais également aux propriétaires de ces modèles de laisser tourner l’aiguille de chronographe en permanence sans que la précision de la montre n’en pâtisse.
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La bête avait quelques arguments pour elle, en plus d’un prix étudié pour la rendre irrésistible. Mais, comme un iceberg dont on ne voit que la partie émergée, cet événement en cachait un autre dont les rebondissements devaient précipiter la chute de la partie traditionnelle de la branche horlogère, faute d’avoir été anticipée. En effet, pour beaucoup de connaisseurs, l’année 1969 marque le début de la crise du quartz avec la commercialisation, le 24 décembre de cette année-là, de la première montre de ce type par Seiko. Baptisée Astron, cette pièce en or massif et pilotée par le premier calibre à quartz de série dont le diapason de quartz était taillé à la main sous microscope, préfigurait une nouvelle ère même si, à l’époque, son prix, de l’ordre de celui d’une petite voiture chic, était encore très supérieur à celui d’une référence mécanique du même style.
Reconnaissable à son revêtement rose, le calibre 321 d’Omega marque l’année 1969. Il est le premier à être porté sur le sol lunaire.
Année anniversaire oblige, la marque Omega lance en 2019 le calibre 3861.
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Automatiquement vôtre Pour dire vrai, au début de l’année 1969, la profession focalisait son attention sur la mise au point des calibres de chronographes automatiques que les horlogers considéraient un peu comme la dernière grande bataille horlogère traditionnelle à remporter avant de voir l’ère du quartz débuter. Les Suisses savaient les Japonais dans la course et entendaient ne pas les laisser seuls sur le terrain, eux qui avaient mis à mal le concours de chronométrie en présentant des modèles dont la précision était pratiquement supérieure aux instruments de contrôle. La première équipe à s’être lancée dans la compétition est celle constituée de la manufacture Zenith-Movado. En 1962, le but de l’entreprise du Locle était de parvenir à proposer un chrono automatique pour son centenaire en 1965. Seulement, les premiers prototypes se firent attendre et cette puissante société ne put annoncer que le 10 janvier 1969 dans l’Express de Neuchâtel, le lancement du plus petit et du premier chronographe automatique. Baptisé El Primero, un mot en Espéranto qui veut dire le premier, ce calibre dont l’organe de régulation oscillait à haute fréquence (36’000 alternances par heure) devait être accessible au public en octobre de la même année. Le calibre 11 L’autre équipe suisse en lice était constituée des marques Heuer, Breitling, Buren-Hamilton et du fabricant motoriste Dubois-Dépraz. Associés à partir de 1967, ces entités apportaient chacune leur expertise dans un domaine spécifique pour constituer un calibre de chronographe automatique tout à fait original. Son module de chrono allait être mis au point par la firme Dubois-Dépraz tandis que le mécanisme de remontage automatique était élaboré par Buren, le spécialiste de l’époque du micro-rotor. Résolument syncrétique avec sa couronne de remontoir à 9 heures et ses
poussoirs de fonctions à 2 et 4 heures, ce cœur était présenté en mars 1969 à Genève et disponible dans le courant de l’été 1969. Graphiquement dans l’esprit du temps, il devrait rencontrer un vrai succès d’estime en équipant les versions Monaco de TAG Heuer et Chrono-Matic 2111 de Breitling. Objectif Lune Toujours cette année-là, le chronographe Omega Speedmaster Professional était de tous ceux disponibles en boutiques, celui qui allait atteindre un statut unique en devenant le premier modèle véritablement extraterrestre. Garde-temps officiel de la NASA pour la conquête spatiale, il était sorti vainqueur des redoutables tests de sélection et se trouvait être l’instrument de dotation standard de l’agence spatiale américaine depuis 1965. S’il se dit que Neil Armstrong fit son premier pas sur la Lune le 21 juillet 1969 à 3h56 (heure de Paris) sans sa montre pour la laisser à son compagnon resté dans le LEM, ce produit
L’original Monaco de 1969 lancée par Heuer avec le Calibre 11 deviendra culte, par son édition Le Mans puis grâce aux pilotes Jo Siffert et Steve McQueen
Zenith-Movado, qui opte pour la haute fréquence de 36’000 alternances par heure lance son calibre 3019, l’El Primero – le premier en espéranto – et grille la priorité de la primeur au consortium Dubois-Dépraz, Büren-Hamilton, Breitling et TAG Heuer.
Opinion. Le vrai premier et la politesse Aujourd’hui, les deux marques principales qui se disputèrent la primeur en 1969, Zenith et Heuer Leonidas – devenue TAG Heuer, appartiennent à un même groupe, LVMH. On ne parviendra donc pas à leur extorquer une réelle prise de position sur qui fut réellement le premier en 1969, hormis Seiko sur laquelle l’histoire horlogère suisse préfère faire l’impasse puisqu’en plus d’avoir réellement joué le rôle du précurseur, la firme japonaise allait copieusement moucher l’horlogerie suisse à la fin de la même année avec son Astron, première montre à quartz de série. L’incroyable opération de lancement du ChronomatCalibre 11, qui englobait l’édition spéciale Foire de Bâle 1969 du JSH Journal Suisse d’Horlogerie, avec un édito de Gérard Bauer, Président de la FH d’alors, aurait-elle fuité ? Toujours est-il qu’en catimini, mais comme pour couper l’herbe sous les pieds de Heuer, la manufacture locloise Zenith, qui est alors liée à Movado, fait savoir par un petit article paru dans l’Express de Neuchâtel, qu’elle lance le premier chronographe automatique du monde, tout en précisant qu’il est le plus petit. Cette précision, ajoutée au
horloger n’a pas tardé à devenir le premier de l’histoire à avoir été porté par un humain sur notre satellite lorsque Buzz Aldrin l’a rejoint 15 minutes plus tard à l’extérieur du module lunaire de la mission Apollo 11, emporté dans l’espace par la fusée Saturne 5. Parfaitement consciente du formidable potentiel que représentaient ces deux héros foulant le sol de la Lune durant 13 heures, Omega mettait immédiatement en place une vaste campagne publicitaire destinée à rappeler à qui ne le savait pas que la Speedmaster Professional était à présent le seul équipement officiel des astronautes en vente libre avec le Fisher Space Pen. Le résultat était au rendez-vous de ce voyage intersidéral et cette référence animée par un calibre de chronographe intégré à remontage manuel se voyait alors adjoindre la mention Moonwatch pour s’imposer durablement auprès d’un public toujours prêt à avoir la tête dans les étoiles. n
choix de l’Express, qui est à l’époque le journal du bas en opposition à l’Impartial, celui du haut, semble conforter la thèse d’une volonté délibérée de couper l’herbe sous les pieds au consortium Heuer-Leonidas, Büren-Hamilton, Breitling et Dubois-Dépraz, le maître d’œuvre. Une course contre la montre sur laquelle les historiens n’ont semble-til jamais tranché. Les puristes relèvent que si l’El Primero est officiellement communiqué en janvier, sa mise sur le marché effective n’intervient qu’en octobre et non, comme annoncé, avant l’été. Au contraire, du côté du Chronomat-Calibre 11, l’énorme opération de communication englobant la cover de l’organe officiel de la Foire de Bâle, le JSH Journal Suisse d’Horlogerie, interdit certainement aux acteurs en jeu de claironner trop vite sur leur primeur, respect d’embargo oblige. Ils sont toutefois prêts et les mouvements, reconnaissables par leur configuration originale d’un poussoir positionné à 9h, peuvent déjà habiter avant l’été les modèles des marques impliquées. _Joël A. Grandjean
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Célébration Chronomat, Dubois Dépraz sort de l’ombre
« Premier chronographe automatique de l’horlogerie suisse » Par Joël A. Grandjean
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ous en parlaient, l’espéraient. Gérald Dubois et Jack Heuer allaient se retrouver, cinquante ans après. Et nous révéler leurs secrets sur une épopée micromécanique mémorable, le lancement du mythique Calibre 11. Leurs santés les en empêchèrent mais dans le discours de Pierre Dubois, le fils, l’actuel DG de Dubois Dépraz, comme dans le cœur des convives, l’omniprésence des deux pionniers brilla comme un repère. Innover ensemble, juste avant le crash En ce temps-là, les marques se rencontraient, échangeaient et s’asseyaient à la même table. Dans le plus grand secret, en 1966, HeuerLeonidas et Breitling, rejointes peu après par Hamilton, ainsi que deux pros des complications horlogères, Büren et Dubois Dépraz, signent un accord. Nom de code, Projet 99-Etude 111. Ensemble, ces cinq projettent de doter l’horlogerie suisse du premier chronographe automatique de son histoire. Leurs intelligences mêlées accouchent d’une merveille de calibre, reconnaissable à son remontoir à 9h00, tandis que leurs énergies jointes s’offrent en 1969 la Cover de l’organe officiel de la Foire de Bâle, le JSH Journal Suisse d’Horlogerie en édition internationale. La grande crise des seventies n’épargne pas nos cinq acteurs. Elle
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Au Lieu, à la Vallée, la fête Calibre 11 fut en l’honneur de Jack Heuer et Gérald Dubois, derniers protagonistes de la naissance en 1969 du Chronomat. Les caprices de l’âge nous privèrent hélas de leurs retrouvailles… précipite la disparition de Büren, malgré son rachat par Hamilton. Qui elle aussi, tourmente oblige, rejoint en 1971 la SSIH, co-ancêtre avec ASUAG de l’actuel Swatch Group. Quant à feu Willy Breitling, il vend sa marque en 1979 à la famille Schneider. Enfin,
entre 1982 et 1985, Heuer change deux fois de mains avant de devenir TAG Heuer, fleuron du groupe LVMH. Finalement, la seule de ces entités à avoir survécu en mode familial et indépendant, reste Dubois Dépraz, à la Vallée de Joux.
Discours poignant de Pierre Dubois (dr.), l’actuel DG de Dubois Dépraz, créé en 1901. Philippe Siffert (g.), fils du légendaire pilote Jo Siffert ami de Steve McQueen et sa doublure dans Le Mans.
MOTEUR CEO de marques, médias passionnés, confrères co-traitants et personnalités telles que les fils Breitling et Siffert, saluèrent cette saga qui, sur fond de Steve McQueen et de Le Mans, fait encore rêver les collectionneurs du monde. A noter qu’au nombre des valeurs d’alors, il y avait le droit à se tromper. « Ainsi, le lancement fut suivi dans les deux ans d’améliorations techniques » rappelle Pierre Dubois.
Le descendant de Léon Breitling (dr.) accueilli par Pascal Dubois, quatrième génération de l’entreprise familiale Dubois Dépraz : Vallée de Joux, deux bâtiments au Lieu et une nouvelle unité aux Charbonnières ; quatrième site à Arch/BE. Fête historique, futur en marche Fin 2019, au cœur de son tissu et de ses gens, Pierre Dubois et ses frères ont transformé une halle de gym locale en un magique écrin événementiel. Que de chaleur humaine !
Présenté en primeur à l’EPHJ, le mécanisme additionnel (module) à quantième annuel qui permet aux marques de se singulariser côté affichage. Existe en 30 et 32 mm de diamètre.
Encore aujourd’hui, depuis ses sites à la Vallée de Joux, Dubois Dépraz continue d’écrire l’histoire du Calibre 11 tout en bouclant la boucle : lancement à l’EPHJ 2019, en plus du module quantième annuel DD 6000, du DD 540. Il s’agit de son premier chronographe intégré. Deux bombes de bienfacture qui vont exploser encore un peu dans l’actualité de ce début de décennie. n http ://www.dubois-depraz.ch
DOC_Pub_CDG_L175xH120mm.qxp_Mise en page 1 03.06.19 10:01 Page 1
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Histoire de la Chronométrie
Henri Grandjean, grand horloger chronométrier loclois Albert J. de Buttes-LaCôte
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u’était-il allé faire au Pérou, en Bolivie et au Brésil, à une époque, les années 1820, où voyager relevait de l’épopée ? A peine âgé de 21 ans, l’âge de la majorité d’alors, Henri Grandjean (1803-1879), était allé s’occuper des comptoirs horlogers fondés par son père DavidHenri Grandjean (1772-1846). Quand on pense que ledit paternel était natif de l’Entre-Deux-Monts, un lieudit perdu des environs du Locle, on s’extasie de penser qu’il avait réussi, à cette époque où les voyages prenaient des mois, à se faire un nom par-delà l’Atlantique. Au Locle, une rue porte son nom. Et son prénom, orthographié avec un ‘y’, soit Henry. D’ailleurs, celui que son horloger de père David-Henri Grandjean, enverra en Amérique latine, signait tantôt Henry ou Enrique, selon que ses clients se trouvassent en Angleterre, aux Indes ou en Amérique du sud. On estime sa production à environ 150-200 pièces, sous la raison sociale Henri Grandjean & Cie. Des réalisations qui incarnent un sens de la simplification technique et qui affichent un niveau de finitions très élevé. Selon l’expert mondial le Dr. Helmut Crott, qui en possède une, une montre de poche en parfait état, et qui en a vendu au moins trois durant sa carrière de commissaire-priseur, chaque grand collectionneur aurait au moins une Henri Grandjean.
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« On va faire comme les Anglais, on va faire des montres précises » aurait dit le le grand horloger loclois Henri Grandjean, de retour de son premier périple en Amérique latine. Car les montres suisses n’ont pas toujours été précises… Horlogerie, construction et Unesco : une association à sa mémoire Si l’on se réfère aux usages de l’époque, on apprenait souvent le métier d’horloger dès l’âge de 12 ans et on commençait à l’exercer dès l’atteinte de la vingtaine. Ainsi, pourrait-on proposer la date de 1792, soit 20 ans après la naissance en 1772 du père, comme étant celle du début d’un exercice familial professionnel portant l’appellation Grandjean, la branche distincte de cette famille originaire du Val de Travers. L’association Henri Grandjean 1803 Valeurs & Héritage récemment créée à Genève choisit de son côté de mettre en évidence l’année de naissance d’Henri Grandjean, l’horloger devenu célèbre aussi
Le temps précis des astronomes via l’observation des astres.
Natif du Locle, l’horloger Conseiller national Henri Grandjean défend la précision horlogère. Il fait construire l’Observatoire de Neuchâtel et l’Ecole d’Horlogerie du Locle qu’il fera relier par télécable. Son Quartier Neuf (rebaptisé aujourd’hui Quartier du Progrès) fait entrer Le Locle à l’UNESCO.
en raison de sa stature d’homme politique. Un grand bâtisseur qui a aussi fait construire le Quartier de l’An Neuf, aujourd’hui renommé du Progrès. Un quartier auquel la ville du Locle doit en partie, son accession en 2009 au Patrimoine Mondial de l’Unesco, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, conjointement à La Chauxde-Fonds.
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205’600 US Dollars ! C’est à ce prix que Sotheby’s met en vente une pièce exceptionnelle. L’expert mondial le Dr. Helmut Crott en possède un modèle rare. Ici un détail de la pièce récemment acquise par Guy Laurent Ballif.
Opérations de réhabilitation La nouvelle structure associative entend donc célébrer la mémoire de Henri Grandjean, remettre en lumière ses valeurs et célébrer par le concret ses constructions les plus connues. Comme l’Observatoire de Neuchâtel et, 10 ans après en 1868, l’Ecole d’Horlogerie du Locle. Deux institutions qu’il fait relier par télécable, permettant à la précision-mère de s’implanter dans les montagnes. Au nombre des actions programmées donc, plusieurs sorties médiatiques. La première consiste à réclamer que la ville du Locle remplace sur les panneaux de sa rue le ‘y’ de son prénom par le ’i’ de son état civil. C’est ainsi qu’il figure sur sa fiche officielle à Berne, en tant qu’ancien Conseiller National. Puis, la volonté d’obtenir de la ville de Neuchâtel qu’une plaque commémorative soit apposée à l’entrée de l’Observatoire, perle chargée d’histoire du patrimoine architectural local. La demande de le relier à cet édifice qui rayonne encore sur le plan international grâce aux bulletins de précision qu’il délivrait et aux Concours de Chronométrie qu’il organisait, est légitime. D’autant que son site comporte déjà le Pavillon Hirsch, du nom de son premier directeur. Complications, précision, avancées chronométriques Tandis que son père David-Henri est connu pour avoir été le premier horloger neuchâtelois à concevoir une
montre de poche à répétition minute capable de reproduire un air de musique ainsi que pour sa proximité avec l’univers des automates, tels ses oiseaux-chanteurs devenus légendes, Henri Grandjean se distingue par la bienfacture de ses chronomètres de marine et de ses montres de poche. Des garde-temps qui raflent de nombreux prix de précision et des distinctions dans les expositions universelles internationales (Londres, Paris, Berne, Santiago et Philadelphie). Certains sont encore visibles dans les musées horlogers dont le Château des Monts, le Musée d’Horlogerie du Locle, qui en détient des pièces exceptionnelles. Sur le plan des avancées chronométriques, tout commence avec le chronomètre de marine N°1 qu’il réalise avec son père à son retour d’Amérique du Sud. Il l’équipe de deux ressorts de barillet, d’un balancier non coupé à l’intérieur avec lames bimétalliques, agissant sur des masses compensatrices. Puis Henri Grandjean expérimente divers procédés : balanciers à vis ou à masse, échappements à détente pivotée ou à détente-ressort, spiraux circulaires ou sphériques. Si aucun de ces systèmes ne lui paraît en soi meilleur qu’un autre, il insiste en revanche sur les courbes terminales du spiral, telles que vient de les calculer le mathématicien Edouard Philips. Bien avant Charles-Edouard Guillaume, Henri Grandjean envisage d’utiliser un alliage de nickel pour les
spiraux. Travaillant sur des calibres différents, Henri Grandjean démontre que la taille d’un mouvement ne détermine pas sa précision. Si son calibre préféré est un 56 lignes à deux platines, disposant d’une réserve de marche de 56 heures, il réalise aussi des montres marines de petite dimension, jusqu’à 26 lignes.
Les marques horlogères utilisent encore aujourd’hui comme argument ‘marketing’ leurs ‘bulletins de marche’ ainsi que leurs prix de Concours de Chronométrie délivrés par l’Observatoire de Neuchâtel. Sans héritiers directs, Henri Grandjean meurt au terme d’une longue maladie. Sa nièce, Oline Rossel, reçoit immeubles, argent et marque. Mère de cinq enfants, veuve d’Auguste Rossel un ancien employé de Henri Grandjean & Cie, elle poursuit avec Gustave, l’un de ses fils, l’œuvre de celui qui s’était occupé d’elle à la mort de son père. Une production se développe à Genève avant de passer de mains en mains. Les recherches historiques se poursuivent. Elles sont d’ailleurs à l’origine de la création de la nouvelle association qui compte dans ses membres fondateurs, un historien. n #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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SwissKubik, la panacée du remontoir Joël A. Grandjean, Marie deMille, Henri-Maxime Khedoud
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ette petite plaquette d’électronique maîtrisée est la clef du fonctionnement d’un SwissKubik, bloc remontoir cubique installé comme une icône design dans le paysage horloger, dans les échoppes des détaillants et des SAV, comme au cœur des intérieurs de collectionneurs. C’est par ce cerveau de circuits intégrés, swiss made comme le 99% du reste de cet écrin mobile conçu à l’origine pour tenir dans un coffre d’hôtel, que transitent les impulsions programmables et personnalisables telles que le nombre de rotations, leur sens, leur périodicité, l’éteinte et le rallumage du système bluetooth qui relie ce remontoir pour montres mécaniques à son application dans un smartphone. Son silence est d’or, posé à côté de vous, dans un salon ou sur un bureau, jamais il ne se rappelle à votre souvenir autrement que par le spectacle délicieux de son support tournant. A Givisiez dans le canton de Fribourg, parler avec Pablo Camacho en charge du développement et de la production des SwissKubik, c’est réaliser à quel point cet ustensile utile à l’entretien des montres est un aboutissement. Car une montre automatique, et encore
plus un quantième annuel ou perpétuel, peut être abîmée par l’usure du temps qui sèche ses lubrifiants. Une visite aux ateliers vire à l’incitation à la personnalisation du cube et de sa vitre, tant les les combinaisons sont multiples. Couleurs, matériaux des parois, revêtements. Une machine à imprimer toute surface permet les reproductions de logos ou de signes distinctifs, les noms de modèles ou les délires de designers. Quant à la partie électromécanique, dont le moteur fabriqué au Tessin a fait l’objet de moult améliorations spécifiques, elle se laisse discrètement embarquer dans un écrin de marque. n www.swisskubik.com
Le modèle JSH 1876, réservé aux abonnés Dans son édition EPHJ 2020 de juin, JSH® Magazine présentera sa propre version d’un SwissKubik inspiré par les toutes premières versions de ce cube devenu légende. Exclusivement délivré à un tarif préférentiel abonnés, il fera revivre un modèle mythique dont la présence sur les sites tels que eBay est en recrudescence. En effet, Rolex en avait commandé avant tout le monde, à l’heure où ce cube légendaire effectuait ses premiers pas. En photo, le prototype témoin. _JAG Renseignements abo@jsh.swiss
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En bref 512 points de vente dans le monde 382 en Europe, dont 50 en Suisse 2917-2019, de 9’000 à 15’000 pièces produites 2019, 10-12% de ventes via le web 30% de la production livrée directement aux marques 20 marques importantes clientes
MOMENTS
Aux USA, un carton signé Totally Worth It Totally Worth It (TWI2 Inc.) alias Alexis Sarkissian, le distributeur officiel américain de la marque SwissKubik, ne tarit pas d’éloges face au succès de cet accessoire horloger. Il s’en est fait faire quelques éditions réservées exclusivement aux USA. Comme cette Moneybox en édition limitée. _HMK www.SwissKubikUS.com
La valise Edelberg du collectionneur frapadingue Existe-t-il vraiment dans le monde un collectionneur si barré qu’il se balade avec autant de montres ? J’espère pour lui qu’il ne traverse pas trop de frontières… Ou alors, il s’agit plutôt d’un coffre à roulette salvateur pour le représentant d’une marque qui, une fois arrivé sur son marché, s’emploie à en écumer les points de vente. Reste qu’un ou plusieurs compartiments de cette valise ultra peuvent facilement embarquer un système de rotation SwissKubik offrant le confort de ne pas avoir à remonter ses garde-temps. La classe, d’autant que ce bagage est bourré de tout ce qu’une valise high-tech est capable d’offrir : confort de roulage, fermeture sécurisée et même câble d’attache, recoins à gadgets, chargeur USB… _MdeM www.edelberg.swiss
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Matière L ’or 100% éthique La palme à Chopard
Prix Gaïa 2019, catégorie Esprit d’Entreprise, Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard. Ont été saluées ses qualités entrepreneuriales, son amour pour la chronométrie et l’innovation, son humanisme et… sa capacité à transformer ses passions en succès.
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Le buzz et la fonderie maison Le luxe des luxes, c’est l’éthique. Depuis juillet 2018, Chopard n’utilise plus que de l’or 100% éthique pour ses montres et ses bijoux. D’autres groupes et marques s’y sont mis. Son annonce à Baselworld en 2018 avait fait le buzz. Déjà avant de prendre le micro, dans une action concrète qui se passait des feux de la rampe, Chopard s’était imposé une feuille de route contraignante. JSH® Magazine vous propose cette image de pure brillance : la fonderie maison, en
pleine activité, installée en 1978 déjà, c’est plutôt rare dans l’horlogerie. Grâce à elle, la marque peut sensibiliser à grande échelle et aller au-delà des éco-responsabilités de façade et des postures environnementales qui préservent animaux et plantes sans se soucier des êtres humains. Car l’or du label Fairmined sert aussi le mieux-vivre de tous ceux qui travaillent à la mine. Joël A. Grandjean
Créée par Chopard, la Palme d’or du Festival de Cannes porte désormais le label Fairmined. Festival de Cannes 2020, du 12 au 23 mai 2020. Les stars affutent leurs talons aiguilles et le bronzage de leurs poignets, elles s’apprêtent à monter les marches.
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MATIÈRE
Technique horlogère
Les lubrifiants sous la loupe Par Bill Yao et Lee Dowell* Supervision Marton Radkai, journaliste, Rédacteur en chef de Wristwatch Annual
Un horloger se doit d’être versé dans plusieurs sciences. Et lorsque tout est assemblé, voici que le garde-temps doit être huilé. C’est une science en soi, une science qui peut faire ou défaire un calibre.
E
n horlogerie, les progrès liés aux huiles sont copieusement ignorés, comparé à tout ce qui fait le buzz en matière de développements récents. Pourtant, le secteur investit d’incroyables moyens ne serait-ce que pour trouver le moyen de s’en passer. Si les vraies stars sont les engrenages, le guillochage, les aiguilles bleuies ou les platines en argent, bref tout ce qui peut se voir et s’apprécier par les collectionneurs, il y a au cœur du calibre horloger, invisibles à l’œil nu, de réels héros, les lubrifiants. Et on ne lubrifie pas une montre comme une vieille Dodge Dart, c’est à dire dans une de ces stations automobiles qui vous propose leurs services à la chaîne. Malgré la recherche qui mise sur leur élimination, malgré l’avènement dans certaines parties du mouvement du silicium, matériau auto-lubrifié, les lubrifiants ne cessent de collectionner les progrès techniques. Et le récit de leur utilité, plus subtil encore, est une histoire en soi, un champ d’exploration. Lisse et luisante Deux types de lubrifiants de base, les huiles et les graisses, sont utilisés en horlogerie. En fonction des surfaces à protéger, on choisira plutôt l’un que l’autre. La graisse, généralement, est utilisée lorsqu’il s’agit de réduire le frottement entre deux surfaces métalliques, telles que des opérations sans clés, tels que des mécanismes d’enroulement. Les huiles sont utilisées lorsque les surfaces à protéger sont du métal et une pierre. Partout où vous voyez un rubis dans votre
Un réservoir d’huile et de graisse d’horlogerie traditionnelle montre, vous observerez un mini renfoncement au sommet, assez pour recevoir une petite goutte d’huile. Graisses et huiles sont raffinées à partir de sources organiques, synthétiques ou pétrolières. Au début du XXe siècle, la plupart des lubrifiants horlogers proviennent de sources animales telles que baleines ou sabots du bétail. A contrario, les plus récents sont soit synthétiques soit à base de pétrole. Passer de l’un à l’autre ne s’est pas fait sans compromis. Les matériaux synthétiques sont inodores, ils ne s’oxydent généralement pas et ils font fonctionner les montres pendant de plus longues périodes entre les services. Au contraire des matières organiques pour lesquelles il faut tenir compte de l’âge de l’animal lors de son abattage, de son régime alimentaire, sauvage ou non, de son
état de santé général ainsi que de la saison de sa capture, il est plus facile de les produire avec des performances constantes, dans une logique de répétabilité. L’inconvénient des lubrifiants synthétiques est leur facteur de résistance. Il est très difficile d’évaluer quand ces lubrifiants inorganiques ont fini par sécher et/ou se sont étalés. Leur longévité accrue peut en outre inciter les clients à espacer les services. Il faudra alors remplacer certains composants plutôt que de simplement les nettoyer et les regraisser. Au contraire, les huiles organiques, parce qu’elles ont tendance à se décomposer et à s’accumuler au fur et à mesure qu’elles s’oxydent, rendent plus visible la nécessité d’un service et donc réduisent les dommages atteignant les composants. C’est un problème d’ingénierie
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MATIÈRE
classique. Rendre un élément d’une machine plus durable pousse le point de défaillance vers une autre partie du système, ce qui contraint au final à faire une balance entre avantages et conséquences liés à ce nouveau point. Subtil goutte à goutte Qu’est-ce qui fait qu’une huile convient à l’horlogerie ? Et pour quelle raison l’utilisation d’une simple huile de maïs n’est pas recommandée. C’est plus compliqué que cela, et même si le pétrole reste le pétrole, il y a plusieurs qualités principales qui conditionnent le choix d’une huile. La stabilité environnementale et la performance mécanique de l’huile. Quant à la propriété qui fait l’objet du plus d’attention, c’est sa durée de séchage ou d’oxydation. D’autres facteurs sont sa sensibilité à la lumière et aux variations de température. Ou, avant l’adoption généralisée des huiles non biologiques, son degré d’acidité. Une variante qui pouvait endommager les composants métalliques. Ce qui explique que l’huile d’olive par exemple ne soit pas du tout adaptée à l’horlogerie. Côté propriétés mécaniques, les nouveaux acheteurs de montres se préoccupent surtout du rôle qu’ils doivent avoir ou non face à la gestion
de la viscosité des huiles. En d’autres termes, les huiles restent-elles à leur place ou ne sont-elles uniformément réparties que lorsque la montre est portée ? La réponse est qu’il faut remonter la montre de temps en temps afin de la maintenir lubrifiée aux endroits prévus. L’utilisation des huiles en horlogerie a pour vocation première la réduction du frottement. Moins évidentes sont leur capacité à résister à la pression, leur aptitude à recevoir, à stocker voire à atténuer la chaleur. Leur bon fonctionnement dépend en outre également de la pureté et de la consistance de la source pétrolière d’origine. Dans le débat actuel, ces problématiques qui occupaient autrefois tant les esprits, ont fait place à la considération des coûts qui pourraient varier entre l’usage de lubrifiants propres à l’industrie horlogère ou des alternatives génériques dont l’interchangeabilité permet aux clients d’économiser de l’argent sur leurs futurs services d’entretien. Les usages à l’établi Le soin extrême apporté à l’assemblage du mouvement, une activité qui se fait à la main, est prépondérant. Et le travail de l’horloger qui
Ancienne publicité pour lubrifiants horlogers, marque Novostar
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lubrifie est vital. Choisir le bon type de lubrifiant pour chaque point clé d’un mouvement et l’appliquer dans sa quantité idéale est essentiel pour que les montres donnent le meilleur d’elles-mêmes. Les fabricants, pour la plupart, spécifient des lubrifiants particuliers pour chaque application. Certains vont jusqu’à élaborer leurs propres lubrifiants. Comme Rolex qui en a développé plusieurs qui lui sont exclusifs. En marge des recommandations techniques du fabricant, les horlogers se laissent guider dans leur choix par d’autres heuristiques : la taille du mouvement et, par conséquent, la taille de ses composants, car d’une manière générale, à cause des charges plus lourdes, les mouvements plus imposants et les composants de grande taille nécessitent des huiles et des graisses plus épaisses. En outre, les mouvements qui accèdent au grade de chronomètre ont généralement, à dimensions égales, des balanciers plus lourds qui réclament des huiles plus épaisses. L’autre facteur est la fréquence. Une haute fréquence à 28’800 alt/h rend un calibre plus dépendant aux lubrifiants qu’un calibre à basse fréquence. Les lents, par exemple ceux qui battent à 18’800 alt/h, peuvent même fonctionner à sec, bien que ce ne soit pas recommandé.
Mécanisme antichoc comprenant un rubis lubrifié
MATIÈRE
Puisque la plupart des montres d’aujourd’hui sont de haute qualité, le paramètre de la pureté et de la justesse des lubrifiants fait partie des valeurs horlogères essentielles, au même titre que la qualité et la minutie.
Réservoir horloger à huile, huileur précis
Le diable se trouve dans le détail Mal appliquer un lubrifiant favorise la migration de l’huile ou de la graisse vers d’autres points du mouvement et donc, hormis une perte d’efficacité, mène à l’engorgement de zones voisines. Quant à la moindre imprécision dans la quantité d’huile à utiliser, elle peut être à l’origine de réels problèmes. Tel le sur-huilage qui engorge la capillarité de l’huile, la faisant migrer hors de son emplacement. La
conséquence ? La non-lubrification de la zone prévue, ce qui est le comble. Il est judicieux d’exhorter les propriétaires de montres de ne s’en remettre qu’à un horloger qualifié en matière d’entretien. Cela maximise les intervalles entre les services et donc réduit sur le long terme les coûts d’entretien comme le nombre de composants à remplacer. En plus de maintenir la précision de la montre, bien sûr. L’opération de lubrification d’un calibre horloger est si complexe et si exigeante en compétences que le secteur, tout en s’appliquant à les améliorer, tente de réduire voire de supprimer l’usage des lubrifiants liquides. Les progrès existent. Employé dans l’échappement pour la première fois par Ulysse Nardin en 2001, le silicium a constitué un jalon important dans la simplification de la lubrification de l’une des parties les plus vitales d’un mouvement horloger. L’innovation a depuis été adoptée par Patek Philippe, Breguet et Audemars Piguet. Puis, se servant d’une combinaison de matériaux et de revêtements de haute technologie, des montres comme la Cartier ID Two et la Panerai LAB-ID ont même proposé un mouvement qui ne nécessite aucune lubrification du tout. Le bémol dans ces développements fascinants reste l’inconnue face à leur utilisation à venir. Le paradoxe de Thésée pourrait être que ces composants en silicium,
Hormis l’intérieur du calibre, les huiles sont aussi utilisées en horlogerie pour le fraisage. Ici, développée par la maison Blaser une huile de coupe sans chlore pour l’usinage du tantale. revêtements DLC ou céramiques, exigent que l’on remplace le mouvement plutôt qu’on ne l’entretienne. Ceux qui président aux destinées de l’horlogerie devront alors se demander si l’élimination des lubrifiants est vraiment ce qu’ils désirent ou s’il faut simplement trouver un autre moyen d’augmenter le temps entre deux révisions. n *Bill Yao est fondateur et CEO de Mk II Watches ; Lee Dowell est un horloger certifié SAWTA et fondateur de Schmutz Watches.
MATIÈRE
Mian Nahid Shah
Quand les pierres deviennent éternelles Par Isabelle Guignet
C
ette femme entrepreneur originaire d’Afghanistan est depuis plus de vingt ans à la tête de Gemmes-Tech SA, une société spécialisée dans l’approvisionnement et la transformation des minéraux rares. A cela s’ajoute une société parallèle, GT Cadrans SA, qu’elle a créée en 2010 et gère depuis. Tout comme ces pierres ornementales qui défilent tous les jours dans ses deux sociétés, Madame Shah est unique. Née à Kaboul, en Afghanistan, elle y vit avec ses parents, réalise son gymnase et prie Dieu tous les jours. La vie, elle l’aime telle qu’elle est et s’y épanouit. Puis, vient 1979. Le pays voit débarquer les troupes soviétiques ; c’est le chaos. Pour sa sécurité et son bien-être, ses parents l’envoient chez son oncle en Autriche, où elle restera durant dix-sept ans. Dans ce pays
« Le Génie est comme le diamant : il brille dans l’ombre », expliquait Xavier Forneret, poète français. À l’instar du génie et du diamant, Mian Nahid Shah, dans les coulisses de Gemmes-Tech SA, brille d’une force qui lui est propre. qu’elle affectionne pour son accueil et sa sécurité, elle rencontre celui qui deviendra son mari, M. Shah, avec qui elle fonde Gemmes-Tech SA. « Je lui dois tout ! » avoue-t-elle, reconnaissante. Cet homme lui a tout appris, car il n’existe pas de réelle formation en ce qui concerne les pierres ornementales. Tout s’apprend sur le terrain, les pierres entre les mains. Cheffe d’entreprise et mère à la fois Nous voilà presque quarante ans plus tard. Mian Nahid Shah dirige maintenant Gemmes-Tech SA, GT Cadran SA et bientôt GT Applications SA, comme une sainte-mère. Ses sociétés sont prisées et demandées par un grand nombre de marques horlogères de prestige et de haute gamme. Ainsi, Gemmes-Tech SA se charge de trouver les pierres, une bonne cinquantaine de différentes, les importe, les coupe, taille, polit, embellit. Gemmes précieuses et fines, tombées du ciel ou biocristaux récoltés au fond des océans, tout est prétexte à la magie des textures et des inclusions, des unicités, des richesses naturelles respectées. Puis le relais est passé à GT Cadrans SA qui gère le développement et la production de cadrans haut de gamme. Ici, les pierres précieuses sont également ajoutées aux pierres
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Portrait rare d’une cheffe d’entreprise qui fuit les lumières, préférant la discrétion, l’esprit de famille et le sens du service.
ornementales de Gemmes-Tech SA. Avec des connaissances accrues dans différents métiers d’artisanat, c’est une multitude de produits s’inscrivant dans les tendances actuelles que la société produit. Des collaborateurs, une famille Seulement voilà, Mian Nahid Shah reconnait le succès de ses deux sociétés uniquement grâce à ses employés, qu’elle aime appeler « collaborateurs », afin d’enlever tout type de hiérarchie. « Mes collaborateurs sont comme ma famille, je les aime, les protège et prends soin d’eux. Sans eux, il n’y a pas de sociétés ! », révèlet-elle avec sincérité.
MATIÈRE
Sa pierre préférée Poussières d’étoiles : Pour travailler la pierre, il faut aimer la pierre. C’est grâce à leur savoir-faire, leur expérience et leur expertise que tout est fait dans les règles de l’art. Et c’est sûrement de par cette reconnaissance infaillible qu’elle éprouve envers ses collaborateurs qu’ils et elles le lui rendent bien. Avec une quarantaine d’employés sur les deux sociétés, Mian Nahid Shah peut s’estimer « mère » chanceuse d’une grande famille. Prisées par les enseignes de la haute-horlogerie, les pierres ont encore un bel avenir dans l’horlogerie.
Car oui, cette femme à la douceur et la gentillesse inconditionnelles, est une mère pour beaucoup. D’abord pour son fils qui, un jour, reprendra les rênes des entreprises. Ensuite pour ses collaborateurs. Et enfin pour des familles en Afghanistan auxquelles elle vient en aide depuis 30 ans afin que des mineurs promis au travail puissent être scolarisés. Et si elle le pouvait, elle viendrait également en
Aventurine, météorite ou encore malachite, telles sont les tendances de ces précédentes années et du moment. Pour sa part, la dirigeante de ces entreprises sélectionne aisément sa pierre favorite : Lapis-lazuli. « C’est ma préférée, pour sa couleur bleue royal et parce qu’elle vient de chez moi, en Afghanistan » Et une chose est certaine à ses yeux, les pierres ornementales ont encore un long avenir au sein du monde de l’horlogerie. _IG
aide à tous enfants et adolescents dans le besoin qu’elle croiserait. Poussière d’étoiles Quant aux gemmes, Mian Nahid Shah est catégorique : pour travailler la pierre, il faut aimer la pierre. Bien loin des symboliques que les populations peuvent leur attribuer, les pierres sont toutes uniques et doivent être travaillées de façon bien spécifique, et ce dans le but de réaliser des cadrans sur-mesure pour les marques partenaires qui ont très souvent des demandes avant-gardistes. n www.gtcadrans.ch
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MATIÈRES
Timelab et Laboratoire Dubois
Quintessences horlogères accréditées Vincent Daveau Joël A. Grandjean
Sur les quatre laboratoires accrédités partenaires du Concours de Chronométrie, la fondation genevoise Timelab et le Laboratoire Dubois incarnent des marques intimement liées à la fiabilité de l’horlogerie suisse.
D
écidément, les montres soumises au Concours de Chronométrie 2019 étaient appelées à parcourir durant leurs 80 jours de test, quelques kilomètres qui rappellent que le savoir-faire horloger forme, ne serait-ce qu’entre Le Locle, Genève et La Chaux-de-Fonds, un arc de compétences propres dont le rayonnement reste sans frontières.
De nos jours, les montres sont exposées à différentes sources de champs magnétiques (téléphones portables, ordinateurs, fermetures de sacs...). Elles peuvent donc se dérégler voire s’arrêter. Timelab les teste selon la norme ISO 764 :2002, en fonction de ses accréditations mais aussi selon les besoins de chacun.
Plus de 10 ans de Timelab, 125 ans de renommée Par sa prestigieuse certification Observatoire Chronométrique+, et par son laboratoire horloger, la Fondation genevoise de droit privé neutre et indépendant placée sous l’autorité de la République et du Canton de Genève, représente depuis 2008 un acteur majeur de la chronométrie et de la mesure de la performance dans le mi-
Photo @Timelab
lieu horloger en Suisse. Son expertise, de notoriété internationale, se nourrit pourtant de plus de 125 années d’expérience au service de l’industrie horlogère suisse.
contrefaçons. C’est ainsi qu’est né le Poinçon de Genève, une certification encore vivace garante du savoirfaire horloger local. Son aura s’inscrit aussi dans la grande tradition de la certification chronométrique suisse, qui débute en 1772 avec la création de l’Observatoire Astronomique de Genève et le lancement de grands concours de chronométrie tout au long du 19ème siècle.
TheRightPlace.ch Si sa création relève de la modifica-
tion de la loi I1.25 de la République @TRP, Textes & Relations, Productions et du Canton de Genève, l’histoire
relations publiques, be@therightplace.ch de Timelab est bien plus ancienne.
Car ladite loi date de 1886, elle est historique et motivée par le désir de ge +41 76 328 03 79 | zh 41protéger 44 586l’horlogerie 79 27 | us +1 (954) Sa principale activité est la certificagenevoise des 889-5522
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MATIÈRES
Machine Chronofiable en action : Faire souffrir les montres avec élégance tout en leur mesurant le pouls.
tion horlogère, ouverte aux montres genevoises les plus précieuses (Poinçon de Genève), aux montres suisses les plus performantes (Observatoire Chronométrique +) et aux équipements les plus fiables (chronométrage sportif). En plus de ses certifications, Timelab se distingue par son expertise laboratoire en proposant, adaptés à des besoins spécifiques, des tests et des mesures, de même que des formations. D’ailleurs, l’institution, contribue activement à la transmission du savoir en collaborant avec les écoles techniques, les hautes écoles d’horlogerie et les universités. La fondation compte à ce jour une vingtaine de collaborateurs assermentés, tenus à une stricte neutralité et indépendance. Des ingénieurs en microtechnique, des techniciens ou des horlogers. Tous se portent garants du respect de la philosophie de la haute horlogerie. Laboratoire Dubois et la marque Chronofiable® Depuis 1977, ce nom est lié au monde de l’horlogerie, des traitements de surface et des microtechniques. Créé à La Chaux-de-Fonds, il y a construit sa notoriété et a acquis une réputation internationale d’autant que Henri Dubois, son fondateur, s’est vu décerner en 2014 le Prix Gaïa dans la catégorie Esprit d’entreprise. La magistrale reconnaissance couronne plusieurs décennies d’engagement au service de l’industrie dont la marque Chronofiable, fondée en 1993, est un fleuron.
Centre neutre et indépendant d’analyse, d’expertise et de test, cette instance accréditée par la Confédération établit et met en œuvre des procédures et moyens techniques devenus des références dans de nombreux domaines industriels : respect des normes de qualité et des impératifs de fiabilité, développement de bancs d’essais spécifiques, équipements d’instruments d’analyses et de systèmes de mesure, polyvalence plurisectorielle bien que particulièrement prononcée dans l’horlogerie. 18’000 chocs, stresser les montres avec élégance A propos de l’implication de son entreprise comme partenaire du Concours de Chronométrie, Patrick Dubois, responsable des tests horlogers Chronofiable précise : « Le test
En 2014, le retraité actif Henri Dubois, fondateur du Laboratoire Dubois, reçoit le prestigieux prix Gaïa, alias le Nobel de l’horlogerie
que nous avons proposé est la partie centrale du cycle Chronofiable A8, le passage d’une durée de 21 jours sur machine Chronofiable. Il comprend près de 18’000 chocs à 25 et 100gn, des cycles de rotation et des cycles thermiques entre 15 et 55°C. » Histoire de mesurer les impacts occasionnés sur la précision, les montres retournent au COSC après 3 semaines de test. « Il est important de relever que les critères habituels du Cycle Chronofiable A8 n’imposent pas une chronométrie conforme au COSC après test. Les conditions du Concours sont donc très exigeantes et seuls les mouvements de très grande qualité passent cette étape », conclut-il. n www.laboratoiredubois.ch www.laboratoiredubois.ch/chronofiabler www.timelab.ch/poincon-de-geneve #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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Moments Swissness
Nagra, la légende du son est suisse
Stefan Kudelski, étudiant, invente en 1951 le Nagra. La version Nagra III (1957-1958) ici en photo le fait entrer dans la légende : prix très élevé, icône pour le cinéma et la radio, aussi utilisé par les scientifiques et le spatial.
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A l’EPHJ 2018, André Kudelski animait une conférence intitulée « Les réelles capacités d’innovation de la Suisse ». Et le débat, sous les questions du journaliste économique de télévision nationale Nicolas Rossé, a confirmé que l’homme et son groupe sont connus pour faire rayonner dans le monde la créativité et la bienfacture helvétiques. Reste que peu des plus de 800 exposants et 20’000 visiteurs du plus grand salon horloger de Suisse, pouvait se douter que sa marque Nagra, petite perle du groupe qui vient d’être détachée en mode spin-off, est une légende vivante au monde des journalistes et des pros de l’audio. Inventé par Stefan Kudelski alors étudiant (22 ans), cet appareil a recueilli durant plusieurs décennies les confessions des plus célèbres de ce monde, qu’ils soient interviewés ou intervieweurs. La Rolls des enregistreurs, le premier à s’être miniaturisé afin de se rendre portable. Et du coup à capter les moments fugaces et rares, tels cette Marilyn Monroe racontant l’histoire des petites gouttes de Chanel N°5 qui suffisaient à l’habiller durant son sommeil. Tension ! Comme celle de ces bandes qui tournaient en d’improbables tracés, au fil d’une cinétique hypnotique. Aujourd’hui, en 2020, le Nagra a su se bourrer d’électronique et des apports high tech les plus avant-gardistes de son époque. Il continue d’être LA référence pour les puristes et les geeks du son. Auxquels s’ajoutent les nostalgiques. A voir au sein d’un musée d’entreprise à Cheseaux et à l’aéroport de Genève, au Montreux Jazz Café. www.nagraaudio.com Joël Grammson
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MÉTIER
Jean-Daniel Dubois
Les arts du réglage horloger
Joël A. Grandjean
Industriel reconnu à qui Vaucher Manufacture Fleurier doit parmi les pages les plus irradiantes de son histoire, ce passionné de précision s’est toujours soucié de formation et de transmission des savoirs.
P
Congrès de la SSC durant lesquels les résultats sont proclamés, une touche d’espoir et de fraîcheur.
armi les dommages collatéraux liés à l’arrivée dans l’horlogerie du spiral en silicium, il pourrait y avoir la disparition du métier de régleur. Cet horloger expérimenté, capable parfois à l’ouïe de diagnostiquer et donc de soigner les éventuelles irrégularités d’un calibre de montre, est pourtant le descendant d’une tradition horlogère dont les fondamentaux continuent d’alimenter les discours marketing. Jean-Daniel Dubois milite pour que cet art soit perpétué. Durant le temps de sa Présidence de la SSC, la Société Suisse de Chronométrie, il parvient à inscrire statutairement un concours de réglage destiné à la relève horlogère en provenance des écoles d’horlogerie de Suisse. Ouverte à tous les élèves de 3e année en CFC ou année de certification de praticien, des Ecoles d’Horlogerie et Centres d’apprentissage de l’industrie horlogère en Suisse, ainsi qu’aux élèves qui font leur apprentissage dans des ateliers privés suisses, cette compétition repose sur les mêmes valeurs que le Concours de Chronométrie relancé par la Ville du Locle en 2009. A la différence près que, contrairement aux marques horlogères qui professent à longueur d’années leur attachement à la précision tout en rechignant à participer, les élèves de toute la Suisse, par leur détermination et leur assiduité, apportent aux journées d’études et aux
Les concurrents reçoivent, en début d’année, un mouvement en kit. Ces calibres assemblés, ajustés et réglés par les concurrents subissent ensuite les épreuves du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC) qui vérifie leur conformité à la norme de précision ISO 3159. Ces batteries de test peuvent être menées à bien grâce à l’implication gracieuse du COSC et de son BO de Bienne. Les trois premiers au classement reçoivent non seulement un prix en espèces ainsi qu’un certificat SSC, mais aussi un habillage qui leur permet de porter à leur poignet le mouvement sur lequel ils ont travaillé. n www.ssc.ch
Prochaines échéances SSC
Appel à conférenciers pour la prochaine Journée d’Etudes du 29 septembre 2020. Le thème ? L’horlogerie centrée client. Avant, le 14 mai 2020, un Petit-Déjeuner chronométrique aura pour thème Les guidages flexibles en horlogerie.
Le 25 septembre 2019, la dixième édition récompensait à Montreux, en présence de plus de 600 professionnels de l’horlogerie, Louis Parrat (CEJEF, Porrentruy), Lycia Lhomme-Choulet (CFPT, Genève) et Angélique Croisier (Audemars Piguet, Le Brassus). Respectivement, ils reçurent chacun CHF 1’000.00, 600.00 et 300.00. Surtout, ils se firent un nom pour être montés sur un podium devant 124 autres participants issus de 26 centres d’apprentissage de l’industrie horlogère. Une participation stable, comparativement aux années précédentes. Au final, 107 mouvements assemblés, ajustés et réglés ont été envoyés au COSC afin de se mesurer à la norme ISO 3159. Et parmi les 49 élus, ceux des trois meilleurs. Il se murmure qu’une marque historique, désireuse d’encourager cette initiative, s’apprête à ajouter une généreuse enveloppe aux récompenses. _JAG
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MÉTIER
La grande émailleuse Suzanne Rohr
Le Gaïa 2019 honore un art menacé Emmanuel Alder
Omniprésent dans les discours d’horlogerie haut de gamme, le métier d’émailleur est pourtant en train de s’éteindre. Plus aucune filière de formation débouchant sur un diplôme reconnu. Le Nobel de l’Horlogerie le met en lumière.
L
e jury du Prix Gaïa distingue Suzanne Rohr pour son rôle pionnier, sa persévérance et son indépendance dans l’apprentissage, la maîtrise et la transmission de l’art de l’émaillage. A l’aune de l’indépendance Née à Genève en 1939, Suzanne Rohr a grandi dans une famille ouverte aux arts classiques. Attirée dès sa tendre enfance par le dessin et la peinture, elle montre son goût pour la finesse et la perfection du trait. En fin de scolarité, elle découvre avec admiration une exposition d’émaux au Musée d’art et d’histoire de Genève. Elle effectue dès lors sa formation d’émailleuse et de peintre miniaturiste sur émail à l’Ecole des arts décoratifs de Genève, section émail (classe de Mme Elisabeth Juillerat), où elle obtient son diplôme fédéral en 1959. Elle est la seule élève de sa classe. En guise de prix, elle se voit offrir par l’Instruction publique du canton de Genève une année supplémentaire dans la classe de bijouterie-joaillerie. La même année, elle gagne le Prix du concours de la Fondation Hans Wilsdorf pour la création d’un bracelet de dame incluant une montre dans le décor émaillé. En 1960, ne trouvant aucun débouché professionnel, Suzanne Rohr ouvre
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Septembre 2019 au Club 44 de La Chaux-de-Fonds. Sur scène, moment d’intense émotion lors de la cérémonie Gaïa. Suzanne Rohr, peu habituée aux lumières de la scène, prend le micro. Touchante, digne, humble. Considérée comme une légende par les collectionneurs de Patek Philippe du monde, elle se tient là, face au public. Son élève Anita Porchet lui rend un vibrant hommage.
MÉTIER
Genève, Pont de la Machine, Exposition Talents Rares
Montres de poche Patek Philippe, décors émail signés Suzanne Rohr. La maternité d’après Alfred van Mieden, 2002-2003. Le retour du « Hollandia » le 3 novembre 1665, navire de guerre, d’après Ludolf Bakhuizen, 1996.
21 mars ! Délai d’envoi des candidatures Gaïa 2020, dossiers à envoyer au MIH, 29 Rue des Musées, 2301 La Chaux-de-Fonds mih@ne.ch Jury Gaïa 2019 : Régis Huguenin, Président du jury, conservateur du Musée international d’horlogerie (MIH). Patrick Dubois, Président Laboratoire Dubois. Estelle Fallet, conservateur en chef, MAH Genève. Philippe Fischer, directeur de la Fondation FSRM. Joël Grandjean, rédacteur en chef JSH Magazine. Sabine Kegel, director, Christie’s Watch Expert. Nathalie Marielloni, conservatrice adjointe, MIH. Morghan Mootoosamy, conservateur, Musée d’horlogerie du Locle. Dominique Mouret, pendulier-restaurateur. Anita Porchet, émailleuse. Anthony Randall, horloger. Nicolas Rossé, journaliste économique Radio Télévision Suisse. Eric Tissot, Multiple SA Global Design. Nathalie Tissot, professeure de propriété intellectuelle, Université de Neuchâtel. Sylvain Varone, responsable secteur horlogerie, Ecole d’Horlogerie du Locle.
son propre atelier. C’est le début d’une carrière indépendante dont elle ne se détachera plus. De 1960 à 1968, Suzanne Rohr cherche sa voie. Elle crée des bijoux, des coupes et des tableaux émaillés,
utilisant des techniques de cloisonné, de champlevé, ou avec des paillons d’argent et d’or. À la même époque, elle rencontre le célèbre miniaturiste genevois Carlo Poluzzi. Il devient son mentor et le sera pendant 28 ans. A ses côtés, elle affine sa technique et
Du 30 janvier au 25 mars 2020, la Fondation Michelangelo et la FHH se sont unies pour proposer quinze histoires de métiers d’art. L’émailleuse Anita Porchet, prix Gaïa 2015, disciple de Suzanne Rohr, fait partie des parcours d’excellence sélectionnés dans ce nouvel espace baptisé Arcades des Arts.
se consacre uniquement à la miniature sur émail. Elle vend quelques miniatures à La Côte-aux-Fées, au Locle et à Neuchâtel et effectue des travaux pour les maisons d’horlogerie de Genève. Patek Philippe, le soutien indéfectible A partir de 1967, Suzanne Rohr entre en contact avec Patek Philippe où elle rencontre des connaisseurs de son art. Elle parvient à imposer son point de vue et à obtenir notamment une qualité d’or irréprochable, condition indispensable à la production d’une peinture parfaite. Dès 1970, elle peut compter sur des commandes régulières et sur un soutien constant de la maison genevoise comme de la famille Stern qui lui témoignera sa confiance pendant près de 50 ans. Fascinée par l’art de la miniature, par l’harmonie des formes et la beauté des couleurs, Suzanne Rohr a ardemment souhaité transmettre cet art et le voir encore reconnu au 21e siècle. En 2017, Suzanne Rohr obtient avec son ancienne élève Anita Porchet le Prix spécial du jury lors du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, pour la grande perfection de leur travail. n #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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MÉTIERS
Gilbert Albert n’est plus
Pour Patek Philippe, il avait osé l’asymétrie Anna Aznaour
« L’
horlogerie n’a que comme nouveautés les montres rondes aux cadrans différents… », déclara Gilbert Albert lors de cette dernière interview presse qu’il avait bien voulu m’accorder pour La Gazette Drouot*, quelques mois avant sa disparition. L’insoumis avait créé, pour Patek Philippe, les premiers exemplaires asymétriques de ses garde-temps, et se désolait que son ex-employeur habille toujours les femmes de produits conçus pour les hommes ! Lui-même n’avait de cesse de glorifier le beau sexe en lui dédiant ses créations, plus audacieuses les unes que les autres. Une démarche cohérente avec son positionnement à l’égard des droits des femmes, dont il faisait la promotion en l’an 2000 auprès de son ami l’abbé Pierre : « Emmaüs ne doit pas être ouvert qu’aux hommes ! » Dans l’atelier du joaillier que le monde a découvert grâce à ses bijoux à billes interchangeables, la présence des curiosités minérales trahissait une autre passion, celle de la nature. Il en fut inspiré pour créer ses célèbres colliers aux météorites martiennes, les parures à la pierre de foudre, ou encore au bois d’Araucaria, pour ne citer qu’eux. Toutes différentes, ces pièces avaient cependant un dénominateur commun : le style sculptural, reconnaissable, de Gilbert Albert. « Chaque
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Interview vérité réalisée peu avant sa disparition. Hommage au créateur dont la vie fit beaucoup de bruit, alors que la disparition passa, presque, inaperçue… création doit porter l’empreinte de son auteur, et non pas des machines industrielles qui les fabriquent en grand nombre », disait-il, tout en soulignant qu’une marque moderne ne doit son succès qu’à une publicité effrénée qui à force devient la vérité des incultes. Raison pour laquelle « l’avenir appartient aux jeunes créateurs indépendants, libres de préjugés, parce que les grandes maisons – joaillières et horlogères – n’ont pas évolué autant qu’elles l’auraient dû ». Et lui, à quoi devait-il sa réussite ? « Au travail ! On ne progresse dans la vie qu’en s’usant les dents », avaitil lancé. Peut-être aussi à son rêve d’enfant devenu réalité ? « Non ! Jeune, je ne voulais qu’une seule chose : honorer mes parents et mes grands-parents pour qu’ils soient fiers de moi… » Mission accomplie ? Pas entièrement, ils sont partis avant. Sa motivation principale ? « J’ai toujours voulu être différent des autres, et j’ai tout fait pour y arriver ! » Des regrets ? Oui, un seul : « Ne pas avoir pu être plus présent pour mes trois filles, parce que j’ai beaucoup travaillé pour me faire un nom. » A-t-il été heureux ? « Oui, parce que j’ai toujours fait ce que je voulais. » n {*} Gilbert Albert, inventeur de bijoux. La Gazette Drouot N°3, 25 janvier 2019, pages 120-123
Rare Patek Philippe en or 18 carats, asymétrique, dessinée par Gibert Albert, produite en 1961 pour le détaillant zurichois Beyer. Vendue chez Christie’s à Hong Kong en 2012 pour 400’000 dollars hongkongais.
MÉTIERS
« L’avenir appartient aux jeunes créateurs indépendants, libres de préjugés… » Gilbert Albert à son bureau. Connu, il l’était. Aimé aussi, même s’il en doutait, souvent.
Mon voisin du dessous Et du dessus aussi, pendant plus d’une décennie. Au 24 rue de la Corraterie, le petit bureau que je louais à l’époque, était coincé entre deux étages entièrement habité par Gilbert Albert. Bourru, mon voisin autour avait le cœur immense, parfois submergé par quelque rancœur tenace, contre ceux qui le prenaient de haut, pire l’ignoraient ; contre cette presse qui ne cessait de dévier de ses missions. Connu, il l’était. Aimé aussi, même s’il en doutait, souvent. Généreux, il offrait, encourageait. Un homme, un pur, au sein duquel devaient s’entrechoquer les doutes, ceux qui le faisaient avancer, oser. Chapeau bas, l’artiste ! Le temps aura eu raison de toi, pas de tes œuvres… _JAG
C’est le temps du journalisme La société a besoin d’un journalisme professionnel et indépendant. Loin des Fake News et des informations non vérifiées qui circulent sur Internet. Avec la carte RP, impressum certifie que le membre inscrit au RP est professionnelle et a souscrit à la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes. Seul le journalisme professionnel est indépendant permet de répondre aux défis posés par la démocratie. Impressum, les journalistes suisses est l’association de référence, la plus grande de Suisse, pour les journalistes. C’est la voix des journalistes. Ses prestations sont nombreuses: protection juridique, négociation de CCT et de plans sociaux, Fondation d’entraide, représentation d’intérêts et lobbying, etc. Si vous êtes journaliste, devenez membre actif d’Impressum! Si vous n’êtes pas journaliste, mais que vous croyez dans la nécessité d’un journalisme indépendant, devenez membre de soutien d’Impressum!
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Prenez part à ce rendez-vous incontournable, où les dernières créations et tendances sont dévoilées
28 JANVIER – 02 FEVRIER, 2021 BAS E LWOR LD.C OM
MOMENTS
HEAD, chaire de design horloger
Dessiner, avant tout, dessiner des montres, tant qu’à faire. Et le faire en connaissance des tendances du moment, surtout des enjeux patrimoniaux. Tel est le bagage, hormis le talent inné ou issu d’un long travail préalable, que l’inscrit à ce cursus baptisé « Design Mode et accessoires » peut acquérir. Avec à la clef, un Master qui ouvre les portes des marques horlogères comme des ateliers de création dont le secteur de la cotraitance regorge. Au nombre des matières étudiées, le dessin horloger, les complications avec la filière microtechnique de l’HEPIA, l’histoire, le packaging, le modélisme 3D, etc.. S’y ajoutent un tronc commun de compétences enseignées dans les formations en Design produit/bijoux et accessoires et le Master Mode et accessoires. S’inscrire et se renseigner sur www.head-geneve.ch n
Marketing horloger, le livre
A chaque tenue des JIMH à La Chaux-de-Fonds, les Journées Internationales du Marketing Horloger, sort un livre qui résume les ébats et les débats de la session précédente. Ainsi, dès le début décembre 2019, le livre Publicité Horlogère 4.0 : Les Nouveaux Codes, est disponible aux Editions Loisirs et Pédagogie et chez Watchprint.com, l’éditeur-libraire horloger Fabrice Mugnier, Vice-Président de l’association JSH Archives & Patrimoine. Confié à la direction de Kalust Zorik, fondateur des JIMH, et de François H. Courvoisier, Dr ès sciences économique, professeur honoraire HES-SO, cet ouvrage emprunte six voies-clefs : data driven advertisement, tendances de la publicité visuelle, sémiotique et nouveaux langages, publicité à travers les influenceurs, publicité disruptive et neuro-advertising. n www.watchprint.com
EPHJ : Singer célèbre ses 100 ans avec un livre
EPHJ 2019 : « Peu savent la somme de compétences et d’habileté qui œuvrent dans le silence des ateliers » expliquait Jean-Claude Engisch, père de Joris, l’actuel directeur des cadrans Singer. Préfacé par l’indéboulonnable Walter von Känel, ce livre d’entreprise permet de « raconter les cent ans d’existence d’une entreprise familiale. » Et de préciser : « C’est mesurer la permanence des gestes qui traversent le temps, l’esprit qui demeure malgré les générations (...), montrer l’évolution, notamment technologique, arpenter les événements... (...) » Les cadrans de montre, selon Singer, une entité familiale chauxde-fonière farouchement accrochée à son indépendance et à sa discrétion légendaire, qui, après avoir survécu aux drames et aux crises, compte aujourd’hui par une trois-centaine de collaborateurs. n www.singersa.ch
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MOMENTS
BEMRC alias Q69 Par Emmanuel Alder, Marie Demille & JAG
le stand EPHJ qui incite à la disruption
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idèle au salon EPHJ, le BEMRC Bureau d’Etude Mécanique fondé par Romuald Cappelle a reçu un jour cet étonnant numéro de stand. Les copains ont ri, le Valaisan qu’il est, bien vivant, à l’aise dans son domaine comme dans ses basques, s’en est accommodé au point qu’il se bat désormais pour le conserver.
De mon côté, alors que j’errais un jour entre deux rendez-vous, j’ai machinalement levé les yeux pour me repérer. A la vue de ce numéro interpelant, j’ai naturellement balayé du regard le stand qu’il désignait. Et là, tout sourire, une avenante personne m’a demandé si je venais pour une certaine lettre de l’alphabet ou pour en savoir plus sur les activités de la société. Rires ! Et de me raconter dans la foulée l’incroyable parcours de ce discret cotraitant de l’horlogerie, mais pas seulement, habile en mécanique, micromécanique et en automation. Tout ce qu’il faut donc pour réaliser des objets totalement disruptifs, des jouets de riche ou des projets de marques désireuses d’ajouter à leurs luxueux produits des environnements inédits, télécommandés, mobiles et délicieusement ludiques. BEMRC est surtout un horizon de faisabilité pour tout designer déjanté désireux de réaliser une talking piece ou l’œuvre d’une vie. Du luxe, de l’hyper luxe. Mieux que des mots, l’objet sélectionné autorise le rêve et incite à la créativité. Nous en apercevons une partie des entrailles. Il démontre que le plus
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fou des délires créatifs peut prendre vie grâce à cet artiste atypique. Démonstration ? A partir de ce vrai bloc moteur d’une mythique Mercedes 450 SEL 6.9 dégoté chez un démolisseur du coin, Romuald Cappelle a créé une œuvre d’art capable de remonter des montres mécaniques automatiques. Des garde-temps logés dans la cavité des 8 pistons qui, par la magie de la conjonction des savoir-faire de BEMRC, vont et viennent tout en tournant sur eux-mêmes. ¨ « Les 8 pistons en V à 90° ont été remplacés par un système de moteurs afin de remonter les montres avec différents programmes à disposition tout en leur faisant faire un va-et-vient de montée et descente pour simuler le fonctionnement du moteur » détaille
Romuald Cappelle. Un plaisir visuel, une chorégraphie mécanique. Certainement, le meuble-remontoir le plus improbable jamais imaginé. Surtout, la preuve que l’idée la plus folle a désormais, grâce à ce bureau d’étude dont les plus grands se refilent l’adresse, non seulement le droit de germer, mais d’être réalisée. n www.bemrc.ch
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Et si les Watch Cafés à Genève, dont JSH® Magazine est le média partenaire, organisaient des tournois horlogers de babyfoot avec la complicité de Vaudaux ? C’est le genre d’idées qui germe dans les couloirs du salon EPHJ à Palexpo, plus précisément sur le stand de cette Haute Gainerie depuis 1908 où Philippe Belais, propriétaire, reçoit et transmet sa passion pour le cuir. Celui des écrins de l’horlogerie, ce lien historique fait partie de l’ADN de l’entreprise, mais aussi le cuir qui peut recouvrir les surfaces les plus inattendues. Celles d’une armoire à vins rares, ou de ce babyfoot qui sur le stand incite à la reconnaissance des savoir-faire comme aux convivialités ludiques. n
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Marché
L’ère du 4.0
Les algorithmes sont parmi nous Big Data, Machine Learning ou Blockchain... Certains mots fleurissent si souvent dans les médias et les conversations qu’on n’ose même plus demander ce qu’ils signifient. Le journaliste Paul O’Neil, figure connue des médias horlogers, a toujours cultivé une passion secrète pour cet univers de données et de lignes de codes. Sous sa plume, ces nouveaux venus dans notre vocabulaire s’offrent une couche de compré-
hension, de bonnes raisons de continuer à squatter notre actualité et surtout quelques reliefs qui les placent en contexte horloger. Ses chiffres donnent le tournis, son monde le vertige. Et parfois la surprise lorsque ce journaliste reconverti s’essaie à la fabrication d’algorithmes capables de prédire les résultats du GPHG ! Joël A. Grandjean
Paul O’Neil passe 5 ans dans le département communication d’Omega et 2 ans dans un rôle similaire chez Wyler Genève avant de se consacrer au suivi de l’industrie horlogère dans sa globalité, d’abord 2 ans en tant que Managing Editor chez Europa Star Magazine et ensuite plus de 5 ans en tant que rédacteur en chef du site Worldtempus. Aujourd’hui il est le responsable Communication et Marketing de Eurovision Services, une filiale de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), créée en 2019.
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MARCHÉ
Big Data, Intelligence Artificielle et Blockchain Entreprises, comment en tirer parti ?
Par Paul O’Neil
C
es trois concepts, depuis une décennie déjà, redéfinissent les lois entrepreneuriales et créent même de nouvelles formes d’entreprises. L’histoire de Uber, très récente, est édifiante. Créée en 2009, la compagnie affichait à son entrée en bourse début 2019 une valorisation à plus de $ 80 milliards. C’est du côté des données qu’il faut aller chercher la raison de ce montant si exhorbitant et le fait que les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) soient tant valorisées.
Les données sont-elles le nouvel or noir ? Il n’est jamais trop tard pour se soucier des implications que le Big Data, le Machine Learning et la Blockchain peuvent avoir dans notre business.
Big Data transformé en art. En juin 2018, HALO est la 4e commande artistique de la Commission artistique d’Audemars Piguet pour Art Basel. Inspirée par les données d’Atlas, l’installation artistique est conçue au CERN.
Si le pétrole est une ressource limitée, la croissance exponentielle des données semble irréversible. IDC, une firme d’études de marché, estime que nous créerons et copierons 180 zettaoctets de données d’ici 2025. Le chiffre 180 suivi de 21 zéros ! Pour télécharger une telle somme de données à partir d’une connexion haut débit standard, il faudrait 450 millions d’années ! Découragé ? Il n’y a pas de raison puisque pour les petites structures ou pour les amateurs comme moi, il existe de nombreuses manières de tirer parti du Big Data.
Big Data
En pratique, les données réelles qui composent ces 180 zettaoctets appelés à circuler dans nos tuyaux numériques d’ici à 2025 peuvent prendre de nombreuses formes. Qu’il s’agisse des 4 millions d’activités par minute générées par les abonnés Facebook, des 1,7 million par ceux d’Instagram ou des 347’000 tweets envoyés toutes les 60 secondes, tous contiennent des
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informations qui, si vous savez comment les extraire, peuvent aider votre business. La taille réelle du Big Data ? Imaginons que nous sommes en présence d’un tableur composé de millions, voire de milliards de lignes, que notre fidèle Excel refuse d’ouvrir. C’est la première marche de l’échelle. Ceux qui travaillent sur de telles quantités
d’informations utilisent des langages de programmation tels que Python et R spécialisés dans le traitement de quantités gigantesques de données. Les Amazon, Google et Microsoft offrent également leurs propres écosystèmes dont les données sont accessibles lorsqu’elles sont encore dans le cloud. Pas besoin donc de télécharger ou de stocker ces données pour travailler dessus.
Un véhicule électrique signé Mercedes-Benz. Le nouvel EQC. Venez découvrir chez nous la voiture électrique signée Mercedes. Convenez dès maintenant d’un rendez-vous pour une course d’essai et faites partie des premiers à conduire le nouvel EQC.
ATHÉNÉE COINTRIN
ÉTOILE GENÈVE
MARBRERIE CAROUGE
A&S CHEVALLEY NYON
EQC, 408 ch (300 kW), 21,4 kWh/100 km (équivalent-essence: 2,4 l/100 km), 0 g CO₂/km (moyenne de toutes les voitures neuves vendues: 137 g CO₂/km), émissions de CO₂ de la mise à disposition du carburant et/ou de l’électricité: 30 g/km, catégorie de rendement énergétique: A.
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Machine Learning
Les praticiens préfèrent parler de Machine Learning (la machine qui apprend) plutôt que d’intelligence artificielle (IA). Car la Machine, comprenez l’ordinateur, apprend à repérer des constantes dans les données et à en tirer des conclusions. Il existe deux types de Machine Learning : l’apprentissage dirigé et l’apprentissage non dirigé. Dans le premier, un algorithme est utilisé pour prédire une valeur ou un résultat à partir des leçons à tirer de données passées, d’une masse d’infos historiques qui contient déjà les critères sur lesquels reposent la prévision escomptée. (Voir l’encadré sur le GPHG, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève). Dans l’apprentissage non encadré, on se préoccupe davantage de la classification des données. Une variété d’applications l’utilise, pour la classification de textes, d’images et de vidéos. L’algorithme ne reçoit pas de vérités de base (valeurs correctes) et détecte lui-même des modèles au sein des données. Pour continuer avec l’exemple du GPHG, si j’avais introduit des données brutes dans un algorithme de Machine Learning non supervisé, ce-dernier m’aurait permis de classifier les montres par prix, tailles de boîtier ou par toute autre caractéristique induite dans les données. L’apprentissage en profondeur, où les algorithmes sont étroitement calqués sur le fonctionnement du cerveau humain, va plus loin. Il donne l’illusion que les ordinateurs apprennent par eux-mêmes. En témoignent l’expérience de DeepMind, une société de Machine Learning basée au RoyaumeUni et acquise par Google : plusieurs mois durant, elle a englouti des millions de données historiques sur les jeux de Go, règles comprises. Puis l’un de ses algorithmes a battu un champion. Un autre algorithme, utilisant une technique du nom de Generative Adversarial Learning, s’est contenté lui d’assimiler les règles puis de jouer
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Pour les cotraitants aussi
des parties contre lui-même. Il lui a fallu deux semaines pour vaincre le champion.
Blockchain
Avec le Bitcoin, sa vertigineuse ascension et son crash fin 2018, on a pris conscience du monde des crypto-monnaies et de leurs pièges potentiels. Reste que la technologie sur laquelle s’appuient ces nouvelles valeurs monétaires, appelée blockchain ou distributed ledger, est prometteuse. Son plus grand avantage est que le ledger – le grand registre – est inviolable : il ne peut être modifié. Une fois qu’une transaction y a été enregistrée, elle y demeure à jamais. Les applications d’authentification sont évidentes. Quelques marques horlogères ont déjà commencé à utiliser la blockchain pour authentifier leurs garde-temps. La Suisse est en effet devenue un centre majeur des technologies blockchain et crypto-
Paul O’Neil : « Avec le GPHG comme cas d’étude, j’ai juste voulu tester la technologie. Toutefois, il existe déjà des applications dignes d’intérêt pour l’industrie horlogère, particulièrement pour les fournisseurs. Ellistat par exemple, qui tire parti de la puissance du Machine Learning dans le contrôle automatisé des processus de réglage des machines-outils. »
monnaies, grâce à des acteurs tel que WiseKey qui a collaboré avec Bulgari, Hublot et Favre-Leuba. Quant à Facebook, c’est aussi en Suisse, à Genève, que la société a créé la Fondation indépendante qui gèrera sa Libra, sa très attendue monnaie virtuelle. Même si la prochaine introduction en bourse de Saudi Aramco évalue la société à 1,5 trillion de dollars et en fait la société la plus rentable du monde, le pétrole tôt ou tard s’épuisera. Ce qui n’est pas le cas des données qui continueront de croître. Il est grand temps de se pencher sur nos données et d’en tirer bénéfice. n
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Machine Learning dirigé, le cas d’école du GPHG En supposant que l’on introduise dans un algorithme plus d’une décennie de données du Grand Prix de l’Horlogerie de Genève (GPHG), l’ordinateur serait-il capable de prévoir les gagnants ? J’ai collecté ces données et j’ai créé l’algorithme. Jugez par vous-même : http ://bit. ly/2sgihki. Premier défi, le recueil des données. S’il existe des milliers de groupes de données accessibles librement et utilisables par le Ma-
chine Learning, la liste complète des participants au GPHG n’en fait pas partie. J’ai donc dû créer les données par moi-même à l’aide d’une technique connue, le web scraping. C’est seulement après avoir recueilli un maximum d’informations, y compris celles du site officiel, que j’ai pu commencer à programmer. L’ayant suivi comme insider durant ses sept dernières éditions, j’avais mon idée sur quelques tendances. En outre,
j’avais pleinement conscience que la sélection des lauréats 2019 émanait d’un jury d’experts et que la liste des catégories avait varié au fil des ans. Mon algorithme allait-il s’en rendre compte ? Il a en tous cas plutôt bien performé dans la prédiction des modèles 2019 présélectionnés. Sur les 20 meilleures prévisions, seul un modèle n’a pas été en finale, comme l’indique ma méthodologie, http ://bit. ly/2LIUtfT.
Big Data transformé en art. En juin 2018, HALO est la 4e commande artistique de la Commission artistique d’Audemars Piguet pour Art Basel. Inspirée par les données d’Atlas, l’installation artistique est conçue au CERN.
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Temple horloger multimarques
12Time : soudain, le SAV s’offre un capital sympathie
Par Lee Warrien / TàG +41
Dans d’autres secteurs, le service après vente permet de parfaire la perception du luxe : sourires, délais courts, communications soutenues… Et si l’horlogerie misait aussi sur l’affect ? Michel Teweles en fait son affaire.
L
« Ravi de la retrouver en parfait état après une révision complète. Elle en avait besoin, elle prenait 1’30’’ par jour. Service rapide, prix sympa », écrit Philippe Perret du Cray, partenaire JSH® Magazine qui a testé 12Time pour sa Zenith vintage.
es collectionneurs du monde s’en plaignent souvent. Lorsqu’il s’agit de réparer sa montre, ou juste de lui offrir un simple entretien, le SAV horloger traine la patte. Devis coûteux, délais démesurés et, au final, le nombre d’anecdotes négatives que colportent sans ménagement les flux de discussion sur les réseaux, forums indépendants, blogs et parfois même, commentaires désobligeants oubliés sur les pages officielles des marques. « Je ne suis pas convaincu que tous les CEO de l’horlogerie aient pris la réelle mesure de l’avantage possible vis à vis de leurs clients », relève Michel Teweles, patron fondateur de cette nouvelle structure qui entend redonner à cette activité ses lettres de noblesse. Non pas en faisant cavalier seul, mais en agissant de concert avec les marques sans négliger l’univers des collectionneurs et des passionnés.
Avec les marques, en mode collaboratif
Dans les 200 mètres carrés de locaux à Gland, les dernières machines et surtout, l’expertise d’un horloger-rhabilleur, expert en restauration
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En ligne de mire, 12Time vise les marques indépendantes dont les business plans pourtant prévoyants, se laissent vite dépasser par la réalité du manque de ressources. « La majorité de ces marques est consciente des enjeux du SAV, mais face aux difficultés du terrain, l’analyse du départ est souvent différée et finit par passer au second plan », souligne l’entrepreneur. Une réalité qui se duplique du côté des détaillants, ces fameux
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points de vente physiques qui, par les temps qui courent, sont mis à mal par la complexification du marché, tant à cause du transfert croissant des ventes sur internet qu’à cause des politiques de marques toutes puissantes lorgnant de plus en plus sur leurs marges. Et qui ne se privent pas d’interventionisme lorsqu’il s’agit de draguer le client final.
12Time Switzerland, au-delà du simple SAV, prix, délais et transparence « Montre mécanique, une révision tous les cinq ans » C’est conseillé, après toute période de garantie ! Les perspectives de croissance de 12Time Switzerland sont prometteuses. La société, fondée en 2019 émane d’un noyau de collectionneurs et professionnels. Elle est basée à Gland et ses 200 mètres carrés sont habités par un parc machine de dernière génération et de référence (Crevoisier, Witschi, Bergeon, Ferner, Elma pour n’en citer que quelques-uns). Un horloger à demeure, rhabilleur complet, expert SAV et en restauration, un maître polisseur maison, deux pointures du secteur qui cumulent plus d’un demi-siècle d’expérience au sein des plus prestigieuses enseignes horlogères. De quoi satisfaire les exigences de certification des marques horlogères. Déjà certifié (ou en phase de l’être) par Baume & Mercier, Cartier, IWC, Jaeger-LeCoultre, Montblanc, Panerai, Omega, en discussion avec d’autres grandes maisons, ce nouveau temple horloger dédié à l’excellence en matière de SAV est l’œuvre de Michel Teweles, 30 ans d’activité au service du luxe dans les domaines du yachting et de l’horlogerie
Toujours en mode BtoB, l’entité naissante vise aussi les plus grandes enseignes, demandeuses de relais agréés, respectueux de leur image et des bonnes pratiques, se réjouissant de pouvoir systématiquement ou occasionnellement outsourcer leurs tâches les moins gratifiantes. En effet, alors qu’on pourrait tout miser sur le concept honorable d’entretien et de service, on n’aime jamais dans l’horlogerie parler de réparation dans un monde qui prône l’éternité du fonctionnement, la longévité de la précision et une fiabilité qui s’incruste dans le registre de l’évidence quant à un positionnement haut-de-gamme.
Prolifération des passionnés
Parmi les clientèles enclines à se réjouir de l’arrivée de ce nouvel acteur, il y a bien sûr les collectionneurs et les passionnés. Ils sont toujours plus nombreux à acquérir des montres déjà portées, des pièces retrouvées au détour d’un héritage ou d’un coup de cœur pucier. Les bourses horlogères prolifèrent, les scores vertigineux des maisons de ventes aux enchères, tout au moins leurs records copieusement médiatisés, incitent de plus en plus d’adeptes à faire le saut. Et à se retrouver propriétaire d’une pièce qui mérite une révision, un entretien voire
Redonner l’état de neuf à une pièce portée, grâce au maître polisseur maison. une réparation. Alors autant s’adresser à une entité solide, certifiée par les marques et garante de compétences horlogères acquises au fil de carrières dûment validées. En-deçà des opérations lourdes, ces réparations qui réclament des composants historiques introuvables qu’il faut parfois refaire, il y a aussi toutes ces légères interventions que sont les polissages et les avivages, les démagnétisations, les lubrifications de mécanismes simples ou à complication, les réglages et les tests de précision... Des gestes plus simples qui, sans qu’ils soient pour autant simplistes, encombreront de plus en plus les canaux institués des SAV officiels. Car, à force d’écouler presque deux dizaines de millions de pièces depuis plusieurs années, l’horlogerie suisse qui doit aussi composer avec la déferlante vintage, s’expose inévitablement à une recrudescence des demandes légères en suivis légitimes. La réponse proposée par 12Time Switzerland à cet inéluctable phénomène, apparaît plus qu’à propos. n www.12time.ch
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Distribution horlogère
Le manuel du cocktail à inventer Par Thomas Baillod
Il saisit ma montre, tapote sur son ordi et y insère la référence. Instantanément, il sélectionne le premier site de la sélection Google. « Voyez vous-même… »
« S
érieusement, vous ne voyez pas le problème ? » me lance cet important détaillant horloger de Chicago alors que je discute avec lui des problématiques de son marché.
Expérience en live Sa démonstration m’ouvre les yeux sur la réalité actuelle de la distribution horlogère. « Le prix public de votre montre ? » me lance-t-il. Je transmets. « Voyez-vous même, ce site la vend à moitié prix. Et sur les 3’000 usagers s’exprimant suite à un achat, 98.7% s’estiment extrêmement satisfaits... Moi, je n’ai pas 98.7% de clients satisfaits dans mon magasin ! ». J’évoque alors le risque sécuritaire entourant l’achat en ligne. « Ils reprennent la montre dans les 30 jours et les cartes de crédit couvrent le risque de fraude... » La distribution horlogère traditionnelle est malade. Or c’est elle qui permet de transformer en chiffre d’affaires son stock – sa plus forte concentration d’investissement – assurant ainsi survie et développement de l’entreprise. La distribution au cœur des enjeux Quel sera le prochain levier de croissance dans l’horlogerie ? On aura beau produire de magnifiques garde-temps et explorer les 360 degrés du marketing, cela ne modifiera en rien le pro-
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acquéreurs peuvent voir leur montre, la toucher, l’essayer tout en recevant service et conseils spécialisés. On appelle cela l’expérience client. Cela signifie qu’il faut un lieu (magasin), un service (employés), ainsi qu’un stock (immobilisation financière). Trois facteurs de coûts importants qui justifient les marges élevées des détaillants. Distribution horlogère : le cocktail gagnant reste à inventer. blème de fond. Irréversiblement, la digitalisation a entraîné un changement structurel de la distribution qui reste au cœur des enjeux : de nouveaux canaux, une information qui circule et des attentes qui ont évolué. Il ne s’agit plus de se concentrer sur la montre, mais de s’interroger sur les nouvelles manières de la vendre. La donne change. Les trois piliers de la vente Etonnamment, la distribution, contrairement au marketing et à la vente, est absente du monde académique. Elle reste au mieux associée à la vente, au pire totalement ignorée. La distribution traditionnelle, ce sont des biens acheminés dans un lieu dédié où l’offre peut rencontrer la demande et où la transaction peut s’effectuer en toute sécurité. L’industrie horlogère s’appuie depuis longtemps sur un réseau mondial permettant de rencontrer le client. L’avantage majeur de ce système éprouvé est que les futurs
Le digital… puis le phygital L’avènement d’internet incite les entreprises à exploiter un nouveau canal, la vente en ligne. Relativement simple à mettre en œuvre, elle connecte les marques directement avec le consommateur final et supprime les intermédiaires. Avec pour bénéfice de rapatrier d’importantes marges, d’améliorer le cash-flow et de développer une meilleure connaissance des clients et du fameux sellout. Au départ, Internet ne servait que de support marketing et d’annuaire aux marques, afin de guider les potentiels acheteurs vers les points de vente autorisés, vers leurs partenaires. D’outil au service des intermédiaires, il est à présent devenu leur concurrent, depuis que les marques ont commencé à inclure à leur site web un panier d’achat. Et s’il existait une autre voie ? Une marque peut-elle à la fois améliorer sa marge tout en offrant un service accru aux clients, combiner les avan-
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tages de la vente physique avec ceux du digital, obtenir le meilleur de deux mondes qui, à ce jour, produisent un court-circuit s’ils se croisent ? L’ère du phygital se dessine. Le client du digital recherche un avantage financier ou un service additionnel. Sauf que cet avantage, perçu comme une concurrence déloyale, provoque une levée de boucliers chez les intermédiaires. À l’inverse, le réseau physique traditionnel est coûteux, complexe et souvent hermétique aux petites marques, puisque les vitrines des bons détaillants sont verrouillées par les groupes horlogers. Thomas Baillod, fondateur de la Watch Trade Academy.
Méthode de l’assemblage, le bon cocktail La solution viendra de l’art de concocter le bon cocktail. La quatrième révolution industrielle, au contraire des trois précédentes, n’est pas le fruit de ruptures technologiques qui modifient radicalement la donne. Elle se nourrit de technologies existantes. En établissant des interconnexions, elle fait émerger de nouvelles possibilités. Toutes les lettres de l’alphabet sont à présent sur la table, place désormais à la création de nouvelles combinaisons. C’est le bon assemblage qui permettra d’écrire le mot succès. L’alchimiste devra savoir manier des ingrédients tels que big data, AI, Artificial Intelligence, VR, Virtual Reality, AR, Augmented Reality, impression 3D, IOT, Internet Of Things, nanotechnologie, biotechnologie, blockchains, etc. Cette approche dite de l’assemblage est stimulante. Elle mixe les techniques, parfois les déniche ou les teste, tout en prônant l’intégration de tous les canaux et non leur négation. Les possibilités sont infinies et l’envie de créer le cocktail gagnant fait naître les vocations. Je me suis moi-même pris au jeu
Distribution, les mots nouveaux : Blended retail : il ne s’agit plus d’explorer et d’utiliser plusieurs canaux en parallèle – omnichannel – mais de les mélanger. Ce terme incarne l’art de mixer différents canaux de vente pour offrir au client une expérience phygitale complète. Afluendor : le consommateur final devient consomm’acteur. Ce changement qui fait de lui un relai de la marque, parfois même son vendeur, engendre ce néologisme né de Ambassador, Influencer et Vendor (anglais). TIAPOS : This Is A Point Of Sale. Transformation de n’importe quel lieu, personne ou occasion en point de vente potentiel. Lieu, service et stock physique étant dématérialisables, on les couple avec une solution de paiement mobile. Du coup, la vente se déplace hors des magasins traditionnels. Phygital : fusion de physique et digital, soit l’écosystème qui permet à l’utilisateur d’acheter et de consommer indifféremment dans les magasins ou en ligne, sans que ces deux mondes soient en concurrence. Warebell : from warehouse to door bell, décrit ce nouveau défi logistique du D2C, le Direct to Consumer : du stock de la marque jusqu’à la sonnette de la porte d’entrée du consommateur.
L’ère du phygital, contraction de physical et de digital, la quatrième révolution.
en lançant BɅ111OD, un concept horloger inédit destiné à tester mes propres cocktails. En détournant le code source d’un système de QR code, la startup Meotion m’a permis l’intégration d’un référent qui permet à n’importe quelle personne, lieu ou occasion, d’être rétribué pour une vente qu’il aura engendrée, directement ou indirectement. Ce QR code est intégré dans un hologramme haute définition, créant à l’endroit où il est placé, un point de vente ad hoc. Une colonne d’un hôtel devient une vitrine permettant de commander une montre tout en rétribuant l’hôtel où s’est produit la transaction. Les possibilités sont infinies. A partir de cette nouvelle approche, tentons d’élaborer le cocktail gagnant qui intégrera les intermédiaires plutôt que de les exclure. Car le commerce de détail aujourd’hui a transformé les points de ventes en points de toucher. Les détaillants continuent d’assumer leurs coûts sans obtenir leur marge. Soyons inventif, allons puiser des idées ailleurs. Car le futur pourrait bien être entre les mains d’un barman créant le bon cocktail et pas forcément d’un bon horloger. n
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Révolution Meotion
La petite ligne de code qui réconcilie tous les acteurs
Ollivier Broto
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t si sa trouvaille de startup pouvait pacifier l’univers de la distribution horlogère qui transforme peu à peu le point de vente en unique point de toucher, puisque le client finit, après avoir essayé la montre en magasin, par l’acheter sur internet ? Le miracle existe, il s’appelle Meotion.
Emeric Delalandre, le jeune inventeur passionné d’horlogerie qui pourrait être demain à la tête d’un empire financier comparable à celui de Visa ou de Mastercard. Thomas Baillod, le propulseur Dans son édition EPHJ 2019, le journal suisse d’horlogerie JSH vous l’introduisait, sous la plume découvreuse de Thomas Baillod, invétéré repenseur de la distribution horlogère. Puis, grâce au gourou marketing Kalust Zorik, le jeune geek élégant, Breton immigré à Paris, fut propulsé sur la scène chaux-de-fonière des JIMH, les Journées Internationales du Marketing Horloger. Tout commence par un casse-tête, concret. Emeric Delalandre lance
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Convoqué par Nespresso et Tesla entre autres, Emeric Delalandre, jeune patron horloger et surtout geek génial, démontre que sa formule numérique qui rémunère les intermédiaires pourrait bien devenir mondiale… sa propre marque de montre, made in France. Il se demande – il est loin d’être le premier – comment il pourra rémunérer celui qui, acheteur et adepte, incite un deuxième client à acquérir une de ses montres, puis un troisième... Le phénomène du consommacteur devenu sous la terminologie de Baillod un afluendor fascine. Et comme il taquine avec talent l’art du codage, le jeune startuper, sur le mode du cookie que l’on accepte, invente la solution miracle. Une ligne de code qui se laisse capturer par n’importe quel objet connecté et qui permet de verser une rétro-commission à toute espèce de prescripteur. La distribution horlogère pacifiée Exemple, vous découvrez un excellent cru dans un resto, vous souhaitez qu’il fleurisse sur votre table. Le serveur, à qui vous faîtes part de votre vœu, présente à l’objectif de votre téléphone, une espèce de QR code. Une fois votre commande en ligne passée, ce même serveur, quel que soit le site par lequel vous avez transité et le lieu d’où vous agissez, reçoit une commission directement du producteur. A l’heure où les détaillants horlogers classiques sont utilisés par les clients pour essayer des montres qu’ils n’y achèteront pas, Meotion offre aux marques de rémunérer non plus seulement la vente, mais le service. Au passage, cette solution miracle réconcilie le point de vente, qu’il soit physique ou digital, avec une marque horlogère devenue souvent son concurrent, puisque se livrant déloyalement ellemême à des ventes en direct.
Solution miracle numérique super puissante, Meotion permet de rétro-commissionner toute espèce d’intermédiaire.
Augmented retail Concrètement, comment ça marche ? « C’est un outil numérique puissant, bien que facile à utiliser » répond l’inventeur. Son utilisation n’ajoute aucun surcoût à la transaction. Elle génère pour la startup une microcommission comparable à celle que prélève une carte bancaire. Surtout, elle ouvre de nouveaux horizons. Une montre, présentée en hologramme sur une tablette du futur ou simplement exposée dans un magasin, non plus en échantillon de stock mais en objet de démo, ce qui ne requiert que quelques centimètres, peut désormais être acquise sans que ne soit oublié celui qui l’expose ou la promeut. Un des avantages du système, parmi toutes les perspectives qu’il engendrera, est l’ouverture aux marques naissantes de vitrines physiques souvent verrouillées par des groupes tout-puissants. Au passage, la solution réconcilie deux univers qui, l’avènement des ventes online oblige, s’affrontent en une impitoyable « guerre des marges ». n https ://meotion.com
—HEAD Genève Chaire en Design Horloger
Programme d’enseignement spécialisé Niveaux Bachelor et Master Au sein de la Filière Design Produit
Informations et inscriptions en ligne Délai Bachelor : 13 mars | Délai Master : 3 avril www.head-geneve.ch Collection Bachelor 24H réalisée par Martin Guillet © HEAD – Genève, Baptiste Coulon
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Eberhard et son aigle Ollivier Broto, Joël A. Grandjean Henri-Maxime Khedoud,
B
onne nouvelle neuchâteloise. Tandis que la cité du haut célébrait le dixième anniversaire de son inscription à l’UNESCO, une de ses marques historiques revenait au bercail. Eberhard est de retour, avec un musée que l’on peut visiter sur demande, qui plus est dans son bâtiment originel. Celui que son fondateur Georges-Lucien Eberhard avait fait construire en 1906, le premier à s’équiper « d’eau chaude à toute heure », comme le soulignaient des annonces de l’époque. Miracle du temps qui normalement se veut assassin et oublieux, le célèbre aigle en zinc qui trônait au sommet du dôme de l’édifice a été retrouvé. Et réinstallé là où il peut à nouveau « défier le temps » ou le prendre sous ses ailes. _JAG n www.eberhard-co-watches.ch/fr/ museo/
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de retour à la Chaux-de-Fonds
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Crown Ultimate : Bernard Favre remplace le remontage manuel
Avec son allure de véritable outil d’atelier qui rappelle les machines d’antan, ce nouvel accessoire signé Bernard Favre permet de maintenir en fonction, même lorsque leur propriétaire est en voyage longue durée, des montres mécaniques à remontage manuel. En effet, un attrape-couronne capitonné de cuir, pour ne pas risquer d’abimer la boîte, adaptable à tout type de montres de 24 à 60 mm de diamètre, remplace les doigts qui s’acquittent usuellement de cette tâche, obligatoire surtout si la montre est dotée de complications. La machine ne force jamais lorsque la charge est suffisante. D’ailleurs elle redonne un petit coup d’énergie toutes les deux heures, maintenant le ou les barillets en état de charge constante. _OB n www.bernardfavre.com
Quartz rutilé, les valeurs
C’est l’histoire d’une cliente qui ne rechigne jamais à acquérir des diamants, des pierres précieuses, rares. Elle en a les moyens. Mais elle craque soudain pour un matériau brut, sans valeur selon les standards convenus. Une matière toutefois d’une inestimable désidérabilité. L’esthétique arachnéenne du quartz rutilé, l’improbable enchevêtrement des fils de ses inclusions et des hasards mélangés de ses fêlures intrinsèques, le rendent mystérieux, inaccessible. Cette bague de la collection Pomander, signée Charles Zuber, existe bien sûr sous toutes les formes de mariages de préciosités. Néanmoins, cette déclinaison en quartz rutilé, assortie de Tsavorite et de saphir, est aussi le coup de cœur de Vincent Perego, cofondateur de la marque. Elle incarne un message cher à la cotraitance : ce sont finalement les gestes des maîtresartisans, l’expression de leurs savoir-faire qui, par-delà le matériau utilisé, donnent à un objet son supplément de valeur ajoutée. _HMK n www.charleszuber.com
éditeur libraire de
l'horlogerie Bruxelles
Genève London Luxembourg Basel Zürich New York München Paris Hong Kong
watchprint.com
MOMENTS
Evénement littéraire : Albert J. de Buttes-LaCôte
D
iscret, le Dr. Helmut Crott, à qui l’on doit la toute première vente aux enchères horlogère de l’histoire, avant même celle mémorable de son homologue médiatisé Oswaldo Patrizzi, sort de l’ombre avec ce livre salué par le secteur et les historiens : 660 illustrations, 392 pages, 300 exemplaires. Toujours accessible et enjoué, ce personnage reste l’expert mondial, pressé par les collectionneurs les plus argentés de la planète comme par les nouveaux adeptes, en quête de consistance. Ne consulte-t-il pas également pour certains musées, voire pour des marques désireuses de valider des trouvailles historiques qui soudain jaillissent des héritages ou des revers de fortune, ou juste du fin fond d’un local d’archives ? Ce qu’il
Table Ronde EPHJ le 17 juin 2020 à 13h30 Modération : Joël A. Grandjean Avec le Dr. Helmut Crott et ses invités de prestige : « Que recherchent vraiment les grands collectionneurs de montres ».
le Cadran, livre référence
LE CADRAN Le Cadran, visage de la montre bracelet au 20ème siècle - 600 illustrations, 392 pages, 300 exemplaires. Visible à l'EPHJ 2020 sur le stand de Watchprint, la librairie horlogère. faut savoir, c’est que de l’authenticité d’un cadran, de son état de conservation ou de restauration, son enchère finale peut soit choir soit croître de 30 à 50%. Sûr qu’il en a vues, des imprécisions ou des absences d’informations dans ces catalogues qui s’ajoutent à ses lectures de chevet. Alors, il a pris la plume. Surtout, il a occupé presque 10 ans à rencontrer d’anciens acteurs de la fabrication de cadrans, notamment ceux liés à Stern Cadrans considéré comme le plus my-
LE C ADRAN E E BRACELET AU 20 SIÈCLE
VISAGE DE LA MONTR
Stern Création s Stern Frères Un maître cadranier
Dr. Helmut Crott
thique des cadraniers. André Colard, co-fondateur de l’EPHJ et serial entrepreneur, en fait partie, lui qui cumula une quarantaine d’années au serthis rature Une vice de cette légendaire entité. horological lite Filling up a niche in the the in hes atc stw wri entreprise dont la famille fondatrice of l dia book, dedicated to the the ory ofPhihist e abl ark rem the racheta un de ses clients, Patek s eal 20th century, rev es pag 392 On rn. a dial maker D'ailleurs, cetSte ouvrage raconte ous Genev famlippe. ce ren refe this s ion trat 600 illus re thanStern, famille éclaire surere les techwithlamo thme nt p look at the diff a dee k offers de booniques fabrication qui ont engensimple silver decoration g, kin ma l dia of les piècesfrom odsdré les plus prisées encore to complex and unique h printed hour markers witaujourd’hui. re rmo Des modèles il a pu, Fur the enamel dials.dont cloisonné-champlevé s che wat age vint c'est inestimable, photographier le nic ico a selection of dials from r. pte cha te ara visage, à l'endroit comme à l'envers... sep a are fully analysed in L’œuvre d’une vie, un livre témoin Crott, Dédicaces by Dr. Helmu ANrupture de t stock. CADRen LEdéjà in 300 copies. ted prin and le 17 juin in French edi autedSalon EPHJ, 2020. n please visit: purchase and deliver y For www.vintagewatchexpert.com m t.co per hex ww w.vintagewatc #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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Histoire horlogère
Les Concours de Chronométrie, le prestige absolu Ollivier Broto
Partout dans le monde, aux 18e et 19e siècles, les Observatoires organisent des joutes autour de la précision. Jusqu’à l’arrivée du quartz dans les années 1970, les Concours de Chronométrie galvanisent les foules et les marques.
S
i la course à la précision débute bien avant la construction des premiers Observatoires (lire notre dossier Histoire de la Chronométrie), l’apparition de ces institutions chargées de donner l’heure juste et de contrôler la bonne marche des montres engendre la folie des Concours.
Les heures les plus folles de l’horlogerie
A Genève, sous l’égide de la Société des arts, ces manifestations sont instaurées vers 1790-1792, soit vingt ans après la création en 1772 par JacquesAndré Mallet de l’Observatoire de Genève. Le prix récompense la meilleure montre courante. Pour l’anecdote, le premier règlement s’avère si restrictif qu’aucune des 19 pièces déposées n’est capable de répondre au critère d’une précision à plus ou moins 1 minute par jour. Il faut donc revoir à la baisse les conditions de participation avec un réglage à plus ou moins 2 minutes par jour. Dès le 16 décembre 1816, deux prix sont proposés, dont un pour les chronomètres de marine. Le 2 mars 1819, l’horloger genevois Antoine Tavan reçoit le prix et en 1829, un nouvel Observatoire sort de terre. Finalement, ce n’est qu’en 1874, soit presque 100 ans après le lancement des premiers concours, que le règlement tourne le dos à l’empirisme ambiant et connaît une totale refonte. A Neuchâtel ces compétitions sont particulièrement prisées. Deux éditions restent dans les annales. L’une en 1923,
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Bulletin de marche décerné au Technicum (l’Ecole d’Horlogerie du Locle), preuve que l’institution participait aux Concours en 1948.
L’appellation chronomètre est décernée par l’Observatoire de Neuchâtel (avant le COSC). Elle désigne une montre dont la précision a été testée et validée.
Quatre instituts accrédités, précision suisse d’envergure internationale
Montre témoin pour le centenaire de la mort d’Abraham fournie au Louis Breguet, l’autre en 1948 pour celui Concours par du jubilé du canton de Neuchâtel. l’Ecole d’Horlogerie du Locle. En coulisse, l’enjeu politique
Du côté du Royaume Uni, l’Observatoire royal de Greenwich organise les premiers concours de réglage dès 1766, récompensant les concurrents par des primes. Son but est de mettre la main sur les meilleurs chronomètres, pour la flotte de Sa Majesté. En France aussi, la Marine royale paie 2’400 francs les modèles primés. A l’Observatoire de Genève où le réglage suscite aussi des joutes, la périodicité annuelle des concours est instaurée dès 1873 Le bien fondé de ces compétitions ainsi que leur rayonnement international incitent les acteurs de l’industrie horlogère à tout faire pour y prendre part. En Angleterre, dès 1884, l’Obser-
Pénurie de montres candidates en 2019, la cérémonie d’annonce des résultats ne pouvant avoir lieu, elle est remplacée par une célébration de la chronométrie.
En 2019, seules les montres Swiss Made pouvaient concourir, clin d’œil à l’entrée en vigueur de la nouvelle législation fédérale. Après une première épreuve de précision confiée au Bureau Officiel du COSC au Locle, le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres, les montres rescapées étaient soumises, au sein de la Fondation Timelab à Genève, aux agressions invisibles de puissants champs magnétiques (norme ISO 764). Puis sur place, l’institution délivrant par ailleurs le prestigieux poinçon de Genève, soumettait les participantes à un deuxième contrôle conforme à la norme ISO 3159, celle aussi du COSC. Dès lors et cette fois en voyage à La Chaux-de-Fonds, les candidates étaient embarquées pendant 21 jours dans les affres intentionnelles d’un vieillissement simulé en accéléré. Il s’agit de la célèbre batterie de tests incarnée par le label Chronofiable®, un protocole réputé pour la sévérité de ses traitements. Les pièces qui en ressortent indemnes sont des montres héroïques. D’ailleurs, un troisième et dernier contrôle de chronométrie selon la norme ISO 3159 se fit cette fois de retour au Locle, histoire d’évaluer l’impact sur la précision des agressions aux chocs. Quant au quatrième institut accrédité, la suprême autorité, il s’agissait du METAS, l’Institut fédéral de métrologie qui présidait le Jury du Concours.
vatoire astronomique de Kew s’y met, en 1885 celui de Besançon en France. Les concours des Observatoires de Hambourg et de Washington jouissent aussi d’une grande réputation. Hélas, rien n’est uniformisé, ce qui rend difficile la comparaison des résultats. Toujours est-il que les gardes temps primés reçoivent un Bulletin officiel
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de marche et des médailles. De 1900 à 1939, Patek Philippe remporte pas moins de 764 prix à Genève, 187 étant des premiers prix, soit plus de la moitié des distinctions accordées durant cette période.
L’ère actuelle, tour de la précision en 80 jours
En 2009, l’horlogerie mécanique connaît un nouvel essor. Une poignée de passionnés au Locle décide de faire revivre, au moins une fois tous les deux ans, les prestigieux concours. La Commune joue le jeu, soutient. C’est l’année du cinquantenaire du musée des Monts et l’idée n’a rien d’utopique. D’autant que dès le départ, les principaux laboratoires, accrédités par la Confédération Helvétique pour attester des bonnes mesures la précision, décident de soutenir l’événement. Le programme 2019 aurait dû ravir les watch lovers du monde, avec sur la ligne d’arrivée, au sortir d’un voyage de 80 jours au pays des tests, un palmarès de l’excellence. Quel plaisir y a-t-il, si ce n’est celui du faire mieux que nécessaire, à malmener ainsi des montres ? Face à la pénurie de candidats, le Concours exporte la cérémonie dans la salle Hans Erni à La Chaux-de-Fonds, mise à disposition par le Musée International d’Horlogerie. Dans les tribunes et sur le podium, une brochette de sommités. Mobilisées et engagées, elles transforment la cérémonie d’annonce des résultats en une célébration des valeurs les plus fondamentales de l’horlogerie. Une manifestation dédiée à la précision horlogère, destinée à rester dans les annales de ces Concours de légende. n www.concourschronometrie.org #JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
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La Bibliothèque
Jean-Claude Sabrier
Audrey Humbert, Experte en Horlogerie spécialisée dans l’Horlogerie de collection
Lovée au cœur de la Manufacture Journe, la Bibliothèque Jean-Claude Sabrier nous rappelle l’importance de la conservation du patrimoine.
A
pprendre par la lecture des livres ? Cette notion devient désuète à l’heure où nous confions tout notre savoir à notre téléphone. Le digital a pris ses quartiers dans notre quotidien et jusque dans la conservation et la consultation des livres historiques. La démarche de François-Paul Journe En marge de ce mouvement du tout numérique, l’horloger de l’Invenit et Fecit, deuxième prix Gaia en 1994 dans la catégorie Artisanat Création, est aujourd’hui le gardien d’un héritage horloger patiemment rassemblé par Jean-Claude Sabrier. Il veut le préserver de l’oubli, il s’en est donné les moyens. Car tandis que les livres dans leur version digitalisée favorisent le survol d’une œuvre et un accès rapide en fonction de mots clés, pour autant que l’on connaisse ce que l’on recherche, les livres dans leur version physique offrent une expérience incomparable. Pour ce passionné d’horlogerie, parcourir les livres agit comme une thérapie. Chaque livre est une découverte. On y retrouve des écrits sur les plus grands chefs-d’œuvre de l’horlogerie comme par exemple Le Paon, cette horloge automate réalisée par l’horloger joaillier et homme d’affaires anglais James Cox (1723-1788), qui
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se trouve exposée au Musée de l’Ermitage de St Pétersbourg. Vendue en pièces détachées à Potemkin (amant et favori de la reine Cahterine la grande), elle mit 9 ans à être reconstituée. L’apprentissage de l’horlogerie passe par les livres Au fil de ces livres, on vibre en suivant l’histoire trépidante de la fameuse Marie-Antoinette, cette montre lé-
gendaire d’Abraham-Louis Breguet rassemblant un nombre vertigineux de complications. Une pièce qui avait disparu pendant de nombreuses années suite à un vol et qui, retrouvée, fut léguée au Musée d’Art Islamique de Jérusalem. Les pages de ces livres révèlent aussi des secrets, comme les querelles entre horlogers qui furent nombreuses quoique largement oubliées
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aujourd’hui. On se délecte de la finesse et de la diplomatie dont faisaient usage les uns et les autres afin de gérer des affaires de la plus haute importance puisque l’horlogerie, au 18ème siècle, était au centre des enjeux politiques.
Faire souffrir les montres avec élégance tout en leur mesurant le pouls.
Prix Gaïa 1997 dans la catégorie Histoire et Recherche, Jean-Claude Sabrier était passionné d’horlogerie et travailleur infatigable. Il était pleinement engagé - comme collectionneur, marchand et historien –, dans l’étude des pendules et des montres, dans toutes leurs variétés. Son domaine de prédilection était l’horlogerie de précision. En 1980 et en collaboration avec Hervé Chayette, il initie en France les ventes aux enchères spécialisées dans l’horlogerie. Il s’éloignera plus tard du monde des ventes aux enchères au bénéfice du Swatch Group, comme conseiller en charge des collections patrimoniales. Il était un ami et un confident de très longue date de François-Paul Journe.
Histoire de la chronométrie Pour d’autres, le plus grand intérêt de la collection, et ce qui constitue son fil rouge, c’est toute la documentation qu’elle rassemble sur le thème de la chronométrie, française et anglaise principalement. Les recherches, les concours, les expositions, etc… Tout y est. Mais attention, la lecture de ces documents doit se faire avec les précautions nécessaires. Pour bien interpréter les informations disponibles dans les livres, il faudra prendre le temps de se documenter en croisant les sources. Dans ce repaire de savoir regroupé, il règne une atmosphère apaisante, à la fois loin de l’agitation de la ville autour, pourtant si près. Cette atmosphère, je l’ai particulièrement appréciée pendant de longues journées studieuses passées à parcourir les livres afin de constituer un catalogue raisonné de la bibliothèque. Préservés au cœur de la Manufacture Journe, ces trésors littéraires veillent sur un majestueux régulateur astronomique réalisé par Constantin-Louis Detouche (1810-1889). n
La Bibliothèque Jean-Claude Sabrier est constituée de près d’un millier d’ouvrages, manuscrits, lettres et catalogues, ayant tous appartenu à Jean-Claude Sabrier. Ce qui représente également près d’un millier d’auteurs et de co-auteurs. Les plus grands noms de l’histoire de l’horlogerie se distinguent parmi eux, tels Ferdinand Berthoud, Pierre Le Roy, Antide Janvier, Abraham Louis Breguet, Thomas Mudge. Les livres ne sont pas disponibles à la consultation à moins que vous ne puissiez négocier directement avec l’heureux propriétaire. Il vous faudra dès lors savoir toucher une de ses cordes sensibles.
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Mythes & Légendes
L’Universal et l’enfant gâté Par Kenan Tegin
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hez moi en Turquie, le rite séculaire de la circoncision marque l’entrée de l’adolescent à la vie adulte. Notre tradition veut que l’affaire soit prétexte à une grande fête, aussi colorée qu’un mariage oriental traditionnel. Les adultes festoient, dansent à la musique populaire jouée par de petits groupes de musiciens. Les enfants, entourant l’opéré, jouent et ne se privent pas de le taquiner. Il y a même des spectacles de marionnettes. La victime, récompensée pour son courage et pour avoir survécu à cette intervention sans anesthésie et fort douloureuse, reçoit des cadeaux de tous. Enfant unique, j’étais parvenu à repousser. J’avais très peur en fait… Finalement, faisant fi de mes vives contestations, mes parents avaient planifié l’inéluctable pour juillet 1954. J’avais 8 ans. Mon père connaissant mon amour précoce pour les montres (j’en avais déjà trois), m’avait commandé à Genève une précieuse Universal double-date au guichet, calibre 291 en or rose. Après le supplice, il me l’avait offerte, certain de me gâter. Mais moi, enragé et tordu de douleur - comment aurais-je pu apprécier ? - j’ai attrapé de colère un canif (aussi un cadeau) ainsi qu’une orange dans le panier à côté de mon lit. J’ai éventré sans difficulté la montre et j’y ai pressé un quartier entier. J’ai soigneusement refermé le boîtier et j’ai attendu. Puis j’ai appelé mon père et lui ai fait remarquer que son cadeau pourri ne fonctionnait pas. Il en fut
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#JournalSuisseHorlogerie Printemps 2020
Aujourd’hui, mon Universal et moi, nous avons 70 ans et plus… Elle n’a jamais eu besoin d’un service de réparation ou de contrôle, elle continue d’égrener les heures sans retard. Il me semble qu’elle doit rêver d’un propriétaire plus jeune. Voici son histoire… vraiment désolé. Il la retourna sur le champ à Genève, pour réparation. Quelques semaines plus tard, alors que mes douleurs n’étaient plus que mauvais souvenirs, mon Universal fut de retour avec un calibre flambant neuf et… ni question ni reproche de la part de la Manufacture. Je l’ai donc portée fièrement jusqu’à mes 14 ans.
Kenan Tegin, l’impacteur L’horlogerie suisse lui doit d’avoir en 1993, après deux ans d’opiniâtreté, lancé pour le groupe Ringier le magazine Montre Passion, co-fondé avec le soussigné qui était alors son collaborateur. Puis il y eut Uhren Welt, en allemand et, dès la première année, le prix Montre de l’Année. Entraînée dans la disparition de l’Hebdo, sa chronique Mythes & Légendes dédiée à la transmission du virus horloger, revit dans JSH. Et s’il cherche à se défaire de sa collection de montres, les histoires qu’elle renferme n’ont pas dit leur dernier mot. _JAG
Puis je l’ai offerte à ma mère qui affectionnait les montres d’homme. En contre partie, elle me dédommagea avec une Doxa plutôt clinquante. L’année de mes 30 ans, après avoir étudié en Suisse et m’y être marié, je fus rattrapé par mes obligations militaires. Avant de partir pour la Turquie, je m’étais acheté une Timex qui aurait la mission de m’accompagner dans cette épreuve : car, comme sportif d’élite que j’étais à l’époque, l’armée m’affecta dans un commando d’infanterie. Après quelques jours de chaleur infernale, d’humidité typique de l’été turc et d’exercices spartiates extrêmes, la Timex rendit l’âme. Appelée en renfort, ma mère me ramena mon Universal qui allait supporter sans broncher à la fois les conditions climatiques sévères et les chocs répétitifs de mon entraînement. De retour en Suisse, avec en poche mon grade de lieutenant et à mon poignet mon Universal, je décidais que ce serait ma montre préférée. Je ne m’en suis jamais séparé, elle occupe une place à part dans ma collection. n
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