Magazine CECN 03

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Centre des Ecritures Contemporaines Numériques

Center for Contemporary & Digital Scripts

mag 03 11/2005>03/2006

Le Magazine des écritures numériques et des arts de la scène Performing arts and digital scripts Magazine Programme des ateliers numériques

Digital Workshops program

manege Ville de Jeumont Université d’Artois/sepia Le mons maubeuge

en collaboration avec


Éditorial Comment passer de la crainte du « débat entre les images et les mots » à la capacité de « raconter des histoires avec le langage de la modernité » ? par Pascal Keiser Pour la première fois dans l’histoire de l’art, à la faveur de la démocratisation de l’accès aux technologies, le grand public maîtrise parfois avant les professionnels certains outils de la création

Les réactions nombreuses à la programmation du dernier festival d’Avignon ont souligné la difficulté du monde théâtral français à intégrer le concept d’image au sein de sa création, ou plus généralement à faire siens les outils de la modernité et de la médiation technologique,. Ainsi, le texte d’Olivier Py paru dans Le Monde daté du 30 juillet 2005 (1) oppose le théâtre de texte au théâtre d’image, limitant l’évolution récente de la création à la seule « menace » que le second ferait peser sur le premier. Dans le même journal, fin septembre, le québécois Robert Lepage résume pourtant son travail des vingt dernières années dans sa volonté de « raconter des histoires avec le langage de la modernité » (2). Cette dichotomie entre le verbe et l’image d’une part et la définition d’un « langage de la modernité » d’autre part est révélatrice à elle seule des différences d’approches et d’assimilation de la situation actuelle, d’une manière presque générale, entre créateurs européens et québécois. Et parmi ces derniers, il suffit de prendre comme exemples les démarches de Robert Lepage, Michel Lemieux, Marie Brassard ou Denis Marleau pour mieux comprendre le fossé culturel qui nous sépare d’eux dans la capacité d’utiliser la technologie sur des textes existants, ou comme moteur d’écriture. Si l’image et son traitement (captation, montage, projection) sont aujourd’hui économiquement accessibles à tous, nous n’avons généralement peu ou pas accès à l’histoire de son utilisation, à une recherche pédagogique qui lui serait spécifique et à la capacité de la traiter dans un contexte dramaturgique. Il s’agit bien du paradoxe de notre société : confrontée à une densité jamais atteinte et à l’augmentation inconsidérée du flux d’informations visuelles, combien d’heures d’enseignement sont-elles consacrées à une approche critique de l’image et à son histoire dans les cycles primaires et secondaires de nos écoles en France ou en Communauté Wallonie-Bruxelles, comparativement à la littérature classique ? Aucune. Cette carence pédagogique couplée à la grande facilité d’accès aux technologies amène parfois au niveau des jeunes générations à une production considérée comme manquant de qualité au niveau du fond et/ou du contenu, corollaires de ce déficit de pédagogie et de perspective historique. D’autre part nous assistons, toujours d’une manière générale, à un recentrage défensif sur le texte et à un manque d’ouverture sur les mutations de notre monde des générations plus avancées, mutations que le théâtre moderne devrait au contraire traiter de toute urgence. Car le théâtre est par essence politique, comme le rappelait récemment sur ces problématiques Gérard Mortier (3), et doit en ce sens se positionner, évidemment, face aux enjeux sociétaux de la médiation de l’image et de la technologie. Il est important de souligner que ces enjeux ne se limitent pas à la justesse de l’utilisation de l’image confrontée au texte ou à la dramaturgie. Le traitement du son et de la voix, ainsi que l’interactivité, ouvrent de nouveaux chemins, étendant le spectre de jeu, de composition, et permettent la création d’un véritable langage, de nouvelles écritures que nous avons qualifiées au CECN de numériques. Ces nouveaux modes de création et les outils qui les servent nécessitent un enseignement et une pédagogie adaptée, tout autant que des moyens économiques. Contrairement au Québec, où les universités et les écoles supérieures ont intégré des départements en arts médiatiques –toujours absents chez nous- depuis le début des années 80, où les Cégeps secondaires orientés vers la vidéo ou l’image de synthèse ont fleuri, cette démarche d’apprentissage est aujourd’hui absente de nos cursus scolaires généraux et est largement sous-représentée dans les spécialisations offertes aux artistes de la scène.

Can we overcome the fear of a «conflict between images and words» and succeed in «telling stories in today’s language»? by Pascal Keiser The critical reactions to the programme at the last festival of Avignon showed again that the French theatrical world can’t yet accept the concept of modern technology being integrated into dramatical production. The article by Olivier Py in ‘Le Monde’ dated 30th July 2005 (1) opposes word and image, reducing technological advances to the “threat” that the latter poses to the former. Yet in the same paper at the end of September, Quebec artist Robert Lepage summarises the last 20 years of his work as “telling stories in today’s language” (2). This dichotomy is very revealing of the divergent approaches to the current situation, notably between European and Quebecker creative artists such as Robert Lepage, Michel Lemieux, Marie Brassard or Denis Marleau whose work demonstrates the cultural gulf that divides us. If images and their production (recording, editing and projection) are today accessible to all, we have little or no access to the history of its use, to specific research on this subject or to our capacity to integrate it into a theatrical context. What a paradox: we are all confronted by an unprecedented flux of visual images, yet how many hours are consecrated to a critical approach of the image and its history in primary or secondary schools in either France or the Wallonia-Brussels community? None. This lack of critical awareness too often leads to a chaotic or mediocre production of the ‘electronical’ scene or in the field of stage arts, a defensive focusing on text based theatre and a lack of openness to changes in today’s world that theatre should be urgently tackling. For theatre is by nature political, as Gerard Mortier (3) recently recalled, and therefore it should adopt a definite position regarding the stakes of image and technology mediation. It is important to emphasise that it is not merely a question of the correct use of image faced with text or the theatrical environment. The treatment of sound and voice, as well as interactivity opens up new possibilities for composition and ushers in a whole new language which we at CCDS have termed digital scripts. These new creative avenues and the tools that serve them require an appropriate skill-set and training, as well as relevant funding. Contrary to Quebec where universities and superior schools have created since the 80’s departments in media related arts, such apprenticeship is absent from general school curriculae and not sufficiently proposed to theatrical artists. It is nonetheless fundamental for creative artists and technicians, broadcasters and producers who are often less equipped than the general public in matters of digital technology. For the first time in the history of art, as a result of general access to technology, the public at large has greater mastery of creative tools than the professionals themselves. Yet they are not masters of creative language. It is to bridge this gap that the CCDS initiative has been launched. pascal.keiser@technocite.be (1) “The Avignon conflict between images and words” by Olivier Py, Le Monde, 30 July 2005. (2) “How to tell stories in today’s language” by Robert Lepage, interviewed by Fabienne Darge, Le Monde, 20 September 2005. (3) « Le théâtre n’est pas un supermarché », Gérard Mortier, interviewed by Alain Frachon and Olivier Schmitt, Le Monde 2, 22 October 2005. Further article: “Textual theatre confronted by the visual” by Robert Abirached, interviewed by Fabienne Darge, Le Monde, 6 September 2005 The articles quoted above are available in French by subscription at www.lemonde.fr

Elle n’en est pas moins fondamentale tant pour les professionnels créateurs et techniciens, que pour les diffuseurs, programmateurs et producteurs, souvent plus démunis encore que le public face aux évolutions des technologies numériques. Car pour la première fois dans l’histoire de l’art, à la faveur de la démocratisation de l’accès aux technologies, le grand public maîtrise parfois avant les professionnels certains des outils de la création. Pas le langage de cette création. C’est dans cette brèche que se situe l’initiative du CECN. pascal.keiser@technocite.be

Les Familiers du Labyrinthe, Opéra Garnier, Paris ©Sergine Laloux

(1) « Avignon se débat entre les images et les mots », Olivier Py, Le Monde, 30 juillet 2005 (2) « Comment raconter des histoires avec le langage de la modernité », Robert Lepage, propos recueillis par Fabienne Darge, Le Monde, 20 septembre 2005. (3) « Le théâtre n’est pas un supermarché », Gérard Mortier, propos recueillis par Alain Frachon et Olivier Schmitt, Le Monde 2, 22 octobre 2005. A lire également « Le théâtre de texte confronté à celui des images », Robert Abirached, propos recueillis par Fabienne Darge, Le Monde, 6 septembre 2005 Les articles cités ci-dessus sont disponibles par abonnement sur www.lemonde.fr


Table des matières I Contents

Le CECN est une plate-forme novatrice de formation continue aux technologies digitales pour les professionnels des métiers de la culture. Elle est singulière par son aspect transfrontalier, par le fait qu’elle intègre à la fois des structures importantes de production et de diffusion théâtrales et musicales et des centres de formation continue, créant ainsi une dynamique transdisciplinaire entre formations en classe et sur plateaux équipés, jusqu’au plateau ‘bluekey’ pour incrustations. Les ateliers du CECN ont été lancés en septembre 2004 côté wallon. Près de 50 personnes ont pu en trois mois d’activité affiner leur approche de l’histoire, de l’utilisation des technologies numériques mais aussi et surtout de leur sens dans le processus de création des arts de la scène. Ces ateliers peuvent déboucher sur des résidences numériques au cours desquelles espaces de travail, de répétition et matériel technologique hardware et software sont mis à la disposition des créateurs. The CCDS is an innovative platform for ongoing training in digital technologies for professionals engaged in cultural projects. It is unique in its cross-border approach, and for the fact that it represents an important framework for the production and presentation of theatrical and musical projects whilst being a centre for ongoing training, thereby creating a cross-disciplinary dynamic between workshop training and high-tec modules, including a ‘blue-key’ module on superimposition. The CCDS workshops were launched in September 2004 in the Walloon region of Belgium. Within the first three months almost 50 people were able to develop a new approach to history, to the use of digital technology but also especially to the creative process within stage arts. These workshops can lead on to digital residential courses during which specific areas for work and rehearsal are made available along with the necessary technological hardware and software.

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Table des matières | Contents

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Numéro précédent / previous issue

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Le Magazine arts de la scène / écritures numériques The Magazine performing arts / digital scripts

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• Charles Carcopino : Profession artiste de l'image Profession visual artist

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• City Sonics 2005 : Mons - Maubeuge, le son comme trait d'union dans la ville Mons - Maubeuge, a city in harmony with sound

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• Michèle Noiret : Les Familiers du labyrinthe. Passées les frontières… Les Familiers du labyrinthe. Taking new ground…

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• La maison Folie de Mons : Un espace des possibles pour la création décloisonnée Cultural Centre, creative space outside the box

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• Christine Marin : Ville de Jeumont, plateau de tournage/incrustation HD Film set with HD overlay in Jeumont

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• Pierre Hebbelinck : Architecte penseur du nouveau théâtre du Manège Philosophical architect of the new Manege theatre

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• Des Netd@ys Wallonie-Bruxelles aux Transnumériques : La création numérique en question From Netdays Walloonia-Brussels to Les Transnumeriques : a question of digital creativity

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• Supinfocom L'école trait d’union entre les entreprises et la création numérique The school that links firms to digital creation

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• Mons, un conservatoire ouvert à la modernité Entretien avec André Foulon, directeur du CRM Mons, a Conservatory open to modernity : interview with André Foulon, director of the Mons Royal Conservatory

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• De Lille2004 à Lille3000 / From Lille2004 to Lille3000 : Le voyage continue The journey continues

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• Donato Giuliani : Visites virtuelles : solution d'avenir pour les lieux culturels ? Virtual visits : a long-term solution for sites of cultural interest ?

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Actualités / Productions News / Productions

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• Fondation Dragone & CECN : Un partenariat solide A solid partnership

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• Le retour de Maria de Bueno Aires The return of Maria de Bueno Aires

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• Sylvie Landuyt Les technologies du son et de l’image au cœur du travail théâtral mis en scène par Sylvie Landuyt Sound and image technology at the heart of theatre with director Sylvie Landuyt

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• Expériences de vol 4-5-6, Musiques Nouvelles Musiques Nouvelles : dernières expériences de vol et traversées électro-contempo Musiques Nouvelles: latest «Expériences de vol» and electrocontemporary journeys

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Ce qu’en dit la presse What the press says

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Retours d’expériences Delegate feedback • Laurent Hatat/Mylène Benoit, Foley • Jacques Descorde/Cie des Docks, Le veilleur de nuit • Xavier Boyaud, Réminiscences • Hélène Scholer, Prix Multimedia 2004/Multimedia Prize 2004

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Programme des ateliers numériques Digital workshops program

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Planning

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Inscriptions & conditions d’admission / Registration & conditions

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Plan d’accès/logements / Approach maps/accomodation

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Lieux et opérateurs CECN / Venues and operators of CCDS

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L’équipe du CECN / the CCDS team


Les mag 1 et 2 du CECN sont encore disponibles sur demande à info@cecn.com Mag 1 and 2 of CCDS are still available by e-mail request at info@cecn.com

«J’aime le défi que représente l’utilisation des nouvelles technologies : elles obligent à réfléchir différemment sur l’utilisation de l’espace, la construction chorégraphique, la présence des interprètes sur scène, la confrontation de temporalités différentes – donc la structure du spectacle, les rapports à la scénographie, à la lumière, au son.» «I like the challenge provided by new technologies : you are forced to think differently about the use of space, choreography, the presence of actors on stage, the conflict of differed timeframes – in other words the structure of the production, the links to stage-design, lighting, sound.» Michèle Noiret, chorégraphe/choreographer «Pour moi, avec ou sans technologie, le théâtre reste un art de la convocation, parce que l’on doit convoquer le public à une heure précise pour que le spectacle finisse à une heure précise. Et ‘Les Aveugles’ répond à cette idée de convocation et reste donc une expérience de théâtre» «With or without technology, the essence of theatre is still to summon the audience at a certain time. ‘The Blind’ fills that condition and remains in my view a theatrical experience.» Denis Marleau, metteur en scène/director

Michèle Noiret, Bruno Cohen Denis Marleau, Thomas Duchatelet Alexander MacSween, Bud Blumenthal Scanner, DJ Olive Art Zoyd, Musiques Nouvelles

«On sent encore aujourd’hui une forme de technophobie dans le milieu théâtral. Celui-ci place l’humain au centre, alors que selon moi l’humain se définit aujourd’hui par fragments. Nous n’avons plus à faire selon moi à un corps unique et intact, nous sommes rentrés dans l’ère du corps électronique. C’est cette mutation-là qui nous inspire.» «There is still a sense today of a form of technophobia in the theatrical world. Man is at the centre of this world, whereas for me there should be a fragmented definition of man. It is not today a question of a unique and isolated body, we have entered the age of the electronic human form. It is this transformation which inspires us.» Valérie Cordy, metteur en scène/director

Caden Manson/ Jemma Nelson, Frédéric Flamand, Johanne Saunier/ Jim Clayburgh, Kim Cascone, Daniel Cordova, Fondation Daniel Langlois, Groupov, Florence Corin

Théâtre et danse I Theater and dance

«Le temps du bâti est lent, tandis que celui du corps est plus rapide. Quant à celui de la technologie, il est extrêmement rapide, nous sommes dans le règne de la vitesse absolue, de la perte de mémoire.» «Building time is slow, whereas body time is quicker. As for technological time, it is extremely fast, we are in the kingdom of absolute speed and of memory loss.» Frédéric Flamand, chorégraphe/choreographer «Plus la technologie pénètre notre vie quotidienne, plus elle imprègne notre art. L’utilisation de la technologie a élargi le nombre de contributeurs directs à la création chorégraphique. La possibilité de voir notre corps en temps réel est nouvelle. Le processus de création, de répétition et de structuration chorégraphique peut aujourd’hui être réalisé avec l’image, plus seulement le corps.» «The more technology enters our life the more it will enter our art. Technology widened the circle of direct contributors to the process of choreographic creation. The ability to mirror ourselves in time in an immediate manner is relatively new. The process of editing and structuring choreography now can be additionally achieved with image, not only with body.» Johanne Saunier, chorégraphe/choreographer / Jim Clayburgh, metteur en scène, vidéaste/director, video artist

Prochain numéro : mars 2006

Next issue: march 2006

• Spécial festivals VIA (Mons/Maubeuge) et EXIT (Paris/Créteil) • Projet archivage arts de la scène/ technologies numériques • Etudes de cas du projet international DOCAM piloté par la Fondation Daniel Langlois

• Special issue VIA (Mons/Maubeuge) and EXIT (Paris/Créteil) festivals • Case study archiving performing arts shows including digital technology • DOCAM international project directed by Daniel Langlois Foundation

Le Magazine arts de la scène / écritures numériques The magazine performing arts / digital scripts


Charles Carcopino

Creteil

Profession artiste de l’image Propos recueillis par Vincent Delvaux

Jeune vidéaste talentueux, collaborant autant dans le monde de la danse qu’au sein du cénacle de l’opéra, Charles Carcopino est un artiste aux multiples facettes et un technicien de l’image reconnu. Il est par ailleurs responsable du studio numérique de la Maison des Arts de Créteil (MAC) où de nombreuses collaborations avec des compagnies et artistes de tous bords se mettent en place dans une grande effervescence créative. Après avoir donné récemment un concert assorti d’un mix d’images en live au Centre Pompidou et participé au festival Territoires Electroniques, il nous livre ici quelques réflexions sur son travail personnel et son action au sein de la MAC. Charles Carcopino est responsable du Studio de création audiovisuelle de la Maison des Arts de Créteil. Il accompagne des artistes du spectacle vivant, metteurs en scène et chorégraphes dans leur création et conçoit des dispositifs interactifs pour des scénographies ou des festivals (Exit, Territoires Electroniques,…). Il a travaillé entre autre avec José Montalvo et Dominique Hervieu, Angelin Preljocaj, Christian Rizzo… Charles Carcopino Le Studio-Maison des Arts de Créteil + 33 (0)1 45 13 19 12 www.maccreteil.com studio@maccreteil.com

CECN : Parlez-nous de votre parcours et en d’une vraie création avec le compositeur quoi votre formation de vidéaste influe-t-elle sur électronique François-Eudes Chanrault, qui avait également collaboré sur Alarme de la Cie votre travail d’aujourd’hui ? Charles Carcopino : J’ai suivi une formation aux Blanca Li. C’est d’ailleurs dans ce contexte techniques de la vidéo et du multimédia avant que nous nous sommes rencontrés et cela de me spécialiser dans le domaine du spectacle a été une collaboration exceptionnelle. Son vivant. Depuis 2000, j’ai rejoint la Maison des univers musical est très imprégné de culture Arts de Créteil, où je m’occupe du studio vidéo. électronique, de fantasmagorie et de scienceLorsque je suis arrivé, il n’y avait rien, tout était à fiction, je m’y retrouve parfaitement. Il a un album inventer, mais rapidement, grâce au soutien de qui sort d’ailleurs au mois d’octobre 2005 avec la MAC, des collaborations se sont esquissées une tournée probable par la suite. Nous avons avec des artistes du spectacle vivant. La MAC fait une représentation unique intitulée Personal est par vocation dédiée aux arts de la scène mais Music Computer and Guest (le 15 septembre dernier) qui nous a permis il manquait à l’époque un savoir-faire suffisant pour Aujourd’hui, nous disposons de nous livrer à plus d’improvisation et à un mix travailler sur ces formes nouvelles alors que la d’un énorme potentiel, mais d’images en live. Celles-ci demande se faisait de plus cela ne veut pas dire pour étaient projetées sur le à même le sol ou en plus importante. autant que cela va engendrer plateau, sur les murs, sans aucun Depuis, grâce à de de meilleurs spectacles. La écran. Pour un mixage nombreux échanges intellectuels ou de technologie ne remplacera comme celui-ci, j’utilise uniquement mes propres pratiques, j’ai pu bénéficier jamais la dramaturgie. images, ce qui demande de l’expérience d’artistes beaucoup de préparation qui sont passés par la MAC, comme la Cie Montalvo, avec laquelle j’ai et un laboratoire de prises de vue. collaboré activement, sur le spectacle Mosaïque notamment. J’ai aussi été en charge du festival Pour Aix-en-Provence, j’ai travaillé surtout sur Exit, qui propose une approche pluridisciplinaire un conseil en scénographie image dans le cadre et où l’on présente beaucoup d’installations et du festival Territoires Electroniques, dédié aux musiques électroniques et dirigé par Biomix qui de formes hybrides. Le Studio de la MAC est un endroit propice est parti du fameux label Warp pour organiser pour initier des collaborations intéressantes, ce festival, initialement dans les murs de la par exemple j’y ai ainsi rencontré Laurent Pelly Fondation Vasarely en 2001. Depuis, il a lieu (qui est metteur en scène d’opéra) qui m’a de manière annuelle. A cette occasion, je me immédiatement fait confiance et m’a permis de suis associé avec l’éditeur de DVD artistiques réaliser ma première création vidéo. A présent, Eric Dalbin (NDRL : qui compte notamment nous travaillons sur une version des Aventures à son catalogue Labland, du duo berlinois d’Alice au Pays des Merveilles, qui sera Pfadfinderei et Modeselektor, présenté dans le cadre de City Sonics 2005) et j’ai conçu un présentée en février 2006. J’ai également collaboré avec la compagnie de dispositif d’écrans adapté au lieu et ouvrant aux danse Blanca Li (notamment sur Border Line en artistes la voie de possibilités techniques plus 2002 et Alarme en 2004) et en ce moment, nous étendues, comme par exemple le fait de pouvoir préparons la prochaine création, envisagée pour mixer sur plusieurs signaux simultanément ou de proposer des espaces immersifs. janvier 2007. Dans mon travail, je tiens toujours compte des contraintes liées aux formes théâtrales : le CECN : Vous avez créé de nombreuses dispositif vidéo doit être léger, facile à installer scénographies vidéo pour des spectacles et doit pouvoir fonctionner sans moi, ce qui est d’opéra ou de danse. Comment percevez-vous indispensable dans le cas de longues tournées. votre travail et les relations qui l’unissent aux autres éléments de la composition présents sur CECN : Vous avez présenté très récemment un le plateau ? spectacle à Beaubourg et une installation à Aix- C.C. : Chaque projet a sa propre histoire et sa en-Provence. Pouvez-vous nous en dire plus à spécificité. J’essaie toujours de me mettre au service d’un artiste, chorégraphe ou metteur en ce sujet ? C.C. : Pour le Centre Pompidou, il s’agissait scène. Il me faut m’imprégner de leur univers.

Les Contes d’Hoffmann, mise en scène : Laurent Pelly © Marc Vanappelghem


Charles Carcopino

Par exemple au niveau de la danse, je tiens à être présent lors des répétitions. Blanca Li me laisse une grande liberté et il y a aussi un processus d’échanges réciproques entre nous. Dans un opéra, le mode de production est très différent, tout y est anticipé longtemps à l’avance, notamment les décors. Avec la décoratrice Chantal Thomas et Laurent Pelly, il y a une grande complicité et nous travaillons sur des surfaces de projection originales. A vrai dire, je trouve que nous sommes saturés d’images et j’ai dès lors du mal à travailler avec des écrans sur scène. Je m’intéresse plus à la lumière, la texture ou la matière des images, qu’à celles-ci pour elles-mêmes. CECN : Quel genre d’esthétique privilégiez-vous et quel type de rapport voulez-vous instaurer avec le public à travers votre travail ? C.C. : A nouveau, cela dépend des projets. De manière générale, je ne veux pas que le public se sente au cinéma lorsqu’il va voir un spectacle. C’est pour cela que l’image doit se confondre avec la lumière et la scénographie et se mettre au service de la mise en scène. La tentation est parfois grande d’envahir l’espace avec des images spectaculaires mais il faut trouver un équilibre. CECN : De par la nature même de votre travail, vous êtes amené à manipuler les technologies numériques. En quoi celles-ci ont-elles, d’après vous, changé l’approche traditionnelle aux arts de la scène ? C.C. : Aujourd’hui, on assiste a un effet de mode, c’est devenu une nécessité d’intégrer de l’image ou des projections à un spectacle,

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même lorsque l’effet est gratuit. Je n’adhère pas à cette tendance mais par contre je suis l’évolution des technologies avec beaucoup de fascination. Aujourd’hui, nous disposons d’un énorme potentiel, mais cela ne veut pas dire pour autant que cela va engendrer de meilleurs spectacles. La technologie ne remplacera jamais la dramaturgie.

presented in February 2006. I’ve also worked with dance company Blanca Li (Border Line in 2002 and Alarme in 2004) and we’re planning a new production for January 2007. In my work I always consider the practical limitations of theatre : the video setup must be manageable and able to function without me, especially on long shoots.

CECN : En quoi des centres de compétence comme le CECN, les studios technologiques de Maubeuge ou la MAC peuvent venir en aide à des artistes désirant intégrer la technologie dans leur projet ? CC. : Nous sommes en train de mettre en place une série de formations pour la saison prochaine qui s’axeront autour de notre programmation et du prochain festival Exit en mars 2006. Nous voulons partager nos expériences et notre savoir-faire technique. Nous inviterons plusieurs intervenants, autant sur les parties techniques, que littéraires ou dramaturgiques… Et puis, il y aura un exemple concret autour d’un vrai spectacle où l’on amène les gens sur le plateau. Pour l’instant à Créteil, nous avons développé un travail de sensibilisation autour des technologies de l’image (montage et composition vidéo) et du son, auprès de jeunes de lycées et de collèges, avec lesquels nous avons fait des ateliers et un spectacle, associés à un vrai dramaturge. Pour les professionnels des arts de la scène, nous désirons renforcer notre partenariat avec le CECN. Au niveau matériel, nous disposons de stations mobiles, que l’on peut utiliser partout, même en dehors du studio. Pour le son, nous travaillons en étroite collaboration avec le Manège de Maubeuge, avec lequel il y a eu un fort partenariat à l’occasion de Lille 2004, et qui possède une station de montage Protools. Chacun a ses spécificités et nous tentons de jouer sur la complémentarité entre les structures : le CECN a un réseau de formation où germe la relève future, qui apportera bientôt son regard et ses propositions.

CCDS: You have recently shown your work at Beaubourg and Aix-en-Provence; can you tell us more about these projects? C.C. : For the Pompidou Centre it was a genuinely creative work with electronic composer François-Eudes Chanrault who had also worked on Alarme with the Blanca Li Company. I identify easily with his electronic musical world of fantasy and science-fiction ( his album was released in October this year). We performed a work entitled Personal Music Computer and Guest on September 15th, a live concert which allowed us to improvise with a live mix of images that were projected on the set, the floor or on the walls without any screen. I use only my own images which demands a lot of preparation in the lab. In Aix-en-Provence I was on the advisory panel for image layout at the Territoires Electroniques festival, directed by Biomix who belong to the famous Warp label, festival which started at the Vasarely Foundation in 2001 and annually since. This year I worked with Eric Dalbin, art director of a dvd label (editor’s note: known for Labland by Berlin duo Pfadfinderei and Modeselektor, presented at City Sonics in 2005), and I developed a screen-set which enhanced the technical possibilities for the artists who could mix several signals simultaneously.

CECN : La MAC a sorti un DVD reprenant ses diverses productions depuis plusieurs années. Vous avez coordonné ce travail, pouvez-vous nous en parler ? C.C. : Il s’agit de notre démo, ce qui est très important car nous communiquons beaucoup autour de nos productions. C’est par ce biais que nous allons valoriser notre travail davantage. Nous sommes bien entendu plusieurs à travailler sur ce projet, l’apport de Julien Nesme, régisseur du studio et vidéaste, est à ce titre fondamental. Nous sommes tous multicasquettes et passons

• Charles Carcopino profession: visual artist A young and talented video director, working as easily with dance as with the world of opera, Charles Carcopino is a multi-talented visual technician. He heads the digital studio at Créteil (MAC) that welcomes many companies and artists in a huge effervescent mix. Having recently given a video concert at the Pompidou Centre and participated in the Territoires Electroniques festival, he talks to us here of his personal work and that of the MAC.

de la technique à l’artistique ou à la production. C’est très stimulant. CECN : Comment aimeriez-vous développer le travail de la MAC davantage ? C.C. : A l’instar de la plupart des professionnels de l’audiovisuel, je suis frappé par la révolution de la Haute Définition, car dans le spectacle vivant, nous travaillons sur de très grandes tailles d’image, ce que la HD permet avec un rendu très fin. Les outils sont déjà là et nous voudrions pouvoir les proposer rapidement à nos compagnies.

CCDS : Tell us about your career and how your training as video director is influencing your work today. Charles Carcopino : My training was in video and multimedia techniques before I specialised in live shows. When I joined MAC in 2000, nothing was in place but thankfully collaborative projects were soon launched with the relevant artists. MAC has always focussed on the dramatic arts but lacked the know-how to develop new media which were increasingly in demand. Changes were effected that meant that we learnt from experienced artists such as the Montalvo company and their production entitled Mosaïque. I was also in charge of the Exit festival, which has a multidisciplinary approach with emerging structures. The MAC studio lends itself to interesting partnerships, for example with Laurent Pelly (opera director), who allowed me to produce my first video creation. We are currently working on a version of Alice in Wonderland which will be

CCDS: You have created numerous video stage designs for opera or dance shows. How do you see your work relating to the other composite elements? C.C. : Each project is unique and I always try to serve the artist, choreographer or director, to understand their world. For example in a dance production I want to be there at rehearsals and Blanca Li gave me a lot of liberty in this sense. In contrast an opera is planned a long time in advance, especially the stage design. With designers Chantal Thomas and Laurent Pelly we work on original projection surfaces rather than screens. I’m more interested in the light, the texture and image content. CCDS: What aesthetics appeal to you and what rapport are you seeking with the public? C.C. : Again it depends on the project. I don’t want the public to feel that they’re at the cinema, so the image must merge with the lighting and stage design and serve the production. Sometimes it’s tempting to invade the space

with spectacular images but you have to strike a balance. CCDS: By the very nature of your work you are often in contact with digital technology. How do you believe this has influenced stage arts? C.C. : Today it has become fashionable to integrate images or projections into a show simply for the sake of it; I don’t agree with this development but I’m fascinated by the evolution of technology. The potential is enormous but that does not guarantee better productions; technology can never replace theatrical art. CCDS : How can organisations such as CCDS, the technological studio of Maubeuge or MAC, help artists who wish to integrate technology into their projects? C.C. : We will be offering a series of training programmes around our ‘Exit’ festival in March 2006. There will be several guest speakers on technical, litterary and theatrical aspects and a specific training production. In Créteil we are raising awareness of video design and production, especially amongst the younger generation for whom we run workshops with a qualified playwright. MAC has mobile stations with material that can be used even outside the studio, and for sound production we work closely with the Manège at Maubeuge, as we did for Lille2004. Our work is complementary: CCDS has a training network to foster future talent and we hope to take them on. CCDS: MAC has released a DVD containing various productions over several years..... C.C. : It’s a demo of our work, and many of us worked on this project, especially Julien Nesme, stage manager and video director, whose contribution was vital. We all wear several hats and can cover technical, artistic and production issues which is very stimulating. CCDS: How would you like to further develop the work at MAC? C.C. : Along with many other professionals I’m struck by the High Definition revolution which produces very large yet highly defined images. The tools are there and we would like to be promoting their use. Interview by Vincent Delvaux Charles Carcopino is head of the audiovisual creation studio at the ‘Maison des Arts’ in Créteil. He accompanies live artists, directors and choreographers in their work and develops interactive tools for theatre design or festivals (Exit, Territoires Electroniques...). Amongst others he has worked with José Montalvo, Dominique Hervieu, Angelin Preljocaj and Christian Rizzo.

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City Sonics 2005

Mons

Mons-Maubeuge, le son comme trait d’union dans la ville Par Emmanuel Fortuna

Ambitieuse manifestation autour de l’art sonore, dont l’année 2005 célébrait avec succès la troisième édition, City Sonics, a permis une nouvelle fois à notre sens auditif sursollicité, parasité par le bourdonnement de la vie, l’assourdissante vulgarité publicitaire ou la médiocrité du flot sonore continu auquel chacun de nous est confronté quotidiennement, de se recentrer sur le plaisir de l’écoute, sur l’essence d’un son qui fatalement dans ses multiples échos nous renvoie à la face sensible de nous-mêmes.

Transcultures, initiatrice et organisatrice de City Sonics, est une association basée à la Maison du spectacle la Bellone à Bruxelles et avec une antenne à Mons, active dans le champ des arts électroniques, de l’art sonore et des enjeux interdisciplinaires, notamment par le biais de manifestations internationales comme le Festival Netdays. Coproducteurs City Sonics 2005 : Ville de Mons, technocITé, CECN, Manège.Mons/Musiques Nouvelles, Manège.Maubeuge +32 (0)2 544 08 77 www.transcultures.net www.citysonics.be contact@transcultures.net

Investissant cette année encore le centre patrimonial de Mons, en quittant le confort des lieux museaux traditionnels pour s’immiscer dans la mémoire de pierre de la ville, la manifestation ose l’éclatement, telle une invitation au voyage, un long parcours pour les oreilles dans la Cité du Doudou. En effet, - et en soulignant au passage une première collaboration fructueuse avec Maubeuge - pas moins de onze lieux jalonnent cette promenade montoise, chacun offrant sa respiration particulière, son ambiance au mystère lent ou à l’émotion subtile : lieux de patrimoine, de vie, de savoir ou de culture, placés sous la bannière commune de la vibratoire et de la découverte. «Cet art des sons multiple, hybride et résolument nomade réinvente le plaisir rare de l’écoute. Ces œuvres réaffirment, dans leur singularité, la présence essentielle et la puissance virale de ces phénomènes sonores. Ils recouvrent d’une deuxième peau, certes invisible mais bien sensible, non seulement les architectures qu’ils traversent mais également les corps qu’ils enveloppent» prévient d’emblée Philippe Franck, volubile commissaire de la manifestation.

Comme lors de l’édition précédente, le CECN a été un partenaire important associé au projet tout au long de sa gestation et de son accomplissement : le résultat tangible de cette implication se Cet art des sons multiple, mesure au nombre d’installations hybride et résolument faisant un usage inattendu et nomade réinvente le plaisir innovant de la technologie, telle cette impressionnante balançoire rare de l’écoute. Ces de l’artiste moldave Veaceslav Druta œuvres réaffirment, dans (produite par Le Fresnoy, partenaire leur singularité, la présence régulier de City Sonics), exposée au cœur de la Machine à Eau, et essentielle et la puissance dont le mouvement engendré par virale de ces phénomènes le spectateur provoque une douce sonores. Ils recouvrent mélodie dont les harmonies sont modifiées en temps réel par les d’une deuxième peau, paramètres de poussée ou de certes invisible mais bien vitesse du balancier, ou encore ces sensible, non seulement les étonnantes propositions du plasticien architectures qu’ils traversent français Emmanuel Lagarrigue, jouant sur la modulation et l’espace, mais également les corps investissant les locaux mêmes qu’ils enveloppent du CECN. La logique synergique

a ainsi pu fonctionner à plein, dans une conjonction d’effets financiers, intellectuels et d’infrastructures, en tous les points névralgiques de la manifestation et dans une perspective misant sur le long terme. De nombreuses pièces électroniques, souvent inédites, ont ainsi pu être en écoute, démontrant s’il le fallait encore, la vitalité de cette scène, particulièrement bien représentée en Belgique avec des musiciens comme aMute, Christophe Bailleau ou Stevie Wishart et à l’étranger avec Sogar, Mitchell Akiyama ou Sébastien Roux. Débordant sur le domaine du sonore, l’image n’est jamais bien loin, pour preuve ces nombreux dispositifs qui en jouent, évitant toujours l’écueil de l’illustration pour percer la surface des choses et en révéler par cercles concentriques toute la puissance évocatrice, ainsi The Golden Well, film contemplatif de Jon Wozencroft associé à la musique de Rosy Parlane est une ode au silence, à la lenteur et à la variation infinitésimale. Dans un même esprit, les compositions minimalistes du new-yorkais Phill Niblock dans The mouvement of people working, représentent des hommes au labeur dans des situations quotidiennes et jouent sur la répétition et une mise en perspective asynchrone de la musique. A contre-courant de ces drones sonores, d’autres artistes ont fait le choix de «musiques visuelles», brillant par un montage nerveux, parfois virtuose, où image et son se disputent une relation toute en tensions et en équilibres instables, sollicitant l’auditeur de manière moins détournée. C’est le cas du collectif berlinois Pfadfinderei & Modeselektor, associant dans leur univers sonore graphisme animé et vidéo, du regretté Hänzel & Gretzel, dont les vidéos avec Scanner ou Lee Ranaldo laissent entrevoir une esthétique du chaos au formidable potentiel évocateur, ou encore de la très prometteuse Shameh, jeune artiste belge et créature énigmatique, mise en scène à travers une projection sensuelle de son propre univers, captive de ses peurs et de ses contradictions et nous conviant au banquet dionysiaque de ses fantasmes. La voix a également été mise à l’honneur, au travers des nombreuses créations radiophoniques, réalisées pour le compte de France Culture ou de la RTBF, sur des textes

Rotors, Performance au Carré des Arts, Philippe Moënne-Loccoz+ Musiques Nouvelles © transcultures

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ou des musiques de Pierre Alfieri, Heiner Goebbels, Pascale Tison, Jonas Mekas et bien d’autres. Enfin, aux côtés de très beaux dispositifs plastico-sonores, tels ceux de Philippe MoenneLoccoz et ses Rotor(s), sorte de projections sonorisées d’images circulaires à la matière tourbillonnante (également visibles lors d’une performance flamboyante avec l’Ensemble Musiques Nouvelles dans le cadre du festival au Carré), ou le Monster Happy Tape de l’artiste lyonnais Colin Ponthot, magma régurgité de bandes magnétiques, en forme de clin d’œil à l’époque des cassettes audio, on trouve également des invitations au jeu et à l’humour. Ainsi, les tables d’hôtes d’Eric Van Osselaer, jeune artiste montois nous emmène sur le mode ludique à une dégustation sonore gourmande (portant le nom évocateur de Tympan Goulu), tandis que, collant à l’esprit de la maison Folie, l’installation de la française Manuela Morgaine arpente les territoires troubles du rêve éveillé, avec des oreillers sonores nous contant de singulières histoires à dormir debout. Plaisir des sens aussi avec les massages sonores d’Isa Belle qui ont séduit montois et maubeugeois par les pénétrantes harmonies de bols tibétains posés à même le corps des spectateurs. Les propositions artistiques abondent dans cette édition, - avec une quarantaine d’artistes

au total -, qui comme les précédentes, privilégie la présentation de créations ou de premières, plutôt qu’une diffusion d’œuvres existantes, et repose sur une logique transfrontalière et de réseau. En effet, outre les différents lieux et partenaires montois fédérés sous une même bannière, la manifestation a été également mise à l’honneur dans la ville proche de Maubeuge, en France, dans le cadre des Folies, où toute une série d’installations et de performances se sont déroulées durant un week-end. De nombreuses marques d’intérêt ont d’ailleurs d’ores et déjà été témoignées en vue d’élargir et de diffuser le concept, entre autres avec le Luxembourg et la France, notamment le Festival Octopus organisé à Paris. L’avenir proche nous dira ce qu’il en résulte. Si le vacarme et le bruit ont envahit nos vies, au point que nous n’y prêtons plus guère attention, le son multiple et hybride dans ses possibilités infinies offre encore de nombreuses terres vierges à explorer, avec comme objectif la recherche d’un plaisir intérieur et rare : celui de l’écoute et de l’émotion. «Sons machines, sons voix, sons plastiques, sons organiques… autant de territoires flottants qui interrogent nos perceptions et nous entraînent dans leurs dérives.», conclut poétiquement Philippe Franck, songeant peutêtre à de nouveaux archipels sonores nomades dès l’année prochaine…

• City Sonics 2005, Mons - Maubeuge, a city in harmony with sound For the third year running an ambitious ‘sound art’ project, City Sonics, took place in 2005, inviting us to escape from the crescendo of city sounds and the deafening advertising onslaught to refocus on the pleasure of listening, sensitive once again to the beauty of sound. Eleven different venues of cultural significance were on offer to the people of Mons, an invitation to stroll through a world of sounds - in partnership with the neighbouring French city of Maubeuge - each with its own distinct flavour and emotional mystery, each one waiting to be discovered. “ This art-form of multiple, hybrid sounds that refuse to be contained, restores the lost art of listening. These pieces reaffirm, by their uniqueness, the essential presence and viral power of these sound phenomena. They cover, with a second layer of skin, invisible yet palpable, not only the architecture from which they emanate, but also the bodies that they embrace,” declared Philippe Franck, vocal organiser of the event.

As before, CCDS played an active role in the preparation and implementation of the project, as demonstrated by the unusual and innovative use of technology, such as the impressive suspended swing introduced by Moldavian artist Veaceslav Druta (produced by ‘Le Fresnoy’, regular partner of City Sonics), whose movements generated by the spectator provoked a melodious sound, or again the astonishing sound/art forms by French visual artist Emmanuel Lagarrigue whose work could be visited at the CCDS premises themselves. Many new electronic pieces were performed, a reflection of tangible energy by such Belgian artists as aMute, Christophe Bailleau or Stevie Wishart, with foreign imput from Sogar, Mitchell Akiyama or Sebastien Roux. Imagery often accompanied sound, highlighting its evocative power with such works as The Golden Well, a contemplative film by Jon Wozencroft associated with the music of Rosy Parlane. In the same vein came the minimalist compositions of New-Yorker Phill Niblock, writing ‘The movement of people working’, a reflection on the daily routines of working life emphasised by repetitive sound patterns. In contrast, other artists chose “visual music”, flowing from virtuoso structures where images

and sound vie for the attention. Such was the case of the Berlin duo of Pfadfinderei & Modeselektor combining cartoon graphics and video with their soundtrack, or the muchappreciated Hänzel & Gretzel whose videos with Scanner or Lee Ranaldo contained an evocative flavour of chaos. Shameh, a very promising young Belgian artist, provided us with a sensual projection of her universe with its fears, contradictions and fantasies. The human voice also featured strongly via many radio productions commissioned by France Culture or RTBF, using texts or music by Pierre Alfieri, Heiner Goebbels, Pascale Tison, Jonas Mekas and many others. Finally, with a mixture of visual and sound-art were artists such as Philippe Moenne-Loccoz and his ‘Rotor(s)’, a swirling mass of circular images accompanying his soundtrack, or the French artist from Lyon, Colin Ponthot, with his ‘Monster happy Tape’ a reference to the era of the audio cassette, with an invitation both to laugh and participate. Young local artist Eric Van Osselaer invited us to taste his gourmet sound-dish ‘Tympan Goulu’, while French artiste Manuela Morgaine explored the troubled world of waking dreams, with sound pillows inviting us to sleep upright! Equally enjoyable were the ‘massages sonores’

by Isa Belle who proposed the penetrating sounds of Tibetan bowls attached to the willing spectator. With around 40 artists altogether, performing their own productions rather than existing works, the theme continued in neighbouring Maubeuge where a number of productions and performances were held over the weekend. Further interest has been expressed for the project to reach Luxemburg and the ‘Octopus’ festival in Paris. “Sound machines, voices, visual soundtracks, organic sounds...floating islands which challenge our perceptions and carry us in their wake” concludes poetically Philippe Franck, already dreaming perhaps of new floating archipelagos to be discovered next year.... Emmanuel Fortuna Transcultures, organiser of City Sonics, is a Brussels-based Association with a branch in Mons, works actively in the field of electronic arts and sound art, via international festivals such as the ‘Festival Netdays’. Coproducers City Sonics 2005: the town of Mons, technocITé, CCDS, Manège. Mons/Musiques Nouvelles, Manège.Maubeuge

Photo : © transcultures

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Les Familiers du labyrinthe. Passées les frontières…

Michèle Noiret

Bruxelles

Propos recueillis par Bruno Follet.

Après ses Territoires Intimes, présentés en 2004 avec l’aide, entre autres, du CECN, la chorégraphe bruxelloise Michèle Noiret a investi, en février 2005, le Palais Garnier de l’Opéra de Paris avec Les Familiers du labyrinthe, sa nouvelle création, pour les danseurs du ballet de l’Opéra. « Quand Brigitte Lefèvre m’a proposé de créer une pièce pour le ballet, j’ai rapidement imaginé d’y emmener tous les collaborateurs (Xavier Lauwers, Todor Todoroff et Fred Vaillant) qui participent depuis des années à la « matérialisation » de mon univers. Je me devais de partager avec eux cette expérience intense et rare». C’est un « Paris » gagné pour Michèle Noiret que cette commande pour le ballet de l’Opéra. Et pour le bonheur du spectateur qui retrouve aussi bien « Noiret » en haut de l’affiche, que tout entière présente dans une création pourtant coordonnée dans des conditions nouvelles pour elle. Le choc est donc grand, et le plaisir et l’émotion, à la hauteur des espérances : immenses. Michèle Noiret est une femme qui ne cherche pas à livrer bataille mais qui, tout au contraire, s’acharne avec brio à anéantir les limites des frontières, quitte à les imposer pour mieux les faire trembler. Le rideau se lève sur la pièce, qui s’éclaire crûment de nuances composées de noirs et blancs et se joue sur une musique électroacoustique faite de sons spatialisés dans toute la salle, c’est un monde inattendu qui s’ouvre alors. Michèle Noiret fait ses études à l’école Mudra fondée à Bruxelles par Maurice Béjart où elle rencontre le compositeur allemand Karlheinz Stockhausen avec qui elle entamera une étroite collaboration. Son passage du statut d’interprète à celui de chorégraphe s’est ainsi produit sous la double empreinte de la recherche expérimentale et de la rigueur. L’ouverture à d’autres disciplines artistiques telles que les arts plastiques, les métamorphoses de l’espace scénique, la curiosité pour les nouveaux médias du son et de l’image, les compositions musicales originales sont autant de caractéristiques de son travail. Michèle Noiret compte à son actif plus d’une vingtaine de productions chorégraphiques au cours desquelles la rencontre avec d’autres artistes a été marquante. Parmi celles-ci, citons, Avna, Les Plis de la Nuit, Tollund, Solo Stockhausen, In Between, Twelve Seasons, Mes jours et mes nuits et Les Familiers du Labyrinthe. www.michele-noiret.be alexandra@michele-noiret.be +32 (0)2 425 89 37

Des corps bougent… Quinze individus hésitent, s’interrogent, se penchent sur eux-mêmes. Ils se touchent, se frottent, rampent, marchent, courent, se cherchent. Quinze corps seuls, comme abandonnés, laissés chacun à leur propre introspection. Ces hommes et femmes, qui pourraient être nous, s’approchent ensuite les uns des autres, se trouvent, s’apprivoisent, s’acceptent ou se repoussent, se retrouvent pour former de nouvelles entités, s’attroupent, se déchirent, se séparent et se reconstituent en d’autres groupes. Encadrés par une scénographie mouvante, des éléments se créent, se font et se défont, les corps passent d’un groupe à l’autre, comme dans la vie, comme souhaitant sortir du labyrinthe de la quête de soi, dans la recherche de sa place parmi des autres, au sein du monde. Au bout du compte, tout semble éclater, foulé par le noir, le sombre, le vide de la nuit. Tout paraît se terminer mais, de cette fausse fin, qui voit les corps se muer en silhouettes écrasées, naît un espoir, la possibilité d’autre chose, une nouvelle introspection, plus large, sage, dans une image de foule projetée sur écran. Aussi perdus qu’à leurs débuts, aussi seuls dans la foule, au milieu d’autres corps plus anonymes encore qu’ils ne l’étaient dans leur solitude originelle, les corps paraissent pourtant, enfin, trouver leur place dans l’immensité. N’être plus rien mais naître, être un tout au milieu de tous. Un décor bouge… Au-dessus comme autour du ballet, les trois structures géantes d’Alain Lagarde, suspendues, composent des espaces en mouvement quasi constant. Des images s’animent aussi, proposant des bribes d’univers, en pointillés, des morceaux de labyrinthes, de traces, de corps, que le spectateur peut, s’il le veut, relier pour aller vers des sens possibles. Mais ces indices donnés ça et là par tous ces éléments n’éclairent que si l’on veut se donner la peine d’accepter le voyage, se laisser emporter. Cette sensation étrange que le décor est corps s’affirme encore plus avec la troisième dimension, qu’approfondissent les lumières

de Xavier Lauwers et les images vidéo de Fred Vaillant, deux fidèles collaborateurs de Michèle Noiret. Pas d’images de synthèse dans ce flux de pixels, mais l’impression pourtant qu’un monde virtuel se dessine sous nos yeux, accompagnant parfaitement la chorégraphie qui se joue, plus bas, sur la scène, esquissant d’autres propositions. Dans le dispositif scénique proposé, bien plus encore, la danse paraît effectivement vouloir sortir de ses carcans corporels mêmes, portée par les costumes, les lumières, les images, et les sons dont la liberté provoque un vent propre à soulever le ballet classique, actant vers d’autres mondes. Des sons bougent… La danse, loin d’être étouffée par l’environnement scénographique, s’allège tout au contraire de la simplicité avec laquelle ce dernier est mis en place. A l’image des sons assemblés dans la musique de Todor Todoroff, qui s’animent également dans tout l’espace de la salle, l’ensemble nous « emporte », dans tous les sens du terme. Avec cette surprise de taille concernant la bande son : la fosse est vide, sans orchestre, et pourtant, la musique est partout ! Ainsi, dans la partition, préenregistrée mais déclenchée en direct, les sons agissent et réagissent avec le spectacle et s’expatrient autour des spectateurs, dans une liberté aussi étonnante qu’inhabituelle. Le compositeur est, chaque soir, le seul collaborateur de Michèle Noiret à rester sur place pour lancer lui-même les plages de son océan de sons, intervenant depuis la salle pour investir celle-ci jusqu’en ses fonds, de la scène jusqu’aux derniers rangs, rendant l’envahissement total et vivant. …Tout est mouvement ! Car ce n’est plus que la danse, ce ne sont plus que les corps. Telles les limites spatiales de la musique s’effaçant, le cadre de la scène disparaît également. Les êtres, les formes, les sons, les images se meuvent et créent ensemble un nouvel univers, dans lequel le spectateur peut plonger librement, parce que le lieu est investi complètement, de tous côtés. On s’attendrait

Les Familiers du Labyrinthe, Opéra Garnier, Paris ©Sergine Laloux

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presque, sans réelle surprise, à voir les corps se mouvoir jusque dans la salle, pour l’investir aussi - et aussi bien, forcément - et, lorsque la foule apparaît sur le grand écran de fond de scène, c’est un peu du public qui s’y retrouve, comme s’il s’était invité avec les danseurs. Forme et fond s’allient. Le discours, lui, est limpide. Au spectateur consentant, prêt à se laisser embarquer avec ces jeunes danseurs dans l’aventure de la recherche, l’univers de Michèle Noiret s’ouvre grand et s’offre simplement, ludique. Et de belles mises en abyme s’imposent doucement, au fil des 35 minutes que dure la création. Les danseurs, sur scène, sont en quête d’autres choses également, ils se cherchent et se font sans doute violence pour avancer vers un horizon qui n’est pas leur quotidien, comme perdus dans le labyrinthe de la danse contemporaine qu’ils n’appréhendent pas, au départ. Mais le plaisir, au fil de la pièce s’écoulant, est de plus en plus palpable. Tel un pianiste rodé au répertoire classique qui se doit, pour envisager sereinement de s’attaquer à une œuvre moderne privilégiant le son et la résonance aux harmonies, de faire table rase de ses réflexes gestuels et intellectuels, les danseurs du ballet de l’Opéra de Paris doivent apprendre à se mouvoir différemment pour émouvoir autrement : « La création, c’est oser se perdre, c’est se mettre à nu pour entrer dans l’inconnu, avancer, aller au-delà de ce qu’on connaît. Aller vers l’extérieur, vers l’autre, et vers l’intérieur de soi-même, comme un voyage. La création d’un spectacle vivant, c’est aussi une confiance mutuelle entre tous les « acteurs » et bien sûr avec les interprètes. Dans un contexte de création comme celui de l’Opéra, j’apporte une proposition que les danseurs, ensuite, quand je ne serai plus là, au fil des représentations, devront continuer d’investiguer, d’approfondir ; il est important qu’ils se l’approprient et qu’ils continuent de l’interpréter, de la « trahir » dans le sens positif du terme, c’est-à-dire d’aller audelà. » Cette introspection personnelle, mise en scène dans la chorégraphie de Michèle Noiret, prend corps via les danseurs de ballet classique se remettant en question dans leur pratique, et ceux-ci, si sensibles, émeuvent et emportent. Une grande et belle générosité traverse ainsi la démarche de la chorégraphe, rendue possible par sa rencontre avec un groupe qui, visiblement, a été porté par l’enthousiasme de la découverte, puisque ses membres s’y prêtent avec évidence, et de plus en plus volontiers chaque soir : « L’enjeu était qu’ils soient eux-mêmes, sans se réfugier derrière leur technique mais en l’utilisant différemment. La danse doit surgir de l’intérieur ! » Dans l’une des toutes dernières scènes des Familiers du Labyrinthe, le moment magnifique qui voit Nolwenn Daniel apparaître en direct sur 18

l’écran géant, image immense en plan serré d’une danseuse jouant avec l’œil de la caméra, prend une toute autre dimension, toute intime. C’est l’image d’un jeune corps qui, face à la technologie - mais aussi face à ses techniques et réflexes de danse - se questionne et s’autorise à partir dans de nouvelles directions, quitte à se perdre en chemin pour mieux se trouver ou se retrouver. Perdues loin de ses habitudes de jeu face au miroir, loin des réflexes de frontalité auxquels oblige le classique, la danseuse et la danse s’ouvrent à l’espace de l’imaginaire, un univers nouveau né de gestes s’apprenant, de sons et d’images s’entrechoquant en harmonie. Briser tout pour reconstruire, autrement. Ici, c’est parce que la technologie est repoussée aux frontières de la sobriété, pour gagner toujours plus en efficacité d’ouverture des sens, jusque dans les choix de couleurs frôlant les noirs et blancs au point de ne se laisser envisager qu’en gammes de gris, qu’elle permet, étrangement, une grande chaleur : « Le noir et blanc permet une distance par rapport au propos. Je voulais une palette de couleurs sobres, dosées dans les lumières, les costumes, la vidéo. » En cohérence avec l’ensemble, qui n’impose rien mais propose, l’usage de noirs et blancs laisse d’autres tons se réfléchir. D’autres arts aussi, puisque, comme souvent dans le travail de Michèle Noiret, le cinéma est tout proche, comme dans cette citation de Tarkovski qu’elle fait sienne : « Le but de l’art est de donner un éclairage pour soi-même et pour les autres sur le sens de la vie. » Le recul permis par les partis pris techniques et les choix de mise en scène peuvent aussi donner l’illusion que les rapports s’inversent, appelant d’autres références cinématographiques. Comme dans Metropolis de Fritz Lang, ou 2001, odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, l’univers créé peut, en les opposant, inverser l’ordre établi des éléments : le grand peut devenir petit et le minuscule grandir soudainement. Des structures gigantesques ne sont plus rien lorsqu’elles se détachent sur fond d’images en très gros plan, quasi macroscopiques mais, flirtant avec l’œil d’une caméra, un regard perdu dans un coin est agrandi démesurément sur le fond de scène. Les corps humains relativisés dans un espace les étouffant, deviennent insectes et, à l’inverse, tous ces petits gestes accumulés qui se jouent très individuellement par moment - et dans lesquels l’œil avisé peut reconnaître l’empreinte de la chorégraphe finissent par faire mondes. Multitude : « Je suis attirée par les choses sobres, épurées : mais d’avoir travaillé avec Stockhausen m’a rendue sensible à la polyphonie et me l’a fait aimer. Qu’il se passe plusieurs choses en même temps avec des liens possibles, cela m’intéresse, mais cela demande aussi une participation plus active du spectateur. »

Volontaire, et fort de ses propres références et de son bagage qu’il est vivement convié à emmener avec lui, le spectateur est alors maître de voir ce qu’il veut, d’entendre ce qui lui plaît et de lire dans la création tous les sens lui convenant. « La vidéo, la lumière, les costumes, la danse : je tente de prendre tous ces éléments pour en faire un nouveau tout…! ». Ce « nouveau tout… », ensemble composé de choses disparates rendues cohérentes par la magie de son travail de chorégraphe curieuse, mériterait, par le jeu des mots rendant hommage aux recherches poussées de Michèle Noiret, de s’inverser ici pour s’annoncer comme « tout nouveau », élément d’art ou de vie qui s’élabore et naît chaque soir de la mise en relation des corps, décors, costumes, sons, images. Curieuse de tout, dans sa démarche naturelle d’ouverture, le souci permanent de Michèle Noiret de suivre l’évolution technologique s’accompagne effectivement toujours d’une volonté farouche de ne pas se perdre dans le labyrinthe des techniques, et dès lors, de nous y accompagner généreusement. En fin, une ouverture. L’avant dernière scène de la création est une fausse fin qui annonce la suite, boucle se bouclant au final par une vision de foule dans laquelle les danseurs - comme les spectateurs - peuvent se perdre autant que se trouver, répondant aux quinze personnages abandonnés du début. Dans cette fin ouverte s’oppose à la solution du groupe la possible autonomie de l’individu, et peut naître aussi, en filigrane, une nouvelle idée de la danse, sur le fil tendu entre ses diverses pratiques, comme une porte s’ouvrant sur tout un univers à explorer encore… Lorsque Michèle Noiret avoue humblement ne pas se sentir concernée par les modes, ces quelques mots sincères et dénués de toute prétention emportent l’adhésion et portent en eux le travail de tous ses collaborateurs. Car pour la chorégraphe, la danse se doit d’être présence : un regard, un imaginaire reconstitué dans l’espace.

• ‘Les Familiers du labyrinthe’ Taking new ground.... After her play ‘Territoires Intimes’, presented in 2004 with the help, amongst others, of CCDS, the Brussels choreographer Michèle Noiret introduced in February 2005 at the ‘Palais Garnier’ in the Paris Opera House her new work ‘Les Familiers du labyrinthe’. “Brigitte Lefèvre watched my play ‘In Between’ and has followed my work since that time. When she asked me to work on a production for ballet at the Opera, I immediately planned to include all my collaborators, Xavier Lauwers, Todor Todoroff and Fred Vaillant who for years have participated in the “creation” of my universe.

They make my work what it is today: I simply had to include them in this intense and wonderful experience. As for Alain Lagarde, it is again Brigitte Lefèvre who introduced him to me and her intuition was proved right.” This request to write for the ballet at the Opera is a Paris ‘paradise’ for Michèle Noiret. It is also a great joy for the Opera-goers to find “Noiret” at the top of the bill in this wonderfully magical place. Close to the edge. Going into the Palais Garnier for the first time means rediscovering that childlike attitude that allows you to feel the enchantment of this fantastic place haunted by centuries of artistic History. As the curtain opens to reveal a stage where black and white shapes are garishly lit, accompanied by electro-acoustic music with spatial echoes across the whole auditorium, another world emerges with a warm, flowing chemistry quite simply birthed by the intelligence of a woman who is not seeking conflict but who, on the contrary, determines with brilliance to break through barriers of limitation. “Even if today classical and contemporary dance seem disparate, there is much common ground, starting with dance itself which builds obvious bridges from one to the other.” Bodies in motion... Fifteen individuals seem to hesitate, be uncertain, become inward-looking. They touch, rub, crawl, walk, run, seek answers. These men and women, who could be us, then approach one another, come out of their shells, meet to form new groups, separate, and reform other groups. Set against a moving backdrop, bodies move from one group to the other as if desiring to leave the labyrinth of the search for identity, the search for one’s place in the crowd, out in the world. As we draw to a close, all seems lost but, out of this false finale that leaves silent bodies like crushed silhouettes, is birthed a hope in an image of crowds projected onto a screen. The bodies seem, finally, to find their place in the great expanse. Scenery in motion... Above and around the ballet, three giant suspended structures create almost constantly changing space. “Alain Lagarde was afraid of crushing both the space and the dancers with the three structures, and he worked tremendously hard on their form and proportion. My contribution was to suggest using parts of walls, surfaces and stairs that climb to unseen heights, like the remains of a building. But the labyrinth is as mental as it is physical...” This strange sensation that the scenery is a living being is underlined even more by the third dimension, heightened by the lighting of Xavier Lauwers and the video imagery of Fred Vaillant. A virtual world is emerging before our very eyes, in perfect harmony with the choreography which is unfolding lower down on the stage.

Sounds in motion... The dance, far from being stifled by the theatrical environment, finds on the contrary a freedom of expression through the simplicity with which the latter is conceived. In this way, in the score conceived by Todor Todoroff, the sounds act and interact with the show and career around the audience with a freedom that is as surprising as it is unusual. ...Everything is on the move! Because now the focus is only on the dance, only on the bodies. You could almost expect to see, without any great surprise, bodies moving around the hall, and filling it well, of course - and when crowds appear on the large screen at the back of the stage, sections of the audience can be seen, as if invited there with the dancers. Shape and substance combine. The message itself is clear. To the willing spectator, ready to be carried along by these young dancers on a journey of discovery, the universe of Michèle Noiret opens wide. It’s as if they themselves, on stage, are also searching for something else, are seeking and no doubt forcing themselves towards a horizon that is not of their world, as if lost in the labyrinth of contemporary dance that at first they do not understand. The ballet dancers of the Paris Opera must learn to move differently so as to move emotions in a different way: this personal introspection, produced and also highlighted by the choreography of Michèle Noiret, takes shape via the classical ballet dancers willing to leave the well-trodden path and who, sensitively, stir and enthral us. Just like the characters that they portray, the dancers evolve, even on stage, the body at the heart of technology: In one of the final scenes of ‘Les Familiers du Labyrinthe’ the magnificent moment when Nolwenn Daniel appears live on the giant screen, a huge close-up image of a dancer playing with the eye of the camera which takes on a whole new, very intimate dimension. Far from the usual games played before the mirror, far from the front-of-stage reflexes demanded by classical ballet, the dancer and the dance give ground to the imaginary, a newly-born universe of gestures to be learned, of sounds and images that clash in peaceful harmony. Tear down, then rebuild differently “Technology is especially able to reveal new images which exist not only for themselves but to encourage new depths of perception. They cause us to question the metamorphosis of time and space: the boundaries between the visible and invisible, the audible and inaudible, the far and the near, the inside and outside. The use of black and white creates distance from the theme. I wanted a range of darker colours, present in the lighting, costumes and video.. To have

several things happening at the same time with possible links between them interests me, but it also requires a more active participation by the audience.” A willing participant, complete with previous schemes of reference and ‘baggage’ which he is strongly encouraged to bring with him, the spectator alone decides to see what he wishes, to hear what he likes and to read into the production any meaning that seems appropriate. This ‘new world...’, the whole composed of disparate elements rendered coherent by the magic touch of the inquisitive choreographer, would deserve, in a play on words that honours the ground-breaking research of Michèle Noiret, to be reversed and now termed ‘world news’ , a statement of art or even life which is forged and transformed each evening by the dynamic between body, decor, costumes, sounds and images. In the same genre as her previous ‘Territoires Intimes’, if the spectator is willing to flow with the rich diversity of sound and sight, he will emerge with his own perspective in this very personal universe. And finally, an opening. The production’s penultimate scene is a false ending which prepares the finale, a closing scene with a vision of a crowd in which the dancers - and the audience - can be lost as well as found, a response to the fifteen personalities abandonned at the beginning. In this open ending the group solution is contrasted to the possible autonomy of the individual, balanced on the common thread of its various forms, like a door opening onto a whole world which is yet to be explored... When Michèle Noiret admits humbly that ‘to be fashionable is not her goal’, these few sincere words, devoid of any pretention, point to the work of all her collaborators. Because for this choreographer, dance must be a felt presence: a glimpse into an imaginary world reconstituted in time and space. Interview by Bruno Follet. Michèle Noiret studied at the Mudra college in Brussels founded by Maurice Béjart, where she met German composer Karlheinz Stockhausen with whom she works closely. Her move to choreographer was characterised by experimental research and rigour. Her openness to other disciplines such as video art, theatrical design, sound and image media and original musical compositions are her hallmarks. Michèle Noiret has over twenty choregraphical productions to her credit, during which her meetings with other artists has left its mark. Her works include Avna, Les Plis de la Nuit, Tollund, Solo Stockhausen, In Between; Twelve Seasons, Mes jours et mes nuits and Les Familiers du Labyrinthe.

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La maison Folie de Mons

Mons

Un espace des possibles pour la création décloisonnée Propos recueillis par Vincent Delvaux

Anne André, déjà bien connue de par sa présence au manège.mons en tant que directrice administrative, reprend aujourd’hui la direction de la maison Folie de Mons, espace de création prometteur, qu’elle souhaite ouvrir à la création contemporaine sous ses multiples formes, privilégiant tout autant le partenariat avec les associations locales que le recours aux nouvelles technologies. Nous avons recueilli son témoignage sur les prémices d’une saison qui s’annonce sous les meilleurs auspices artistiques. Licenciée en sciences psychopédagogiques de l’Université de MonsHainaut, Anne André a été administratrice du Centre Dramatique Hennuyer dès sa création en 1985. Administratrice du manège.mons à sa création en 2002 et aujourd’hui à la direction de la maison Folie de Mons. La maison Folie 8, rue des Arbalestriers 7000 Mons Belgique anne.andre@lemanege-mons.be + 32 (0)65 39 98 00 Glossaire : La maison Folie est un lieu polyvalent regroupant trois espaces : une salle (les arbalestriers) de 200 places, un Espace des Possibles et une Margin’halle modulables au gré des projets.

© R. Noviello/Picturimage.com (www.picturimage.com )

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CECN : Vous êtes depuis peu devenue directrice particulièrement novateurs par leur forme, de la maison Folie. Quels seront vos axes de leur contenu et le processus de création qu’ils développent. La maison Folie devenant ainsi un programmation ? Quelle sera la spécificité de la maison Folie dans laboratoire d’innovations, d’expérimentations où le processus de création, plus que le résultat le tissu culturel montois ? Anne André : D’abord, je voudrais rappeler que final, sera privilégié. L’esthétique des lieux de les maisons Folie sont une émanation de Lille la maison Folie -la friche, le non-fini- participe 2004. Il en existe 10 dont 8 dans le Nord de la de cette démarche qui consiste à privilégier le France et 2 en Belgique, à Mons et Courtrai. processus de création, toujours en devenir, en La nôtre constitue un des pans d’activités puissance d’évolution continuelle. A côté de ces du manège.mons, un de ses secteurs. Les temps forts de création, il y aura des rendezmaisons Folie sont des lieux qui accueillent à vous réguliers avec des artistes en accueil, la fois des activités de création, de diffusion et des temps d’expression et de prise de parole. Nous développerons, de pratiques artistiques. La maison Folie de Mons par exemple, des projets Elles sont également des prioritairement ouverts lieux festifs, des lieux de devient ce creuset où, vers les jeunes, par des convivialité, de rencontre modestement mais de accueils de spectacles, entre habitants, artistes manière volontaire, se de concerts, en les qui sont en résidence ou dans de passage, qui sont issus prépare l’avenir des modes accompagnant leur projet de création, du quartier, de la ville ou créatifs et associatifs : en leur consacrant d’ailleurs. Elles sont à apprendre, comprendre, une plate-forme. Ils la fois des équipements pourront à la maison de proximité et des s’interroger, se positionner Folie venir réaliser instruments de création face aux enjeux, leurs clips, répéter leur artistique. Les activités sont transdisciplinaires : changements et « possibles » concert, concevoir une installation… elles touchent aux arts suscités par la révolution Nous organiserons aussi vivants, arts plastiques, numérique et les nouvelles des ateliers d’initiation et arts numériques, littérature, pratiques artistiques de pratiques artistiques poésie, architecture, et, dernier axe, nous design… mais aussi à l’art culinaire ou encore à l’art du jardin. Notre aurons l’occasion de nous connecter avec le objectif, c’est de faire en sorte que l’art sous monde, de relier le local à l’international. toutes ses formes actuelles, puisse se vivre au quotidien, c’est tenter de rendre l’art accessible CECN : Quels types de synergie envisagezau plus grand nombre, non en le vulgarisant vous avec des structures telles le CECN ou mais en le démystifiant, en le rendant familier Transcultures, autour d’enjeux technologiques jusqu’à le faire entrer dans la vie, dans l’intimité ou interdisciplinaires ? de chacun. Il s’agit de sortir du conditionnement, A. A. : Dans le cadre des résidences de création du « marché », du « public-cible » du marketing, de la maison Folie, j’ai proposé au CECN de de réveiller notre aptitude à sentir, à agir, à développer des résidences technologiques. En réagir, mais aussi de prendre conscience de partenariat avec technocITé, nous mettons des notre singularité, et par là même, favoriser les espaces, du matériel et du personnel qualifié à rencontres, les liens sociaux, participer à notre disposition des créateurs en même temps que « devenir ensemble ». C’est, en d’autres termes, nous organisons des ateliers. Les artistes trouvent replacer l’artiste, le créateur, au milieu de notre là les conditions favorables au développement société : qu’il s’infiltre partout, par toutes les de leurs projets. L’intention, à terme et à condition d’en avoir les moyens financiers, « failles ». Un formidable enjeu ! Quant à ma politique de programmation, je est de proposer aux artistes en résidence, un voudrais y développer les 4 axes suivants. temps fort -et convivial- de présentation de leur La maison Folie sera d’abord le lieu privilégié travail en cours de réalisation à des producteurs d’accueil de projets issus d’associations et/ou des programmateurs. Ce qui me dérange montoises : nous travaillerons pour qu’elles dans nombre de spectacles qui associent les puissent trouver un accueil et un environnement technologies numériques, c’est que celles-ci propices au développement de leur projet. prennent le pas sur l’artistique, sur le « sens ». Ce sera également le lieu de résidence de Elles ne sont pas au service de l’œuvre. Sans certains projets de création : des projets doute à cause d’un manque de « maîtrise » 21


CECN : Quels moyens financiers recevez-vous actuellement pour la maison Folie ? A.A. : Actuellement, rien. Les économies d’échelles générées par la création du manège. mons qui a réuni plusieurs structures du secteur des arts vivants de Mons et la solidarité des différents secteurs qui désormais le composent, ont permis la mise en marche de la maison Folie. Aujourd’hui, pour permettre de développer ses objectifs, il lui faut des moyens propres, pour d’une part assurer le fonctionnement des nouvelles infrastructures (l’Espace des Possibles, la Margin’halle) et d’autre part, pour ses activités. Nous y travaillons avec tous nos partenaires et avec enthousiasme. • The

«maison Folie» Cultural Centre, creative space outside the box

de ces nouveaux outils. Nous avons aussi l’idée de passer des commandes de courtes pièces à quelques écrivains en leur proposant au préalable une découverte des « possibles » technologiques. Nous demanderons alors à quelques metteurs en scène « initiés » à ces outils de les mettre en scène. Spectacles qui s’inscriront tout naturellement dans le cadre du Festival Via, qui se déroule en mars. Cette saison, nous accueillerons notamment la jeune chorégraphe belge Florence Corin en résidence. Après avoir animé un atelier de Motion capture optique dans le cadre du CeCN, elle nous présentera en mars, son spectacle/ installation Blobettes. Nous mettrons espace, matériel (capture de mouvement, capteurs permettant l’interactivité, caméra HD …) et personnel à sa disposition. Avec Philippe Franck (Transcultures, City Sonics, Musiques Nouvelles/le manège.mons) et la collaboration de l’association montoise Manufactor, nous envisageons un autre temps fort dès la midécembre 2005 dans le cadre d’une initiative de Transcultures mené avec la Communauté Wallonie-Bruxelles, qui fait suite au festival des arts électroniques Netd@ys. Nous proposerons à Mons en complément d’autres présentations et événements présentés à Bruxelles, une sorte de panorama des arts numériques en Communauté Wallonie Bruxelles assorti d’une réflexion sur ces enjeux d’aujourd’hui et de demain. Ce sera l’occasion aussi pour Valérie Cordy et le Collectif METAmorphoZ, que nous avons accompagnés à deux moments (Doppelganger au Festival au Carré et J’apLDKej’pe au Théâtre des Doms) de son processus d’investigation relatif à l’intégration des technologies numériques et de la « culture électronique »

(jeux vidéos, téléphone mobile, Internet ….), de présenter leur nouveau DVD-Rom, projet pour lequel ils ont reçu le Prix multimédia de la Communauté Wallonie-Bruxelles. Avec les conseils de Pascal Keiser et de Philippe Franck, avec les réseaux du CeCN, de technocITé, de Transcultures et de nos autres partenaires réunis, la maison Folie va développer une politique dynamique d’accueil et de résidences interdisciplinaires, d’écritures numériques et de pratiques innovantes. La maison Folie de Mons (et nous comptons bien développer des collaborations avec les autres maisons Folie dans l’interrégion) devient ce creuset où, modestement mais de manière volontaire, se prépare l’avenir des modes créatifs et associatifs : apprendre, comprendre, s’interroger, se positionner face aux enjeux, changements et « possibles » suscités par la révolution numérique et les nouvelles pratiques artistiques. Ces partenariats vont nous permettre également la réalisation d’autres projets multimédia que nous avons avec le Conservatoire, l’Ecole Supérieure des Arts Plastiques et Visuels de Mons, le CPAS, les Maisons de Jeunes, les CEC, des projets qui mêlent différents publics. La maison Folie sera une véritable fourmilière, où écrivains, chorégraphes, musiciens, plasticiens, architectes, designers, vidéastes, Dj’s - amateurs, professionnels, jeunes, adultes - pourront investir tous les espaces, pendant quelques semaines, pour créer une ou plusieurs œuvres collectives et/ou individuelles. Parallèlement à cette ouverture, nous proposerons un véritable accompagnement des projets et une certaine vision décloisonnée des pratiques artistiques, associatives et culturelles contemporaines.

Anne André, already known to us as the administrative director at manège.mons, is now director of the maison Folie at Mons which she intends to open to a whole range of creative arts and new technologies via partnership with local associations. We interviewed her at the start of a very promising artistic season.

introductory workshops to various art forms, all of which will help us to increasingly connect with the world around us, exploring new horizons and different creative expressions.... CCDS: What synergy can you envisage with other groups such as CCDS or Transcultures, especially concerning technical or multidisciplinary issues? A.A : I’ve asked Pascal Keiser of CCDS to develop technological workshops with us at the Maison Folie which will provide the working environment, the material and personnel to support the artists. The idea, finances permitting, is to ask residential artists to present their emerging work to producers and/or programmers.What bothers me in some productions using digital technology is that they allow them to over-dominate, no doubt through a lack of “familiarity”. We also plan to ask certain writers to produce short pieces with the proviso that they explore “possible” technologies. Then “experienced” directors with organise the performances at the Via Festival in March. Our special guest this season will be the young Belgian choreographer Florence Corin. Having animated the Motion capture optique workshop

at CCDS, she will present her new work Blobettes. We’ll provide the facilities, material and personnel. With Philippe Franck (Transcultures, City Sonics, Musiques Nouvelles/le manège.mons) and the collaboration of the Mons association Manufactor, we’re planning a panorama of digital art-forms and an exploration of the challenges for today and tomorrow. It will also be the occasion for Valérie Cordy and METAmorphoZ, after their investigative journey combining digital technology with “electronic culture”, to present their new DVD-Rom for which they won the Multimedia Prize from the Wallonia-Brussels Community. With advice from Pascal Keiser and Philippe Franck, the CCDS network, technocITé, Transcultures and our other partners, the Maison Folie will develop a dynamic approach to interdisciplinary innovation using digital techniques. We are becoming a kind of crucible, in conjunction with other Maison Folies, where creative models are formulated and where we learn, understand, question and explore the “possibilities”. We plan other multimedia projects with the

Conservatoire, the CPAS, Superior shool of visual arts of Mons, and the Maisons des Jeunes, which reach a different audience. We will become a hive of activity for writers, choreographers, musicians, visual artists amateur and professional - who will spend time here creating collective or individual productions. CCDS: What financial ressources does the maison Folie have at present? A.A.: At the moment, none at all. Economies made by the creation of manège.mons and the support of various networks enabled us to launch the maison Folie. Today it needs its own funding for the new infrastructures (“possibility” area, the Margin’halle) and for its activities. We’re working enthousiastically on this with all our partners. Interview by Vincent Delvaux Glossary : The maison Folie is a multipurpose building containing three main areas: a hall (les ‘arbalestriers’) with 200 seats, a “possibility” space and a creative area or ‘Margin’halle’ which can be adapted to suit.

CCDS: Since you have recently been appointed director, what will be your main focus and the hallmark of the maison Folie? Anne André : The 10 ‘maison Folie’ in existence were spawned by Lille2004, 8 in northern France and 2 in Belgium at Mons and Courtrai. They promote creative activity, production and artistic practice as well as being a meeting point for local residents and artists be they local, regional or national. Our activities are multidisciplinary: live performances, plastic arts, digital technology, litterature, poetry, architecture, design...and even culinary art or garden design! Our goal is to make art accessible on a daily basis to as many people as possible, not by cheapening it but making it more familiar. We have to break the marketing mould of “the target audience”, open up to the public and encourage direct contact, develop social ties and enjoy “being together”. In other words, we want to use every means of putting the creative artist back at the heart of society; it’s a great challenge! As for my focus, I would like to develop 4 main areas. Firstly we will be promoting local projects, especially innovative ideas that require a setting to develop their content and creative process. The maison Folie would be a kind of experimental laboratory where the very aesthetics of its simple interior lends itself to the creative process. A further focus will be regular meetings with artists, aimed particularly at young people via shows, concerts and support with their own creative projects. They’ll be able to use the maison Folie to develop video clips, rehearse, explore creative ideas... There will also be photos : R. Noviello/Picturimage.com (www.picturimage.com )

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Ville de Jeumont

Jeumont

Plateau de tournage/incrustation HD Propos recueillis par Denis Scoubeau

IIIII Focus Nord-Pas-de-Calais

exploitation est estimée à 20% du temps de fonctionnement des équipements. Le reste est dédié à l’exploitation privée du site par location d’espaces de travail ou de production. Les marchés ciblés sont ceux relatifs à l’incrustation d’images HD pour la publicité ou le cinéma, aux tournages cinéma ou publicitaires ne nécessitant pas de plateau de dimension trop importante, bien que nous puissions envisager d’utiliser les friches autour de la gare pour ces besoins spécifiques ou la construction de décors. Plusieurs partenaires privés sont impliqués dans le projet, travaillant notamment avec M6 ou Canal Plus.

© Ville de Jeumont

Glossaire : Incrustation : techniques numériques permettant de découper une image vidéo dynamique filmée autour d’un fond monochrome (bleu, rouge ou vert), par exemple des acteurs, qui peuvent dès lors être injectés par superposition avec un fond différent remplaçant le fond monochrome. HD (haute définition) : nouveau standard de la vidéo numérique permettant de traiter des images ayant un plus grand nombre de pixels (jusqu’à deux fois plus en largeur et en hauteur) que la vidéo numérique traditionnelle. Ceci implique de maîtriser toute la chaîne de production en HD : caméras, montage numérique des images et projection par diffuseurs (écrans) HD ou vidéo-projecteurs, et des capacités de calculs plus importantes car les fichiers traités sont plus lourds. 24

La Ville de Jeumont, opérateur du projet Interreg CECN, a développé un projet de rénovation et de transformation de l’ancienne gare frontalière en espace de création numérique et technologique. Le projet, financé par des fonds européens FEDER, s’intégrera dans la stratégie de formation professionnelle du CECN. Nous avons interrogé Christine Marin, Maire de la Ville de Jeumont, à ce propos.

CECN : Quelles sont les données techniques du projet ? Christine Marin : L’ancienne gare est rénovée et recréée autour de quatre axes : un auditorium de 200 places à scène modulable, un espace multimedia et un espace de production audiovisuelle de pointe comportant un plateau de tournage et d’incrustation de 15x15m, une dizaine de studios de postproduction son et image ainsi que la possibilité d’utiliser différentes friches industrielles totalisant plusieurs milliers de mètres carrés disposées alentour. La totalité du bâtiment rénové couvrira 2000 m2, l’ensemble du site avec les friches avoisinantes ayant une surface exploitable de 3 hectares. Le budget de l’investissement est de 6.8 millions d’€, et le projet est dirigé par le cabinet d’architectes parisiens Sophie Thomas suite à un appel à projets européens. S’y est adossé un projet de rénovation urbaine autour du site. CECN : Quelle sera l’utilisation des infrastructures et le partage entre exploitation publique et privée ? C. M. : L’exploitation publique sera faite autour du manège de Maubeuge qui va déplacer son studio de postproduction vidéo et son au sein de la gare. Ce studio a notamment produit les vidéos de Lille 2004 qui ont fait le tour du monde avec Air France. Le CECN donnera certaines formations pointues et des résidences à Jeumont en partenariat avec technocITé, des fournisseurs de matériel, de logiciels et des organismes français de formation. Cette

of using surrounding industrial wasteland of several thousand square metres. The renovated buildings will cover 2000 m2, the whole site covers 3 hectares. We have a budget of €6.8 millions from European funds and the collaboration of Parisian architects Sophie Thomas. This will include urban renovation around the site itself.

CCDS: How will these infrastructures be used and shared between the public and private sectors? C.M.: For the public, the ‘manège’ of Maubeuge will transfer over its sound and video production studio which produced the Lille2004 videos that travelled around the world with Air France. CECN : Quel est le planning des travaux ? CCDS will run certain workshops in partnership C.M. : Les travaux ont débuté début 2005 et with technocITé which should allow for 20% of seront entièrement terminés en décembre 2006, equipment usage. l’exploitation commerciale The remainder will be dedicated to private use débutant en janvier 2007. Le choix d’un plateau of the site by renting work d’incrustation HD avec or production space. Our CECN : La situation excentrée de Jeumont target markets are High les équipements de n’est-elle pas un handicap Density image overlay for postproduction et d’une advertising or cinema, and pour le projet ? C.M. : Nous n’avons pas le exploitation essentiellement film shoots that require only choix et devons offrir une smaller sets, although we privée est d’après nous solution plus compétitive une stratégie jouable nous can offer land around the qu’ailleurs, plus pointue site for specific needs or permettant à l’échelle aussi et c’est pourquoi stage sets. Several private nous n’avons pas opté partners are involved, française d’avoir une pour un projet centré sur working notably with M6 or spécificité un plateau de tournage Canal Plus TV networks. généraliste. Le choix d’un plateau d’incrustation HD avec les équipements CCDS: What are the timescales involved? de postproduction et d’une exploitation C.M.: Work began early in 2005 and will be essentiellement privée est d’après nous une completed by December 2006, with commercial stratégie jouable nous permettant à l’échelle use starting in January 2007. française d’avoir une spécificité et de mettre en place un effet de synergie par rapport CCDS: Isn’t the poor geographical location of aux projets parisiens (Besson) ou marseillais Jeumont a handicap? de studios cinémas, voire de projets belges C.M.: We don’t have the luxury of choice, which potentiels à venir. is why we’ve opted for a more competitive and more advanced installation. The choice of HD • Film set with HD overlay overlay with postproduction equipment for the in Jeumont private sector is a strategy that should allow us to have a specific role in France via Parisian The town of Jeumont, scene of the CCDS projects (Besson), cinema studios in Marseille ‘Interreg’ project, is renovating and or even potential Belgian projects in the future. transforming its former frontier station into an Interviewed by Denis Scoubeau arena for digital and technological creation. The project, with European finance, forms part christine.marin@mairie-jeumont.fr of the professional training strategy by CCDS. We interviewed Christine Marin, mayor of Glossary: Jeumont. Overlay: digital technique that allows a video image to be isolated against a monochrome CCDS: What are the technical details of this background (blue, red or green), for example project? actors whose image can then be overlaid Christine Marin: The former station will be against a different background. renovated along four main lines: a 200 seater HD (High Definition): the new standard in digital auditorium, an area for multimedia and cutting- video for images with a higher number of pixels ege audiovisual technology with a film set and which necessitates a whole production chain in 15 x 15m overlay, a dozen production studios HD: cameras, digital recording and HD screens for sound and image, as well as the possibility or video-projectors. 25


Pierre Hebbelinck

Mons

maquette du nouveau théâtre manège.mons © Alain Janssens (inauguration le 24 janvier 2006)

Pierre Hebbelinck a ouvert un atelier professionnel un an après avoir obtenu son diplôme d’architecture en 1981 à l’Institut Lambert Lombard à Liège. Il conjugue son travail d’architecte et celui de conférencier d’architecture en Belgique, en Italie et en France. En 1996, il représente la Belgique à la 6ème Exposition Internationale d’Architecture de Venise et participe en 2002 à la 8ème édition de cette biennale. www.pierrehebbelinck.net pierre.hebbelinck@skynet.be CECN : Quelles ont été les principales contraintes et les options prises pour l’aménagement du nouveau théâtre du Manège à Mons ? Pierre Hebbelinck : En matière de contraintes, il y a d’abord eu à traiter le problème d’implantation. Le montage s’est fait à partir d’un bâtiment existant, l’ancien manège de cette ville de garnison qu’était Mons, doté d’une infrastructure importante sur l’îlot de la caserne Léopold (on pouvait y compter 5000 hommes et 5000 chevaux jusqu’aux bombardements de 1944). C’est le plus grand îlot de la ville de Mons mais on nous demandait d’occuper le minimum 26

Architecte penseur du nouveau théâtre du Manège Propos recueillis par Philippe Franck

Connu pour, entre autres réalisations culturelles fortes, son aménagement du site du Musée des Arts Contemporains (MAC’s) au Grand Hornu, Pierre Hebbelinck est un « architecte-artisan » de dimension internationale, qui s’est vu confié la lourde charge de concevoir un nouveau théâtre pour Mons sur le site de l’ancien manège de la caserne Léopold. Après trois ans de chantiers où il a fallu faire preuve d’inventivité et de ténacité, le nouveau manège va ouvrir ses portes en mars 2006. Retour sur un projet devenu réalité qui, fruit d’un geste architectural et esthétique, est aussi le produit d’une certaine vision sociétale de la parcelle de forme triangulaire dévolue au théâtre, afin de rentabiliser cette surface, ce qui impliquait que le projet devait être contracté. Ensuite, l’exercice budgétaire était très délicat. Enfin, ce théâtre est avant tout conçu pour les arts de la parole. De fait, on ne peut pas cumuler les deux options en matière d’arts de la scène que sont les espaces dévolus aux activités musicales et ceux dédiés aux arts de la parole. La Communauté Wallonie-Bruxelles a opté pour les arts de la parole. Jean-Paul Dessy de Musiques Nouvelles était associé à la réflexion et nous avons eu beaucoup de plaisir à débattre de la musique tout en sachant que c’est la forme théâtrale qui a primé. Ce projet doit d’ailleurs beaucoup à l’énergie de Daniel Cordova, codirecteur artistique du Manège et également le responsable -mélomane- du secteur théâtral. Pour atteindre les objectifs d’un outil théâtral performant, il ne fallait pas fantasmer sur la situation ancienne du bâtiment. On a mis un espace perpendiculaire à la toiture avec un volume neuf, qui comprend la salle et la scène, et qui permet de tout gérer de manière efficace et économe. On a ainsi supprimé nombre de contraintes. De cette manière, on peut accrocher

tout ce qui est scénographique. Dans l’espace ancien, qui recouvre toutes les activités de jour, on a placé les loges, les régies techniques et la salle de répétition, de même que tous les accueils (NDRL : billetterie, vestiaire). En cinq mois et demi, nous avons dû faire les esquisses, avant-projets, obtenir les permis de bâtir, rédiger les dossiers d’exécution, cahiers des charges et détails, donc tout sauf le chantier. D’habitude, il faut compter trois ou quatre fois ce temps de travail pour résoudre des problèmes d’une telle complexité. CECN : Quel trait d’union principal voyez-vous à travers vos différents « gestes architecturaux » opérés dans ce type de nouveaux lieux culturels ? P.H. : J’y vois à la fois une continuité et une singularité. La continuité, c’est ma conviction dans le corps social. Il s’agit de créer des lieux dans lesquels l’échange est démultiplié (et pas seulement dans les lieux de circulation et les abords). Une bonne illustration de ce souci qui m’habite pourrait être l’implication de la défunte plasticienne Marthe Wéry qui a travaillé sur un projet de participation à l’architecture au même

endroit que ce nouveau manège. Suite au décès récent de cette grande dame de l’abstraction, Christine Felten et Véronique Massinger ont repris ses mandats. Elles ont utilisé la « caravane obscura » (elles se baladent sur divers continents et prennent de surprenantes images via un trou dans un pan d’une caravane ; un papier sensible sur lequel une photo grand format s’imprime avec des temps de pause de 5 à 12 heures) et travaillent sur un lieu à Mons avec des panneaux de plâtre spéciaux qui permettent l’absorption de la photo. Je me suis rendu chez elles avec un acousticien en leur demandant de favoriser les échanges en jouant sur les facteurs d’absorption acoustique et en diminuant ce qu’on appelle les « effets cocktails ». A partir de l’espace, on peut ainsi traiter et favoriser la matière de l’échange humain. Au niveau de la singularité, c’est surtout la mise en place d’un dispositif de reconnaissance sociale et la cohérence au niveau du corps. C’était déjà la cas au MACs mais nous l’avons appuyé ici, c’est que l’univers culturel est un espace sensitif. Tout l’univers des sens contribue à nos perceptions. On prépare par des traitements la matière, la lumière,… on travaille au niveau d’une dramaturgie perceptive. Cela a été aussi le cas au nouveau théâtre de Mons. Ces outils sensibilisent le corps de chaque personne qui rentre dans le lieu et s’apprête à découvrir un spectacle. CECN : Pour le nouveau théâtre de Mons, vous avez travaillé en prenant en compte la dimension scénographique… P.H. : Nous avons travaillé avec l’équipe d’Erica Boda et avec le scénographe Alain Prévot (artiste de la lumière, professeur à l’INSAS). Erica s’est occupé du gradinage et du côté public tandis qu’Alain a travaillé les aspects scénographiques avec Philippe Warrant (NDRL : collaborateur régulier du théâtre Les Tanneurs à Bruxelles). Dans le cadre du concours, nous avons très vite eu des intuitions communes. Nous avons imaginé de libérer les espaces anciens de la problématique scénographique. Dans un premier temps, nous avons pensé le plateau à l’extérieur et la scène à l’intérieur. Mais il n’y a rien de plus aveugle qu’une cage de scène, alors au final, nous avons totalement inversé la perspective. Je ne voulais pas que le théâtre existe seulement par et pour lui même, j’ai préféré que le visuel intervienne entre l’activité théâtrale et la rue ou l’espace qui l’entoure. C’est cela qui m’a fait permuter la scène ; on peut voir maintenant le gradin de l’extérieur, un manteau vitré permettant de voir de l’intérieur vers l’extérieur la ville et vice versa. Cette perspective en « boite à chaussures » s’est modifiée pour mieux intégrer la dimension urbaine dans le projet. L’architecte joue une rôle de metteur en scène comme on peut parler d’un metteur en scène de cinéma. On accueille toutes les collaborations pour donner vie à notre objectif. Cela a été le

cas ici pour l’acoustique, nous avons coulé dans le béton le motif intérieur. Le coffrage utilisé pour le motif imprimé a d’abord été calculé en laboratoire pour faire de la diffusion sonore et afin que l’énergie sonore se répartisse dans tout l’espace. C’est une notion de confort élaboré sur le plan de la qualité d’écoute. L’acousticien a pu ainsi déterminer lui-même la poétique de l’espace. On diffuse avec des formes différentes qu’on va conjuguer sur les parois, couler les prototypes et tester en laboratoire les capacités de diffusion. Pour ce faire, un nouveau procédé a été créé en recherche appliquée. De même, les gradins suspendus en porte-à-faux sont maintenus tels quels par de la « post-contrainte », une technique très particulière utilisée dans la construction de pont mais rarement dans ce type d’architecture. On se rend compte au final que ce bâtiment est en fait très souple alors qu’il paraît rigide. C’est ce qui en fait la beauté, sur le plan à la fois architectural et créatif.

• Pierre Hebbelinck, philosophical architect of the new Manège theatre Known amongst other things for his work on the Museum of Contemporary Arts (MAC’s) in Grand Hornu, Pierre Hebbelinck is a “craftsman architect” on the international stage who was given responsibility for the creation of a new theatre at Mons. After three years of building work requiring real tenacity, the new ‘manège’ will open its doors in March 2006. We interviewed him on this aesthetic enterprise, product of an alternative vision of society. CCDS: What were the constraining factors in your development of the Manège in Mons? Pierre Hebbelinck: The greatest challenge was the site itself since we were building on the existing manège theatre in this garrison town of Mons situated on the island that housed the Leopold barracks with as many as 5000 men and horses up to 1944. It’s the biggest island in Mons but we had the smallest section for the theatre, making for a lengthy process with tight finances. Spoken theatre was the emphasis, so additional space was not required for musical perfomances. Jean-Paul Dessy of Musiques Nouvelles helped our reflexion, and the success of the project owes a lot to Daniel Cordova, artistic co-director of the Manège and also responsible for the theatre department. To achieve our goals we couldn’t incorporate too much of the old buildings. We built a space perpendicular to the roof which houses the theatre and stage to enable economical smooth running and practical space for props. The former buildings could then be used for daytime activities, residences, technical material, rehearsal and audience facilities (ticket office, cloakroom). In five and a half months we completed all the plans, building

applications and paperwork which normally take three or four times longer for a project of this complexity. CCDS: What common theme is there among your “architectural statements” in this type of new cultural environment? P.H. : There is continuity and uniqueness. I seek to create a place of interaction, and a good example would be deceased visual artist Marthe Wéry who worked on a joint architectural project at this very site. Following her recent death, Christine Felten et Véronique Massinger picked up her gauntlet using the “caravana obscura”(amazing photos taken through a hole in the side of a caravan!) to then work in Mons on plaster-castings of these photos. Accompanied by an acoustician I asked them to work on acoustic absorption by reducing what are termed the “cocktail effects”. In terms of uniqueness, it’s the social environment we create and its physical coherence. Our every sense affects our perceptions, therefore we are attentive to materials, lighting...every person who enters this theatre is being prepared to receive the dramatical production. CCDS: For the new theatre at Mons you took into account the theatrical context... P.H. : We worked with Erica Boda and theatre designer Alain Prévot (lighting artist, professor at INSAS). Erica concentrated on the public seating whilst Alain worked on stage design with Philippe Warrant. We had the same feeling for the project, a desire to create space, and our first thoughts were to have the seating area around a central stage. In the end we completely inverted this perspective so that now the seating can be seen from outside, in the street, via a glass facade that better integrates the urban dimension into our project. The architect should be the director who coordinates collaborations to bring life to the whole. Such was the case for the acoustics, since we used a concrete that had been laboratory tested to maximise sound quality throughout the whole theatre. Even the tiered seating is suspended using a specialised technique usually reserved for bridge-building, leaving us with a wonderfully flexible building which is what gives it its architectural and creative beauty. Interview by Philippe Franck Pierre Hebbelinck opened a professional workshop one year after obtaining his degree in architecture in 1981 at the Lambert Lombard Institute in Liege. He combines architecture with conference speaking in Belgium, Italy and France. In 1996 he represented Belgium at the 6th International Architectural Conference in Venice and participated in 2002 at the 8th conference.

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Des Netd@ys Wallonie-Bruxelles aux Transnumériques

Bruxelles Mons

La création numérique en question Propos recueillis par Emmanuel Fortuna

Transcultures est une association active dans le champ de l’interdisciplinarité et des médias électroniques, installée à la Maison du Spectacle La Bellone à Bruxelles mais disposant également d’une antenne à Mons, via le Festival d’art sonore City Sonics, qui présente également des dispositifs multimédia et fédère un grand nombre de partenaires, dont le CeCN, technocITé, le Manège, Musiques Nouvelles et la Ville de Mons. Après 5 éditions du festival d’art électronique Netd@ys Wallonie-Bruxelles, Philippe Franck, son directeur, a choisi de donner une nouvelle impulsion à son action en présentant à la mi-décembre un panorama de la création numérique de notre Communauté, où l’on retrouve bien entendu l’apport du CECN. Philippe Franck revient avec nous sur la motivation de ce choix. dans ce « non secteur », aujourd’hui encore CECN : Vous avez participé récemment au jury officiellement « non identifié » et donc « non du Prix Multimédia de la Communauté Walloniesubsidié » ou presque. Quoique souvent Bruxelles présidé cette année par Richard reconnues internationalement, elles sont Castelli. (commissaire d’exposition, directeur relativement peu nombreuses en Communauté d’Epidemic, conseiller artistique du Manège de Wallonie-Bruxelles mais extrêmement actives Maubeuge et du Festival Exit de Créteil). Que au regard de leurs moyens financiers très récompense cette initiative ? S’agit-il d’une aide réduits si on les compare à leurs homologues à la production ? flamands, hollandais ou français. A côté de Philippe Franck : Il s’agit plus précisément Transcultures, qui se bat depuis 1996 pour aujourd’hui d’une aide à la conception d’une soutenir ces étincelles créatives à la croisée

Il faut d’abord opérer un décloisonnement des mentalités avant de pouvoir entrevoir la mise sur pied d’une politique ouverte, permettant une porosité entre les secteurs. Cet « échangisme » entre les créateurs, les structures, les technologies et les pratiques ainsi que les mutations profondes qui en découlent percent les murs des systèmes obsolètes et les certitudes des plans culturels hérités des années 70 œuvre multimédia originale (car le montant de 25 000 euros ne peut réalistement prendre totalement en charge les coûts de production d’une œuvre un peu ambitieuse), proposée par le service général de l’audiovisuel et des multimédias de la Communauté WallonieBruxelles. Suite aux recommandations des membres du jury 2004, le prix consiste maintenant également en l’obtention d’une résidence (mise à disposition de matériel, encadrement et accompagnement du projet,…) d’une durée minimum d’un mois dans un organisme reconnu par la Communauté Wallonie-Bruxelles. Précisons qu’il s’agit là de la seule initiative propre au secteur de la création multimédia puisque, à l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de dispositif de soutien spécifique aux arts numériques. Ce n’est que depuis cette législature qu’on entrevoit la possibilité d’un timide soutien à ce type de création, ainsi qu’à l’interdisciplinarité. CECN : D’après vous, quelles sont les carences ou au contraire le potentiel de cette initiative ? Quelles sont les mesures à prendre pour participer davantage à l’émergence et au rayonnement de la création multimédia en Communauté Wallonie-Bruxelles ? P.F. : En ce qui concerne le Prix multimédia, nos recommandations sont confidentielles et adressées directement à la Ministre de la Culture et de l’Audiovisuel Fadila Lanaan, mais, pour ma part, et je pense que mes collègues ne me contrediraient pas, je préconiserais en tout premier lieu, une vraie politique de soutien aux structures qui travaillent courageusement

des flux contemporains, on trouve aussi, à Bruxelles, Imal qui mène un travail de qualité de (co)production et d’accompagnement des artistes qui sont de plus en plus nombreux à demander un soutien spécifique que seuls des opérateurs de terrain travaillant en réseau avec d’autres structures compétentes, sont susceptibles d’offrir. Le CECN et technocITé qui bénéficient de l’aide précieuse de la Région Wallonne sont des acteurs indispensables tant au niveau de la formation que de la création. Ensuite, on peut aussi pratiquer, comme nous l’avons fait depuis les débuts de Transcultures (et nous n’aurions d’ailleurs pas pu nous développer sans cela), l’art des débordements en sensibilisant les associations ou institutions qui, bien que ne travaillant pas directement dans le secteur multimédia, se montrent ouvertes à des collaborations avec des structures souvent plus petites qu’elles mais plus pointues dans ce domaine. Le problème chez nous, se situe, à mon sens, bien en amont des arts numériques puisqu’il y a une carence de mesures concrètes relatives aux projets interdisciplinaires. Il faut d’abord opérer un décloisonnement des mentalités avant de pouvoir entrevoir la mise sur pied d’une politique ouverte, permettant une porosité entre les secteurs. Cet « échangisme » entre les créateurs, les structures, les technologies et les pratiques ainsi que les mutations profondes qui en découlent percent les murs des systèmes obsolètes et les certitudes des plans culturels hérités des années 70. Cela nécessite un certain courage de la part de nos autorités mais je reste optimiste car je crois savoir que, suite

Paysages rhizomatiques © Pierre Larauza

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aux récents Etats Généraux, le Cabinet de Mme la Ministre Lanaan réfléchit concrètement à ces problématiques complexes. Ces réflexions ne pourront déboucher sur des mesures adaptées que si elles s’appuient sur l’expérience des acteurs de terrain que sont les associations et les structures possédant déjà une expérience de ces nouvelles formes de métissage. CECN : Quels besoins concrets le milieu artistique exprime-t-il en matière de multimédia ? P.F. : Tous les jours ou presque, nous recevons des demandes d’information de la part de jeunes artistes sur la marche à suivre pour concevoir un projet interdisciplinaire/arts numériques. Nous leur expliquons la situation et leur disons que, contrairement à la France (Dispositif pour la Création Artistique Multimédia/Dicream) ou la Flandre (le « Vlaams Audiovisueel Fonds »/VAF et sa « Digitaal Platform »), il n’y a aucune boîte aux lettres prête à recevoir leurs projets et qu’ils doivent ruser en passant soit par le secteur des arts plastiques, soit par le service de l’audiovisuel ou encore des arts de la scène avec, en perspective, le risque très probable de se voir rejeter d’une Commission à l’autre. Donc, nous recevons des demandes de conseil et de soutien mais aussi plus simplement des artistes en recherche d’écoute et d’accompagnement. Comme je l’ai souligné lors de mon intervention aux Etats Généraux portant sur la création multimédia (et qui, et c’est symptomatique, mélangeait malheureusement à ce débat, la question de l’archivage numérique qui soulève à mon sens d’autres enjeux), je pense qu’il y a un rapport de confiance à rétablir entre les pouvoirs subsidiants et les créateurs. Ces derniers n’étaient d’ailleurs pas présents en nombre dans la salle ce jour là, ce qui est un comble ! Le public, ou plutôt LES publics, se posent, quant à eux, de moins en moins la question de savoir si tel spectacle ou tel dispositif est « discipliné » ou « indiscipliné ». Il en vient à participer de plus en plus librement à l’œuvre et à la recevoir sans avoir nécessairement besoin de la catégoriser, même si je pense qu’un travail de sensibilisation doit encore accompagner la création et la réflexion sur ces enjeux et pratiques dites « innovantes ». C’est un autre point : on manque cruellement d’outils critiques pour apprécier ces formes nouvelles. Les « experts » des commissions traditionnelles ne sont, la plupart du temps, pas compétents pour « juger » ce type de travail qui demandent des connaissances spécifiques et une mise à jour permanente des connaissances. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que les projets interdisciplinaires ou multimédia soient correctement appréciés et éventuellement aidés ? Enfin, nombre d’artistes ont besoin

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de temps de travail mais aussi de temps de recherche et d’expérimentation. Comme le disait justement Valérie Cordy, une metteur en scène touchant à la création numérique, lors d’une récente rencontre professionnelle autour des enjeux de la création interdisciplinaire aujourd’hui, organisée par Transcultures, les structures d’accueil ou de production proposent encore trop souvent un schéma traditionnel unique qui consiste en une résidence suivie d’une création. La « gratuité » du temps de réflexion, de recherche et d’expérimentation n’y a pas sa place alors qu’il est indispensable pour ces processus créatifs de plus en plus souvent collaboratifs et évolutifs. CECN : Dans le sillage de ce Prix multimédia et de votre expérience du défunt festival Netd@ys Wallonie-Bruxelles, dont vous avez été l’initiateur, une manifestation publique devrait, Les Transnumériques, être organisée à la mi décembre à Bruxelles et à Mons par vos soins afin de mettre en valeur les lauréats, pouvezvous nous en dire davantage à ce sujet ? P.F. : Il s’agit de présenter un état des lieux de la création dans le domaine des arts numériques en Communauté Wallonie-Bruxelles. Après 5 ans de festival des arts électroniques Netd@ys Wallonie-Bruxelles (capable de mobiliser près de 5000 spectateurs pour découvrir des projets belges et internationaux, de réunir une dizaine de lieux et deux villes pendant quinze jours) auquel la Commission européenne a mis de facto fin en arrêtant, début 2005, le programme Netd@ys Europe, nous avons pensé avec nos partenaires qu’avant de mettre sur pied un autre grand festival international dédié aux arts numériques, qui manque dans notre Communauté, il pourrait être intéressant de se pencher sur ce qui existe ou pas chez nous et de présenter les artistes et structures qui se battent souvent avec talent pour faire avancer les choses. Nous inviterons, entre autres, des jeunes artistes issus du domaine de l’audiovisuel en mutation, des lauréats du Prix Multimédia mais aussi des artistes provenant des arts de la scène et intègrant les arts visuels et les technologies dans leurs démarches tels, le collectif METAmorpoZ, Transitscape ou encore Florence Corin. L’idée est d’offrir une plate-forme de monstration de projets finis ou en cours mais aussi d’associer intimement les créateurs à des réflexions que nous aimerions voir transformées prochainement en mesures concrètes afin que la création numérique soit enfin reconnue et soutenue ici à sa juste mesure. www.transcultures.net contact@transcultures.net +32 (0)2 544 08 77

Paysages rhizomatiques © Pierre Larauza

• From Netd@ys WalloniaBrussels to Les Transnumériques, a question of digital creativity Transcultures is an interdisciplinary association working actively in the field of electronic media, based in Brussels but with a satellite in Mons, host to the Sound Art festival City Sonics and with a wide range of partners; CCDS, technocITé, le Manège, Musiques Nouvelles and the city of Mons. After 5 years of promoting the Netd@ys festival, Philippe Franck, its director, has launched a new initiative by presenting a panorama of digital creativity with the support, as always, of CCDS. CCDS: You were recently on the Multimedia Prize jury for the Wallonia-Brussels community, presided this year by Richard Castelli ( exhibition manager, director of ‘Epidemic’, artistic consultant to the Manège at Maubeuge and the Exit festival at Créteil). What is this initiative seeking to reward? Philippe Franck : We are wanting to assist in the creation of an original multimedia production, recognising that the amount of €25,000 can not realistically cover all the production costs of an average multimedia concept. Following jury recommendations in 2004 under

the presidency of Pascal Keiser, director of the Centre for Contemporary Digital Script (CCDS), the prize now also includes a residential workshop of at least one month, a unique concept in the multimedia sector that offers no other specific support for the digital arts. CCDS: What are the pros and cons of this initiative? What would further enhance multimedia creativity in the Wallonia-Brussels Community? P.F. : The recommendations of the Multimedia Prize committee are confidential and sent directly to the Belgian minister of audiovisual and culture, Fadila Lanaan, but it is clear that policy decisions must be made to support this “nonsector” which is still not officially “recognised” and therefore not subsidised. A courageous few work in this sector in Wallonia-Brussels, recognised internationally despite very limited budgets compared to their Flemish, Dutch or French counterparts. Alongside Transcultures there is also the Brussels-based ‘Imal’ production group whose role is to accompany artists who need the specific support that only a wider network can offer. CCDS and technocITé, funded by Wallonia region, provide vital training and creative support. A communication exercise must then target those associations or institutions who are open to these new structures and technologies. The problem lies not so much at the level of digital

arts, but at an interdisciplinary level: a change in mentality must precede a change in policy, leading to “exchange” between creative artists, structures, technologies and working practices. Our authorities need to find the courage to leave behind the obsolete thinking of the ‘70’s, but I am optimistic because Madame Lanaan’s cabinet is already thinking through these complex issues and could propose workable solutions if they are anchored into our pioneering structures. CCDS: What specific requests are you receiving from artists concerning multimedia issues? P.F. : Almost every day we receive requests for information from young artists hoping to start interdisciplinary projects, but we have to inform them that contrary to France (Dispositif pour la Création Artistique Multimédia/Dicream) or Flanders (‘Vlaams Audiovisueel Fonds’/VAF and its ‘Digitaal Platform’), the only route in Wallonia is to apply via plastic arts, audiovisual or even theatre, with no guaranteed success. At the ministerial debate I stressed that confidence must be restored between fundholders and artists, who were sadly few in number on the day! The general public is much less bothered whether a project is “official’ or unofficial; they can experience art without having to categorise it although an awareness campaign would improve understanding of “innovations”. Which is another point; we badly lack critical tools to “judge” this type of work, and many so-called

experts lack recent experience. As Valérie Cordy highlighted recently, all too often the traditional approach of workshop followed by production excludes time for reflection, research and experimentation which are essential for collaborative and evolving productions. CCDS: What more can you tell us about Les Transnumériques, the event you are planning for Brussels and Mons in mid-December to promote the award-winners of the Multimedia Prize? P.F.: It’s an overview of digital arts in the Wallonia-Brussels Community. After 5 years of the Netd@ys festival that mobilised over 5000 spectators in a dozen sites between 2 cities over a two-week period - now scrapped unilaterally by the European commission - we decided to present our local artists and structures who are fighting to put forward their talents. There will be those at the cutting edge of audiovisual, our Multimedia Prize winners but also dramatic artists integrating visual art and technologies into their work such as METAmorphoZ, Transitscape or Florence Corin. We want to present finished or developping projects but also invite the artists to discuss with us the specific changes needed so that digital creativity can finally be recognised and given its true worth. Interview by Emmanuel Fortuna

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Supinfocom

Valenciennes

L’école trait d’union entre les entreprises et la création numérique Propos recueillis par Philippe Franck

IIIII Focus Nord-Pas-de-Calais

Créée en 1988 à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Valenciennois, Supinfocom est devenu aujourd’hui une référence dans la formation multimédia, infographique et plus spécifiquement dans le film d’animation, la 3D et le design appliqué à la création numérique. Depuis 2000, l’école s’est dotée, en ses murs, d’un établissement frère, Supinfogame, qui propose un cursus sur le jeu vidéo. Animée par des professionnels de l’image, Supinfocom est aussi un concept qui se diffuse, notamment à Arles (en 2000, un nouveau Supfincom s’est créé avec le concours, là encore, de la Chambre de Commerce locale) et à l’étranger (nombreux partenariats et sélection régulière dans les grands festivals internationaux). Mettant en avant tant l’aspect artistique que l’application professionnelle des créations de ses étudiants, Supinfocom propose depuis 1998 les e.magiciens, rencontres européennes de la jeune création numérique, une vitrine pour les étudiants qui y présentent leurs travaux de fin d’année et qui attire, chaque année en novembre, de nombreux curieux, les diplômés et les responsables pédagogiques des principales écoles européennes, et les professionnels de l’animation et du jeu vidéo. Rencontre avec Marie-Anne Fontennier, directrice, initiatrice et ambassadrice dynamique d’une culture numérique qui se développe entre privé et public, entre Valenciennes, Arles et le monde digital. Après un passage par l’Université Technologique de Compiègne et divers projets en relation avec l’infographie à Montréal, Marie-Anne Fontenier initie le projet d’école dédiée au multimédia Supinfocom à Valenciennes dont elle est devenue directrice en 1988 et de la section Supinfogame, spécialisée sur les métiers du jeu vidéo. En 2000, elle a lancé un nouveau projet d’école Supinfocom à Arles. Glossaire : VJ : acronyme de Vidéo Jockey, mixeur d’images. Game Design : le Game Design, qui consiste à concevoir l’univers, son contexte historique, géographique, les personnages et les objets qui le peuplent, ainsi que les buts et règles du jeu. Game Play : le Game Play ne fait pas à proprement parler référence à des étapes d’écriture mais définit les objectifs du jeu, les procédés ludiques utilisés et surtout l’ergonomie de celui-ci, c’est-à-dire son interface et les règles d’apprentissage induites mises en œuvre à l’attention du joueur. www.supinfocom.fr supinfocom@valenciennes.cci.fr

CECN : A quel besoin répondait la création du M-A F. : Nos missions sont en lien avec la projet Supinfocom au niveau local, dans une Chambre de Commerce : mettre sur pied ville comme Valenciennes, mais aussi à une des ateliers numériques, une sorte de « pôle échelle régionale, le Nord de la France, nationale numérique » en partant de la formation ; cela et internationale ? Quelle était la particularité du permet aussi d’accueillir des entreprises (deux d’entre elles se sont d’ailleurs installées sur le projet dans le panorama de l’époque ? Marie-Anne Fontenier : En 1987, la région devait site). Nous proposons aussi des formations à faire face à une série de problèmes économiques destination du personnel de celles-ci, comme avec la crise de la sidérurgie. Dans ce contexte, par exemple pour IP4U (travaillant anciennement le Fond industriel du bassin minier a lancé chez Chman et qui ont réalisé le célèbre jeu un stage d’infographie mais, à mon sens, il en ligne Banja) et 2 minutes (qui produit des séries d’animation et ont s’agissait davantage de un studio à Angoulême et publication assistée par Les étudiants des deux également sur Paris). Nous ordinateur. Je suis venue sections de l’école avons aussi des demandes donner cours en abordant plus cela du coté de la développent des synergies particulières, comme par communication visuelle en temps réel en termes déjà exemple avec l’Usine à image pour laquelle nous et, petit à petit, est née l’envie de créer une école. professionnels. C’est ce type avons formé des coloristes A l’époque, il n’y avait de trait d’union qui fait notre et des décorateurs. Il s’agit donc de s’adapter à rien dans ce domaine ici particularité et que nous une production spécifique. et donc pas de référentiel pour les cours. J’avais promouvons ici et à l’étranger Un des objectifs de la Chambre de Commerce et déjà bénéficié d’une certaine expérience en travaillant précédemment de la Ville de Valenciennes est de produire de à l’Université Technologique de Compiègne l’activité économique et ensuite de fixer cette (UTC) dans la division Design et également activité. Les étudiants viennent de partout. à Montréal dans le design graphique. Depuis Souvent ils repartent après leurs études mais il la création de l’UTC où j’étais responsable de existe des aides pour qu’ils s’installent et pour l’image de marque et de l’image graphique, leur donner la possibilité d’ancrer leur activité à les questions liées à l’infographie numérique Valenciennes. Les étudiants font également des m’intéressaient beaucoup. La Chambre de stages en entreprises d’une durée de deux ou Commerce a eu cette vision d’une école trois mois ; cela leur permet de mieux connaître supérieure dédiée au design et au multimédia et le milieu professionnel et de s’adapter à sa m’a donné carte blanche. Après une première demande. année d’infographie, nous avons petit à petit renforcé le programme et augmenté le nombre CECN : Quel type de partenariats culturels, d’étudiants (ils étaient 12 en 1988). On ne parlait économiques et logistiques Supinfocom et pas encore de multimédia à l’époque mais les ses projets associés ont-ils développé dans la région du Nord ? outils et les applications ont évolué. M-A F. : Dans la région, nous menons des CECN : Quelles sont les conséquences du lien fort partenariats avec la Ville de Valenciennes, avec existant entre l’école et la Chambre de Commerce le Phénix, la compagnie Montalvo (sur l’image et d’Industrie de Valenciennes notamment dans et le décor projeté et sur l’interaction entre le partenariat privilégié que vous développez danseurs et image), la compagnie de danse contemporaine Retouramont, avec laquelle les avec les entreprises ? étudiants ont travaillé sur les projections de leur

Marie-Anne Fontenier© Supinfocom

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spectacle Avalanche présenté en 2002 aux emagiciens. Nous avons aussi collaboré avec Jean-Michel Jarre pour sa tournée Oxigene et la société belge Arkaos qui a conçu un logiciel pour les VJ. Avec les structures culturelles locales, nous travaillons sur la création et cela permet aussi d’assurer une diffusion à nos étudiants. Nous travaillons aussi avec Le Fresnoy avec lequel nous avons organisé des master classes, notamment avec l’artiste multimédia Grégory Chatonsky pour préparer l’œuvre collective Webjam. Par ailleurs, Le Fresnoy fait aussi partie du collectif de pilotage des e-magiciens. Nous menons aussi des partenariats notamment dans le cadre des e-magiciens et d’échanges, avec l’ESAT, un lycée qui a des formations en art graphique et qui propose un BTS en animation, à Roubaix, ainsi qu’avec le CCRAV (Centre Régional de Ressources en Audiovisuel) à Tourcoing. Des structures économiques tels l’APIN (Association Pour les Entreprises ) et le NFX (structure qui a un réseau national sur l’import-export) nous accompagnent, sur le volet numérique, dans nos missions à l’étranger, notamment au Japon. Nous travaillons aussi avec l’ENIC, l’école d’ingénieur en télécommunication et informatique de Villeneuve-d’Ascq, et nous avons des contacts informels avec l’Ecole de Journalisme de Lille. Avec Lille 2004, Capitale européenne de la Culture, qui a présenté l’exposition Game on sur les jeux vidéo, nous avons structuré, avec les organisateurs, certaines parties de l’exposition à laquelle des étudiants de Supinfogame ont participé. CECN : Depuis son lancement en 1998 comment a évolué le festival e-magiciens (créé par l’Institut National de l’Audiovisuel / INA) sous titré « les rencontres européennes de la création numérique »? M-A F. : Pierre Hénon avait la responsabilité du Prix Pixel INA qui avait mis en place un festival sur la jeune création infographique d’abord à Montreuil puis, de manière itinérante à Bruxelles et Milan. Des liens entre les écoles se sont créés et ils ont voulu sédentariser la manifestation. L’INA a fait un appel d’offre pour trouver un repreneur qui pourrait faire évoluer le projet. Nous avons ensuite recommencé à travailler avec l’INA qui a cédé Imagina à Monaco. Les e-magiciens, c’est la rencontre entre la jeune création numérique, le monde professionnel et les artistes à confirmer autour d’expositions, de projections, de conférences, d’une web jam, un événement original qui est devenu la marque de fabrique de notre manifestation. Chaque année, nous travaillons autour d’un nouveau thème :

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les spectacles vivants et les arts numériques, le Japon, la typographie pour la dernière édition… mais même si l’éclairage est différent d’une édition à l’autre, nous n’abandonnons pas vraiment ces thèmes. Le festival a évolué et pris de l’ampleur (5000 personnes y ont été accueillies l’année dernière) mais l’esprit n’a pas changé. En 2004, l’artiste invité Christian Janicot qui s’occupe de la direction artistique de Mikros Images (société de post-production parisienne sur les effets spéciaux) et travaille dans le domaine de la typographie, a reçu une carte blanche pour la soirée d’ouverture pour présentre ses travaux. Il a également chapeauté « l’animation chainée », sorte de cadavre exquis avec les images auxquelles s’ajoutaient aussi les mots. Chaque année, l’artiste invité travaille en étroite relation avec les étudiants.

faire plaisir mais nous devons donner la priorité aux vrais débouchés. D’autre part, je souhaitais construire des passerelles entre Supinfocom et Supinfogame qui sont aujourd’hui devenues une réalité. Des étudiants de Supinfogame trouvent sur place des graphistes qui les aident sur leurs projets. Ainsi les étudiants des deux sections de l’école développent des synergies en temps réel en termes déjà professionnels. C’est ce type de trait d’union qui fait notre particularité et que nous promouvons ici et à l’étranger.

CECN : Associé à Supinfocom depuis 2000, Supinfogame propose un cycle de deux ans autour du jeu vidéo. Quelles sont les passerelles entre ces deux enseignements frères et les différences majeures entre les cursus ? M-A F. : Avant la création de Supinfogame, nous avions lancé au préalable une enquête au niveau européen. Il en ressortait que les étudiants désiraient une formation spécifique aux métiers des jeux vidéos et qu’il manquait une formation en « game design » et en gestion de production qui sont devenues nos spécialisations. Notre préoccupation est de rentrer dans une logique d’industrie avec des méthodologies de gestion de production et un travail d’équipe. En France, ce type d’enseignement n’était pas - au début - assez structuré. Dans le même temps, ces étudiants sont aussi des créateurs. En ce qui concerne la création d’un jeu vidéo, le plaisir du joueur et les mécanismes ludiques sont des paramètres importants à traiter. En France, on a des beaux décors mais parfois on manque de « game design », notion qui doit être prise en compte dans une logique de production. Pour lancer Supinfogame, nous avons fait appel à des professionnels : Sébastien Doumic (recherche de financement) associé fondateur de Ouat Entertainment qui travaille, entre autres, dans le secteur des jeux vidéo à Angoulême, et Didier Quentin, assistant pédagogique qui coordonne les enseignements de Supinfogame. Nous proposons même des cours de science-fiction en littérature à côté de ceux d’histoire du jeu vidéo. Il y a aussi des aspects techniques même si nous ne sommes pas des développeurs. A la fin de leurs études les étudiants doivent présenter un maquettage fonctionnel de jeu vidéo, donc il leur faut maîtriser le « game play » (les règles du jeu) et les concepts. On peut se

Created in 1988 by the Valenciennes Chamber of Commerce and Industry, Supinfocom has become a training byword for multimedia, computer graphics, and specifically in animated films, 3D and applied design to digital productions. Supinfogame followed in 2000, proposing a syllabus on video games. Staffed by visual graphics experts, Supinfocom has now been launched at Arles (2000) and abroad, with regular slots at major international festivals. With a focus on both the artistic and professional applications, Supinfocom has organised the ‘e-magicians’ since 1998, a European meeting of young digital talent who present their work each November to the academia of major European schools and professionals of video game animation. We met Marie-Anne Fontennier, director and dynamic initiator of a digital culture which is developping between the private and public sectors and between Valenciennes, Arles and the digital world.

• Supinfocom The school that links firms to digital creation

CCDS: At the time of its launch, what was the goal of Supinfocom at a regional, national and international level? Marie-Anne Fontennier : In 1987, the Valenciennes region was suffering from the crisis in the steel industry and the local Industrial Foundation had launched an information technology course, but using the computer only as a working tool. As I developed the area of visual graphics, the desire was born to create a college of further education. I had previously worked in Montreal in graphic design and at the Technological University at Compiègne in the Design Dept where I had become particularly interested in digital graphics. The Valenciennes Chamber of Commerce caught the vision for a

multimedia and design college and the project was launched with a first year of graphic design. The curriculum was widened on a yearly basis (we had only 12 students in 1988), and we increased both in number of students and range of options.

theme; digital art, Japan, or live shows...the festival has grown in size (5000 last year) and each year a guest artist works closely with the students. The 2004 artist was Christian Janicot, artistic director at Mikros Images, a Paris-based special effects company.

CCDS: How does the Chamber of Commerce help links with local firms? M-A F. : They’ve helped us establish a kind of “digital base” for our various workshops where local firms receive training, and two have actually set up premises on site. We run staff training courses for example for IP4U who launched the on-line game ‘Banja’ or 2 minutes who produce film animation and have studios at Anglouleme and Paris. Sometimes we receive specific requests to train graphic colour artists and decorators for the company Usine à Image. Students come from all over France but grants are available to encourage them to stay and work in Valenciennes; their training includes two or three months work experience with local firms and prepares them well for professional life.

CCDS: Supinfocom spawned Supinfogame in 2000, offering a two-year course on video games. How closely are the two colleges linked? M-A.F. : Before creating Supinfogame a European survey revealed that students wanted specific training in game design for video games, and the production stages of this have become our speciality. Our students work equally on the ‘player satisfaction’ aspect of video games, not merely on the graphics. We called in professionals to help us: Sébastien Doumic, co-founder of Ouat Entertainment at Angouleme and Didier Quentin who coordinates our training. We even offer a literary course in science-fiction alongside the history of the video game. Students have a final project to produce a video game with clear rules, concepts and sales potential. Students in Supinfogame have access to graphic artists at Supinfocom who will help with projects, a professional synergy that is our hallmark and which we promote both here and abroad. Interview by Philippe Franck

CCDS: What cultural, economic and logistical partnerships have you developed in the North? M-A. F. : We work with the town of Valenciennes, with Phenix, the Montalvo company (stagedesign and projected imagery), and the contemporary dance troupe Retouramont, collaborating on their Avalanche show in 2002. We also worked with Jean-Michel Jarre on his Oxigene tour and the Belgian company Arkaos. We have set up Master classes in Le Fresnoy with multimedia artist Grégory Chatonsky for the collective project Webjam and others involved in the ‘e-magicians’ network: ESAT, a high school specialising in graphic art and animation, and the Regional Centre for Audiovisual Ressources in Tourcoing. Other economic structures ( eg APIN, NFX) support our digital work abroad, notably in Japan. We also work with an engineering college for telecommunication and information technology in Villeneuve-d’Ascq and participated in Lille2004 via an exhibition called Game relating to the world of video games. CCDS: How has the ‘e-magicians’ festival developed since its launch in 1998 under the banner “European meetings for digital creativity”? M-A.F. : Pierre Henon ran a prototype project for computer graphic talent at Montreuil, then Brussels and Milan. We then became involved with this as an annual event in Monaco. Emagicians is a gathering of young talent, professionals and artists around exhibitions, projections and a ‘web-jam’ along a central

Having worked at the Technological University of Compiègne and in Montreal, Marie-Anne Fontennier was initiator of the multimedia Supinfocom colleges at Valenciennes of which she became director in 1988, followed by Supinfogame, specialising in video games. In 2000 she launched a new Supinfocom college in Arles. Glossary: Game design: is the overall conception of the game’s universe, historical context, geography, it’s personalities and objects as well as the goals and rules of the game. Game play: does not refer specifically to scriptwriting stages but defines the objectives of the game, play procedures used and especially its ergonomic qualities, in other words its userfriendliness and explanatory rules for the new player.

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Mons : un Conservatoire ouvert à la modernité

Mons

Entretien avec André Foulon, directeur du CRM Propos recueillis par Bruno Follet

L’installation du département Image & Son Numériques de technocITé (ouvert depuis octobre 2003) et du Centre des Ecritures Contemporaines et Numériques, s’est insérée au beau milieu du Conservatoire Royal de Mons, dirigé depuis le 1er mai 2000 par André Foulon.

André Foulon a débuté sa carrière d’enseignant en 1970 en tant que professeur de piano et de solfège. En 1973, il est nommé « accompagnateur » au Conservatoire royal de Mons, poste qu’il occupe jusqu’à sa désignation, en 1979, en tant que professeur de méthodologie de l’enseignement du solfège. D’avril 1992 à avril 2000, il est directeur de l’Académie de Musique de Mons et, depuis le 1er mai 2000, directeur du Conservatoire royal de cette même Ville. Parallèlement à ses activités pédagogiques, André Foulon poursuit une carrière de pianiste accompagnateur. Il forme avec son épouse, Loretta Clini, un duo chant/piano spécialisé dans le répertoire du Lied et de la mélodie. Partenaire d’Annette Cornille, il a par ailleurs donné plusieurs récitals à deux pianos. www.conservatoire-mons.be info@conservatoire-mons.be +32 (0)65 34 73 77

André Foulon © Bruno Follet

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Si le couloir qu’occupent technocITé, ISN et le CECN appartient toujours à l’Ecole Supérieure des Arts, un accord conclu avec technocITé y permet, depuis plus d’un an, des activités de formations aux outils numériques profitant largement au Conservatoire, dont l’ouverture aux nouvelles technologies s’accroît dans une cohérence pédagogique des plus novatrices.Ce mariage voulu et consacré (qui en ferait presque mériter au Conservatoire d’être renommé « Novatoire » !) a posé simplement au sein du Carré des Arts les bases d’un développement solide et durable de la formation à ces nouvelles technologies dans la région. En effet, l’implantation du département ISN de technocITé et les activités grandissantes du CECN ont permis, grâce à une synergie constante et une volonté d’efficacité commune, la concrétisation de nombreuses propositions, tant dans les réflexions pédagogiques qu’en termes d’investissements conjoints d’équipements hauts de gamme en matière d’image et de son numériques. Cet aspect de la modernité est par ailleurs amplement développé dans le projet pédagogique et artistique du Conservatoire qui, tout en centrant sa mission sur une formation de pointe aux interprètes et créateurs dans les domaines de la musique et des arts parlés, donne également une large place à l’usage des technologies numériques et à l’ancrage d’un dialogue permanent avec d’autres disciplines. Pour éclairer ces chemins ambitieux mais concrets sur lesquels technocITé, ISN et le CECN l’accompagnent à présent, emmenant avec une assurance inédite les étudiants du Conservatoire qu’il dirige vers les métiers de demain, André Foulon a accepté de répondre à nos questions. CECN : Comment un directeur de Conservatoire, lieu par essence conservateur, prend-il la décision d’ouvrir une section « musique appliquée » ouverte sur les technologies musicales numériques? André Foulon : Ma réaction spontanée serait d’évoquer le bon sens, c’est-à-dire de mettre en évidence le fait que l’enseignement supérieur artistique de la musique doit pouvoir répondre aussi ! - à la réalité du « marché », à l’actualité. Les Conservatoires, c’est vrai, ont encore la réputation d’être des « musées » de la musique, des lieux de mémoire des musiques d’hier, des coffres-forts où sont précieusement gardées et perpétuées, quand même ! - les traditions. Selon moi, cette étiquette provient du fait que

l’acquisition d’une technique instrumentale ou vocale, la maîtrise du geste adéquat, est le résultat d’un parcours à travers des chemins obligés faisant référence aux grandes écoles du passé, à des compositeurs (eux-mêmes souvent excellents interprètes) qui ont fait évoluer cette technique vocale ou instrumentale, le jeu pianistique, par exemple. C’est donc là un aspect essentiel du travail du futur interprète. Mais cela ne suffit plus de nos jours : la mission des Ecoles Supérieures des Arts est aussi d’ouvrir l’enseignement artistique aux pratiques actuelles. J’entends par là les pratique musicales nourries d’expériences sonores plurielles (utilisation d’un instrumentarium exotique, recours à l’informatique, au bruitage…), mêlées d’esthétiques diverses résultant du mixage des cultures que connaît la société actuelle. Ces musiques nouvelles côtoient souvent d’autres formes d’expression artistique telles que l’art vidéo, par exemple. Ce sont là des paramètres que les jeunes qui ont fait le choix d’une formation artistique ne peuvent plus ignorer. Le projet pédagogique et artistique de notre Ecole y fait d’ailleurs largement référence ; il encourage aussi la recherche dans ce domaine. Voilà donc le « prétexte » à la création d’une spécialité du cours de composition dédiée aux musiques dites « appliquées ». L’intitulé « musiques appliquées » - au pluriel, j’insiste - s’est quasi imposé : il s’agit en effet d’une formation tournée vers les applications concrètes de la création musicale dans le monde réel. Elles sont nombreuses, situées en dehors des sphères de la grande musique, comme on a coutume de l’appeler, pouvant aller du plus noble (musique de cinéma, de scène ou encore musique de danse) au plus utilitaire (bande son publicitaire). Je dois cependant préciser que si la demande est considérable, l’offre de formation dans ce domaine est - jusqu’à présent et à ma connaissance - absolument absente en Communauté française. CECN : Les troncs communs du Conservatoire possédaient déjà certains cours « numériques », par exemple relatifs à l’utilisation de logiciels de notation musicale. A.F. : Oui, mais cela se résumait uniquement à cette utilisation d’un outil numérique -mis à part évidemment la section de musique électroacoustique d’Annette Vande Gorne (composition acousmatique et sound design) qui se fonde sur une grille horaire spécifique 37


où la majorité des cours implique le recours systématique à un matériel informatique plus sophistiqué. A tel point qu’à défaut d’équipement adéquat au sein de l’Ecole, la section de musique électronique du Conservatoire avait élu domicile dans les studios de « Musiques et Recherches » à Ohain. Il me semble utile de rappeler cet état de fait car la venue de technocITé a – aussi – permis le retour partiel de cette section au Carré des Arts. CECN : Quelles sont la spécificité et le contenu de la section « musiques appliquées », quel est le volume d’heures consacré au numérique ? A.F. : A l’heure actuelle, on ne peut pas parler d’une véritable « section » de musiques appliquées. En effet, le décret classant les Conservatoires au niveau de l’Enseignement supérieur non-universitaire (décret du 20-12-01) n’autorise pas la création de nouvelles sections. Si la section « jazz » existe au Conservatoire

La synergie entre les différentes institutions ou organismes me semble aujourd’hui primordiale dans notre monde de technologie et de communication Royal de Bruxelles, c’est parce qu’elle fut créée bien longtemps avant l’entrée en vigueur du nouveau décret. Dès lors, nous avons dû composer - c’est le cas de le dire ! - en faisant de cette « spécificité » une « spécialité » du cours de composition que j’appellerai « traditionnelle ». Cela implique l’obligation de respecter le tronc commun de la grille horaire de ce cours (intitulé des cours et leur volume-horaire) auquel on ajoute les cours spécifiques à la « spécialité » - en l’occurrence une trentaine d’heures de cours par semaine consacrés au numérique. Je cite, en vrac : création sonore appliquée à l’audiovisuel, aux médias interactifs, instrumentation électroacoustique, solfège des objets sonores, techniques de synchronisation, de synthèse, etc., cours qui existaient déjà dans la section de musique électroacoustique (d’où la référence à la notion de « croisement » évoquée plus haut). CECN : Vers quels métiers la section « musiques appliquées » oriente-t-elle les diplômés ? A.F. : Comme je l’ai déjà dit précédemment, vers les métiers de création. La plupart des étudiants inscrits dans cette « spécialité » sont des futurs compositeurs - et non des instrumentistes interprètes - touchant à l’art vidéo, au cinéma (qui sait ?), au théâtre, à la publicité… CECN : Une démarche analogue est-elle à l’étude pour les arts de la parole (on pense au jeu devant la caméra …) ? A.F. : Une réflexion pédagogique naît et grandit effectivement dans ce sens, portée par les étudiants eux-mêmes. A ce sujet, je dois 38

préciser que j’ai déjà eu plusieurs échanges de vues en 2004 avec Bruno Follet, responsable des formations Image et Son Numériques de technocITé et ‘production designer’ pour le CECN. Il s’en est suivi une rencontre en présence de Frédéric Dussenne, professeur d’art dramatique, et de deux étudiants délégués de l’option, David Cordonnier et Quentin Simon. Frédéric Dussenne a proposé de travailler sur une collaboration très élargie plutôt intéressante en termes de pédagogie. En avril 2004, motivé par Bruno, Michel Grigorakis, le formateur qui anime pour ISN les stages de son - et notamment le module de prise de son hors studio -, a invité des apprentis comédiens volontaires pour réaliser des prises de voix avec les stagiaires de technocITé. J’ai compris - après coup, il est vrai - que l’objectif « caché » de cette expérience était de montrer aux étudiants du Conservatoire tout l’intérêt, pour leur futur métier, de connaître les techniques d’enregistrement numérique - sans pour autant avoir besoin de les maîtriser. Fort de cette première expérience dont les étudiants du Conservatoire sont sortis ravis et enrichis, Bruno Follet est venu vers nous avec l’envie de développer cette prise de conscience au sein d’un projet pédagogique plus vaste et coordonné entre nos structures, en accord avec les enseignants concernés : une sorte « d’atelier d’écriture et de réalisation », organisé sur une ou deux années. L’idée serait de travailler des réalisations vidéo dans lesquelles les élèves du domaine du Théâtre et des Arts parlés pourraient se frotter à toutes les étapes de « l’écriture », au sens large, depuis le scénario jusqu’au montage numérique, en passant bien sûr par la prise de vue et la mise en scène. Les activités du département Image & Son Numérique de technocITé, du CECN et celles du Conservatoire trouveraient ainsi un terrain commun qui offrirait une occasion originale et unique. Cette réflexion se fait aussi, évidemment, avec la spécialité de « musiques appliquées » : les exercices écrits et filmés au sein des Arts parlés pourraient en effet être illustrés par des étudiants en musique et en son. CECN : Quels avantages voyez-vous concrètement de la présence à Mons de structures telles que technocITé et le CECN ? A.F. :La synergie entre les différentes institutions ou organismes me semble aujourd’hui primordiale dans notre monde de technologie et de communication. A l’initiative de Bruno Follet, nous cherchons également - c’est encore un exemple - à travailler en collaboration avec le MAC’s, sur le site du Grand-Hornu. Des rencontres proposées régulièrement par ISN et le CECN au Musée d’Arts Contemporains, en accord évidemment avec les choix artistiques de Laurent Busine, permettront de faire venir artistes ou conférenciers de l’image mais aussi

du son et de la musique. Les étudiants du Conservatoire seront bien sûr en première loge pour en profiter. Plus largement, l’avantage majeur est à mes yeux la collaboration entre les deux institutions que sont le Conservatoire Royal de la Communauté française et le Centre de compétence de la Région wallonne « technocITé ». Leur première « rencontre » a permis la création d’une option musicale unique en Communauté française : le cours de composition, spécialité « musiques appliquées ». Cette collaboration - que j’espère élargir avec le CECN tout prochainement - repose sur une convention de partenariat établie entre les deux parties, convention qui implique des droits et devoirs pour chacun, dans un heureux équilibre - organisationnel, technologique (nous partageons des équipements de pointe) et humain. J’ose espérer que les « retombées » en terme de succès et d’affluence serviront les uns comme les autres !

• Mons: a Conservatory open to modernity Interview with André Foulon, director of the Mons Royal Conservatory The establishment of the ‘Digital Sound and Sight’ (DSS) department of technocITé (opened in October 2003) and the Centre for Contemporary Digital Scripts (CCDS) took place at the heart of the Mons Royal Conservatory, directed since 1st May 2000 by André Foulon. Over the last year an agreement reached with technocITé has enabled the launch of training courses in digital technology which greatly benefit the Conservatory who demonstrate a wonderfully receptive approach to this new technology. This ‘marriage’ which is so novel (the Conservatory almost deserves to be renamed the “Innovatory”!) has laid the foundation of a solid and permanent training environment for new technologies in the region. This shared vision has birthed numerous projects be they times of pedagogical reflection or specific investment in the latest recording material for digital sound and imagery. Although the Conservatory has as its main focus the musical and dramatic arts, it is pursuing digital technologies and permanent dialogue with other disciplines. To shed light on this ambitious partnership which is steering

Conservatory students towards tomorrow’s world, André Foulon agreed to this interview. CCDS : How does a Conservatory director, in a conservative environment, open a department of “applied music” which explores digital music technologies? André Foulon: My immediate response would be to say it is common sense! Further education must face the realities of the market place. The Conservatories are still viewed as musical “museums” where tradition is strongly upheld, but I believe this is because the acquisition of vocal or instrumental technique is a lengthy process resulting from a classical approach which originated with the composers themselves. However, this is no longer sufficient; our mission is also to teach current practice, which I mean in the plural sense (use of exotic instrumentalisation, computers, sound engineering...) combined with the variety of cultural expressions present in today’s society. This new music often accompanies other artistic forms such as video art for example, a reality that today’s young musician can no longer ignore. That is therefore our “pretext” for offering lectures on specialist compositions dedicated to “applied music”. The training has very specific applications for musical creations be they of the more classical variety (music for cinema, theatre or dance) or more fundamental (advertising soundtrack).I must add, however, that although demand is high, there is not a single course proposing this option - to my knowledge - in the whole of France. CCDS: The Conservatoire’s core curriculum already included a ‘digital’ option, for example in the use of musical software. A.F. : Yes, but that was merely to explore the use of one digital tool - in addition of course to the lectures by Annette Vande Gorne on electroacoustique music ( acousmatic composition and sound design) where most sophisticated digital material is required, to the extent that we had to relocate her lectures to the “Music and Research” studios at Ohain. It’s worth mentioning here that the arrival of technocITé has enabled the partial return of these lectures. CCDS: What details can you give us concerning these ‘applied musical forms’ and what amount of time is allocated to digital technology? A.F. : We are limited by a recent decree (20/12/01) preventing the creation of new Departments in a Conservatory. We side-stepped this by calling it a “speciality” in a ‘traditional’ composition class,

but we have to respect the core curriculum which leaves us altogether with around 30 hours per week dedicated to digital technologies. This would cover audiovisual sound creation, interactive media, electroacoustique, musical notation of sound objects, synchronisation techniques etc. CCDS: What opportunities are there for applied music graduates? A.F. : The majority of students will be tomorrow’s composers - and not instrumentalists- working in video art, cinema (who knows?), theatre or advertising... CCDS : Are similar developments underway in the ‘vocal arts’? A.F. : Yes, the students themselves are prompting debate on this subject. I’ve met with Bruno Follet who is in charge of training for digital sound/image at technocITé and production designer at CCDS. There followed a meeting with Frédéric Dussenne, professor of dramatic arts, and 2 student delegates to explore broader collaboration in the future. In April 2004 Michel Grigorakis, facilitator for the sound workshops at DSS, invited trainee actors to record voice samples with trainees at technocITé. The hidden purpose of this experiment was to show Conservatory students how relevant digital recording may be for their future careers. Bruno then proposed a combined project, a sort of “production and script-writing workshop” organised over one or two years. The idea would be to work on video clips in which theatrical and ‘vocal arts’ students would jointly work on each ‘writing’ stage from the basic scenario to the digital production, via filming and direction. This will provide a unique opportunity for all specialities to contribute. CCDS: What specific benefits do technocITé and CCDS bring to the setting at Mons? A.F. : Synergy between different organisations is essential in our technological world. This would include further collaboration with ‘MAC’ on site at Grand-Hornu. The regular meetings proposed by DSS and CCDS at the Museum of Contemporary Arts, give students access to a variety of artists from the worlds of sound, image and music. The greatest advantage is the collaboration which has enabled this unique musical option of “applied music”. We hope to develop this with CCDS at an organisational, technological (we share cutting-edge equipment) and human ressources level, in the belief that joint success will benefit both parties! Interview by Bruno Follet

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De Lille 2004 à Lille3000

IIIII Focus Nord-Pas-de-Calais

Lille

Le voyage continue

Propos recueillis par Denis Scoubeau

Le bilan de Lille 2004 affiche une belle réussite, Thierry Lesueur s’en explique et met en orbite le projet de laboratoire culturel baptisé lille3000, dont il a été nommé nouvellement coordinateur, et qui verra le jour dès octobre de l’année prochaine avec l’Inde et les confins de l’Europe orientale (en 2008) comme points de mire. Misant sur le dépaysement, l’exotisme, la différence, mais en n’oubliant pas les enjeux technologiques, nul doute que la manifestation constituera un événement phare à découvrir lors des prochaines saisons.

Après avoir occupé des fonctions d’administrateur et de directeur adjoint au sein de différentes Scènes Nationales, Thierry Lesueur a rejoint en 2002 l’équipe de Lille 2004 où il a en charge le secteur Mécénat/ Relations avec les entreprises partenaires ainsi que quelques projets artistiques (Monde parallèle Pologne et 2 Résidences dans les maisons Folie lilloises). Depuis avril 2005, il est devenu coordinateur général de lille3000 aux côtés du directeur Didier Fusillier. www.lille2004.com www.lille3000.com contact@lille3000.com +33 (0)3 28 52 30 00 Glossaire : Projet Ambassadeur : Près de 18 000 ambassadeurs ont participé bénévolement à l’événement Lille 2004, comme relais d’informations ou dans les coulisses, à la logistique ou l’accueil d’artistes. WAP : La technologie WAP a pour but de permettre à des terminaux mobiles (les téléphones portables par exemple) d’accéder à des documents circulant par des réseaux sans fil. Il s’agit donc de permettre à n’importe quel terminal mobile de pouvoir formater des documents. C’est pour cela qu’un protocole universel a été mis en place : le WAP (Wireless Application Protocol).

© Lille3000

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CECN : Quelles ont été les caractéristiques qui technologies. Cela a montré une fois encore que Lille savait être à la pointe de l’innovation ont permis à Lille 2004 d’être un succès? Thierry Lesueur : La réussite de Lille 2004 résulte et pouvait intégrer des artistes travaillant les dans le fait que le projet a été partagé par nouveaux matériaux et l’art électronique. toutes les collectivités (Europe, Etat, Région, CECN : Etait-ce difficile de trouver dans cette deux Départements et 193 villes), dans lequel région des entreprises à la pointe ou qui l’aspect transfrontalier a également revêtu une avaient le potentiel pour assumer ce que vous grande importance. vouliez montrer dans vos spectacles ou vos Chacun s’est investi autour d’un projet commun : expositions ? les institutions, les acteurs culturels ont tous pu T.L. : Non, car a priori, la motivation d’une proposer un projet qui a été entreprise de soutenir un réalisé dans le cadre de Lille Cela a montré une fois projet est de faire partie de fête et de montrer qu’elle 2004. Je dirais également encore que Lille savait la qu’il ne faut pas hésiter à est présente. Au départ, leurs être à la pointe de s’appuyer sur un réseau choix se sont axés sur des existant, qu’il soit composé de l’innovation et pouvait formes plus traditionnelles et théâtres ou d’infrastructures c’est à ce niveau que notre intégrer des artistes culturelles. Par ailleurs, le travail a été intéressant, projet «Ambassadeurs» a travaillant les nouveaux en les amenant vers des joué un grand rôle, car par choses qui pouvaient mieux matériaux et l’art son intermédiaire les gens correspondre à leurs envies électronique se sont approprié le projet et à leur image. par les fêtes, les Fallas ou les maisons Folie, en impliquant tout le monde. Nous ne nous CECN : lille3000 va-t-il poursuivre dans sommes pas seulement adressés au public de cette démarche d’utilisation des nouvelles convaincus qui va déjà à l’opéra ou au musée, technologies ? mais par l’entremise de lieux qui n’étaient pas à T.L. : Oui effectivement, le fil conducteur que la base identifiés comme lieux de culture, nous l’on va retrouver dans chacune des éditions, avons facilité la rencontre entre le public et les c’est le futur, l’innovation. A la fois grâce à artistes. des expositions qui mettent en scène des En outre, les entreprises se sont investies technologies assez pointues mais en même financièrement dans des projets, voulant par là temps très spectaculaires et pouvant intéresser montrer qu’elles étaient impliquées par ce qui un public très large. Nous insisterons aussi se passait dans leur région et que Lille était une sur cette notion d’innovation, que ce soit ville dynamique, avec un fort potentiel culturel. sur le textile, l’informatique, les images, la En cela, elles ont contribué à renouveler cette communication téléphonique, les voitures, la vie image que certains avaient, d’une région où au quotidien ou les hôtels du futur, etc. tout est gris, où les usines sont fermées… Ces entreprises, par leur communication propre, CECN : Certaines entreprises, comme l’opérateur ont aussi été un relais vers un public, que l’on de téléphonie français SFR, ont d’ores et déjà n’aurait peut-être pas pu toucher autrement. reconduit leur partenariat financier. Est-ce une démarche de soutien à long terme de la culture CECN  : Y a-t-il eu une attention particulière ou une simple opération marketing en vue de portée à l’utilisation des nouvelles technologies l’utilisation de plus de portables dans le futur ? lors de Lille 2004 ? T.L. : SFR a été partenaire officiel de Lille 2004, T.L. : Oui, et cela a contribué au succès de la et, à ce titre, a été extrêmement satisfait de la manifestation. Ce mélange où l’on retrouve profusion de projets et de la dimension innovante à la fois ses racines flamandes, voire même des expositions présentées dans des lieux espagnoles avec des expositions autour de comme le Tri Postal ou les maisons Folie, là où Rubens, Picasso et Matisse - donc des sujets se croisent à la fois le grand public et les artistes plus traditionnels- , et en même temps, à un contemporains importants d’aujourd’hui. même niveau d’exigence, des expositions Ensuite, nous avons vu ensemble, grâce à ou des spectacles intégrant les nouvelles leur cœur de métier, comment ils pouvaient 41


développer de nouveaux outils de diffusion de l’information (le WAP par exemple) et par ce biais, mieux communiquer sur le programme de la manifestation. Les gens pouvaient avoir une explication supplémentaire sur leur portable sur ce qu’ils étaient en train de voir en ville, et cela en temps réel. CECN : Y a-t-il d’autres entreprises prêtes à se lancer dans l’aventure de Lille3000 ? T.L. : Que ce soit sur l’Inde, qui est la thématique de 2006, ou pour les projets futurs, si des partenaires peuvent nous apporter quelque chose de fort d’un point de vue artistique ou qu’ils peuvent relayer de manière originale le projet, cela nous intéresse bien évidemment. Très récemment, nous avons d’ailleurs signé un accord avec Accor, EDF, Auchan et Air France. CECN : Dans cette édition de lille3000 et à travers son rapport aux technologies, avez-vous pensé à la formation des jeunes ou à la sensibilisation des entreprises ? T.L. : Pour l’instant, nous n’avons pas réfléchi à la question des professionnels, par contre la sensibilisation des enfants à la maîtrise des nouvelles technologies lors d’ateliers au sein même des expositions est une piste que nous allons développer davantage.

• From Lille 2004 to Lille3000, the journey continues Following the success of Lille 2004 (Cultural capital of Europe), Thierry Lesueur has been appointed coordinator of the new cultural project baptised Lille3000, to be launched in October next year, the focus being India and Oriental Europe (from 2008). With the emphasis on distinctive, exotic cultures, combined with technological innovation, the project is surely destined to succeed. CCDS: What factors contributed to the success of Lille 2004? Thierry Lesueur: We had the full participation of Europe, Government, the Region, 2 Departments and 193 towns, not to mention crossborder links. Around a common theme, all participants were able to promote projects that came to fruition. Another factor was the existing local network of theatres and cultural structures. In addition, our ‘Ambassadors’ project meant the promotion of festivals, parades and activities at the ‘Maisons Folies’ which reached a different public to those who typically attend cultural events. Businesses also played a key

role via financial investment, portraying Lille as a dynamic city of significant potential. The old image of a grey region of abandonned factories was replaced via vital links to a new public that we would not otherwise have reached. CCDS : Was there a particular focus on new technologies during Lille2004? T.L. : Yes, there was a real mixture of our traditional Flemish, even Spanish roots with exhibitions of Rubens, Picasso and Matisse, alongside other productions using cutting-edge technology which put Lille at the forefront of the electronic Arts. CCDS : Was it hard to find Companies willing to become involved with new art forms? T.L. : Not in the sense that their support promotes their Company, but it was exciting to move them from their more traditional first choices to cultural expressions that could better reflect their image. CCDS : Will Lille3000 also be promoting new technologies? TL: Definitely; the common thread will be the future, innovation. Our exhibitions will be both cutting-edge and highly entertaining to attract a wide audience whether the subject be textiles, information technology, telephones, cars, daily life or futuristic hotels etc.

to develop further. Interview by Denis Scoubeau Having held administrative roles and becoming assistant director to various national theatre groups, Thierry Lesueur joined the Lille2004 team in 2002 where he was responsible for corporate partnerships as well as a number of artistic projets (‘Monde parallèle Pologne’ and 2 other events in the ‘maisons Folie’ of Lille). Since April 2005 he has been appointed General Coordinator for Lille3000 alongside Director Didier Fusillier. Glossary of terms: Ambassadors project: Nearly 18,000 voluntary ambassadors took part in Lille2004 to relay information, provide practical assistance or welcome visiting artists. WAP: WAP technology allows mobile terminals (mobile phones for example) to access documents on the wireless network and then format them.

CCDS : Some firms such as the French phone Company SFR are already financial partners. Are they really promoting culture or their own interests? T.L. : SFR was an official partner of Lille2004, and was delighted by the innovation of our exhibitions at the former postal centre (Tri Postal) or Maisons Folies. They are conscious that new technologies (WAP for example) developed public awareness of events that they could observe in real time. CCDS : Are there other Companies ready to participate in Lille3000? T.L. : Whether it relates to India - our project for 2006 - or otherwise, we are interested in any partners who have an original or artistic contribution to make. Very recently we have signed Partnership agreements with Accor, EDF, Auchan and Air France. CCDS: Has Lille3000 considered Youth Training or Company Awareness Schemes? T.L. : We haven’t yet raised our profile amongst professionals, but many young people were introduced to new technologies via our handson exhibitions and that is something we intend

© Lille3000

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Donato Giuliani

Jeumont

Visites virtuelles : solution d’avenir pour les lieux culturels ? Propos recueillis par Denis Scoubeau

IIIII Focus Nord-Pas-de-Calais

Dans la perspective de valoriser le nombre important de lieux culturels que l’on peut trouver en Flandre, en Wallonie ou dans le Nord-Pas de Calais, les visites virtuelles offrent une solution pratique, conviviale et dotée d’une grande visibilité sur le Web. Le projet de numériser ces lieux de culture et de les rendre accessible par un simple click, a été initié, entre autres, par Donato Giuliani, coordinateur au sein du réseau transfrontalier LEAD. L’implication du CECN dans ce projet a permis de démontrer, s’il le fallait, la pertinence de l’approche technologique dans ce type de démarche.

Glossaire : LEAD : (Linked Euroregion Arts Development) programme cofinancé par le programme INTERREG III A franco-britannique et INTERREG IIIA franco-belge dans sa dimension tripartite (Flandre-Wallonie-Nord-Pas de Calais). Dans cette configuration, la Région Nord-Pas de Calais se positionne comme chef de file. Elle mène LEAD en partenariat avec la Fondation Marcel Hicter, la Province de Flandre Occidentale et la Communauté française de Belgique. www.lead-network.org dgiulani@dacor-npdc.org

CECN : Vous avez lancé un projet de prévisualisation d’espaces culturels en 3D, Les visites virtuelles. Pouvez-vous nous expliquer plus avant de quoi il s’agit ? Donato Giuliani : L’objectif de ces visites est de donner à des professionnels de la scène européenne et internationale, une image fidèle de lieux de fabrication, de création et d’accueil de notre espace eurorégional. Un tel outil d’aide à la décision, placé dans une perspective de recherche de partenariats, est désormais réalisable grâce à la technologie de l’Internet, notamment par le biais du haut débit. Grâce à cette technologie, il est désormais possible de « ressentir » un lieu et ses potentialités à des centaines, voire des milliers de kilomètres.

par exemple sur le versant français), des espaces que les équipes en place souhaitent ouvrir à des expériences de partenariats nouveaux. Le projet des visites virtuelles doivent aussi couvrir ces perspectives. Pour l’instant, la Région Nord-Pas de Calais ayant en totalité financé (avec l’appui de l’Union Européenne) le projet pilote, vous verrez une majorité de lieux situés ici. Mais nous avons également couvert le Kent, la Wallonie et la Flandre, en proposant quelques impressionnants exemples chez nos partenaires.

CECN : Dans quel contexte ce projet s’inscrit-il ? D.G. : Ces visites virtuelles de lieux culturels, qui incluent des panoramiques et des vidéos, s’inscrivent dans le cadre du dispositif LEAD. A l’origine, en 1997, il s’agissait d’un outil sur Internet d’informations culturelles transfrontalières qui décrivait, par des textes et des photos, l’activité d’acteurs culturels ainsi que leurs projets. Aujourd’hui, même dans sa dimension informationnelle, LEAD est beaucoup plus que cela. C’est un véritable programme de développement culturel en Eurorégion. La recherche de partenariats passe par l’utilisation d’infrastructures. En ce sens, pouvoir visiter des lieux à distance est absolument fondamental.

CECN : Le choix de l’entreprise chargée de l’implémentation technique a été décidé en fonction de compétences de modélisation ou de leur compréhension de votre projet ? D.G. : Un appel d’offre a été publié sur le site du Conseil Régional, conformément à la législation en vigueur, et la structure retenue au final l’a été selon les critères établis par la publication. Plusieurs fournisseurs possibles se sont déclarés candidats, et tout le temps requis au choix final a été pris, pour aboutir au résultat vraiment très prometteur visible sur le site.

CECN : Cela correspond-il à une demande de la part des professionnels ? D.G. : Les exemples que vous pouvez explorer sur notre site (www.lead-network.org) font partie d’un projet pilote. Il s’agissait de démontrer par l’exemple que cette offre correspond à une attente et à des besoins de terrain. Nous avons donc abordé la sélection des lieux dans une logique institutionnelle, en recherchant des exemples emblématiques et des partenariats à mettre en place en Eurorégion.

Triennale de l’affiche politique, visite virtuelle © Marc Urlus

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CECN : Quels ont été les critères de sélection de ces lieux ? D.G. : Dans le prolongement de la question précédente, nous avons écarté d’entrée de jeu les lieux normalisés (les théâtres à l’italienne par exemple) ou ceux dont les missions excluent tout ce qui n’entre pas dans leur cahier des charges d’activités. Par contre, il y a très certainement dans les musées, mais aussi les théâtres conventionnés (les Scènes Nationales

CECN : Sur quel genre de support ces images vont-elles être publiées ? D.G. : Sur le Web uniquement… enfin pour l’instant

CECN : S’agit-il d’un projet véritablement transfrontalier ? D.G. : Non seulement transfrontalier, mais également résolument international. Nous l’avons d’ailleurs présenté lors de réunions que nous avons eues avec nos partenaires en Europe (Pologne, Norvège…). CECN : En quoi certaines compétences du CECN peuvent-elles être mises à profit dans la concrétisation future de projets tels que celuici ? D.G. : Définir et mettre en œuvre un outil est une chose, savoir utiliser au mieux ses potentialités en est une autre. Les institutions territoriales à l’origine de LEAD et, par conséquence, des outils tels que les visites virtuelles, ne peuvent et ne doivent être sur tous les fronts, notamment celui de formations pour les professionnels. Il importe en ce sens de rester dans un rôle d’animateur des acteurs en présence, et de continuer à insuffler, puis accompagner, les initiatives qui contribuent à donner du corps aux politiques culturelles. Pour ce faire, il est important d’identifier dans notre espace de coopération transfrontalière des structures dont 45


Actualités

l’expérience et la légitimité, qu’elle émane du terrain, des collectivités ou des deux, n’est plus à démontrer. Pour cette raison il sera important de mettre à contribution ces organismes, afin de développer des modules de sensibilisation et/ ou de formation adaptés à nos problématiques de partenariat et de coopération. Evidemment cela passe par un choix concerté avec les partenaires institutionnels de LEAD. CECN : Quel genre de collaborateurs ou d’organismes envisagez-vous de contacter ? D.G. : Une prise de conscience qu’Internet n’est pas exclusivement un moyen de valorisation, de positionnement ou de marketing, mais aussi un outil d’ingénierie de projets, d’échanges et d’aide à la décision en matière de partenariat est absolument nécessaire. Des organismes comme le CECN ont un savoir-faire, mais aussi une capacité de médiation évidente auprès de cercles d’acteurs culturels. Nous avons constaté par exemple, lors de sessions du même type dans le cadre de LEAD, que celles qui étaient mises en œuvre avec le concours de structures culturelles (de fait acteur/formateur), avaient une portée et suscitaient une implication bien plus forte et à plus long terme du secteur. Sur le rapport existant et à inventer entre nouvelles technologies et action culturelle, cette méthodologie doit être au cœur du programme de sensibilisation et de formation. CECN : Quel genre de formations entrevoyezvous ? A l’utilisation de l’image de synthèse par exemple ? Ou à d’autres techniques ? D.G. : L’expérience acquise par le biais de LEAD, et, il faut le dire, une certaine intuition fondée sur cette expérience, nous amène à rêver un large panel de perfectionnements de ces visites virtuelles au service d’un programme concerté de diffusion au sein de l’Espace de coopération qu’est l’Eurorégion. Un des gros enjeux de la coopération est évidemment la diffusion ou, tout au moins, l’organisation de flux d’échanges équitables…. Se représenter des lieux d’accueil, de résidences, d’installations, etc., c’est faciliter grandement ces perspectives, tout en réduisant les coûts de repérages, aujourd’hui encore indispensables. Les Etats-Unis ont sur ce point une très large avance, ce que nous avons d’ailleurs constaté en participant à des jurys de sélection de sites dédiés aux visites virtuelles de lieux de Culture. Evidemment la géographie américaine, avec des distances entre partenaires potentiels à la mesure du continent nord-américain, est sans doute pour quelque chose dans le fait que d’ores et déjà on peut visiter, de manière très réaliste, visuelle ET sonore, de nombreux lieux. Pourtant, si l’on y réfléchit bien, les distances, sur le Vieux Continent, qu’elles soient virtuelles ou réelles existent tout autant… Les visites virtuelles devraient avoir de beaux jours devant elles.

• Virtual visits: a long-term solution for sites of cultural interest ? With the aim of highlighting the significant number of cultural sites in Flanders, the Walloon region or Northern France, virtual visits on the web may offer a practical solution. The project to digitalise such places, now accessible by a simple click, was initiated by Donato Giuliani, coordinator of the crossborder network LEAD. CCDS involvement in this project highlights the relevance of such a technological approach. CCDS: “You launched this project to visualise sites of cultural interest in 3D. What can you tell us about it? Donato Giuliani: The aim of these virtual visits is to provide professionals with an accurate image of places offering creative potential for their work. Thanks now to broadband Internet access an artist can get the ‘feel’ of a place even if it is hundreds of miles away. CCDS: In what context was this project developed? D.G. : These virtual visits, which included panoramic overviews and videofootage were launched in the context of LEAD in 1997, initially to provide information on cultural activists and their projects. Today it offers much more, becoming a European programme for cultural development. Partnerships require infrastructures, so remote access to sites is essential. CCDS: Where you responding to a perceived need amongst professionals? D.G. : The examples you can see on our website (www.lead-network.org) form part of our pilot project that sought to meet an immediate need for culturally relevant sites across Europe. CCDS: What were the selection criteria for these sites? D.G. : Rigidly traditional venues were not considered, especially those excluding other activites outside their own. On the other hand, there are certainly museums or conventional theatres which are open to new partnerships. Since France’s ‘Nord/Pas-de-Calais’ region financed the pilot scheme, most sites are situated there but you will find some impressive examples in Kent, Wallonia and the Flanders region. CCDS: How was the Company chosen for the technical implementation of the project, and is it truly cross-border? D.G. : The job specification was published on the Regional website and we screened all candidates carefully to find the most suitable

partner. This project is not only crossborder but international and has already been presented as far away as Poland and Norway. CCDS: How can the skills available at CCDS help such projects in the future? DG: Defining and producing a tool is one thing, knowing how to best use its potential is another. Tools such as virtual visits cannot be used in every context, especially not for professional training. LEAD wants to remain in an overseeing role and to encourage initiatives. To acheive this we must identify and work alongside the most appropriate crossborder structures. Raising awareness will encourage partnership and cooperation where there is common vision. CCDS: What kind of collaborators or organisations are you seeking to contact? D.G. : Those who can demonstrate that the Internet is not merely a marketing tool, but a means of generating projects, ideas and longterm partnerships. Organisations such as CCDS demonstrate not only knowledge but have a mediative role amongst cultural activists. In the context of LEAD, for example, we saw that those with an appreciation of cultural structure had greater long-term commitment to the partnership between new technologies and cultural action.

Fondation Dragone & CECN , le retour de Maria de Buenos Aires, Le Sas, Musiques Nouvelles

CCDS: What kind of training do you foresee? The use of synthetic imagery for example, or other techniques? D.G. : The experience acquired by LEAD has left us imagining many possible improvements to these virtual visits within the context of European cooperation. One of the big challenges is the organisation of a fair exchange of information.... highlighting residential sites, facilities etc greatly reduces the costs of on-site inspection which will still be necessary at the final stages. The United States are well ahead of us in this field since American geography, with such significant distances between potential partners, has no doubt prompted the development of very realistic sound and sight access to many cultural sites. Yet when we consider the distances to be covered on our own Continent....virtual visits have a promising future ahead of them. Interview by Denis Scoubeau Glossary: LEAD : (Linked Euroregion Arts Development) is a programme co-financed by the FrancoBritish INTERREG IIIA and the Franco-Belgian INTERREG IIIA across Flanders, Wallonia and headed by the Nord/Pas-de-Calais region. They are in partnership with the Marcel Hicter foundation, the Province of Western Flanders and the French community of Belgium. Expériences de vol, 4-5-6 © Fair Play/Luc Van de Velde

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Fondation Dragone & CECN :

Le retour de «Maria de Buenos Aires»

un partenariat solide aboutit au premier festival HD en Belgique

Propos recueillis par Julien Delaunay

Bruno Follet

Pour la troisième année consécutive, l’asbl Fondation DRAGONE a mis en œuvre un projet cinéma alliant à la fois intégration citoyenne, ouverture sur le monde et échange de savoir-faire. Au centre de ces rencontres, baptisées 5sur5, la ville de La Louvière a vu se croiser les regards de jeunes cinéastes et de réalisateurs confirmés. L’occasion de rencontrer, par exemple, JeanClaude Carrière, scénariste et réalisateur français ayant travaillé, entre autres, avec Luis Buñuel, Jean-Paul Rappeneau ou Milos Forman, tout aussi à l’aise dans l’exercice du scénario que dans celui du conférencier. A l’occasion conteur de ses voyages dans le temps et dans le monde, il a ainsi rejoint le concept de 5sur5, présenté comme un projet de « voyage documentaire autour des 5 continents ».

5 sur 5 © Fondation Franco Dragone

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5 réalisateurs de 5 continents ont ainsi pu vivre pendant 5 semaines une résidence de réalisation de documentaires diffusés au final sur 5 soirées, du 12 au 18 septembre.

L’objectif affiché par la Fondation DRAGONE de créer un projet dynamique intégrant une région, le mélange des cultures et des rencontres avec de nouveaux talents de demain, a naturellement trouvé résonance dans le partenariat établi cette année avec le département ISN de technocITé et le CECN. Le CECN et technocITé ont en effet participé au développement de la production, voulue cette année en vidéo Haute Définition, par l’apport de conseils et le prêt de matériels de prise de vues numériques HD et d’iMac, dans une telle entente que se profilent déjà de nouveaux projets en partenariat tout aussi passionnants.

Créé en mars 2004, lors du Festival VIA, au Théâtre Royal de Mons, Maria de Buenos Aires a entamé par la suite une tournée remarquée en Belgique et en France. Ce célèbre opéra tango d’Astor Piazzolla, joyau de l’écriture musicale et poétique argentine, a fait l’objet d’un traitement personnel du metteur en scène Lorent Wanson qui a travaillé avec l’Ensemble Musiques Nouvelles pour nous enchanter sur scène avec une interprétation fine et gestuelle de cette partition puissante. Jean-Paul Dessy, directeur musical de Musiques Nouvelles, coordinateur pour les aspects musicaux de cette lecture actuelle de Maria de Buenos Aires revient sur cette création aux croisements du théâtre, de la musique et de la danse. Jean-Paul Dessy : On connaît les deux enjeux est souvent réservée aux musiciens argentins. principaux dans un opéra : la musique et le Pour l’élaboration de « notre » Maria, il y a eu un texte. Avec Maria de Buenos Aires, on se trouve travail interprétatif puissant dans la constante face à une œuvre où le texte est vraiment à la quête d’un son éloigné d’un pseudo tango de hauteur de la musique. Piazolla a réussi l’alliage salon ou folklorisant. Nous avons tenté avec improbable du populaire et du savant. Pour les musiciens mais aussi les acteurs et les l’y aider, il a fait appel à l’un des plus grands danseurs associés, d’aller à l’essence même auteurs argentins, Horacio Ferrer. Ensemble de l’implacable et de l’irrépressible motricité ils ont créé une œuvre commune, dans une de cette musique-son qu’est le tango, une sorte de ferveur amicale. Dans le cadre du musique-corps ici totalement incarnée dans un manège.mons qui fait le trait d’union entre certain type de gestuelle. Nous avons opéré ce Musiques Nouvelles et le Centre dramatique travail d’incorporation maximale du geste tango hennuyer (puis le Phénix, Scène nationale de qui est aussi le corps du musicien qui danse le Valenciennes, est venu ajouter son soutien à tango avec son instrument. En effet, le tango est notre co-production), Maria de Buenos Ares également une « danse à l’instrument ». Dans est, de fait, la première production ambitieuse ce souci d’incorporer le tango en dehors d’une entre les secteurs théâtral et musical. Je convention opératique classique avec des collabore depuis une quinzaine d’années avec voix lyriques et toute la lourdeur que cela peut le metteur en scène Lorent Wanson (notamment amener, le choix s’est porté vers des chanteurs pour son adaptation des Bonnes de Genet, qui ne venaient pas de la voix stylisée. Nous d’En Attendant Godot de Becket ou encore avons fait appel à des personnalités vocales de Salomé d’Oscar Wilde) qui a osé le geste singulières, l’une venant de la scène rock artistique d’une lecture personnelle et forte de (Delphine Gardin), l’autre, Roberto Cordova issu cet opéra. L’enjeu pour Musiques Nouvelles de la chanson traditionnelle sud américaine. La était de se mesurer à une œuvre majeure de force de leur vocalité a été décuplée grâce à leur Piazolla et par là de se confronter au tango, une complet investissement dans l’aspect scénique, musique extrêmement liée au territoire et qui en tant qu’acteurs à part entière du spectacle.

Maria de Buenos Aires © Alessia Contu

Avec Lorent Wanson, la réussite de cette production nous pousse vers de nouvelles collaborations mêlant intimement théâtre et musique, et nous rêvons déjà à d’autres belles choses... Par ailleurs, cette production va donner lieu à un enregistrement discographique qui sortira en 2006. Aujourd’hui, outre la version originale et historique de Piazolla par lui même (quasi indisponible), il y a, me semble-t-il, une réelle attente du public (impression corroborée par les réactions enthousiastes tant des spectateurs que des professionnels lors de notre première tournée en France et en Belgique) pour une nouvelle version discographique, une lecture contemporaine de cet opéra que nous enregistrerons en décembre 2005.

Reprises de Maria de Buenos Aires Du 15 au 19 novembre au Théâtre National, Bruxelles Du 16 au 18 décembre au Théâtre de la Place, Liège

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«Le Sas,»

Musiques Nouvelles :

Bérengère Deroux

Julien Delaunay

Les technologies du son et de l’image au cœur du travail théâtral mis en scène par Sylvie Landuyt

Le Sas - Sylvie Landuyt © Alessia Contu

Actrice avant tout, Sylvie Landuyt a participé à de nombreux projets du Centre Dramatique : Aglavaine et Célisette, Kasimir et Karoline, Conversation en Wallonie, Lou… Depuis quelques années, elle explore aussi l’écriture sur le plateau : elle couche sur le papier des idées, des envies qui lui semblent urgentes. Elle participe à différents stages d’écriture, dont trois avec l’auteur belge contemporain Eric Durnez. Elle écrit Lou en 2003. Cette fois, Sylvie Landuyt se lance corps et âme dans la mise en scène avec Le Sas. Baptême du feu brillamment réussi pour cette première mise en scène de Sylvie Landuyt. Ce petit bout de femme, la trentaine, passionnée, douce, enragée, intuitive et bosseuse, nous la connaissions surtout en tant que comédienne, à maintes reprises épinglée et félicitée par la presse, la profession ou le public pour la qualité de son travail. Elle a d’ailleurs fait partie de nombreuses productions du manège.mons/ Centre Dramatique (Aglavaine et Sélisette mise en scène de Frédéric Roels (1999), Conversation 50

en Wallonie mise en scène d’Armand Delcampe (2001), Kasimir et Karoline mise en scène de Michael Delaunoy (2002), La Nuit à l’envers mise en scène de David Gerry (2002),…). Il y a deux ans, nous l’avions découverte en tant qu’auteur avec son premier texte : Lou, qu’elle interprétait dans une mise en scène de Magali Pinglaut (2003). Porteuse active de ce projet, elle avait goûté à l’insertion de la vidéo et du matériau sonore dans la conception d’un spectacle. Relevant sans cesse de nouveaux défis, Sylvie rêve déjà à la prochaine facette artistique qu’elle compte explorer : la mise en scène. Elle s’inscrit donc à plusieurs formations du CECN pour découvrir par elle-même l’ensemble des possibilités et des outils qu’offrent les technologies numériques. Forte de cet apprentissage, Sylvie se lance corps et âme dans la mise en scène avec un texte de Michel Azama, dont le récit prend place dans l’univers carcéral. Pour Le Sas, créé en juillet 2005 dans le cadre du Festival au Carré à Mons, elle approfondit ses recherches et propose un résultat assez surprenant : une femme seule sur le plateau (superbe Jo Deseure) nous livre ses doutes et angoisses à la veille de sa sortie de prison. Intimité, douceur et proximité sont les besoins qu’elle manifeste.

Grâce à l’utilisation toute en finesse de micros et à un travail sonore pointu, accompagné par l’interprétation subtile de deux musiciens (Louis Cardinal et Hugues Fanuel), la moindre nuance, aussi secrète ou contenue soit-elle, nous parvient et nous émeut. L’alliance scellée entre la voix de la comédienne et les technologies de pointe utilisées ici rend le propos plus fort et plus lisible et agit comme un réel amplificateur d’émotions, une caisse de résonance dramaturgique aussi et surtout. Marc Cerfontaine, vidéaste, réalise lui aussi ce travail subtil d’accompagnement de la comédienne, l’enveloppe, à quelques moments, d’un univers mystérieux : instants de nostalgie, souvenirs, cauchemars… La Presse salue unanimement la réussite complète du spectacle. A noter encore la nomination de Jo Deseure aux Prix du Théâtre 2005 en tant que meilleure actrice. A suivre donc… Deux dates sont programmées cette saison à la Fabrique de Théâtre de La Bouverie (les 13 et 14 octobre 05) et une tournée est également prévue au cours de la saison 2006/2007. Une production de L’Agora Théâtre, en coproduction avec le manège. mons/Centre Dramatique et la Fabrique de Théâtre, avec l’aide du CECN et la Communauté française Wallonie-Bruxelles, service du théâtre.

dernières expériences de vol et traversées électro-contempo

Très actif non seulement dans la production de créations live mais également dans une discographie de plus en plus riche, Musiques Nouvelles a sorti récemment deux CDs qui mettent en exergue des rencontres singulières et fructueuses. Expériences de vol 4-5-6 clôt un programme de résidences, commandes et concerts lancés avec Art Zoyd Studio1 qui a réunit au total pas moins de 26 compositeurs issus d’horizons variés mais dont les œuvres se situent à la croisée des musiques contemporaines, classiques et électroniques. Après un premier triple CD (sorti chez Sub Rosa en 2002), ce nouveau triptyque propose des pièces de Giuliano D’Angiolini, Phill Niblock, Iancu Dumitrescu, Zbigniew Karkowski, François Bernard Mache, Riccardo Nova, Marie-Hélène Fournier, Francis Faber, Henri Algadafe, Stevie Wishart, Phil Von, Todor Todoroff et Daniel Denis, qui sont l’intégrale des Expériences de vol 4, 5 et 6. Refusant les étiquettes et une approche sélective, Jean-Paul Dessy (Musiques Nouvelles) et Gérard Hourbette (Art Zoyd) ont courageusement opté à nouveau pour un panorama exhaustif de l’impressionnant travail réalisé au cours de ces deux dernières années dans le cadre du Centre de production musicale transfrontalier, entre Mons et Valenciennes, qui a pu voir le jour à la faveur du programme européen Interreg III. Ensemble, ils contribuent à l’expansion de « deux mondes sonores trop souvent séparés qui s’inventent une langue

commune ». Pour le deuxième volume de la série électrocontempo2, après un premier CD collaboratif et fluide au titre ad hoc, Play along (sorti en 2004 chez Sub Rosa), qui réunissait le « flâneur électronique » londonien Scanner, Jean-Paul Dessy et Musiques Nouvelles, l’ensemble se confronte cette fois à un autre représentant émérite de la scène électro-chercheuse internationale, DJ Olive, subtil manipulateur new-yorkais de platines et de sons électroorganiques, que l’on a pu entendre récemment aux côtés, entre autres, de Kim Gordon (Sonic Youth), du jazzman Uri Caine ou encore du regretté compositeur de Presque rien, Luc Ferrari. A travers les 7 plages de Scories tour à tour panoramiques, énigmatiques, enjouées, rebelles, énergétiques… l’auditeur peut lui aussi sentir le plaisir de la rencontre entre ces musiciens tout aussi capables d’improviser brillamment en dehors des chemins balisés que de se retrouver aussi précisément sur quelques repères (la notion de « comprovisation » avancée par JeanPaul Dessy semblant particulièrement adéquate à ce type d’ « écriture instantanée »). L’envoûtant concert que le combo a donné, en septembre dernier, pour l’ouverture du Festival Happy New Ears à Courtrai où était parallèlement présenté ce CD joyeusement inclassable, nous donne envie de suivre l’aventure et d’avoir le plaisir –rare- de découvrir d’autres Scories tout aussi inspirées et inspirantes.

Scories © Sub Rosa

Art Zoyd Studio & Musiques Nouvelles Ensemble : Expériences de vol 4 5 6, CD Fairplay DJ Olive versus Jean-Paul Dessy & Ensemble Musiques Nouvelles : Scories, CD Sub Rosa DJ Olive créera avec Musiques Nouvelles une bande son live du film The Cameraman réalisé en 1928 par Buster Keaton, le 24 février au Petit Théâtre Mercelis (Bruxelles) et le 25 février 2006 au Palais des Beaux Art de Lille. Voir aussi l’entretien réalisé par Philippe Franck avec Jean-Paul Dessy et Gerard Hourbette à propos des Expériences de vol publié dans le numéro 1 du magazine du CeCN en septembre 2004 2 Lire à propos des créations électro-contempo, les commentaires de DJ Olive et de Scanner dans ce même premier numéro du magazine CeCn 1

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News

• The Dragone Foundation and CCDS: a solid partnership

•The return of ‘Maria of Buenos Aires’

For the third consecutive year, the Dragone Foundation has launched a cinema project which integrates the ordinary citizen and is both open to the world and open to the free exchange of knowledge. At the heart of these meetings, under the heading 5sur5, the town of La Louvière has facilitated the meeting of young filmakers with their more experienced counterparts.

Created in March 2004 during the VIA festival at the Theatre Royal in Mons, Maria de Buenos Aires received critical acclaim on tour in Belgium and France. This famous opera by Astor Piazzolla, a jewel in the crown of Argentinian musical poetry, was given, by director Lorent Wanson in collaboration with the Musiques Nouvelles ensemble, a fine dramatic interpretation of this powerful work. Jean-Paul Dessy, musical director with Musiques Nouvelles, spoke to us about this production at the crossroads of theatre, music and dance.

It’s the chance to meet, for example, JeanClaude Carrière, French scriptwriter and producer who has worked, amongst others, with Luis Buñuel, Jean-Paul Rappeneau or Milos Forman, and who is equally at home with screenplay as with conference-speaking. Given the occasion to describe his travels around the world over long years, he unfolded the concept of ‘5sur5’, presented as a “documentary journey across the 5 continents”. 5 film directors from the 5 continents who were invited to take part in a 5-week residential workshop produced documentary films shown over the last 5 evenings, from the 12th to 18th September. The stated aim of the Dragone Foundation to create a dynamic, regional project, the mix of cultures and the meeting with up-andcoming new talent found a natural echo in the partnership established this year between the ISN Department at technocITé and CCDS. CCDS and technocITé participated in fact in the development of these productions which this year used High Definition video, and benefited from their technical advice and the loan of digital HD and iMAC materials to such an extent that discussions are already underway to develop some exciting new projects in the same partnership dynamic. Bruno Follet

Jean-Paul Dessy: The two main challenges for any opera are the music and the script; Maria de Buenos Aires has a storyline as powerful as its music. Piazzolla sollicited the help of one of Argentina’s greatest authors, Horacio Ferrer with whom he co-produced this work. In the context of manège.mons who facilitated the collaboration between Musiques Nouvelles and the ‘Hennuyer’ drama centre (later joined by the ‘Phénix’ theatre group from Valenciennes), Maria de Buenos Aires is in fact the first ambitious co-production between the theatre and music sectors. Over the last 15 years I have worked with director Lorent Wanson ( on his adaptation of Les Bonnes by Genet, En attendant Godot by Becket or again Salomé by Oscar Wilde) who dared to radically personalise this opera. The task for Musiques Nouvelles was to rise to the challenge of the tango, a music often perceived as the sole domaine of Argentinian musicians. We constantly strove for a sound faithful to the original, encouraging not only the musicians but also actors and dancers to touch the very heart of this irrepressible tango rhythm, incarnated by every last gesture. We encouraged the musicians to ‘dance the tango with their instruments’, and we sought singers who would take the vocals beyond conventional opera by

their unique personal style, one coming from the rock scene (Delphine Gardin) and the other, Roberto Cordova from the traditional sound of South America. Their vocal strength was greatly enhanced by their total commitment as actors in their own right. The success of this production is prompting us to further collaboration with Lorent Wanson that will mix theatre and music, and we are already dreaming of good things to come... In addition, a recording will be made of this production, to be released in 2006. Apart from Piazzolla’s original version, now largely unavailable, it seems that there is a real public eagerness for this contemporary version of the opera which we will therefore be recording in December 2005. Interview by Julien Delaunay Future performances of Maria de Buenos Aires From 15 to 19 November at the National Theatre, Brussels From 16 to 18 December at the ‘Theatre de la Place’, Liege

• ‘Le Sas’, sound and image technology at the heart of theatre with director Sylvie Landuyt

Always ready for a fresh challenge, Sylvie prepared for the next stage in her artistic career, drama production. After several training courses with CCDS, including those on digital technology, she became the enthousiastic director of a script by Michel Azama set in a prison environment. In her production Le Sas performed in July 2005 at the ‘Carré’ Festival in Mons, she surprised the audience with a sole female actress (the excellent Jo Deseure) sharing her doubts and fears on the eve of leaving prison, expressing clearly the intimacy, tenderness and closeness that she so badly needed. Thanks to the subtle use of microphones and hi-tec soundtrack, subtlely accompanied by musicians Louis Cardinal and Hugues Fanuel, the slightest emotion gripped us and the combination between voice and technology wonderfully reinforced the dramatical resonance. Marc Cerfontaine equally played his part as video director, surrounding the actress at times in a mysterious universe of nostalgia, memories and nightmares... There were rave reviews by the Press and Jo Deseure was nominated best actress for the Prix du Théâtre 2005, to be announced.... Touring is planned for 2006/2007 Bérengère Deroux Primarily an actress, Sylvie Landuyt has performed in various productions at the Centre Dramatique: et Célisette, Kasimir et Karoline, Conversation en Wallonie, Lou... Over recent years she’s explored playwriting, expressing ideas and pressing needs. She has participated in different script-writing workshops, including three by contemporary Belgian author Eric Durnez. She wrote in 2003. Le Sas was her first enthousiastic venture as director.

A baptism of fire passed with flying colours by Sylvie Landuyt, thirty something, passionate and intuitive, who first came to the attention of the Press and Public by the quality of her acting at the manège.mons/Centre Dramatique (Aglavaine et Sélisette by Frédéric Roels (1999), Conversation en Wallonie by Armand Delcampe (2001), Kasimir et Kaoline by Michael Delaunoy (2002) and La Nuit à l’envers by David Gerry (2002). 2 years ago she wrote and performed her first script Lou , directed by Magali Pinglaut (2003), in which she integrated video clips and sound material.

A production by Agora Théâtre, in assocaition withle manège.mons/ Centre Dramatique and the Fabrique de Théâtre, with the help of CCDS and the Brussels-Wallonia community at the service of theatre.

• Musiques Nouvelles: latest ‘Expériences de vol’ Phill Niblock and electrocontemporary journeys

Very active not only in the domaine of live performances but also in recorded material, Musiques Nouvelles have recently released Two CD’s which spring from fruitful encounters. Expériences de vol 4-5-6 is the product of residential workshops and concerts in collaboration with Art Zoyd Studio(1) who assembled no less than 26 composers of various backgrounds whose work is at the crossroads of contemporary, classical and electronic music. After a first triple CD, this new venture presents tracks by Giuliano D’Angiolini, Phil Niblock, Iancu Dumitrescu, Zbigniew Karkowski, François Bernard Mache, Riccardo Nova, Marie-Hélène Fournier, Francis Faber, Henri algadafe, Stevie Wishart, Phil von, Todor Todoroff and Daniel Denis. Refusing to conform to a particular label, JeanPaul Dessy (Musiques Nouvelles) and Gérard Hourbette (Art Zoyd) aimed rather for a panoply of impressive work produced over the last two years at the Centre for crossborder musical production, between Mons and Valenciennes, in the context of the European Interreg 3 programme. Together they are expanding “two worlds of sound, too often separated, that are discovering a mutual language”.

For this second volume in the electrocontemporary series(2), after a first CD in 2004 entitled Play Along, featuring “the strolling electronic minstrel” London artist Scanner, Jean-Paul Dessy and Musiques Nouvelles, the CD features DJ Olive, New York artist who manipulates both turntable and electro-organic sounds and who has previously worked with Kim Gordon (Sonic Youth), jazzman Uri Caine or sorely-missed composer Luc Ferrari. The music of Scories is panoramic, enigmatic, rebellious, energetic...the listener can feel the musicians pleasure as they improvise brilliantly around common threads (the notion of “comprovisation” mooted by Jean-Paul Dessy seems particularly appropriate to this type of “instantaneous scripting”). The Musiques Nouvelles concert last September that inaugurated the ‘Happy New Ears’ Festival in Courtrai at which this ‘unclassable’ CD was also presented, whetted our appetite for other musical adventures and to have the rare pleasure of discovering other Scories as inspiring as this. Julien Delaunay Art Zoyd Studio & Musiques Nouvelles Ensemble: Expériences de vol 4 5 6 CD Fairplay DJ Olive versus Jean-Paul Dessy & Ensemble Musiques Nouvelles: Scories CD Sub Rosa DJ Olive will perform with Musiques Nouvelles a live soundtrack of the film The Cameraman produced in 1928 by Buster Keaton, on February 24th at the ‘Petit Théâtre Mercelis’ (Brussels) and February 25th 2006 at the Fine Arts Museum of Lille. (1) See also the interview by Philippe Franck with Jean-Paul Dessy and Gerard Hourbette concerning ‘Expériences de vol’ published in the first edition of the CCDS magazinein September 2004 (2) The commentaries on electro-contemporary productions by DJ Olive and Scanner can also be found in the CCDS first edition.

Photos © Fondation Dragone, © Alessia Contu

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Ce qu’en dit

la presse ■ A propos de «City Sonics», organisation Transcultures (en partenariat avec le CECN, technocITé, La Ville de Mons et le manège.mons/ Musiques Nouvelles)

«…A l’étage, vrombissent les drones de Phill Niblock sur des images d’hommes au travail. Figure du minimalisme américain, le compositeur, également cinéaste, s’est mis à la musique parce qu’il ne trouvait rien de satisfaisant pour illustrer ses images. Une œuvre emblématique de l’esprit du Festival qui tente de replacer l’art sonore dans l’Histoire, toutens’ouvrantlargementàtoutesseshybridités. […] ou encore ces «Rotor(s)» hypnotisants, magmaaudiovisuelstournoyantsetincandescents qui aspirent l’auditeur dans leur gouffre infernal. Aproximité,lessculpturesdélicatesd’Emmanuel Lagarrigue, dont les cordes de guitare et les minihaut-parleurs dessinent une silhouette qui émet du son formant un tout symbiotique… » Marie Lechner, Libération, 14 juillet 2005 «… sous la baguette inspirée de Philippe Franck, de Transcultures, le son quitte les sentiers battus des studios et des scènes pour envahir des lieux d’architecture,depassage,decultureetsedonner à entendre aux curieux d’inédits… » Claire Bortolin, Le Soir, 14 juin 2005 «… Le festival «City Sonics» est un des plus originaux. Il veut dépolluer nos oreilles, explorer les sons, jeter des ponts entre les disciplines et nousbaladerenvilledemanièreoriginale.Monsa trouvé un créneau original. […] C’est la troisième année consécutive que Mons propose pendant l’été cette balade dans ses vieux quartiers à la découverted’expériencessonores,parfoistenues, parfois minimalistes, souvent ludiques… » Guy Duplat, La Libre Belgique, 17 juin 2005 «… des sons plastiques, organiques, des sons rebelles et ambiants, des sons du réveil et de l’hypnose, des sons du parasitage, analogiques ou numériques, des sons de machines et des sons de bouche […] City Sonics, le parcours, le disque : rêveries sonore d’un promeneur attentif…» Steven Hearn, Octopus, juillet 2005 «…Les Folies de Maubeuge accueillent elles aussi ces parcours sonores […] (dont) le plus séduisantsemblebienêtrel’invitationaumassage d’Isa Belle : elle pose des bols tibétains et des

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cloches sur votre corps et ce sont leurs vibrations qui vous apportent un massage harmonisant. Un massagevibratoiredequinzeminutesquipromet un voyage intérieur plein de sérénité…» M.C. H., La Voix du Nord, 2 juillet 2005 ■ A propos de «Les familiers du labyrinthe», chorégraphie de Michèle Noiret

«…On retrouve l’élégance de Michèle Noiret dans les «Familiers du labyrinthe». Des panneaux mobiles en volutes d’Alain Lagarde composent et recomposent l’espace. Gris comme du béton, ils pourraient écraser les petits hommes qui évoluent sur le plateau. Mais, en faisant alliance avec la musique deTodorTodoroff, ils structurent la scène, l’espace et le temps et deviennent des logis pour les danseurs» Libération, MarieChristine Vernay, le 18 février 2005 «… «Les Familiers du labyrinthe» signé par la Belge Michèle Noiret, a imposé la séduction faussement lisse de cette chorégraphe, véritable héroïne nocturne. L’errance de ces personnages quiavancentetreculentcommedansunecoquille d’escargot, se soulage dans des frottements de mains compulsifs. Michèle Noiret sait les affres du corps lorsque la douleur échappe à la raison. Un talent qu’elle sublime avec une frissonnante élégance. Le Ballet de l’Opéra a su en capter l’amplitude…» Le Monde, Rosita Boisseau, le 4 février 2005 «…La chorégraphe belge Michèle Noiret se distingue par le climat fluide et mystérieux de sa danse qui ne fait qu’un avec la musique et une scénographie d’une étonnante beauté. «Les Familiers du labyrinthe» n’échappe pas à la règle,etlestroismonumentauxélémentsmobiles d’Alain Lagarde mis en valeur par les lumières de XavierLauwersexercentuneétrangefascination. La musique concrète deTodorTodoroff accentue le caractère sombre de l’œuvre qui se déroule à contre-jour ou dans la pénombre. [...] L’oeuvre prend forme avec les interventions de Nolwenn Daniel et de Jean-Christophe Guerri et les images abstraites du vidéaste Fred Vaillant à qui l’on doit également la spectaculaire projection des danseurs en noir et blanc sur grand écran. Dans cette dernière séquence, on retrouve tout le talent de Michèle Noiret, enfin à son aise avec des danseurs qui semblaient parfois lui

échapper…» René Sirvin, Le Figaro, le 5 février 2005 «…Michèle Noiret jouait gros jeudi soir à l’Opéra de Paris. Première chorégraphe belge invitée à créer une pièce pour le ballet de cette prestigieuse maison, elle a magnifiquement gagné son pari avec une pièce qui parvient à utiliser les ressources du lieu et des interprètes, tout en livrant une œuvre dans la droite ligne de son travail personnel. [...] Utilisant la rigueur du geste et la technique de ses interprètes, Michèle Noiret les entraîne sur de nouveaux chemins. Mouvements de mains ultra-rapides, immobilité lourde de présence, mise en mouvement du groupe subite, petits déplacements, lenteur et vivacité, sobriété et personnalité. Pas question ici d’un corps de ballet uniforme mais bien d’individus évoluant dans un même univers…» Le Soir, Jean-Marie Wynants, 5-6 février 2005 «…Pour Michèle Noiret, l’événement est de taille. Une forme de consécration, un sacré défi aussi: sa rigueur ultracontemporaine appliquée à un corpus de quinze jeunes danseurs, de formation ultraclassique, dans cette maison prestigieuse. Où la chorégraphe ne perd rien de ce qui fait l’âme de ses oeuvres. (...) Il y a d’ailleurs quelque chose de l’insecte dans l’étrange société, le corps mouvant que forment les quinze danseurs. Reptations,courses,stupeursetdémangeaisons, entraves et obsessions. Une vibration organique, une violence intérieure, de rares apaisement habitent ce dédale étrange qui nous apparaît, parallèlement, intensément urbain. … » La Libre Belgique, Marie Baudet, le 5-6 février 2005 ■ A propos de «Le Sas», mise en scène de Sylvie Landuyt

«…Pour sa première mise en scène, Sylvie Landuyt a choisi un sujet rude, qui la touche, qu’elle aborde avec simplicité, sensibilité, délicatesse. Et avec, surtout, une actrice majeure tout autant que discrète. Intense et magnifique, Jo Deseure donne chair radieuse à cette sombre héroïne… Cette création nous atteint de plein fouet… » Marie Baudet, la Libre Belgique, 9 et 10 juillet 2005 « …Jo Deseure, prodigieuse… Coup d’essai

et coup de maître : Le Sas, la première mise en scène de Sylvie Landuyt, frappe un grand coup. Et comme toute commotion, ce Sas laisse une trace, un gros bleu qui restera longtemps violet… Sylvie Landuyt assure la mise en scène avec une dextérité sereine, y déversant autant de tripes et d’intuition qu’elle y met de la tête… » Michèle Friche, Le Soir, 9 et 10 juillet 2005

un vent de Folie sur la région du Centre. Les Créations du Dragon, devenues la branche cinéma de la société Dragone, et flanquée de la Fondation éponyme, ont à nouveau fait appel à cinq jeunes prodiges de l’image issus des cinq continents…» Fabrizio Schiavetto, Le Soir, 24 septembre 2005

■ A propos de «Maria de Buenos Aires», mise en scène Lorent Wanson

• What the press says

«…Le genial Ensemble Musiques Nouvelles fend les cordes de ses violons pour trancher l’air à coup de milonga et de contrayumba et donner la réplique au non moins formidissime chanteur Roberto Cordova. A ses côtés, Delphine Gardin prête sa voix âpre et sulfureuse à l’éperdu besoin d’amour de Maria, tandis que le fiévreux Philippe Grand’Henry, en poète maudit, évoque son souvenir… LorentWanson apporte à l’œuvre quelques fulgurances… » Catherine Makereel, Le Soir, 21 mars 2005 «… C’est une vraie réussite qui captive le public pendant près de deux heures. Il faut dire que la Maria de Delphine Gardin a de la flamme, du mystère et des fêlures à revendre…L’autre voix du spectacle, c’est Roberto Cordova qui a su trouver les accents vrais et déchirants mais jamais larmoyants du chanteur de rue… Et l’on ne saurait assez louer les onze musiciens de l’Ensemble Musiques Nouvelles qui soutiennent de bout en bout la vérité de cette musique poignante et intransigeante. De là-haut où il doit converser avec Carlos Gardel et Jorge Luis Borges, Piazzolla peut être content de lui et de nos artistes… » Philippe Tirard, La Libre Belgique, 21 mars 2005

■ With regards to “City Sonics”, crosscultural organisation (in partnership with CCDS, technocITé, the town of Mons and ‘le manège.mons/Musiques Nouvelles)

“....above them, the throbbing drones of Phil Niblock representing men at work. Cult figure of American minimalism, the composer and playwright turned to music because nothing else satisfied him for illustrating his images. An emblematic work in the spirit of this Festival which is seeking to re-write the history of soundart, whilst exploring all hybrid forms. [...] or again these hypnotising Rotors, incandescant audiovisual magma which draw the listener into their infernal pit. Close by, the delicate sculptures of Emmanuel Lagarrigue whose guitar-cords and miniature loud-speakers outline a silhouette forming a symbiotic whole...” Marie Lechner, Libération, 14 July 2005 “...conducted by the inspired baton of Philippe Franck of Transcultures, the sound leaves the well-trodden path of stage and studio to invade the very architecture, passage-ways and culture, to be heard by those in search of the new experience...” Claire Bortolin, Le Soir, 14 June 2005

“...The “City Sonics” Festival is highly original. It seeks to unpollute our ears, reveal sounds, cross multidisciplinary bridges and enable us to «…Cinq réalisateurs, des cinq Continents, explore the city in a new way. Mons has found its pour cinq semaines à La Louvière. Un séjour niche. [ ...] It is the third consecutive year that marqué par l’intensité des rencontres et une Mons has proposed this summer stroll through créativité exaltante…» its old quarters in search of audible adventures, Franca Rossi, sometimes minimalist, often simply good fun...” La Libre Belgique, 12 septembre 2005 Guy Duplat, La Libre Belgique, 17 June 2005 ■ A propos de «5sur5», de la Fondation Franco Dragone

«…Pour sa troisième édition, le festival de “...sounds that are plastic, organic, rebellious and courts métrages documentaires 5sur5 souffle wandering,awakeningandhypnotic,scrambled,

analogical or digital, machine-like or spoken [...] CitySonics,thejourney,therecord:sounddreams of an attentive stroll...” Steven Hearn, Octopus, July 2005 “...the ‘Folies’ theatre in Maubeuge also hosts these sound journeys [...] of which the most seductive would appear to be the invitation to a massage by Isa Belle: she attaches Tibetan bowls and bells to your body and it is their vibrations that provide the harmonious massage. A fifteenminutevibratingmassagewhichoffersaninterior journey towards serenity...” M.C.H., La Voix du Nord, 2 July 2005 ■ With regard to ‘Les familiers du labyrinthe’, choreography by Michèle Noiret

“... One discover the elegance of Michèle Noiret in “Les Familiers du Labyrinthe”. The voluted mobile panels by Alain Lagarde create and recreate the scene. As grey as concrete, they could crush the small figures on the stage. But allied with the music of Todor Todoroff, they give structuretothetime,spaceandstageandbecome a shelter to the dancers...” Libération, Marie-Christine Vernay, 18 February 2005 “...’Les familiers du labyrinthe’ by Belgian artist Michèle Noiret, has underlined the deceptive seductionofthischoreographer,atrulynocturnal heroine. These wandering characters who turn this way and that as if in a snail’s shell find release in the compulsive rubbing of hands. Michèle Noiret knows the trials of the human body when pain escapes our understanding. A talent that she portrays with shuddering elegance.The‘Ballet de l’Opéra’ captured the magic...” Le Monde, Rosita Boisseau, 4th February 2005 “... The Belgian choreographer Michèle Noiret distinguishes herself by the mysterious fluidity of her dance that is as one with the music and astonishingly beautiful stage design. Les “Familiers du labyrinthe”follows in this tradition, and the three monumental mobile screens by Alain Lagarde, enhanced by the lighting of Xavier Lauwers inspire a strange fascination. The sobre music of Todor Todoroff emphasises the dark side of this production which unfolds in the halflight. The black images are attractive, but after a spasmodic solo by Benjamin Pech, the show struggles to find rhythm. It rediscovers shape via

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CECN Retour d’expériences CCDS Delegate feedback the intervention of Nolwenn Daniel and JeanChristophe Guerri and the abstract images of video-director Fred Vaillant with his spectacular big-screen projections of dancers in black and white. In this final sequence we rediscover Michèle Noiret’s talent, finally mastering these dancers who seemed at times to elude her...” René Sirvin, Le Figaro, 5 February 2005

master-stroke: Le Sas, first production by Sylvie Landuyt, is utterly gripping. And as with any emotionally-charged event, this Sas leaves its mark, like a large bruise with persistent crimson stain...Sylvie Landuyt handles the production with serene skill, pouring in as much gut-feeling and intuition as sober assessment....” Michèle Friche, Le Soir, 9-10 July 2005

“...Michèle Noiret played for high stakes Thursday evening at the Paris Opera House. The first Belgian choreographer to be invited to produce a ballet at this prestigious venue, she won her bet in style with a show that uses the ressources of both place and performers, whilst remaining utterly faithful to her personal work. [...] Using the gestual rigour and technique of her performers, Michèle Noiret takes them along unfamiliar paths. Ultra-rapid hand movements, brooding immobility, sudden group movement, slight gestures, calm and vivacity, sobriety and personality. Not a case of ballet troupe uniformity, but of individuals evolving in the same universe..” Le Soir, Jean-Marie Wynants, 5-6 February 2005

■ With regards to ‘Maria de Buenos Aires’ produced by Lorent Wanson

“...For Michèle Noiret, it’s a great occasion. A kind of consecration and a serious challenge: her ultra contemporary style applied to a troupe of fifteen young dancers, from an ultra classical background, in this prestigious venue. The choreographerlosesnothingofthecorevaluesof her work...”Moreover, there is something insectlike in this strange society, the moving body of thesefifteendancers.Crawling, running, amazed and uncomfortable, hindrances and obsessions. An organic vibration, an interior violence, rare moments of calm inhabit this strange maze which appears to be, at the same time, intensly urban...” La Libre Belgique, Marie Baudet, 5-6 February 2005 ■ With regards to ‘Le Sas’, produced by Sylvie Landuyt “...For her first production, Sylvie Landuyt has chosen a tough subject, which is dear to her, which she unfolds with simplicity, sensitivity and

delicacy. And with, notably, a quality actressof some discretion. Intense and magnificent, Jo Deseure brings this dark heroine wonderfully alive....This production grips our attention...” Marie Baudet, La Libre Belgique, 9-10 July 2005 “...Jo Deseure, prodigious talent...trial strike and

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“...The excellent ‘Ensemble Musiques Nouvelles slash at their violin strings to cut the air with the Argentinianmilongaandcontrayumbainresponse to the outstanding singing of Roberto Cordova. At their side, Delphine Gardin lends her harsh and sulphuric voice to Maria’s desperate call for love, whilst the feverish Philippe Grand’Henry, as the accursed poet, recalls distant memories.... Lorent Wanson brings a searing intensity to this production...” Catherine Makereel, Le Soir, 21 March 2005

Laurent Hatat / Mylène Benoît, Foley, Jacques Descorde, Le veilleur de nuit, Xavier Boyaud, Réminiscences, Hélène Scholer, Scénogramme

“...It is a great success which captivates the public for almost two hours. It must be said that the ‘Maria’ portrayed by Delphine Gardin is aflame withmysteryandbrokenheartsforsale...theother voice in this show belongs to Roberto Cordova who finds the truly heart-wrenching sound of the street-singer without over sentimentality...and I can’t praise highly enough the eleven musicians of the Ensemble Musiques Nouvelles who give full vent to this poignant and intransigent music. From up there where he must be speaking with Carlos Gardel and Jorge Luis Borges, Piazzolla can be satisfied with him and our artists...” Philippe Tirard, La Libre Belgique 21 March 2005 ■ With regards to ‘5sur5’ by the Franco Dragone Foundation

“...5 directors from the 5 continents, for 5 weeks at La Louvière. A time marked by the intensity of the meetings and exhuberant creativity...” Franca Rossi , La Libre Belgique “...For the third year, the Festival of short documentaries 5sur5 blows a maddening wind across the Central region. The ‘Creations du Dragon’, whichhasbecomethecinematicbranch of the Dragone company, and flanked by the Foundation of the same name, have again called upfiveyoungprodigésofthedocumentaryimage from the five continents...” Fabrizio Schiavetto, Le Soir

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Foley, Laurent Hatat / Mylène Benoît Mylène Benoit, plasticienne, vidéaste et chorégraphe, crée en 2003 la Cie Contour Progressif, dont les réalisations étudient les interactions entre vocabulaire médiatique/ cinématographique et écriture chorégraphique. Après deux créations vidéo-danse, : Effets Personnels et Livrée de famille, elle présente à Ars Numérica sont nouveau spectacle, L’effet papillon Laurent Hatat crée la compagnie Anima Motrix en 1997. Lauréat de l’Institut Nomade de Formation à la Mise en Scène au sein du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, il est metteur en scène associé au CDN/Nouveau Théâtre de Besançon et à L’Hippodrome de Douai.

Laurent Hatat / Mylène Benoît, Foley

Jacques Descorde, Le veilleur de nuit

Xavier Boyaud, Réminiscences

CECN : Comment envisagez vous votre collaboration pour le projet théâtral Foley chevaucheé irlandaise ? Laurent Hatat : Pour Foley, le principe était de provoquer la rencontre de modes de narration et d’expression différents : la vidéo, la musique, la danse et le théâtre. Le texte de Michaël West est le récit sensible et intimiste d’un homme, protestant irlandais, qui tente de rompre avec son histoire et son héritage. Cela fonctionne déjà comme une caméra subjective, car la mémoire du protagoniste se livre de manière très fragmentée. L’image qui nous est venue à l’esprit a été celle d’un motif ciselé, celui des entrelacs celtiques justement, et c’est ce motif qui a guidé la combinaison entre la vidéo et ce qui se passe sur le plateau. Mylène Benoit : Je souhaitais travailler aux prémices du projet, dès la rencontre avec le texte. L’intégration scénique de la vidéo bouleverse des règles de mise en scène assez fondamentales, comme la temporalité, l’espace du plateau et sa rythmicité. Je ne conçois pas qu’elle vienne à posteriori. On est parti d’une scène décrite dans le texte de manière très cinématographique, pour tourner un long planséquence, une sorte d’enquête lente et sinueuse entre des meubles et objets, à un niveau presque macroscopique. CECN : Quelles ont été les différentes étapes de la création ? L.H : Nous avons été en résidence au Nouveau Théâtre de Besançon pour travailler le dispositif scénique. On a choisi une projection directe, avec un écran de 4 m sur 1 m, légèrement incliné et fonctionnant comme un horizon devant lequel le comédien et la danseuse apparaissent continuellement. Les répétitions recommencent en décembre à la Comédie de Béthune, où aura lieu la création de Foley du 18 au 20 janvier 2006.

Hélène Scholer, Scénogramme

M.B : Le tournage vidéo est maintenant terminé. L’atelier Max MSP que j’ai suivi au CECN va me servir pour sa diffusion scénique, car le rythme des images devra s’adapter en temps réel à ceux du comédien et de la danseuse. Je vais également utiliser cette formation pour mon spectacle L’effet papillon, un travail sur l’interaction corps images dans l’univers du jeu vidéo, dont une première étape sera montrée à Ars Numérica en novembre. Propos recueillis par Julien Carrel

Le veilleur de nuit, Jacques Descorde Cie des Docks Jacques Descorde est cofondateur en 1989 de la compagnie et du Théâtre des Docks à Boulogne sur Mer. Il crée en 2005, en coproduction avec l’Hippodrome de Douai - Scéne nationale « Quand les paysages de Cartier Bresson » de Josep Péré Pero , « Kid-Âme » (d’après des témoignages et interviews sur le thème de l’enfance - texte d’E. Marie) et « Le veilleur de nuit » de Daniel Keene. Il est membre du comité de lecture de l’Hippodrome-Scène Nationale de Douai. CECN : Quel bilan dressez-vous de l’atelier vidéo d’Yves Labelle que vous avez suivi au CECN ? Jacques Descorde : Cet atelier vient nourrir le travail de création du prochain spectacle de la Compagnie des Docks, « Le veilleur de nuit », d’après le texte de Daniel Keene. C’est la première fois que j’utiliserai la vidéo dans mon travail de metteur en scène. Son intégration scénique est à la fois intéressante et problématique, car le théâtre produit déjà ses propres images. Je voulais comprendre comment utiliser une autre source visuelle, sans redondance ni illustration. CECN : Comment allez-vous utiliser ce média dans le veilleur de nuit ? J.D. : Le résultat concret de cette expérience pour ce spectacle, c’est la création d’un personnage qui n’existe pas dans le texte de Daniel Keene et qui apparaîtra sur scène par le biais de la vidéo : une petite fille, qui incarne la mémoire des lieux du récit. Ce procédé aura un rôle narratif et scénographique, car les comédiens sont aussi des surfaces de projection. Pour mes prochains projets, j’aimerais intégrer la vidéo dans le processus d’écriture lui-même, à l’origine de la création. Cela a davantage de sens dans le travail de la Compagnie des Docks, composée d’un auteur, Emmanuelle Marie, et de moi-même à la mise en scène. Propos recueillis par Julien Carrel Le Veilleur de nuit

Du 24 au 26/11 au Centre culturel Les Pipôts à Boulogne-sur-mer 37 rue des pipots 62200 Boulogne/mer www.ville-boulogne-sur-mer.fr Le 1er et le 2/12 à l’Hippodrome de Douai www.hippodromedouai.com

la seconde étape de cette création. Propos recueillis par Julien Carrel www.ars-numerica.net www.ostiz.com www.acouslumiere.org Contact : Drama Makina Productions, 29 rue Jules Ferry 59260 Lille-Hellemmes.

Xavier Boyaud autour du projet Réminiscences/ scénographie acouslumière Hélène Scholer, Scénogramme Prix Multimédia 2004 Xavier Boyaud Scénographe et éclairagiste, Xavier Boyaud travaille dans le spectacle vivant depuis près de 15 ans. Il a collaboré notamment avec Serge Valletti, Eva Vallejo, Annie Lucas et Doreen Vasseur. Il réalise des installations ou « scénographie acouslumières » en collaboration avec le compositeur Laurent Ostiz. Laurent Ostiz Vit et travaille à Lille depuis 1998. Compositeur, pianiste, réalisateur sonore et informaticien, il travaille depuis 5 ans principalement pour le théâtre et la danse contemporaine. Il oriente son travail de recherche sonore sur les traces de la musique concrète, de la musique électronique et acousmatique. CECN : Comment est né le projet Réminiscences, et que signifie le terme « Scénographie acouslumière » que vous utilisez pour le qualifier ? Xavier Boyaud : Réminiscences est un projet d’installation sonore et visuelle, explorant les mécanismes de notre mémoire, et la manière dont des souvenirs de personnes, de lieux et de sensations tissent des liens entre eux. Le principe de « scénographie acouslumière » est né de ma rencontre avec le musicien Laurent Ostiz il y a deux ans : il s’agit de créer des dispositifs dans lesquels son et lumière fonctionnent en un seul bloc autonome. CECN : Comment Réminiscences s’inscrit-il dans le festival Ars Numérica ? X.B. : À l’issue des ateliers « immersion/art numérique » organisés en décembre 2004 par Ars Numérica, Réminiscences a fait partie des projets sélectionnés pour l’édition 2OO5 du festival. Nous sommes ensuite venus travailler à Mons en septembre à l’invitation du CECN, et cette résidence s’est poursuivie à Tourcoing pour la construction du dispositif. Une présentation d’étape de création a eu lieu le 28 octobre sur le plateau de Drama Makina Productions. Réminiscences sera présentée dans le cadre du festival Ars Numerica, du 28 novembre au 14 décembre à Montbéliard, et nous sommes à la recherche de partenaires pour mettre en œuvre

Hélène Scholer est née à Namur en 1978. Son cursus artistique à l’Académie de Namur, aux conservatoires de musique de Gembloux et de Bruxelles, l’amènera à l’Institut des Arts de Diffusion de Louvain-La-Neuve. Très active dans des projets théâtraux, elle consacrera son mémoire à l’étude de deux chorégraphies utilisant l’image vidéo. Hélène Scholer, Multimedia Prizewinner 2004 CECN : Vous avez été lauréate du Prix Multimédia 2004 organisé par la Communauté WallonieBruxelles. Sous quelle forme se présente-t-il ? Hélène Scholer : Il représente une aide financière pour mener à bien les phases d’essais d’un projet à caractère pluridisciplinaire. Il ne s’agit donc pas d’une récompense pour un projet déjà réalisé mais plutôt d’un soutien à un projet en devenir. CECN : Pouvez-vous décrire votre projet et l’importance de l’emploi des nouvelles technologies pour aboutir au résultat que vous escomptez ? H.S. : Le projet Scenogramme est un dispositif interactif dont le cœur est une œuvre en trois dimensions. Le visiteur/spectateur est amené à observer une sculpture exactement comme dans les conditions d’une exposition. Il peut s’approcher, tourner, contempler... Par l’intermédiaire de systèmes interactifs et d’écrans de projection, l’œuvre peut alors être prolongée virtuellement (par l’image) suivant que le visiteur se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur du dispositif. La recherche menée concerne à la fois les possibilités d’extensions de notre perception des œuvres plastiques (par une réalité augmentée) mais aussi, en filigrane, nos rapports à la réalité physique et à l’image. Les dernières technologies permettent une capacité de traitement et une rapidité de calcul de plus en plus poussées... ce qui améliore toujours davantage les temps de réaction, la fluidité des traitements vidéo ou 3D. Les matériaux sont de plus en plus légers, précis, modulables. Tout cela peut servir un projet comme Scenogramme dans la mesure où

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nous devons traiter de la vidéo en temps réel, penser à des contraintes logistiques, travailler sur la qualité visuelle.

• CCDS training courses: delegate feedback

CECN : Avez-vous dû modifier quelque peu votre dispositif de départ du fait de l’utilisation de certains outils ? H.S. : Le projet est en constante évolution et c’est cela qui est passionnant. De l’idée théorique sur papier, on se dirige vers le concret... De ce concret, on repart vers des tentatives d’expression. Les bases du projet restent toujours les mêmes mais de multiples petits ajustements l’améliorent. Tant que cela est possible, on essaie aussi de faire plier les outils à nos objectifs.

Foley, Laurent Hatat / Mylène Benoît

CECN : Est-il nécessaire de connaître un large éventail d’outils technologiques pour créer un projet comme le vôtre ? H.S. : Pour l’imaginer, non évidemment... pour le réaliser, oui ! Il est essentiel d’explorer ce qui existe au moment où l’on commence le projet. Mais cela est valable pour tout type de projet.

Laurent Hatat created the Anima Motrix Company in 1997. Award-winning Graduate at the Institute for theatrical studies under the auspices of the national ‘Conservatoire Supérieur’ of Dramatic Arts in Paris, he is associate Director at the CDN/Nouveau Théâtre in Besançon and at the Hippodrome in Douai.

CECN : A votre avis, en tant qu’artiste, quel est l’avantage d’être formée à ces problématiques lorsque l’on désire travailler dans ce domaine ? H.S. : L’expression artistique peut se nourrir de la technique et inversement. Après ça il faut pouvoir garder certaines distances par rapport aux outils.

CCDS: How do you foresee your future collaboration on the theatrical project “Foley chevauchée irlandaise”? Laurent Hatat: For the ‘Foley’ project, the aim was to deliberately combine different methods of narration and expression: video, music, dance and theatre. The script by Michael West is the sensitive and intimate story of an Irish Protestant man seeking to break free from the constraints of his history and culture. The approach is already subjective, since his past memories are communicated in a very fragmented way. The image which came to our mind was that of a chiselled stone motif, typical of the Celtic era in fact, and it is this image which linked the video to the stage set. Mylène Benoît : I wanted to work on this project from the outset, as soon as I’d read the script. Integrating video images into the stage-set is a radically different approach to such theatrical concepts as the time/space environment and structured rhythm. This was not for me an afterthought. Our startpoint was a first scene written in a very cinematographic style with a sequence of long shots, a kind of slow, sinuous exploration of furniture and objects, at an almost macroscopic level.

CECN : Le projet Scenogramme sera-t-il visible pour le grand public? H.S. : C’est la raison d’être de ce projet. Une fois la première phase d’essais terminée, nous espérons pouvoir convaincre et trouver les budgets nécessaires pour finaliser le dispositif. Propos recueillis par Denis Scoubeau helene.scholer@skynet.be

About the artists: Mylène Benoît, visual artist, video director and choreographer formed the ‘Contour Progressif’ Company in 2003, producing works that explore the interaction between media and cinematographic language and choreographic script. After 2 video-dance productions, ‘Effets Personnels’ and ‘Livrée de famille’, she will be showing her new production ‘L’effet papillon’ at the Ars Numérica festival.

CCDS : What were the different production stages? L. H. : We spent some time at the New Theatre in Besançon to work on the stage-set. We chose direct projection, with a 4 by 1 metre screen, slightly angled to act as an horizon, infront of which the actor and dancer perform. Rehearsals start in December at the ‘Comédie’ in Béthune where ‘Foley’ will be performed from 18th - 20th January 2006.

M.B. : The video footage is now finished. The CCDS ‘Max MSP’ workshop that I attended will help with the production because the flow of images with have to coincide in real time with those of the actor and dancer. My training will also be used for my forthcoming show “L’effet papillon” (“The Butterfly effect”) a work on the interaction between the physical and imagery in the world of video games, with an initial preview planned for the ‘Ars Numérica’ festival in November. Interview by Julien Carrel

Le Veilleur de nuit, Jacques Descorde,

‘ Docks’ theatre Company

The 1st and 2nd Dec at the Hippodrome in Douai www.hippodromedouai.com/

Xavier Boyaud concerning his project ‘Réminiscences/ scénographie acouslumière’ Xavier Boyaud Stage designer and lighting engineer, Xavier Boyaud has worked with live shows for almost 15 years, often in collaboration with Serge Valletti, Eva Vallejo, Annie Lucas and Doreen Vasseur. He produces his “lightsound scenography” alongside composer Laurent Ostiz.

continued at Tourcoing with the construction of production tools. On 28th October a first stage of the production took place at Drama Makina Productions. Réminiscences will be presented in the context of the Ars Numerica festival from 28 November to 14 December in Montbéliard, and we are currently looking for partners to develop the second stage in our work. Interview by Julien Carrel www.ars-numerica.net www.ostiz.com www.acouslumiere.org Contact: Drama Makina Productions, 29 rue Jules Ferry 59260 Lille-Hellemmes

About the author: Jacques Descorde was cofounder in 1989 of the ‘Docks’ theatre Company in Boulogne. In 2005 he coproduced with the Hippodrome in Douai for national theatre “Quand les paysages de Cartier Bresson” by Josep Péré Pero, “KidAme” (based on interview material on the theme of childhood - script by E. Marie) and ‘The Night Watchman’ by Daniel Keene. He is a board member of the national Hippodrome theatre in Douai. CCDS: What is your analysis of the video workshop by Yves Labelle that you attended at CCDS? Jacques Descorde: The training I received will be implemented in the creation of our next production at ‘Docks’ which is called ‘The Night Watchman’, based on the work by Daniel Keene. It is the first time that I will be using video in my work as theatrical director. Its integration is both interesting and problematic, because theatre already produces its own imagery. I wanted to understand how to use another visual source without the imagery being redundant. CCDS: How will you use this medium in the Night Watchman? J.D. : The specific outcome of our experiment in this show is the creation of a personality who doesn’t exist in Daniel Keene’s original work and who will appear on scene via video imagery: it is a little girl who represents the memories of places in the story. This approach will have a narrative and theatrical role because images will also be projected onto the actors. For my next projects I would like to integrate videofootage into the script-writing process itself, at the very outset. That fits well with our work at the Docks Company, which has a scriptwriter, Emmanuelle Marie, and myself as Director. Le Veilleur de nuit From 24-26 Nov at the Cultural Centre ‘Les Pipôts’ in Boulogne-sur-mer, 37 rue des pipôts, 62200 Boulogne/mer www.ville-boulogne-sur-mer.fr

according to whether the visitor is in the interior or exterior of the Scenogramme area. The research being carried out is exploring both the possibility of increasing our perception of plastic arts (via heightened reality) but also, implicitly, our relationship to physical reality and imagery. The latest technology gives us ever-increasing adaptability and greater calculation potential... which improves reaction times and the fluidity of video or 3D imagery. The materials we work with are increasingly lighter, more precise and flexible. All of which can benefit a project like Scenogramme in the sense that we have to deal with real-time videofootage, work within practical constraints and improve visual quality. CCDS: Have you had to modify in any way your initial structure as a consequence of using certain tools? H.S. :The project is constantly evolving which is what makes it so exciting. From the drawing board we’re moving towards implementation.... from there we’re exploring new ways of expression. The essence of the project remains the same but a variety of small adjustments constantly improve it. Insofar as is possible we are trying to adapt tools to our given objectives.

Laurent Ostiz Has lived and worked in Lille since 1998. Composer, pianist, sound and computer engineer, he has been working for the last 5 years essentially for the theatre and contemporary dance. His research work focusses on sound traces produced by live, electronic or acousmatic music. CCDS: How did the Réminiscences project come into being, and what does the description “Scénographie acouslumière” mean? Xavier Boyaud: Réminiscences is a sound and sight developmental project which explores the mechanics of our memory and the way in which our recollections of people, places and sensations are all interlinked. The principle of “scénographie acouslumière” or “lightsound scenography” sprang from my meeting with musician Laurent Ostiz two years ago: it’s a tool that enables sound and light to function as one autonomous unit. CCDS: How was Réminiscences invited to the ‘Ars Numérica festival? X.B. : At the end of the “immersion/digital arts” workshops organised in December 2004 by Ars Numérica, Réminiscences was amongst those projects retained for the 2005 festival. Then in September we came to work in Mons at the invitation of CCDS, and this residential workshop

Hélène Scholer, Scénogramme Multimédia prize 2004 Hélène Scholer was born in Namur in 1978. Her artistic career which began at the Academy of Namur, then the Music Academies of Gembloux and Brussels, culminated in the “Institut des Arts de Diffusion” in Louvain-La-Neuve. Very active in theatre productions, her Master’s thesis studied two choreographies using video imagery. CCDS: You were the winner of the Multimedia Award 2004 organised by the Wallonia-Brussels community. What form does this award take? Hélène Scholer: It represents a financial grant to complete the initial phases of a multidisciplinary project. It is therefore not a reward for a completed project, but rather a financial support for an emerging production. CCDS: Could you describe your project and the importance of the use of new technologies to achieve your end goal? H.S. : The project known as ‘Scenogramme’ is an interactive tool at the heart of which is a threedimensional sculpture. The visitor/spectator is invited to observe the sculpture as if it were in an exhibition. They can approach it, turn around it, contemplate... By means of interactive systems and projector screens, the sculpture can be ‘virtually’ elongated

CCDS: Do you have to master a large range of technological tools to create a project such as yours? H.S. : Not to dream it up... but definitely to bring it to fruition! It is essential to explore what is available at the time of starting the project. But that holds true in all kinds of spheres. CCDS: In your opinion as an artist, what is the advantage of being trained in such technical areas should you wish to work in this arena? H.S. : Artistic expression can be fed by technology and vice-versa. Thereafter you have to be able to keep a certain objective distance with regards to the tools themselves. CCDS: Will the Scenogramme project be made available to the Public at large? H.S. : That’s the very reason for this work. Once we’re through the initial trial period we hope to be able to convince the relevant people and find the necessary budget to finalise the project. Interview by Denis Scoubeau helene.scholer@skynet.be

Image © Xavier Boyaud, Réminiscences

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Programme des ateliers numériques Digital workshops Program

For English information about CCDS certificates and workshops please contact us at info@cecn.com

Certificats CECN

" Option 1 : vidéo numérique " Option 2 : son numérique, traitement de la voix " Option 3 : traitement temps réèl et captation Les ateliers du CECN peuvent être suivis séparément sans démarche pédagogique globale. Il est cependant possible d’obtenir un certificat regroupant un cumul de crédits suivant trois options pédagogiques. Les certificats du CECN regroupent trois ensembles de crédits ; (1) des crédits logiciels obtenus à technocITé ISN ou dans un autre centre de formation belge ou français et validés par le conseil pédagogique du CECN, (2) des crédits ateliers CECN (3) un travail personnel arts de la scène/technologies numériques Si vous avez déjà réalisé certains crédits, contactez-nous afin de les valider.

Crédits logiciels/outils de création [320h]

Au sein de technocITé images et sons numériques ou d’une structure équivalente moyennant validation par le conseil pédagogique du CECN.

Certificats CECN CCDS Certificates

" Option 1 : Montage virtuel Final Cut Pro HD ou Avid Xpress Pro HD After Effects Captation/éclairage caméra DV/HD Technologies d’incrustation Compressions/Formats/DVD Studio

160h

" Option 2 : Pro-Tools Habillage sonore Design sonore Captation sonore

160h 40h 40h 40h

40h 40h 40h 40h

+40 heures au choix dans cursus technocITé images et sons numériques " Option 3 : Final Cut Pro HD ou Avid Xpress HD Captation/éclairage caméra DV/HD Sound Design Captation sonore Traitement temps réel

80h 40h 40h 40h 40h

+ 80 heures au choix dans cursus technocITé images et sons numériques

Crédits CECN [120h] " Option 1 :

Gestion de mixage/régie vidéo analogique Régie numérique Vidéo/arts de la scène

40h 40h 40h

" Option 2 :

Gestion de mixage/régie vidéo analogique Régie numérique Son et voix/arts de la scène

40h 40h 40h

" Option 3 :

Régie numérique Max msp/arts de la scène, Technologies de captation Isadora/arts de la scène, Technologies de captation

40h 40h 40h

Travail personnel CECN [240h] Avec maître de stage, sur un projet de production arts de la scène/technologies numériques. Création d’un DVD de présentation du travail. Présentation devant un jury professionnel. 62

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Écrire l’image et le son dans les arts de la scène:

Motion capture optique

particularités de l’écriture numérique, processus de prévisualisation, vers l’interactivité

Par Tania Barr (F/USA), Animazoo Europe

Par Bruno Follet (F)

Contenu Jour 01 • Montage de la technologie mocap optique • matin: Installation avec les étudiants, le personnel d’Animazoo et du manège.mons du matériel technique de Motion Capture optique • après-midi: premières captures de mouvement, mise au point des capteurs Jour 02 • présentation théorique de la technologie mocap optique • matin: Captures de mouvement, exercices pratiques • après-midi: présentation Power Point sur les systèmes de motion capture Jour 03 • traitement des saisies mocap • matin: captures de mouvement, exercices pratiques • après-midi: traitement des données en utilisant des optiques et des filtres • caractérisation des données importées. • gestion des animations Jour 04 • édition des données mocap • matin: captures de mouvement, exercices pratiques • après-midi: édition de mouvement en utilisant l’éditeur Kaydara® • framing des données mocap (‘control rig’ et ‘Fcurves’)

Le motion capture est la technologie permettant d’insérer rapidement des morphologies de personnages ou d’ objets réels dans un environnement virtuel ou de synthèse. La formation est conçue comme la succession d’ateliers pratiques opérationnels et d’explications théoriques. Les étudiants participent au montage et au réglage des capteurs et des caméras, à la saisie des mouvements, au traitement des signaux jusqu’à leur insertion dans des softwares de type 3DS Max ou Maya. Ils doivent être capables à la fin du stage de gérer la captation et le traitement de données de motion capture. Animazoo Europe (F)/Tania Barr Est une société spécialisée dans les services de capture de mouvement, la vente de matériel et la pédagogie liée aux technologies de captation optique et électro-mécanique. Les références d’Animazoo couvrent notamment Disney Channel – France (Pilote d’émission : animation d’un personnel virtuel), Abstracta – Espagne (production d’animation et effets spéciaux dont capture de mouvements pour le film « Les guerriers de l’Apocalypse»). Dans le domaine de la danse, Animazoo travaille de manière régulière avec l’université de Paris 8, le Monaco Dance Forum et la Cie Bud Blumenthal.

Si les techniques d’écritures contemporaines liées aux outils numériques se basent et s’inspirent évidemment des schémas et méthodes classiques utilisées depuis des siècles, de nouvelles structures de récit s’offrent pourtant par le mélange aujourd’hui possible des technologies. Après un rappel des bases de la scénarisation et de la construction narrative, le propre de l’écriture numérique sera donc envisagé. Grâce aux nouveaux outils d’élaboration, du maquettage à la réalisation, voire à la diffusion, quels changements le numérique peut-il proposer? Pourquoi, quand et comment travailler les spécificités offertes par les outils numériques, de l’élaboration des premières lignes d’un projet, qu’il soit linéaire, multimédia ou interactif, jusqu’à sa diffusion ? Comment utiliser les différents procédés de prévisualisation d’une œuvre en fonction de sa finalité. Interactif, ive adj. Qui permet une interaction > n.f. interactivité. Interaction n.f. réaction réciproque > interdépendance. Interdépendance n.f. dépendance réciproque > corrélation, interaction. Quels sont les lieux et les limites de cette réciprocité? Par l’étude d’exemples, une réflexion sur l’interactivité sera envisagée, et quelques réflexes pour la création de mondes narratifs ou l’élaboration de bibles seront développés.

Méthodologie Le stage comporte une formation théorique aux logiciels utilisés complétée d’une application pratique sur plateau.

Bruno Follet est responsable de formations image et son numériques pour technocITé. Il est aussi auteur (textes divers, articles théoriques, « Une Chance Pour La Nuit » aux Éditions La Nuit Myrtide), scénariste, photographe, monteur (art vidéo, clip, documentaire, fiction), sound designer (ambiance sonore pour La Piscine, Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix, France), programmateur (pour Le Cube à Paris, les e.magiciens à Valenciennes, la Station Arts Électroniques de Rennes...). Depuis plusieurs années, il a été chargé de suivi d’écriture et de production pour des écoles spécialisées en vidéo, images de synthèses ou multimédia (Supinfocom, Le Site à Hornu…) et anime régulièrement des ateliers d’écriture et de réalisation.

Objectifs Vous amener à la maîtrise de la technologie motion capture, et à leur insertion dans un processus de création théâtral ou chorégraphique.

Participants L’atelier s’adresse à toute personne souhaitant approfondir et élargir des notions d’écritures linéaires et les mettre en application dans des projets plus « ouverts».

Pré-requis Les participants auront une connaissance de base dans l’environnement 3DS Max ou Maya.

Méthodologie Autour du traitement de texte et de quelques outils numériques aujourd’hui disponibles pour la concrétisation d’un projet et sa prévisualisation, par l’observation et l’analyse d’exemples remarquables, le champ des possibles en écriture non linéaire sera envisagé sous la forme d’un laboratoire.

Participants L’atelier s’adresse aux tandems créateur/technicien : metteurs en scène, directeurs techniques, scénographes, chorégraphes pour qui l’intégration de pratiques scénographiques nouvelles constitue un enjeu futur.

Objectifs À partir d’une idée, réaliste ou fantasmée, les participants devront appliquer les réflexes d’écritures élémentaires au développement vers d’autres types de projets.

Jour 05 • gestion de contraintes sur enregistrements mocap • matin: captures de mouvement, exercices pratiques • après-midi: créations de contraintes – animations secondaires • effets de rendus (ombres, textures, lumières et caméras) • Mise à disposition du résultat final pour 3DS Max ou Maya Seront rapidement présentés la technologie du studio virtuel (enregistrement de chorégraphie à distance) et de la librairie virtuelle de mouvements.

Pré-requis Intérêt pour l’écriture et les arts visuels, bonne maîtrise de la langue française, connaissance du traitement de texte et des outils numériques simples, réflexes de base pour l’écriture de scénario.

Contenu L’atelier se déroulera sur une période de 2 jours. Jour 01 • rappel des bases de l’écriture. • rappels de vocabulaire audiovisuel. • organiser le découpage d’un projet. • processus de développement. • note d’intention. • exemples personnels de travaux du formateur. • analyses de quelques exemples remarquables. Jour 02 • les enjeux du point de vue. • les outils de développement. • techniques de prévisualisation. • recherches documentaires. • création d’un monde. • exercices applicatifs. • atelier d’écriture. *Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

*Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

© Animazoo Europe

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inscription en ligne : www.cecn.com

© Bruno Follet

du 24 au 28/10

Lieu: maison Folie Mons

Prix: voir grille

inscription en ligne : www.cecn.com

du 03 au 04/11

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

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AutoCAD 2D pour les arts de la scène :

Voix et sons traités numériquement dans les arts de la scène

Mise à niveau

Par Alexander MacSween (CAN) Cie Infrarouge/Marie Brassard

Par Yves Lecocq (B) Cet atelier permet de remettre à niveau les connaissances de base pour tout régisseur souhaitant travailler professionnellement sur AutoCAD. Il est destiné à des personnes ayant une bonne compréhension de la géométrie 2D n’ayant jamais utilisé de logiciel 2D, mais aussi à des personnes ayant pratiqué de manière irrégulière sur divers logiciels « copies conformes » de AutoCAD. La réflexion sera portée sur la manière d’appréhender un espace 3D en plans 2D, l’interface du logiciel, les méthodologies d’introduction de données, de prévisualisation et d’exportation d e fichiers. Yves Lecocq est représentant Autodesk pour la Belgique francophone. Il a développé une expérience pédagogique importante au cours des dernières années sur les logiciels AutoCAD et 3DS VIZ. Participants L’atelier s’adresse aux régisseurs et directeurs techniques souhaitant gérer numériquement leurs plans de feux et à terme la scénographie d’un spectacle. Méthodologie Parallèlement à une prise en main du logiciel, l’atelier comporte une série d’exercices pratiques permettant à l’étudiant de valider par étapes les contenus pédagogiques. Contenu : Jour 01 : Intoduction Présentation du formateur et des participants Généralités espace 2D et 3D, interface du logiciel.

Objectif Permettre la gestion de plans de feux en 2D.

La voix d’un comédien peut aujourd’hui être traitée numériquement, son souffle amplifié, la diffusion dans le lieu de représentation traitée par spatialisation du son, l’interaction entre les processus sonores et le jeu développés via des logiciels type max/msp. Après une introduction présentant l’histoire et la chronologie de l’utilisation du son dans les arts de la scène illustrée par des extraits sonores et vidéos et un survol des logiciels de création et de traitement de la voix et du son, un travail pratique par groupe est proposé. Ce dernier sera présenté et discuté par les étudiants. Alexander MacSween est une des personnalités intéressantes de la scène sonore montréalaise contemporaine. Ses dernières collaborations dans le domaine des arts de la scène sont avec Robert Lepage (Zulu Time) et Marie Brassard (La noirceur). Participants L’atelier s’adresse aux tandems créateur/technicien: metteurs en scène, directeurs techniques, scénographes, chorégraphes pour qui l’intégration du son et de la voix constitue un enjeu futur. L’inscription à l’atelier peut se faire par tandem, ou individuellement, les groupes technicien/artistique étant constitués lors du stage. Méthodologie Cet atelier adopte la même approche que l’atelier ‘introduction aux problématiques d’intégration de la vidéo’. Parallèlement à la prise en main des outils technologiques, l’atelier tient lieu de laboratoire pour le participant afin qu’il puisse éprouver et expérimenter concrètement les possibilités techniques d’un ou plusieurs aspects de cette intégration. Objectifs Après avoir conçu un projet scénique qui intègrerait un traitement du son, de la voix et/ou leur interaction avec différents éléments de la scénographie, le participant devra éprouver ses intuitions et ses idées dans le contexte d’un laboratoire technique. Ce stage est également l’occasion d’un premier contact et d’une meilleure compréhension des outils de création technologiques.

Pré-requis Bases géométrie 2D et 3D, maniement usuel de l’outil informatique PC.

Pré-requis Un des deux participants de chaque tandem devrait avoir une connaissance minimale des logiciels de traitement du son.

Jour 02 : Méthodologie introductions données, astuces.

Les candidats au stage devront fournir une lettre de motivation et un CV.

Contenu L’atelier se déroulera sur une période de cinq jours Jour 01 Introduction • Histoire du son dans les arts de la scène, innovations technologiques, artistiques et théoriques. Exemples vidéos et audios • Exemples personnels de travaux du formateur Jour 02 État de la technique • Aspects techniques du sound design • Diffusion sonore • Présentation des logiciels de traitement du son et de la voix existants Jours 03,04 Workshop/projet par groupe

Jour 03 : Exercices pratiques

• Conception sonore pour un texte dramaturgique choisi par les étudiants parmi une série de textes

*Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

Jour 05 Présentation des projets • Discussions croisées. *Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

© Cie Infrarouge

© Cie Hybrid / Bud Blumenthal

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inscription en ligne : www.cecn.com

du 02 au 04/11/05

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

inscription en ligne : www.cecn.com

du 07 au 12/11/05 et 06 au 10/03/06

Lieu : technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

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Bases de Communication interactive culturelle (internet, CD-Rom, DVD, …) Par Bruno Caillet (F), Agence Watoo

Max/msp dans les arts de la scène

technologies de captation pour processus interactifs Par Philippe Montémont (F)

Contenu Jour 01 • Historique et fonctionnement d’internet, du CD-Rom, du DVD. Une première partie est destinée à faire comprendre l’historique, le mode de fonctionnement et les techniques de développement de l’information numérique. Après cette première partie, vous aurez une vision d’ensemble des technologies numériques et vous aurez en main les éléments qui vous permettront de comprendre les clés historiques et techniques de conception d’un support multimédia (Internet, CD-Rom, DVD, …) optimisé, efficace et ergonomique. • études de cas et exemples pratiques France/ Belgique. Jour 02 • Communication interactive internet, CDRom, DVD. Une deuxième partie exposera les éléments qui vous permettront de définir votre stratégie interactive à travers les thèmes suivants : « cibler l’information », « penser l’information comme un «service», « info et advertainment», «processus de captation», «management des communautés», « mises à jours accessibles à tous». Cette partie vous permettra de comprendre les enjeux des supports multimédias: leur impact en fonction de la façon dont ils sont pensés, de leur contenu, de leur visibilité et de la façon dont ils sont mis à jour. • etudes de cas et exemples pratiques France/ Belgique.

Depuis une dizaine d’années, des millions de sites fleurissent sur Internet, notamment dans le domaine culturel. Pour autant, il ne suffit pas d’être présent sur Internet pour accroître sa notoriété et atteindre ses objectifs. De nombreux sites se révèlent être des échecs, ainsi que leur stratégie de communication (e-mailing, newsletter, arborescence, …). Des enseignements ont été tirés de ces échecs et de ces réussites, et il est aujourd’hui possible d’expliquer les facteurs clés de réussite des différents modes de communication multimédia. Cet atelier parcourt l’histoire du multimédia en vous donnant les clés de l’élaboration de cahiers des charges multimédia ou de stratégies interactives à partir d’exemples concrets et pratiques issus du marché français et belge. Bruno Caillet: Maîtrise en histoire de l’art, Master of art interactive Multimedia, co-fondateur de l’agence Watoo (stratégies de communication interactives), Prix Flash festival Centre Georges Pompidou. Spécialiste de la question de communication interactive depuis 10 ans. Il a lancé avec la revue « Mouvement » le réseau fédéré Artishoc regroupant 45000 adresses mail an France et en Belgique. Participants Ce cours est destiné aux décisionnaires ou opérationnels (secrétariats, attaché(e)s de diffusion ou production, …) chargés d’encadrer des sites internet à vocation culturelle et autres supports multimédia (CD-rom, DVD, portails, …) Méthodologie Ce stage comporte trois parties théoriques accompagnées d’études de cas. Objectifs Permettre aux utilisateurs et/ou acheteurs de solutions multimédia d’avoir une vision claire de l’ensemble de la chaîne de production multimédia, des possibilités qui s’offrent à eux au niveau technique et financier, et de leur impact afin de pouvoir déterminer au mieux leur stratégie de communication interactive. Ce cours n’est pas un atelier de développement de site web mais de développement de connaissances autour des technologies web.

Max se présente depuis plusieurs années comme le principal logiciel gérant les processus interactifs dans les arts de la scène. Cet atelier se veut une approche pratique de l’usage de max. Les stagiaires se verront demander de réaliser des mini-applications (ou patches) qui seront reliées les unes aux autres par un réseau local. • Vidéo: lecteur de film (avec diffusion en rétro-projection). tracking avec webcam (accrochée au plafond?) et envoi des coordonnées recueillies au réseau. • Son: lecteur de fichier avec diffusion en façade. récupération des données de tracking de la webcam pour le positionnement dans l’espace d’une source monaurale (micro?). • Lumière: petite mixette lumière (éventuellement avec patch Entrées/Sorties) et enregistrement/restitution d’effets en Xfade avec pilotage par MIDI des Xfades. • Régie : interface de conduite globale (réseau) avec enregistrement/restitution de conduite. Le but est d’utiliser en fin de stage ces applications lors d’une courte performance d’acteur qui doit se tenir le 5ème jour, dans les conditions du spectacle vivant et ce afin d’en appréhender les contraintes. Philippe Montémont et régisseur pour la compagnie théâtre fantastique de Richard Zaccary, dont la dernière création est présentée dans le cadre du festival EXIT à la MAC de Créteil. Il est également intervenant à l’ISTS d’Avignon. L’atelier présente les bases des principes de captation et des technologies de capteur. Les exercices pratiques ne sont cependant pas basés sur la problématique de la captation.

Contenu Jour 1: • Présentation de la session. • Installation et test des postes de travail, des systèmes de diffusion. • Les fondamentaux de Max, la définition et la planification d’un patch, les «bonnes» habitudes à prendre, discussion des contraintes du spectacle vivant.

Pré-requis Connaissance pratique de la caméra vidéo et de l’ordinateur Macintosh.

Jour 2, 3, 4: • Les participants, par groupe de 2 personnes, réalisent tous les patches, en tournant d’un poste à l’autre. • Un(e) comédien du Théâtre Fantastique sera présent dès le 4ème jour pour préparer sa performance en collaboration avec les différents groupes.

Objectifs Comprendre la philosophie du logiciel max. Développer une connaissance pratique du développement de ‘patches’.

Jour 5: • Matin : Répétitions. • Mi-Après-midi : Spectacle • Fin d’après-midi : bilan et rangement.

Participants L’atelier s’adresse aux personnes oeuvrant dans le domaine des arts de la scène et désireuses de se familiariser avec les outils de gestion interactive.

*Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

Jour 03 • Conseil en développement internet, CDRom, DVD. Une troisième partie a pour but de formuler une méthodologie claire et précise qui vous permettra de mener à bien un projet multimédia et de le pérenniser dans le temps (définition des besoins, cahier des charges, suivi de projet, veille technologique, …). *Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

© Bruno Follet

68

inscription en ligne : www.cecn.com

© Nathalia de Mello

du 07 au 09/12

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

inscription en ligne : www.cecn.com

du 12 au 16/12

Lieu : maison Folie Mons

Prix: voir grille

69


3DS VIZ/MAX pour les arts de la scène

Isadora dans les arts de la scène

technologies de captation pour processus interactifs

Par Yves Lecocq (B)

par Zandrine Chiri, Francis Bras/Interface-Z (F) et Florence Corin/Mutin (B) Cet atelier est la suite de l’atelier « AutoCAD 2D pour les arts de la scène ». Il présente le logiciel 3DS VIZ et les méthodologies à adopter pour son utilisation et le travail en 3D. La réflexion sera portée sur la manière d’appréhender un espace 3D, l’interface du logiciel, les méthodologies d’introduction de données, de prévisualisation et d’exportation de fichiers. Yves Lecocq est représentant Autodesk pour la Belgique francophone. Il a développé une expérience pédagogique importante au cours des dernières années sur les logiciels AutoCAD et 3DS VIZ. Participants L’atelier s’adresse aux régisseurs et directeurs techniques souhaitant gérer numériquement leurs plans de feux et à terme la scénographie d’un spectacle. La participation au stage « AtuoCAD 2D pour les arts de la scène » ou la reconnaissance de compétences équivalentes est exigée. Méthodologie Parallèlement à une prise en main du logiciel, l’atelier comporte une série d’exercices pratiques permettant à l’étudiant de valider par étapes les contenus pédagogiques. Objectif Permettre une introduction à la gestion de plans de feux et de scénographies en 3D. Pré-requis AutoCAD 2D pour les arts de la scène

Contenu :

Cet atelier permettra à la fois une approche technique et artistique de l’enjeu de l’utilisation des capteurs dans un spectacle. L’utilisation de capteurs permet aujourd’hui de rendre l’interaction entre le performeur et la technologie plus sensible ainsi que de tenter d’explorer la profondeur de la réaction. Les capteurs offrent la possibilité d’utiliser des informations diverses de notre environnement en temps réel afin d’enrichir la création. La réflexion sera portée sur les moyens techniques qui sont aujourd’hui à notre disposition : le panorama des capteurs existants. Nous aborderons les capteurs dans le domaine des arts de la scène en les classant en trois familles : les capteurs embarqués sur le performeur, semis embarqués et fixes dans l’environnement. L’atelier se basera sur une pratique d’écriture de scénario interactif par l’intermédiaire du logiciel Isadora et donnera un rapide aperçu de ce logiciel. L’écriture de patches interactif permettra d’explorer l’apport des capteurs à l’interactivité pour la scène. Zandrine Chiri est cofondatrice de la société Interface-Z, spécialisé dans la conception d’interfaces, de capteurs et d’actionneurs destinés aux artistes. Florence Corin, artiste transdisciplinaire, elle travaille notamment dans le champs de la danse, de la vidéo et des technologies numériques. Après avoir oeuvré comme architecte à Bruxelles et créé en collaboration la compagnie D’ici P., elle se dirige vers un travail hybride et personnel. Elle crée le solo de danse interactif Niks et les installations vidéos Montre-Moi, Evocations 1, 2, 3, 4 et Aboulie. Aujourd’hui au sein de l’association transdisciplinaire mutin, elle travaille à un nouveau spectacle/installation immersif, Blobettes, autour de la question de l’informe. Participants L’atelier s’adresse aux tandems créateurs/technicien…

Jour 01 : Intoduction Présentation du formateur et des participants Généralités espace 3D, interface du logiciel.

Méthodologie Parallèlement à une prise en main des outils technologiques, l’atelier tient lieu de laboratoire centré vers la recherche à partir des moyens techniques mis à disposition. Les participants pourront ainsi explorer techniquement et corporellement avec ces technologies. Objectif Aborder l’interactivité et l’utilisation des capteurs par l’exploration directe de scénarios interactifs et développer son imaginaire par rapport à ces nouvelles connaissance.

Jour 02 : Méthodologie introductions données, astuces.

Pré-requis Un des deux participants de chaque tandem devra avoir une connaissance technologique mimimum.

Jour 03 : Exercices pratiques

Contenu : Jour 01 : Intoduction Présentation des formateurs et des participants Théorie de l’interactivité et aperçu des différents travaux qui se font dans le domaine – orienté principalement vers la danse Jour 02 : Présentation des différents capteurs existants Jour 03 : Introduction au logiciel Isadora et exploration de capteurs avec différents patches existants Jour 04 et 05 : Exploration et recherche à partir de projets de groupe Présentation des travaux et discussion

© Cie Hybrid / Bud Blumenthal © Florence Corin

70

inscription en ligne : www.cecn.com

du 09 au 11/01/06 et 18 au 20/01/06

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

inscription en ligne : www.cecn.com

du 13 au 17/02/06

Lieu : maison Folie Mons

Prix: voir grille

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Gestion de mixage dans les arts de la scène

La vidéo numérique dans les arts de la scène

par Yves Labelle

Par Yves Labelle

Régie vidéo analogique

bases technologiques

Comment bien choisir et utiliser les outils de diffusion vidéo nécessaires à la production d’un spectacle ou d’un événement intégrant cette discipline.

Contenu L’atelier se déroulera sur une période de quatre jours Jour 1 Introduction • présentation des participants et de l’animateur • les champs d’intérêt représentés • visionnement d’exemples et de cas type en gestion de mixage analogique. Jour 2 Les Principaux Outils De Régie Vidéo • les sources (caméra, lecteur DVD, lecteur numérique,) • les mixettes vidéo • le monitoring • les projecteurs et leur particularité (CRT/ LCD/DLP) • Les lentilles et les focales • calculs de distance et plantation sous VectorWorks

Yves Labelle a oeuvré en tant que conseiller technique et monteur sur trois spectacles technologiques conçus et réalisés par Denis Marleau: Les Aveugles, de Maurice Maeterlinck, créé au Musée d'art contemporain de Montréal, présenté au festival d’Avignon 2002 puis en tournée mondiale; un spectacle convoquant projections vidéo au service du personnage et sans la présence vivante de l'acteur auquel se sont joints Dors mon petit enfant de Jon Fosse et Comédie de Samuel Beckett créés lors de Borderline, dans le cadre de Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture. Participants L’atelier s’adresse aux techniciens, directeurs techniques, artistes de la scène ou toutes personnes pour qui l’intégration vidéo et ses problématiques de diffusion constituent un enjeu futur. Pré-requis Connaissance minimale des logiciels Final Cut, DVD Studio pro ainsi que VectorWorks et AppleWorks sur plateforme Macintosh. Objectifs Après avoir pris acte des différentes possibilités de gestion de sources et de mixage, il s’agira pour le participant de concevoir une régie vidéo efficace dans le contexte d’une problématique scénique imaginée. Quel projecteur utiliser, quelle puissance, avec quelle lentille ? Quelle source prévilégier et pourquoi ? Enfin nous verrons comment créér une interface DVD adéquate en fonction des besoins de l’oérateur.

Du texte au spectacle vivant, comment la technologie peut-elle répondre aux besoins et aux rêves d'un metteur en scène tout en s'adaptant à un processus qui évolue au fil des répétitions? Après une introduction témoignant de la pratique artistique d'une compagnie théâtrale intégrant l'image vidéo au sein de ses créations, cet atelier sera ensuite consacré à des exercices pratiques autour de la réalisation d'un projet d'intégration vidéo. L'image vidéo et les outils de création; l'image vidéo et les outils de diffusion. Yves Labelle a oeuvré en tant que conseiller technique et monteur sur trois spectacles technologiques conçus et réalisés par Denis Marleau : Les Aveugles, de Maurice Maeterlinck, créé au Musée d'art contemporain de Montréal, présenté au festival d’Avignon 2002 puis en tournée mondiale; un spectacle convoquant projections vidéo au service du personnage et sans la présence vivante de l'acteur auquel se sont joints Dors mon petit enfant de Jon Fosse et Comédie de Samuel Beckett créés lors de Borderline, dans le cadre de Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture. Participants L’atelier s’adresse aux tandems créateur/technicien: metteurs en scène, directeurs techniques, scénographes, chorégraphes pour qui l’intégration vidéo constitue un enjeu futur. L’inscription à l’atelier peut se faire par tandem, ou individuellement, les groupes technicien/artistique étant constitués lors du stage. Méthodologie Au cours de ce stage il y aura, parallèlement à la prise en main des outils technologiques, une première approche d'un court texte théâtral donné. Avec la perspective d’intégrer la vidéo dans une scénographie éventuelle de ce texte, cet atelier tiendra lieu de laboratoire pour le participant afin qu'il puisse éprouver et expérimenter concrètement les possibilités techniques d'un ou plusieurs aspects de cette intégration. L’atelier se déroulera sur plateau pour favoriser les essais et la rétroaction. Objectifs Après avoir conçu un projet scénique qui intègrerait la vidéo, il s’agira pour le participant d’éprouver ses intuitions et ses idées dans le contexte d’un laboratoire technique. L’introduction aux problématiques d’intégration vidéo sera l’occasion d’un premier contact et d’une meilleure compréhension des outils de création technologiques. Pré-requis Un des deux participants de chaque tandem devrait avoir une connaissance minimale du logiciel Final Cut pro sur plateforme Macintosh.

Jour 3 Connectique • Type de câblage et type de connecteurs • Nouveauz exemples et résolution de problèmes • Plan de branchement • Exercices et évaluation des acquis

Les candidats au stage devront fournir une lettre de motivation et un CV.

Contenu L’atelier, en collaboration avec le manège. mons/centre dramatique, se déroulera sur une période de cinq jours Jour 01 Introduction • présentation des participants et des animateurs • les champs d’intérêt représentés • visionnement d’exemples et de cas type en intégration vidéo. Présentation du texte: courte pièce de Robert Walser Jour 02 Les principaux outils de créations • les caméras numériques et leur particularité • les projecteurs et les lentilles • le logiciel de montage Final Cut pro de Apple • le logiciel de compositing After Effects de Adobe et les transformations à vue • les régies de diffusion vidéo. • surfaces de projection Rédaction/structuration du projet • l’analyse de cas • les besoins • le budget • l’échéancier Travail avec le comédien • travail de table sur le texte (trois heures) • les directions Jour 03 Présentation des projets • discussion, questions, commentaires • repérage Tournage • tournage d’images, de séquences reliées aux projets

Jour 4 Régie Vidéo • Surfaces de projection • Ajustements sur plateau avec AfterEffects et FinalCut Pro • Authoring DVD pour gestions des événements vidéo

Matériaux • mobilier Jour 04 Montage et compositing • mise en forme, recomposition des séquences • numérisation Essai/retour • travail sur plateau • nouveau tournage si nécessaire Jour 05 Présentation • derniers ajustements • représention des projets *Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers

© Richard-Max Tremblay

© Caden Manson, Big Art Group

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inscription en ligne : www.cecn.com

du 17 au 21/04/06

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

inscription en ligne : www.cecn.com

du 24 au 28/04/06

Lieu : technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

73


Planning

Captation Haute Définition Caméscope SONY HDCAM Par Christian Branteghem (B), SONY Business Europe (Belgium) et Louis-Philippe Capelle (B), Hoverlord

Voici déjà quatre ans que les premiers caméscopes numériques HD ont fait leur apparition sur les plateaux de tournage. Publicité télévisée, cinéma, documentaires, courts et longs métrages y ont trouvé un outil à la créativité innovante.

Contenu Jour 01 • Introduction aux différents formats, normes et définitions des images HDTV. Évolution des standards HDTV à l'usage du cinéma mondial et européen. Le mode de capture progressif segmenté et le mode entrelacé. Comparaison des résolutions requises en post-production numérique 2K. Le processus de production classique argentique comparée aux filières numériques • Limitations et avantages des différents procédés de production. Le choix des optiques à focales fixes et zoom cinéstyle. Impact économique sur la production et la distribution de contenu.

Christian Branteghem: Account Manager , spécialiste caméras vidéo & HD SONY Business Europe (Belgium). Expérience de 22 ans en production broadcast et vidéo professionnelle. www.sonybiz.net/cinealta

2005

Louis-Philippe Capelle est chef-opérateur HD et administrateur délégué de Hoverlord, société de services HD en captation et montage pour l’industrie audiovisuelle.

du 24 au 28

■ Motion capture optique

Novembre

Participants Ce cours est destiné aux caméramen professionnels à la recherche d'une mise à niveau aux dernières technologies HD.

du 2 au 4

■ AutoCAD 2D pour les arts de la scène : mise à niveau

Méthodologie Le stage comporte une formation théorique aux menus de la SONY HD CAM complétée d’une application pratique..

les 3 et 4

■ Écrire l’image et le son: particularités de l’écriture numérique, processus de prévisualisation, vers l’interactivité

du 7 au 12

■ Voix et sons traités numériquement dans les arts de la scène

Objectifs Vous amener à la maîtrise d’une caméra HD.

Jour 02 • Le caméscope HD démystifié : Le traitement de la lumière, création de l'image et principes de fonctionnement des capteurs CCD. Balances colorimétriques et contrôle de la caméra : capteurs et signaux de sortie. Analyse structurée des paramètres de réglag: • préférences opérateur/cadreur, menu opérationnel. • Les paramètres de réglage de l'image, menu "paint". • Les réglages de laboratoire, menu de maintenance. • Les fichiers de sauvegarde, menu de fichiers. • Menu de diagnostic.

Décembre du 7 au 9

■ Bases de Communication interactive culturelle (internet, CD-Rom, DVD, …)

du 12 au 16

■ Max/msp dans les arts de la scène technologies de captation pour processus interactifs

2006 Janvier du 9 au 11

■ 3 DS VIZ/MAX pour les arts de la scène

du 16 eu 18

■ Captation Haute Définition Caméscope SONY HDCAM

du 18 au 20

■ 3 DS VIZ/MAX pour les arts de la scène

Février

Jour 02 et 03 • Cours pratiques sur l'exploitation de la caméra avec calibration des outils de mesure. Moniteur HD, Oscilloscope de profil et Vecteurscope. Exercices pratiques.

du 13 au 15

■ Captation Haute Définition Caméscope SONY HDCAM

du 13 au 17

■ Isadora dans les arts de la scène technologies de captation pour processus interactifs

Mars

Structure partenaire: Hoverlord : coordination production, location et vente d'équipements vidéo, film et HD à Bruxelles.

du 6 au 10

■ Voix et sons traités numériquement dans les arts de la scène

Avril

*Le planning quotidien est fourni de manière informelle, l’équipe pédagogique se réserve le droit d’adaptations en fonction des contingences d’organisation des ateliers.

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Octobre

inscription en ligne : www.cecn.com

du 16 au 18/01/06 et 13 au 15/02/06

Lieu: technocITé, Carré des Arts/Mons

Prix: voir grille

du 17 au 21

■ Gestion de mixage Régie vidéo analogique

du 24 au 28

■ la vidéo dans les arts de la scène bases technologiques

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Projets soutenus 2004/2005

statistiques Résidences numériques 2005

• Le Manège.mons

• Le Studio - Manège Maubeuge

■ Denis Marleau , « Le moine noir », dans le cadre de Lille 2004 capitale européenne de la culture

■ Cie Tandem/Michèle Noiret (B), « Territoires intimes » dans le cadre de Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture.

■ Collectif METAmorphoZ (metteur en scène Valérie Cordy), « Jtapeldekjpe », 2004 Collectif METAmorphoz (metteur en scène Valérie Cordy) « METAmorphoz», VIA 05

■ Cie MADE INC (PL, Chorégraphie : Edyta Kozak), « Body Patents » Création d’une scénographie Vidéo.

■ Sylvie Landuyt, « Le sas », 2005 ■ Transcultures, « Citysonics 2004», en collaboration avec Musiques Nouvelles, La Ville de Mons et technocITé ■ Transcultures, « Citysonics 2005», en collaboration avec Musiques Nouvelles, La Ville de Mons et technocITé ■ Transcultures, « Netdays Wallonie-Bruxelles 2004», en collaboration avec Musiques Nouvelles, technocITé et la Commission européenne ■ Groupov, « Rwanda 1994 », captation HD du spectacle, théâtre de la Place, 2005 ■ « Mémoire de patrimoine », exposition au Grand-Hornu, 2005 ■ Florence Corin, « Aboulie », installation vidéo-danse, 2005 ■ Fondation Dragone, « festival 5/5 », 2004 et 2005

■ Cie Farid’o (FR), « La nuit avant la forêt » Création d’une scénographie vidéo. ■ Pfadfinderei (D) & Modeselektor (GB) « Labland », en collaboration avec le studio technologique de la Maison des Arts de Créteil Création d’une bande son pour le spectacle et Mixage en multi-diffusion Dolby Digital 5+1 pour support DVD. ■ Ghasem Ibrahimian (USA/IRAN), « Les Cinémas du futur », en collaboration avec lille2004 Capitale Européenne de la Culture. Dans le cadre de l’installation « les cinémas du futur », le studio technologique du Théâtre du Manège, a accueilli Ghasem Ibrahimian afin de réaliser un film, diffuser sur trois écran synchronisés. ■ « Boxing Kinshasa ! » Co-Production : Les films du dragons (B) Avec le soutien de : Hainaut Cinéma (B) et du CRRAV (FR) Fond européen de développement régional, projet audiovisuel : Wallonie / Nord pas de Calais. Réalisation d’un film documentaire / fiction de 26 mns.

• Le Studio La Maison des Arts de Créteil

• Intitulé

Date début Date fin

Nombre de présents

Durée

Durée totale

Résidence le Sas

5/2/05

7/9/05

3

400

1200

Résidence le Sas

6/6/05

7/9/05

1

200

200

Résidence le Sas

6/27/05

7/9/05

2

80

160

Résidence métamorphoses

2/21/05

3/21/06

10

168

1680

Résidence théatre virtuel en vidéo HD

3/7/05

3/12/05

4

48

192

heures

heures

20

3432

■ Le bal blanc, dans le cadre de Lille 2004, Ouverture de Lille 2004 ■ Les rencontres urbaines MAC 2003 Stephan Grögler, Roland, Opéra de Lausanne 2004 ■ Laurent Pelly, les Boréades, Opéra de Lyon 2004 ■ Blanca Li, Alarme, Biennale de la danse contemporaine de Lyon 2004 Pfadfinderei et Modeselektor, Labland, MAC 2004 ■ Gérard Cherqui, Perdu en Alaska, MAC 2004 Du Zhenjun, Patrick Jouin, François Chalet, Serial Killers, 2005 ■ Paolo Ferri et Richard Zachary, Sacré Printemps, MAC 2005

Ateliers numériques 2004/2005 • Intitulé

Date début

Date fin

Nombre de présents

Durée

MAX/MSP son par la pratique

6/23/04

6/24/04

7

16

112

Introduction aux problématiques d’intégration vidéo dans les arts de la scène

9/28/04

10/2/04

10

40

400

Motion capture optique

10/11/04

10/15/04

7

40

280

Introduction au traitement de la voix et du son (en liaison avec l’image) dans les arts de la scène

10/25/04

10/29/04

6

40

240

Scénographies vidéos actives : ombre active, écrans mobiles, horizon actif

10/4/04

10/8/04

7

40

280

Création d’environnements son pour performance live avec max msp

11/9/04

11/10/04

7

16

112

Motion capture électro-mécanique

12/13/04

12/17/04

7

40

280

Bases de communication interactive culturelle

12/8/04

12/10/04

5

24

120

Captation Haute Définition Caméscope SONY HDCAM

11/24/04

11/26/04

5

24

120

Scénographies vidéos actives : ombre active, écrans mobiles, horizon actif

11/15/04

11/19/04

6

40

240

Captation Haute Définition Caméscope SONY HDCAM

5/9/05

5/10/05

4

16

64

Bases de communication interactive culturelle

4/18/05

4/20/05

5

24

120

Création d’environnements son pour performance live avec max msp

4/25/05

4/27/05

2

40

80

Ecrire l’image et le son : introduction au scénario linéaire

5/2/05

5/19/05

5

40

200

Max/msp dans les arts de la scène/bases

6/6/05

6/10/05

9

40

360

Intégration de la vidéo dans les arts de la scène/bases technologiques

6/27/05

7/1/05

11

32

352

Intégration de la vidéo dans les arts de la scène/bases technologiques et dramaturgiques

9/19/05

9/23/05

11

40

440

Imagerie vidéo virtuelle dans la scénographie

3/7/05

3/9/05

5

24

120

Atelier De projet : storyboard & animatique

8/16/05

8/19/05

5

32

160

Atelier De projet : de l’animatique 2D vers l’animatique 3D

9/1/05

9/9/05

5

54

270

Atelier De projet : l’animatique 3D (formation longue, partie3)

9/19/05

9/23/05

5

40

200

Atelier De projet : préparation d’animatique 3D (formation longue, partie 4)

9/26/05

9/30/05

5

40

200

Atelier De projet : animatique 3D et problématiques de réalisation (formation longue, partie 5)

10/10/05

10/14/05

6

40

240

heures

145

4990

■ « Le Chanteur de Bal » Réalisation d’un film documentaire / fiction de 26 mns, extrait du spectacle Mariage de la compagnie du théâtre de chambre.

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Inscriptions / conditions d’admission I Registration / registration conditions

Plans d’accès / logements I Access / accommodation

www.cecn.com I France: +33 (0)6 82 73 40 97 I Belgium: +32 (0)496 83 96 81

technocITé au / at Carré des Arts Mons (B)

Statut

Prix

Statut

Prix

Rmiste français (dpt 62

Gratuit (pris en charge par le conseil général 62)

Demandeur d’emploi zone interreg région wallonne * et Nord/Pas de Calais (dpt 59 ou 62)

Gratuit

Demandeur d’emploi français (dpt 59/62

Faire une demande de prise en charge à l’ ANPE Spectacles

Enseignants Etudiants enseignement supérieur zone interreg région wallonne *

Gratuit suivant modalités Nous consulter

Demandeur d’emploi d’autres départements

Faire une demande de prise en charge à l’ ANPE Spectacles

Professionnels des métiers de la culture zone interreg région wallonne et Nord/Pas de Calais (dpt 59 ou 62)

20 € / jour

Tous Autres Cas : 250 €/jour / Price For Foreign Citizens : 250 €/day *la zone interreg région wallonne couvre les arrondissements de Ath, Dinant, Mouscron, Mons, Neufchâteau, Philippeville, Thuin, Tournai, Virton, Charleroi, Namur, Soignies. Les stagiaires des autres arrondissements wallons et de la Région Bruxelloise sont soumis à un quota.

Pour s’inscrire à un atelier I to register to a workshop

Autoroute/highway E19-E42 Sortie/exit 24, Mons Ghlin Direction Ring, sortie/exit Place Nervienne Parking Place Nervienne Carré des arts est à 500 m voir plan, Carré des arts is at 500 m check the map Mons en/by train Bruxelles/Brussels 50 minutes horaires sur/ timetables on www.sncb.be Paris TGV Thalys Paris-Mons 1h20, TGV direct le soir / in the evening depart à /departure 19h13 Paris gare du Nord, arrivée à / arrival 20h30 Mons 2h20, TGV Paris/Lille puis /then InterCity Lille/Mons, plus d’infos sur / more info www.tgv.com

envoyer CV et courte lettre de motivation à info@cecn.com send your resume and a short motivation letter to info@cecn.com

2

aller sur www.cecn.com, rubrique formation et vous inscrire en ligne go to www.cecn.com, formation section and register on-line

Infotel

Lille Accès Lille/Mons 45 min., InterCity www.sncf.com Loger à Mons / Sleep in Mons Hôtel INFOTEL, rue d’Havré (tél. +32 (0)65 40 18 30 www.hotelinfotel.be) Hôtel SAINT-JAMES, Place de Flandre (tél. +32 (0)65 72 48 24 et courriel: hotelstjames@hotmail.com) Auberge de Jeunesse du Beffroi / Youth hostel (tél. +32 (0)65 87 55 70 www.laj.be).

Université d’Artois / Arras (F)

1

Auberge J.

Université d’Artois / Arras (F) 9 rue du Temple BP665 62030 Arras CEDEX France En voiture / by car Arras est en voiture à 35 min de Lille, 1h de Mons et 1h40 de Bruxelles Arras is at 35 min from Lille, 1h from Mons and 1h40 from Brussels Arras en / by train Paris 40minutes TGV direct, horaires sur / timetable on www.tgv.com Lille 40 minutes, horaires sur / timetable on www.sncf.com Bruxelles / Brussels / Mons 2h30/2h00, horaires sur / timetable on www.sncb.be

St James

langy >

TechnocITé au Carré des Arts Mons (B)

rent B

Université d’Artois/Arras (F) ou au manège/Maubeuge(F)

St La u

stages ayant lieu à

Cambrai Paris (A1) >

Gare S.N.C .F

stages ayant lieu à

technocITé au / at Carré des Arts Mons (B) 4A rue des Sœurs Noires, 7000 Mons Belgium

e> un eth B s en > La ille (A1) Douai L

Projet Interreg IIIa France Wallonie Flandre co-financé par le FEDER Project Interreg IIIa France Walloonia Flanders co-financed by FEDER

Université d’Artois

P Parking visiteurs

Loger à Arras / sleep in Arras Le site www.arrashotelreservation.com présente une série d’hôtels situés entre la gare et l’université, dans une gamme de prix entre 50 et 100 € / nuit. www.arrashotelreservation.com presents various hotels located between the railway station and the university, prices ranging from 50 to 100 €. 78

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Lieux et opérateurs du CECN / Venues and operators of CCDS Une structure de production et de formation bi-nationale unique en Europe A unique bi-national production and training structure in Europe

Les lieux des ateliers numériques et des résidences numériques du CECN The venues of CCDS available for digital workshops and digital residencies

Mons (B)

Maubeuge (F)

Le Manège

Le Manège

Jauge / spectators : 580 pl Plateau / stage LxPxH :16x16x10 une salle de répétition + un espace d’exposition + une salle de lecture ouverture le 24 janvier 2006 / grand opening on january 24, 2006 : arch. Pierre Hebbelinck

Jauge / spectators : 600 pl Plateau LxPxH : 15,5 x 13,8 x 6,4m

Théâtre Royal

La Luna

Jauge / spectators : 1026 pl Plateau / stage LxPxH : 21 x 13 x 20m

Jauge / spectators : 1100 – 2000 pl Plateau / stage LxPxH : 17 x 12,75m x variable

Maison Folie/ Arbalestriers

3 villes partenaires (Aulnoye, Jeumont et Feignies):

le manège

scène transfrontalière Mons Maubeuge / cross-border stage Mons Maubeuge 110.000 spectateurs par an/billeterie (Belgique et France)/110.000 spectators per year (Belgium and France) 30.000 spectateurs par an/spectacles de rue (Les Folies/France) / 30.000 spectators per year/street shows (Les Folies/France) Total : 140.000 spectateurs/an 140.000 spectators/year

le manège.mons (B)

le manège.maubeuge (F)

• Centre Dramatique : 1 des 4 centres dramatiques en Communauté Wallonie—Bruxelles / 1 out of 4 dramatic centres in the Brussels-Walloon Community • Ensemble Musiques Nouvelles : l’ensemble de création musicale contemporaine de la Communauté Wallonie - Bruxelles / the contemporary music ensemble of Brussels Walloon Community • Maison Folie : 5000 m2 intérieurs/extérieurs pour ateliers d’artistes, résidences numériques, projets associatifs / 5000 m2 indoor/outdoor for artist workshops, digital training, associative life • CECN : centre de formation aux nouvelles technologies appliquées aux arts de la scène/education and training centre for digital technolgies applied to performing arts • L’Agence Régionale de Développement Culturel /Regional cultural agency

• Scène nationale française • Maison Folie • Studio technologique vidéo : centre de production et réalisation vidéo / video production studio • CECN : centre de formation aux nouvelles technologies appliquées aux arts de la scène / education and training centre for digital technolgies applied to performing arts

Jauge / spectators : 180 pl Plateau / stage LxPxH : 12 x 10 x 6,9m

En réseau avec / networked with la Maison des Arts de Créteil

TechnocITé :

Université d’Artois / SEPIA :

• Centre de compétence de la Région wallonne pour les technologies digitales de l’image et du son / Digital Image and Sound Education and training centre of Walloon Region

• centre de formation continue, continuous education centre, lancement formations image et son second trimestre 2005 / start-up of digital image and sound cursus by April 2005 Université d’Artois/SEPIA : une classe polyvalente PC/one classroom

technocITé Mons : 500 m2, 6 salles équipées son, image, Mac, PC. 1000 personnes formées en formation continue en 2005 / 500 m2, 6 classrooms equipped with sound, image softwares, Mac and PC’s.

photos : page de gauche, © B. Follet page de droite, D. Scoubeau sauf «la luna» : V. Vercheval

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Maison Folie

Espace Gérard Philippe, Feignies

Ateliers d’artistes, résidences numériques 5000 m2 intérieur/extérieur dont trois salles de travail

Jauge / spectators : 330 pl (assises) ou 550 pl (debout) Plateau / stage LxPxH : 15,50x11,30x5,8m

Machine à Eau

Centre Culturel André Malraux, Jeumont

Espace polyvalent, station de pompage restaurée à l’identique Polyvalent space, previous water pumping station rebuilt, part of Mons landmark

Jauge / spectators : 730 pl Plateau / stage LxPxH : 10 x 9 x 8m

Blue Key

Théâtre Léo Ferre, Aulnoye

Le manège possède un plateau blue key mobile adaptable sur ces différents plateaux. Dimension maximale 12x10 mètres. Ce plateau peut être loué. Renseignements sur demande à info@cecn.com Le manège owns a mobile blue key studio suitable for all the stages presented above. Maximum size is 12x10 meters. We rent the stage space. Contact us for more info at info@cecn.com

Jauge / spectators : 600 pl Plateau / stage LxPxH : 13,20 x 9,6 x 4,5m

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L’équipe du CECN I the CCDS team

Partenaires I Partners Opérateurs I operators

Université d’Artois/sepia

Le manege

mons maubeuge

Ville de Jeumont en collaboration avec

Co-financeurs du projet I Project co-financing

en collaboration avec

Opérateurs: ■ TechnocITé Direction: Jacques Delaunois Chef d’exploitation/Operation Manager: Richard Roucour Administration: Catherine Dethy Production designer: Bruno Follet

Projet Interreg IIIa France Wallonie Flandre co-financé par le FEDER Project Interreg IIIa France Walloonia Flanders co-financed by FEDER

Partenaires technologiques I Technological partners

www.technocite.be technocITé Château Degorge 23, rue Henri Degorge B - 7301 Hornu Belgique Contact ateliers CECN France/Belgique : Pascal Keiser, pascal.keiser@technocite.be ■ Université d’Artois/SEPIA Direction/director: Freddie Beugin Administration: Carole Vermeersch Exploitation/Operation : Sabine Vitel

Avec le soutien de I With de support

www.univ-artois.fr Université d’Artois/SEPIA Formation Permanente Université d’Artois BP 665 9 rue du temple F - 62030 Arras cedex France Tél : +33 (0)3 21 60 49 04 Contact : Carole Vermeersch carole.vermeersch@univ-artois.fr

ministère de la Communauté Wallonie - Bruxelles

Partenaires formation I Education program partners

Partenaires diffusion I Diffusion partners

Partenaire production I Production partner

Web design

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En collaboration avec:

■ Chef de Projet/Project Head: Pascal Keiser

■ le manège.mons (B) Intendant général/general manager : Yves Vasseur Direction artistique/ artistic directors: Daniel Cordova/Centre Dramatique, Jean Paul Dessy /Musiques Nouvelles Direction administrative / Administration management Anne André Gestion, coordination / management, coordination Denis Scoubeau www.lemanege.com le manège.mons, scène transfrontalière asbl Rue des sœurs noires, 4A B - 7000 Mons Belgique Tél : +32(0)65 39 98 00 Fax : +32 (0)65 39 98 09 Contact résidences technologiques maison Folie : Anne André, anne.andre@lemanege-mons.be

■ Maison des Arts de Créteil Direction/director : Didier Fusillier Administration : Annette Poehlmann secrétaire générale/general secretary : Mireille Barucco Studio technologique: Responsable/Manager : Charles Carcopino Assisté de/assisted by : Julien Nesme www.maccreteil.com Maison des Arts et de la culture de Créteil 1 Place Salvador Allende 94000 Créteil France Tél : +33 (0)1 45 13 19 12 Fax : +33 (0)1 43 99 48 08

Équipe rédactionnelle du magazine / Magazine editorial team ■ le manège/scène nationale de Maubeuge (F) Direction/director: Didier Fusillier Administration: Yves Vasseur assisté de/assisted by Pierre Laly Studio technologique/technological studio Responsable /manager: Bertrand Baudry www.lemanege.com Le Manège, Scène nationale de Maubeuge Rue de la Croix – BP 105 F - 59602 Maubeuge cedex France Tél :+33 (0)3 27 65 93 86 Contact résidences technologiques Pierre Laly, pierrelaly@lemanege.com Contact studio technologique Bertrand Beaudry, studiomanege@wanadoo.fr ■ Ville de Jeumont Service culturel Centre Culturel André Malraux Rue Hector Despret F - 59460 Jeumont France Tél : +33 (0)3 27 62 90 86 Patrick Robitaille www.mairie-jeumont.fr

■ Editeurs/editors : Pascal Keiser et/and Philippe Franck ■ Coordination/Cordinator : Vincent Delvaux ■ Journalistes/writers : Vincent Delvaux, Philippe Franck, Bruno Follet, Denis Scoubeau, Bérengère Deroux, Julien Carrel, Emmanuel Fortuna, Julien Delaunay ■ Traduction : Steve Blacka John Watters Conception graphique / Graphic design : ■ Colin Junius www.oocolin.net


www.cecn.com I France : + 33 (0)6 82 73 40 97 I Belgium: +32 (0)496 83 96 81

Projet Interreg IIIa France Wallonie Flandre co-financé par le FEDER Project Interreg IIIa France Walloonia Flanders co-financed by FEDER Projet co-financé par le Ministère de la Formation de la Région wallonne Project co-financed by Ministère de la Formation of the Walloon Region Photo de couverture : City sonics 2005, © Transcultures/Régis Cotentin Editeur responsable/Editor : Pascal Keiser/CECN, 4A rue des Soeurs noires, B-7000 Mons


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