Binche et sa région

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Binche et sa région

Etienne Piret


Première édition 2012 The History Press The Mill, Brimscombe Port, Stroud, Gloucestershire, gl5 2qg Angleterre www.thehistorypress.co.uk www.editionstempus.be © Etienne Piret, 2012 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation, même partielles, sous quelque forme que ce soit, réservés pour tous pays. The right of Etienne Piret to be identified as the Author of this work has been asserted in accordance with the Copyrights, Designs and Patents Act 1988. All rights reserved. No part of this book may be reprinted or reproduced or utilised in any form or by any electronic, mechanical or other means, now known or hereafter invented, including photocopying and recording, or in any information storage or retrieval system, without the permission in writing from the Publishers. British Library Cataloguing in Publication Data. A catalogue record for this book is available from the British Library. isbn 978 1 84588 672 1 nur 693

L es verreries Laurent-Devergnies et Cie produisaient des verres à vitre, des bouteilles et de la gobeleterie. Ces produits étaient exportés jusqu’en Angleterre, aux USA, au Japon, au Canada. Jusqu’à 400 ouvriers travaillèrent dans cette usine. (Coll. L. Brichot) 2


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Binche et sa région


Je remercie toutes les personnes qui m’ont permis par leurs prêts ou par les informations qu’ils m’ont fournies de réaliser ce livre : Mme Adant, Lucie Brichot, Christine Chevalier, Monique Derbaix, Maîtres Léopold et Charles-Eugène Derbaix, Fernand Dessalive, Paulette GaillardDutrieux, André Graux, Janine Harvengt, Jean-Louis Hubert, Michel Lechien, Jacqueline Legrand, Bernard Lizon, le Comte Louis de Looz-Corswarem, l’Abbé Marcq, Jean-Luc Marlière, Gérard Mathieu, Jean-Pierre Navez, Edwige Roussel, Claire Traets-Scouflaire. 4


Introduction Le présent ouvrage publié dans la collection « Passé & Présent » est complémentaire des trois tomes déjà consacrés à Binche et sa région, dans la collection « Mémoire en images ». Vous retrouverez notamment des documents déjà publiés dans mes livres précédents, l’innovation viendra de leur comparaison avec des photos prises durant l’été 2011. Dans certains cas, nous verrons qu’un site a subi plusieurs transformations. Néanmoins, certaines photographies anciennes seront publiées pour la première fois. Un tome 4 de documents complètement inédits est également en préparation, il sera quant à lui prochainement publié dans la collection « Mémoire en images ». Comme précédemment, j’ai eu recours à plusieurs collections privées binchoises. C’est l’occasion de revenir sur l’une de mes sources les plus importantes. Il s’agit d’un album exceptionnel par sa qualité, son exhaustivité et sa cohérence. Il s’agit d’un recueil de cartes anciennes constitué par Germaine Levie au début du XXe siècle. Il était de bon ton à l’époque, dans les familles bourgeoises de conserver les nombreuses cartes illustrées que s’échangeaient les membres de la famille et les amis. Plutôt que d’utiliser le traditionnel papier à lettre, ils écrivaient leurs nouvelles sur des cartes postales illustrant leur ville ou leur région qu’ils conservaient ensuite dans des albums, d’où l’importance de ces documents actuellement sur le marché. Celui de Germaine Levie est un livre épais d’une quinzaine de centimètres et mesurant 15 cm de large sur 40 cm de hauteur. Il possède une très belle reliure imitant le cuir et ornée de fleurs dans le plus pur style Art Nouveau. A l’intérieur, les cartes postales pouvaient être classées à la verticale comme à l’horizontale à raison de trois ou deux cartes par page comme dans un album de photographies traditionnel. Sa propriétaire était la fille de l’industriel Fernand Levie et l’épouse de Charles Derbaix, fils du notaire Auguste Derbaix et neveu du bourgmestre Eugène Derbaix. Charles succéda à son oncle dans la charge de Bourgmestre de 1922 à 1946. Le couple s’installa au château de La Pasture qui deviendra pour les Binchois le « Château Derbaix ». L’album de cartes anciennes est resté intact au fil des générations, et appartient de nos jours à Monique Derbaix, petite-fille de Germaine Levie. A cette occasion, je remercie, une nouvelle fois, Monique qui m’a confié cet héritage auquel elle tient tant. 5


L a reliure Art Nouveau de l’album de cartes anciennes constitué par Germaine Levie au début du XXe siècle (Coll M. DErbaix)

Exemple de page intérieure de cet album. Le motif Art Nouveau se retrouve en décor de fond de page. (Coll M. Derbaix) 6


MES AUTRES SOURCES PRINCIPALES SONT: L’incontournable fonds de photographies constitué par l’ancien secrétaire communal Joseph Gaillard, que sa veuve Paulette Dutrieux a bien voulu m’ouvrir. Une source, tout à fait inédite, vient s’ajouter aux précédentes. Il s’agit de la collection de photographies constituée par Lucie Brichot. Exceptionnelle tant pour la qualité des documents que pour leur rareté. Seuls quelques documents seront publiés dans le présent volume, les autres paraîtront dans le tome 4 de « Mémoire en Images ». Quelques illustrations sont extraites de livres anciens car je n’ai malheureusement pas réussi à mettre la main sur les originaux. Enfin, vous retrouverez de nombreuses illustrations aimablement prêtées par mes collaborateurs habituels. Toutes les photos actuelles ont été réalisées par mes soins. Pour les documents plus anciens, j’ai puisé dans les Albums de Croÿ, un recueil de 2500 gouaches peintes à la fin du XVIe siècle par Adrien de Montigny pour le compte du duc Charles de Croÿ. Elles représentent les possessions de la famille de Croÿ mais aussi les villes et terres où ils ont exercé une fonction. Ces gouaches sont en grande partie conservées aux archives de Vienne. Elles furent publiées en 23 volumes par le Crédit Communal. Parmi les ouvrages de références que vous trouverez dans la bibliographie, je donne une place particulière au recueil d’Alain Graux « Promenades historiques d’un quartier à l’autre » qui est une source inépuisable d’informations recueillies dans les archives communales. Le but du présent livre n’est pas de tomber dans une nostalgie d’un passé idéalisé mais plutôt de montrer l’effet du temps qui passe sur une ville et sa région et quelles sont les évolutions positives ou négatives qui marquent immanquablement notre cadre de vie et de travail. Une société qui n’évolue pas est une société qui se sclérose et qui meure. C’est donc l’occasion de se poser les questions: que doit-on conserver ? Que doit-on remplacer ? Si l’évolution est inévitable, comment doit-on l’envisager afin d’avancer tout en évitant que nos enfants ne nous reprochent plus tard d’avoir fait table rase du passé ?

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L a ville de Binche dessinée par Adrien de Montigny pour le compte du duc Charles de Croÿ.

Cette vue fut réalisée entre 1598 et 1602. Le dessinateur devait être placé sur les hauteurs de Waudrez, probablement aux alentours de l’actuelle rue de Clerfayt. On distingue le clocher de l’église saint-Remi de Waudrez au premier plan. Binche apparaît enserrée dans ses remparts, on reconnaît les principaux monuments : de droite à gauche, l’imposant palais de Marie de Hongrie restauré en partie après le sac de 1554, la collégiale saint-Ursmer, la porte saint-Jacques (actuelle rue des Arquebusiers) et à côté, le clocher de l’hôpital saint-Jacques, au centre, l’hôtel de ville avec son beffroi à clocher bulbeux et la petite porte de Mélion (actuelle rue Lucien Roland). (Archives de Vienne)

B inche en 1673, Dessin de Jos-

hua de Grave. La vue est pratiquement sous le même angle que la précédente. En ¾ de siècle de guerres continuelles, la situation de Binche s’est terriblement dégradée. Les remparts ont été démantelés. Le palais, en partie reconstruit après le sac de 1554, semble cette fois complètement ruiné. (Bibliothèque Royale de Bruxelles, cabinet des Estampes) 8


Vue actuelle de Binche prise sous le même angle que celle de la gouache des albums de Croÿ. L’avant-plan est maintenant presque complètement bâti. Toutefois, l’aspect général de la ville a peu changé. Le beffroi et le clocher de la collégiale dominent toujours la ville.

Plan de la Ville de Binche dressé en 1786. Sur ce plan, on constate qu’à la fin du XVIIIe siècle,

Binche est une ville assez peu bâtie, une grande partie des terrains intra muros sont toujours consacrés à l’agriculture ou aux jardins maraîchers. Le palais, ou du moins ce qu’il en restait, a été rasé au début du siècle (1704) et le terrain a été comblé pour en faire un jardin. (Publié par Théophile Lejeune dans son « Histoire de la Ville de Binche » en 1896). 9


Depuis la fin du XVIIe siècle, la Ville de Binche n’est plus considérée comme une forteresse.

Les techniques de sièges (dont les nouveaux canons) ayant évolué et la modernisation des fortifications étant impossible à cause de la configuration du sol, les autorités militaires de l’époque décidèrent d’abandonner le site comme place forte. Les remparts ont été démantelés et laissés à l’abandon. Ils ont fini par servir de carrière. Ces cartes postales du début du XXe siècle montrent l’état du rempart Saint-Ursmer à cette époque. Il n’y a pas de route, seulement un sentier qui contourne la ville. (Coll M. Derbaix)

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Durant tout le XXe siècle, une série de chantiers vont se succéder autour des remparts. Dans ce

cas-ci, une route pavée est construite permettant de contourner la ville. Elle remplace les anciens boulevards qui étaient, depuis le moyen âge des levées de terre installées aux pieds des fortifications et qui renforçaient le système défensif de la ville. La nouvelle rue prend donc logiquement le nom de « rue des Boulevards ». Dans les années 1960 et 1970, le rempart dit « saint-Ursmer » a été restauré en profondeur, on a placé un nouveau parement en grès de Bray afin de lui rendre son aspect d’origine.

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L a rivière « la Princesse » entoure une bonne partie de l’enceinte médiévale. Elle est restée à ciel ouvert jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Elle devenue un véritable égout où se déversaient les eaux usées des habitations et des industries locales. Nous voyons ici la rivière venant du pont saint-Paul et longeant le rempart saint-Georges pour passer ensuite sous la rue de Robiano. (Coll. J. Gaillard)

Tant pour des raisons de salubrité que pour limiter les inondations récurrentes, l’administration communale lança, après la seconde guerre mondiale, un grand projet de canalisation de cette rivière. Dans les années 1990, le site est entièrement pavé pour servir de connection entre le parking saintPaul et la rue piétonne nouvellement aménagés. 12


En 1928, les abords du rempart saint-Georges sont aménagés en un petit parc, des grilles lui

donnent accès depuis la rue saint-Georges. Sur le côté, un tir à l’arc est installé. Avec les travaux de canalisation des années 1950, le square sera complètement réaménagé en un sentier planté de haies et accueillant un monument dédié aux prisonniers de guerre. Le sol sera recouvert de gravier rouge qui donnera la dénomination populaire de « chemin rouge » (Coll. L. Brichot)

L e « chemin rouge » est sup-

primé dans les années 1990 suite à l’aménagement de la zone piétonne. Le chantier de restauration des remparts à partir de 1995, bouleverse une nouvelle fois la zone. De nos jours, l’ensemble du site sert de parking. 13


L a porte Saint-Paul vers 1820. Binche n’a pas encore été atteinte par la révolution industrielle,

c’est une petite bourgade de province qui sommeille. A l’extrême gauche, en hauteur, on distingue une barrière donnant directement sur le parc communal. Au centre, se trouvent des petites constructions aménagées dans l’ancien refuge de l’abbaye de Bonne-Espérance. Sur la droite, ce sont les bâtiments de l’ancien collège des Augustins. (coll de l’auteur)

En 1835, la porte saint-Paul est démolie pour faciliter le charroi entrant et sortant de la ville. Durant cette période, toutes les portes fortifiées subissent le même sort. Les abords des remparts sont cédés aux particuliers à condition d’y bâtir des habitations. Le site de l’ancienne porte est lui loti, la rue est encadrée d’une série de maisons bourgeoises et ouvrières. (Coll J. Gaillard) 14


A la fin du XXe siècle, la mode est à la mise en valeur du patrimoine ancien. Les immeubles du XIXe siècle ont été petit à petit abandonnés puis laissés à l’état de taudis. Les autorités communales décident de démolir ces constructions devenues vétustes.

Projet (non réalisé) daté de 1955. Les autorités communales envisageaient de développer le

musée communal installé dans les « Caves Bette » en construisant un nouveau bâtiment audessus des caves. Ce projet participait à la politique de mise en valeur des remparts lancée des la fin du XIXe siècle. Le musée communal abritait des pierres sculptées récupérées dans la ville. (Coll J. Gaillard) 15


Un vivier jouxtait la porte saint-Paul et était alimenté par la princesse, dite aussi Samme, passant sous le pont saint-Paul. L’étang a été supprimé et le terrain comblé à la fin du XIXe siècle. En 1894, une école communale pour filles a été construite à son emplacement. Celle-ci était jusque-là installée dans l’ancien couvent des « Récollets ». (Coll M. Derbaix)

L es bâtiments de la nouvelle école avaient été conçus par les

architectes Mahieu et Charbonnelle en style néo-renaissance. L’école changera plusieurs fois d’affectations pour abriter dans les années 1980 le Conservatoire de Musique. Les bâtiments désaffectés sont démolis en 1992 (malgré une nouvelle toiture installée quelques années plus tôt) pour faire place à un parking qui prendra le nom de « Square Marcel Quinet », musicien binchois et ancien directeur du conservatoire. 16


Tout au long du XIXe siècle, de nombreuses constructions sont bâties contre les remparts et

les dissimulent en partie. Ici, au faubourg Saint-Paul, le muret d’un jardin. Il n’y a pas encore de route, juste un chemin longeant la rivière qui, est à l’époque, toujours à ciel ouvert. (Coll. M. Derbaix).

En 1897, les remparts de Binche sont classés par arrêté royal

à titre de patrimoine exceptionnel. Petit à petit, les bâtiments construits quelques décennies plus tôt aux abords des remparts sont expropriés puis démolis. La Ville de Binche débute alors une politique de restauration des remparts qui est toujours en cours plus d’un siècle plus tard. Ce tronçon du rempart du parc fut restauré à plusieurs reprises : au début du XXe siècle, dans les années 1950, puis encore une fois dans les années 1990. 17


Vue de la grand-place, lithographie de Th. Ch. Hoolans, 1854. L’hôtel de ville possède une

façade en style néo-classique érigée en 1770 selon le projet de l’architecte Laurent-Benoît Dewez, par ailleurs, concepteur du château de Seneffe et de l’abbaye de Gembloux entre autres. Sur la gauche, le « Vaux Hall », salle de spectacle communale bâtie sous le régime hollandais (18151830) à l’emplacement de l’ancienne halle aux grains. (Coll. De l’auteur)

Durant la 2e moitié du XIXe siècle, une bataille fait rage au sein du conseil communal au sujet

du projet de démolition de l’hôtel de ville devenu trop vétuste. En 1892, la commission des monuments et sites donne son accord pour la conservation et la restauration de l’ancien hôtel de ville. Les travaux durent de 1896 à 1899. Le carillon n’est achevé qu’en 1901. Le monument retrouve sa façade renaissance. Le Vaux Hall est quant à lui démoli et remplacé par un nouveau théâtre en style renaissance en 1933-34.

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La

grand-place, lithographie de Th. Ch. Hoolans, 1854. Au centre, une fontaine publique (supprimée en 1863) dont le pilier central fut longtemps conservé sur une pelouse du parc communal. A l’arrièreplan, la collégiale saint-Ursmer. Notez devant les maisons, les escaliers donnant directement accès aux caves et les constructions en bois étendant la superficie des maisons ce qui est significatif d’une crise du logement. Les caves, généralement insalubres, étaient louées aux « indigents » et appelées « boucquiaux » (Coll. De l’auteur)

L a plupart des maisons du centre ville datent aux XVIIe et au XVIIIe siècles. Tout au long du XXe siècle, celles-ci furent démolies et remplacées par des immeubles plus modernes. Quant aux « boucquiaux » il fallut plusieurs décennies, jusqu’au début du XXe siècle, pour que les autorités communales réussissent à imposer leurs fermetures.

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