Liège à livre ouvert

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LIÈGE À LIVRE OUVERT

R O BERT R U WET PHOTOS ALBERT CARIAUX


Première édition 2012 The History Press The Mill, Brimscombe Port, Stroud, Gloucestershire, gl5 2qg Angleterre www.thehistorypress.co.uk www.editionstempus.be © ROBERT RUWET, 2012 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation, même partielles, sous quelque forme que ce soit, réservés pour tous pays. The right of Robert Ruwet to be identified as the Author of this work has been asserted in accordance with the Copyrights, Designs and Patents Act 1988. All rights reserved. No part of this book may be reprinted or reproduced or utilised in any form or by any electronic, mechanical or other means, now known or hereafter invented, including photocopying and recording, or in any information storage or retrieval system, without the permission in writing from the Publishers. British Library Cataloguing in Publication Data. A catalogue record for this book is available from the British Library. isbn 978 1 84588 677 6 nur 693


Introduction Vous êtes invités à visiter la ville de Liège comme, sans doute, vous ne l’avez jamais fait. Nous allons vous confier à un guide qui vous fera découvrir la Cité Ardente comme si elle était un grand livre ; un grand livre qui s’offre à la lecture de tous les curieux qui daigneront ouvrir les yeux. Votre attention sera attirée sur les mille et une inscriptions que l’on peut lire sur les murs de la Cité. Nous ne retiendrons bien sûr pas les « plaques » indiquant les noms des rues, les innombrables panneaux publicitaires contemporains ni les avis signalant qu’un médecin ou un avocat sévit dans le coin… Mais nous rechercherons les plaques commémoratives et toutes les épigraphes qui, parfois depuis des siècles, racontent notre histoire sur nos vieux murs. Nous respecterons une règle : nous n’entrerons jamais dans une propriété privée ni dans l’enceinte d’un quelconque domaine. Rien que le trottoir ! C’est que l’on en voit des choses sur les trottoirs de Liège… Nous nous excusons déjà auprès des amateurs de chiffres mais dans notre promenade nous donnerons la priorité absolue aux lettres… Rendez-vous vous est donné en plein cœur de la ville : place Saint-Lambert. Votre guide vous attend en haut de la place près du Palais. Bonne route !

PS. Les photos ont été prises dans le second semestre de 2011 et le premier de 2012. Une ville étant, à sa manière, un organisme vivant quelques détails ont évolué depuis.


Répertoire PLACE SAINT-LAMBERT

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QUAI DE LA DERIVATION

39

RUE SAINTE-URSULE

8

RUE PUITS EN SOCK

40

PLACE DU MARCHE

9

RUE DE BERGHES, 22

41

RUE DU PALAIS, 44

10

RUE PORTE GRUMSEL, 6

42

RUE PIERREUSE

11

PLACE DELCOUR

43

RUE VOLIERE

13

RUE DE PITTEURS

44

RUE SAINT-PIERRE

14

QUAI VAN BENEDEN

45

RUE HORS-CHÂTEAU

15

RUE DES RECOLLETS, 34

47

COURS DES MINEURS

16

RUE FOSSE AUX RAINES

48

RUE HORS-CHATEAU, 49

17

RUE HENRI DE DINANT, 17

49

PLACE SAINT-BARTHELEMY

18

RUE PONT SAINT-NICOLAS

50

ESPLANADE SAINT-LEONARD

20

RUE PUITS EN SOCK

51

RUE DU MONT DE PIETE

22

RUE ROTURE

52

QUAI DE MAASTRICHT, 8

23

BOULEVARD SAUCY

55

QUAI DE MAASTRICHT

24

RUE DE LA REGENCE

56

EN FERONSTREE, 137

25

RUE MATROGNARD

57

EN FERONSTREE, 6

26

QUAI SUR MEUSE

58

POTIERUE, 5

27

PLACE DU VINGT AOUT

59

RUE DU PONT

28

PLACE DES CARMES

60

RUE NEUVICE

29

RUE DU VERTBOIS

61

PLACE DU MARCHE

30

PLACE SAINT-PAUL

62

RUE BARBE D’OR

32

RUE BONNE FORTUNE, 13

63

PLACE DU COMMISSAIRE MAIGRET 33

RUE SŒURS DE HASQUE

64

RUE DU PAQUIER

35

RUE SAINTE-ALDEGONDE

65

RUE SAINT-PHOLIEN

36

RUE CATHEDRALE, 13

66

RUE PORTE AUX OIES

38

PLACE DE L’OPERA

67


EN VINAVE D’ILE

68

RUE SAINT-LEONARD, 374

103

RUE SAINT-JEAN EN ISLE, 11

69

RUE VIVEGNIS, 213

104

RUE CARLIER

70

RUE FOND DES TAWES

105

PLACE DES BEGUINAGES

71

BOULEVARD SOLVAY

106

RUE JONFOSSE, 9

72

BOULEVARD JEAN DE WILDE, 53 107

RUE HOCHEPORTE, 33

73

RUE SAINTE-WALBURGE, 214

108

RUE DES REMPARTS

74

PLACE SAINTE WALBURGE

109

RUE DES REMPARTS, 5

75

RUE SAINTE-WALBURGE 4

110

BOULEVARD D’AVROY, 96

76

BD. DU DOUZIEME DE LIGNE

111

PARC D’AVROY

77

BD. DU QUATORZIEME DE LIGNE 112

PONT ROI ALBERT

81

CITADELLE

PONT ROI ALBERT (ESPLANADE)

85

RUE DU SERGENT MERX

114

RUE FABRY

89

RUE DES EGLANTIERS

115

RUE DARTOIS, 22 ET 42

90

PLACE DU FLOT

116

GUILLEMINS (GARE)

91

RUE SAINTE-MARGUERITE, 231

117

RUE SAINT-MAUR

92

RUE SAINTE-MARGUERITE, 87

117

RUE DU VIEUX-MAYEUR, 44

93

RUE SAINTE-MARGUERITE

119

SQUARE FRANCOIS JACQMIN

94

PUBLEMONT, 45

120

PARC DE LA BOVERIE

95

RUE HULLOS, 54

121

ESPLANADE DE L’EUROPE

96

DEGRES DES TISSERANDS

122

RUE LIBOTTE

97

JARDIN WIKET

123

RUE BARTHOLOMEZ

98

RUE MONULPHE

124

PONT ATLAS

99

JARDIN WIKET

125

113

PLACE CORONMEUSE

100

BOULEVARD SAINTE-BEUVE

126

RUE SAINT LEONARD, 243

101

RUE SAINT-GILLES, 550

127

RUE SAINT LEONARD, 261

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PLACE SAINT-LAMBERT Nous ne pouvions évidemment pas commencer notre visite ailleurs que sur la place Saint-Lambert puisque c’est ici que naquit la cité de Liège. C’est aux alentours de l’an 700, mais l’on ignore la date exacte, que Lambert, alors évêque de Tongres, se fit assassiner. Ici, à l’endroit où vous vous trouvez ! A l’époque, il n’y avait qu’un petit oratoire édifié en 558 par Monulphe, lui aussi évêque de Tongres. Rapidement, l’endroit devint un but de pèlerinage ; on construisit une église, qui allait devenir cathédrale, et toute une cité se développa dès le 8ème siècle. Vous pouvez lire sur cet avis, gravé dans la pierre du palais, que nous nous trouvions jadis dans le département de l’Ourte. (Eh oui : sans « h ».) Nous avons effectivement été Français… En 1789, dans la foulée de la révolution française, le peuple de Liège se révolte, chasse le dernier Prince-Evêque, François de Méan, et… détruit la cathédrale qui se trouvait, ici, face au palais. Nous serons Français de 1795 à 1805, puis Hollandais de 1805 à 1830. Depuis nous sommes Belges mais je suis incapable de vous dire pour combien de temps encore…

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Nous nous trouvons ici face à l’entrée principale de notre palais. C’est actuellement le siège du gouvernement provincial, à votre gauche, et, à votre droite, les bâtiments sont occupés par des services de la Justice. En lisant l’inscription figurant au fronton surplombant l’entrée, on découvre que le maître d’œuvre du palais était Georges de Berghes qui fut notre Prince-Evêque de 1724 à 1743. Regardez bien le texte : Georgius Ludovicus Episcopus et Princeps Leodiensis… Ces mots résument à eux seuls notre histoire et nous permettront de comprendre bien des choses : Evêque et Prince tout est là ! C’est cette double casquette qui fera des chefs d’un petit état des « gens » avec qui il faudra compter.

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RUE SAINTE-URSULE Nous nous trouvons maintenant rue Sainte-Ursule… ou plus exactement ce qui fut la rue Sainte-Ursule avant le grand chambardement. Il s’agissait d’une petite rue très étroite qui était coincée entre le Palais et une rangée de vieux immeubles dont quelques-uns abritaient des bistroquets et des « hôtels » relativement peu recommandables. Mais chacun vit sa vie… Le monument que nous voyons fut érigé en l’honneur de Raymond Lepouse. Ce Liégeois était agent d’une intercommunale mais aussi un résistant actif. Il fut arrêté par les Allemands et le 20 juillet 1944, il était interrogé au deuxième étage du palais, dans les locaux de la Kommandatur. Plutôt que de livrer son secret sous la torture, il se précipita par la fenêtre et vint s’écraser sur les pavés. Là où fut érigé ce monument. « Ma vie plutôt que mon secret ». Mais s’il y a des hommes de la trempe de Raymond Lepouse, il est d’autres, hélas. Ainsi l’escroc minable qui, au début du mois de janvier 2011, est venu lâchement voler le visage de bronze qui représentait le héros. Honte à lui ! Et est-il quelque part un brocanteur assez vil que pour racheter les quelques dizaines de grammes de bronze ? Oui, sans doute… (Il faut préciser que depuis le jour où cette photo a été prise, on a replacé une réplique de la plaque volée. Cet acte de civisme fut initié par « La Questure Raymalienne » un ordre qui s’est créé dans la mouvance universitaire et qui n’est pas sans rappeler la pataphysique…) 8


PLACE DU MARCHE

Ce que vous admirez là est un chronogramme. Une sorte d’ancêtre des chiffres et des lettres... Dans un chronogramme, certaines lettres (celles qui sont écrites en majuscule) sont à la fois lettre et chiffre. Chiffre romain, cela va sans dire. Il s’agit donc d’un exercice assez subtil puisqu’il convient de trouver des mots qui permettront d’écrire la date recherchée. Heureusement, les chiffres romains permettent diverses combinaisons et avec un peu d’adresse… « Delparae aC anDreae CoeLo proVIDente eXtrVota » « Dédicace à la mère de Dieu et à André, sous la providence du Ciel ». … vous découvrirez que c’est en 1772 que le bâtiment fut construit. Ou reconstruit… L’église fut désaffectée dès le début de la révolution de 1789. Pendant quelques années, le bâtiment abrita les réunions des Théophilanthropes qui, dans la foulée de Voltaire, avaient élaboré une sorte de déisme basé sur la Raison ; ce fut également, successivement, un hôpital, une boucherie, une école d’équitation et un magasin d’habillement ! Enfin, ce fut longtemps le siège de la bourse aux grains. C’est maintenant une salle d’expositions. 9


RUE DU PALAIS, 44 C’est ici que naquit le 14 mai 1836 l’un de nos plus fameux auteurs dramatiques wallons : Edouard-Maurice Remouchamps Son succès… non son triomphe et le mot est encore faible, fut Tâti l’Pèriqui. Ce qui pourrait se traduire par Gauthier le perruquier. Cette pièce fut créée le 11 octobre 1885. Ce fut phénoménal ! Le succès fut tel que l’on parla de « Tâti Mania » Deux cents représentations de 1885 à 1890. Après Liège, la pièce est promenée aux quatre coins de la province et l’on quitta rapidement les frontières du pays liégeois : ce fut Gand, Ostende et même… Paris ! Eh oui, Paris avec une pièce wallonne. Et pourquoi ? Sans doute parce que cette pièce est une sorte de petit chef-d’œuvre qui toucha au cœur tout un peuple. Digne de Molière… qui dit mieux ?

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RUE PIERREUSE Cette plaque commémorative fut apposée le 21 avril 1924 pour honorer la mémoire des habitants de Pierreuse qui périrent au cours de la première guerre mondiale. Malheureusement, on dut ajouter deux codicilles après la seconde… Certains oiseaux de mauvais augure ajoutent qu’il y a encore de la place pour d’autres annexes. C’est l’une des plus anciennes rues de la cité ; sa déclivité est de 14%, on la descendait en traineau hiver comme été ! Le 12 octobre 1520 fut un grand jour pour Pierreuse : venant de Tongres, c’est ici que Charles-Quint en personne pénétra dans la ville, invité par Erard de la Marck. Pendant des siècles, Pierreuse fut l’artère populaire par excellence et ses mamés èfants, qui n’avaient rien à envier à ceux de Roture, n’avaient vraiment pas la réputation d’être des enfants de chœur. C’était un peu à ses risques et périls que « l’étranger » passait par là. Depuis, les temps ont bien changé et le quartier a maintenant quelques relents de diaspora napolitaine et de bohème du meilleur aloi.

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RUE PIERREUSE Les Liégeois sont souvent des gens assez curieux. Pendant près d’un millénaire ils se sont accrochés à leur indépendance ; ils ont ensuite clamé leur attachement à la France. Et pourtant… sans eux la révolution de septembre 1830 aurait été un cuisant échec. Certes, des hommes comme Charles Rogier furent les têtes pensantes de ce mouvement insurrectionnel mais la base agissante était on ne peut plus liégeoise. Et à la pointe de cette base, «notre» Charlier à la Jambe de Bois. Il naquit à Liège, dans le quartier de Sainte-Walburge en 1794. Il fut incorporé dans les armées impériales et ne rentra à Liège qu’après la bataille de Waterloo. Une de ses jambes ne revint jamais et, pour tous, il devint Charlier à la Jambe de bois et fit figure de héros national. Il fut l’un des premiers à prendre part aux manifestations antigouvernementales qui se multipliaient. Dès le 2 septembre 1830, Charles Rogier haranguait la foule place du Théâtre. Le 3, Charlier s’enrôlait et le 4 il partait vers Bruxelles, monté sur l’affût d’un canon qu’il avait «emprunté» aux Hollandais qui se terraient dans la caserne des Ecoliers (qui deviendra la caserne Fonck après la première guerre mondiale). A Bruxelles, cet ancien fantassin se transforma en artilleur d’élite : il dirigea le feu qui, de la place Royale, semait la plus funeste des pagailles parmi les Hollandais regroupés dans le Parc. Cela dura quatre jours au cours desquels dix-huit hommes tombèrent aux côtés de Charlier ; lui tint bon et, le matin du 27 septembre, il fut l’un des premiers à constater que le Parc était vide : les Hollandais avaient pris la fuite. 12


RUE VOLIERE Le père Paul de Coninck (1941 -2005) ne sera jamais cardinal ! Entendez par là qu’il y a bien peu de chances que la hiérarchie catholique s’intéresse fort à lui. Même à titre posthume… Il n’est l’auteur d’aucune somme théologique et n’a fréquenté, ni de près ni de loin, aucun des grands de ce monde. Mais dans le quartier de Pierreuse, il restera, longtemps encore, une figure que l’on n’oubliera pas. Il est (mais il n’est pas QUE cela…) un des fondateurs de la Jeunesse Sportive Pierreuse-Universalis (Liège). C’est pour répondre à une demande de la plupart des jeunes fréquentant la Maison des jeunes du Péry, que cette activité football fut mise en place. En 1999, naquit UNIVERSALIS qui depuis septembre 2003 est devenu une A.S.B.L. Et en 2005, le père Paul de Coninck s’en alla…

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RUE SAINT-PIERRE Curieux : avoir comme prénom « César-Auguste » et être tellement humble, timide. Ce fut pourtant le cas du plus illustre des musiciens liégeois de la deuxième moitié du XIXème siècle, celui que des critiques parisiens allaient appeler « le bon pasteur de la musique » et qui est maintenant reconnu comme un des pères de la musique contemporaine. Il naquit à Liège en 1822. L’ambition de son père était de faire de lui et de son frère Joseph, né en 1825, des virtuoses du piano. Afin de parfaire sa formation, on envoya César à Paris. En 1837, il y fut admis au Conservatoire et s’y fait remarquer par ses dons exceptionnels. Cependant, son père le rappelle à Liège où il a organisé des séries de concert afin de monnayer le talent de sa progéniture. En 1846, César se rebelle enfin contre la tyrannie paternelle et retourne définitivement à Paris. Il y sera organiste à Sainte-Clotilde. En 1872, il est nommé professeur d’orgue au conservatoire de Paris. Il est certain que sans son humilité il aurait été reconnu plus rapidement comme un compositeur majeur car ce n’est que dans la dernière partie de sa vie qu’il put, enfin, donner libre cours à son génie créateur. Cet homme, que d’aucuns n’hésitèrent pas à comparer à Bach, avait véritablement rénové le monde musical.

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RUE HORS-CHÂTEAU Non ! N’allez pas croire que vous tenez le livre à l’envers ou que l’imprimeur avait abusé d’euphorisants. Il s’agit bien du mot « temps » mais l’artiste l’a (volontairement, nous assure-t-on) écrit à rebrousse-poil sur le mur de l’église Saint-Antoine. De même qu’il a été écrire son « de » accolé à l’un des piquets fichés au coin de la rue des Mineurs. C’est que, voyez-vous, il s’agit d’art contemporain. Mais si ! Un peu partout, autour du musée de la Vie Wallonne, on retrouve ainsi des petits mots. Ils n’ont aucun sens et ne sont là que pour… je ne sais trop quoi. L’auteur de ces œuvres est Peter Downsbrough, il est né en 1940 dans le NewJersey (USA) mais vit et travaille à Bruxelles. C’est très bien que tout le monde gagne sa vie mais je me demande quand même si tout cela est bien sérieux… je me demande également si les deniers publics ne pourraient pas trouver une autre destination.

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COURS DES MINEURS Cette pierre, dite « pierre des calamités », se trouvait naguère place Saint-Jean, devenue depuis la place Xavier Neujean ; c’était dans un immeuble qui appartenait aux Sœurs de Saint-Vincent de Paul qui fut démoli. La pierre trouva refuge dans cette cour des Mineurs. Elle date de 1740 et fait relevé des calamités que durent endurer les Liégeois en cette année : L’hiver fut très rude Interruption du commerce avec les Pays-Bas. Entrée des Prussiens dans notre pays. Mort du Pape Clément XII, de l’empereur Charles VI et de la Tzarine. Grandes eaux, à trois reprises en décembre. Mais un mot, dans ce texte, me semble particulièrement calamiteux : JUSTE AFFLIXIT… « Juste » ou justement… c’est justement que le peuple liégeois fut affligé de ces calamités ! C’est ainsi que l’on maintenait (que l’on maintient ?) le bon peuple docile et repentant… Trois inondations : mais mécréants, vils pécheurs, ce n’est qu’une JUSTE punition que le ciel dans sa mansuétude… etc, etc. Air connu. Notre belle culture ne repose-t-elle pas sur des sentiments de culpabilité diffuse ?

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RUE HORS-CHATEAU, 49 Jeanne Haze (1782-1876) avait de qui tenir : son père avait été le secrétaire du dernier Prince-Evêque de Liège, François-Antoine-Marie de Méan. Jeanne et sa sœur créèrent une école dans la paroisse Saint-Barthélemy. Elles purent prononcer des vœux perpétuels en 1833. C’est alors que Jeanne Haze devint Mère Marie-Thérèse…

En 1845, l’école des Filles de la Croix reçut sa reconnaissance canonique ; l’engagement apostolique de la congrégation étant l’éducation des jeunes filles. Congrégation qui essaima un peu partout en Europe mais également en Afrique et en Asie. C’est depuis 1861 qu’elles occupent les locaux de la rue Hors-Château qui, précédemment, abritaient un couvent de Capucines.

En 1876, Mère Marie-Thérèse mourut en odeur de sainteté. Entendez par là (ou plus exactement sentez par là…) que, si vous et moi avons de grandes chances d’être transformés en cadavres à la putréfaction malodorante, certains et certaines élus dégagent dès leur trépas une odeur suave et ravigotante. Comme ce fut le cas de Jeanne Haze, Jean-Paul II, qui avait le nez fin, s’empressa de la béatifier en 1991. Sachez donc que notre demoiselle fut une myroblyte, ce qui ne signifie nullement qu’elle voyait mal (= miraud), mais bien qu’elle dégageait une odeur de myrrhe. 17


PLACE SAINT-BARTHELEMY Vo i c i n o s f a m e u x Principautaires. Il s’agit d’une œuvre de Mady Andrien qui a été érigée place Saint-Barthélemy en 1992. Les « principautaires » sont évidemment les habitants de la principauté de Liège. On y reconnaît, surplombant la mêlée, le haut clergé (ils sont 11) qui semble surveiller bienveillamment le petit peuple (ils sont 19…) qui danse et s’amuse. Vision idyllique des choses évidemment car la réalité quotidienne fut rarement aussi conviviale. Mais tel est le caractère de Mady Andrien : elle préfère voir le beau côté des choses et offrir ainsi à ses concitoyens un monde où il ferait bon vivre. Cette artiste de réputation internationale est née à Engis en 1941. On peut admirer à Liège plusieurs de ses œuvres monumentales. A Liège, évidemment mais également en France, en Italie et en Arabie Saoudite…

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C’est une fontaine massive qui se dresse au centre de la place. Fontaine massive : c’est vrai. Vous le voyez, sur chacune de ses quatre faces, figure une plaque commémorative. Elles honorent la mémoire de Dieudonné Lambrecht qui fut fusillé par les Allemands le 18 avril 1916 au fort de la Chartreuse. Lambrecht fut un résistant de la première heure qui joua un rôle déterminant dans la lutte contre l’occupant. Il mit au point tout un service qui espionnait le réseau ferroviaire ennemi principalement en Ardenne et dans les cantons de l’Est. Après sa disparition, c’est Walthère Dewé (voir rue Fond des Tawes) qui prit la tête du réseau.

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ESPLANADE SAINT-LEONARD J’ose espérer qu’aucun de vous n’a, naguère, séjourné quelque temps à cet endroit. Nous sommes effectivement à l’emplacement de l’ancienne prison de Liège, les fameuses cent mille briques. C’est en 1850 que l’on a inauguré ce sinistre lieu de résidence auquel l’architecte bruxellois Dumont avait voulu donner un caractère sévère. Effet garanti. Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands incarcérèrent ici de nombreux patriotes avant de les transférer vers la Citadelle ou vers les camps d’extermination. Une longue inscription traverse toute l’esplanade : elle est l’œuvre d’Eugène Savitzkaya. Savitzkaya est né à Liège en 1955, fils d’un russe et d’une polonaise immigrés en Belgique après la guerre. Il abandonne rapidement ses études pour s’adonner à sa passion : l’écriture. Il publie son premier recueil à 19 ans, est reconnu et apprécié par ses pairs comme étant porteur d’une voix nouvelle et depuis s’offre le luxe ( ?) de vivre exclusivement de sa plume. L’auteur n’avait pas souhaité que l’on inscrivît sa phrase ailleurs que sur le sol de cette esplanade et n’avait pas souhaité qu’on la donnât à la presse. Pour lui, la phrase doit se lire en marchant. C’est, dit-il, une « démarche complète ».

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