mobutu guide supreme

Page 1

iules clrorné

rÏrcDbutLt, guicle su;rrÊêmre

mobutu, guide suprême jules chomé après l'ascension

I

Les raisons d'écrire un livre La dictature de Mobutu Le culte de la personnalité Violences et trahisons successives Bilan d'un règne La zaTrisation alibi Le retour à l' -- authenticité . Le fabuleux enrichissement du . Guide suprème . L'attitude de certains dirigeants du Parti Socialiste Belge Mobutu et I'indépendance de I'Angola

I

CHEZ LE MEME EDITEUR l

Cléophas Kamitatu : La grande Mystification du Congo-Kinshasa Jules Chomé L'ascension de Mobutu :

imp. J. Von Keerberghen & Fils - 1080

Photo Belga B.


mobufu, guide suprême jules chomé

Copyright 1975, Editions Complexe Rue du Châtelain 8b 1050 Bruxelles

mrptExE


DU MEME AUTEUR: Formose, Quemoy, Matsu, Editions Politiques, Bruxellec, 1958. Ia passion de Simon Kîmbangu, Ed,itions Les Amis de Présence Africaine, Bruxelles, 1959. Le dratne de Ialuabourg, Editions Remarques Congolaises, Bruxdles, 1959. Indépendance congolaîse, pacilîque conquête, Editions Remarques

Inhoduction

Congolaises, Bruxelles, 1960,

La

crise congolaise. De tlndépendance à linlervention militaire belse (30 iuin - 9 iuillet 1960), Editioas Rcmarques Congplaises, Bruxêl'les, 1960.

M. Lumumba et le communr'sme, Editions

Remarques Congolaises,

Bruxelles, 1961.

Le

gouvernement congolais et |O.N.U. Un poraloxe tragique, Editions Remarques Congolaiseo, Bruxeliles, 1961.

L'alfaîre

Rwaga:sore,

Editions Remarques Congolaises, Bruxelles,

1962.

L'assassinat de Patrice htmumba et les révélations de Moisc Tshombe, Editions Remarques Oongolaises, Bruxeltes, 1964.

Le

Droit et LiMé, Paris, 1964. et l'escroquerie katangaisa, Ëditions de la Fonda-

clratne congolais, Eclitions

Moïse Tshombe

tion Joseph Jacqmotæ, Bruxelles,

1966.

Mobutu et Ia contre-révolutîon en Afrique, Editions Tiers Monde

et Rérvolu,tion, Bruxelles,

1967.

Lc drame du Nigeria, Editions Tiers Monde et Révolutiol, Bruxeilles, 1969.

L'Ascewion de Mobutu, du Sergent Désiré loseph au Gérérol

Sese Seko, Editions François Maspero, Paris, 1974, Editions Cocrplexe, Bruxelles, 1974.

Des raisons d'êcrire un livre

Mon livre : L'ascension de Mobutu, d,u Sergent Désiré loseph au Général Sese Seko n'avait pas d'autres

propos que son titre: écrire I'histoire des circonstances à la faveur desquelles cet ancien sergent de la Force Publique belge avait accédé au pouvoir suprême et absolu au Congo et décrire les procédés par lesquels il avait réussi à établir sa dictature. De tous les reproches que c€rtaine presse a fonnulés à l'égard de cet ouvrage, je ne puis accepter que ceux qui visent ses qualités littéraires. On a le droit de le juger médiocre, mal ecrit, etc.

Mais point de le dire insultant ou outrageant à moins que la vérité historique puisse constituer à elle seule une insulte ou un outrage pour le chef d'Etat qui a commis au cours de sa carrike, des actions dont il n'est pas fier et dont il ne peut souffrir le rap'pel. L'abondance de citations et extraits de presse n'avait d'autre but que de rendre irréfutables les événements et les actes dont

D/1838/7975/10

il

étâit fait état.

Je mets au défi quiconque d'établir qu'une seule des


citations publiées par moi serait en contradiction avec le contexte dont elle a été extraite.

Congo D et à chercher

C'est sans doute parce que mon livre n'était pas susceptible de contradiction que le Général Mobutu et ses

n'rettre en lumière.

valets de plume, zaïrois et belges, sont entrés dans de telles transes et ont crié à l'insulte, à l'outrage.

fort en retrait Ear rapport à cette positon totalitaire, m'ont fait reproche de n'avoir fait le procès que du seul Mobutu comme s'il était I'unique D'autres critiques,

responsable de tous les malheurs qui ont frappé son pays, à commencer par I'assassinat de Patrice Lumumba. Même

s'il en avait été, ainsi ce reproche apparaîtrait peu fondé dans le cadre que je m'étais tracé. Il s'agissait d'une biographie de Mobutu. C'était donc son rôle dans ces événements que j'entendais dégager. Je n'en avais pas moins écrit'

:

Tout procès loyal contre les assassins du grand leader > congolais aurait exigé, au banc des accusés, aux côtés > de Moise Tshombe, ex-chef de l'Etat sécessionniste du > Katanga où il a trouvé la mort et de Godefroid Munongo, > son ministre de I'Intérieur, qui l'a sans doute tué, I'ex> président Kasavubu, le Général Mobutu lui-même ainsi > que Victor Nendaka, ancien chef de la police. <

> Dans un tel procès" I'on aurait recherché sans doute quels sont les plus coupables de ceux qui ont envoyé > Lumurnba à une mort certaine ou de ceux qui I'ont tué > ou laissé tuer à son arrivée au Katanga. >

>

Je n'ai donc pas caché que Mobutu n'était pas le seul

responsable

de l'élimination politique et physique

de

L,umumba.

il

est le seul de tous les responsables à avoir eu I'impudence de proclamer Lumumba < Héros national du

Mais

l.

Page 170 de mon livre.

à se faire

spirituel. C'est donc son rôle à

trmsser

lui qu'il

pour son héritier m'appartenait de

Je demeure convaincu que c€tte dénonciation d'un nsil aussi monstrueux que bien des fascismes

fascisme

- dans nos pays d'Occident depuis celui de que I'on dénonce Mussolini jusqu'à celui de Pinochet en passant par Hitler, s'imposait d'autant plus que Franco, les colonels grecs

plus loin pourquoi ce peuple congolais (j'expliquerai vocable me paraît préférable à < zairois r que Mobutu veut inrposer à son peuple et au monde) est privé de toute possibilité de s'exprimer. le

C'est ce silence

imposé par la terreur

que certains

- disent que interprètent comme- une acceptation. Lorsqu'ils les peuples bantous ont besoin de la dictature d'un chef, je ne suis pas éloigné de penser qu'ils se laissent aller à une sorte de racisme 2. Les Congolais que j'ai personnellement connus me sont

apparus comme des hommes libres, avides de liberté et pour tout dire les égaux des Blancs que nous somrnes. Et ce n'est pas parce qu'aujourd'hui ils sont morts, écrasés par I'appareil répressif du régime mobutiste ou pa.rce qu'ils sont en prison ou parce qu'ils ont peur et tâchent de survivre à tout prix, que I'on peut en conclure qu'ils étaient faits congénitalement, pour subir un régime de dictature dont nous ne pourrions nous accommoder.

fait

Ce ne sont pas des élections auxquelles un dictateur procéder et qui lui donnent 99 /o des suffrages qui

2. Le cinéaste Emile Degelin, qui a séjourné dans la campagne congolaise en vue d'y tou,rner une série de films, confiait (Humo, 15-8-1974) à un journaliste que . dans le contexte ffid,itionnel, un chef comme ,,Anrin" est im,possible; dans un clan, un homme comûte cela nç serait jamais ,,ch€f'. Mobutu et Za:ire, cela n'existe pas dans le contexte traditionnel africain... '


pourraient nous convaincre de l'adhésion d'un peuple à totale soumission.

sa

Ce ne sont pas non plus les manifestations de masse qui pourraient constituer une preuve de cette adhésion.

Moise Tshombe quand il était Premier Ministre du Congo, pa.r la grâce de Mobutu, réunissait des foules de cent mille personnes au stade de Stanleyville où Mobutu aurait pu, quinze jours après son éviction, réunir autant de monde, et sans doute les mêmes gens, pour réclamer sa mise à mort. Ce phénomène n'est pas propre arD( masses africaines. N'avons-nous pas vu, dans des bandes d'actualité reprises dans des films récents, qu'en 194.4, la même place d'une ville de province française était noire de la même foule, composee des mêmes gens, polrr acclamer tour à tour" à quelques semaines de distance, Pétâin et de Gaulle ?

Je n'ai jamais cru aux différences raciales invoquées par des racistes conscients ou inconscients. Aucun peuple n'accepte la servitude volontiers et encore moins avec la reconnaissanco frénétique que prêtent au peuple congolais Mobutu et ses sewices de propagande.

Il n'y a plus aucune possibilité d'expression au Z,ake, non seulement pour une opposition quelconque mais même pour celui qui formulerait de timides réserves à l'égard des initiatives du < Guide Suprême D ou en soulignerait le ridicule.

Le Cardinal Malula

t

payé de son expulsion de son palais épiscopal et de plusieurs mois d'exil le fait qu'il avait trouvé assez saugrenu et d'une parfaite inutilité, en regard d'une réelle libération des C.ongolais, certains aspects de la

notamment la suppression des prénoms chrétiens que llmmense majorité de ses concitoyens portaient depuis leur naissance. zaTrisation

I

et

Aujourd'hui, même les bulletins paroissiaux edités par les églises catholique, protestante et kimbanguiste sont interdits.

Le peuple congolais n'a pas la moindre possibilité de s'exprimer et, partant, de dénoncer la dictature fasciste qui I'opprime.

Il semble, dès lors, avoir plus de droit que d'autres, qui disposent par exemple d'un gouvernement en exil, d'une presse clandestine, etc., à voir s'élever, pour dénoncer son sort injuste, la voix de ceux qui se disent attachés au resp€ct des droits de I'Homme. Et pourtant que de prétextes I'on invoque pour qu'en Belgique au moins, I'on se taise au sujet du régime instauré par le Général Mobutu ou que I'on n'en parle que pour lui porter de dithyrambiques louanges. émanant L'une des exhortations les plus fréquentes même de milieux officiels au silence trouve sa justification dans I'inopportunité qu'il y aurait à déplaire au dictateur zaitois à un moment oir certains ministres ou hommes d'affaires belges seraient engagés avec lui dans de délicates négociations et oir des milliers de citoyens belges résident encore ut 7-,aîrc et sont exposés aux colères du tyran.

Soulignons tout d'abord que mon livre avait

en juillet 1973, donc antérieurement aux

&ê ærtt

mesures de

zairisation promulguées à la fin de cette année. D'autre part, je ne surprendrai personne en disant que

la crainte de voir retirer à I'Union Minière les quatre milliards de francs que Mobutu avait promis de lui payer pour solde de compte ne me paraîtrait pas justifier une quelconque discrétion dans la dénonciation des abus du regime mobutiste.


L'Union Minière est assez puissante pour se défendre elle-même. Et si Mobutu voulait la combattre autrement qn'avec des armes mouchetées et ( pour la galerie r, il est certain qu'elle disposerait de moyens très efficaces qui rendraient probablement impossible la commercialisation

sur le marché occidental du cuivre tiré de ses anciennes possessions minières.

il

est difficile de prendre en sérieux les rodomontades du Général Mobutu et la déclaration de r zaïrisation D complète de la < Société Générale des Minerais > (Sogemin) qui a succédé à l'Union Minière (au

De plus,

moment où celle-ci pour permettre à Mobutu de sortir de I'impasse où il s'était précipité 3 avait accepté de changer son sigle). Lorsqu'on lit, dans la presse internationale (et notamment dans le Monde du 18-12-1973) trois semaines après la proclamation de la n zaîrisation r qui dépossède en principe cette société de tous ses intérêts at Zaîre, de grands placards publicitaires annonçant qu'elle recherche :

( pour I'une des premières sociétés minières

et

> métallurgiques au monde (28.000 agents) a en République > de Zalire (région du Shaba) 5 des ingénieurs expérimentés > diplômés grandes écoles ou ENSI à qui seront confiés > des postes de haut niveau, assortis de très intéressan> tes conditions matérielles, dans une vaste entreprise en > expansion constante. Le Shaba jouit d'un climat favorisé > au cæur de I'Afrique centrale. La vie sociale y ressemble > à celle de nos centres urbains. Les études primaires et > secondaires y sont assurées > il est difficile de ne pas voir dans de telles publicités 6 la preuve que, dans cette

3.

Ju,les Chomé,

pp. 64 et 65. 4. Les siens.

Mobutu ct la Contre-r'évol.ution en Afrique,

5. Nom zairisé du Katangâ. 6. Les offres de service devant

être adressées à

la . Société

Générale des Minerais u Division Zaire, à Bruxelles, rue du Marais.

Des placards publicitaires similaires ont paru notamment 10

dans

mystification, tous les postes singulière << zairisation > de responsabilité demeurent destinés à des ingénieurs d'OcciJent et que c'est toujours la vieille Union Minière du Haut-Katanga qui, sous son pavillon camouflé, est chargée de les recruter.

Le fait que I'on continue à garantir aux enfants de ces futurs cadres les études primaires et secondaires, selon leurs normes occidentales, en dit long sur la portée réelle des mesures clamées à grands cris par le dictateur r zairois D, pour faire illusion aux yeux des chefs d'Etat nationalistes ou progressistes du Tiers Monde ou du monde socialiste. ***

Le problème des citoyens belges qui sont restés vivre au Zaire et qui demeurent des otages virtuels de Mobutu est évidemment différent.

Il y a tout d'aborcl

ceux qu'il vient de déposséder de

leurs biens, par une mesure

brutale dont nous

démontrerons plus loin le caractère purement démagogique -- et dans des conditions ignominieuses au sujet desquelles I'ex-Premier Ministre Leburton aurait bien fait de protester au lieu de s'indigner contre ceux qui dénoncent Mobutu'

En ce qui les concerne, le plus grand nombre

est

rentré au pays. Mais d'autres demeurent au Zaïre, soit par attachement sentimental à une contrée où ils ont passé l'essentiel de leur vie, soit parce qu'ils sont contraints

contre tout droit de continuer à travailler dans uge entreprise dont ils ne sont plus les maîtres. Leur sort ne m'est pas indifférent, faut-il le dire. Et s'ils exprimaient la volonté de quitter ce pays oir leur sécurité n'est plus l'heMornadaire lntermédiaire < revue pour cadres et d'irigeantl> âôr li*ui et i4 juin 1974 etdans Belgique N'/ du 2t iuin1974 àt f"-SfruUu ist qualifié de u région au climat privilégié ' et où il e6t question cette fois de 3'0.0'00 agents. 11


et si le gouvernement belge était engagé dans des lnurpa.rlers destinés à réaliser leur rapa,triement, je serais tout disposé * pendant le temps nécessaire à I'exécution à ne plus publier une ligne, à ne plus de ce processus prononcer un mot qui puisse fâcher lE dictateur et rendre plus difficile la situation de mes concitoyens en instance de retour. Cela est dit nettement et clairement. assurée

Mais il tombe sous le sens que cette abstention ne pourrait être que provisoire. Ceux d'entre les Belges qui conserveraient au 7-aire le Général Mobutu continuerait à respecter (!) ou ceux qui par gott et par choix décideraient de rester viwe là-bas n'auraient aucun titre à empêcher d'autres Belges de dénoncer, comme ils I'entendent, comme ils en ont constitutionnellement le droit et comme, pour certains, ils estiment en avoir, en conscience, le devoir le régime de tyrannie fasciste de Mobutu, les violations de tous les droits de l'Homme qui se commettent sous son règne, l'état d'oppression dans lequel il a réduit le peuple congolais, aussi digrre de vivre libre que les peuples esgagnol, grec ou chilien.

des intérêts que

La considération des milliers de Belges qui ont acheté ou construit des villas ou des appartements en Espagne n'a jamais empêché personne ici de dénoncer Franco et son régime. Et les intérêts considérables que certains Belges et de groeses sociétés ont au Chili n'ont jamais empêché personne de dire de Pinochet et de sa Junte le mal qu'on

en

ponse.

Il n'y a pas de raison

si I'on croit cornme moi que le fascisme de Mobutu est aussi monstrueux que les autres et à certains égards plus inquiétant __ (lorsque par exemple il ressemble à celui de < Papa Doc > et de ses < tontons mâcoutes r) pour qu'on lui réserve un traitement de faveur en lui assurant le bénéfice d'un silence complaisant. 12

La dictatûre de Mobutu Que le régime instauré par le Général Mobutu soit unE dictature revêtant tous les caractères du fascisme, serait: difficilement discutable. Le pouvoir du Général Mobutu est total et absolu'

Après avoir proclamé, lors du coup d'Etat du 25-ll-1965 que le législatit continuerait à fonctionnern il a, quatre mois plus tard, par ordonnance-loi du 23-3-1966, attribué le lnuvoir législatif au seul président,

n'étant plus chargé que d'entériner ses qui lui sont transmises pour information dans les décisions deux mois de leur publication.

le Parlernent

Peu après, il decidait que pour éviter des conflits et une éventuelle épreuve de force, les textes de ses décrets ne seraiont même plus soumis aux députés et sénateurs qu'il mettait en vacances lnur cinq ans.

Entre-temps, pour museler toute velléité de revendica-

le

Général Mobutu avait promulgué une ordonnance-loi du 15-2'1966 suspendant le droit de grève sur toute l'étendue du territoire de la République.

tion

sociale,

Général-président concentre dans ses seules mains tous les pouvoirs : législatif, executif' même judiciaire. Le

Le

13


i4 juillet 1974', le Bureau

politique du Mouvement

Populaire de la Révolution officialisait cette concentration et. plaçant le Président hors de toute loi, lui conférait la présidence de droit du < Conseil législatif national > (Chambre des Députés), du o Conseil exécutif national I (Gouvernement) et du < Conseil judiciaire >. L'instrument de sa politique doit être le parti unique sera le Président fondateur, en r.rême temps que le Président de la République, le chef du Gouvernement et de I'Armée.

qu'il constitue et dont il

alors la nomination au Président de la République r après > s'être assuré du militantisme, de la compétence et de la > qualité morale du candidat > e.

Il

régime

: < Le Mouvement des Profiteurs du Régime >, comme jadis l'on avait appelé le P.N'P. d'inspiration appelleront

colonialiste

: le < Parti des Noirs Payés >) devient une

véritable institution.

Pour récolter des adhérents au parti, I'on fait

de

I'affiliation au M.F.R. le préalable à tout acte public d'une certaine importance.

Elle est la condition de tout engagement au service de I'Etat, de I'obtention d'une bourse d'études. Il faut même être membre du parti pour pouvoir faire inscrire à son nom une maison que l'on vient d'acheter, pour être autorisé à veadre des tnarchandises au marché, pour pouvoir faire I'acquisition d'un billet d'avion, pour s'embarquer sur un ba,teau ou prendre place dans un train 8 : n Quant au pouvoir judiciaire, c'est encore le parti qui lui tracera une ligne de conduite bien précise et désigne les hauts magistrats se basant sur des éléments formés par le conseil supérieur de la magistrature >. Le bureau politique propose

7. Le Monde, 1'6 juil,let 1974. 8. Précisions données par Mr Mukendi,

ancien ministre et ex-

directeur d'Air{ongo, au cours d'une conférence donnée par lui le 21 janvier 1970 au Cercle du libre examen de I'Université Libre de Eruxelles. 14

q haut

magistrat congolais n se soit félicité de ce que le Général Mobutu avait < instauré I'unité de commandement dans le > pouvoir judiciaire > ro.

Culte de la personnalité

Ce parti, le Mouvement Populaire de la Révolution, le

M.P.R. (que par dérision, les adversaires du

n'y a rien d'étonnant dès lors à ce qu'un

Le Général Mobutu va créer un culte de la personnalité

qui n'a jamais eu d'égal dans aucune autre dictature. >

Il est le < Père de la Nation, le Grand Timonier, le Guide Suprême du peuple >.

il rentre d'une de ses nombreuses et longues (pendant absences toute I'année 1973, il a passé 93 jours au pays), I'on dresse entre l'aéroport et sa résidence des arcs de triomphe où l'on peut lire des slogans coûlme: Quand

>

r Présent idole > 11;

>

< Z,aïre est mon pays, M.P.R. est mon parti, Mobutu est mon chef > t:.

Quand rJes

ou absent, Mobutu

il part en voyage,

Sese Seko reste notre

même si c'est pour lxxser

vacances dans ses résidences royales de Suisse, la radio

explique que: >

a Le Grand Timonier a repris son bâton de pèlerin pûur défendre les intérêts de I'Afrique >;

9.

Etienne Ugeux dans Le Soir du 12 juin 1972.

10. Spécial, 18 mars

1970.

ll. Le Soir, 13-14 fêvrier

1972.

12. Le Monde,24-25 l6wier 1974. t5


( Tout ce qui peut lui arriYer d'heureux, le Zairois le doit au Général d'armée Mobutu Sese Seko > 13.

>

Dans l'un de ses reportages qui tui ont valu les foudres de l'agence Zaite-Presse et du Commissaire à f information, Jean de la Guérivière 14 ral4nrte: e o

les écrans de télévision du 7:ake avant celle du Général Mobutu Sese Seko

le bulletin

I'

Le Général Mobutu donne à I'hôpital de Kinshasa le nom de sa mère

:

<

édifie le domaine de la Nsele plus majestueux et plus royal que le domaine de Tervueren d'un Léopold II dont le souvenir semble le hanter. Quand cette construction qui a cotté plus de 500 millions de francs belges sera transférée au domaine public le Président se veffa lemettre 250 millions pour récompenser son initiative.

Il

En juillet 1973, émule ugandais

-

C'est en plein midi, dans l'éblouissement de la cabine

du D C 10 d'Air-Zaïre survolant le Sahara à > 12.000 m d'altitude que le Général nous reçoit. Vêtu d'un > abakos sombre, il est assis derrière le commandant Dias> sola qui tient les commandes. A côté se trouve le copilote > le commandant Kungu et derrière le chef mécanicien Foto. > de pilotage

r Vous voyez ici, nous dit le Général, une image et victoire de la révolution zaiiroise. On disait de nous > que nous n'avions pas assez de réflexes pour devenir > parachutiste et encore moins officier ! Vous constatez > que l'avion est piloté par les Zditois. > une

ldi Amin

15. Un incident survenu au cours d'un procès criminel se déroulant devant .la Cour d:Assises de Namur, éclaire oingulière-

noms nouveaux de lac Mobutu Sese Seko et lac Dada.

Ce culte de la personnalité, le Général Mobutu' à la différence des autres dictateurs, est parvenu à lui faire Le Monde,24-25 fêvriEr 1974. 14. Le Monde,2L f.6wisr L974.

r<

:

pour donner aux

profite d'une rencontre avec son dont le film fait se gausser, depuis

lacs Albert et Edouard qui séparent les deux pays les

13.

au

r Dans la cabine les trois honnmes d'équipage travaillent avec calme et méthode sous l'æil attentif du Président. > Le soleil brille au-dessus des étendues roses veinées de

il

quelques mois, les spectateurs français

Pour donner une idée du culte qui est voué

dictateur zaïrois par ces journalistes belges, nous aurions voulu reproduire à titre d'exemple, la véritable page d'anthologie qu'Etienne Ugeux a consacrée au voyage à Paris qu'il a eu l'insigne honneur de faire avec le c Chef d'Etat zairois et la citoyenne Présidente > tu. En voici quelques extraits

Mama Yemo r.

Poursuivant une extraordinaire politique de prestige' après s'être fait livrer un yacht présidentiel plus beau et plus luxueux que celui de la Reine d'Angleterre' le Général Mobutu fait construire un hôpital flottant auquel il donne le norn de son épouse: < Mama Mobutu n'

t6

Soir.

Une étrange mise en scène se rétrÈte chaque soir sur

r d'information: des nuages passent devant les téléspec' l tateurs et decouwent progressivement une figure céleste" .o

Il a trouvé en Belgique des thuriféraires tels que Pierre Davister dans lïebdomadaire Spécial édité à sa dévotion 15 et Etienne Ugeux dans le périodique qu'il est parvenu à contrôler : Remqrques Africaines ainsi que dans des pages spéciales du déborder les frontières de son pays.

>

ment le rô,le que doit joue,r en Belgique certaine presse. Un journaliste de l'équipe de Spécial, un certain Neves, était poursuivi pour un hold-up. Un témoin un sieur Lefèbvre est venu expllquer - se procurer un rovolver. pourquoi Neves ava.it voulu < Gérard, a-t-il dit, avait été envoyé aa Z,aire avee pour mission d'en éc.rire dtu, bien. Il avait ressenti tout le cortraire et j'imaginais que I'arme était destinée à sa protection lors d'un évenfuel second, reçnrtage. o 16. Le Soir, 17 jeav,ier t972. t7


r vallées mauves. L'appareil poursuit sa route impertur>

bable; légèrement ballotté parfois en traversant des zones

>

de turbulence.

Une jolie hôtesse drapee dans un pagle vert' les vient ,, cheveux tressés en sillons parfaitement rectilignes mangera Il Président' au >> présenter la carte du déjeuner fascine' Il n àut, la cabine de pilotage qui visiblement le instru> connaît d'ailleurs le maniement de la plupart des du parti > ments. N'est-il pas appelé par les militants > ,,le pilote". > >

La dictature du Général Mobutu est to[ale' Le M'P'R' au travers duquel elle s'exerce n'en fait pas mystère' est o Oui, le Mouvement Populaire de la Révolution trouble > organisé. Il ne laissera aux pêcheurs en eau dehors de la ), aucun prétexte' aucune voie de sortie en bercail pour au retour du u reddition sans arrière'pensée, la flamme qui sont progrès r que triornphent tres idéaux de _A bon entendeur' salut ! '7'r ,, ie notre révolution' Dans le cadre d'un tel régime, le ministère de l'Information s'appellera désormais : < département de I'Orientation r.

Le directeur de I'agence Zaïre-Presse

18 écrit :

dépassée entre l'inforpour faire place D mation et la propagande doit disparaître un couple n à une information-protrmgande conçue comme

La distinction hypocrite et

n dialectiquement indissociable'

pu s'établir.

Il suffit de penser aux a pendaisons de la Pentecôte r pour s'en rendre compte. Tout le personnel politique congolais a compris, ce jour-là, jusqu'où Mobutu pouvait aller pour écraser toute velléité d'opposition.

Il

éliminera d'ailleurs tous ceux

qui I'ont aidé à

un

moment de sa carrière.

Ne parlons plus ici de Lumumba, de Kasavubu, de Le sort qu'il leur a réservé est connu de tous.

Tshombe.

L'on sait le rôle de Monseigneur Malula et d'une grande partie de l'Eglise dans l'ascension du dictateur.

Violences et trahisons successives

,r

la violence et la terreur qu'un lnuvoir aussi absolu avait

I

par Nous avons démontré dans notre livre que c'était 17. La Libre Belgique, 17 mai 1972 18. Communiqué du 8 janvier 1974'

Lorsque la revae Alrique Chrétienne publiera, le l2-l-I972, un article sous le titre ( Authenticité >, mettant en doute l'efficacité du soi-disant retour à l'authenticité k pour gagner les batailles du monde moderne r, Mon-

seigneur Malula avait déjà frôlé I'incident. Il avait appris qn'une personnalité du M.P.R. avait présenté le Général Mobutu à la foule en levant les bras au ciel et en chantant : u Que le Seigneur soit avec lui > sur I'air de u Dominus Vobiscum r. <

Il

ne faut pas jouer avec les choses de Dieu >, avait

dit le prélat. Mobutu avait pris cela très mal. Après l'article d'AJrique Chrétienne,

il

va se déchaîner.

Le 20 janvier 1972,le journal est suspendu pour six mois.

La Voix du Zaire traite le Cardinal de < renégat de la révolution r. Elle l'accuse de < s'être grisé jusqu'à faire > tomber son calice d'alcool subversif sur la tête de la > révolution zairoise authentique le >. 19. Le Monde,29 jûn

1972.

l9 18


Le 25 janvier 1972, Mgr Malula est expulsé de sa résidence qui devient le quartier gén&al de la J.M.P.R.

Il

r Dans I'esprit du manifeste de la Nsele, le cardinal ct

r le Curé sont des militânts.

est radié de I'Ordre du Léopard.

Le

président du M.P.R. de Kinshasa, Ndjoku, proclame le 20 février 1972 que: < Le Président Mobutu Sese > Seko est un homme de Dieu. Dieu I'assiste dans la con> duite des affaires de son pays. ,

novembre 7972, alors que la Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution (J.M.P.R.) ne peut aligner que des colonnes squelettiques, Mobutu et l'Ambassadeur du Dahomey voient défiler au stade des masses compactes de jeunes scouts et de jeunes filles. appartenant aux organisations de la jeunesse chrétienne.

Le 26

r n n

Il

est inutile de distraire encore

la population

avec

des histoires où on nous rappelle le Moyen Age alors que

la révolution s'exprime à havers la

presse.

r

T9*

cela n'em1Échera pas Mobutu de proclamer: comme chef de > l'Etat, de problèmes entre Dieu, Mobutu et res zaitois>2a. <

Il_- n'y aura jamais au Zaite, moi vivant,

L'Ambassadeur étonné demande au Général lnurquoi tous ces jeunes ne portent trns I'uniforme Mobutu. Le len-

le Général

supprime toutes les organisations et enrôle d'office dans la J.M.P.R. les 200.000 jeunes gens et jeunes filles des asso-

demain,

confessionnelles

de

jeunesse

ciations chrétiennes.

Le 8 féwier 1973, 31

publications catholiques, pro-

kimbanguist en fait tous les organes de presse non gouvernementaux sont interdites. testanæs,

Le Général Mobutu explique cette mesure 20 à Etienne

Ugeux: < Les évêques zairois, ce sont des agents au service de r l'étranger ! 21

r Quant aux publications, nous avons besoin que tous r s'occupent de notre travail de reconstruction nationale. r On ne peut plus disperser les forces. 2A, Le Soir, 7 awil 1973. 21. A Jacques Cordy (Le .9oir du 1O mai 19?3), le généra,l dira: u les prêtres et les missionnaires catholiques de Kinshasa ne sont que des agents zubversifs r.

22. Le Soîr, 7 avril 1973. Deprlis lors, le Cardinal Maluta

semble bien sêhe alipné

,:.rË SË# .sur to poiitioor-oï'.ïàef 'J* historique Ëiiiiîîï.ï 1T i Fo-",.u -Pyeq"o du mouvemenr zai'rois de l,.aatfen1rcjti, " aànne- ta prtiiiê-iotàiâ à tra révolution culturelle. aestinee-â qui 1âaË1i. âme zaitoise à I'ensemble D iérËï;# procramer à ta *.h.pgporetion,: ,ù= sulprrse, parfois indisrée,, de certains . II nous faut resard;r résofu.ment versO"l,avénir "oldguo;;""d;

I'Eglise en Afriquè doit

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20 21


bruxellois Spécial 2s, sous la plume d'un Omer Marchal, toujours prompt à rnanier la brosse à reluire : n

r r r r r

< C'est sûr et certain, Mobutu vient de faire un événement à Pékin. Lui seul maintenait une position confortable à Tchang Kaî-Chek en Afrique. Sa venue à Pékin fait que c'en est fini : il a fait au régime de Formose plus de mal que Nixon et Tanaka réunis. C-e n'est point ingratitude ... la raison d'Etat I'aida à faire de son cæur une pierre. r

Mobutu avait été aussi I'enfant gâté d'IsraëI. C'est dans

Tout le monde a été trompé à tour de rôle

Le Général Mobutu a trompé successivement tous gens et tous les miliEux qui lui avaient fait confiance'

les

Les colons belges qui lui avaient fait fête au moment de son premier coup d'Etat en 1960 et qui avaient salué été sa prise de pouvoir en 1965, ont le sentiment d'avoir faveur trahis par lui, maintenant qu'il les a spoliés à la de sa politique dite de zaïrisation' Formose et le gouvernement de Tchang Kaï-Chek ont

toujours comblé le Général Mobutu de gâteries' Ils lui ont construit un palais, lui ont fourni des techniciens' ont notamment des spécialistes de la culture du riz' Ils lui fourni des aides financières. I-orsque le Général Mobutu' de suivant I'exemple de son maître américain' a décidé avait il lequel sur reconnaître le gouvernement chinois vomi, depuis 1960, calomnies et injures, il n'hésita pas à rompre spectaculairement avec Tchang Kaï-Chek et Formose.

à

Très conscient d,u mal, que cette trahison devait causer un régime dont il avait été jusque 1à le meilleur ami

africain, Mobutu devait s'on vanter dans son organe

ce pays qu'avaient été formés ses parachutistes et ses commandos. C'est parmi les gens du 2" Bureau de Tel Aviv que Mobutu avait toujours recruté ses meilleurs < gorilles

r.

læ Général Mobutu avait regulièrement aligné ses votes à |O.N.U. sur les positions d'fsraël à l'encontre des pays arabes. Il était appelé par tous : < le meilleur ami d'Israël en Afrique r. I-'e 4 octobre 1973, désireux de se dédouaner à l'égard des peuples arabes et des peuples progressistes d'Afrique' il rompait sans préavis ses relations avec fsraëI.

Le ministre des Affaires étrangères de ce PaYs, M. Abba Eban, qualifiait c.e geste de Mobutu de : < trahison grossière r. A cette constatation indignee, Mobutu se contentait de répondre:

Le ministre des Affaires étrangères israélien me traite > de traître parc€ que j'ai rompu nos relations diplomati > ques. Mais le premier traître de l'histoire fut juif et non > zaïrois. Judas n'était-il pas juif ? > 'n. <

Bernardin Mungul Diaka qui

fut l'un des fondateurs

et le premier président du M.P.R', fut éliminé et condamné 23. Spécial, 3l janvier 1973. 24. La Libre Belgîque,28 octobre 1973'

2t 22


après une parodie de procès à 10 ans de prison. Plusieurs autres dirigeants dtt parti ont subi des sorts semblables.

Il y a quelques semaines l'un d'entre eux était encore condamné I'Etat.

à un an de prison pour

offense au chef de

Son ministre des Affaires étrangères Losembe (exMario Cardoso) n'échappait à I'extradition exigée par Mobutu que grâce à la vigilance de la justice suisse. Bomboko et Nendaka, ces deux têtes du groupe de Binza, gui avaient aidé le Général Mobutu dans toutes ses entreprises, ont été bientôt éliminés et I'on s'inÛerroge périodiquement sur le sort qui leur a été réservé par le dictateur.

Ainsi donc Ie Général Mobutu a établi dans son pays un véritable fascisme noir aussi odieux que les autres. Il est même, comme nous l'avons déjà dit, permis de se demander si ce fassisme n'est pas plus inquiétant que ceux que nous avons connus en Occident. Les prooédés de sa milice privée, de ses commandos

de J.M.P.R. non seulement au C.ongo mais à l'étranger (les violences dont j'aîêté I'objet lors d'une conférence dans un foyer universitaire de Liège constituent un exemple)

font penser aux exploits des Tontons Macoutes de feu Papa Doc, Ie tyran sanguinaire de Haiti.

Silan d'un règne livre et jusqu'ici que règne. son de de l'ascension de Mobutu et non Sans doute n ai-je parlé dans mon

Certains po.urraient penser que d autres dictateurs parvenus au gnuvoir absolu, en éliminant tous leurs rivaux par la ruse, la trahison, le crime, ont finalement usé de ce 24

pouvoir dans I'intérêt de leur peuple et, devant I'estime, I'adrniration, I'adulation même que lui vouent quelques personnalités belges, se demander si tel n'est pas Ie cas du Général Mobutu. C'est à cette lnssible objection que je voudrais répondre maintenant.

Mobutu règne de manière absolue depuis neuf

Il doit donc être

A part I'e Ordre

années.

permis de dresser un bilan de ce règne. D,

gw I'on

vantE

d'ailleurs imposé tous les fascisrnes

c€t ordre qu'ont

-et au sujet duquel,

d,ans le cas du 7nire, bien des réserves devraient être formulées, il n'y a pas moyen de ne pas reconnaître que oe bilan est entièrement négatif.

Quiconque est passé par le Zdfue admet que le peuple paysans et ouvriers, y est plus misérable que du

-temps même où le Congo - était une colonie.

I-e

revenu

moyen de l'habitant est l'un des plus bas d'Afrique 25 : 90 dollars par an; il précède de peu le Tchad et I'Ethiopie :

80 dollars; la Haute-Volta et le Mali: 70 dollars;

le

Burundi et le Rwanda: 60 dollars. l-e, Zaire est pourtant l'un des pays les plus riches de ce continent.

Quand on sait qu'il s'agit d'un revenu moyeû et qu'il y a dans ce pays une oligarchie dont les revenus dépassent les plus hauts revenus de nos pays occidentaux, il paraît vraisemblable que l,es simples gens du peuple ne doivent pas bénéficier d'un revenu supérieur à celui des habitants du Burundi et du Rwanda, pays de collines pelées sans richesses minières.

I-e revenu moyen de Ia République Populaire

du

25,. Stâtistiques de la Banque Mondiale, citées par Le Monde,

26 féNtier

1914.


Congo (Brazzaville) dont les ressources (surtout forestières) ne sont pils comparables à celles du Zaire s'élève ù 270 dollars.

Deux universitaires sur trois sont en chômage' Actuellement 250 l,icenciés universitaires parmi lesquels des géologues, chimistes, dix docteurs universitaires, cherchent vainement un emPloi.

Un quart seulement des étudiants qui ont terminé leurs études secondaires sont admis à I'enseignement universitaire.

Le Congo jadis exportait des produits agricoles' Cette production apparaissait même dans le budget colonial comme la plus importante après celle du sous-sol' Aujourd'hui le Zaire importe pratiquement tous les vivres et produits agricoles dont il a besoin, y compris le 26 riz, le mais, le coton. Même les admirateurs de Mobutu constatent, que depuis 3 ans, la production agricole est absolument encore en régression. Ils attribuent ce recul depuis proclame Mobutu pays oir un dans inadrnissible à 2? prioritaire agricole politique une 9 ans qu'il mène des faiblesse la paysans' à la détérioration du revenu des structures administratives, au manque de personnel qualifié'

C'est le moment que le Général Mobutu choisit pour ( zaTriser > c'est-à'dire exproprier purement et sim-

plement 28 les dernières exploitations agricoles belges qui

fonctionnaient encore dans son pays et fournissaient aux villes pratiquement les seuls vivres frais qui n'étaient pas amenés de l'étranger par avion-cargo'

26. Etienne Ugeux dans Le Soîr,11 janvier' 1974' (Retroussons 27. ll y a 9'ans qu'il a lané le slogan:

manches n.., 28. Sans

la moindre

indemnité,

si l'exploitation a été

nos

crêêe

non déteruuu" irî" ;à; d; la Co'lonie; moyennant une indern'nité les àix'a.ts, pour les autres; indemnité. dont ;#;;;;;bi"t*t autre livre d'un autre citoycû

Ë--oiriarâ prétexte (par

exEmrplé

belge) entrainera certàinement

26

la

un

suppression entre-temps'

Ceci permet de mettre en lumière une des mystifications continuelles par lesquelles le dictateur cherche à abuser son peuple et le monde.

I-a zairisation-alibi Par cette zaîrisation, il espère sans doute faire illusion aux pays nationalistes et progressistes du monde africain et peut-être aux hommes de gauche d'Occident et leur faire croire que cette mesure-alibi a quelque rapport avec I'anticolonialisme. C'est vraiment tenir en piètre estime leur pouvoir d'analyse et leur esprit critique. Ces quelques milliers de Belçs qui se sont accrochés au Zaire étaient ses amis. Ils ne représentaient certainement aucune force politique dans son pays.

Ils faisaient vivre une main-d'æuvre nombreuse.

Ils n'usurpaient la place d'aucun Zairois dans un où 5 Vo des terres seulement sont cultivées.

pays

Si Mobutu avait voulu donner des terres à des agriculteurs congolais, il pouvait leur confier les milliers d'exploitations abandonnées par des Belges de 1960 à 1965 et qui, faute d'entretien, sont retournées à la brousse. surplus, ce n'est pas à des agriculteurs noirs qu'il fait cadeau aujourd'hui des biens < zairisés >, mais à des gens qui n'ont d'autre titre que leur carte de membre du parti M.P.R. et la protection de Mobutu ou d'un des potentats locaux se récliamant de lui.

Au

chevronnés

Il

ne faut pas être prophète pour prédire que

c€s

exploitations hier encore florissantes seront, dans quelques mois, retournées elles aussi à la brousse et que les ouvriers agriooles qu'elles rémunéraient viendront grossir les rangs des sans-travail. 27


temps que le Général Mobutu s zaïrise

I

des sociétés belges

oir I'Etat congolais disposait déjà des 50 % du capital'

il

conclut avec des sociétés japonaises ou avec des consor-

tiums internationaux dans lesquels interviennent des sociétés japonaises, françaises ou américaines, des accords de pros'

pection minière et de production du cuivre dans lesquels l'Etat zairois se contente soit de 2O Vo du capital soit d'une participation de 15 7o.

C'est le cas notamment de la Sodimiza : Société de développement industriel et minier dt Zaite' et de la SMTF, société de Tenke Funfurume intéressant également le groupe japonais Mitsui et le BRGM, Bureau de recher' ches géologiques et minières français.

Le retour à l'< authenticité

>

Sa politique d'a authenticité r constitue elle aussi une énorme farce; à commencer par le nom de <Zaire r qu,il a substitué au nom de c Congo r.

I-e nom de N'Kongo est un véritable nom bantou que les populations du pays, bien avant toute intervention occid€ntale" donnaient au fleuve et aux tribus qui vivaient dans les régions de son e,mbouchure.

C'étl;it donc un nom ( authentique r.

Paul-Henri Spaak quitta la qualité de conseiller au service politique pour entr€r en de la Bell Telephone, cette compagnie obtint le monopole de I'exploitation du réseau congolais des P.T.T.

Zaite est le nom que les envahisseurs portugais ont donné au fleuve et au pays, à la suite d'une fausse prononciation du mot c Nzadi r qui signifie en langue kikongo : ( cou,rs d'eau r, a fleuve r en général.

Ce qui, comrne I'ont dit certains, représentait non plus un retour au Congo dre Papa, mais au Congo de Bon-Papa, la aolonie ayant tout de même transformé en régies les services publics qui étaient exploités dans l'Etat léopoldien

Il est évidemment inouî et ridicule que, sous prétexte d'authenticité, on substitue à un nom authentique un nom parfaitement étranger donné il y a 400 ans au pays pal un conquérant étranger.

Rappelons que lorsque

M'

par des sociétés privées.

En même temps que Mobutu obtenait de I'Algérie et de la Lybie que ces deux pays s'engagent à couvrir tous les besoins daZaire en pétrole de 1974 à' 1978' il confiait à des sociétés américaines la prospection du pétrole dans d'immenses régions du Zaire, notamment dans le centre du pays une zone de 500 km' à la Shell et la zone maritime du Zaire à un groupe international à direction américaine, dont la Gulf britannique détenait une part importante' Je pense que cette politique mystificatrice de a zairisation r illustre de manière très significative le processus de la plupart des démarches démagogiques du Général Mobutu. 30

L'on sait ce qu'il faut penser de I'abandon obligatoire des prénoms chrétiens que la grande majorité des Congo, lais portaient depuis leur naissance. Les femmes ne peuvent plus porter de perruques ni de robes à I'européenne, ni de pantalons; les hommes ne trruvent plus porter cravate. I-es verres ne peuvent plus être levés à l,occasion d'un toast.

C'est

le ministre des Affaires

étrangères

du

Zaire

lui-même, qui à l'occasion d'une conférence diplornatique, tenue à Kinshasa, a annoncé cette mesure, inspirée, a-t-il dit, par la politique de retour à I'authenticité zairoise : 31


< D

Au lieu de lever le verre, a dit le ministre, on versera contenu à terre à Ia manière de nos

un peu du

> ancêtres. >

33.

Cette mesure est, elle aussi, parfaitement ridicule.

Les ancêtres congolais ne buvaient ni vin, ni bière, ni whisky. Ils buvaient le vin de palme obtenu par I'incision de I'arbre.

dans

le

tume !

r

monde ubuesque de

Mobutu:

35.

r<

A

bas l,e cos

Dans l'entourage même de Mobutu l,on pense, sans oser I'écrire ni même le dire, qu,il y a un singulier paradoxe à voir le promoteur de l,authenticité envoyer ses enfants à l'école en Belgique et acquérir de nornbreuses et immenses

propriétés dans divers pays d'Oocident.

Il était donc fatal qu'à la surface de leur breuvage, flottent quelques impuretés teLles d,es particules de bois ou des insectes. Il était donc parfaiæment normal qu'avant de boire, ils renversent un p€u du contenrr de leur verre à terre pour rejeter ces impuretés. Ce geste n'a évidemment aucun sens s'il s'agit des boissons occidentalEs que boivent actuellement le Général Mobutu et ses hôtes. Iæs augures d,u Parti interdisent aussi les embrassades publiques; c'est, paraît-il, un€ < forme d'aliénation mentale > héritee du colonialisme.

Le journal Tailaaa écrit: < Certains de nos

compa-

triotes ont adopté cette manière occidentale dans le but de jouer au petit civilisé. L'honneur, le respect de l'homme zaîrois, qu'est-ce qubn en fait ? r

Les augures de I'authenticité imposent un uniforme officiel: < l'abacos >; de nombreux journalistes resp€ctueux, lorsqu'ils ont appris que Mobutu avait imposé cet uniforme au protocole de la Reine d'Angleterre, ont cru qu'il s'agissait d'un vêtemen't inspiré de trad,itions africaines et porfant un nom authentiquement africain. J'en ai rencontrés qui manifestaient quelquegênelorsque

je leur ai appris qu'a Abacos r signifiait tout simplement 33. Le Soir, 28-29 mu

1972.

34. Reproduit dans tre Monde, 24-25 f.êvrier 1974. 32

35. De méchantes ,langues racontent que sont les magasins . Za\rg Lux > qui ont le monopole de la veïte ce de l, . Abacosl- ces

magasins âant, par p€rsonne interposée, ra e.ôprietC

ï;-Àirdfi.

33


intégralement transférés en Belgique, alors que le Zafte est

à court de devises.

Cette société est en rapport étroit avec la société Affretair, appartenant à I'ancien Ministre de Rhodésie, le Brigadier Andrew Dunlop et à Jack Mulloch.

Le fabuleux enrichissement du < Guide suprêne

rr

Ceci nous amène à une considération plus grave hélas' Pendant que son peuple s'appauvrit davantage sous son

autorité absolue, le Guide suprême s'enrichit sans et sans mesure.

casse

Affretair s'est fondue dans une société holding : la Compagnie Gabonnaise d'affrètement, dont les DC 7 débarquent chaque nuit à Kinshasa et Lubumbashi des cargaisons de viande rhodésienne, importées de Salisbury et vendues par l'organisme parastatal rhodésien : la <r Cold Storage Commission r au mépris des résolutions de I'O.U.A. et alors que Mobutu, dans ses discours officiels, incite ses concitoyens : <. à cultiver la haine contre les Blancs racistes d'Afrique du Sud r et fustige les pays occidentaux qui commercent avec eux.

Il

serait trop long de raconter en détail comment le

Il contrôle, soit personnellement, soit par p€rsonnes le plus souvent Litho Moboti Nzonboyo' interposées la plupart son àncle coutumier ou Moleka, son cousin -' des sociétés nouvelles qui ont absorbé les grandes firmes cornmerciales et industrielles belges : la Société Générale d'Alimentation (S.G.A.) par exemple qui, constitue'e au

même Litho, devenu vioe-président de Ia Cominière, sous la présidence du Rhodésien R.W. Rowland, c chief executive et adrninistrateur délégué de l"onroh r 80, contfôle, après achats et saisies, tous les anciens fiefs de la Cominière : Yicizaire (ex Vici-Congo), la Komuele, Plantadem, Komectric (l'ancienne Colectric), fmoaf, I'hôtel Okapi, eæ.

capital de 5.000 zaires, a rePris:

Du groupe de la Cominière fout encore partie Soco melan, Agrifor, la gestion de la Régie des Eaux, I'Office des transports en commun du Zabe (anciennement TCL et TGK).

1o Toutes les actions de la société Profrigo pour 150 millions de francs belges intégralement payés et transférés en Belgique.

2o

l-,a Société Prominter qui contrôlait déjà les intérêts

de Sarma et avait racheté au Groupe Lambert la totalité des des actions de la Société Elakat, elle-même propriétaire plus grands élevages dt Za\te, d'une chaîne d'entrepôts frigorifiques et de nombreuses boucheries' Cette op,ération a coûté 250 millions de francs belges 34

C'est I'Etat congolais qui éponge les pertes de ces organismes mais c'est toujours la Cominière qui achète le matériel : notamment les 500 autobus Leyland pour lesquels

te Zaire a garanti un emprunt de 24 millions d'eurodollan

à 9,5'7os'. 36 Echo de la Bourse, septeolbre 1973. 5t, La Libre Belgîque, 3 septemlbre 1973. 35


Il

faudnait lnuvoir aussi raconter l'histoire de la Banque de Kinshasa dont Mobutu est, par personnes interposées, le principal actionnaire et à qui a êtê attrtbuên d'offioe toute l,a clientèle des parastataux.

Cette banque s'est installee dans I'immeuble tout neuf que la Socobanque venait de construire juste avant que ses avoirs au Taire aient été opportunément saisis et confisqués. Lorsque Mobutu montera un magasin de luxe à Kinshasa: < Congolux > devenu depuis < Zairelux > avec un prêt d'un milliard d'anciens francs congol,ais, I'hebdoma' dute Présence Congolaise qui paraissait encore à ce moment parlera de c scandale public r.

Il

ne paraltra plus jamais par la suite,

La liste des intéressements de Mobutu dans les < affaires n serait impossible à établir tant elle serait longue 38.

Son épouse el,le'même est propriétaire de

vast€s

dornaines et exploitations tels Tuluzaîre otr le domaine de Kaniema Kasese dont l'exploitation a été financee par la coopération belge à coûclltrence de 180 millions, sous le

ministère de M. I-eburton.

M.

Harmegnies

et sous la

présidence de

3'8. Un journaliste socialiste flamand Frank Van Poucke, dans Itebdomadaire Links (6 avril 1974) faisant un rapide inventaire des affaires auxquelles le Général Mobutu s'est intéressé, sipale encore parmi d'autres: Congolux, société qui a le monopole des meu,bles vend,us ar Ztîre, Zaïre Pneus qui a 'le monopole des pneumatiques livrés à tous les services de I'armée, et de la police, Coleten et Safricas, entreprises de construction qui se partagent la totalité des conmandes de I'Etat, Sidma une eûtrE rise de tranqlort, STK, sooiété de transport kinois disposant de 50O voitures Mercedes et de 3ûO autobus de luxe également Mercedes, I.T.T. Bell Telephone, L Etoi;le, le Progrès, les Actualités Africaines, !a Tribung Zaïre Presse, etc., journaux qui ont pour naission de rQrandre la gloire du Genéral Présiden! Cong<rvox société de distribution de matériel pour radio, télévision et cinéma, cette dernière entreprise en collaboration avec Pierre Davister. 3é

A

côté dss revenus considérables que le Général Mobutu tire de ses affaires, il perçoit au titre a d'affectation

présidentiel,le r échappant à tout contrôle : 17 7o dl budget national (Links parle de 18 Vo et évalue cette allocation à environ 14 milliards; as.

Faut-il s'étonner qu'ayant acquis d'immenses domaines au 7-aire même, construit plusieurs villas-palais pour luimême ou pour des personnes jouissant de ses faveurs, il a pu acheter de nombreuses propriétés en Belgique : notamnent ulre vaste propriété à Eghezée" deux grosses villas à Rhode-Saint-Genèse, une avenue des Genêts, achetée 22 millions, l'autre avenue Lequime, I'ancien terrain de sport de la Compagnie d'Assurances: la Royale B"lge, acheté 400 millions de francs belges.

D'après des ronseignements récents, il construit su,r un terrain qu'il, a acquis à Uccle ou à Rhode-Saint-Genèse une villa somptueuse qui lui coûte pour les travaux de construction 200 millions de francs belges et lnur les aménagements intérieurs 40 millions de francs belges,

ïl

a acquis à Paris au moins un immeuble à apparûements, avenue Foch, en Suisse un maguifique chalet dans la région de Genève et une propriété de 6A.722 m, à Cully, canton de Vaud achetée 150 millions de francs belges au nom de son épouse Antoinette Mobutu, née Gbiatene. IJne revue américaine a classé le Général Mobutu parmi les cinq ou six chefs d'Etat les plus riches du monde, ce qui n'est pas mal pour un homme qui n'avait, en tout

et pour tout, en 1960 que sa petite maison dans

un

faubotug de Léopoldville. 39. Personne, dans nos pays d'Occident et particulièrement en Belgique, ne s'indigne de ce que dans le même tempo où le seul chef de lrEtat se voit attribuer l7 Vo du budget national, le dégnrtement de la . Santé Fublique r de cet immense pays où de nombreuses maladies règnen à ,l'état endémique, ou hôpitaux ot dispensaires tomb€nt en ruine, émarge au même budget pour æn'irot 2 /o. 37


Cette affirmation de la revue américaine n'a fait l'objet d'aucune contestation de la part du Général Mobutu et

de ses propagandistes. Zaite Presse n a0 s'est contentée de donner de cette accumulation de propriétés à l'étranger une explication qui vaut son pesant de zaires: Son agence

r n'y voient rien que de très normal. I"a sécurité de notre r guide est, pour nous, une exigence fondamentale, lorsque, r dans ses nombrerD( déplacements au seryice du pays, il se trouve à l'étranger.

, pas en dire autant

Il

lorsqu'il

se trouve en terre étrangère

...

achète au lieu de devoir assiéger les hôtels oir par D surcrolt, il serait exposé à la folie de quelque irresponr sablc.

r SInquiéter de I'origine

r

des ressouroes qui rendent pos-

sibles ces dépenses nécessaires, constitue, ajoute loagenca, et grossière (sic).

> une insinuation impudique

r I-es ressources du Chef de I'Etat lui viennent d'une r dotation présidentielle que lui consent la nation, consr ciente des charges de sa mission r. Ce sont ces rressouroes immenses qui lui pe.rmettent de donner à chacun des joueurs de l'équipe de football du Zafue, après sa qualification dans les championnats du

:

une vil,la, une voiture et le prix d'un voyage n'importe où dans le monde a1. monde

4O. Voir notamm€nt Le Soir du 1"' septembre 1973, 41. Grand proteoteur de cette equipe de football, Mobutu lui avait télée;raphié avant'le premier match des fina,les mondiales, qui devait l'opposer à I'Ecosse: r Vous représentez non seulement 38

intervention permit de donner aux deux boxeurs plus forte bourse de l'histoire de la boxe, dixit Omer < Son

la Marchal (dans Spécial du 25 septembre 1972): 5 millions de dollars chacun (soit 200 millions de francs belges, 2 milliards d'anciens francs français). r I1 espère ainsi par ces jeux spectaculaires, faire oublier aux Congolais la misère qui les accable 42. C'est 1à une

vieille technique connue de toutes les dictatures depuis les

r Or si au Zaîre, grâce à la stabitrité retrouvée, à r I'amour et au soutien que lui porte ls peuple, la sécurité r du chef de I'Etat ne fait pas de problème, on ne peut r

Cassius Clay.

<<

u Que le Président de la République achète une villa r à Paris, à Bruxelles ou à Lausanne, les citoyens zairois

D

Les fonds quasi inépuisables dont il dispose lui perm€ttent aussi d'organiser à Kinshasa le cornbat de boxe pour le titre mondial des poids lourds entre Foreman et

Césars romains.

Pour donner une idée de la vie fastueuse que lui permet sa dotation, rappelons, qu'en 1969 n3, lmssant par la Belgi-

que,

il

s'est

fait prêter,

1mr

la

Banque Nationale, une

ses 22 ni{lioas dïrabitants, mais aussi lAfrique tout entière, Votre seu,l mot d'ordre doit être ,,Vaincrê ou mourir" r. Après la défaite des Zaihois par 2 à 0, le Généra,l Mobutu les a félicités d'avoir . suivi scrupuleusement notre enseignement qui est celui de se battre avec dignité et déterminatioa r, terminant en leur disant: r ûout ce que je vous demando maintenant, c'est de fairc plus car ,le rézu,ltat drhier n'est qu'un accident de parcours et eû militaire que je suis, je vous dirai gue vous avez perdu une batail,le, mais la guerre reste encore à gagner. Ainsi, vous pourrez faire resper,ter non seu,lement le Zdire mais I'Afrique tout entière'. Les encouragements du Guide Suprême n'ont pas empêché ler . l-éopards , dÊêtre battus par la You,goslavie sur un score de 9 à 0, L equipe de Mobutu n'a pas marqué un seu,l goal au cours de la compétition... 42. Son chantre attitré, qui a mérité, il ne le contesto pas, n le titre de champion du monde toutes catégories de cirage de bottes de Mobutu r, Omer Marchal, dans Spécial du 25 septembre 1974, parlant du match d,u siècle, entonne déjà le péan: . Hzureux

le 7-aire et

I'homme noir, Heureux Mobutu, qui a rendu cela possible r. l'a écrit le New York Times dans son snr,pplément dominical: " Quand Ali et Foreman auront quitté Kinshasa, quel que soit le vainqueur, le plus grand, le plus beau, le plus fort, ce sera Comme

Mobutu Sese

Seko...

" > < Quolle récom,pense pour lui que

ce

festival de Kinshasa ?...

43. Cet inc.ident es't rappelé dans I'article de Frank Van Poucke de Links, du 6 avril 1974. 39


somme de 100 millions de francs belges pouf, ses frais de voyage.

Ceux-ci ont consisté principalement en jeux à Monaco, en robes de chez Dior po.ur Mme Mobutu, champagne avec des hommes d'affaires à Paris.

Le Canard enchaîné a révêlê à l'époque qu'il y avait eu cette fois-là un achat de bijoux chez un joaillier parisien

Ce texte ne serait pas complet si je ne pouvais y

pour un montant de 50 millions de francs belges.

ajouter une réflexion et un avertisssment.

Ii faudrait être singulièrement raciste pour s'imaginer que le peuple congolais peut être heureux de voir son Président dépenser en un seul voyage le revenu annuel moyen de plus de vingt-cinq mille de ses concitoyens.

Sur I'aûitude de certains dir[eants ilu parti socialiste betge

vu, il n'existe plus au Zaire aucune opposition, aucune liberté d'expression quelles Comme nous l'avons

qu'elles soient.

Payer de la privation de toute liberté un éventuel mieux-être de la population, c'est payer déjà un prix très l,ourd, trop lourd. Mais lorsque la dictature n'a pas d'autre but que de contraindre un peuple à subir son sort de plus en plus misérable et assister en silence aux abus de pouvoir et à I'enrichissement scandaleux de son rnaîhe absolu, c'est proprement insupportable. Se préoccuper de ce peuple, ce n'est pas de I'immixtion dans le gouvernement d'un autre

Une réflexion concernant les motifs qui ont pu pousser une frange notable du parti socialiste belge à prendre la défense de Mobutu, à condamner le livre que je lui ai oonsacré comme une mauvaise action et à passer sous un silence complaisant les violences verbales et physiques que les valets de Mobutu m'ont prodiguées.

Un journal comme Le Peuple si prompt d'habitude à s'élever contre les violations de la liberté d'opinion et d'expression comnises dans les pays fascistes ou le monde communiste a été jusqu'à reproduire en les agprouvant les

propos de l'ex-Premier ministre Leburton considérant qu'il fallait le cas echéant rnodifier nos lois et notre constitution

pour que des livres comme celui que

j'ai

consacré à

Etat.

Mobutu puissent être interd,its.

Sinon il faut que nous cessions de parler de l'Espagne, du Chili. du Brésil.

Je ne dispose pas, au sujet des connexions qui existent entre le Général Mobutu et M. Leburton, de renseignements

Jlai toujours pensé que le devoir de dénoncer et de protester était d'autant plus impérieux que le peupl,e qui est victime d'une oppression n'a ni le droit ni la possibilité de se plaindre.

40

assez précis

pour pouvoir expliquer I'invraisemblable et

paradoxale attitude de cet homme d'Etat socialiste

.

Et je ne puis ici que donner quelques indications que d'autres mieux renseignés et plus pol,itiques que je ne le suis (je formule le souhait qu'ils appartiennent à son propre 41


parti. J'aime que les gens balayent devant leur p,orte) creuseront, développeront sans doute trnur arriver à la vérité quelle qu'elle soit. Ce n'est un secret pour personne que M. Leburton a des voyages privés au Zaire et qu'il a, à cette occasion, noué et renforé ses relations personnelles avec le dictateur

fait

congolais. Ces excellentes relations le pousseront

à assister à une

réunion anniversaire et publique du Mouvement Populaire et ce M.P.R. parti unique daZaire de la Révolution, à porter à cette occasion I'insigne de ce parti aa. Son attitude du Léopard.

lui vaudra un cordon de l'Ordre National

Mobutu, à I'occasion de la diffusion en Belgique d'un livre qui déplaisait à celui-ci. On espère pour lui que Mobutu a compris que ce n'est pas sa faute à lui, Leburton, si ce livre n'a pas été jeté au bûcher et son auûeur en prison...

Mais à travers M. Leburton et, semble-t-il M. Harmegnies, c'est au parti socialiste tout entier que le Général Mobutu a tenu à manifester sa particulière amitié.

L'un de ses interlocuteurs privilégiés, Etienne Ugeux, lui posant la question

aB :

sont étonnés des nombreux oontacts que D vous avez eus avec le parti socialiste lors de votre séjour a Certains se

r en Belgique ? r le Général a répond,u :

I1 a été à oe point sensible à cette distinction qu'il a, en compagnie de la baronne Monique van der StraetenWaillet, de M. Emmanuel Coppieters, du banquier Jacques Verdickt et du général en retraite Robert Werbrouck, fondé s l'Association des titulaires belges de l'Ordre National du Ilopard n dont il a été aussitôt nommé président 45.

L'objet de cette Association est : de promouvoir la solidarité entre titulaires belges de r l'Ordre du Léopard et titulaires d'autres pays tout parJi n culièrement au Z,aïre et par ce fait, de contribuer à la > coopération entre Ie Zaire et la Belgique en s'abstenant r de toute prise de position politique r. <

< La ligne de conduite du Mouvement Populaire de la r Révolution demeure inchangee : ni à gauche, ni à droite, >> ni même au centre (sic). Mais il se fait que j'ai constaté > que les socialistes ont manifesté une sympathie particu'

> >

lière à mon égard et envers mon pays. Cette attitude s'est traduite par mille et une attentions ... rr

Que le M.P.R. apparaisse comme un parti frère du P.S.B. paraîtrait assez énorme, même si cette idée est encouragée par quelques caciques du parti.

On ne peut pas dire que M. Leburton n'a pas manifesté cette solidarité avec le grand maître de I'Ordre, son ami

L'assurance que I'amitié et la solidarité du Premier ministre Leburton lui donnaient, a permis au Général môme après les mesures de zaïrisation qui Mobutu, des milliers de Belges sans profit aucun pour le spoliaient peuple congolais, d,'affirmer 4? que I'amitié entre la Belgique et le Zaîre n'avait jamais été aussi bonne.

44. N'y a-t-il plus en vie ou en situation aucun vieux socialiste pour imaginer quelles eussent été ses réactions et celles de son lnrti si, avant la guerre, un de Broqueville, un Theunis -ou

Pour la première fois, je peuJ( vous dire solennelle' r ment non seulement que j'ai des relations presqu€

un Jaspar s'était avisé d'assister à un meeting du parti fascisæ italien ou du parti nazi et d'y porter I'insigne des fascios ou la zwastika.

45. Moniteur belee, 8 novembre 42

1973.

<

46. Le

Soir,

7 awil 1973.

47. La Libre Belgique, Le Monde,2l fwriet 1974' 43


la famille royale, mais, en plus" que r l'actuel Premier Ministre de Belgique est un des ho nmes r politiques belges que j'aime et que je respecte > a déclaré le Président r. D

sentimentales avec

D'autres faits troublants devraient inquiéter lbpinion.

I-.e < Moniteur Belge > du 28 mars 1974 révèle que I'hebdomadaire Dimanche presse dans lequel M. Edrnond l-eburton contrôlait en 1968, semble-t-il, par personne intertrnsée, la rnoitié des parts est passé entièrement sous le contrôle de M. Pierre Davister, le porte-parole de Mobutu en Belgique et de Mme Davister

a8.

I-e capital est passé de 600.000 francs à 4 millions six cent mille francs belges et l'augmentation libérée imm6 diatement à concurrence de 2 mil,lions est entièrement souscrite par le ménage Davister. C'est Mme Pierre Davister qui remplace à la présidence sénateur libéral Basile Risopoulos. M. pierre Davister est nommé administrateur délégué.

le

Mais le député socialiste Cudell demeure adrninistrateur

de ce journal qui devient une dépendance de Spécial et par conséquent de Mobutu. D'après des renseignements que nous avions avant la fusion du Peuple, Dimanche Presse était toujours imprimé sur les presses du journal socialiste bruxellois ag.

logie professionnelle que constituait l'articLe so qu'il avait consacré dans Spécial aux violences physiques dont j'avais été victime à Liège de la part des ( tontons macoutes > zairois, 2161s que les rédacteurs de Spéciat eux-mêmes se contentaient de s'abstenir, une seule voix s'élève pour défendre Davister et voter- non, celle d'un rédacteur du journal socialiste Le peuple : M. Kurt Grunebaum.

I-orsqu'on constate aujourd'hui que c'est à l,hebdomadafte Dimanche Presse que M. Leburton confie régulièrement ses critiques du gouvernement qui a succédé au sien et ses appels du pied à la constitution d,un nouveau gouvernernent auquel participerait le parti socialiste, il est difficile de ne pas penser que M. Leburton demeure dans la politique belge,le cand,idat du Général, Mobutu au poste de Premier ministre ou subsidiairement à la charge de ministre des Affaires étrangères.

Il

est difficile à un homme de gauche de ne pas voir dans cetûe oonjonction entre MM. Leburton et Davister une sorte d'union contre nature dont il faud,ra bien qu'un jour une explication plus complète et précise soit donnée.

Mobutu et I'indépendance de I'Angola

Un avertissement: la

Lorsque I'Union professionnelle de la presse belge condamne Pierre Davister pour la violation de Ia déonto-

menaçe que font peser Mobutu, Roberto Holden et la C.I.A. sur l'indépendance de I'Angola.

48. Aote du notaire Sorgeloos du 28 février 1924. Madame paviglgr soglgrlt po-ur 60O.0O0 francs. M. pierre Davister po,ur

En 1960 un mouvement pour la libération de I'Angola

3 mil'lions 4O0.OOO francs. 4!, Pan, 2 aoit 1974,

gênéralement bien informé, rallrorte

que, Dimanche Presse co_ntinuera è être imprimé sur les fiesses de la rue d,es Sabl€s malgré le départ Ctn peuple -cneepour Gcisselies

Il rwèle

aussi que

le

nouveau rédacteur en

da Dimittcie

Presse est Francis Monheim, cet autre inconditionnel de Mobutu,

auteur de llneffable hagiographie de son ami: Mobutu lllommê

Seul.

exerçait son activité tant à I'intérieur du pays que dans des pays voisins, notamment au Congo où il avait les faveurs et pouvait compter sur I'appui du gouvernement de patrice Lumumba: le M.P.L.A. dont les dirigeants, MM. Agostino

50. La " Chute de Jules Chomé la violence et au û1eurtre,

appel à

'

qui comportait un véritabls

{J


Netto et Mario de Andrade avaient la taille et la formation d'hommes d'Etat, manifestaient des tendances socialisantes et antiracistes, tenant compte de ce que dans cette colonie portugaise de 5"7 millions d'habitants, il y avait environ 500.000 Blancs et 200.000 mulâtres et que les clivages ne

s'y étaient pas faits suivant la couleur de la pau mais suivant des critères sociaux et économiques, des petits Blancs se trouvant souvent dans des situations inférieures à des Noirs, ce qui eûit êté impensable dans ce que fut le Congo Belge.

La C.LA. qui craignait l'évolution de ce mouvement, entretenant de bons rapports avec les pays socialistes et préconisant, sur le plan international, une position résolument neutraliste, suscita un mouvement rival dirigé par un homme à sa solde, Roberto Holden.

Iæ F.L.N.A. bénéficia immédiatement du soutien du ColonelMobutu, lui-même, on le sait,homme de laC.I.A.51. A cette époque les mêmes organes de presse qui avaient le < communisme r de Patrice Lumumba se lan-

dénoncé

cèrent dans des campagnes contre les patriotes du M.P.L.A.

En voici un exemple : Présence Congolaise 52 du 29 avril 1961 écrivait: < A côté de vrais nationalistes angolais qui visent avant > tout le bonheur et la prospérité des popul,rations ango> laises et qui voudraient obtenir satisfaction par voie de > négociation pacifique avec les autorités du Portugal, il 51. Jusqu'il y a quelque temps, il y avait encore des honnêtes gens qui considéraient que les interventions de la C.LA, relevaient de la mythomanie ou de la propagande anti-américaine. Depuis que

M. William Colby, directeur de la C.I.A., a reconnu lui-môme

expressément

le rôle joué par cet

organisme dans

le

renvers€ment

du gouvernement légitime du Docteur .dllende au Chili (voir notarrment deux articles dans Le Monde du 26 septe,mbre 1974, et dans toute la presse bege), plus personne ne met en doute I'inquiétante puissance de la C.I.A. et le danger pour [a paix et la démocratie des actions qu'el,le mène. 52. Hebdomadaire touchant de près Mgr. Malula et dont le rôle dans l'élimination de Lumumba est bien connu. 46

D y en a certains qui se sont vendus pour quelques deoiers ) rouges et qui mènent le jeu néfaste joué jadis par le feu r Emery 53 le Grand (Hmm).

r L'on se rappellera qu'à l'époque lumumbienne, les r soldats ghanéens de I'UNUC et le maître gangster r Moumié avaient à Binza une école de terrorisme où D

quelques politicailleurs angolais étaient entraînés. Après

r leur formation, ils devaient se rendre en Angola pour tout r saboter. r Dès lors, I'on ne peut s'étonner si des émeutes surr gissent en Angola. Ces troubles sont fomentés par les > domestiques de Mosoou dont la politique est basée sur > la violence. > C'est aux ,,pacifistes" et à eux seuls qu'il faut offrir r l'hospitalité. Nous demandons aux autodtés de prendre > dans l'immédiat des mesures qui s'imposent contre les r vendus qui, sous le couvert de nationalisme angolais, > favorisent I'infiltration communiste en Angola. et de là

> chez nous.

D

Cet appel à la répression fut entendu conune I'avaient été les invitations répétées du même journal à la curée des lumumbistes.

Pendant plus de douze ans le mouvement de Roberto Hol en, qui prenait ses instructions à Washiûgton quand il n'était pas dirigé directement par le chef de la C.I.A. au Congo, M. Devlin, fut protégé par le gouvernement de

Cyrille Adoula et de Moïse Tshombe.

Le Général Mobutu lui prêta toujours main forte pour supprimer toute résistance dans les camps d'entraînement qui lui furent ouverts au Congo. Iæs membres du M.P.L.A. furent sans cesse traqués par Holden et les hommes de Mobutu.

53. L'on sait qu'il s'agit là du

second prénom de Lunumba. 17


Par exemple, lorsqu'en mars 1 972, les responsables du camp de Kink'usu, situé sur la rive du Congo à 200 km de Kinshasa, s'insurgèrent contre Roberto Holden, c'est un bataillon blindé de l'armée de Mobutu avec une trentaine d'engins et un bataillon de troupes aéroportées qui matèrent la rébellion et désarmèrent les résistants angolais qui voulaient secouer la tutelle des hommes de la C.I.A.

Maintenant la situation a changé. I-e gouvernement actuel, au Portugal et tout particulièrement son ministre socialiste des Affaires étrangères, M. Soares, sont d'accord pour reconnaître pacifiquement f indépendance à I'Angola.

Le M.P.L.A. adversaire de tout racisme et disposé

à

tenir compte de la situation spéciale constituee par l'implantation séculaire de Blancs qui ont fait souche dans le pays, semble pa,rticulièrement bien placé pour mener à bien avec le minimum de heurts, les nécessaires transitions.

C'est le moment choisi par 1e F.L.N.A. de Roberto le parti des Angolais soidisant pacifistes de Holden pour durcir ses positions, dans un sens radical et 1961 raciste- anti-blanc. C'est le moment où Mobutu, dont I'anticommunisme a viré en même temps que celui de ses maîtres américains, autorise f introduction, dans les camps de Roberto Holden, de plus d'une centaine de spécialistes chinois de la gué-

rilla

54. Etienne Ugeux dans Le Soir, 22-23 septembre 1974, rapporte que 15O experts militaires chinois, dont un général, for' rrent des-combattaû-ts dans les bases d'entraînement at Zalte, Et que Pékin leur a procuré aussi 450 tonnes d'armes lourdes et légÈies, Ne se trouvèra-t-il personne chez les socialistes et les co-mrnunistes bslges ,p,our s'indigner avec moi de cette aide militaire chinoise apportée avec I'accord de Mobutu à la lutte contre un Porturgal décidé à accorder I'indépendance à I'Angola et dont la dipioÀatie est dirigée par un socialiste ami des leaders ango.la]s, alôrs que le mêrne Mobutu a freiné pareille lutte et empêohé parei[e aide lorsqu'i'l s'agissait de lutter contre le Portugal de

48

Et surtout, I'enclave de Cabinda apparaît depuis

quelque temps comme un << nouveau Koweit >; les prospections de la Compagnie américaineGulf ont révélé, dans la zone de Cabinda, des gisements pétroliers pratiquement inépuisables.

Pour les Américains, il ne faut pas que les choses s'arrangent à l'amiable entre les Angolais et le Portugal. Les hommes de la C.I.A., Mobutu et Holden, vont tout faire pour rendre impossible une solution pacifique.

Si l'Angola tout entier rompt brutalement avec le Portugal, chasse les Portugais ou leur rend la vie impossible, les < angolise > à I'exemple de la a zairisation r mobutiste, Ie pays tout entier peut, comme le Congo, basculer dans l'orbite de Washington pour le plus grand profit du capitalisme américain et les petits profits du Général Mobutu.

Si le M.P.L.A., dont l'inlluence est considérable, empêche que I'Angoia tout entier passe d,ans la zone d'influence américaine, il restera la solution du séparatisme.

Mobutu fera, rnême rnilitairement s'il le faut, quelque chose pour que l'enclave de Cabinda, au moins, échappe à la République d'Angola et l'enrichisse en même temps que ses maîtres américains

55.

Il

54.

Salazar

L'Angola possède de très importantes richesses minières.

et do

Caetano.

faut que les démocrates et les progressistes dans le monde et les partisans de la paix et de la justioe, quelle gue soit leur appartenance politique ou religieuse, soient, dès à présent, très vigilants et observent avec attention le jeu que 55. Le Moniteur belge de Mobutu (Spécial du 25' septembre 1974) proclame déjà fièrement que c dopuis un certain tempc les Cabindais tenants de la thèse de I'indfuendance de I'Enrclave de Cabinda en dehors de I'Angola indépendant, disposent à la Voix du Zafte, Ia radio nationa,le de ce pays, cl'un

temrps d"antenne.

Ils y propagent leurs thèses à toute I'Afrique par la voix du ,,plus gf,andr tam-tam" de ce continent. Ils ont à Kinshasa des locaux. IIs ont des moyens ... r.


le Général Mobutu va jouer dans les problèmes de I'Angola et de I'enclave de Cabinda. Cæt avertissement soulage

en tout cas notre propre

conscience.

Le 18 aoÛ,t t974.

Table des matières Pp.

livre La dictature de Mobutu Le culte de la personnalité Violences et trahisons successives Tout le monde a été trompé à tour de rôle Bilan d'un règne La zaïrisation-alibi Le retour à l'c authenticité r I-es raisons d'écrire un

La plus grande partie du présent

texte

a paru en langue flamande dans la Revue

Tijdschrilt voor Diplomatie N" 2 d'octobre 1974. 50

Le fabuleux enrichissement du

< Guide suprême

5 13

15 18

22 24 27 31

>

34

L'attitude de certains dirigeants du Parti Socialiste Belge

Mobutu et I'indépendance de I'Angola

4t 45

5t


I PRECEDEMMENT PARUS CHFZ, LE MEME EDTTEUR

I.E PL^A,T PA.YS i

dirigée par lacques De Decker

UN SOIR LIN TITAIN

L'HUMANITE CON{PLEXE

Johan Daisne

Conseiller de collection: Robert |aulin

Prélace de Marcel Brion de I'Académie trançaise

LES JEUNES ET LE MOUVEMENT COMM{JNAUTAIRE Hélène Colin et Michel Paradelle Préface du Docteur G. Mendel

MENUET Louis-Paul Boon Préface de Claire Etcherelli

LA

vENDREDT,

DECTVTLTSATTON,

POLITIQUE ET PRATIQT]E DE L'ETHNOCIDE Robert Jaulin et divers g

JOUR DE LIBERTE Hugo Claus Préface de René Kalisky

LE MEII LEUR DES MONDES I,E TEMPS DES ETRANGERS Claude Mertens et Serge de Waersegger

A paraître

L'AVORTEMBNT

L'EMERVEILLEMENT

Dossier établi par Philippe Toussaint

*, TTERS MONDE

:

Hugo Claus

CIEL ET BETE Hugo Raes

LA GRANDE MYSTIFICA,TION

DIEU EN FLANDRES

DU CONGO.KINSHASA

Astère-Michel D'Hondt

Cleophas Kamitatu

L'ASCENSION DE MOBUTU Jules Chomé

MOBUTU, GUIDE SUPR.EME

LES DORMEURS DEGENER.ES

Ward Ruyslinck

MA PETITE GUERRE Louis-Paul Boon

Jules Chomé

5t

53


CREUSETS Synthèses sémiologiques

Dirigée par André Helbo

ndIcIrEL BUTOR, VERS UNE LITTERAIURE DU SIGNE (précédé d'un dialogue ente Michel Butor et I'auteur) André Helbo POUR UIYE SEMIOLOGIE DE LA REPRESENTATION théâtre, télévision, bande dessinée

A paraître

dans la même collec{ion:

LES STRUCTURBS ELEMENTAIRES DE LA SIGIIIFICATION A.-J. Greimas, F. Nef et divers {F

En pÉparation:

COLLECTION TEXTES VOUS SEREZ COMME DES DIEUX

Erich Fromm

LE DOGME DU CHRIST ET AUTRAS ESSAIS A PROPOS DE LA RELIGION, LA PSYCHOLOCIE ET LA CULTURE Erich Fromm

LA MISSION DE SIGMUND FREUD Erich Fromm

54


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