Moise Tshombe et I'escroquerie katangaise (Jules Chomé)

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Jules Chomé Préface de Jcan Terfvc

Moïse Tshombe et I'escroq uerie katangaise

t

l FONDATION JOg" JACQUEMOTTE (a"s"b.l.)

-

BRUXETLES


Jules Ghomé

DU MËME AUTEUR CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS Formose, Quemoy, Matsu

aux

<(

Editions Politiques v

--

$1g;slles 1958.

La Passion de Simon Kirnbangu aux Editions . Les Amis de Présence Africaine Bruxelles 1959.

'

Le Drame de Luluabourg

aux Editions de " Remarques Congolaises "

Moise Tshombe et I'escroquerie

Bruxelles 1959.

Indépendance congolaise, Pacifique conquête aux Editions de " Remarques Congolaises "

Bruxelles 1960.

La Crise congolaise

De I'Indépendance à I'intervention

- juin - 9 juillet 1960) militaire belge (30 aux Editions de o Remarques Congolaises

k,af a ngâ

'

Bruxelles 1960.

ise

M. Lumumba et le Communisme. Bruxelles 1961. Le gouvernement congolais et I'O.N,U. - Un Paradoxe tragique

aux Editions de " Remarques Congolaises

Bruxelles 1961.

L'Affaire

'

Rwagasore

aux Editions de " Remarques Congolaises " Bruxelles 1962. L'Assassinat de Patrice Lumumba et les Révélations de Moïse Tshombe

aux Editions de " Remarques Bruxelles 1964.

Le Drame

congolais

aux Editions de " Droit et Liberté

,

-

Paris 1964.

ED]TIONS

DE LA

FONDATIOùI

JOS. JACOUEMOTTE

BRUXELLES


PRÉFACE

Quand,

il y a quelques

mois, Jales Cbomé

a

entrepris

le livre que Ia Fôndation loseph Jacquernotte piblie aujourd'hai, Moiie Tsbombe était ie personnage central'd.e la Uaf lia politicienne qui, depais 5 dns, f oarnit â prix d'or aux forces néocolonialistes le paravent africain dont elles ont d.'écrire

hesoin.

Il

Il préparait son accession à la faffirrnai.t cornrne Ie concurrent le plus dangereux de Kasaoubu. Depuis lors, il s'est prod,ait un changement brasque de situation. Ce bouleversement ne repose ni sur des modifi.cations internes profondes ni swr des transt'ormations survenues dans Ie rapport d,es forces entre groapes politiques, éconorni.ques ou sociaux congolais, Il est la c,onséquence d.'une modification dans Ia tactique néocolonialiste. La fiction d.érnocratique, les jeux parlementaires à I'européenne, indéniablement commodes powr camoafler Ia réalité, peaaent entre des mains rnalhabiles conduire à une anarchie était Premier Ministre.

Présidence de la République et

rl ,.,

f

perrnanente. IIs peuvent aussi échapper aa contrôle et déboacber sur des situations explosi.aes.

La caste politicienne qai détient les dpparences du pouaoir n'est pas intégralernent cornposée d'élémenis oénaux et èorrom-

pus qwi rernplissent docilement Ie rôle d)instruments da néocolonialisme. Elle d des besoins propres qwi ne correspondent pas toujours à ceux des maîtres étrangers. Elle subit pour le $

!l'

sltrpltus Ia pression d'une poussée naùionàliste de masse extrêmement prot'onde, même si cette poassée demeure cont'use, i.norganisée et raaagée par des oppositions internes.

Elle n'écbappe pds non plr4s aux influences des autres pdyt afri.cains qui, nonobstant l'emprise exercée sur la plupart d.'ènire


et'tx

par Ie néocolonialisme, sont

aisant

tra,eersés

congolaise se rangent dans la premi-ère catégorie. C'est pourqwoi ellei t'owrnisseil;n ærrain pàrticulièrement aisé aux entreprises du néocolonialisrne.

par des courants

à une libêralisation effective et à une indépendance

réelle.

Celui-ci rnet à prot'it les dit't'icultés rencontrées par-

Les chet's d.e t'ile ne petuvent Pds ne pas tenir cornpte de cet état d,e cboses s'ils vèulent s'dssurer des maiorités et des soutiens extérieurs,

non't)eaa; il joue sur les faiblesses, Ies inaptitudes, les carences de cad'res dont Ie calonialisme classique porte Ia

àieur statut

Kasavuba sacrit'ia à cette nécessité quand., pdrticipd.nt récemrnent à ane réunion à Accra, iI laissa tirnidement entendre qa'il enztisageait de renoncer aax serrtices d'es mercenaires

responsabilité essentielle; il iette les bases d'une domindtion noavelle. II vise at)ant tout à maintenir les posi'tions antêrieurement acquises, à les élargir au maximum, i se prémunir. contre. les *itrrtt' de nationilisation, à perpêtuer dans les jeunes états une écononrie de type coloniàlisie, obstacle principal à leur déaeloppement et à leur indépendance réelle'

étrangers, Le rnêrne souci animai.t Tshombe quand'

il laissait circaler des informations sur les contdcts qu'il aurait pu aztoir aaec certains chet's du ntot'ruernent nationaliste congolais et sur ses intentions d'étwdier les possibilités d'wne éventuelle réconciliation nationale. Mais ces babiletés de politiciens rnadrés, même si elles

ne sont d.ans leur cbef qae frimes et roablardises tacti'ques, rec,èlent

dangereux pour Ie néocolonialisme. L'extraordinaire powssée libératri.ce qui, en moins de d.ix ans, a cornplèternent boaleoersé I'Afrique, a. provoqwé l'écroalement du colonialisme classique, est loii d'êtrè épwisée. Elle est irréaersible cotnme tous les courants rêellement révolutionnai.res.

un contena int'iniment

Sans doute peat-elle connaître des moments de stagnation, rnême

des péri.odês de recul. Historiquement, ils ont un caractère temporaire. Le colonialisme claisique a éclaté parce qu'il était dêpassé par la vie, parce qa'il était devenw une stracture t'onctiônnani pow, elle-ntême, kais ne répondant plus à une sitiation déterminée.

Ld perspective dès à présent atn)erte, mais dont Ia réali-

sati.on pewt i'écbelonner sur un certain nombre d'dnnées, .c'est l'élaborati.on par les peuples anciennement coloniaax et dépen-

dants des bâses éconorniques, sociales et politiques de leur i.nd.épendance réelle. Comrne iI arriae soaaent pour les grandes mutàtions historiques, Ie moment de rupture avec Ie pass! ne caincide pas nécessairernent apec celui où se trouaent déià à pied d'æurtre toas les éIéments constructifs du stade not'wed,a. 'P

ar t' o is, p ar s uit e d e cir c on s t anc e s e xc e p tiànne lle s, d' êtt é n e me nt s extérieuis jouant pdr contdgion, l'éclatement d'u statut ancien se produit aaant que les fondements da statut noavedu ne soiint arriaés à rnaturi.té. Dans d,'aatres cas, des situations dépassêes se surzti'ztent, se perpétuent alors que, cependdnt, Id, nàtière noaaelle est là et ne demande qu'à s'ordonner' Les situations dlricaines et plus spécialement la situati'on

I

les

ieunes états accéd.ant iubitentent à I'indépenddnce, pot'r'r se doter 'rapidement de métbodes et de structures ne corr.espondant p4s

i'{,

'.{

la réwssite de cette politique conserttatoire, de politiqui de contenu dét'ensif si.on Ie cornpare au colo-

T'outefois,

rii'

cette

nialisme clissique, implique la nécessité de trouver au sein rnêtne des nouveaux'états ine'bote d'appui de réalité ou, à défawt, d' ap p arence nationale.

"Dans certains pays il s'est trouz.té rapidernent une classe sociale privilégiée, irête à jougr c9 rôIe au prix d'un Partdge des prot'its avèc les milieux néocolonialistes.

La situation n'était pas telle aa Congo. Les conditions du coloniali.srne belge n'oni pas perrnis le déoe-loppenTent d'une bourgeoisie noirà, propriéiaire t'oncière ou.-déjà inté.grée da.ns des intreprises iornmàrciales ou industrielles. L'indispensable soutien nàtional au néocolonialisrne deaait être rechercbé dans la caste d'Africains plus ou rnoins instrwits qui, d-ans -ll période 1958-1960,'a t'oarnî les cadres au Mowrtemênt d'lndépendance et qwi depais lors s'est partagé les postes gouvernernenta'ax et administratif

s.

Cette iaste, sans attacbe sociale et sdns base id'éologique précises,.échapp-ant au contr,ôle des partis politiques, non encore 'strwctuiés,

oi

des organisations syidicales,, encore embryonn.ai-

deaait nécessairemcnt être vulnérable à toutes les entreprises de corruption, Tsbornbe est an des types les plas reptésentati'fs de cette caste. C'est poarquoi I'anàIyse de ses agissements ot'-fre un i.ntérêt qwi. sort di I'anecdotà poo, deaenii êtude sociologique. Toutefois Ie comportement de cette c-aste I'a p.rogressivement coupée de ses atiacbes nationales, Ell-e apparaît aux yewx des massâs africaines cotnrne Ia pri.ncipale responsable de Ia res,


stagndtion, du désordre, de I'anarchie. Elle t'ait figare de collaboiatrice de l'étranger et d'obstacle à l'épanoaissement d'une ztéritable indé p end.ance. Cette rufture réd,uit d,u coup I'intérêt qu'elle présente pourIe néocolonialisrne. Ce pbénomène s'accentue encore quand certdins tenants de Ia caste, ni par tactique, ni. par convi'ction, essdyent de prendre quelques distances à l'égard des milieux néocoloni.alistes et de renouer le contact avec les masses afri' caines.

Ils sont non seulement

ineft'icaces mais

pertent

deaenir

d,angereux.

C'est là qa'il fautgoir les raisons profond'es de l'écartement récent de Tshombe et de Kasavubu. Le néocolonialisme a besoin d'un appui. 'ualable, moins vulnérable. A défawt d,'autre chose, il Ie rechercbe dans l'Arrnée. Depuis 1960, celle-ci a fait tobiet de soins spéciaux, d.e la dire{tion africai.ne de I'O.N.U. d'abord, des différents gouvernernents qui se sont succédé ensuite, des milieux d,u néocolonialisme en perma,nence. L'Arntée, nonobstant son norn, n'est pas une Arrnée Nationale au véri.table sens du mot. Elle est da'uantage armée d'e

métier, cornposée de prot'essionrtels à soldes élevées et régalière-s joui.ssant d'une situation matérielle privilégiée pdr rapport à la -masse

d,e la population. Elle a absorbé an nombre irnportdnt d'éléments faisant partie de I'ancienne Force Publique coloniaIiste : une partie de ses cadres a été promue à des fonctions

swPérieures lui assurant a.nantages honorifiques et matéri'els. L'assistance militaire étrangère lui a fourni I'armature d'instrucbelges surtout, italiens, israéli.ens, nigéri.ens tewrs spécialisés

- sa préparation militaire et qui garantissent

-idéologiqwes.

ses

orientations

Elle a été dotée des arrternents appropriés. En son sein ont ëté constitués d.es comrnandos spéciiux fôrmant une véritable "çardeAorétorienne. sa tête, on a placé un homme st)r, ancien agent de ld Sûreté belge à l'époque colonialiste, actuellement instrument des seraices spéciaux arnéricai.ns, le général Mobutu. C'est sur lwi que reposent mai.ntenant les espoirs d.u néocoIonialisme qwi, deôant là dégradation de la siuâtion, a mod.ifié sa tactique de domination et a renoncé à Ia fiction démocratique pour jouer Ia carte de la di.ctature militaire. Ce n'est d,'aillewrs pds une tactique réservée au seul Congo. Durant ces derniers mois, elle a été atilisée dans dioers pays 10

africains et il v a toutes raisons de croire que la série n'est ias clôturée. Ées sitaations identiques oa tot4't a'u moi'ns du ii'ê*, nerrc entraînent I'applicatioi de méthodes semblables. M"ais l'obligation du rôrours à ces méthodes est loin d'être un sisne de f orîe. Si, par ce ffl.o"tten, le néocoloni'dlisme parvient dars"l'im*édiat à irr*orte, éertaines dit'ticultés et à écarter certains risaues. I'instauration de la dictature rnilitaire crer.r'se daaantape ârtort Ia ru,ture entre les dirigeants et les rnasses "des conditions à'affronternents allant iusqu'à Ia lutte et crée armée.

Car qu'on ne s'y ûornPe pas, la poussée nationali'ste sai'n-e., I'astiratiin profonde à unà libérdtioi et't'ectit'e et à une indéoieîdance réàlle'sui ont perînis dux peuples africains de balayer ir rn tr*pt très court lès formes d'u colonialisme classique sont Ioin d'être épuisées. Ellei restent sotu'uent encore à I'état de io6ion g:érérLlr, abstrai,te. Leur contenu concret est ttariable selon 1ei groupes et les i'ndittidas. Les objec.tifs sont rdre,Tnent ordonnés"et p;écisés. Les structurations politiques, syndicales ou autres sont àrnbryonnaires et sans pénétration en profond'ear' Les leaders politi.qwes, eax auisi.issus pour la plu.part de tétroite caste dei mieux instruits, s'épuisent en oPpositions et confli.ts personnels, quémandent des àppuis extéri'eurs dont ils attindeit tout, ripignent au lent tiartail -d'organisa.tion des rnAsses et cèdent, bélas ! d.ux tentdtions de la corruptton et de la facilité. Ces tares dirterses Tnarquent tous les groupes à travers lesauels le n'tou'uement natioial tente de s'exprimer et de s'impoier. Elles atteignent aussi ceux qui ont choisi le,s. formes de ia lutte armée, elles entrapent Ieur t'orce et leur eflicacité, elles ébranlent lewr crédit, elles rendent plas dit't'icile leur soutien' Pewt-être est-ce là, dans les coiditions congolaises, un stade a né antnoi'.n s . le . d é p as e r q u' iI é t ait imp o s sib le d,' é'uh e r. I.l -f gaQ n'est réalisable qu'au libération rtéritable nrt ians retard io, brix d.'wne mobilisation des masses d.spirant à I'indépendance hr* *oyrn, de structares dpPropriées- à leurs traditions et à leir, *o2, de vie et de cadrài nitionaux ayant lewr confiance' Ce n'est pas wne entreprise impossible. EIIe s'inscrit d'aillewrs dans le cadre d'une értolution naturelle. Aa stade actuel dw peuple congolais, il existe entre les çtoabes aui le composeit, & dont- la formation en classes "roriâl* nittement délimitées est loin d'être acbettée, une contmunduté d'intérêts essentiels suffisante powr t'aire apparaître les structares organiques correspondant Aax besoins' s

11


Un peuple jeune trouae Toajours en lui-mêrne, fût-ce au

prix de diflicultés extrêtnes et de mornents douloareux, I9s instruments d,e son déaeloppement. A l'époque où, à l'échelle

mondiale, Ia vie poli.tiqwe consciente a pénétré les masses, à I'époque où les exernples de transt'ormdtions sociales et politiques prolondes se sont multipli.és, il se produit partout une

àccélération des évolwtions qui sowt)ent même dépasse les prévisions, Sans tornber dans un optimisme de principe ot't' un volontarisme i.rréaliste, on peut aoir I'avenir avec cont'iance. Dans Ie li.are qu'il a écrit, Jules Chomé n'a pas abordé d.i.ïecteînent ces questions. Ce n'est ?ds îtne critique. Ce n'était pas là son problème. Conscient d.u rôle nét'aste ioué par les Africai.ns, càllaborateurs d'u néocolonialisme, persuadé à iu2t3 titre que leur rôle n'est pas terrniné, qu'on essayera encore [e s'en sàrvir, convaincu qu'un Tshontbe, même écarté des postes dirigeants, n'est pas un i.nstrument dêlaissé rnais qu'il demeure, cornme disent les gens d'aft'aires, wne valeur de rêserae, lules Cbomé, à'travers une pa.tiente recherche, a démonté les rnécdnisrnes de la sécession katangaise et retracé, à traaers les étapês de la oie politiqwe du leader de la Conaleat, Ie cheminement d.es hornmes de la caste vers la trahison de leur peuple. Par la mêrne occasion, il jette une vive lurnière sur Ia politiqae hypocrite et tortueuse da néocoloni.alisme. Son réquisitoire, cornme îl dit, se nourrit de I'accwmulation de t'aits irréfutables. C'est une æuure utile pour tou.s ceux qai croient à la li.bération cornPlète et nécessaire des peuples anciennement coloniawx et qui. aealent aider à ce qa'elle soit plas rdpide et rnoins dowloureuse.

C'est une æulre wtile daaantatge encore pour les rnilliers de Congolais dès à présent engagés dans Ia lutte libératrice. C'est pourquoi la Fond,ation Jacquemotte est heureuse d'avoir pa assttrer la publication da livre de Jules Cbomé. Jean TERFVE.

t2

LE CONTEXTE

DE 1956


t956 On nage dans I'euphorie. - est une oasis. Lés erreurs que les Français, les Le Congo Anglais, les Hollandais ont commises, les Belges ont trop de savoir-faire pour les commettre à leur tour. Au surplus, l'éducation qu'ils ont donnée à leurs noirs est telle que ceux-ci ont hérité de leur solide bon sens. Les slogans qui fônt fureur, autre part, en Afrique, n'ont pas cours en Congo belge. La Sainte Trinité, qui gouverne le Congo depuis cinquante

ans,

à la situation bien en mains. Les missions, les

grandes

l'Administration sont plus unies que jamais. La Presse belge au Congo leur rend d'enthousiastes hommages (1) : - Dêpuis la reprise du Congo par la Belgique, progrès et " évolution ont iuivi ici un cours semblable. Le mouvement sociétés,

en avant s'est poursuivi à un rythme toujours plus accéléré grâce à I'action continue et combinée de trois grandes transformées en terre africaine en trois institutions belges -motrices grandes forces agissant ensemble : l'Etat belge,

[e capital belge et l'Eglise chrétienne de Belgique. " Quand le Délégué Apostolique, Mgr Bruniera fera sa tournéi congolaise et confiera ses impressions à la presse d'EIisabethville,ll ne pourra pas cacher son admiration (2) : ce sont " Ce qui a su?tout frappé le Délégué Apostolique' les réiultats obtenus par la collaboration étroite entre I'administration, les sociétés et les missions. > (1) Editorial, signé * Franc 1956.

r

dans

(2) u Essor du Congo r, 11 juin

I'r Esror du

Congo

r d'Elirabcthvillc du

22 aott

1957.

15


le courant de l'année, ,r.r iournalist. ro.ËlittË, M. Feinand Demany publiera un livre asséz sévère potrr deux au moins des éléments de Ia trinité, . Le bal blanc et noir ,,, on l'accusera de tnettre en cause l'édifice tout entier (3) : * En cherchant à dresser les indigènes contre les missionnaires et les sociétés, les socialiites les amèneront à se

A telle

enseigne que lorsque, dans

dresser contre tous les-Européens en général et leur ouvrent

toute grande la voie du nationalisme. " L'identification entre I'Eglise catholique et les colons e-st telle à ce moment que lorsque ls Vilaire Apostolique drt Katanga, Mgr de Hemptinne, un prélat de choc, fera un pro-cès à tvt. Ë"i"atid Demany (4) la preise des colons soulignera (5) : o En notre nom à tous' il a relevé le défi que M' Demany avait lancé à tous les blancs du Congo. " Mais à part ce livre Congo (6) " . , " qui aurait du être interdit au que des ralsons oe se moment' en ce n'ont, belges les colons réjouir. Les seuls Congolais à qui l'on -ouvre les colonnes des journaux coloniaux-exaltent l;ceuvre de la Belgique' S'il leur arrive de formuler, de temps en temps' un væu concernaflt l'arnélioration des relations humaines, le caractère àZoluir"rrr des discriminations raciales dont les noirs sont I'otj"t, ils sont remis à'leur place par les plus hauts Personnages' Le Procureur général honoraire près la Cour d'Appel d'Eli;;b e;h;itt"; M. Ë"r,r"rrd Dellicour, jïst-if iera, avec auto rité, rorlres les difféiences de traitement enrre blancs et noirs, même ;;";;;i"*;"; généralisé auquel les évolués congolais sont si sensibles.

Le Ministre belge Van Hemelrijck quand,. en 1960, il cherchera à mettre sur pied un processus de décolonlsatlon' ressentira comme une intolérable- humiliation-.pour..les loirs qu'ils doivenr, chez les commerçanrs, faire la file à l'extérteur Jr"

t. pÀ""i.t i u" guichet, al"ors que les blancs sont servis'

par piiorité, à l'intérieur du rnagasin. (3) Marc Mikolacizak, dans

l''

Essor du Congo

' du

congolais.

16

' du

ascenseurs différents pour les blancs et les noirs. Cela n'implicue Das nécesiairement une idée malveillante. Encdre ut" foit les indigènes sont bien plus nombreux que

les Européens. Si l'ésaliié absolue était établie, l'Européen se.ait corrdamné biei des fois, à attendre longtemps avant de voir s'écouler la file des indigènes. " Les discriminations sont innombiables. Elles sont inscrites à toutes les pages des Codes en vigueur au Congo et se manifestent dans toutes les occasions. Les noirs ne sont pas admis dans les établissements pour

blancs. Cela donne pârfois lieu à de pénibles incidents. A Léopoldville, au débui du mois de février 1956, quatre cinéastes d'une firme américaine se sont installés dans un restaurant. L'un d'entre eux, originaire de la " Gold Coast '' (8) a-la pcau noire. Aussitôt le'patrôn lui délègue son boy pour lui signifier : n'étaient pas admis dans son " que les gens de coùle,rt établissement (9). ' Les cinéastes se retireront tous les quatre. C'est assez gênant. Au- cinéma, les Congolais ne peuveat pas voir :?y, l:: films. Il y a pour eux une censtlrc spéciale, comme pour les errfants en Befgique. Mais on a trouvé une solution. Une ordoinànce no 1'31249 du 16 aoirt 1956 va réaliser une réforme extrêmement libérale. Désorrnais, les détenteurs de la Carte du Mérite Civique pourront, .o-Â" les imrnatriculés,-?ssister à tous les. spectacles .itrérnatogtaphiques, mêrne si les fihns n'en ont point été, au prérrlnltlc,'autotisés par la Commission de contrôle. et à la " (lettc mcsure, tlit-on, fait confiance au standing population et de la intéressante tcnut' d'unc catégoric accroltra lrr considération qui cst déjà attachée à l'obtention de cettc cartc. )t Pour apprécicr la Dortéc dc ccttc lrlcsure, il faut savoir c1u'il y a, à^fa fin dc làntrée 1955, sur lcs treize millions de Ôongôlair, exactement cctrt scizc inrnratric":lÉs. ct huit cent quatrc-v-ir1gt-quatre porteurs dc la carte du Méritc Civique.

15 décembre 1956'

i+i p.o"è, quc l'évêquc gegnera d'eilleurs., puisqu'il obtiendra trente millc.fmncs à ,t,* a)'tààï'"g"i-ioil.âir'-", "tï-puttù"rion du' jugËmcnt dans dir journaux belger et (5) L'" Esror du Congo ' du 15 décembre 1956' ig) U"t" Mikolacjzak. daDs l'" Essor du Congo

M. le Procureur général Dellicour trouvait cela très dit encore : il v a des guichets différents et des

bien (7) : " ôn

1ê" septembre 1956'

(7) Tribune Libre, dans l'" [ssor du Congo ' du 2 (8) Appelée . Ghana r depuis son indépcndancc. (9) L'. Essor du Congo ' du 8 févrio 1956.

Î&rier

195/.


La presse locale publie encore, en t957, des -avis comme cclui-ci qui annonce que M. F. Philippart reprendra à M. N. Cornet lè cornrnandement du Corps de Volontaires Européens d'Elisabethville. .-u I1 sera heureux d'accueillir tous ceux qui désireraient contracter un engagement et fait tout particulièrement appel aux jer.rnes gens que la chose intéresse. Des séances de'tir ont'lierl .Ë"qu.'deuxième dimanche du mois au champ de tir du XII" Bataillon (14). " Le plâcard apprend que l'adresse du Commandant est celle du Parquet d'Elisa-bethville, et que la concentration des Volontaires, sè fait au Commissariat de Police. Certes, l'on vient, dans ce pays où, en quatre-Ying$ ans,

I'on n'a pas fait d'un seul Congolais un médecin, un ingénieur, un avocât, l'on vient de donner à l'institution de Lovanium le rang d'Université (15) et l'on annonce, p-ou{ o-ctobre 1956,

I'ouveitrire d'une secondô Université à Elisâbethville. C'est encore trop tôt pour les colons belges du Katanga qui auraient vor-rlu qu'on s'en tienne strictement, dans. le domaine de l'enseign.*"ttt, au système de la pyramide qui a fait ses preuves jus(ue là puisque, grâce à lui, en 1956,. encore, aucun unlversltalre congolais n'a pu brandir un diplôme qui ur-rt faire de lui l'éeal d'un blanc. ^ D"n" ans ap.èi l'ouverture de l'Université locale, le parti des colons, l'Union Katangaise, ne cachera Pas sa désapprobation (16): o I-'LJnion Katangaise n'a iarnais nié qu'un jour il faudrait préparer les Noirs à I'accession aux études supérieures. lrtnir .ll. estime, en toute franchise, que pour ne pas créer un fossé enire la grande rnasse indigène et les diplômés (17), il èut été fort sagc de dc I'enseignerllent iupérieur ^abord l?nieignernent -primaire- et- de généralisei de prime iattacher à déïelopper l'enseigneÀent professionnel, formateur des technicièns dont ie pays a un si grand besoin.

; bù" ;r; d'avis que la pyramide

qu'une large base et un tout petit sommet, la partie centrale lui faisant défaut. n En matière d'enseignement, il aurait fallu agir dans un ordre chronologique. Pour des.motifs purement idéologiques, certains ont voulu se départir de cette règle de conduite.

, Nous souhaitons de tout cæur que l'avenir n'apporte point la preuve de cette grave erreur. > Certes, si I'on avait écouté les colons, l'on aurait, avant de songer à dispenser à clcs noirs un enseignement universitaire, étendu davantage encore l'enseignement primaire (18), l'on serait passé ensuite au second stade et l'on aurait développé, tout à I'aise, l'enseignement moyen, avant de couronner finalement, la pyramide par un enseignement supérieur, tout en ne négligeant pas évidemment la formation des techniciens dont on pouvait avoir besoin dans les différentes branches de I'activité coloniale. Mais enfin, même si I'on avait, en ouvrant l'Université d'E'ville après celle de Lovanium, bouleversé des plans aussi harmonieux il faudrait, à peu près, autant de temps pour former des diplômés universitaires que pour former des souslieutenants et I'on avait encore quelques années devant soi. *

Rien de sérieux donc ne devait troubler, en cette année 1956, I'euphorie des blancs.

Un certain G.C.B. pouvait s'écrier dans d'Elisabethville (19) : " Vive le miracle congolais " ct

écrire

L'.

Essor du Congo

du

2l

mars

:

politiques, comme si les vagues du nationalisme perdaient leur force en battant contre ses frontières pour préciser aussitôt qu'il ne s'agissait pas,' à proprement parler, d'un miracle, mais * d'un plan concerté et profondément mûri au fur et à mesure des circonstances.

éducative actuelle n'a

'"'tenté

ici une expérience unique dans les annales

de la colonisation.

1957.

' 3 février 1956 : Lovanium fonctionnait en fait depuir iisi p*l.re ,c-nàuif a" la première année préuniversitaire' (16) L'. Essor du Congo , du 6 aotc 1958 pas iiti F"t;ii souliqncr I'hypocrisie du prétexte invoqué par ceux qui n'avaient l

quotidien

" Le Congo, lui, par miracle, est à l'abri des agitations

; ô;

(14)

le

>

octobrc'1953, où I'on inaugura

d'aurre'sOuci que de retarder I'heure fatale de Ia concurrcnce avec les autochlones

20

_

(18) L'enseigncment primaire

d'Âfriquc. (19)

L'. Esor du

Congo

r du

du Coago éteit Ic plus étendu de tous les 28

avril

pay:

1956.

2T


Ce que devait confirmer d'ailleurs, en bombant le torse, devant Pierre Davister (journaliste à I'u Avenir de Léopold" ville avant d'être attaché au " Pourquoi Pas ? n), le Ministre des Colonies lui-même, M. Buisseret, de passage dans la capitale

du Congo: o L'autorité publique sait où elle va. Elle est attentive à l'évolution des faits et des idées. Les constantes de son programme sont celles qui ont fait le succès de l'æuvre belge, elles n'ont pas varié dans leur principe mais ont inspiré des initiatives nouvelles et le rythme de certaines adaptations et applications. " En dépit de certaines appdrences cet ernpirisrne raisonné et crédteur n'a rien perdu de ses vertus (20). " Charles d'Ydewalle, qui se fera plus tard Ie chantre de l'Union Minière du Haut Katanga, en-parlant d'Elisabethville n'avait pu taire son enthousiasme (21) : u A Johannesburg, le syndicat blanc s'oppose au syndicat noir. A Elisabethville, la question syndicale ne se pose pas. [e patron blanc, paternaliite, est aussi paternel, pârce qu'il est brave homme et parce qu'ii a de la chance. Ses affaires de 1939 à 1954, suivent un cours imperturbablement victorieux lié à ia conjoncture économique mondiale. La Providence, chère aux pionniers du Massachussets et de Pennsylvanie, a béni ses travaux. Il a, comme on dit à Chicago, un. succès derrière lui. A nos yeux éclate en lui un trait majeur : l'absence d'inquiétude. " Ses administrateurs bruxellois sur l'aérodrome d'Elisabethville, poussent un grand soupir de soulagement. Enfin un pays sans restrictions ni récriminations, sans pessimisme

ni

deur et l'équilibre du Congo. D'ailleurs, y a-t-il un mot plus beau et plus doux que ce mot paternalisme > qu'on " décrie à tort alors que précisément il contient l'idée d'une affection paternelle. > Les Belges sont extrêmement fiers de leur réussite économique. Ils font partager leur enthousiasme par leurs alliés occidentaux. Le journal américain " Times (23) portera sur " le Congo ce jugement : " Le gouvernement paternaliste de la colonie visait à faire bénéficier sa population d'un tas d'avantages économiques pour mieux l'empêcher de penser à l'absence de droits politiques. " Un Belge a rapproché cette politique de la méthode du père de famille disant à table à ses enfants : "Ne parlez pas avec la bouche pleine". ,' C'est la même idée qu'exprimait, en conclusion, l'article : u Vive le miracle congolais. , " En d'autres mots on a placé l'économique avant le politique. Je pense à cette réponse de I'ouvrier noir de Léo-

poldville à son ami de Brazza qui lui vantait I'ampleur de ses droits politiques vote, représentation à la Cham- la citer car elle est très belge bre française Il faut dans son bon -. sens, elle a comme un parfum de terroir : "Ce n'est pas avec tout ça que je m'achèterai une bicyclette". "

sombres préjugés.

" Pourquoi le Belge d'Elisabethville s'inquiéterait-il ? Il n'a pas Ie temps. C'est un homme si occupé. Sans excès d'égoïsme ni de cupidité, c'est un libéral et un physiocrate, donc un homme pressé ! " On peut encore vanter, à ce moment, les Belges de leur < paternalisme >. Jo Gérard confie, lui aussi, au journal o L'Avenir , sa fierté après un voyage au Congo (22) : " Je ne suis pas de ceux qui repoussent dédaigneusement ce remarquable paternalisrne capitaliste qui a fait la gran(20)

L'. Avenir, rcproduir pas l'. Essor du Congo r du 4 septembre n Panorema du Mondc r, no 10. Rcproduit dans l'" Ersor du Congo ' du 1{ mars 1957.

(2t) Danr (22)

22

!956.

(23) .,. du 23 octobrc

1958.

23


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qui s'accorde mal, selon certains, avec leur ct financière,.. " T,'effaceTgnt,- en tour cas, . _en ce mois de juillet 1.956, n'est plus de mise. Er il n'est sans doute pas d'exemol". d"nr'phi.toirc, d'une société capitaliste qui ait affiché i"' ,"i i"r* i I'occasion de son anniïersaire et qoi ali ;";;-r;"; d'éclatant orgueil sa o réelle prirr"ii." ,r. -a*f"sté Pour_ qu'rls qu'ils participcnt participent à â son triorr triomphe, I'Union Minière . _ Pour du Haut-Katanga' avait fait venir à Elisâbethville, à ses frais, de Belgiqus, d'Europe, des Etats-Unis, du ;;;# ;"ri*;-;;; effacement

ree.lle purssance économique

centaines d'invités,

L:r

.gra.nds. personneles de I'Erat belge avaienr , reponou a.plus son lnvrtatlon. Les Présidents de la Chambre et du Sénat, MM. Camille Fluysmans et Gillon. Le minisrre des Affaires Etrangères, M. p.-H. Spaak

acconrpagné

de son chef de cabinet] M.' Rotschitd (tf

i;

ministre des Finances er Mme Liebaeri. Le ministre J" )i l*tice et Mme Lilar. Le ministre du Travail er de la pré"o"Jnc"

Sociale et Mme Troclet. Le ministre des Classes

M;"#;-;;

.Magnifique de l'Université catholiqu"

i" a";i;

Mme Mundeleer (3). Le ministre des Colonies er Mme'B;i; Le recreur de l'Université Libre de Bruxelles, M. le Janne et ";:

Recteur

avarcnr fait le voyage. Ils retrouvaient à E'ville. Mer Gillon. rectcur de I'université Lovanium de Léopoldvilâ. rier Tadotaumônier en chef de la Force publique éiait là. i'"".%ri vernelrr général du Congo, M. Riiôkmans. Le sénateur """1 Tan Remoorrel,.p,résident de

Ia Fobei, ,qui n'ayanr pu anreuer son la généreuse U.M.H.K., s'était fait accompagner pâr sa fille, Mme Carbonelle. Le député er Mme Nossenr. Des membres du Conseil Colonial. Le professeur Doucy, secrétaire de l,Institut de Socioloeie Solvay er deux de ses adjoints : MM. Feldheim et p;;l"u;. "-- , L'avion du 23 juillet avait amené le plus srand personnase de la-société jubilaire : Ie gouverneur dè la "Société Généraïe de Belgique : M.. Gillet flan(,ué de Mme Gillet. M. Gillet était, on le sait, en même remps que gouverneur d" l" So.iJit C;;é: -U;tiièr" r-ale, présidenr de I'Union du Haut-K atansa d". "i deux autres sociétés dont l'anniversaire coincidait ;;?; Ë,É; puisqu'elles avaienr aussi vn le jour en 1906 , la rotmi"ili" epouse, rnvlrée avec ryt- par

O"t.

les jours

juillet

de et aoûr 1960, jouer un rôle capitat dan: , -.."f1^="t1;jliï, (3) .., doni lc fils. lc dép-uré_libér.al Georgcs Mundcleer, scra l,un des mcmbres . ler plus acrifs du lobby kanrangaii I nit*tl*, "riàuii-iË'i" .rir..

28

er les Chemins de Fer Bas-Congo

-

Katanga (B.C.K.). Le

président du Comité Spécial du Katanga et Mme Guillaume. Le gouvemeur de la Banque Nationale et Mme Frère. Le président de la Cie du Katanga et Mme van der Straeten. Tout l'état-major de I'U.M.H.K., MM. Jules Cousin et Edgar Sengier, MM. Marthoz et Robiliart, etc... Les administrateurs de Ia Forminière et du B.C.K. Les

dirigeants des sociétés satellites de l'Union Minière. Il est impossible de citer tous les noms de ces invités de marque, Epinglons celui du Président de la Metalkat, M. V. Mikolalezak (4) et de son épouse. Des évêques, des banquiers, des hommes politiques, rien ne manquait à I'omementation des festivités. En dehors des Belges, il y avait toute une brochette d'hommes d'affaires et de politiciens britanniques : ceux notamrnent qui dirigent ou contrôlent les sociétés rhodésiennes, sæurs de l'Union Minière, ceux aussi qui sont en rnême temps administrateurs de l'Union Minière, de la Tanganyika Concessions ct de la Forminiùre, puisque de nombreux hommes d'affaires belges et anglais se retrouvent dans le conseil d'administration <les trois sociétés (5). Ce sont ces Anglais qui pèseront plus tard, en 1961-1962, sur ia politique du gouvernement conservateur de M. Mac Millan, en faveur du régirre de M, Tshombe. Presque tous ces invités avaient des titres à être conviés aux festivités. Ce n'est pas sans intérêt que l'on épingle parmi les autres celrx qui n'avaient à l'époque ni portcfeuille ministériel, ni fonction officielle ceux que I'on peut considérer comme -trois noms. Ceux qui les portent joueront lcs invités du ccenr -rôle au cours de l'aventure katan-- comme par hasard (4) Egalem.'nt adminisrrateur-délégué de la Société Généralc des Minerris. Son fils, Marc, rédacteur, puis directeur de l'" Essor du Congo ", fera campagne en faveur de I'eurolomie du Katanga et sera, jusqu'à son expulsion par I'O.N,U., I'un des partisans lcs plus acharnés dc Moïsc Tshombc. (5) La revue " Towards Freedom , de Chicago, dans son numÉro de latvier 1962,

a publié lc tableau complet des dircctions des diverses entreprises s'occupant d'industrie minièrc dans I'Afrique situde au sud de I'Equateur. Ce tableau a été reproduit dans une l>rochure : " The Unholy Alliauce n, pp. 19 et 20. Il montre comment la Société Générale Je Belgique, I'Union Minièrc du Haut-Katanga, la Tanganyika Concessions, la British South African Company, l'Anglo-American Corp. of S.4., Ia De Beers Con. Mines, la Rhodesirn Anglo-American- ta Rhokana Corporatron, la Mufilira Copper Mines. la Roan Antclope Copper Mines, la Rhodesian Selecrion Trust, I'American Meta Climax Inc., rc I'xrtigent les mêmes administratcurs. Certains, comme 1e g"and magnat américain, M. iterry Oppcnheimer, président de l'. Anglo-American Corporation of-South Africa., de li * Rhodesian Anglo.American " er de la .. Tangany!kr Concessions ' sc' rctrouvent dals supt dc ces socié[és. Contentons-nous de signaler ici que parmi les invirés de I'U.M.II.K., MM. van der Straeten et Robiliarr étaient administrateurs de la Société Générale, de l'U,M.H.K. et ,lc la Tanganyika Concessions, MM. Guillaumc, Alexandcr, Hutchitrson, Waterhousc, des ,lcux dernières sociétés, MM. Marthoz, \(allef et Devillez- des deux prernières, I\{. de Spirlct de la prcmière ct dc la roisième, etc. 2S


gais_e. fl s'agir des sénareurs belges Henri Rolin et Paul Struye et de I'ancien ministre, le député Vigny (6).

Toute la presse belge et mondiale tst sur place. Il faudrait tout un livre pour dérouler la splendeur deJ fastes qui mar-

quèrent le jubilé de I'U.M.H.K. Rien n'y manqua i séarrces académiques, visites des installations, feux d'artifiôe, Te Deum et défilé militaire. L'. Essor du Congo n (7) annonce qu'un Te Deum d'action de grâces sera chanré, le dimanche 29 jurllet, en la cathédrale Sts-Pierre-et-Paul, par Mgr de Hempfnne . à I'occasion'du 50". arr.,iversàfie de la fondation des sociétés dites de 1.906 : I'U.M.H.K., la Cie du chemin de fer du Bas-Congo au Katanga et la Sté Internationale Forestière et Minière du Congô. ' Etant donné le nombre de personnalités présentes, l'accès de la cathédrale sera réservé aux personnès munies d'une invitation. " Pendant le Te Deum, chanté par Mgr de Flemptinne, et qui ouvre les cérémonies officielles, " un détachement de la Force Publique rendait les honneurs à l'intérieur de l'Eglise (8) " et

" à la sortie de l'Eglise, les personnalités se dirigèrent à pied, derrière la cathédrale pour prendre place à litribune d'honneur d'où elles assistèient au défilé ?es troupes de la garnison d'Elisabethville. " I es journalistes sont à la fête. Ils sont autorisés, pour la première fois, à visiter le Saint des Saints (9) : la mine d'ura-

nium de Sh'ink'olobwe, cet uranium dont'la production esr, pour les 900/0, réservée aux E.-U. où, enrichi en uranium 235, il sert à la confection des bombes atomiques. C'esr cet uranium (9) M. Henri Rolin, en faisant au lendemain de la proclamation de la sécession katangaise, une déclaraticn favorable à M. Tshombe, affaiblira et rendra pour longremps équivoquc la position de son parti, le Parti Socialiste Belge, dans Ia quesiion katancaisi. M. Paul Struye défendra jusqu'au bour tant à son siège de Président du Sénat que"dans le journal carholique " La Libre Belgique " la cause de la sécession katansaise. ôuant à M. 'Vigny, ministre des Affaires étrangères, on verra plus Ioin I'aide capitale-que sa politique à I'O.N.U. a apportée à M. Tshombe à I'hcure de la consolidation'de la

_

sécession.

(7) ... du 26 juillet

1956.

" du 30 juillet 1956. (9)-Un an a.vant, {!a!n _Gheerbrant ("Congo Noir et Blanc,, (8)

L'.

Essor

du

Congo

p.92) s'était vu encore refuser I'accès de Shinkolobwe : . J'irai demain à Elisaberhville, mais le n'irai pas à Shinkolobwe I'interdite, ville sainte du dieu des combats; la Streté belge défend ses abords. Dans les sociétés primirivcs, déjà, les premiers forgcrons formaient une cesrc d'intouchables et n'aimaient pas révéler leurs recettcs; un même cycle recommence avec cet (U-métalr qu'il serait sacrilège. au Congo, d'appeler par son nom. D 30

qui

I'a-t-on assez rappelé

a

--

iivré aux Américains par

- de I'U.M.H.K. Sengier, alori ïirecteur ù. ndg"r -

donné-les

bombei d'Hiroshima et de Nagasaki. Les iournalistes ont admiré ce sanctuaire où travaillaient t60 techniciens belges et 3.500 " indigènes étroitement surveillés

(10). " La mine est

.. sévèrement protégée par un double réseau de barbelés (11)

coupé de miradori où veillent nuit et jour des sentinelles (12). > Sans doute ne s'est-on permis cette indiscrétion que parce que le gisement est sur le point de s'épuiser et la rnine près d'être fermée. filr

L'on devrait faire un recueil des textes laudatifs que l'on consacre à ce moment au succès des sociétés jubilaires. L'on ne Douvait s'imaginer iuscue là que la célébration de la réussite de grandes so;iétés'capitalistei conduisait aussi facilement au lvrisme.

' Marcel l(ruger, dans un éditorial de l'* Essor du Congo " (13), au rromeni de la baisse mondiale du prix du cuivre, de l'Union Minière : ^Darlera * ... inestimable joyau de la couronne congolaise > et de la qui valorisant au maximum " sérénité des dirigeants d'excellentes conditiôns de dZpart, ont bâti leur entreprise sur le roc. L'Union Minière peut assister impassible aux variations de la conjoncture qui emportent parfois --des producteurs moins favorisés ou moins prévoyants; les flots rageurs.qui prennent naissance dans les marchés commerciaux viennent mourir à ses pieds... " Ainsi donc, pour parler d'" Elle ,r, -même- un chroniqueur

financier trouye naturellement sous sa plume des comparaisons romantiques.

'

M. Gilbert Périer, président du Conseil d'administration de la Sabena, vice-présiàent du Cercle Royal Africain, dira, au déieuner du Cercle, le 27 novemfue 1956 (1'4) : ,. Il presque impossible et il serait presque injuste de "st (10)

Ils portent un médaillon d'identité blenc ou jaune sur lequel est

apposée leur

-fril . Essor du Congo du 8 aott 1956. 'nhotocraohie. (12) " Essor du Congo ' du 9 ao{lt 1956. (13) ... du 28 mai 1957.' (14) " Essor du Congo , du 8 aoûr 1956. 81


dissocier l'acion de chacune des sociétés de 1906, I'Union Minière, la Forminière et le Beceka, pârce que l.ir. n"iià" fut toujours parall^èle. er parce q,r'eilË, orrt ioujoui, ,ui"i, sinon Ie même chef, du moins le mêrne groupe âe chefs ei la même volonté. , Toures les entreprises coloniales belges ont. d'ailleurspar la suite, porté la marque de ces cËefs-là qui o"t ,u, oans rtn. pays .ou la morndre grandeur est souvent taxée de mégalomanie, et, en partant de rien, construire lun des plus _bawts monurnentî de la libre 'entrepr:;rà doir- b rnonde. ,,

Le texte faisait écho au tribut d,hommase oue l,évêoue -; I e, M gr Jean-Fél ix de Hemptin"",'""âii lui:-il' apporté. à la société jubilaire hommage qui était en *ême temps l'exaltation du régime capitaliste. .. La p.rospérité d.e.la. Belgique elle-même, dit le prélat, à l'occasion {y iubilé de I,ù.M.H.K. (15),'avait jailli d;un d'Elis abethvi

I

régime de liberté économique. Le même'principe engendra au Congo les mêrnes effetj. ,, La richesse du Congo est Ie fruit de I'initiative privée,

sur le vasre champ oilLéopold II avait deviné r"r riiÀà*.t ac.cumulées par là Divine^providence, les grands .;;;;_ triotes dont les noms sont en ce iour i t,t oi""u.. oin"'"i_ sèrent de main de mairre la mise'en valeur j;;;y;.i--ti

A l'issue des fes_tivités, les dirigeants de l,Union Minière s_ïln.r- gragifiés des plus hautes distiictions t,o"oiiiiqu.; b;i;;; et brltannlques.

yM._Jgles Cousin et Edgar Sengier seront nommés grands -^officiers de l'ordre Royal du Lion. MM. Marthoz et RoËiliart, commandeurs du raême ordre. Et à l'Assemblée générale de la Tanganyika C.L,, à Salis_ _ bury, Sir Ulrich Alexà'nder, président J"'..ità ,o.ieii, ;"-;;;_ (16) gug._]yl._ Edgar -Sengier, président du'Co-iié :era Permanent de l'U.It4. pour * services éminents rendus au Commonwealth britanniaue --------'-'a-* à la ,Tanganyika Concessions Lirnited , . "tnommé " etalt (15) . Essor du Congo > du 2E juillet 1956 (16) < Essor du Congo r dr 4 février 1957.

* Honorary Knight Commander of the Order of the British Empire (17). " .f. juillet devant un parterre à Elisabethville, 1956, fin Mais de ministres, ia fine fleur des capitaines d'industrie, des éminents prélats et les plus puissants des banquiers, I'on n'avait oas

fait oue se consratuler. Au Ëours de li séance

acadérnique,

M. Guillaume, prési-

dent du Comité Spécial du Katanga (C.S.K.), avait fait l'histo-

rique de l'organiime qu'il dirigeait et raconté la genèse de I'Union Minière (18). o Comme vous le savez, avait-il dit, celui-ci (le C.S.K.) a été constitué en 1900 pour gérer le domaine du Katanga, occupé par les Belges, grâce âux pionniers de l'Etat indépenclant et de la Cie du Katanga. 'S7illiams, C'est à ce titre que le Comité chargea Robert 'fondateur prospections les heureux dont de la T.C.L., de résultats donnèrent lieu à la création de la Société à responsabilité limitée, l'Union Minière du Haut-Katanga pai décr.t du Roi Souverain, en date du 28 octobre 1906. " M. Gnilluume sautait ainsi les dix années pendant lesquelles le roi Léopold II avait conquis le Katanga et consolidé ,'u .onquêt.. Rnglais et Belges pàsaient y t.6u'oet de l'or. Ç'avait été, entre eux, une course de vitesse. Un chef, étranger au Katang;r, dominait et terrorisait le pays : M'Siri (i9). Dans sa capitale, Bunkeya, cet homme que Smith Hempstone (20) dit . vieux, sénile et sldique )> et que Charles d'Ydewalle, avec ce respect pour les Africains, propre à certains auteurs belges, appelle un " Hérode de Carnaval. ", .un grand Khan de sous-piéfectureu (21) et à qui-il prête élégaÀment . une face de gorille gras > (21) ou < un faciès de (17) Il faut d'ailieurs croire quc la famillc de M. Sengier considérrit ce Courtraisien d'àrieine comme dcvenu un Anélais d'adoption puisqu'à I'occasion de son décès surle 76 iuillet 196J, elle fit publicr dans la presie belge (le " Soir ' du 2-8-63 "enu dcr avis nécrologiques ôù il étair appelé " Slr Edgar Sengier, K.B.E. '. notammcnt) Sengier, ingénieur des mines, avait travaillé en Anglcterre et en Chine " Sir " reudre au Katanga. avant de se Il avait été nott-m"ti dirccteur de h Compagnie Internationalc d'Orient à Shangai. Il étair un spécialisre en fours à coke, ce qui lui permit de rationaliser et de déveloooer la oroduction de l'U.M.H.K. Sur'son rôle dans la fourniture aux Etats-ljnis de I'uranium qui servit à la confection des premières bombes atomiques, on peut lire Charles d'Ydewalle, " L'Uniou Minière du Haut Katanga ", pp. 79 à 81. r18) { Essr du Conso " du 31 iuillet 1956. iiii cà"d-oèr" du thef acruel des Baveke : Autoine Mwenda Munongo ct du ministre de I'Intéricur de Moïse Tshombe; Godéfroid Munongo qui a joué dans la disparition de Patrice Lumumba le rôle que l'on sait. (20) Katanga Reporr, P.27. (21) L'Union Miniqc du Haut Katanga, p. 10.

32 B3


cloportc charl''onneux ,, (22), avai'r. traité avec désinvolture la prcrrrière expédition belge qui lui avait été envoyée par l'Etat Indi.pendant du Congo. Paul Le Marinel, arrivé à Bunkeya, le 18 avril 1891, dut attendre pendant six semaines avant de s'entenclre dire par le souverain qu'il refusait les offres de protection formulées par

I'Etat Indépendant.

Comme M'Siri avait mis ce délai à profit pour faire détruire ies munitions de l'agent de l'Etat, celui-ci n'avait plus ou'à se retirer. ' Une expédition anglaise dirigée par Sharpe vint profoser à lt4'Siri, sans plus de strccès, un traité avec l'Angleterre. Mais un missionnairè anglais vivant à Bunkeya, le révérend Daniel Crawford allait user de son influence auprès de M'Siri pour qu'il signe ce taité. IJne seconde expédition belge, organisée cette fois par la C.C.C.I. (Compagnie du Congo pour le Commerce et l'Industrie) (23) et dirigée par I'agent de cette société, Alexandre Delcommllne, arrivera à Bunkeya, le 6 octobre 1891..M'Siri priera immédiatement Delcommune de quitter Bunkeya et le Katanga. L'agent de la C.C.C.I. chassé de Bunkeya, s'attardera néanmoins dans la région, ce qui provoquera une grande colère du souverain noir et le décidera, sur l'insistance du Révérend Crawford à accepter la protection britannique. Crawford expédiera aussitôt un porteur de dépêche à Sharpe, représentant de Cecil Rhodes, pour le prévenir du changement d'àttitude de M'Siri et lui demander de venir d'urgence à Bunkeya pour la mise au point et la signature du traité. Mais une troisième expédition belge, payée, celle-ci, par la Compagnie du Katanga Ql et conduite par I'anglais Villiam Stairi, én route pour Bunkeya, intercepte le porteur de la lettre (22) L'Union Minière du Haut Katanga, p, 14. (23) La plus ancienne des sociétés congolaises, fondée

foicée, sur Bunkeya où

décembte 1886 par Léopold II. V. Pierre

vapeur sur les branches supérieures Cu Haut-Congo et " organiser, pour assurer la sécuriri. une force de police suffisantc ' détenait en contre partie d'importantes coDcessiom foncières et miriières et notamment la pleine propriété d* tiers des territoires appattenant âu domaine de I'Etat dans la région concédée, mais elle devair réserver à l'Etat indéoendant certains droits dans la Société, notamment 10 p'c. de chacune des catégories d'aciions qui seraient créées en représentarion de son capital, (V. Joye et Lewin, op. cit', pp. 209 ct suiv. et l'. Essor du Congo ', 28-7-56.)

il arrive le 14 décembre 1891. Il invite

M'Siri à abdiquér. Le souverain se retire dans une de ses résidences à une heure de marche de sa capitale. Stairs lui

cxpédie le capitaine belge Bodson avec n-rission de le ramener. Au cours d'une confuse bagarre, le capitaine Bodson tue M'Siri et est lui-même abattu par un fils du roi, Masuka. PIus rien n'enpêclie désormais l'agent de la Compagnie du Katanga, Villiim Stairs, de négocier avec le fils aîné de M'Siri, Mukanda, le traité voulu par Léopold II. Le succcsseur de M'Siri acceptè donc le drapeau de I'Etat Indépendant du Katanga poui éviter la" destruction des Bayeke - (25).

Une quatrième expédition belge, financée elle aussi-par la Compagnie du Katanga, celle du capitaine Bia et du lieutenant FrJncqui, allait tàrminer l'occupàtion politique du -territoire (2O. Le géologue Cornet, qui en faisait partie, allait

t(tnblir Îa première carle géologique de la région et donner aux capitalistei belges une idée des ressources que I'on pourrait en 11rer.

La convention du 12 mars 1891 avait partagé le territoire du Katanga en 4.600 blocs d'environ 120 km carrés' deux blocs de l'Etat Indépendant alternant avec un bloc de la Compagnie

du Katanga. devait donc, avant d'eltreprendre .une La Compagnie -d'accorder une concession' déterminer si la exploitation ôu réfion visée se trouvait dans un des blocs lui appartenant- ou da-ns un des blocs appartenant à I'Etat (27). ll était, dans la pratique, impossible de respecter les limites indiquées sur

la

le 27

Albert Tliys, càpitaine d'étatra.jor et officiei d'ordonnance dc Joye et Rosine Lewin, * Les Trusts au Congo >, pp. 20J et surv. (24) Filiale de la C.C.C.I.- la Compagnie du Katanga était fondée le 15 avril 1891 avec la mission d'cxplorer le bassin du Haut-Congo, d'y étudier les possibilités en matière de colonisation, d'agriculture et d'exploitarion minière, d'y établir des voies de communication oar terr" ir par eau, et de consrrtuer des sociétés d'exploitation agricole et minière dans la région explorée, La Compagnie du Katanga qui devait fonder, dans les trois ans, au moins, trois points d'occupation dans la région, mettre deux embarcations à

34

du Révérend Crawford à Sharpe et en prend connaissance. Stairs, qui fait passèr la fidélité au patron qui le Paye .av^nt la fidélië à la patrie, lorsqu'il apprend que M'Siri,.qui vettt gagner du temps, refuse de le recevoir, se dirige à marche

cafte.

C'est pour pallier cet inconvénient que. la-.Comp-agnie du Katanga ef I'EtJt Indépendant du-Congo décidèrent de mettre leurs 6iens en commun et de confier la gestion de leur patrimoine indivis à un nouvel organisme : le Comité Spécial du

Katanga (C.S.K.) (27). (25) Srairs mourra cueloues semaines plrts tard à Chinde, en Mozanbique. à l'em'du Zambèze où i'attind le bateau qui doit le ramener cn Angleterre. Il semble bouchule oue la Belsioue air complètement oublié cei étranger qui lui avait pourtanr donné lc R"t"ng". Il" rie paraît pai que .on nom ait même été invoqué au cours des grandes fêtes de 1956. (26) Ëlle atteignit Bunkeya le 30 ianvier 1892. (27) ]oye et Lewin, op. cit., p. 211.

35


Ie C.S.K., fondé le 19 juin 1900, devait mettre le Katanea cn valeur et répardr_ les profits dâ I'exploiration

londateurs en propor.tion leurs apports respectifs. ";;-;?; -de C'est ainsi que la Cie du Katânga obtint er conserva Ie , . orolf. cle percevolr un tlers de tous les avantages et bénéfices à retirer de I'exploitation du territoire co"cédé'qZ8i. ----"^'-" _

lLe C.S.K. dès le 8 décembre 1900 passe une convenrion avec Robert Villiams et la Tanganyikâ Concessions. ôffi" société anglaise est autorisée à faire'des .ech"rcÀ.r uriu.., penctant 5 ans. Elle devra consacrer au moins 5.000 Livres par an à ces prospections. Il est corvenu qu,en cas de décôuvertes, des -f;d;: 'la sociétés seront consriruées avec parricipation d; Ë nyika et du C.S.K. Il est prévu que'les .uirtu.r* se parrageronr par moirié mais que les bénéfices sero'r atiribués à ;";;;;;;;.; de 600lo au C.S.K. et 4}n/o à la Tanganyik;: C'esr dans le cadre de cette conveition qu,après d'inrpor_ tarres di.couvertes de. gisements cuprifèresi rJrt ;;i;:-i. 28 octobre 1906, l'Union Minière du'Haut-i(otungn.----' L" capital initial constirué par 100.000 actiJns de 100 " trancs est souscrir à raison de 50.000 actions par la Tanga_ nyika Concessions et à raison de 50.000 actionsiar l; d;iZ; générale de Belgique qui, ayant acquis l" .;;;;Ài; la C.C.C.I., se substitue au C.S.K."n.."t.,rli, dans l,àpération. Le {e C.S.K_. reçoit 100.000 actions de dividende et ia flC.i.-+ô.oOO. Ce capital après deux augmenrarions de 2.500.000 F. ;;; en 1.92t, porté à. 20 millionsf en échange d,une prolo;s";ir; de la_concessron jtrsqu'au 1l mars t990 (29). Porté à 300 millions en 193g, le cai;til atteindra 5 mil_ liards de francs congolais en 1,956. _, _E" 1959, au lendernain des événernenrs du 4 ianvier. M. Jules.Cousin, président du cornité local de I'U.M.H.(" àtUii tenter d'obtenir que les gisements soienr accordé,

";';iri";

(28) La Comoaenie du Kararga roucha.à ce rirre, pour Jes seules années 1955 à -moyenne 1951, _la bagatelle de 9iZ millions ai"f.*.r-i"t*rl-;i;';; di 9lz de francs belges,_soit m re1 millions en 'J"."",," moyentre IS3 183 par mi -.- an llr]^,r^a ^_ -;n;^-. -o-g-aç-ile u! cela sans lournlr la moindre prestation, en dehors de sa sa'mise misc de fon fonds initiale de d, I millions cil cn 1891 rô7r er et de oe ouu.uuu 600.000 tratrcs ir"nii en 1900. I.-;;;;.,, gouverneur général or-t,.r e. 1900. Le RyCkmans crjti_ quant vigoureuscmen! cc!tc siruarion (Discours ""''rSôô. prono'ié-à-ïÇrtiïiiJ'rËti"îiiËi ù'vvvterrttc J i'sa; lu"'ët 'Ê l:.tapes ei.;alons, et-Jalons, p. 211) disair u'' pirlant a" * ,pp"ri, en pj.t;;;d;.'*;;;;;, "fr' . Même en.,r€nar)r, compre de Ia dépréciation'de Ia monnaic, cela ne fait encore quc 100 milliors de noi francs b.iu"oup .ioin, qou ;" q;-i; ô;;;;;;i; ""tuit.. du Karanga reccvait en r"tour chalui d"rîr"", t"-p, t , ";réo-;;i (29) La duréc de la société avait été en 1906 prévue pour 30 ans. Eile se voyait pr,,lorr*ée de 54 ans.

propriété ou qu'en tout cas les concessions minières soient

('ncore prolongées. " L'Union Minière, dira-t-il (30), a un progrâmme d'investissement d'un milliard par an au conrs des douze pro-

y compris 1959. avair la certitude que sâ concession serait proSi elle " Iongée, elle doublerait probablement dès maintenant ce programme d'investissement pour le porter à deux milliards per an et ouvrirait un ou plusieurs sièges d'exploi-

chaines années

tatlon...

" *

L'on connalt l'extraordinaire progression de la production dc cuivre de I'U.M. De 998 torlnes en"1911, elle était passée à 23.019 en 1919, .\ 57.886 en 1,923, à 90.104 en 1,925, Elle dépasse le cap des 100.000 tonnes en 1928 avec 112.456 tonncs, atteint 150.588 tonnes en 1937, 160.211, en 1945, 191.959 en 1951, 234.673 en 1955, 240.280 en 1957, 280.000 en 1959 et son n-raximum absolu de 30Q.675 tonnes cn I 960, l'année de la crise et de la sécession. Troisième productrice de cuivre du monde, après les sociétés arnéricaines Ânaconda et l(ennecot, I'U.M.H.K.. en exportînt en 1960, principalement aux E.U. 8.222 tonnes de cobalt, soit plus de 600/o de la production mondiale, est au premier rang pour ce produit stiatégique. Au sixième rang pour la produition mondiale d'argent, elle produit 16 0/o de tout le gcrmanitrm du monde, 5 0/o du manganèse, 4 0/o des concentrés tle zinc, 3,5o/o du cadmium et la quasi totalité de la production rnondiale de radium.

*i

L'idée de donner du travail à de la nain-d'æuvre congola notion du bénéfice, dans

Iaise n'a jamais pu prévaloir sur l'csprit des dirigeants de l'U.M.

Occupant 1.374 Evropéens et 35.095 " indigènes " en 1944 (au moment où elle produisait 165.484 tonnes de cuivre), I'Union Minière avait réussi, dix ans après, en 7954, au mon'Ient où sa production atteignaft 223.791 tonnes à ramener sa maind'ærrlri" congolaise Aig.gsz unités. Pendant le même temps,

t'lle avait porté le chiffre de sa main-d'ætrvre européenne (30) . Ersor du Congo

'

du 2,f janvier

à

1959.

37


2.081. Soit donc en dix ans 707 blancs de plus et 6.13g noirs de moins (31). F,n 1959, la main-d'æuvre congolaise avait encore diminué

4) -'

considérablement er devait approchler les 20.000 unités.

d'hvdrolvse. d'huiles végétales' etc"';

t.

. Jusqu'en 1959, ies bénéfices n'avaient cessé de croîte. Ils étaient passés de 2 milliards 410 millions 626 mille g92 francs en 1958 à 3 milliards 535 millions 599 mille 030 francs en 1959.Le dividende avait été porré de 1.500 à 2.200 francs net

par part sociale enrière. . _Et l'on escompait pour 1960 une nouvelle augmentation des.bénéfices, en ràison âe la majoration du prix di cuivre er

de I'augmenrarion des quantités iendues (32).

Mais la puissance de l'Union Minière'du Haut-Katanea n'est .pas faite -de la force et de la prospérité de la seu'ie " Société congolaise à responsabilité li?nitéà ,, qui porte

nom.

la Société générale Industrielle et Chimique du.Katang.a

l'acide (G;;hi*liita"it""i d""t son usine.de 1àdotville des vtinière' l'utiiott J" sulfurioue ,te..rro'irl^1". ".ri"iiet caustique' soude de et sodium de .r,lot"r. ;;i;;I;

son

*{<

Elle avait, en effet, tantôt dans un souci de rationalisation tantôt pour des raisons fiscales, donné naissance à une longue série de sociétés satellites qui allaient couvrir de leur ,ésËau le Kllanga tout enrier et même déborder de la province. Citons parmi elles : 1) la Compagnie Foncière du Katansa, propriétaire de railliers d'immeubles et d'hôtels; 2) Sociéti générale des Forces Hydroélectriques du ]l Katanga (Sogefor), assuranr I'exploitaiion de la ôentrale Francqui qui lui appartenait et dès centrales Bia, Delcommune et Le Marinel dont I'Union Minière conservait la propriété._Cette Société vendait près d'un milliard de Kw à la Rhodésie; 3) Ia Société générale Africaine d'Electricité (Soselec) exploitant le_s_réseaux putlics d'électricité d'ElisabetËviilé, ;idorville, Kolwezi, Kipushi (33);

s) "' i;^d;iz;i, rliei"iit'giqu"Tu Katanga (Metalkat)

exploitant

cadmium; ;;; ,ti"" I zinc c6mportant -iii^g^, une section manr-oj.et fromais., traitalt à" i;;;i;"ii"t 6) -"*ploi..nt "' de Kakontwe I'huilerie Jtt'outre ;;;:-Èllo g.210 hectolitres

zl

ouï-proauirit pou. la seule année 7g55 j'h,rile de oalme alimentaire; ù'îàAeiÀ air{..tt"i.tre Miniére du Sud-Katanga (Sudkat) s'occuDant de prospections, notamment de manganese;

gr à'ii*rrioitation. des Mines du Sud.-Katanga "' l"-So'.iZré futli"r"àl"t) iestinée à exploiter les gisements de cuivre'

ceux ilo*b "t tin découverts pat la Sudkat, notamment â. ilrtutothi, Lombe et Lubèmbe et la mine de Kengere;

e) i; ô;;;il

lvreiuttu'giques de Jadotville^(C'M'J'),qui

prit

une Dart rmpoftante âans la Société des Ciments du Ktvu; éh;rU"ii"*.r de la Luena, approvisionnant les usines lO) ' i;, de I'U.M. (456.000 tonnes en 1955); ll ) i; ô;;;s;t Jes Chemins de fer'du Katanga - DiloloLéopoldville (K.D.L.) ; son usine l2) Ë f"ciétJ-Àfli."itr" â'Explosifs (Afridex) avec riu"Ë-ïÂràÀa.nes" (société Arri;i"

'"'

K;tT;*;'ài''î

."i". ottt

la fabrication de mèches de sûreté); q.ui pos^sé-d-art ll)/ la SoËiété d'Elevage de la.Luilu (Elvaluilu) -10'000; environ 1959 en et de bétail têËs 5.168 iin 1955,

l1) i;1 '"'

I'Exoloitation Forestière au Kasai; i""ô[;ié;e;Z;érale Métallurgique de Hoboken, travaillant dans sa Ëpr"ÀI-"ilt,"in produits i"t fu'vt' et traitant ."ifi""ii"-Jl..ttolyiique d'oien, la production d'uranium' i-.t r.ttitt"t d'Hobokén et Olen occuPent environ 4'000 ouvriersl

vente t(,) Ëbï.iiie sénérale des minerais, chargée d'assurer la "'/ d;r";;;;;*";o"'i"..""*, branche une confié qui l;u'M'-a à exclu-

depuis 1926,l'agence r.r't i.",.oÀÀ"t.io,r* "t ti'r'e de vente de toute sâ produciion de cuivre' Toutes ces sociétés distribuaient de plantureux dividendfs (:\ I'exccption en 195i d. lu Sudk"r) qui^venaient grosslr.indi,..,.rn".tt les bénéfices de l'Union Minièrc' L'Union Mtnrère ,,"ïii aâif."rs pris d'importantes participations dans un nomAnonyme i, i.' .:."riJirutlJ d,"n.r"s^entreprisei, tellei la Société

J.-r.i

' du 6 janvier 1962. ..(12) Si t'on sait que l'union Minière a pavé en t959 2 milliards 392 miilionc 718 mille ozJ francs à tirie d'impô_ts, ct qu'cn r9i0,'sfle n'i peyZ Jir'.îr,iisii."i"iiliT gouverncmenr de Moise Tshombe, I'on n,i aucune ieine à s'imilin"; ;;;;;';;fuË-; (31)

" Essor du Congo

iÏr.ïTl'ii:1",ï'rnT,:r,:;î'. ïi'"'"#i['; H i'tr',',',î;"tîô'î"i,,iifi"e'f.li.*ii,m.-J;i le chantre de I'u.M., Ch. d,ydewalle. qui le révèÈ-daiii iJ'ti"i"'îJi i;;'";;;;

(e.

163).

(33) La sogelcc contrôle clle-même la Société conmerciale de Matériel Electriouc '--'-(Comelco) et Ia Société d'Entrepriscs Elecriques ru Congo au Congo tErtrct"ol.

38

30


bglge de la Navigarion Aérienne (Sabena), la Société générale d'Entreprises immobilières (S.E.I.), la \flankie Collieri Limited, exploitanr les charbonnages ïhodésiens, la Belgiat 4..t"rican Banking Corporation, la Belgo American Bank"and Trust Company, la Cie géné?le d'Elecirolyse du Palais, exploitant près de Limoges, une raffinerie électroiytique de cuivre, iraitant

du cuivre fourni par I'U.M., la Société de Recherches Minières ., Bamoco u poursuivant des recherches dans le Bas et le Moyen Congo, le Syndicat pour l'Etude géologique et minière dé la Cuwece_Congolaise, le Syndicat d'Erudà de l'Energie nucléaire (S.E.E.N.) qui avait insrallé en Belsique une Centràle nucléaire pilote, la Compagnie belge pour -l'industrie de I'Aluminium (Cobeal), etc... t **

Vraimenr il cst peu de sociétés capitalistes qui puissent s'enorgueillir_ d'une telle puissance er lbn comprènd- mieux, après. cette brève revue, ]insolent triomphe qû'elle s'offrit, qu'elle se paya à grands frais, en l'année de- son iinquantenaire, IJn avocat d'Elisabethville, qui fut,'Spandre, par la suite, l,un des thuriféraires de la Séces-sion, I!F.Mario pouvait consjater (3.4), sans risque d'erreur, à cette oicasion, que le groupe de ses drngeants " contrôle le Katanga, tant .du point de vue des moyens de -transport que dè celui de l'énergie, ce qui veur dire qu'il y a là une sorte d'Etat dans ltEtat. , ^ C'était le même _senrimenr qu'avait exprimé I'année précé.dente, l'aureur de l'Expédition Orénoquè^-Amazone u, Aiain " ' Gheerbrant, dans son Congo Noir et lSlatr. u (35) : " j'ai franchi le pas qui sépaie âe tout le "...à Kolwezi, reste du Congo et de I'Afrique Centrale le territoire de l'* Union Minière du Haut-Katd.nga.,,. cinq cent mille kilomètres carrés, du Tanganyika à1'Angola et du bassin du.Congo à_celui du Zambeze, telles soit à peu près, la taille et les limites de ce gât"pu, garni des.pius précieux minéraux du monde, qu'exploite une seulô corirpagnie, derrière laquelle veillent à li fois la Couronne, la Baiqué et_la FIaute-Eglise de Belgique. On trouverait difficilemént ailleurs une telle conceniration de pouvoirs sur un pareil trésor.

anniversaires.

Ils-ne- perdaient pas la tête. Pour eux, l'occasion était bonne de faire quelques mises au Poig.t. Au cours dô l'Aisemblée extrâordinaire du 28.6.1956, M' Eclgar Sengier, alors président du Comité Permanent de direction,'ntenait à rappeler que (36) les mines iË ttou"ài".tt da.tt .t.t. région dépeuplée, à des distances énormes de la mer, sans communication' Les Ài".t"it étaient difficiles à traiter, la main-d'æuvre africaine amenée de territoires voisins du Katanga ignorait tout du travail industriel.

; ô;'";t

avait confié en 1906 la gestion d'un territoire ll est aujourd'htri un payi. développé, agréable, fleuri ei riant, où Êuropéens ct Africains s-ont prospères et contents. C'est là utt élé-"ttt de stabilité qui vient renforcer notre confiance dans I'avenir. t Et à la séance académique d'ouverture des festivités (32)r l.rrsoue le srand patron, M. Gillet, gouverneur de la Société glnéïale de"Belgiqïe, président de l'Union Minière, de la. Forilrinière et du B.]C.x., prendra la parole, ce sera pour proclamer cc oue Densent. en cette heure de liesse, en cette pérrode d'.ubhori", tous les Belges du Katanga : '" Si lâ droit du plemiet occupant, souvent invoqué par désertique.

ceïroit aPPaïtient aux Belges qui sont venus mettre en valeur ces reglons lnnosPlta-

certains, a une sig^nification, lières.

"

tt

Mais les grand capitaines qui étaient F'_ssor du Congo > du 28 juillct t956. (3s) "Gallimard, 1955, p. 88.

(34)

orodieieux réseau d'entreprises, n'étaient pas gens à se laisser *niu.e"r par les honneurs- dont on les comblait, en ces jours

à la tête de ce (36) . Ersor du Congo (37) r Esror du Congo

' '

du 7 juillct 1956. du 30 juillet 1956.

4l


LES MANIFESTES DE " GONSCIENCE AFRICAINE ET DE L'ABAKO

"


C'est dans ce climat d'extraordinaire euphorie que vont later la bombe du " Manifeste de Conscience Africaine " et i'e pcu après la bombe plus explosive encore du " Manifeste de I'Abako ". Sans aucun doute, l'aspiration à I'indépendance était vive clrcz la plupart des évolués congolais et ces documents ne lircnt-ils quê cristalliser et exprimer par écrit et publiquernent rrnc volonlé qui était née spbntanément, mais qu'habituellenlcnt, et spéciàlement au Katanga, l'on cachait avec soin aux rrlrltres blancs. Charles d'Ydewalle (1), notamment' rapPorte : o En 1955, tandis que je suivais dans sa randonnée éblouissante le Roi Bàudouin, un grand missionnaire, très tranquillement, me dit : " Dans la région des grands lacs, nous âvons un grand séminaire dont plusieurs élèves sont prêts ou le seront bientôt : 60 étudiants. r Tout récemment, nous avons eu parmi eux recours à un referendum et nous leur avons posé tout simplement trois questions. Quels sont parmi vous les Partisans du statu-quo politique ? Quels soni parmi ,rous lôs partisans de I'indép"ndun." différée ? Qriels sont les p"tiitattt de I'indépenâance immédiate ? Sur les 60 réponses, il n'y eut pour le statu-quo pas un oui. Pour I'indépendance- différée, quatre approbàtions. Pour l'indépendance immédiate, cinqnante-slx approbations.'. Et retenez bien, cher monsiettr, q.r"." granâ^séminaire est I'un de ceux qui du point de (1) L'Union Minière du Haut Kâtangâ, p. 170'

4!'


vue religieux nous donnent le plus de consolation et de réconfort... " Ainsi donc, ie o Plan de trente ans pour l'émancipation de l'Afrique Belge >, que le professeur A.A.J. Van Bilsen venait de publier (2), êtait-rl, pour I'ensemble des évolués congolais, déjà dépassé puisqu'il ne proposait qu'une indépendance différée à trente ans de distance. Les milieux politiques belges étaient pourtant à ce point aveugles et sourds à l'endroit des aspirations de . leur ' Congo, qu'ils considérèrent comme impensable l'éventualité de le libérer en un si court laps de temps et comme un fou dangereux, l'homme qui avait osé concevoir un tel projet (3). Le député libéral Demuyter, spécialiste à la Chambre des questions coloniales, interpellera le ministre des Colonies au sujet.

" des élucubrations auxquelles se livre certain professeur, fonctionnaire belge... u et invitera clairement le gouvernement à écarter de I'enseignement officiel un maltre aussi inquiétant. ., M. Van Bilsen est professeur à I'Institut Universitaire des Territoires d'Outre-Mer à Anvers, établissement officiel .chargé de la formation de nos futurs administrateursterrltonaux. >' On est en droit de se demander, si, à ce titre, il n'a pas commis plus qu'un impair en déclarant que la politique coloniale belge est réactionnaire et rétrograde. r' très C'est pourtant à ce plan extrêmement modéré que les- rédacen-deçà des aspirations des évolués congolais teurs du " Manifeste de Conscience Africaine- > vont se référer (4).

. Nous

avons

lu qu'il était

question d'un plan de trente

ans pour l'émancipation politique du Congo. Sans tlous

oronànc"t sur I'ensemble de ces éléments, nous croyons àu'un tel plan est devenu une nécessité, si l'on veut que ."tt" é-"tt.ipation se réalise dans la paix et la concorde. Ce plan deviait exprimer la volonté sincère de la Belgique de met er ie' Cong-o à l'émancipation politique complète dans un délai de 30 ans. Une déclaration sans équivoque srlr ce point est Ie seul moyen de conserver Ia confiance des Congolais- à l'égard de la Belgique. qui serait un compromis entre liimpatience des ' Ce plai, le cônservatisme des autres, doit fixer nettement utts "i intermédiaires à réaliser dans les délais précis' " les étapes La revendication était timide. Mais que des noirs puissent pirrler des conditions auxquelles ils conserveraient leur conii"n." à l'égard de la Belgique devait paraltre déjà inouï aux btancs d'Eliiabethville. D'àuires Passages du Manifeste devaient lcur sembler plus imbuvables encore : . il faut... que les Belges comprennent dès.maintenant que

leur dominâtion sur là Congo ne sera pas éternelle.' Nous protestons énergiquément contre une certaine opinion, pirfois exprimée-dâns la-presse, et q"j nl fait pas de différence essentielle entre la présence des Belges au

Congo et leur domination sur le Congo.

belgo-congolaise pourrait être " Llie" à" l" .o-rnunautétotale du peuple congolais; un un frein à l'émancipation moyen aussi pour perpétuer indéfiniment la domination ou tout âu motns finfluence prépondérante d'Européens, formant une caste de Privilégiés.

est Pour nous. " Un princiqe

essentl€

peau ne confère aucun Privilège. (2) Un Plan de Trente Ans pour l'Emanciparion dc l'Afrique Belge " décembre 1955, en langue flamande, dans De Gids op maatschappelijk '. Paru d'abord en " plan publié . avait été en françris, en février 1956, dans Les Dossiers le de I'Action', Sociale de l'A{rique Delge '. (3) Comme excmplè de clairvoyance, on pcur citer cette déclaration d'un des hommes les plus estimés du personnel politique belge, M, Raymond Scheyve!, futur ninistre du eongo. Conférenciant à la Chambre de Commerce de Luluabourg en seprembrc 1956 (v. . Kasaï ', 19-9-1956), il s'écriair en parlant du plan Van Bilsen : ..J'en viens au dangcr de fixcr une limite dans le temps. Comment peut-on dirc à un capitaliste, à un technicien. venez vous installer, investissez ici vorre argent, votre énergie, votre intelligence, mais attention ! dans dix, vingt ou tr€nte an!,

gebied

suivant le cas, cela touchera à son terme.,. Comment pouvez-vous encourâgcr un jeune à venir travailler au Congo si vous lui dites, en même tcmps, qu'il n'a même oas devant lui. le temps d'une carrière entière. ' t4) L" ,"*t" intégral di manifeste, publié en juillct 1956 dans un numéro spécial de . Conscience Africalne , (rédacreur en chef : Joseph Ileo)' esr reproduit dans la 2e édition dc " Congo 1959 ' du Centre de Recherche et d'Information Socio-Politiquer (cRISP).

46

le Congo soit n'admettrons Nous unitaire. intésré dans l'Etat belge

; iG;t'ne

désirons d'aucune manière que

iu*iit qu'une fédération-belgo-congolaise

nous soit impo-

ié. ,"nr^rrotre libre consent"i'tent ou que l'on en fasse

la

condition de notre émancipation politique (5).

(5) Ce passage écartait sans équivoque les su8gestions que l'avocat Marrès de Stan-

du ceicte Belgo-_congolais de certe t"uuillc-i";;t'àe formuler ""';;-q;;iiJâ;p.Àiâ",ii gouverneur de la r'lovrnce ('flentale d'une réception de M. Schoeller' alors ",i1" "..ourt (. Essor Congo ,, 2 mars 1956) -i du ' -'--. é;,;-;'râ"iâtio, a"airii'dit, esr passionnément narionaliste en ce sens qt'elle ne ;";;iàir; 1;- é;;i" qu" "à.-é accômpogné du qualilicatif ' Belge ' et ne conçoit 47


u L'union nationale est nécessaite parce que toute le population du Congo doit prendre avant tout conscience de son caractère nationâl et de son unité. " Le Manifeste, par ailleurs, considérait que les partis politioues ne répondaient à aucune nécessité dans la structure et administrative actuelle du Congo. -politique Le journal d'Elisabethville, I'u Essor du Congo ", publiera (6) un éditorial sévère de M.M. (7). * Le ton revendicatif de certains passages est peu conciliable avec leur désir d'instaurer une véritable communauté basée sur I'estime mutuelle et sur une franche amitié. ,, Il n'est évidemment pas possible de les suiare lorsqu'ils postulent que, d,ans trente ans,l)autonomie politique totale der.,ra être accordée aw Congo. L'avenir n'appartient à per* sonne surtout un avenir aussi éloigné. Personne ne sait ce que les trente prochaines années nous réservent.

déclaration au cours d'une discussion à la Chambre. n Nous croyons que le Manifeste aurait dû faire sienne cettc solennelle promesse qui garantit l'émanciPation Progrcssive du Congo.

quiconque' que " Lc Roi et le Ministre savent, comme

cette échéance ne peut êre déterminée dans le temps, mais qu'elle surviendra avec une claire certitude. > Avec le recul, on sourit plus volontiers de cette tranquille Arrurance, de cette suffisance aussi que des timides revendications du groupe de " Conscience Africaine ,. Timides, elles l'étaient. Et les < commentaires > que l'Abako (8) allait publier, après avoir étudié le " Manifeste,, rrllaient ràpid"ttt.ni rendre lès blancs du Katanga sensibles au dnnger qui surgissait tout à coup, dans leur ciel, jusque là sans nurge. Pour l1{bako, pas de demi-mesur€s,, pas d'équivoque ( nous g.ue clest par..la voie de la politique qu'on .pensons pourrait songer à unir les diverses peuPlades congolaises.

; L; ir;r; des partis quoique dangereuse est bien nécessaire dans une démocratie.

,, L'évolution politique d'un peuple ne se plie pas à un plan rigide s'étendant sur un nombre précis d'années. " Poser ses conditions, dans ce domaine, comme le fait le Manifeste, ne peut que provoquer d'aimables sourires.

'

déclaraiion du Roi le 1 juillet 1955 lorsqu'il affirmait au Cercle Royal Africain : "Il faut que les blancs et les indigènes fassent preuve dans leurs rapports quotidiens de la plus large compréhension mutuelle. Alors sera venu le moment dont liécbéance ne pent encore être déterrni.née, de donner à nos territoires africains un statut qui assurera pour le bonheur de tous la perennité d'une véritable commtrnauté belgo-congolaise et qui garantira à chacun, Blanc et Noir, la part qui lui revient selon ses mérites et sa capacité dans le gouyernement du pays." Rappelons que M. Buisseret a repris récemment cette "

des cultes.

u

En évoquant le plan de 30 ans du professeur Van Bilsen rruquel le " Manifeste > s'est rallié, l'Abako déclare

:

Pour nous, nous aspirons non pas à participer à l'élaboration de ce plan mais à son annulation pure et simple parce que son aPplication ne ferait que retardf.j. le congo o

davantàge commè cela est le cas. Puisque l'heure est venue, même l;émancipation platôt

il faut iccorder aajourd'hui.

que d.e la retarder encore de trente azs. Notre Patience a déià dépassé les bornes. "

lui d'avenir en

dehors d'une communauté belgo-congolarse dont le couronnement pourrait être un jour la citoyenneté unique à tous ses membres. ' Il n'eJt pas sans intérêt de signalei quc le Comité du Cercle comprenait en dehorr des Belges Marrès, Georges Hensenne- Louis Âmelot, Georgcs Autrique' Rmé Rom (avocat er futur procureur général à Léopoldville), un noir de service : M. Joseph Kasongo, futur membre du M.N.C. Lumumba, futur président de la Chanbre des Représentants, qui sera exclu de son parri pour avoir acclpté un poste ministériel dans le troisième gouvernement Adoula. (6) ... Ie 1a juillet 1956. izi M"rc Milolaiczak, éditoriaJiste, plus tard rédacteur en chef du journal, appart"nant à.n milieu intéressé à l'indusrrie belge au Katanga, proche de I'Union Minière. Le père de ce iournaliste, M. V. Mikolaiczak, on l'a vu, était président de la Metalkat, I'unà des filiales de l'Union Minière.

pour

48

; i.rot.," position est nette et nous réclamons à cor et à cri : Lo lès droits politiques, 2o toutes les libertés, c'està-dire : liberté individuelle, de pensée, d'opinion et de presse, liberté de réunion, d'association, de conscience et

Pourquoi le Manifeste ne s'est-il pas ré{éré à la solennelle

Parlânt d^'une éventuelle communauté belgo-congolaise, le lt,rrti de M. Kasavubu précise : ' o lJre caricature dà communauté qui serait calquée sur la

(8) L'. Alliance des Bakongo - Abako, fondée par M. Edmond Nzeza-Landu et 'oar M. loseoh Kasawbu. Les ' . commentaires de l'Abako datent du 23 aott Ori er t".iouti.a le textc dans . Congo 1959 '' de CRISP, 26 édition, pp. 16

lr Éridéc '1156.

rl

suiv.

49


tout plausible pour nous; elle n'est qu'une façon mitigée de la domination " et pour dô.,net ton poittt de vui, au sujét du peuplement blanc du^Corrgo, il se retianche derrière I'opinjon exprimée par I'un des meiileurs administrateurs que la Belgique ait envoyés au Congo: ". Quant à la population congolaise, sera-t-elle hétérogène.? No'us laissons^répondre Moniieur le Vice-gouverneur général honoraire f[arrotati: "Le Congo est une colonie d'exploitation et non de peuplement, Ia politique traditionnelle de la Beleique est une politique d'encadrement seulement. Le Congo doit être réservé aux seuls indigènes et la présence blanche ne peut y être que temPoralre' L'instailation du peuplement- européen ne pe-ut être. admis parce qu'il implique obligatoirement une discrtmtnatron iaciale et ,tn ioloirr-bar q-ue notre conscience condamne' En conséquence, nous ne devotts songer à aller là-bas que comme eicadrement et encore celui-ci serait formé, de plus en plus, d'éléments indigènes. Il n'est pas du tout prouvé qïe l'installation des colons à .demeur.e au Congo Èelee constitue nécessairement un service rendu au pays" (Cônférence du 17.11.1'951) (9). " Cette fois, ce fut à Elisabethville, une levée de boucliers. . Franc >, un éditorialiste de l'. Essor du Congo- ",. s'indigne (10) non seulement du texte des commentaires de l'Abako irais'dri fait qu'on en ait permis la diffusion : . Depuis qu'au Congo, -gn9 bande d'écervelés s'est mise à exèiter les gens, lés déclarations, manifestes et autres littératures de"ce genre ont fait plus pour saper la confiance en ce pays que l'on est prêt à l'admettre. u Le "manifËtté" ô" I'ABAKÔ constitue ainsi une série d'inepties inspirées sans aucun doute par quelques Eurofameuse Union Française n'est pas du

oéenJ sans scrupules... C"tt. série d'inepties a bénéficié comme d'habitude d'une de la part de.s agences de incompréhensible "presse en vue decomplaisance souTfler le plus fort possible sur une brindille de paille qui brûle, pour enflammer si possible

toute la brousse. .

(9) Les colons ne pardonneront pas à M. Marzorati cette prise de position' Le Comiié'de l'Union Eurafricaine > exercela conlre lui-cett€ vengeance Posthume : Comité prie lc Président (M. Maud de s'abstenir d'assister à I'inauguration -f"i.i " Le d. ll. t"t"rzoiâ,i--à Ù*-buta, étanr donné que_certe personoali-té -fut au iouiours un irréductible adversaire du colonat. ' (. Essor du Congo ,, 26-11-56,) ltoj . Er.ot du Congo ' du 30 août 1956.

| ; Nous

sommes entourés, semble-t-il, d'une étonnante équipe de démolisseurs d'empires... Lgrsque-les gens réclamtni au Congo, un des pays les plus libres du monde (11), "toutei les libertés", ilJ d'onnent par là même la Preuve de leur complète ignorance des chôses d.e ce mgn{e: t

Et Marc Vtikolaiczak, dans un autre éditorial du même iourrral (12). en découvrant dans le o manifeste'de Conscience

,tfricainà ,,'âes tendances chrétiennes et dans celui de fABAKO (lcs tcndances nettement socialistes, va chercher des responsahlcs à cette agitation:

" L'introduction de I'indigène dans le circuit politique devait nécessairement créei des foyers de discorde, Provoouer l'éclosion de mouvements reYendicadfs et favoriser la ilaissance d'un nationalisme aigu. n Le Congo vivait heureux et prosPère sans politique. Bicn des Àaux lui avaient été épargnés jusqu'à présent.

unanimité qui existait parmi les la perte d'autorité ct de prestige qui en résulte., Il dénônce lè Pârti socialiste belge et le Congrès qu'il vient rlr tcnir : . il a joué avec une criminelle lfuèreté avec les mots de gestion autonome, de libération di I'homme, de suffrage iiniversel, de nationalisâtion etc... n De son'côté, M. Demany a rassemblé dans un livre (13), clui aurait dû être interdit au Congo, tous les termes qui pouvaient salir au maximum les Européens du Congo et lcur action en terre africaine. Lu par les indigènes, ce pamphlet constituait un véritable appel à la révolte. I D" rotr côté, M. Van Bilsen, càiholique, publiait en llclgique une longue érude dans laquelle il parlait lui aussi .lc plàn d'émancipation, de libération etc... En quelques -dit, les-EuroPéens ont-' de la sorte, lancé I' l'ambitiôn nouvelle des indigènes des termes abstraits rrui ne se trouvaient pas dans leur langue : démocratie, lricité, émancipation, autonomie, à travail égal, salaire /'girl etc... u

' i";Lurà'nui la forte

Européens du Congo se disloque avec

(ll) Cctte affirmation était d'une impudence énorme dans un-pays où les 'indi,r,,.,.',in*i"". -ê.. o", la liberré de riligion et où le presse dite subversive était d'un journal inteidit était punie dc prison"' i,r",,1r,.. t.e seule détentjon (l2l . Essot du Congo " du 1êr septembre 1956. ( l.l) . Le Bal Noir et Blanc ) auquel Mgr de Hemptinne, évêque d'Elisabethville,

l,,a rrri pioct\r, qu'il

gagnera d'eilleurs.

51

50


Mais les blancs du Katanga ne vont pas se contenær de constituant d'ailleurs, sous la plume formuler de æls regrets - du Congo >, autant d'aveur bien du journaliste de l'" Essor ingénus. A la volonté d'émancipation que les Congolais vienneât de formuler à Léopoldville, à la menace que le mouvement qui s'annonce représenæ pour leur situation au Katanga, pour lèur confort, pour leurs privilèges, pour leur avenir, ils vont chercher à trouver la parade.

LES RÉACTIONS DES BLANCS

DU KATANGA

52


Sur ses treize millions d'habitants, le Congo n'en comporte quc 109.437 de race blanche (1). Mais près du tiers de ceux-ci, 14,047 , habitent la seule province du Katanga, qui avec son rrrillion et demi d'habitants, est la moins peuplée du pays.

Irait significatif, c'est dans les trois grandes villes du Sud (lrrc cette population est concentrée z 22.912 le restant de la province se partageant environ dix mille Européens, puisque ln scr.rle base militaire de Kamina en absorbe 1.780. Mais ce qui est plus significatif encore, c'est

la

rapide

;trogression du peuplement blanc dans les deux grandes villes. l,lisabethville est passée de 11.005, fin 7954, à 72.758, lirr 1955, et à 13.666, fin 1956. Jadotville de 3.660 à 4.209, prris à 5.067. Kolwezi, de formation plus récente, est passée de 4.098 à 4.t79 habirants de race blanche. Tous ces blancs, dans l'esprit du ministre belge des ColJ rries, sont des gens aisés, gagnent bien leur vie et doivent jouir rl'rrn * standing u les distinguant nettement de la population rrrrligène.

C'est un principe qui s'intègre dans le système paternaliste rkrrrt on a doté le Congo : " A aucun prix, le Gouvernement ne veut, au Congo, de Illancs pauvres qui deviennent si vite parmi les Noirs, de "pauvres blancs". L'oligarchie de cette espèce est, à mon scns, une trouvaille, parce qu'en relevant

aux yeux

de

(l) Rcccnsement de 1957. Congo Belge", office de I'information et des rclertlnr publiqucs pour le C.B. ct "Le le R,U.,1959, T. II, p,18, la progression continuera r'rrrr rc rrlcnrira pendanr I'année L957, Il y a 13.886 Europécns à E'ville, 5.168 à Jedotrtlh. l.{9.1 À Kolwczi. \

55


I'indigène le prestige de l'Européen, elle ne perînet ru4cune concurrence entre celui-ci et celuïlà (2). " Signe de cette prospérité, on a accordé, en 1955, des autorisadons de bâtir à Elisabethville pour un monranr de 302 millions, 244 mille francs, à Jadotville pour un monrant de 101 _millions, 306 mille francs eià Kolwezi pour 83 millions, 323 mille francs, ce qui, au prix dérisoire de fa main-d'æuvre indigène, représente un nombre considérable de constructions nouvelles. Et comme on dit à Bruxelles : Quand le bâtirnent " va, tout va... >

. UCOL ), {ui va jouer un rôle capial dans la préparation rlc la sécession, puis dans la sécession elle-même (5). L'Ucol a élu, le 20 mai 1956, son comité. Son président est I'ayocat Jean Humblé (6). Ses vice-présidents sont le l)r Jacquerye, fondateur de l'association ct M. Onckelinckx, ,rssureur et agent immobilier. Le secrétaire est M. André Frant:himont, agriculteur, le trésorier, M. $omninos, yn- Grec. Les

f-

un certâin M. Geôrges Thyssens, greffier honoraire de la Cour d'Appel, le typè même de ces hommes qui orrt décidé de faire souche au Katanga et qui, contrairement À cc qui se passe dans le restant du Congo, ne rentrelt Pas rlrrrrs lèur mère-patrie, à la fin de leur carrière coloniale. Ce M. Georges Thylsens sera, au temps de la sécession, l'éminence grise de-M. Moïse Tshombe jusqu'à son expulsion par les .rutorités de I'O.N.U. C'est ce milieu de colons, dont l'installation au Katanga sc veut définitive, qui va réagir au mouvement d'indépendance rlui à Léopoldville. ' s'esquisse Noirs allons nous efforcer de suivre, pas à pas, l'évolution rlu concept du séparatisme katangais à travers les textes des 1x,rte-paôle de la communauté belge installée au Katanga. En voici, schématiquement indiquée, I'idée maltresse' Puis,prc les noirs comme.t.ettt à revendiquer leur indépendance, li,,xpérience a montré qu'on ne pouriait pas la leur refuser irrdl'finiment. Dès lors, il faut sauver ce qui peut être sauvé. Faisons rl,rrc une distinction géographique enire les régions du Bas et rlrr Moyen-Congo, insalubres, où le blanc ne fait que Passer' lrorrr faire carritre ou faire fortune et qu'on pourra un jour

cerrains

colons étaient anxieux de voir le peuplemeni blanc se développer systématiquement.

Le Dr Vleurinck, président de " Lovania " (3), avait insisté (4), au cours de I'assemblée générale de son associarion, sur la

" nécessité d'encadrer davantage nos pupilles par un nombre de plus en plus grand de familles-européennes. Il nous faut plus.de colons., plus de missionnairesf p_lu9 de techniciens et si nous ne les trouvons pas tous en Belgique, il ne faut pas hésiter à les laisser venir des aurres piyi qui ont

la même civilisation et les mêmes besoins q"ê tto.tr.

il y aura ici d'Européens

sélectionnés

et moins il

sera possible à des trublions de dresser nos pupilles conrre leurs compatriotes blancs et plus nous auions la chance

de voir se poursuivre harmonieusement le développement d'un Congo qui a réussi jusqu'ici à forcer I'admiration de tous nos voisins et visiteurs sérieux. Il y a même, à Elisabethville, une association qui s'appelle tout simplement: l'* Union pour la Colonisation en âbrégé >>

",

- (2) On rctrouve là, sous la plume dc Charles d'Ydewalle, dans . panorama du ]Vlonde ,. no 10, I'idée qui erplique, pourquoi le Congo est sans doutc la scule colonic où I'ol n'a pas formé d'universitaires en 80 ans. Si des noirs étaient porteurs d'un diplôme universitaire, il deviendrait difficile d'empêcher cette concurrence dont on ne v"ui pes. Ccttc absence organisée de concurrence pirmet à Charts d'Ydcwallc cet aveu à la ïois naïf ct monstrueux (ibid.) : Les Belgcs jouent franc jcu. Européers ils sont, Européens ils restent,' on acouiert "vite la cerritude que le Congo vaudra ce que valenc sis Européens. , Tout le monde sait que le Congo paie depuis 1960 les conséqicnces de ce systèmc. (3) Association des anciens étudiants de l'Université carholique de Louvain rési-

dent eu Katanga,

(4) r Essor du 56

Congo

' du lcr février 1956,

: MM. F. Pirard, E. Clair et A

De

Coster, ce dernier, directeur d'un quotidien d'Elisabethville : l'. Echo du Katanga r. Au secrétariat général apparaît la cheville ouvrière de I'association,

Avant même les manifestes de Léopoldville,

,, Plus

commissaires âux comptes

(5) Sienalous. dès à orésent, ou'à son assemblée du 19 octobre 1958, lc vent ayant I'a-cccnr nc pouua.t plui Ërre mis sur le dévcloppemcnt du colonat, I'Ucol qui ,l,r,,lhc,\ trouver dcs'noirs porir poursuivre sa politique ilà blancs, va modifier sa dénonrnrrirfn d'. Union pour la bolonisation. cn ,'llnioi pon la Colleboration des Classes iir,,yrrr.r at KatanÇa,, ce qui lui permet de garder le même voceble abrégé .Ucol,

,l,rlr{ ci

rlrr un cri de guerre. ' r.nil(.c(rmmc l.r l|edacol, . FédératioÀ des Associations de Colons et des Classes moyennes conlrlrrrcl . dont I'Ucol était la secrion katanqaise, avait donné l'cxemple, au coure de lon irrrnrlrl{c dc févricr 1957, au lac Mukam5a. Elle avait modifié son titre où il était rrrallnerrntrcuscmcnt question de . colons r pour s'appeler de manière moint voyante : . I'&llrrrion congolaiie des Classes moyennes ', cc qui lui pemettait d'ailleuru de consetrrr ron voclblc dc combat : r Fcdecol r, r

(6) Avocat de I'Union Minièrc, qui rera à la Conférence dc la Table Ronde, lc onrçlllrr dc M. Mo're Tshombe.

67


abandonner à

donc logiques avec elles-mêmes et qu'elles attribuent à

demeurer les maltres.

se oériod"e de floitement que nous venons de traverser, àessirre dans les milieui stables du Congo un rno,4vernent énerpique, décidé à combattre les utopistes de toute nature tr"piép2ront à entamer u,ne dction décisirte-afin !'oby97li1 belge que -soient prises dans les délais d, girôtrnernent "plut courts, Ies mésuies devant permettre aux régions ltt de ieuplernent d'arritter à une admi.nistration interne auto'

la direction des noirs et ces régions saines du Katanga (et plus tard du Kivu) où nous vivons, où nous " faisons souche n. Le Katanga est une terre de peuplement. Les blancs qui y sont y sont ihez eux (7). Ils n'entendent pas que les noirs p,ritt"ni un jour leur disputer leur droit d'y demèuter et d'y * ti: *

C'est dans deux articles publiés par l'.. Essor du Congo " au lendemain des remous prôvoqués par l'éclatement des deux bombes du Manifeste de Conscience Africaine et des que, sous le titre : < Pour un statut commentaires de l'Abako de dominion au Katanga -,', tin certain J.E.A. va lancer l'idée d'où sortira toute la politique blanche au Katanga : " La politique sti'nie âu cours des dernières années Pa-r le gounérnemént belge en matière coloniale risque fort, écrit T.E.A., de conduire le Congo, et plus spécialement les iéeions à peuplement européen stable, à une situation inËxtricable du point d" ltuË de la sainê cohabitation des deux races en présence.

(S)

Déià les discdurs déplacés, les mesures prises ou envisadomaine,'ont eu pour iésultat principal àe créer ici un climat d'insécurité matérielle et morale pour tous ceux, Européens et Africains, qui ont Yraiment à cæur le développement harmonieux du pays. ,,

gées âans ce même

; i-; ;;";"tnement

doit se pénétrer d'une chose : c'est {ue Ie Congo est trop vaste Pour vouloir lui- appliquer, comme on-l'a fait, Jusqu'à présent, une règle unibelge

forme.

les " L"' ptu" décennal a fait la nette séparation -entre régioni dites de peuplement et celles dites d'exploitation. si"dès lors les outo.itér admettent une telle classification en matière d'économie et de géographie, qu'elles soient (7) Même le romantioue ministre belcc des colonies M. Buisseret, défendra cettc idée da'ni le discours prr le{uel il inaugurcà, le 11 novemtre 1956, I'Univcrsité d'Elirabethville : présencc de telle race de seigneurs firée dcpuir " Oui contcste la lésitimité de la mo'ins de deur cents- ans ou de telles tribus septentrionales immigrées à la fin du XIXe siècle après notre arrivéc. piindre un"'au!." attitude à l'égard de: Belgcs d'Europc ne pourrait êtrc quc la " manifestation d'un racisme aussi odieux que celui qui s'ererce sous d'autrcr cicul, au détriment dcs noirs. ' (8) ... les 25 et 26 octobre 1956, 58

ces

un statut poiitique différent. . il4aleré tout. on est heureux âe constater qu'après la

régions îiisemblables

'

il

,t

noîne, avec pour but final un plein statut de dominion qui nâ laisscàit au gouverne-etti belge.que la.haute..main ù. l.s questions de défense nxtionl.le et de politique étrangère.

u Ce rnouvement est particulièrement puissant au Katanga et ne comport" uu.nti but séparatiste-(l;. Il est êpaulé par des résidmts a.ppartenant à toutes les professions,. et- en çênéral bar tois ceux qui ont inrtesti dans ce pays le fruit

à, lrrri

longues annéâs de labeur incessant et qui,.de

ce

lui oyoit tontocré toute leur r'tie, ne ,sont pas.disposés t'ait, 'à si voir- frustrer des droits imprescriptibles qu'ils y ont acqws.

>

Dans le second article, J.E.A. souligne la volonté de voir

lc Katanga

.

atteindre au stade de I'autonomie i.nterne, de gérer elle-

même ses propres affaires, sous la responsabilité d'éléments

locaux de la^population stable, non inféodés à un parti oolitioue eurobéèn quelconque. '" tt grand'temps^que dei dispositions adéquates.inter"tt pour doinei satisfactiôn rapide au peaplernent ,ri"nne.rt" blanc du Katanga (1'0). moins de population blanche " La Rhodésie du Sud avait à l'éoooue où il lui fut donné de s'administrer elle-même' peuplement mise en ceuvre Le succès de la politique de -flagrant'e que les Africai'ns dans ce pays est u.t" pt".tt" blancs siri a rnême di diriger leur pays d'adoption, tottt crl resDectant les droits deJ autochtones et en favorisant g.ad.rËll.-ent l'amélioration du sort de ces derniers.

(9) . Séparatiste , vise ici une éventuelle séparatioo de la Métropolc e! non unc .tl,rrrtion du katanga du restant du Congo. llo) A cettc loooue. on oarle franc, on nc s'embarrassc pas de faux préter-tcr' r.,u.r r,liur donner leirs'ap.isemints et des garantics aux blancç du Katrnga qu'it liut r,,,tt,l"r i\ c('ttc prosincc I'autonomie intcrne. 59


sur les problèmes posés par l'évolution raPide des populations in?igènes, ta;t autôchtones qu'immigrées et su-r ceux posés pai l'émancipation progressive de ces populations ct leurs revendications. o La liene de conduite générale de l'Ucol, les mesutes de

; b;;; premier stade, le Katanga devrait immédiatement former une entité politique distincte, ayant à sa rêre un vice-gouverneur général nommé par le roi et assisté dans ses fonctions par un conseil dont les membres seraient choisis parmi les personnalités propo.sé_es. p.ar les diverses corporations représenratives de l'activité économique du

propdg"ande étuâu

de

À;.il qu"lq,r", temps d'expérience et dans un but de d&nocratisation de I'insritutiôn, le système d'élection des conseillers serait élargi et le l(atanga accéderait alors à un statut de dominion avec ses propres pouvoirs législatif et ex&utif, sous I'autorité d'un gouverneur général nommé par le roi Le but à atteindre étant posé, comme il répond aux souhaits les plus sincères de la population stable du pays, nul facteur ne devrait être négligé pour assurer sa réalisation rapide. " Ce sont là, formulées avec moins de précision, moins de cohésion, les idées de I'Union pour la Colonisation (Ucol) qui, dans son Assemblée générale du 21 octobre 1956 (11), tout en annonçant la création en son sein d'une o Commission d'dction et d'éiude des problèmes politiqaes , dont le secrémriat sera confié à M. Georges Thyssens, définit ce qu'elle appelle les ;

principes de base qu'elle a posés : " 1o Maintien et affermissement de la présence blanche au Congo, dans le cadre d'une communauté belgo-africaine basée sur la défense des intérêts légitimes des populations, sans distinction de race ou de couleur. ,, 2o Renforcement de l'immigration. " 3o Défense des intérêts légitimes acquis par le colonat et résultant tant des efforts intensifs déployés par lui dans un pays où, à son arrivée, tout était à faire et a été fait, que des investissements considérables qui y ont été effecn

Pour expliquer la création de sa " Commission d'action et d'étude des problèmes politiques u qui, dit le communiqué, < a tenu plusieurs réunions importantes ces derniers mois >),

lUcol

précise qu'elle

.

commissio^n créée aux

fins d'étude

et dont il est prématuré de donner

Esror du Congo

'

Marc Mikol ajczak, dô son côté, regrette de constater o combien les idées sont faussées par des expressions mal comprises, par des mots lachés avec u-ne- lfuèreté i11pa.r.donnable. Ô'est ainsi que dans l'esprit de beaucoup d'indigènes, la conmanaaté belgo'congolaise æt devenue l'égalité belgo-congolaise avec toutes les causes de malentendus- qui en iésulteit. Moins on en parlera, moins on écrira, mieux cela vaudra dans les circonstances actuelles (12). D Quelques mois auparavant (13),- il avait déjà dit ce qu'il pcnsaii d'un rapproctie*e.tt enire' les races que I'on aurait icrrté d'imposer ^subit artificiellelnent : o On sa famille mais l'on choisit ses amis. nos amis parmi la population indigène, choisirons Nous ' lnais l'on ferait fausse route à vouloir nous les imposer. ' Les blancs d'Elisabethville, on le verra, mettront quelques tcrrrps à se choisir des amis parmi la population indigène. Mais ils lcs choisiront tellement 6ien qu'ils obtiendront d'eux qu'ils rltlfcrrdent leurs intérêts de blancs atl moment où ils ne Pourront pltrs, décemment, les défendre eux-mêmes, à visière découverte. Un journal de Léopoldville (1a). ayaat dénoncé les " intriurr.'s sépâratistes ' oui ie font iour à Elisabethville, l'occasion ,.'r* doi"é" à J.E.Â. d'appotté. à ses thèses, ces intéressantes pr{'cisions (15) : ' " Parie q.re .rous sommes plus patriotes- gue la majorité des polititiens de tout rang et que noas désirons au rnoins ,orirrrr, à Ia Belgique (q uhe vaste région suscePtible d'accueillir des milliôns d'Européens et de Belges principalement qui poursuivent, dans 1e calme et la tranquillité, (12).Essor du Congo, 10 novembre 1956. On se souviendra que ce singulcr 'i'on du ait laissé le livre de Demany fnétrcr au Congo et que rrrlirrc s'indisnair qu" l:,,,' n" o.*ràé To"tq,i diffusion au manifeste de I'abako t (ll) . Essoi du'Coqeo ' du 25 février 1956. (t+i f" . Courrier d'Afrique ' du 5 décembrc 1956. lt5\ . Essor du Conso, du 13 décembre 1956. iiii vriii "rpri-é"- franihum"tt I'idée que l'on cherchera à camoufler par la ce qu'on peut SauYer. t rrtrr r . ll faut sanver l,,,rr

< ne veut ni ne peut rester en dehors de l'évolution de la situation politique (et) a porté le principal de son attention (11)

ipp.ofondie -ôroblèmes de ia

ces

actuellement un compte rendu détaillé. "

pâys.

tués.

et de dét'eltse à adopter font I'objet d'une

du 6 novcmbrc

1956,

61


I I

loin -des- traquenards de la vaine politique et du dangereux syndicalismé er de concert ayec les altochtones, dins le respect des us et coutumes d'un chacun, l'ceuvre de développement économique et social du pays. Parce qae ayant tout investi d.ans ce territoire et ayait fait soicbe, nous

ne voulons p.as qye le gouvernemènt belge répondant à d'autres pressions internés ou extérieures, dispose de nous, de nos enfants et de nos biens, pour nous flacer en ëtai

lt .

t."i.Ur.*." et d'insécurité.

o Nous ne voulons pas d'un programme qui, momentanément, n'exclut pas,les Belges. de bonne volonté, mais qui, dans quelques années, noui dira que nous sommes simplement tolérés, puis qui pourra, à tbut momenr, nous silnifier que nous sommes indésirables. Nous ne voulons -pas que nos enfants, nés ici et y vivant, se trouvent un jôur transformés en apatrides.

iG;r'r;;*es belges avanr rour et nous avons besoin de I'aide de la Métropole, mais aussi de sa compréhension. Que peut-on nous reprocher : de défendre nôs intérêts, d'être francs, de voir loin

?

; b; l";d"" ce beau programme aura démané, nous irons plus loin, nous oft'rirônsà un rnenbre d.e la famille royale belge de bien vouloir dccepter la haute cbaige de goioerneur ou Vice-Roi dw Katanga, poar bien marquer notre grand. désir d.e,rester en étroite inion aaec la rnère-patrie. Nous laissons les autres régions du Congo libres de-manifester elles-mêmes leurs aspirations. u Nous les assurons d'une chose : C'est que nous collaborerons toujours bien volontiers dans le àomaine économique (17). Nous réclamerons seulemenr la liberté de gérer nous-mêmes nos affaires internes avec le concours etlous l'égide de la Belgique. " Dans trne lettre ouverte au ministre des Colonies (18), J.E.A. avait déjà exposé ses points de vue : "Les babitants blancs du Katanga sonr particularistes, direz-vous, non sans raison. C'est un fait que les Katangais (17) L'on croirait entendre déjà M. Moïse Tshombe gui, au plus fort de la séces. sron, De manqua iamais, sous I'inspiration de ses conseillerr bel[e., de proclamer sa volonté d'ajdei économiquement ie râstant du Congo, (18) Essor du Congo " " du 10 novembre 1956.

82

n'ont pas souvent pensé comme le,s sphères dirigeantes de Kamiria. Trop de Tacteurs les influencent différemment. A citer en prêmier lieu : le climat beaucoup plus clément, autorisant ùn séjour pratiquement à, vie, et secondement' la proximité d'es'pays^ anglà-saxons d.u Sud., où la politique esf basée

sur des conceptions totalernent autres (79).

;l; ;;;

le plus sincère de la-majorité- des Katangais serait, ir{. le Ministre, de voir conférer une large autonomie interne à la province, autonomie q,ui leu-r permettrait de participer laigement à la conduite des affaires locales, qui Î".rr p"tm"ttràit aussi d'envisager un avenir str pour leurs enfants.

'f"tr,

," pr"rr., pour développer au maximum l-.-p"Y" if plement blanc. Il ne faut pas que ceux qui ont fait de .. pays ce qu'il est actuellement et ce qu'il sera demain sublssent la loi des minorités. " IJn nouvel article (20) permettra à J.E.A. d'expliciter

rlrrvantage encore les prémisses de son raisonnement

:

. Il consisterait à dire clairement, une fois pour toutes' que les régions basses du Congo ne conviennent pas à l;installatio-n à demeure de I'Eurôpéen, qu'il faut admettre que le Blanc n'y étant que de pasiage,. doit nécessairement et progressrvement tendre à en confier I'administration aux autochtones. ' N'ayant aucune tendance à s'y établir définitivement, l'Européen ne sera jamais une gêne pour les autres habit"ttts êt la cohabitation restera toujours possible et profitable aussi longtemps que les deux fractions e-n présence ressentiront l'ulilitd ou le besoin de leur collaboration mutuelle. o Que ces régions basses choisissent Léopoldville comme ..n'rr. de leur" gouvernement, quoi de plui logique puisque cette ville se trôuve au carrefour des voies d'acheminement ct d'évacuation. , Mais que l'on érige les régions plus salubres des hauts

plateaur. en territoires -distincts, .en leur accordant une

rrutonomie pour leurs affaires intérieures, leur permettant {l(r) I.'aveu est d'importance et n'échappera pas aux congolais. Lcs blancs lr.rorg.r *ont fascinés par là système en vigueur dans les pays ségrégationnistes. (20) . Essor du Congo, du 30 mars 1957.

du

63


de. se grouper

en fédération, incluant au besoin les terri-

toires autonomes des régions basses. " Et qu'au-dessus de tout cela, on place un représentant de la couronne belge et éventuellement, un organe central s'occupant des affaires de défense et de politique extérieure. Mais surtout qu'on laisse aux territoires de pewple-

ment le soi.n de choisir l'organisation interne qui convient (...) qui garantirait à nos enfants, n& et destinés à vivre dans ce pays, qu'ils y âuront toujours leur place, dans l'égalité et la paix sociale, que nous y avons créées et que nous voudrions y voir durer toujours. " Enretemps, le Comité central de l'Ucol a mis au point " Doctrine Politique )ù et la publie dans la presse d'Elisabethville (21). Ce document mérite un examen attentif. " L'IJcol, dit le préambule, représente la grosse majorité

sa

des colons du Katanga, où le colonat est particulièrement nombreux et diversifié; elle est l'association la plus importante de colons.

iff. .ràit d"rroi, exposer les principes qui, selon elle, " sont de nature aussi bien à coordonner les diverses branches du progrès qu'à défendre les légitimes aspirations des habitants qui peuplent notre colonie, autochtones d'une parç immigrants de race blancbe, d'autre part, * Après avoir rappelé ce qu'était le Congo avant l'arrivée des Belges, le document s'en prend aux .. Manifestes qui ont " troublé l'euphorie des blancs du Katanga : u Des tendances extrêmes se sont fait jour. Des nationalismes s'éveillent, tirés du néant par des partis qui se sont vus obligés de les créer pour justifier une propagande à des fins strictement partisanes ou électorales. C'est contre ces tendances et ces nationalismes, qui ne sont en réalité que du racisme sciemment débaptisé, contraire à l'intérêt de la communauté eurafricaine et qui sont aux antipodes d'une saine collaboration mondiale, que I'IJcol s'élève en établissant la doctrine politique dont les grandes lignes sont reprises ci-dessous. t Cette doctrine politique tient en quelques propositions. Concernant le < nationalisme ", I'Ucol tranche : " Il n'existe pas de nationalité congolaise. " Envisageant " l'évolution politique générale ", I'Ucol (21)

r Essor du

Congo

'

des 17 et 18

evril

!957,

cstime

qu'il

est n&essaire qu'n elle soit harmonieusement gur-

Là système qu'elle préconise doit assurer la pérennlte de blanche : l:r "' suprématie "-:,Ë'i;; ;;;;t"re que les habitants autochtones sortitotti d" l'état de tuteil" dans lequel ils se trouvent en civilisa,"ir." a, i".r, ,.,rtJ millénaire ù. ttos vieilles à une accèdent qu'ils temps ;i;;;,- ilr d."to"i, "r, --ê*" aux ;;;iilé d" dioi.t, t" plier égalôment aux devoirs' participatio' la qu'exige mêÀes "Bii"*i"À. de la chose publique' " à la"eestion ""*-râ.iifiËes Sur lË problème du PeuPlement : .

dée

,.

I Nour'ii.l^*orrs une politiqu" 9t Abordant la question de la " déce*:Ti*i,Ht"'"'lt?T;j é""";;1il;ràit", t"'ie"ott" a.t colonies contre leur métropole' .1" li Belgique contre la Hollande (!)' .. - --"tni

àé..r,tralir"tion est donè'indispensable'. Elle risque de rester à l'état de vceu, d'affirmation de principe et de i. voir réalisée si des mesures pratiques ne sont "" ""t oas^prises. telles que I'octroi d'une certaine autonomre aux

;;;',I;;;;';ï. raux.

tg-rru ti

>

L:tj.ït

propose

.

tt.ment de vice- gouvern ements gén&

le maintien et le renforcement des orga-

exlstant.

"""";" ;i;;;i;t" a. t" politique rrisrnes consultattts

>>

sociale, l'Ucol reprend. à. son ('ompte l'adage : n à traiail égal, salaire égal ", en Ie tradutsant ('()lltme sult : ..-cr'".ungâgneracequiluirevientPovrsdaêritable ,,taleur économique.

u

En " politiq.r" é.orro-ique ', I'Ucol exige " paix- et sécuo. ritd Le ôhapitie " géographie ' n'est Pas sans rntéret ; . L'Ucofne p.oi r'"bra"ttir d'attirer I'attention sur,la position géographique du Katanga, Pays artde et, dePe,uPle lors dl làrrivée des premiers F'uropéens' PaYs dont I economie fut créée par les Européens, pays dont se'4'ls ,l'es Euro\éens ont pu et set4ls pourrgnt mettre du pur et 4 la' ies richesses matérielles' o Le Katanga se rrouve coincé e.ntre. des colonies stabilisées,

,tit:;;ti;;""-de i'hr*onité

.o"ffi.iJ"t a{ÀLigr"tion élevé et dont il subit l'in"" fluence idéologique et sociale (22)' , Des tendances a,utonomistes s'y sont manifestées et le *ffililion hu,o,r11u

à la

Rhodésie'

c'cst à cet aspect de la politique des colons

riu" lcs noirs scront particulièrement

du

senslbles'

65 64


mécontentement devant I'excès de centralisation du eouvernement général y grandit. Une politique qui mé"connaîtrait les droits acquis par ses colons, les plus nombreux et les plus stables du Congo serait .dangereuse et pourrait aooir d.es répercussions regrettables (23). >)

Concernant la stabilisation des populations " ', I'Ucol estime que les autochtones < doivent pôuvoir accéder à la

propriété foncière ". " La constitution de la société indigène clanique doit être favorisée et valorisée afin d'éviier r..rrr" càrr"..rtration prolétarienne trop poussée dans les centres. > . Et enfin, concernant les cadres administratifs, l'Ucol pré-

conlse que

" I'unification des cadres sans discrimination de race ou d'origine, sera basée sur le principe : "à formation égale, grade initial égal". "

fLes thèses des colons du Katanga auront un écho chez les blancs du Kivu. Là aussi, le climât est salubre et, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des familles d'aristocràtes et de grands bourgeois belges ont construit de royales demeures 9u dg pimpantes villas au bord du lac, avec l'intention de s'y installer définitivement et d'y faire souche, comme disent letris compatriotes d'E'ville. Leur représentant, M. Charles de Maleingrau d'Hembise, mettra à profit le passage à Bukavu d'une mission de la Fédération des Industries belges, pour signifier à ces hommes d'affaires qui vont rentrer en Métropole, la volonté des blancs

du Kivu:

. Nous rejetons I'indépendance et nous ne demandons que l'autonomie, c'est-à-dire que nous voulons que nos autorités légitimes, les dirigeants de notre puissancè économique et le plus possible de nos compatriotes soienr bien tôus représentatifs des intérêts belges et viennenr vivre parmi nol;s po,,tr que le Congo reste belge même lorsqu'il ni sera plus une colonie. r,

Il

-i* [.es colons du Katanga trouvent, à ce moment, un soutien rrr.rttcndu dans les thèses du Professeur Doucy, qui, préconisant

rlrs réformes de structure, envisage une décentralisation. M.M. dans l'. Essor du Côngo " (24) rendant comPte ,le l'étude du Professeur, l'approuve de ne voir qu' * un seul moyen : refusei d'appliquer une loi unique pour le Congo. , Et il propose de diviser le Congo en territoires distincts iouissan't dïune large autonomie ét ne dépendant plus du gouvernement général. " Ô'est le moment choisi par M. Schôller, alors gouverneur ,lc lrr Province Orientale, à Sianleyville, pour préconiser (25) . une pratique administratiYe, soucieuse de réelle décentralisaiion, à base de confiance dans l'échelon province et laissant à celui-ci plus de liberté d'action, moins de dépen<Jances à l'égard dès innombrables ramifications de l'autorité supérieure o déconcentrée r; dans ce cas, nous aurions tlc même des raisons de nous réjouir du changement intervenu.

)>

Iit Marc Mikolajczak de célébrer (25) " M. Schoeller qui a I'intelligence saine " : .t rlc lui délivrer, au nom des siens, ce satisfecit

* les vues saines et constructives de M. Schoeller partagées par la grande maiorité des coloniaux, font du bien. "

Ji

faut, pour les blancs du Kivu, éviter à tout prix

" le danger qu'à la faveur d'une propagande subversive, les populations indigènes réclament f indépendance torale.

'

(23) C'est la première maig non point ta dernière fois que. les blancs du Karanga proféreronr des menaces. Leur eremple sera suivi par M. Moïse Tshombe.

66

Parce qu'aux yeux de M. Charles de Maleingrau d'Flemct de sôn miliêu, si un jour leurs Congolais revendiquent l'intlépendance, ce sera néceisairement Parce qu'ils auront été l'objei d'une propagande subversive. M. de Maleingrau formule r,nnuitc une exigence : il faut " et je le dis au nom du plus grand nombre d'entre,nous, ériger en vice-royauté di Coigo le gouvernement,général de ia Colonie. Ainsi serait réalisé le but même de la colonisation qui est l'intégration sur place en une même entité politique du colonisateur et du colonisé. " l,irrc

l,c' rrinistre des Colonies lui-même, M. Buisseret' emettra' ,\ l'Acrrdémie royale des Sciences coloniales, une théorie fumeuse (J1) ... du 30 mars 1957. (?l) . F.ssor du Congo, du 20 mars

1957.

87


qui. s.atisfera aussi bien les autonomistes katangais que antiséparatistes (26)

les

:

" L'unitl d'un territoire national ne fait pas obstacle

I'exisrence d'institutions démocratiques, fédé;at"r-ou fédérales... ni à des auronomies ,égio"âI"r.

à

ànl

d,éclaré.M. Buis.s.eret, je me refuse à conrribuer 1irf"ir,'". à semer la divisron, à édrtrer outremer un ou r-------olurËurc Etats racistes voués à la décadence rapide. >

LES ÉLECTIONS

GOMMUNALES DE 1957 ET LA FONDATION

DE LA BALUBAKAT ET DE LA GONAKAT

(æ) . E*ror du Congo du 26 octobrc 1952. ' 68


C'est le moment choisi par l'autorité coloniale pour faire procéder, pour la première fôis et à titre d'essai, à des élections dans quelques agglomérations urbaines du Congo (1). Aussitôt, Ie Comité Central de l'Ucol annonce sa décision de présenter des candidats dans chacune des neuf circonscriptions de la commune européenne d'Elisabethville et de ne donner son investiture qu'à des candidats : " qui ont à cæur le développement harmonieux de ce pays, suivant les critères formulés dans la doctrine politique de notre association (2) > et demande aux électeurs de voter : " en Belges et en Katangais. C'est plus que votre intérêt,

c'est votre devoir. " L'Ucol publie un tract électoral (3) :

.. Nous voulons qu'on reconnaisse au Katanga son caractère de territoire de peuplement et que la législation soit appropriée à la nouvelle situation qui se fait jour. Car la conscience katangaise est née, non pâs du fait de quelques utopistes, mais bien de tous ceux qui ont décidé de choisir ce pays comme leur nouvelle patrie. " Electeurs vos votes n'âuront de sens que si vous faites élire un véritable katangais. Le candidat recommandé par l'Ucol en est un... ) L'Ucol publiera, peu après, un nouveau manifeste (4) qrri (1) L'on seit que ces élecrions constituèrcnt l'Abako de M, Joseph Kasavubu. (2) r Essor du Congo r du 2l octobre 1957. (3) . Esror du Congo du 31 octobre 1957. ' (4) " Essor du Congo ' du 1,1 décembre 1957.

à

Léopoldville

un triomphe

pour

71


démontrera, une fois de plus, que sous les slogans de nauré eurafricaine ,, c,eôr

o

ç6111111u_

;*"iriàr"..*-i .ïil,:iiË:îX|:t i:i'Jif :: "àr."ï le régime d\'" p"yi-s4.6;ir";ilë Tà,r,,,, â.' i,r""., qïïi"î

Elle demande.que le gouvernement belge ait la sasesse d'adopter pour rei r"rtitËii"r .à"!àt";r a"i'ia"^ffiff.i; un poltt.rqae à peu près comparable à- cetui dont jouit.regtmeta Rbôdésie'd.u S,ld, ,éiiÀ" à p"r*i, I ." l.ini". lui "de pays, sans léser d'jntérêts, p"di;;;; a"-^' -- quin;Ël;;-;; blanche en quelques .,

"rrrrées.

'rr'f:ir"1 I

"!"!

!

mitigée -, d.ans l,accession -n,d, qtiune confiance à t ind êi nd an, u l, u, É t oï ï" goioi, -ri; y;Z-.- " " " "

lcur élection. C'est un indépendant, que I'Ucol ne patronnait pas, M. l)elaruelle, élu avec 81 voix, qui sera nommé bourgmestre. L'avocat Jean Humblé, président de l'Ucol dit sa satisfaction: " Les résultats de la consultation ont la portée d'un plébiscite pour la doctrine politique de I'Ucol. u ,h

"

e

" L'LJcol, par contrc, appuiera toujours i,octroi -;;;; d,une laree a u ronomie i nte rne octràyée dif fér"".; dr-;;;;ir;i: res congolais, groupés ân un" ""* iéJér"tior,"J;;; i;;;;;; drrecreur fonctionnerait au sommet en Belgiq;;. --'-"-

g" votre.suffrage au candidat patronné oar " "*"raanr l'Ucol,. vous ferez indirecterien; p;;;;-;;rï;'#i;ért;: votre désir de voir garanrir Ia p"iman"rrce de notre oré_ sence sur ce sol q.ue nous,avonf appris t -" BeYsvr nous avons donné Ie meilleur de ,ious_mêÀ;:; "i*àr^.i*5""r . - Les candidats de. l,Ucol pour la commune européenne d'Elisabethville. Ia ."ur" é"ià."IÀ.i, î,r irer;;5:ïii; MM. Florian Fieyne, .oion, À;Àlli;ê;;igà,"ii"',i"' .o.-"rçanr, ancien asronome de Ia colonie (5), Joseph JacqiÉs, iùZ;i;;',".h;î

cien, Léon de Braband"r,' .r,ti.prËr,-"rii-ià; Cyl;i;, ;;#;_ çant, directeur d'Immeicong.; jrl;;' iàqu".y., docreur en médecir].e, Stan islas Herman, 2, oi^t, prËrii""i' àà Ëëhh# Immobilière. Fernand Culo5 .oÀÀË.Ë;;' *

"g;i;lr";;;ï;î;

Ellebout, docteur en mececrne. " Si vous êtes Katangais de cæur, si vous aimez réellement le pays, vous ferez îotre d;;il -à. n.fg","""ffi;;;;; pour les.candidat, p"t.onnJ, p"i pu.ol..l; -* ,. un drt nouvel appel (6). Dans cette commune où il n,y a que 1.605 personnes inscrites sur 8 Iistes électorares 1ï1,-iJt.l"a'ia",r'à;i,û;;i""."; (5)

"' dont le rôre va croltre .dans les conseirs de l'ucor prochaine d'un parti prétendûment .i"i" , i;ûrËîïàr"'i*j,r.. (6) . Essor du Congo > du 22 novembrc 1957(7) Sur plus de 1j.O0O hebitants blancs.

rcmporter ce qu'ils considèrent comme un succès, en obtenant : lc Dr Ellebout, 105 voix, M. Gyssels, 102 voix, M. Gavage, 78 voix, M. Jaquerye,74,M. Culot,42 qui suffiront à assurer

.

Essor

et

dans

re constitution

du Congo, ds 5 novembre

1?57,

Mais les élecdons intéressaient aussi et surtout les quatre quartiers indigènes d'Aibert, Kenia, Katuba et Ruashi. Et là, surprise pour tout le monde, dans I'ensemble ce sont lcs candidats baluba, originaires du Kasai qui l'emportent sur les représentants des éthnies originaires du Katanga.

Ce fait, on le verra plus tard, qui n'avait au moment

rurême, aucune signification politique, serâ poiitiquement cxploité par les hon'rmes de l'Ucol lorsqu'ils devront trouver

des noirs pour s'associer d'abord à leur politique séparatiste, puis, très rapidement, pour faire, en façade, cette politique à leur place. Ni M. Moïse Tshombe dont on ne parlait d'ailleurs pas à cette époque -_, ni M. Godefroid Munongo n'étaient candidats à ces élections. Mais la plupart de ceux qui seront plus tard les ministres de M. Tshombe qy. avaient présenté leur candidature, "t avaient mordu Ia poussrère. Battus, M. Jean B. Kibwe, avec 44 voix, M. Jacques Masangu, avec 118 voix, M. Samalenge (à Jadotville, lui) avec 60 voix. M. Pius Sapwe, le futur chef de la police de M. Tshombe, était battu avec 43 voix. Seuls MM. Rodolphe Yava et Dominique Diur I'emportaient avec respectivement 269 et 121 voix. Prosper Mwamba Ilunga, I'un des futurs leaders de la Balubakat, êtait élu avec 106 voix. Les quatre bourgmestres des quatre communes africaines d'Elisabethville étaient des Baluba. Au conseil de ville qui sera constitué par la suite (8) I'on (8) r Essor du

Congo

r

du 22 jauvier

1958.

72 ?3


trouvera, parmi les représentants des conseils communaux : MM, Gavage, Elleboudt, Jaquerye, Culot, Prosper Mwamba Ilunga, Yava et Diur, comme représentants de la zone annexe; MM. Onckelinckx et Franchimont, grands hommes de I'Ucol; comme représentant des entreprises dè capitaux : M. Jean Guillaume Derrickx, l'un des dirigeants locaux de l'Union Minière du Haut-Katanga (9); comme représentant des Classes Moyennes : l'avocat Jean Humblé, président de I'Ucol et M. Gyssels; comme représentant de l'emploi : M. René Toussaint; comme représentant des notables : M. Jacques Sohier, fils de haut magistrat, magistrat lui-même.

f* Le succès des Baluba originaires du Kasaï pouvait trouver une explication dans le ques mols.

fait qu'ils s'étaient groupés depuis quel-

Le samedi 26 janvier L957, en effet, dans la salle du tribunal du Centre Extra Coutumier d'Elisabethville ils avaient tenu une première réunion en vue de jeter les bases d'une association des Baluba du Katanga. Le but de cette Association, qui n'avait rien de politique, 'est pas dénué d'intérêt (10) : n'est < promouvoir l'entente et l'aide mutuelle entre tous les Baluba du Katanga résidant à E'ville et ensuite favoriser des rapports harmonieux entre ces derniers et les habitants du Congo belge, blancs et noirs. u Le projet de statuts, qu'il faut encore soumettre à l'approbation des autorités coloniales les Congolais ne pouvant - préalable prévoit que s'associer que moyennânt autorisation - ile membres des éléments blancs pourront être admis en qualité sympathisants.

C'est le dimanche 13 octobre 1952, seulement que l'Association générale des Baluba du Katanga (Balubakat), sera inaugurée officiellement au quartier Kenia, en présence de l'évêque Mgr de Hemptinne et du gouverneur de la Province : M. Paelinck.

La presse relate que la fête à donné lieu à des

danses

lesBalubaetaussiledésirdesauvegardertoutcequi q-tr€ ià,r.h. aux us et mceurs de cette tribu' On ne Peut-MM' plus particulièrement iâi;i;;t-;;t- aitig.*,t et Ïtemy' resPectivement présiile;; ;"ror, .t'ù*rmba. (11)'" général secrétaire d"ni sénét"l et

Faisois connaissance avec ces deux hommes' méthoi"to" st"J*", nf-t" igtz ; Kabongo,.de relig.ionpendant américains'..étudie par missionnaires âes airr"]Zàuq"é médri;i;'nf,]'-Ë- m?d".irr" et obtient son diplôme d'assistant lépreux' des auprès teàps q""lqu"' entra au servrce oe .o--a pasteur et instituteut. En 1942, il pour le conseil ProË'àffiffi;il;;Ë;i;1..-ii *u"'"à auisi des Amitiés fotid"tion l* p"t,i.iP; testant du Congo "; Belgo-Congolaises' "-^" M:-Ë;y M*u*b", originaire de Kaniama' était commis p.i";ùf ;;-hntqo", général-d'Elisabethville'

iÏi]liti"i"rtt,.i;;;;à;*

-e Lorsoue la Conakat

K*;;;Ï;"-

davanréunioi de son comité provisoire, elle ne s'asslgnera PaspnnclPe en bornera se et i"n" ou. la Balubakat âe but politiqug À Ë.oitoet totrs les cerclcs ethniques du Katanga 'La Conakat' rapporte la presse (12)' couvre et couvrlra' exlstantes sous un même'toii,-toutes les as.sociations trtbales leurs d'intensifier et tooidot"ttt du Katanga, ";';;;ï; activités. " association à faire îi;"-; si bien ainsi que la première (AssociaBalubakat cette pri'.itément . o^rti-.' aî' f ôàn"f."i u.n 1n "ticontre-elle' "K;;"tïg"i q'i se dressera fi:i'il B"l;b"ï; de la faire à seront Parvenus ;Ë; î;;J"1;;;* i"' colons solde' leur à guerre de riachine é;;"k;, -""ïî-gâi"u"È", fondation ";; * ,.p.zi""ré" à cette réunion dePabsence de en intérirnaire' par M. Remy m*"*U^,'ptétie"ltt 'M. i";;--ô;r,d*" .t- p"i M' Ptotp"r. Mwamba llunga' son ;:;.d*i';, i;;;;; ," 'ôuui"nd'" qotl était l'un des 'ainqueurs des

folkloriques.

" L'association des Baluba du Katanga a pour but, comme les autres associations tribales de la cité, I'entraide de tous (9) De plus, présidenr dc l'Associrtion des Enrreprires dc le Province du Katange, ct mcmbre de l'Association des Intérêts Coloniaur Belger (A.I.C,B.). (10) . Essor du Congo , dv 29 ittvicr 1957.

Confédération des Associations du

f;;àZ;,- l"1i octobre 1e58, au cours,d'une

"

élections.

*e

est le La seconde association à faire Partie de la Conakat Lunda " I'Empire de Àutotlles gr.ii"î.îiî;Âtt*i;t1o"t 1957' tlll . Essor du Congo ' du 15 octobre iiâj ; Ë;;;; àu Co"Ëo ' du 2e octohre 1e58'

75 74


(Gassomel), dont le. président esr secrétaire M. Domini{ue Diur.

M. Moise Tshombe et

Ie

}oii"#!:fr*:ii,ftil*':,':#,i""",;T.ïuiil3;

e.^i,,Yf de pasteur et d'instituteu, arrant J"-ruirr. q*i;;r-;;; J; commerce. et de droit.- Commerça.r, f"ii-âï-.rer-;";: vaises affaires er olusieurs aoi;';;- #;' "y"r*d;l; îili,Ë ir+ M.. Tshombe avait^fait. po,f;l; pr"-iirJ rols, une apparition pub.l ique, d'ai lleurs

trèr.îi,-ûl", ;; .;;;;è,

;;L Ë;;;:Tï.l;:

Mukamba. Me Humbté .r rur. ôr.r."ri;;Ë, àild;À:Ë^i,U;i: Katanga, I'avaient emmené d*;l;;;;'Ë;;g.r, !ou. lo-,ii;;i, - dijà -, à ce congrès d. .;lo";I;-"Ëi" de servrce. en effer, l::,":-t-:",iqué,signale, .pàrmi les gens qui ( onr sulvt les déba6 avec synrpathie

" un certain M. Tshombe- délégué des classes moyennes africaines " du Katanga 1i+;. ''" Tshombe nc En 1'957, M. Ivfôïse iouait aucun rôre dirigeant dans cette A.C.M.a.r., piesiJJ.'1-,irq.r,"r, octobre 7957 par lvf. Isaac Kalonii. Lors de Ia démission de M. Isaac Kalonji, l,Associarion des Classes Mo'ennes Afri;i;";1;ï;;;;" procéda d,ailleurs à des élections. M. _Joseph _ , .9'*r,par {l-utqba, secrétaire général, qui fut élu présrdenr 51 voix, M..François Kapenie é.; ËË;;#;; par 47 voix et'rvr. Deni, ii;ffii";'îJJiÀ,;: :i:: ry::i4"nr par vrce-présrdenr 26 voix (15). (13) Le iournalisre bnlge pierre Davister, ami fidèle de M..Moïse Tshombe, quant dans le . pourouoi p.J" du. L.p,._Lr-"'lià'ô, évo_ i"iîipoo.* du turur leader katan_ gais avec^M, Georgcs-Thyssens, qur lut son invenreur, écrjr: . C'est lui qui sauva Tshombe lorsque véritablc " ."lui_"l- r" ïE"i

j-L T";riià' l. ï"o".; j;- "0G,.* ;.;;"ï j;:;ri""jî,:îiii,i?li"fl.," ".."ii' "îill,T; Ûi" ;1"'î:îl:li":i;r:i::lt'q p,i' '"riq"-Ëni''ï i''Ë"i*,.-"nt "pp,ouiii*nJ,lï allait évoquer'i" p"rri--.".1

morns de-.mènasemenrs (Le "

fii;*."i'lj"r'ii".l3l"rtnîXîÏ,

;j;:"ir'i."'ï"fi'.: " iill'l i,l'",.iiiË:ilîî',X:#:.*",j"o'iî;j"""nï""il,,jj ;; 1?; iii o."t ; " ;Z Ë;1 ;iï. ;[d; il" *J,.; o1î,5ï :. T.'J",".'i, l" -;; congo... Kapenda ,;:n^T,:i.,0"",,,"i"_{U"St"'l;.,i;; "o.i:r#;; rshombc, dont res ;rru#:,

liii\îil:qiËftdii1ï$:'i*,l"rii'i#*îii6l*''"':";'gr"Ïil:i dc la capitalc *jl,.r ta '

"

à'Lilî"ii,îJ;','""3;;";ii.'";;'"Ïiil"in"'

du recherche _rt en frouva sâns peine, Leur premier obicctif aræin^t, les patrons.du Karanga_ indépendanc lancèrenr céré_ le 'ballon. C,csr ainsi q""

i

ili::î"-"", (14)

. E$or du

K"p;â;.î.hombc entra avec fracas

Congo , du t3 février 1957(15.) r tr55q1 du Congo du O novembre t95i. "

?8

en

De M. Moïse Tshombe, il ne sera question que dans un communiqué signé par lui-même (16), suivant lequel des membres de I'Acmaf, ne reconnaissant pas la présidence de Joseph

Muteba et révoquant ce dernier, avaient procédé à l'élection d'un nouveau comité. M. Pierre Misakabo avait recueilli 27 voix, M. Moïse Tshombe 24 voix, M. Jean Kibwe 8 voix. Le communiqué ajoutait que M. Misakabo s'était d&isté cn faveur de M. Moîse Tshombe. Au moment de la fondation de la Conakat, M. Moïse Tshombe se considérait donc comme Président régional de I'Acmaf. Il était en outre - et surtout - le gendre du Mwata Lunda, ce qui explique sa présidence Yamvo, grand chef des de I'association tribale des Lunda. Son secrétaire, M. Dominique Diur (17), avait fait cinq ans d'études à la Mission catholique de Sandoa, sept ans d'humanités au Petit Séminaire de Luebo et même deux ans ct demi de philosoohie au Grand Séminaire de Kabwe. C'est cà qui fàra de lui, en juillet t959, le président de I'Association des Anciens Séminaristes des Pères Franciscains (A.S.P.F.).

Il

éiait commis de la Colonie depuis 1953,

rédacteur-

E'ville, et avait été, nous Itavons vu, élu conseiller cômmunal aux élections de 1957.

speaker à la Radio du Congo belge à

.f-

La troisième association adhérant à la Conakat était celle dcs Bahemba de Kongolo (Assobako) dont le président était M. Albert Nyembo et le secrétaire, M. Ildephonse Mbayo. ,lÊ

La quatrième, l'Association des Batabwa ou B_ena Marunyu tlu Katanga (B.B.K.) ayant pour président M. Alphonse Kiela ct Dour secrétaire M. Toseph Kiwele. ^ M. .Joseph Kiwelel q.ti s"ta plus tard ministre de I'enseiBnement de M. Tshombe, était utt pe.sonnage hors série. Iui rrussi ancien séminariste, qui deviendra d'ailleurs vice-président général de l'Association âes Anciens Séminaristes, a suivi des .'.,rrrs de rrrusique atr Conservatoire de Liège, organiste et " du 24 juillet 1958' iizi rt i.." ih"ià"'iabi""t du'minisrre dc la

(16) " Essor du Congo

.r,leur à Paris de la

sécession katangaisc.

Justice de

M. Tshombe, puis

ambas-

77


sacristain de la cathédrale d'Elisabethville, il est l'auteur d'une messe assez bien venue : la u Missa Katanga )> et fera des conférences sur . I'âme bantoue dans la musiqie '. Il sera d'ailleurs l'auteur de l'. hymne national de îa sécession : o la " Katangaise

r.

*î*

Font encore partie de la Conakat, à sa fondation, l'Assodes Basonge du _Katanga (Assobakat) présidée par M.- Sylvestre Masimango, l'Associâtion des Originâires du Luapala M_oe_ro Kutanga (Almokat) présidée par-M. Kabulumba Bernard, I'Association des Tshokwe du Katànga et de Rhodésie (Atkar) (1S) présidée par M. Ambroise Muhimba, l'Union des Bwami des Basumbwa - Bayeke (Ubwaka) dont le président était M. Munshimba, la pédé.ation des ftiUur J" "t "rrîin Flaut-Katanga (Fetrikat) dont le président était M. Alexis Kishiba et le secrétaire M. Justin Meli. 9i_ati^o1

-i-

Une grande association allait demeurer à l'écart de la Conakat, la " Fédération Provinciale du Kasaï au Karanga 'r, la " Fedeka ", créée le 11 janvier 1959. président Son général était M. Isaac Kalonii, alors commis-chef à la Banque Belge d'Afrique et donr nous avons vu qu'il avait, présidé aux destinéei de I'A.C.M.A.F. avanr M. Tshombe (19). La Fedeka avait des conseillers européens, parmi lesquels on retrouve M. De Coster, le directeur de I'Echo du Katânga et des conseillers congolais dont plusieurs feront parler d'eu"x, au cours de la sécession: MM. Raphaël Bintu, Cleophas Mukeba, Joseph Bernard Disasi, Alphonse Mulumba. *

Au début, la Conakat est bien ce qu'elle avait annoncé : un groupement de toutes ou presque toutes les associations culturelles et tribales- du Kàtanga. Avant le moment où elle sera nôyautée et corrompue par les gens de I'Ucol et de I'U.M.H.K., ia Conakat était,'comïe ....qui se déta.chem de la Conakat au momenr de la trahison de - (18) cartel avec la Balubakat et la Fedeka. et fera

ses dirigeants

(1c) M._ Isaac Kalonji ava-it voyagé aux E.U. où il avait suivi pendant six semaines . des cours au Morsan Starc College de Balrimore, instjrut d'enseisnemenr suoérieur oour Noirs américains. Il avait été nommé, par le gouverneur général,-membre di Conscii di gouvÈ_rncmcnr pour les annéées 1957-1958-1959, en tant que représentant de la catégorie des classes moyennes indépendantes. 7B

I'ensemble de I'opinion congolaise, fermement attachée à l'unité du pays. suffit de prendre connaissance Pour s'en convaincre,

il

du discours prononcé par celui qui fut son premier président, M. Godefroid Munongo (20), lois de I'Assemblée générale du 7 mars 1959, tenue au Cercle St-Benoît à Elisabethville. L'accent y est mis, non sur le Katanga, qui n'est jamais envisagé comme une entité autonome ou isolée, mais sur le Congo tout entier, tant il est vrai qu'avant sa trahison, même un Munongo réagit spontanément comme tout Congolais à l'époque.

Parlant, par exemple, de la nécessité de développer fenseiBnement, il insiste sui le fait que ce développement doit se faire

* non seulement au Katanga, mais dans tout le Congo, qui est appelé demain à tenir lui-même le bâton de commandement.

la paix, " b;; e' trarraillant fort et bien, dans l'ordre et dans le calme, dira-t-il encore, que

dans

noas

construirons notre cber Congo, tel qu'il est appelé à deve-

nir un jour.

travaillant et en collaborant sincèrement, main dans la rnain, avec le Belge, dans un climat de confiance ,, C'est en

réciproque, que nous bâtirons sans troubles Nation congolaise. u

la future

(20) M. Godefroid Munongo est le petit-fils de MSiri dont on a vu les démêlés eucc lcs premières expédirions belges au Katanga et qui fut abattu par le capiraine Bodson' l.c père de M, Godefroid Munongo, le grand chef des Bayeke, Mwenda Munongo, eut -la fin'de sa vie endeuillée par unè abominable affaire de sacrifice humain. Il avait été .rrrôré (" Essor du Congo ', 20-1-1956\ pour avoir, étant hospitalisé pour une maladie de icur I I'hôpital de Jàdotville, à l'inltigation de son fétiChcur, fait égorger -un jeune ,.nlirtt cr mâneé son ieur. Il était mort-fin avril 1956 à l'hôpital de fadotville, après .rv,rir été mjs" en liberré à la suite de la rétractation des aveux de ses coinculpés, r,',rvives du sanglant festin (' Essor du Congo ", 27-11-1956). Son fils ilné, Antoine Munongo lui ivait succédé en qualité de chef des Bayeke, r.ns lq..r de Luhinda Mwenda Munongo. Antoine, originairemenr Protestant' s'était ,,rnvcrri au catholicisme, avait fait quatre-années dans un grand séminaire et avait-été l,cnrlrnt 18 ans traducteur et interprère au Parquet d'Elisabethville. Son investiture s'était de Hemprinne it du commissaire de district, Engels, à 'lér,,ulée en présence de Mgr ltrrlkcva Essor du Conso ,, 15-10-1956). 'M.i.Godefroid Mun-ongo, lui, né en 1925. à Bunkcya, après des études primaires ,lrrrs son village et sept ani d'humanttés, avait, pendanr deux ans, suivi des cours de r,lrilosophie tholmiste au sra.d séminaire de Saudouinville, puis des cours de scienccs adminirrrarives et sociales chiz les Pères fésuites, au Centre Unrversitaire de Kisantu. Préposé .rrr llurcau du Timbre à E'ville, puiJ greffier au Tribunal de Police, puis juge de police \ I cssai. puis sreffier au Tribunal fe Territoire, ensuite responsable du bureau des r ., r. s plasiifiéesi Nommé commis de 1"e classe le 1e' juillet 1956- le roi des Belges fera ,lc ' lui, cn novembre 1959, l'administratcur de la Société d'Etudes du Site d'Inga. Ce sont l, r rréccssités de sa carrière administrative qui le contraignirent à céder la présidence de

l.r (lonakat à M. Moïse

Tshombc.

79


- En annonçant que des non-Katangais peuvent être admis dans la Conakât, il'dira : " Nous sommes décidés à collaborer avec tour le monde, Noirs et Blancs, qui n'ont que le souci de voir se poursui-vre dans la paix, le progiès du Katanga; le souii de défendre les intérêts légidmes de ce payi (21) qui doit avoir sa place de droit dans les assises dela t'utare-Nation

congolaise,,

*

Ce jour-là, M. Moïse Tshombé fera un rapport sur les Nous apprenons qu'il esr vice-présiâenr de la Conakat. C-'gst par un communiqué paru dans la presse (22) du 29 juillet 1959 qu'on apprendrf que M. Moïsô Tshombe est devenu le président de lf Conakat. Mais, à ce moment-là, nous le verrons, tout a changé. La Çonakat aurâ progressivemenr aligné ses positions sur cel-les de I'Ucol et du parti politique qu'elle a constitué : l'Union Katandépenses.

gaise.

Mais, n-os lecteurs _l'auront compris, nous avons anticipé pour avoir I'occasion.de présenter quelques-uns de ceux qui seront les acteurs du drame qui va Je jouer. Il nous faut revenir, à prZsent, au lendemain des élections qui ont vu, dans la commune européenne, la victoire des candidats de l'Ucol et, dans les communes africaines, le triomphe des Baluba.

(21) C'esr Ie seul passage où percc déjà peut-être I'influence de ceux qui monopoliseront bienrôt Ia Conakat au service de leur politique anticongolaisc. (22) . Essr du Congo

'.

80

RÉACTIONS DES NOIRS

A LA POLITIQUE DES BLANCS DU KATANGA


Depuis le début de la campagne de l'Ucol, les Congolais du Katanga ont réagi contre cette politique dont ils percevaient très lucidement les dangers. Il ne faut pas s'étonner que les textes, ici, soient moins nombreux. Les noirs ne disposaient pas d'une tribune comme l'. Essor du Congo >. Leur prose ne recevait l'hospitalité des journaux de blancs que si elle leur convenait. Les noirs ne pouvaient éditer un journal que moyennant autorisation préalable et leurs journaux étaient interdits sous le moindre prétexte (1). Au surplus, rares étaient ceux qui auraient eu les moyens de faire panltre un journal. Enfin, même s'ils étaient capables de surmonter tous ces obstacles, le risque de publier un texte déplaisant aux maltres blancs demeurait considérable. D'autant plus que les dirigeants de l'Ucol exerçaient toutes mxlllss de tous sortes de pressions sur leurs compatriote5

-

pour qu'ils fassent parmi leur personnel un tri les emplois écartant les mal-pensants. N'en donnons pour preuve que cette

-

conclusion d'un manifeste de l'Union Katangaise (2) portant la signature du Président de son Comité Provisoire, M. Achille Gavage

petits, vous nous " Et si vous êtes ernployeurs, grands ou aiderez en faisant comprendre à oos subordonnés I'intérêt qu'ils auraient à sowtenir notre action et en résen)Ant, un peu plws tard,, la faaewr de vos engagenxents à toas ceux (1) On se souvienr du cas du journal * Congo à Léopoldville, dirigé par les frères ' le prétexte qu'il avait publié un Kenza, inrerdir après une vingtaine de numéros sous rcportage sur les fumeurs de chanvre, (2) Pani politique formé par l'Ucol, comme nous le verrons plus loin, Ce manifeste a {té publié par I'" Essor du Congo ' du 28 mai 1958,

83


aui. en nous montrant leur carte de membre, l)ot s Proraer'ont qu'ils ont fait l'effort de compréhension néces-

saire.,

t

congol4ise,

Epinglons tout d'abord, parce qu'il est significatif

au sujet de l'existence d'une âme congolaise. Ce texte exaltant est é;idemment antérieur (3) aux revendications de I'Abako et surtout antérieur à l'époquâ où ses maîtres blancs décrétèrent ou'il n'v avait pas de nâtion congolaise. M. Kimba deviendra" Ëa, la 'suite. le^défenseur des thèies de l'Ucol avant d'être le ini.rirt." des Affaires Etrangères du gouvernement séparatiste de M. Tshombe. Voici, en tôut cas, ce qu'il écrivait, en 1956, dans un article à la gloire de l'Union Minière et du B.C.K. à l'occasion des fêtes du cinquantenaire : . La fondation de ces deux sociét& devait nécessairement forcer leurs promoteurs à faire appel à ule nombreuse main-d'ceuvté. L" réserve en main-âtæuvre dans la région même s'avéra insuffisante et force fut, pour les deux sociétés, de recourir au recrutement et dans les autres régions- du Congo et dans les autres colonies voisines, notamment la Rhodésie.

; i.{;;"ir;"t alors les diverses. agglomérations, composées

de peisont es de différentes tribui. Le méri.te de. ce.s .aggloméiati.ons d,ont quelques'unes ?ortent auiourd'bui Ie nom

de ville est d'aôoir-perrnis aix Congolais de sentir leut appartendnce à I'entité "Congo" (4). ' En effet, c'est par ce brassage que les Congolais ont pu se rendre comptdque la vie avec les ressortissants d'autres (3) . Essor du Congo ' du 28 juillct 1956. (4) C'érait [à une orofondc vérité. Tous lcs brassages d'erhnies auxquels il-avcit été procédC i"ant le conquêti belgc ct dcpuis' avaient créé,-etr même-tem.ps. quc lâ rolidc.unrtê unc.vêrtlaDlc dc l'administration belgc àéosraohiouc et économiquc du Congo - euvre ct à certains- endroits- détruite- par. des admrËrtité ton'eolaise, Celle-cl a été compromice nis,."r"ursl bclges, espérant, à la favcur des divirions qu'ils-suscitarent,, irerner le procclsus Ju ii"Jio.od"ic", L;"x"-pl" le plus tragique de cette politique de division a éré -e.rpsÊ par nous'dans " Le DramJde Luluabourg ' (éditions de Remarques congolarses, lv5v). La séccssion karaugaise et la création dcs érats tribaux par le gouvernemcnt Adoulad. saiisfaire aux exigences de M, Tshombe et d.e. ses. maîtres belger Kamitaio dc "u" faciliter ensuite la vie dc cc gouvelnemen! en envoyant à la tëte de ces p€trl9 d,abord et "n Ë,;;:Ë.i;Ë ili'i'ïi.i^Ëîàiiiiqui' qoi t.?an"ient à Léopoldvifie, sont responsables de la Jésacrécariou rotale de I'enrité " congo '. La pente ne -pourra ëtre remontee que par un pavs'

B4

nîà"tit,",

honnête

ct"fort'

qui- sc fera

lè rassembleur du

,iujourd'hui, les Congolais élèaent leur regard au-delà lborizon clanique ou tribal pour penser "Congo", C'est là une nouvelle que chanteront, peut-être, les futurs poètes ,,

dP

l'hon.têtet? intellectuelle du pe?sonnage, l'opinion qu'émettait M. Evariste Kimba, le noir de service à l'" Essor du Congo ',

;;;;';';;;;

tribus, de langues, de mceurs et coutumes différents, était une chose oossible. > C'est de' ce méIange intertribal que naquit la réalité de

congolais.

'' Pou-r le journaliste Evariste

Kimba de 1956, le Congolais est désormais convaincu à une entité * de son appartenance -folitique à un nouveau m9n4e' et l'étendue nouvelle dont l'échelle sociale et dépassent sa tribu et son clan. "

l*

En novembre !957, se fonde une < Union Congolaise u qui entend limiter son activité à la gestion communale. Au nom de cette Union, À,1. A. Nturnba lance un appel qui est manifestement dirigé contre la politique de séparatisme des colons (5) et contre le slogan : " Katangais avant tout. dans des histoires que " Nô.rr ne devons pai nous lancer qui nous intéressent pas. pas ne et ne comprenons nous Soyons Congolais, un point c'est tout. >)

ii

ttout 't oulons que notre pays joue un grand rôle dans l'histoire du monde, îovs devons t'I)dnt tout être unis. Ne regardons que le bien de notre peuple dans son u Mes amis,

'

ensemble.,

Léopoldville, dans l'hebdomadaire catho.lique " Hori(6), josé Lobeya dénonce,,avec beaucoup de tact encore' les tendanCes des colons d'E'ville. Les noirs ne veulent pas cntendre parler de I'autonomie d'une province ou d'une région : * Anionomie en gestation, bien iûr, mais autonornie d'une

A

z.ons )>

nation qui entenàra dans le futur se gouverner elle-même, qui aurâ ses lois en entrant de plain-pied dans le concert des nations.

; L; ;;tio"

congolaise verra surgir ses propres partis qui seront l'émanatiôn d'intérêts réels, vécus, et non d'impor-

tation colonialiste.

" Bientôt, M. Evariste Kimba, qui est attaché à l'.. Essor du {5)

.

Essor du Conso

ioi Cité p"t l'.

1957. ' du 21 décembre . du 5 février 1958.

Esslor du Congo

85


Coneo >. ne Deut rester sourd à " la voix de son maitre ". Il est ch"t"gé d" lattcer l'idée de < partis politiques mixtes >, (7) favorables à I'autonomie du Katanga . Certaines associations actuelles peuvent déjà constituer

une base à l'édification de ces groupes. , Ce disant; nous pensons à l'Ucol dont l'accès aux Noirs pourrait être envisagé moyennant une certaine accommoàation de son p.ogtitt-" âctuel aux désiderata des autochtones.

>

L'Union Congolaise proteste contre I'article de M. Kimba (8): . Nous demeurons attachés à la patrie congolaise envers et contre tous... > 1958. Il comprend en Elle forme son comité le 8 juin 'Kitenge, de vice-président, qualité de président M. Gabriel M. Vi.tor Mpoy, de membres : deux Belges M. Henri \flavreille et I'avocat Âtttbitt" Rubbens (9), quatre-Congolais : MM. !éonard Tumba, Paul Kaluba, Joseph Kiwele (10) et Albert Muidie. La polémique deviendra plus vive lorsque l'Ucol aura créé son pafti politique : l'Union Katangaise.

(7) n Essor du Coneo ' du 14 février 1958. ig') . E.ror du Con-co ' du 18 février 195E. iti...;ri d"vre ou"ittcr Elisabethville, eu moment de la sécession ketangaise parce aux inrrigucs sépararistes de Ia plupart- de scs _competrioter. ou'il nè ie ,"ù p"r ' (10) Il nô re"troiié laisscra enrraîner que plus tard dans la trahison tshombiste' B6

L'AUTONOMIE KATANGAISE SOUHAITÉE PAR LES BLANCS REPOUSSÉE PAR LES NOIRS


Le problème est maintenant clairement posé. J.E.A.

a

conclu un de ses récents articles (1) : * Le moment semble venu pour les grands grouPements katangais, d'effectuer parmi tous les membres un referendum {"i îerait connaîire de façon précise si les habitants de nofre province désirent notté aut-onomie interne ou s'ils

prélèreni abandonner leur sort ultérieurement entre les mains des dirigeants d'un Etat congolais unifié, dvec to,.ts

les dangers qae cela cornparterdit. > Pour lei blancs du Katanfa, la réponse ne fait pas un pli. Ils ont, on l'a vu, fait lancer par le nôir de service à l'" Essor du Congo n, l'idée de créer dei groupements politiq.ue; ry!1te9. M. Achille Gavage, membre du Comité Central de l'Ucol, membre du Conseil Ôommunal et du Conseil de Ville' fait semblant de reprendre cette suggestion et êcrit (2) : u depuis dè longs mois déjà, I'Ucol, notre grande association^ des indépendants du Katanga, s'est intéressée à ce problème et ii semble que le moment n'est plus éloigné ôr) d"s conclusions définitives et favorables à ce projet seront déposées. " Politique de blancs et pour les blancs, jusqu'ici poursuivie par lcs blancs seuls, I'on .'â dans une seconde étape s'efforcer â'y associer des noirs, avant de la faire, dans une dernière en façade pÉ"r", à la veille de I'indépendance, poursuivre parti par de noirs. un ^ . L; moment semble venu de grouper sous une même (1) (2)

.

Esror du Congo

< Essor

du Corgo

' du 16 novcmbre 1957. ' ds 29 février 1958. 8S


bannière tous ceux qui ont réellement à cæur de voir notre Katanga continuer à se développer dans une atmosphère de calme, de dignité et de travail. Le nouveau grou-

pement

à créer devrait admettre en son sein tous les à dernewre dans ce pays ou décidés

Européens installés

à le choisir

comme nouvelle patrie, tous les Congolais originaires du Katanga et tous les Africains des autres provinces ayant dét'initivement fait corps avec la popula-

ti.on katangaise. " Ce groupement devrait penser Ka.tangd. d.'abord, Congo ensuite, car le Katanga, de par ses caractéristiques climatiques et ethnographiques, doit former une enti.té distincte des autres régions congolaises. Il lui faut un -statut pr-opre

qui permette un programme d'avenir, appelant les fractions de la communauté eurafricaine à un partage équitable du pouvoir. ',

Le Katanga doit jouir au plus tôt de son autonomie

rnterne.

; b;.;"; l" Kutung" ne doit pas être séparatiste (3). Il doit rester en union étroite avec la Belgique et laisser à celle-ci la haute main sur tout ce qui est Propre à sa souveraineté. " itf"ir "n.or" faut-il que Européens et Africains restent sous la bannière katangaise et qu'ils acceptent, bien unis pdr an partage équitable du pouaoir et des responsabiliÉs () qu.'une fraction de la population ne doit pas dominer I'datre, ni. aujourd.'hui, ni d'emain,

; it;"; t.r-irr"r, il nous reste à souhaiter voir se constituer au plus tôt le seul groupement katangais qui réponde à une réelle urgence, Ie parti du Katanga, qui sera ouvert à tous les véritables hatangais d'origine ou d'adoptation (sic), blancs ou noirs. " Dans I'o Essor du Congo " du 2 avril 1958, M. Achille Gavage se réjouit des .. innombrables témoignages d'approbation et d'encouragement > que lui a valu la création de son n Parti Uni du Katanga > et tire les conséquences du ralliement des blancs à ce Parti: (3) Lorsque les gens de l'Ucol perlent de séparatisme, c'ert, nous I'avonc vu, d'une sépemtion d'avec la Bclgique qu'il est qucstion. (4) L'idée de I'Ucol seri donc què l'on répertisse le pouvoir pâr parr égales entrc Ie communauté blanche er ll communauté noire, sans retrir compte de l'importance respectivc des deux groupes cthniques. 90

. Deux routes

nous sont offertes : d'une part le statu-quo

dans notre organisation politique avec Pour plus ta.r,{, l'accession à FindépendaÀce d.'un Etat congolais unit'ié aya.nt Léopoldrtille'pour cdpitale et co.mme .siège du go17oernem.ent central (S). Ce sêrait là indiscutablement'la f.in 4s !;evpansion dw'iewplement européen' avec toutes les lorrréqrr.nces néfastès qui en.découlèraient pour la poursuite de la promotion des intérêts de I'habitant de ce pays' côté, nous entrevoyons la division du Congo " D" l'arrttè peuplement et en iégions d'exploitation' avec en régions de .o*,ri" corollâire la création de giands territoires jouiss.ant de leur totale autonomie interne, mais réunis en une fédéi"tir" restant étroitement liée à la Belgique' L'organe de cette fédération siégerait soit au Congo soit central n"lnio.t". mais en tout étai de cause, n'aLlrait plus "" là-pleii dés actuels services du gouvernement. général' . Dins chaque grand territoire un grand conseil serait mis ', place tninatit formule à déterminer qui choisirait en en son'sein la députation Permanente qui .dirigerait tout ce qui a trait à lâ vie intéiieure du territoire' , Ces grands conseils seraient constitués par..nombre égal de mekbres earopéens et africai.ns, de manière à réaliser cette collaborati.on équitablà (6), qui seule Pourra conduire le pays vers ses véritables destinées et réaliser ainsi cette .oti-.tn".tté eurafricaine que nous souhaitons tous' > M. Gavage voit, dans le système qu'il pré-conise, * un moven d'amenËr la pérennité de notre préience "' I1 polémique avec I'hebdomadaire catholique de Léopoldville " Pré"r,rûit.Consolaise qui a reproché à I'Ucol ses relations avec sence ' les coloniei anglo-saion.tes â'Afrique du Sud (7)' o Au lieu de nous accuserr Pratiquement, d'entretenir.des relations douteuses avec certains Pays étrangers, le ré9acteur de o Présence Congolaise " ferait mieux de se pénétrer du fait que les Katangâis sont probabll*.ry plus patriotes (8) que beaucoup-d'habitants du Bas-Con1o) cit'r ce (5) Comme on lc voit, l'opposition des blancs du Katanga à la solution,d'un Congo rritaire indépendanr n'aveit rien à voir avec la personnalité des Eouver[anls dc ce \'ongo' Mlnrstre,du gou' i"t'a""us"tioitr, les calomnics proférées en juillet 1960 contre lc Premier vcrnemcnt ccntral, Patrice Lumumba- ne seront donc que dcs prètertes donnes a une date. sécession décidée de longue (6) parce ou,aux yeux â" M, G"""g" il paraît équiteble _qu'un million six, cent leur pays - représentés Pâr le même nombre de dÉputêl miltc càrigolais soient

-'dans 0\ . Présànce Conggolaise ' du 22 mars 1958' 'iô p"liiJlà r"ig"ii ri"n entendu, et non patriotes congolais'

ouc - 34.000 eurooéens I

91


qa'ils aeulent, c'est conseraer à la Belgique ou plutôt à la communauté belgo-congolaise, les territoires qui furent mis en valeur par l'action conjuguée des Européens et des Africains. u Mais que Léopoldville se tranquillise, d'ici-là nous n'apirons jamais en pârents avares et nous serons toujours prêts à assister dans le cadre fédéral les territoires qui seraient moins favorisés que nous (9). " Et pour terminer, M. Achille Gavage profère -- déjà les menaces que les colons blancs et leurs complices noirs mettront à exécution au lendemain de l'indépendance accordée

à un Congo uni:

" Que "Présence Congolaise" et "Le Courrier d'Afrique"

ne se fassent pas d'illusion. L'idée d'un Katanga autonome a fait son chemin tant ici qu'en Belgique. Au début, nous

nous contenterons peut-être du rétablissement du vicegouvernement général (10) qui existait avant la réorganisation administrative de 1933, mais notre a.atonomie de laquelle notre existence et celle de nos enfants dépendent nous I'obtiendrons car Ie droit est de notre côté ! -, Nous ne voulons pas user de menaces ce n'est point là notre habitude mais nous voulons -donner un avertissement à tous ceux que la chose concerne : Il vaut mieux accorder une petite faveur de régirne à une population pendant les jours calmes que de vouloir être généreux en période d'orage. " Et, quoi qu'on puisse en penser, le ciel s'obscurcit, annonciateur de ce qui pourrait survenir un jour !... que " Que les responsables saisissent et fassent en sorte . notie horizon s'éclaircisse. Ils en ont et les possibilités et les moyens ! "

ment au ministre (11): . Nous avons bâti ce pays en 70 ans d'efforts ininterrompus. Nous ne prétendons-pas le perdre faute d'une politique cohérente et constructive.

)t

Quelques jours plus tard, une délégation de l'Ucol compr.n"ùt n4i lein Humblé, MM. Gavage, Onckelinckx et Georges Thyssens est reçue par le ministre. Me Humblé lui expose les thèses fédéralistes de I'Ucol. Mais, à présent, la contradiction se manifeste. Le ministre reçoii un mémoire de l'Union congolaise,- signé par-MM. LSn Ilunga, Gabriel Kitenge, Victor MPoy et l'avocat belge Antoine Rubbens.

Ils ne sont pas invités, eux, mais ils écrivent : . Nous voulbns dans I'ordre et la lfualité hâter l'émanci-

pation complète d,a Congo., -i-

M. Jean Sepulcre, fondateur de l'. Essor. du- Congo ", va reprendré la plùme et signer une série- d'éditoriaux, sous le tiire " Autonomie et Fédéralisme Congolais , (12). les thèses de l'Ucol et pré. Il y défend, dans I'ensemble, conlse

:

" la fédération congolaise de

grandes subdivisions administratives dotées d'autonomie interne. u Il reproche aux gouverneurs généraux siégeant à Léopoldville d'être : o passionnés... au jeu de faire de leur capitale-joujou- la ville la plus haute, la plus luxueuse d'Afrique Centrale '

parle du : 'i-

M. Buisseret, ministre des Colonies, se rendant à Elisabethville, les grandes organisations de colons lui adressent une lettre ouverte exigeant la déconcentration administrative, premier pes vers l'autonomie. Cette lettre signée par l'Union pour Ia (9) On croirait enrendre les propos que, trois et quatre ans plus tard, ses conseillcrs Gavage et Thysscns feront tcnir à M. Tshombe. (10) Sarisfaction sera donnie bientôt sur ce point par la nomination de M. Schoellcr cn qualité de vice-gouverneur général, gouverneur du Katanga.

92

Colonisation (Ucol), la Chambre de Commerce et de I'Industrie du Katanga, I'tJnion Professionnelle agricole du Katange (U.P.A.K.), lJChambre Syndicale de la Construction du Kai"rrg" .t la'Chambre Immôbilière du Katanga, signifie notam-

) " féroce égocentrisme d'une capitale-sangsue et exige le rétablissement : . à titre d'expérience préfédérale, des vice-gouYernements généraux.

.

tn

Un autre journaliste

belge,

M.

Peclers ayant'

dans

Congo Soir u employé le vocable n séparatisme > au lieu du (11) * Essor du Congo, du 22 février 1958, (12) < Essor du Congog ' des 5, 12, 16. 24, 29 evril 1958, 10, 16, 17 mai L959. 93


mot plus prudent : << autonomie r, M. Jean Sepulcre le prend à partie pour avoir ainsi " mis les pieds dans le plat u : " I'emploi de ce mot malencontreux, qui s'oppose si nettemerit au sentiment général, risque de faire un tort considérable à la belle cause qui nous tient à cæur. Aussi nous sommes obligés de dire à ce confrère qu'il ', ' mérite le bonnet d'âne pour son ignorance de la terminologie politique. " Mais M. Jean Sepulcre ne se fait pas d'illusion. Il reconnaît honnêtement que les noirs s'opposent à la volonté des blancs de voir créer un Katanga âutonome : " il ne faut pas nous dissimuler, écrit-il, le très gros obstacle que nous trouverons dans ce complexe généralisé de la méfiance de I'autochtone envers toute proposition du Blanc du Congo en matière de politique d'avenir. ,'

Et, en effet, pour ne donner qu'un exemple, M. Alexis Kishiba, de l'Union Congolaise vient d'écrire dans une feuille katangaise (13): " que la proposition européenne de confraternité nationale est un bloc enfariné qui ne lui dit rien qui vaille, que l'autonomie est une ruse pour faire passer la main d'un colonisateur à un autre colonisateur et que les Congolais n'en veulent qu'à la condition de l'avoir pour eux

t

-i-

conclut sa série d'articles: . Il restera à chercher la formule de coopération de ces grandes régions autonomes en une [édération, à laquelle se joindrait la Belgique. On la trouvera aisément en faisant de la Couronne le sommet juridique et effectif de cette Pyramide de Peuples.

L. p"i"t d'attache de ces Etats se trouverait

(13)

94

" Katanga

" du ler mai 1958.

vues.

'J*

La réaction des noirs se précise et s'officialise en quelque sorte.

Les quatre bourgmestres des communes africaines d'Elisabethville i Katuba, K"enya, Ruoshi et Albert, lancent un appel à la presse belge (la).'Ils signalent à l'attention du peuple belge

:

à craindre de la politique nouvelle préconisée par la presse katangaise.

u les écueils

L'opinion noire, disent-ils, au nom de laquelle ils par. ïoit dans la formule du Congo autonome et fédéralisé un tremplin oers Ia politiqae de I'apartbeid, en ztigueur en Afri.que d,u Sud.. " L'appel des bourgmestres est approuvé Par un blanc M. F. Lamberi- dans l'. ECho du Katanga ". Du coup l'Ucol se ,,

déchaîne.

J.S. (15) s'indigne. Il qualifie l'appel de " malpr-oPreté). Pour'l'. Èssor du Congo 'r, les bourgmestres, qui ont formulé : une accusation du dernier grotesque > <<

ne sont que : . des instruments complaisants dans une afÎaire

qui

les

dépasse.

M. Sepulcre qui professe que : " la Métropole et les populations du Congo ont le choix entre deux formules : la séparation par I'indépendance ou la continuation de l'entr'aide par l'économie "

"

I'imfartialité, et la hauteur de

lent,

Ji

seuls.

Couronne, sommet naturel de cette agglomération de peuen doute le désintéresseples, -mettt,dont personne ne mettrait

dans la

" Ouant à M. Lambert: ùl f"it une bien vilaine æuvre de sape de notre commu-

" nauté. Au surplus, argument suprême et qui vâr-on le verra, jouer un rôle de llus en plus caplal, dans la politique des colons, M. Lamberi n'est pas un-vrai " Katangais ". Il n'y a pas longtemps qu'il a quitté brusquement I,e Kivu. Il n'a pas " fait souéh" au-Katanga comme M. Achille Gavage... " Et quant au* quatre bourgmestres, ils ne. sont pas non p-lus >>

katangaii. Ils appârtiennent à des ethnies importées aa Kad'enire eux viennent du Kasaï. Un, du Kivu. tanga.-Trois "Le 31 mai 1958, le noir de service à l'" Essor du Congo ", (14) . [,ssor du Congo du 23 mai 1958. (rs) fras probablemint' Jean Sepulchre, dans I'o Essor du Congo

' du

28 mai

1958'

95


aussi, donner de la voix contre les ouetre bouremestres (16). ' C'ot lË tno*ettÈ cÉoisi (17) pour proclamer la naissance du parti dont I'Ucol a annoncé, depuis quelques semaines, la en son seln. "sestatron L" parti uni du Katanga a reçu au baptème le nom définitif de " Paiti de I'Union Katangaise

M. Evariste Kimba, va, lui

'.

LES BLANCS FONDENT

L'"

UNION KATANGAISE PARTI DES SEULS

lr VRAIS

(16) C'cst d'autant plus olairant que M. Evariste Kimba, Muluba d'origine, n'appar'

tient pàs'davantage à I'u'ne dis ethniei qui, d'aprèr M. Gavage, peuvent sc

commà aurhcntiquement katangaises' (17) Essor du Congo du 28 mai 1958. " "

s6

considéret

,'

KATANGAIS

"


C'est M. Achille Gavage, " président du Comité Proviqui, dans deux manifestes (1), expose la composition et la doctrine du parti: " Le nouveau groupement admettra comme membres effectifs, tous les Earopéens, belges et étrangers, installés à demeure dans ce pays, privés ou salariés, et tous ceux qwi ont décidé de Ie choisir comn?e lear nouoelle patie. >' Il admettra de même sur un pied de parfaite égalhé, tous /es Africains origi.naire.s d.a Katanga et tous ceux des autres provinces ayant d,éfinitiztement fait corps avec la popalation katangaise. " L'idée, cette fois, s'est cristallisée, a pris corps. Les blancs qui, pour faire leur politique de blancs, ont besoin d'alliés noirs, vonf instaurer au Katanga le racisme. Ils vont chercher à s'appuyer sur les ethnies installées au Katanga avant l'implantatiôn coloniale : les Lunda et les Bayeke, en ordre principal. Ces gens, parce qu'ils étaient moins unis, moins groupés que les Baluba dans leurs associations culturelles, ont subi, aux élections, un échec dépourvu de toute portée politique. Les colons vont utiliser leur déception pour les dresser contre ceux qu'ils dénonceront comme les .. nouveaux yenus n dans . leur ,, (2). -payt La doctrine du parti de I'Union Katangaise, c'est évidemment celle que I'Ucol a, au cours des deux dernières années, mise au point, avec les adaptations rendues nécessaires par soire ,r,

(1) . Essor fu Congo > des 28 mai 1958 et 4 .iuin 1958. (2) C'esr ( mutâris mutandis la même politique que celle qui fut jouée par une partie de I'administration au Kasai 'pour exciter les l,ulna, premiers occupants, contre les baluba (v. Jules Chomé, Le Dramc de Luluabourg).

99


I'invitation faite à certains noirs d'entrer dans la formation politique. Sur le plan politique et administratif, évidemment : jouissant de leur " Division du Congo en grands territoires autonomie interne avec Conseil et Députation Permanente, sous I'autorité

d'un Commissaire Royal, Représentant de

la Couronne.

, Suppression du gouvernement général, remplacé par un Haui-Commissariat Royal, ne jouissant d'aucun pouvoir administratif direct. grands Territoires et de la Belgique au " Fédération des titre de partenaires égaux. Organe central de la Fédération siégeant à Bruxelles. " le devinait favoriser L'Union Katangaise veut - on aux blancs -qui doivent, l'immigration. Voici ce qu'elle propose nombréux, venir grossir la colonie blanche du Katanga. " Création de la nationalité belge de statut congolais, rendue accessible, sans formalités longues et cotteuses à tous ceux, Belges ou étrangers, stabilisés dans le pays et désireux de jouir de la plénitude de leurs droits politiques. " Le parti prévoit aussi une solide milice de Belges, le déveen-quelque sorte, des C.V.E. créés en 1927. C'est, loppement -on là, l'imagine sanl peine, une précaution nécessaire dans un Etat ségrégJtionniste. On comprend mal, cependant' que I'on ait espéré séduire des noirs avec une telle-perspective-. i Renforcement du contingent des volontaires belges pour le service du Congo et affectation de troupes de garnison dans toutes les gràndes agglomérations du Katanga. "C'est dans le premier manifeste que' nous I'avons déjà sienalé, M. Gavage demande à tous les employeurs de réserver . fa faveur de leurs engagements > aux membres de l'Union Katansaise.

Dins le second manifeste, l'Union Katangaise signifie

ambages

sans

:

* L'accession du Congo à la forme d'un Etat indépendant unifié ne peut nous intéresser " arrlcalns quatre bourgrnestres DourglÏrestres africains des qua[re. t'aPPel oes rev_enant sur I'appel et revenant d'E'ville, y voit l'occâsion de préciser la- distinction qu'elle fait, oarmi les'noirs. entre ceux qu'elle considère comme des inter'lo.u..ur,',ralabfes ct ceux à qùi elle dénie le droit de s'exprimer : o Nous sommes pour une politique de compréhension et de main tendue.-Mais encôre faut-il que nous trouvions la même sincérité chez nos partenaires africains. 100

" Si nous devions conclure actuellement, en ce domaine, en fonction de I'Appel à la Presse belge, formulé par les quatre bourgmestres congolais d'Elisabethville, nous devrions en toute logique terminer sur une note négative. r, C'cst parce que nous sa\rons que ces êdiles ne représentent nullement ealablement Ia population congolaise de towt Ie Katanga, "étant eux-mêmes des immi.grés", que nous persistons à espérer trouver chez nos orais interlocateturs congolais, ceux qui pourront parler réellement aa nom de la population hatangaise, toute Ia bonne volonté et toute la compréhension qui permettront de poursuivre un dialogue à peine entamé. " Il est difficile de ne voir qu'une coïncidence dans le fait que ce manifeste sera suivi, le lendemain (3), d'une communication " signée de quatre personnalités autocl-rtones ,' qui refusent que l'on publie leurs noms mais s'intitulent eux-mêmes : . Un groupe d'authentiqr-res Iiatangais. " Ces Kata.ngais authentiques mais anonymes condamnent, comme on pouvait s'y attendre, lc " manifeste déplacé des bourgmestres > et exaltent les o chefs ' (4) : " ils sont les autorités coutumières incontestées et s'il est fait appel plus tard à des interlocuteurs valables, nous sommes assurés qtre c'est à eux que I'on s'adressera, dans le plus strict respect de nos traditions., L'un des quatre uoo.g-"r:;s, M. Luanghy, ayant déclaré au Conseil du gouvernement qtr'il craignait o

voir instaurer au Congo un système similaire à

celui

appliqué en Afrique du Sud u l'Union Katangaise met, une fois de plus, Ies points sur

"i"

les

(5):

Nous ne voulons pas d'un Etat indépendant unifié. Cette ouvrirait la voie à diverses possibilités, dont nous ne retiendrons que celle de la suppression des rapports constants et sincères avec la Belgique (6) ou encoré celle o

accession

(3) . Essor du Congo r du 5 juin 1958. (4) Après les Kaiangais authentiques Ies colons vonr, on le verra, chercher à ' tard. mobiliser les . chefs '," mais ceci scra pour plus (5) . Essor du Congo ' du 25 juin 1958. (6) Dans un racr ultérieur (. Essor du Congo ', 2-7-58) l'Union Katangaise pré, clEera i

. Il suffirait cn effet de I'action irréfléchie dc quclques {lémenrs exrémistes, agissant sous I'empire du nationalisme érroit pour quc leJ Iiens avec la Dclgique puissenr être rompus ou même simplement détériorés. , 101


de voir passer le Congo sous I'influence de pays .étrangers. nous installer à demeure " !a Belgique nou.s a éncouragésà rcr; nous avons répondu en cônfiance à cet appel. ,, Nous y ayons fait souche et nous y. avons trouvé, avec

nos enfânts, une nouvelle patrie â'adoption. Pour la plupart d'entre nous, le Katanga est Pratiquement notre seul pays. o

Nous ne pouvons tolérer qu'un. jour le droit à notre

présence puisse être contesté ou même contrarié (7).

,, Nous réclamons donc, et pour toujours, le maintien de liens culturels et économiquès étroits avec la.Belgique et la seule formule valable pont ttous est la création de la fédération belgo-congolaise, où nous s€rons tous,- territoires africains et"métrolole, partenaires égaux et volontaires, arrec comme point de ralliement la Couronne. ,, Nous voulons l'autonomie interne pour les grands territoires, afin que nous tous réunis, Euiopéens et Congolais, nous pulssrons nous ditiger, en parfaite connaissance de ."rrt. àt régler sar Ia basi de Ia pârité narnériqae à tows les collèges les problèmes qui nous sont ProPres... > ''I-

Et voilà qu'en Belgique' on change de gouvernemelt. La maiorité socialiite-lib érile-a été renversée. M. Buisserer, ministre des'Colonies, doit passer la main. L'Ucol envoie un.télégramme en Belgique pour'qu'on choisisse Pour ce ministère non un politicién-mais un " technicien u. Ses væux sont comblés. C'est M. Pétillon' gouverneur gênéral du Congo, qui devient ministre des Colonies. M. Jean Sepulcre écrit (8) : , " Enfin ! un ministre comPétent. nouveau ministre une au adresse Et l'Union Katangaise "rappelant les thèses (9) lui ouverte lettre .katangaises gu'il connait depuis àécembre i957, insistant sur la nécessité d'une

Fédération et, en attendant, sur I'opportunité du rétablissement

d'un vice-gouverneur général. * Corirage et boîne chance, Monsieur le - Ministre, le Katangi sera avec vous dans la mesure où vous serez avec lui.'

* L'Union Katangaise décidée à exercer sur les tièdes le maximum de pressioi, publie (10) deux communiqués, dont le premier demaide aux employeurs de signaler les emplois divers à conférer tant aux Européens qu'aux Africains. L'autre, signé par M. A. Gavage, président du Comité Provisoire, est libellé comme suit : . Nous croyons utile de rappeler au personnel de I'Administration et à celui des sociéiés qu'aucune disposition légale ne limite son droit d'adhérer à-un groupement comme le nôtre, dont le prograTme ne contient que Ces proqositions constructrves, susciptibles de promouvoir I'expansion écod" f"-totîser I'avènemenf d'une réelle nomique du pays

"i communauté belgo-congolaise.

, Il est d'ailleurs probable que, dans un délai qui n'est pas très Él.o.ig.té le fait d'appartenir à. noÛe SroaPe.me.nt sera constd.êrê comme une preupe de cioisrne et de sincère attachement au pays.

>

fAvec une sincérité désarmante, I'Union Katangaise explique sa fondation: < notre mouvement s'est créé spontanément au Katanga dans le chef d'indépendants eurôpéens fermement décidés

à lutter contre tout esprit diabdication., Pour lutter contre I'esprit d'abdication il faut des alliés, et les colons, pour s'attachef une catégorie de noirs, ont amorcé, on l'a vu, utte espèce de nationalisme katangais. G.E.A. (11) s'en explique dans un article intitulé ,, La. Vocation du

" (11). cherche à motiver cette discrimination, à première vue arbitraire, entre les anthentiques katangais et les katangais de

Katanga ne s,aeit d'ailleurs pas seulemenr du droit de présence des blancs. mais ausri du droit'de conserv'er leur situarion privi!égiée. L'Union Katangaise s'en exp,ique dens uD (" Essor du Congo ,, 16-7-58) : autre tract -.".'; â" -: ii'-ti-aa"-rtJ"ufitas" uni"ersel) nous n'en voulons pas,, du moins actuellement. lJn pdys doii êÛe goiverné par, cles élite.s. Et ces élites doivent être cltotsæt làii t" ari tert tZi'tiïiiirl it n v a là aucune duperie, il v a simplement ^itii".o*iét.nc"t et ds siruations durement acquises' ' ierpect de" (8) " Essor du Congo " du 7 juillet 1958. (9) . Essor du Congo " du 9 juillet 1958. (7)

r.02

Il

Il

(10)

.

9 iuillet 1958. ' du du 9'septembre 1958. On ne sait pourquoi J.E.A' signe à du èon"eo' pu présent'G.E.A. Nous n'av-ons sato-ir quellc pcrsonnalité blanche d'Elisabethville rc iachait derrière cer initirlcr. Essor du Conco

irii.Èrt""

103


voirs sans donner I'occasion aux Congolais de se préparer à la tâche de gouverner leur pays. >

seconde zone, les katangais d'occasion. On veut accréditer insen-

siblement l'idée d'une aristocratie katangaise. o Cela nous amène, écrit G.E.A. à apporter quelques éclaircissements sur l'origine des populations noires des centres extra-coutumiers du Flaut-Katanga. Le développement continuel des exploitations minières requérait de plus en plus de main-d'èuvre. Il n'y en avait pas sur place ou

*

*:l

.

voisines de la Rhodésie du " On fit appel atrx régions Nord, touL un temps. Mais là aussi le pays entamait sa mise en valeur et il fallut chercher ailleurs. Les efforts portèrent sur les régions du Katanga du Nord et spéciale-ment -district sur l'ancien du Lomami. L'Union Minière du H.-K. y eut d'ailleurs pendant de longues années une

Katanga, Ia population noire importée directement ou indireCtement par les grandes sociétés accuse t4.ne nette prédominance par ïapiort à celle de souche strictement katangais.e.

,,

'iL'Union Congolaise, très consciente de la véritable portée de la politique dè I'Union Katangaise, la dénonce dans un tract en langue swahili : * L'IJnion Katangaise, y est-il dit, a été créée au courant du mois de févrièr 1.958 par un groupe de colons en z)ue de séparer le Katanga du Congo. Ils ont dénommé leur association . Union u en vue de tromper les Congolais. u L'Union Katangaise veut immédiatement I'autonomie du Katanga afin què les blancs puissent âvoir tous les pou104

cecte attaque,

l'Union Katangaise répondra (12) qu'elle

:

. que le Katanga n'est pas uniquement un pays de Noirs. Elle n'admet point que les Blancs, qui ont aussi tout donné à ce pays, puisseni un jour être évincés de la part de direction qii leur reaient dans la conduite des affaires pabliques. Elle est pour le respect des droits imprescriptibles des deux collectivités. Elle réclarne ou'uertetnent et 'uigoureusement un bonnête Partage du poueoir. E-lle ne peut épouser aucune thèse d'abdication présente ou future.

peu.

mission de recrutement comportant plusieurs sièges. u Et ainsi s'établit un courant régulier entre les territoires du Nord et le Haut-Katanga industriel. n Attirés par de meilleureJ conditions de vie inhérentes aux plus lauts salaires payés, toute une partie de cet-te popu-lation laborieuse finit progressivement Par se stabiliser dans les centres industriels. du rail jusqu'à Port Francqui, le Kasaï " Après I'ouverture lui-même tenu à l'êcart jusqu'alors fit des apports incessants à ces mêmes centres. A telle enseigne qu'actuellement, dans de nombreux secteurs des villes industrielles du Haut-

A

estrme

; bù. .onfirr,r" que le Haut-Katanga n'était qu'un désert lors de I'arrir'ée des Blancs et qu'il n'y avait que quelque cinq cents famiiles indigènes végétant dans le plus sombre dénuemcnt et vouées aux famines périodiques. " Ceci uniquement pour affirmer le droit imprescriptible des Blancs-à poursuivre la mission de civilisation qu'ils ont si vaillamment entamée, en apportant au pays la fin des razzias arabes et des luttes internes. n ,&

L'Union Congolaise va, sous la signature de son président, Gabriel Kitenge, publier une critique-exhaustive, particulièrement lucide, des positions de I'Ucol et de I'Union Katangaise (13)

-

:

En constatant la différence de climat qui existe entre le Flaut-Katanga et le Bas-Katanga, la différence ethnographique et écànomique entre Blancs et Noirs, vivant même io.ti l. même climat, il faudrait déduire, par voie de conséquence, qu'il faudra au sein même du Katanga, créer au môi.ts deux Etats fédérés : soit un pour le HautKatanga et un deuxième pour le Bas-Katanga' soit une fédéraiion pour ia région'économiquement forte et Llne autre pour le reste. ??? " A quoi cela nous mènerait-il Il eit écrit dans le même article que I'Union Katangaise ,.

"

(12) . Essor du Congo o du 6 aoôt 195t' (13) . Essor du Congo ' du 9 aoôt 1958. 105


s'entretiendra avec les personnalités suivantes, dans l'ordre: M. Jules Cousin, àdministrateur de I'U.M.H.K. et président du comité local de cette société. Une délégation de I'Ucol conduite par MM. Jacquerye,

se veut de peuplement pour toutes les régions salubres, non pâs pour dominer le Noir, mais bien pour collaborer avec lui.." " En quoi consiste ce peuplement ? Certains de vos membres m'ont affirmé qu'il 1'agit bien d'un peuplement de Blancs. Alors si toutes les régions salubreJ du Katanga sont occupées par les Blancs, les Noirs seront forcément obligés d'habiter dans les régions moins salubres. A quoi cela nous mènerait-il ? Quelle différence y aurait-il avec la politique de nos voisins du Sud ou du'Kenya ? Pourrait-il y avoir sincèrement une collaboration possible avec le Noir dans une pareille politique ? ,' L'tlnion Katangaise veut des garnisons métropolitaines dans nos villes. Pour combattre quels ennemis ?

Franchimont et Thyssens. Le orésident de la Chambre de Commerce. DoÀ Cornelis, le futur archevêque d'Elisabethville. M. Valeffe, administrateur-directeur de I'U.M.H.K. Le secrétaire belge de la Centrale des Syndicats chrétiens. M. Isaac Kalonji, président provincial de I'A.C.M.A'F. Une délégation de l'U.P.A.K. composée de MM. de lVasseige et Dalliers.

Un ecclésiastique. M. Marthoz (de I'U.M.H.K.). M. Raphaël Bintu, secrétaire local de la F.G.T.B.

M. Courcelles, dirécteur du journal n Katanga ,n. M. Gabriel Kitenge, président de l'Union Congolaise. M. Mbelo. M. Tshiteya, rédacteur du journal . Notre Opinion ". M. Dubuisson, recteur de l'Université de Liège (14).

Si l'Union Katangaise trouve que le Congo est trop vaste

" pour être administré sainement à partir d'un pouvoir

central de Kalina, on pourrait suggéier alors que le pays soit divisé en trois grands territoires ayant chacun à sa tête un vice-gouverneur général qui aurait des pouvoirs très étendus et bien définis, mais hiérarchiquement subordonné au gouverneur général. Cela nous- mènerait à la décentralisation et pas au fédéralisme. " Ainsi le Katanga minier se réunirait avec le Kasaï pour n'en faire qu'un territoire au sein du Congo. ,, Poar qwels bwts les quelques centaines de Belges de I'Union Katdngaise veulent-ils s'enfermer dans le Katanga autonorne et abandonner les autres fils de Ia Belgiqie, cbacun pour sa province ? .. " Le plus fort est que ces mêmes Belges katangais veulent considérer les ressortissants autocbtones congolais" des autres proztinces, corwr?e étrangers au Katanga. On se dernande swr quelle logique ils basent leur prétention de katangais d.' adoption.

' i.ftur'rà"r, Blancs et Noirs, Katangais, Kinois, de n'importe quelle province nous sentons le besoin de nous unir pour faire du Congo an peuple cinilisé où chacun travaillera dans la paix et la justice. , Qu'une confiance réelle règne entre tous ses habitants sans distinction de race, de*couleur ou de tribu. Lorsque 106

le ministre pétilion viendra à Elisabethville, il

L'avocat Rubbens.

,|ê,

Les bourgmestres noirs des communes africaines d'E'ville. Une délégation de l'Union Katangaise, conduite Par

IE

fi,

$

MM. Elleboudt, Laroche et GaYage. M. Delaruelle, bourgmestre de la commune d'E'ville.

i

Le professeur René Clemens (15). Deux délégués de I'A.P.I.C. et trois délégués de Lovania. Malgré le manque total d'objectivité dans l'établissement de cette l-iste d'interlocuteurs et l'écrasante disproportion entre les partisans des thèses des colons et leurs adversaires, le ministre ?encontra chez ses interlocuteurs noirs, non seulement d'Elisabethville mais du Congo tout entier, une opposition si résolue, si farouche aux projets de l'Ucol-Union Katangaise, qu'il estima nécessaire, au môment de quitter E'ville de faire une déclaration formelle en vue d'apaiser l'opinion noire (16) : indigènes qui, " Je dis nettement - à l'intention des

l!

la

r

I

(14) ... donr on sait le soutien sécession de

M.

qu'il apportera,

avec plusicurs dc ses professeurs, à

Tshombe.

(15) Professeur aux Universités de Lièce et d'Elisabethville. Il scra I'un des conseillers les'pius pernicieux de M. Tshombe jusqu'aur dernières hcures de la séccssioa et plur tard encàre lôrsque Tshombe deviendra Prcmier Ministrc du Congo. (16) . Essor du Congo du 20 aott 1958.

'

10?


tant à Stanleyville, à Bukavu qu'à Elisabethville m'ont

demandé de faire à cet égard une-déclaration qu'il n'est pes_question de susciter, dès à présenr, ni un- féâéralisme quelconque, ni une autonomie- profonde entre les provlnces. u

* Le comité de I'Union Katangaise fera, dès ce momenr, de grands efforts pour rallier les rioirs du Éatanga à sa polii tique. Il convoque à une réunion tenue en l'hôtil Elisa6eth, -1958, le 9 .septembre les dirigeants de l'Union Katangaise ei un observateur de l'Ucol, les -bourgmestres et des porte"-parole de I'Union Congolaise, des représe"nranrs congolaii de diverses ethnies.

" Il semblerait, dit le communiqué (17) que l'on s'achemine tout doucement vers la formâtion de- groupements qui seraient olrverts à tous, Blancs et Noirs, et -qui seraient -Karanga.

donc réellement représentatifs des intérêts du u Mais ce n'est pas encore à ce moment que les colons blancs parviendront à m.ettre sotrs leur coupe dei traltres congolais pour les associer à leur politique. Nôtrs savons, en effet] que même, en mars 1.959,\e Cbnakai et son présid.nt, M. Codeîrôid Munongo, qui_sera poLrrrant, quelques nois plus tard, I'un des chefs de file de la trahison, nè pensaient e.icore qu'au Congo uni et n'envisageaient,pas de pouvoir participer, avèc les blanàs. à une entreprise de séparatisme. II .faudra pog-r -cela que les colons aient poussé plus ioin .leur politique de division entre les Katangais roi-diruni aurhentiques et les autres et leur flirt avec les cËefs coutumiers er que l'Union Minière ait mis à la disposition des dirigeants t.aîties de la Conakar ses ressources illimitées.

'-\ N'ayant pas rencontré, nous l'avons vu, un écho favorable à leur thèse chez le ministre Pétillon lors de son Dassase Dar E'ville, les.gens de_l'Ucol reviendronr à la charge â nr,i*"fl"r. Le pré.sident de I'Ucol, Me Humblé er son "vice-président. M. -Onckelinckx, seront reçus en audience par le ministre en

avril

1958.

C'est pe-u après, on le.sait, que les dirigeants de l,Ucol, pour camoufler le véritable but de-leur actionl changeront leur (17)

108

.

Essor du Congo > du 11 septembrc 1958.

titre, un peu trop significatif pour les noirs, d'. Union pour la , en celui plus acceptable, d'. Union pour la Collaboration des Classes Moyennes au Katanga '.

Colonisation

f-

Mais, bien vite, le ministre " technicien M. Petillon â des ' difficultés politiques en Métropole, et cela précisément à propos du Katanga dont le gouverneur, M. Paelinck prend sa retraite. Les catholiques flamands souhaitent qu'il soit remplacé par M. Spitaels. M. Petillon ne veut pas de M. Spitaels. Les colons katangais non plus. " On sait en tout cas que l'opinion katangaise, dans son ensemble, écrit l'" Essor du Congo (18), n'est pas favo" rable à la nomination de M. Spitaels, étranger à la province... alors qu'il nous faut une personnalité très bien au fait de nos très difficiles et délicats problèmes et qui rallierait, autour de son nom, l'adhésion de la grande majorité des Katangais. " Inutile de dire que les u Katangais ,, les blancs du Katanga ont leur candidat. Ce n'est un secret pour personne qu'ils souhaitent voir revenir à Elisabethville, M. André Schôller qui a été commissaire provincial au Katanga de juillet 1952 à fin 1953 et qui, en tant que gouyerneur de la Province Orientale a fait, à Stanleyville, certaines déclarations favorables à la décentralisation, première étape, à leurs yeux, vers l'autonomie et le fédéralisme.

'fMais voilà leur ministre " technicien 'r, M. Petillon, menacé de disparaître. Aussitôt " le Katanga, écrit l',,Essor du Congo" (19), réagit. contre l'éventuel effacement de M. Petillon et son remplacement par une personnalité politique. u Malgré des télégrammes de l'Ucol et de I'Union Katangaise, M. Van Hemelryck est nommé ministre des Colonies et li porte-parole des colons, Marc Mikolajczak, proteste contre cetie nomination du sénateur catholique flamand qui ne sera j:rmais populaire au Katanga et au Kivu. Les gens de l'Ucol-Union Katangaise vont pourtant connaltre, quelques jours plus tard, une double satisfaction. (18) ... du 29 acrobrc 1958. (19) ... du 5 novembre 1958. 109


M. Schôller, qui a été, fin juillet 1958, nommé vicegouverneur gênéral du Congo, est nommé, le 23 novembre 1958, gouverneur de la province du Katanga Voilà donc nommé I'homme qu'ils souhaitaient : . un ardent défenseur des prérogatives provinciales. Il saura, nous l'espérons, faire contrepoids aux tendances centralisatrices, trop à I'honneur à Léopoldville rr, avait-on écrit lors de sa nomination en qualité de vice-gouverneur général (20).

L'" Essor du Congo o illumine. Sous Ia signature de M.M. (21) on peut lire : " La nomination de M. Schôller est la décision la plus heureuse que le Katanga ait connue depuis longtemps. Il s'en trouvera réconforté. rt

conscients du succès qu'ils. vtfnngnt

{e remporrer et qui leur Petillon. M. Marc Mikolajczak réagit avec vigueur à l,intervention du mouvement de M. Patriceiumumba"(23) : " A chacun ses affaires et le Congo s,en.portera. d'autant mieux. Nous sommes convatncus que l-rnltlattve tntemDesfait oublier l'élimination de M.

tive du M.N.C. sera sévèrement jùgée par les popul"iion, ' " katangaises.

,,

,.-..Apr! pour la Joyeuse Entrée de M. Schôller, les blancs d'Elisabethville vont-ils organiser une réceptior, âorrt on ," souviendra. Ils donnent coÀgé à leur persorinel noir ., Ëi"n" pour qu'il y ait beaucoup dà monde dans les rues : * LJne foule nombreuse comme il n'y en a jamais eu pour recevoir un gouverneur au Katanga' (24).

.{ Mouvement National Congolais Pour la première fois, le "(M.N.C.) de Patrice Lumumba va s'occuper du Katanga. Ce mouvement comprend à cette époque en dehors du futur premier ministre congolais, la plupart des futurs leaders politiques, Albert Kalonji, Nguvulu, Diomi, Ngalula, Adoula, etc...

Avec une lucidité qui l'honore, ce jeune parti politique, qui a inscrit à son programme I'unité du Congo, va protester contre Ia nomination de M. Schôller au Katanga et réclamer l'annulation de cette nomination. Il a perçu le danger que représente cet homme qui 1a jouer,', dans la préparation de le capital et le dè la sécession, un rôle un vice-gouverneur général à la danger atrssi, atrssi. de voir placer un atrssi, tête d'une province dont les maitres blancs exigent qu'elle devienne autonome. Le M.N.C. craint que <.cette désignation ne conduise au rétablissement d'un vice-gouvernement au Katanga (22). r, Le M.N.C. sait qu'il s'agit là d'une des revendications immédiates de I'Union Katangaise et de I'Ucol. Bien que cette sâtisfaction ait été donnée hypocritemerri en deux étapes, par l'envoi au Katanga d'un homrne qui est déjà aice-gouverneu.r général, les colons dw Katanga sont très

A la fin de l'année 1958, les gens de l,Ucol-Union Katanont obtenu .un seul résultat I ih rorrt p"r.,r"r,ur- à ;;;ir* Ies Katangais prétenduement autochtor,., .ôntr" È, t -r*r"-i, " importés o. Il y a eu, en ocrobre, des incident, ,"gr"ttrËl.r. A.la suite des-campagnes de I'Union Katangaise, lËs Baluba originaires du Kasaï ou même du Nord de là province com_ mencent à craindre que le droit à leur présenc",u, l"-rol katangais leur soit u' jour conresré, que làur .*irt""l" -e-. soir un jour en péril (25). gaise

Katangais dits " authentiques, r,, excirés par les blancs, ,Les se plargnalent de ne polnt occuper, dans ]es assemblées élues. les places auxquelles ils estimaieni avoir droit d'un m,auvais æil que. les Baluba occupenr,",dani l,ensemble, les mellleurs emplors dans les secreurs public et privé. . Cette opposition avait êté suscitée, provoquée, attisée par Ies blancs.

";t;i"";;t;;

.

Elle allait conduire à l'éclatement de la Conakat

'

du 31 iuillet

1958.

(21) Essor du Congo o du 24 novenbre 1958. " (22) " Libre Belgique n du 28 novembre 1958.

oui.

rappelons-le, rassemblait jusque là la pluparr d", "rr*i"Uà"i ethniques, y compris.la Balubakat. Et l^,éclàte-""t a" U ôâi"_ kat était.une étape.nécessaire-aux yeux des blancs qui voulaient assocler a leur pohtlque les Katangais d,origine et les opposer (23)

(24) (20) . Essor du Congo

"'

" Essor du Congo r du 26 novembre 1958. . Essor du Congo du 2 décembre 1958. "

Leurs craintes -brimés (25) et.malrraités de

M,

Tsbombe.

n'étaient pas vaines, puisque, pendant

de toutes les manières,

la

sécession,

p". l,ti uuïons'o,';Ë;;;;i;i;;

ils

furenr

d; Irrtîil;

111


aux autres pour poursuivre, avec ertx' une politique " spécifiouement. authentiquement katangaise'. ' Il fâlhit doni que la BalubJkat, cette association de faux Katangais, au" yeui de M. Gavage, se sépare des dirigeants lunda ét bayeke de la Conakat, Pour qu'on puisse enfin gagner ceux-ci à la politique de blancs de l'Union Katangaise. Pour se rendre compte de ce que la politique de division était en bonne voie, il- suffit de savoir que M. Munongo, président de la Conakat, prenant la parole, le 21 septembre ipSg, à la manifestation en I'honneur du vice-gouverneur Schôller. avait demandé aux autoriÉs de (26) "sénéial ureconnaîtie la primauté des intérêts des autochtones authentiques

'

alors qu'au cours de la même réunion, M. Luzau, président de la Èedeka avait, devant le nouveau gouverneur' dénoncé la manæuvre (27) ., Pour exciter de plus en plus nos frères de race contre nous, on leur dit que nous sommes ici au Katanga Pour les dominer et que, s'ils ne s'organisaient Pas' toutes les places de commande leur échapperaient définitivement ?zst. Or. les élections étaient chose nouvelle pour nous ioui, *"it les gens du Kasaï se sont précipités nombreux en premier.lieù, comme.ils. le f.ont toujours, même,pour courlr un rlsque. C'est ainsi qu'ils ont eu la majorité aux Conseils. Ces ïotes n'étaient pas influencés par un élément tribal. Depuis les dernières élections, gst 1é l'antagonisme aDDarent entre les ressortissants dits du Kasaï et les res,ôitist"t ts de la province du Katanga, division basée sur la simple organisation administrative' sans que co{rlPte solt t.rr,, â., reiations de parenté, de voisinage et d'échange et social même qui nous unissent. économique 'cette division, il èxiste une autre, celle qui Outre 'eneendre dans nos communes les arrestations, des perquisitÏons domiciliaires, des emprisonnements et des refoulements en milieu coutumier, sans que les dénonciateurs soient connus et aient comParu aveè les inculpés... " Parce que, dès ce moment,-.dès. le,s- inciden* d'octobre, c'était.orrtrô lés . ressortissants dits du Kasaï ' que l'on sévissait unilatéralement. z

(26)

.

23 déccmbre 1958. ' du du 3 janvier 1959. ' (28) Exactemcnr." qu" I'on-.ii;nieia a.x Lutua Congo

tard pour'les dresscr contrè les

rt2

Baluba.

la

Fedeka

la voie du séparatisme. A la manifestation cn I'honneur dc M. Schôller, M. Mudans un discours aussitôt traduit en kiswahili nongo, - en effet, par M. Joseph Kiwele, déclarait encore expressément, le 21 décembre 1958 : . Nous ne somrnes pas séparatistes. Nous voulons, je le répète, que le Katanga occupe la place qui lui revient de droit dans le Congo de dernain. u Le Katangct ne neut pas d'impérialistes de tous poils, de racistes rétrogrades, il ne veut pas davantage, sïr

Iéchelle Congo, de politique spécit'iqaement "hatangai.se" que certdi:nes gens veulent écbaf auder. ,, L'on ne pouvait repousser plus nettement le chant des

sirènes.

La lucidité de M. Godefroid Munongo à cette époque, la parfaite conscience qu'il avait de la portée véritable de la

politique de l'Ucol-Union Katangaise rendent plus inexcusable er plus odieuse la trahison qu'il va bientôt commettre.

fPendant ce temps, à Léopoldville, Patrice Lumumba, retour de la Conférence du Rassemblement des Peuples Africains, qui s'est tenue à Accra du 5 au 14 décembre 1958, parle, le 28 décembre 1958, au premier meeting organisé par le Mouvement National Congolais (29). Faisant rapport sur le rassemblement africain auquel il . Présence Congolaise ', 3 janvier 1959. Ce discours est reproduit dans Congo CRISP, 2. édition, pp. 28 et suiv. Le texte intégral en est publié danr . Ls Pcnsée polirique dc Patrice Lumirmba'- recueil de ccs discouri édtté pariPrécencc Africrinct (Paris), p, 13. (29)

Essor du Congo

iZz) . Esot du

Avec beaucoup de courage, le président de

dénonçait cette politique devant M. Schôller. Le processus allait malheureusement s'amplifier sous son règne. Ainsi donc, ce point là de la politique de M. Gavage et des siens était acquis : Katangais < authentiques ) et Katangais " importés " étaient opposés les uns aux autres, s'affrontaient déjà-et s'affronteraient de plus en plus. Mais en dehors de ce point, I'Ucol-Union Katangaise n'avait rien obtenu. Elle n'avait pas, fin 1958, pu associer des noirs à sa politique de blancs. Même ceux à qui elle avait inoculé le complexe du Katangais authentique n'étaient pas prêts, en ce moment, à s'engager dans

1959

de Luluabourg quelqucs mois plur

di

113


vient de participer, il signale qu'une commission a été constituée ponr étudrer : " la question du tribalisme er du séparatisme religieux, qui constituenr aussi des ferments de âivision sur leiouels s'appuyent avantageusement les colonialistes poo, *i.u* asseoir leur domination. ,' La situation des institutions traditionnelles sous la domination coloniale et dans la société dérnocratique

libre (30). , le surplus, sur Patrice Lumumba pose le problème de l'indépendance dans sa vraie lumière, cellË qui éclâirera encore son discours de réponse au Roi des Belges; le 30 juin 1960 t u Le Mouvement National Congolais d'inspiration typique-la ment africaine a pour but foidamental libéraiiàn'du peyple congolais du régime colonialiste er son accession à I'indépendance. Pour. Pour .

; iilr'rrorrlorm dire adieu à l'ancien

réeime. ce réeime

d'assujettissement qui prive les narionaux îe lâ jouissince des. droits politiques reconnus à toute p".to.rtr" humaine

et à tout citoyen libre.

Congo déterminera librement les rapports qui le lieront à Ia Belgique. n.Nous voulons nous.-libérer pour collaborer avec la Bel_ gique dans Ia liberté, I'ég.a\ité"1]" aidi. ta colraboration n'esr pas possible dâr,, j"s ,"pp*À^i" ,ï;erior,.

L"i n"f!"r,

1 nueronr

comme

Nous woulons que notre pays, notre grand pays ait une physionomie, physionomie d'un peuple libre, autre physign9ryie, I heureux, reux, dégagé de l'inquiétude, de la peur-er et âe de to toute domination colonialiste. tr Dâns une motion que nous avons adressée au ministre du Congo à Bruxellei, nous ayons insisté sur le fait oue le Congo ne peut plus être considéré comme une colonie ni d'exploitation, ni de peuplernent et que son accession

à l'indépendance était la èonàition sine qua non de la paix.

âutres habirants érrangers, conri_

" L'indépendance que.nous réclamons... ne doit pas... être considérée.par la Belgiqu" .oÀÀ"^rî;;â;" mais bien au

Jtft;;i;d;;'i"

rËpr;

,"gr"rrorr, (la) .tendance qui considère

comme

de

Ialouissa";.

::::11i? avart il"'_l*i,perdu. congolals

:y:1

: ii:ï,,"1;,1-_.!.,g;"'rdii,l"ii,Xiiii::ï'diffi tes injustice, t", fi"ï;r;;";#^;"",ipt"ii i:

!1i"" hme. >

",

Et ceci qui

désienerait- très rapidement patrice Lumumba comme l'ennemi oubïi9 no.1 aux .àlor,r-bi"rr., du Katansa et aux traitres noirs

qu'ils

,

ro^us

à résider au Congo.

( L .trrar congolars

"ttd"* s"Ë;;"f,i"r,

solde

:

sera basé sur l,égalité, -'---' la solidarité et Ia

ira_rernité de tous les Congolair.

poarqaoi notre _moùvement s,opposera toujours, de lorces.à la balbanisation àL- rcrritoiri'iiiiài.t sous quelque prétexte que ce ,o;i çl-i1. >,

C'.est

toutes

ses

ô'it'"*rr",

' qui pensent .ce pouvoir assurer la p&ennité d; ,égi;J a" ,rigil"il,'îàr, ne pouvons que le regretter... ,, en

momenr, des Européens

n Le peuple congolais a droit à son indépendance au même titre que les aurres peuples du globe. C'ôst un droit fondamen mental, naturel aturel et sacré qu'aucune doctrine ne peut oeut lui lrri disputer, aucune_puissance tucune puissance iui lui arracher. arracher. C'est C'esr égaleiment ésalÀcnt en .rt vertu de ce droii qu'il décidera lui-même des"limitarions

de détail à consentii dans I'exercice de I'indéDendance. pour son propre bien, pour celui de ses membres ou celui dÉ'torrt I'ensemble humain. C'est aussi en vertu de ce droit que le (30) Ce sont préciséément les delx atouts dont se servcnr les colons blancs du plus en ftur,-"u'.;;;ï;l;;";é;;îii.;;T'i;.;: a ir_dont et dont ils vont sc servrr, Katanga servlr. de plur.n olus- au cours de I'arn/e n.i -;.-' , i;--. cerbanon d'un anragouisme tribal qu'ils onr fair naître et le gonflage, eonflaeË, artificipl artificiel dpq des chefs coutumiers.

"

*,,ot'"'àil.îiô$:'j;"f 'ïîïï:i3i."i,"if tïliï'i"1,îi"fl"r;"Llxî,:11.:i,ïX.^;.*.

114 115


L'EXPLOSION DU 4 JANVIER 1959

A LÉOPOTDVILLE ET SES RÉPEBGU$SIONS

AU KATANGA


L'année 1959 s'ouvre sur I'explosion de colère populaire

du 4 janvier, à Léopoldville. Il ne nous appartienr pâs d'en relater, dans le cadre du présent ouyrage, les circonstances et la portée. Au premier abord, à Elisabethville, on cherche à minimiser l'événement. Le soulèvement de tout un peuple, la fusillade qui a fait des dizaines certâins disent des centaines de --pour - " du 5 janvier morts, l'" Essor du Congo 1959 en parle, la première fois, en bas de page, sous le titre : " Incidents sérieux à Léopoldville "

et les qualifie d'" échauffourées ". Le " psulqroi Pas ? ' (1) de MM. Davister et Perâya ne voit dans ces " incidents > que le prétexte à une répression qui n'a que trop ardé; . Par ailleurs, I'Administration d'Afrique, à certaines exceptions près, a trop fréquemmenc fait preuve, vis-à-vis de certains excès des meneurs nationalistes, cependant visibles, d'une mollesse qui n'a cessé d'inquiéter ceux qui savaient que le feu rougeoyait toujours plus violemment sous

" b'if

la

cendre.

'rtt,

trouvé à Léo un Kasavubu er un Kanza, s'il

s'est trouvé des aigris, des fanatiques et des écervelés, il s'en est heureusement trouvé d'autres plus fidèles interprètes de la quasi totalité de la population congolaise.

"

Les colons blancs d'E'ville ont compris que maintenant pour eux, I'heure presse. Ils mettront les bouchées doubles. Ils (1) ... de janvier

1959, cité

par CRISP Congo

1959,

p.

38

119


y

mettront aussi Ie prix. Et dans quelques semaines, ils auront leurs nègres : traltres et chefs coutumiers, " les fidèles interprètes de la population congolaise, bien en mains. " **

En Métropole, on est convaincu qu'il faut hâter le proLe 13 janvier, le Roi des Belges lance un message sur les ondes et le gouvernement belge fait une déclaration. ll y a plus qu'une nuance entre les deux textes. Si le gouvernement est formel et doit enlever tout espoir aux séparatistes katangais (qui, à ce moment, nous l'avons vu, sont cessus.

uniquement des blancs), lorsqu'il déclare (2) : " Septante-cinq ans de collaboration entre populations blanche et noire ont assuré l'unité du Congo " le message royal reprend en filigrane certains thèmes chers à l'Ucol-Union Katangaise et permet la survie de certaines espérances

:

" Au

loin d'imposer à

ces populations des solutions toutes européennes, nous entendons favoriser des adaptations originales, répondant aux caractères propres et aux traditions qui leur sont chers. A cet égard, une large décentralisation, conjuguée avec une extension rapide du système électoral et I'abandon de toute discrimination entre Noirs et Blancs, permettra de hâter et de d,iversifier l'êpanoaissement des régions, selon leurs particwlarités géographiques, culturelles, raciques ainsi que leur dêzteloppedemeurant,

Tnent économiqwe,

,

Les o particularités géographieu€s >, cela sonne un peu comme le climat, les régions d'exploitation et de peuplement; le " développement économique r', cela pourrait bien viser le Katanga, et MM. Gavage, Humblé, Onckelinckx n'ont pas dt entendre d'une si mauvaise oreille le message du souverain à qui ils rêvent, depuis L956, d'offrir la couronne de I'Etat Indépendant du Katanga... *

L'union Katangaise ,r" ,irlr.r" pas au nouveau ministre la réflexion. Dès le 24 janvier, elle lui adresse une délégation et un memorandum. Au chapitre 6 des Colonies le temps de

de ce document,

il

est question de

120

1153

à

1156.

été évoquée.

o

Le ministre Van Hemelryck allait adresser à l'association des blancs du Katanga la réponse qu'elle méritait, bien dans sa manière, nette et sèche : o Il est fort .possibls g.u" M. Buisseret ait eu une telle intention, mais je dois dire que j'en ignore tout, le gouvernement belge n'en ayant jamais été saisi. " Ce ministre belge demeurera jusqu'au bout fidèle à l'unité du Congo. C'est, on le sait, en partie son manque de souplesse dans ce dornaine qui lui a valu I'hosdlité de la Cour et son éviction du gouvernement. Le 9 mars 7959, notamment, le ministre Van Hemelryck la motive (3) : . Comment pourrait-on espérer qu'une région du Congo, quelle qu'elle soit, puisse devenir un pays prospère en s'isolant du reste du pays ? Qui ne voir au surplus qu'un pas dans ce sens risquerait d'en amener d'autres et que pour finir au lieu de former un Congo riche et puissant, nous aboutirons à une mosaïque de petits Etats (4). Et cela alors que le Congo, grâce à ses richesses humaines et naturelles, grâce à ses régions économiques complémentaires, a tout en mains pour devenir un des plus grands pays de l'Afrique ? Et cela alors que le monde, dépassant les

précise son opinion et

l'

(2) Voir tertc intégral du message royal et dc la déclaration gouvernementole notammcnr dans . La Criic Congolaise i, Institut Roycl des Rclations Intcrnationrlcr,

pp.

Accession du Congo à Ia qualitê d'Etat indépendant. ne discutons pas de la nécessité d'amener le pays Nous ', à ce stade. Mais nous pouvons poser la question de savoir et qui ne le fut que dans si un Etat congolais unifié le chef de la Belgique ne-sera pas soumis, dès la cessation de l'autorité belge,- à des phénomènes d'éclatement ou encore à des manæuvres qui auraient pour résultat de favoriser l'installation d'un régime dictatorial. Buisseret dans " Si nous sommes bien informés, le ministre les derniers temps de son mandat à la Place Royale avait décrêté que le. Congo pourrait être divisé en. grands terriqui auraient bénéficié toires -_ trois, croyons-nous autonome. Notrs d'une administration propre pratiquement serions heureux de savoir pourquoi cette formule, qui eut pu donner satisfaction à tous, Noirs et Blancs, n'a plus

"

(3) Voir le texte intégrel de la déclaration dans Congo 1959, CRISP, p. 99, (4) Ce qui s'est passé, à la suite de la sécession katangaise et du " fédéralisme auquel a sacrifié le gouvcrnement Adoula-Kamitatu, démontrc la justesse des vucs du' ministre. Patricc Lumumba érait véritablement obsédé par I'idée de maintenir l'unité du Congo,

Il y a sacrifié

sa vic.

121


rl pas conforme à ses væux, * invente-n les chefs -pour- retarder, possible, le processus de I'indépendance. L'Union Katangaise

conceptions périmées d'un étroit nationalisme, s'organise

pour survrvre sur la base de grands -etlsembles politicoêconomiques... Porter atteinte à I'unité du Congo maintenant, ce ierait faillir à nos devoirs essendels à l'égard de ses treize miilions d'habitants. Les descendants de ceux qui, dans certaines régions, y songent peut-être, seraient, plus tard, les premiers à nous le reprocher. , f,*

L'opinion du ministre est, à cette {poqu-", p.artagée par tous l'Abako qui s'était sentie isolée lorsqu'elle fut, seile, l'objàt de la brutâle répression par le Paroïet de Léopoldville des évenements du 4 ianvier, ayaît précbnisé la constitution immédiate d'un Etat' autonome du ^Congo Central englobant les Bakongo, c'est un journal d'Elisabeihvillc, un des"rares iournaux aui mains des Congolais (5), qui lui fera la leçon soui le titre : . Nier la vocation unitaire du.Congo.... Quèlle aberration !' et sous la signature C'K., ecrlra: . Certes nous ne nous opposons pas à la thèse "fédéraliste" est préconisée... c'est-à-dire à partir des mais telle qu'elle 'etbniqaes,elle constitue un danger- que les ensembles Bakongo dans leùr aveuglement n'apprécient Pas à sa juste Ies noirs-du Katanga. Bien plus,

valeur.

deviendrait le Congo si aujourd'hui chaque tribu, ' Que -ré.la-"ttt d'être histoiiquement une grande ethnie, r"

constituait un Etat à part ? D'abord cela nous conduirait à nouveau aux confliis tribaux et le partage du pays ne serait que fort arbitraire. Si nous voulons former des Etats fédéralistes, formons-les sur la base de contingences éco-

nomiques qu'égôisnte

et non pas sryr l'élém.ent tribal qui

n'est

et généràteur de rtues étriquées., -:--

Ce sont des blancs, toujours et uniquement des blancs, qui,

à ce moment, veulent * regonfler " le mythe des chefs coutumiers et pousser au fédéralisme' L'Ucol n'ayant pas vu, comme elle l'espérait, les- noirs adhérer à son parti qu;elle voulait interracial : .. l'IJnion Katanpt"is"tttunt que I'indépendance ne serâ sans doute gaise u

"t

(5)

L22

.

Katenga

'

de mars 1959.

ii

éciit (e) qu'ii faut

-se

préoccuper davantage des milieux'coutumiers qui ne sont Pas intéressés par I'indépendance

#,

absolument

:

. Il y a plusieurs mois déjà et à maintes

reprises, -nous

avoni signalé à l'attention de nos gouvernants que la large majoritdde la population se souciiit plus de la tranquillité et âu pain quotidien que de l'obtention de certaines satisfactioris pofitiqu"t, en matière d'aspiration à l'indépendance notamment. > Ce sera le thème d'une série d'articles du sénateur Joseph Pholien dans u La Libre Belgique u.

Et M. Paul Coppens, ancien colonial et professeur à l'Université de Louvain, dans un article intitulé " L'Enjeu congolais et les Marchands du Temple (7),le développera à son " prêtant à un * chef èouttrmier n des propos d'une iout "n platitude difficile à êgaIer. Il raconte qu'il a reçu la visite . d'un chef indigène tnutetela, authentique (8) celui-là'-(...) qui, (...) venait nous supplier de,crier aux Belges le fond de sa pensée et de son cæur, l'expression unanime des aspirations des onze millions d'autochtones de l'intériewr. Il-nous disait : . ... Nous voulons sauver la paix et l'ordre que vous nous avez apportés. Pour l'amour du ciel, que les Éelges marchent droii-leur chemin ainsi qu'ils l'ont tracé. Qurils fermcnt énergiquement leurs oreilles aux voix des fàuteurs de troublei ét n'écoutent ni les Kasavubu, que nous ne connaissons pas, qui n'ont pas le droit de parler en notre nom, ni des Patrièe Lumumba, aux mains pleines de bière (9) et que nous répudions.. Nous avons besoin de vous, autattt qûe vous avei besoin de nous. Nous devons donc vivre ensemble en bonne intelligence. ,, Et paisqw'il est question d'i.ndépendance, qu'elle..nous advienne,-pwisqw'il le t'aut, mais sans hâte et de prét'érence après rna rnori. De towte façon, elle ne ponrra nou.s détacher de notre Roi Bawd,owin. Tous, nows ttoulons qwe ,roi des Belges, Il deaienne également Ie roi d'es Congolais. , Les geni de I'Ucol reçoivent les mêmes soutiens métropo(6) . Essor du Congo " du 2 mars 1959. (7) . Librc Belggique du 21 mai 1959' ' affectionnent, on le voir- I'adjectif aurhentique (8i Ces milieui-d"ultras '. - " isi Allusiot au fait que Patrice Lumumba a exe,ié pendant quelques tcmps à Léo' poldvilÎe lcs foncrions de diicctcur commercial d'une brasserie. 123


litains dans leur campagne pour le fédéralisme. Ils sont même épaulés par une personnalité socialiste (10), M. Jean-Pierre Paulus, dont les prises de position ne s'expliquent que parce qu'il fait martie du Conseil d'administration de I'Union Minière du Haut-Katanga, dont on connait la puissance au Katanga ct l'intérêt qu'elle pensait avoir à un Katanga autonome qui deviendrait plus que jamais son fief exclusif (1t). " Jl n'y a pas un Congo; il y en a plusieurs, totalement étrangers les uns âux autres... > pour maintenir fermement la rnission démocratique que la Belgique à assumée au cceur de I'Afrique tout en l'orientant vers I'autonomie, comme c'esc un devoir unanimement reconnu, il paralt évident qu'en présence des différences fondarnentales de base, qu'elles soient ethniques, économiques et clinzatiques, nn système de fédération con-

golaise soit le plus apte

à maintenir la paix interribale

qui d'abord, à satisfaire les revendications politiques et ne seront jamais justifiées que sur le plan régionalamener la décentralisation effective, qui permettra à-chacun des futurs pays de b fédération congolaise d'accéder à I'autonomie démocratique dans le cadre de sa liberté linguistique, de ses traditions raciales, de ses conceptions sociales et de son orientation économique. " Et cet argument de l'antifascisme, qui est bien le plus hypocrite que l'on ait osé avancer à l'appui des thèses des ultra du Katanga : * Pour nous il n'est pas pensable que l'émancipation congolaise puisse être unitaire. Elle aboutirait inévitablement à un crime politique et à l'abandon de notre mission Il n'esr pas lc seul socialiste quc des intérêts congolais trop puissanrs ont fait désavouC par son parti pour ses posisujet dcs problèmes congolais, a adhéré à un parti d'extrêmc-droitc et fascisant. tions au (11) M. Jcan-Pierre Paulus est également administrateur de la *Gazelec, (la *Complus important trust bclge dc l'électricité, pagnie générale du gaz et de l'électricité ,), le pJus gros inrérêts inisr.atcur dc Carelgaz, âvint inrérêts au Congo, Coneo. adnrinisrrateur Careleaz. de Cometain (Cie iyànt lui-mêmc de eros supéricur ucr der l'étain, r clarDt I'ancienne r aDlrclruË Symetain), Jyurcrarl/r et président inrernationale se rDfernatlonalc de , Prtrrucur de I'Instirut 5sPcrrcur '- Pouv unct Itudos sociales au err Congo. Conso. Son article consolais oaru dans Ie le arricle -o Pour fédéralisme congolais a paru étudcs ' '. rmmêdrâlemeut reProclutt la revue . Terre lerre dd'Europe tl a ètè été immédiarement reproduit 1959 dc ta turope ,. Il numéro dc mars ly59 dans " Dssor du Congo " du 4 avril 1959. Et M. Jean-Pierre Paulus l'a publié par la suire, titre <" Congo Congo 1956-1960 ., dans un :vcc d'autres articles et textes de conférence, sous le titre :vcc ttistc honnt'ur honncur dc de préfacer. livre quc M. Houphouct-Boigny M. Houphoucr-Boigny a eu lc tristc livre -C'est ainsi que lorsquàux herrres môme où I'on préparait lc rransfcrt er l'assassinat Biuxilles pour congratuler le roi des Moïsc Tshombe se rendit à Bruxclles dc Patrice Lumumba, M. Moisc Belges à I'occasion de son mariage, j'un des Bel'ics (avec le député libéral Georges Munplus, _fut_ adminisrateur ct fut précisément M. Jean-Pierrc Paulus, " administrateur delàer) qu'il retrcontra le plus, Jean-Pie_rc Paul_lll, (La Gauche du plaisai: à dire soc-ialiste- M. E. Glinn-e Glinne (!a se plaisair diie cet autre socielisterocialistd oocialiste ' comme sc tô-tt-Éô\ nas'sans intérêtintérêt de rappeler.qu'à raooeler cu'à Ào-"r, M. Tshombe résidait au Ào-.n, io:ii-iol. Il n'est pas'sans "u "" château'de M. Jaclues Dansette, l'un déi administrateurs du Sarma-Congo, propriétairl d'un vrste domainc au Katanga. (10)

mal rourner. Le sénatcur Van Remoortel, une fois

t24

civilisatrice car elle permettrait de créer un fascisme contre lequel nous avons troP combattu Pour envlsaget ,T"g]e

La concentratrol à l{Pgltl":ll: de toûs les pouvoirs économiques d'abord,. admintstrauts enfin permettrait, en elfet' à quelques ensuite, poliiiques ^de s'emparer cles blancs d'ailleurs ou noirs hommes leviers de commande pour établir sur I'ensemble du terrrà ;;i;;-u*- rtiat"t.iii. iéoi"l" qui viserait inévitablement l'esclavase dont des ;;;r;;i'';;;;i; iopulations l"'s une êaste nouvelle de privilégiés- ' iu;l ""ri"tir "Ir"rriïii, Ce vocabula-ire innocemment démocratique mis au.service des intérêts du capitalisme le plus insolent. et des asPirauons ségrégationnistes d-es blancs du Katanga méritalt une mentron le iisque de sa naissance.

spéciale

(12).

/i

G.E.A. reprend la plume et fixe encore une fois la doctrine l'Ucol-Uni6n Katangaise (13) : *de ';À;";rl;"tiitc" ai* n.ig.J, le congo n'a jamais formé

une entité. ne peut (...) en aucun cast se réclamer d'une furent oréexisten"ce d'Eiat unitaire. Si ses divers territoires

, I-. Co*o

;;iiiz; ;;; la puissance civilisatrice, ce le fut uniquement et de pénétration' mais ;;;;": f".itiieî à;"a*inistration proPres des populattons jamais en fonction des aspirations natives.

E

G.E.A. reconnalt I'opposition des noirs au fédéralisme.et .. d;;;;;-"-pli;;ti"" iui tend une.fois de: plus à séduire Ët i<â,"ng"is * a^uthentiquei " et ies " chefs "' dans les régions ayant entamé un début " Généralement telles qu; le Haut-Katanga d'i"âuttii"lisation .et le Bâsmarn-d-æuvre de besoln un répondre-à qui, pour Congo * .Ët.l"îLlie e*paision, -âpp.t durent, au cours des années de 5 d.t t'"""illeurs. originaires de ;;";;Z;i;t fài* Si ces groupes détrrbahsês sont parfois éloignées. iésiô"t -au norïtdlemen.t pltce.rilt, Ie !o,u.' qui opiposés fédéralisn?e oàîr entre les mains des représentants des vër't*?les ndo'-iànt, d.r, Etotr- a'ntonomes, c'est simplement Parce gu'ils antifascile' chcrchcrr vainemcnt plus tard,.sous ia plumc de cr sirlgulier ,tt, a* J" ftÉo-ut, qui pourrant s'appuyera sur ces tatcri'et â ti"""-'"oîa"tt"l"i-ï"-icgi.. -pur qu'étaient les mcrcenaires.. """ l'érat (13) * Essor du Congo ' du 15 avril 1959'

--

126


comportent des éléments avides de

ambitions. u Il expose ensuite une fois de plus les thèses fédéralistes dont l'édifice est couronné par le souverain belge et conclut pâr une menace à peine déguisée : " Que le Parlement belge et le ministre du Congo sachent que cette formule rallie déjà la majorité des suffrages au Katanga et qu'ils agissent en conséquence pour éviter qu'au

jour de l'indépendance totale à un Congo unitaire, dont il a été question, le pays ne se fractionne définitivement et irréversiblement au grand.détriment de ses constituants.

>>

fx Les blancs du Kivu faisaient évidemment écho aux blancs du Katanga. A Bukavu, début février, le ministre Van Flemelryck reçoit les délégations de la Chambre de Commerce, de I'Unaki, de l'Alliance Kivu-Maniema, du Rassemblement Congolais et diverses personnalités, dont le président de la Fedacol, M. De Bève. Tots lui signifient leur opposition à l'idée de I'indépendance impliquant la rupture des liens unissant la Belgique et le Congo. Ce qu'ils veulent, c'est I'autonomie. Ils iejettent le suffrage universel pur et simple. I eur démarche se fait, disent-ils, avec I'accord du grand chef des Lunda (14). Déjà un " appel à la population de Bukavu " du 30 janvier 1959, rédigé par l'avocat R. Piron et signé par les . ultras ', du Kivu avait dit (15) : . Les Européens savent que le suffrage universel, dans ce pays, c'est l'écrasement de leurs droits, leur humiliation ôrganisée étape par étape, leur départ, la ruine de leur effort maintenant séculaire. r' En mai t959, à une réunion du Rassemblement Congolais à Bukavu, après que l'avocat Piron ait condamné le gouvernement belge pour son défaitisme, un autre ., dur rr, M. Met den Ancxt, déclare (16) : (14)

it5i

Lc Mwata Yamvo. beau-père de M. Tshombe. Coneo 1959, CRISP, zn éàition, p. 62, . Remarques

1ls) . Rmarques

Congolaises

n,

1959, no

que le Rassemblement Congolais est en faveur de l'auto-

se créer des places dans

.la nouvelle échelle économique et sociale. S'ils sont aussi parti"sans de aoir saper I'autorité des cbet's traditi.onnels, c'est parce qu'ils ont rompu avec leur milieu coutumier, qui d'ailleurs serait incapable de répondre à leurs larges

Congolaises

1, du 17 février.

,,

1959, no

l,

" interne du pays danÏ le cadre du ,roiri.

fédéralisme et

qu'il n'est pas possible de réaliser quelque chose, sans la

collaboration des milieux ruraux.

>

Quand un ultra parle des " milieux ruraux t ce n'est évidemment pas aux paysans qu'il pense mais aux " chefs coutumiers n. M. Thomas Tshombe, frère de Moïse Tshornbe, va d'ailleurs fonder à Sandoa, avec la bénédiction du Mwata Yamvo, le " Mouvement National pour la Protection du Milieu Rural "' .î.

A

Elisabethville, l'Union Congolaise proclame plus que

iamais ou'elle

'

:

,.tàvaille pour l'union de tous les habitants du Clngo

sans distinction de race, de tribus et de langues (17) " et prend contact avec le M.N.C. de Patrice Lumumba en vue de ionvoquer les partis politiques nouvellement créés au Congo, à tenir leur premier Congrès (18) : < pour examiner la possibilité d'un regroupement de tous les Congolais qui sont décidés à faire par eux-mêmes du Congo un graid, pays indépendant agissant dans l'ordre et par les voies démocratiques. " Le Congrès se tiendra à Luluabourg du 9 av 1,2 avril1959, Il consacrera la volonté unanime des noirs de voir maintenir, dans l'indépendance, l'unité du Congo. Ce point fait l'objet de la troisième résolution approuvée par 41 voix et 6 abstentions. M. Albert Kalonji (19), alors secrétaire général du M.N.C. présidé par Patrice Lumumba, y avait dénoncé avec vigueur (20): " le tribalisme que certains éléments entretiennent dans le seul but d'asseoir leur domination.

" Le premier danger réside dans la tendance à vouloir imposer la balkanisation du territoire national qui pourrait (17) < Essor du Congo " du 16 février 1959. (18) Remarques Congolaises >, 1959, no 10, du 27 avril. "

(19) .,, qui, plus tard, par haine du Premier Ministre, Patrice Lumumba, poussé par une ambirion dévoranre er sous I'influcncc de et avec les fonds mis à sa disposition par la Forminière (seur de l'Union Minière), trahira son idéal unitaire et son pays, en organisant la sécession de la * République Minière du Sud Kasai,, (20) < Remarque Congolaises ", no 10, du 27 avrrl 1959.

t27


entralner la création d'une multirude de petits Etats faibles.

provient des pressions morales que " Le deuxième danger certains Européens iie l{ntérieur exerèent sur /es chefs indigènes, afin de les opposer au moment de l'émancipation. ,

M .Gabriel Kitenge,

Katangais et président de l'Union lui aussi une très grande luci-

Congolaise, avait manifesté

dité (zt) : o L'Union Congolaise invite tous les habitants blancs et noirs sans distinction de religion, de classe sociale etc., à s'atteler à l'Union dans la Nation congolaise. o Toute politique tribale, provinciale ou raciale est à redouter. Les conséquences se feront sentir tôt ou tard" Toute division entralne le désordre. Que les Blancs qai zteulent continaer à nous diviser pensent à l'avenir de leurs enfants (22) " et il dénonce prophétiquement : " le risque de faire sauter le Congo en miettes, c'est-à-dire de le briser. en plus de cerrt chefferies . autonomes ce qui provoquerait sans aucun doute un recul de cinquante ans en arrière, c'est-à-dire aux guerres intertribales et à l'autarcie clanique (23). " Patrice Lumumba, le grand enimateur du Congrès, allait, dans un interview accordé art correspondant de l'agence Belga (24), se féliciter de ce que la résolution en faveur de l'Unité du Congo, allait : " dès aujourd'hui déforcer les manæuvres de certaines personnes qui ont souvent préconisé la constitution d'Etats fédéraux, ce qui conduirait à une "balkanisation" rapide du Congo. C'est là un point capital. " Au meeting public du bar Flamingo, la foule avait fait une ovation à Patrice Lumumba. IJnanime, elle avait crié : (21)

. Rmarques

Congolaises

'.

-:t-

Le Congrès de Luluabourg est un tournant dans la genèse de la sécessiôn. Alors qu'il consacrait la volonté unanime des partis politiques de maintenir I'unité du pays contre tous les tribalisines ei contre la balkanisation voulue par les blancs dans leur seul intérêt de blancs, il allait être le point de départ de la trahison des dirigeants de la Conakat. Ceux-ci s'étaient âbstenus officiellement de participer au Congr&. Ils y avaient néanmoins envoyé des représentants. L'* È,ssor du Congo " (26) qui est certainement déià au courant de la volte-face ôpérée pai les hommes qui vont entrer dans le 'jeu des blancs, y prépare I'opinion : . ... d'après les nouvelles qui nous parviennent (du congrès), les délégués du Kâtanga sont submergés par la violence de langage des délégués de Léopoldville. " C'est tout ce què lton aura fait pour ménager la transition entre les dernières déclarations du président Munongo favorables à I'unité et hostiles au séparâtisme et les proclamations que l'on va faire demain en parfaite synchronisation avec les thèses de l'Ucol-Union Katangaise que l'on rejetait jusqu'ici...

eo. loc.

(22) Il est significarif que M. Kitenge qui est Katangais et s'oppose depuis plusieurs mois à la politique de l'Ucol-Union katangaise ne parlé que des blancs. C'est percc qu'il n'y a pas encore de noirs au Kacanga qui soienr ralliér à cettc politique. (23) C'csr si évident que, depuis que, sous I'influencc de la sécession katangaise, sous la poussée des occidenraux et du plan U Thanr, le gouvernement Adoula-Kamitatu à déclenché lc proce'ssus de la balkanisationdu Congo, celui-ci n'a cessé de se développer à la manière d'un cancer. L'on a abandonné rous les critères prévus pour la construction de nouvelles { provinces et cellcs-ci sont à présent purement iribales. Si ce processus n'est ' pas enrayé, un jour prochain, d'unc main ferme et si I'on ne fait pas marche arrière, il est certaiu que la prophétie de M. Gabriel Kirenge se réalisera poinf par point. (24) Remarques Congolaises r, no 11, du 5 mai 1959. "

128

Derrière vous, Lumumba. Avec " Vive I'Indépendance. vous, même dans la misère (25). "

(25) < Essor du Congo du 25 evril ' (26) ... du 11 avril 1959.

1959,

LzS


LA VOLTE.FACE DE LA GONAKAT ET LE DIVORCE

CONAKAT. BALUBAKAT


Fin avril 1.959, c'est chose faite. Les dirigeants de la Conakat s'affichent avec les hommes de I'Ucol-Union Katangaise considérés jusqu'ici par l'ensemble des Congolais comme Ies ennemis des noirs.

Le journal du M.N.C. u Notre Opinion ", dirigé alors, par M. Dominique Tshiteya, ayant accusé la Conakat de tribalisme et de séparaiisme, la Conakat va, pour la première fois, manifester ses nouvelles positions (1) : .. Mouvement tribal, nous le sommes' car à part nous, il n'y a pas d'interlocuteurs valables qui s'appuient sur les bases ioncrètes: terre, histoire, population, bref, patrimoine de ce Katanga. ,' Voilà donc formulée par des noirs cette revendication du o Katangais âuthentique " que les blancs leur soufflent depuis de longs mois : u "Notre Opinion" (...) iette la pierre sur nous du fait que nous nous entendons avec I'Union Katangaise. Qu'avec nous, elle se souvienne de ce que, s'adressant aux Blancs du Congo, le feu gouverneur gênéral honoraire Jyngers disait : ;la main tendue trop tàrd risque d'être refusée.," ' De même pour nous; si ayant abandonné leur attitude de seigneurs' des Noirs, les' indépendants non indigènes circon-stanc-es' nous tendent qu'on àppelle -ttons "colons",.vg les intérêt à ne pas la refuser. là main, hasard (!) ayant voulu qu'ils aient presque o En effet, le "notts Ies mêmes intérêts à défendre, dans un beau et riche (1)

.

Essor du Congo

'

du 25 avril

1959.

r33


Katanga, nous les acceptons et collaborerons dorénavant a,vec eu.x.

r L"

'Cl""f.at

n'est pas seulement un mouvement tribal, mais elle est aussi politique; en tanr que tel, la Conalçat peut collaborer arrec n'importe quel auffe mouvement politlque.

" Elle (la Conakat) ne veut pas que des irresponsables (2) le Katanga : elle préfère une -politique progressiste, réaliste et saine à des trublions sans issue. En cela la Conakat est un mouyement politique qui réussira mieux que tout autre mouvement démagogue. " cochonnent

Ceux qui ont réussi ce coup de maltre se devaient évidemment de donner un coup de chapeau à leurs nouveaux alliés. Trois jours après (3), l'. Essor du Congo publiait un article :

"

" IJn Katangais blanc, ami sincère de tous les Katangais clamant I'enthousiasme des blancs sur le mode lyrique : * Bravo Conakat !

'

" Bravo, mille fois bravo, Messieurs les dirigeants de la Conakat. r Votre si ferme prise de position aura dissipé les doutes qui pouvaient encore subsister. Nous les résidents du Katanga, qui avons depuis des lustres mêlé notre sueur à la vôtre pour faire de cette région ce qu'elle est actuellement, nous n'avons jamais douté de votre pondération et de votre sagesse. Nous savions qu'au fond du cceur de chacun d'entre vous continuait à biiller cette perite flamme de l'amitié... " Comment ne pas célébrer : << ... votre volonté d'unir sous une même bannière tous ceux, Noirs et Blancs, qui veulent réellernent la grandeur et le bien-être de ce pays. La récompense sera à là mesure des efforts que vous déployerez en ce sens. ,, Certes il fut un mornent tout proche encore, où nous regrettions le peu de vitalité dont faisaient rnontre les (2) Ce seul mor suffirair à dénoncer les inspirateurs et les rédacteurs du oaoicr. Il appertient, on [e sait, au vocabulaire de: . ultras ". C'est le mor oue Ic iéiérrt Jansscns, retour de Léo, lanccra à [a statue du roi Léopold II, un an plus-terd. (3) Le 28 evril 1959. 134

grande communauté.

>

*

q< tr<

rf-

signé

diaers groilpements des Katangdis. Ld Conakat a fort hewreusémeit leoé cette pardlysante hypothèque et l)on peut maintenant lwi prédire ,sdns.ris,qr4e.de-se tr-ornper, qt4-e bientôt l'occasion lui sera d'onnée de récolter les fraits de la campagne qu'elle a menée et qu'elle rnènera encore pour ci.menter l'wnité de tous les Katangai.s, , Pour la poursuite de cette action tous les gens stabilisés au Katanga, vos âmis, seront avec vous. Et avec_ vous, ils feront i.ttt pays stable et prospère où s'inscrira dans le cadre de la làrge entente belgo-congolaise qui Permettra à chaque grande région d'affirmer sa Personnalité propre, dans une liberté retrouvée s'exerçant dans le sein d'une

Le 15 mai

1959,

la Conakat tient, au Foyer

St-Jean,

dans la commune Albert, son assemblée générale : parlê des thèses qui " Le Président Munongo Godefroid a ânnoncé à l'assemIl a du fédéralisme. en faveur militent blée qu'un comité de rédaction mettait au point un texte qui, après approbation de l'assemblée, serait envoyé aux

autorités compétentes.

raconte son entrevue avec le chef " M. Munongo

des

Bayeke, Mwenda Antoine (4). Celui-ci lui a fait -part de sott voyage en Belgique et lui a dit que, personnellement, il était partisan du fédéralisme. ,' Aatre-éaénernent de cette assemblée : I'Union Katangaise a d.emandé son alt'iliation à Ia Conakat, en tdnt qu'association. Il semble qu'elle serd acceptée... (5). " Et voilà, le but est presque atteint. L'Union Katangaise ayant vainement tenté d'ottenir que des noirs s'affilient à son pârti, mais ayant réussi à obtenir-qu'un parti africain fasse sa politique, marque spectaculairement leur identité de vues en lui propoiant de s'y affilier en bloc. -t-

G.E.A. pavoise (6) : << ... ce qui démontre mieux que tout la force de pénétration (7)- des idées prônées pir les tenânts de la structure (4) Son frère aîné Mwenda Antoine Munongo. (5) . Essor du Congo ' du 16 mai 1959. (6) q Esmr du Coneo du 22 mai 1959. izi Lc plus olaisait 'est qu'à Elisabcthville personne n'tgnorait que la force de p"rro"rio'. qui'avaii ioué le rôle de I'Esprit Saint pour lcs dirigeants de la Conakat était ioute autrc quc ccllc dcs idées. 135


fédérale du Congo, c'est que, il y a quelques jours seulement, la Conakat (Confédération des Associations du Katanga), qui groupe toutes les associations des noirs o-riginaires de la province, se prononçait ouvertement en faveur du système fédéral et déclarait qu'elle était prête à collaborer t'raternellement a,r.)ec tous lei Belges stabilisés dans le pays.

" Plus fins.politiques qu'on ne Ie pense généralement,,les Ieacers norrs, blen que n'ayant pas encore PartlclPe a l'exercice d'un pouvôir qui-les aùrait immanquablement mis en conflit avec une autorité centrale parfaitement égocentrique, ont vite ressenti que les grandes etbnies congolaises, conseruaient, d.ans leurs trét'onds, cet antique et im.périeux désir de pouvoir se clirige:r elles-rnêmes (8). Soyons persuadés que les mêmes leadeis ne rnéconnaîtront pas tout l'intérêt qu'il y aurair pour les subdivisions congolaises autonomes à continuer à Taire partie de cette grande

entité économique qu'une fédéraiion

belgo-congolaise

représenterait.

" Et G.E.A. invite le ministre Van Hemelryck à créer pour 1967

t

" ... le Congo fédéral qui, sous l'égide de la monarchie belge, restera étroitement uni à la Èelgique (9). "

'-t-

26 mai 1959,Ia Conakat publie le manifeste dont son président M. Munongo avait annoncé l'élaboration. - _ L'on, ne peut s'y tromper. Il est la reproduction des thèses de l'Ucol-Union Katangaise. Le titre du document est déjà très significatif : " Position de la Conakat face à un Congo indépendant T-e

uni.

r,

". Se prononçant pour un Congo fêdêré, des Associations du Katanga déclare :

" A. Sur le plan Politique

\a Conlédération

:

.(8)_Esril plus clair exemple de ce criminel encouragement au tribalieme qui est la mort du Congo. (9) Aussi longtemps qu'il restera ministre, M. Van Hcmelryk repoussere tous cer appels et _demcurcra farouchment attaché à I'unité du Congo. Le Zl iuin OSI- il déclarera (" Essor du Congo 25-6-59) . Il est vain',de mettrc en doute l'unité du Congo et de livrer à l'opinion des programmes qui en consacreraient la division; la bâlkanisation du Congo lui Sterait à tou_r iamais la possibilité d'occuper une place prépondérante dans I'Afrique Cenz

trale.

r36

'

et ' 1. que le Katanga oPte Pour un Etdt dutono-rne t'éd'éré où lei rênes de coïntâttdô politique devront être entre les mains des Katangais authentiqrrés et de tous les hornmes de bonne aolanté qui montrent et ont montré par leurs actes qu'ils collaborlnt sincèrement avec eux .pour le proerès ei l'émancipation rapidc du Katanga (10), suivant les Ëonditions qui seront bièn détcrminées.par le futur gouvernement de I'Etat autonome hatangais; n 2. que la condition sine qua non Pour la constitution d'ur, ôongo Fédéral réside dâns la rep?ésentation.équitable et propor"tionnelle à l'importance ééonomique de chaque

Etat autonomel o 3. que seuls les Ratangais autllentiqiles. (11) pourront repréienter aalablernent Iâ Katanga au sein de toutes les as'sises

lédérales, et ce conformémè=nt aux conditions repri-

ses ci-dessous; u 4. que, pour le nlonlent' en atten-dalt de-nouvelles, dispo-

sitions légales, au Katanga; seule la.Conakat, qtri s'appuic sur des bàses concrètes ei do.tt la légitimité est indéniable, à savoir ses cbet's coutumiers, son histoire, ses populations vivantes et mortes, ses terres' bref, tout son patrimoine, personne et aucun groupement ne peut se croire habilité

pour représenter le Katanga ou se faire Passer Pour son interlocuteur valable; ' 5. qu'elle invite les responsr.bles belges à- tenir .cornpte de ceite prise de position-dans l'intérêt de faire régner la paix au Katanga; ,r 6, qu'ayant towjours reconnu et respecté I'awtorité traditionielle' des chàfs coutumiers aaant I'arriaée des Eu'ropéens, le Katanga ne sout't'rira Ttas qu'il en soit autrement.

; b ôr; le plan

Economique

:

Ld Conâkat entend gaiantir les capitaux inttestis dans cette région et veillera a.u respect des droits acquis (12). " Parlant en tolrtes lettres de l'o Etat t'utur indépendant du Katanga r, la Conakat adoptant le ton catégorique de. ses maîtrei blancs à l'égard des autorités métropolitaines, conclut : ,, .,.

(10) Il s'agit évidemment rci des bons apôtres de l'Ucol-UnionKatangaise' (11) Certe exigcnce excluair donc, comme les blaucs le suggéraient depuis long' 'du Katanga orrginaires d'autres provinces, tels les Baluba venus t"mps, 'lei hrbitants du Kasai. (12) Voilà pour I'Union Minière du Haut Katanga et les autres commanditaircs de

la Conakat.


" La présente déclaration est notre prise de position nette et claire. '' Enfin, la Conakat invite, en insistant, le Ministre et tous les responsables belges à méditer le contenu de cette prise de position. " Dans une interview donnée au iournal l'., Essor du Congo.,'.(13) les d-irigeants de la Conakat, précisant leur prise de position, se réfèrént, comme il faifrait' i'y atterrdre, f d", passâges du message royal du 13 ianvier 1959, ceux qui ont trait à la " 66ç"ttrralisation o, à l'n'épanouissemenr des régiorrs selon leurs particularités >. Parlant des problèmes financiers, ils tiendront des propos identlques à ceux des colons blancs, identiques aussi â cËux que M. tghomfe tiendra à l'époque où I'O.N.U. cherchera à mettre fin à la sécession : * Nous concevons très bien des organismes fédéraux composés. de représentanrs des différenis petits gouyernements provinciaux et qui s'occuperaient des problàmes communs notamment des questions budgétaires. , Nous vous disons tout cela pour démentir les bruits qui voudraient faire croire que noùs voulons garder porr noi, toutes les recettes du Kâtanga. n Nous sommes loin de cette idée. Mais nous voulons plus de justice dans la répartition des ressources. n Nous insistons strr le fait que le Katanga qui pourvoit à la plus grande parrie du budget congolais'ne ioit pas frustré de sa pari du gâteau... "

Dès ce nroment t" Conotï va bénéficier des faveurs de l'administration. Pour ses réunions, elle disposera des locaux officiels. C'est ainsi que lorsque se fonderi à Jadotville une section locale de la Conakat, c'est dans la grânde salle du Tribunal de Kikula que l'on s'assemblera sous fteil bienveillant de M. Corluy, représentant le premier bourgmesrre de .fadotville et avec I'assisrance de divers conseilleis européeui dont MM. Stumpf et rùflynants. " Pas d'indépendance immédiate, rnais l'autonomie, tel sera le thème des discours. C'est M. Charles Mutaka rùfla (11) ... du 138

l0 mai

1959.

Dilomba, secrétaire communal et futur président de I'Assemblée de M. Tshombe, qui sera désigné en qualité de président de

la

section.

*i

Le 20 juin 1959,I'., Essor du Congo

" publie ull nouveau

memorandum de la Conakat. Fait important. C'est la première fois qu'un document de l'association porte la signature de M. Moïse Tshombe qui signe

porlr le comité > avec M. J. Kibwe et M. B. Makonga. Par un tour de passe-passe, M. Munongo s'efface de la présidence de la Conakat. Fonctionnaire de la Colonie, il lui èst difficile de continuer à présider une association dont le caractère politique est deyenu patent. Dans le même temps, M. Tshombe disparaît de la présidence de I'A.C.M.A.F. Et son remplacement à la tête de cette association donne lieu à des incidènts très significatifs du climat de véritable racisme que I'on est parvenu à créer à Elisabethville. C'est le 11 juin gue se tient la réunion au cours de laquelle il faut désigner le nouveau comité de I'Acmaf. M. Hônoré Kabuya est élu avec 160 voix. M. Joseph Kalala obtient 47 voix. C'est alors, dit le procès-verbal, que le président sortant r * ... M. Tshombe souleva la question des tribus qui, de nos jours, est quelque chose de révolue et qtri ne va pas de pair avec la démocratie moderne. u M. Tshombe lève alors la séance. Il tiendra quelques jours pius tard une réunion secrète créant une nouvelle A.C.M.A.F. iéservée aux * Katangais authentiques ,', suivant les critères de M. Gavage, et forme un comité composé de M. Joseph Kalala, président, MM. Jean Kibwe, mandataire et François Kapenda, barman, 1-"' et 2i vice-présidents, M. Pascal Hamici, secrétaire publicitaire en qualité de secrétaire. M. Moïse Kapenda Tshombe, qui exerce à cette époque < un cofirmerce général ,r, demeure conseiller. Le scandale ayant, éclat4 M. Moïse Tshombe s'explique : u Il entrait dans notre intention de constituer une A.C.M.A.F. groupant tous les commerçants installés au Katanga, sans discrimination de races ou d'origines. Cependant, nous nous sommes heurtés à la volonté d'une <

partie des membres de la classe moyenne originaire d'autres provinces que le Katanga qui, bien qu'étant minoritai139


res (14) onr voulu nous imposer dent de leur race. ,

La majorité Tshombe répond

la désignarion d,un prési-

écartée purement

et simplement par M.

:

" Minoritaires ! nous sommes plus de deux cents commerEux. q_tJarante environ. C'esr nous qu'on appelle "dissidents". tl y l plus de deux cenrs .o--"içatrtr "?iil;é, à l'Acmaf. Les' "Katangais" ne sont que quarante, -provincessoit 20 0/o environ. Les commerçants des autres ne sonr pas minoritaires mais majoritaires. D'àilleurs nous sommes tous citoyens congolais avec les mêmes droits. [Jn Arnérinain d,e Neu Yorh n'est pas traité d.'étranger à Washington. Un Belge d.e Liège ,îert po, traité d'étr"anser A Anpers. Il ne faut donc pàs ttous àpposer les uns aîx autres (15). " C'est le langage du bon sens. Mais déià la propagande _ de I'Ucol-Union Katangaise avait rendu M.'Tshombe soird à la voix du bon sens. g.a,lts.. .

f*

Le nremorandum du 20 iuin 1959 qu'il revêt de sa sienature, s.'ouvre sur un texte de'feu l'évêqùe de choc d"s coËns, M.gr de Hemptinne. L'insertion de ce'texte, particulièr"-"rri odieux cr. profondément injusre, et qui eut dû choquer n'importe- quel noir, suffit à prouver que l. document eit l,æuvre de blancs à moins que l'on Ëonsidère MM. Tshombe el - des rnasochistes. Kibwe comme " IJne porrion de l'humanité, dit le texte de Msr de Flemqtinne placé en exergue, est demeurée sans civiliàtion, sans énergie, sans idées,-sans intérêts à défendre (...\ Lâ race noire n'a rien derrière elle.Peuple sans écriture,'peuple sans histoire, sans philosophie, sans consistance ""."rri... o Le sionisme nègre. est une trouvaille à nous d,origine communiste, idéologique ou politique, peu rmportante; ce mouvement est factice. > rexte, qui est bien I'trn des _plus méprisanrs et des plus inzultants que_.l'on ait jamais dédiés à là race noire, MM. Tshombe et Kibwe s'en-servenr pour condamner le iorrgrès de Luluabourg: (14)

M'

Moise Tshombe a roujours éré le plus impudcnt des menteurs.

M. Honoré obrenu 160 v_o-ix,--re. cândidar de ù. Tsh;;be 47. Mais pou, rr,r. Trhà-b" {1bula avait c'éraicnt les parrisans de M. Kabuya qui étaienr minoritaires. 'des (15) Voir Essor du Congo , iz yuin, e ei tJ luiilet tsSS. " 140

.. C'est à la lumière de ces paroles émanant de celui qui domina la scène politique du Congo en général et du Katanga en particulier, Son Excellence Mgr de Hemptinne d'heureuse mémoire, que nous examinerons le comportement des bommes de coaleur (16) réunis en Congrès à Luluabourg. " Ce sont ces paroles, méditées en vertu de ce premier congrès congolàis qui nous font qualifier ce dernier de

raté.

>

Après avoir fait une critique violente du Congrès et un et de son message, les traltres de service écrivent : " Le Congo c'est avant tout les tribus qJli. le. constituent et qui peuvent vivre sans une union artificielle. Elles ont d'ailleurs vécu, à travers des millénaires et malgré les épidémies, sans cette union... " Ils parlent de u prétendus Congolais n : . Ceux qui n'appartiennent à aucune tribu peuvent être admis avlc b"aoôup de circonspection parce que la charité bien ordonnée, dit-on, commence par soi-même " et concluent, comme leurs maitres blancs le souhaitent, en déclarant que le seul souci doit être de : * ... défendreles intérêts péritables du Congo en défendant d'abord ceux des tribus le composant et veiller à la sauvegarde de la conliance des bràves gens yenus nous aider à sortir de notre état de stagnation. Avec les Belges, nous n'avons que laire de I'opinion internationale (17)., éloge dithyrambique du Roi Baudouin

-T-

Pour compléter le programme des blancs de l'Ucol-Union Katangaise, il Jallait que là Conakat rassemble autour d'elle les cheTs coutumiers et pour cela qu'elle les appâte. Elle le fera dans un nouveau manifeste intitulé : milieux coutumiers > " La prise de conscience des où elle leui promettra la restauration de l'autorité que le régime colonial a nécessairement limitée : . La pax Belgica a réduit le rôle des chefs coutumiers. du Congo leur rendra une liberté " L'indépendànce (16) Cette cxpression est également inconcevable dans dénonce, elle aussi, son auteut' (17) < Essor du Congo ' des 20 et 22 juia 1959.

la

bouche de qoirs. Ellc

141


, Dans son réalisme, la Conakat préconise dês maintenant un régime fédéral qui tient .ùpt" de l'existence des milieux coutumiers. La Conakat - fédère les tribus du

se faire sans ettendre qu'il y ait des mécontentements. > Le même Mwata Yamvo, recevant le ministre à Sandoa fera dire à son fils Bako Ditende (23) : " Nous ne comprenons pas la rage de beaucoup d'avoir l'indépendance. Nous confirmons que nous voulons I'indépendance mais pas aujourd'hui. Il revendique, dans son discours," le droit pour les chefs de diriger le Congo et de n'être pas minorité dans les conseils

:

élus.

.. ... de soumettre aux suffrages du peuple congolais avant

Le chef coutumier de la Lufira, Katanga Kyanama écrira, lui, une lettre à la Commission sénatoriale de passage à Elisa-

d'action que ne limitera plus I'autorité souveraine de la Belgique.

Katanga évitant ainsi que ces tribus ne s'opposent l'une à l'autre (18).' Et pour emporter I'adhésion des chefs, la Conakat proPose

les élections une constituûo; étabo;ée cbefs couturniers (79).

Et

"

les chefs coutumiers de répondre

par I'aisen"blée

à

d.es

des appels aussi

tentateurs. Le frère de M. Godefroid Munongo,'Luhinda Antoine Mwenda Munongo, apporre à la Conakit sa caution de grand chef des Bayeke: " Enfin, prenez garde de ne pas vous mêler dans les associations de ceux qui sapent I'awtorité d,u gouvernernent belge notre ciailisàteur. C'esr une chose inadmissible.

; iV;; èonfédération (Conakat) ne fera qu'avancer. Si celle-ci est vraiment prospère, ce sera un giand bonheur pour tout ce pays et les Bayeke (20). " Le Mwata Yamvo, grand chef des Lunda et beau-père de M. Tshombe, après avoir vanté " l'indéfectible attachêment de " 5s5 populations rurales au Roi Baudouin et à la Belgi-', que > (21) va, dans un memorandum au ministre Van Hemélryck, défendre les prérogatives des chefs et proclamer (22): " Le Congo est immense, tellement immense que son unité, pour satisfâire les intérêts de-chaque _régjon,- ne peur se concevoir que sous un régime féd&al. Ceci cadre parfaitement avec le Message Royal qui dit : "... diversifièr l'épanouissement des régions selon leurs particularités géographiques, culturellesf raciques ainsi què leur dévelop!.ti""t économique." " Ainsi donc une large décentralisation yers les provinces (18) Oo sait que le régimc fédéral, conséquence de la sécession katangaise et der pressions occidentales, amène au conrrajre de plus en plus d,opposirion entrJ les tribusqui. se dispurenr des régions,_des viJles, des foiêts, des'ruisse"uï t. ry*è.e inrpiJ traitres__noirs_par le.urs_souffleurs blancs ramène (19) . Essor du Congo " du 2z iuin 1959. (20) La " Voix du Katanga non dâté. (21) Essor du Congo du ',13 juin 1959. (22) " Essor du Congo r" du 19 juin 1959, "

t42

le Congo à un pré-m6yen-âge...^

""i

et des provinces vers les territoires doit

bethville (24) : " Nous sommes, dira-t-il, entièrement d'accord arrec la politique menée jusqu'aujourd'hui par la Conakat. u Il exige que: " ... le suffrage universel ne soit pas étendu aux chefs coutumiers, ceux-ci étant chefs de droit et leur dignité venant directement de Dieu rr, préconise le fédéralisme et ( le respect des droits locaux de chqque région > et prend la défense des intérêts des chefs à qui il faut, dit-il, " rendre des responsabilités > et dont il faut auisi <

la rémunération >. Un modèle de déclaration de chef, c'est sans doute celle de Benoît Kingombe, chef du centre extrâ-coutumier de Kindu (25). Nous n'hésitons pas à la reproduire, bien que le domaine de son auteur déborde les frontières du Katangà : .. D'où vient, oh Kindusiens, que yous réclamiei tous aujourd'hui l'indépendance irnrnédiate ? Un enfant, à qui augmenter

son père a promis une récompense harcèle-t-il celui-ci ôu attendra-t-il confiant en son père ? ,r

Mon avis, mes chers frères, est que nous nous soumettions

à la décision du Roi. Ce n'est pas en poussant des cris et en manifestant que le Roi et le gouvernemenr belge changeront d'avis. faisons pas honte à "Bwana Kitoko" (26). " Ne (23) Essor du Congo r du 22 juin 1959 (24) " Essor du Congo r du 5 aott 1959. " - (25) Parue dans le journal n Maniema " et reproduite dans

27 aoit

1959.

(26) C'est le nom que l'on avair donné au

au Congo.

l'.

Essor du Congo

roi Baudotrin lors de son premier

'

du

voyage

143


Roi "Bwana Kitoko" Parce que personne-ne le contestera nous l'aimons beaucoup. -Le Roi Baudouin I* est pour-nous non seulement un souveu Nous appelons notre

rain mais aussi notrâ "grand Ami bien-aimé". Or, qui risquerait de faire de la peine à celui qu'il aime ? ' Comme on comprend que de tels discours aient excédé dans leur ensemble, ces élites aient les élites congolaises dt que, -hommes, affligés de tels complexes, considéré qui de tels s'humiliant- eux-mêmes à plaisir et humiliant leur peuple, avaient bien peu de titres à prétendre participer au gouyernement de leur pays. D'autres ?hefs déclarent adhérer à la Conakat. C'est le cas des chefs investis Dunda et Tshokwe, Lumange, Ditende Naweji, Mwatshisenge, Samasemba Thomas, Mba-ko Ditende Paul, Muteba Tshiyambo Paul qui, à l'instar de M. Gavage et de M. Tshombe proclament que : o ... la p"artie saine du Congo, ia plus gt"nà", c'est l'intérieur sous l'égide des chefs coutumiers.

; i$;;t'"too, ,rr,. confiance indéfectible en Sa Majesté

le Roi. Lui seul nous comprend. Lui seul connait le Congo et les besoins réels de ses habitants (27)., Le seul malheur est que l'Association des Tshokwe (Atcar) (28) qui ne fait plus partle de la Conakat, depuis que celle-ci s'est engagée sur les chemins de la trahison, désavoue immédiatementleJ chefs qui ont prétendu parler au nom du peuple des

Tshokwe

(29).

,L*

Forte de ces adhésions, forte des conseils, du soutien moral

et surtout pécuniaire des blancs et des puissances financières

qui contrôlént tout lefiatanga,.la Conakat,annonce (?9) qu'ell" constitue un parti politique qui sera dirigé et contrôlé par elle

et qui - s'appellera : " Le-Rassemblement Katangais - Parti Politique de la Conakat (R.K. Conakat). " En sont membres : a) les associations affiliées à la Conakat; b) les affiliés noirs et blancs à titre personnel. juin 1959. " Essor du Congo ' du 2 (28) Président général : M, Ambroise Muhinga (29I " Essor du Congo r du 6 juin 1959. (30) . Essor du Congo " du 29 juillet 1959. (27)

t44

Peuvent être membres : toute personne dydnt ses intérêts au Katanga; b)' tout résidant permanent. On connalt lô grandes lignes du Programme. Ce sont celles du programme de l'Union Katangaise. 'Càmme il s'agit, cette fois, officiellement du moins, d'un parti noirs, on-y insiste sur la : ^ ..de ... collaboratibn franche et sincère entre Noirs et Blancs afin de ooursuivre tous ensemble la mise en valeur de ce p"yr, poitt le plus grand bénéfic-e de ses deux collectivités. ' On v oarle aussi évidemment du : des droits acquis des autorités coutttmières. , " ...'r.i*.t Càmité Central .1" . Rassemblement Katangais " Le (R.K. Conakat) est composé comme suit : Président : Tshombc Moïse. Vice-Président : Kibwe Jean-Baptiste.

a)

: Meli

Secrétaire

Justin.

Secrétaire.adjoint Conseillers

:

Kasongo François.

:

Makonga Bonaventure Kalenda Mathieu Kisalabe- Philemon Mawawa Paul et tous les présidents des associations affiliées et des sec-

tlons'

-1

Les blancs du Katanga n'usèrent d'aucune pudeur dans leurs manifestations d'entËousiasme et mirent même quelque lourdeur à souligner que les gens de la Conakat venaient s'il .en d'opérer un vériàble retournement, ce qui-prouve qu'avant cette volie-face providentielle, étaii encore besoin leurs vues séparatistes. aucun noir ne partageait L'Ucol, dans un-communiqué (31) écrit, en effet : . D'auire part, les associaiions tribales katangaises (32), dans leurs- motions' ont pris une position nette et ont manifesté leur désir de vbir le Katanga s'intégrer dans une fédération congolaise en union étroite avec la métropole. i, Ces gro,rpements parlent au nom de (31)

.

Essor du Conso

ilii c"

du 17 iuin

la majeure

Partie

1959.

visi-la "setle Conakat et l'on verra bientôt que les principrlo aso'

"iori"t partie, le Balubakar, I'Atcar, la qujlteront. Pratiquement ræll ciations' oûi en'faisaient

i"i'ii;g"à""

àes Lunda

it dei

Bayeke suivront cette nouielle ligne.

145


des populations du Katanga et esrimenr qu'étant donné leurs caractères propres, les provinces doivént jouir d'une certaine autonomie. >> Cette opinion de tnasses awtochtones est u.n retournernent de lewrs conceptions vieilles d,e quelques m.ois seulement. Ces masses sentent qu'un Congo unitaire et centralisé à l'extrême, surtout à Léo, est voué à l'éclatement. " Et I'Ucol, qui sait mieux que personne ce qui a amené ce retournement spectaculaire feint d'en voir une càuse dans : " ... le danger de se voir gouvernés par les groupes ethniques étrangers au Katanga " danger dont elle-même à d'ailleurs cherché à persuader les u Katangais authentiques ,' de la Conakat, depuis plusieurs

mols'

-&

_ L'Ucol-Katanga précisera, plus tard, qu'elle a été I'artisan de ce retournement. Au cours de son assemblée générale du 18 octobre 1959 où I'on retrouve aurour du Secrétàire Permanent, M. Thyssens, le Président, Me Jean Humblé, les viceprésidents MM. J.P. Onckelinckx et A. Franchimont, le trésorier, M. Komninos et le secrétaire Dumortier, I'on dresse un bilan qui en dit long : . Notre doctrine politique, établie en 1.957, définit clairement les buts généraux de l'Ucol-Katanga. Nous avons été amenés ultérieurement à préciser certains points, et notre position actuelle est en faveur d'une large autonomie en faveur des Provinces ou des grandes régions, dans le cadre d'un pouvoir central décentralisé, dont le siège ne peur rester à Léopoldville. 'rïrr'r'ù

fn

d.e I'année d.ernière, nos conceptions ne rencontraient pas l'approbation des masses indigènes. Au contraire, à cette époque, elles ne ztoyaient I'aciomplissement de lears revend.ications que d.ans le Congo wnitaire. Petit à petit, aydnt mieux compris lears intérêts, les indigènes de certaines régions et particulièrernent du Katanga, se sont ralliés à une t'ormwle d.'autonoruie régionale, les dizterses régions constituant aaec la Belgique, une fédération. d.es " Dès 1958, d.es délégwés d.e l'Ucol-Katangd ont eu et les

nornbreux contacts avec les awtorités coutumières 146

personnalités africaines les plws représentatipes des rrdsses hatangaises. Les contacts sà sont déroulés dans wne atrnosphère d,e comprêhension matuelle (33). " des noirs à la Presque tout y est : l'opposition constante -de

politique. de blancs.des genJ l'Ucol-Union Katangaise, les longues.démarches de ceux-ci en vue d'essayer de gagier quelques noirs.à leur cause,. la réussite finale de-l'opéraiion. . Restait à préciser l'un des moyens employ?s, le plus déter-

minant : I'argent. Un article du Docteur Remi Calonne (34), un des durs de la colonle ra colonie belge Derge cr d'E'ville qui allart allait ceyenlr devenir cle -tr vule qur dé plus en plus le porte-oarole d-es ultras, porte-parole,d-es ultrar. allàit, allàit- s'il en était besoiir, h.".,ii, dissipàr dicsinlr tout to'rr doute à cet égard. n La__Conakat, écrivait-il, elle, n'a pas à rougir d.e I'aide qu 'elle eu.e a 4 reçue. Teçae. .Ses Jes soarces soaf de reoenas sont propres et si pdrtis d.u partis d.'autres wtres p-artis du Katanga Katan Katanpa veulent faire zteulent déoônses éIecf aire des dépenses torales, ils saztent sapent à qaelle porte ils ont à présenter préienter leurs lettres de créance. Il'n'y o, à r, sajet, auc:un cornplexe coînplex,e à ouAtr. ) Des complexes, M. Moïse Tshombe n'en avait évidemment pas. Il fera sa campagne électorale à la fin de l'année 1959, avec des moyens considérables, écrasant ceux de ses adversaires politiques, utilisant pour ses déplacements des véhi-

cules de I'Union Minière er même, q.rand c'était nécessaire, I'avion directorial de cette Société (35). Dans le nouyeau comité de l'Ucol allair entrer, en qualité de deuxième vice-présidenr, un personnage qui allait a.uolir, au cours de la sécession, son heur! de célébrité, l'avocar, russe blanc d'origine, Belina, futur conseiller de M. Tshombe. L'Union Katangaise allait aussitôt publier un manifeste _ rendant hommage aux : ," ...

compétents dirigeants

du plus grand mouvement

katangais, la Conakat pour ne pas la 1iter. La Conakat n'a.pas craint de proclamer qu'elle voulait I'indépendance mais dans une associarion durable avec la Belgique. Elle (33) * Essor du Congo r du 24 octobre 1959. 114) . Essor du Congo r du 14 novcmbre 1959. . (35) Je n'ai point I'habirude, mes lecreurs le savent, de me mertre personnellemenr en scène. Je ne ferai une exception que pour I'incident rrès sienificatif cue voici, A la fin de la Conférence de la Table Ronàe de février 1960, le iour-du déparr'en avion d,un grand nombre de délégarions congolaises, je m'érais rendu- dans un "hôtel de la place Rogier à Brurelles, pour faire mes àdicux à'un ami du Kivu qqi v loseair en même temos que les délégués de la Conakat. Au moment or) je mis le pied daos lË hall, deur hommts de ce parri se précipitèrent à ma rencontre et'me demaidèrent si i'étais'le délécué de l'Union. Minière et .si j'avais les fonds... Voir aussi les révélations fâites par J. dérardLibois dans " Sécession au Katanga ", CRISP, p. 58. 147


a pris ouvertement parti pour le système f&éral intégral du Congo qui, seul, pourra en maintenir I'unité politique et économique. Elle a êté la seule association autochtone à caractère politique à déployer, à l'occasion des meetings

M. Luanghy, l'un des bourgmestres d'Elisabethville, membre du Consèil de province, dénonçait en plein Conseil, le 28 mai

tenus dernièrement à Elisabethville et à Jadotville, des drapeaux belges et congolais (36). "

Ce manifcste invitait les électeurs " à bien réfléchir

cela tr

à

qu'une telle éventualité comporte pour nous Congolais de

:

" Katangais faites confiance âu Katanga ! ' Pour les blancs, dont le programme était en 1959 ce qu'il était en 1957 (37) u 1. maintien et affermissement de la présence blanche au Congo dans le cadre d'une communauté basée sur la z

défense des intérêts légitimes des populations sans distinc-

tion de race ou de couleur,

' !.'p"tti.ipation de tous les habitants installés définitivement au Congo, sans distinction de race ou de nationalité, à l'administration de la chose publique par l'extension du droit de vote aux non-Belges et aux non-Congolais ", le soutien à donner à la Conakat était un devoir : (39), " Les Anciens Combattants (38), écrit le Dr Calonne dans un manifeste plein de'dignité ont nettement défini une position de soutien et de sympathie aux partis d'ordre. u L'IJnion Katangaise a fait confiance à la Conakat depuis ses débuts et n'a pas cessé de ménager (sic) sa syrnpathie et ses encouragements à ses chefs courageux. > Revers de la médaille : plus les blancs les flattaient, plus les dirigeants de la Conakat étaient exposés à : " ... se voir taxés par leurs frères de race, de vendus aux Blancs, à la Belgique et au Colonialisme. Certains chefs noirs sont accusés d'être vendus à des colons qui voudraient freiner l'établissement de l'indépendance et maintenir à leur profit le régime colonialiste (39). "

Et, de fait, les Congolais iJ ," ,ro*oaient pas. Ils avaient raison de se montrer vigilants et de dénoncer leurs traitres. L'opposition au séparatisme s'amplifiait au Kattnga. " Esror du Coneo . du 19 novembre 1959. ilzj " çt"n6, princiies de politique ' raPpelés à I'Assemblée généralc 18 octobrc 1959.

:

" ... les formules conduisant tout droit au morcellement du Congo, peut-êffe à la séparation du Katanga des a-utres provinces du Congo, avec toutes les conséquences néfastes race noire (40).

"

*

La Balubakat (Associatioit. gérrér"le des Baluba du Katanga) qui, jusqu'ici faisait partie de la Conakat, prend, désormais, ses distances. Son Comité Central dont le président général est M. Jason Sendwe et le secrétarre génêrai, M. Joseph Kahamba (41), publie, le 4 août 1959, ui communiqué (42) rappelant que !a Balubakat comprend totrs les ressortisaants des diiférentes chefferies Baluba situées dans les territoires de Bukama, Kamina, Kaniama, Kabongo, Mitwaba, Manono, Malemba-Nkulu, Kabalo, Kongolo, Nyunzu * soit les trois quarts de la population de la prouince du Katanga ,. La Balubakat n'est pas un mouvement à but politique, dit le communiqué : " Toutelois,

vu sorl importance, selon les circonstances

actuelles, elle ne reste pas en-dehors de celle-ci. , Elle prend catégoriquement position contre les thèses de l'Ucol auxquelles les dlrigeants de la Conakat viennent de se rallier. Elle proclarne : " Dans un Congo indépendant, la Balubakat entend un Congo libre, ayant wn goueernernent central dans un

"Congo uni". Toutefois, vu l'étendue du Congo, la Balubakat croit que le meilleur système serait la décentralisation des pouvoirs. rt Elle reproche aux partis d'être la plupart du temps : " ... des associations tribales camouflées ,' et justifie sa conception unitaire par un raisonnement qui n'a : rien perdu de sa pertinence -de la Belgique au Congo ont solidement lié Les 80 ans " les différentes races de cê pays. Ce serait une utopie de

(36)

de I'Ucol du

(38) Nous rcviendrons sur le rôle dans le sécession de cette association présidéc per trl. de Rvckman de Betz er où I'on retrouvc le Dr Vleurinck, M, Sohier, etc. (39) . Essor du Congo ' du 5 novembre 1959. 148

. Remarcues Coneolaises '. no 16. du 9 iuin 1959. à Léo et i+i5 ... oui sËra olus iard directeur au minisièrc des Affeircs étrangères -entièrement 'd'i{feir'esà puis 'ambassadeur en Belgique ct qui sc rallicra alors

140)

chergé

M.

Tshombe.

(42)

r Essor du Congo " du 8 août

1959.

149


diviser et d'échanger cet immense empire ainsi morcelé contre l'indépendance. Le Congo n'a de la valeur que lorsqu'il est vu de l'extérieur dans son ensemble, c'est. à-dire toutes les richesses qu'il contient groupées ensemble. Si dans une province trois ou quatre tribus différentes parviennent à s'entendre pour former une province unie, la Balubakat ne comprend pas pourquoi les provinces ne parviendraient pas à s'unir pour former un Etat unitaire. Si la chose est impossible à l'échelon Congo, elle l'est également et le sera à l'échelon province, aucune d'entre elles n'étant composée d'une tribu. A plus forte raison, s'en tenir aux frontières conventionnelles pour nous repousser entre nous est inconcevable, certaines tribus ayant .été scindées en deux ou trois morceaux dans deux ou trois provinces différentes pour faciliter la tâche administrative. Quelle sera leur situation dans un Congo fédéré ? " M. Raphaël Bintou, syndicaliste approuve bruyamment (43) : .. Bravo Balubakar révèle contre le " La majorité de I'opinion congolaise se morcellement du Congo en faveur duquel paraît militer

le

fédéralisme.

qu'elle mène, la Balu" b."r.iàr" de i'action constructiye bakat a su, pâr sa position arrëtée dans son memorandum, embarrasser ces séparatistes. Elle voit au-delà des horizons qu'ils se sont égoïstement tracés. C'est ainsi que nous avons vu ses dirigeants MM. Sendwe, Kahamba, Kalikoni en qui nous voyons vraiment des éléments dynamiques

-avec qui il

faudra pouvoir se rencontrer autour d'une Table Ronde déclarer hautement dans leur memoran- partisans d'une indépendance dans le dum, qu'ils sont cadre d'un Congo uni. "

f*

décidé de tenir une assemblée générale La Balubakat vue de statuer sur sa désaffiliation de la extraordinaire en ^yant Conakat, et ayant fixé cette assemblée au mardi 11 août, les autorités interdirent cette réunion. (43) Essor du Congo . du 14 aott 1959. Ce M. Bintou, une fois I'indépendance du Kaunla" proclamée, rcuiera sa conception unitaire du Congo, pour rallier la sécession de M, Tsf,ombe ct celle de tr{. Kalonji dont il deviendra le rèprésentant à Elisebethville'

150

C'est là un des innombrables exemples de la discrimination que les autorités blanches du Katanga opéraient entre les Àanifestations de la Balubakat, contrariées par tous les moyens et celles de la Conakat que I'on encourageait et favorisait de

toutes les manières.

Il n'est pas sans intérêt de signaler. qu'.à cgtle..pPoQlt", le vice-gouv"in.u. général Schôller étant à Léopoldville,. c'est le Comïissaire prôvincial Thilmany gui fut commissionné pour remplir les ?onctions ad interim dè gouverneur de provlnce.

C'est le même M. Marcel Thilmany qui organisera an Katanga les colloques au cours desquels I'administration coloir", I'objectivité qire I'on devine - ds5 çsu15 niale d"onner^ de politique aux pârtis_cong-olais. 'Lorsque M. il4arcel Thilmany, ué en octobre 1901, ldryinistrateur'de Tembove en 1958-1959 avant d'être commissaire de district puis de province à E'ville, intime collaborateur et bras droit âe M. Siholler, quittera E'ville, fin de carrière en iuin 1960, en compagnie de-son épouse, le journal des ultras, i'. Essor du Congo ", écrira : . Nous leur iouhaitons de tout cæur de s'habituer au mode

de vie si différent de la Métropole et d'y être heureux, si Ia destinée capricieuse, ne nous donne pas la chance de les revoir reprendre un jour leur place.parmi nous-. 'Pas si capricieuse que ôela. la distinéô de. M. Thilmany le ramènera à Èlisabethville quelques semaines plus tard, .qgund se réalisera le rêve des blancs-du Katanga, proclamé Etat indépendant par M. Tshombe. M. Thilmany deviendra alors l'un des conseill",{s princioaux de M. Tshombe et le restera iusqu'à la fin de l'aventure iéparatiste, au point qu'un rescapé d-e la-dernière heure déclarera à i'Agence congolaise de presse (45) : << ... tant que le gouvernement provincial- du SudJ(àtanga serait sou's I'emîrise d'un ceitain Thilmany, conseiller orincital de M. Tsbombe et oéritable "Président" de cette 'proviice, il ne saurait accePter l'application du plan U. Tant... , Nos lecteurs excuseront cette ânticipation. Elle leur permet de saisir, par un exemple, quels étaient les-sentimenti..dès plus ha,rtr r"piésentants de l'admi"istrâtion coloniale à l'égard de 7 iuin 1960; vingt-trois jours avant ilSi . Courriit d'Afrique ' du 6 ocrobre 1962. (44) ... du

l'indépendance.

151


d'être un organisme séparatiste; on Ia traite de chapeaa

la Conakat qu'ils serviront avec empressement et fidélité, dans la sécession et quels étaient, par le fait même, leur parti-pris et leur hostilité à l'égard des mouvements patriotiques qui s'opposaient à l'action de M. Tshombe et de ses complices. ,*l-

Qenda, u Certaines langues en arrivent même à affirmer que la Conakat, granil défenseur de I'autorité coutumière (...) bien loin de viser l'indépendance du Congo (...) voudrait favoriser le régime colonialiste en préconisant le FédéraIisme sur le sol katangais.

l,

L'on comprendra mieux, quelques jours plug tar{, l'obstruction faite par l'autorité coloniale à l'Assemblée générale convoquée paila Balubakat pour le 11 août 1959, lorsque I'on apprendra-que, mettant à profit cette remise, quelques membies de la Bàlubakat, gagnés par une diversion des blancs, se rallieront aux positions de la Conakat, s'intituleront : et dét'endant les " Baluba du Katanga, dignes de ce nom intérêts aéritables de cette province..., et éliront un nouveau comité général de la Balubakat (46) : " Président : Kabanga Brunon Vice-Président : Kasongo Edouard Sccrétaire : Simbi Joseph Secrétaire-adjoint : Masangu Fridolin Membres : Mfiana Bruno, Lunda Joseph, Ngoy Pierre, Mwamba Boniface, Ngoy Edmond, Banza Joseph, Nkulu Germain, Ilunga lgnace. " Ils avaient eu, eux, la faculté de se réunir...

; b;";;;

de gens croient que le fédéralisme demandé par la Coiakat Ëtt utt. transfiguration de celui que pqéconisaient certains colons, il y a quelques années : fédéralisme qui consisterait à faire du Katanga une colonie--de peuplement à I'instar de I'Afrique du Sud. Loin de là.

' Nous ajouterons, pour éclairer certains esprits que la prise de position de là Conakar a été rédigée par les Katangars norrs eux-mèmes, participation aucune des Européens, èt que l'idée de fédéràlisme qui est toute autre que celle que- l'on fait circuler, leur a été dictée par le programme qu'ils ont eux-mêmes établi et qui est le leur.

; ï;r'"".ur., la Conakat d'être vendue.

' bà""i."a, vous avez raison d'être. Quoiqu'on dise, tout le monde est pour vous : tout le Katanga a les yeux tournés vers vous. ) Ces deux défenseurs bénévoles de la Conakat avaient

:1.

:F*

Au même moment, le comité présidé par M. Jason Sendwe lançait un appel à I'unité : . ... l'aboutissement heureux dans la voie de l'indépendance requiert la décision ferme de tous "à tirer à la même corde et du même côté". ' Sinon on risque de renouveler dans ce beau pays, l'expérience malheureuse de la Tour de Babel. " Deux traîtres Baluba, T. Kilufya et F. Mwewa, vont dans la Tribune Libre du journal des colons (47), sous le titre significatif : u Les chiens aboient, la caravane passe >, prendre la défense des dirigeants de la Conakat : . Par tous les diables, à cor et à cri, on accuse la Conakat (46) (47)

152

.

Essor du Congo, du 2 scptembrc 1919, juin 1959. " Essor du Congo ' du 17

écrit

:

.

Etrangers au Katanga, précisons que nous ne somlnes

pas d'origine katangaise. " Î-e lendeËain, ces b"ons apôtres, s'ils assistaient à I'arrivée du ministre Van Hemelryck, pouvaient lire sur certaines banderoles de la Conakat : à bas nos concur" A bas le Congo uni, vive la Conakat, rents, à bas les étrangers (48) " et pouvaient, comme le rédacteur de l'" Essor du Congo ", se faiie expliquer ce dernier slogan: < Interrogés

sur la raison du "à bas les étrangers" que

nous avidns lu sur une banderole de la Conakat, quelques

(48) r Essor du Conco du 18 iuin 1959' Il v avait d'rilleurs bien plus de bande.ol"r sor iesouelles on pouiait' lire : " Vrve I'indépendance, vivc l'unité congolnire, à bes à bes li fédéralisme, vive le grenll ministre de l'indépendance'.'

le colonialisrie,

'

r53


Congolais nous expliquèrent qu'il ne s'agissait pas _des étrangers européens, mais bien des étrangers à la province du Katanga. " Les " étrahgers " qu'étaient les Belges du Katanga pouvaient être fiers-du résultat obtenu par lèur politique de divi-

sion'

f*

Le 18 octobre 1959, les présidents des deux ailes de la Balubakat, M. Jason Sendwe ef M. Kebange (de l'aile Conakat) se présentent dèvant les membres de I'association réunis. M. Kebange: et " présenté-à la foule comme partisan de la Conakat comme le défenseur de ceux qui ont vendu le Katanga aux colons et de ceux qui s'opposent à I'indépendance du Congo ! (49) > est cooieusement hué. Nâ. Sendwe est, lui, promené en triomphe dans totttes les avenues des communes congolaises d'Elisabethville. La Balubakat se séparer" liorc officiellement de la Conakat (50) et formera son parti politique : " ... le Parti Progressiste Katangais " dont la devise est : " le P.P.K. combat contre I'extrémisme, l'immobilisme et le despotisme " et dont le but est : " ... l'unité du Congo, une large décentralisation du pouvoir provincial, la collaboration étroite avec les ressortissants-du Congo et de la Belgique, l'indépendance dans la paix, l'ordre et la légalité. " M. Sendwe, président géné,ral, au cours d'une réunion inaugurale du P.P.K., parla du souci de son parti : " ... de préserver les esprits sains de se laisser sombrer

président de la Fedeka, M. Muhunga, président général des Tshokwe et M. Mwamba au nom de la Balubakat participèrent à I'une des premières réunions du Cartel à Kolwezi, au bar Kikula. L'un des participants à cette réunion, M. Victor Lundula, fera parler de lui. Elu bourgmestre d'une commune africaine de .lâdotville, il sera nomm-é gênéral en chef de l'armée nationale congolaise, après l'effondrement des cadres belges de la Force Publique. Les eens de là Conakat et leurs maîtres blancs sentant la force "du bloc des patriotes congolais dressé contre leurs entreprises séparatistes,-inaugurèrent-alors leurs campagnes de d'essai avant la propagande odieuse qu'ils calomnies pai la suite, contre Patrice Lumumba. dirigèrent,--galop

"L'o Érro, du Congo (52) prétendra en effet que l'on a tenu au cours de ceite" réunion dss " propos extrêmement violents > contre les " Katangais " et formulé : .. ... la demande de l'indépendance immédiate étant donné

capacité des cadres côngolais de mener la ba.rque du Congô quitte au cas où celà irait mal à appeler éventuellement les Russes..., Les trois présidents contestèrent évidemment (53) cette histoire imaginéè de toutes pièces par un journaliste de mauvaise

la

foi qui

essa-yait

de communiito"

pour la premièie fois le truc de I'accusation d*ttt r'ttt pàys or) même le socialisme était tabou.

devant l.épreuve des racistes qui, aujourd'hui commencent à tourner casaque (51). " L'aile pro-Conàkat de la Balubakat n'eut aucun succès.

La Balubakat, l'Associarii., a", Tshokwe (Atcar) et la un cartel. M. Isaac Kalonji,

Fedeka constitueront plus tard

(49) Essor du Conro du 20 octobre 195/. (soi "" grro. du Cong-o ." du 13 novembre 1959. M, Tshombc lui en donnere acte lc ' du 1e' décembre 1959.

30 novembre, (51) . Essor du Congo

154

(52) .., du 9

itriet 196o, (lf) . Esor du Goago ' du 12 jenvicr

1960.

155


tr

LA VOIX DE SON MAITRE LA GONAKAT PORTE-PAROLE DE L'UCOL.

UNION KATANGAISE

r


Un véritable

synchronisme s'établira désormais entre les

déclarations de la Conakat, celles de ses souffleurs-supporters de l'Ucol-Union Katangaise et celles aussi des " chefs " que I'on cherche à réveiller de leur torpeur, celles enfin des ..Anciens Combattants". L'Ucol-Kat^nga multiplie les textes : C'est son président, Me Jean Humblé, qui expose le 4 août t959 (1.) ce qui a été signifié à \a commission sénatoriale, de à Elisabethville : ^Dassaee ;... les autochtones n'envisagent pas d'un bon æil l'établissement du suffrage universel; de même ils ne veulent I'indépendance qu'après une longue évolution. Quant à la structure future de l'Etat, ils réclament une simple autonomie interne vis-à-vis de la Belgique avec le maintien d'un lien très étroit entre Belgique et Congo. > Et, une fois de plus, I'on vânte, en l'opposant à la Déclaration du gouvernement belge, le Message du Roi Baudouin auquel d'ailleurs les sécessionnistes feront, après le 30 juin 1960, référence

.

:

Dans les milieux autochtones, tout aussi bien que dans les milieux européens, on considère que le Message Royal donne des précisions, là où la déclaration gouvernementale

en manquait. C'est ainsi, entre autres, que le message Royal déclare que les réformes nécessaires devront être étudiées par régions, selon leurs diversités économiques

ethniques et en tenant compte de traditions qui sont chères aux populations. Dans ce domaine, il ne semble pas que le ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi, ait tenu (1)

" Essor du Congo

' du 13 août

1959.

159


compte de la volonté royale. Au contraire, il a tendance à appliquer au Congo tout entier une politique basée sur les seules revendications de quelques leaders de Leopoldville, leaders qui ne sont nullement suivis par les masses de I'intérieur. , Me Humblé invoque unc fois de plus les arguments qu'à Bruxelles, l'ancien Premier lvlinistre catholique, tvt.";oseph dholien, développera dans les colonnes de " La Libre Belgique ", sous le titre Nous, les chefs coutumigl5 " ". Comparant la carte du Congo à la carte de I'Europe, il écrit : " Il est inconcevable qu'un pays de l'étendue du Congo

dont les diverses régions ont des caractères géographiques, ethniques, économiques et sociaux absolument divers, soit dirigé totalement par une administrarion résidant dans la capitale, dont la. position, tout d'abord, est parfaitemenr excentrique et deuxièmement, qui se trouve au milieu d'une population minoritaire soit, mais à vues extrémlstes.

>)

M. A. Gavage et le Dr Calonne signent au nom de l'Union Katangaise, un memorandum pour MM. les Président et membres de la Comrnission Sénatoriale. On y lft (2) : " Soumis à un système unitaire, sans cloisonnements, le Congo, de par la diversité de ses populations et de ses facteurs économiques, géographiques et autres, évoluerait rapidement vers rln gouvernement dictatorial, générateur de luttes intestines et, tôt ou tard, glisserait forcémenr entre les mains d'un des grands groupes qui luttent pour I'hégémonie mondiale. Nous souhaitons donc, pour éviter cet écueil, la création d'autant d'Etats autonomes congolais qu'il y a actuellement de provinces et la mise en place pour 1961 de gouvernerlents provinciaux où les ministres prendraient le nom de Secrétaires d'Etat. Ces territoires se fédéreraient avec la Belgiqae, pour former la contmunauté belgo-congolaise. Chaque Etat membre enverrait un même nombre de représentants au Parlement fédéral, Le Roi des Belges serait Ie Chef de Ia Communauté. " Le Parlement fédéral siégerait en Belgique pour les séances de printemps et alternativement dans chacune des capitales des Etats congolais pour les séances d'automne. Chaque Etat membre jouirait de son autonomie interne. Dans un article paru en " Tribune Libre u du moniteur" (2) < Essor du Congo ' du 7 aott 160

1959.

des Colons (3), le même

A.

Gavage, reprenant et développant d'une menace à peine déguiséè : " Qu'arriverait-il de cette fameuse vocation unitaire du Congo si, au jour de l'Indépendance, des régions importantes comme le Bas-Congo et le Katanga, qui ont déja manifesté leur option pour un système fédéral, se décidaient à se séparer dri reste du pays. Ce serait bien là

ses thèses, les agrémentait

l'éclatement.

,

f_

Le 2 décembre 1959, une délégation de l'Union KatanM. Gavage, de son vice-pré-der sident le Dr R. Calonne et de son trésorier, M. H. Van gaise, composée de son président

Beken, se rend chez le ministre De Schryver et proclame (4) : Si le gouvernement belge s'obstine à votrloir orienter le

"

Congo dans un Etat unitaire, à pouvoir central fort, le Katanga serait poussé à choisir ses propres destinées. " Une fois de plus I'on évoque : o ...Ia possibilité pour le Katanga de proclamer sa propre indépendance, fatigué qu'il est dcs tractations douteuses auxquelles

l'on

assiste. ,'

Elle remet en outre un memorandum dont les revendications sont celles que la Conakat reprend purement et simplement à son compte : " Le but des nouvelles institutions doit être triple : n 1. accorder aux grandes régions congolaises le maximum d'autonomie interne; politique et économique dans le respect des " 2. unitê aspirations régionales; u 3. conserver entre le Congo et la Belgique des liens d'association.

, Le nationalisme régional, souvent d'origine

existe (5).

tribale,

Il serait vain de I'ignorer et plus stérile encore

de le contrarier.

" Vouloir établir des institutions centrâles trop puissantes (3) . Essor du Congo r du 22 septembre 1963. (4) * Essor du Congo r du 5 octobre 1959. (5) On a vu commenr les auteurs de ce memorandum I'ont suscité délibérément. On possède darrs ces texres dcs milieux blancs d'Elisabethville la preuve des mânæuyres par lesquellcs ccs milicux cherchcnt à exacerber les senrimenrs raciaux. les oooositions tribàles chei Ies noirs qu'ils entcndent diviser. Dans Ie même moment où ils nier*-toute oossibilité de nationalisme congolais, il: exaltent le nationalisme des clans, de la tribu, prômesre de

balkanisation du pays.

161


équivaudrait à ouvrir la voie au pouvoir dictatorial de quelques-uns ou favoriser un processus de sécession.

; d;; entité provinciale (6) devrait recevoir le statut d'Etat autonome, avec pleine compétence pour tout ce qui concerne la vie intérieure propre de l'Etat. " Le memorandum prévoyait que chaque Etat aurait sa constitution propre, l'ensemble étant coiffé par une u Assemblée de la Communauté Belgique-Congo > et par un Conseil Exécudf < placé sous la présidence du Roi des Belges

".

f* Dans un article publié par l'Essor du Congo (7), à la veille des élections communales, le Dr Remy Calonne, sous le titre : .. Le Katangâ âu tournant de son histoire rt < met les pieds dans le plat > et expose avec une brutale sincérité l'opinion des colons : " Il est indispensable que les matières premières (8) soient taxées à la sortie du Katanga et que les recettes du domaine aillent en ordre, au trésor da futar gotn)ernernent katangai.s, avant d'être autorisées à prendre quelqu'autre desti-

natlon.

juge de la desdnation et de " L. k"r""ga doit être seul la distribution de ses bénéfices sans devoir encore subir

I'arbitraire des décisions de Léopoldville ou de Bruxelles dont il n'y a jamais eu à se féliciter jusqu'à présent. " L'exploitation des richesses du pays devra continuer à se faire par les sociétés en place mais à la condition que celles-ci aient leur haute administration installée au Katanga. u Il apparaît donc tout à fait inutile d'avoir à la tête du Congo un gouvernement central puissant dirigé par des individus que les intérêts du Katanga ne passionneraienr pas du tout en raison de leur soumission aux ukases des (6) Là gisait une contradiction profonde. Les limircs provinciales ayant été établier sans tenir compte des frontières, d'aiileurs extrêmement floues, des régions tribales, certaines tribus éant réparties dans plusicurs provinces, il était évidemmcnt absurdc, sj l'on niait la possibilité d'unité du pays. d'imaginer que l'on pourrait s'arrêrer à I'unité d'une province. C'était évidemment à l'émiettcment tribal que I'on devait aller. ou'on cst allé d'ailleurs, le jour où le gouvernement Adoula-Kamitatu a déclenché le processus. (7) .,. du 19 décembre 1959. (8) On sait quelle est leur importancc au Katanga,

182

parris nationalistes extrémistes et aux fantaisies des partis politiques de Métropole. ,, C'est donc d'un tout petit chapeau qu'il conviendra de coiffer l'éventuel gouvernement central dont la capitale serait située quelque nur, centre du Congo. u

î

L'u Union des Anciens Combattants du Katanga ' appuyait le mouvement. Le ministre qui recevait le 2 décembre 1959 une délégation composée du lieutenant-colonel de réserve de Ryçfçmstt de Betz, de MM. Beckers, Derriks, Sohier, Tafniez, Tshiniama (9) et Vleurinck s'entendra dire que si l'indépendance signifie pour les autochtones, le < pays de Cocagne u, pour les blancs d'Afrique, c'est la fin de I'influence des politi ciens belges snr les destinécs du Congo. Pour ces anciens militaires, ce sont les politiciens belges qui sont responsables du désordre actuel (10) : " ... depuis la guerre, on a vu le Congo dont on disait volontiers qu'il était un oasis de paix et de bonheur, envahi par des nuées d'hommes politiques belges, qui s'adressaient aux Noirs, leur parlaient de démocratie, de droits de l'homme, de revendications, leur demandaient avec insistance s'ils étaient heureux. ' Parce que pour ces anciens colonels, ces directeurs de sociétés, ces magistrats, si le Congo bougeait, ce n'était pas parce que depuis Bandoeng, quelque chose avait changé dans le monde, c'était parce que des députés et sénateurs êtaient venus de Belgique s'enquérir, avec trop de sollicittrde, des aspirations des noirs... Ce sont ces trtrblions qui ont " détruit toute autorité >. A-t-on idée de parler de " démocratie > et de " droits de I'homme " à des bons noirs faits pour obéir " Les Blancs d'Afrique, dont beaucoup sont, quoiqu'on en pense en Belgique, les vrais amis d-es,Noirs, qui.vivent âvec eux, qui connaissent leurs qualités et leurs défauts, sont perslladés que tânt que les politiciens belges auront l'occasion de poursuivre leur æuvre délétère, le Congo sera voué à sa perte. t (9) Parce qu'au Katanga, il faut toujours le nègre de service. On verra qu'aur élecrions prochaines, Ia liste des blancs de l'Ucol comprendra deux boys blanchij par trcnte ans de bons ct loyaux services.,. (10) Essor du Congo du 3 déccmbre 1959. " ' 183


Il faut donc exclure roure solution à laquelle seraient

mêlés des politiciens belges : " Il esr nécessaire cependant qu'à la tête du Congo il y ait un chef. Sewl un chef d,e race blanche sera admis pdr toutes les ', tribus dn Congo parce qu'il est au-dessus'de la mâLée, parce que seul il peut arbitrer les conflits. Il fawt offrir cette coilronne au Roi Bawdoain, qui est extrêmement populaire au Congo. > C'est le souhair des Anciens Combattants. Le Roi doir être représenté au Congo par un Vice-Roi dépendant directement de Lui. Il appartiendra au Vice-Roi âe ttommer les ministres de l'Eiit Indépendant du Congo. u Le premier gouvernement comprendra un certain nombre dc Congolàis blancs à côté de-ministres congolais noirs" " Chaque ministre sera assisté d'un sous-secréiaire d'Etat de l'autre couleur. u

Les Anciens Combartants clui préconisaient une solution identique à.l'échelon des provinces, nê s'étaient donc pas alignés, au début décembre 1959

iur

les posirions séparatistes-de

l'U]rion

Katangaise et de Ia Conakat. Ils auront évolué en ce sens, fin décembre, lorsque MM. de Ryckman de Be-tz, Jean Joseph Derriks er Yvcs Gérard, présidents .respectifs des sections d'Elisabethville, Jadotviilô et Kolwezi, seront reçus en audience par le Roi 1ui-même, le

24 décembre : A ce.moment, ils préconiseront, eux aussi, le fédéralisrne, parce qu'ils ont découvert enrretemps que : .. ... le Congo est composé de petits et grands pays aussi distincts I'rin de l'autie que li France Ët l'Allàmâgne er dont les chefs coutumiers sont souverains (11). " Et ils formuleront, en d'autres termes, avec tout le respect dû au Roi, la même menace que l'Union Katangaise ei la Conakat. Si la Belgique et le Congo se laissent Àanæuvrer par les leaders extrémistes de I'Abakô et du M.N.C. : " ... il est à craindre que I'ordre et le calme qui règnent actuellement au Karanga soient compromis pàr deJ éléments de plus en plus nombreux qui parlent ôuvertement d'abandonner les mauvais garçoni du Bas-Congo à leur (11)

r84

" Essor du Congo r du 30

politique néfaste et de constituer nement indépendant. "

Katanga un gouver-

#-

Fidèle écho de ses maltres blancs, la Conakat, dans une letre au Premier Ministre Eyskens, signée Tshombe et Kibwe, reproduisait jusqu'à la menace (12) : " La position de notre association qui groupe 90t'}/o (13) des populations antochtones du Katanga s'est toujogrs fermenient manifestée en faveur d'une structure fédérale intégrale du Congo, accordant à chacune des régions fédérées les plus larges pouvoirs... ,,

Ce Comité (constitutionnel) seran mixte, comprenant

Blancs résidant au Congo et Africains.

' Nous nons devons cependant de relever, pour terminer, qtre si la Belgique prétendait nous imposer un système de structure qui ne nous conviendrait Pas, nous nous perrions t'orcés de recbercber nous-mêmes, powr ce Katanga qui est

notre Patrie, et en vertu de l'imprescriptible droit des peuples à disposer d'etrx-mêmes, cette forme d'indépendance mitigée que nous prônons en faveur des grandes entités congolaises. " La menace ne vise pas seulement la structtrre du furur Congo nrais aussi les liens qu'il faut conserver avec la Belgique. MM. Tshombe et Kibwe ont l'occasion de le préciser quelques semaines plus tard (14), le 18.11.59 r " Nos préférences vont à l'organisation d'une véritable communauté belgo-congolaise, chacun des Etats jouissant de son autonorrie interne. n Nous ne pourrions en aucun cas approuver toute décision, éventuellement prise ailleurs, qui voudrait consommer lo rupture des lieniétroits entre le Congo et la Belgiquc. Dcnr unè telle éventualité nous nous considérerions coffifllc totil. lcment fondés à choisir notre propre destin. , Au cours du colloque organisé par l'adminittrntion bolge pour les partis politiques, le 21 novembrc 1959, rou! h Pr&f

. Ecsor du Conco ' du 13 octobrc 195?, i;- ét;";Ë";--i.i'.io'i-q";ii r;igli;,i ll rl'unr rrrdrrhsr (l,l) . Essor du Congo ' du 2l novcmbrc 1919,

(12) décembre 1959.

aLr

liSt

rtri/


dence du vice-gouverneur général Schôller, M. dans un nouveau rnemorandum, déposé au nom du .Tshombepa1gl d; R;;: semblement Katansais a" i" io"àf.ài."l"propor.à q;gï ;;; vernement belge ànser"., prnàîni-lo' p"rroo" transrrorre de I'auronomie inierne, t., stiiântes (ts) , ( ... Ia détense nationale, "iiriuïiiJ"ï les relation, .i 1," commerce extérieur, les transports térécàÀmu"i."iL"r i;;;#i;: .ei nales, l'enseignemeirt u"i"".ritui.", l" p;li;-iq*';;;Ë#" er les institutions scientifioues" MM. Tshombe et Kibwe gËri""nt au ministre (16) sur un ton comminatoire : .. Pendanr trop,d.'années. (12), les aspirations lésitimes des Àarangals ont été rgnorées. Notre association, là Conakat. est à bour de oatienie er nous prévaloir, p"itoor-1,r, ;;;;;r;'Ë ";;;;;;;-à3.iaerî'?îi* jiir,.ip., qui nous sonr

inéligibilité) s'étendent à tous les non-aurochtones de cha-

cun des Etats fédérés, car si les Belges devaient

c'est-à-dire.que pour nous, Katangais, seraiànt étrangérs tous ressortissants de pays voisins et de régions congolaises extérieures au Katanga. ,

Ainsi donc, pour les dirigeants de la Conakat, si MM. et consorts ne peuvent voter ou être élus, il faut priver de tous droits électoraux les Baluba venus du Iiasaï et en général tous les autres Congolais venus des autres provinces etlravaillant et vivant au Kaianga... Gavage, Humblé, Canonne

cners.

La souveraineté katangaise doit être, dans l,avcnir Ie plus proche, un fait.. c-.ii à"* r<"ru"gâ;r, qu'il incombera de définir t" .o"rtitotron de "ï-l'"r.'ïË"fr, ce Katanea qui teur appartient les tealei;?;'i;-ô;;È";'J;;;êt; "t à lutter iusou'à la.morr, s'il le iuui ;;;ïéi;iË'i; droits du'Kri""g" a,"-;r;;;;rê

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ïonssont*,rlrrlii,.l"s,fr"::*i""Ki^î'::r;r::o::fr compre dans le-proche avenir, nii, -estimons iàriî"ii devoir d'en chercb", quoid-

*i*;-i; ,ùi;rotiï, ;;; ;; t"q".li;-;;rr'iErir""* li;;i;;;; T;; ;l-il:

sans I'appui de la Byigique, cependant, resrer unis îârrs'les """.nauté. ,

Ce memoranduT_porté au minisrre par une délégation M{. et KibwË, MM. M;ii;T;;;: Bertin Mwanda. Charles Jshonlbe Mutaka, B;;iâ;; ffi"y",Ë'aîtâIJ g*is""""s habituelle; $1 Ë Dergrque etc... lnslsre pour que I'on respecte l,autorité des chels traditionnels. er, ce qui est èxtrêmemeirt sienificaii{ ;;;r-;;; l-on reconnaisse le droit de vore aux Belge"s. si est repoussée, ce ne peut être, disent.e, bJns ""ti.'oi!.Ë"J servrteurs ou, "à.;iliË " ... à la condiiion q"'"ir.i Ti," comprenant, ourre

d;;;;;r;^ï;&r;Ëil;;"";;

(ot;;ï

(15) Essor du Congo , du 1e' décembre 1959. (16) " Eso.r du Conio, z ae""iiiËlîigii1'' "

".

j.

5g-,ptii'rï"ii1s,"l's"""'.il#,:i1_l:it.;ti."o,:;;",1.: sont lcs hommes dc l,Ucot-Unidn -fài""glli.. ""-'"

ffi?'îi'i:'i;"d:.Ili; ffL:*;"i;

être

ce que nous nous refusons personnellement à faire devraient également dans chacun des Etats fédérés, -, être considérés comme étrangers, tous ceux qui y ont émigré à la suite de I'occupation belge, considérés comme étrangers

On comprend assez l'enthousiasme des blancs du Katanga pour M. Moïse Tshombe. Il va plus loin, dans la défense de leurs intérêts, qu'ils n'auraient oJé aller eux-mêmes. Aussi ne tarit-on pas d'éloges à son sujet. Dès le premier meeting du dimanche 25 octobre 1959, L.V., dans un éditorial de l'. Essor du Congo (18), y va des superlatifs. Vraiment, "

M.

Tshombe est <<

ll

...

:

un orateur

né.

rt

a été: ,. ...aPPlaudi frénétiquement. > On admire : u ... le prestige extraordinaire dont jouit le Président de la Conakat, Moïse Tshombe, "le grand leader de la Conakat". t Embouchant les trompettes grand format, L.V. écrit : " Ce meeting, par son importance et par la discipline autant que par Ie nombre de ses participants, marque une date dans I'histoire politique du Katanga. Les idée] fédérales ont été longuement applaudies. Cètte première réunion politique du mouvement katangais témoigne de la maturité et de I'autorité de ceux qui le dirigent dans un esprit de compréhension et de collaboration avec tous. A Jadotville, le 26 octobre, à Kolwezi, le 11 novembre 1959, tous les blancs sont présents pour faire un succès aux orateurs de la Conakat. )>

(1t) .,. du 26 ocrobrc

1959.

166 16?


M..Lucas Samalenge (19), vice-président de . ^A Jadotville, la Conakat, fera applaudir M. Tshùbà : .. ... lg grand leader katangais, connu de rous, petits et grands

" et..le président local, Prosper Muyumba, prenanr place à la tnbune, Iancera une attaque.contre les Katangais qui -demeurent pârtisans de l'unité congôlaise : " Je profite de l'occasion pour stigmatiser I'attitude de c-ertains Katangais qui ne vtulent pâs rejoindre les rangs de la Conakat. Ces Katangais, .oro*e vous le ,"rr"r, ,of;t influencés par des démagogues et leaders politiques xénophobes. Vouloir nous impoier à l'heure acùelle f idé" d,u., Congo uni, c'est nous inciter inutilernent à des troubles rntefnes.

,t

,O

Pendant ce remps, le flirt avec les chefs coutumiers est de plus. en plus_ p-oussé. Les attaches familiales de M. Tshombe, gendre du ch-ef des Lunda et de M. Munongo, frère du chef des Bayeke, facilitent les opérations. Le dimanche ln" noyembre 7959, la Conakat offre aux chefs coutumiers, invités à_Elisabethville, une . brillante réception n dans les salons de I'Hôtel Léopold II. MM. Kibwe èt Germain Nkulu font les honneurs. M-. Samalenge (20) : u ... demande aux chefs d'appuyer Ie prosramme de la Conakar, seul capable de saurregarder lèur"autoriré et de donner aux ressoitissants katangâis !a chance d'occuper les places qui leur reviennenr dans-les futures institutidns qui seront mises en place en 1960. à cette réception ils étaient ' Tous les chefs présenrs plus d'une dizainè onr. opiné pour ie programme la - solennellement q.tiils Teraient de Conakat €t_ont promis com-

prendre à leur administration I'utilité et la nécessité de s'affilier,. tous, à ce grand mouvement de solidarité katangaise, qui groupe toutes les tribus de cette province. ,, Les blancs s'indigneronr avec véhémence que M. Iason Sendwe, président de la Balubakat, ait mis à proTit ." ,"ir.,rr(19) Qui ct qur. mou_rfa

parce

sera--plus,-tard ministre

dc l'Information du gouvernement de M.

(20) 168

.

Essor du Congo

r

du 2 novembre

1959.

"

J; Les chefs ainsi chapitrés par la Conakat seront reçus Par le Roi des Belges, à Elisabethville, le 24 décembre 1'959. Le chef des Bayeke, frère de M. Godefroid Munongo, Luhinda Antoine Mwenda Munongo, lira au nom des chéfs présents devant le souverain, un cahier de doléances qui n'est qu'une mouture un peu dêlayée des revendications de la Conakat et de I'Ucol-Katanga. Il déplore (21) que : * ...Ia voix de M. Ie Sénateur Pholien qui, dans "La Libre Belgique" (22) a éclairé les Belges (sic) a été négligée o et affirme que : o ... les-gens originaires du Katanga sont attachés à nous, leurs chefs coutumiers.

Pholien " bn'ouËn. nos protestations, les avis de M. le Message si sage de Votre Majesté.

et

fédéral. " iVt"t'al*andons que le Congo soit un Etat 'rrour, ; b; gens originaires du Katanga, nous avons remarqué que des gens étrangers à cette Province, voyant le brillànt succès rencontré par la Conakat aux élections, ont fait cartel avec nos frères katangais qu'ils ont trompés et qu'ils asserviront demain et cela pour nous imposer leur

dictature. n IJn autre grand chef, Kasongo-Nyembo, tiendra quelques mois plus tard, à la veille même de I'Indépendance, des pr.opos indiquant sans équivoque combien la manceuvre des blancs et dà leurs élèves de la Conakat à l'égard de I Ucol-K été payante (23): des chefs a ^t^ngà * En ce quf concerne les partis politiques au Katanga, il n'y a que la Conakat, qui est vraiment Ie Parti National

Kctanfais, il n'y a qu'Elle er Elle seule qui défend les vrais intérêts du Katanga et de toutes ses populations. n Les autres partis sont, ou bien d'origine étrangère au

Tshombe

olliciellemenr dans un accident de chasse très probablement assassiné qu'il en- savait trop au sujet de la disparition -do preiiei Mi;i;i;"-i;;;l;;

Lumumba.

blement des chefs pour < débaucher trois chefs Baluba > sous le -prétexte de : o ... les soustraire à I'endoctrinement des "vendus aux blancs" et des partisans du royaume lunda au Katanga.

(21) * Essor du Congo

déccmbre 1959. ' du 26 sur les chefs coutumicrs i22\ Par sa série d'àrricles izl) . Essor du Congo ' du t9 mai 1960.


Katanga ou bien, ne.sont que des marionnettes et pantins de partis étrangers à la Province, leur véritable- raison d'être n'est que : Sabotage, Incivisme et intérêt ou soif de POUVOrr...

>

L'.

Essor du Congo (24) pouvait exprimer sa fierté à " l'occasion de la réunion des iheTs et notaËles en vue de la cooptation organisée par la Loi fondamentale (25) : -. Les chefs que nous avons reçus semblent'de farouches défenseurs de I'idée katangaise- er des prérogatives de la province.

"

-iLes élections communales de décembre 1959 n'ont pas été

le.plébiscite pour

la Conakat que

ses supporrers

rarent.

blanci

espé-

lJn commentateur pourtant bienveillant, Louis Vrancken (26), ne lui attribue sur les 484 sièses de I'ensemble de la province que 84 sièges, soit 17,360/o. Sans doute la Balubakat n'en obtient-elle que 5,5 0/0, mais elle n'a fair campagne que dans les villes. Et dàns les diitricts du Nord-Katanga où elle n'a pas d'élus sous son drapeau, tous les élus peuvent-être, grosso -ôdo, considérés comme^des partisans de I'unité. Ils se rallieront d'ailleurs au Cartel à l'ocôasion des élections législatives, mais pour des élections communales, l'on a davantage.vo# pour deJ personnalités locales que pooi qes pnncrpes \2/ ).

Ce qui mérite cependant d'être souligné, c'esr le nombre Albeit, l'une des communes africaines d'Elisabethville, par les deux leaders de la Conakat et de la Balubakat. M: Tshombe obtient 119 voix,

-

de voix recueillies, dans la commune

M.

Sendwe 356. Dans la ville européenne, l'{Jcol-Union Katangaise patronnait une liste dite d'n^lJnion Communale (2ï),îont'la tête " Emile Delaruelle, était occupée par le bourgmestre sorranr, M. immédiatement suivi par quatre représentants de l'Ucol : MM. Achille Gavage, commerçant, ancien combattant, 30 ans de Congo, conseiller sorrant; (24) r Essor du Congo > du 31 iuin 1960. (25) Qui sera, on lc verra plus loin, grâce à la loi Schôller, une dupcrie au Katenga. (26) Sans doutc, l'éditorialiste L.V. que nous avons déjà cité à plusicurs rcpriio

(" Essor du Congo ', 31-12-59). (27) Les résultets complets dcs électionc communalcs de décembre 1959 ont été publiés dans . Remarques Congolaiscs ,, no ,1, du 28 ianvier 1960. _ (28) Puisqu'aux élections communales dc déccmbre 1959, les blancr éteient cncore électeurs ct éligibles. 170

Jean-Henri Beckers, agent de I'Union Minière du HautI(atanga, ancien conseiller; René Cambier, agent territorial pensionné, membre du

Comité Cenlral Ucol, président d'honneur l'4.P.4.K., 40 ans de Congo;

de

Remy Calonne, médecin privé, ancien combattant, 30 ans

de Congo. Cette liste comprenait aux dixième et onzième places deux noirs, Valentin Katôka Kabieka et Amisi Kasala, < serviteurs > tous deux et ayant chacun 30 ans de service... Elle allait avoir neuf élus sur dix-neuf, ce qui Prouve que la population blanche d'Elisabethville,- les gens de l'Uôol n'avaiônf pas la majorité absolue, mais ils constituaient la partie agissante de cette population €t engageaient' aux yeux des Africains, I'ensemble de la colonie belge au

même parmi

Katanga'

-î,

Lorsque les noirs et les quelques blancs, qui sont conscients du jeu dangereux mené par lèurs compatriotes de l'Ucol-Union

Kaiangaise, leur reproiheront leur politique, le Dr Remy Calonne la justifiera (29) : u Est-ce un crime d'avoir créé cette excroissance politique de l'Ucol qu'est l'Union Katangaise, dont les seuls buts, quoiqu'on en dise, dans les milieux mal informés, sont ure làrge- autonomie d'ttn Katanga fort et uni, dans un cadre fédératif et se rattachant à la Couronne belge ? ,, Est-ce une erreur d'avoir demandé I'affiliation de I'Union Katangaise à la Conakat ? Soyons logi,rlues : -y a-t-il une autrJsolution pour les Européens que de s'affilier individuellement à dès partis congolais qui offrent de sérieuses garanties pour l'avenir du Katanga'.Pour. son commerce, ses rndusiries, ses écoles' ses églises et le bonheur de ses habitants. > **r

ti

Les leçons ont, en tout cas, porté au-delà de toute espé* rance. Le âimanche 13 décembre 1959, dans un meeting à E'ville, M. Tshombe, cet << orateur né o (30), avait formulé un programlne conforme aux rêves des colons : (29) r Essor du Congo r du 14 novembre 1959' (30) Dixit M. Carion d11s l'. Essor du Congo

' du 1't décembre 1959


(

Ce progremme qui exprime la volonté absolue du peuple katangais d'acquérir sâ propre souveraineté est basé sur

la création au Congo d'un certain nombre d'Etats

souve-

rains dont les limites correspondraient approximativement aux lirnites des actuelles provinces. Chacun de ces Etats souverains, dans une mesure identique, abandonnerait à un organisme fédéral central, une partie bien déterminée de ses pouvoirs et I'Etat fédéral, à son tour, s'unirait à la Belgique sous forme de communauté monétaire, économique et politique. >' Le Katanga, Etat soaoerain, dans la plénitude de sa soaaeraineté, dyd.nt à sa tête un Cbet' de I'Etat choisi par Ies masses et an goaeernem.ent appuyé sur des assernblées élwes, diûgerait ainsi, sans intervention de qui que ce soit, ses propres affaires intérieures.

" V';'oi ie Katanga souverain dans un Congo fédéral et dans une union sincère et à égalité de droits avec la Belgique.

n

:l ** Y eut-il, à Elisabethville, fin

intentions dont, après quelques whyskies, les blancs du Katanga ne faisaient pas mystère et qu'ils allaient, sans succès, tenter de réaliser à la veille de I'Indépendance avant d'y réussir au lendernain de l'Indépendance et à la faveur de l'intervention

militaire belge. L'article de Pierre Davister ne dit rien que l'on ne pût connaitre déjà par la lecture des journaux d'Elisâbethville, mais pour tous ceux qui ne s'adonnaient pas à pareille lecture, il pouvait faire figure de révélation : " Le Katanga, écrivait-il, tel qu'il apparut au Roi, tel qu'il

t72

.

Remarques Congolaises

i'iiléii;;;;;;;Èd, ,,

qrre te.rt- iorr..

urrarrimement .(32), ,1"

,Kl:p"]r..li::

iÀmédiate et li réunion dans les 60 ioutt d'une "Assemblée Nationale. l1atançarse il;;l;'Ëii"q';Jt'Ë14ry*,!19:_T:,,::*t15"::i:,',','" qui étoblitait .la constitution katangaitl- 1 t"t modahtês àbi;; ..ttte le nouvel Etat et la Belgique'

;';r;;"'à"" 1".-i.àZp"nirn..

.ct:ï- I:f"jli::i1: " brài !r'it "n I àppoy"t'le coup dlPtat Katangais Par son autoâ"-ri* deventr. soit,.la "Conakat",

)^ p-^-*i^,i-i^,,o en Dasse de I I ) nn'elle Ji'rin i'q * /1?\ Ë {u'el le. est :t-t-"i f:t:**:t:i:, "' :;Ï Ë"-ï;;:#;ffi q"*,, tt4t t*:^ ;::"1*' :: fera au sein vvrr*Àr la conakat urçrrr' rc "'l,t: les avorrs çL ltr biens, garantlsse ;;r;it;;'Ë"âïoiit-.t'tls d'Africains la pluie

-:-t rd ;t

(

du gouverne-.n. et le beau temPs.

.o*po# uttiqotm"nt

dans cet ensemble d'extrémiste! (f1.confécloche inédit' celut t*.. a.' ia Table Ronde) un sonetde-fédérés se refusant à totive'"it's titt*uËdÉr"" à:Ï" d'êsireux de maîs capitale i.:il'piàilrî,i;"ii;inË Baudouin Roi le gard'er de' ,,rnls oor, ,o'Éit{lqu'

; bil" ',r"'i"t.,

;;;

décembre 1959, à l'occasion

du passage dtr roi Baudouin par le Katanga, une tentative de coup d'Etat ? Cela n'est pas établi. Dans notre livre : " La Crise Congolaise, De l'Indépendance à I'Intervention militaire belge " (31), nous a\rons reproduit de nombrenx passages de I'article de Pierre Davister paru dans le " Pourquoi Pas n du 2 janvier 196A. Il y emploie sans doute les mots < coup d'Etat ' mais qui il nous a toujours semblé qu'il relatait non un ér'énement se serait déroulé au cours de son séjour à E'ville, mais les

(31) Editions dc

(...) est un Katanga décidé à devenir aoDarut au Ministre ,ri'-^'-:-,lf^^-l^-.,ï . ot À lg s'il le mettre, ctil à mettre i"aéf.ndu"t'i,et i""., i" iltgique devant le faii accompli'

',

1960, pp, 30 et suivantes,

rester cornrne soatterain.

't

vers même à-toute allure ; b;'"; droit on fonce -f-édétEt le K19ança ;"";t""ls;;'d'Et mais dont. ,":Yi:.1i: pôle d: l:!:-t:t:i attssi ê;;.-Î;';'ôi; d'attraction, ,le dans Ia structure à la Beisique' car tout est là: garder fêdérale"cô b'on cirnent belge dont cons,tituer le label de qualité' "

ld

couronne pourrdtt

']k

n9!se1 avait .expligué de son lnrtlatlve semble-t-tl' son vovage n'etalt Pas oe gouvernement du délibéràtion ct non'dirne katangatsgs '1. Puls.-q91 nature à décourager les intentions ." disait (34) cnchaînant sllr son message de janvier 1959, il notamment :

Le

message

par

lequel- le.

Roi {e;

ati Congo _- fruit,

d'o unanimité '' M' Davister ,32, N* lecreurs slvcnt à quel point' cn parlant scl,l";lrîï'."-""t irfo.miit,îal où M. Davister traçait ces ligncs, la conakat venait de t,"n1cvvirre, re 17 déccmbre 1e5e' repro-

"'""")ioii,ilil.i*;,;,li;li'ï1:'t'ïifr%î . de GRISP, 2" édicion' p' 25e'

Jui," d!îJ .'ôà"i"-i-ssb

L73


" Qn" l'heure approchait d'asseoir I'association de la Belet du Congo sur la base de l'émancipation des

gique-

populations autochrones. Mainrenant,

il

s'agit âe saisir et

de satisfaire ies aspirations légitimes des- habitants du Ç9rgg, tout en leur évitant les déceptions d'une évolution désordonnée.

Loin d'imposer des solutions préconçues, elle (la Belsique) souhaide que le Congo précônise làs iistitutiàns ad.ipu

tées aux coutu.mes et aurc prélérences locales (35) et répondant aux nécessités du pays.'

" i'ài't""u I venir en personne m'assurer sur place des aspirati.ons entières des populations dont l'avenii me tient intensément

successifs de son pays avaient pourtant établi, pendant 80 ans et jusque là, une unité sans nuances...

à cæur.u

***

Début décembre 1959, MM. Tshombe et Kibwe sonr à Léopoldville, reçus par le gouverneur général Cornelis. M. Marc Mikolaczak,_directeur dl l'" Essor du-Congo rr, dont on sait le rôle dans l'élaboration de la " mystique kaiangaise >, se rrouve à Léopoldville avec eux. Fin_ décembre, MM. Tshombe et Kibwe sonr reçus par le roi Baudouin qui leur demande : " ... de préciser ce qu'ils entendaient par le fédéralisme et les raisons pour lesquelles ils le réclaÀent (36). " Il semble que le Souverain, dont les idées ne paraissaient pas incompatibles avec celles de ses interlocuteurs, n'ait rien fait pour les décourager. L'hebdomadaire fascisant de Bruxelles o Europe Masazine rr, avait sans doute quelque raison d'écrire (37i : " ... le triomphe remporté par le Roi Baudouin dans chacune des villes congolaises lui permer, avec le concours de son gouyernement, d'offrir non pas son indépendance au Congo mais leur ind,épendance à chacun des Cozgos issus du dernier scrutin. > les . . C'était à peine paraphraser le sou-ci royal

-&

M. Tshombe, peu après, se rendra en Belgique. A son il est accueilli par ses partisans, presque comme un chef

retour,

d'Etat : " De nombreux Conakatistes portaient des cocardes âux couleurs belges et congolaises ou avaient leur poitrine barrêe par des rubans aux couleurs belges. De même des drapeaux belges et congolais couvraient le toit de certaines voitures (38).' Dans un discours, prononcé devant sa maison, M. Tshombe triomphe : u Maintenant quand on parle du Katanga, en Belgique, ' c'est d'un pays que I'on parle. u Au surplus, il n'aura même pas le temps de rentrer chez lui. La plus haute autorité belge au Katanga désire I'entretenir. Et cette conférence ne souffre pas de retard : <( ... car il était attendu chez le gouverneur, M. Schôller. " -i-

Deux jours après, pourtant,

il

était élu bourgmestre par la majorité des conseillers de la Albert d'Elisabethville, commune qui comptait pourtant parmi ses représentants quelques grosses têtes de la Conalrat, dont M. Tshombe lui-même, MM. Kibwe,Yava, Mwepu et Makonga. Le coup était dur. La Conakat ne le digéra pas. Après des manifeshtions violentes des partisans de M. Tshombe, le vice-gouverneur génêral M. Schôller décida de surseoir à la nomination de cornmune

M

.Sendwe.

-d'adapter,

institutions << aux coutumes et aux préférences locales ,r dans un pays où les précédesseurs du Souverain et les gouyernements (3-5)

Qry instjtutions adaptées aux coulumes et aux préférences locales,, cclo avait

" un son favorable au régionalisme, au tribalisme, à l'autorité des chefs coutumiers, semblait assez incompatible avec les vues unitaires des partis uationalistes. (36)

" Essor du Congo r du 28

(37) Jawier

174

1960.

essuyait un échec particuliè-

rcment cuisant. Le président de la Balubakat, M. Jason Sendwe,

Cela

décembre 1959.

(38) r Essor du Congo

r du 11 janvier 1960


SÉPARATISME EN ÉCHEG

A LA CONFÉRENGE DE LA TABLE RONDE


Une fois décidée l'organisation de la " Table Ronde à ", ,, blancs et noirs s'y pré-

Bruxelles, " Katangais authentiques parent.

Le nouveau théoricien de I'Ucol-Union Katangaise, le Dr R. Calonne, sous Ie titre u Journées Décisives " (1), écrit : " Noirs et Blancs, forts des promesses qu'il (le message royal du 13 janvier i959 qui constitue de plus en plus la charte de référence des Jéparatistes) contienr, réfusent catégoriquement de voir I'indépendance s'installer, soit dans un Etat unitaire congolais, soit dans un Etat fédéral âvec pouvoir central fort. Ils veulent une formule de structure que garantisse dans le cadre d'un Congo Fédéral, uni à la Belgique par des liens de Communauté, une souveraineté qui leur permette de veiller à leurs problèmes propres.

>

Il veut que la . souveraineté

des grands chefs coutumiers

soit réaffirmée : " o Noirs et Blancs exigent impérieusement que les grandes ressources du Katanga profitent en premier lieu et dans une mesure plus large à ses habitants, sans toutefois vouloir en priver systématiquement des Etats congolais voisins, économiquement plus faibles. Noirs et Blancs refusent le droit aux démagogues du Bas-Congo ou d'ailleurs de vouloir faire la loi au Katanga et estiment que le Katanga nc peut être gouverné que par les Katangais seuls. l,

it'.rr'urg.n, qu'ils (Blancs

(l) .

lir;sor du Congo"

du 5 janvier

et Noirs du Katanga) définis1960.

779


senr avanr la réu-nion de la Table Ronde qui doit se tenir à Bruxelles vers le 15-1 : _. la forme exacre qu'il convient de donner eux institutions d'un Katanga.fédéral auronome ou... indépenJantf -

'"o

la

deJ liens qui rattacheronr le K"t"ngu -Congonature fédéral; la nature des liens de communauté que le Katansa et -llQo3go-fi.{éral désirent nouer avec la Éelgique.

_ M. Marc Mikolajczak, le directeur de l,o EssËidu Coneo ,. a décidé de se rendre à Bruxelles pour suivre t., tÀ""u* [" ii Table Ronde. Il ne quittera plus tvt. Tshombe. Très fier du rôle joué pjr son journal dans l'élaborarion de la mystique katangâise, ii écrit (l) : " Ce programme (de la Conakjt) est l,aboutissemenr de l'évolution des idées politiques ôui se sont svnthétisées déjà le jour où notre joùrnal,'au coïrs d,une sérié d'"rticies :ttjp ,t"r M. Jean .sepulchre, optait résolument pour le reoeralrstne congolats.

; il ô;r;" er surrour le Congo de demain n,est pas. ainsi que nous l'avons écrit maintei fois, à la mesure à'un seul homme, d'un seul gouverneur, d'une seule pensée politique. " ...'a."".r l'extrémisme de plus en plus violent

d,autres

régions du Congo, le Katangâ plus rétléchi a été.o"ir"ioi de se replier sur lui-même pour ne pas êrre entrainé dans des avenrures dont il serait- sorti diminué et sacrifié ! ,

Marc Mikolajczak avait d'ailleurs pris à M. Kibwe un interview qui lui avait faft dire (3) : .. Nous renrrerons au_Katanga avec le fédéralisme intégral, sinon avec I'indépendance. J " Europe Magazlne " (4), bien renseigné, annonce : " Les chefs de la Conakat tiennent àn réserve au cas où la Table Ronde ne rournerait pas rond une perire bombe de leur fabrication. En voici lâ recerte. Ou bien I'Abako acceprera la création d'une fédération congolaise où chaqu_e Etat jouira de sa pleine auronomie, où bien l,Abako refusera cette solution et, dans ce cas, le Katanpa fera cavalier seul, deaenant ainsi tEtat Ie pius ricbe de"t:Àfr;que centrale,., (2) . Essor du Congo du 21 ianvier (3) . Essor du Congo ' du 28 janvier (4) 12 iervicr 1960. ' 180

1960. 1960.

les leaders de la Conakat pour Léopoldîille à, en tout cas, frappé ceux qui rencontrèrent ces Congolais, à vrai dire, beauèoup plus intelligents que MM. Kasavubu et Kalonii. u I?ace aux positions séparacistes de la Conakat' les positions rrrritnristcs de ia Balubakât s'affirment aussi tranchées. f)ans un communiqué remis à la presse à Bruxelles, le t 3 'irnvicr 1960, la Balubakat dénonce ses adversaires : 'Lc fédéralisme prôné par les Européens du Katanga et par les partis congolais de la Conakat, soutenu par I'Union i(atattgâise, présente en ftalité toutes les caractéristiques du séparatisme; il se prononce pour la constitution d'un Etat indépendant katangais, qui entrerait ensuite dans une confédération congolaise. o Loin ele raliier lés suffrages de tous les Congolais habitant le Katanga, cette tendânce ne laisse pas d'en in-quiéter un grand .tonibre; ils n'ignorent pas qu'un rapprochemeat a'n"ë la Rhodésie serait ènvisagé favorablement et par les représentants de certains intérêts économiques et.par cert^inr gtoup"s ethniques, railiés à la Conakat, qui ont des frèrcs de race au-delà de la frontière (5). u Et le Cartel Balubakat-Fedeka-Atcar qui s'est constitué pour faire pièce à la politique de la Conakat proclame (6) : sa " Le Cartel conjugue ses efforts pour faire triompher thèse d'un Congo Tort et uni aveC très large décentralisation. L'indissolubilité seule permettra au jeune Etat congolais d'être une nation dynamique, solidle, puissante, qui rcmplira en Afrique un rôle étonnant. "

, Le mépris qu'affichent

'f;'

 I'ouverture de la Conférence, le discours du Premier Ministre, M. G. Eyskens, contrairement aux espérances qu'on lcur avait données, allait décevoir les séparatistes : " Le Congo est uni géographiquement par le puissant fleuve qui-a donné son-tto- â voire Pays et dont le bassin correspônd à ses frontières. Depuis 80 ans, 4es traditions r" sorit forgées, communes à tout l'ensemble du pays; deptris 80 Jns, une unité économique réelle s'est créée, 'rreillons à ne pas la briser car ce n'est que dans le respect (5)

l'Union Minière du Haut Katanga dont les intérêts

Allusion d'une oart à 'trusts j '..ur rhodésiens du cuivre sont connus. Leur inrerpénétration des grands ..i'i.ll". - oous liâvons vu - que ccs trusts ont des dirigeants communs. Allusion eussi débordent les frontières de la Rhodésie' les Lunda'qui ishombe, de l'iitt"i. i

,,,un.

com-

181


de ceffe solidarité fondamentare des différentes réeions pourra remplir .. qui À. 31"-,1" So."sg r]"riii"errj:; oesun hlstorlque : constituer âu cæur de l,Afrique une grande puissance dont le rayonnement doit é;hi;r;

M. Gavage I'expliquera très simplement à son retour à li'ville au cours d'un interview de Radio-Ufac (10) : jouer le rôle de conseil" II ne nous restait donc plus qu'à lers ot't'icieax de nos arnis katangai.s. C'est ce que nous

Le ministre De Schyver. confirmera ce point de vue : !e Congo esr un grand ensemble (...) ô.;;;;J .nl"ÀU" ioorr etre conservé dans une unité sans fail-le. , ^ilorr.rrr"rn"n, Patrice Lumumba se- déclare p"riio" --'- a u" uniraire mais fortement décentràiiJgl " Si le fédéralisme devait triompher, prophétise_t_il. le Congo éclaterait. avant cinq -' j;èn'pi";il1;"il;il; et le monde à témoin (7). "nr- J

flmes. Nous etmes cependant, peu après, lorsqu'on constitua les deux commissions, le plaisir de ztoir la déIégation leatangaise porter son choix, pour Ia comrnission d,es structares, snr notre ami,, M, l'a,uocat Hurnblé, et poar la comrnission des élections, srff Ia personne du docteur Calonne, vice-président de I'Union Katangaise. , Pouvait-on manifester de manière plus claire l'étroite solidarité qui existait entre les blancs ultras de I'Union Katangaise ct leurs porte-parole noirs de la Conakat ?

vaste continent.

u

"^

;t

- Le déroulement des opérations était loin de donner saris_ faction,.aux conspirareur,'CÈiir"Ë.rh;ill".

"j*-

Quand on apprit à Elisabethville la faveur rencontrée

-

D:)à avaffi I'ouverture de la Conférence, la Conakat avait envoye un réIégramme au ministre (g) : u Minicoru-Conakat proteste énergiquement contre répar_ ^provocatti..'r'JË

tition scandaleuse et li;"à;."ilri, g; traité parent pauvre. Votr" dé"irion aura grayes conséquences notammenr sabotage Table Rondj ou ,uptui" avec la Belgique. Réponse ur!"nt.. " l'Union Katangaise avaienr ensuite vainement - !"r,g"ry.de de rarre admerrre leur délégation gslale à la Conférence. L'* Essor du Congo (9) avait é;;i;: - " j:Igus _a_pprenons que les démarches des délégués de l'Unron Katangaise, MM. Gavage et Ie Dr Calonrie. ;";;

go*ltr

une représentation.des Belges du Congo à la'Table Konde, ont été bien -près d'abourir. Le Minisière semblait d'accord d'accepter d"ux ô-.o"î_ "ff".iif;; ;" rupplé"nt.danr, on J. t,à"'".ï_ ?pprenait. ce mercredi soir, à la rure de la Uontérence, que la délégation "eillede l,Abako remettait tout en question.-r,

.

Repo-ussés

en qualité de délégués, M. Gavage et Ie Dr

^ Calonne furent reoêchés pa, seiller.s. (6) . Essor d_u- Congo

.du

, du

là a;;;i";; .n luuTi,e-à"-"i:

t€r lévrier

1960.

l6i îËil3i'aï.?TË""l,ililillî,:?.1;.1:'n,""i::$:i;î,Â;

Ruanda-Urundi.

(9) ... du 25 iaavier

1960

ffi,,,,."

du congo

e,

parmi les délégués congolais par les idées unitaristes, les partiM. Tshombe lui adressèrent en son hôtel, l'Albert I"", I Bruxelles le télégramme impératif suivant (11) : " Volte-face gouvernement belge semblant accepter fédéralisme sous réserve pouvoir central fort cache intention formelle maintenir centralisation. Stop. Masses katangaises estiment seule solution être indépendance Katanga, Stop. Table Ronde inutile. Stop. Katanga bouge voir Jadotville. Stop. En conséquence quittez débats votre place devant être au Katanga pour assurer ordre et calme et former immédiatement gouvernement katangais. " Parmi les signatures, on retrouvait celles de MM. Kabange, Diur, Ilunga, Kiela, Kishiba, Nyembo, Mashimango, Sakisa, sans de

ctc...

Le rédac-chef intérimaire de l'n Essor du Congo ", J. l-croy, fera allusion à ce télégramme et à tous les autres que M. Tshombe reçoit régulièrement du Katanga : " ... il faut bien admettre que nos leaders se défendent avec bec et ongles, aidés,. il est vrai, par I'avalanche de cables tombant chaque jour sur le bureau de M. Tshombe (12).

" Envisageant le cas où la Conférence en cours se pronon(10) . Essor du Congo r du 16 février 1960, (11) Georges H. Dumont, op. cit., p. 82- publie les dernières lignes de ce télélrrmmc dont l'. Essor du CoDgo ' (4-2-60) publia le texre irtégral er les signatures, (12) r Essor du Congo du 10 {évrier 1960. "


cerait pour un Congo uniraire, l,éditorialiste n'hésite pas à ecnre

:

" Dans le second cas, le Katanga devra se séparer de la Belgiq.ue et du Congo "t proilamer son i"àepànaanie immédiate.

' Sii""i""r.que le sol et le sous-sol du Katanga appartiennent exclusivement aux Katangais (13). > - Quelques jours plus tard, l,Uiion'Kâtansaise, inquiète adressait un nouveau télégramme à M. TshomUif t+j. dont ses mandataires blancs se derÀandaient s'il ne se laissait iâr n"n""i par l'atmosphère unitariste qui régnait à la Confér"^rr.. i "--" Sommes préoccupés isiue conférence Table Ronde. Stoo. Craignons.. voir metr_e politique Katanga devant fiit accompli livré au ballotâge dtrn gouveriement central. Stop. Insistons défendre. énergiquÀent position définie par programme exprimé représentants valables populations et chefs coutumiers. Siop. Encouragerions indêpendance totale.

u

. âprès rout, les blancs d'Elisabethville avaient quelque droit de s'adresser sur ce ton à un parti qu'ils avaien't ,,ir.itl- d" toutes pièces, à qui ils ayaienr àonné ïon seulement ses idées et son programme_ mais aussi de l'argent, beaucoup d'argent, et qui continuait d'ailleurs à en récliner. J. Gérard-Libois, dans son ouvrage : * Sécession au Satang_a' (15) sur le vu du procès-verbal"du comité restreini de la Conakar, rapporre en effet que: * ... quand M. -Tshombe s'en Tut à la Table Ronde, le président la Conakat, M. Makonga 4" ".:. de MM. Onckelinckx, ThyisensBonaveniure insisra auprès. et Vander* beken, les trois Européens présents à la iéunion du comité restreint du 20.1.1960, pour qu'ils fournissent au oarti "5 rnillions ou plus, poar eivoyer non seulemenï de, d.élégués supplérrentairbs à la Tâbte Rond"e, mais aussi pour actiaer et intensifiernotre propagande à I'intérieur", , f* Cela n'empêchera pas, quelques iours plus tard. à une question du journaliste socialisle, Fernanld Demany, du " Peuple " : (13).C'ew d'ailleuro sur ce terrain eqe Ir,!, avcc I'aidc de Me Humblé, avocat de I'Union Minière, livrera ses plus chaudes lshombe, b"t.ljL.l Congo " Essor du (15) CRISP, p. 58. (1,1)

184

' du 11 f6vricr

1960.

. Est-ce vrai que vous ayez été créé Par l'Union

Minière ? n M. Tshombe: ( ... en riant de tout son cæur, (de) déclarer que la délégation katangaise était la plus malheuregs-er dg torrtes' et' I1ue, dans ceJ conditions, iI serait bien difficile de croire {u'éll. éait une émanation de la riche Union Minière. "

J-

M. Tshombe n'en

fit

pas moins, en plein milieu de la

Conférence, un aller-retour-à Elisabethvillé pour prendre de nouvelles instructions. Et c'est quand il revint qu'il livra une bataille d'arrière-garde dans le cadre des compétences à attribuer resoectivement au Douvoir central et aux provinces. Sous les protôstations de l'imirense maiorité des auties délégués qui

orrt' compris quels étaient les intérêts qu'il défendait, -M. 'l'shombe^rerr..tdiqu" pour les provinces la-propriété-du sol et tlu sous-sol, des riihesies minièr-es, des sourcei hfdro-électriques. Patrice Lumumba lui répond que o les richesses du Congo

au Congo et- qu'en- conséquence I'exploitation irpDîrtiennent 'la propri été de ces iichessei doit relever de la compétence ei tlr.r oouvoir central u. 'M. Kibwe relave M. Tshombe dans une interminable pnlabre (16). A l'un tomme à I'autre,,l'avocat- Flumblé, conseil il" I'Utriàn'Minière et conseiller de la Conakat, pqsse-continucllement des billets qui, chaque fois, font rebondir la discussion.

M. Adoula, délégué du Cartel Abako s'indigne.de ce que : ( .,. certalns vteinent ici avec des textes écrits par des personnes considérées comme conseillers mais qui se trouïent elles-mêmes sous l'influence de forces connues ou occultes et qui outrepassent leur quaiité de conseiller en s'efforçant diimposerieur point de ïue à certains délégués. Dans lintérêt ùpérieur du Congo, on ne peut admettre de telles façons d'agir... (17)," M. Lumumba s'était adressé à la presse : o M. Humblé prolonee inutilemenl ce débat et le relance sans cesse, avart-il ditl Tout le long de la séance, il donne, (16) M. Marc Mil.olacizak pouvait écrirc, dans l'.Essor du Congo' d.u t3-2-60,: . lir séance olénièrc, la quesrion des mines va revenir en discussroû et les dèlëguês lrctanueis nous ont dft lèv ftsolction de sc bLttre à mott pour obtenir que ler uru"inc"s soient compétentes cn cc qui concernc la matièrc minière. C'est évidemmcnt là une question primordiale pour le Katanga. ' (17) Gcorges H. Dumont, op' cit., p' 102.


au vu de tous, des petits papiers,à M. Tshombe oui les lit aussitôr. C'est cËaqu" ïois une objectior, nourr"ll" à toute solution raisonnable des problèmés. Il dévoile là les tendances séparatistes qui l'animenr... (18) > Il y eut même dans les couloirs de la Conférence un incident violent entre Patrice Lumumba et M. Tshombe. Une gifle retentit. Patrice Lumumba dénonça à la tribune : " ... le jeu de coulisse de certains conseillers européens qui seryent les intérêts de groupes financiers et de pïissanées étrangères.

' Il alla jusqu'à demander quittent la.Conférence et

que les conseillers européens

demeura absente pendant plusieirrs réunions. ,*t*

Quoi qu'il en soir, comme on le sait. le Coneo oui sortit des délibérations de la Conférence de ia Table" Rônde. en grande partie sous l'influence du Cartel Abako et Je'son Congrès de Kisantu tour en maintenanr une unité oui se voulait solide était- largemenr décenrralisé et accordai't aui provinces une -très grandJ autonomie. On était loin du séparatisme souhaité originairemenr par la Conakat et ses inspirâteurs. On était même"fort giois"a^au fédéralisme,.tel qu'ilf I'avaient préconisé, où des gtàt;'pr"iiquement indépendants auraienr èoncédé â" m"rrus abandàns à un pou-voir central impuissant qui les aurait coiffés .. d,un tout chapeau >.

Mais l'autonomie provinciale dans de très vastes domaines n'en était pas moins telle (19) qu'elle permettait à M. Tshombe de déclarer à l'issue de la Tâbie Ronïe (20) : u Nous sommes aussi particulièrement'satisfaits qu,il ait été mis fin à la centrallisation excessive dont souffrait Ie Congo er que la Conférence de la Table Ronde ait abouti à voir reconnaitre aux anciennes provinces tous les oouvoirs d'une entité politique : une aisemblée législativi un gouvernement procédant de certe assemblée,- une admi-

nistration et des finances autonomes.

>

(18) eo. loc., p, 102, .(19J Voir La Loi, Fondamentale, Titre V, De Ia détermination des comoérences eûtre le l'ouvorr cenrral et le_ Pouvoir Provincial, Secrion II, Enumération des'compéteuces erclusives, art. 219 et 220, (20) Georges

186

H. Dumont. op. cit., p.

ii.rr, à un fédéralisme qui ne veut pas dire son ' Or'." Il s'agit d'une querelle de mots. " lit M. Gavige lui-même, à Radio Ufac, pouvait déclarrr (22) : * rrom.

.

Vous aurez appris que, bien que le mot fédéralisme ait la structure du futur Etat n'en scra pas moins à base flédérale, puisque aussi bien dans

d.té volontairement écàrté,

sa délégalion, en signe de protestâtion,

petit

Marc Mikolajczak pouvait écrire dans un éditorial.(?.t),, . Si I'on ,.norr"., pottr tt" pas froisser les -susceptibilités, de parler de fédérilisme, celui-ci est cependant une chose acquise, C'est I'avis de chacun.

200.

chaque Etat provincial,

il y

ine

âssemblée législative

qui sera comPosé de personct il y aura un gouyernement^rrâ nalités ayant raîg de ministres. On ne sait Pas encore cxâctement le titre qu'on leur donnera. Peu importe' car ils en auront les pouvoirs. " Me Humblé, le conseiller trop yoyant de la Conakat, déclarcra à son départ de Bruxelles (23) : . IJien que le mot n'est pas employé, le fédéralisme est une chose acquise.

,,

ll

était fier qu'on ait pu : ... " rallier la presque unanimité sur les principes d'un Iltat fédéral et notamment : rr) les provinces sont reconnues comme des entités politiques autonomes au sein du Congo; b) des gouvernements provinciaux seront constitués, élus par les assemblées provinciales; c) les provinces seront dotées de leur proPre administration et des finances autonomes; d) Sénat sera une émanation des différentes provinces, qui.ley seront représentées à raison de 14 sénateurs par province dont 3- chefs coutumiers. pouvoirs de la Chambre et du Sénat seront identiConstitution et les lois devront recueillir l'accord .lc I'un et de l'autre. J'estime quant à moi, que cefte for> Les

uu.s.

ia

. Essor du Congo (22) " Iissor du Congo (2.t) . tissor du Congo (21)

, du 18 février 1960, " du 16 février 1960. , du 23 février 196A. 1B?


mule garantit les droits des provinces tout en sauvegardant I'unité du Congo.

; ir;;ù;"r qu'en ce qui concerne le régime des mines, si une loi de cadre déterminera la législation générale, les provinces garderont le droit d'accorder les drôits de concession et d'exploitation et participeront directernent aux redevances. " Enfin, M. Mutaka, président de la Comakat à Jadotville, délégué à la Table Ronde, et futur président de li{ssemblée Provinciale du Katanga, allait faire une révélation grosse de signification (24) et qui ne fera l'objet d'aucun démenti : " Nous avons pu obtenir le contenu du fédéralisme. A ce propos, Sa Majesté le Roi Baudoain a félici.té publiqaement M. Tshombe, lors de la réception de dirnancbe au Palais Royal pour être pzffvenu, aoec deux délégaés ellectils seulement à la Table Ronde, à faire adrnettre les opinions de la Conaleat.

"

Il

*

était utile, pensonr-"ou"

,"

reproduire l'ensemble de

ces

déclarations.

Elles démontrent, en tout cas, par avaîce, I'absolue maufoi de tous ceux (dirigeants katangais, ministres, hommes, politiques ou journalistes belges, congolais ou étrangers) qui vaise

prétendront, plus tard, que le problème katangais était un

simple problème de structure, un problème constitutionnel et qu'il serait aisément résolu si l'on acceptait de doter le Congo

d'une constitution fédérale, La Loi fondamentale était, par son contenu, une véritable constitution f éd.ér ale. Il n'est pas sans intérêt de rappeler ici la mise au point que Ie sénateur Henri Rolin -- dont on sait le rôle qu'il joua, au cours des délibérations de la Table Ronde 2611s5s2 4u - ce journal journal Le Soir ,(25) alors qu'une fois de plus, " favorable à Tshombe avait reproduit la " fable dont les anti" lumumbistes se servaient depuis deux ans, fable suivant laquelle toute la crise congolaise s'expliquait par I'erreur que l'on avait prétenduement commise en dotant le Congo d'une * constitution unitaire u : " Ayant présidé la première sous-commission chargée de (24)

.

faire des proposidons, j'es grand soin de laisser le débat ," por.suiïrelibtement entre Noirs les premiers ,ours, Pour devolr enôuite le résumer et en dégager ce qui me paraissalt en être les conclusions. on. ,tournJl. àit"utsion, sur quelq*es points précis

' Après et éiimination de toute qualification théorique'.nous aboutîmes à des propositions que I'Assemblée rtt'|td d, \n',o: nimité,Tsbombà compris, et qui servirent de base à la lol fondamentale.

;î;;;;p;;itiotts

adopgées n'avaient rien de commun aYec

cette conceptron unitàire que I'on se plait à dénoncer depuis près de trois ans. , Te n'en veux pour preuve que le commentaire gu'en dJrrna tvt. Tshombe lui-même à la dernière séance de ta Table Ronde, le 20 février 1960 : p"tti.ulièrement satisfaits gy'i! ait ,, "Nous somltles ""*i été mis fin à la centralisation excessive dont souttrart le ë;; * à,r" l" .o"fit."ce de la Table Ronde aitlesabouti pouil;i; i..Ë"""i.t. aux anciennes provinces.tgYs. un 1égislative' issemblée une : pàtitique ;"i;;it"; lntite gouvernement procédant de cette assemblêe, une .admr-

lil;;;il';;î"ilin"t."s autonomes; grâce à cetteà réforme ô;;s; de demain ëchappera l'éclateil;î;;;â;-it menâcé". il était dont ment constitutionnel' ïi; ;;"i, don" î "ïoii ""tut' problèmejamais été qu'un n'a fable-' lit cà^ iiri."ï-Ëte.",'."r," ' prétexte, Ce que ['on voulait en réalité pour le Katanga' t: -qT: et âYec l'atde d'une armee f'on a airaché, par la violence p"trice T'umumba, c'était I'indé-

*orrr.rrr.-""t a. tot;le et non une aurcnomie- provinciale garantre n"tiàËn." "u pt"t large par la loi fondamentale' Çt q1'" li;;t;ï;;t"-tt cÎ que Patrigl i:;i';ri;i;, ."'ieliiÈ, foi''1. congo,qu'tl .c'était au prlx combattu a et tout par-dessus l.rrrrruurba craignait successeur' que son du balkanisation la Pays .'ie, c'étiit s:r .1" M. Cyrilie Adoula a, malgré ses engagements tormels' reallsee'

étrangère.

Essor du Conso, du 26 février 1960.

(25) ... du 20 décembrc

19'62.

189 188


LUMUMBA CONTRE TSHOMBE


Nous avons raconté dans notre livre

: " La Crise Congo-

lrrise - De l'Indépendance à l'Intervention militair-e. belge 1 (!) lcs événements {ui se sont déroulés enffe la Conférence de la 'l'ablc Ronde et la proclamation de I'Indépendance du Congo.

Nous n'allons pas refaire cette histoire puisqu'aussi bien, rien, rlcpuis sa publication, n'est venu infirmer notre récit et notre irrtcrprétafion. Bien au contraire, deux ouvrages' parus depuis, énranant l'un de M. \ù?'.I. Ganshof van der Meersch, ancien rrrinistre belee des Affaires eénérales en Afrique : " Fin de la Srruverainet5 b.lg" au Confo " (2), I'autre de M.J. Gérardl-ilnis, intitulé " Sécession au Katanga " (3) mettent en lumière des documents dont nous n'âvons pu avoir connaissance en l9(r0 et qui confirment,. singulièremènt, les opinions. gu'exprirrririt notre ouvrage sur les événements qui ont immédiatement précédé la sécession et qui l'ont prépaiée et sur les hommes ilui ont joué un rôle déterminant dans le processus qui y a corrduit.

ce récit Notre propos est donc aujourd'hui de compléter -disposons. dês élément, ,roorr.an* dont nous

ù la lumièrô

pp. 41 à 55' Lc- préænt livro (1) Âux éditionr dc . Rmrrques Congolaise ururrlit constitucr cn feit, nos lectcurs s'en rendronr', compte, une suite de notre éBdc pareissait cct ouvrage (le 20 octobre 1960)' iur . l.r C.is" Coneolaise ", Au moment où l',,n rc pouvait paiprévoir quc le crime mijeur.constitué par la sécession du.Katanga r,,, eir lir consé6ucnË"s t.agiô,t"s etr pour certains aspects, définitives que I'on sait.

Nour rvons, dèr'lors, iugé nécessaire, pour fixer de manière complète, un point d'hirrrrirc, rlc conter, par lo détail, les origines et les causes de la -sécession. Les. Pages troP que nous consacrlons à cctle hlsrorre' dans donr rien n'est à reprendre hràvcr, - mais o l.r Crirc Conrolaisc , ,op. 21 à 41) sont -remplacées dans le présent ouvrage par l'en.urrrl,lc dcr chapitres qui frTcèdent celui que noui cousacrons à .-La Nui-t- du 9 au 10 jui-llçr 1,r4,0,. Noire "Ciisetongolaise' s'aihevait sur la iournée-du 9 juille-t..C'est donc--le événcmints de la nuit du 9 au 10 juillet qui enchalnc avec elle. rhrlrrrc ' (2)consacré aux Edition de l'Institut Roval des Rclations internationalcs, 1963. et d'Information Socio-Politiques. CRISP' 1963. Recherche Ccnttc dc ill 193


M. Tshombe, nous I'avons dit, n'avait pas dans Elisabethville la popularité que lui prêtaient ses amis blancs qui, jusqu'ici, constituaient, à tous ses meetings, sa brigade des applaudissements.

Lorsque le 5 avril 1960, M. Kasavubu, alors l'un des six délégués auprès du gouverneur général, se rendit à Elisabethville, il y fut accueilli par M. Tshombe représentant la Conakat, et MM. Sendwe et Mwamba représentant le Cartel Balubakat. M. Kasavubu, à ce moment, représentait une conception de l'unité, sans doute moins consciente et ferme que celle de son collègue au Conseil des Commissaires, Patrice Lumumba, mais cependant fort éloignée du séparatisme des " Katangais authentiques > que M. Tshombe incarnait. Le futur président de la République devait d'ailleurs déclarer que le btrt de sa visite était de < ... renouer les liens d'amitié et de solidarité nationale qui doivent exister entre les provinces (4). " A lire les comptes rendus de presse rapportant le déroulement de la manifestation, c'est, de toute évidence, pour l'unité et contre le séparatisme que les populations noires d'E'ville se z

prononçaient sans équivoque (5):

" M. Tshombe fut constamment hué par la foule qui put d'ailleurs difficilement entendre l'orateur dont les mots prononcés étaient couverts par les cris hostiles. qui salua M. Kasa" Ce fut ensuite le tour de M. Sendwe vubu au nom du Cartel Katangais et demanda à la foule de répéter après lui quelques slogans comme "Vive Kasavubu !", "Vive le Congo uni !", "Vive le Cartel !" et "Vive l'Indépendance !" repris en chæur par la majorité de la foule. " ,fi*

C'est le moment où va s'esquisser un front commun contre Patrice Lumumba qui apparalt de plus en plus comme le symbole de I'unité du Congo. Dans un message à ses compatriotes (6), le samedi 6 février 1960, il a proclamé : Les populations du Congo doivent combattre toute ten-

"

(4) La presse du 7 avril 1960. (5) La .Cité' du 7 wril 1960,

le "Courrier d'Afriquer et le <Peuple' du 1960. ^vrllLe . Peuple souligne : * M. Tshombe, président de la Conakat, se fait conspuer, ' et la . Libre Belgique " qui, plus rard, se fera en Belgique l'une des propagandistes les 7

olus fidèles de M, Tshombe, écrira elle-même: ^ maintenanr celui-ci (IvI. Kasavubu) introduit comme loup en bergerie dans " Voici et M. Tshombe conspué sur son propre terrain ', le Katanea (6)-. Essor du Congo ' du 8 février 1960. 194

tativc de morcellement du territoire, la force du Congo rdside dans le maintien de son unité politique et éconornique.

, I"ô leader du M.N.C. a invité ses compatriotes à s'unir pour construire au centre de l'Afrique uné grande nation. > dénondéjà avant avantia la'Iable TablJRonde, Konde, denonl,cs blancs blancs du Katanga, ctérà principal qui le rvec haine celui en ils deviné çEierrt -avaient nrlvcrsnirc de leurs projets criminels. M.M. (Marc Mikôlajczak) dans un éditorial " Jusque à qrrnrrd ? (7) dénonçant Patrice Lumumba comme un u fauteur ' rle troulrlcs, . un excitateur ", avait écrit: . I-e Congo et même chaque province a le droit de défenrlre ses populations contre I'action d'agitateurs et de rneurtriers. Chacun doit rester maitre de sa maison et en interdire I'accès à ceux qui veulent amener la guerre. ,, Iit le lendemain, le Dr Remi Calonne, le dernier maître A lttrrscr de la Conakat, -va, dans la u Tribune Libre u et sous lc-ritrc: oLe grande Paix du Katanga" (8) aller beaucoup ;rlrrr Ioin encore et, avant le Professeur Marcel Decorte (9),

la suppression du leader du M.N.C. : 'irrd'r'oniser " Nos régions sont considérées comme un oasis de paix qui inspire confiance pour le présent comme pour I'lvenir. u Iraisant l'éloge des partis à base tribale, il condamne

ceux qui cherchent à échapper au tribalisme

:

les autres qui poursuivent des buts nationalistes ou s'inspirent d'idéologies issues de nos démocraties europécnnes ont peu de chances au Katanga. " ces ..., hommes Il oppose ensuite les chefs de la Conakat, esprblcs èt courageux r', à des leaders nationalistes comme tt,itricc Lumumba et parlant de lui, n'hésite pas à prononcer menaces d'ailleurs qui seront ces paroles lourdes de menaces rrriscs à exécution au pays du- Dr Calonne et par ses amis, rprelques mois plus tard : n Pourquoi I'Administration accorde-t-elle à des politiciens criminels toute liberté d'organiser des Congrès où la Belgio ...

(7) " Essor du

du 4 novembre 1959. du 5 novembre 1959. ((r) Cc professeur catholique à I'Université de Liège qui, on le sait, écrira dans la . I rl,rc llclgique . du 22 juillet 1960, en parlant du Premier Ministre du Congo : . Il fair pleurer de rage des officiers dont un seul geste viril aurait délivré la plrnt\tc de son culot sanglant. , M. l)ccorre cn préconisanr Ia suppression physique de Patrice Lumumba, avait bien rrrdrirl ln placc dc profcsseur à I'Université d'Elisabethville qui lui fut conférée par lc

(li) . Iissor du

t,,rrve r rtrrr<ittt

rlc M.

Congo Congo

" "

'Ishombe.

195


que est insultée et qui, comme ce fut le cas à Sranleyville, dégénèrent en bagarres meurtrières ? >, Et enfin, pourquoi n'emploie-t-on pds k méthsde si cbère aux Noirs d'wne justice expéditia,e ztis-à-ois de politiciens criminels afin d.e les mettre définitivement hors d'état de naire et aussi de faire rét'héchir qaelques d?prer ti.s-sorciers...

>

M. A, Delvaux, ce mulâtre, endèrement acquis aux entreprises de la Métropole et de ses agents, er qui vient de fonder avec quelques autres, le P.N.P. (10) dont il est le Secrétaire National, fait, de Léopoldville, écho aux voix des blancs du Katanga (11): o Lumumba, dira-t-il dans un communiqué de son P.N.P., ce valet de Sekou Touré, de Moscou, de Prague et de Péhin, a très bien compris qu'à la tête d'un régime de dictature au Congo, il deviendra le champion du panafricanisme d'Accra et qu'il pourra en imposer aux ayenturiers de Guinée et du Ghana.

" S'il

y a

actuellement

Lumumba qui le trame.

un complot au Congo,

c'est

' L, baËique n'a pas compris Ie d,anger comrnt4.niste m€nace actuellement le Congo.

qai

pas prêm à marcher avec la bande " Les Congolais ne sont d'escrocs qui, sous prétexte de suivre une politique de neutralité positive font du chantage sur le plan interna-

tional.

(la patrie) préserver du marteau et de " iVo"r'"tulons la faucille.

la

' i.tout'";ruons que faire de conseillère guinéenne et communiste (12), ou de sociologues marxistes du genre Institut Solvay (13).

' Cette fois la jonction

est faite. Partisan de I'unité du

Congo, dont les milieux hostiles à une vraie décolonisation ne (10) .., que les congoiais appelleront plaisammenr : le . Parti dcs Noirs Payér .. (11) . Eisor du Congo ' du 30 mai 1960' (12) Cc tcxre visair Madamc Biouin qui avait éré chargée par M. Antoine Gizenge, le mouvement féminin du P,S.A. d'orcaniser " (13) Allusion au Profcs:r'ur Doucy et à ses disciples eccusés d'inspirer .la Balubekat

et M. 196

Bomboko.

I :rucrln prix, Patrice Lumumba est dénoncé comme un I r'olnnrrtnistc n. On compte sur I'effet qu'une telle identifi rrtion doit produire sur des milieux formés, dans leur quasitotrlité, par I'Eglise catholique et chez qui le tabou du commuvprrlrrn

nlrnrc crt chevillé au corps. ll n'est pas inutile de rappeler que c'est ce M. Delvaux rlont Patrièe Lumumba, par un de ses mouvements de naïve jdnCrositd', fera l'un de ses ministres qui, fin 1960, se rendra I lllir.rbcthvillc, aux fins d'y négocier,- pour compte de M. Kasavubrr, nvcc M. Tshombe, le transfert et Ia liquidation du lrrcrrrier Ministre, Patrice Lumumba. Âu Katanga, le ton est pris, et un journaliste qui se vante pourtnnr de ses bonnes manières, M. N{arc Mikolajczak, à rlrrckltres jours de I'assassinat du Prenrier Ministre, usera encore I ron égard du langage que voici (14): . ... un escroc, sans foi ni loi, un fumeur de chanvre tlcvenu premier ministre.

'

.., grossier et malappris p€rsonnage.

>)

rf-

C'cst le moment aussi où les futurs traltres au Congo vont faire leur pélerinage à la Mecque de l'anticommunisme. MM. Moïse Tshombe et Albert Kalonji voyagent ensemble Iux litats-Unis. A \Tashington, ils rencontreront MM. Herter ct I llrriman. Rcntrant de son voyage, M. Tshombe se vantera du rôle rlrr'il a joué aux E.U. (15) : " M. Tshombe a fait remarquer à ses interlocuteurs qu'il aalait mieux prévenir que guérir le d.anger cornmuniste et que celui-ci était une réalité actuellement au Congo. Cet argument a vivement frappé les autorités américaines qui sont prêtes à aider généreusement le nouvel Etat indépendant. Des missions américaines

vont bientôt visiter le Congo ' pour examiner les différentes formes d'aide à apporter au Pâys. t * ** De la part des Américains, les relations nouées avec

ces

rl{) . [31sr du Congo . dcr 30 er 3l décembre 1960, (15) . Essor du ConSo du t7 iuin 1960; . Courricr d'Âfrique r du 1r' juin 1960 ' 10?


traltres en plissance n'étaient que le développement d'une politique préviiible depuis longtemps (16). M. Tshombe, avant même son voyage aux Etats-Unis, avait conclu avec un homme d'affaires, le-sieur Chastenet dè la Maisonn_euve, représentant un groupe américain, un protocole engageant I'avenir du Katanga, Un procès (17) qui s'est déroulé devant les tribunaux belges, a révélé qu'à l'occasion de la signature de ce prorocole, M. Tshombe avait touché de ce financier franco-américain un important subside en rrue de sa campagne électorale.

LES ÉLEGTIONS

DE MAI 1960 ET

(16) prophétie i

" Franc . dans l'. Esror du Congo, du 28 juillet

. Si... I'influcnce belge au Congo venait à feiblir

1956, faiseit déjà ccttc fecile

dangcreuscmenr à l'avenir, lc gouvernemenr des E.U, devrait prendrc à rcgret dcs mcsurcs pour essurcr le técuintérêts partie rité dc ses vitaux dans lette ilu mondc. ' (17) L'affaire Vandersleyen er consolrs jugéc en audienccc publiques par le Tribunel correctionnel de Bruxcllæ ct la Cour d'Apoel. f,cs orévenus éteiànt pôurcuivig oour lyoir détourné au préjudice de M. Moise Tshôrirbe, l'équivalent de quetie millions'de frano belges, déposés dans unc banque suisse. Ainsi donc, ce commerçair_ ru bord de le faillitc fin 1959 et dont ses commlnditaires blancs deveient réglcr les icceptatioos pour lui évitcr des orotSts et pire encore. sc trouvait à la tôte d'un iÀoressionnanl masot-âorès oueloucr moif d'exercici du pouvoir t I[ ne s'agit que d'avoirs in Suisse. gt tËut lê motid" irit qu'il n'a pas mis tous ses eu fs dans lc même panicr. 1C8

LEURS GONSÉOUENCES


Lcs élections de mai 1960 révélèrent que, malgré les par la Conakat et ses supportcrr blancs, le parti de M. Tshombe était loin non seulement rlr fairc I'unanimité souhaitée par I'Ucol-Union Katangaise rrr,ris urême de représenter la majorité dans la province. lin chiffres absolus (1), la Conakat recueillait 104.871 voix ct le cartel Balubakat 110.091 voix. ()r, dans Ie territoire de Malemba-Nkulu, l'on n'avait pas vutrt ct les trois candidats du Cartel avaient été élus sans lutte. (l'est dire que la Conakat avait considéré qu'elle n'avait cucuuc chance dans ce secteur et que les quelques milliers de rrrl'lrngcs qu'il représentait et qui n'ont pas étê exprimés doivent lltrc rjor.rtés aux voix du Cartel Balubakat et renforcer sa irrrrrrcnses moyens mis en ceuvre

iorité. . Ocpendant, grâce sans doute à un astucieux découpage des cireonscriptions, qui n'aurait rien de surprenant si l'on songe âu rôlc ,1ue jouèrent, pat la suite, les grands chefs de l'administrarion t't norammena MM. Schôller, Thilmany et Lebrun, grâce rrr,t

à des impondérables (2), la Conakat rninorit,rirc totalisera, aux électiôns provinciales, 25 sièges contre 24 ,rrr (lrrltel et aux partis qui le soutiennent. Pour la Chambre, ,rrrrsi sans doute

, t, î, ,. numéro spécial des 2l cr .10 iuin t960 de " Remarqucs Congoleises ', rrrivanres, donnant les résultats complcts dcs {lections et le relcvé fait prr ( lrrlrr h'nré cr Mupcnda Bantou dans . La Murinlric de la Forcc Publique ct la Sécession lrrrrrgrirc ', nunéro spécial du 16 juillet 1960 de . Remarques Congohises '. (2) l,'orr vcrra, par cxcmple, à Elisabethvillc, la Conakat obtenir un député de pltr qvr lt Crrtel Dalubakar pour un écart dc 7 voir (8.617 contre 8,6!0). Par contre, rrrrllrd un {carr dc arès de 3.000 voix (11..182 pour lc Certcl contrc 8.535 à la Conakat,l, lr t'lrtrl n'obricndrà que lc même nombrc de sièges à Dilolo. Aux élections législatives porrr li'villc--frdotville,-le Conakat er lc Cartel obtiennent chacun un riège, alore quc le I ,'rrrlrr n'l rccueilli que 14.681 voit ct quc lc Cartcl cn e obtcnu 23.112.

1'p ,lôt cr

201


y

ayant été inscrits et des Baluba

la Conakat a 8 députés, le Cartel Z. Mais M. Jason Sendwe, leader du Cartel, obtient 20.283 voix de préférence aux élec-

ttlcts. des Rhodésiens

tions législatives alors que M. Tshombe n'en recueille que 2.200,

"o de territoire auraient .lépouillement; des administrateurs iiaeu conakat dans sa camPagne; dï Tiqtcnces furent exercées contre les partisans du cartel 15;'

aux élections provinciales.

(t); des. urnes contenant des li;'li";;i y iigut*"t prt ^C"ttà[ auraient disparu aYant le ir"tt.-ri"t't""âr-"Ë1., n

;;i;il;;";

* at

L'on ne peut perdre de vue d'ailleurs que les élections ne s'étaient pas déroulées sur le problème de l'unité du Congo ou du séparatisme katangais. S'i[ était certain, en effet, que tous

les partisans du Cartel étaient résolument attachés à l'unité du pays, il était évident que tous les électeurs de la Conakat n'étaienr pas acquis au séparatisme. L'on se souviendra qu'à l'issue de la Conférence de Ia Table Ronde, les leaders de la Conakat avaient officiellement proclamé leur ralliement aux résolutions impliquant l'unité du pays. Si la Conakat avait inscrit à son prbgràmme électoral la sépararion de la province du Katanga-de-l'Etat congolais, il n'est pas douteux que les masses congolaises se seraient dressées contre une manæuvre aussi clairement voulue par les milieux blancs d'Elisabethville. La Conakat eut, dans ce cas, subi une défaite électorale écrasante. Ainsi donc, même si la Conakat avait remporté aux élections une véritable majorité, ce succès n'eut, en aucune manière, signifié un succès du séparatisme katangais, un tel thème n'ayant, pas été développé sur le plan électoral par le parti dont le chef avait d'ailleurs proclamé que la loi issue des délibérations de la Table Ronde répondait à ses aspirations d'autonomie

ctc.,.

>

Tous les recours furent repoussés (6)'

l.; éartei Balubak"t, dani des letdrés ag Roi- des Belges, ainsi .ur ijréria.;;; e; ia Chambre et du Sénat de- Belgique, (7), éleva

qu'nu rninistre du congo Belge et du Ruanda-urundi une protestatron : . Des irréeularités ont eu lieu lors des élections, des votes r"-rl"i- f"Ïrs sous la terreur, particulièrement à Kamina a" nombreux motti. Nous rejetons le résultat ;i ii-t

""i et demandons votre intervention' dcs élections

'

En attendant qu'ii soit fait droit à leur plainte, les reprérontilnrs du cartel'décidèrent de ne pas siéger à I'Assemblée Pnrvinciale (8) : . Tant qu'il n'aura Pas reçu de réponse à la lettre au Roi

* l,Iîiitre du Ôottgo-pout piotester- contre la façon ", Jl"t t" déroulèrent les o'péràtionJélectorales au Katanga' '

provinciale.

di L'on peut donc, sans hésitation, conclure dès à présent juillet 1960, que le peuple

que ceux qui prétendront, après le 11

katangais voulait la sécession, commettront une véritable escroquene.

* rt*

Mais, même tels.qu*, les résult3.ts .les élections parurent suspects aux partis du Cartel qui déposèrent de nombreuses réclamations :

u Les doléances étaient graves, constate J. GérardLibois (3) : les rôles électoraux étaient irréguliers et incom(3) * Sécession au Katanga

r, p,

63, qur révèle que 21 recours furent iotroduits pour

la scule circonscription d'Elisebcthville-Jadotville. D'eprès M. Genrhof van der le chifire de 21 csr celui des recours de toute le province. 202

Meerrch,

(4)Or,onl'avu,ilcutsuffid'undéplacementdeTvoirpourmodifierlemejorité' (5) . A Kamina où le grand chef mulubl Kaso-ug9-Nicmbo éteit rallié à le-Conr' ct il æt 6 mor.

v ;;;:c.;æ1, furcnt l'ôbjet d'rt*qucc r".'izïii."âài'Ïld;";È;;;i; i;;;li6). a r""i'f i'i. lJ'-'i'i"ia.'ti' àl oomb"ùx Krsrl'émigrèrcnt' ' Gérerd-Libois.) tlc J. { Nor (6) Voir ru, le fondcment des recourr, le thèse officicllc de I'rncien ministrc der ,rrr.lr.i"ir"irâr.t-"faiiiq"il ci"rtàf """ der Mecrsch, op' cit', pp' 55t ct suiv'nts' (7) Lc r Soin du 1or juin 1960' (s) Lr Cité ' du 'l iuin 1960' "

r.,

' ii;;,'';i;;; o


L'ÉTAPE DÉCISIVE VERS LA SÉCESSION

LA LOI SUR MESURE DE LA CONAKAT


(l'cst sur ces entrefâites que, sous les pressions de plus en plrrr fortes du vice-gouverneur général, gouverneur du Katanga, lvl, Schôller, le gouvernement et le Parlement belge vont prenrlrc unc mesure extrêmement graye qui va rendre possible l'instnllation d'un gouvernement homogène de la Conakat et ln prrrclamation de la sécession. 'fl.a Loi fondamentale du 19 mai

l'avons 1960 étant une loi belge n'avait, rl/'rrrontré à plusieurs reprises (1) - le Congo, devenu un Etat p,tr cllc-même, aucune valeur pour Itrrlttlrcrrdant, le Parlement belge n'ayant évidemment pas compdtencc et pouvoir de légiférer pour un Etat indépendant.

il

faut admettre qu'avant même qu'un Parlese réunir et légiférer, des représentants provisoircs du peuple congolais aient pu se réunir, délibérer et prr.rrrlrc des dispositions engageant le futur Etat jusqu'au rrrrncnt où ses représentants, régulièrement élus, puissent lui rlorrrrcr une Constitution. l,a Conférence de la Table Ronde doit être considérée, à rl/.frrut de toute âutre, comme tenant lieu de réunion des l,;rlrlscntants provisoires du peuple congolais. Ocpendant,

nrcnt congolais

ilr

ait pu

Sans doute les quarante-quatre délégués congolais avaientr{t{. choisis par I'administration belge suivant des critères -il."n,

dans une étude publiée par . Remarques Congolaises >, no! 31-32y ,,, ,lrr l'l rrptcnhrc 1960 et dans notre livre: " Le !;ouvcrnement congolais et l'ONU - Un l'qrrrlorc rrrlliquc, aux éditions de "Remarques Congolaisesr, pp.50 et 51.

207


discutables (2). Aussi arbitraire que fut la répartition des invitations, il n'en reste pas moins que quarante-quatre Congolais, venus des six provinces et appartenanr à tous les partis et à tous les milieux, se rassemblèrent en fait à BruxelleJ et délibê rèrent des destinées de leur pays en même temps qu'ils obtinrent des autorités belges la promesse de I'indépendance pour le

30 juin 1960. Le fait que des étrangers au Congo les délégués belges - rien à la réalitZ : participèrent à la Conférence ne change il.s'agissait d'une réunion des représentanrs provisoires du peuple congolais et ces représentants aotèrent,-seuls, un enseÀble de résolutions engageant I'avenir de leur pays jusqu'au moment où il pourrait se donner valablement une constiiution. La Loi fondamentale ne devait être que la mise en ceuyre des seize résolutions votées par les représentants du peuple congolais. Dans la mesure où elle consacre les Résolutions, élle est obligatoire pour le peuple congolais. Dans la mesure où le Parlement belge a ajouté, de son cru, des dispositions non prévues par les " résolutions et qui n'y sont pas comprises " implicitement, ces dispositions qui n'onr pas fait l'objet d'une délibération et d'un vote de délégués congol4is sont'nulles et sans valeur pour le peuple congolais. Les articles de la Loi qui les reproduisent doivent être considérés comme non écrits (3). Or, après délibérations et discussions, les représenranrs congolais, soucieux d'empêcher radicalement qu'un parti majotaire puisse prendre seul le pouvoir dans une province avec tous les risques qu'une telle situation comporterait (notamment celui de voir ce parti décider une sécession) votèrent une résolution no 10 relative à l'organi.sation des institations provinciales, dont le texte ne laissait place à aucune équivoque : " La Conférence de la Table Ronde adopte la résolution suivante : Les institutions provinciales sont organisées par la " 1.fondamentale provisoire. loi >r 2.La structure finale des Drovinces devra être arrêtée par une toi institutionnelle adoptée dans chaque province â la (2) C'esr ainsi que si le P.N.P., qui n'allait re.ucillir que 8 sièges aux élections droit à l1 représentants à la Conférence, le M.N.C. Lumunba qui allait obrenir 34 sièges de dépurés aux élecrions n'avair que 3 représentants à Ia Table Ronde, (3) C'est le motif pour lequel la révocation du Premier Minjstre Lumumbz oar lc Présidenr dc la République Kasavubu- sur pied d'un article de lr Loi Fondamentalc'(l'srricle 22) ajouté aux 16 résolutions par Ie Parlement belge, éteir un acte sans vateur. pur Jamais les délégués congolais n'auraient accepté lc princi"pe quc le Chcf de I'Etar -du révoquer son Premier Ministre, suivant son caprice, et ians un votc de méfiance législatives, avait

Parlement

208

trtujorité des deux tiers pdr I'assernblée proainciale dans lc c,rdre des mesures générales fixées par la loi fondament;rle provisoire. ' tir li loi Fondamentale du 19.5.196Q avait respecté cette vrrhrrrté formelle et clairement exprimée des représentants proviroilcs du peuple congolais : l,'irrticle 110 de la Loi disposait : " Les assemblées composéès des membres visés au 1o de I'lrticle 107 se réuniront, sous la présidence d'un président provisoire désigné par le sort, pour procéder à l'élection tlc conseillers cooptés. L'élcction se fait à un tour au scrutin secret' les deux '!it,rs au ;noins des ,Ttenlbres qtd composczt I'assemblée ('tunt présents. " Chaque conseiller n'a droit qu'à une voix. > l'lt I'article 11,4 de la Loi : ,, Après avoir procédé aux opéra.tions prévues à .l'articlc i13, I'assemblée élit les sénâteurs appelés à représenter lir province au Sénât, ainsi que les mernbres du gouaernenent pro,uincial. L'élection se fait à un tour au scrutin s(fcret, /es deux tiers 4a rrroins des membres qui la cornposcnt étant présents. o Ohaque conseiller n'a droit qu'à une voix, > Cas deux articles de la Loi Fond,amentale n'étant que Ia ,,ti\( ('n (puare de la résolution no 10 des délégués congolais à lt 'l'able Ronde, i.l était éaident que les autorités belges ne ltnttr,,ricnt, seules et unilatéralement, y a'Pporter des rnodit'ica-

tiow le t'ond.. l)éj:l l'on pouvait

se dernander si la volonté des délégués ,,,rrut,l,ris cl'une o maiorité des deux tiers, était honnêtement tr',r.liritc, dans la Loi'Fondamentale' par la simple exigence de la lriscnce des deux tiers au moins des membres comPosant I"rrrnrrllléc. (l'était.pour le moins. discutable. En tout. cas' cette exiBén('c eonstituait, un minimum Par raPport à la résolution ,1rr'cllr. rlcvait

appliquer.

,f_

()r, avant même que les députés du Cartel âient eu l'occariorr rh. rlrcttre à exécution leur intention de ne pas siéger (4), r'l) l.c tclrx ert, en cffet, du 31 mai et c'est à la

séance

du 16r juin

1960, que les

l, rr*rr,lrrrr rlu (jartcl quitrèrent la séancc ("Essor du Congo.,2-6-60). Dcux défectioru -nombrcux pour empêcher que r lrr,r'r l,r,,,lrrir.s .lrns'lcurs rangs. Mais iis étaicnt assez présence réalisée' firrrrllilrrrr deux tiers soit la des do la

209


le vice-gouverneur général adressait au gouverneur général à Léopoldville un telex (5) demandant une * ordonnance législative modifiant la loi fondamentale n, sous le prétexte qu'il craint <<

de

:

... une tentative de sabotage

" la part du Cartel qui aurait l'intention : ... de rendre impossible la procédure prévue pour l'élec" tion des membres cooptés, membres du gouvernement et sénateurs. "Si dès séance du premier juin quinze heures

pour laquelle aucun quorum présence requis, on constate abstention importante, l'ordonnance prévue ci-dessus devrait être prise immédiatement sinon-ordonnance devrait êffe en tout cas prête interyenir sur premier appel télé-

phonique".

,

Le gouverneur Cornelis transmettrâ la demande à Bruxelles puisque la loi à modifier est une loi belge et non une ordonnance législative du gouvernement général. Ainsi, dès l'abord, le vice-gouverneur général détruit toute l'économie de la résolution de la Table Ronde. En effet, ce que les délégués voulaient c'est que nécessairement, obligatoireme?t, une- entente- _intervienne entre les principaux partis représentés à I'assemblée provinciale, qu'une répartition proportionnelle des ministères s'établisse entrè eux sur base d'un indispensable compromis. En faisant connaltre, avant même que la difficulté se présente et avant que le parti majoritaire ait eu I'occasion de subir la contrainte voulue par le texte légal, son intention de faire modifier la loi, le vice-gouverneur général écartait pour la Conakat toutes les raisons qu'elle eut pu avoir de faire des concessions à son adversaire. Car, M. Schôller ne se contente pas d'envoyer hiérarchiquement des telex confidentiels. Il fait connaltre son opinion à la radio (6): " La loi récemment promulguée ayant pour objet essentiel la mise en place d'institutions solides a-vant 1à date de I'indépendance présente une lacwne évidente puisque certaines de ses dispositions permettent à une minorité des élus d'empêcher précisément cette mise en place.des institutions par une attitude purement négative d'abstention. que I'assemblée provinciale s'est trouvée hier " C'est ainsi (5) Nous invoquons les textes des o telex M. Scholler en nous référant à " de , qui les cite, pp. 66 et suivantes. 1'ouvrage de f. Gérard-Libois n Sécession au Katanga (6) . Essor du Congo ' du 7 juin 1960.

2t0

tlirns l'impossibilité de ,désigner ses membres cooptés parce <1ue 23 élus sur 60 se sont abstenus d'assister à la séance.

'foute la mise en place des institutions au Katanga

se

trouve ainsi enrayée. r Notre point de ztue formel est que cette lacane de la loi lcut et doit être corri.gée dans le plas bref délai par ane procédure d,'urgence. Dès a,uant la première réuni.on da l"' juin, pressentant la manæuvre qui s'était et'fectivement rtalisée depuis lors, nous aoons fait connaître ce poi.nt de ,utrc au)c plus ltautes instances et I'aaons depuis lors conlirmé aaec la plus grande insistance. >, ll cut été étonnant que recevant du vice-gouverneurgénéral rrrr t,'l soutien, la Conakat n'ait pas saisi la balle au bond. Âlors qu'clle eut dt, normalement, négocier avec le Cartel pour rrne rl'partition équitable des responsabilités gouvernementales, clle I'crr chorus avec la thèse qui lui est soufflée par M. Schôller. Un communiqué de la présidence générale de la Conakat rigrré 'l'shombe déclare (7) : " Il y a donc eu incontestabiement une inadvertance du législateur qu'il convient de corriger au plus tôt. r' M. Schôller a entretemps lancé, dès le 5 juin 1960, un ttouvcilrr telex : " La mise en place des institutions au Katanga est tenue en échec par un plan délibéré de sabotage. La siruation sera grave au Katanga si I'amendement n'est pas promulgué rl'urgence (8).

" . Gérard-Libois révèle (9) que : " La Commission politique près le Ministre du Congo à llruxelles a rejeté f idée d'un amendement au quorum des rlcux tiers et MM. Kasavubu et Nyangwile, membres du ( lollège Exécutif général en visite à Bruxelles, sont du rrrôrne avis. La thèse hostile à I'amendement se fonde sur I'irrgumentation suivante : les élections ont été faussées ()u tollt au molns, les résultats en sont contestés; la Conakat s( prépare à constitwer un gouaernement qu'elle dominera rt à liroclarner I'i.ndépendance (on cite la date prévue du .f

11-6); I'am.endement ferai.t le jeu des sécessi.onnistes, puis-

rlrr'il perrnettrait de constituer un gouvernement Conakat ,r, . t,*",, du Congo, du 7 jurn 1960. (l) Nrrus n'avons pas trouvé trâce d'une menace de la Conakat avant l'eovoi de mcnaces qui viendronr, par la suite, avaient été suggérées à 'r r,lrr. (;'csr cornmc si-les llÀl I'rlr,,rrlrc ct Kibwe, pour appuyci les requêres pressantes de M. Schôller. l',) ()t!. eir., p. 67.

2tL


alors que les institutions centrales sont encore loin d'être en place. " Ainsi donc les milieu_x congolais responsables ---: mis en place à i'issue de la ConférenrJ d" l" Table Rond. parfaitenrenr conscients du piège dans lequel le vice-gouv.rrr.u, - ,o.ri général est en train de pousser leur pays. Forte du sourien dô M. Schôller, lâ Conakat se monrre de

plus.en plus.arrogante. A la séance du Z juin, en I'absence M. Kibwe : ...,fait parr aux membres présents d'un coup de téléphone "qu'il -dans eut avec le minisrre la matinée er ia réponse du ministre q_ui lui , fit savoir que sa reponse arnveralt dans les plus brefs délais (10). "Et c'esr en effet ce jour-là que le Ministre du Coneo et du R.U. dépose sur le bureau des ôhambres, le proiet d'âmendemenr. C'est le même jour qu'on apprend'le rejef définitif des recours électoraux du CartèI. Dans une nouveile allocution à la radio, M. Schôller joue des députés du Cartel,

(1i) : . Aucun ,parti ne désire gouverner seul. Tout le monde sait que le parti qui accepte les résultats des élections est

les sirènes

tout disposé à assurer à l?utre parti la plus large parricipation au gouvernement. Tout le monde sait que le souvernement à constituer, quelque soit son président, àura comme premier, souci de garantir formellement la protection de tous les habitants de cette province, sans distînction de race ou de tribu er tout le monde sait éu'entre les deux partis katangais il n'exisre qu'une différence de terminologie (12). " Le lendemain, g ju11l 1960, les membres du Cartel, répon. dant-à cet_appel et-confiants dans une telle promesse, vienïent en bloc à l'Assemblée. Il y a 59 présents sui 60. M. Isaac Kalonji, parlant au nom du Cartel, déclare que son-groupe a décidé de siéger dans le but de réaliser la pâix et l'entente. Le sinistre Godefroid Munongo prend alors la parole au nom de la Conakat et ce qu'il va diie illustre la faute grave commise par le gouyerlleur Schôller et I'arrogance qu'eille a donnée aux hornmes qui sont décidés à enrrer én séceôsion : (10) Essor du Congo du 8 juin 1960. " ' (11) . Essor du Congo du 7 juin 1960. ' (12) Qran-d on sait que la Balubatar défend l'qnité du Congo et séperatisme, le discours dc M. Schôller prend rout son scns,

2t2

la

Conakat, le

" Munongo Godefroid explique (13) quant à lui gu'il est fatrx de prétendre oue le Cartel reprend sa place dans cet ('sprrt mals que c'àst la nouttelli qu'une loi allait être cliangée par Iè Parlen?.ent belge qui incita les élus du Cartel à reprendre leur Place. " À,Îalgré le caractère exprêmement peu engâgeant de cette rl.(.'lrrration, M. Mwamba llunga Prosper : " ... prend à son tour la parole pour souligner,que, si le Oartel s'est abstenu jusqu'ici, c'est parce qu'il a voulu rnontrer aux populations du--Kat^nga que la .Conakat n'avait pas une majorité suffisante pour constituer son propre gouYernement. >) à l'élection des rnembres cooPtés. Il y a 5 Ôn-proèède ( irrrakat élus et 4 membres du Cartel. Fait significatif. M. Mwenda Antoine Munongo, chef des Bayeke et frère de ( ioclt:froid Munongo n'obtienf que 5 voix. Il est en ballottage r.t nc doit d'être llu qu'atr falt qu'il est plus âgé que son r'(rncu rrent.

L'Assemblée siège iusqu'à 4 heurcs du matin. Les membres (lartel sont restés"juiqu;"u bout. Et ils ont pu, hélas, constârrr Ia mauvaise foi â" ie.ttt adversaires et lt peu de valeur rlcs promesses solennelles du vice-gouverneur général. Iirr effet, à I'élection du bureaa de tAssernblée, I'on n'a ilu que des rnembres d'e la Conakat, pas un seul mernbre du o,rricl. On est loin de la générositê, garantie par M. Schôller. C'est M. Mutaka qui est élu président par 39 voix contre ,tr. M. Nzimba, 1"' vice-président par 39 voix contre 16 et 13, À1. l'rvctc'r, second vice-président par 38 voix contre 25. Les .lurltre secrétaires dont 3 membresl de la Conakat et un indivirlucl apparenté sont élus par 39 et 38 voix. A l:r séance suivante du 12 juin 1960, or\ il faut élire dix rd'rr;rtcurs non coutumiers et le président du gouvernement Provirrcial, les membres du Cartel,-instruits par I'expérience, n'ont rlrr

rlvirkrrnrnent plus confiance.

Six sénateurs Conakat sont désignés : MM. Rodolphe Yrvl, BonaventLlre Makonga, Evariste Kimba, Chrysostome

Arnisi, Marco Kilanga et Amédée Tshisola. [,c Cartel n'a que trois élus MM. Remy Mwamba, Isaac K;rlonji ct Jacques Masanga (14). ,,.,iît*o. du Congo " rju 9 iuin 1960. (l,l) Cc dcrnier trahira d'ailleurs le Cartcl pour devenir, g lrI.nrbe. lc ministre résidanr à Brurelles.

dans

lc

gouvcrncmcnt dc

213


Le dixième esr M. Gabriel Kitense de I'Union Coneolaise. dont les convictions unitaristes ont cînsidérablement dibli. ' Le Cartel qui veut éviter toute surprise propose que l,on vote aussi pour les sénateurs courumieis et ôue l,on désiene les dix mi'istres avant l'élection du président dù eouverneme;t. {l p.ou11a ainsi se rendre-compte si les intentionsî. ,éparrition équitable des posres ministérièls garanties par M. Schô^ller soni réelles avant de procéder à la àernière fàrmalité merrant en place le Chef du gouyernement. La Conakat refuse. Le Cartel se rerire. M. Godefroid Munongo exige qu'on envoie un téléeramme " violent " au Parlement belge poùr qu'il amende la" loi. Il menace d'un . coup d'Etat s-i saïisfaction n'est pas donnée. " M. Kibwe s'adresse alors au président dË I'Assemblée, M. Mutaka (15): .. M. Mutaka,- dites simplement au Ministre que nous lui donnons 48 heures pour faire vorer I'amerrd.**nt question et que, si au terme de ce délai, rien n,est fait, "r,

nous entrerons ot'ficiellement (et non en cachette) en boarparlers avec la Rhodésie. Diies-lui simplement'cela'et ne perdez pds votre temps en vaines discissions... , M. Kiwele (16) se lève à son rour er demande à M. Mutaka de dire au Ministre que, lui, Kiwele, considère cette loi des deux tiers colnme . crâpuleuse r. Y. J"rorr.S9n4ry. alors, dans I'espoir d'impressionner à son tour les autorités belges et de les déiourner dies voies funestes dans lesquellq-À4. Scliôller veut les conduire profère à son tour une menace. Si le Cartel n'obtient pas danj le souvernemenr provincial, un nombre équitable de ministres, le C"artel formera un gouvernement du Katanga Nord-Est. Il stempresse d,ailleurs

de préciser : ".Ce.gouvernement ne serait nullement un gouvernement tribal, au contraire, ce serait le gouverneme"nt de t:Unité Nati.onale qui soutiendrait le gouvernement central et garderait son auronomie provinciale au Katanga Nord-Eit. , M. Schôller se fait de plus en plus pressanr auprès du gouvernernent belge. Alors ôue le ÊarleÂent belee 'renacle devant le vote de- I'amendem-ent exigé par le gou,r""rneu. du Katanga et souhaite le subordonn.r â uï et g"["*.nt formel (15)

a Essor

du Congo ' du 12 juin

1960.

M. Kiwele est cet ancien sacristain aureur dc la * Àtissa Katansa , ou, devicndra ministr_e.de I'Ens.eignemenr de M. Tsliombe er en profirera pour clËricaliier I ancren lnsrrtur Solval. cr l'Uniyersité d'Elisabethvillc. _

2t4

-(16)

rlc lil Conakat de désigner, même si I'amendement est voté' rlu,rtrc nrinistres du Cariel, M. Schôller n'hésite pas à promettre li,rr tclcx d'intervenir lui-même :

. ... auDrès des leaders maiorité pour conseiller vivement qu. -ê-. en cas absence Cartel^ils incluent membres de cc parti dans gouvernement. Il ne peut- toutefois s'agir qu" d" geste sp;ntané dont majorité àurait tout le mérite. l'[ cst iriconcevable vouloir leur imposer cela comme une obligation. Vows at'firme solennellfmen-t que si cette fois ,rrirr, le Parleneiî ne cornprend pas Ia iituation, Ie prix ,i payér poar sd cdrence sera extrêmement éle'ué. , par ailleurs un appel " Le-vicË-gouverneur général lance juin loi.pour garantir au invoque.la :-il i la radio*le 13

Cartel une représentation ProPortionnelle dans le gouvernement provincial (1,7). " Le vice-gouverneur général regrette et excuse les excès vcrbirux des Jirigeants de"la Conakàt. Dans un nouYeau telex rlu t3 juin, M. Schôller sera catégorique: " ... paroles regrettables prononcées par Kibwe. à issue séanie 12 juin-1960 et piovoquées-par carence instances bclses ne doivent pas êtie prisès à là lettre et constituent .rrii extrêmemeni maladôit de vaincre hésitations à trromulguer texte indispensable' Si amendement est adopté, i, ,oui donne garaniie Ia plus forntelle que même si Cartel s'abstient, au moi.ns 4 candidats de ce parti seront tlu.s au gonoerne*ent. u lit la Chambre et le Sénat belges vont' cette fois, voter, À l.r cr:rvache, le projet d'amendement. Ce ne sont Pourtant Pâs lcri rrvcrtissementi qui leur auront manqué. M. Jason Sendwe a télégraphié au Roi, -au ministre' au g,,,,u.rn.î, général, au nouve;u président de I'Assemblée provirrcirrlc (18) : o La promulgation de la loi autorisant la Conakat à gourr.it"t t.il" ."ut"ta inévitablement la guerre civile irprès le 30 juin. " ll cnvoie un nouyeau télégramme à la Chambre et au Sd'rr.rt rlc Belgique, le jour même du vote (19) : - Protestons énergiquement tendance changement loi ,til J,*, (18)

Gérard-Libois,

.

. Drrpcau Rougc, du

Sécession au Katenga

11

juin

,, p'

71.

1960.

(l'r) . Courricr d'Âfrique, du 15 juin

1960,

2t5


p-ermettant. Conakat I(atanga.

former gouvernement

homogène

' i't"ri*rr Européens travaillent coulisses Conakat avec intention former Katanga indépendant, danger séparatisme.

>

A la séance du 14 juin, M. Mwamba Ilunga Prosper tentera une dernière fois d'exhorrer la majorité. Il dénonce ses intentions séparatistes et l'appui qu'elle a reçu de I'administration. ll dif 1zo; : * Notre parti esr pour .l'unité du Congo er son intégrité et cette unité et intégrité seronr défendués par nous jusqu'à

la mort. o A ce moment, le président Mutaka lui coupera brutalement -la parole. Et le Cartêl se rerirera définitivement. A la Chambre belge même, le député communisre Moulin déclare (21)

t

" Qn nggs_ propose de légiférer sous la menace d'un parti qui se déclare prêt à se séparer du Congo. o Si le projet était voté, nous n'aurions aucune garantie que ceux qui menacent de passer à un séparatismè immédiar ne le t'eraient pas demàin aaec I'aidâ légale qae nows leur aurions donnée.,, Il sera seul avec son collègue communisre et trois socialistes, dont le député Housiaux, à voter contre I'amendement. Un P.S.C. et 65 socialisrcs s'abstiendront. La loi du 16 juin 1960 comprend deux arricles : " Art. 1."". Un alinéa rédigé comme suir, esr inséré entre les alinéas deux et trois dès arricles 110 et 114 de la loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux strucrures du Congo. , Tourefois si, après deux réunions consécutives de l'assemblée, la présence des deux tiers au moins des membres qui la composent n'a pu être obtenue lors du vote, I'assembl-ée peut valablement se prononcer pour autânt que la majorité des membres soit présente, " Art.2. La,présente loi etttre en vigueur le 16 juin 1960. " Cette fois, les jeux sont faits. L'Assemblée est convoquée pour le jour même, 16 juin (20) (21)

216

. .

Essor du Congo r du 14 juin 1960. Drapeau Rouge , du 16 iuin 1%C.

lil(rO ct à 3 heures différentes: 10, 15 et 20 heures. C'est une rirrrplc fornraiité. Autant l'expédier en un jour. A le troisième séance, la présence des deux tiers des mem-

lrrcs u'cst plus requise. Strr 69 membres de I'Assemblée, il y a 42 présents. M. 'l'slrornbe est élu président du gouvernement par 37 voix.

It

cette Assemblée-croupion, æuvre de M. Schôller, au . la garantie la plus formelle " qu'il a cru Pouvoir .lorrrrcr, élit un gouvernement Conakat Pratiquement homoy,ùrrc (2i) et dans"lequel ne figtrre aucun niernbrè du Cartel. [-c président de I'Assemblée, M. Charles Mutaka rend à l'.rrrtorité belge I'hommage qu'elle a, hélas, mérité : " Nous sommes arrivés à la fin de cet épisode difficile que nous venons de surmontel grâce à la collaboration ,i. .roos tous et aussi grâce à celle-da goa',.,ernement belge o r'r il tcrrnine en s'écriant : la " Vive le Kamnga indépendant. Vive le Congo. Vive llclgique. " M. Schôller ne pouvait rien ignorer des intentions de M, 'l'shornbe et des blatt.t qui le cômmanditent. Il sait que M. 'l'shornbe avait, dès le 11-juin, décidé de proclamer I'indérr.rrtl:rucc lc 14 iuin déià. que-le texte de sa proclamation a été l,riri I la rédaction de'l'" Êssor du Congo ",- qui en avait déjà ,,rnrnrcucé la composition (23). Oc n'est que parde remise. Il était impossible aux autorités 1,.'111t's de p.t-"tti" qu'une telie décision fut prise avant la fin rrr,{pris de

,:it t-."r1

minisrre qui nc soit Das.lc la Corrrkat: M. Cleophas Mukcba, appar-

,.,,,, uu tt't.ttt.C. Kalonji qui' vcnair dc'conclurc un acco-rd-avcc M' Tshombe' de cc gour-crncncnt: Président du Conseil: M' Moise Voici la JJ l;Intérie.. : M. êodefroid Munongo (10 voir); Mi-nistre des Finanl.l,,,,,rl,i; irlinlt*""o-poiitiôt

Àl l'an-Bâûtistc Kibwe (6 voixrl llinistre de I'Agriculture cr dcs Classes Moyennes: Àl ',viv"rrrc Kiiunda t7 uoii): Minist.c dc I'Education Narionale : M' Joscph Kiwele ,n ",'i'r. ni',i*r".tr C"*-"ti" tt dc I'Industrie: M' Evariste Kimba (3 voix); Ministre ,1" l. tiri,i"": M. Valentin Ilunsa (l voir); Ministre des Âffaircs Economiques: M' Salo,',,,,' Ï.ltirrn.i (l voir): Minisire-des Communications I M. Alphonse Kiela (t voir); Àltrrrrrrc rlcs Tànaur itublicr: M. Clcophas Mukcba; Ministre de la Santé Publique; ll l'rrrl Nluhona.

Ganshof van der Meersch, op. cit., p. 570. L'on pcut y lire le texte de le uar r\i. lshombc tr ses amis. :-N.,;r,'rd;;ii- cT-as"mbléc plénièrc, dùmcnt mandarés par la Nation, représenpcuples du Katanga, d|clarons I'indêpendance d* K4t4n84 dans ses lront.rrrt Ics 12.1)

.,,,', 1..,.,"ti.,, rrrér>rrie -

'

ui rcs actuclles.

définitive ct radicale des position n'implique pas une séparation -les liens qui nous uniront fassent mais rioui oo'ulonr qu" "onCiiais, sorperaincs' également f'r'bict d'accords-préaiablcs entre ndtions

. r.r",r" p.ir. ie nuii,., li.",i

Nuur'pr,3.iion, cucore uuc fois quc lc Katanga proclame son indépendance dùs

ce

2L7


du régime colonial. C'est pourquoi elles interviendront une fois encore, à la veille de l'Indépendance. -1

M. Schôller est le seul gou\rerneur de province à n'avoir point quitté le Congo après le 30 juin. Charles d'Ydewalle, qui le tient en haute estime, rapporte que ce n'est pas tellement la beauté du paysage qui I'a retenu à E'ville (24) : .. La semaine précédente, le gouvernement belge lui (à M. Tshombe) avait dépêché en plénipotentiaire le comte Harold d'Aspremont-Lynden, chef adjoint du Cabinet du Premier Ministre chargé de lui expliquer I'impossibilité pour la Belgique de reconnaltre cet Etat nouveau. Tshombe têtu comme le sont les Lunda, n'entendit pas de cette oreille. A ses côtés un excellent conseiller aztait été .établi et qni n'êtait rien moins qT M: Schôlle.r, cet ancien gouverneur de la Province Orientale qui, depuis, au Katanga, nous recevait si joliment sur sa pelouse à I'ombre d'un manguier. o A notre connaissance, M. Schôller n'a jamais démenti cette idyllique histoire de Charles d'Ydewalle. M. Schôller est aujourd'hui le Grand Maréchal de la Cour de Belgique.

(24)

2L8

e

L'Union Minièrc

du

Hrut Krtenge ', p.

150.

UN COUP D'ÉTAT AVORTÉ


l)cndant qu'on obtenait en faveur de la Conakat une Ioi " hul nrcsurc u lui permettant, en violation des résolutions de la 'l',rlrlc ltonde, de constituer un gouyernement homogèn€, p€nrl'urt qu'on invoquait comme prétexte à cette loi-et à-son rrll('nec le souci d'éviter que la Conakar proclame illégalement lrr,, sécession que cette loi devait précisément facilitér, MM. 'l",lronrbc et Munongo faisaient imprimer du papier à entête : . [,tat du Katanga (1). " L'un des premiers usâges de ce papier à lettre, fut d'adresrlr I urr sieur Frans ou François Scheerlinck, ancien membre ,lr' l.r Sûreté belge au Congo, à ce moment entrepreneur au !r.rt.rrrge, conseiller de la Conakat à la Table Ronde, la missive rr\,,urtc émanant du " Cabinet du Président du Conseil ,, datée rlrr 25 juin 1960 er signée par le Ministre de l'Intérieur GodeIt,rirl Munongo et le Président du Conseil des Ministres, Moîse h,r1'crrcla Tshombe

:

" Monsieur l'Ambassadeur, " .f'ai I'honneur de vous faire savoir qu'ayec l'approbation rlu Conseil des Ministres de l'Etat du Karanga, je vous nonrrre en qualité d'Ambassadeur Spécial, chaigé de mission pour le compte du Gouvernement du Katanga. " Vous recevrez sous pli spécial de mon cabinet les docunrcnts vous accréditant ainsi que toutes les instructions pour I'exécution deJ missions qui vous seront pour compte du Gouvernement de I'Etat du

rr/.ccssaires

r'onfiées, l( irttnga.

" l.'irrrêté vous revêtanr officiellement

tl) Vrrir Ganshof van der

Meersch, op.

cit., p,

de la

qualité

529,

22t


d'Ambassadeur sera établi le 30 juin 1960, immédiarement après la passarion des pouvoirs de la Belgique au Gouvernement consrirué de l'Etat du Katanga. "agtéet I'assurance de " Veuillez, Monsieur l'Ambassadeur,

ma très haute considêration (2)." Ce M. Scheerlinck, appelé téléeraphiquemenr par M. Tshombe, le 2l juin, de Brïxelles à Éliiabeïhnille, aiait été -établissant trouvé porteur de certe lettre et de documents I'intention du gouv-ernemenr de M. Tshombe de proclamer I'indépendance du Katanga le 28 juin 1960. M. Ganshof van der Meersch publie des extraits des interrogatoires auxquels M. Frans Scheerlinck a été soumis par le Par_quet du P-rocureur du Roi à Elisabethville et par la 3treté de Léopoldville (3). Il résultait de ces intgrrogatoires er des pièces rrouvées en la possession de M. Scheerl-inck que l'.. Fldure H, de la proclamation de l'indépendance du i(atanga avait été fixée par le gouvernement Tihombe au 28 iuin, âonc I'avant-veille dy jour fixé po-ur l'indépendance du- Congo, qu'il avait été chargé personnellement d'annoncer cette nouvelie au Roi des

Belges

:

L'intention de sécession, déclare-t-il, émane des membres. du .gouv€rnement provincial qui ont assisté à la réunion (4). Cette rntentlon est une réaction vontre le d.-qnger- Lumumba-communiste (5) et l'expression d.e leur désir de séparer le Katanga du reite du Càngo. " Par co_ntre, cette réaction est accompagnZe d'un désir certain de resrer attaché, à la Beleique ei di conclure avec

emltêche en enooydnt des troapes d'interoenti.on (6).

" qu'il ait été vu à son arrivée à liliurbcthville en compagnie de I'ancien " Chief Secretary de ', la l(lrodésie du Nord, chargé de mission d'un groupe financier

M.

hritirrrnique, bien que son Carnet contienne uné série de noms, all'irrrrc qu'il n'y ayâit pas d'influence étrangère derrière le

lrroict cl'indépendance.

A la question

celle-ci une alliance

Congo

:

Il s'agit, pour lui (1. gouvernemenr provincial du Katanga) de réaliser son prôjet avant le 3d juin, pour le modf que ses membres cràignent qu'après Ie 30,'oÀ les en ..

(2) Ganshof van der Meersch, op. cit., p. 579. (3) Op. cit.. pp. 580 à 584. (4) Réunion renue âu siège du gouvernement provincial

et à laquelle il fut lui-

^ present. meme (5) Pcrsonnc nc peut être dupe de ce prétexre, Iorsqu,on connait les rétroactes de I'atlaire et lorsqu'on sait, par exemple, que la dernière ientarive de sécession date du l1 iuin, c'est- à-dire d'un moment où M. -Lumumba non seulcment n,avait oas constitrt son gouvemement mais n'était désigné ni comme < formateur. ni même coÀme . informateur >; sa désignation en cette delnière qualité datant du 13 juin. t$

:

du gouvernement provincial ont-ils condu fait que leur projet est illégal ? > M, Schcerlinck avait répondu : " Oui, ils ont envisagé cer aspecr du problème. , (.)rrcstion

"

Les membres

science

:

.

" Ont-ils envisagé une intervention de force du gouverneulcnt central pour empêcher la réalisation du projet ?

l(r{ponse n

"

:

Pour après le 30 juin, ils le craignent. Avant le 30 juin, M. Lumumba ne dispose pas des pouvoirs ad hoc. >

rron.

()ucstion: juin, n'envisagent-ils pas une intervention " Avant le 30 cles arrtorités responsables ? " It/.ponse:

..

économique.L " M. Scheerlinck expliquait d'ailleurs pourquoi l'on voulait léaliser l'indépendance- du Katanga, avant I'indépendance du

Scheerlinck, bien

o Ils sont convaincus que, parmi les autorités responsables jusqu'au 30 juin, personne ne prendrait l'initiative de les

empêcher.

,

C'était évidemment là une erreur de calcul. Et M. Ganshof van cler Meersch, le responsable de la politique belge au Congo, I co moment, explique clairement pourquol (Z) : * Il allait de soi que le gouvernement belge, lié par le système qu'avait institué la loi fondamentale, ne pouvâit tolérer qu'à la veille du 30 juin, date prévue pour la proclamation de l'indépendance, une sécession se produisit, qui remettrait en question toutes les conventions belgocongolaises. La Belgique avait Ie deaoi,r de maintenir lintégrité du territoire du Congo et de f aire respecter le systèrne arrêté à la Conférence de la Table Ronde et consacré par la Loi fond.amentale, jusqa'au jour où sa souveraineté prendrait t'in. " Mais l'erreur des séparatistes était légère et sans consé(6) On sc rend compte du rôle

'1,"

.

providcnriel

de la mutinerie de la Force Publi-

" " I'effondrement de cette force ,rrr lcnclcmain de l'indépendance congolaise, puisque

hcr crttc iDterven!ion. "rplr (7) Op. cir., p. 584.

allait

223


quenc€s.. Et l'" intervention ,, des autorités belges se borna à obtenir.la promesse de MM. Tshornbe et Munonîo d" ,;;;;;"; au-projet de sécession qui devait se réaliser t.is-iri"-'ÀiÀr, qu'un crime_ contre la Sûreté de l,Etat était étàbii -oi*gaîii ;";-'à;; documents, I'on n'entamait aucune p""r*it", 1;r" ï" à aucu'c arresration, à un momeni i;o"' ô;;;i, iù#;; étotrffer dans l'æuf toute velléité de"i, sécession. Que le Premi_er Ministre patrice tu-uÀÀ" ait été d,accord au sujet !9 nareille_ mansuérude, comme l,afiirme M. G;;;h;i van der.Meersch, change peu de-choses r.rporrr"bilitâ;; c.gu.x qui allaient remeitrd les clés du Congo "rr* à';; il'â;;

dirigeânts.

4p..èr.la comédie jouée pour obtenir le vore de l,amendement à la loi fondamentale, après la violation d;;;gù;;;;;, pris par les.d.irigeants de la cônakat (à supposer qu" "tvt] schôlrer en art bren obtenu d'eux avant de donner-lui-même sa . garantie formelle u), après la tentative d" sé""rrio" i;;'ïi_i; ;urn, l'on ne po.uvait évidemment faire fond sur les ,rourr"ll", promesses des dirigeants de la Conakat. Enterrer le dossier où. éclataient les preuves de leur crime, c'était leur faire comprendre qug grJi, p", t"rrr-1"*;;i;; çe qui.importait que I'inôpportunité d.le.oÀ*.ttr" " à un ;";;;; ou rI pouvalt encore créer des embêtements D à l,autorité belge. " ,C'était léguer au_gouvernement congolais, moins bien ariré gue te gouvernement belge pour la résoudre, une difficulté oui. cte toutes manières, ne pouvait plus être évitée, I'insistance aieé laquelle on renouvelait les tentatives de sécession indiquant clairement qu'on n'y renoncerait pas sans la contrarnte. même I'espoir dont se berçaient les autorités rbelges r Audesurplus voir postposer de 48 heures route nouvelle tentative

ce secessron tut déçu. En effet, le gouvernement de M. Tshombe, en même temDs ... qu-rl promettart de rester trânquille, décidair de faire ron d'Etat, le 29 juin "o.rp .. C'esr la raison pour laquelle à la séance de l,Assemblée Provinciale mercredi matin, de j;;;;Tir;;; _très nombreux étaient présent9,

d.e

même

qle

plusieurs

consuls'^iài*î

èïe

orrlcrellement rnvrtés par le gouvernement katangais (g). , Un colon européen ariair apiorté dans t" ,utt. àË, ,éà;;", (8)

iill"or(: 224

. Courrier d'Afrinue. du 5 juillct 585) que " tous

lis

représenrenrs

1960. M. Ganshof van .lcr .Mcersch écrit ttu corps .orrut"ir"'""J;..niïra r'pïJiji"i'"ïi

ler cxcrnplaires de la déclaration d'indépendance et on les avait rléj.\ tlistribués aux membres de l'Assemblée : " l,a séance (prévue pour le matin) commença avec deux Ircures de retard et après une courte discussion sur des r;rrcstions diverses, en public, I'Assemblée se réunit à huisclos, pendant plus d'une heure. C'est à ce moment que surgircnt des jeeps et des camions de la Force Publique (9), rlui s'installèrent autour du Cinquantenaire où siégeaient lcs Parlementaires, y compris ceux du Cartel. Deux officicrs supérieurs pénétrèrent dans la salle réservée aux memlrrcs du secrétariat de I'Assemblée mesure inutile, scrnble-t-il, car les membres se retirèrent- sans qu'une déclaration soit faite. n Interrogé par le correspondant de l'Agence Belga, M. Moïse Tshombe, président général de le Conakat, déclara (lr.rc tout ce déploiement de f-orces était inutile, car le Kirtanga u'avait pas l'intention de preudre dcs décisions en nn.rge de la ioi et qu'il préférait quant à lui rester dans la légalité.

Néanmoins une étrange atmosphère régna l'après-midi

' mercredi, atmosphère tle

accentuée par le déploiement ,rnormal des forces de gendarmerie on prétendait même - Katangaise se réudans certains milieux que l'Assemblée nirait avant minuit pour proclamer I'Indépendance du Katanga, mais il fallut bien se rendre compte à l'évidence que là n'étaient pas les intentions des notrveaux dirigeants katangais (10). " * **

M. Tshombe a raconté lui-même la scène dans un moment rl'.riurable détente, alors qu'il prenait congé de ce M. Rotschild ,1rri, rcprésentant du gouvernement belge auprès de lui, avait dré ainsi que nous le verrons plus loin le plus efficace rlcs collaborateurs et le soutien le plus actif-de la sécession. C'est le samedi 15 octobre 1960, en effet, que dans son

rliscours d'adieu à ce diplomate, il révélera (11) : . Au mois de juin 1960, des Katangais de cæur rédigèrent

intcrvenrion de la Force Publiquc en vue d'empêcher la dernière tenta,',1 ** r rlr r{'ccssion est capitale. Nr M. Ganshof van dr Meersch ni M. Gérard-Libois n'en précédent Cc influencera sans nul doute le comportement des miliraires congolais l,arlc'rt. i,,lrl,. ru gôr,verncmcnt central, dans -la nuit du 9 au-10 juillpt. Paradoxalemeni, Ies

rr r

F,''lirrrrcs rcccvron!, dans la presse occidentale, le nom de.mutinsr, (10) Cour:icr d'Àfrique' du 5 juillet 1960 reproduisanr l'.Essor du Congo'. (l l) " l,rsor du Congo r du 17 octobre 1960.

225


une longue_ Étude établissant des droits historiques et juridiques du Katanga à son indépendance, mais aioutarrf que

jusqu'au vote de la Constitution définitive du Coneo.'le Katanga se soumerrrait à la loi fondamentale (12\" âfin d'empêcher Lumumba, dont nous connaissions làs intentions, de transformer le provisoire en définitif et d,abuser de la situation. Cette étide devait être sournise au aote de I'assernblée p.ro.vinciale hatangaise darant les derniers joars d,a mois de juin.

" Ici

Le Président de l'Assemblée, M. Mutaka avait eu la sagesse ,L. clire qu' o ... il serait contre-indiqué de sortir de la loi actuellement,

étant donné que le pouvoir central détient les torces de I'ord.re dans ses attributions. " Quinze jours plus tard, les forces de I'or4-{e ayaffi éclaté ,\ l,éoàoldvilie. on ies neutralisera à Elisabethville et dans tout lr Ka^tanga. Ei le moment sera venu de << sortir de la loi

".

aussi, l'administration belge

intervint pour contrecarrer une nouvelle fois les légitimes aspirations du

Katanga.

::4ya.n! appris

ce- discours devait être prononcé, -qu_e l'administration belge, à quelques jours, voire- quelquei heures du moment of elle n'auiait Élus iien à dirà occuper les locaux de l'Assemblée par des gendarmes -'fit armés de pied en cap. " Placês à .quelques centimètres de rnoi, ces gendarmes avaient ordre de m'arrêter, rtoi et tous les mémbres d.e mon -gouvernernent, d,ès que je prononcerai.s les prernières paroles de ce discoars relàtif à lindëpend.ance du'Katanga.

' Nous ne pouvions pas laisser la voie ainsi ouverte aux part;sans de Lumumba. Et nous renonçâmes à cette oroclamation symbolique de tindépend-ance du Katanga,'certains que nous étions que Lumumba ne tarderaii pas à commettre deS erreurs. pas à nous donner raison. " L"r'e"g".-ents ne tardèrent futla tragédie de juillet. Lô chaos régnant à Léopoldville, le Congo-étant mis à feu et à sang. nous orofiiâmes de I'occasion pour proclamer l'indépenàance dù Katanea lors de Ia journée historique du 11 Juillet. " Il.est bonde rappeler_ qu'à la séance du 27 juin 1960 où M. Tshombe devait proclamer " symboliquemetrt l'indépen'membies dance du Katanga il y avait 19 présents ,ui àg et que parmi ces 19",membres, il y avait 6 ministres. Et--ce

(1?) Il. s'agit là évidemment d'un des innombrables mensonges de M. Tshombe. La . mission donnée à M. Scheerlinck, le. papier à-.letre à entête de t'I ftir a"'K;;;;;;;,1; rcxte même de la proclamation saisie-, iour démonrre qr" M. T.homJe e;1";;-K;;;;;"i., d_e ceur " qui I'inspiraient, cntendaient bien réalisei l'. indépendince " l;.;à;;;;';; Katanga. et n'avaient aucune intention de respecter, même provisoirem"ot, ia ., iol Foi] damentale.

226

,fAprès cette dernière tentative enrayée par I'action PromPte

cffiiace de la Force Publique, les séparatistes katangais "r l,risst'rrt s'écouler les quelques heures qui les séparent_encore, de l'indépendance du Côngo sans tenter de nouvelles démarches. Ils attendent une nôuvelle occasion. Au besoin, ils la susciqui est, en réalité, celle de leurs trront. Leur détermination rrraitres blancs est bien prise. - l'écrivions (13) : Comme nous gouvernement central, on est décidé à " Quel que soit le se passer de sa tutelle. Les motifs que l'on invoguera serolt fonction des circonstances, centralisme excessif, mépris de l'autonomie provinciale, voire infiltration communiste' puisqu'il est démontré que ce moyen paye encore. > -i-

lr

Et voilà le cap de I'indépendance tant

atændu Par

enfin rrrinistre belge des Affaires g^énérales en Afrique ,llpassé. Les fètes ne sont pas encore terminées qu'éclatent,

,l,rirs

la

Force Publique, des troubles prévisibles pour tout

ulrficrvateur attentif. Les soldats, s'ils se révoltent, c'est pour rrvcrrdiquer: des officiers noirs, une situation meilleure. On h.rrr rr dit que I'indépendance, pour eux, ça ne changerait rien. lrt ils ne sont pas d'accord. Snr ces mutineries de revendication, se greffent simultanérrrr.rrt, dans le triangle Inkisi - Madimba - Mbanza Boma des ,'rr'r\s cr)mmis, au cours d'une nuit, par une vingtaine de soldats r\,r'{.s, crl bordée.

Nous avons souligné ailleurs la portée réelle de l'événenr.nt (,t les conséquences abusives qu'en ont drées des gens qui (l.l) La

Crise Congolaise, p. 55.


étaient en quête d'une justification pour un départ décidé de toutes manières (14). Notre propos n'esr pas de faire ici l'histoire du Congo depuis son indépendance. C'est à l'histoire de la sécession katai-

le présent ouyrage" La .voilà _conçue, préparée. La loi Schôller a déblayé le terrain d'un obstacle voulu par le législateur et qui eût n&essairement fait échec à toute^tentarivà de sécession : l'existence d'un gouvernement_ de coalition comprenant des partisans de l'unité à côté dfs _séparatisres. Nous ie tarderons ias à enrrer dans la phase de la réalisation de la sécession. gaise que nous nous attachons, dans

LA NUIT

DU9 AU

(1,1)

228

La Crise Congolaise, De l'Indépendance à I'Intervcntion militairc

belge.

10 JUILLET 1960


C'est, on le sait (1), dans le Bas-Congo, à Inkisi, Mbanzallrrra, Madimba, que quelques militaires de la Force Publique, ,'rr bordée, partis én jelp iiu camp Hardy de Thysville, dans l,r nuit du 5-au 6 juillet 1960, se sont livrés à des débordements' ,l,rnt oueloues femmes blanches ont été les victimes. C. .r'àrt pas dans le Bas-Congo que les forces belges vont intcrvenir tout d'abord. C'est au Katanga.

Et pourtant, la situation était absolument calme dans cette ltnrvincê. Un éditorial de l'" Essor du Congo r', daté du 8 juillcr 1960, l'avait répété. Et le président de l'Assemblée provin,'i'rlt,, M. Mutaka, âllait déclarèr dans le journal du lendemain : ., Il n'y a aucune raison de croire que la mutinerie du Bas-Congo atteigne le Katanga. " *

Nous appuyant sur la presse unanime et sur la déclaration l.ritc à la CËâmbre par le Premier Ministre belge, M. Eyskens, rrrrrrs nvions fa:r" étai (2) d'une intervention à laquelle procédà' lcnt, le samedi 9 juillet 1960, les forces belges de la base de li.rrrrina en gare de Kabalo où un train de deux cent -cinqua-nte r,(lrrgil's eurdpéens . s'était vu interdire le départ par des soldats ct tlcs civils congolais " (3). tome I, pp. 103 et sui'antcs. Nous parlonr viols strictemcnt limjtés dans l'espacc et dans lc tcmps et non des bcaucorip plus nombrcux, qui suivirent Ie bonbardement de Matadi par læ l,rrror lrclgcs, le 11 juillet 1960. (2) eo. loc., pp. 172-173. (.r) Lc Soip du 12 iuillet 1960. "

La Crise Congolaise, riiiilcr,t-e, premiers

IrrrLrrr(nt

,l, ,,rrt,

231


À{. Eyskens avait dit le 11 juillet (4) : " Dans.la mêrne^région, des'f;;;;; un rrain de réfugiés européens iia.riadon dégaeeaient golo (5). "u* """lro";-t;-Ë;: " Il n'empêche oue c.ertains rnilieux proches du Ministre de la Défensc N"tionâie, t-;;;;; édË "ù. Arthu, (6). Gilson 9nt mis en clou.re, p' i s. formel l"ni"ni Ë"î.rri i_rnrervenrior militaire.bclge du 9 juillei igeo, r?} ;ijï;'.è;i; à K;Ë;ir:-C;li;: ci,''aurair jarnais eu rieul rt trai.'-àâ1,îeiiïî,

t ;ili;-", ",

rettre,..

Ces dénégations nous paraissenr peu vraisemblablcs en oré_ sence du récit détai I I é de- I intervenriil

;"ÈTÈ-;;;' Ë;*"ï; et de Ia confirmation ofr;aeite âr'îrJ,ni., r,ti";r*"1'-"'-"^ Mais quoi qu'il en soir, qu. t,i","r"""r;r" J" ,. n*U^lo ait eu heu ou non, en -i discuter ,".âi, .ng"g., i

; ;;;

t:i'rtîi

r". te. ex plos i f -d fl i, jËJrn ff l'interven.io" L.11. J. id;;i;^;;;; un' i;# qr,; 3,,,i11"^,^,lnrC s lmposalr a toLrs, noirs et blarrcs. Pour s'en convâincre, il suffit de prendre connaissance du cotrrmuniqué Darvcnn.à Libre B.igiq"., (Z) et qui avait "-La été émis d'Elisabethvili., r. ,"-lai i, T'ig heures. Ce communioué rapporrait q,r," â" jÉU"î?ïia appre'ait à Elisabethv;ii"'"-i"r-;J.ri;;; :rr""n's soirée, on à Kabaro gul'

g.

i,",' a"";'

;ii::

et que des soldats n mutinés d" K;;;;;;;;;1"i.;;;;ffi;;; " train d'Européens de parrrr. " A 18 heures, u-.r. me_ssage du journal l,o Essor du Ka_ tanga > annonçair à Belga que Kamina est interoeni. fiit

E',uille est à l;écoute.

" En et't'et, à Is_h.45, ra base d.e Kamina cont'irrnait son interaention à Kab.alo. _Il est à ;rtr; q";;t Jiiiï ff';;"i; p r.e mière in ærr.tenùon d e s tuoupe s *a riop otit;fii r' r r)r;"î nées au Congo deltuis te débii àrl'j/rriàïii.-::" "''"'"" Ainsi donc à Elisabethville, la nouvelle de la première intervenrion mi I itai re lrelge, d ar.,s i" îr""';ii va, pour d., opposés, électriser l."rî1î;.:'#:,ft'rti

r;;ii;

(4) Ânnalcs Parlementaires, séancc du 11 juillet 1960, p. 3, (5) Le . Peuole, d,, 12 j_ujller..1960: . aux d" Kabalo,. Bilgique, au i: "noiroo. ( aux environs de Kabaio,. ;,iti.ii*o lîi,iiiiiia. ï(o, "( lto': La Keleve , norânrmen!., Le courrier hebdomadairc de CRISp, qui, plus tard,

;TL"t:.î';i,"'"i,u;1iuff|èJ.*,i';t""';;;ili;";'#iiin "" r, du 7'octobre re60, di--l:-,I1"s Publiquc se mutinaicnt à Léopoldvitle et à ;fr:'l"ii"!i'/:Lrf,'"Î".*: tnc premtètc rnterven'ion nilhairc belge étoii iigrolé,"i'ri pàiit'"rï'aî'x.iiil'.'t'

(7) La "Libre Bclgique, du

lt juillct

1960,

la circonstance pour réaliser leur vieux rêve de et les rnilitaires congolais décidés à s'y opposer. Entre le 6 et le 9 juillet, les blancs en partie groupés dans l,'s C.V.E. (8) se sont arnrés et organisés militairement. LIn réfugié du Katanga a raconté très simplernent le pror'('ssus all journal français " Le Monde " (9). . Les messages personnels des familles dispersées dans le Bas-Congo démoralisaient. On prend dans le dépôt de la police les armes de celle-ci et on se les répartit entre Européens en même temps que pour être prêt à toute é"'entualité on organise des tours de garde de nuit et I'on préaoit Ie regroupement des t'amilles dans les bâtiruents de I'école. " Les .. lillpents de l'école ,> c'est, faut-il le p.réciser, l'iurg,nrfiter de

.,t''ccssion

rncrrsc collège Saint-François de Sales situé au cccLlr d'Elisabeth-

ct s'étendant entre quâtre des principales avenues de la 'illc illc européenne. Il faut lire le Bulletin Salésien (10) pour se rendre compte

r

,lrr rôle jotré par cet établissement religieux dans le dérou.lement ,h's i'r'énements de la nriit du 9 juillet. " Ce samedi-là, écrit ie Père Ch. De Freyn S.D.B. (11), des colonnes de voitures privées s'étaient ébranlées vers la Rhodésie. Pourquoi ?... Sous le manteau, pour n'effaroucher personne, tout le monde affirnrait à- tout le monde que la tension rnontait dans les cités, qwe la Conakat allait

déclarer l'indépendance du Katanga; que la révolte de Thysr.ille ferait école dans tout le Congo; que les relisieuses de I'Institut Marie-José gagneraient la frontière; que c'était porï cette nuit ou jamais. (12). " Pour les Blancs, l'intervention militaire belge était le signe ,;rr.' ln lr4étropole ne les abandonnait pas, que les parachutistes rr'r(r:ricnt pas loin, qtr'on pouvait compter sur eux. I-e nouvelle, qui était tombée sur le telex de l'" Essor du ,rfiJro, dc Volonraires Iiuropéens,i, yojr norc 13, chapitre I, p. 19. ('r) " Lc Monde r du 4 août 1960. tl0) Bulletin Salésien no 1 de janvier 1961, et no 3 de mai-juin 1961. (ll) N'1 du Bullerin Salésien, p,16. S.D.B, : Société de Dom Bosco. Cc texte rl,,rrtrr clairement qu'avant lour mouvemenr des soldatr congolais, les blancs étaient dans l,llrrvrsccncc parce qu'ils savaient que lcs hommcs de la Conakat qu'ils avaient portés n,r p0ilv,rir, rllaicnr proclamcr la séccssion. (12) Un élément qui n'e pes été souligné jusqu'ici confirmc singulièrement que I'on t"iprrrit quclquc chosc pour la soirée du 9.iuillet. En cffet, une réception en Ia résidence ,l' I'remicr Ministre Tshombe avait été prévuc pour cc soir. Elle fut décommandde la ,"llr l.'" Lrcor du Cougo ' porranr la date du 9 mai paru la veillc public un avis rl,rrrrrl rrrx invités qui n'onr pu êrrc avertis en temps pcrsonnellemcnt.

232 233


-C,Tqr nlser.

> er sur les ondes des radios d'E'ville, allait les galva_

La Force Publique elle,

soucieuse depuis quelques iours. des blancs- armés, qui pat-uiii"i."r=â;ri-;.i;;i"; quartiers de la ville, se préoccupait te!iti-.À."t -à;"1";

à la vue désarmer.

';.0"î":"0îj:'î: by,:'Ï;;ï'i,il,'tr0l1iff:""itoË"j#::i;ff Mlnrstre belge M. Ganshof

van der Meersch, et'le m'inistre congolars de la Justice,. M. Mwamba, pour empêcher M. Tshombe de.proélamer'la sécessio" àu É"tàng" (ilj:-----^ -éiiâ"eèr"t composée.d'hommes apparrenanr à des ethnïes a ta provrnce du Karanga er en généra,l fidèles au Gouvàrne_ ment Central (Bakongo-attachés â M. Kasarr"bu, hoÀrn.r^L la Province Orientale, fidèles à M. Lumumba) la Force p"Uti_ que,. dans sa grande majorité, etait aèi:àé; t i;ir" igï"ï, l'ordre n'en déplaise aux anciens maitres du Coieo. - ceIequi, tmphquart désarmernent des volontaires blancs _. à comme elle venait de. le. faire, il y ; q;;iqr.J jo"rr, "t" 1'opposer, à toure tentative de sécession de la province.

r

riritres qui se laisseront entralner Par I'aumônier Adam seront

rlcs o forces de I'ordre restées fidèles u.

Il n'est pas besoin d'être prophète pour savoir que l'histoire du Congo rectifiera cette-fa[ification, appellera " rebellcs o ceux qué la presse belge a qualifiés de fidèles et rendra rrn juste hommage à ceux que la presse belge et les ministres hc.lges MM. Eyskens et \fligny ont insultés de " mutins r. " N4"i, ,"prânon, le récitîu Père De Freyn dans le . Bulletin Srrlésien

phares lentement balayent.les galeries du college. Deux autos, trois autres débouchent de I'avenue Wangermée, s'engagent dans la cour des * Primaires ". Le disPositif de sécurité joue. Qr" se passe-t-il

i.p;i",

?

?

dable; une mitrailleuse à chaque coin et les rnutins sont

,roîo.,r"ir";-Ëi;;;,

entreprirent de détourner les militaires congolais d Ë; ;;;;i; national. Des palabres se prolongèrent t"?a à"n, i;;t.';; camp Massart. Certains .détachemènts, enrralnés par les appels de l'aumônier Adam se joignirent bÀ.r. "rri congolais, descendirent D'autres, fidèles au gouvernement vers la ville. . .Notrs rouchons, ici, du doigt I'une des innombrables suoercherres que I'on rrouve à toutes les pages de la sécession kaian-

stoppés.

Les inutins ?...

(I3) .lules Chomé. La Crisc. Congolaisc ,, tome I, pp. 5J el suivantes et le cha_ coup d'Erat "ayorre . cl-ayant. c'érait d'ailleurs. ir ne faut pas I'oublier, le groupement de la Forco du 1€r e.G. Publique à Elisabcthvirle cui du 14 juin 1960, du projet .avait. er conoarssance. li de la conakat de oroclam'u, r'ir.aJp*a"ï.i-iï:".-ï,"i"i'tiog"larses ^"iin D, nu l, mars r961. qui était-interveno p:_15) pitre

t" zg';uin.'Èi è"'r"ri'f""îai]

ç,

r"u,:'i,rion,i.,-àiîi;;ru.rh'i:-lir:iruiii":,ffi i;,{.:."'##.iih:-'*lî#l Ë'ôï"il'"i-il"ii;i.:i <

et-neryeux ? I)ans un co-muniqué-de-";;&'â;;il"'ï;i'ili"; ter groupcmenr avair encore " dimandé i ii i"p"t"il., ,iri' que congolaise dc i" ,fiii;.i-à"ï'i"#'i;i;."';,',u-"u., dc garder ,", ,"rr_?i;ifu,:nne

",

234

?

temps si des canons ne sont pâs en batterie. Entretemps, les âutos se suivent sans arrêt. Les " Pères de Don Bosco "

organisent le parking.

; iJ;

'h".,."

d.r matin; des centai'es de voitures sont

immobilisées dans les cours (15).

,,

Le quotidien des ultras d'Elisabethville (16) avait d'aillcurs donné au lendemain même des " événernents >' une version t rès proche de celle du bulletin salésien : que les premiers coups de feu furent entendlls, ce fut " Dès la ruée'générâle vers les lîeux de rassemblernen t. Ôu bien les gens ie rassemblèrent en petits groupes dans des maisons

: " [./a

1960, signalera discrèremcnt

mutins

Quels - Il y a des mutins puisqu'on tire. -u De fait la fusillade- crépite : on se demande en même

galse.

, Les militaires qui resteront fidèles au gouvernement de la n Kepubhque du.congo er.refuseront de se Iaisser intimider ou corrompre pa1 le; Européens ou par les politicien, ;;i;;;l; solde, seront dorénavant appelés des o vlayjv5 ". Et les quelques

?

---_ on tire. Alors on vient. -* Pourquoi Q'çs1 le mot d'ordre. - Quel mot d'ordre - Sàis pas. Le mot d'ordre... Le collège doit servir de -forteressô. En effet, c'est un quadrilatère aisément défen^

L'Abbé Adam, aumônier de la Fôrce publique d'Elisabeth_

-..

ville (14), des. officiers blancs d" l;

: "h 35. Une auto change de vitesse. Tout près. Les

" 23

I

r

(14) Nous reviendrons plus en détail sur Ie rôle singulier dc cet ecclésiastique

dans

rl.ccssion katangai:e,

(15) Lc no 2 du Bullerin Salésicn public deux photos de cet immcnse partring avec l{gcride suivanrc : " Les 9 et 10 iuillct- la masse dr lr population blanche s'est réfugiée n,, collège. ' (16) < Essor du Congo du 12 iuillet 1960. '

lr

23û


partic.ulièr_es, ou bien,

goy

de la direction.

",Beaucoup, d'Ewropéens ar_rivaient armés (17). On demanda des aolontaires pour dét'-endrc les poites' d'entrée, les postes stretég.iques, lcs carre't'ours entourant te collèpe,'Dei g.ro.upes armés sc^constituèrent sans grande d;rriplinT. ùiii à l'extériewr du Collè-ge, des aolontalri, yiririrËriï àaiiJî, à v e ndr e c b è r e me n t Ié u r p a au, ç ;" s t ail è i in ;' ;";; ;;:;r;; i; nuit. ,, Un cinéaste d'actuaiirés, M. Vandeputte, allait, quelques . ql":, tard (1,8), donner u,, ténloignJge recoupanr ces ver_ i?_"r: srons de l'evénement : " La nuit de samedi, il s,est rendu au Collège où il ne pouvait rien filmer car il faisair trop son bre.'M.-V""a": ptrrte.s'est occupé du service de la ciicularion aux noitu..t qur cherchaient refuge, pendant plusieurs heures. Le ser_ vice terminé, il es-t oIIé àr* nouoill* a i"iiàiir:t;;;î, constaté un nombre impressionnant de rl"i;i{),ir*i.-IL cours de la nuit les civili armés de l,aéropori fir""r-*er"Ë deux priso.'niers, il s,avéra ;"" h;i";l;;;;d';"li 'rais ceux-ci apparrenant'à-i"-ê;"à;;: s'agissait d'une erreur,

merle.

>

Que les rroupes décidées à maintenir sur Elisabethville :il autonte du Gouvernement Central et celles qui, . encadrées par des blancs n, éraient décidées à_ jouer- l" J.u'î., ùË;";; renconrent et se heurtent était évidémment normal. ." La Libre Belgique, (19) donnera de cette .enconrre Ia verslon sulvante' qui a l'avantage de la vraisemblance et de

la cohérence

;

la Force publique sortis du camp Massarr situé à une vingtaine...de kilomérres d'ElisaberËvili;; ;. répandirent danJIa ville. Ils y f,rent ,r"ràitiîip"i'a",

<.Les mutins (20) de

,"r"..

(tt) Le Père De Freyn avat omis ce détail qui n,était pouttanr (l!) . Essor du Congo " du 20 iuiller 1960. (t9) ... du lt iuillet t960.

(20) Nos Iecrcurs recrifieront désormais d,eux_mêmes,

236

rroirs demeurés loyaux et par des blancs armés qui côte I côte s'efforcèrent d'arrêter la progression des mutins. Des fusillades éclatèrent. Toute la nuit de samedi à dimanche fut trouée de coups de fusil et même d'armes semi-lourdes. , Aux dernières nouvelles on compterait cinq morts et six

p]upart, ils convergè rent vers

la le collège St-François de Salesi tiei d.e' rendez_.ztà;;. ôi;;;,; se cttsant le mot, presque toute la aille se troupa bientôt réunie au Collège. n Les, deux principales. enrrées du Collège furent bientôt envahres par -des centaines de voitures qui se succédaient. tous phares allumés et à la queue leu 1",i. Toutes i;r-;;; du Collège furent remplies par les i."t., i";il;;-i; "at pop.ulation se pressait i,rx rÀseigne,nents d"";;; Ë bi;;

pas sans impor-

la population blanche. Les cinq personnes sont: MM. Z.wartenbroeck (21), Debra,-Jàn Franchimont, l'adjudant Poncelet ainsi que M. Spoglia, consul cl'Italie. " [,t le journal français " Le Monde u (22) donnera la même r r,r'sion de l'affaire : " Hier dimanche, à Elisabethvllle, wne bataille rangée, a éclaté entre les insurgés de I'arrnée et lellrs officiers européens auxquels s'étaient joints des polontaires blancs. Des dizaines de soldats noirs ont été tués, rnais six blancs blessés dans tr.rées

trowpèrent la mort. > La B.B.C. ayant parlé de cinquante à cent morts du côté .,rrrgolais, un journaliste (23) a demandé à l'autorité belge , r'rr1p{lsngs ce qu'il fallait en penser. n Au Ministère des Affaires Africaines on précise... que le nombre de tués est bien de cinq. " Mais on ne peut donner de précisions quant au nombre de tués congolais, étant donné que les Congolais ont l'habitude d'emporter leurs morts. > Tout est donc clair. On s'est battu pendant la nuit. ll y a rlcs rnorts, de part et d'autre, mais comme toujours, infiniment plrrs de morts congolais que de morts européens. L'. Essor du Congo " (24) râpporte que depuis 2 heures rlrr ruatin, on annonçait l'intervention des troupes belges. Il rcnrble que l'aide fut trois fois obtenue et trois fois retirée. ll l'rrllut l'insistance de M. Schôller pour qu'elle se réalise enfin. Le lendemain dimanche, en effet, à 6 heures du matin, ,lix rrvions (25) venus de la base de Kamina, se posent sur la (21) Le Bulletin des Salésiens (nu 1, p. 17) nous apprcnd que M. Zwartenbroeck rr'r)rit .tu pcrsonncl de I'Union Minièrc comme MM. Coupriez, que . La Libre Bel. omer de cirer ct Franchimont. M. Debra travaillait à là Benque du Congo Belge, I i,prc . ft,'i. rncicrs élèves de Don Bosco prrmi les vicrimes ' ajoute le Bulletin, Le " Courrjer ,l'Àlrirluc, du 11 juillet donne à M. Poncclet le grade de lieutenant et ajoute I la liste I' r,lirr,lrnt B:rstien. (22) ... du 12 .iuillet 196Ô. (2.1) Lr . Cité " du 11 juiller 1960.

r t'Prr

(24) ... Ju 12 iuillet 1960. (25) l.'" lissor du Congo , du 12 juillet 1960 écrit : . Nous avons assisté à I'arrivée des avions à 6 heures du matin,,. En moins de dix ,,rinurrs

dix avions atterrissaient à la Luano (l'aérodrome d'Elisabethvillc) et

des

(roùpcs 3n descendaient ainsi que leur matériel. Elles furent rapidement envovées vcrs la vilL' où elles entrèrent en action

'.

237


plaine d'aviation d'Elisabethville. Ils débarquenr rrois cenrs < paracommandos ,' et des soldats du bataillon u Libération qui vont entrer immédiatement en action. Vers 10 heures du" matin, les " rebelles > auront déposé les armes et la ville sera nettoyée de tous les éléments qui pourraient faire échec à la proclamation de la sécession karangaise. .Entretemps le gouverne*.1: Uçfg.".qui ne pouvait appuyer son intervention sur le traité d'amitié belgo-congolaise (lequel traité exigeait un appel des autorités gouvernementales congolaises) cherchait à lui donner une justification au moins

morale à défaut d'une base juridique. Et le Ministre de la Défense Nationale, M. Gilson, affirmera, avec le Premier Ministre Eyskens et tout le Gouvernement, que les forces belges n'interviennent que pour protéger les vies humaines (25bis). * **

L'intervention d'Elisabethville cadre mal avec cette affirmation, si elle a eu lieu après une bataille rangée entre soldats noirs fidèles au Gouvernement Central et officiers et volontaires blancs favorables à la sécession du Katanga. Il faut donc trouver autre chose. Et, en même temps que certains journaux rapportent la version vraisemblable (et sans nul doute vraie, dans ses grandes lignes) de la bataille nocturne, d'autres vont lancer une version qui rentre mieux dans le cadre des déclarations du Gouvernement belge. u La Cité >>, pâr exemple (26), va raconter : " .., des Européens ayant tenté d.e t'uir en atr.to, les mutins placés à un passage à niveau, firent usage de leurs armes. C'est là qu'il y eut les cinq victimes européennes ! Si cette version était de nature à arranger les choses pour le ministre Gilson et le Gouvernement, elle était assez désagréable pour les familles d'hommes, qui avaient, sans doute, combattu très courageusernent et qu'on décrivait prenant la fuite. C'est pourquoi on imagina, quelques temps après, une variante de cette yersion gouvernementale qui, pour n'être pas plus gênante pour M. Gilson, était moins pénible pour la rnémoire des victimes. )>

t25bis) C'esr le m;me préirxtc hurnanitaire qui scra invoqué pour justifier l'opér,rtior aéro-oorr.le Jc I964 à Stanl',vuille. (:6) ... Ju l1 luilJet 1960. 238

C'est ainsi que " La Libre Belgique " (27) va raconter : . En ce qri .orr."rrre les Euàpéens qui' furent tués dès le début àe l'opération, il se confirme qu'ils revenaient tle Rbodésie oùlls avaient conduit leur farnille. Ils furent surpris à un passage à niveau situé devant le

' camp de la pré"ôté militaire"et aba-ttus -par rafales Êe ,t'ritàillette puis achevés à coups de machette. L'un des cadavres étâit presque méconriaissable. Sur chacun des corps on a découveri, épinglé sur la poitrine, une photo dc Lumumba. " Ce dernier détail, fourni au plus fort de la campagne de r.rkrmnies contre le Prernier Ministre du Congo, dans Ie but ,lc rrrontrer au monde que c'était en son nom qu'on assassinait devrait suffire à prouver la nrême à Elisabethville -, l.rrrsscté de cette nouveile version. Il tombe sous le sens que ces versions ont été inventées, rorrtcs deux (28), pour le beioin de la mauvaise cause du Gouvcrncment beigê, pour qui il lallait que les morts européens ,l'ïlisabetbtillé aient été- massacrés et pour qui il était imposrihlc qu'ils se soient battus. Que dans le cadre de cette version ,h, le iurprise et du massacre, les morts congolais (q.t'oq n'q pas l',' rlénombrer !) ne soient pas explicables, ne gêne pas M. Gilson. "1

M. Tshombe n'est pas à Elisabethville le soir du 9 juillet. iatrt qtr'il revienne tout de suite. .. C'est Pour ce soir ou j,rrrrais èomme l'écrit le Bulletin Salésien u. " ' Un pilote belge de la Société belge Sobelair .va quitter lilisabethville pour-aller chercher M. Tshombe à Léopoldville,

ll

l,'soir même. M. Tshombe au cours de la

rêception qui, six mois après,

,,,,rrr organisée au siège de la société Sobelair' en vue de rerner, it,r le et sa siciété (29), définira avec plus d'honnêteté

iilot"

(27) ... du 20 juillet

1960.

lzgl ceci n'exclut éridemment pas cu'au cours des combats nocturnes, les soldats ,1" Lr i;oôe Publioue. fidèles au gou"etn"-ent Central, aient dressé un barrage à haur,,,r rlu oassaee à'niveau er riré ilr des vébicules qui voulaienr le forcer, Cela n'erclut ,l,rrr lras qu""d", ron-ao.battants aient pu êtrc tués ainsi. C'cst, sans doute, le cas du ,,,rr.rrl italien.

r29) i'. Essor du Katanga ' du 6 janvier 1961. M. Tshombc s'est rendu au siège reÀettre un cadcau au pilore M. Jean-Marie Mineur " Pour 'l' l.r socléré Sobelair pour l,' .erviccs cxceptionneis qu'il a rendus a. goutetn"-ent katangais au cours des événe,,",rr\ Lrasioues dc iuillet' 1960. ' (M. Iean-Marie Mineur était déjà au scrvice de la s,,l,clrir"''en f958.'L'.Essor du Càngo-" du 3 mai 1958 nous apprend qu'il pilorait un r .*rrr tlcs lignes régulières vers I'ouest du Katanga, vers Kiscnge- siège de la B.C K.lrl.rrr'.rrrùse et vers l'àst. vers Albertville)' '' . Plusieurs ministres, dir Ie journal, assistaienr à cette cérémonie' C'esr M. Pierre lllun, directeur de la "Sobelair", qui accueillit le Présidcnt Tshombe et qui au cours


que la presse belge ce qui s'est passé à Elisabethville, le soir du 9 juillet. Il ne parlera pas d'une < mutinerie mais du " ,. Et o soulèaement d.es éléments luntambistes à Elisabethville c'est bien cela, sauf que lui aussi intervertit les situations. Les éléments favorables au Premier Ministre Lurnumba et au gouvernement central ont voulu réprirner le soulèvement sécesslonniste de la province du Ï(atanga. Ils ont été combattus tollre la nuit par des officiers blanci er par des volontaires blancs. Au matin, ils ont été écrasés par des cornmandos belges de la base de Kamina. C'est clair. C'est simple. Et la r.tpottiobilité de celui qqi a_ décidé d'intervenir .t r?r, esr vanté I ,r. p.,r, plus être éludée. L'intervention miiitaire belge au Katanea. en liouidant les . éléments lumumbi5ies ' (c'Jst-à-dire fidè"les à l'unité du Congo) de la Force Publique, va rendre possible la proclamation par M. Tshombe de l'indépendance du Katanga.

LA PROCLAMATION DE L'INDEPENDANCE DU KATANGA ET LES PREMIÈRES RÉACTIONS

DU GOUVERNEMENT GENTRAL

d'une b,rève allocurion, asssra-le.gokpetnemeflt kctcngrit de

t4 ;ûtete 44

lt plcine collabotation

dc

du leu4e Etlt, ' du discours prononcé per M. Tshombc à l,occasion de cette cérémonie: . Nous renons à rendre un solennel hommagc au dévouement pour la euse du Ketanga, de la part d'une société d'eviarion-ct plus parriculièrdment d'un de sa dcvetotrprment

Voici des pessages

essentiels

pilotes.

n'tvons par oublié, cher lean-Marie Mineur. oue c'est vous oui. ' Nous g iuill", -1960,_ au_momcnr or\_Monsieur l'émcute-grondait à Léopoiddille, êtes vcnu'du & Karanga malgré.lcs dangers

et alors quc nàus.n'avionr

peisonne sur

qui compter

pour Dous chercher et nous ramener à- Eli:abethvillc. Le 9 j*illet, toujorts lors d* soilèoement des éléments l*mumbistes à Ethebeth'ville, malgré votre fatigue, voils reptrtiez as miliet de Ia nrit poar Kemina. cn

mission *tgente,

(Nors verrons plrs loin qte cette .mission stgentc. fct confiée à M, IeenMarie Minerr, par I'ancien goxvernecr d,e la iroainci dy Kâtanpa, le ViceGorperneur Schiiller, en oue cl'obtenir I'interoenTion immédiate de ia'basc militaire belge.) de rappelcr ici toutec Ies missions qui vous furent ultéricurement confiées 'etInutile que grâce à votre habileré de pilote et -vorre connaissance du Katanga, voul avez renrplics à la perfection et ayec discrérion. ' 24A


juillet 1960, à 22h 30, heure locale, que proclama I'Indépendance du Katanga au micro de " l{ndio-Collège u, le posqg du Collège Sr-François de Sales, ,1rrc les religieux salésiens ont été extrêmement heureux de lui 1'r 0rcr (1). C'est le lundi 11

lr4, 'fshombe

la

Société de Don Bosco ne tarderont Pas, les services rendus à la réecssion katangaise et le zèle montré à M. Tshombe au cours rle ccs heures difficiles (2) : [.es Pères de

rl'.rillcurs,

à être récompensés pour

" Le samedi 16 juillet 1960, à 18 h 30, un speaker noir ;rnnonçait la première émission en swahili... n Jusqu'alors, les statuts officiels ne nous permettaient d'émeitre qu'en français et en néerlandais et ne nous 'h"ur", par jour et trois le dimanche. nccordaient'que deux Radio-Collège obtint cette semaine-là les autorisations souhaitées. n La station catholique du Katanga Radio-Collège pendant cinq put émettre sur qualre longueurs d'ondes,

hcures tous les jours et présenter des programmes en cinq

: le français, le swahili, le kibemba, lc lunda et le kiluba. " lit M. le Président Tshombe ne manqua pas d'honorer de g,r/'scnce, par \a suite, les fêtes de bon collège katangais et l:rngues différentes

tl) Ilullctin Salésien, no 1, p. (l) co. loc., p.19.

18.

243


de- poser_complaisammenr

pour le photographe aux côtés du

Révérend Père Recteur (3).

soumis

fDans la u déclaration d'indépendance >, donr le u Collège des Ministres >, tout entier, prend la responsabilité (4), l'ôn retrouve condensés tous les thèmes soufflés aux gens de la

Conakat, par les bommes de l'Ucol-Union Katanfaise. L'on y trouve en outre, le thème inspiré par certains propagandistes habiles, et que M. Tshombe a rappôrté dans ses-valises de son vgyage aux E.U. :_la lutte contre lè communisme, dans un pays où il n'y a sans doute pas, en ce moment, un seul Congôlais communiste. Mais I'on espère de ce slogan qu'il vaudra- à la sécession l'appui non seulement des Belges, qui sont acquis à -dit I'opération, mais des nations du monde " libre ". La Belgique a accordé au Congo l'Indépendance, déclarâ " M. Tshombe au micro de Radio-Collège. Elle I'a fait conformément à sa promesse du 13 janviér t959. > Cette promesse et le message royal qui l'accompagnait entendaient nous dorer d'institutions démocratiquei et, conformément aux stipulations de la Charte des Nations U_ nigs, qui s'engage au respect du Droit de tous les peuples de disposer d'eux-mêmes, elle entendait nous dotêr, iron pas d'une copie servile d'institutions démocratiques occidentales,,mais d'un régime qae les di,uerses régiois com?osant le Coygo choisiraient ielon leurs proprei concepti.ons et les traditions qui leur sont chères. du Congo esr un fait accompli depuis " L'Indépendance le 30 juin 1960.

" Que constatons-nous à présent ? o Dans toute l'étendue du Congo, et particulièremenr au Katanga et dans la province de Léopoldville, nous voyons mettre en æuvre une racrique de désorganisation et de terreur, tactique qae nous ln)ons aa appliquer à de norn(3)_ eo. Ioc., n" 2, pp. 2I et 25. Fondée par le P. Derhier, le 30 novembre 19,t6 pour garder le contact entre maîtres et élèves au cours d'une épidémie de paralvsie infantile qui avait fermé les écoles, la Station Radio-Collège vivait d'uu subiide âe la villc d'Elisabethville et des contributions versées oar . des sociétés imoortantes de la olacc qui s'intéressent à notre travail cr nous aiôent par I'octroi de'subsides d'imporiancc (q Essor du Coogo ,, l-6-7957). Le bur ilc la Station était désormais, en prinvariable cipc de' diffuser la " grande voix dc l'Eglise. ' déclaration dans Congo 1960, II, p. 718, CRISP, ct , _(4) Voir ^textc iorégral de la dans l'. Essor du Congo ' du 12 juillet 1960.

241

et dans cornbien de pays rndintenant à la dictatare cornmuniste.

breuses reprises

r Un gouvernement central à majorité extrémiste

s'est

i"l'l'iïu. ' Cette tactique de désorganisation et d'effritement de l'Âutorité cst celle qui fut toujours appliquée par les propagandistes et par les tenants du seul parti communiste. > l.a déclaration attribue évidemment au gouvernement centr''rl lcs troubles que connait la Force Publique et accuse le Itrunicr Ministre de s'opposer à l'envoi au Congo de troupes lrclgcs pour provoquer

:

* ... un régime de terreur qui chasse nos collâborateurs bclges. o Il veut, par cette méthode, remplacer le plus rapidement possible les cadres détruits par des cadres qu'il semble ,léjà aaoir recrwtés parrni les ressortissants des pays d'obé-

,licnce cornrnnniste. o l)ans ces circonstances, et devant les menaces que ferait pcscr sur nous une plus longue soumission à I'arbitraire et

à Ia uolonté

comrnunisante

du gouverneftient central,

le

Nouaernement katangais a décid.é de proclamer l'lndépen-

,tance du Katdngd. u Cctte Indépendance est TOTALE. ' Cependant, conscients de la nécessité impérieuse d'une collaboration économique avec la Belgique, le gouverneur

tlu Katanga, auquel la Belgique, pour protéger des vies lrurnaines, vient d'accorder I'assistance de ses propres troupas, demande

à la Belgique d,e s'unir aeec le Katanga

en

urre étro;te cornrnana,u.té économique.

, ll lui demande de continuer son appui technique, finanIl lui demande de I'aider à rétablir l'ordre

cicr ct militaire.

ct la sécurité publics. , Si la Belgique se refusait à remplir cet impérieux devoir et si elle refusait de reconnaltre le Katanga comme un

Pays libre et indépendant et son gouvernement comme le *cul gouvernement légal, le Katanga fait appel au Monde Libre tout entier et demande à tous de lui ieconnaltre le 21â


droit, qui est celui lui-même (5).

de

"

tout son peuple; d9 disposer

de

ri **

.Le gouvernement congolais réagit tout d,abord avec une extrême modération à la proclamatiôn de M. Tshombe, feint de n'avoir poin-t entendu pàrler d'" indépendance > .t tt" r,élè.,r"

Et à la radio, le dimanche soir, M. Kasavubu parlant en ïon tlom et au nom de son Premier Ministre, ennonce (8) : n Après deux jours d'efforts- intenses, nous nous rendons rnallres de la situation qui fut grave.

; Lunit ,rou, ,rou, rendrons à Luluabourg et à Elisabethville pour pacifier les esprits là aussi. '

le fait qu'un gouvernemenr provincial

fasse appel ?ug a ces:o:,t" frouPes etrangeres. Le cabinet du Premier Ministre qui avait déclaré : :i ... qye - le gouvernemenr congoiais ne pouvait tolérer I'envoi de troupes belees au Coneo (6) ^ " (Z) exprimant fit diffuser, le. t juillet t9?0, un .oti-ùriiqné l'étonnement du gouvernemenr devant les démarches àu président du gouvernemenr provincial du Katanga :

" Tout en respectant l'autonomie administiative de chaque province, le gouvernement central entend faire respecier les principes conrenus dans la loi fondamentale provisoire. Aux rermes de cette loi fondamentale, il n,àppartient nullement à un gouv_ernement provinciai, quel {,i,il soir, de faire venir âu Congo, pais sou.rerain, des troupri militaires. apparrenanr à une piissance étrangère. co.ngolaii et-le prernier"Ministre,-citte qui " Le chef de I'Etat se rendent ce joar à Eliiabetbville, examineront

at't'aire sur place avec les autorités pro,uinciales du Katanpa. , Le gouvernemenr_ p1écise de nouveau sa position radicàle de faire respecer. 1â légalité et de défend?e I'intégrité du

territoire national.

>

jurisres d_e M. Tshombe, qui n'était probablement pas étranser ru ,(5), L'un des lexre ce. ra { procramarron ,, I'avocar Mario spandre, allair s'efforcer dc la iustifie-r danr un article de l'" Essor du Congo (14-7-60) où i'on ."iro""aitl; ,hi;. d; I;;;;i;;";i; elle-même:

. I-a

Belgique

reSpectCe.

a doté le Congo d'unc loi

r Eraminons si cettc loi est

foudamentale

bonne.

qui en principe doit êtrc

'Tuit jours après sa mise en application cctte loi a orovoasé(t) des désordrcr rndescriptibles, la mort .d'individus. tranquilles et demain plorigerà'lcs 13 millionr d'habinnrs du _Congo dans la misère et-la famine. Certe' loi-est l" .ause-àlu* g{gression sociale, économique et morale, Cette loi esr mauvaisc, L'ayant compris., lc gouvcrnement katangais, conscieni de son deroi", essaie de se dégager de I'ombre mortelle quc cette loi oroictte... , 'avertissement à d,autres iuristcs oui . Er ce. juristc dc la séccssion de donner un seralent tentés dc faire des réserves lu sujet de la légelité de la sécession : ' . Il sc-pcut quc certaines pcrsonnes qui représeîteni i;ao"i"n oiaË-coloniar ct qui aurourd'hur sont théoriquement. au.service de cette loi fantôme, craignent q'uc l'action du gouvernemeni ne viole la . Iégaliré qui èonscients de tels problèmes uient néanmoins de reur 4utori;é morulc 'ceuxq^e. I'on retpecte tne loi'manilestement masvaisc ,r"t aii irrîiiàiioiïi'î" 1oilr ctet crtmtnels., (6) Le Soir . du 12 juillet 1961. " ' (7) . Courricr d'Afriquc . dq 11 juillct

246

1960.

.i.

le Président Kasavubu et le Premier Ministre qui,.dit la presse (9) : <... essayalent alôrs de'faire un ultime effort en vue

Mais l.rrrnumba

d'empêcher la sécession de la province du Kat?nga

>

de-débarquer à Elisabethville, Irrrcrrt mis dans l'impossibilité -ils I'avaient décidé. Transportés Per un L' 12 iuillet, comme ils n'avaient à ce moment aucun autre ,rvion militaire belge leur disposition, l'ancien avion du Gouà nr)ycn de transporî u"-".r, général^belge ayant éié placê entre les mains des autorités kaàneaises -i. MM. Kasà-tubu et Lumumba se virent rntcrdire l'àccès des'pistes par le ministre katangais de I'intérieur, Munongo et par les-Belges (10) qui dirigeaient, seuls, le trafic de l'àéroport et contrôlaient tout I'aérodrome. [-a presse belge a relaté l'incident (11) : plaine " Làppareil i f^ir son apparition au-dessus de la da.rs'là soirée. Entré en- ôontact radio avec la tour de contrôle, il lui fut signifié Par un représentant katangais, M. Munongo, I'interdiction d'atterrir. o Mais MÀf. Kasavubu et Lumumba insistèrent et ordonrrèrent au pilote d'amorcer I'atterrissage. o La tour de contrôle interdit une nouvelle fois l'opération (8) Le . Soir du 12 juillet 1960. ' (9) Le a Peuple du 12 juillet 1960. ' (t0) L'un de ces belees était ce prétcndu s maion Carlos Huyghe. dont on tetroude I'ONU-' parmi- les assæsins pré' ,r,n l"' nôm dans le . Raiport de la- Commissionjournaliste frarçais . Jacqrcs Duchemin, .,r,,lt rlu prcmier Ministri patrice Lumumba. Le ,lrnr lt livrc du colonel Trinquier.Notre Guerre eu-Katange' (p'.al) écrit à wn sujet: événements de- I'indépendramatiques dcs au moment - Il érait entré dans I'irmée Jrnce. Ëxoloitant une pêcherie, il avait constitué dcs milices de colons 4tmës' dcs mutins de la Force Publique' La chencc i;;;;;d'I';;;;;;;;';,,.-x"iiiii"n' pour le servir. li,"ii piit'le "iàge de Lumumba du Ôoogo aveit voulu arterrir à Elisabethville -aptèr ; to;tô;; l" P."-'i", Ministre -Iiuyghe se tr1uoait à la tow de conttôlc aoec Godelroy lr récàsion ketanqaisc, de Tshombe' Fort.de la présencc, sur.les toits dc ;?,;;;;;,;i'i;;;Iîu-i'In,É'i"u. i.n{roàioi,. de milicicns armés jusqu'aur denr, le ministre katangais.vait Pu du territoirc. rtrtcrdiro eu Congoleis l'eccès ô;- H;ig[; *"'ntÀ-e it'"f-"djoin. du Cabinet du ministre de le Défensc du h

rtllgt, (ll) Voir notâmmcnt la "Cité, du

18 iuillet

1960'

247


et le balisage fut éteinr. Dans l'impossibilité d'atrerrir, l'appareil a regagnê de l'altitude. I'appareil a dt rebrousser chemin pour rega' Finalement, gner Kamina. Ffeureusement qu'il s'agissait d-un avion

militaire disposant d'une réserve d'essence suffisante (72)." Le Premier Ministre Patrice Lumumba a donné connaissance aux députés, au cours de la séance de la Chambre du 15 juillet 1960, du procès-verbal dressé par l'Adminisrrareuradjoint (un belge) de la Sûreté concernànt les tentatives de débarquement à Elisabethville de la délégation militaire consolaise d'abord, du Président de la Répùblique et du Prem"ier Ministre ensuite. Ce procès-verbal est plein d'enseignements (13),-pour-qui douterait encore du rôle des troupes be-lges, aux premières heures de la sécession katangaise. Voici notàmment le témoignage du commandant Nkokolô (ce militaire qui allait être tué dans I'engagement provoqué par I'expulsion de i'arnbassâdeur du Ghana, sous le règne du colonel Mobutu er dont on donnerait ensuite le nom au camp militaire de Léopoldville) : " Hier lundi, 11 juillet ûeO, je me suis rendu^par avion militaire, avion piloté par trois officiers belges, à Elisabethville, afin d'y rétablir I'ordre et, cela,- d'après les instructions de M. le Premier Ministre Lumumba. L'avion survolait la plaine d'Elisabethville vers 11 heures 05. Par radio, le commandant de bord était averti que plus personne venanr de Léopoldville ne pouvait aiterrii à Elisabethville. u Sur l'insistance de ce dernier, I'avion a quand même pu atterrir. Lorsque je suis descendu de l'avion, i'ai remarqïé que toute la plaine d.'aviation était entoarée de militaiies belges. Plusieurs de ces rrilitaires se sonr dirigés vers nous. armes à la main. J'ai demandé d,e me ren-dre au ca.np militaire, cela m'a été interdit. Ils nf ont dit que tous lâs rnilitaires congolais étaient gard.és par les rnilitaires belges (14). J'ai ensuite demandé de nc'entretenir avec Ie présid,ent du GouvernenTent Propincial du Katansa. M. Tshombe; cela m'a été également interdit, et il'a été (12) Nous avons indiqué danr un éditorial dc . Remarquer Remarouer Consolaises , du 27 ocrobre 1961, combicn l'. accident où le Sccréteirc glnérel dc I'ONù, M. HamBlnérel tc ^gtobrc ' marskjold, trouva la mort, présentair d'étranges marskig,ld, similitudei avec l,incident l,inc l'incident du fi d" 11 i"-ittut iuillet Ià.E'ville.terd. o-n ibandonnera- penronr-nou!, la tl'L" .1. l;I'accidmt pour à E'ville. Tôt ou terd, on abandonncra, Denronr-nou!. rhère de I'accidmt poui oo'.' era..o".";""'-"^,'. miner rérieusement notre hypothèsc. Lc terte.intégn[-dc terte.intégrel dc l'crporé dc M. Lumumbr ert publié danr Congo 1960, ,Âuneres,s(13) L_q et Biographics (CRISP), pp. 19 et ruivantes. (14) (r4) Il est eir Tifficii difficilc de lire cc récit sanr frémir d'indignation, Le conceotion de diffi l'indépcndancc cndancc congolaisc congolaisc qu'ellc décèle èhcz lcr rcsponrablcr bclgcr occupent Elisebethvillc n'e par fini dc révolter lC monde.

248

je me rendais cbez M. Tshombe, je serais prisonnier. On m'a signifié que M. Tshombe était en t'ait conférence en vue de déclarer le Katanga indépendant. précisé que si

; b;

';"'fit

remarquer que la nouvelle selon laquelle le Président de la République et son Premier Ministre avaient l'intention de se rendre à Elisabethville était déjà connue,

et que dans le cas où ils arriveraient, ils seraient faits prisônniers. Le commandant de bord a téléphoné de la plaine afin d'obtenir de M. Tshombe qu'il reçoive la

délégation que je conduisais, cela nous fut également refuJé. On m'a intimé de quitter immédiatement Elisabethville sinon je sera;s fâit prisonnier. > Le témoignage de I'aviateur belge, commandant cle bord rlu l)OB, confirmc entièrement la déclaration du cotirmandant Nkokolo. jugé bor-r de repartir immédiatement après avoir fait " -|'ai plein- afin d'éviter des incideîts. L'dérodrome était le gardé rnili.tai.rement par des tronpes,métropolitaines. ll est èxact qu'au moment où j'ai quitté I'avion, plusieurs militaires armés s'en sont approchés. > Ainsi donc, en ce qui concernait la délégation militaire longolaise chargée de rétablir l'ordre et de préparer la yegue ,lcs-plus hautes-autorités du pays, ce sont des-militaires belges ,rtli qui se sont opposés à son entrée à Elisabethville. Pour le Président de la République et le Premier Ministre, le noir de serorr fcra venir à l'aérodrome M. Munongo - militaires belges vicc *-, pour qu'il leur signifie la volonté des ,;ui rvaient pris la situation en mains. Mais voici le récit du Premier Ministre (15) : " Après avoir reçu ces rapports, j'ai décidé qu'il fallait ,rbsôlument que nous nous rèndions immédiatement à Elisabethville, parce que le chef de l'Etat a prêté serment clcvant la Chambrè, devant la Nation tout entière, de protéger et de sauvegarder f intégrité du teffitoire natio_nal' quà s'il ne prenait pas des dispositions, la Nation allait "t lui dernander des comptes; le Gouvernement d'ailleurs doit égirlernent veiller à cela. S'il faut mourir, nous mourrons. Nous devions nous rendre au Katanga en tant que comptablcs dc la Nation. " M. Lumumba raconte alors son escale à Kamina où : t,rl *

cit.,

p,24. 249


<< ... tous les militaires belges présents et beaucoup d'Européens civils qui étaient à la plaine nous ont crié plusieurs fois " macaques ,'. Ils nous insultaient d'une façon in-

croyable.

f*

"

Après d'interminables pala.bres, ce chef d'Etat et ce chef de gouvernement qui ne disposent pas d'un seul avion et qui sont tributaires, pour leurs déplacements, des avions appartenant aux Belges qui viennent d'intervenir militairement contre leur volonté, obtiennent qu'un avion soit mis à leur disposition. Mais quel avion nous a-t-on donné ? dit M. Lumumba. Alors qu'il y a des avions convenables de voyage, on présente à notre chef de I'Etat un avion sans sièges, un avion de parachutistes dans lequel il nous était difficile de nous asseoir. Ce n'est pas cela qui nous préoccupait mais un moyen ', de transport. Nous sommes partis de Kamina à 20 h pciur Elisabethville où nous sommes arrivés vers 22 h. Et avant notre atterrissage, on a éteint les lumières. Les rnilitaires belges qui y étaienl ont donné l'ordre à l'aviateur de ne pas atterrir. Pourquoi ? Parce que le Katanga était indépendant, le Chef de I'Etat et le Premier Ministre ne peuvent pas y mettre pieds, disaient-ils. En survolant la ville, nous leur avons dit r le Chef de I'Etat doit descendre, il est dans son territoire et il est dans son pays. /l esr inconcevable que les militaires belges pwissent dét'endre au Cbet' de I'Etat de d.escendre cbez lui. C'est comme si le Roi Baudouin faisait voyage à travers la Belgique, et qu'un monsieur quelconque lui disait : Baudouin, volls ne descendrez pas ici parce que ce pays ne vous appartient pas. Malgré notre insistance, ils ne voulaient rien entendre. Nous avons dû rebrousser chemin (16). " Le Premier Ministre était convaincu que sa seule apparition à Elisabethville, flanqué du Président de la République, aurait mis fin à la sécession. MM. Tshombe et Munongo et leurs conseillers belges devaient paftagel. cette conviction pour s'opposer ainsi, au risque de provoquer une catastrophe aérienne, au débarquement à E'ville des plus hautes autorités du pays. Le Premier Ministre ne pourra atterrir à Elisabethville que six mois plus tard, ., expédié u par celui-là même qui était . 116) On s-e. souviendra Qy'à.-_cette é.p..oque M. . Patrice Lumumba n'avait. prs .frit appcl cncorc à I'aide des pays de I'Est- qu'il n'y avait pas un camron ou un.yron nl un technicien soviétique eu Congo. Cc qui démontrp que l'anticommunisme de Tshombe n'e jamais éré qu'un prérextc imaginé eprès coup. 250

rorr compagnon de voyage du 72 juillet 1960 et Pou_r y être rssassiné-pàr le même Munongo, sur l'ordre de Tshombe...

Dans le même temps qu'il refusait de rencontrer le Premier Ministre Lumumba, M. Tshombe déclarait (17) : . ... qu'il souhaitait que les troupes belges demeurent dans

la piovince. -la de

Il

avait demandé l'envoi de renforts belges km d'Elisabeth-

base de Kamina qui se trouve à 300

ville. " Le commandant belge Weber, qui, dès ce moment, est le véritable maltre du Katanga va d'ailleurs féliciter le ministre Munongo de s'être opposé à l'atterrissage du Premier Ministre (18) : . Le colonel 'Weber a donné la garantie à I'Union Minière (19) que toutes ses installationJ seraient en sécurité. ll a rendu hommage av gouvernement du Katanga Pour son attitude et PIus particulièrement du. ministre Munongo pour sa fermeté-à I'aérodrome.Il a ajottê que cela avait permis de saavegarder I'ordre au Katanga. > Ce qui est certain c'est que I'opposition faite par les rrrilitaires-belges au débarquemènt du Chef de I'Etat et du I'rcmier Ministre de la République du Congo, allait " sauver > lc Katanga pour les Belges, permettre la sécession de la province ,rr\ leurs iniérêts étaieni les plus considérables, alors que sans l'intervention de ces militairei, la sécession fut sans doute morte rl;rrrs l'æuf. La seule présence de Patrice Lumumba, flanqué rlrr Président de la République, aurait certainement rallié tous l.,s Oongolais, tant ceux de-la Conakat que ceux de la Balul',rk;rr, à- l'unité du Congo contre un séparatisme dont tout le rnorrde savait qu'il était l'æuvre exclusive des blancs et ne ,rrrvlit que les intérêts des blancs.

. Pcuole ' du 12 iuillet 1960. itgi . riU.i Beleioue 12 iuillet 1960. '' dudonnc, dès le dépert, ilvi Il était boi qu'on (17)

rtr'. qui al[eir financcr-toute

dcs rssur.nces

I ccttc

graode puis-

l'opération-sécession.

25L


LE VRAI CHEF

DU KATANGA: COMMANDANT WEBER


La presse locale (1) avait annoncé l'événement souhaité .'l :rttendu, par un titre sur toute la page : " Proclamation de I'Indépendance du Katanga. ' Appel à la reprise du travail er la normalisation de la vie quotidienne. rù7eber assure la coordination de cettc " Le Commandant tâche.

o Sécurité complètement assurée. ,'

I)ans une déclaration faite le lundi après-midi, M. Tshomlre ;rvait, en effet, annoncé :

" Le gouvernement provincial (2) a désigné à la tête du commandement de la F.P. un adjudant congolais, dont le nom sera communiqué ce soir (3). En outre, le gouverne-

rnent a nommé M. Pius Sapwe en tant que commissaire cle police en chef d'Elisabethville. , Pour la coordination, le commandant Weber, officier cles forces métropolitaines (4) et ancien officier de la F.P. r été chargé d'en assumer la responsabilité. " Dès ce moment, le commandant \ù7eber apparaîtra comme lr. v{ritable maltre du Katanga. M. Tshombe ne fera plus un

lrJs s,ll1s lui, pendant toute cf

la

période d'installation de la

r'('sslon.

(l) .

Essor

du

Congo

r du 12 juillet

1960.

(2) ll est significatif que lc lrndi à midi, M. Tshombe parle encore de gouverner,,orr provincial, C'est après la désignarion du commandant I(eber qu'il prôclamera,

lt lxuli rcir, rlrra

l'indépendance du Katanga,

(J) Lc nom du noir alibi ,, le 1er sergent-major Masako MuLe, ne serâ connu " (" Essor du Congo ,, 14-7-60). Il ne sera d'ailleurs rlrrrr jours plus tard nommé quc

du camp Simonet. ({) Cc vocable, à ldi seul, montrait la conception que l'on avait à Elisabethville rln l'rnrlépcndence du pays. +,'r11111611.1qu,

255


juillet' Dans une conférence de presse qu'il dome, dès le 12 heures (5) : 14 ^';.:.

Ë-.à;mandant \fleber a fait un bref -exposé de.la nouvelle organisation de la p-rovince' Les atfatr-es Pohtr-

;;; ;;ti.t;du ressort exclusif du gouvernement katang.âis l"rr l.ï-àïai;-e;qt.i le comma"ndant !?eber travaille pour maintenir I'ordre et la sécurité' Cinq ;ï t;;it comme chef de cabin-et, M'-Lg!'ru.n (6)'PropadéoartËments ont été créés : Affaires Militaires,

;;;e;:-R;;i;aillement, Réfugiés et Santé Publique'.Les talre iiffét"tttt chefs de ces départements doivent lur de leurs I'organisation de heure^s, za ies ô;o}f-i,|s servlces respectlts.

tout le Kat.anga

ifr.î J. i" force Publique, L,,ndula Victor (7), était.-neutralisé. L'attitude très énergique du Commandant weber se a fait forte impression sur tous ceux qul mais .trouvalent prétérer mots' de âvare semble Îl dans la salle. I'action.

" au cours d'une allocution, le commandant L"-i."J"-uin,

'lfeber allait s'engager à : * ... faire de votre riche Katanga' une terre Prom-lse' ,, j. lrot, avais Promis de réàblir .l'ordre au Katanga' ô/.t, .-ft*. faite.'Mais pour maintenir la paix, j'ai besoin de la collaboration de chacun. o Soyez circonspects dans vos proPos'

, Eiitez de répândre des rumeurs.

Ne crovez pas les porteurs de fausses nouvelles' Et faites ;;;-à;;;i"â;E;;i avec le sourire. Des ennemis de la o

Àtt"to' La prdsence à Elise;;i"iî';;;"i;i-h"i .rr"i,"J%iii.i,Ë"i'i"ii'.'";;L''ï; 't'".i--ion"tioon"i'" du gouvernement..dc lr î,-ïr"i""joué t;;iïill.:";;;i'-'ii;dép"'J;;dï. bethville, après I'indéPenda l'avons écliirent, nous layont sé.cssion écleirent, la séccssion ar le l" ,Atr qu'il nu,il a. irri-iài"ài.i';"e-à;rrdens la rSle province ;;;ij;i; ^.^-r-.- et 'r"ni;-"iir--"i ";'i;.'si;;;;J;--i--édi","-.n, l.r"'ir-;;i;;;'d"i-tà--.t de I'administrarion belge avant ff'ïï Ë

?lfil3*f."t

J- l'Arnéc t,À,-rr -'._! général ^t-t--l en ^- chef ^L-r de oue Vicror Lundula, -avant d'être nommé r",'9TTu1-", commune dc d'^ ra bp'58i""'", de iiô,

-";;;;

;l'*i;' iJ:iï;"tk'i:'i;';i:' {' c"","r:13.,^:I1i:"il*i'é'i;';i:'";''à;i;'-i;6ô,-";;"-'so"ioii'*'" J,iiIi. ù.-lir,i"tà,-p,eridiit de la conakat à Jadotp", Y'

i+;"ii iîiïJil'ï'rlà,i"irl. pas obtcnu ,n" ,Irîu îir. ville. n,avait

'c;-;;;i;-.i";"i

,l,rrrs la presse belge (9), porranr

la légende suiyanre : M. Tshombe, au cours d'une de ses récentes conférences " dc presse. Au tableau noir, derrière lui, l'organigramme

. ch.r gouvernement katangais > r,llc rcprésente M. Tshombe aisis blanc se renanr debout rlcrrière lui deyant un grand tableau noir, sur lequel on lit - suivantes : les irrscriptions

en

à aArtàré qu'il espéruit reprendre"it Il eut des mots iiti-t iiil Ie'plus bret' délii possible.'leur poste de A"tt potlr'ceuï q.ri avaietti quitté. ,resgêneral en sot-dtsant "tt.t que le oonsabilité. Il a enfin aiouté

l'iridépendancc

.

Bclgique et du Katanga onr réussi à créer Ia panique. Ils -Cettè n'cmpêcheront pas la confiance de renaltre. conliance est indispensable au travail. " Avec I'aide de Dieu, nous réussirons. Vive le Katanga. Vive M. Tshombe. Vive la Belgique. Vive le Roi. " Vn" photographie, particulièrement significative, p^raltra

une idée de I'impopularité du

sr imposere rr il rmposera où rl villes ou les Ytlles daus le3 I'indépendancc, dâus à"1'ioaép""d"n"c, de Ë veille :;:;i e; ;;'ù^M, tshombe flË.;b;à à la ;;;;i ""i'ii" belgcr. avec I'aide des forces li"*tui" "'""'"i'",i'li'lrr.-?;;;;;'l;l;a:,";,'?,"d.n, ,oot. la durée dc la séccssion' commc l'un dcr Iadotville fut considérée, Per trois fiifs du séparatisme katangais' fgj . Esoi du Congo ' du 14 iuillet 1960'

o Gouaernement kdtangeis

Cdl

Weber

chet' de cabinet

: lL

Lebrun

Militttircs Propagande Ra,uitaillement Santé Pablique (itlt Wcber M. Verbruggen M. Lenglez Dr Verb l,e journal français " Le Monde ,' (10) dira du corrrman-

rllrrt rVcber : . Cet officier agit en véritable gouverneur rnilitaire de la proYlnce.

>

I)ès le mercredi matin 13 juillet, le chef de l'Etat-Major rle I'Arrnée belge, le général Cumont débarque à Elisabethviile. ll cst accueilli à l'aérodrorne pâr M. Tshombe, tous ses minisrles, lc commandant 'Weber, le colonel Materne et M. Schijl-

/r'r (l

1).

Passant en revue les troupes belges et congolaises, celles-ci ét,rnt réduites à leur plus simple expression,-puisqu'il s'agis'l'aumôiier

r,rit rlcs quelques dizaines d'hommes ralliés par Arllrn,

,, Lc général a félicité Ia police militaire et a promis qu'il y rrurait bientôt dans ce corps des officiers congolais (1i).

"

r

1')) Notamment dans, .la ". Cité , er la . Libre I rl.. r.ulc reproduit la légende ci-dessus rapportée.

Belgique

" du 28 juillet

1%0. Le

(10) ... du 19 iuillet 1960. 1ll) L'ancien gouverueur belge de la province du Katanga, vice-gouverneur général rlr L.rRo. L'on sc souvient du rôle joué par M. Schôller dans la priæ du pouvoiir par Lr I rrrr,rhrt (v. notre livre La Crise Congôlaise ,, pp. 44 er suiy. e; le chapiire . La Loi .rr rriule dc la Conakat ," ci-avanr), Alors que toui les gouverneurs de prôvince avaienr ,t'rtnl l. (:on,.io au momenr de l'indépendance, M, Schôllèr- Iui, on Ie sÀit, s'attardait à I vrllr. ()n dcvine aisémcnt le.motif- p_our lequel il étair resté à pied d'euvre. (12) . Libre Bclgique " du 14 juillet 1960.

257


Singulière promesse de

qul, metroPotrtalnes qui,, armées armees .métropolitaines

la part d'un général en chef des plus aucune principe, n avalt .plus. en PrlncrPe, n'avait

autorité dans un Congo indépendant. L'aveu involontaire était pr-omettait d'accomplir Kat-anga d'ac-complir au Katanga de taille. Si un eénéralbelee général belge Dromettait ce que le gouvernement congolais avait réalisé, d,enuis quelques jouis, dani le restant du Congo, c'était bien que, dans son esprit, oomalne belse. Delge. était toujours touiours un touJours un domaine Katansa rtânga efart le Katanga Le cômpte rendu de la réception du général Cumont donné deux jours plus tard par l'agence Belgà est plus complet et (13):: plus olus significati sienificatif encore (13) . Avant midi, vers 11 heures, est arrivé à Elisabethville venânt de Kamina, le général Cumont, la plus haute personnalité belge. Il a êté accueilli par le président du èonseil katangais, M. Moïse Tshombe, par le comman'Weber, le colonel Matterne et par le vice-gouverneur dant gênéral, M. Schôller (14). passé en revue le peloton de la police militaire " Il a congolaise (15), un peloton de grenadiers belges et un peloton de la Cie " Libération u. Le général a félicité la police militaire et leur (sic) a promis qu'il y aurait bientôt parmi eux, des officiers. Aux grenadiers (d'expression T'lamande) il a déclaré qu'ils. dewaient apprendre le français, ceci en riant, parce que les Congolais ne comprenaient pas le flamand (16). , Aux civils qui I'applaudissaient, Ie gênéral Cumont a d,éclaré: "... Et maintenant, il n'est pas question de foutre (sic) Ie câmp car nous sommes là pour vous protéBer. > Les correspondants de presse étrangers ne s'y trompent pas (17). Celui d'Associated Press décrira la situation âvec beaucoup de lucidité : " M. Tshombe a été appelé "le fantoche noir de la Belgique" et s'il est vrai qu'en apparence son gouvernement idministre le Katanga, en réalité, c'est la Belgique et l'Union Minière qui mènent la danse actuellement et qui gouvernent le Katanga. Le Katanga ressemble à ce qu'était le Congo belge avant I'indépendance. I-In gouvernemenr noir a simplement été superposé sur une structure de . Courrier d'Afriquc r des 16 et 17 juillet 1960, (14) L'agence Belga donne donc à M. Schôller son titrc du régime colonial. Sin(13)

cérité involontaire sans doute. (15) . le peloton parce qu'on n'avair pu en constlruer qu'un à grand peine. ' (16) Ce conseil ne s'cxpliquair que parce quc le général Cumont était convaincu que < grenadiers au Katanga pour un bon bout de temps. ' ses(17, ' étaient Lc " Peuple ' du 25 juillet 1960. 258

I'r,lindépendance. C'est ce qui se rapproche le plus d'une iolonie blanche et c'est cela qui risque de causer des diffi.'ultl's à M. Tshombe. "

f* 'l'rùs vite, le gouvernement de Patrice Lumumba se rendit

tlc la grav-ité de la situation. Il comprit que la sécurité rler iit,,ycns bèlges n'était qu'un prétexte à I'intervention mili trlre, l[ co.tstaiait que, là où citte sécurité était réellement 1r rl*rrgcr, depuis le bombardement belge de Matadi (11-7), drrr. l"'llas-Côngo, Ies militaires belges faisaient bien peu de rlrurr* prrrrr tirer-leurs concitoyens des situations difficiles dans lmr1r,'|ft'* lcur initiative les avait plongés et que des hommes rttrir,rgctrx (tel l'administrateur André Ryckmans) devaient ruppl/'cr à leur carence au péril de leur vie, alors qu'au Katanga avait eu, avant l'intervention des troupes belges, ni tû il 'r'ytucrie, ils inten'enaient en force dans le but évident vlul ni

1,11111pte

tl'apprrycr Ia sécession de la province et de neutraliser les llérir"rrt* susceptibles de défendre le gouvernement et l'unité rltt;t,tys. l..r position du gouvernement congolais se durcit dès lors pt lc l'ri'sident Kasâvubu et le Premier Ministre Lumumba rigrrcrrt cnsernble le télégramme suivant adressé à I'O.N.U. à New York, dont une copie est remise à M. Ralph Bunche I l&rpol<lville (18) : . l,c gouvernement de la République du Congo sollicite rrrvoi'urgent par organisation O.N.U. d'une aide militaire. Notrc requêtè est jusdfiée par envoi au Congo de troupes rnétropolilaines belges en violation traité amitié signe entre ttelgique et République Congo 29 juin dernier. Aux termes rL. cc: traité, les troupes belges ne peuveut intervenir que \rrr demande expresse gouvernement congolais. Cette ,lenrande n'a jamais été formulée par gouvernement de l(i'publique Congo.. Considérons action belgt non sollicitée r'ornme âcte agression contre notre Pays. Cause réelle de troubles être provocation colonialiste. Accusons lrlrrlr:rrt 'y,,,irrrnr*rnt belge aôoir minwti.eusernent préparé sécestitm katangaise dans but garder rnain sur notre pdys. . ( )ouvernément appuyé par peuple congolais refuse être pllcé devant fait accompli résultant de conspiration trairr/.c per impérialistes belges et petit groupe leaders katantllt) l.r . Soin du 14 juillet

1960.


gais. Ecrasante majorité population katangaise es-t opposée à sécession qui signifie perpétuation déguisée du régime

colonialiste.

militaire sollicitée a pour but essentiel protection " Aide du territoire national congolais contre actuelle agression extérieure menaçant paix internationale. Insistons vivement sur extrême urgence envoi trouPes O.N.U. au

Congo. tt Tous- les mots de cet appel ont été pesés. Au moment or) ils le lancent, quarante-huii heures aprèi la proclamation de l'" indépendancê u du Katanga, MM. Kasavubu et Lumumba sont parfaitement conscients du danger terrible que constitue

-l'avenir

pour de leur pays I'intervention militaire belge qui possible la sécession tshombiste. â rendu Et lorsque le Conseil de Sécurité fera, dans les délais les plus brefs, d?oit à I'appel du gouvernement congolais (19), son ôhef, Patrice LumumEa, croit pouvoir manifester son optirnisme (20) : * Le Katanga ne sera pas plus indépendant que ne l'est en Belgique la province d'Anvers.

"

Li i""*i.r

se

Ministre congolais a ajouté que la Belgique livrait à des manæuvres tendant à la sécession de cette

Province. "

(19) Pour le texte des diverses résolutions du Conseil de Sécurité et l'étudc dcs .éactioÀs'ou'elles onr entraînécs, voir notre livre * Le Gouvernqent congolric et éditions de . Remarques Congolaises '' i'ONU ' (20)",ix Le . Cité, du 2l juillet 1960.

280

LE ROI DES BELGES ET LE KATANGA

DE M. TSHOMBE


Le général Cumont, I'après-midi même de son arrivée à lilisrbetËville, à 14 heurôs, ptéside une réunion d'information. ll y déclare avec naïveté, sinon avec une pointe de cynisme (1) : régions, privr" Le Katanga est, par rapport aux autres légié. u dit aussi que

Il

le Katanga était le bijou du Congo...

,

Ce " biiou >. on lra tenter de le conserver ialousement. Le lpuvcrnement b.lge fera tout en faveur du Katalga ..-itdlii"ndant " en dehôrs de la seule reconnaissance formelle de

r'ttc indépendance. C'est ainsi qu'endéans les huit jours, il expédtra à ElisaI'cthville deux émissaires de choix : le propre chef de cabinet ,rrlioint du Premier Ministre Eyskens : le comte d'Aspremont l,yhclen (2) et, I'adjoint de I'Ambassadeur à Léo, M. Rotu'hild (3). M. d'Aspremont Lynden est reçu dès le dimanche 17 juillet lc Président Tshombe -. M. Rotschild arrive le lundi. 1'.rr On est quelque peu embarrassé, sur le plan diplomatique, rl'indiquer la-qualitéfont est revêtu le comte Harold d'Asprerrr,rrrt Lynden. On I'appellera tantôt (4) :

r

' dcs 16 et 17 juillet 1960' du 18 juillet 1960. C'est ce même d'Asprcmont Lyndeu qui ' I'on rgit dans lr défencsuation du ministrc Vrn Hemclrijck et qui, n

(l) " Courrier (2)

. Librc

1.rr lc rôlc quc ,'rt..ron rccomplie

d'Afrique

Belgiquc

ru Ketange,

deviendre

lc Ministrc des Affaircs Africaincs dens le gou-

rllrmcn! bcl[e rcmanié, Lemondc cntier verra - à justc titre - dans cette désignation, efficecement encore le rebellion dc lr volonté du gouvcruemcnt belge d'aider plus M 'lihombc, (3) La . Cité du 19 juillet 1960. ' (1) La . Librc Belgiquc r du 18 juillct 1960. 263


o t..

M.

19

_

représentant

Tshombe

du

M. d'Aspremont Lynden avait intimé aux Belges (11)

gouvernement belge auprès de

"

tâllrôr (5) : " ... le représentant personnel du Premier Ministre. '' Il ne fera tout d'abord qu'un bref vovase de orosoection. Il faut croire que les nouvelles rapportées iui tui go\rr.rn."u ment belge sont encouragea,ntes puisqu'il reparr immédiatement. Un journaliste katangais (6) salue son retour à E'ville : " Le comte d'Aspremont Lynden, envoyé spécial de M.

I yntlcn tient un langage, dont ôn peut difficilement considérer

,pr'il ' n'engagerait pas son pays (12) :

" .l'al éié désigné par le gouvernement belge comme le Chef dc la rnission technique mise à la disposition du gouvernement katangais pour l'aider à résoudre les multiples Problèrnes qui l'assaillent. u

Eyskens, nous est revenu samedi vers 14 heùres. " Dans la soirée, il tient une conférence de presse. On lui demande : f,ggs-yeus ici en tant que Commissaire général ?

- Non. - Comme chef d'orchestre .Peut-être. " -Le samedi après-midi, il est reçu au siège du gouvernement ?

-

du Katanga. " La troupe lui a rendu les honneurs militaires tandis que Ie drapeau du Katanga était hissé mat (7). > ^u Le dimanche, il déclare (8) : .. La Belgique assllre au Katanga une aide technique et -train. économique et je suis venu ici pour la mertre en D'autres conseillers vont arriver. le suis ici cornme conseiller de M. Tshombe (9). " Le matin, il avait reçu les chefs de service de I'Administration belge. L'après-midi, il recevait la magistrature. " Celle-ci avait déjà eu une réunion dans la marinée avec M. Sohier, ancien Premier Président de la Cour de Cassation,_qui joue un rôle de médiateur potrr régler les graves problèmes juridiques et légaux quf se posenr au corps

judiciaire (10).

',

. --(5) Le " Peuple ' du 25 juillet 1960 reproduisant une dépêche de I'Assoc. Press du 24 juiller 1960. (6) L'* Essor du Congo r du 25 juillet 1960. (7) L'< Essor du Congo r du 25 juillet 1960. --(8) Lc " Pcuplc " ie 25 juillet 1960 reproduisant une dépêche dc I'Âssoc. Press du 24 juillet, " Essor du Congo , du 25 iuillet 1960. (9) C'est le nouveau titre sous lequel il voudrait voiler son rôle véritable, (10) L'e Essor du Congo r du 25 .iuillet 1960, Ce haur magistrat qui avait fait carrière au Congo avanr d'accéder à Ia Cour Suprême où il aveit fini èn qualité de Prcmier Président de la Cour de Cassation, était, dès l'âgc de la retraite, retourné au Katanga, où son influencc ftt pour beaucoup dans le rallièment des hésitants à la euse de Tshombe. L'un de ses fils était magistrat à Elisabethville. IJn autre exerçait dcs fonctions dirigeantes à I'Union Minièrc. 264

:

,, ... de servir loyalcment le Katanga et la Belgique. " Ihns un message à ses compatriotes, le comte d'Aspremont

Le goùvernement belge, d'autre part, m'a accordé

de

lalges délégations de pouvoirs à l'égard de tous mes comPatriotes qui se trouvenl icj e.t plus.particulièrement de ceux qui sc trouvent au sein de l'Âdministration et des Services Publics. " .le aous den'tande instamment de pratiquer ici une poli'

tique de présence et de voas mettre sans trrière pensée aicune à Ia disposition du go,,taerneffTent katangais. " Scs interventions devenant de plus en plus vo;'antes' on ,rv;lit posé au Premier Ministre Eyskens dont il était toujours lr (lhcf de Cabinet adioint, Ia question de son statut. M. Eyshcrrs avait fait une réponse ernbàrra.ssée dans le style hypocrite rlr. son gouvernement (13) : . Le Premier Miiristre note ensuite qu'il est pcssible que le comte d'Aspremont Lynden rcvienne très rap.idement. S'il ne devait-pas en êtie ainsi, il faudrait envisager sa démission de sei fonctions de chef de cabinet adjoint. " Le jour même, d'ailleurs, I'on apprenait sa démission (14) , ,,rr c{ernière tninute > : "Il a été mis à la disposition du gouvernement katatlgais' colîme la chose pouriait se faire dans d'autres ProYinces' irrdique-t-on à Bruxelles. u Bien qu'il ait démissionné et qu'il ne soit plus officielle,,r,'nt qu'un fonctionnaire du gouvernement katangais, il -ne , ('\scra pas de représenter véritiblement le gouvernement bq.lge ,rrrprc\s de M. Tshombe. Il invoquera lui-même cette qualité

l,'irt1r,'il lancera-, le 3 août 19601 un nouvel appel aux Bel-

pics

(15)

:

(11) L'" Essor du Congo du ' (12) L'c Essor du Coago > du (t3) La . Cité du 26 juillct ' (la) La " Ciré , du 26 juillet L'. Essor du Congo , du 115)

26 26

juillct juillet

1960, 1960.

1960. 1960.

+ août i9oo.

265


,, En ma qualité de rnandataire et de reprêsentant da goaaernernent belge, je tiens à affirmer que toutes les mesures sont arrêtées avec le concours du Cômmandement des Troupes belges pour assurer, inconditionnellement, la

sécurité des personnes.

"

. Quelques. jours plus tard, à la Radio d'Elisabethville, i[ invoquera (16): u ... les pouvoirs qui m'ont été confiés et qui viennent de m'être confirmés par le gouvernement belgè. " fl en profitera pour délivrer, au nom de 1a Belgique, aux rebelles katangais, le certificat le plus élogieux (17) : " Les yeux du monde enrier sont braqués sur le Katanga. Le réalisme, l'énergie, la déterminatiôn de ses dirigeaits ont forcé l'admiration des peuples épris de liberté. ' que Dans l'expression de cette admiration, il ne faisait suivre l'exempl^e de son souverain, le Roi Baudouin, qui, le sàir de la Fête Nationale Belge, le 21 juillet 1960, avait- prononcé à la radio ces phrases dépourvues d'équivoque (18) : " Des ethnies entières, à la tête desquelles se révèlent /es hornmes honnêtes et de valear, nous ont conservé leur amitié et nous adjurent de les aider à construire leur indépendance au milieu du chaos qu'est devenu aujourd'hui le Congo belge.

devoir est de répondre " Notre

à tous ceux qui nous

demanderont loyalement notre collaboration.,

Si quelqu'un avait pu douter que ce discours visât le Katanga en sécession et les hommes de M. Tshombe, M. Tshombe lui-même allait mettre les points sur les . i ,, dans sa conférence de presse du vendredi 22 julllet 1960 (19) où, après avoir rappelé et commenté le passage du discours royal : " des ethnies entières

>r,

etc.,

il

précisait

:

. Au nom de mon gouvernement er du peuple

katangais

tout entier, je remercie le Roi Baudouin d'avoir prononcé ces paroles. Il vise, sans contredit, l'attitude deJ populations du Katanga et celle des membres de mon gouvernement. ,,

C'est sans fausse modestie que nous acceptons, . que

(16) L'" Essor du Congo du 1l eoût 196O. ' (17) La * Cité du 22 juillet 1960. ' (18) La * Cité du 22 juillct 196o. ' (19) L'. Essor du Congo . du 2J juillet 1960. Pierrc Davister perlant du discourr royal dans son livre " Karanga, Enjeu du Monde,, p, 93, écrit lui ausri r - Nc nous y rrompotrs pas. C'cst l) le . Je vous ai compris ' du Général dc Geullo à Alger, c'est le clin d'cil complrce ru Krtange.

'

266

j'irccepte, avec tous mes Ministres, I'hommage que rend notre intégrité. " A la face du monde entier, c'est reconnaltre cette vérité quc j'ai toujours proclamée. ,' Charles d'Ydewalle, le barde de la monarchie et de l'Union Miniùrc du Haut-Katanga, pourra écrire, dans le livre qu'il a c,rnsircré à l'histoire de cette grande société (20), tout le bien rlrr'il pcnse de I'homélie prononcée par le Roi au soir du ,tl juillct 1960: " A lire (...) d" plus près, nous découvrons des allusions politiques très directes à toutes les ethnies de ce Congo que li Belgique vient d'abandonner à son indépendance. , Le mot ethnie décidément vient de faire, dans le vocabulaire officiel de Bruxelles, sa déconcertante apparition. Il est aisé de découvrir dans ce texte une invite à toutes les t'orces centrifuges qui, des Bakongo à Léopoldville aux I.unda du Katanga viennent d.e s'affirmer,,. " Srr lri[:rjesté à notre honnêteté et à

De la part du roi des Belges, cette attitude n'avait rien put sllrprendre. L'on savait depuis longtemps, au Palais de l,,rcken, que le rêve des blancs du Katanga * que M. Tshombe était de mettre le roi Baudouin ,rvrit repris à son compte ) lrr tête du Congo ou en -tout cas à la tête de ce qui devait 0tre le noyau d'un nouveau Congo : l'Etat du Katanga. Déjà PierreDavister avait révélé pendant le dernier voyage royal au Congo (21) que ce que le Katanga (entendez, à cette .''poque, le Katanga des blancs et de leurs valets de la Conakat) v,lulait, c'était : n Son indépendance immédiate et la réunion dans les 60 jours d'une "Assemblée générale katangaise" qui établirait la constitution katangaise et les modalités d'union entre le nouvel Etat et la Belgique.

.1tri

" Car le Katanga ne réclame son indépendance totale et sous condiimmédiatement que pour mieux s'intégrer Et c'est tions cependant à un ensemble d'Etats fédérés. - constitution katangaise (hé oui, elle si vrai que la future est déjà en gestation) prévoira la possibilité de s'unir au Katanga sous la forme d'Etats fédérés et pour autant qu'il (20) ... (21) Le

p. 152. . Pourquoi Pas. du 2 ianvier

1960

2gI


soit bien entendu qu'il n'est pâs question de se séparer de la Beleisue (22). ' Elle"(lâ Cànakat) va jeter dans cette assemblée d'extrémistes un totr de cloche-inédit, celui d'un ensem'ble d'Etats souperains et t'édérés se refusant à accepter Léopoldville coînn1.e capitdle mais désireux de rester unis a'uec la Bel' siaue et de sarder le roi Baudouin. r,

ëétt. lrolonié de placer le Roi Baudouin, à la tête du nouvel Etat, M. Tshornbé allait la rappeler, au lendemain de l'indépendance, le 5 juillet 1960 (23) dans une interview accordée au journaliste colonialiste, Jo Gérard (le collaborateur d'* Europe-Magazine ques

'

')

(24).

" qui traitait les noirs de

<(

maca-

Apiès avoir constaté que la secrétaire belge de M. Tshombe était une " jolie montoise o et appris que la fille aînée du président étâit partie en Belgique pô"t y poursuivre des études ie régente et que son fils éiait aussi en Belgique pour y faire ses humanités (25), M. Jo Gérard lui pose la question : parti ? " Quel était le programme de la Conakat, votre 1959 n en novembre expliqué à M. De Schryver, I'ai Je et-au roi Baudôuin ici même, à Elisabethville, en décembre 1959. "Nous solrmes partisans d'un Congo fêdéré et largement décentralisé." (22) On comprend que les miljeux conservateurs belges: la .Librc Belgique-' et le " Soir ', notamment, aient. depuis la mort de Patrice Lumumba, appuyé avec lorce sait que Ie l'idée d'une rellc féCération où le I(atanga iouerait un rôle dominant - onune certaine gouvernement belge s'est rallié à cetre iolutiou de la fédération ct avec "officiell"ment impudeur, les dirigeants de Léopoldville à l'adopter au plus tôt. Si -Congo pousse divient enfin, cette " Fédération , coûformt âux væux de la " Libre Belgique,' le lc cycle scra achcvé. I-c victtx rôvc des blancs - du dc M."\Jfligny et de M. Spaak, nouvel an 1960 scra réalisé. /23) Dans- ut article oaru dans la . Librr' Belsioue " du 12 iuillet 1960. iz+i Pour dor.". u." idée des sentiments oui nourrit à I'Jeard des hommes dc

couleur, le iournaliste à qui M. Tshombe faisait sei confidences, voici un échantillon dc 3a Drose. extrair du numéro d'" F,urope-Magazine ' du 6 au t2 septembre 1961 : ' Brothers de léoioldvil'ie: Kasavubu, Adoulà, Bomboko et Gbcnyc, "'Les Marx dont les quatre cervelles réunics ne valent pas encoreL cellc d'un poussin au sortir

de l'euf.

r

Ces nègres crigeaient...

' i.r'nUgt"r i.outaiunt une fois ' r"r roibr"r'nrllités de Léo.

de plus leur prodigieuse bêtise.

L"r tigui""," i'opét"tt" suédois et les Le minus lrlandais. r" Le sinistre Jason Sendwe.

macaques de Nehru.

, i"r'inài"o, i.rb"r"r... ' (25) Il v avait un crccllent collège et un cxc.llent athénéc à [lisabethville où il Itait fort oossible de faire ses humanités. Maii il s'agissait évidemment d'une qucstion dc sentiment pour M. Tshombc dont les enfanrs étaicnt hébergés i Bruxcllcs, nortJ a-t-on dit, par uo des dirigeants de l'Unioa

,, Nous vorllions, mais on nous fit échec à la Table Ronde, qnt! Baudouin 1o' soit le Chef de I'Etat Congolais e.t qrrc it' derrr.ier t'orme d'oec Id Belgique, tune coftirnunawté d'Etats

sotruarains.

, Mais on nous torpilla tant et plus au nom d'une concePtrop rigidement u;iuire du Côngo et au nom aussi de rloctrines d'extrême-gauche (26). " Méfiez-voLls, vous autres les Belges, de vos propres conlpatriotes Marxistes, qui font la pluie et le beau temps I Léopoldville. " Vous dorrnez pendant que Moscou lance ses tentacules

srrr l'Afrique centrale. >) Nourrissairt dc tels sentiments à l'égard du souverain belge, il rlt,rit normal que M. Tshombe, au moment où il proclama l'irrrlCpcrrdance du Katange, sur les ondes de Radio-Collège (27) ,,rr ,,ffrit le conronne au ioi Baudouin. C'est ce qu'il fit. 'lilLrt lc morrde ptlt entenclre cette offre au cours de l'émis-

tiorr tlu .]ournal parlé de I heures de I'Institut National Belge rlr, l(rrcliôdiffusion, le rnatin du 12 juillet 1960. Mais ce passage Irrt rioiqucnsement supprimé au cours des émissions ttitérieures. l'lt, avec r1n cfvisme remarquable, les journâux belges

r'*hstirrrcnt d'y faire allusion. Arr moment où la Belgique était tralnée en accusée devant lr' ( lrnseil de Sécurité, il fàllait montrer plus de discrétion au rrrjr.r tlcs possibilités qu'ouvraient la sécession katangaise et I'irrtcrvcntion militaire belge au Katanga. M. Tshombe < avait mis les pieds dans le plat ". On le lrri l'it srlns doutc conprendrel par la suite, il ne renouvela lllrrf son offre publiquement. l,c journal socialiste " Le Peuple " (?8), n'ayant pas sans rhrrrtc rcçu la consigne, allait vendre la mèche et écrire: " Lc Président du gouvernement d'Elisabethville a proclamé lundi soir lâ sécession d'avec la République du (irngo, I'indépendance de sa province et il en a ot't'ert la lircètion supiême au Roi des Belges. " ,rii o. ," demande lcsouellcs' Mais M. Tshombe avait déjà, à ce momeot, comq,,,,,1,i" lo cartc de I'anticommunisme était bonne et enfourché son dada' (l/) Mis i sa disposition par les Pères Selé:iens. Le R.P, Ch. Dcfreyn S.D'B' ,{,,,r,rr .lilrr lc Bullerin Salésien de ianvier 1961 : . t.,. l,in,li tt iuiliet à 20 héurs, M. Tshombc nous avcrtit par téléphone qu'il rlleir lui-môme'lire iu micro un importaur communiqué. Ce fut uue explosion de lrrrc rlans la ville quand le speaker ànnonça qu'à 20 h. 30 ce lundi, M. Tshombe i,nrl.iair à la radiol Les studi,os furent assiillii de coups de téléphone: "S'agissaitil vr.rinr",rt Je l'Indépendance drt Katanga..'" ' (Ill) ... du l3 juillet 1960,

Minière du Haut Katanga.

269 268


Le journal français " Le Monde (29) fera lui aussi allu" sion à l'offre de M. Tshombe : " Si la Belgique accepte la constitution d'une communauté belgo-katangaise et si Ie Roi Baud,owin consent à en être I'autorité suprême, il est clair que les relations entre la lelgique et le gouvernement ceniral de la République du Congo s'envenimeront au maximum.,

f* L'enthousiasme des Belges d'E'ville fut indescriptible. Le R.P. De Freyn S.D.B. en donne une idée (30) : ., ... les Belges d'E'ville voulurenr applaudir le président du nouvel Etat; comme ils ne pouvaièÀt quitter le Collège, le_ couvre-feu ayant sonné depuis longtemps, ils insistèrJnt afin que M. Tshombe et ses-ministrès se-présenrent euxmêmes dans les cours du Collège. L'autô présidentielle démarrait quand fut exprimée Ia requête àes réfugiés. Moïse Tshombe sourir d'un sourire large, heureux. Il hésita : "Je voudrais, dit-il, faire la mêm1 proclamation à l'ancienne " Radio-Congo belge ". Ensuite-je repasserai p1r le Collège." Il tint parole. Les réfugiés lui réservèrent à lui et à son équipe un accueil enthousiaste: ils savaienr, eux, que le Katanga pouvait encore être préservé. " ,f.

I ,rhiolr,

lottle, . cn cette après-midi de liesse r (33) : " Mlle Marie Tshombe, la fille du président du Katanga, s'cst approchée de la voiture royafu et très gentimeni a rcmis quelques fleurs charmantes à la future reine des Ilclges. " Octte prédilection se manifestera encore, le 26 octobre l')(r0, lorsqu'en compagnie de Dofia Fabiola, le Roi Baudouin viritcra Liège. Il daignera âccepter à cette occasion que le llorrrgrnestre Buisseret (l'ancien ministre des Colonies) lui prél,rrtc officiellement M. Daniel Kasa Kula, échevin des Finanr,'r tl'lllisabethville, vêtu, écrit le " Soir (34) : " d'une écharpe aux . ..._d'un,complet noir anthracite, ceint couleurs katangaises. " (lc représentant de l'" Etat u du Katanga fut même le seul, rrr rlchors du Bourgmestre Buisseret, à faiie un discours que h' souverain et sa fiancée écoutèrent, arrec une royale co-mpl,rislnce

.àËfa*es évoqués par M. Kasa Kula, sonr une croisctte de cuivre et un petit drapeau katangais contenus rlans un écrin de cuir noir. Le Katansais offre également i dofra Fabiola un gros bouquet roniantique blinc, vert c.t rouge (35) .qu'elle gardera pour se rendre à la réception clonnée dans la salle des mariages. "

Val-Duchesse (31).

Le compte rendu officieux karangais de l'audience royale la cause kaian-

fer.a état du soutien que le souverain apporte à galse :

270

"*ii.

" L*

des trois ministres katangais venus en Belgique et log?s au

(29) ... du 13 iuillct 1960. (30) Bullerin Salésien de ianvier 1961, (31) La Cité du 4 aott 1960. " (32) Essor du' Congo r du 6 aotr 1960. "

:

" Clrère Madame, permerrez à un citoyen du jeune Etat du Katanga, à un représentant autorisé de la ville d'Elisabcthville, en cette Cité Ardente, terre de Liberré, de vous faire_ I'hommage de ces emblèmes qui vous rappelleront le loyal attachemltrt d'une ville et d'ùn p"yr

Le reconnaissance du Roi des Belges à l'égard de M. Tshombe ne se démentit pas. _ Le 3 août t960, il recevra personnellemenr la délégation

" Ainsi _que nous l'avions annoncé hier, la première délégation katangaise, conduite par M. Kibwe, ministre des Finances, a été reçue par le Roi Baudouin. A l'issue de cette audience, M. Kibwe a déclaré que le Roi Baudouin I'avait assuré de son appui moral ç4. Lorsque le Roi Baudouin présentera "sa fiancée dona

à sa bonne ville de Bruxelles, et qu'il arrivera à la fille sera aurorisée à sortir de la

t ir.rrrcl-Place, une seule jeune

-i-

Âu

même momenq quaranre-sept candidats-officiers ou

t,rrrs-officiers venânt du Katanga débarquaient à Bruxelles en , r,rrrlragnie du ministre de la Défense du Katanga,M.Yava (36). (lJ) . Dernière Heure ' des 25 er 26 septembre 1960. (14) ... du 28 octobre 1960.

(J5) Les couleurs du drapeau . kataneais ,. (.16) Rappelons quc la l'oi fondameniale excluait la possibilité pour un gouverne,",'rr Irrrvirrcial d'avoiiun Ministre dc la Défense er un Ministre des Âffaires Eiraneères.

rlcux objcts étant du ressort exclusif, du gouvernement central. Rcccvoir les ministres katangais de la Défense ou des Affaires Errangères consti,rrrrr rl,rnc une consécration non équivoque de l'" Indépendance, du Kataiga (. Libre llrlprrlucr du 28 octobre 1960; "Essor du Congo" du 26 octobre 1960).

',r

2tL


par lv{M. Thomas Tshombe, frère de lr{oïse et iV{assangu, représentant du Katanga au Marché Commun " " - en fâit l'ambassadeur du Katanga en Belgique et des représentants - ces milita-ires karandu Ministre belge des Affaires Africàines, gais allaient se former à I'Ecole Royale Militaire de Belgique. Reçu.s

:f **

Le 11 novembre 1960lorsque le Roi des Belges va déposer, comrne chaque année, une couronne sur la toÀbe du Soldat Inconnu, il ne voit pas d'inconvénient, sur les marches du monument, à la présence de M. Mwanda, secrétaire d'Etat au Katanga et de M. Kasa Kula, échevin des Finances d'Elisabeth-

ville. Et la

presse notera que

:

" Parmi les drapeaux des groupemenm -premièredes Anciens Combattants se trouvair poui la fois le drapeau tricolore du Katanga (37). " Mais le Roi Baudouin allait avoir bientôt l'occasion de manifester plus directement encore l'appui, au moins morâI, qu'il entendait donner au président Tshombe. Celui-ci arrivaii à Bruxelles, le lundi 5 décêmbre 1960, porteur d'un cadeau de noces pour le Souverain qui se mariait, un cadeau de circonstance puisqu'il consistait (38) : <( ... en deux blocs de malachite montés sur socle en bois du Congo. L'un des blocs repose sur un ensemble de cuivre Iguge, de malachite (vert piécise "La Cité") et de marbre blanc, reconstituant le drapeau katangais avec les croisettes de cuivre (39).

" La nouvelle de l'arriv& du Président Tshombe avâit paru en même temps que l'annonce de l'arrestation de Pairice Lumumba. Double raison de se réjouir pour cerrains rnilieux belges u

:

Si je reviens aujourd'hui en Belgique, déclare le fidèle

(37) < Essor du Congo r du 12 novembre 1960. (38) Peuple " ' du 6 décembre 1960; r Mondc ' du 8 décmbre 1960, (39) Signalon_s ici que l'on avait ouvcrt au Katanga une < Soasciption Nationelc . pout dr Katanga le marid{e rqtal de Belgique , ct què le Président- d'Honneur ds Comité erécutif central , de certe souscription fut M. Henri "Crener, consul sénéral dc

Belgiquc à Elisabethville, qui portait àutr" le titre de . Ministrc Plénipoùntiairc et Eroo!é Extrdorilinaire de S.M. Ic Roi"n des Belges, (.Essor du Congo,,29-11-60\. La petite histoire retiendra aussi que le Comiré avart prévu deux cadeux : un " très beau coffret de malachite. pour le Roi cr une parure-destinée à Dofia Fabiolr ct composée d'une broche, oiseau et malachite, avec" les boucles d'oreilles assorties et d'un collier draperic en malachite , (n Essor du Congo ,, 6-12-60). La parure était, au départ de M. Tshombe . e! cours d'exécution ". Et fina-lement le cadeau stest borné à deux bioo de malachite montés sur socle en bois du Congo.

212

M. T'shombe (40), c'est en premier lieu pour exprimer lnon rcspect et ma reconnaissance à son Souverain et, à trirvcrs lui, à la dynastie qui a témoigné d'une constante ct clairvoyante sollicitude à l'égard des peuples congolris... " Le Roi Baudouin reçut, le 6 décembre, au matin, en sttrlicncc en son château de Laeken, le Président Tshombe (41) : " l,e Roi a remercié M. Tshombe pour sa délicate ementi; (.t pour la sympathie agissante qu'il n'a cessé de témoigner À l'égard des Belges résidant au Katanga. >

 la vérité, ce geste royal provoqua bien quelques réserves rlarrr ccrtlins milieux socialistes notamment, flarnands aussi, tel cct irrticle du " Standaard (43) :

'

" Unc audience officielle du Président Tshornbe au Palais

un acte d'une grande signification politique. ' ( I'cst ainsi d'ailleurs que les milieux, même les plus com-

tle. [,aeken est

Irorrris de Léopoldville considèrent I'intermède royal de M, 'l'slrornbe : " l,e cadeau quc compte offrir au Roi Batrdouin le présirlcrrt du gouvernement provincial du Katanga est interprdt/' dans I'opinion congolaise comme un témoignage de ln rcconnaissance des sécessionnistes katangais au Roi llnudouin pour l'aide que la Belgique leur apporte dans lcur entreprise sécessionniste (44). " (lcs timides réserves, ces lointains reproches n'empêcheront p,rr le Iloi des Belges de conférer au président Tshombe l'une rlrr plus hautes distinctions honorifiques belges. Au cours d'un dlner, le mardi 6 décembre, au soir, en lrrr(ncrrcc de M. Struye, président du Sénat (45), de M. \ù[igny, lrirri,rtrc des Affaires étrangères, de M. Kimba, " ministre-des Al'l'rrircs étrangères, du Kitanga, de M. Masangu Mi"irti"" t'élitlcrrt du Katanga " ainsi que de nombreuses personnalités du lrrorrrlc économique et financier belge, le comte Harold d'Asprenrr)nt Lynden, ministre des Affaires Africaines, donr on tait (10) (11) (12)

. Pcuplc, du 6 décembre 1960; . Monde ' du 8 . Cité r du 7 décmbre 1960. . Libre BelSiquc ' du 7 déccmbre 1 0.

({r) .., du 7 (11)

.

décembre 1960.

décembre 1960.

' du 7 décembre 1960. (11) ... qui fut et demeura jusqu'eu bout I'un des plus ardcntr défenseurs belga de lr rlrrrrion kltangeisc. On æ souvimt que M. Struye cntra en trenses lorsque les forca ,1. l'()NlJ(l tcntèient dc réduire par la lorcc la sécàssion. Pcuple

273


le rôle pendant les premières semaines de la sécession, se leva, au dessert, et prit la parole (46): " Après avoir évoqué sa collaborâtion avec M. Tshombe alors qu'il dirigeait la mission technique au- Katanga, le ministre annonça qu'il avait plu au Roi d'accordèr au président Tshombe le Grand Cordon de l'Ordre de la Couronne. ,,, "Çet honnzur, déclare-t-il, témoigne de la reconnaissance de la Belgique du courage du président Tshombe." ,' Le ministre remit alors le Grand Cordon de I'Ordre de la Couronne tandis que l'assistance applaudissait (42). " M. Tshombe fut si content de cette promotion ou'il remii aussi ce soir-là un cadeau à . son minisire, le comtË d'Aspre"

mont Lyndfn.: un autre bloc de malachite qu'il avait gârdé en réserve (48).

Le 9 décembre 1960, le " Soip apprenair que : a reçu " ... le baron Kronacker, présidenf de la CËambre,-Katanmercredi soir M. Tshombe, président de l'Etat gais. " Singulier voyage " non officiel , que celui qui conduit M. Tshombe chez le Roi et les Présidenis des deux chambres, lui fait rencontrer les ministres et lui vatlt un Grand Cordon. Le jeudi soir, il tiendra une conférence de presse : " ... le leader katangais, rapporrent les journaux (49), portait au revers gauche un pètit bijou, une réduction de la décoration de l'Ordre de- la Couronne qui vient de lui être décernée.

;i';;'arrivée.à pas

à êre décoré

Bruxelles,

dira-t-il, je ne m,artendais

(50).

Avanr de quitter le territoire de la Beleiaue, ig tiens à -Majesté remercier Sa le roi Baudouin de "l'iccuéil qu,il a

lritrr voulu me réserver et auquel j'ai été particulièrement rcltriblc.

.

I,'honneur qu'il m'a fait en me conférent une des plus Irnrrtes distinctions belges ne s'arrête Pâs à ma personne rrrlir rejaillit sur le peuple katangais tout entier. ) l)cux des enfants de M. Tshombe logeaient en Belgique, rlcprrir âv:lnt la proclamation de l'" Indépendance ' katangaise, ui lF rnit, chez ùn des o bonzes " bruxellois de I'Union Minière rlrr llnut-Katenga. M. 'l'shombe lui-même (51), au cours de son séjour triomplrrl en Bclgique : .. ... n'â pas résidé à Bruxelles, en I'app-artem€nt prévu lxrur lui- chaussée de Vleurgat. Il a séjourné dans un il,A,.ou appartenant à M. Jaàques Dansetie, neveu de feu M. Van Gfiysel, grând maître de Sarma, Sarma-Congo et rl'unc très giande propriété au Katanga. M. Georges Mun-

rlrlccr, libéral, et jeàn-Pierre Paulus' administrateur à l'l.lnion Minière et "socialiste" mangent les petits plats {vrc lc Premier katangais (52). ' ()unnd M. Tshombe quitta Bruxelles, dans la soirée du

verr.lràtli 9 décembre,

il

fut-salué à I'aéroport Par un représen-

urrt rlrr rninistre des Affaires Etrangères (M. Jos. Gits) et Par rler lrruts fonctionnaires du Ministère des Affaires Afri I.lilrr (53).

'li l.;t presse katangaise po-uvait écrire (54) .l.c gouvernement a-Iait un-grand Pas en aYant clans l.r rccônnaissance de facto de l'Indépendance du Katanga rn permettant que le Président fut reçu avec les honneurs ,l'rrn chef d'Etat. r *

u

(a6) < Libre Belgique du 7 décembre 1960. " _. (47) Une touchante phorogrephie de cette cérémonic r peru dans le . Soir , du 8 décembre 1960 et une photo de M._ Tshombe portant son granà cordon et scs insignes À paru dans " Katanga. enjeu du monde, de Pielre Davister, p. 160. (48) < Peuple r du 8 décembre 1960. (49) Le r Soir, du 10 décembrc 1960; la < Librc Belgique, du 9 décembrc 1960. . (50) C'était une déclaration diplomarique destinée à donner un caractère imorovisé au geste_royal' ra presse d'E'ville avair en effet écrit avant le départ de tr4 Tshciinbc (" Essor du Congo, 2-12-60) : . On apprend que le Président Tshombe quittera Elisabethville dimanche. oar' avion, potr Bryxclles, où il doit être décorâ, mardi, D* le toi Batdotin, j '

274

,;r0"" le frère du !'oi, le prince compagnie de la princesse York-en passage à New. dc All,r.rt, i"r,rl,r, rldclàrera sentencieusement à la presse : t)crsonne ne s'étonner"

llrflîfc"u"h.'

du 10 décembre

1960'

rlJl M. ccorces Mundeleer. député du P.L'P., fut avec M. Paul Struye, prfsidcnt ,1,, rû,;r il'.s.c.), Iiune des têtes'dulobby katangais-en.Bclgique. Sur le brèche, dèsque l. rrrdarr.'il {toit mcnacée, soit per une actio! militaire, sort par des !3nctlon! ecoril) Ic . Soin 1'l{)

. Ilrror du

des 11-12 décembre

Congo

1960' 1960.

' du 12 décembre

275


" La crise du Congo incombe à un seul homme, patrice Lumumba (55). " . Il y avait longremps que la famille royale de Belgique

avart pns pertl.

LES BELGES D'ÉLISABETHVILLE

(55) Lc

216

.

Peuple

' du I

octobre

1960,


l\rrrr nre[tre en lumière les sympathies dont M. Tshombe la réccssion katangaise jouissaient auprès du roi des Belges, rililtt rtv(ilts lnticipé quelque peu. Ârr Krtanga même , la résolution des Belges est unanime. I ettr rlui hésiteraient s'exposeraient d'ailleurs à de sérieux

:t

trrflr

rrrr

Ptes.

l,r. cornte d'Aspremont Lynden, qui n'est encore que l'entlyé rlrlcill du gouvernement belge, mais qui se considère ctrfitfnr, " lc chef d'orchestre " a chapitré les Belges du

llrtrrrgn (l):

. Â ccux qui malgré les assurances formelles que je donne

vorrtlraicnt quitter leur tâche, j'adresse un solennel avertis: tant que la sécurité personnelle n'est pas en dangcr, ils ne porlrront pas, en cas d'abandon de postes, bénér(,nr('nt

lit'ir.r dcs mesures d'intégration prévues. " ll s'cst montré plus net encore à la radio, le 3 août l,rnO (2) : , l);rrrs ccs conditions et d'ordre direct du gouvernement bclgc, avec lequel j'ai pris contact ce matin, je tiens à 'tvcrtir solennellement magistrats, fonctionnaires et agents -leurs rlc l'[itat, que tous ceux dtentre eux qui quirteraient lrorrt(s ct s'abstiendraient de remplir avec la conscience r;tri lcs a toujours caractérisés, leurs devoirs professionnels, rcrol'tt démis d'office. , ( l'est L\ une des manières de favoriser la sécession. On

ttt . ft.-, du Congo ' du 26 juiller 1960. lr) . (:oil13o 1960, dc Gérard-Libois ct Benolt V*haegcn, chez CRISP, r ,lt

tome

II,

279


adopte au J(atanga, à l'égard des fonctionnaires, magisrrats et agents de.l'F.tat,-une attitude tout à fait opposée à"celle que' l'on.p.rend dans le resranr du Congo. A Léôioldville, à Stânleyville, p?rtour ailleurs, au mom"enr où riàn ne s,est passé

encore en dehors des qrtelques débordements de la nuit du'5 au 6 juillet dans le triangle înkisi, Madimba, Mbanza-Boma (3),

non seulement on permet à toute I'adrninistration de se débànder, à .toute _ la_ magistrature d'abandonner ses dossiers, sans ten-ter le moindre geste pour retenir ces fonctionnaires' dont la fuite entralnera lteffonârement de toutes les structures, mais

en. certains endroits,

et

a-t-on dit

- Belgique à Léo, -. même de I'ambassadeur de faciliter cet exode.

dans les bureaux on fait rout pour

,{u Katanga on met tout en æuvre pour maintenir, fut-ce par la contrainte, tous les cadres en plaàe. Nous avons personnellement co-nnu le cas d,enseignants du Karanga -à qui l'on donna I'ordre impératif de reiËindre Ietrr poste à la rentrée scolaire de scptembie 1960, au mornent même où I'on mrrltipliait les difficultés et les eâpêchemenrs pour. ceux-qui voulàient rejoindre leur poste dans d'autres provinces du Congo, à Léopoldville notamment. Le- gouvernement belge .,"Tonn", à un militaire, le colonel -Breveté d'Etat-Major Champion, commandanr la 5" brigade

des troupes belges, d-ébarqué'à pouvoirs extraordinaires (4) :

E'ville le 16 juillet t960,'des

Suivant les instructions reçues ce iour émanant de l,auto-

" rité militaire

belge,_

le Cômmandant de la

Cinquième

Brigade â reçu unè délégation de pouvoirs pour -obilir"t sur place tous les Belqés de 2A à 45 ans iécessaires au rétablissement économique du Katanga. > . _ Le journaliste belge, Marc Mikolajczàk, dans un éditorial de l'" f55e1 du C_ongo (5), veut g,alvâniser'les énergies de ses " : compatnotes au Katanga . Ngup les (les Européens) adjurons de resrer en place, de participer atrx heurs et malheurs du gouvernemerit katangais qui les emploie.

; i{; ;;ri""t-ils

pas être présents au baroud d,honneur

?

,

Le " g2leual d'hônneur ,r^ auquel le directeur du journal (3) Voir notre livre . La Crise Congolaise (.{) . Essor du Congo r du 17 tuillet-I960. (5) ... du 10 aott 1-960. 280

r, pp. 118 er suivantes. p.

140.

la < grosse partie > à l.r,lrrcllc le commandant'Weber les a déjà appelés au lendemain

l,elgr tl'[,'ville convie les blancs, c'est

rle lu séccssion (6) : . L,e commandant \ù7eber a pris aussi la parole pour dire rlrre la sécurité au Katanga est garantie et qu'il faut se \('rrcr les coudes car "nous jouons une grosse partie".

Lc commandant !7eber a affirmé qu'il resterait au 'Knmnga jusqu'au bout. Il a annoncé que la direction du

Katanga pasierait progressivement âux services civils conyyinis- aaec les consèils éclairés de MM. SchôIIer et l.ebrun. ,, Airrsi, conne nous l'avons déjà signalé, M. Schôller, I'ancien gouv('nreur du Katanga, et vice-gouverneur génêral du Congo, ilrri cst derneuré à Erville alors que ses fonctions officielles dont il est ,rv,ricnt pris fin, joue un rôle danJ la sécession Pour justifier- sa prése-nce, I'rrrr rlcs- grands responsables -. an Consulat belge d'Elisa,,rr l,rncerJ le bruit qu'il est attaché

l,r'tln'illc. Il n'en est rien. Le consul est L4. F{. Crener, le trrr,trnsul, M. J. Eggermont. M. Schôller est resté pour assurer l,r tr,rnsition. it.st-lui qui, dans la nuit du 9 au 10 juillet, grrrrrr tlécider le minisre-Gilson à intervenir à Elisabethville, l,rr ,'igrrala que M. Tshombe allait faire appel aux forces rlr,',|{sicnncs (Z;. C'est lui qui remit un billet écrit de sa nrain irii l)ilote d" l)".rion u Cesna, de Sobelair envoyé à E'ville à la l',rri. rnilitaire belge de Kamina, billet dans lequel il attestait lrt' I'lronnetrr l'acèord du ministre belge de la Défense Nation,rl,, rru sujet de l'intervention (8). Il ne quitte Elisabethville lc iour ou M. d'Aspremont Lynden y débarque. Et à son 'lrl rlriv{c à Bruxelles, il-confirme qu'il est autre chose qu'un f ,,rr, riorrnaire rctraité qui se rapatriè. A I'aérodrome de BruxelL,r, rrn journaliste l'interroge (9) : .. Avez-vous I'intention de retourner atr l(atanga ? Je suis appelé en consaltation. le ne sais pas si I'on nr'y renverra (10). " ,J*

'l'rès rapidement, nous le verrons, les buts réels de I'intertni. l;Ur" Belgique, dcs 16-17 juillet 1960, dans un texte intitulé . Par Belgica ' (/) Norc-téponse M. Schôller à CRISP dans " Congo 196O'. Anneres, p' 67. -68. depilote est M. Jean-Marie Mineur qui avait, dans lr iournéc, Ce tttl td., p.

a{ l\dldtrga.

accepté de se se rendre rendre à nurt avalt avait accePtè E'vllle er"qui el qul dans la nuit M. 't'shàmb" de Léo M.l-shombe LCo à E'"ille 'rrrfrrl '",,rlI Itcrrrrrl rrr rnission urgente (v. note 29 sous la page 2J9 et . Essor du Katanga ' du 6 lan ,l ). r rrr lrr(rl). ,rl . Libre e) Libre Bclciouc r du 18 iuillet 1960. 1.r) (10) signi?icatif que M. Schôller, se cerièrè coloniale terminée, tô) ll cst .,r lrl nrirrrrné norrrrnl"r. G "*.r-êti"-"nt Grand Mar{chal de la Cour do Belgiquc.

281


vention militaire belge au Katanga apparaltront en pleine lumière.

Il

faut:

la Force Publique fidèles au gouvernement central. Et elles le sont toutes, puisqu'au Congo, les autorités belges avaient adopté les mêmeô principes q,riett métropole pour ia distribution àes forces de l'àrdre, les it ilitaires cantonnés dans une région étant originaires toujours d'une

la

Force Publique

2" Constituer une nouvelle Force Publique ,. katan- que l'on gaise ,. cette fois et qui puisse servir la séèession vient de proclamer.- Le Président Tshombe I'a dit cruement (11): " M. Tshomb. (...) a déclaré avec force qu'il n'est'pâs question qu-e les rroupes belges quittent l-Etat pour- le

moment. Elles resreront au Kâtanga jusqu'à I'organisation cornplète des troupes katangaises.-, Et la réalisation de ce double obiectif exige oue I'on retarde auranr que possible l'entrée des forces de ï'O.N.U. a., Katanga, que I'on gagne du remps. Cette partie-là du plan. ce ne sont oas les militaires belees débarqués â E'ville : lei \féber, les Châmpion, les Crèvecdur qui peuvent I'appliquer. C'est le rôle des civils. C'est même surrout le triste rôle de ce pauvre M. Vigny, ministre belge des Affaires Etrangères qui, en faisant semblant de ne pas tomprendre les résoluiions pourtant très, claires du Conseil de Sécurité, obligera celui-ci à s'y reprendre. à trois fois avanr que la Belgique consente à s'incliner et à ce momenr, c'est ÀI. Tshombi linspiré par M. Rotschild) qui prendra le relais, un M. Tshombe pbur ôui, en un mois, les militaires belges ont forgé une petiie troupe qu'ils encadrent rrès étroiteme-nt (un blaÀc rur .^ittq hommês, proportion jamais vue dans une armée coloniale) et qu'ils ont armée jusqu'aux dents (12). -- M, Vigny réussira au-delà de toute espérance, puisque ses finasseries, ses pleurnicheries, ses roueries, nbn seulerient Teront gagner un mois aux instructeurs et aux fournisseurs d'armes de la nouvelle Force Publique katangaise, mais en ourre amèneront I'O.N.U. à renier ses premièreirésolutions et à considérer (11) . Libre Belgique dec 16-17 .iuillct 1960. ' Ce proceesus e été_décrit p.r nour dens les ,15 premières peges de norrc livrc -(12) sur . Le Gouvernement Congolaig et I'ONU ., édirions de -. Remerques-Congolaiser,.

282

r/'ccssion katangaise comme

A,l,

rrr

I,r,rrrcllc clle ne p.u1

1o Désarmer les_garnisons.de

région éloignée. Il_ n'y a donc pas de Katangais dans casernée au Katanga.

une affaire intérieure dans itttet*'"nir, mais dans laquelle elle interu,,l,,.lr,r cependairt d'abord pour empêcher M. Lumumba de la rdgk'r lui-même par la forct, et plûs tard, pour tenter de la , éijl"r clle-même par la force, poui le comPte du gouvernement

l,r

l,r.

Nous verrons plus tard commènt,. s-ur. qlace, les représent,rrrts militaires de-la Belgique ont réalisé le double objectif ,,ri1i/' par la consolidation de la sécession katangaise. -1

l)ès le début, M. Tshombe est assuré du concours total ,lr,r llclecs d'Elisabethville. 'loites les firmes industrielles et commerciales acceptent rnrrr tliscussion de faire payer les exportations du Katanga à l* . ll,rrrcluc Nationale du Katanga ' que l'on vient de constituer' I r,r rr<iuveaux billets de la mdnnaiè katangaise sont imprimés e'rr Srrisse.

l,c 7 août 1960,,, on " fait venir à Elisabethville un poste érncltcur de 20 Kw et on annonce pour bientôt un poste de

l(w, le tout, grâce à la générosité des Belges l,c 20 aott, le poste de 2Ô Kw est inauguré par M. Tshombe $t xorr rninistre dei Télécommunications, M. Kiela, qui pro100

r

I'urrc (13)

:

Vous inaugurez ce poste émetteur de,2O Kw qui doit permettre à la Radiodiffusion Nationale Radio Katanga

.

ilc couvrir tout le territoire de l'Etat du Katanga,

le

llls-Congo et Léopoldville, le Kivu et -un-e grande Partie .lc la Pràvince Oiientale, du Kasaï et de I'Equateur. > l,n radio d'Elisabethville qui ne disposait au 11 juillet que rl'rrrr pctit émetteur de 10 Kw, d'un ràyon strictement local, vr ,lt(ionnais pouvoir étendre sa propagande au Congo Presque l oil t clltler. lirr décembre 1960, I'aide financière de l'Union Minière rlrr I l.rut-Katanga a permis au gouvernement de M. Tshombe ,l',rclrcrer à la soiiété suisse Brown-Boveri de Baden-Aargau un rirrrcttt'ur à haute puissance de 100 Kw. " [,a voix du Katanga sera portée sur les ondes pour t'ouvrir la plus grande partie de I'Afrique (t+) -" q'r1r ric M. Tshombe, inaugurant le samedi 24 dêcembre 1960, f

itl .r**

(11)

du Congo

. lirror du

Congo

, du 22 zoîtr 1960. ' du 26 décembre 196C.


aux héros des guerres de 1914 et de It,{tl tlcvicnt aussi celui des " héros dei opérations de pacifir,rrrurr tlu Katirnga tombés au champ d'honneur ". l,c (lonsul Te Belgique at, IGtattga, M. Crener, vient qri.r.qqirlr, le nronument

le nouveau centre d'émission. Mgr Cornelis, évêque d'Elisabethville rehausse ia cérémonie d'inauguration de sa présence.

M. Bodson, attaché technique au Consulat de Belgique, qui a, avec I'aide des techniciens belges des télécommunications du Katanga (fonctionnaires payés par le gouvernement !elge), superwisé l'installation du poste, fait un discours résolument engagé (15).

Après avoir évoqué : .. 1.. cet esprit katàngais qui germait depuis des années et qui est devenu une tangible réalité " il 'proclame : . Nous voulons aujourd'hui oublier tous ceux qui ne comprennent rien à nos problèmes, tous ceux qui essayent de nous saboter et tolts ceux qui ne comPrennent pas qu'aujourd'hui n'est pas hier, selon une très belle exPresCornelis. s-ion de Monseigneur "est ,, Cette station aujourd'hui mieux équipée pour leur faire entendre notre voix, celle de la raison, du bon sens, de la paix dans la prospérité. ,' MaiS je crois uutii poïnoir leur dire; celle de la force, 't'atlai.t. s'il Ie Que âans quelques instants, la voix du I(atanga jaillisse-puissante poui leur crier : "Vive le Président Tshombe. Vive le Katanga". ', parole à son tour va congraLe ministre Kiela prenant la -traditionnelle discrétion de si la niême les donateurs, tuler l'Union Minière doit en souffrir : .. Je tiens à adresser mes chaleureuses félicitations en tout primier lie:;' à I'Union Minière pour I'aide précieuse qu'elle à apportée à la réalisation de ce projet et à M. Bodson qui s'est dépensé sans compter pour coordonner les efforts de tc.ts lorJ de la mise en chantier de cet émetteur. " La radiodiffusion katangaise pourra désormais émettre dans les trois longueurs d'ondei de 4Ô, 50 et 60 mètres, avec des puissances respectives de 100, 10 et 20 Kw. -T-

Les Belges d'Elisabethville ne ratent pas une o-ccasiotl de manifester à Vt. Tshombe leur enthousiaste loyalisme. Des militaires et des mercenaires belges ayant été tués au cours des opérations répressives menées contre les Jeunesses de la Balubàkat qui, dàns le Nord de la province, luttent contre la (15) . Essor du Congo " du 28

284

llcrrrir le uronument, 1e-1 i novembre 1960, au nom du corps et M. Herkens, Consul belge à E'ville, dépose une nrnronnc au nom de la Belgique. I c " Chef de l'Etat Moï'se Tshombe, remet aux "Anciens I nrrrh.rttarrts u belges qui',lui ont toujours aPPorté leursoutien: " .., un nouveau drapeau aux couleurs katangaises surrrr.rnté à la hampe pa? les armes de la Belgiquer.r rrr r'oloucl dc nyikman de Betz, qui les dirige, il att-ribue : . .. les insignei de colonel honôraire de I'armée hatanr,rrrrrrrlirire

H;llsc.

>

Lcr firmes de la place s'ingénient à aider le gouvernement

'l'rltuttrltc,

Ainsi la firme Difco-Katansa, disrributrice des véhicules Volhtw;rgen, 'ia envoie, à ses frais,-en Belgique' quatre mécaninouvclle gendarrnerie katangaise pour suivre dans r i.rrr rle ler r{trrblisscments de"sa maison-mère â Bruxelles des cours théorirlucs et pratiques de spécialisation en matériel Volkswep,crr rlont la gendârmerie a passé une commande importante. l.cs n qens bien 'n d'Elisabethville rivalisent de générosité rrr l,rvt'ur à"t *rrlr..t de soutien à la sécession patronnées par M, 'l'rlrombe. A unc souscription en faveur des . æuvres sociales des Itrrlcr katangaisesi' les premiers à s'inscrire sont Mh'!. Jean suivis de près. PaT ryIM. Georges Tolricr ct -lules Jeai Humblé (i6), 'Wenes, 'l'lryrrcns, le colonel honoraire de Cousin, G. fl yr hrrrrru de Betz, la vicomtesse Vilain, M. A. Gavage, M. Jean Telruh'hrc (17), tout l'armorial de la sécession. (.)rrirnd le colonel Van de Stalle, ancien chef de la Sûreté ,,,l,,rri,rlc à Léopoldville et futur organisateur de la reconquête, u11 l'l(r4, des te?ritoires occupés par les forces insurgées, succé,L,r,r ) M. Crener en qualité âe cônsul, le pavé de son salon sera l,r,irrr ,rrrx couleurs " nationales , katangaises et il donnera Pour ,,,lnipirrc à la colonie belge d'E'ville de se rendre en masse .\ l',r,ir',,lt.rrt à chaque arrivêe de son grand homme, Moïse Irlrrrrul'c, pour lui faire fête (18). llr) " llr\or tlu Congo ' du 3 déccmbrc 1960. {t') ll'irl., 26 déccmbre 1960' llll) lc " l)rogrès' de Léopoldvillc, 7 jtntier

1964.

décembre 1960.

285


LES BELGES DE BELGIOUE


l,n déclaration d'indépendance du Katanga et I'appui mili-

trlre accordé par la Belgique à la

sécession

allaieiri rendre

vlSucur au. vieux rêve des blancs du Katanga dont Pierre llrvirter s'était fait l'&ho, au nouvel-an 1960 (I): reconstruire l'rrrr'icrr Congo belge à parrir du Katanga. l.c vicomte Terlinden abandonne un instant sa oaisible rprr,tir.c pour reprendre la plume et écrire un billet à la'* Libre llelgirluc u qui en fera son éditorial (2) : . ... la consritution d'un Etat unitaire (..) était une utopie.

faute cette fois ' iv;r'co*-.ttriorrs une nouvelle - la main tl/.finitivement irréparable si nous refusions - Ia région la plus riche et la que nous tend /e président de plus prospère du Congo . Il serait soubaitabb que cet exemph soit sahli, et qa,rn litat da Khtu, un Etai du Bas-Congo et d'dutres elncore (rttrent dans cette Cont'édération des-Etats-Unis du Conso où seraient repréxntés et défendus les intérêts de tous 0)1, tJne autre gloire du conservatisme catholique le plus iéactirrrurairc, le Sénateur Pierre Nothomb, communique à1a n Libre h,'lgi,prc o (4) une lettre qu'il a reçue (mais dont-il y a quelque r lr,rrrct qu'il se la -soit écrite, tant elle reflète ses iropres l'rrtirrrcnts et ceux du journal) : " Il n'y a pas lieu de craindre les objurgations du Conseil 1r1-.îlîrquol Par Congor,2 janvier 1960. Voir nore tivre sur.La Crise Con30. (r) Lc 14 iuillet 1%0. (l) l..r . intérêts de rous', on I'a compris, cc sonr ceux da blancs que Ia rdcer-

s,rlrtr r. p.

ri,,,r lcrrnglirc entend (,f

)

seuvegardcr.

... dcr 16-17 juillet 1960.

289


de Sécurité. Je suis convaincu que si une action réelle était décidée contre la Belgique, certaines grandes puissances y opposeraient leur veto. ,' L'essentiel est en tout cas d'agir très rapidement et il ne faudrait pas attendre que les troupes africaines de I'O.N.U. occupent tous les postes importants du Congo. Il serait trop tard alors pour aider certaines proainces à obtenir

(5), qu'elles ont librement choisie. LIn Etat katangais indépendant reconnu par plusieurs " puissances serait en droit de refuser l'intervention sur son ierritoire de troupes guinéennes et de se contenter de la I'ind.épend.ance

présence des troupes belges.

u

M. Marcel Grégoire, ancien ministre catholique dans

un gouvernement de coalition comprenant des communistes et qui n'a gardé de cette collaboration que des aigreurs, a toujours

été un farouche adversaire de l'indépendance du Congo. II " (6), écrit avant même qu'on connaisse la proclamation de M. Tshombe et qui paruît singulièrement prophétique : ,. ... iI convieni, dans la mesure du possible, de limiter les dégâts. Des choix délicats, certes, mais importants, vont devoir être opérés : on songe notamment à notre attiilde devant des sécessions possibles ou, ce qui serait moins drastique, à l'égard d'un fédéralisme qui se bornerait à la forme de I'Entente ou du Mali (de I'ancienne A.E.F. ou A.O.F.). partis, garder " Etait-il sd.ge, en effet, de aouloir, nous figure d'empire à ce qai. n'était même' pas encore an assernblage de nations ? ,, M. Tshombe tient sa place, très honorablement, dans l'exécution de ce plan spécifiquement belge. Dans une interview téléphonique acôrdée au jôurnal belgè " La Lanterne '', il publie un éditorial dans le n Soir

déclare

:

La seule façon de sauyer tout le Congo est la reconnaissance de l'indépendance du Katanga parce qu'aatomatiqaem.ent, on ,uerrct Ie reste da Congo se fédérer aa Katanga et I'on satuuerd. tout Ie Congo. ,, Une constitution katangaise votée par 35 voix (sur les 69 députés que comprend I'Assemblée Provinciale) va : " ... laisser une porte ouverte à une association arrec touteg ..

(5) C'est bien cela. Pourrait-on Katanga . à obtenir son indépendance '.

(6) ... du 12 juillet

290

1960.

le reconnaltre plus crtment ? On " aidc ' h Il y a d'autres régions qu'il faur . aidêr '.

lrlr rrrrtrcs régions du Congo qui désireraient en toute rrrrllpcndance se confédérer a-vec le Katanga (7). " ( l't'st cl'ailleurs l'idée maltresse de la Belgique officielle. ller nrrrerrrs aussi nuancés et modérés que MM. Gérard-Libois çt hlrrolt Verhaegen écrivent (8) :

" llcconstruire une Confédération ou une fédération à lr,rrtir du Katanga est, dès ce moment, l'hypothèse d'action rh.s llclges sur place à Elisabethville, spécialement de M. l(otschild. Dès le 15 juillet, Bruxelles et Elisabethville sont .l',tccord sur ce point de vue. > Lc rrrinistre belge des Affaires Etrangères appuie nettement rettr, politique (9) : ', Lt' tclex de M. Vigny à M. d'Aspremont, daté du ,tf' juillet (...) confirme I'orientation : "tout ralliement il';rrrtrcs provinces du Congo au Katanga est donc à encoul'.lgcf". t M, rl'Aspremont l--ynden, lni-mêmeo remettant ses pout,rrrrr I M. ltotschild, avait : . ... formulé l'espoir que I'exemple katangais inciterait, rl'rtutrcs régions du Congo à se regrouper autour du l(:rtrrnga, sous Llne forme que la Belgique n'entend nullerrr,'rrt définir n (Essor du Congo du 19-7-60). I .r rliscrétion si l'on peut dire du gouvernement - politique, impatiente - les interventionl,elËr' i rppliquer cette trlrtc,r (10) : " ll cst certain qu'une attitude plus résolue de Bruxelles lxrrrrrait entralner une réussite plus rapide du mouvement ,le séccssion de certaines provinces qui ont tendance à se r/.1rrrrcr de Léopoldville, pour refaire l'unité congolaise rlulour du Katanga. . I lrrc irttitude plus nette du gouvernement Eyskens aurait ;rt,rrt-ôtre entralné depuis plusieurs jours, une dislocation tlu ltscudo-goaaernenTent de Léopold.ville.

. i,- r"rf. voie de salut est de refaire l'unité du Congo ,rutour d'Elisabethville. " ( lettc politique cynique trouve évidemment tous les cynirlrrer,pr'il lui faut pour l'enrober dans le sirop de considérations ilrr,li,prrs, tl<>nt la plus belle est celle qui revendique pour le l'l . ( ourrier d'Afrique' des 6-7 aott 1960. ll) r (i,rgo t960D. tome II, p.740. tt, . (ilngo 1960 ', rome Il, p. 740. (10) l,ibrc Dclgique du 18 juillet 1960. ' ' 29L


qeuple tâtangâis le droit à I'autodétermination, comme si, pour des noirs, c'était s'autodéterminer que de constituet ur,'Et"t 3.ljg".é sur les. derniers Etats racistei d,Afrique : la Rhod&ie, l'Union Sud-Africaine. Mais en dehors de ceux qui camouflent leurs turpitudes-

i!,y ^.lesquicyniques à froid, tel'ce lv1. Motz, présid.nr .iu fr.ti libéral, déclare sans rire (11) : " Je_souhaite que I'Etat du Katanga devienne vraiment un Ftat qui soit reconnu par tous-les gouvernements et aussi par le gouvernement belge. Le resle du Congo peut visre de ses cultures ztiarièrei et de ses exploitatiois de diqmants et, de plas, il dispose d,,une sortie ïers la tlter, >. Ainsi donc, pour M. Motz, tl millions d'habitants oourront vivre de34o/o du revenu national, les 66 0/o de celui-cî (tZ) restant réservés au million et demi de Katangais qui devioni évidemrrrént les partager (si l'on peut dire) 1", â.tiorr"ir", de I'Union Minière du Haut-Kalanga et âe"rr"Ë ses filiales. Er comme la sæur de l'Unioî Minière, la- Foiminière. va, bientôt (13), avec sa sécession de la . Républioue Minière {u S.r1d Kasaï ', enlever au resranr du Congo làs " eiploitations d.e diaaryçs > que M. Motz lui réservaii généreuôm.rrr, Ë cinq provinces âutres que le Katanga, devront se contenter de leurs cultures vivrières, le manioc eit'si nourrissant ! Mais il y al'o accès vers la mer', dit M. Mor". On sait que ce n'esr plus.par luj_ que passeront les productions du Katanga, qui circuleront désormJis à rravers les dernières colonies africaines, celles que contrôlent les soldats du dictateur Salazar.

Alors, cet u accès vers la mer >, pourra touiours à la rieueur servir à la navigation de plaisance ôu à la pêche.

flr'opinion pas (14);

.

belge, congolaise et internationale ne s,y rrompe

Somme toute, la collaboration du gotrvernement Tshom-

be et du commandant Weber, cominandant de, trouf"s (11) La

. Cité,

du 2O iuillet 1960. It..Tshombe iui-même qui, au cours de [a Conférence de h Tablc Rondc, ,(1_2l,Clï, -__,lvalt drxnê ces chlllree_ c'est ainsi que le budget, du congo pour 195E, avair-il déclaré, portrit 4,4g6 mil'Ilons de recctte3 dont lcs deux tiers_ provenaient des mines du Katânga. Les douancr de leur côté ont touché 5.400 milliàns a" Jroi" au,oiti.-aï^i-Jir*î;r;-;;-i; mêmc- provenrnce., (Georger H. Dumont, ta Trbii ionà.--nJ!i:"""1Jt"ïil, " p. 100.) (13) Le 9 aotr 1960. (1,{) La . Libre Belgique, des t6-17 juillet 1960.

292

rrrd.tropolitaines, pour

lr

le maintien de l'ordre, impliquerait

rcconnaissance "de facto" de l'indépendancé du Katrrrg:r. Mais la Belgique, disait-on dans les milieux officiels, lr/.sirait à prendre I'initiative d'une reconnaissance "de

lrrrc" du Katanga, aussi longtemps qu'il subsisterait, au reirr du gouvernement central, des ministres représentant rlrc ccrtaine légalité. " lr,rrcc que la Belgique, dès l'origine, opérait une discrimiti,rt nn prrrrni les ministres du gouvernement de Patrice I rrrrrrrrrrlr.r. Ceux qu'elle savait dévoués

rlr c rrrirristrcs légaux. Les lés,r lir é.

à

ses intérêts étaient

autres avaient perdu à

ses

yeux toute

- Nous I'avons dit et ie répétons, écrir ie grand quotidien r,rtholique " I-.e Libre Belgique' (15) : le gouvérnemenr I rrrnulrrba n'existc plus, à supposcr qu'il ait jamais existé ! '

.' lf .r, d" consrarer que certains ministres "fflig.u.,t poussent leur goût de l'abstraction (lrr,lgcs, évidemmenr) .t tlc la théorie j"rSu'_à négiiger une réalité concrète la r(,;)nse en marns du Katanga avec la collaboration -d'un

au respect d'une notion lî(,nvcrnement noir honnête irrridique qui n'a plus atrcune-existence réelle. " I cs Congolais sont extrêmement lucides. Sans parler des ,urr,l,rrrrrrations répétées prononcées contre la Belgique par le l'rr,rrrit'r Ministre, le Président de la République, le Ministre de l'lrrl,'r'rrr;rtion, M. Kasharnura et les leaders de la plupart des lrrrrtir lrolitiqries, citons ces extraits de l'article écrit par I'un ,1,', ,urris lcs plus fidèles de l'ancien colonisateur, un journaliste lt's irttaches avec les milietrx belges ont été dénoncées 'h,rrt .i I'lrr,,i,,trrs reprises : M. Gabriel lt/takoso (tr6) : I a Belgique camoufle clifficilernent un jetr de cotrlisse It

()p itrtéressé.

'C;;g"lais,

,i; lui disons rr',rirnc pas les voies détournées.

i'Africain en général

-,

'..i1',,i;gnor"

point /es jeux de coulisse, qu.e linrent d.errière Ieaders katangais certains érnissaires de Ia Cour belge rt tlts représentants de la haute finance. '' Ll stagnation du problème katangais explique les actuel-

l,',

-d-u

l.t juillet 1960. rlô) R{drctcur cn chef du . Courrier d'Âfrique ', dans son numéro du 5 aott

llt)

1960,

293


les réactions de représailles dirigées contre les Belges résidant au Congo.

population congolaise venge sur eux " La

la

politique

gouvernementale de Bruxelles et le jeu sournois d'un commandant \ù(/eber, conseiller diplomatique du Premier Ministre Tshombe. u Il n'y a pas que la presse communiste ou celle des pays

indépendants d'Afrique et d'Asie pour stigmatiser le complot katangais. A l'exception de la presse française et d'une partie de la presse anglaise, les journaux occidentaux sont aussi très

la politique belge au Congo. Times >, par exemple (17), se plaçant dans l'optique même des intérêts strictement occidentaux, écrit : " Du point de vue de l'ensemble du Congo, I'indépendance du Kàtanga serait fatale, éconnomiquement et politiquement. Elle serait également désastreuse pour I'effort occidental qui cherche à favoriser l'établissement de gouvernements africains en Afrique, car tous les Africains en

sévères pour

Le " New York

viendraient à considérer I'indépendance duKatanga comme la manæuvre cyniqae d'un nouveaa colonialisme, créateu.r de fantocbes.

>

IJne note officieuse américaine conclut dans le sens (18):

mênrc

" Les fonctionnaires américains estiment que les relations entre l'Afrique et le Monde Occidental pourraient dangereusement souffrir u et ne cache pas que l'affaire katangaise ne manquera pas d'apparaltre comme : <( ... un coup monté avec la complicité belge. ,

(17) ... du 29 juilet, rcproduit per le . Peuplc ' des 30-31 (18) r Courrier d'Afrique r des 30-31 iuillet 1960.

juillct

1%0.

LA SECESSION KATANGAISE ET LA BOURSE


lrlisons ici une cgur,te pause et jetons un regard sur les lrr,rrirlucs boursières de I'édooue. l)t(s le lendemain de liint'ervention belge au Katanga les rrr Iiotrs congolaises remontent. lr, " Monde u (1), commenranr I'activité de la Bourse de

,

lrill l'r, t't)llStât€

-

I

l.cs valeurs congolaises, elles, ont opéré un vif mouvenr(.nt de reprise.sur les indications de B-ruxelles. Sans doute, t'rorrr ces dernières, Ies opérateurs se sont-ils sentis plui

t'tnfiants après I'i.ntervenîion militaire belge, et sans d'oute ttussi ont-ils. prêté attention au désir de sàcession du gout,(rncnTent katangais.

r,

proclamation de I'indépendance du Katanga par . . ..!,:, lr'f , 'l'slrrrrrrbe va faire rebondir djvantage encore l"s coir, àes ,',r1,'llr congolaises (2) : ,' l,;r seule note ferme a été fournie par les Africaines, les h,rtnngaises se distinguanr une fois âe plus en sympathie irvcc les indications dl Bruxelles sur ces^spécialitéi. ,i l .r ,. Librc Belgiquc (3) précisait les morrvements enre"

Hrrtr'r{\ ,,

I ll Bourse de Bruxelles-: A li't séance de lundi, la Bourse apprenair que M.

'f'shombe avair déclaré I'indépendance d.r^Kat^ngr. Aussi, lc ('orrrs de l'Union Minière rebondit-il de 1.79d à 2.OOd (r) ...;12 c.

juillct

1960.

13 juillcr 1960. Il en sera d'ailleurs de même à I'avenir. cha" duconnaîtra un succès, Ie 13 mer! 1961, I'occaiion a" ii à"iZlrrr l',r r;116 M. Tshombe rrr*r rlr l'rnrnerivc -qui conslcrera le séparrtisme ketengais,à les vatcurs kataugaises It':nt rtrr rr,rur.rlu bond. (t) ,., tlcr l6-17 juillct 1960. (,1) I

Monde

297


à l'ouverture. La hausse se poursuivit encore à la séance de mardi où le cours de 2.2Ô0 fut approché. " par la presse étaient rassurantes (4) : Les nouvelles données -au . On a appris sièse de la société de I'Union lundi ^Bruxelles,

que le peisonnel européen de la société à est actuellement en giande partie absent, occupé à évacuer les membres des faÀilles vèrs la Rhodésie' ,, Les mernbres d,e Ia direction génêrale sont restés aa

Minière

cornplet à Eli.sabetbville. " donc les employés et les ouvriers blancs de I'Union Minière n'avaient pas été mis dans le secret mais les .. membres de la direction ' ùvaient parfaitement ce qui allait se Passer pour l'excellente raison qu-ils étai-ent " dans le coup ,n.

Ainii

^ Et c'était normal. buisqu. le matin '1.960.

même du samedi au moment où t" décid"it I'intervention militaire 9 iuillet belge au Katanga, alors que le roi Baudouin était rentré rcut exp"rès et dare-iaie du vtidi de la France, à 6 h 30, en avion miiitaire (5), M. Gillet, gouverneur de la Banque de la Société eénérale de Beleiaue et Président de I'Union Minière du Hautk"t"ng" (comrie'de la Forminière, d'ailleurs), avait été reçu à tO h"os,'au cabinet du Premier Ministre Eyskens (6). Sachant donc à quoi s'en tenir, les dirigeants locaux de I'Union MintÈre, une fois'le Katanga .. coordoiné o par le commandant \Ùfleber, allaient s'employei à ramener de Rhodésie leurs employés tranquillisés. Unè dépêche de Salisbury annonce qu'ils vont arriver $ Kit*., en nhodésie du Nord, pôur battre lè rappel (7) : permanent, M. Jules Cousin et " Le président du Comité l'adnrlnistrateur délégué, M. Weyenberg, devaient arriver prochainement à Kitwe... > Ils n'y resteront pas longtemps puisqu'ils sont rePartis pour Elisabethville, dèJ le lendemain, mar{i (8): - . ^ Le chroniqueur financier de la " Libre Belgique " (9) donc cômmenter ainsi la situation : ^oouvait .. Le climat de notre place dépendra, semble-t-il, en large Dart de l'évolution pôlitique au Congo. Pour le moment î'exode précipité des blanci porte forc?ment à émeftre des pronostics plutôt sombres. Sèule, l'évolution plus encoura(4) Le " Peuplc ' du 12 juillet 1960. (5) . Libre Belgique, du 11 juillet 1960 (6) * Libre Belgique ' du 11 juillet 1960'

(7) * Soin du 1J juillet 1960. (s) " Libre Belgique , du 13 iuillet (9) ... dcs 16-17 juillet 1960.

1960-

la situation au Katanga permet aux valeurs des rcprises situées dans cette région d'offrir une bonne résistance aux réalisations., ll tlonnait d'autre part des nouvelles excellentes : . Selon des nouvelles reçues de la direction générale d'Afrirluc de l'Union Minière, les installations de"la société et de H(,.urtc dc

(trrt

rcs filiales sont intâctes. . l,ir remise en marche des mines, usines et centrales hydrodlectriques se poursuit. Elle est principalement conditionrréc par lg rythme de la reprise du travail par les agenrs

lcntrant de Rhodésie. " l,it, clès ce moment, l'on prévoyait, non sans une certaine r,rtnl',lction, le processus qui allait asphyxier, étouffer le restant rlrr ( longo. Parlant de l'Union Minière, des journaux catholirlrer Ccrivaient (10), reproduisant une dépêche Reurer

:

" .,. il est probable qu'une part des profits de la Compagnie tlcvra aller au nouvealr gouvernement du Katanga et que eclui-ci sera représenté au Conseil d'administration. .. l.c port de Matadi ne sera plus utilisé pour I'expédition rlu cuivre. Il sera remplacé par les porrs porrugais de l,obito Bay dans l'Angola et de Beira au Mozambique. 'lirrrt avait été prévu et tour se déroula comme prévu. La" l,rrxlrrction du cuivre ne diminua pas pendant I'année 1960 nrrlgrd lcs bouleversements qui secouèrent le pays. Elle augiltrrIl,l: . l,'cxtraction minière ne s'est pas ralentie, êcrit un des thuriféraires belges de M. Tshombe (11). L'Union Minière ir nlis en marche en 1961 une nouvelle usine à Kambove, rl'îitant 60.000 tonnes de minerais de cuivre par mois et a fortement développé ses usines de Luilu. La production rle cuivre est passée de 282.000 tonnes (12) à 300.000 tonncs Par an.

t

l,cs profits aussi demeurèrent plantureux.

*t l,cs premières audiences accordées par M. Tshombe à des ;,,'rr,'rrrralités étrangères, sont significatiyes de l'intérêt que prérentr' l)our certains la sécession du Katanga. Nons n'avons pu consulter I'agenda de M. Tshombe. Peut-

Êlc rcrn-t-il, un jour, une pièce de son dossier. ,'olîil

(ll) li.

(l,l) lln

er . Cité ' der 16-17 juillct 1960. Mcndiaux danr.Eurefrice', septcmbre

1961.

1959.

2C9


Mais la presse donne quelques indications à retenir (13). C'est ainsi que nous apprenons qu'une des premières personnalités à solliciter une audience est Lord Clithero, membre du Conseil privé de la Reine d'Angleterre, Président du Conseil d'administration des Chemins de fer de Benguela. On comprend la hâte mise à cette visite, lorsqu'on sait que c'est par ce chemin de fer via Lobito que sera dorénavant évacué le cuivre de I'Union Minière. M. Tshombe reçoit aussi, aux environs du 20 août, quelques Belges de marque : notamment l'Administrateur délégué de la Banque du Congo, le Président du Fonds du Bien-Etre Indigène, un député belge dont on tait le nom. Il y a aussi, cela va de soi, une délégation de la Rhodésie du Nord et de nombreux diplomates occidentaux en poste à E'ville.

(13)

300

Yoir notsmment lc . Courrier d'Àfriquc r du 22 eoôt

1960.

UNE

"

MARIONNETTE

GOLONIALE

"


l,'on a vu précédemment, comment les milieux de colons nr h's dirigeanrs locaux de l'Union Minière avaient suscité, . ittvcnté la personnalité de M. Moïse Tshombe pour appli-

"

rprcr lcur politique au Katanga et défendre leurs iniérêts.

--

Au cours de la Table Ronde de janvier 1960,la servilité M. Tshombe à l'égard des intérêts'blancs qu'il'représentait 'L' .rv,rit provoqué l'indignation de l'ensemble dês déléiués con6, rl,r

i

r.

M. Adoula avaft déjà proresré conrre le fait qu'ayanr

ccrtains points de vuè dans des réunions entre-CongoI'rir, M. Tshombe qu'il ne désignait pas nommémenr, revettâir rr \()n. accord, au cours des séances suivantes et y lisait des l,rtr.r rédigées enrreremps par son conseiller belge (i) : " Nous voulons bien aller, avait dit M. Adoula, aux rCrrnions du Front Commun. Mais il ne faut pas qu'après rrrr accord, certains viennent ici avec des textès éciits-par (l('!i personnes considérées comme conseillers, mais quf se trouvent elles-mêmes sous l'influence de forces connues ou ,x'cultes qui outrepassent leur qualité de conseiller en s'r'fforçant d'imposer leur point dê vue à certains délégués. l)rrrrs l'intérêt supérieur du Congo, on ne peut adméttre rlc tclles façons d'agir. > ,rr r

r'grté

Arr rnoment où s'était discuté le problème du régime minier au prernier chef, les màndants de Ml Tshombe,

Ilt,1r1,r5;1y1i,

' '.lrri

,,,i

,'i ;rvait été harcelé de billets griffonnés à la hâte par son I lt,r lrcl ge, l'avocat de l'Union"Minière du Haut-Kà tanga,

r,,,'i

rttt;,'iilg". H.

Dumont,

.La

Table Ronde Belgo-congolaiseo. 303


à Elisabethville, Me Humblé et chaque fois après les avoir lus,

il

intervenait pour élever une objection. M. Patrice Lumumba avait dénoncé à la presse ce perit jeu extrêmement déplaisant (2) par lequel : " Me Humblé prolonge inutilement le débat et le relance salls cesse.

le long de la séance, il donne âu vu de tous des " Toutpapiers petits à M. Tshombe qui les lit aussitôt. C'est

chaque fois une objection nouvelle à toute solution raisonnable des problèmes. Il dévoile là les tendances séparatistes

qui l'animent. , Il y eut même à la fin de la séance, une courre bagarre entre MM. Lumumba et Tshombe au cours de laouelle une sifle retentit dont M. Tshombe avait, peut-être, garàé le souv"enir cuisant, lorsqu'un an plus tard Patrice Lumumba lui fut livré par le Président de la République... Le futur Premier Ministre dénonça avec vigueur alors déjà : - de certains- conseillers européens qui jeu de coulisses le ... " servent les intérêts de groupes financiers et de plissanèes étrangères, au lieu de se préôccuper du Congo.

"-

-1

M.

Au

moment de

la

déclaration d'" indépendance > de

Tshombe, le porte-parole du Parri Socialilte belge à la Chambre (plus lucide à ce moment que le sénareur sôcialiste Rolin qui intervint au nom de son parti au Sénat et adopta lrn point de vue sentimental qui seivit longtemps à justifier la pire réaction) M. Victor Larock, rappela ôpportunément le spectacle qu'avait donné M. Tshombe (3) :

" Troisième question : la sécession du Katanga. " Quand la nouvelle a été annoncée, mardi matin, plusieurs d'entre nolrs ont dû se souvenir de l'attitude à la Table Ronde, de I'honorable M. Tshombe, chef de la Conakat, qui ne prenait guère la parole sans avoir reçu I'avis de son conseiller belge siégeànt derrière lui : ceite attitude avait même provoqué des incidents. r Personne ne peut douter que depuis lors, et au moment où nous parlons, les plus puissantl moyens n'aient été et (2) Voir G.H. Dumont. op. cit., p. 102, et Librc Bclgique " (3) Le . Peuple du 15 juillet 1960. ' 304

' du

12 février 1960.

à Bruxelles comme à Elisabethville, pour faire avaliser la sécession par le gouvernement .clge. " rrc soient mis en æuvre,

f;

l,a déclaration d'Indépendance formulée par M. Tshombe Bosco, au collège St-François de nouvelle Pentecôte faire ',,rllr, n'allait pas, faut-il le dire -, sur sa tête l'Esprit-Saint. 'lerccndre 'fout au long des premiers mois de son Katanga indépen,l'rrrt, M. Tshombe fut flanqué de ses conseillers belges, dont *,rt,rins furent, aux dires mêmes de ses meilleurs amis, excessi-

lrr nricro des R.P. de Dom

\'.!nrcnt voyants,

ll est pratiquement impossible de trouver une seule photo rlr,M, Tshombe, à cette époque, où ne se voie pas, à ses èôtés, rtt rlcvant lui ou derrière lui, son ange gardien belge, le gros gÉ,rrrt moustachu qui avait nom 'Weber et qui avait été pàrar lrtrt{. pour I'inspirer et le < coordonner n. Voilà la forme que prcnrrent aujourd'hui les " langues de feu " de notre vieille Irtllorrc sarnte... *i liallait-il s'étonner dès lors de la description que donnait rle M. Tshombe, dans les premiers temps de son- règne, un ;lrrrrrirliste américain (4) : " Il est souvent évasif dans ses déclarations et il lui arrive rlc se contredire. Mais, en ce qui concerne ce dernier point, lrt faute serait surtout imputable à ses conseillers qui I'utiliscnt souyent comme porte-parole. " Il lit les communiqués de la journée comme

s'il ne les irvait jamais vus, auparavant, hésitant sur certâins mots ct déformant le sens des phrases. " Iin fait le communiqué est rédigé par un de ses collaborîtcurs belges au gouvernement. > Un autre journaliste qui se trouvait à Elisabethville penrl,rrrt lcs premiers temps de l'" Indépendance > katangaise a eu 1,, rrrôrrrc sentiment (5) : " M. Tshombe est le seul dirigeant africain à s'identifier si étroitement avec I'ancienne puissance coloniale et même

)

dcmander

scrnaines,

j'ai

le maintien de ses troupes. Pendant cinq observé M. Tshombe presque quotidienne-

tt)l-Â*"i"r",1 Press, dans 16 . Peuple r du 26 juillet (t) ll(,ris Kidcl dans l'. Express r du 18 août 1960.

1960.

305


ment à ses conférences de Presse. Il était Presque gêna.nç de l'entendre lire les déclaiations grandiloquentes que lui avaient préparées ses conseillers européens, en fféb.uchant sur les -oti,rtt peu difficiles. Il semblait être une illustration parfaite de-la "marionnette coloniale". , -i'Weber n'était pas L'on sait d'ailleurs que le commandant le seul conseiller de M. Moise Tshombe. Il y en avait d'autres, par exemple les :

l'orbite du Président katangais (6) " et qui furent expulsés par I'O.NU, lors de la Conférence de Coquilhatville. Il v avait surtout le mvstérieux M. Georges Thyssens dont le chanire de I'indépendancË katangaise (7), M. Pierre Davister, a narrê jadis l'influence et les mérites (8) : .. Di fait, il y a des Belges qui ont bien mérité du Katanga.

'ami des bons et des mauvais " ïËf i.orges Thyssens,l éminence grise qui comPte TsËombe,'authéntique de iours 'autant d'amis que d'ennemis, ruine se santé po-ur servir la cause katangâise qui lui a rapporti jusqu'ici beaucoup d'ennuis et peù d'arfent. On prétend cependant G-eorges Thyssens fo?t intéreisé, ., arringeuï > sur les bords. En réalité, il s'agit d'un idéaliste convaincu... ... il se lança tête baissée dans la poli-tlqu-e -et devint 'l'homme-orchlstre de la Conakat. Aujourd'hui, il y a évidemment autour de Tshombe beaucoup de personnes qui prétendent à ce rôle d'homme orchestre. Beaucoup trop ! b"otg.t Thyssens n'a cependant rien perdu- de sorr influËnce. Il'reste le confident de Tshombè. A la grande rage de certains, il n'est pas encore en disgrâce ! " Ces queiques lignes donnent une idée du .n grenouillage.n

de conseillirs datts le marais katangais. La semaine suivante (9), (6) Davister et Toussaint. . Croisettes et Casques Bleus ', p. 67. izi Il revenu Dar la suite dc cet enthoustasme, depuis que la clientèle du "st entend "sautet' tout le Congo er plus seulement le Katanga ct.quc .Pourq'uôi -i;Ë;;it Pas' ," -ontt" un peu rétif à cette op7ration. Par la suite, on le sait' .Pierrr M. Davister redeviendra le chantre de Moïse Tshombe, il créera même un nouvel hebdo. mad:ire voué à sa gloire. (8) . Pourquoi Pâ3 ' du 2 septembre 1960. (9) . Pourquoi Pas du 9 septembre 1960'

'

306

le I'arrle l)avistcr allait consacrer un nouveau chant à hË1ilr, ( rfllnlclr Thyssens

son

:

" Â lilliabcthville, ce ne sont pas les "éminences grises" rlur nrrrnqucnt. On en trouye à tous les coins de rue, dans tirrrtrl lei coulisses et il saute aux yeux que le gouYernefilFlrt hirtirngais en fait une consommation Peu commune. ll r,rt vrni qu'elles servent peu et qu'on en prend souvent rler rrouvcllcs, ce qui ne signifie pas pour autant des plus Il rlltrrt

I

I lrr'reririt rnêrne tenté de dire que Ia nouvelle vague est de rrlrrrrlrc qualité que I'ancienne, déjà elle-même d'un carat rle trrd,tli.rc're valeur, comparativement à celle qui constitue h , urrr;rrrt lc plus tenace et peut-être le plus pur : le courant (

;colgrr 'l'hyssens.

. 'l'rlr Lrgiqucment, ce courant-là devait être dépassé. C'est el clfct Ic iourant des "colons" (U.C.O.L.) c'est-à-dire le

nolrlu tlc ceux qui clament " Katanga belge " que d'autres lrterrt .tillcurs "Algérie française". r Siurs Ocorges Thyssens dont nous avons déjà parlé rlnrrr rrrr précédent article - c€ mouvement d'ultras serait rlrrrrr rll'jà submergé car il-,appartient à un milieu qui n'a pru t f rrr)ncé à tirer les ficelles et, partant, est vraisemblahl,'r'rcnr voué à une réadaptation difficile. . ltl,tis il y a Georges Tbyssens dont iI n'est pas exagéré ,le ,lirc que la "Conaleat" et Tshornbe lui doiaent absolu,r,enl lout, , (i'rrt lni qai porta Ie parti sur les fonds baptismaux et lr lin,rnça pai I'intermédi.aire de fU.C.OL dans sej tttt,,,tt'nts dift'iciles. C'est lai. qui saava Tshombe lorsque trlni ri se rêvéIa un cornïterçant peu habile, acculé à la laillitt c't rnenacé de dérnêlés grdaes aaec la Justice si tt'tt,tirts chèques mis en circulation n'êtaient pas rd.pide,ni',t

(

l c!

miraculeusernent appropisionnés (1'0).

'r.rt lui qui, dans la nuit de Noël 1.959, faillit provoquer lr lorrp dtEtat visant à l'indépendance du Katanga dans le r'.rtlrc d'une union avec la Belgique et sous I'autorité du roi llrrudouin qui se trouvait précisément cette nuit-là à

l,lirabcthville (11). tllt N',rrr nv,rns là I'explication de la soumission de M. Tshombe aur milteur hrlrrr ,l lr'v'llr. llr I'avaient muvé de la faillite et de la prison. Ils le . tenarent '. I lirtr ,r'r 1,1,rrr(rl{ classique à l'époque, Il n'avait pas réussi avec Patrice Lumumba. Il i'rI lr, ]lltrirr avcc Tshombe et Nendaka. llll (l'crr ,\ ccttc rcntative de coup d'Etat que M. Davister avrit fait écho dans rrr rrrtrle rlrr . Itourquoi Pas' du 2 janiier 1960' déjà cité. 307


,

C'est lai qui encore mcna de rnains de maître ,le -blrf t' fantastique qui devait aboutir à un raiusterner,tt de J'opti'que de PO.N.U. (12) et c'est lui enfin qui incita Tshombc â mettre fin à la légende d'un Katanga égoïste en rectifiant habilement le iir et en prônant l'idée de la création d'une Confédération d'Etats èongolais pour la réalisation de laquelle le pays du cuivre ne répugnerait pas à faire le plui grand effort, à mettre la main au gousset. Moïse Tshombl n'est pds un ingrat. Il se séparera difficilement

de Georges Thyssens qu'il aime voir à ses côtés et dans son ombre,

,

S'il était encore nécessaire de convaincre le monde que la politique de M. Tshombe n'a rien d'africain ct qu'elle \ui a étI, âepuii avant la sécession, entièrement inspirée, soufflée, dictée pa? ses conseillers belges, le dithyrambe de M. Davister en l'honneui de M. Georges Thyssens en constituerait une Preuve fremptoire.

(12) Nous yerrons en quor conristerl ce

tion de le gendumerie ' 308

ketengeise.

bluff eu chepitre

consacré

à la . fomr-

LA SÉCESS|ON N'ÉTAIT PAS VOULUE PAR LE PEUPLE KATANGAIS


tl ,r f.rllu, on le sait, que le gouverneur de la province,-le virn gurrverncur général Schtiller éxerce une pression extraordirralrcirrr,rtt cfficaCe sur le gouvernement et le Parlement lelges lrru rtue ccux-ci modifieni unilatéralement, en 24 heures, la loi f,rtt,l,rirrcnt,rle et < sortent " la loi que nous avons appelée " la Ini rur nlesure , de la Conakat. Lr lui fondamentale, si elle atait étê resPectée, exigeant prrrr l,r rrrisc en place des institutions provinciales la majorité ll:r ,1,'rr* ticrs, èt la Conakat étant ^dans I'impossibiliié de réurttr rrne tclle majorité (1), elle eut été obligée de composer Frt'Fr rolr ;tdvcrsaire'et de lui abandonner un nombre important riç trrirrirtt\rcs. ('1, gr;rrtage eut rendu impossible la sécession. Lr " kri ru. mesure u n'exlgeant plus que la majorité simple,

l* I ur,rhrrt, qui avait déjà initallé un bureau homogène à la

rlc l'Âssemblée, allait faire élire par 37 voix sur 69 un ncnrcnt homogène lui aussi. Ërlrlr,r ' rÊre

r

N(,uverneur Schôller, pour décider le ministre belge du cxigcr, tambour battànt, du Parlement le vote de cette lll " rrrr "t.sù.c r,, avait attiré son attention sur la menace faite katangais de faire appel à la Rhodésie: 1,rr ' lr.rI rlirigcrrnts " )itci seulement au ministre, s'était écrié M. Kilrwe, que ri l.r réponse n'est pas donnée dans les 48 heures, nous r.rrtrcrons en contact officiellement et non en cachette avec l,r l(lrodésie et I'O.NU. "

I

I

rrqlpr.',

I

provinciaul dont 5 Conakat et 'l Balubakat' En r I t t )nîlir coopté 9 déoutés -Conakàt disposait de 31 voix sur 69. Elle perviendrait rl,trrlrr !l M.N.C. Krlonii, le rlrrr r*r,l l,ltlhruchcr ouelques membres de li Balubeket, mais ne dépessereit jrmeis ler ir ,r"r rlrr'rlle rtrunit pour-l'investiture de son gouvernement homogènc. 311


M. Schôller usera du même procédé au moment où il faudra décider le ministre de la Défense Nationale de Belgique à intervenir militairement à Elisabethville. Dans ses coups de téléphone all cours de la nuit du 9 au 10 juillet, il agitera devant le ministre la menace d'une intervention rhodésienne. C'est ainsi donc qu'en violation de la loi fondamentale et au mépris de toute légalité (2) la Belgique avait permis la mise en place d'un gouvernenent provincial homogène et acquis à la volonté de séparatisme des blancs du Katanga, alors que ce gouvernement ne représentait nullement la majorité des habitants de la province. Ce n'est que par une assembiée de 29 rnembres présents sur 69 que l'indépendance du Katanga proclamée par M. Tshombe sera approuvée. Et encore est-il certain que parmi ces 29 présents, il y eut au moins un opposant, puisque M. Mwamba Ilunga Prosper au nom du Cartel Baltrbakat protesta contre la procédure adoptée par M. Tshombe. Il n'y eut donc même pas une moitié des députés provinciaux pour approuver la sécession de la province du Katanga. Cette assemblée-croupion s'était tenue d'ailleurs dans des conditions extraordinaires décrites par l'Agence France Presse (3) : " Le bâtiment était gardé par des gendarmes et ,tn of f icier blanc, rnitraillette en mein, se tend;t datzs la salle des séances.

l,'il ireçatû était assis sous un portrait d,u roi Baud,owin bien que le Katanga soit officiellement une république. u On comprend dès lors la violence des protestations du porte-parole du Cartel Balubakat M. Prosper Mwamba (4) : " Le parti du Cartel a été étonné d'apprendre que le Katanga avait été dêclaré indépendant au cours d'une séance de l'Assemblée à laquelle n'assistaient que les membres du parti de M. Tshombe, gouvernement que nous qualifions de fantoche. " Ce qui n'empêchera pas la presse belge de proclamer que la sécession a êté approuvée à I'unanimitê (5). Plus tard, la " Constitution > katangaise sera votée par v. plus haut le chapitre " L'étape décisive vers la de la Conakat ,. (3) Voir le . Peuple, du 29 juillet 1960.

(2) mesure

(4) eo. loc. (5) Essor du Congo "

312

,

du 3 aott

1960.

sécession

: la loi

sur

li vrrrr r't .1 ,rbstcntions. Il n'y avait donc pour un acte de cette itirgrortrrrrr'e - ct pour lequel la loi fondamentale exigeait la -- que 38 députés présents sur 69.On voit ainsi été lcs conséquences extrêmement tragiques du mau-

maiorit/'rlcs2/3 6ucller

'rrtpcrpétré par le Parlement belge sur les injonctions r,rrrp d: N{ , lc vicc-1;ouverncur général Schôller.

itl

l),r'érrrrvrnt, c'est avec urTJ ,r.rrruirre de voix sur 69 que lp lrruv*r",,tncnt de M. Tshombe réalisera les différentes phases dt ln r,le"*rion, suivant un processus mis au point par ses Ë€ttteilh,r's lrclges. C'est ainsi que l'institution d'une Banque NÉlhrrr,rlc l(rtangaise sera votée par 3i voix sur 42 présents.  l'Asscrnblée Provinciale, Ie porte-parole de i'opposition Filtvltt en('orc élever la voix, au mois de juillet. M. Prosper l{wnnrl'.' s'étrrit écrié que les membres du golrvernement 'fih,trr,l'" r'tlrtlislient la séparation : r,,, l);rr tous les moJ'ens nris à leur Cisposition par leurs ,uutr t'olonialistes.

" i'.r,,,,r'tÀcherons également par tous les moyens nlis à notlt' tlisposition, de protéger le Katanga contre toutes les lrrr'n,rccs clu colonialisme et lutterons énergiquement iusrlrr',rrr .'lt'rnier (6). ' gouvernement : ll r'ir,rit c(tonné qu'un , ,., .'orrrPosé uniquement d'un seul parti et que nous pouvrrrrr ,ltrrtlifier de gouvernement fantoche, persiste à pro, l,trr'.'r lc l(etanga indépendant. ''rtr,,,,*'iurestons énergiquement contre toute déclaration rlrr g,rrrvcrnement pour proclamer le Katanga indépentlrlltl, n ll ,rv,rit rl'clarné la cessation des arrestations, la libération CFr ttrr,t',lr'.''r tlr.r Cartel incarcérés et proclamé courageusement : - l,r, Houvcrnement du Katanga doit remettre le drapeau rltr ( orrlio, composé de six étoiles jaunes qui entourent la pltrt Hr;rrtcle du centre à sa place dans tous les territoires rlo rrotrc province. Nous ne connaitrons, n'accep[erons et rrc l,risst,rons jarnais sur rlotre sol katangais, flotter un ,lutr'('(lrnpcau que celui précité. " Ârr rrrois cl'aott, lorsque le même porte-parole de I'oppotllhrtt ,rt'r'orrrpagné de quatre courageux députés du Cartel, denrsnrl,r lu plrole et entama la lecture d'une déclaration accarôl r l'rror rlu

Oongo

'

du 28 juiller

1960.

313


blante pour M. Tshombe, et son gouvernement à la solde de l'étraneèr. la parole lui fut retirée brutalement (7) : ({i).agita la son"i,t.'tvt.riaka (président de I'Assemblée) nette et le pria-de se taire, estimant que le Cartel revient toujours aiec les mêmes sujets n'ayant rien à voir avec l'ordre du jour.

rrr'ésitlent de la Balubakat a demandé une intervention it,. I'O.N.U. dans la province pour arrêter I'action des rr{ecssionnistes. Il a déôlaré par âilleu.s que la population était dani sa gralde majorité- pour le rle cctte province -de la province au sein de la République du rrririrrtien

" it'ori" M. Mwamba de sortir. pensée, M. Mutaka " Ceiui-ci hésitant et voulant préciser sa voulut appliquer le règlemeit d'ordre^intérieur et faire intervenir la police. ' M. Mwambà accepta alors de sortir Pendant que le

M, lù(/cregemere, intervenant dans le même sens,- a démonI rt{ toutei les manigances des colons de toutes les régions lirt clu Congo qui,-selon lui, ont lancé un ballon d'essai ,rtr ltrrtangaf Aû cas où la tentative katangaise. réussit, ,r t-it dit, ôn ter.a s'élever d'autres mouvements sécessionrristes dans le Kivu et dans le Maniema (11). ' lit quclques jours plus tard, le. vice-président du Sénat ,,,rrg,,l.ris, un'Katangais appartenant à la Balubakat, dénonçait lcr ii',lt.,nsables de Ia séceision et faisait notamment allusion *u rôlc tlc ce M. Schôller, qLre nous avons déjà évoqué à r,llrir,rrrs rcorises (12) : ' " M. làac t(âlonji déclara que le grand mal dans I'affaire ,lc lr sécession de cette province venait non seulement de l,t prtsence des troapes belges et de la pression e.xercée par lrtir commandement sur M. Tsbornbe, mais aussi et surtout .lc. I'influence agissante de M. Scbôller, ex-vi.ce gouv)e-rneur paradixalement encore /â, ainsi que de celles de lytttlral, 11,1,,.,1q,i", hautes personnalités" dont on crovait qu'elles ,rv,ricnt regagné lJ Belgique alors qu'elles se trouvaient à I i I i srbethville. " M. Kalonji parla aussi des colons qui répandent I'argent rt soudoient lâssemblée provinciale. " I ln sérrateur Balubakat, M. Jacques Masangu acceptera de r,rllrr,r la Conakat. Mais il constatera tout de suite que son p,,rr1'h. rrc lui pardonne pâs sa trahison : " .f 'npprends ayec consternation, dira-t-il (13), que la plurt,irt d-e mes comDatriotes me traitent de "vendu". , it,,r'r lui érriter de sentir peser jotrrnellement sur lui le nrdl,rir tlc ses compatriotes, M. Tshombe fera de lui le " Minisrrl rrlrirlcrrt " du Katanga à Bruxelles.

Président de I'Assemblée faisait remarquer vivement qu'il était excédé des procédés employés pat la minorité et qu'il aeirait avec sévérité. oî{. M*a*ba, avant de quitter la salle voulut remettre sa déclaration

à la presse mais M. Mutaka le lui interdit

vigoureusement, mettaçant alors les jourlalistes qui ne lui soumettrarent pas leurl textes au suiet de cette séance de

leur interdire la salle à I'avenir. " L'opposition était désormais muselée (9). Nombreux furent ,., ,.p.éi"rrtants qui furent jetés en priàon, battus, to-rturés, tués. bertains demeurèrent pândant diux ans privés de leur liberté. Mais un bilan complet ne pourra être établi que lorsque le Katanga ayaffi fait vraiment relour au sein de l'ttat-co-ngolais, les risponsables de la sécession devront répondre de leurs

crlmes'

f*

Au Parlement congolais, on était, en tout cas, extrêmement conscient du danger de-la situation et de I'urgence qu'il y avait à y mettre fin. Au Sénat, le 19 juillet (10) : * La crise katangaise a été évoquée par M. Sendwe. Le (7) " Essor du Congo " du 9 aott 1960' Il y avait en séeocc atant le départ des cinq reiiésentants du Cariel, 42 députés ! (8) Le même M. Mutaka oui avait iadis été écrasé par le futur général Lundule aox éleàtions Dour une mairie de ladotville. On se rrppelle que M, Lundula avait_ obtcnu l4 voix sur 17 ct que M. Mutake, candidat Conakat, n'evait pas rccueilli une seulc voil' Voilà qucllc était Ia popularité dcs futurg grends hommer de lr récession. (g) La prcssc bclSe n'evrit à cette époque, qu'éloges pour les autorités La-tangaiscs oii'lttL dé*o."it it." hargne Ie gou"irnemcni de fu. Lumumba parce qu'il voulait "t"tt à la pres6e de Léopolilville ii'appuyer la sécession hetangeise' .D.nr n'imPortc défendie ouel otvs démocratioue, on aurait considéré comme un .cte de hlutc trehison de proncf È,éÉ"riion d'unc piovince occupée par une arméc é*angère. Et I'on aureit censuré ll pressc prônant une teile trahtson. (10)

3t4

. Courrier d'Afrique ' du

20

iuillet

1960

( lorrgo.

,,,,,il-" r'u oue tclle était l'idéc de certains milieux très hauts placés et fort ,rrll,rrrrllr llclgique ct que M. Tshombe jouait lo ieu' On sait- aussi quc M' Kalonii l,rr rr .l,c,rion âu Sud 'Kasai cn fondant sr ( république minière et en s'installant ,lri, lo. l,rcnur dc la Forminière. Au Kivu, la sécession' voulue par' 1cs milieux blencr l't lvttlo rrr lc Ccrea et particulièrement çrâcc à l'énergie de M' Kashamura C'cst cc .1,,' l',r rrirr rloutc dc M. i(ashamu.a une dis noilcs' dc la prcsse bclge. "bêtes (lr) s{rncc du Sénat congolais du 25 juillet 1960. . tttl licho du Katanga r du 21 iuillet 1960. 315


_ - fgu, le monde pur consrarer ceæe opposition Balubakat, partisans de I'unité

radicale des du pays, c6tie absence de soutien qopirl-aire .à. uqe sécession r:niquerneni youlue par les blancs, et dans i'intérêt des blancs à [a fois pour consèr.,rer aux colons, leur situation privilégiée -cr iruX g.oss.s sociétés, leurs plantureux bénéfices. Cette sécession n'eut,-au début, à son sernïce, qir'une poignée de noirs traltres mainrenue au pouvoir par ia'force

,lnr', ., MM, Ivlunongo, Kibwe et Kimba, instaura un véritable *:glrrr, 1tr'/'sidcntiel et s'il fut encore question de I'Assemblée l'r'rvrrr'i.rlc', cc fut uniquement lorsqu'il s'agissait pour M. l.lirrrrrlrc rlc renier la parole qu'il avàit donnée aux-gens de | ,rrrlrrrlrlvillc (17) et qu'il entendait couvrir ses dérobades par ,r,r,' rly'r'ision dc son Assemblée-croupion. Nl,ris I'on se garda bien de publier à cette occasion et le l,,rrl'r.' tlcs cléputés provinciaux présents et le nombre des i,rt,lrl,i, l.'orr nous a dit et c'est extrêmement vraisemblable r;u'r.rr ccrtaines occasions, il y eut rnoins de 20 membres llrirr'rrtr srrr les 69 que comprenait I'Assemblée.

armée belge. h{ais comme il fallait faire illusion, on eur recours à la technique du faux. Le ministre de l'Intérieur, M. Munonso er le

commandant 'Weber, conseiller militaire de M. Tshoinbe et homme à tout faire de la sécession, tiennent une conférence de presse (1a). : n Tous deux insistèrent d'abord sur le fait aue le solivernement du Katanga est un gouvernement d'union natiorrale et non plus le_gouvernement d'un seul parti, étant donné que. sept membres d,u Cartel katangais en faisaient désormats partte.

n Un journaliste ayant demandé les noms de ces minisrres, le major Weber a répondu que ces nonjs serant annoncés au cours d.'wne cont'érence de presse, durant le weekend (ts). " Inutile de dire q-ue cete conférence de presse ne fut jamais tenue et qu'on ne fit jamais connaltre leJ norns de ces sept ministres Balubakat pour l'exccllente raison eu'il n'.7 eut iam;is aucun;ccord entre lcs traftrcs de la Conakat ct ceux.rui. à l'exception du transfuge Masangu, demeurèrenr fidèles à liunité

u

Congo.

Ceia n'empêcha pas ia presse belge de diffuser abonclamment ce mensonge et M. Joseph Pholien cet ami des prerniè- faire tout un plat. res heures du séparatisme katàngafu d'en -, l'appui de son triô de Par la suite, M. Tshombe, avec (1a) La Cité du 25 juillet 1960. " ' . _ (15) Le ministre belge de la Défense Nationale démentit oue le maior \feber ait prrs la parcle au .cours de cette conférence dc presse à laquelle il auriit assisté cn .1émorn r (presse du 26-7-1960), C'était un nouveau mensonge. Le rédacteur de l,n Essor du Congo , à Elisabethville avait ar et cntend4 l'imposan-r major. De sa relarion, il iesàit o""'i'"*''bi""-"i"iiit le major 'Weber qui a parlé. On comprend la sêne d,un-ministre belee oui continôait à p_rételdre que les rroup-es belges n'intcrvenaienr que pour protéger-les'vies humaincs. Voici ce qu'on lit dans l'"Essor du Congo, du 25-iuilîet tgeO: . Le major Weber, appaft par M. Munongo, décJare aussi ou'il serair bon d'insister, nais qu'on ne I'a pas fait suffisamnènt. sur le fait que le gouvernement du Karanga cst un gouvernemenr d'union narionàle et ou,il n,est plus le gouvernenement d'uq seul parti étanr donné qu'il y a sepr 'ministrer du Carrei dans le minislère, Comme on lui demandait les noms, de ces ministres. M. Munonso répondit qu'une conférence de presse aurrit licu à ce sujet, avec'M. Tshombe.', (16) . Libre Belgique * du 16 juillet 1960.

316

',fr.

(

'('st cc gouvernement. qui

j'app.yya-nt sllr une majorité - dont il n'est pas sûr qu'elle .trnu nrncc, aussi contestable et 5'r,ri rn.rintcnue va réaliser complètement la séparation du - du Congo. li,rt,rrrl',.r tlu rcstant I cs tléFenseurs belges de M. Tshombe (notamment le Pré.trllrrt rlrr Sénat M. Stiuye) prétendront plus tard que le bon 'l'rlrorrrbc n'a jamais voulu une véritable sécession, qu'il a ^l rlrrrph,rrrt,nt entendu mettre sa province à l'écart du châos olt ét,ricrt plongées les autres régiôns, mais qu'il entendait maintrtrir l'rrrrion avec le reste du pays. lir M. Tshombe, luimême, aura le front de déclarer un

ilrrr (lfl) : - l,,r sécession katangaise n'existe pas, n'existera pas et ne

tcr',r jrrrnais qn'une fable. " ( l'r{tnit là, évidemmenr, aussi bien dans la bouche du leader h,it,tn;i,ris rlue dans celle de ses avocats belges, un mensonge de 1il ilI,r;",11111g.

'lirrrtc l'attitude non équivoque de M. Tshombe er de son l'unité nationale. A I'hcure même où il proclamait I'indépendance du It,rr,rrr1,,,r, M. Tshombe déclarait^expressément (19) : ,, ( lcrtc indépendance est totalê. Cependanù conscients de la rrl.r,ssité impérieuse d'une collaboiation économique avec l,r llclgique, le Gouvernement du Katanga, auqugi la Bellli(luc, pour protéger des vies humaines, vient-d'accorder l',r'ristirrrce de ses propres troupes, demande à la Belgiqwe gnuvr.r'n('rncnt était exclusive du maintien de

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l N,,i,r,r"nt

après quc

rrr lcrrdcmain des

M. Mobutu l'eut fait libérer de qu'il prit à Kitona.

son incarcération er

cngagements

rlll). l.( l)rogrès' reproduit pat la " Libre Belgique, du 15 novembre (l!) . Oon;o 1960', tome II, p.719, CRISP.

1963.

317


de s'unir aaec le Katanga en une étroite corwnunauté

Vir.ille tcrrc ancestrale )rr cicl aux profondeurs 'l'tt t'cvis, opulente, à I'appel du bonheur. llelruin : lr,rrl'rrnts du Katanga (bis) l)dferrdcz-le jusqu'à la mort l(arrtlcz.-le fier. Rendez-le fort. Avcc vos bras et votre sang. A vc,,' vos dents.

économique., Cette déclaration est claire : le Katanga se sépare du restant du Congo. Cette déclaration est d'autre part < signée " puisque cefte séparation n'est accomplie que pour permettre aussitôt une union intime avec la Belgique. Au surplus, pour priver les défenseurs belges de M, Tshombe du bénéfice de la bonne foi, il doit suffire de rappeler que le lundi t8 juillet t960,le drapeau katangais aux . croisêttes jaunes sur fond vert >>, fut hissé, pour la première fois, par le ministre de l'Intérieur Munongo en présence de M. Tshombe, au camp militaire Massart et au camp de police, après que, précise la presse.locale (20) : -<< ... sans cérémonie, le drapeau de la République du Congo ait été'enlevé du mat. u Le 25 juillet, M. Tshombe fera une < communication solennelle (21) : " " L'Indépendance du Katanga est irrépersi&/e. Libres nous sommes et libres nous resterons. L'Etat du Katanga que mes ministres et moi avons créé, que nous avons doté d'un drapeau, auquel nous sommes en train de donner une orgànisation définitive d'Etat souverain, dont notts constituons I'armée et la police propres, à l'aide d'éléments recrutés chez nous, I'Etat du Katanga est un fait. Rien ne prévaudra contre ce fait. Cette indépendance et cette souveraineté totale que nous ayons données à notre pays, nous les maintiendrons, au prix de notre vie, s'il le faut. " C'est une loi du 28-7-60 qui instituera le " Drapeau de la République du Katanga u, u interdisant de hisser tout autre emblème sur les bâtiments publics ". L'exposé des motifs de la loi rappelle que : " Tout état indépendant se doit de posséder son emblème national. L'Etat indépendant du Katanga sera rapidement doté d'un .. hymne nationàl katangais u, dont la musique est due au ministre de l'Education Nationale, M. Kiwele, ancien sacristain-organiste, et auteur, on le sait, d'une .. missa katanga, t <<I. _ Allons, Allons, marchons, Katangais valeureux Le soleil est levé sur le sol des aïeux. (20) " Essor du Congo (21) Essor du Congo "

318

" r

du 19 juillct du 26 juillet

I

il,

Âlhrrrs, allons, marchons Katangais valeureux;

t,'t'lrrrcmi destructeur, tel un lion furieux Itôrlc sur nos frontières Votrc valeur guerrière Mrtinticnne hois du pays la fatale oppression. 1il, Alhtns, allons, marchons, Katangais valeureux. Not rc bannière au vent symbole pour tous ceux

(.lrrc scs riches croisettes

lr,t r,r vcrte jeunesse !i,r rouge force atrssi soulèvent d'allégresse (23), "

lt,rr'.]l voix (sur 69)

1960.

loi créant la

Banque

gléu'1,, 5 rroût (25) laquelle en son article 1"'proclame: " I,r. Katanga est un Etat indépendant souverain et constitttliottnel. ,t Sigrrrrlons en passant q,u'au lendemain du << vote de la " fixer I rrrrrtirrrtion, I'AsJemblée allait, en sa séance du 8 août, la lirtr eivile de M. Tshombe à la bagatelle de 700.000 francs lt.tl l,tt,i\. l,c 20 décembre 1960, M. Tshombe présente la nouvelle

Illtrrr,ric katangaise : .. .lc viens de signer le statut monétaire de notre Etat, , rilrrrrt ainsi le {ranc katangais. Cet acte est d'une très 1ir',rrrtlc importance pour notre pays, il consacre la politique , l'

1960.

est votée une

Netiurr,rlc clu Katanga (24) au capital social de 100 millions. I Êt crportrttions du-Katanga seront payables désormais à la Harr,grr,i Nrrtionale du Katanga. Et la constitution est promul-

,rrt . i*,r, du Congo ' du 29 juillet 1960. rrll (:. rcxtc a paru à deur reprises dans l'"Essor du Congor

des 23 septembre

,ldrrrrrlrre 1960.

tl'l) " lirsor du Congo" du 3 août trt) . li!$()r du Congo r du 6 août

1960. 1960.

31S


financière et éconornique poursuivie dès moi-même et mon gouvernemen[.

le 11 juillet par

ilc l)cut pîrticiper à aucune conférence réunissant de simpler politiciens et en aucune façon rediscuter sa propre Ël

; iÂr .i't;r, comparriores,

..,,oLrs

notie Indépendance er de notre force. A la date fixée par notre Baique Nationale, le franc congolais n'aura plùs cours rut ttôt.e territoirei à partir de cette date, vous n'accepterez plus les francs congolais pour vos opérations comriercialei; .rotre salaire sera payê en francs katangais et le Katan sa aurà pris la place qui lui est due parmi les pays africeins inâépendants.

u

du 29-10-60 (26) fixe au 11 juiller anniversaire de I'Indépendance du Katanga la fête natio-nale et au 27 septembrè, la " fête des folces- de I'ordre du Katanga ". Le 2Tseptembre 1960, en effet, il y a eu, all camp l\4assart, une prise d'armes à l'occasion d'un reionr du fronï ,, Nord" ïatangais des " gendarmes > et des mercenaires qui, au moyen de leui a.tnemenl ultra-moderne ont exterminé d" no-btÉn* membres des Jeunesses Balubakat, armés d'arcs et de flèches. Et le Président Tshombe s'est écrié (27) t * Nous combattrons jusqu'à ce que notre indépendance soit reconnue par le monde entiei. > Point n'est besoin d'insister. La création d'une armée distincte, d'une monnaie nationale, d'un ministère de la Défense Nationale,-d'un ministère des Affaires Etrangères, d,une représentation diplomatique à l'étrangcr, etc... toùt cela impliquait. sans. aucun doute possible, la volônté de réaliser, au mâ*iàum, le vieux rêve des blancs qui avaient porté la Conahat sur lei fonts baptismaux. Kimba, 1e " mini5gre des Affaires Etrangères de "subordon'n -14. M. Tshombe, ne faisait qu'illustrer certe volonté en nant, âu cours d'une conférence de presse donnée à New york (28).toute participation katangaise à des négociations avec les représentants d-u gouvernemeni de la République du Congo à la réalisation des londitions suivantes : .1) Le Katanga est un Etat sowverain et par conséquent ,- *,(ù),. ryI. rsnomDe rerâ cet aveu lngénu : . Grâce aux circonstances, lors

Katanga.

t

la

bienvenne dans

que

dcs tragiques événements de juillet, le Katanga e su profiter du moment pour imposer sJ voloqté et proclamei ,on inaépÀd"nË". ,

l'Etat libre

du

M. Kimba, " ministre des Affaircs Etrangères avait lixê Itt rlrrtrine du gouvernemenr de M. Tshombé çZl1", " Nous lutterons jusqu'au-bout pour conserver I'indépenrlitnce et la souveraineté de notre pays. Le goun"rtretirettt er'ntral, a-t-il ajouté, s'il veut collaborer avéc nous devra rcconnaltre notre indépendance totale. Enfin, a conclu M. Kimba, notre collabbration avec le reste du Congo se fcra alors sur un plan économique. > z

.

Ces prétentions, si clairement définies, dès septembre 1960, le y,otrvcrnement katangais n'y avait pas renoncéin 1962. Soui I'rrrrprrlsion de ses conseillers blancs belgcs surrout s'il était rlirlxrsé à conclure avec le restant du Congo, des accords finanr icn, n'était pas prêt à abandonner cerre indépendance et rln(' sor,rveraineté grâce auxquelles les milieux d'alfaires occi-

il

-

rllrrt,ttrx avaicnt pu faire échapper en

-

juillet 1960 le Katanga

du gouvernement nationaliste de Patrice LumumËa '\ l'r'rnprise rl rrrr lesquelles il voulaient pouvoir compter au cas où un

uouve'lu goqvernemelt congolais ne présenterait plus à leurs yr,ux issez de garantres. Car le n Katanga u de M. Tshombe et de ses conseillers l,l,rrrcs enrendait rester maître de ses largesses et ne les distribuer r;rr'I ccux qui lui convenaient. [.e ministre de l'Information du Katanga, feu M. Samah,rrge (30) avait exprimé cetre volonté dans un texte rrop peu (2ll) . Essor du Congo du 27 octobrc 1960. ' du 28 seDtembrc (Jt) . Qsg11lç1 d'Afriquc

(26) < Essor du Congo

320

lilrcrté, vous souhaite

224/-7.89

" du 3 novembre 1960. Courrier d'Afrique du 28 septembre 1960. C'est dans le même discours

Katanga ne peut participer qu'à une conférence

rlc (lhcfs d'Etat visani à établir des rclations entre Etats. ..3.) I," reconnâissance de la Souveraineté du Katanga rloit ôtre préalable à tous pourparlers, etc... > . Â chaque débarquement d'avion sur la plaine de la Luila, uu ll.rut-.pîrleur diffusait, à I'adresse des v-oyageurs, le texté rllle v('lcr : . Ici Elisabethville, capitale du Katanga. Le Président 't'slrombe, qui lutte'un.ô ror peuple pour-la victoire de Ia

katang-ais comrye symbole de

Un Arrêté n'

ructurc.

. 2) l,c

àccepterezle nouveau franc

1960.

' (.10) Tué dans dcs circonsrances palticulièrement suspcc!$, eu cours d,unc oertie ,1, , l'.rrre, a-t-on dir officiellement, màis probablement parce qu'il en savait trob *i | .tr.rrrrrr dc Patrice Lumumba er parçe gu'après quelques whiskies, il devenait'trop I'

*

r r,1,..

32L


connu, publié par son journal " Uhaki ', (31), sous le titre < Importante mise au point au Katanga > : " Si effectivement, nous avons bloqué les ressources katangaises, ce n'est pas sans raison. Et c'est la Sainte Bible elle-même qui me donne une réponse sévère, mais combien juste quand Jésus disait (Evangile de St Matthieu) : "Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs. Ils pourraient bien.les_piétiner, puis se retourner contre vous pour vous déchirer." ,, Le gouvernement central est à comparer ici aux chiens et aux Porcs. >

LE DÉSARMEMENT

DE LA FORGE PUBLIQUE

(31) No 37 du 13 novembre 1961.

322


!r'

vérirablc caractère de la sécession trr,atangaise ainsi rrous faut reyenir en arrière. 11, jrrrrr rnême où il lance son pays dans I'aventure sécesltnlrirtr', M. Tshombe indique les dispositions qu'il a prises Itilu ri,rlirt'r l'opération, nomme les gens à qui il confie le plr\,nrr rh' l'lit (1) : ,, I l rrrlior lVeber désigné par lui pour remplir les fonctrnrr., rl'officier coordinateur, chargé de toutes les forces dnrrrtr's ct de toutes les unités de la police du Katanga "pnrrrr,l agir en son nom" (2). " \ottr lc nrajor \(eber, Ie major Muka (3), un Africain n'uvellcrncnt promu, assurera la direction de la force ;,rrlrli,1uc au Katanga. " I r' ,'ornrnandant acttrel, le colonel belge Matterne, dépenrltn .lc lui. " (JrrrL;rrcs jours plus tard, l'autorité belge désignera un tltlr, ullit'ier supérieur à la tête des trollpes belges. " I r' ,'oloncl Lucien Champion, écrit la "Libre Belgir1ur," (4), cor-nmandant la 5" brigade belge, est nommé ,,'lrrrr,rntlânt en chef des troupes belges au Katanga. " ll ,r lc <lroit, ajoute le communiqué officiel, de mobiliser Irlr L,r llclgcs âgés de 20 à 45 ans : " ,,porrr nlaintenir les positions économiques et technirlm,i .u,t Katanga n iêtahlr,

il

,tr ' I tlrrl llclgiquc , du t2 juillet 1960. r|| |. rr.l"r Vcbcr érait le cqmmandant de la Compagnic Libération et se trou ri.r I irrrrtnr rlrluir lc début de juin 1960 (.Libre Belgiquc;, B-7-60). rl) lln l'rppcllrrg aussi Moke par la suite. ,ll rh Itl iuillct 1960. 325


ce qui. est, on. en conviendra, forr éloigné du prétexte officiellement invoqué de la seule prorection dés vies Ëumaines. suis au sfrvice du gouvernemenr du Katanga déclare ... Je -

,

le colonel Chamoion. Et le journal catirolique belge de conclure : " Le colonel Champiôn remplace donc I'homme fort oui. la semaine dernière a saund le Katanga, k .o**arrdàni \ù[eber. Celui-ci resre rourefois au K"atanga, en qualitt d'attaché militaire auprès du Premier Mini"stre. , ' -T-

Ce qui est essentiel, c'est que l'armée belge reste sur place.

tout cas, p_endrnt le tempi qtr'il faudra pour ."-pii, lé iouble objectif nécessité par la consolidation^ de la séàession katangaise, cette sécession si fragile que la seule présence ohvsique du Premier Ministre du Côneo, Patrice Lumumba ei Éu Président de la République M. Kaiavubu aurait pu la réduire el1

en fumée, au cours de ses premiers jours de vie. -_. {ussi, mettant les points sur les * i u, à sa manière de militaire bourru et sûr dô lui : n Le.major 'Weber insista (5), 9n réponse à une qnestion, sur le- faft que les troupes'belges ^resteront ou kotorgà aussi longtetnps que cela-sera nééessaire. Il fut appuvé pir M. Munongo. On parla d'un an er d,un an ï"mi. Si "i explioua les troupes onusiennes doivent venir au Katanga. le major rJfl'eber, il ne faut pas perdre de îue oue' la Belgique .fait -partie des Natiôns ûnies et qu'il suifiraii à ses soldats de peindre leur casque en bleu. o * rk* Aussi longtemps que cela sera nécessaire, c'est*à-dire aussi .longtemp;..qu'il

.faudra: pgu! désarmer les garnisons de la Force Publique demeurées- fidèles au gon-r"rnei.,ent central, et pour consolider une force militaire au iervice de la sécession. .!es para-commandos belges et les autres troupes belges e-xpédiées au Katanga par le ministre Gilson vont tout a'"UJra désorganiser la Force Publique fidèle au gouvernemenr cenrrar. Systématiquemenr, _eprès avoir désarmé" la garnison a;Èiir"bethville, susceprible dc s'opposer au coup d;Et"t -- .o--u (5) "_Essor du Congo {g 25 iuiller 1960. Il s,agit à nouveau de cette confércncr, . ' de pres* dont. tc ministri bclge de la Défense N"iiri"L-alâ i-?;;;; à;ïï; tous les iournalistes otésen,s .nT ,u, .nt"ndu-;; q;;-.i.;i;"i ù"Tii"i:i, l"nT ntri prrole Ie ! ".;4. 326

,'llr, I'rvirit fait à la veille de l'indépendance et avait renré de 1,, l,rire tlrns la nuit du 9 au 10 juillet les militaires belges - dans la province. vlrrl s'rttaquer aux autres garnisons installées Nous envisagerons plus loin la dernière opération destinée à ltlrrrclrcvcr cette æuvre : le désarmement de la garnison de holwczi qui ne s'était jamais mutinée et n'était pas sorrie de rÉr r'drenrcments mais refusait de rallier le régime Tshombe. Les nrilitaires désarmés étaient, dans une première phase, rléterrrrs clirns leurs camps, sous la surveillance dé troupes Selges. I ).rns une seconde phase, les officiers belges les * triaient >. l ,,rnr rpri avaient fait preuve d'un trop grand esprit de résist,rrnr, ;\ lir sécession et à I'intervention militaire belge étaient Itrr'rlt'('rd's pour répondre éventuellement de leurs crimes (6). (it.ux qui se montraient réfractaires au service du gouverrenrclt séparatiste, ou qui, en raison de leur ethnie, apparaisrrulnt pcu sûrs, étaient expulsés du Katanga. I lnc poignée seulement de ces soldats seraient conservés rrt tlilès des renseignements qui nous ont été donnés mais que nous n'avons pu llrllrrr pluricurs de ces soldats, détenus oour leur atritude lovale Tace à l'envahissùr iusau'à la fin-de la sécession. Toute h

Ittrntçr ,,rrr éré fusillés. D'autres ont été détenus

rlrrrJ, ù re rujcr, ne pourra être connue que lorsiuc'MM. Tshombe et Munongo auronr rlr,. l,'rrcr un rôle- dirigcanr dans leui pays qu" I'on pourra vraiment "ouvrir le

',rrrl rler crimes de la sécession. "i dxlhr I'rrr rlit, cn !ou! câs, que le 1or âott 1960, déjà, le procureur belge Vogel réunit llr I',urrdlrrtcx ct lcur annonça que t7 militaires de la F,P. se rrouvaienr en détention l,rlrtrttve rrus une rnculpation d'assassinat et 87 autres militaires étaient détenus et rlu chcf de révolte. A Kolwezi, disait le procureur Yogel (" Essor du Congo ', li,.:li,:,, r... dor cnquêtes sont en cours pour rccbercher les responsables de la murineric ,1u r'crt produire lors de la remise des armes aux Forccs de I'ordre bclges. l)h lc 26 aott 1960, comparaissaient devanr Ie conseil de guerre d'E'ville,' pré,"ll t,{r ll rrrrjor belge De Troyer (. Essor du Congo 27-S-60) ôu Decroyer (. Essor Jr I rrrrxo., 1l-8-60), flanqué d'un assesseur karangais et', du substitut belgc de Falmagne, ll lrrlr tr) rrriliraires accusés dc " porr d'arme illicite ' et . refus d'obéisiance ', peqdant lr rrrrlr rlrr 'l qu l0 .iuillet. A part quatre rcquittements, ces . mutins se virent infliger " ,lrr l,rtrrrr rl'rrn en I trois ans de servitude pénale !...

lrtn novcmbrc 1960- commença devant-le Tribunal de 1r€ Instance d'Elisabethvillc, Ilosseler (grand ducal). du Minisrère public étant occupé par - Ie siège brrhrtrrrrt I'clgc Vcry le procès des "J8 mutins' ("Essor du Corgo, 30-11-60): - porté .... I'rdvcnus d'avoir atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, douze d'enr! rui sonr inculpés d'assassinats et de tentatives d'assassinats, dix autres rl'arrlrr,uiol arbitraire, dc desrructions et de coups et blessures... ' I l prr.tc n'e plus donné de nouvclles de ce proèès après avoir rapporté cet inciJ.rrr rtrrl rn rlit long, à ia fois sur les condirions dans lesquelles il s'esr déroul-è et sur I fr,'r",."r rililrdÊc donr ont fcit preuve ces accusés, dont ptrsonne au monde ne semblc

lrrlrlrll prr M.

l,

r

ltr.

r',rrr lé

r

. llrr lrrrtc-parole des inculpés veut lire alors une lettre au président, celui-ci lui lrrt rcrnlrquer qu'à la demande de l'Etat du Katanga tous les avocats dc la place llt r{tl rlérignés pour assurer leur défense et les invite à remettre cette lettre à lr rllfcnrc. . I e portc-parolc refuse et récusc I'avocat désigné pour sa défense. Tous les autres l,rt{vrn,rr, nprès s'êtrc concertés du regard, suivent son exemple et récusent à leur rrrr trln lcr avocats chargés de leur défense. Il semble qu'un mot d'ordre eit rilrll plrnri les prévenus car quelques-uns qui semblaient hésitants, ont suivi le rrrrrvorlrlr, Prrmi ccs prévenus, figurent certains qui sont

rlr l'lrljurlrnt ntvrrrr

tlt

accusés

de

I'assassinet

la route arrêtés au passage à la tristc nuit du 9 juillet. '

Poncclct, de l'assasinat des usagers de

l'uvcnuc Mgr de Hemptinne durant

327


aux fins de constituer l'embryon de la nouvelle Force Publique

avaient pour mission de forger àu et de la sécession. Les resoonsables belges au Katanga ne faisaient pas mystère de l'opération. Ç'est ainsi qu'à l'issue d'une cônférence de presse de M. Tshombe (7) : " Le colonel_belge Lucien Champion a annoncé que l'armée pdsse,actuellement au crible les mutins (8) congolais déteque les _officiers belges -

service de

M.

Tshombe

nus dans les camps miliraires. "-Sept cent cinquanre d'entre eux ont dë:jà été renvoyés chez eux dans les ail.tr.es pror.tinces d,u Congo. Mille cinq cents autres restent à être interroeés. , Un des chantres belges de la sécJssion, l'ancien magistrat E. Mandiaux (9) a résumé de manière lapidaire tout là processus

:

" M. Moïse Tshombe appelait à son aide les para-commandos de la base de Kamina en vue de maintenir ou rétablir l'ordre. En quelques jours, la mutinerie était réprimée, lcs élérnents pèu strs renvoyés dens letrrs foycri et la réorganisation dè la gendarmerie entreprise. ' l'ordre L'ordre à maintenir ou à rétablir, c'est évidemment belge

:

" L'Institut National Belge de Radiodiffusion (I.N.R.),

annonce q.ue M. Tshombe a fait savoir à llO.N.V. qu'il ne permettrait pâs aux rroupes des Nations Unies de pénétrer en territoire katangais.

Il a

déclaé que les troupes belges étaient les seules le maintien de "l'ordre dans le Katanga (10). " Et il est évident que < cet ordre-là u voulu par I'Union Minière et les colons beiges, seules les rroupes belgËs pouvaienr Ie rétablir et qu'elles devaient faire vite si elles voulaient que tout soit en place pour le moment que l'on pouvait retarder, - I'O.N.U. pénétreraient mais non éviter où les forces de au

"

capables d'assuràr

-

Katanga.

$

(7) Dépêchc (8) " mutins

.

Associated Press dans la . Libre Belgiquc, du 20 juillet 1960, ' pour le Ketanga, lei miliraircs dcmeurés fidèles répétons-le, signifie

', gouYernement central.

328

(9) Dans " Eurafrica uo de seprcmbrc 1961. (10) . Libre Belgique '. , du 15 juillet 1960.

UN HÉROS DE LA SÉGESSION

:

L'ABBÉ PIERRE ADAM


Avant de conrer l'épisode particulièremenr caracréristioue rlrr rl{sirrmement de la gàrnison de Kolwezi, il nous f";; ài; rlur.l(lucs mots .d'un personnage qui,_au cou.s de ,lr, l.r s{.cession katangaise, joua un rôle essendel.

l"* pt"r"

l.:r " _fisss des prêtres diocésains belges au Conso belee et 'rrr ltrranda-Urundi " (1) renseigne Lrn Ada*, pier're (Liè".)" ,rrrrnônier militaire de la Forcà publique Congolaise t Ëli: "' r,rlrr.tlrville. (.lct ecclésiastique devait connaltre son heure d,heroisme . rl,rrrr l,r rruit du 9 au. 10 juillet 1960. C,est lui qui, avec une 1'r'ipirrl,c tl'officiers belges,'entreprit de * d{S2uçt Ë, " t., ho-_ rrr,'r .1. lrr Force Publique du éamp Massarr à rfisabeih"ille. rl'r v,.laicnt s'opposer à l'armemerit des Corps de Volonta-iË Irrrrrpi'ç115 er ?u.x patrouilles de ces volontairès blancs dans la .'rllr'r'r cntendaienr faire échec à la tentative de sécession du Hrilvrrlcrnclt provincial, tentative dont leur quartier générai :rv,nt pcrÇu I'annonce dans la journée du 9. l);rrrs lc numéro du 3 août 1960 de l,o Essor du Coneo ,*rr\ rr(. photo de l'Abbé Adem, béret en tête, chemis. aL;] Irr11111','1 lcs avant-bras nus croisés dans une pose evantageuse Marc Mikolajczak rappelle que'dans r" 'r ,r,r'tiillc' *.,,rrr l0 jrrillet, au Camp Massart, I'aumônièr a pris le,o**ii ""it îo tlrtttrttt tlc la Compagnie de gendarmerie : " l)cnrlant toute la nuit, six heures durant, en rnenaçant, rupplirrrrt, persuadanr, il pervient à garder'r., ho-ÀËr-'"n nr.rrlr llon sans avolr couru certains risques. , ,l l,.r';l'"

Annuairc Catholiquc

,, p.

73g.

331


A I'arrivée des troupes

belges: << ... vers 8 h 30, tous les mutins au nombre de huit cents environ, sont rassemblés en armes sur la plaine du camp.

C'est Pierre Adam, après le commandant Janssens -et le major Crèvecæur, q.ri lenr parle et qgi l-es persuade au mégaphone de rendre leurs armes ct de former les iarsceaux.

>

Il a bien mérité cet éloge : * Le Katanga lui doit une énoçme reconnaissance, car il le sauve d'ùn désastre, avec d'autres certes, mais jouant lui-même un rôle de premier plan. " à la faveur d'arguments tant Comme il avait réussi spirituels que très matériels - à entraîner un petit groupe de militaires Ëongolais à épouser- la cause de leurs officiers blancs' son efficacitéTut te.oniltre et il ftrt utilisé, par la suitc, comme une sorte d'. arme secrète r par les trouPes belges au cours de leurs opérations successives cbntre les garnisons katangaises. Revêtu de la qualité de prêtre catholique et ,se targuant de I'autorité que cetie qualité Îui donnait s.ti le. soldats catholiques cle la F.P., il opérait des ralliements de plurs en plus nonrbreux.

Le moniteur du séparatisme katangais (2) a raconté les exploits de I'aumônier Pierre Adam qui a : . ... désarrné par \a persuasion, quatre-garnisons. t. Il persuade Îa t.o.rp. à Jadotville dont il ramène une .o-p"gài" (la douzième) qui, dés son arrivée à E'ville, formera les faisceaux sLrr son ordre et rendra les armes. C'est lui qui pacifie Shinlçolobwe. Nous verrbns^quel fut son rôle dans I'opération Kolvrezi et comment il échoua. L'abbé Pierre Adam vit très rapidement reconnaltre ses mérites exceptionnels par le Président Tshombe : qui " L'abbé Pierre Adam, aumônier de la Force Publique, se distineua Dar sa conduite lors de la révolte militaire du moisTe litittet à Elisabethville, a été promu au ran-g d'aumônier ân cbef des forces katangaises avec Ie grade de rnajor (3). " Echange de bons procédés, ce très martial ecclésiastique que les foràes militaires-belges utilisaient comlne une insidieuse (2) . Essor du Congo " du 3 août 1960. (3) La . Cité " du 29 novcmbre 1960. 332

,rr',lrt grrrclc ct considéraient un peu comme leur mascotte, ne r,rrirs,rit pas d'éloges sur I'interiention des para-co-.n"rrdo, 1,,'llics.,_.t:cs jeuncs dieux tombés du ciel, à I'aube du dimanche l0 jrrillct, à point nommé pour permettre à M. Tshombe de .'i'rt,sn divine inspiration. Il eiprimait au nom de tous les l,l.rrrt's rl'E'ville sa : ^ " ... rcconnaissance surtout envers les libérateurs. ces ieunes llclges pleins d'une fougue rerenue, d'un alianr 'généreux... (4). u l,c jour de l'arrivée de M. Hammarskiôld à Elisabethville,'rr vit I'aumônier de la Force Publique, én short kaki, courir ,l |lusicurs reprises de la tour d" contiôle au présiden, frrn"-U. l'atterrissage (5). C,est à son intervention sans ;,r'rrr ,lr'rrrc 'égocier quc M. Tshombe dut à'éviter I'crrenr _- qui .ut o., lui

flrrr, l.rrelc ,lrotrtt'.

-- d'interdire au Secréraire général l,aËcès de l^,aéro_

.. ...l)lus rard, l'aumônier Pierre Adam passé de la

Force

l'*lrliquc (qu'il avait si brillamment collaboié à dissoudre) à-ia g'rrrl.rr.rcrie katangaise sera utilisé conrre les Baluba du ÉoràIt,rt,rrrg:r, en révolte conrre la sécession tshombiste. Comme il v ev,rit prrrmi eux, aussi, de nombreux catholiques. le maioi;rrêtrc sc re'dit auprès d'eux, au devanr des troipei J";;;;;rr,rirr,s chnrgés de la répression. Le rôle qu,il joua^, à l,occasion rh, l,r rt,prise de Manono, souleva l,indienatiôn de I'aumônier trl,rrrrl;ris des troupes de I'O.N.U. ( lc rôle est décrit par la presse (6) : l,l situation à Manono est assez tendue " à la suite orinr'ip:rlernent de l'intervention de I'aumônier de la eenda'.;"ric katangaise a affirmé un porre-parole de t,OiN.U. Cer ttumônier a harangué pen-dreà_i Ia fàule, la rnenaçant d,ane ,t.lion militaire et d'un bornbardément si toat àe rentrai,t -.iUf, ,.|t

l'r

(t) Voir

du

Congo

,

(Elisabethvillc)

du 19 aott

notammenr Davistcr dans ".Ketanga.,. Enicu rrnrrr, un sursAur ct se demande en parlano aJ É"tË1-i .. .. ,;uc faisait-il en cette galère i,

1960.

du Monde", p. 151, qui

e,

Voir lc détail de l,incident- dans l'. Essor du Congo r du 16 aott 1960 et dqnr I I'rt're.. " rlc Paris, du t0 aott 196ô, (r:) " l)t'rrplc er . Librc Belgique du 3 octobrc 1960. Bien que le nom dc l,au_ ' lrnrtr rr.ron pa,s.prononcé dans ces'.journaux, il s'agit, sans cànteste possible. dc ^

| .ir'rr.rrpr |rcrrc Âdam cerul-ci a reconnu avoir été à Manono à '*,'u'r"r'r..rlrr Karanga mais contcsre évidemm""t l"t p"ofor-lii tri

la demanïe du

Lou-

à"iîrêiii Ës8rJ, t ltl ô0). ll rrrrlir Jit au contraire : ". l, trrir u' prêtre- qui. vient vers vous, les mains nues, en émissaire de oaix--- , tt ?rr (.crrrin que lr. rémoignag_e.du prêtre irlandais cadre micur avec i.'t;;;;;r,rà, &r ilv.( lr rôle qu'il a ioué à Kolwezi. rl,r


La population, déjà agitée, a ressenti vive émotion.

pa.s dans l)ord,re.

ces paroles une

à

' Làr-Oni"r des troupes irlandaises de I'O.N.U. a protesté contre l'initiative de l'aumônier katangais, qui retar-

dera certainement la reprise du travail dans les mines d'étain (Z). " des Belges, beaucoup de Belges, pour proIl se trouvera tester lorsque le prêtre-soldat fut expulsé du Katanga par I'O.N.U., en vertu des résolutions du 21 février 1961, dans le troisième convoi npatfié à Bruxelles (8) : * Parmi eux (les expulsés) se trouvaient 22 m\litaires de carrière, de la Force Publique, et notarnrnent l'aurnônier général Adam et I'aumônier Delferrière; celui-ci a déclaré qu'ils avaient été invités par I'O.N.U. à se mettre en civil et à se préparer à leur rapatriement. Avant-hier un nouvel ultimatum de I'O.N.U. l'obligea à quitter précipitamment le Katanga. L'aurnônier a ajouté que |'O,N.U ,ne Po,4'adit mieux t'aire pour détruire l'æuvre belge au Congo. ,

LA " VIGTOIRE BELGE ', DE KOTWEZI

(7) L'attitudc des aumôniers blancs de la gendarmeric katangaise au couts dcs réprcssions sanglantes, par lcs mercenaires, des révoltes Baluba du Nord-Karanga cxpliquc en çarrie - ir ellc ne I'crcuse évidemment pas - l'abominablc tragédie de Kongolo Lcs Pèrcs du Sacré-Ccur de certc villc avaieni fourni I la gendarmeric dc Trhombc dc nombrcur aumôniers qui troquaient aisément la robe pour I'uniformc. Ccur qui doutCraicnt dc certe terriblc intcrpréiation donnée par des milieux con-

golais nationalistes à la tragédie dc Kongolo devraient lire l'article que lui a consacré I'hcbdomadairc de Stanlevville " Uhuru , du 3 févricr 1962, . ... comme rous lçs aurres mercenaires katangais, ces missionnaires luttaient er combattaicnt I'A.N,C. jour et nuit. Tourc la population âu Nord-Kataoga reste fort indignéc de l'engagement et dc 'l'accès dc ccs prêtrcs étrangers à la politiquc congolaise, de lcur complicité eu gouvernemcnt rebellc et s{cessionniste de Tshombe. i Pendant que ce pauvrc peuple du Nord-Katanga subissait des atrocités incroyablcs dc la part des gendarmes rebelles et des mcrcenaircs, les missionnaires étrangcrr Ies favoriser et les bénir incessamment, sans h ne faiiaienr qui lcs protéger, moindre protéstation ?'un - ccur religieux, apôtre divin pour sauvcr les vies humaines Tcs femmes, des enfants, des hommes innocemment brûlés vifs, supptimés, sauvagcment découpés

et

assassinés,

L'auteur de l'arricle s'indignait

.

2OO.OOO

Christ...

que.

l'on' pleure

:

qui en prcnant une part active au massacre de compâtrioter du Nord-Ratanga ont violé la parole même dc Jésus-

Ces mauvais

et faux

pasccurs

'

ct dénonçait r . Certeini prêtres qui avaient déposé la soutane pour porter les armes contre lc oeuole consolais,

-!rélar, ' u. seclet pour personne que, parmi les Pères Spiritains de KonÔe n'érair golo, plusieurs avaient, à de nomb.eutci rcprises.- abaàdonné la soutani pour l'uniformc â'aum6nier de la gendarmerie tshombiste dont on connalt les excès. Ce n'est doic pas pour avoir'-émoigné de leur foi qu'ils ont été mis à mort, danr des conditions d'ailleurs révoltanres.

Le crime commis contre eux, - pour hrïssable qu'il soit, - n'avait rien d'idéoloqu'il n'existe, semble-t-il, aucune chance eioue. C'esr bien pour cela d'ailleurs à'ôbtenir un jour lâ béatification de ceux-que les Pères Spirirains appellent.lcun martvrs

D.

' Bien des ordres religieux ont été beaucoup plus circonspects à J'égard 'l-" régimc -eu à déplorer de drame semblable à celui de Kongolo. de Tshombe. Ils n'ont pas (8) Le " Soir , du I seprembrc 1961. 334

t_.


" On ne pourrait sAns rnaandise foi prétendre que les troupes belges ont envabi le Congo dans un esprit d)agression ou de conquête. >

Partout, elles ne sont intervenues que pour protéger

ot4 sauo)er lhonneur et la vie de nos cornpd.triotes,

Discours d.e

M. le Ministre

>

belge de Ia

Défense Nationale Gilson à Ia Chàmbre,

(Congo 1960 T.

II, p. 517, CRISP)


l)nns sa résolution du 14 juillet 1960, le Conseil de Sécurité ,le I't l.N.U. avait demandé : ..... au .gouverne,men! d9 Belgique de retirer ses troupes rlu tcrritoire de la République du Congo (1). " l.e Sccrétaire général était àutorisé : . .., à prendre les mesures nécessaires, en consultâtion avec lc gouvernement de la République du Congo, pour fournir .\ cc gouvernemenr toute l'assistànce militaire qui peut être rréccssaire jusqu'à ce que, par les efforts du gouvérnement congolais avec I'assisrancè technique des Nâtions lJnies, les forces de sécurité nationale puissent être en mesure, dé l'rvis du gouvernement, de farrre face pleinement à leurs tlchcs. " I a prcmière des tâches des forces de sécurité nâtionale est, r.uu contcste, de rétablir l'unité du pays, de restaurer son lrrtr{6riri.. Le Secrétaire général de I'O.N.U. doit les y aider rrrrri l,,rrgtcmps qu'elles ne sonr pas en mesure de o faire face lrlnirrr.rrrcnt u à cette tâche. La volonté des membres du Conseil rle S,{curité était claire : les forces de I'O.N.U. devaient aider le g,,rrvcrncmentcongolais,à reprendre le contrôle de laprovince rlu l(.rtrrnga occupée par les tioupes belges et qui, à lâ faveur rlF lr,tt(' occupation, s'était déclarée en sécession. Mais pour lrrlr'nrcttrc aux rroupes belges d'accomplir leur double tâche rurrsirt;lnt à désarmer 1es garnisons fidèles au gouvernement rFntr'.rl t't à monter en hâte une . gendarmerie r àux ordres de 'l'tlrorrrhc, il fallait que le gouvernement belge gagne du temps. .(l) l'oulune étude détaillée des premières résolutions du Conseil de Sécurité, voir iletrr lrvre . Lc Gouvcrnement congolais et I'ONU. Un paradoxe tragique" aux édltions rlç

'

llerrrrr,lucr Congolaises

'. 339


Pour gagner du temps, il fallait qu'il ne comprenne pas la résolution du 14 juiilet, qu'il en donne une intèrprétatiôn lui permettant de ternporiser. C'est ce qu'il fit, en soutenant que I'O.N.U. ne pouvait envoyer ses troupes que pour " maintenir l'ordre où il ", là la était troublé, etalt qu-elle ne pouvait troulJle, et qu'e troublé. pouvart donc en rntrodurre ou'elle introduire là où or) I'ordre régnait, c'est-à-dire bien entendu au Katanga où régnait I'ordre belge des colonels Crevecæur, Champion et IffèberIl était évident qu'une " interprétation u aussi originale ne

pourrait résister longtemps à I'examen. Elle fit néanmoins gagner une huitaine de jours extrêmement précieux aux organisateurs civils et militaires belges de la sécession. Mais le Conseil de Sécurité se réunit à nouyeau le 21 juilletIl lui faut mettre fin à l'" erreur " de M. le Ministre belge des Affaires Etrangères,'Sfligny. Tout le monde sait qu'une nouvelle résolution dissipera l'équivoque qui n'existe d'ailleurs que pour les Belges qui en bénéficient. Les membres du Conseil de Sécurité sont en séance.

La résolution tombera le 22 juillet.

A

ce moment toutes les garnisons de la Force Publique au Katanga ont été désarmées, sauf une setrle : celle de Kolwèzi installée dans le camp Nzilo I appelé aussi camp DelcommuneIl faut faire vite. La garnison de Kolwezi n'a fait aucune sorrie. Il est

difficile de lui imputer des troubles. Il est impossible de parler d'une mutinerie. Mais depuis quatre jours, les officiers belges essaient vainement d'obtenir que les soldats congolais remettent leurs armes sans coup férir (2). Le jeudi soir, 21 juillet, des forces belges encerclenr le camp et l'on fait " donneln l'homme providentiel, l'aumônier Adam: ., Dès le jeudi 2L juillet, raconte le quotidien d'E'ville (3), il s'était rendu au camp pour parlementer avec les mutins, mais ceux-ci, gangrenés de Lumumbisme (4) n'avaient rien (2) Dépêche

u Àssociated Press

1960.

' du 22 ju:llet

dans

Ie u Soir. des 24-25 iulllet

(3) L'* Esor du Congo r du 3 aott 1960. (4) L'cxprcssion vilut son pcsant d'or. M. Lumumba esr lc Premier Minisrre du Congo. Les soldats qui sont fidèles à son gouvernemeor et refusent de se rendrc rut troupcs d'invasion et à un gouverlement rebelle, sont o gangrenés dc Lumumbisme ct

solt donc des n mutins '.

'

voltlu entendre. Ces derniers étaient livrés à eux-mêmes ct écouraicnt la radio de Léopoldville. . l)r'bout sur le socle du drapeau, Pierre Adam prend le

.'it'l -\ tém.oin que les murins iefusent ses paroles d1e paix... I e ?2 juiller, c'était i'opération militaire (S). , . I 'oprlration militaire esi racontêe par tor''i i"r corresponrlarrlr. rlt' l;r.pressc étrangère qui se trouïent au Katanga. ' I crrr rCcit est identique (6). Après les vaines tentitives de perlrr,rri,rr. dc I'aumônier Pierre Adam, les troupes belges qui nnt. rrv(.sri le carnp cr qui se composent, en oidre principàI, rle..lrrrit lrclorons de grenadiers_, passenr, au marin du 2Z ;uillet', à l',rn,rr1rrc, non sans que I'Abbé É.drm ait encore une fois. pai tttégn.plront,, somnré lei Congolais dc se rendre (Z). Sc hcurrant à un feu de mitrailleuses lourdei, les soldats

lrelglr cssuicrrt un

échec.

font mêrne prisonniers trois soldats I (!) Lc colnma;dant bclge fait âlors appel à i,aviation lat'tir1rr,. .'^, [Jn l-Iarvard survole lè camp. Il esjule un tir de la ll,( J,rs rrrilitaires congolais

bclgr.r

(.)rr,rrrc avions entreront alors en lice. armés de rockets (9). Arr ,orrls.le ce sccond vol, ils lanceront ieurs fusées "t.. ùÉ r e ,pr'rrn journaliste appellera : . ... le rournanr de la bataille (10).

-'l'.rndis gle les Flarvards lançaient leurs ,'rockets,, sur l,r errscrne,. les troupes ont attaqïé et ont réussi à occuper r..rtilir.rs bâtiments. Les Africains se sonr défendus aiec l',{rrt'rgie du désespoir. Selon un officier belge, "ils ont , otrrbrlttu avec bravoure et leur tir était précii,'. " l,r. porte-parole de. l'armée belge a souligné que la bataille ,r v,rit conrrnencé après quarre heures (1 1) âe 'oâines néeociariorrs avcc Ies soldats africains pour qu'ils rendent"leurs

ll rrr difficile de ne pas voir enrre cerle opérarion ct ccllc dc Manouo une rrrr rcn(r lrs accusa!ions du prêtre irlandais ertrêmemenr vraisemblables. Les ' l'ar,'l,r 'lr l,irr " dc l'Abbé Adanr ressemblent singulièrement à des menaces. puisoue rllfà rr rorrr prs i'courécs, c'esr un déluge de feu et de fer qui s'abat s,rr les'réfrâc_ 'r rtitÈ! tâf . Lr Oiré , des 23-2! juillet 1960; la " Lanrcrne . d.es 23_24 .luillet 1960; Le , litullc. rlu 2.1-24 juillct 1960. r') I '. llrror du Congo r du 3 aott 7960; la Cité " des 22-2J juiller 196O " l.ll'ril!, . A l'rubc, I'aumônier de la F.P. parle aur mutins. Il est eroulsé. , 111 I 'rurnônicr Picrre Adam racontc lui-mêmc l,épisode des trois prisonniers à ' I rr.r rh Con*r, d'E'ville {le 3 aott 1960): . ll,,urur *ignalc,égalcmcnr I'aventure diun des trois soldats belges leits prisonnicrs

, t,; ilarrr[ilrrr

.,

aahal (c combdt-

>

111 lr r I'cuplc des 23-24 juillcr 1960. rl(t) Lr . (liré ' ' dcs 23-24 juiller 1960. rll; ( onrnrc on l'a vu, d'autres ont parlé dc quatre

jours.

310 341


armes sans coup au Katanga.

r'étrit hâtéc de

désarmer la dernière sarnison de la Force Ituliliquc fidèle au- gouvernement centril. Dans sa hâte, elle rvlit tlO ( mctrre le paquet '. C'était fait. Et les iournalistes rul*tent l'événement iur'place et le chef des opéritions militrlrer au Katanga.même-n'avaient pas perçu îa nécessité de rrtnoufler la vérité. l,c commandanr en était fier. Il voyait déià un nouveau trrnt dc victoire inscrit sur le drapeau de ion régiment : . Nr,ikr I ,. Mnis l'optique du Ministre de la Défense Nationale était évitlcrrrrrrcnt différente. Il avait proclamé, après le Premier Mltrirtrc-Eyskens et les ténois de I'oppôsition socialiste rvnierrt fait chorus -à leurs déclarations qui les forces belses - des vies n'lttlcrvcnaient au Congo que pour sauver humainesl l,'histoirc de la bàtaille-de Nzilo I telle qu'elle s'était tlérrrrrldc,.tclle qu'elle avait été narrée par la pr"sie, ne corres;urrdrrit évidcmmcnt pas à un tel critêre. l,c désarmemenr par la force d'une garnison fidèle aq lugvcrncmc-nt légal et qui ne s'était livrée à aucun excès, prruvrrit difficilernent êtie assimilé à un sauvetage de viei

férir, comme cela s'était produit ailleurs

; l; ;";;"ndant des troupes belges a déclaré que dans les maisons et dans les dépendances des casernes, ses hommes ont dû, par moments, se battre corps à corps... > Le communiqué comporte une phrâse extrêmement signifi-

cative que l'on ne retrouve, semble-t-il, que dans deux journaux (12). C'est toujours le porte-parole de l'armée belge qui parle : o La plupart de ces soldats étaient originaires du BasCongo et partisdns da gouaernement Lunr'tmba, , Les autres journaux belges omettent froidement cette partiÊ du communiqué. Le motif de cette omission est très clair. Nous avons déjà eu l'occasion de souligner le " civisme ' spontané de l'ensemble de la presse belge au cours de la crise congolaise. C'était par " civisme > que I'on biffait un texte qui aurait pu ouvrir les yeux des lecteurs de bonne foi. Ce texte, en effet, signifiait que les soldats congolais que les troupes belges écrasaient à coups de " rockets, n'étaient pas des rebellès ,r, des * mutins rr, mais tout au contraire des " hommes fidèles à leur gouvernement légitime. Semblable précision sans danger à E'ville où I'on savait - pu donner mauvaise conscience à quoi s'en tenir -_ aurait à quelques Belges de Belgique que l'on " dopait ", que l'on hystérisait, depuis le 8 juillet. L'on peut dire, avec sérénité et sans pathos, que les soldats congolais tués par les Belges, au camp Nzilo I, seront honorés, un jour, comme des héros de l'Indépendance congolaise.

Itumline.s. Arrssi, lc

jour même de l'opération : Défense Nationale, on déclarait vcrrdrcdi soir n'en_avoir pas encore connaissance (14). " ( l'{.tait se donner le temps de la réflexion. l,c brain-trust de M. Gilson travailla toure la nuit à iltrrluilL.r la situation et voici le communiqué qui fut publié

. ...lu Cabinet de la

h rnnrcrli (15) :

. I )'.rprès les

*

Le représentant de l'armée belge au Katanga annonce quo deux soldats belges et seize ( mutins > ont été tués au cours dc I'opération. J;,

Tout est clair. Au moment où le Conseil de Sécurité allaic expliciter et préciser sa résoludon et indiquer que la force der Nations Unies devait .. opérer sur la toalité du territoire dt la République du Congo "comme une entité" (13), donc aussi " au Katanga, la force d'intervention belge dans cette provincc (12) Le (13) Lc

. Librc Belgique r du 25 ;uitler 1960; lc . Peuplc ' . Monde ' du 22 juillet 1960.

des 2l-21

irrilbt

l9@,

';

renseignemenrs reçus samedi

matin

à

la

l)él'crrsc Nationale, il se confirme qu'une opération de .t,.'t,urs a dû être montée dans la màtinée d-'hier sur le clnrp de la Force Publique à Nzilo I, près de la centrale {lcctrique établie à envirôn 30 km au Nbrd de Kolwezi. .l,r grrnison de la Force Publique, qui avait accepté le 2l.rl'adopter une attitude pacifique et qui était la deinière rrrritd. Ir.P. à démobiliser dans le Katanea. a reoris le 22 rrrrc rrttirude agressive er s'esf emparéî de trôis soldats lxlges, gardés en otage et maltraités. .l,ir vic de ces trois otages étant menacée et les négociatiorrs por.rr leur remise eriliberté ayanr échoué, une ôpéra,t,1 t"TSo,.

tll)

tbid.

.

dcs 24-25

juillet

1960.

343


tion de dégagement a étê montée dans la matinée du 22. La garniso"n âe la F.P. mutinée ayant ouvert le feu avec des îrmes lourdes, nos trouPes ont fait appel à des avions de la force aérienne. u Après un premier survol d'avertissement' au cours duquel les àppareiis furent soumis au feu d'armes lourdes antiaériennes, nos avions

l,orsqu'un mois plus tard, I'aumônier Pierre Adam racont,'r,r I'r(vi.ncrrrcnt (17), il ne parlera pas plus d'orages que ne l'irv,licnt fait, au lendemain de l'opérâtion', l" .o-*indant des lrrrlcs.bclgcs d'intervention et ie journaliste katangais qtri avait

rlrvi

I'rrction (18).

ont répondu par le feu.

, L'opération a fait 2 morts et six blessés légers parmi les troupit belges. Parmi les six biessés se trouvent les trois soldâts détùus en otage et délivrés Par notre intervention. La garnison F.P. a été neutralisée. " L'oÀ a rarement eu l'occasion de déceler une falsification étalée aussi cruemcnt.

L'armêe belge attaque la garnison pour la désarmer. La garnison fait troil prisonniers au cours des combats' - Ces trois prisonniers clevientlent des otages. Et c'est pour délivrer ces otdges que l'armée belge est obligée de monter :une opération de secours. C'est donc bien pour sauver des vies humaines qu'on a lancé des grenadiers ei des " rockets à l'assaut {u camp pgf-

'

.o*-un"."C.Q.F.D. Tout commentaire

ne pourrait

qu'affaiblir

ce chef-d'æuvre de mauvaise foi.

,f.

L'on aura remarqué au passage que le comrnuniqué officiel, s'il fait état des pertei subieJ par les Torces belges, tait soigneusement le chiffrè des morts iongolais. C'est là' nous l'âvons signalé déià, une tactique qui iemonte au régime -colonial. ;idis, l'on expliquait cette discrétion en disant que les noirs àvaient l'habiiude d'emporter leurs morts. Ceme fois, cette eiplication n'était pas possible puisque les deux cents survivants âe la garnison ont été faits prisonniers. Et nous savons par le commandement belge au Katanga que I'on avait dénombré seize morts congolais. Mais avouer un i'el chiffre dans le communiqué officief était impensable.. La disproportion de seize tués cbngolais pour .deux belges était dif?iciÎement compatible a\ ec uné simple opération de secourssauvetage.

qui ne recule vraiment Le-Premier Ministre Eyskens renchérira (16) : - des otages blancs à libérer. u . Il y avait

devant rien

(16) Le r Peuple

344

"

du 25 juillet

1960.

rltt l,rltfirirr rlu 22 îoôr 1960. flrl l'. ltnor du ConSo ' du 25 juillct

1%O.

345


LA CRÉATION DE LA

r

GENDARMERIE KATANGAI$E

'


\irntrltirnérnent aux opérations de désarmement, les colonels lrelger ,rr'r'/,lr\rent le recrutement d'une . gendarmerie o au service

rlc l,t réecssion. I c' " triagc " auquel ils procèdent dans les camps de " rrrtirtr " rlc la F.P. ne donne que très peu de résultat: cent, pelt ôlrr, rlcux cents hommes récupérables (1). 'l'r'ls lts autres sont renvoyés dans leurs provinces d'oriËlne (,t) r'ils nc sont pas traités comme des criminels. ll l,rrrt faire appel à des volontaires. L'on recrure des rhôul,rrlr, tlcs vagabonds, des repris de justice. Lr roltlc cxtraordinairement élevée,'qu'un budget, alimenté ,lif u, t,,rrrc"t par I'Union Minière, permet d'offrir,-attire quel4ltFr t'er'fucs. I I' jotrrnaliste belge Pierre Davister, du rrès colonialiste -. llrttrrlrroi Pas ? " s'est intéressé à la " mobilisation générale " dÉ, rétd,, prrr lc gouvernement Tshombe (3) : ',f '.ri rncné une enquêre à ce sujet 9t j]e-l-suis arrivé_ à-de r rrlicrrscs constatations. Certes, la "mobilisation générale" rldlr/.t/r par M. Tshombe a galvanisé quelques filfs de la ('urrirhirt ct contribué à constituer une réseive de quelque il convient-de It'l,t t't'rtts bommes dont la plupart sont l',tr,ru,.r . des chômeurs. tll (,'rrt lo chiffrc maximum, cn tout cas, qu'indique J. Gérard-Libois, oSéccsion t' 17, l,'cxcmple de Kasengo est donàé pa"'l'.Éssor du Congoj du zi"ott là,rl:t""u.. . l'or*lrrrr lrr jours qui ont suivi,.le,peloton fut disrous par petits paquetr; d'abord 1.r.1115111111. rlui furcnr démobilisés dtoffice, puis ceux qui ne désiiaiÉnt ias servir ' le l(arilrgl, cr pour finir tout le reste. . nonrbrc dc.ces soldats reprendront Hre.rrrl. du scrvice dans le corps d,armée . lll.llrr d'r rlnlml Irrrr,luln I Srrnlcyville. tll ' l(rtalttt, Iinjcu du Mondc r, p. 126. 349


n'ont pas d'armes, pas de moniteurs' pas d'équipements. Elle sont Pour la plupart en harllons mats A Elisabeth' Ë î5;;;';;i';À "'i'ein"'"nt' toûchante' f"t voit sur les chemins de terre qui mènent au ou "ift..-à" Si*ottet faire du "Portez arme" avec des bâtonsjoue "^-ô en mettre officiers, d;invisibles àË*u"-t"it--t"t""t o Ces recrues

"d'imaginaires ennemis".

t

de sa nouvelle P;ur'iil;'î; l;;ôagande en faveur ;"i"pj."t? de. p.oser pour le photographe le viseur' recevant "r*é.,"il.'itù;É" ;;;# à;;tièt" une mitrâillette, l'çil dans au grand chapeau évo-

i""r-ËÀ* à;àJr1.i.r, i"riiu.t.u.,

belges,

."t.ui d'expéditions coloniales (4)' --*ï;ffiiÏt pt"Àièi"t t"À";nts de la sécession' il

n'Y,a de goult"tttement pas de force au service -dt1 régner font qui "."aiou"À""t belges parachutistes 'ù. des iln"ÀU" .r, d"hott au Katanga I'ancien ordre métropolitain' "'*ôi;'1;'1e'-;;tr"-le;d; Ë -iou""'nt*ent belge, envoie à ElisaÈethville un premier contingent d'u-ne vingta.ine de,genclarmes belees pour sèrvir d'instructeurs à la nouvelle genclarmerle ["i""g"it. que I'on forme fébrilement' Au moment où l;;--i;t;;t dt I'o'N'U' manifesteront enfin l,intention d,entrer *-fri""g", la o.g_endarmerie " katangaise ne comDorte pas plus d'une centaine d'hommes' "'""iïi;""#;;'ùi;i;-L"Àu*ba le- savait et c'est ce.qui &rt6-" i*patience d'en finir avec une sécession, "*ofàro^it'r* ôfulairts, n'avait qu'une poignée de ;Ïr,'à** ".".-'à"J;.; mercenalres â son servlce. *"'-ilM. H"*;;;Èi3iJ et Bunche dont on ne sait s'il faut

dé"I;;;^il;i;;;t ; ;.i';Ï;ii ï;l;;";.iilÀ

t"

complaisance

se laissèrent prendre

Ë"lg"s de -M' rshombe

lui

inspi-

rèrent (5).

rien..à gPposer aux,forcl-s g"::"i:; Ï""Ï-à;h;;t Àiti,"iiËt."t gendarmes belges qui a.t nrt., aller- justr'à combattre' 9tt t: pas osé .ri"irn"ttt îîutt.", tshombe l*o::::l:ll1 ;ffi;i; i"'ï'"-ô.i-utà" - tvi' et obtint que, le s":1,é'1'::

Àli qo'il,n'avait

iii]'iiilr'Ë"i".-'J'-ta"À""tades

.

ià;ili'ài"r;6.ry9,?_..:tiL^"1f"":1,:":ï?,":iiîi:."*ii:T: ffiii;J i''ir"pier"îai.;:;il't ï*i'é" au Katanga des soldatr de I'O.N.U.

--r4

p' 126: celte.gho;3..çi,: fË. t':"::::t J.l du Monde >' -Gauche ":r^ranga, Enjeu. o- du-17 s 4"n5 ' Lâ t-lt*"'î'?i?-Lpilia"i," u'-rittom6e manipulant une armc d' rs6o iiittti'tt-teti"

","rr. du 5 septcmbre Ôongo, oté"ttto,ii Notamment M. 350

Georges Thyssens'

Le " Pourquoi

Pas

'

du 9 septembrc

1960'

I,a gcrrrlnrmcric katangaise se battrait à mort contre les forcer Il'entrée en[re' du Katanga. Des voulaient IOfCer llletl!l S'llS s'ils Voulalent lalllllfllrr ltlerrs gxrpullircs se lèveraient contre I'agresseur, etc... arttién. poptrlni arniéer l)er nirtcurs extrêmement sympathiques à M. Tshombe ont tlrunlé ce bluff gigantesque (qui ne devait d'ailleurs tromPer 'errx qui v-oulaientvoulaient bien l'être) (6) : rllr€ r'eux . I e bluff a toujours réussi, au moins jusqu'à présent À Moise Tshombe. On se souvient à cet égard de la forrrrirlnble partie de poker engagée il y a quelques mois lrrrrrprc les casques bleus avaient déjà décidé d'occuper rrrilit-;rircment l'aérodrome d'E'ville. C'est avec une centeine de soldats seulernent, armés à la d'iable et tout ittste t'dp,thles de défiler à moitié correctement, deux. bulldozers et rrne grue (sic) que les forces katangaises étaient Parverrrrer r\- irnpressionner les. casques bleus au point qu'ils tcrrorrçtient prestement à leur plan. ' ( )lrrriun sait, aujourd'hui, qutil eût pourtant suffi d'une r'onrplgnic de Suédois ou d'Irlandais et d'un minimum rl'mlirii de décision pour balayer ces forces dérisoires. " llrr irutrc journaliste, E.U. (7), évalue à trois cents les : . .,, iurciens soldats de la force publique restés fidèles à L.rrrs officiers lors de la révolte de iuillet 1960 (8) " rlul ëlrrlr\rcnt dans la " gendarmerie u de M. Tshombe. Cette follp rlÉrisoire reçut, a,t Ào*"ttt où les Belges acceptèrent enfin rlc lnirrcr lrr placê aux troupes de I'O.N.U., I'appoint de -quelrprer cerrririnci de militairesbelges qui troquèrent leur uniforme plrl' r'r,lrri de la " gendarmerie ' katangaise. Arr rrroment or), désespérant de voir I'O.N.U. ramener le ii,rl'rrrgrr lu sein du Congo, le Premier Ministre Lumumba rlér'irlir tlc le reconquérir avec ses propres forces, il se faisait rrrrr, ,r ppréciation fort juste de la résistance qu'il aurait pu y r,,rr.i,i,trcr: une résistance nulle en dehors de celle des quelrpr+,r r'cntaines de mercenaires belges entourant les officiers lirlger ,pri tentaient de constituer une armée katangaise, après rv,rrr' ,léslnné la Force Publique. I'iclrc Davister (9) met les pieds dans le plat : ,, ()n épure à purge que veux-tu I'ex-Force Publique l(rrtnngàise et M. Tshombe parle avec fierté du "cadre rnf pi"* Davister et Philippc Tousseint, . Croisetres et Casques bleus ', p. 55. q/l Srnr doute Etienne Ugeul qui, frère du Dirccteur d'Inforcongo et dc l'Agence t,,,lr.l, r.rrIlir, pendant les premiers mois de la séccssion, de hautes fonctions dans les ,.,rr'È. rlr'l'information de M. Tshombe. rl) I r . Libre Beleioue, dcs 4-5 aott 1962. rrl lran, . Katangi,'Enjeu du Mondc', p. 99. 351


d'élite" de sa nouvelle armée. Cette précision ne tromPe cependant personne. Tout Ie rnonde sait que ce sont les fot'ces belgàs qwi constituent ce cadre d'élite-e.t que., si ces 'forces deàaieit tourner les talons, toute la République dn 'Katanga s'eft'ondrerait comme un rtulgaire château de

.,ll y cut dcs rccrure'rs et officines de rccrurement parrout err l;rrr'Pc.,ccidentale, en Belgique, cn France, et Granàe_Bie_ lËgtr. rpéçi,1lcrrent. Des bureaux d'enrôlement furent aussi très Ëetllr crr lthodésie et dans I'Union Sud-Africaine. I t eolonel lrinquier, d."{tr Notre guerre au Katanga o (lr, lJ), rccr{'c bien l'atrnosphère ":

cdrtes. > Faisant le cornpte de I'ensemble des forces que M. Tshombe

,, ( i t,sr nlors. qu'à travers le monde, dans les bars louches rh' ,frhir.rresbourg comme dans les mess d'officiers parar,lrrrt isrcs des Djebels, aux alentours de la placâ de llr'rrekôre conlme parmi les pieds-noirs du M"i;;, ;; 'lirrrisic, le bruit commenç,a à tourir que rour Àilitnirc pourrait reprendre âu service cô--" r"rtiu"rà* "n.i.r, Krrr;rrrgir,. .que .les soldcs étaient *ppré.i"Ëi"r;-il j; "u "lrrtr.ud" était à prévoir. Il n,en falhiip", plur'oo*-o,ru th. Ilclgigu.e, d'Afrique cl.u !ud, a;Àfii{". i;"fi;;à,t;; It'rx'hc-Orient même et du Canada, t,rre bande à;;;;;;: tiers, rlrrns le sens précis o qui court'les aventures >> et non rllrrs lc sens péjoratif du- môt, rente de gâgner ." K"t;;;;; ('n,rrr cr richesse de l'Afrique.

*o-"ttt

où I'O.N.U' était -sur le point dc oénétrcr aù Katanea. Picrre Davister (10) disait : . A ce contingeni d'originales recrues dont on est en droit d'attendre le ireilleur eI le pire, selon qu'elles seront abandonnées à elles-mêmes ou sérieusement prises en mains, il convient d'ajouter les effectifs de la police- territoriale existante et cé qui reste de I'ancienne gendarmerie au lendemain d'une-épttration draconienne imposée par les mutineries de juillei. Au total, et en se montrant large, on obtient ainsi un millier d'hommes auxquels il n'est pas aurait pu aligner âu

exclu qu'on puisse

avec un peu de chance

ajouter

les

- européêns dont nous-avons parlé. trois cànts volontaires f 1.ooo + 300 : 2.ooo. Deux mille 700 ôalculo.,s: hommes. Tel est en oérité, le cbiffre des t'orces katangaises qui doivent faire face au monde.'. "

l,;r rnajorité d'entre eux, cependant, était composée de llrlgcs. n lirr llc'lgiquc' le recrutement dans les cadres de Ia eendar, lflerle er , tlc- la. police se faisait quasi officiellement. 'rou, i" Ëgilv.rr rlc l'arde technique. Des centaines de gendannes belees ..

la "révocationu du premier Ministre Lumumba cj"ra "ori, (11) que le recrutement de mercenaires blancs par M. Kasâvubu àt noirs va s'accélérer, (10)

Ibid.,

PP.126'127'

(11) Ce eæte inspiré par lcs conæillers belgæ et américains du Président dc h La ' Libre Bclgique.' du ru"ttlâ"1 ï,"Ë;'idéié';#;"--;';;;d;;ti"i qu'.au"o-k","ng"' Ketrnsri l'ectc dàutorité commir pr.t t'i;;;;Ï;19'60-;;,;;';";;-t^iitfâctio" ' le orésidcnt Kasavubu e provoqué un extrême rculagement. De totte tunt'n'- t' ossire dant I'immêdiat, in répit à la défense hatdnqtise' Dans une. Pcrspectrv' plus lointainc, il donne des ârnccs à ceur qui veulent instaurer un réglme contê'

déral au

Congo.

cle M. Tsbombc cn cst lvidemment nnforcée' ' '-Èt'ù-ooiiii\" Mikolacizak souligucra diailleurs dans l" Essor du Congo Marc

-

' du. z-3eptembt' 1960. le sentiment dô soulagemcnt qu'éprouvent les milieux sécessionnistes du llâtânga a la du gcste du Président Kasavubu : *':'ii;":-tr";;-.'*;"i'é;;-à;;'-;;;'-niir"ellc '' nâuvclle phe* de la criæ congolaise.qui durc dÀuis orès de deur mois' La menace militeire sur le Katanga,ett trrêtëe' ' avair ctu penda-nt quelque tcmPl ôti"is ônseillcts belg€s de M. Kasavubu ? On par le g.ouooo"oi.-"n excepter le Proiesseur Van Bilseq mais depuis qu'il a été-ch-argéplus posslblc

'""io**i U"ts"'de très hautes fonctions. -comme .d'une récompcnse, il n'est dc faire certaios lapprochements slgnlilcatlts. -" ne "" oas T" M. Ka.""ubu comme . conseiller iltidiqre ' ff. ù"i-sii; l;r'"J;t;;;ùi;.; la de.nière semaine du mois d'aott (.-Cité', 20121-8-60). Avânt.dc qurttcl "o.o.ir'duil a été rcçu par le Premier Ministre belge Eyskens. La révocatron dt d[ Biux"lles, 5 ' seotcmbre, '"t"Ëi.r." Davister dans . Katanga, Enjeu du Monde p' 2Q7, éctit, rans quc M' Vrn '' air protesté: Bilsen ""^-:'LJ'R;i-kase sortait de son long silencc pour éparlé par M. Yan Bilsen et plusieurs de ses ministres' révoquer P. Lumumba ' 352

rlu r,r'ùs polièiers r'"" ullèr""i "r-ic""'iàrr*';";i;;:;; rlc la o genda-rmerie de M. Tshombe. ht r',trlrt.s "r'brcux OË " la rtlll'icrs cr anciens officiers de Force publique"oÀSi.rl ,"o"rr."i qoltrrc " tcchniciens n au Ka,tanga, en accord dpr Âl'l'.rircs Africaines et des iïf;i;;Ë;;;gi;;.""..'i"r;i;l.,Ë;

fl

..-.... ,,i,,.',:. lrx,Améric,ains, Andrew Tully, dans . CIA, Inside Story,- revendique gr,f .,;r,;,1,,:",'al Intelligence Agency, i. ,Ot" afrriirarrice d-e f" -ai"irt"".."à" r I n (ilA cntrc en scène, r I r .tA lc fit d,une façoo discrère en répandant le bruir que si présidcnt hr.rvu'u éteit incerrain. quanr. à ses porvbirs constitulÀ"r"L- ii' le ;" "lrrrrrri.rruaircs" américaini qui. r.r"i"ni-,lii;;;";''â; rur servir de conseillers. ";."1ï";ï trrrr rl.utc Kasavubu savait quers et"i.ni *r-lo'ioi;; ;;rr ï e,'"rJl";îlii'Ii:ïi rv-rit .bcrojn d'assurances, d,appui dans l"r qu'"raionr"r_portantes. -iffilèr.n, . l'\ ,lcsrus il se reoosa sur lÉs'hommcs a" tà-ôlÀ'q"i i"i qu,il était ,l* ,lou,rine ,t, às-;i;îàr"Liiïnl) de lormet bn norved, 'o',"^p.éi"ni,ii le ihapitie ;; ;;-i#;;.;;;;;?";, ",b"ùri";;;; H,tht,t.t,'t,ttrnt,, rV. :it.;ïr;.;: t rrrrgolrircs ,, n,'i Jl-32, ai, S-tO_tSeZ.i

,,

,,,,,1,:,','l'Jl'ill

;l,l'jr,oj;,'_î,î::e1ruffi'j"J:ildjï,1,":""i"ffi.*jf;*u.*fi

, tllrr trrrrrlrillc. rlc M. Kasavubu et sa rércontre l"-pi" -Ë ' rrrtlrr M. Vrr llilserr sera l,un des premiers "u"" à l;ire ,,..' Krrrrrgr (o s.lcessionnisre niro, Ju ôr;;;;.''1, 'lr viclt si opportunémeot de sauver, ll harrvrrlrrr I

353


Si la solde payée aux 6ercenaires katangais dépassait déjà tout ce que l'on pui" soldats de toutes les armées du monde ; "rl*de 2,000 francs plus "un salaire de la << ... un mrnlmum Peur" de 6.000 francs (12) " les sailaires et indemnités offerts aux mercenaires blancs dépassaient tout ce que l'on pouvait imaginer. Ils allaient d'un minimum de 20.000 francs belges à 5O.OOO francs par mois. Er une prime d'enrôlement de 50.000 francs était versée immédiatement. Des assurances sur la vie étaient contractées. Toutes sortes d'avantages étaient garantis.

Ces mercenaires furent appelés des o affreux,, J.K. dans la u Libre Belgique " (13) les décrit : i ... les affreux, ces volontàires européens' recrutés un peu pârtout, et dont beaucouP, avant de venir ici, baroudèrent ôn Indochine ou en Corle. Réputés mauvais garçons, ils se donnent des allures de pirates (cheveux hirsutes, moustaches à la gauloise) et font des c-omb-attants. effrâyants. ) Pierre Daviiter complète cette définition (14) : g.t- de toutes_ les. fiertés, " Objet de toutes les sollicitudq d'ailleurs considérablement seragendarmerie la katangaise renTorcée et

faut Ëe qu'il faut

de nouveaux-"affreux".

-

r'nrr,ontlir, clcvient si important qu'on doit tasser le pécule rrtur rlcs projcts de bourgeois. u . I lrr nlcrccnflire belge, expulsé par I'O.N.U. et débarouant à Frrrrelles, <lCclarera téi franchement (1Zj: - -- Moi, jc suis .un mercerlaire. Je. ne, suis pas parri pour f dire ruuvre utile mais pour Ie plaisir. " l r, " l,ivre Blanc o_publié par le Ministère .I,errgùrcs des Affaires clc Ia Répubiigue du Congo, si ti-id" ;;;;^-i; rldrrrrr.i,rrirrr dcs responsaËilitér b"lg"r-É".,, l;- ré;d;;", ; lll'ttpt I lr.uvcr des -excuses au gouvernemenr belee ;;;; Ë

on la truffera avec

Des "affreux" recrutés en Belgique, en Allemagne, en

' France, en Navarre ou ailleurs. Peu importe, pouvu qu'ils soient sans foi ni loi, aient le goût de I'aventure et le goût du baroud.

n

Il

en interviewera. arrrès les combats où ils feront des hécatombes dans la ieunessË Balubakat, armée d'arcs, de flèches ou de vieux fusils u'Poupou " (15) : a flss-yous satisfaiÉs de votre genre de vie ? ; - Q,ss1 évidemment l'aventure et, plus souvent un tra- de "boucher" qt1'une véritable guerre. Mais nous vail sommes bien payés... r' lJn autre renChérira (16) t parce qu'on aime le casse-pipe et " On fait "l'affreux" surtout parce que le casse--PiPe peut rapPorter -gros lorsqu'il dure. Alors ott l. fait durer et le bas de laine s'enfle, (12) E.U. dans la . Libre Belsi4ue , des 4-5 août 1962. Le Sénateur américein Thomai D"dd rappelle que le G.I. aÂéricain,- que I'on c-royait -le soldat le mieux peyé, ne touche que 85'àollari par mois soit 4.250 francs (" Libre Belgique >- 4/5-8-1962), (13) ... des 17-18 décembre 1960, (1+) u Katanga, Enjeu du Monde t, p. 256. (15)

Ibid., p.

260.

ilo) Oa"litèr et Toussaint, < Croisettcs et

354

Casques bleus

r, p.

205.

; il;#li$';

oun

o"c",'u'"

cË poin r,

l,,i,,T',0"";i .',Nc rrouvanr plus auprès du gouvernemenr belge l,aide r(ir'(.$siltrc .tu marntren de sa gendarmerie, il dut faire aooel À rrtrrs lcs merccnaires qui, î" p". I; ;,;rd.;;;r;i5;; À ol'frir lcurs services aux causei t., ptui-i"l;r;^^""""'^" . ( lr.s rrrcrccnaires.que bientôt l'on suriom-u ',1", affreux', virrre.t sourenir le Katanga dans sa lutt" frat.i.ià;.-il, -""gr"rràl "nationalité r{trr icrr r. principalement de r.""ç"ir",' r no(r(,slcnne et sud-africaine. . ( "csr ainsi que Moïse Tshombe oubliant qu,il était ( ''rrlirJrris- lui-rnême n'h.ésita pas à faire ;; ;i;;; "pp.l r., fiè.", *rrrr.rrris de I'homme noir pour organiser .ôrrtr. r rrr6olais -du Nord-Karanga une -iépressio" ru"gl"rrt*-ô" lr'Frt plts là, assurément, le moind.e de s.s crirrr?r.l--' --

i:Ti i ii lL r ll'i l

( crrc f'rce que I'o.n .ro:;r" à la hâte, au moyen du ttrydr après triage, de I'ancienne Force puUii,ir". a1, 'f(.rpéré, t;trelr;rrr,r r.crrteines Katangais atdrés par la fo.t" ,oti., J", ,t I tr r('r'x ct sous-of dg f icrers belges qui troquent leur unifârme plltt lr,lrri .dc .. gendarme" katangais, dès officieis ; il;: tlllr,rr'r'r lrt'lgcs de l'ancienne Force publique évacués du restant

I ('rquc le gouvernement belge a réexpédiés au Katanqa "H(| Fr rrflr l'l'cilrrc'rs mercenarfes belges et internationau* ,.a..rt7, Hrttr pr.r.x, lcs colonels belges, qui sont les vrais maîtres du IRdlrilrfi,t, I ..cttc époque, vont l'armer. llr ,lisPrsc't, à cet effet, de tout I'armement récuoéré nar , gr,r1,11 ln l,r,lgcs sur la Force Publique qu,ils ont dér".Àé".' M,ri,, ct.n'cst pas assez, et surtout ce n'est pas assez neuf. rtrr

tlJ.) I I

lll

r . (liré ' . |l, lJ.

des

2-3 septeûbte

1961.


Le 7 septembre 1960, l'Àgence u Reuter " (19) publiait cette -- nouvelle: neuf tonnes d'armes transportées par avion sont -Ettrriton ,. arrivées à Elisabetirville venant de Belgique' u

IJn

porte-parole

du

ministère katangais

dc I'Inté-

rieur (j0) a déclaré aux iournalistes que ces armes étatent arrivéàs âuus le cadre dtun pont aérien continuel x-/cc Ia Belgique.

Cîs'armes de petit calibre, colnPrenant des fusils auto';;;;.t: o"t éig .o**"ndé.s p-our ^juilletla Force Publique, et sont seulement en se mutine celle-ci ;;#-;ii"

ii"ig"t ;aintenant. Le porte-parole a affirmé que toute

i; il;"i;;; trài, .tt.royée a.r Ratanga et qu'aucune Pârtie n'en irait à LéoPoldville. " qui avait' ô;;;t;;;;"ile êtait accabla'te pour l'o'N'U' Patrice Ministre Premier du n" l""duÀoi" a. t" révocation d\,11 République, la de Président le il;ù;;ar !^lyu! En effet' tiiài i ttpiembre aw soir, tous les a.érodromes..(21);. D'C'7 l, *rrtredi 7 septembre à Eville d'un qu9,{a i;"ri..r;tt"ï,i, ";; s';ï;;;' ;7;;u, d'u''.

cargaiso,i d'armes. belges révélait

par I'O.N.U., quarante-hurt heures aPres qu'elle ;;;i; i;t;È fe Pr.mi"r Miniitre Lumumba, n'était Pas encore aooliar.réô àux aérodron-res katangeis' l'aide s'il e"n était encore besoin "''ù;;;ii;'iÀ;;.i"i. rébellion' la à q"c la Belgique apportait *ilit"ite "'""3iit'â"o;;;-Ë *i"iitt" \wignv va-t-il dans un télé-

mesLlre prise

gr"*ï. izzit

I\{. Rothschild, le représentant belge au l(atanga'

se déclarer:

o ... atterré par Ia déclaration du porte-parole

du gouver-

nemént katangais' " On n'a pas idée' en effec, de voir. un resPonsable raconter

que ces à des iournalistes des choses aussi secrètes' Par.essence' aérien' pont d'un cadre le d""t ?;"ï*àt iiàîJ"* "'^'Ë;'i;.*{;r'rtt.ttiiJ", s'empresser de.nier non la fourniture puitqu'tlle a &é constatée pat.des fonctionnai-

d" 7;;;"*btà, res de fO.N.U.,

Itr.rrorrnc, clans le rnonde, ne sera dupe de ce ciémenti. llrr I I iuillct à la mi-aoirt, les Belges ont été les seuls à contrôler

l',réInrlr,rnrc rl'lilisabethville. ils ont donc pu y i{lrutquer toutes ler nnrrcr .1uc lc major \fleber et le colonel Crevecæur pouvaient rltthrliter'. lit M. Tignée n'avait vraiment aucLlne raison de ;r!rrlt't'(l'un ( pont aérien " s'il s'agissait d'une livraison fortr.rite, itr,tt tltrrlrrt.

sgtembre 1960' ,rr) voir sotamnent le n Peuple du ' du.8 bclge Tit-né:'---^,"i, ti6j il"";;;.;?;i,'!u;it et l,oNU. un congor f;ii n;it 'jules chomé, "a-gii " Lc Gouverncment

rraeisuel

Tô"I'*"*,jËôi'lïL" tr,

iili i" 356

; ôi,é

'

d" 3

inespérée.

l.'itlCt d'une provocation antikatangaise dans le chef

de

\l 'l'i1irr.1r, quc torlt le monde considérait comme l'âme ,l,tnttrdl rlrr rrrinistre Munongo est évidemment à exclure. 'ilr

ln

tlisponibilirés illinritées mises prr l'Union llinière à l,t rlrrgxrsition de M. Tshombe lui pennettronr. par la suite, non tettletr,'ttt tlc sc constituer une gendarn:rerie d,:nt I'importance frutrrdri,;rrc dépassera celle de la Force Publique coloniale du I irtr;qo torrt cntier (24) mais aussi d'acquérir une aviation Inr1roJ1,11111' (:olllportant notalnment des avions à réaction Foug,r M,rliistt.r qui joueront un rôle décisif dans les combats conrre l'l t l.l,l l, r.rr scptembrc 1961. ',â,

| 'orr lr'clr est pas encore là au moment or) l'armée belge rlrril,

,t1't1.\* cles sernaines

d'atermoiements

rlil,r I profit par les colonels Fl'tl,rtr1',,r,

-

semaines largement

- officiellemènt du s'en aller

itt r't' rrroment la gendarmerie de M. Tshornbe n'est " " Ftlrnr(.,1rr'urr bluff, nous I'avons vu, mais un bluff qui va f

M. Bunche et convaincre M. Hammarskjôld. l',r ruilitaires belges qui s'en vont savenr que les militaires lrelg, t ,;rri rcstcnt sont assez nombreu:r et assez efficaces pour rirllrlitu('r si on leur en laisse le temps les cadres de Ia Irrrgrrrrsiolrrrcr

fllttrc

,trnr/:c katangaise l

-

" tl') officiers et sous-officiers passés de la Force Publique M. Tshombe, 326 sous-offilirrs ct soldats volontaires et 70 officiers. sous-officiers

mais I'existence d'un pottt aerren' La lrvralson ;"rilir;;nlr'dL*"r est un accide.ti dû à un o fonctionnaire l;op zélé,, (23). -_

ct

r',rng,rlnisc dans les rangs de

(ll) lrrir Roulcau écrit dans lc.Mondc > du 22 aoit 1962: . I'rrrrr rldfcnrlre son " indépendance ",_ M. Tshombe a dt porter les effectifs de son Irrrrlo rlr quclqucs milliers à plus de viqgt mille hommes (cerraines cstimations

raradoxe

rrrlt lrrrrlrr'à rrcntc nrille). II dispose ainsi d'une garde prétoriennc supérieure. à rrlr pointr dc vuc, à l'armée nationale congolaisè tux ordres du qotvernement ,rrtrrl, rnlis ebsorbant plus des deux tiers du budset de l'Etar katanlais.,

p. I8-2, cRrsp.

p ltree

sePtembrc 196c

I

Prrblique, sous

I trtrntl,l" drr ('ongo. Katanga

le régime colonial, n'a ianàis

dépassé 25.OOO liommes pour

comprrs.

357


et gendarmes de la gendarmerie belge arrivés de Bruxelles (25).

D

Et le chef d'Etat-Major des troupes belges, le général Gheysen, peur avoir la consôience t{unqu-ill" lgrs[ué, salu"ant les premrers conringenrs, qui quittent Elisabethville, il leur tient ces propos qui font -rentrer lzur intervention er la' sécession qu,ils ont rendue. possible_ et. c-onsolidée., dans le cadre qui lui'r"ra désormais dévolu : la défense de la civilisation er du * mondC

libre

u.

La- mystificarion sera complète (26)

:

"-.|e volls dis au revoir. Vôtre misiion n,esr pas terminée. Vous allez mainrenanr rentrer chez vous iout de suite "t r.em_oller à la garde qrle nos forces belges assurent au-delà du Rhin avec les.rroupes de I'O.T.A.NI pour la protection et la défense de la civilisation. " Si on ne sauve pas celle-là, celle-ci est fichtre. " Dans cette mission-là, vous continLlerez à montrer vo$ qualités et votre cæur alr ventre, comme vous l,avez faii

"

$près le rôle joué par les colonels belges au_ début de la qu'ils aient déiendu leur position éminente dans les forces katangaises comme chien défend - par desunofficiers son os lorsqu'ils la sentireni menacée fran-, çais oue l'évolution de_ la guerre d'Algérie rendait disponibles pour de nouveaux exploits au service"de la même civilisation et du même * monde libre ". Le colonel Trinquier raconte, dans ses souvenirs (27) les rapports qu'il eut avec l'état-maior U"ts. a" l"-*.iaàrri.rit katanqaise lorsque M. Tshombe so.tgeà à le côiffer d,une direction française. C'est le 5_janvier 1961, en effet, que le colonel Trinquier . avait reçu de M. Thyssens : " ... le conseiller occulte le plus écouté du président Tshombe et du Vicc-Président, Ministre des Finances, Kibwe " qui s'intitulait :

,

sécession o-n comprend alsez

Suimnt évauation, sans doure inféricure à Ia réalité, du corrcrpondant I 1çp16lg11g dens o Congo 1960 r, tomc il, p. Zll, âe CRISP. (26) L'. Essor du Congo r du 16 aott 1960. (27) . Nore Guerre au Katanga pp. 93 et suivantcs,

,,(25). -Brurelles du . Deily Mril ,

',

358

rdt:rirc général à la Présidence de I'Etat du Katanga :

'

. ,,, l'litat du Kâtanga, ancienne province du Congo belge, rép,rré du Congo, depuis le 12 Juiller 1960, cherchait à rei'rutcr cn dehors de la Belgique : l) urr officier supérieur français pour prendre le commanrlcrrrcnt dc I'armée katangaise;

l)

rrrrc ccntaine d'officiàrs

et sous-officiers français et

nllcrrrands si possible. " I'rr l* suite, ÏU. Thyssens avait apporté au colonel Trindul€r ulrc lcttre éu Président Tshombe i,ri-mê-" et ne lui avait Ëm ,;nclré lcs difficultés qu'il avait rencontrées auprès de l'EtatMr 'j,rr lrt.lgc d'Elisabethville : . l,cs"llclges avaient fait valoir sans beaucoup de tact ce rlrrc ' lc Kltanga devait à la Belgique :

,ridc matérielle, armement' munitions et, qui en était totalemenldéqourvuc ct dont le tiers de la soide étaft payé pat Ia Belgique, pertcs subies au combat uniquement suPPortées par les caclres pour une Armée

lcl' )

f*

lice

une nute irrdiquant que

r'il(lrcri belges. " Sorr contràt en mains,

le Colonel Trinquier est bloqué $nlirbrrry en compagnie du commandant Foulques et des clc Labourdonnaye et Ege. çtlrit.rirrcs ' M, 'l'hyssens lui dit que les pressions belges sont Particullàterrr"rrt uives à ce mo.nlnt (28). Las d'attendre le feu vert rtue rl,rit lui donner M. Thyssens, le colonel se rend à Elisabethvlllr gr.,r lrr route. Il rencoître alors le colonel Weber: " .;c n'ai jamais vu, dira-t-il, un homme, un officier surr,ii't, fairé preuve de tant de mauvaise foi avec autant de hrrrrtlcur et de maladresse. l.c colonel Weber lui ayant signifié qu'il considérait son Gontritt comme nul et uon avenu parce queles conseillers belges lt'rv,rit'rrt pas donné leur accord : . ( irrnme je lui fis remarquer qu'il n'était pas. le gouYerrrctncnt du-Katanga mais un simple conseiller, il me répontlit sans hésiter r t'Au Congo, cé sont les Belges qui comtltilttdcnt". t lit il doit bien en être ainsi puisque finalement M. Tshombe Iui rrr0rrrc clevra renoncer à ses-services. Il lui fera expliquer

|

)D

,rrf ,r* gon rcssentimenr, le roloncl Trinquier impute une grandc part- de rerI l'rvoret Belina ou'il décrit comme ur suict tchécoslovaque, ' réPuté commc I..i,r n,ulrtou. . oui aureit recu quârâDte millions dc frencr belger pour s'introduirc l'nuruurir. dc'Tshombc et y .iouer la carte bclgc... ilir, b6h..bt)nl

350


par le l\{inistre de la Défense, M. Yav, les raisons pour lesguelles est obligé de le faire partir au plus tôt du Kitanga : < Le Katanga n'avait plus de munitions de petit èâlibre et l'offensive sur Manono avait, pour cette raison,dû être arrêtée. Un convoi de munitions était parti de Belgique, mais les Belges avaient menacé de I'arrêter si je ne quitiais pas le Katanga avant le dix mars, ,

il

L'ESCROQUERIE DIPLOMATIQUE ET SA

COMPLAISANTE VICTIME

360

: L'O.N.U.


Ârrssi habilemenr que fut montée l'escroquerie katangaise, rr'r'rrt pu lvoir poui le Congo et son premier gourrerne-ment lnr lorrséquerrces tragiques qu'elle a eues, si le Secrétaire général

lllr'

rle l'().N.U., ùI. Flammarskjôld ne s'était pas si complaisammr'ilt lilisscr duper par elle. ll nous est impossible ici de refaire l'exposé que nous rvrrrrr l;rit dans un autre livre (1), mais il nous paraît indispenral'lc rlc rappeler succinctement les étapes pàr lesquelles le Fuuvr,nt(,nlelrt belge de M. Eyskens et lei corxeillers belees de l\l .'l'rlrornbc. s_onr parvenus à conduire le Sccrétaire général rle l'tt,N.U. à faire le contraire de ce que le Conseil de S?curité lrri ,rv,rit prcscrit et à mener I'affaire katangaise dans une

rrlrlrrr.irnpasse,

J;

rlrr

( :'csr xprès la proclamation de l'Indépendance du Karanga l)résident de la République, M. Kâsavubu et le PrerniËr

l'

Àlrrrr,,trc l\4. I-urnumba adressèrent vrr+' rl'olrtcnir une aide militaire.

l" I'

leur appel à I'O.N.U.

en

( lctte aide devait avoir un double objet : nr('ttrc fin à l'interyenrion militaire belge, expulser les rrT.rupcs belges qui avaient envahi le territoire de-la RépuI'l irluc;

.la sécession de la province du Katanga, cette étant l'ceuvre des "-impérialistes belges" et d,un p.r ir liroupe de leaders katangàis. ' I r td'légramme était explicite à ce sujet (2) : ,,rrpôchcr

.,1..'r'ssir.rn

tl). l,r.Gouvcrnement . ,1. l, rrrrr;ucl Congolaises '.

congolais

et I'ONU. Un Partdoxe tragique* aux éditions

lJ) l.c rcrte-intégral de ce,rélégr:m.me. e peru dans nore liwe (p, 3) ruqucl nour F',',. .l'.rrrlrlrotrr rlc rcnvoycr désormais lc Iecteur. 363


.

Accrisons gouvernement belge avoir minurieusement pré-

paré sécession Katanga dans-le but garder mainmise'sur notre pays. Gouvernement appuyé par Deuple coneolais refuse être qlacé devant fait iccomplï résultait de cJnspiration tramée par impérialistcs belfes et perir g.orrpe lËaders katangais. .Ecrasante majorité poptrlation-katângaise est opposée à. sécession, qui signifie pe^rpétuation dégiisée ' du régime colonialistc.

'

...

{**

La résolution vorée par le, Conseil de Sécurité, ie 14 juiller 1960 faisait droit à cetre-reouête. En même renrps que le'Conseil : " ... demande au gouvernement de Belgique de retirer ses troupes du territoire de la République âu Congo , .t rl : " ... décide d'auroriser le secrétajre général à prendre les mcsures nécessaires, en consultation avec le gouvernement de la Répub]ique du Congo, pour fournir à"ce gouvernemenr roure I'assisrance militalre qui peut être iécessaire jusqu'à ce. que, par les efforts du goui".rr.-.nt congolais avec I'assistance technique des Nàtiona Unies, les f"orces de sécurité nationales puissent être en mesure je l,avis du gouvernenent de faire face pleinement à leurs tâches. , Ce texte ne prêtait à aucune équivoque. o - 1 Les troupes belges devaient se rerirer du . territoire de la République du Congo ', c'esr-à-dire évidemmenr de tout le terrrtoire, Katanga compris. . 2o Le gouvernement congolais recevra toute I'aide milit-aire_ dont il peut avoir besoin jusqu'au moment où des forces de sécurité nationales (pour la éonstitution desquelles I,O.N.U. doit I'assister techniquémenr) seronr . faire face ",r -.r.rr"'de pleinement à leurs tâches ". . Ce]a signifie, sans conresre possible, que jusqu'au mornent où ces torces natronales ne seront pas en mesure de faire face " pleinement à- leurs tâches rr, le goùvernemenr congolais pourra compter sur I'assisrance rnilitaire de I'O.N.U. poui l,accômplissement de ces tâches. La première de ces tâches esr cerrainement le maintien de i'intégrité du territoire. Pour mettre fin à la sécession de Ia plus riche province du ^impérialisies pays sécession qui était "l'æuvre des belges et

-

364

rl'rrn. llr,t.it liroupc_ clc lcaders katangais

n er qui n'avait

été

1rrlr l,rrrry'c cl rrc clcureurait possiblc que gràce'à Ia présence dd , ur tr',,rrpc,s lrelgcs qtri deviient r'en âller-- le gourreinement f.uttrurrrhn irllrir donc bénéficier de l'assistancJmilitaire de

Itt,N,t,.

**

[)r, t'ctte

résolution extrêmement claire, le gouvernement

belge v,r l'tirrrllc c1u'il ne la comprendrâ pas.

S1'r troupcs, il n'acceptera de les ietirer du Congo que r;rnrlrrellcrncur >, au fur er à mesure que les forces de i'ô.N.U.

lÉ]cnlr'ont cFficecement la sécurité.- Quant au Katansa. il ii'dtt 1t,1s (lr.rcstion que I'O.N.U. s'y rendè. La sécession li^i^lÉhe r,nt unc question de politique intérieure et I,O.N.U. n'a pÉ.t

à r'crr

ru.ê-ler.

ittâttre ,1ui cléfinit

C'est le Prenrier Ministre bclge Eyskens, Iui-

la thèse (3) :

. l,'().N.U. a envoyé des troupes pour maintenir l,ordre et il scr:rit inconcevable_que l'O.N.û. intervienne pour ou

('olrtrc I'indépendance du Katanga. " " Mirintcnir l'ordre ,r, c'est à ceia que doit. pour les Beleesld lruurr,r l';rction des forces de I'O.N.û. Ce conêept ne figuïaii p,ourt,rrrt .rri. dans la requê.te du_ gouvernemenr congolâis, ni Câttr l,r ldsolurion du 14 juillet. Il n'avait aucune chaice d;être ldnrir, M;ri.s, rrous l'avons vu, cette incompréhension devait faire 'Weber er au coionel lrlplr,r' (lu tcmps er permettre au maior Cfrvr,.',t,trr tle désarmer la Force Publique fidèle au souverncffiFlt r r,rtrrrl et de consr;ruer la gendairneri. uu ;;Jù; il'i" lâ'erriorr. lit puis l'idée du n Kaânga : affaire inijti"r."-" ftnit l,rrr,'i'c. Iille allait faire son chemin. * I r, ( lonscil de Sécurité, devanr I'incompréhension et la fterrv,risc volonté du gouvernement belge esr à nouveau saisi de

f'tll,rilr.c<rngolaise. Et

il

vote, le 22 jiilleq à l'unanimité une

lpt'rrrrrL. r'tlsolurion dans laquelle CË

rc r','rircr . rapidement

I lrrc rlcs décisions vise

il

esr demandé atrx forces belges

>.

la situation auKatans.a: ie Conseil

:

-.., invitc tous ies Etats membres à s'abienir de toute ,rr'tiorr qui pourrait empêcher le rétablissemenr du droit er rh, I't'rtlre ainsi que I'exercice par le gouvernement du I

r) LI , Oiré , du

19

juillet

1960.


Congo de son autorité, et aussi de s'abstenir de toute acrion qui pourrait porrer atteinte à l'intégrité et à l'indépendance politique de la République du Congo. " Pour le surplus, la résolution du 14 iuillet est confirmée. .Encore une fois, tout le monde a compris : le Katanga fait partie du Congo. Rien ne peur êrre fait lontre I'intégrTté du pays. Le gouvernement du Congo doit pouvoir exerier son autorité sur I'ensemble du pays. lvl. Hammarskjôld montre qu'il a parfaitement compris la'mission qui lui est'confiée (4): * Nous sommes à un tournant de l'Histoire. Il s'agit de l'avenir de I'Afrique er peur-êrre de l'avenir du motide. " La force des Nations-Unies au Congo est autorisée à o_pérer sur ia totalité du territoire de la République du Congo.

r,

,**

.Il n'est pas possible de se rappeler sans émotion ces paroles extrêmement lucides du Secrétairè Général défunt. Il ist vrai que s'il avait, à ce moment, comme il en avait le pouvoir, ioint le geste à la parole, s'il avair, avec ses forcei, pénétré au Katanga et permis au gouvernement légitime de reitaurer son autorité sur cette,province, c'est vrai, è'est tragiquement .i'rai que I'avenir de l'Afrique et l'avenir du morùe eussent été modifiés. La crise congolaise eut éré résolue immédiatement. L'O.N.U. eut acquis un prestige extraordinaire, une autorité incontestable. La paix du monde eut été désormais moins fragile. Patrice Lumumba ne serait pâs morr, mais il mènerair actuellement son pays vers les destinées

Et M. Hammarskjôld lui-même...

qu'il rêvait pour lui,

-i-

Mais ie gouvernement belge, lui, n'avait pas encore comp,ris. C'est le moment, nous l'âvons vu, où ses représentants le chef de cabinet adjoint du Premier Ministrel futur ministre des Affaires Africaines, Il. d'Aspremonr Lynden, l'Ambassadeur Rotschild font la naverre enrre Bruxelles et E'ville. Au Katanga, ils galvanisent les énergies des colons belges, promettent aux leaders à la solde des intérêts belges toute l'assistance dont ils peuvent avoir besoin C'est le molnent où les officiers belges se dérnènent pour (4) Le Monde "

,

du 22 iuillet

1960.

rrrrsrlilucç, coûte _que cotte, et vaille que vaille, un embryon rlr' krrcc katangaise qui puisse prendre Ia relève rltr (l('l)ilrt Prevlslble des troupes belges. "., -o*"rrt ll faut donc encore gagner du"temDs. Âussi les dirigeants-bélges vont-iîs interpréter. à leur rr'rrièrc' la dernière résolurion du conseil de sécurité (s) : " ... la relève des casques bleus, répondent-ils à M) fuam_ rrr,rrskjôld qui les.priè d'évacuer lè Katanga, irrtcrvenir dans chaque cas que lorsque lâ -sécuiité "" fouiiri, sera ,rssuréc de façon effèctive, ctst-à-dirà quand l; ;i. à;; hl:rrrcs ne sera p.lus en danger, mais aussi àn y insiste fort, julnd la situation sera telle- que puisse reprendre la vié fconomrque, non. pas dans deux ou trois grands centres, rrr;ris dans toutes iei localités de quelque lmporrance. ', Au Katang?, l'g.I!.V. n'a pas le droit de s'immiscer (tilns les aitalres rntérieures 16). l,.r rrouvelle condition *is" pa, "les autorités belges au ,1,11,,rrr rlc leurs. rroupes, à savoir^ qu,elles ;;l;;-.;i;Ër"i*i rlil"ru ilrornent où I'O.N.U. pourrait àssurer non plus seulement i; ;;;;tr;;;'i;';;; 14 I'r,rt.ction.des vies,humalnes mais é,,rrr,rrritFrc, était évidemmenr inouie. ";rri Ceux q"ii; i;;rt-i""i -i;;;;;;;; rrç' rt. l'irisaienr aucune illusion. Mais elle av;it d" fdar., rcnrrltre la discussion, de gagner du temps, ." t"-i, à" plur crr plus précieux. (.)ttitttt au slogan Karanga : affaire intérieure , il faisait " rnrr llrcrrrin (7). *

*r.

ll flisait d'autanr mieux son chemin qu,aux yeux de Àl^ ll,rrrrnarskjôld, ?atrice Lumumba .o--"rrç"it â ;il;

rt t,ttt, un homme de bonne compagnie.

I

.

I)rcrnier Ministre s'impatientait à iuste titre des terside M. H. Il Ie menàçait, si I'O.iltr.U. ne

r'rr,rrir's

";;i"ir;i,

rrl Le lMonde r du 29 jujllet 1960. 1t1 Lc . Monde, du 29 iuiller 1960. t/) llrr homme d,Etat socialis.te, qui est aussi un jurisre intcrnatjonalcment estimé. ll rt'r', l(rrtin, apportait, I la ribJn"- lu--se,i*-L.ii.,'i:ài;"ï à;'l:;;Ë;i;il,ï""îiilÏ: 'È,nF,,,,,rr l,tyrhcns er à sa thèse du.Katanga : i.é.r"r"",, "ffiTii ',.,lli "u.vain q-ue nous ob.jecterions-qu" t,t".i;eu-J", N"tiom Unies au Karanea ,"r..rrer4it une intervention dans les-affaires intérieures J"-i't-,"i]-s-i""'"î,"îl r,rrr tc rrrcmier à dire que tes ttoapcs ari i.iiàii'rj)ii,";"'?1;;;i'ii"'riàr:;. y.t, pln' que nous, dans'les-ellairei i"téririiir'di- C;orgo, -",, sr nous Douvons t"ïJ""'i rirr,. ll, sa.s inreryention daii les l"tZri."-*;";'"-K;";";."ï {,',,,,ffr\ prote-ction "ft"i"", la. des aies humaines, ;l-.r,-i"Zi?iiSIi tpozri .iT'rJ" ';; "trr.-Ë;l;;;. 'r"'rrcr rrcs Narions unies puissent dans res mêmes .onJition, ;;;; rJîa-ï "ô":i_ît',i"'ii"'ilii Lrrrrrnri,,rr d.'objectif, opérei Ia ,.te*'a"r- ;;;., -str*, rrrrrrirrr, lc <lépart dc nôs troupes. , (Séanci a" a"is jrlli.;'l's?b.j ". ".,36?


698

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*'îï,ïfr'rli;i;,:ldffii

#ffi ;:'"r,,ï:HËr,;!,',.;lg,ï;,,ilîd;Ëlii:r;ffi


Il était difficile de se payer davanrage de mots à un moment où, d'après Pierre Davister lui-même, il n'y avait strictement rien derrière ces déclarations martiales. f-

- M._ Hammarskjôld, qui .avair annoncé, finalement, que les forces de I'O.N.U feraient leur entrée au Karanga le- 6 aoirt.

va céder à ce pitoyable chantage, s'effondrer deriant le bluff. II enverra à E'ville son adjioint M. Bunche. Celui-ci aurait voulu s'entretenir avec M. Tshombe, seul. If n'en aura.pas l'occasion. M. Tshombe sera toujours flanqué de ses conseillers blancs et noramment du major \ûeber : ' .. Le secrétaire-général-adjoint espérait un rêre-à-rête Bunche-Tshombe. Il dut rapidement déchanter. Non seulement les conseillers européens de M. Tshombe ne quittaient pas le président de la République du Katanga d,rrr" ,"*"i1", mais ils passaient résolument à I'offensivà et démontraieni éloquemmenr que l'idée katangaise était une idée-bloc adoptée unanimement par des Elancs et des Noirs s,esrimant liés et engagés sui le même bateau (13). " M. Bunche, très impressionné, annonce que le débarquement des troupes prévu pour le sarnedi 6 août est remis. Et M. Hammarskjôld, sur le rapport de son adjoint (14) confirme cette remise er convoque le ôonseil de Sécurité ptui la troisième fois (15). Le chantre de M._Tshomb-e pourra constater (16) : Politiquement, leur bluff peut payer. Il paie âeja a,ait_" Ieurs puisque I'O.N.U. a esquissé un léger ^moo.remerrt de rec.ul. Or, le remps, pour àurant évidémment qu'il soit judicieusement employé (!7), tavaille très activelment en faveur de la cause katangaise. Le nouvel Etat indépendant a besoin de répit pour organiser son armée afin de ïouvoir

ull discours qui constitue une dénonciation extrêmemenr ct lucide de I'escroquerie katangaise (1-8). Ceux qui r'y' liirscront encore prendre seront sans excuse désormais " l)orrrquoi y a-t-il donc une résistance au Katanga.? II ,',tgit tôut ii.rnplement d.'une résista,nce Provoqwée, d'une ,tliposition créée et entretenwe par le goulerneïtent.belge. lrii cffct, cette opposition ne sè justifie ni sur le plan de lir sociologie politiqu", ni sur le-plan militaire, ni sur le n.rnr'r'

,,,rrr1th\tc

,

lrlrrrr juridique. . Srrr le plan de sociologie politique, il existe,-au Katanga, savoir, la Con-akat, parti de .1..r,,x grands partis politiquès, ^C"ttei

katangais, parti du ministre de M. TiLombe, et le .fustice, M. Mwamba, -emËr" de notre délégation. l.'irirnée dernière, le parti politique Cartel katangais avait rcnlporté une victoirè écraiante aux élections communales. ( lt'tic victoire constituait un échec pour la Belgiqtre car, ,luclques années aul)ara''oant, des miliewx financiers, des inilitlux du colonat belge avaient lancé l'idée d'un Kdtdnga. serait constitué en t'Lne sorte de dorninion tu.tonoï1e qui -liens étroits auec Ia Belgique' Or, le Cartel tyant des k'irt,rngais,.groupant au moins TOolo de la population de ('('ttc provlnce, s'était prononcé pour I'unité du Congo. " I t Conakat, quant à elle, à trarters ses leaders, est restée ttrt instrument d'e la domination colonialiste, aujourd'hui, dont M. Tshombe, sont cou' Scsdedirigeants, population katangaise et ne doivent leur prélJ 1#s icrrclue forôe qu'à la présence des troupes belges.

l,t

; 'NI;;r;;*-es

convaincus que le départ des troupes belges li.r:r fondre l'autorité apparènte des leaders katangais à la rol<lc de l'étranger.

" i:". * parre-t-il au Katanga ? L'occupation militaire du l(,rirrnga par les troupes belfes a eu lieu à l'initiative des ,rrrtoriiés belges, sans- même-que les autorités congolaises crr soient informées. Lorsque ces troupes sont arrivées, cllcs ont appuyé M. Tshombe et I'ont' en,quelque s-orte, contraint â-déclarer la sécession d'avec le reste de la Itdprrblique du Congo. Les soldats congol.ais ne aowlant

reprendre. graduellemeze I'essentiel des tâches assigriées aux

forces belges. "

,<*

Le Conseil de Sécurité se réunit le 8 août. Le ministre des Affaires Etrangères, M. Bomboko,

y

pro-

Monde,. o. 119. (!!) Volr le.rexte du iapporr de M..BunchÉ â"rr . çongo 1960, tome II, p, 618. (15) . Courrier d'Afrique des 6-2 aott 1960. (16) Davister, " Katanga, 'Enjeu du Monde ', p. 125.il l'était par Iee .Webcr. (17) r,t nous avons vu combien judicieu_senienr, les

Ittts se soarnettre

(13) Davister, " Katansa, Enieu du

.

Crèveceur, les Champion, les d'Aspremont-Lynden et'Rotschild. 370

I

et

64. rllf V"ir le texrc intégal 6"t5 . La Crise Congolaise', I'R.R.I., documentVerrlr ce document dani le remarquable ouvrage de Gérard-Libois et Benoît

sl,rnrrrr

i,0,g,,,

à ine telle décision ont été pwrernent

',,,,,,

I'arrît unc

lacune difficilement erplicable.


simplcment rennojlés dw Katanga par

militaire

le

co?ltrnandentent

.'xposcr. le

t, Les forces qui s'opposent aujowrd'bui sont uniqwernent des forces belges doublées des milices politisuei de la Conakat devenue comtne par enchantemànt li prétendae force de résistance hatanfaise placée sous le cârnrnandement d'un général belge. ,, Rien .n'est plus vrai, nous . -l'avons vu. La fragilité de la sécession à ce momenr est un fait. Que le Secréta"ire général fasse enfin ce qu'il doit faire depuis lei+ juillet er tout j"fforrdrera, d'un seul coup.

1xrrtl.e

immédiatement certe fois ses rroupes

de la -piovince du

:

" ... réaffirme que la force des Nations Unies au Congo ne serâ qas partie à un conflit intérieur quelconque, consr-i-

tutiônnel ou autre,- n'y int_erviendra pas et ne sera pas utilisée pour en infltrencer I'issue. , Cette résolution constitue évidemment un détournernent des cleux prernières résolutions. L'obstination belge a payé. Le ministre des Affaires Etrangères 'Wigny pôurrj chanter victoire en.expliquanr aux députés belges lJ modification qu'il a obtenue (19)

:

Qu'a donc décidé le Conseil de Sécurité ? La première résolution du 14 juillet ne fait aucune distinction. ia seconde, du 22 juillet', affirme I'intégrité territoriale ii"agpendance politique de la République du Congo, ce"iqui vise manifestement le Katanga. Mais- la troisièÀe, Meisieurs, contienr cet alinéa que je vous ai lu et que ie vous répète : le Conseil (...) "réaffirme que la force ïes'Nations ûnies au Congo ne sera partie à aucun conflit interne, constitutionnel ou autre, qu'elle n'interviendra pas dans un tel conflit er ne sera pas utilisée pour en infhiencer l,issue,,. ,, Grâce à sa- persé,uér,ance, rnais je puis d.ire aussi grâce à notre prud.ence diplomatique, M. Tshombe voit ,à"ot naitre son existence, reçoit M. H. et a l'occasion de lui (19) Séencc du 17 août Irrtern., doc. 76, p. 347,

1960;

le

s

Crise

Cougolaise

,, Inst. Royal des Relat.

joue brillamment

tlc la résolution du 8 aott.

l,rr " Forminière " (Société Internationale Forestière et Mirrit\re du Congo Forminière), sæur de I'Union Minière, fille rle l,r Société générale et qui bénéficie de la mème présidence M. Paul Gillet que ces deux autres sociétés, a, dans Srrtl Kasaï, suivi I'exemple de I'Union Minière au Katanga :

Ét'l.rir,ic rlc

lr

la Forminièr:e, éci'it l)evister (20), dont, tout fait, Bakwanga est le fief. Jusqu'ici elle a joué It' jcu (...) .lor,icr le jcrr, çu'étr.it-cc ? Donner simplement .\ Kalonji des bâtiments pour ses "n-rinistres", une jolie ', l(cstc cornpte

C'est alors qu'interviendra la résolution du Conseil de

Katanga

Il

f* M. Albert Kalonji a, lui aussi, parfaitement compris la

-ï-

Séctrrité du 8 août 1960, véritable tournant dans la crise, véritable catastrophe pour le Congo er pour I'O.N.U. Le Conseil de Sécurité rour en incitant la Belgique à retirer

point de vue clti Katanga.

sî pilftle, ,,

belge.

-

rrr:'rison

porir résidence, des chèques avec cles chiffres com-

P()rtant un nornbre impressionnant de zéros pour ses prerricrs besoins... n l)i's le lendemain de la résolution du Conseil de Sécurité,

'\ll't'r'r lirrlonji, dans nne conférence de presse tenue au Katanga

rrlrrr.', vil proclamer l'indépendance de I'Etat Minier

du

Â,r',r' (2 I ). lixpliquant, quelques années après, au cours de son exil r,rr lr,prrgne, cette proclamation du 9 août 1960, M. Albert l(.r|,'rrii e fait cette déclaration (22) qui s'il en était encore

-

,.'Oi i-rr*ir,"", . Kataoga, Enjeu du Monde ,, p. 190.

.'l) Lc . Pcuple " du l0 aoûr 1960. N,r'rr rlrions débordé du cadrc dc nolrc propos en évoquanr lcs autrcs rntcrvctr,',,,,',rrrlit,rircs belges inconciliabies avec lc seul mobjle de protection des vies humaines .'r,pr, l, lr rrrrin sur le ceur, MM. Eyskens, Wigny et Gilson avaient juré s'en tenir. ll y,ur notamment le *candalcux bombardcnrcnt de l\tataJi qui eur les consé't,r,r,r!.lu( l'on sait (la pluparr des excès cornrnis par Jes soldars de Ja F.P, furent la 'r,'rJ,tr',rrr'r <lc cctte folle enrreprisc). Du proprc eveu du gouyernement belge, cette rrrlrvrrron n'avait pas d'autre objer que de protér,er les installations du porr et d'assu,.t lrr rnrrces cl'approvisionnemcnt. lrr il f.ruclra un iour écrire I'histoire dcs interventions nrilitaircs au Kasai. L'une rllcr scrnble avoir eu pour résultat (sinon pour but) de rendre possible l'autre rlrllr tl*tl,rrr, ccllc de I'Etat minier du Sud Kasaï de M. Albert Kalonji. A lhkrvanga, dans les installatjons de la Forminière, parmi une majorité de llrlrrl,r, rl y avrit environ quatre cents travailleurs Lulua. les paras belges ont éaacti ,ct rttltt. ((nts Lulud et lews ldmilles. Et J.K. pouvait écrire dans la " Librc Belgique", lç lÉ'r,rtlt 1960. " ll.rltwang:r cst aujourd'hu! le fief exclusif dcs Baluba et la capitale du grand errrprrr qu'ils veulent rcconstitilcr en une " provincc minière. " l lrrrr iours plus tard, M. Kalonji proclamait I'indépeudance de cet empire du ,lr,rrrt.utt.

| '{vsculrion des gcns hosriles à la sécession, c'est une méthode assez semblable ,'r,l/rdrrilrnrcnt dc la Force Publique fidèlc au gouvernemcnt. Katanga I'Union - Minière, Àltrrrl,r l'cnrpirc du cuir re, Bakwanga la Forminière, seur de I'Union

.ilrrlrr rllc fillc dc la Société Générale I'enpire du diamant. Non, honnêtcment, les paras n'onr- pas fait que sauver " la vie et la dignité ' 1, rlr,,rrnl,rtriotcs. r.ll) lc " Dossicr du À{ois", no! 4i5 d'avril-mai 1964.

dc


besoin __ éclairerait de manière définitive un point d'histoire : les.responsabilités terribles prises dans la crise côngolaise et dans la lutte contre Ie gouvernement léeal de Patrice Lumumba par les. grandes. sociétés-belges, filiales àu Congo de la Société g€nérale.de Belgique : _l'Union Minière du Hàut-Katanga, laior-

minière et le Beceka : " Ce qui me décida à proclamer l'indépendance esr le fait suivant : arrivé à Bak*anga le 23 juillêt 1960, je me rends immédiatement auprès de-la seule' puissance jinancière d,e la région, la Cornpagnie -pourMinière du Beceka', at'in de lui demander assistanèe les milliers d'évacués Baluba, arrivant du Nord. El 1à, on me fait une réponse non -proclamez .apbjguë :_ "Faites comme Tshombe, me dit-on, l'indépendance., nous vous paierons versons actuellement à Léô.

la

redevance- que .rous

n "D'ailleurs, ajoutèrent ces messieurs, si vous ne le faites pas, non seulement nous ne vous assisterons pas, mais nousmêmes, nous lâcherons rour et nous passotti la frontière."

Qu'aurais-je pu faire

?

"

cadre de sa souveraineté décidé à prendre ses responsabilités et nous allons donc nous débrôuiller nous-mêmes. Aux

et à tout le monde, je dis que l'Afrique et qu'il n'y a qu'une. voie

Américains, aux Russes,

I'Afrique demeurera pout tà prospérité, c'est la èonsolidàtion de son unité. u hussitôt^aprês la iroisième résolution du Conseil de Sécurité, lorsqu'il sèra constant qu'il n'y a plus i.tt è espérer de l'().N.U. pour assurer la sauvegarde de l'intégrité. du pays,.le

u,ruu".neÂent Lumumba procédéra à la concentration des meilI'.ur., ,roopes dont il disËose, au Kivu et au Kasai. Et lorsqu'il rlorrnera l'ôrdre d'attaquè au général en chef Lundula, il sera rris fin, en quarante-huit heurÀ, à la sécession du Sud-Kasaï et les forces gouvetttementales pénétreront dans le Nord du l(irtanga oùl faisant leur jonciion avec les forces populaires, rniméà p^i la Balubakat,' elles vont pouvoir déferler sur les tcrritoirei exigus du Sud de la province, fief de l'Union Minière c'" cie

M.

lc régime

Tsh-ombe

f-

Quoiqu'il en soir, la résolution du Conseil de Sécurité est un fait et le Premier Ministre Lumumba en tirera la suite logique.

Puisque la sécession katangaise est désormais considérée comme une affaire intérieure dins laquelle I'O.N.U. se refuse à intervenir, c'est _évidernment au g-ouvernement du Congo qu'il appartient de la régler. Et le gouvernemenf prendra scs dispositrons à cette fin, Patrice Lumumba, ministre de la Défensè Nationale, enverra ses troupes les mieux armées et les plus sûres au Sud-Kasaï et au Katanga pour réduire les sécessions et rétablir l'intégrité de son Pays.

Patrice Lumumba qui était en Guinée, au momenr des pourparlers Bunche, avait déjà déclaré (23): .. Je n'ai pas compris pourquoi le Secrétaire général de au

Katanga a pré{éré parlemenrer pour la mise en application de la décision du Cônseil de Sécurité. Devanr cettêàttitude, nous estimons que le secrétaire général n'a pas joué son rôle dans cette affure. Le gouvernàmenr du Càngô est dans le

le cynisme C'est alors que M. Hamrnarskjôld -- Portantque I'affaire considérerâ un comble rarement atteint hatangaise n'est plus une affaire -intérieure, que I'O.N.U. a le

I

-de non Pour ramener tlroit s'immisèer dans son règlement et rendre ainsi ccs territoires dans le sein de l'Etat congolais, rrrutile I'action militaire du gouverneme-nt mais pour interromplc cette acrion militaire, imposer aux forces gouvernementales i,,' .. ..rr.t le feu ", bientôi suivi d'une rettaite et protéger .rirrsi, en fait, la sécession. :F

y

mais ce O"t*n être la matière d'un autre synchronisme entre la révocation du un véritable par le Président Kasavubu et la décision de l'rcuriËr Ministre M. l{ammarskjôld d'empêcher les forces légales de reprendre de la province en sécession. -;r,rr la force le'contrôlejours plus tard un synchronisme parfait Il y aura quelques .'rrtrc I'ordre dè cessez le feu imposé aux seules forces gouYerrrcrrrcntales par I'O.N.U. (24) èt le coup d'Etat du colonel

lI

auraalors

,,,'uragé

(2,1) Puisque

'

du 8 aott

1960.

les pertisans de Kalon.ii s'empressetort dc reprendre Bakwanga. à plui se bartre et que lis g"ndirmet du M. Tshombe reprendront les été chassés dans lc Nord dc la province.

ôeuc 'r,rdc'q;i n" ils atiient 1,,,.,r'orr'donr I

(23) " Essor du Congo

installé d.enuis quelques semaines sous la

l)rotection d'une armée étrangère.

/;

I'O.N.U., au lieu d'envoyei des forces de l'ô.N.U.

et balaye{ pratiquement sans coup férir,

de. vendus

375


Mobutu, réduisant Patrice Lumumba à l'impuissance, avant de le conduire à l'emprisonnement et à la mort. L'éditorialiste de l'" Essor du Congo u, M.M., pourra faire quelques mois plus tard cet aveu (25) : . A notre esrime, le Katanga a couru le plus grand danger, lorsque, vers la' mi-aoirt, "il était menâcé a, Nord, i"i deux rnille soldats lumumbistes auxquels étaienr oppôsés les trente soldats katangais du peloton Tchene er, à l'6uest, par l'avance de l'armée nationale au Kasaï... > Et Patrice Lumumba énonçait une vérité historique lorsqn'au cours d'une de ses rares heures de liberté, après-le coup d'Etat du colonel Mobutu, il déclara à la presse (26j : * Partout où ont pénétré dans le Katanga les rroupes congolaises, elles n'ônt rencontré aucune réslstance. Si eïles se sont arrôtées, c'est à cause des troupes de I'O.N.U. , - C'étair si vrai que I'O.N.U. ayant décidé de créer, pour la p.rotection.du Katànga,_,un9 zone neutre de 55 km d'e'part et d'autre de la frontière, elle dur organiser un pont aérien pour évacuer les troupes congolaises qui ivaient pénétré au Katànga au cours de leur offensive victôrieuse. Ce- pont aérien tran-sporta plus de deux mille cinq cents soldats 1ZZ1 et les ramena sur leurs bases de Stanleyvillè, Léopoldville'et'Thysville. . Jl r'y a donc pas de doute. M. Hammarskjôld, une fois de plus, avait sauvé la sécession d'un effondremênt immédiat. Il y avait cette fois étê ardé par MM. Kasavubu et Mobutu. X.

Mais nous avons anricipé, une fois de plus,

Fai

co.mpr_endre.o*,',",,,',i,1'ifior'"Jii"iliilïlr"osil;diiiJï'e?. ral- N4. N4- Flamrnarskjjil4, Hamrnarskiôlrl ) to.u1 tôtlr à À tour, r.,rr fait i^rror et repôussé rpnlrcc/ ral, fait jouer le concept de l'" affaire",intérieure > contre 'le gouvern-emenr central, I'invoquant lorsqu'il s'agissait de lui iefuser l'aide militaire qu'il Î_allait fallait lui àccordei accorder pour l'accomplissemenr l'accomolissement de

la tâche essentielle de tout gouvernement : le rétablissement de l'intégrité territoriale du pays, et rejetant ce concept pour empêcher sous prétexte d'éviter une guerre civile lË gouverne-

-

-

(25) Lcs 30-31 décembre 1960. (26) Notammenr la Cité r du 26 septembre 1960. " .(27) Toute la presse des i9, 21 et 22 seprembre 1960. 1.500 rien qu'à Stanleyville. En même icmps, les dix avions " Il'ouchrnc Ii - qui aveicnr amrné dcs'médjcameirrs au Congo cr quc l'U.R.S.S. avait, à la Jcmandc du gouu.rn.menr Lumumba mis à sa dispo_si,rion,. rerourna_ient à Moscou. lls porraient sur leur carlingue I'inscription: "nio.e . République du Congo '.

3?6

rnent d'accomplir lui-même cette tâche qui lui incombait et qu'il .it,'rit cn train d'exéclrter âvec succès (28).

iT Revenons donc à la résolution du 8 août 1960. Elle contenait au moins un élément positif pour le gouvernement centrâl : I'obligation pour la Belgique de retirer.non Plus < raPiclcment > maii. immédiatemeniu-ses troupes du Katanga et le droit pour les forces de I'O.N.U. de pénétrer dans cette Provrnce.

Ce fut I'occasion pour M. Hammarskiôld de manifester,

rrnc fois de plus, sa coupable faiblesse et pour rcmDorter un de ses succès les olus substantiels.

M. Tshombe

de

Au moment où le Consàil de Sécurité invitait pour la troisième fois le gouvernement belge à retirer ses trouPes, du tcrritoire du Congo, il y avait plus de 8.600 soldats belges dans lrr seule province ciu l{atanga (29). Maintenant que I'essentiel a éû obtenu êt que le Conseil tlcSécurité vient dè garantir une sorte de statu-quo à la sécession l(atangaise, le gouvèrnement belge ne voit Plus d'inconvéniént .\. rapàtrier ses troupes..D'autant moins d'ailleys quf' dûment l'astucieux chapltré par ses conseillers belges et conseillé par l'astucreux M. Rotschild, M. Tshombe va parachever le succès et consolider encore sa situatron. Dès le 9 août 1960, M. Tshombe va mettre à l'entrée des rroupes de I'O.N.U. au Katanga, dix conditions (30) : . M. Moïse Tshombe a dé,claré, au cours d'une conférence de presse, que son gouvernement a décidé de laisser entrer les troupes de I'O.N.U. aux conditions suivantes : " i) Pai d'éléments d'obédience communiste ou systémadquement hos.tiles, au Katanga dans le contingent. des troupes internationales qur sera envoye, interrogé à ce sujet (28) Aussi paradoxal qrr'il paraisse, nous ne sommcs pas convaincus que M. H' ,,,r ,lré animé pai une foncièr" mâuvaire foi. Nous pcnsons, qu'occidcntal, à mcntalité ,,,rirlcnrale, il â été, avec une facilité extraordinaire, entraîné par la polirique belge rppuyéc par scs alliés occidentaux ct le département d'Etat - à prendre ces positions , r'ntradictoires el ct profondément iliqrres. Nous avons l'impression que pcu avant sa mor-t' "nrraJicroircs d'honuêrcté,lclc décidé-à à traitcr avcc plus d'honnêteté ,l ''.ir.riL rcpcnti.!c faures capirâles capiralcs et était érait décidé ti cle ses fautes "es qu'il ait, au mornent de I'inLe l4rt fait qu Lunumba, !€ du successeur de Pàtrice oe rarrrce LumumDa, lir)ilvcfncmcnl ou i' rucntion dc septcmbre 1961, permis au représenrant .lu gouvernencnr ccntral M Bocheprématurément prémàturément M. O'Bticn M. O'Bricn avait asait au momeit moment où E'ville uu lrv Davidson l)avidsorr d'âtterrir d'âtterrir à E'ville Hammarskiôld., r,i victoire, est jndicatif indicatif du revirement :nt tardif de- M. Hammarskjôld. 'rrl' victoire. u Crise la dans H. au au Conseil de Sécurité (29) Additif no 9 au rapport de M. -Conseil (.ongolàis; >- LR.R.I., p. 798. -Àu 14 août ce nombre sera réduit à 3.600 hommes, au

u r;0t

à 3.ioo.

(30) A.F.lt. et A.P, reproduites dans r Congo 1960 II' p. 751. Davister ', lome katangais, a raconté que ,,,,i &ait-' à c.trc époouc. trè" oroche rlcs milicuf dirigcants ll.',rhrs*aâ*ur Rotschild'avait paiticipé à I'élaborâtion dè ces dir conditions.


le président a précisé qu'il avait à I'esprit le Ghana et la Guinée entre autres. pas s'immiscer dans " 2) Engagement de I'O.N.U. de ne les affaires intérieures du Katanga. u 3) Le gouvernement du Katanga gardera conjointemelt avec les forces de |O.N.U. le contrôle des voies d'accès au Katanga. I1 sera seul juge des conditions d'admission ou de refoulement des personnes et des marchandises. pas ses avions à la disposition " 4) L'O.N.U. ne mettra "des émissaires de Lumumba". 5) Elle ne s'immiscera pas dans la justice et I'administra"tion du Katanga. des forces " 6) Elle ne s'ôpposera pas à la réorganisation katangaises qui garderont leurs armes. Le gouverneme_nt du Kâtanga prendra en charge les armes laissées par les Belges à la base de Kamina lors de l'évacuation des troupes belges.

" 7) Le Katanga fera librement appel à tous les experts et techniciens étrangers. Le statu-quo politique sera maintenu sur la base de " 8)nouvelle la Constitution du Katanga. Le Katanga sera libre d'entrer en pourparlers avec tôut gouvernement de l'ex-Congo belge ou d'une partie de celui-ci. " 9) I'O.N.U. s'opposera dàns tout le Congo à I'armement d'organisations paramilitaires politiques.

ne resteront pas "inactives, mais intervièndront leI'O.N.U. échêant, contre les cas fauteurs de troubles au Congo. "Si ces conditions ne sont pas remplies, a précisé M. Tshombe, le gouvernement katangais reste prêt à recourir aux armes." " Il a ajouté qu'il tenait à ce que I'O.N.U. entre officiellement en négociations avec lui et que lui-même n'acceptait les pourparlers que pour éviter un conflit armê.. , Le Secrétaire général de I'O.N.U. ne pourra évidemment pas accepter officiellement de telles conditions, mais dans son télégramme du 20 août 1960 à M. Tshombe, il lui proposera d'entamer des pourparlers avec lui (31) : < ... pour des raisons pratiques et en vue de notre désir d'assister à un développement pacifique avec une protection des droits démocratiques de tous, je trouve qu'un franc échange de vues avec vous qui peut me guider dans 10). Les troupes occupantes de.

(31) co. loc., p. 3?B

752.

les instructions à mes représentants et qui peut yous donner des assurances sur les droits que prôtègent les Nations Unies, est d'urgence. " Je compte arriver à Elisabethville, vendredi,le 22 ao$t, accompagné par le général Kettani du Maroc (32). Commandant en chef adjoint de la Force des Nations Unies,

le général Rikhye de l'Inde, Conseiller militaire auprès du Secrétaire général pour les opérations au Congo,-des conseillers civils du Siège de l'Organisation et deux con?ltagnies d.w bataillon suédois, tous les militaires en uniforme, mais sous mon autorité personnelle exclusive et n'ayant le droit qu'à une légitime défense d'eux-mêmes au que j'exclus comme inconcevable où ils seraient attaqués.

-

"

Ainsi donc, M. H. avair ceme délicatesse, fort appréciée au Katanga, de ne se faire accompagner que par des-troupes

ll

blanches. allait ainsi au-devant nrent racistes de la direction de

dis

e*igettôes

ingén^ue-

- du HautI'Union Minière Katanga qui -. avait peur que l'arrivée de ffoupes noires irnpressionne désagréablernent ie personnel de sa soéiété 113; : "L'arrivée de troupes de I'O.N.U. peut tout remetrre en question.

" ... l'arrivée de certaines unités des Nations Unies - inutilg de préciser lesquelles provoquerait à coup sûr la débandade parmi notre personnel. " M. Tshombe exulte. A un journaliste de la * Lant('nrc >) (3a) qui l'interviewe, il proclame : " M. H. par ses télégrammes, par sa visite, reconnalt implicitement l'indépendance du Katanga. " Le ministre belge des Affaires Etrangères, M. Ifigny, qui sc voyait d'un coup consolé et payé de roures les avan-iei qu-il ,rvait subies à New York confiait à la presse (35): " Au Katanga, Tshombe accrolt ses chances. u M. Tshombe, dont l'autorité est enfin reconnue internatitrnalement, peut se payer le luxe d'accueillir M. Hammarsk(32) Cc géuéral qui nourrissait, dès ce moment, une sourde hostilité au Premier r,lrrrrrtrc l-umumba ct comnençait la {ornrrrion dc" prrrcourrnaodos sur lesquels allait g"rrr,lrc .rppui le coup d'Lirt dc son Élir.. IIoburu. (.tJ) Lc N{onde , du 12 aoûr 1960. " (l.l) ... du 12 aoûr 1960. (15) Lc . Soir . du 13 aotrt 1960.

379


jôld par ces paroles qui devaient avoir, pour le délicat M. H., un son singulièrenrent ironiqrrc (36) : " Je vous souhaite la bienvenue. Je suis heureux de votre arrivée que je souhaitais depuis longtemps. " M. Flammarskjôld, après les conversations tout empreintes de cordialité, qu'il aura a+ec M. Tshombe et le comte d'Aspre-

Et le même journaliste pouvait délivrer aux grands artisans hclgcs de la tragique supercherie katangaise, ce brevet qu'ils ,rvaicnt amplement mérité (43) : " Il faut convenir d'une chose : ies intérêts belges furent souvent placés dans des mains moins heureuses. Le major tùfleber, les d'Aspremont Lynden

mont LynCen (37). va donner tolltes les assurances qu'on attend de lui (3E), non seuletrent en privé à ses interlocuteurs

mais à son commettant : " Il a fait savoir au Conseil de Sécurité qu'il n'entendait

nullement utiliser la force des Nations Unies au Congo au nom du gouvernement central congolais pour faire accepter du gouvernement provincial du Katanga des décislons contre son gré, ni pour offrir une protection spéciale au Katanga à des représentants civils ou inilitaires du gouvernemcnt central bn dehors du rnandat gén&al de la force pour le rnainticn de l'ordre. " I-,: mii.ristrc l4r-'rrongo nottvait dès lor:s décl:irer (39) : " Il. H. eccepte les coirditions de l'{. Tshonbe. " Et l,{. Tshombc lui-r:nême, proclamer (40) : * Le Ka.tanga pourra continller sur la voie or) nous l'avons engagé. " Piàrre f)avister, de son côté, rédigeait ce bulletin de victoire, sti:icrcmcnt ,:onfori-ne à la rêa"lité (41) : * Htrit conditions sur dix virtuellement ,"cceptées dont celle a,r'ant trait au fait que I'O.N.U. ne procédcra pas au désarmement des forces katangaises, ne s'opposera pas l'i:rganisation, la prépar:r.tion, I'entr:alneir.ent de ses forces-!... C'êtait plus qu'on ne pouvait espérer. L'équipe reine d'Aspremont Lynden-Rotschild n'en croyait pes ses vetrx ! Le petit-arnbassadeur Rotschild surtout éclata-it litiéralemenf de joie et il suffisait de voir ses yeux pétiller d'allégresse, d'entendre ses petits rires flûtés, p.ou_r co-mprendre qu'il n'était pas étranger à l'élaboration de la table

à

des

dix comrrandements de Moïse (42). "

(36) Le . Pcuple " dcs 13-14 août 1960. Il avair bien failli, nous l'avons vu, lc marin mêine, empêùer le débarquement du Sccrétaire général, n'avait été, la course , Adam. l'aumônier ventrc à terrc de " (37) Voir la photo dc la rencontre dans la . Librc Bclgique du 16 aott 1960. (38) Le " 14enjç ' des 14-15 août 1960. (39) Le Soir dcs 14-15 aott 1960. " " t40) te " Soir, dcs 14-15 aott 1960.

'

(41) - Katan*a, Enieu du Monde,, p. 154 i+zi f. -eiri Davister écrit (p.'2ô9) quc la constitution du Katanga scrait aussi l'euvrc de M. Roberr Rotschild. Mais Gémrd-Libois et Benoît Verhacgcn qui méritent à"o"nra*" de confiance, dans " Congo 1960- T. II, p. 754, écrivent que cette constitution a éré piéparée et rédigée par le Pràfcsseur René Clemens de l'Université de Liège.

380

et Rotschild connaissent

visiblement la musique et, partant, ont un art consommé de faire des gammes. ,

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" Une chose est certaine : l'orchestration du coup de dés katangais est loin d'être facile et s'il n'y avalt sur le podium l'étonnante équipe belge d'Aspremont LyndenRotschild, il saute aux yeux qu'il conviendrait de songer rrès sérieusement aux valises... ,' Sans autre force armée que les troupes belges inutilisables contre les forces de I'O.N.U. et quelques centaines de - pas encore eu le temps ligurants katangais à qui I'on n'avair d'apprendre à manier leurs armes, mais en conjuguant habilerncnt les pleurnicheries obstinées de M. Vigny à New York, les lodomontades des officiers belges à E'ville et les menaces de MM. Tshombe et Munongo, l'on avait obtenu un résultat que lcs meilleurs amis de la sécession katangaise n'auraienr jamàis .rsé espérer (45) : " Cerres toute la solution katangaise a reposé jusqu'ici sur un bluff formidable qui a permis une première chose sensationelle et unique dans l'histoire du monde. N'a-r-on pas vu, en effet, lè Secrétaire général de I'O.N.U. "...pi"t d'entrer en pourpaders officiels ayec un Etat non reconnu

?>

Le Secrétaire généraL de I'O.N.U, avait mis le doigt dans I'engrenage. Il allait être entralné beaucoup plus loin. Non content de traiter avec le président d'un gouvernement provincial comme avec un chef d'Etat ce qui étaft en - à la missiondéjà, soi, profondément inadmissible et contraire qui lui wait été confiée le 14 juillet par le Conseil de Sécurité j, non content de traiter ce rebelle sur un pied d'égalité avec le ce qui était profondément Bouvernement légidme - neutre dans un conflit qu'il révolr.u1t non content de rester avait -, - contrairement à la réalité décidé de considérér comne

-

(43) eo. loc., p. 97, (44) co. ioc., p. 104. (45) eo. loc., p. 156.


violer délion Ie sait une < affaire intérieure u, il allait tacée- et intervenir bérément la règle qu'il s'était, lui-même, dans les u affaires intérieures de la République du Congo, pour régler, contre le Premier"Ministre Lumumba, un conflit constitutionnel et pour protéger l'Etat fantoche de M. Tshombe contre I'action militaire entreprise par le gouvernement légal en vue de mettre fin à la sécession. Comme on comprend que le journal des colons ait rendu homn-rage à M. Rotshild, au moment or), sa mission terminée et couronnée de succès, il allait quitter Elisabethville. u Faut-il rappeler lit-on dans un éditorial (a6) -_ le

- très fin joué par M. l'Arnbassadeur jeu diplomatique et Rotschild qui conseilla le gouvernement katangais lors de son différend avec M. Hammarskjôld et les Nations Unies ? Et cette partie, le Katanga 7'a gagnêe alors que le jeu était serré et qu'il ne fallait pas perdre un seul atout. M. Rotschild se glissa dans les mailles que dressait au Katanga le monde entier et parvint à l'en faire sortir avec les honneurs. Le Katanga est sorti plus fort de cette bataille diplomatique qui tint I'opinion mondiale en haleine pendant de nombreux jours.

>

Vous vous êtes affirmé le cbet' incomparable d'un gou_

vernement plein de courage.

IPrésident, +l+; i" t"r-irrer,

vous me permerrrez, Monsieur le

de vous dire particulièiement ,oui

l" ;;;;;;; ;

sr vgus me.permertez d'ajouter, toute I'affection que j'ai sentr grandlr en mol envers votre personne. 3 Jg suis fier et heureux d'avoir travaillé à votre côté et à côté de vos ministres. Je sais que notre personne srandira encore et qt4e vous-mêrne et lei membrei de ztotre" pouaerne.lnent, vous êtes destiné.s à joaer d.ans I'At'riq* iécorc,i_ liée de dernain un grand rôlb. " A son arrivée à Bruxelles, M. Rotschild, débarquant, allait déclarer à la presse (48) qu'il' . ... s'adonnerait de roures ses forces à la défense de -la cause du Katanga qu'il estime être une c"ur" jurt". , On sait qu'il a tenu sâ promesse.

' ifi irraù. d'Aspremont Lynden et Rotschild) furent rous deux d'honnêtes hommes gagnés à la cawse katangaise qu'ils seruirent loyalernent et de toutes leurs t'orces. Ils ont été pris à leur propre jeu. M. Rotschild poursuivait d'ailleurs cette cause d'Elisabethville à Bruxelles, de Bruxelles à New York, de New York à Elisabethville. " M. Robert Ro*child, lui-même, prenant congé de M. Tshombe au cours d'une réception d'adieu offerte en son honneur, allait manifester spectaculairement ses sentiments (47). Après avoir opposé au " désordre de l'anarchie u dans lequel avait .. sombré l'ancien Congo belge " " ... la sagesse d'un grand homme d'Etat et le courage d'un gouvernement clairvoyant " M. Rotschild ava.it félicité M. Tshombe : "... la proclamation de l'indépendance le 11 juillet 1960 a mis le l{atanga et sa population â l'abri cle I'inf luence peruerse de Lumwmba.

(46) (47)

tlu 15 octobre 1960. " Essor du Conqo " clu 17 octobre

1960.

(48)

u

Ersor du

Congo

r du 21

octobre

1960.

383


LA PRËTENDUE .. RÉSISTANGE PATRIOTIQUE

DU PEUPLE KATANGAIS

"


Nous avons vu (l) que si la sécession émit voulue par Ies blancs du Katanga, les noirs y étaient, dans leur ensemble, lrostiles^et qu'il.n'était pas. vrai qu'une majorité s'était prononcdc en faveur de la sécession. Les combats contre I'O.N.U., en aott-septembre 196l lors.q-ue P_atrice Lumumba disparu, il apparui aux puissances occidentales qu'une certaine uàité du Côngo pourraif leur être plus profitable que le sauvetage du seul Ka-tariga donneronr -, de mystifi,rrrx partisans de Ia sécession une nouvelle occasion (.rtion.

Les forces de I'O.N.U., mal préparées à cette première d_e force, _dépourvues de toute couverture âé.ienne, rvaient subi de sérieux revers. Les partisans de M. Tshombe chantèrent victoire. Et l'on chcrcha à accréditer le mythe d'une résistance populaire er prtriotique à I'agression onusienne : " Le Katanga, écrit un journal tshombiste de Bruxelles (2), vient de démontrer valeureusement qu'il n'était pas téléguidé par les Belges. " M. Tshombé a montré qu'il n'était pas une marionnerte. Le peuple katangais a montré qu'il se rrouvait derrièie éprcuve

M. Tshombe. o C'était là une nouvelle escroquerie. La résistance à l'().N.U. n'avair- pas été le fait du -peuple du Katanga, ni rrrfrne de la genda-rmerie katangaise. Seuls les blancs s'étaient bartus, prouvant une fois de plus (l) Au (2) La

chapitre I "La sécession n'érait pas voulue par Libre Belgique, des 16-17 septembrc 1961.

.

lc peuple karangais,.

387


n leup cause et qu'ils étaient prêts pour elle. i- -se sacrifier ilô.NLUl avait raison de croire qu'une fois I'op.érationdésarmement des officiers belges et mercenaires réalrsée' la ;;;;;;;;;i" " k"t"nj"ise se dlbanderait'. Prouverait son inefse laisserait neutraliser sans combattre' fiàcité, ^^---i;é"é";"rri à quelques a prourné que cette force n'a Pas combattu' près réellement exceptions rares '-'*M;iliôN.Û. - pas compté. avec les officiers belges n'avait qui, assez nombreux, avaient échappé au rapatriement' .avec làs mercenaires qui avaienr pris le maquis, avec les civils blancs porier volontaires (3).. décidés -ce'.taint --- plurà se civils, c'est déjà une longue tradition' Un reDorter de I'Aeence France-Presse (4) raconte ce qu'rl a.vu' à la ;iJ;;, t"t pt"ïi"tt temps de la sècession, à.Kamiana, ferme' pted de attend irontière du Katanga et du Kasaï, où l'on I'arrivée des troupés " lumumbistes " : remplie, non seulement de solda,tq . La petite .rill" "t,franci-tiieurs, vêtus de tenues kaki r.t.i"i"it. *"it au ,ales du côrps des volontaires européens (C'V'E')' ,, Il s'aeit d^'une soixantaine de colons hirsutes, mal lavés brassards ;^;.d;r"bt"r. Il, pott.nt fièrement au bras des de otir"ttt C.V. Ils iont armés de mitraillettes, - fusilsinitrailleurs, de grenades. Leul chef est un ^planæur de ôh.""ù* gris à la forte carrure' Son nom est arb"" ",t*à'Oplinter."Il est depuis trente ans dans le pays' vlo"t.it rrfii.itt. dirige le'ravitaillement et coupe les s;i;;; sandwiches. Mais elle alussi son fusil' , "Il v a trente-deux blanches comme moi prêtes à combattre, dit-elle". ,

aue la sécession était bien

C'est ainsi que onze soldats irlandais de I'O.N.U. ayent /'té caprurés au cours d'une attaque contre la radio de la mission

catholique : " ... les douze autres lrlandais s'étaient réfugiés dans des maisons appartenant à des Européens, mais ces derniers les ont livrés aux forces katangaises (6). " Le Président Nehru pouvait dire : " Il apparaît que les combats contre I'O.N.U. au Katanga sont organisés et dirigés par des mercenaires européens qui ont déclaré la guerre aux Nations Unies et à ceux qui les soutiennent. o Les officiers mercenaires qui se sont cachés rhns les lieux publics :

-

du 25 sePtembre 388

1961

au volant des voitures blindées er des véhicules

de

n

Notre propos n'est pas de narrer les combats. Ce qui ((,nrpte à nos yeux c'est que les populations noires et même les gcndarmes noirs se soient désintéressés de ces combats. La rÉr'cssion n'est pas, n'a jamais été leur affaire. Un officier indien d'Etat-Major de I'O.N.U. à la veille r!, la seconde opération de I'O,N.U.C., décisive- celle-ci r'rlt,tit vu poser par Eric Rotrleau (9) la question suivanre: " --- Mais comment dix mille cinq cents "câsques bleus",

la totalité

des effectifs de la force internâtionale du I(atanga, pourront-ils venir à bout de la résistance de plus rlc vingt mille soldats katangais, appuyés par une partie au nroins de la population ? n l-a question provoque un grand éclat de rire de I'officier rl'Etat-Major : "Croyez-vous à la propagande katangaise, rrons demande-t-il. Saztez-aous qae les militaires katangais

ont été aidés, renseignés, p-rotégés par.l'ensemble de la population européenne (5). La même populatron b]anche se

f

...

rc'connaissânce (8).

seuls. "-*^"itt

I'o'N'U'

avions Fouga-iVtagist"r' -ltht-téj,-!1: ,r) Ell*'avait pas compté non plus ave-c lcs. -aêncnÂc blancr, ont pu, sent- npostc . n""Jilo"*ioi Ïrh;*'b; "t q|i, pilolêr par d-es positions de I'o'N'U'C' les et forcei l'es ré'pii ï"i."Ëi-ont ;; "' (li-R;Ë,;c"i' à;'; . co'ngo 1e60 de GRIS?' "" iïô:è.î:, -' Beleiquc' (5) voir le ,uppo* ou"[iii""i'àil'ô.N.Ù.,-McKeowo, dang lr.Libre

:

(

ce sont ces hommes-H, ;; volontaires, ces mercenaire$, ce, ofli.iers en ruPture de ban, qui se sont battus, pratiquement ptofondé^ment hosdile aux forces de

( ... se vanrant ouverremenr qu'ils dirigeaient les opérarions militaires et conduisaient les attaques (7). " On voit des officiers européens en instance de rapatrie-

lilcnt

*

;;i;"i;

ont réapparu

rl

1nfil-. lfond" ' du 19 septembre 1961. Le colonel Trinquier, dans * Notre Guerre p. l13, raconte Ia caprure des Irlandais: . l,cr',ârtisâns de cetre écrasante défaite étaicnt une fois dc plus, avec le major bclgc Mourcau. dcs officiers du groupe frençais, notammcnt lC caprrarne Lasimole rt lc capitaine de Clary, qui conçut et mcna Ies opérations., (/) . Courrier d'Afrique " des 16-17 septembre 1961. (ll) l.e . Cité r des 16-17 seprembrc 1961, (.r) l.r . Monde > du 24 aott 1962.

Xrtrn6o

389


qai se sont erdiment bdttus constitfient une poignée d'bornrnes I ; ;'ô;e'd population s'est tenue prudemment à l'écart des comËats, làiJsant aux mercenaiies et aux têtes brûlées parmi les colons européens le soin d'organiser la résistance".

t

A propos de ce défaut de combativité des - gendarmes katangais, lè témoignage de cet officier supérieur de I'O.N.U. .oifir-é par lei dËclarations de trois i affreux " intervie"rt wés par Pierrl Davister (10). Il en était tellement ainsi que le comrnandant Faulques (11) : comptant que des éléments européens (12). ,, C'eut été évidemment donner au combat son vrai visage, celui d'un combat de blancs pour le maintien de leurs privilèges et de leurs profits. Les néCessités de la propagande exigeaient qu'on y associe des figurants noirs. Mais cette bataille, ils le savaient, ne les concernart Pas.

(10) " Ketange, Enjeu du Monde ', pp. 262-263. coloncl Trinquier. on se rouvicnt quc le iiii ci- . toZ"i"litit ' eneaeé avic"lc Fauliucs s'éteit rÀJu tristement célèbrc pei ler . interrogetoircg ' dc h "o-.aÀddnt ville Susini. à Alccr. (12) bavistei ct Toussaint, . Croisettcr et Casques blcus ', pp. 202-203. 390

LE KATANGA,

OASIS DE PAIX


Ce fut un des slogans les plus répandus de la propagande en faveur de I'indépendance du Katanga que de vanrer l'ordre et la paix qui y régnaient comparativement au restant du Congo.

Ce fut aussi I'une des escroqueries les plus grossières. A I'exception des trois grands centres d'Elisabethville, Jadowille, Kolwezi où continua à régner le vieil ordre colonial (1), il n'y â pas une des provinces du Congo g-ui ait connu tantde troubles, pas une qui puisse, à la fin de l'année 1960, aligner un tel palmarès de batailles et de répressions. Bien plus, à la fin de l'année 1960, il y avait eu certainement plus de morts blancs et noirs au Katanga que dans tout le restant du Congo -. Il serait- impossible de faire le relevé de tous les troubles sanglants suscités dans le seul Katanga, presque toujours par la politique criminelle de M. Tshombe et des hommes qui I'ont inventé ou soutenu. Le 7 aoit 1960 à Dilolo, I'on compte huit morts congolais. Le 13 août 1960 à Jadotville, trois morts, de nombreux blessés.

Le 23 août L960 à Albertville, de nombreux blessés. Le 3 septembre 1.960 à Kamina, huit morts africains. Le 5 septembre à lt4alemba-Nkulu, huit morts africains. officiers belges au service de M. Tshombe (2) tués au cours des opérations de " nettoyage r. (1) Renforcé mêmc puisquc d'aprèr Pierrc Davistcr lui-même (. Pourquoi Pgr du 30 déccmbre 1960 et . Katanga, En.ieu du Monde ', p, 269) il y avait plus de fonc-' tionncires belges à Elisabethvillc en déccmbrc 1 0 qu'il n'y cn avair à lr date du 30 juin ! (2) Le cepitaine Jecqueman er I'adjudant Marccl Lrnia.

393


Le 9 septernbre, des avions de la gendarmerie mitraillent

des rassemblèments, brûlent des villages, en lançant des chapelets de grenades incendiaires (3).

Le"13 septembre, la répràsiion d'un soulèvement dans les quartiers afriéains de Manono fait 70 morts. - Le même jour, un train de gendarmes est lapidé. Le 15 septembre, la gendar"merie . nettoie "'les abords de la gare de Lriena et tue sôixante-huit membres de la Jeunesse Balubakat. Le 16 septembre, huit cents Baluba s'attaquent à la gendarmerie de Manono. .. Ils tombent comme des quilles, (4). Le même jour, la gendarmerie ouvre le feu sur des manifestants à Bukana. Deux Européens sont enlevés à Luena. Le 23 sept^embre, troubles à Pweto. Le 27 à Kabondo. Le 27 septembre, deux Européens sont rués dans la région de Kongolo Le"28 septembre à Malemba-Nkulu ori la population.€urooéenne est éïacuée. Le même iour à Mitwaba, incendie de iases. Plus de 20 morts africains.- Les blancs évacuent Kabongo. Une vingtaine d'Européens ont-été tués deprlls le 9 juillet. Ouatre ont d-isoaru. Un est prisonnier des " rebelles n. t L. 29 septembre, des Baiuba armés attaquent le bureau de la direction du Parc National de I'Upemba. Le 2 octobre, vingt africains sont tués à Mitwaba. Le 7 octobtâ, d""t o accrochages , à Kabondo, Dianda, Pweta font une vingtaine de moris dont un Européen, une femme et un enfant. A Kabalo, où la tension monte' il y a près de soixante tués en 24 heures. Le 9 octobre, huit Européens sont tués à Kabalo. Le 10 octobre, I'adminiitrateur et sePt gendarmes tombent dans une embuscade à 17 km de Kabalo. Ils sont tués à coups de machette et jetés dans le fleuve. Le même jour, à Zofu, à 13 km de Kabalo, plusieurs gendarmes et qûatre Européens : le. commissaire de police, son idloi"t et deui agents d'une société cotonnière sont tués. Le 11 octobre, six tués à Mitwaba. A Kialo, un administrateur africain, son adjoint, un policier et deux soldats katangais sont rués' (3) La . Cité du 9 septcmbrc 1960' ' (4) La . Libre Dclgique des 17-18 reptembre

'

394

Une mission de religieuses franciscaines est pillée. On compte cinquante tués en une seule semaine. Le 15 octobre, les blancs de Luena se réfugient dans le couYent de la ville. Un sous-lieutenant belge est tué, trois Belges dont un commandant, un policier ei huit gendarmes kalangais sont blessés.

Le 11 octobre, vingt-deux Baluba sonr rués à Kibongo et Kongolo.

Un train de marchandises est arrêté à 90 km d'Albertville. Le 29 octobre, le grand chef Kabongo esr exécuré avec plusieurs de ses adjoints par des hommes -de sa tribu qui lui reprochent d'avoir trahi sôn pays er son peuple au profif de la sécession.

Le 2 novembre à Kolwezi, cinq Africains sonr tués, quinze blessés.

Le 3 novembre, sept tués, un

blessé.

Le 7 novembre, cinq villages près de Pweto sont incendiés. On ne peut compter les morts et les blessés. Le 9 novembre, une patrouille d'Irlandais tombe dans une embuscade : quatre tués, sept disparus. Le 16 novembre, trente-trois Africains sont massacrés à Manono.

Trois jours après, on y dénombre six nouveaux cadavres.

Et ce n'est pas fini... A la lecture de cette nomenclature qui ne couvre que quelques semaines, I'on peut mesurer la mauvaise foi de ceux qui vantaient la paix et la sécurité du Katanga.

1960'

395


UN BÉNÉFICIAIRE DE LA SÉCESSION

:

L'EGLISE CATHOTIOUE


et messieurs ! Vous n'ĂŞtes pas des pĂŞcbeurs de lune et vot4s Mesdames

ne

scalptez pas dans les nuages.

Mgr Cornelis,

dans un discours

du 20 mars 1959 (" Essor du Congo ", 23-3-59)


L'on a vu plus haut que les Pères de Dom Bosco avaient très rapidement touché le prix de leur zèle au service de la Sécession katangaise. La station catholique de radio du Katanga * " Radio Collège v veig quadrupler ses longueurs d'ondes, tripler ses heures d'émission et le nombre de langues dans lesquelles elle peut émettre (1). Très rapidement, les Pères Jésuites, qui n'avaient pas de r&idence à E'ville, ouyriront, dans la capitale de M. Tshombe (2) une " résidence Loyola >r pollr rendre plus faciles leurs contacts avec les étudiants de I'Université que le régime, sous la bénédiction de Mgr Cornelis, évêque d'Elisabethville, va cléricaliser.

Au lendemain de la résolution du Conseil de Sécurité du 9 août 1960 qui, on s'en souviendra, garantit en quelque

- au gouvernement de M. Tshombe et après sorte le statu-quo - qui peravoir pris acte des accords avec M. Hammarskjôld,

mettront la consolidation de la sécession, Mgr Cornelis, dans une allocution radiodiffusée le 14 août 1960 (3), fera Ie point et marquera sa satisfacdon : "

Sans doute, la douche écossaise que nous subissons jusqu'à

loin d'être agréable. Mais les tout derniers événements ne sont-ils pas _- à les juger froidement et lucidement ds naurle à nous tranquilliser ? présent, est

-

(1) . Bulletin

Salésicn ', 1961, no I, p. 18, (2) Dans l'ancicnnc maison dc I'rvocat Rubbens qui, n'étant plus persona grate au Karanga, avair quitté E'villc. (3) . Essor du Congo, du 16 aott 1960.

401


u Chaque jour qui passe.dans l'ordre pas une Petite victoire ? (4)

et la paix,

n'est-ce

; i\4;;;";"tt

que les grosses émotions sont définitivement écartées et que la situâtion commence à se tasser"'

'"'Irv"t'

ànfiance ! Si, par malheur, les choses.se gâtent un tour, mats vraiment^se gâter, je vous le dirai franchesans faire d'entourloupettes. Mais nous n'en som-.nt "r là aujourd'hui ! Très -loin de là, croyez-moi !.". À", pu, L'Egiise, au Côngo, a réussi ce tour de passe-passe de faire aooaraitie le Premier Ministre Patrice Lumumba comme le ;;ôré*;;;ti-du .o--unisme,.c'est-à-dire de Satan lui-même ;"iÀi;iqt;. Le gouvernement de Patrice l,umumba. a, dans son de religion oi.;.ï ai Jé.l"i"tiott (5), osé proclamer la libertépression des t'""ro'.ité .oloïial" avait, sous la â;;r ;;;;;t traqué les religions autochtones (6)' la " sépa1amissionnàirâs, "t' tion absolue entrè I'Etat et I'Eglise u ,dans un- Pa.y: où les missionnaires avaient toujours eu plus de pouvoir réel que les et osé dire que administrateurs, ---

:.i; Àif"tliq""

:

du Coïgo sera un Etat laïc, démocratiorr". no,-irr"rtté p"t le peuple pour le peuple' Ôe'f,it une lenée de bouclieis. Les milieux religieux de Léonoldville déclarèrent au Premier Ministre une gtrerre à à laquelle la mort même de Lumumba ne mettra outi"n.. pas fin. Msr Malula. l'évêque auxiliaire de Léopoldvillc, répond ,,o*"d" la hiéiarchie,'à la déclaration gouvernementale (7) : "., chose- d'importé dans. ce " La religion n'est pas quelquece décbet de la civilisation oavs. Le"laicisrne, au coniraiti, Zi'ridrntotr, importé au Congo par les ennemis de Dieu, n'est nullement de nature à nous ennoblir. ;;F;"tii i;troduire dans notre Congo ce sous-Produi't de la civilisation occidentale qui, dans cèrtains pays d'Europe, a été encore récemmenr à lbrigine de luttes scolaires vaines et stériles ? Non. Pour les wais nationalistes congolais, pour tous ceux qui aiment sincèrement ce P3y:, le laïcisme est un attentat à la vie religieuse du peuple bantou dont (4) Mer Cornelis esr parfaitement conscient de ce que chaque jour qui passe est

*"t" ifiïlî."jt*"*"lt â'*rttlt:es, no. 33-34, du 2e septembre 1e60. livre : . La Passion de Simon Kimbangu aux édrtrons des ( Àmrl tài Voit nort"

Africaine,. de -' -- Présence At ie ' Courrier d'Afrique 4A2

'

'

du 29 juillet

1960'

la vie privée, familiale et publique esr rour entière imprégnée de sens religieux.

" Je fais un appél solennel à tous ceux qui sonr fiers et jaloux de leurs richesses traditionnelles pôur repousser le matérialisme athée comme le pire des esciavag", ^"t .o**" étant diamérralement opposé- à routes les tJndances religieuses de l'âme bantouè. " D'aussi mâles paroles eurent évidemment leur écho à Elisabethville. M. Kiwele, ministre katangais de l'Education nationale (8), .inauguranr la nouvelle Uiiversité de l,Etat, préalablement épuréè par le colonel belge Champion de ses élé-ments << libre exaministes catalogués à gauchi > et le nouvel " d'Eùdcs " Institut Technique Supérieur Sociales du Katanga (9), allart exprimer une conception identique à celle du brélat llu-k9ngo (10). Se félicitant de la suppression du Centre de I'Institut Solvay : " ... institution belge dont les idées philosophiques er conséquemment. politiques. étaient pout îe Katairga'd'u n car^ctere subverslt et pernlcleux.., > le ministre Kiwele expliquait : u Tant qu'il était province coloniale belge, le Katanga ne gggvajt que subir cerre perre et assistei impuissani à la diffusion du mal, mais dàns un Congo où les idées philosophico-politiques de l'école sociale-soktay ne tarld.aient pas ? sortir- .lear , rnalignité assassine, le - Katanga s,esr proclamé indépendant ei l'une des conséquences ù a été la suppression de cette école subversive. L'on ne veur Da$ ici, ni de ces idées, ni des hommes qui les diffusent.. Qui.-fur on le sait, sacristain-organiste dans une églire d'Elisabethville. avant la pglirrque dc M. Tshombe, Il esr même, nous I'avots dit, l,auteur d,une assez belle messe atrrcaine : le n Missa Katensa,. (9).Remplaçant le Centre_ de I'Inititut de Sociologie Solvay. (10) . Essor du Congo , du 8 novembrc 1960. M. Kiwele mrnifestait de plus une remarquablc fidélité aux enseisnemenrs -l-i%;;;;i;; de son Flî:1e,, q" prélat de.choc..qu.'avait été Ir,rgr de Éemfiinr". è"t"i-";, ;; ;;; ,uurle êplscop_at, lva,r dérâ dt, en seprembre 1957 (. Essor du Congor, 2j-9_57\ t ..te. congo ,nous apparaîr devoir être au cen!re dc I'Afrique, le bastion de la clvlllsâtton cnretlenne. Or, voici que l'ascension du Congo se trouve gravemett comoromise"rl-e Congo_est attaqué de toures perts par les Torces du mal.'L,Islm tente dc reconquérir les positions dont nous l,avons chassÉ. r Le communisme russe vise l'Afrique et prépare des équipes de Congolais pour mencr I'attaquc' Dès à présent, certaines seètei subversivei lii p"épai"nîii i"riain. Le paganismc même chcrche à relever la tête et se rccommandj comme étant la 'forme authentique de la tradition ancestrale. , Mais les ennmis les Ttlus dangereux sont I'athéisme et le matérialisme. L'athéisme annonce la fin de toutcs les religions ct la libération de la raison humaine, Le metérialisme n'a d'autrc but quc-le jouissancJ d., biior-à.-i"-t"îË. 'C'est,.hélas, de-Belgique même que nors "iennent les messagers a" f"ifZirÀ. du matérialisme. Le Congo découvre que la Belgique a plusieùrs visages et qu'cilc "i cst divisée prr d'âpres luttes intestines.

.

(8).

" de..tarre

403


, La Katanga n'est plus belge (11), ni inféodé à la Belgique' et à certaini de ses partis et chapelles secrètes : il est une institution spécifiqtrement katangaise, ce qui veut dire- que lui aussi doil s'aligner, comme les autres institutions d'enseignement, sur de nouveaux principes. Non, Katangais,

tt. voulons pas de ces soi-disant professeurs de sociologie, de philosophie, de ces soi-disant aides sociaux ou autres techniciens, qui sont surtout des agitateurs politiques et des propagandistes masqués d'une libre-pensée et d'un matérialisme essentiellement communiste... L'Europe a peut-être une longue et grande histoire, pleine de hauts êt nobles exploits. Mais l'Europe n'est pas grande en ce stupide laïciirne dont elle se targue d'être I'inventrice... ,' Ainsi donc, au moment où le gouvernement nationaliste dirigé par Patrice Lumumba se bat sur tous les fronts, pour réta6lii l'ordre et la discipline dans la Force Publique, pow mettre fin à l'intervention militaire belge et réduire la sécession katangaise, les milieux catholiques de Léopoldville et d'Elisabethville parlent le rnême langage. Ce n'est pas pour rien que le quotidien catholique de Léopoldville, " Le eourrier d'Afrique ,, dans les éditoriaux de son-directeur, Gabriel Makoso, défend des points de vue proches de ceux des séparatistes katangais. M. Lumumba est combattu parce qu'il parle de " laïcisme ,,, parce qu'il se fait le fourrier du communisme au Congo. Et M. Tshombe donnera à tous les mobiles sordides qui sont à la base de sa sécession, le prétexte de l'anticommunisme (12) : . Le l(atanga, pays d'ordre et de paix, ne veut pas du communisme. S'il a déclaré son indépendance, c'est uniquement pour échapper à I'esclavage et à la misère qui furent partout les conséquences de I'emprise commqniste' et Pour q.re son peuple reste libre, dans un monde libre. r Ni moi, ni mon gouvernement, n'avons à aucun moment sollicité l'appui ni l'aide des puissances financières ou capitalistes et nous ne les solliciterons jamais (sic). noùs

" Le Katanga ne se pliera jamais à I'emprise communiste (13). Et la manæuvre se développe. M. Tshombe fait appel à l'ensemble du monde libre (t+; : t'indépendance du fa" " tanga, c'est une condition de survie du monde libre " ". Et lorsqu'un des ministres de M. Tshombe, M. Kambola, se rendra au Vatican où le Souverain Pontife aura la sasesse - mais de ne pas le recevoir, où il sera accueilli par de h"auts prélats il fera cette déclaration lapidaire (15) : -, " Si. le Katanga est perdu, c'eit la perte de I'Afrique entière, suivie de celle de I'Occident " expliquant d'ailleurs que : " ... le but de la délégation est d'avertir le Saint Père que le parti communiste prend une extension alarmante dâns toute I'Afriqne. "Nous espérons que le Pape nous aidera p?!ce que nous voulons préserver le Katanga de cette néfaste doctrine". u )>

'f;'

L'Eglise d'Elisabethville sera, faut-il le dire, solidaire du gouvernement de M. Tshombe. Et chacun des deux anniversaires de la proclamation de I'indépendance du Katanga sera l'occasion pour I'Archevêque d'Elisâbethville de faire retentir les voûtes de sa cathédrale des plus solennels et des plus enthousiastes des Te Deum ,r. " *

M. Tshombe continuera iîir., sur le bon cheval. Il multipliera les avances à l'Eglise catholigue qui n'esr pas la - missionnaires et sienne puisqu'il est proresranr et flattera

-

religieuses en toutes occasions. La n Libre Belgique

" du 24 août 1962, par exemple, rapporre : o Le président Tshombe a assisté lundi matin à la Maison Saint-Eloi, à Elisabethville, à une cérémonie au cours de laquelle dix-huit jeunes filles africaines enrrant dans la

(13) À4ême des hommes, au-ssi bicn disposés, pour M. Tshombe que les iournalistes . -. Picrre Davister er Toussaint duZolonialisre Pouràuoi Pas lé caractère ', r€conneissent de prétcxte- du motif donné à la sécession. Ils paricnt (. Crâiscttcs et Casques blcus ',

p. (11) Cctte affirmation

était énormc à I'heurc où tous lcs lcvicrs de

ttaient,'i'E;ttlli, t"nu, p", des protcction de l'. Etat , katangais' lc

Belges

commandc

er où des militaires bclges constituaient la

seulc

(12) Sa déclaration du 17 iuillet 1960, reproduite danr lc Livrc Blanc publié par -sous le titre . Le Province du Katange MinistÉre des Âffaires Etrangèies du Congo.

ct l'Indépendance 404

congoleisc

,, p.

11.

171) dc 12...

r ...r{sistance contr€ un Léopoldvillc détcsré depuis toujours, c'cst-à-dire bien avânt que Lumumba nc soit Premier Ministrc it nc servc dc rtétcxte à rnc lc support d'un grand riombre d'ambi-

sécession qti, _depuis des lnnées, constitue tions personnellcs,

'

(14) Scs proclamations des lt et 17 jurllet 1960. (15) Le . Cité du 19 aotr 1960; . Essor du Congo '

, du 18 âott

1960.

405


communauté des Sceurs de la Charité de Gand, ont prononcé leurs premiers Yæux. président Tshombe s'est déclaré extrêmement ému de " Le cette cérémonie qui est pour lui un signe de renouveau

spirituel au Katanga. Le président a fair appel aux Sæurs de la Charité de Gand pour qu'elles envoient plus de missionnaires au Katanga et en Afrique. "

f-

Comment pourrait-on laisser tomber un homme qui manifeste d'aussi bons sentiments ? (16) un moment d'ailleurs, le gouvernement de M. Adoula, oubliant que, pris en charge par le Département d'Etat de '\ùTashington, il était tenu à certains ménagements, s'impatienta des obstacles mis à un règlement de l'affaire katangàise. En même temps qu'il accuse une fois de plus les Blancs du-Katanga d'être à l'origine de la sécession, le représentant du Congo aux Nations Unies M. Izumbui montra (17) : ... particulièrement violenr à l'égard des autorités reli"gieuses d'Elisabethville, ironisant sur le prêtre "qui confesse le voleur" et qui "in fine" reçoit la moitié du laicin (18).

'

(16) Il scrait injuste de ne pas reconneître que certeins catholioues firent cxceo-n'est cc évidemmeni le groupe des . Âmis de préscnic Africeine D, une fois purgé de I'indésireblc Picrre Houari doÀt le livrc . La Péné*ation communisr-e au.Congo'. rclève de la plus basse délation. Un remarquable article sigaé Staelcns dans la . Relèvc '. C'est tout, Les démocrates chrétiens, rent wallons que flamands, sombrèrent immédiatement dans l'antilumumbisme le plus délirant, Et Iton vit le sénateur Karel Van Ceuwelaert_ qui avait écrit que le Côngo sans le Karanga serait condamné à mort, re faire, par haine de Parrice Lumumba, I'avocat du séparaiisme katanceis. Che les catholques français, les exceprions furent plus nombieuses. La . Croir r se montra assez objective au début dc l'affàire karangaisi.

tion. Bicn peu en Belgique, si

Et .

Témoignage Chrétien

. Les milieux obsessionnclle.

,

catholiques

dénonçait, dès

ori

lc 8 iîiller

1960 :

l'antilumumbisme prend

trop

souvent une formc

Quent aux étudiants catholiqucs africains en France, ils furent parmi ceux oui dénoncèrent avec le plus de violence la trahisoq de M, Tshombe et plus-tard le rôle àc M. Kasabuvu dans l'élimination physique de Patricc Lumumba. (17) La Libre Belgique > du 21 décembrc 1962. " (18) Il n'esr pâs sâns intérêt de rappeler que Patrice Lumumba dans le dcrnict discours q,u'il proronçê à la Chamlre, en sa séâncc du 7 septembre 1960 (v. Crisp. r Congo 1960 ', pp. 843 et 8,[6) rvrit dit : . Ce sont tous ces milieux catholiques qui mèncnt leur propagande dans leurs journaur qur provoquent tous les malheurs que nous connelsrôns; devons-nous permetre cet état de choses I

ifriq".,'tous ceux qui sont progresilstes, tour ceur qui sonr pour le pcuplc 'Er er conare les impérialistcs, ce sonr dcs communistcs, cl sont iles agents -dc Moscou !!!' 406

LE KATANGA ET LES GRANDES PUISSANGES


Notre propos n'est pas de conter, par le détail, I'histoire de la sécession katangaise, de ses dévelôppements, des événements qui y mirent fin, au moins provisoirement. Nous avons voulu en discerner les origines, en déterminer les causes, en démontrer le processus de mise en place et de consolidation. A chaque phase,

il nous étair possible non seulement de découvrir les agents . responsables èt .les complices. qu'ils .se trouvaient, mais aussi la supercherie à la faveur de laquelle on cherchait à égarer l'opinion. Dans cette optique, les attitudes successives et parfois contradictoires des puissances occidentales pourraieni faire l'objet d'une étude distincte. Dans les grandes lignes et dans leur ensemble, ces puissances appuyèrent soit ouvertement, soit plus discrètement, la sécession aussi longtemps qu'à leurs yeux, le Congo était susceptible de recevoir une direction nationaliste et rZellement neutraliste. Contre Lumumba, il fallait jouer la carte de la sécession et sâuver ce que I'on pouvait sauver. Ce n'est qu'une fois ce danger êcané,qu'il se fit des nuances entre alliés occidentaux. La Belgique et la Grande-Breragne, dont les intérêts au

Katanga étaient le plus directement concernés, penchaient, même après l'élimination de Patrice Lumumba, pour une formule

:

pouvoir politique ne serait pas investi dans le gouvernement central Londres Bruxelles - intérêts auet voudraient en effet entourer leurs Katanea de certaines garanties dans le cas où une équipe narion;lisre u ... où l'essentiel du

409


et dirigiste accéderait au pouvoir à Léopoldville (1). " Cette préoccupation explique pourquoi, lorsque le Département d'Etat encouragea les forces de I'O.N.U. à prendre les mesures appropriées pour mettre fin à la sécession, la Grande-Bretagne mit tout en æuvre pour empêcher l'emploi de la force et protéger àutaît que possible le fief katangais. La Belgique, déchirée entre les positions passionnelles de ses colons d'Elisabethville et des milieux d'affaires dont les intérêts étaient concentrés au Katanga d'une part et, d'autre part, I'espoir qu'elle avait de sauver le Congo tout entier pour son influence et pour le profit des sociétés dont l'intérêt couvrait I'ensemble du territoire congolais et non la seule province du Katanga, la Belgique ne dut d'opter finalement contre le maintien de la sécession qu'à l'extrême docilité à l'égard des Etats-Unis, du ministre Spaak qui venait de succéder à l'équipe tshombiste de MM. \7igny et d'Aspremont Lynden. L'appui que devait donner finalement à cette époque le gouvernement des Etats-Unis à l'action entreprise par I'O.N.U. en vue de ramener le Katanga au sein du Congo ne peut fâire oublier le soutien qu'il avait accordé au gouvernement de M. Tshombe aussi longtemps que l'on pouvait craindre un retour au pouvoir de Patrice Lumumba ou de ses successeurs. Sans évoquer ici le rôle joué par I'ambassadeur des E.U. à Léopoldville, M. Clare Timberlake, dans la révocation de Patrice Lumumba (2), dans le torpillage de tous les efforts de réconciliation entre le Président Kasavubu et son Premier Ministre (3), dans la poursuite et l'arrestation de Patrice Lumumba (4), qu'il nous suffise de rappeler que cet ambassadeur accrédité auprès du gouvernement central n'hésita pas à se rendre en visite officielle à Elisabethville, en pleine sécession, apportant ainsi à M. Tshombe le soutien du gouvernement américain à l'équipe < anticommuniste avait pris en main " qui le Katanga. Le représentant officiel des Etats-Unis au Congo entendit avec complaisance et sâtisfaction M. Tshombe lui adresser ces mots de bienvenue (5) : . Nous voulons voir (dans votre visite) la preuve de (1) Eric Rouleau, dans le . Monde du 24 1962. ' Story r, ^oàt (2) Andrew Tully . CIA- The Inside p, 221. (3) Charles P. Howard, . Kâtanga and The Congo Betrayal ' dans . Freedom lifays,, Spring, 1962, p, 146. (4) M. Timberlake alla .jusqu'à ptêter son hélicoptère à la Sûreté pour faciliter

les rech'eiches. (5) . Essor du Congo, du 22 novembre 1960. A I'arivée de I'ambassadeur... . ..,Ia musique militaire a exécuté I'hymne national américain tandis que le Président Tsbombe et i'ambassadeur Timberlake sdlraient Ie drcoeat hZtanpais et passaienr en revue le dérachement de la gendarmerie qui rendiit les honn-eurs.

410

l'intérê.t que la grande Nation américaine ne pouvair man-

quer d'apporter aux efforts que notre ierine nation a déployés.et..continue de_ déployêr pour faiie triompher la cause de la liberté et de la dZmocraiie au cæur de I'ifrioue.

".Il

rne paraft opporrun de rappeler que, si

n'est pas parvenu

à s'implanter

l".o--unir'*.

dans les territoires de I'ancien belge- en juillet dernier, c'esr grâce à latiiÇ-ongo tude du. Katanga..qui, par son intransigeantJopposition à la sujétion, a déj6ué 1es plans minuiieuseme.ri élaborés par cerrains pays d'obédiénce communiste. Nous avons fait du Katanga le bastion de la résistance à l,asservisse_ ment idéologique er économique qu'on voulait nous

lmposer.

>

M. Timberlake se mo.ntra en compagnie de M. Tshombe dans des manifestations officielles. Il avaït fait coirrcià; ;;

voyage av-ec.le fracassant déplacement à E,ville de cet ambassadeur officieux des Etars-Unis qu'était devenu, à l,époque. Louis Armstrong (6). Pour faire oublier aux Africai", i" ;;;; mrsérable que Ies Etats-Unis réservaient chez eux aux gens de couleur, on faisait le,maximum de tapage J,;; ;oi; "utou. américain qui avait reussl. M. Timberlake fit aussi, faut-il le dire, le pèlerinaee rituel aux sancruaires de l'Union Minière du I{aut-Itat".rg" Ëù il ,," qyt"p.a"qyer de s'exrasier et où il fraternisa avec IËs hommes d'aitarres belges. qui soutenaient de toures leurs forces le sépa_

ratrsme katangals. , ê l" méme époque, de lombreuses délégations d,officiels américains firent le voyage d'Elisabethville :-le sous-secrétaire d'Etat adjoint, M. HendJrson, les sénareurs Frank Ct ii..ii .i le propre frère du futur présid"rrt d", Èfl, .Fl"t l. M?r:,_ M. Edward Kennedy. Des hommes d'affaires américains, aussi, se mirent à prospecter.le Katarrga, tel_ce M. John Ganshof 'van d". M"J.r.h,

de la Banque, Dillon, Read et Cy de New-york, président dé américaine de Çen5";ls techniques et'financiers , " American Eurafrican Development Corpoiation (A.E.A.) : à qui a été confiée par le Katanga la mission d,encou_ "... rager la participation iechnique et Jinancière américaine

la firme

- (6) M. Timberlake assiste d'ailleu_rs, le 21 novembre 1960, aur côtés de M, Tshombe cr du consul ds EU. au *ade prince atuÉri, ,, ;;";;;;'àr;;t'p;îf.-iai"ltil ;;;ïi::i: noir (. Essor du Congo ,, 22-11-60\ | . Rapportons enfin, écrit le .iournal, que M. Louis Armstrong a déclaré à un confrère érranqer

r "I like

Tshombe t',' ,-

411


et canadienne à l'effort de développelnent social et économique du Katanga (Z). est également prévue " b""r'f " cadre de la même mission à New York d'un bureau katangais de coordiI'ouverture nation économique et financière aya;ît un Katangais comme titulaire. " (Patrice Toujours pendant les mêmes semaines cruciales - Pensent Lumumba est en prison à Thysville. Bien des gens

qu'il reprendra le pouvoir)

Elisabethville reçoit la visite de

- U. Nones, président et directeur et Faul d'une compagnie aérienne américaine, chcrchant à investir au Katanea (8). CYest'lé vice-consul amérièain, M. John Alden Aderegg, qui tuttvt.

I-i'"" L. Bollinger

leur tournée. ^patronne Le. sénateur Edward Kenncdy, lui, dont la mission est

politique et militaire, s'est fait accompagner Par un conseiller à"prèi de la Cornmission des Affaires Etrangères, M. Donald Henderson, par le coloncl \ùTitsenburger de la Force Aérienne et officiers et sept gradés. ^par trois Au même nrom.ttt, l.-M*"ta Yamvo, grand chef (9) de la tribu des Lunda et beau-père de M. Tshombe, est aux E.U. I'hôte choyé du Départernent d'Etat qui lui fait rencontrer : * .. m grand to*bre de personnalités politiques et du monde des affaires (10)' " Le vieux chef put faire aux E.U. la connaissance d'un katangais " particulièrernent puissant et efficace. lobby " Oèr l. dlbut dà septembre 196ô, l'hebdomadaire " U.S. News and \fforld Report , avait publié une longue interview de M. Tshornbe. L'on fit passer sur tous les écrans de la télévision des E.U. des bandes d'actualité montrant un Tshombe aimable bien accueilli dans les villages katangais. La projection se terminait par ce commentaire : * Tout indique que M. Tshombe est très populaire ici et qu'il n'y a pas de raisons de croire qu'il soit un homme de paille des Belges. " Le " lobby katangeis > constitue alors l'* American Committee For Aid to l{atanga Freedorn Fighters " (11), disposant (7)

du Coneo ' du 24 octobre 1960. du ConËo ' du 10 décembre 1960. i9j . E-pe."ut ' di'ta la pressc américaine de l'époque. 110) r Essor du Congo ' des 21 et 26 loYembre 1960. irt't Pou" des détails au suiet dc I'activité du lobbv katangais, voir * Freedom Ways "'1N.Y., Spring, 196?, p. i.r6) et Jran Ziegler dans le " Courrier Africaio ' du CRISP du 21 mars 1963. < Essor

isi . 8..o.

4t2

de nombreux appuis parlementaires et d'importantes ressources financières.

C'est au cours d'un meeting organisé par ce comité au Madison Square Garden de New York, le Z mars 1962, que fut acclamée pour la première fois la candidature d'un homme du lobby, le sénateur Barry Goldwater, à la présidence des E.U. L'on recueillit, ce soir-là, 80.000 dollars en faveur de la cause de M. Tshombe. Certes, lorsque le Département d'Etat voyant plus loin que les dirigeants trop passionnés du lobby, et comprenant que le moment émit venu d'étendre I'emprise américaine au Congo tout entier dont le chef du gouvcrnement, M. Cyrille Adoula, était acquis, corps et âme, à l'influence américaine (12), le changement de politique ne se fit pas sans queiques grincements. Il fallut changer le trop voyant M. Timberlake pour i'homme d'une nouvelle polidque, l'arnbassadeur Gullion, qui devint le mentor, I'ange gardien de M. Adoula. Patrice Lumumba éliminé, M. Antoine G\zenga emprisonné, le bloc lumumbiste disloqué (13), le Congo de M. Adoula semblait digne désormais du rerour du Katanga : " A Léopoldville, le golrvernement pro-occidental de M. Adoula est en bonne posture > écrivait " Afrique Express " (14) qui ajoutait : " Les Occidentaux désiraient seulement la fin de la sécession katangaise, mais pas la chute de M. Tshombe. Leur rêve est, une fois le problème de la sécession résolu, de (12) Certains congolais étaicnt conscients de la maneuvre. Nous n'en citerons pour preuve qu'un article de I'hebdomadaire . Présence Congolaise, du 9 février 1963 : . Il faut vraiment manquer totalcnenr de cervelle pour croire que les Américainr qpi ne savent même pas assurer la liberré et l'égalird aux noirs habitant leur pays, vicnncnr à 10.000 ou 20.000 kilomètres de chcz eux par amour pour nous, pour norre liberté er notre unité. Les Etats-Unjs n'ont en vue que leurs inrérêts politiqucs et économiques.

Lcs Américains ont, au Congo, un doublc inrérêt : sur le plan politique nous leur donnons la possibilité de prendrc pied au ceur même d'un conrinent qui, jusqu'à présent. était le monopole des puissances européennes. ' Lcs Américains n'avaient jusqu'à présent que leur petir picd-à-terre

du Liberia. ils liennent, pieds et poings liês, sn go*p.rnef,ent congolais qti, jour, s'emprisonne dauantage à làrr prolit. , En fait donc, pour les Américains, le Katanga est le seul coin du Congo qui échappe .jusqu'à cc jour à leur emprise, ll laut donc le so*mettre à un gouocr-

Maintenent

cbaque

tott déuoré aux inlérâts améiceins. r Quant au second intérêr américain au Congo, il esr comnerciel,., Er l'auteur de développer ici avec beaucoup de lucidité I'intérêt qu'il' y a pour lcs Amêricains, maîtres déjl des dcur plus grands productcurs de cuivrc du monde : I'Annaconda et la Kennecot; à pouvoir contrôlcr la production r.lu troisième: l'U,M.H,K. responsablc jusqu'ici de Ia baisse des cours du cuivre sur les marchés mondiaux. Soulignonr ici d'ailleurs que depuis lors, le cours du cuivre n'a plus cessé dc progrcsser.... (13) M, Cleophas Kanritaru, par exemple, étair revenu d'uo voyage aux EtatsUnir, converti à la balkenisation du Congo. (1,1) ... du 10 {évriet 1962. nemint centrel

413


réconcilier M. Adoula avec M. Tshombe et de maintenir ce dernier au pouvoir à Elisabethville. Cela est le plan général. " On sait qu'ils sont allés plus loin par la suite et qu'ils sont paryenus à installer des hommes strs du Katanga à la tête d'un Congo théoriquement réunifié, pour leur seul profit. Avant-hier, et peut-être demain ou après-demain, M. Moïse Tshombe lui-même. Hier, M. Evariste Kimba, son ancien ministre des Affaires Etrangères. Mais ceci est une autre histoire... *

Certes, n'àvant pas compris au moment même les hautes MM. Tshombe et Munongo renaclèrent lorsque i'Occident, après avoir soutenu leur sécession, exerça sur eux toutes sortes de pressions pour qu'ils y mettent fin. Manifestant alors la fermeté des convictions anticon-rlnunistes qu'ils avaient affectées, ils se tournèrent vers I'U.R.S.S" destinées auxquelles on les résèrvait,

pour lui demander son assistance. Déjà la presse occidentale se gaussait. Le " Soip lvait parlé de : " ... l'aimable promptitude avec laquelle I'U.R.S.S. aurait répondu à la demande d'assistance de Munongo. La requête de l{.-}lunongo n'obtint pourtant.des" Sovié. tiques que cette note officieuse, extrêmement sèche, des " Izvestia > (15) : " Il faut avoir complètement perdu l'esprit ou tout sens des proportions pour s'imaginer que l'Union Soviétique a le désir de prêter assistance à des laquais et des bourreaux en faiilite. Il va sans dire que I'U.R.S.S. n'a pas l'intention d'avoir affaire avec la clique des fantoches qui ont vendu et trahi la liberté et l'honneur de leur peuple. Il est également évident que la seule idée de la présence d'agents de cette clique sur le sol soviétique ne peut être autre chose que I'invention d'une imagination maladive. " De ce côté-là, au rnoins, il n'y avait pas, il n'y a jamais eu d'équivoque.

(15)

4t4

"Libre Belgiquc' du 2 eoût 1961;.Monde' du 3 aott

1961.

POSTFACE


En écrivant ce livre, nous.avons tout d'abord pensé qu'il fallait démystifier le problème katangais. De puissants mouvements dans le rnonde, des gouvernements même avaient a{fectê de croire au caractère -national. patriotique-, spontané de la sécession. On parlait, avec des trémolos, du peuple katangais qui voulaif sauvegarder son " " originalité. On invoquait Ie droit dès peuples à dispùer d'euxmêmes, pour camoufler une opération ôù d'ancilns rnaltres blancs cherchaient au contraire à disposer d'un autre peuple et surtout des richesses d'un autre oeuole. Il fallait donc dérnonter ro;t fc' processus pour faire apparaître la falsification. _ .D'auçuns reprocheront sâns doute à ce livre son manque de sérénité. Rien n'y est dit qui n'ait éré vérifié, contrôlé. Rien n'y est affirmé qui ne soit prouvé, justifié. Ce n'est pas la faute de l'aureur si le simple exposé de faits que l'histoire retiendra comme indiscutablËment-établis, pfgldL presque fatalement, des allures de réquisitoire. Il est difficile de I'avoir pas le cceur soulevé, lorsqù'à chaque page d'un récit s'étalent l'hypocrisie, le cynisme et i'in;'usticè, * ** Car la sécession katangaise esr un crime. Nous l'avons dénoncé à I'heure où il se commettait, à l'heure où il n'étair

pas encore consommé (1). C'est même le crime r-najeur que

le Congo et contre l'Afrique. (1)

.

Rcmarqucs Congolaiscs

' du i6 juillct

l'on ait commis

contre

1960.

417


q Tout ce qui s'est passé au Congo, depuis le 30 juin 1-960 à I'exception des débordements de quelques militaires, dans -la nuit du 5 au 6 juillet, débordements qui, dans un autre contexte, n'eussent pu avoir ni prolongements, ni co-nséquences grarres tout ce qui s'est passé au Congo résulte directement -, ou indirectement de la sécession katangaise. parce que I'intervention militaire belge de .juillet C'est 1960 protégeait eC consolidait cette sécession que le Président Kasavibu Ët le Premier Ministre Lumumba se sont dressés contre elle et ont fait appel à I'aide de I'O.N.U. C'est en voulant mettre fin à la sécession par ses Propres moyens lorsque l'obstination de la Belgique arracha au - Sécuriié sa résolution du 8 août 1960 que Patrice Conseil de -, pour les Lumumba se démunit de ses troupes les plus fidèles envoyer à deux mille kilomètres dé sa capitale et qu'il s'exposa à la perfidie de ceux qui, en le renversant, allaient frapper leur Congo dans le dos. C'est la volonté du Premier Ministre de mettre fin à la après le refus sécession qui lui fit clemander et obtenir - de transports : l'aide de I'U.R.S.S. en matière américain quelques dizaines de camions et onze avions llyouchine 14

càpables chacun de transporter une quinzaine d'hommes, cette aiâe modeste qui allait sôrvir, pour le Président Kasavubu. de prétexte à sa révocation. C'est pour se débarrasser de son Premier Ministre et se

concilier lés bonnes grâces du rebelle Moïse Tshombe que l'entourage du Président de la République livra Patrice Lumumba à la province en sécession et à la mort, espérant, par cet holocauste, ramener la province séparée sous son sceptre. par tous C'est la volonté d'Antoine Gizenga de réduire - des conles moyens, et sans attendre de I'O.N.U. ou des E.U. cours marchandés -- la sécession katangaise qui le mit en conflit olrvert avec le nouveau Premier Ministre, M. Cyrille Adoula. C'est pour faciliter un impossible accord avec Moïse Tshombe et se concilier, à ceftê fin, les bonnes grâces du Département d'Etat, que le gouvernement Adoula arrêtera et détiendra pendant plus de deux ans et demi Antoine Gizenga et mettra tout en ceuvre pour briser l'unité des forces lumum-

entralnant ainsi la révolte des nationalistes demeurés fidèles à l'idéal de Patrice Lumumba. , C'esr pour permettre la réintégration du Katanga au sein du Congo .g.ue.p?{ une sorre d'aberration, qu'ils doivént déplorer aujourd'hui, MM. Adoula et Kamitatu ont émietté leur fays en plus de vingt provinces-étars. Il était nécessaire, pensions-nous, d'établir, de manière définitive, le dossier de cê crime à l'heure où triôrnphenr ceux qui l'ont commis. Ce livre aura, à tout le moinsj le mérite d'interrompre la prescription. A l'heure or) certaines puis.sances entendent faire diriger et contrôler le Congo_ par ceux-là même qui, pour leur .onrp"r", I'ont assassiné, il cst bon. que le m.onde n;oubiie pas ce q,..,"'."i hommes représentent et le^jcu qu'ils ont joué. *

A

-hornmes politiqu-es il l'inverse,

n'est oo, ln".rr'*rs, sans doute, que des aujourd'hui da"s les maré-

_congolais, enlisés

cages.de Léopoldville, se voient rappeler les positions cohérentes saines qui étaient les leurs â-rant q,r,ils se soient laissé

et

gangrener par la corruption ou la lassitude. A prendre plus clairement conscience des manceuvres dont ils ont été, dont ils sont encore l'obiet, sans doute leur sera-t-il plus facile de secouer leurs chaînes I même dorées de trouver le. courage nécessaire pour arrêter le processus de - dégradation dans lequel ils se son-i-engagés et de faire rentrer leoi pays dans les perspecrives de l'histoire. *

bistes.

. -Nous avons pensé aussi qu'à I'heure otr d'autres pays d'Afrique lu.ttaient-encore pour lèur indépendance, cette hisioire pouvait rcvêtir r:n caractèie exemplaire.' C'est ainsi que, lorsqu'on entendra les chefs coutumiers de Rhodésie sourenir le gôuvernemenr de M. Ian Smith, l,on se souviendra d'avoir déjà entendu de tels propos. Lorsqu'on r-erra des politiciens noiis appuyer ou relaf". ^M. lan Smith dans un gouvernement de Rhodésiens * authentiqus5 ,, l,on saura que la Rhodésie a, elle aussi, ses Tshombe r"r L{urrorreo. "t Et tout paraltra plus simple. Et peut-être y aura-t-il rnoins îe victimes de h supercherie, et penâant moins longtemps.

C'est dans l'espoir de voir I'O.N.U. et les Etats-Unis mettre fin, pour son compte à la sécession katangaise que M.. Cyrille Adotla s'est soumis si étroitement à la politique américaine,

- Nous n'aurons pas perdu norre temps si ce travail peut favoriser au Congo des regroupements et conduire à une réïni-

418

'fi-

419


fication véritable du pays, et s'il aide I'Afrique à rejeter ses traltres, à combattre la contre-révolution qui menace de la frustrer, pour des décades, de son indépendance, er à faire sa

TABLE DES MATIERES

nécessaire unité.

Préface

Le contexte de 1956 . L'apothéose de I'Union Minière du Haut-Katanga Les Manifestes de .. Conscience Africaine - et de I'Abako Les réactions des Blancs du Katanga . Les électiong communales de 195? et le de la Balubakat et de la Conakat Réactions des Noirs à la politique des Blancs du Katanga L'autono-mie katangaise souhaitée par les Blancs, repoussée par les Noirs . Les Blancs fondent 1,.. Union katangaise -, parti des seuls .. vrais . KatangaiS L'explosion du 4 janvier 1959 à Léopoldville et ses répercussions

au

Katanga

La Voix de son Maltre > : la Conakat, porte-parole de I'Ucol - Union katangaise [.e séparatisme en échec à la conférence de la Table Ronde

.<

Lumumba contre Tshombe Conakat

15? L77 199 205

La

sécession katangaise

*

I'O.N.U.

I

131

Postface

2L9 225 24L

277

et la Bourse

301

309 323 325 335 347 :

La prétendue.. résistance patriotique * du peuple katangais Le Katanga, oasis de paix Un bénéficiaire de la sécession : I'Eglise catholique . Le Katanga et les grandes puissanceg

I

g7

287 295

marionnette coloniale > La sécession n'était pas voulue par le peuple katangais . Le désarmement de la Force publique , Un héros de la sécession : I'abbé pierre Adam La * victoire - belge de Kolwezi La création de la gendarmerie katangaise . L'escroqueris diplomatique et sa complaisante victime

I'l

8?

255 26L

Une

i

81

Le coup d'Etat avorté La nuit du g au 10 juillet 1960 . La proclamation de I'indépendance du Katanga et les premières réactions du Gouvernement central . Le vrai chef du Katanga : le commandant Weber Le roi des Belges et le Katanga de M. Tshombe .

Les Belges d'Elisabethville Les Belges de Belgique .

f

69

191

Les élections de mai 1960 et leurs conséquences L'étape décisive vers la sécession - La loi sur mesure de

ll

26 43 53

11?

La volte-face de la Conakat et le divorce Conakat-Batubakat

la

7 13

361 385 391 392 407

415


I CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Extrait du catalogue Articles et interpellations par,

loseph lacquemotte

lementaires 1912r1936

René Deprez

La Grande Grève (1960,1961)

-

Maurice Kunel

50F 100 F

(épuisé)

Un tribun : Célestin Demblon

-

100 F

Henri de Man et Louis de Brouc\ère Le mouvement - I'allemand p"t guvriel en Belgique (traduit de René Depret et présenré par Maxime Szteinbeig) 80 F Clauàe Renard La conquête du Suffrage Universel en Belgique 100 F Jules Chomé gaise

A

Moïse Tshombe et I'escroquerie katan,

. -

180 F

paraître

:

Maxime Szteinberg ( 1e09,191

1)

-

La Gauche du Socialisme belge

Pour obtenir ces ouvrages, versez le montant au C,e.p, 1gg?.4b de 1g-20, av. de Stalingrad, Bruxelles 1

la Fondation J. Jacquemotte,


. Achevé d'lmprlmer sur les ptrsses de la Société Populaire d'Edlflons Brqxelleg

le 5 avril

1966


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