2 minute read

L’œil de Glez

DR

LudovicLado

Advertisement

Prêtrejésuite Pédocriminalité:lesilence coupable du clergé africain

Dansl’histoirerécente, aucun scandale n’aautant ternil’imagedel’Église catholique que lapédocriminalité. Passée sous silence au cours du long pontificatdeJean-Paul II, elle estrévélée sous ceux de ses deux successeurs, BenoîtXVI et François, qui ont pris le risque d’ouvrir la boîtedePandore. Après lesÉtats-Unis, l’Angleterre, l’Irlande,l’Australie…oùdes enquêtesindépendantes ont débouché sur desrévélations accablantesetsur dessanctions quin’ont pasépargnédes hauts dignitaires du clergé, la France a pris le relais avec la publication,le 5octobre, du rapportSauvé.

En saluantle couragede l’autoritéecclésiale de cespays occidentaux pour avoir ordonné cesenquêtes ou pour s’yêtre soumis,onnepeut s’empêcher de se demandercequ’il en est de l’Afrique.À ce jour,aucune démarche similairen’a étéentreprise. Impossible donc de citer un seul membre poursuivi ou en prison pour abus sexuels sur mineur.Faut-il en conclureque le continentn’est pas concerné par cesscandales?

Depuislapublication du rapportSauvé, si les autorités ecclésialesafricaines condamnentunanimement les atrocités mises au grand jour, leursavis divergent sur lesenjeux d’un telrapportpour lesÉglises du continent.

Ilya ceux, nombreux,pour qui la question desabussexuels ne se pose pas dans les mêmes termes au Nord et au Sud. Selon eux,sienOccident la plupartdes victimessont des garçons,enAfrique, ce sont presque exclusivement des fillesoudes femmes.Ilarrive

qu’une grossesse de mineure soit attribuéeàunmembre du clergé. Mais cescas,pour lesquelsonnedispose d’aucune statistique,fontrarement l’objet de poursuites judiciaires.Quand l’affaireest rendue publique, lesévêquesprocèdent généralementaurenvoiduconcerné pour qu’il assumeses responsabilités parentales.

Aussi, lesracinesculturelles de la relativitédu«conceptde minorité»enAfrique ne sont pas de natureàfavoriser la judiciarisation descas d’abus. Dans certainscontextes,l’adolescente estperçue comme mariable et est donc,«naturellement », cible de convoitises sexuelles. Ainsi, peu de parentschrétiensébruitent les affaires impliquant un membre du clergé. Ils privilégient lesarrangementsàl’amiable donnant lieu àune pragmatique priseencharge totale desbesoins de l’enfant.

Si le problème se pose différemment au Nord et au Sud, un abus resteunabus.

Devoir de vérité

Uneautrefrangeduclergé africain, plutôt minoritaire, estime que l’Églisecatholique devraitprendreles devantspour diresapartdevérité.Bien que le problème ne se pose pas dans lesmêmestermes partout,un abusreste un abus et mérite l’attention de l’institution. Elle gagnerait àtirer lesleçonsde réparationencours dans les Églises occidentalesrattrapées parleur passé de dissimulation et de complaisance.Tôt ou tard, elleseverra contraintedelivrer la réalitédeson passé. Autant le faireaujourd’hui de sa propre initiative.

On peut aussi envisager que le papeimposecettepolitiquede véritéàtoutesles congrégations catholiques. Si beaucoup pensent que la pédocriminalitédans le clergéreste un phénomène marginal en Afrique, comment en êtresûr en l’absence de statistiquesque seulesdes enquêtes indépendantespermettent d’obtenir?Leclergéconnaît aussi différents«scandalesd’enfantsde prêtres» qui, sans êtrenécessairement liésàdes crimes sexuels, posent la question du célibat ou de la chasteté descurés.Des investigationssur cettepartde leur vie intime pourraient révéler biendechoses quel’Églisepréfère pour l’instant cacher.Mais,là aussi, jusqu’à quand ?

This article is from: