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SAMBA BATHILY

Itinéraire d’un Tapie africain

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Aussi audacieux que controversé, cet homme d’afaires malien est l’un des entrepreneurs les plus en vue d’Afrique de l’Ouest. Quel est le secret de sa réussite? Quels sont ses réseaux? JA a retracé le parcours de cet ancien protégé d’Alpha Condé.

JULIEN CLÉMENÇOT

A

Avec le s colonels Mamadi Doumbouya et Assimi Goïta, les rapports de Samba Bathily sont encore frais. À Conakry, l’homme d’affaires malien a bien essayé, ces derniers mois, de nouer des liens avec le pouvoir militaire – il a même remis en main propre un mémo sur ses activités dans le pays au président de la transition –, mais l’époque où il était au palais de Sékhoutoureya comme chez lui est révolue. Sa situation n’est pas meilleure à Bamako, où il a aussi perdu son meilleur allié avec le départ forcé, en mai 2021, du président Bah N’Daw.

Qu’importe. À 50 ans, l’entrepreneur sait rebondir. « J’ai vingt-cinq ans d’expérience et j’ai vu quantité de présidents défiler. Quand on ne veut pas de moi, je passe à autre chose », nous confiait-il en octobre 2021, lors de notre première rencontre dans le hallduMarriottdesChamps-Élysées. Pour l’heure, il concentre ses efforts sur le Sénégal, où il a rassemblé ses équipes, et poursuit avec une filiale du groupe indien Tata un projet de gestion du réseau de fibre optique du gouvernement, mais aussi sur la République démocratique du Congo (RDC), pour laquelle il fourmille d’idées : un métro avec Alstom ou des unités de production d’eau potable avec la société belge Sotrad. Avec la bénédiction du président Félix Tshisekedi.Lesdeuxhommessesont connus en Belgique trois ans et demi avant l’accession du fils d’Étienne au pouvoir.Uneproximitéconfirméepar le conseiller du chef de l’État congolais, Jean-Claude Kabongo. « Bathio, c’est une sorte de Bernard Tapie africain, confie un ancien associé. Audacieux, controversé, mais il sait aussi attirer la sympathie. Oui, c’est un opportuniste, mais ce n’est pas un escroc », ajoute-t-il comme pour le dédouaner. À l’image du patron français, ses rapports avec la presse restent binaires. Elle est la bienvenue lorsqu’elle loue ses projets et immédiatement pourfendue lorsqu’elle se fait plus critique. « Seul Dieu peut me juger », s’emporte Bathily.

Fils d’un commerçant djogoramé originaire de la région de Kayes, qui deviendra parlementaire et qu’on surnommera« députéalimentbétail » parce qu’il possédait un cheptel de 3000 têtes, le jeune homme renonce aux études de droit entamées à l’Université catholique de Louvain (Belgique) et se lance d’abord dans le tourisme au pays des Dogons. Puis le natif de Badalabougou, la banlieue chic de la capitale malienne, part en Guinée.Il aalors à peine25ans. Selon le mythe du self-made-man qu’il s’est forgé, Samba Bathily aurait trouvé lui-même le contrat qui va le lancer, aiguilléparunamirencontréenboîte de nuit. La réalité est, comme souvent, plus nuancée. Sa chance, il la doit à Amadou Madani Tall, qui n’est pas encore le conseiller du président Amadou Toumani Touré (ATT) mais un jeune loup de Wall Street alors à la une de la presse internationale. À la recherche de bonnes affaires, ce dernier démarche des sociétés américaines cotées à la petite Bourse

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