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RD Congo

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Samba Bathily

Samba Bathily

Autrenouveauténotable,les pays empruntent àlafois pour financer leurs besoins de développement, mais aussi pour refinancer la dette existante.Unmécanisme qui permet d’allonger lamaturitémoyenne de la dette. «Siun Étatpeut emprunter à trenteanssurlesmarchésdecapitaux internationaux–àl’instardecequ’ont fait certains pays d’Afriquesubsaharienne –, il opèrealorsendouceurun reprofilagedesadette :ilrembourse une detteémiseàdix,douze,quinze ans avec une detted’une maturité de trenteans. Par conséquent, on assiste àune améliorationdes termes pour l’émetteur souverain », explique Catherine Bouvierd’Yvoire. On voit ainsisedessinersurlecontinenttrois catégoriesdepays: ceuxendétresse, ceux ayant accès aux marchésdes capitaux,etceux,enfin, qui aspirent ày aller.Lepanoramaest bienplus nuancé et moins risquéqu’il n’est souventprésenté.

Dernier vestige d’un ordrerévolu?

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Par ailleurs, au coursdes quinze ans qui ontprécédé la crise liée au Covid-19,les PIB en valeurdes Étatsd’Afrique subsaharienne ont enregistréune croissance comprise entre7 %et8 %enmoyenne. Dans certains pays,unnouveau calcul du PIB (rebasing) apermisdes augmentations spectaculaires,comme au Nigeria (+ 90 %en2014), au Ghana (+ 60 %en2010),auBénin(+36,4% en 2020), mais aussi au Togo (+ 37 % en 2020).Quand le PIB augmente, il estnormal que l’endettement suive, expliquentlesexperts.D’aprèsLionel Zinsou, «laprogression du stockde detteest également un signe positif, et pas seulement une pathologie ». Alorsque l’on observedepuis plusieurssemainesunretournement sur lesmarchésfinanciersinternationaux,marqué par la hausse des tauxd’intérêt, quisigneledébut de la fin de l’argent quasi gratuit, le cofondateur de la banque d’affaires SouthBridgerappelle ceci :« En 2021, l’abondance de la liquidité au niveau international aattirésur lesmarchés desempruntsobligatairesinternationaux de nombreux pays, aussibien d’Afrique que de l’OCDE.Defait, s’il yaune “pandémie” de progression de dette, ce n’estpas uniquement le cas en Afrique subsaharienne. Notre continent n’estpas plus maladeque lespaysdel’OCDE! »soutient-il. Ajoutant :« L’Union africaine appelle toujoursàlaréduction de la dette mais, en réalité, celle-ciseproduit touteseule, elles’exécute. Parfois, au fil descrises,ontrouveuntraitement ad hoc, mais, àdirevrai, il yauntraitementcontinudeladette pour les pays moins avancés. Il ne faut pas fairedefolklorismesur la detteafricaine! »C’est dit.

Alors, le «Cadrecommun »duG20, censéregrouperl’ensembledescréanciersenvue de traiter l’endettement des pays en développement, est-il le dernier vestiged’unordre révolu? Pas si sûr.Certes, sa mise en œuvrese révèle complexe, mais,pour lespays en situationdesurendettement, il resteleprocessus le plus adapté aux besoins d’allègement qui ne peuvent êtresupportésqueparuneseulecatégorie decréanciers. Ainsi en est-il du Tchad, de l’Éthiopie et de la Zambie, premierpaysducontinentàavoir fait défaut pendant la pandémiede Covid-19.Selon le ClubdeParis, partie prenantedes discussions relatives au Tchad, le Cadrecommun adéjà produit desrésultats: c’esteneffet la toutepremièrefoisque sont réunis autour d’une même table la Chine, l’Inde,laFrance, l’Arabiesaouditeet le Club de Paris. La portée du Cadre commun estd’autant plus historique que Pékin, contrairement àses habitudes, se trouve en premièreligne en tantquecoprésidentducomitémisen placepourdiscuteravecN’Djamenaet Lusaka. En Zambie,oùladette extérieureest estiméeàquelque 17,3 milliards de dollars(plus d’un tiersest détenu par la Chine), lesautorités espèrent que le dossierderestructurationseraboucléd’iciàlafindejuin. Demeurentnéanmoinsdeuxdifficultésmajeures pour le cadrecommun du G20.Lapremièreréside dans sa lenteur.Enclenchéen2020danslecas

du Tchad, il n’a, près d’un an et demi plus tard, toujourspas abouti. Entretemps, l’environnementextérieur a changéaveclaremontée descours du pétrole, laquelle aapporté une nouvelle margefinancièreaupays. L’autreprincipalécueilconcernel’implication descréanciersprivésdans lesdiscussionsderééchelonnement. AuTchad,lecomitéafortementincité lescréanciers privés,letrader suisse Glencoreentête, àserapprocher des autorités locales, l’objectif étantde parvenir,pour l’ensemble de la dette du pays, àuntraitement équilibréde tous lesprêteurs.

Lionel Zinsou, cofondateur de la banque SouthBridge, et Michel Sapin, conseiller principal du cabinet Franklin.

Autre écueil majeur : l’implicationdes créanciers privés dansles discussions de rééchelonnement.

Comme l’explique Catherine Bouvierd’Yvoire,«leprincipedecomparabilité de traitement (traitement équilibré)faitpeurauxcréanciersprivés, en particulier aux banques commerciales, qui redoutent d’être pris dans des restructurations de dette

avec,potentiellement,unallègement duprincipalouuneréductiondutaux d’intérêt. Cela pourrait les pousser à cesser leurs prêts. Car leur vocation est de prêter dans des conditions de risque calculé. » Raison pour laquelle certains pays comme le Kenya ont préféré ne pas participer à l’ISSD afin de conserver intact leur accès à ce type de financement. D’autres pays émergents d’Afrique subsaharienne ayant participé à l’ISSD, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ont bien pris soin d’indiquer explicitement aux prêteurs privés et aux agences de notation que l’initiative ne serait pas étendue aux créanciers privés. « QuandMoody’setlesautresagences de notation ont compris que ces pays ne voulaient parler qu’avec les créanciersbilatéraux,ellesontfaitmachine arrièreetontôtéleur“surveillance”. »

L’émission répétée d’eurobonds oblige in fine les économies africaines à davantage d’orthodoxie budgétaire.

Créer un cercle vertueux

Ce traitement particulier dont bénéficient les prêteurs privés n’est pas sans susciter des critiques, puisqu’il entraîne de fait une sorte de « subvention » de leur dette par les autres bailleurs de fonds. Mais peut-être s’est-il aussi imposé parce que l’émission répétée d’eurobonds oblige finalement les économies africaines à davantage d’orthodoxie budgétaire ? Afin de conserver leur accès aux marchés obligataires internationaux, les administrations du continent sont incitées à adopter une bonne gestion, créant ainsi un cercle vertueux. Comme le rappelle Lionel Zinsou, en juin 2015, lors de son accès à la primature du Bénin, l’essentiel de la dette du pays était exigible à un an. « C’était extrêmement dangereux ! Et puis, en quelques années, on est passé de un an à trente ans. Nous avons effectué un travail incroyable pour créer une signature sur les marchés internationaux », justifie-t-il. Il faut dire que, « désormais, grâce à la qualité de leur crédit et de leurs performances macroéconomiques, ces pays arrivent sur les marchés de capitaux internationaux, où les sommes qui leur sont proposées leur offrent de nouvelles perspectives », complète Catherine Bouvier d’Yvoire. Plus question, en conséquence, de se couper de ces marchés.

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LA GALAXIE DE…

Benedict Oramah

Chantre de la Zlecaf, il a fait de la banque qu’il préside, Afreximbank, le bras financier du projet. Et s’appuie, pour mener à bien sa mission, sur des personnalités favorables à l’intégration du marché continental.

AURÉLIE M’BIDA

Depuis mars 2018 et la signature à Kigali de l’accord de libre-échange intra-africain, qui a précédé le lancement – trois ans plus tard – de la Zone de libreéchange continentale africaine (Zlecaf), la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a su se positionner au centre du dispositif. Et ce aux côtés de l’Union africaine, qui porte le projet d’un point de vue politique, la Banque en étant le bras financier. L’institution financière multilatérale implantée au Caire, dirigée par Benedict Oramah depuis 2015, est notamment chargée de la mise en œuvre du projet de système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), attendu pour résoudre les difficultés liées à la convertibilité multidevises. Figure de proue d’Afreximbank et fervent défenseur de l’intégration du marché continental, le Nigérian est devenu l’un des visages de la Zlecaf, son principal promoteur. Tour d’horizon des personnalités sur lesquelles il s’appuie pour accomplir cette mission.

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FO RUM/J.A CEO LARRA YA DIEU/AFRICA ERIC

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#TEAMAFREXIMBANK

L’ancien président d’Afreximbank (2005-2015), JeanLouisEkra(1), a contribué à l’ascension d’Oramah au sein de la banque. Il l’accompagne aujourd’hui sur la thématique du libre-échange en tant que président adjoint du Conseil consultatif de la Foire commerciale intra-africaine, IATF2023 (Intra-African Trade Fair), qui se tiendra en Côte d’Ivoire l’année prochaine.

GeorgeElombi(2), le vice-président exécutif de la banque, dont il pilote les questions juridiques et de gouvernance, est un fidèle du Nigérian. Ce docteur en droit diplômé de la University of London est un spécialiste de la question des barrières douanières.

Également vice-président exécutif, le banquier égyptien AmrKamel(3), chargé du business development et du corporate banking, est à l’origine de plusieurs accords – dont un contrat de partage de risques pour 100 millions de dollars signé avec CDC Group – qui sécurisent l’action portée par Oramah.

Enfin, la Nigériane KanayoAwani(4), ancienne de Citigroup, a progressé à Afreximbank parallèlement à son compatriote, devenu président en 2015. Un an plus tard, elle est nommée directrice de la division IntraAfrican Trade Initiative de l’institution.

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AFREXIMB ANK

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L’INTELLIGENTSIA

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AFP VIA /A NADOL UA GE NCY TERLI ISA

En dehorsd’Afreximbank, BenedictOramah asutisser un réseau solide parmi lespersonnalités économiques africaines de premier plan. On yretrouvenotamment, et pour la causeducommerceintra-africain, l’économiste camerounaise VeraSongwe(5), secrétaireexécutive de la Commission économique pour l’Afrique.Autre prochedubanquier nigérian en la matière, le Zambien AlbertMuchanga(6), commissairechargédudépartement duCommerce et de l’Industrie àl’Unionafricaine.

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AFP VIA /ANADOL UA GE NCY CETINMUHURD M.

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LES CONSTRUCTEURS

Ils sont de toutes lessignatures –oupresque –etdetous lesséminaires sur laquestion. Dans l’orbited’Oramah, trois noms sont directement attachésàlaZlecaf.Ils’agit d’abordduSud-Africain WamkeleMene(7), son secrétairegénéral, devenu un interlocuteur (très)fréquent duprésident d’Afreximbank.LeNigérian Mike OgbaluIII(8),le directeur général du PAPSS, estsorti del’ombre cesderniersmois. Cetingénieurdeformation estspécialistedes fintech. Il anotamment étédirecteur général d’une filiale du groupe Interswitch et responsable de la division Cartes et e-produitsàEcobank. Enfin, AbdulrahmanA. AlHamidy(9), PDGdu Fonds monétairearabe (FMA), qui opèreBuna, le système de paiement transfrontalier et multidevises avec lequel le PAPSSs’est associé.

LES FACILITATEURS

Outrelacontribution financièredelaBanque africaine de développement (BAD) àlamiseenœuvre de la Zlecaf, le compatriote et «mentor»d’Oramah, Akinwumi Adesina(10),qui estunlobbyiste convaincudu commerce intra-africain, cherche àcapterles investissementsétrangers sur la promessedeceque doit êtreun continent aux échanges économiquesfacilités. AutreVRP de luxedelacausedéfenduepar Benedict Oramah,l’ancien président du Nigeria (1999-2007) OlusegunObasanjo(11), connu pour sonfranc-parler et la richessedeson carnet d’adresses,qui atoujours été prochedes dirigeants de l’institutionpanafricaine.Il accompagneleprésident d’Afreximbank dans nombre d’événements d’affaires àl’international. Obasanjoest parailleursprésident du comité consultatif de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), dont Oramah est membre.

Également proche duprésident de la banque créée à Abuja en1993, GodwinEmefiele(12), le gouverneur de la Banque centraleduNigeria (CBN) depuis 2014et ancien de Zenith Bank,est souvent desdéplacements d’Oramah,notamment via sa casquettedeprésident du comitédegouvernance du PAPSS.

Très discret quant àses liens avec la sphèrepolitique, BenedictOramah ne peut cacher le soutien d’« ambassadeurs»demarque que peuvent représenter les chefs d’État ivoirien, Alassane Ouattara, et rwandais, PaulKagame(13).Le premier accueillera en 2023 la prochaine Foiresur le commerce intra-africain,dont Afreximbank estun membreactif.Et le second ahébergé la signature de l’Accord de libre-échangecontinental africain (AfCFTA)en2018.Par ailleurs, le Fondspour le développement desexportations en Afrique (Feda) d’Afreximbank,lancé en août 2021,est domicilié àKigali.

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AFRIQUE-REA FO URNIER/JEUNE VINCENT

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OJISU A/A FP PHILIP

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