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Tunisie

et avec l’objectif de renforcer le groupe, pas de le diluer. D’où notre intérêt devant la privatisation en Italie de la compagnie ITA Airways.

Cette position de leader va-t-elle vous pousser à ouvrir un peu plus les livres de comptes en même temps que le capital du groupe?

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Il n’y a pas de changement à attendre de ce côté-là. Nous avons la chance et le luxe d’être une compagnie privée, et ce n’est pas parce que nous sommes devenus numéro un que nous allons communiquer nos chiffres et dévoiler notre stratégie. Nous avons traversé des moments difficiles, mais nous nous en sommes toujourssortissansavoiràfaireappel aux marchés. C’est un avantage que nous entendons conserver.

Justement, comment avez-vous traversé la période du Covid-19?

Nous avons veillé à toujours assurer la continuité des opérations. La situation était pourtant très préoccupante lors de la première vague, en Asie, puisque, du jour au lendemain, nous enregistrions une baisse de 17 % de nos activités cargo pendant que la partie croisière s’effondrait. Ce qui nousapermisdenousrendrecompte que quand la Chine ferme ses usines il n’y a plus rien à transporter. Une fois qu’elles ont été rouvertes, l’effet a été immédiat et multiplicateur. Nous avons dû faire face à une explosion de la demande mondiale de transports de biens de consommation. L’ensemble des armateurs a donc dû se montrer très agile et mettre tout ce qui flottait à disposition. Le monde entier a alors réalisé l’importance du secteur maritime dans l’économie mondiale. Personne ne nous connaissait vraiment, alors que plus de 90 % du commerce international se fait par voie maritime.

Cette explosion de la demande a provoqué une hausse très élevée des taux de fret. Est-ce selon vous la fin de la « globalisation heureuse » qui, pendant trente ans, s’est justement appuyée sur des coûts de transport très bas?

Nous ne retrouverons certainement pas les tarifs d’avant-pandémie, trop bas de toute façon et en dehors de toute logique, notamment au regard des besoins en investissements des armateurs. Les flux évolueront un peu, mais l’Occident ne va pas se réindustrialiser. L’Europe et les États-Unis ne peuvent pas être compétitifs face aux produits fabriqués en Asie. L’Afrique a certainement un rôle à jouer en la matière si elle réussit son industrialisation,

À Genève, le 10 mai 2022. comme jeveux lecroire.Aujourd’hui, nous faisons face à un engorgement des terminaux, notamment aux États-Unis, amplifié dans certains cas par le manque de main-d’œuvre

portuaire. Nos services sont ralentis, les navires comme les conteneurs bougent moins vite, il en faut donc plus, mais il n’y en a pas. Les taux sont toujours élevés mais, à partir de 2023, beaucoup de nouvelles capacités vont entrer sur le marché.

MSC doit réceptionner à lui seul plus de 800 000 EVP de capacités supplémentaires ces prochaines années. En prévision de quoi?

De l’amélioration de certains de nos services existants et du développement de nouvelles lignes maritimes. Nous allons également en profiter pour retirer nos navires les plus âgés. L’idée est de disposer de davantage de capacités sur une flotte modernisée, notamment dans l’optique de la décarbonation des navires. La quasi-totalité des navires que nous allons prochainement réceptionner devraient marcher au GNL [gaz naturel liquéfié]. Notre objectif, c’est zéro émission nette d’ici à 2050. Pour y arriver, nous continuons d’étudier d’autres carburants alternatifs, en collaboration avec le secteur énergétique et les autres industries.

Pour atteindre notre objectif de zéro émission nette d’ici à 2050, d’autres carburants alternatifs que le GNL sont à l’étude.

Qui va payer les dizaines de milliards nécessaires pour décarboner la flotte mondiale?

Les armateurs feront techniquement tout le nécessaire puisque nous n’avons pas d’autre choix, mais le coût de ces investissements sera supporté par nos clients, qui, in fine, les répercuteront sur les consommateurs.

AVIS D’EXPERT

RogersHouse, 5, President John Kennedy street,Port-Louis, Mauritius

www.taxafricanetwork.com

TaxAfrica Network (TAN) est le premier réseau panafricain d’experts en fiscalité né en Afrique et développé par des Africains.

Créé début 2022, TANa été pensé et conçu pour s’inscriredans la mutationdupaysage économique du continent. Ce réseau aété fondépar desprofessionnels chevronnés delafiscalitéenl’Afrique, dotés d’une richeexpérience en fiscalitéinternationale.Ces professionnelscomptentdes décennies d’expérience dans des cabinets fiscaux internationaux depremier plan,travaillantsurdesprojetsetdesinvestissements complexessurlecontinent.

RyanAllas,PrésidentduComitéExécutifdeTAN,estime que«lesmembresduréseauTANs’engagentàcréerun réseaufiabledansdifférentspaysafricainsayantpour mandatspécifiquedefournirdessolutionspersonnaliséesauxentreprisesdumondeentier».

Le réseau offredes opportunités en termes de partagerdes connaissances, d’expériences et debonnes pratiques en matièrefiscale ainsiqu’une plate-forme de discussions sur dessujets fiscaux internationaux actuelsimpactantlecontinent.LesecrétairedeTAN, ManameFallaainsidéclaréque «cecadred’échanges, d’expériences et d’opportunités d’une part,etderéflexionetdeformationd’autrepart,seracertainement uneplateformed’innovation,d’auto-évaluationetd’excellence ».

LesmembresdeTANsontconvaincusqu’entantqu’acteurdel’environnementjuridiqueetfiscal,lacontributionduTANaudéveloppementducontinentrésidedans sonsavoir-faireetsacapacitéàprendreenchargedes sujetsfiscauxetjuridiquescomplexes liésàl’Afrique à travers la mise en commun de sa propriété intellectuelle.Selonsontrésorier,OlivierRwamasirabo,«TAN est une plateformepassionnantepourprésenter nos capacitésfiscalespointues àl’échelleinternationale. Elle est destinée àdevenirle réseau fiscalleplus robusteetfiableàtravers lecontinent».

Ryan Allas

Président Mauritius Rogers Capital Tax Specialist Services Ltd

ryan.allas@ rogerscapital.mu

Serge Mba Bekale

Viceprésident Gabon Leads Global

serge.dimitrimb@ leadsglobal.org Maname Fall

Secrétaire Sénégal SOJUFISC

manamefall@ me.com

DR HOT OS -P JAMG

Dossier É Énergie

La centrale solaire de Ouarzazate, également appelée centrale de Noor, située dans la région du Drâa-Tafilalet, au Maroc.

SOLAIRE La révolution en marche

La course au développement et àlaconstruction de centrales bat son plein surlecontinent. D’alliances stratégiques en levées de fonds,laconcurrence entreinvestisseurs se joue sur plusieurs fronts.

MAHER HAJBI

Toute l’industrie de l’énergie solaire retient son souffle! Depuis quelques semaines, le bruit court avec insistance : Bboxx, le fournisseur britannique de services hors réseau, serait sur le point de racheter la cleantech ghanéenne PEG Africa. Selon des informations de la presse spécialisée qu’aucune des deux sociétés n’a démenties, le montant du deal tournerait autour de 200 millions de dollars. Un chiffre rarement atteint pour ce type d’opération dans le secteur. Début mai déjà, c’est l’américain Sun King, fournisseur de kits solaires destinés à une utilisation domestique, qui avait atteint un autre record en bouclant un tour de table de 260 millions de dollars pour accélérer son développement et déployer ses activités en Asie et surtout en Afrique.

De l’Égypte à l’Afrique du Sud, en passant par le Maroc, le Sénégal, le Burkina Faso ou encore le Togo et le Kenya, le secteur du solaire est en pleine ébullition. Les projets de centralessolairesphotovoltaïquesreliées au réseau national et les systèmes hors réseau poussent en grappes sur le continent, où le soleil est quasi inépuisable. Ainsi au Maroc, malgré un bilan contrasté lié à la gestion complexe du gigantesque projet solaire Noor Ouarzazate (580 MW), l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) garde dans sa ligne de mire l’ambition royale : porter la part des énergies renouvelables à hauteur de 52 % de son mix énergétique d’ici à 2030. Pour ce faire, sept concessions ontétédébloquéesenfaveurdequatre producteurs indépendants d’électricité(IPP)danslecadreduprogramme NoorPVII.LemarocainTaqa,lefrançais Voltalia, l’émirati Amea Power et Enel Green Power, filiale du géant italien Enel, auront pour mission de développer une capacité solaire photovoltaïque de 333 MW.

Fortes prévisions de croissance

Pour marquer leur territoire, l’allemand Siemens Financial Services (SFS) et le chinois Huawei Digital Power Technologies ont opté pour des partenariats stratégiques avec un objectif clair : développer un portefeuille de 1 000 MW d’énergie solaire et d’infrastructures intelligentes. Le premier s’est allié au saoudien Desert Technologies dans le cadre d’une coentreprise dénommée Capton Energy qui se donne pour ambition d’acquérir et de développer des centrales solaires en Afrique et en Asie. Le second a choisi Meinergy, un des leaders du photovoltaïque en Afrique de l’Ouest, pour

doter le Ghana de mégaprojets avec, en prime, 500 MWh de capacité de stockage d’électricité.

Par ailleurs, « une bonne série d’initiatives privées, menées par des acteurs comme Meridiam ou encore le gestionnaire de fonds à impact Camco, contribuent également à accélérer le processus et à exploiter un nombre plus élevé de mégawatts surlecontinent»,affirmeChristopher Knowles, conseiller indépendant en investissements financiers, passé par la Banque européenne d’investissement (BEI) et par Meridiam Infrastructure Africa Fund (MIAF). « Aujourd’hui, des investisseurs de premierplanmisentsurcesecteuren raison des fortes prévisions de croissance et de rendements fiables.

Lesolaireestdevenul’unedesénergies les plus compétitives en matière decoûtsetcelledontlacroissanceest la plus rapide du monde », analyse Rim Berahab, économiste et experte en énergies renouvelables au Policy Center for the New South (Rabat). À la tête de Bboxx EDF Togo, fruit du rapprochement entre le fournisseur britannique de kits solaires de nouvelle génération et le français spécialisé dans les énergies « bas carbone », Oudou Nsangou est optimiste : « Le solaire est l’énergie de l’avenir et constitue la solution la mieux adaptée au contexte africain et à la réalité locale ».

Les eforts intenses de décarbonation au niveau mondial devraient stimuler le secteur des énergies renouvelables.

Centre de formation pour les futurs techniciens du solaire, au Kenya.

Associé à l’éolien, il domine les capacités de production d’énergies renouvelables dans le monde en 2021 (88 %).Danssonrapport« Renewable Capacity Statistics 2022 », rendu public en avril, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) note une augmentation de 3,9 % en Afrique, où environ la moitié de la population totale (soit 548 millions de personnes) n’avait pas accès àl’électricitéen2018,selonlaBanque mondiale. Dans le contexte actuel, l’Irena mise sur les énergies propres, solaire en tête, pour couvrir près de 67 % de la production d’électricité en Afrique subsaharienne à l’horizon 2030.

Ainsi, la croissance attendue de la demande d’énergie conjuguée à l’intensification des efforts de décarbonation au niveau mondial devrait stimuler le développement des énergies renouvelables, et notamment du solaire. D’autant plus que le progrès technologique continue de favoriser la baisse des coûts : « C’est un investissement à faible risque, adossé à des actifs qui offrent des rendements prévisibles à long terme sous forme de contrats d’achat d’électricité », explique Rim Berahab. Au-delà de la volonté de répondre aux besoins du continent en électricité, les investisseurs sont attirés par « la rentabilité de ces projets, qui est bien supérieure à ce qui est observé sur les autres marchés mondiaux », assure Christopher Knowles.

Engouement institutionnel

Mais derrière l’engouement des entrepreneurs pour cette manne du solaire encore très peu exploitée sur le continent, il faut aussi noter l’engagement des institutions de financement de développement.

IFC, filiale de la Banque mondiale chargée du financement du secteur

privé, a ainsi mis en place un dispositif à la fois technique et financier au service des gouvernements et des investisseurs. Cette solution pour développer rapidement les grandes

C’est un investissement à faible risque, adossé à des actifs qui ofrent des rendements prévisibles à long terme.

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