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Samba Bathily

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Politique

SÉNÉGAL MACKY SALL

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« Mon travail de président est loin d’être achevé »

Impact de la guerre en Ukraine, coups d’État en Afrique de l’Ouest, relations avec ses opposants… Pour JA, le chef de l’État évoque son bilan, à quelques semaines des législatives et à moins de deux ans de la présidentielle.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARWANE BEN YAHMED, ENVOYÉ SPÉCIAL À DAKAR

Ce jour-là Le 27 juin 1977, Djibouti proclame son indépendance Mali Les illusions perdues de Karim Keïta RD Congo Chez les Tshisekedi, la politique en famille Gabon Rencontre avec Steeve Nzegho Dieko Cameroun La méthode Atanga Nji Tribune Afaire Shireen Abou Akleh : Israël, toute honte bue Algérie-Maroc-Espagne La guerre du gaz Tunisie La garde rapprochée de Kaïs Saïed

Au palais présidentiel, à Dakar, en décembre 2018.

mettan t le d évelop pement de l’énergie solaire, et enfin l’énergie éolienne avec le parc éolien du Ghoubet.

Sur la voie de la croissance verte

La république de Djiboutis’est positionnée comme un hub logistiquemondial grâce àlavision et àladétermination du Président de la République SEM Ismaïl Omar Guellehqui amis en place une feuillederoute politique du gouvernement avec un objectif audacieux consistant àfaire de son pays l’un des premiers pays africains àutiliser à100 %une énergie verte. Djibouti se tourne ainsi aujourd’hui vers le développement de la production des énergies éoliennes, afnderépondreà la demande croissante et mettre àladisposition des ménages et des industries (zone industrialo-portuaire) une énergie propre, sufsante et compétitive. Afin de promouvoir les investissementsprivés dans le secteur énergétique, l’accent aété mis sur 2points : -libéralisation du secteur de la production électrique ; -mise en place d’un modèle de Partenariat Public-Privé (PPP). C’est danscecadre queleprojet éolien est développé par un producteur d’électricité indépendant djiboutien, Red Sea Power,consortium composé de : -lasociété Djiboutienne,Great Horn Investment Holding (GHIH) ; -laSociété Néerlandaise de Financement du Développement(FMO); -legestionnaire de fonds d’investissement climatique ClimateFund Manager ; -leFonds panafricain dédié au développement des infrastructures, AFC (Africa Finance Corporation). Ces investissements majeurs, témoignentdelaconfiance des partenaires internationaux dansla vision énergétique àlong terme de la république de Djibouti. Dans de nombreuxpays,lecoronavirus aeuunimpactsur les installations éoliennes. Tous les chantiers des parcs éoliens mondiauxétaient àl’arrêt, les bateaux bloqués dans le canal, les vols annulés, et les usines des fabricants fermées.Larépublique de Djibouti faisant partie des pays qui ont bien contrôlé cette pandémie mondiale, l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti s’est distinguée en facilitant l’acheminement des équipements via les ports et le corridor, ce qui apermis àRed Sea Power de relever plusieurs défsen fnalisant aujourd’hui l’installation complète de 17 éoliennes àGhoubet.

Ghoubet bénéficie du meilleur potentieléolien du pays.Situéeà une altitude de 230 mdans la baie de Ghoubet,augolfe deTadjourah, la zone est balayée par les vents du golfe qui, àlarencontre de la terre,sont accélérés vers le sudOuest, créant unevaste aire avec un potentiel éolien. La vitesse moyenne annuelle du vent, d’environ 9,75 m/s, permet une production annuelle d’énergie (PEA) P90 d’environ 237 000 MWh/an. Le projet éolien de Ghoubet comprend :

•la construction de 10 km de routes d’accès en gravier de 6mdelarge. • l’installation de 17 turbines. • la construction d’une sous-station. • l’installation des lignes (moyenne et haute tension).

DONNÉES GÉNÉRALES

NOM DU PARC ÉOLIEN Ghoubet Wind farm PAYS DJIBOUTI COMTÉ/ZONE ARTA PUISSANCE NOMINALE TOTALE 58 905 kW NOMBRE DE PALES 3 CLASSE DE VENT IEC IA/IIA SURFACE BALAYÉE 13 685 m² DIAMÈTRE DE ROTOR 132 m BOÎTE DE VITESSE Oui PARC ÉOLIEN Terrestre OPÉRATEUR Siemens-Gamesa SUPERFICIE 395 hectares 17 ÉOLIENNES SG 3,4-132 STATUT Installées

Une fois opérationnel,leparc éolien doublera la capacitéinstallée, jouera un rôle grandissant dans le bilan énergétiquenational et international et fera partie des objectifs de développementdurable n °7del’agenda 2030 qui ontété adoptés parles Nations Unies en 2015, soutenant ainsi l’indépendance énergétique de Djibouti de manièrerespectueuse de l’environnement.

Ce projet va mettre en œuvre une croissance corréléeàune valorisation du capital humain,pour répondre aux besoins de ce secteur de développement éolienqui repose d’une part sur la maîtrise de la technologie et d’autre part sur la disponibilitédes compétences dans ces métiers en évolution.

Dans le cadre du soutienàlacommunauté locale, RedSea Power reconnaît l’importance de fournir des avantages aux communautés localesdanslesquelles le projet éolien est situé, ainsi que le rôle qui peut être joué pour soutenir le gouvernement de Djibouti dans la réalisation de progrès versles objectifsdedéveloppement durable. Il s’agit de la construction d’une usine de dessalementd’eau de mer par osmose inverse qui s’accompagne de l’installation de panneaux solaires ainsi que du transport et de la distribution de l’eau aux deux villages.

Centrale électrique de raccordement de Ghoubet.

Ce développement socialetéconomique ne peut êtreatteint sans une solutionénergétique fable, abordable, compétitive et rentable. Avec lesports, les chemins de fer,les industries et autres projets d’infrastructures de transport que nous avons développés et en développement, la disponibilité de cette énergie est d’uneimportance primordiale.”

M. Aboubaker Omar Hadi,

Président de l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (APZFD)

Lefuturouvrageportuairecontribuerasignifcativementàl’essoréconomique et social de Djibouti grâce àunafux massifd’investisseursetd’usagers issus du monde entier et signera la transformation de Djibouti en un hub nouveau de transbordement énergétique dans cette partie du monde, àla croisée de l’Afrique orientale et de la Péninsule arabique du Golfe.”

Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, Président de la république de Djibouti

Damerjog Djibouti Industrial Zone, futur pôle de développement industriel et énergétique

Démarréenoctobre 2020,lenouveau complexe pétrolier de Damerjog est une jetée ofshore de 3kmet un stand d’ingénierie qui formeront, avec la zone de stockage des hydrocarbures, le futur complexe pétrochimique de Djibouti. La nouvelle plate-forme, située dans le ParkIndustriel de Damerjog, est un des plus grands projets phares lancé par l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (APZFD) et entrera en opération le second trimestre 2023.

Le terminal pétrolier consiste en une jetéeoffshore, avec unecapacité de manutention de plus de 13 millions de tonnes pouvant servir plusieurs terminaux de stockage avec une capacité combinée allant jusqu’à 1million de m3 .

Le projet Damerjog LiquidBulk Port (DLBP) comprend notamment la construction des ouvragessuivants : •Une digue en enrochement de 2500 mreliant le parc de stockage àlajetée située en eau profonde. La digueabritecôtéSud,unaccèspour la circulation deséquipements desservant la jetéeainsi qu’un pipe rack supportant 9pipes pour le chargement et déchargement des produits pétrolierset 2pipes pour la lutte contre l’incendie. •Unpont d’accès de 11 mdelargeur reliant la digue àlajetée pétrolière. Le pontest d’une longueur de 316,33 m(Côté Djibouti) et est composé de 2travées, la première en continuation avec la digue de 149,95 mformantunanglede 2x5,43 mavec la deuxième travée de 155,52 mpour atteindre la jetée. •Lajetée est constituéed’une plateforme de 82 mx40m,construite sur 55 pieux (Ø 1219 mm, ép. 19 mm, long. 41 m). Cette jetée accueillera lesnavires océaniques et côtiers transportant des produits pétroliers, via 2postesd’amarrage. Le Quai 1(côté Djibouti) recevra des navires allant de 30 000 DWT à100 000 DWT et le Quai 2(côté Somalie) de 5000 DWT à30000 DWT.Lajetée sera équipéede11défenses pour atténuer l’énergie des bateaux exercée sur la jetée lors de l’accostage desnavires.Lajetée permettra de charger ou décharger des produits sur chaque quai en même temps. Le Fuel 380, l’Essence, Le Gasoil, le Jet Fuel et le GPL seront les produits commercialiséssur cette jetée pétrolière. La capacité annuelle de volumes traités sera de 6,5 millions de tonnes pour la phase 1, et atteindra 13 millions de tonnes dans la phase fnale du projet.

www.dpfza.dj

@DPFZA. DjiboutiPortsFreeZoneAuthority

@dpfza

OBJECTIF BURUNDI

Le président burundais lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2021.

DIPLOMATIE Petit État, grandes ambitions

Après l’élection d’Évariste Ndayishimiye, en 2020, cet État d’Afrique de l’Est reprend progressivement sa place sur la scène internationale. Et compte désormais attirer des investisseurs, condition indispensable à la relance économique.

Deux ans, presque jour pour jour, après l’arrivée au pouvoir du président Évariste Ndayishimiye, et au moment où le Burundi s’apprête à célébrer, le 1er juillet, le 60e anniversaire de son indépendance, la triste parenthèse du troisième mandat de Pierre Nkurunziza, marqué par un isolement complet du pays, semble bien refermée. En novembre 2021, les États-Unis ont levé les sanctions imposées à ce petit État d’Afrique de l’Est. L’UE a suivi, en février 2022, tout en précisant que le terme de « sanctions » ne convenait pas puisque les restrictions appliquées depuis 2014 étaient – ouvrez les guillemets –« des mesures appropriées au titre de l’article 96 des accords de Cotonou ». Ainsi, résume un diplomate en poste à Bujumbura, « le Burundi est redevenu un pays comme les autres ». « Sur les droits de l’homme, sur la liberté d’expression ou sur l’ouverture politique, certains gestes ont conduit à la levée des sanctions américaines et européennes, exposet-il. Nous avons repris un dialogue en essayant d’établir une relation mutuellement profitable et de voir comment nous pouvons travailler pour appuyer leur plan national de développement. » Martina Borovac Pecarevic, cheffe de la section politique à la délégation de l’UE au Burundi, chargée de mettre en place le dialogue politique entre les autorités de Bruxelles et celles de Gitega, estime, elle aussi, que des progrès ont été accomplis, motivant l’allègement des sanctions. « Il y a eu du positif, c’est indéniable, assure-t-elle, notamment la libération de journalistes. C’est ce qui nous a conduits à recommander la levée des mesures. » Un discours qui agace du côté des opposants au parti présidentiel, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Force de défense de la démocratie (CNDD-FDD). Le premier d’entre eux, Agathon Rwasa, président du Congrès national pour la liberté (CNL) et adversaire malheureux d’Évariste Ndayishimiye à la présidentielle de 2020, s’interroge à haute voix : « La communauté internationale est-elle naïve ou complice de la situation au Burundi ? Prétendre que la situation des droits de l’homme s’est améliorée relève de l’hypocrisie ou du cynisme. À nos yeux, rien n’a changé : l’Union européenne a simplement voulu se sortir d’une affaire dans laquelle elle se trouvait coincée en caressant le pouvoir dans le sens du poil. »

Pour un autre représentant de l’opposition, la communauté internationale a sans doute voulu, avant tout, « se donner bonne conscience » en levant des sanctions qui aggravaient encore la situation de la population burundaise. En ce premier semestre de 2022, cette dernière est déjà soumise à de nombreuses difficultés économiques, subissant des pénuries de carburant, de sucre, d’eau, sans compter les très récurrentes coupures d’électricité.

« Lever les sanctions, j’appelle ça accorder le bénéfice du doute à nos dirigeants », renchérit Faustin Ndikumana, le président de l’association Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités (Parcem), une organisation de la société civile très critique à l’égard du pouvoir qui plaide pour une meilleure forme de gouvernance. Et d’ajouter : « La communauté internationale montre ainsi qu’elle soutient les bonnes intentions affichées par les autorités, mais rien n’est vraiment fait pour que tout cela donne des résultats. »

Du côté des diplomates occidentaux établis à Bujumbura, on réagit à ces critiques par un soupir fataliste. La situation s’est tout de même visiblement améliorée depuis l’ère de Pierre Nkurunziza, reconnaît un Européen en poste à Bujumbura : le pouvoir a lâché du lest sur quelques points importants concernant les libertés et les droits humains, le nouveau président voyage à l’étranger et se montre même très actif auprès de ses voisins immédiats –congolais, tanzaniens, ougandais et, même rwandais –, et le dialogue avec les représentants étrangers, rompu entre 2015 et 2020, a repris.

Les partenaires du Burundi se trouvaient donc face à un dilemme : rester dans une situation de blocage en exigeant une vraie démocratisation ou prendre acte des efforts et relâcher la pression. C’est la deuxième option qui a été retenue, d’autant que, de leur côté, Russes et Chinois continuaient de soutenir et d’assister les autorités burundaises, profitant du vide laissé par le retrait des Occidentaux. La Chine, qui a déjà construit le nouveau palais de la présidence, a conclu, au début de l’année, un contrat portant sur la modernisation de l’aéroport international de Bujumbura. Par ailleurs, c’est une compagnie russe, l’East African Region Project Group, qui, à la fin de mars, a signé un mémorandum d’entente avec le gouvernement pour l’exploitation du gisement de nickel de Musongati, un métal dont le pays abriterait jusqu’à 6 % des réserves mondiales.

Russes et Chinois ont continué de soutenir et d’assister les autorités burundaises, profitant du vide laissé par le retrait des Occidentaux.

Dialogue politique

En face, Européens et Américains reviennent dans la partie et mettent en avant les nombreux partenariats en cours ou annoncés. Le chantier de la route nationale 4, qui relie Bujumbura à son aéroport, vient ainsi d’être achevé grâce à l’aide de l’UE, qui finance aussi la construction de plusieurs barrages et la modernisation du port de la capitale économique du pays, adossée au lac Tanganyika. L’Europe se montre également très présente dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de la nutrition. Tout comme la France – l’un des quatre seuls États membres de l’UE à posséder une ambassade dans le pays –, qui met en avant des opérations d’aide dans les mêmes domaines, mais aussi en matière de gouvernance économique et financière, d’aide aux PME et de formation des journalistes locaux.

Après plusieurs années de gel diplomatique, le retour à la

L’Agence française de développement multiplie les outils financiers pour soutenir l’action des collectivités à l’étranger. Ici, une école primaire au Kenya.

AFRIQUE-FRANCE La diplomatie des territoires

Dans l’Hexagone, la coopération décentralisée fête ses trente années d’existence. Quelque cinq mille collectivités françaises se sont lancées dans l’aventure, nouant des partenariats et montant des projets avec leurs homologues étrangères, en particulier africaines. Enquête.

OLIVIER CASLIN

C

C’est presque un anniversaire que fête cette année la coopération décentralisée française. Héritier des grandescampagnesdejumelageentre villes françaises et villes étrangères – notamment allemandes – au lendemaindelaSecondeGuerremondiale, cetypedepartenariatstissésentrecollectivités territoriales est entré pour la première fois dans le lexique législatif français en 1992, il y a tout juste trente ans. Unlaps de temps suffisant pourfairelapreuvedesonagilitéetde sa complémentarité dans l’arsenal de lacoopérationinternationaleaudéveloppement, à côté de l’aide bilatérale entre États et de l’appui des ONG.

Au fil des décennies, de plus en plus de collectivités territoriales, de la grande métropole urbaine à la petite commune rurale, ont cherché à profiter de l’élargissement progressif du cadre autorisé par l’État pour se projeter vers l’extérieur. Quand elles le souhaitent, car la coopération décentralisée n’est qu’une compétence facultative. Il n’empêche, une véritable« diplomatiedesterritoires » a vu le jour, suppléant même parfois les relations plus officielles de Paris en cas de crise. « Mais toujours dans le respect des engagements internationaux pris par la France », précise un responsable de la Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (DAECT, qui fait partie duministèredesAffairesétrangères). À l’exception donc des domaines régaliens, les collectivités françaises ont vu leurs compétences s’étoffer à mesure que les lois de décentralisation se succédaient. Aujourd’hui, ces collectivités ont toute latitude pour mener des actions internationales dans tous les secteurs qu’elles souhaitent, et avec les autorités locales étrangères de leur choix. Elles peuvent s’impliquer dans un dossier ou réaliser un projet en entraînant

dans leur sillage les différents acteurs économiques,associatifsouculturels de leurs territoires, soit directement, soit par le biais de l’un des réseaux internationaux de collectivités.

Liens humains

Selon les services spécialisés du ministère français des Affaires étrangères, près de 5000 collectivités territoriales françaises ont déjà tenté l’aventure, parfois bien au-delà des frontières de l’Europe. Si l’Allemagne reste leur partenaire numéro un,elleest talonnée (dans l’ordre) par le Sénégal, le Burkina Faso et le Mali. Moins bureaucratique, davantage participative,l’aideentrecollectivités étrangères semble surtout, selon ses promoteurs, « mieux répondre aux besoins constatés sur le terrain ». Les problèmes, en matière de sécurité et de propreté, de santé et d’éducation, d’équipementsetdeservicesurbains, restent en effet identiques d’un territoire à l’autre, même si les réalités de chacun ne sont pas forcément les mêmes. À commencer par la décentralisation elle-même, qui, si elle avanceàmarcheforcéedepuisquatre décennies en France, peut suivre un rythme très différent d’un pays à l’autre, limitant les compétences des collectivités locales et, donc, l’efficacité et la portée de ce type de coopération.

Cette coopération reste pourtant l’occasion, pour quelques agents territoriaux, de tisser des liens humains qui permettent aux partenariats de s’inscrire dans la durée, pendant que les collectivités montrent leur solidarité internationale en transférant leur expertise, leurs compétences et parfois leurs matériels selon une règle de réciprocité qui reste parfois difficile à trouver. Qu’elles soient du Nord ou du Sud, les collectivités profitent en revanche de cette proximité pour repousser leurs limites géographiques ou institutionnelles, avec l’objectif partagé de mieux faire entendre leur voix sur des sujets globaux (environnement, climat, pandémie de Covid-19…).

Du côté français, elles jouent également leur rôle de soutien financier en investissant chaque année quelques centaines de millions d’euros, soit une fraction des 15 milliards d’euros de l’aide publique au développement accordée par la France en 2020. « La

question financière reste l’une des principales limites de la coopération décentralisée », admet le responsable de la DAECT. Surtout depuis la crise de 2008, qui a bouleversé les budgets de nombreuses collectivités en même temps que l’État abandonnait de

Le Sénégal, le Burkina Faso et le Mali sont, après l’Allemagne, les principaux partenaires des communes et des métropoles françaises.

Chefchaouen chefe de file

La « ville bleue » est aujourd’hui une destination touristique très populaire au Maroc.

Coincée entre les montagnes du Rif, dans le nord du Maroc, la ville de Chefchaouen et ses 50000 habitants se sont ouverts à la coopération internationale depuis le milieudesannées1990.D’abordgrâce aux ONG, « avant que la commune s’implique davantage sur le plan des partenariats institutionnels », explique aujourd’hui le maire de la « ville bleue », Mohamed Sefiani. Elle ne l’a, depuis, jamais regretté.

Convaincu que l’union fait la force, l’édile, arrivé aux commandes de sa ville en 2009, s’associe avec ceux des autres communes environnantes pourvaloriserlepotentieltouristique de la région. Ensemble, ils signent un accord avec la région française de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) qui aboutit, au début des années 2010, à la création du parc naturel de Bouhachem. Chefchaouen s’entend aussiavectroisautresvilles,enGrèce, en Espagne et en Italie, pour présenterundossierauprèsdel’Unesco–sur les habitudes nutritionnelles méditerranéennes –, classé en 2010 au Patrimoineimmatérieldel’humanité.

S’ouvrir au monde

Mohamed Sefiani n’a pas de mot assez élogieux pour cette coopération décentralisée qui, grâce à l’échange d’expériences et le partage des bonnes pratiques, « a permis à Chefchaouen de pouvoir se positionner sur la scène internationale ». En plus des contrats de jumelage que la ville passe avec des localités en Andalousie ou avec l’État de Washington, Chefchaouen participe auxappelsàprojetslancésparl’UEen matièred’énergiedurableoudeparticipation citoyenne. Elle s’appuie sur

nouvelles compétences aux exécutifs territoriaux.

« Les dispositifs financiers existent, mais ils sont souvent mal fléchés », constate Jean-François Habeau, directeur exécutif du Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV), dont le rôle consiste à aider les collectivités à trouver les solutions de financement qu’elles recherchent, soit auprès de la DAECT ou de l’Agence française de développement, soit parmi les multiples instruments mis en place par l’Union européenne, soit auprès des bailleurs de fonds multilatéraux comme la Banque mondiale.

Pour y avoir accès, encore faut-il disposer de l’expertise nécessaire pour être en mesure de répondre aux appels à projets. Certaines collectivités françaises aident donc directement leurs partenaires à monter le leur, pouvant à l’occasion se faire rétribuer pour leur assistance technique. Cette dernière tendancemontrelescapacitésdelacoopération décentralisée à se réinventer tout en restant centrée sur l’essentiel.

le fonds de coopération, créé en 2015 parleministèredesAffairesétrangères français et son homologue marocain de l’Intérieur, pour développer des programmes avec les villes de Dijon et de Chenôve, et continue de bénéficier du soutien de la région Paca, dans le cadre du partenariat signé avec celle de Tétouan-Tanger-Al Hoceïma.

Mais si Chefchaouen regarde vers le Nord, elle tisse également des liens avec le Sud. Accompagnée de la ville espagnole de Malaga, elle a passé un accord avec la municipalité ivoirienne d’Odienné sur les questions de gestion urbaine et de climat. Même s’il s’agit davantage d’échanges que de réalisations concrètes, le maire de Chefchaouen y voit surtout des avantages pour ses administrés. « Ce type de coopération nous permet de nous aligner avec les agendas internationaux tout en renforçant l’implication des populations locales », reprend Mohamed Sefiani, qui n’a pas fini de vouloir ouvrir sa ville au monde.

O.C.

Coopération décentralisée française en 2021

Collectivités territoriales engagées

Partenaires locaux

Nombre de partenariats Projets Jumelages

Nombre de pays concernés

MONDE DONT AFRIQUE

4 759

3 022

10 679 3 913 6 766

138 897

1 640

1 842 1 567 275

43

EN AFRIQUE

TOP 10 des pays récipiendaires

Sénégal Burkina Mali Maroc Madagascar Togo Bénin Tunisie Cameroun Algérie

TOP 10 des collectivités les plus engagées

Région Grand-Est Paris Région Occitanie Région Hauts-de-France Grenoble Département de l’Allier Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur Région Alsace Marseille Grand Lyon

18% 8%

13%

14%

NATURE DES PROJETS

Économie durable Éducation / Social / Recherche

Environnement / Climat / Énergie Culture et patrimoine Politique humanitaire / Coopération transfrontalière Autres 21% 7% 3%

16%

MONDE

26%

23%

AFRIQUE

26%

25%

MONTANT DE L’AIDE PUBLIQUE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

(en millions d’euros)

116 123 122

83 100

Monde

39 Afrique 44 41 42

37

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