Une initiative de Randstad.
WORKFORCE 360
4 mars 2015
Plus de précisions, de commentaires, de solutions en matière de GRH sur www.randstad.be/workforce360
« Nos collaborateurs ont été déculpabilisés »
Christophe Weerts, BMW Belgium
Quelle tâche effectuezvous le plus à la maison après les heures de bureau ?
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73% 2
« Nos travailleurs souhaitent être les régisseurs de leur travail et de leur vie privée » Ludwig Huybrecht, KBC
Travail et vie privée à l’unisson ?
Laurent Taskin : « Le management doit établir des balises »
© Laurie Dieffembacq
CONNECT Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Randstad est responsable du contenu.
Sous la responsabilité de
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4 MARS 2015 CONNECT
ETUDE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 2015
Cette frontière un peu floue entre travail et vie privée* Est-il plus facile, aussi facile ou plus difficile de combiner travail et vie privée qu’il y a six ans ? 24%
32%
27% 22% 52%
44% 2014
35%
26% 39%
Homme
Femme
21% 29%
25% 23%
50%
51%
Enseignement primaire
Enseignement secondaire inférieur (A4, A3)
Sexe
Dans quelle mesure le travail et la vie privée interfèrent-ils ? 2008
60%
48%
33%
25%
39%
42%
Enseignement secondaire supérieur (A2)
25%
35%
Baccalauréat
Master
La numérisation de notre société rend la frontière entre travail et loisirs de plus en plus mince. C’est ce que l’on pense souvent. Mais est-ce vraiment le cas ? Dans quelle mesure nos activités professionnelles et notre vie privée interfèrent-elles ? Les employeurs mettent-ils en place des politiques claires en la matière ? Et comment réagissent les travailleurs face à cette situation ? Randstad a mené une étude sur les interférences entre le travail et la vie privée auprès d’employés et cadres. Les résultats des 1.895 répondants de cette enquête ont été compilés dans l’Etude sur le marché du travail Randstad 2015.
En 2009*, Randstad se penchait pour la première fois sur les interférences entre travail et vié privée. Les résultats de l’enquête avaient alors révélés qu’il était assurément question d’interpénétration des deux sphères, sans pourtant que celle-ci soit déjà présente à grande échelle. La nouvelle Etude sur le marché du travail 2015 continue à exploiter les résultats de 2009. Non seulement elle illustre la situation quant à l’équilibre entre travail et vie privée du travailleur en 2015, mais présente également les évolutions et tendances par rapport à il y a six ans.
Les interférences entre travail et vie privée s’intensifient. Depuis 2009, le score moyen est passé de 4 à 4,4. 2014
49%
Scores 5-7 %
27%
40%
Scores 8-10 %
13%
11%
4,0
4,4
moyen
22%
30%
Diplôme
En moyenne, le travailleur combine moins bien travail et vie privée qu’il y a six ans.
Scores 1-4 %
plus facile aussi facile plus difficile
Quelles tâches effectuez-vous le plus à la maison après les heures de bureau ?
73% 53% 46% Consulter les e-mails
Lire des rapports ou des documents
Téléphoner à des collègues
1 = pas du tout 10 = le travail et la vie privée interfèrent totalement
* Sur la base d’une étude menée en 2008 et 2014, dont les résultats ont été publiés, respectivement, en 2009 et 2015.
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Le management doit établir des balises Les entreprises doivent définir une politique claire en matière de travail en dehors des heures de bureau, juge Laurent Taskin, président de l’Institut des Sciences du travail de l’UCL.
« Les entreprises se trouvent parfois très démunies face au constat d’hyperdisponibilité de leurs collaborateurs »
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uels sont les faits les plus marquants, à vos yeux, dans cette étude de Randstad ?
Laurent Taskin : La porosité du temps personnel et du temps professionnel augmente, une tendance accentuée par les outils technologiques à notre disposition : 29 % des personnes ont un smartphone qui leur permet de consulter partout leur messagerie professionnelle. Pour les deux tiers des personnes sondées, le fait d’importer le travail dans la sphère privée est une question d’organisation, de souci d’être plus efficace. Pour le tiers restant, la situation est plus subie que choisie. Cette porosité peut-elle être bien vécue ? Oui, si l’on y trouve du donnant-donnant. Durant la semaine, l’enquête révèle que plus de 70 % des personnes sondées utilisent jusqu’à 3 heures de leur temps privé pour travailler et allouent jusqu’à 3 heures de leur temps de travail à des activités privées. Un certain équilibre, donc, pas un envahissement unilatéral du domaine privé par le professionnel. Pendant les week-ends et les vacances, les interférences sont moins bien ressenties ; peut-être une nouvelle frontière du temps de travail se dessine-t-elle là. Quelle est l’attitude des entreprises ? Elles encouragent souvent cette tendance, tout en se trouvant parfois très démunies
Qui est Laurent Taskin ? Laurent Taskin, Professeur de management humain et des organisations à la Louvain School of Management (UCL), préside l’Institut des Sciences du Travail et est titulaire de la Chaire laboRH en management humain et transformations du travail. Il est éditeur en chef de la revue scientifique International Journal of Work Innovation. © Laurie Dieffembacq
face au constat d’hyperdisponibilité de leurs collaborateurs. Certaines directions se préoccupent du malêtre qui en découle. Certaines entreprises vont jusqu’à empêcher l’accès aux e-mails les week-ends et durant les congés des travailleurs. Des mesures aussi rigides vont à l’encontre de la souplesse souhaitée par les travailleurs. Il faut commencer par sensibiliser le personnel, et affirmer clairement quels sont les usages normaux en la matière. Si un collègue travaille tard le soir parce qu’il le choisit et qu’il est performant, il ne peut pas pour autant attendre la même chose de ses collaborateurs. Concrètement, comment s’y prendre ? Le management doit assumer ses responsabilités et définir des ‘balises’. Par exemple, aborder la ‘politique de connexion’ en dehors des heures de travail lors du premier entretien avec le service du personnel, au même titre que l’on présente le package salarial, le règlement de travail, etc. A une époque où la valeur travail est relativisée, envoyer ce genre de signal permet à l’entreprise d’attirer et de retenir les talents en montrant qu’elle se soucie du bien-vivre au travail. Cela va à l’encontre de tendances désastreuses issues de la financiarisation de l’économie comme le pilotage exclusif de l’entreprise par des indicateurs financiers ou, dans un autre registre, le ‘clean desk’*. Là, le management envoie un message opposé, réduisant la personne humaine à une simple variable économique. C’est moins attirant, comme message... * Aménagement de l’espace de travail en espaces non personnalisés
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4 MARS 2015 CONNECT
TRAVAIL ET VIE PRIVÉE : EN PRATIQUE
Deux visions, deux approches « Nos collaborateurs ont été déculpabilisés » © Wim Kempenaers
Les collaborateurs peuvent se « déconnecter » sereinement en dehors des heures de travail.
© Wim Kempenaers
© Wim Kempenaers
A l’automne dernier, la direction de BMW Belgium a clairement signifié aux collaborateurs de la marque qu’ils n’étaient pas censés décrocher leur GSM ou répondre à leurs e-mails en dehors des heures de travail. Une clarification bienvenue, relate Christophe Weerts, directeur de la communication de l’entreprise.
« Avec les ordinateurs portables, tablettes et smartphones, on se croit contraint de répondre dans la minute ! »
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n Allemagne, des recommandations officielles du ministère du Travail prônent une distinction bien marquée entre temps de travail et temps de repos. A la fin de l’année 2013, BMW AG s’est donc engagée à ne pas envoyer d’e-mails au personnel et à ne pas les appeler au téléphone en dehors des heures de travail. « Bien sûr, cela ne vaut pas pour mes collègues de la communication en Allemagne, qui doivent s’organiser pour qu’au moins une personne du service soit joignable en permanence », déclare Christophe Weerts, directeur de la communication de BMW Belgium. La direction de l’antenne belge du groupe, dont le siège se trouve à Bornem, a décidé d’attaquer le problème d’une façon moins formalisée. A l’automne dernier, lors d’une réunion avec l’ensemble du personnel (150 collaborateurs), la direction a pris l’initiative d’évoquer la question. « Nous avons indiqué que l’on n’était pas
© Wim Kempenaers
tenu de répondre aux emails et aux coups de fil en dehors des heures de bureau, sauf si une mission le nécessitait, reprend Christophe Weerts. Mais nous avons précisé que c’était laissé à la libre appréciation de Christophe Weerts, chacun. » BMW Belgium La précision n’a pas changé fondamentalement la donne, notamment dans les services où les demandes en dehors des heures de travail sont rares (services administratifs et financiers, par exemple), mais elle a eu le grand mérite de clarifier la situation. « Cela a déculpabilisé le personnel, juge Christophe Weerts. C’est psychologique : l’omniprésence des outils de communication connectés permet, en théorie, l’irruption du travail à toute heure du jour et de la nuit. Ce qui peut être ressenti comme une agression de la part du personnel, une incitation à la compétition permanente. »
Les collaborateurs peuvent donc se « déconnecter » sereinement en dehors des heures de travail. Lesquelles sont, chez BMW Belgium, flexibles : on peut commencer entre 7 h et 9 h, et partir entre 16 h 30 et 18 h 30, avec une pause de 30 minutes pour le repas de midi. En fonction des circonstances de la personne et de l’entreprise, le travail à domicile est possible, avec l’aval du responsable. Une connexion sécurisée est alors mise en place sur l’ordinateur portable du collaborateur. « J’ai connu le télex, puis le fax ; on demandait alors une réponse en 24 heures, résume Christophe Weerts. Désormais, avec les ordinateurs portables, tablettes et smartphones, on se croit contraint de répondre dans la minute ! Notre volonté est d’envoyer le message suivant : ces outils sont très intéressants, mais personne ne doit en devenir l’esclave. »
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Gérer positivement l’interpénétration entre travail et vie privée Les sphères privées et professionnelles se mélangent de plus en plus, y compris dans le secteur financier. L’augmentation de la charge de travail et les évolutions technologiques ont accru le risque de stress et de burn-out. « Cette interpénétration est effectivement un fait social, mais nous voulons le gérer de manière positive », explique Ludwig Huybrecht, Program Manager PLATO chez KBC.
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ne étude sur le marché du travail menée par Randstad révèle que le secteur bancaire est le secteur dans lequel les entreprises développent le plus de moyens pour gérer l’augmentation de ces interférences. « L’interpénétration entre la sphère professionnelle et privée est avant tout une donnée sociale », reconnaît Ludwig Huybrecht, Program Manager PLATO (pour plaats- en tijdonafhankelijk werken, travailler indépendamment du lieu et de l’heure). « La charge de travail est lourde, nous nous retrouvons tous les jours dans les embouteillages, nous nous imposons de plus en plus d’attentes au niveau de notre vie privée, notre famille, nos amis, et les évolutions technologiques nous permettent d’être disponibles en permanence, où que nous nous trouvions. »
d’améliorer l’équilibre entre travail et vie privée, de tirer davantage de plaisir du travail et de consolider les liens avec l’entreprise. Pour préserver cet effet positif, KBC ne se contente pas de sensibiliser ses collaborateurs, mais les met également en garde contre les effets secondaires. « Nous leur expliquons clairement qu’il faut maintenir une séparation entre le travail et la vie privée, et qu’ils ne doivent pas être disponibles en permanence, où qu’ils se trouvent, même si nous les équipons d’outils technologiques qui le permettent. L’ordinateur portable ne doit pas être allumé en permanence, et en cas de télétravail, il convient également de se ménager des pauses. »
© Wim Kempenaers
Home@Work
« Nos travailleurs souhaitent être les régisseurs de leur travail et de leur vie privée » Ludwig Huybrecht, program manager PLATO
Aspect positif Pourtant, KBC préfère ne pas lutter contre ce phénomène mais le gérer de manière constructive. « Un employeur comme nous ne peut pas l’ignorer », souligne Ludwig Huybrecht. « C’est pourquoi nous avons écouté nos travailleurs. Ils souhaitent être les régisseurs de leur travail et de leur vie privée. » Pour KBC, cette interpénétration n’est dès lors pas un problème tant qu’elle continue à générer des impulsions positives. Dans de nombreux cas, elle permet en effet © Wim Kempenaers
PLATO Avec le programme PLATO, KBC espère accroître la satisfaction de ses travailleurs, rester un employeur attrayant, réduire significativement son empreinte écologique et garder le contrôle de ses coûts. Le travailleur veut de plus en plus pouvoir décider lui-même de la manière dont il préserve l’équilibre entre travail et vie privée. Les programmes Work@Home et Home@Work l’y aident.
© Wim Kempenaers
Ces dernières années, KBC a lancé plusieurs initiatives destinées à préserver l’équilibre entre travail et vie privée. Auparavant, de nombreux collaborateurs passaient des heures dans les embouteillages pour se rendre sur leur lieu de travail. « Nous avons tenté de limiter cette perte de temps disponible pour la vie privée par des agences satellites et le télétravail », explique Ludwig Huybrecht. L’an dernier, les collaborateurs de KBC ont ainsi fait l’économie de 16 millions de kilomètres entre leur domicile et leur lieu de travail. En outre, l’institution offre une plus-value aux collaborateurs qui se rendent au bureau par le programme Home@Work. « Concrètement, nous leur offrons toutes sortes de possibilités qui leur facilitent la vie », explique Ludwig Huybrecht. « Nous organisons des programmes de santé comme des ateliers d’exercices physiques et des programmes de fitness. Nous disposons également d’un service de repassage et nous prévoyons un accueil pour les enfants durant les vacances scolaires. » KBC prolonge cette approche dans sa vision du travail. Au siège, par exemple, on trouve une grande variété de postes de travail : open space, postes de concentration, lieux silencieux, locaux de réunion et espaces informels. « Les collaborateurs peuvent choisir le poste le plus adapté en fonction des tâches qu’ils ont à accomplir. Ils se rendent ainsi avec beaucoup de plaisir au travail. Nous ne leur imposons rien : nous leur laissons le choix. Nous investissons ainsi dans la bonne forme physique et mentale de nos salariés. »
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4 MARS 2015 CONNECT
LA PAROLE AUX TRAVAILLEURS
Toujours joignable ? Ou pas... ? L’enquête Randstad 2015 sur le marché du travail révèle qu’au cours de ces six dernières années, les interférences entre le travail et la vie privée ont surtout augmenté dans la tranche d’âge de 30-39 ans. Ceux qui travaillent aujourd’hui en dehors des heures de bureau le font souvent le week-end et en vacances. Nous avons sondé les opinions de plusieurs travailleurs actifs dans différents secteurs.
Anonyme, Brand Manager, a suivi des cours d’efficacité au bureau
L’ÉTUDE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 2015 RÉVÈLE QUE :
Les interférences entre travail et vié privée touchent principalement les 30-39 ans.
« J’isole désormais complètement mes deux ‘vies’ »
On travaille davantage le week-end et durant les vacances qu’il y a six ans.
© Shutterstock
© Shutterstock
« Avant mon deuxième enfant, j’avais tendance à rallumer l’ordinateur le soir, ou à regarder mon téléphone pour vérifier mes e-mails, relate une Brand Manager dans un groupe international de produits de grande consommation, qui souhaite garder l’anonymat. Et puis j’ai profité de mon congé de maternité pour suivre des cours d’efficacité et de management des priorités, afin d’améliorer ma productivité au bureau. » Une initiative personnelle dont la jeune femme se félicite, car ces formations lui permettent de faire face à une charge de travail importante, tout en gardant du temps personnel et familial. « Maintenant, j’isole complètement mes deux ‘vies’, et mes heures de bureau sont extrêmement efficaces. En sortant, je déconnecte volontairement. Et ma hiérarchie ne me le reproche pas ; il faut dire que j’ai la chance d’avoir un supérieur qui respecte beaucoup la séparation vie professionnelle/vie privée. » Seul bémol : la jeune femme juge que son choix la rend moins susceptible de bénéficier de promotions que des collègues qui travaillent aussi en dehors des heures...
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Nele Goethals, Manager Communication, est joignable après les heures de bureau
« Les années de vérité » « Respecter les échéances, c’est propre à mon job », reconnaît Nele Goethals, Corporate Marketing Communication Manager chez bpost. « Et cela implique parfois de faire quelque heures supplémentaires, le week-end ou pendant les vacances. Nous vivons dans une ère numérique, nous avons des smartphones et des tablettes, et répondre à un petit e-mail le samedi ou le dimanche n’est finalement pas très contraignant. » Pourtant, Nele ne vit pas mal sa situation. « J’ai 31 ans et pas encore d’enfant. Comme de nombreuses femmes de mon âge, je consacre beaucoup de temps à ma carrière. Entre 30 et 39 ans, ce sont les années de vérité. »
Stijn De Wit, Digital Marketing Manager, a toujours son smartphone à portée de main
« Joignable en cas de crise » « Quand on travaille dans la communication numérique, les heures de bureau traditionnelles ne s’appliquent pas », explique Stijn De Wit, Digital Marketing Manager chez DS Smith. « Lorsqu’une personne poste un message important sur Twitter, il faut y réagir immédiatement. Pas question d’attendre la fin du week© Shutterstock end. Cette obligation incombe à tout métier dans lequel les milieux sociaux jouent un rôle. En voyage aussi, j’ai toujours mon smartphone ou mon ordinateur portable à portée de main. Bien entendu, j’organise le suivi de mes tâches quotidiennes pendant mon absence, mais en cas de crise, je suis toujours joignable. » Et comment Stijn gère-t-il les boîtes de messagerie qui débordent lorsqu’il revient après de longues vacances ? « J’accepte sans problème le stress qui l’accompagne. Mes batteries sont pleinement rechargées. »
Anonyme, Commercial dans une société d’ICT, participe à des événements de networking après les heures de bureau
Ilse V., Responsable Achats dans une chaîne de prêt-à-porter, consulte ses e-mails en vacances
« Parcourir un petit rapport le dimanche » Le nouveau monde du travail procure davantage de flexibilité aux travailleurs. Aujourd’hui, il est possible de passer à la banque ou faire quelques courses rapides l’après-midi. Mais cela implique également de devoir travailler à d’autres moments – comme le week-end. C’est l’opinion d’Ilse V., responsable des achats au sein d’une chaîne internationale de prêt-à-porter. « Est-ce si grave de parcourir un rapport pendant un dimanche pluvieux ou de vérifier ses e-mails pendant qu’on se rend au resto ? La ligne de séparation entre le travail et la vie privée s’est énormément estompée, mais ce n’est pas nécessairement négatif. La possibilité d’ouvrir de temps en temps ma messagerie professionnelle pendant les vacances me rassure, en tout cas. Il revient à chacun de trouver un bon équilibre entre le travail et la vie privée. Mais il est également indispensable de se couper complètement – physiquement et mentalement – du travail de temps en temps. »
« L’impression de ne jamais ‘déconnecter’ » « Le fait de travailler dans une société de services informatiques nous expose encore plus à l’augmentation des interférences entre travail et vie privée, juge un commercial de 36 ans, père de deux jeunes enfants, qui souhaite garder l’anonymat. Des outils de gestion interne envoient des notifications aux membres de l’équipe dès que quelque chose se passe au bureau : une tâche assignée, un document validé... » Tout arrive sur le smartphone, via la boîte e-mail. « Cela accentue l’impression de ne jamais ‘déconnecter’ ; déjà, on attend de moi que je ‘réseaute’ certains soirs et week-end, et personne n’ose demander de récupérer ce temps. Et c’est ambigu, car en tant que commercial, je suis rémunéré à la commission, donc le ‘networking’ est aussi dans mon intérêt. Et mon évaluation annuelle tiendra compte de ma participation à ces événements. » Insoluble ? « On pourrait imaginer une contrepartie sous forme de télétravail, mais le management y est encore assez réticent... » © Wim Kempenaers
Anonyme, juriste, décide elle-même de consulter ses e-mails ou pas
« J’ai désactivé les notifications » Selon une juriste dans une société de consultance en ingénierie, qui souhaite garder l’anonymat, la porosité croissante des vies privée et professionnelle lui paraît une évidence... très déplorable. « La société s’attend à ce que vous répondiez aux e-mails et aux appels, même si vous êtes en congé, ou absent pour cause de maladie, regrette-t-elle. J’ai dû me justifier de n’avoir pas répondu un soir à 22 h. On me fait remarquer que j’ai ‘mes petits horaires’, même si je travaille beaucoup. » Plus de vraie coupure, donc. La trentenaire en est arrivée à désactiver les notifications d’e-mails sur son téléphone. « Pas besoin d’être constamment sur le qui-vive : si je veux savoir ce qui se passe au bureau, je dois en faire la démarche. » Et elle a choisi de ne plus répondre depuis son smartphone, pour ne pas encourager l’invasion de sa vie privée. Tout le « grignotage » de la sphère personnelle « est dans le nondit, juge-t-elle. En l’absence de politique d’entreprise, tout dépend de la personnalité du manager. »
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4 MARS 2015 CONNECT
OPINION
Tout est dans la nuance
L
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étude sur le marché du travail consacrée aux interférences entre le travail et la vie privée a un caractère unique. Randstad est en effet l’une des rares entreprises à disposer d’éléments permettant une comparaison sur ce thème. Par rapport à la situation qui prévalait il y a six ans, le travail et la vie privée s’enchevêtrent de plus en plus. L’interpénétration a augmenté, mais pas de manière drastique. La pression au travail y joue un rôle important : les salariés s’imposent parfois de travailler davantage, ce qui peut provoquer un surcroît de stress, voire un burn-out. La disponibilité d’outils technologiques comme les smartphones, tablettes et autres ordinateurs portables garantit par ailleurs l’accessibilité de tous, partout. La technologie facilite le travail en dehors des heures de bureau. Pour autant, on aurait tort d’envisager ces interférences selon un seul point de vue. Le travail est en effet pour beaucoup source d’épanouissement, et se positionne d’ailleurs souvent, dans la liste des priorités, après la famille mais avant les amis. Il n’est dès lors pas étonnant que certains salariés souhaitent travailler à la maison. Pour certains, l’interpénétration des deux sphères signifie qu’ils sont capables de combiner plus efficacement travail et vie privée. Cet enchevêtrement est autrement dit une réalité, mais celle-ci est nuancée. Il n’est certes pas nécessaire de tirer la sonnette d’alarme. Pour autant, nous ne pouvons pas ignorer le phénomène. Aujourd’hui, les salariés ont la possibilité de choisir où et quand ils souhaitent travailler. Cette tendance, si elle est synonyme d’une plus grande liberté, va aussi de pair avec un plus grand stress. Le revers de cette médaille doit certainement être pris en compte par l’employeur.
Jan Denys, Director External Communication & Public Affairs Randstad Group
« La disponibilité d’outils technologiques facilite le travail en dehors des heures de bureau »
© Guy Dejeneffe
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