BANKER THE
“On apprend différemment en vieillissant, mais pas nécessairement moins bien.”
“Assurez-vous d’une diversité suffisante dans l’offre de formation, sur le plan tant du contenu que des méthodes, afin que chacun puisse continuer à se développer, quel que soit son âge.”
Ans De Vos
professeure à l’Antwerp Management School et à l’université d’Anvers
Édito
Chers membres de la PBA-B,
“The times they are changing”, et c'est avec enthousiasme qu'en tant que successeur de Peter, je rédige mon premier éditorial pour la 11e édition de The Private Banker
Dans cette édition, nous nous penchons notamment sur un thème qui nous concerne toutes et tous: les gens vivent plus longtemps, ce qui a des implications financières très concrètes. Et nous avons tous besoin de nous former tout au long de notre vie, car il est clair que l'immobilisme n'est pas une option dans notre secteur.
J'espère que ces articles constitueront un premier pas vers une discussion plus large. Au cours du dernier trimestre, nous avons d'ailleurs mené une petite enquête sur ce magazine destiné aux membres de notre association: vous en découvrirez les résultats dans le prochain numéro.
Je vous souhaite de joyeuses fêtes et une nouvelle année qui, à l'instar de nos carrières, n'ait pas de date de fin!
Jean Sonneville
Secrétaire général
de la PBA-B
Ours
The Private Banker est le magazine trimestriel des membres de la Private Bankers Association - Belgium.
Rédacteur en chef et éditeur responsable: Jean Sonneville
Rédaction: Content Republic https://trustmedia.be/services
Numéro 11: décembre 2024
Crédit photo: Frank Toussaint
Prix par numéro pour les non-membres: 10€
04 L’investissement durable et la vision de long terme doivent primer face à l’augmentation de l’espérance de vie
Table ronde
08 L’apprentissage tout au long de la vie: une nécessité pour tous
Interview - Ans De Vos
10 “Le système de pension a été conçu pour des gens dont l’espérance de vie ne dépassait pas 50 ans”
Interview - Henk Becquaert
11 “Arrêter n’a jamais été une option”
Un ancien élève sous le feu des projecteurs: Michel Hubain
30 janvier 2025 Webinar: Update on Investment Taxation Février 2025 Lecturers’ meeting Agenda
18 décembre 2024 Proclamation des résultats du cycle de formation Investment Manager 2024
8 janvier 2025 Lancement du cycle de formation Patrimonial Approach 2025
L’investissement durable et la vision de long terme doivent primer face à l’augmentation de l’espérance de vie
En raison de l’augmentation continue de l’espérance de vie, les banques privées observent une évolution des stratégies d’investissement de leurs clients. Ceux-ci pensent de plus en plus sur plusieurs générations, avec des investissements qui s’inscrivent dans des structures à long terme. Comment les investisseurs abordent-ils cet horizon de vie prolongé?
The Private Banker a réuni Justine Vanhaudenarde (Degroof Petercam), Koen De Leus (BNP Paribas Fortis), Tim Derycke (KBC) et Robbe Van Hauwermeiren (Belfius) pour en parler.
L’allongement de l’espérance de vie a provoqué une extension de l’horizon d’investissement. Les clients prennent-ils davantage de risques ou adoptent-ils une approche plus prudente?
Tim Derycke (KBC): “Nous constatons depuis plusieurs années, chez KBC, que les gens ont plus de latitude pour intégrer des investissements à long terme dans leurs portefeuilles. Les grandes familles s’organisent de façon plus professionnelle et investissent sur plusieurs générations. Leur patrimoine est structuré de manière à ce que la génération suivante puisse aisément maintenir ces investissements. Ces 10 à 15 dernières années, en partie à cause des faibles taux d’intérêt, beaucoup de grands patrimoines ont été réorientés vers les actions et le private banking, qui sont désormais les deux principaux piliers des portefeuilles.”
Koen De Leus (BNP Paribas Fortis): “Traditionnellement, plus on vieillit, moins on devrait courir de risques pour ses investissements. Cependant, dans le cadre d’un investissement intergénérationnel, cette règle ne s’applique pas toujours. Pour un octogénaire, 20% d’actions peuvent être acceptables, là où un sexagénaire peut monter jusqu’à 40%. Personnellement, j’applique une règle simple: si un investissement risqué vous empêche de dormir, il ne faut pas le faire. Vivre plus longtemps signifie souvent qu’une génération est sautée et qu’un héritage parvient directement aux petits-enfants. Ils peuvent alors l’utiliser pour des étapes importantes,
“Les jeunes ont moins confiance dans la pension légale et prennent davantage de risques.”
Robbe Van Hauwermeiren Belfius
“Les grandes familles investissent de plus en plus sur plusieurs générations.”
Tim Derycke KBC
comme un mariage ou l’achat d’une première maison. Dans de telles situations, il existe des structures spéciales destinées à la next generation.”
Robbe Van Hauwermeiren (Belfius): “En Belgique, nous dépendons fortement de notre pension légale, mais les jeunes ont de moins en moins confiance dans l’avenir et la capacité de l’État à verser des pensions, en partie à cause de notre endettement. Ce manque de confiance incite les jeunes investisseurs à prendre plus de risques, et des risques parfois extrêmes, comme investir dans les cryptomonnaies ou sur le marché des options. Ils réalisent qu’ils doivent jouer un rôle actif dans la constitution de leur retraite.”
Justine Vanhaudenarde (Degroof Petercam): “Il est crucial d’accompagner les clients dès le début, afin de structurer leur portefeuille de manière optimale sur le long terme du point de vue du risque. Outre les investissements traditionnels, nous proposons du private equity, où la diversification joue un rôle central dans la limitation des risques.”
Les changements sur le marché des taux d’intérêt ont un impact sur le poids des obligations dans les portefeuilles d’investissement. Quelle est votre vision sur ce sujet?
Koen De Leus: “Les taux d’intérêt étaient extrêmement bas ces dernières années, ce qui a poussé les gens à prendre plus de risques. Aujourd’hui, nous nous attendons à ce que l’inflation et les taux d’intérêt demeurent structurellement plus élevés en raison de facteurs comme la mondialisation, la transition climatique, le vieillissement de la population et la dette. Philippe Gijsels et moi, nous expliquons cela clairement dans notre livre Les 5 tendances de la nouvelle économie mondiale. Cela offre des opportunités pour intégrer davantage d’obligations dans des portefeuilles diversifiés. Après des années de rendements faibles, où les investisseurs étaient plus ou moins contraints de courir plus de risques, on constate que l’intérêt pour les obligations revient lentement.”
Tim De Rycke: “Les Belges se contentent encore trop souvent d’épargner. Ils pourraient se montrer un peu moins prudents. Il existe une épargne considérable dans notre pays, qui est difficile à activer, en partie à cause de facteurs culturels. En Europe, les investisseurs sont fréquemment axés sur la préservation du capital, ils ne veulent surtout pas subir de pertes.”
Vos clients repoussent-ils le moment de transmettre leur patrimoine à leurs héritiers?
Justine Vanhaudenarde: “Il est important de structurer le patrimoine en temps voulu. Par le passé, les clients plus âgés le faisaient régulièrement trop tard, voire pas du tout, en partie pour des raisons culturelles là aussi. Les seniors ne parlaient pas de leur patrimoine avec leurs enfants ou petits-enfants. On note actuellement un vrai changement de mentalité. Les clients discutent de plus en plus de leurs souhaits avec leurs enfants, et même avec leurs petits-enfants. Les private bankers doivent s’assurer que leurs clients intègrent cette dimension dans leurs réflexions. Les médias contribuent d’ailleurs à cette prise de conscience croissante, ce qui rend les clients plus exigeants et plus curieux.”
“Après des années de rendements faibles, on constate que l’intérêt pour les obligations revient lentement.”
Koen De Leus
BNP Paribas Fortis
Tim Derycke: “Alors qu’autrefois, on faisait rapidement des donations aux enfants, nous voyons dorénavant davantage de donations avec charges – où les enfants, par exemple, assument certains coûts du donateur – et de donations avec usufruit. Les mandats extrajudiciaires sont aussi devenus plus courants, car vivre plus longtemps n’est pas toujours synonyme de vivre plus longtemps en bonne santé. Les coûts des soins représentent une opportunité pour les entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques. En général, nous constatons que
les gens commencent à planifier de plus en plus tôt, et qu’ils le font de manière plus structurée que par de simples donations.”
Quelle influence la santé et les soins exercentils dans les choix d’investissement?
Koen De Leus: “La santé n’a pas d’influence directe sur les décisions d’investissement individuelles, sauf dans le cas d’un malade en phase terminale. Mais dans le domaine du private banking, l’attention portée aux secteurs d’avenir, comme celui des soins, ne cesse de progresser.”
Robbe Van Hauwermeiren: “Le vieillissement de la population et la prospérité croissante entraînent une augmentation des dépenses de soins de santé, tant essentiels que moins essentiels. Les bénéfices dans ce secteur ont connu une forte hausse ces dernières années, même sans tenir compte de la pandémie de coronavirus. Chez Belfius, nous avons donc une préférence structurelle pour les soins de santé, en plus de la technologie.”
Tim Derycke: “Le prolongement de l’espérance de vie en bonne santé constitue un marché en pleine expansion, pour tout ce qui touche à une nutrition saine, mais aussi pour ce qui concerne l’utilisation d’apps de soutien. Nous voyons cela dans le deuxième pilier de pension. KBC Assurances dispose d’une application en ce sens: les personnes qui souscrivent une assurance de groupe reçoivent gratuitement une app de bien-être pour mieux surveiller leur niveau de stress
et suivre un régime alimentaire plus équilibré. Tout le secteur recherche une situation gagnant-gagnant entre les employeurs, le gouvernement et les acteurs du deuxième pilier pour aider à faire face au tsunami qui nous attend.”
Comment voyez-vous la place de l’immobilier évoluer dans les portefeuilles d’investissement?
Koen De Leus: “L’immobilier y pèse de plus en plus lourd. La dernière chose dont les personnes âgées se séparent, c’est de leur immobilier! Elles y investissent même davantage pour les revenus locatifs. C’est surprenant, car on pourrait penser qu’elles se tourneraient plutôt vers des investissements liquides. En outre, l’immobilier offre une protection contre l’inflation: alors que les loyers augmentent, le remboursement du prêt reste fixe.”
Justine Vanhaudenarde: “La diversification demeure essentielle pour nous, même si la composante immobilière est effectivement essentielle, comme le dit Koen, notamment à l’égard de l’inflation.”
Tim Derycke: “L’immobilier coté en Bourse a traversé une période difficile ces deux dernières années en raison des hausses de taux d’intérêt. Dans notre stratégie d’investissement, nous avons récemment accru le poids de l’immobilier, bien que nous soyons sélectifs, surtout dans le secteur des bureaux. L’immobilier logistique a connu un cycle de croissance forte, mais cela semble se stabiliser.”
“Un accompagnement précoce est crucial pour une stratégie à long terme robuste.”
Justine Vanhaudenarde Degroof Petercam
Qu’en est-il de l’entrepreneuriat durable?
Justine Vanhaudenarde: “Beaucoup de mes clients manifestent un intérêt certain pour les investissements socialement responsables, qui s’inscrivent peu à peu dans leur ADN. Les clients veulent investir dans des thèmes qui ont un impact positif sur l’avenir, par exemple dans les énergies renouvelables ou l’alimentation intelligente. Le greenwashing reste un défi, mais les clients tiennent à combiner une stratégie à long terme avec une influence positive sur le monde.”
Koen De Leus: “L’investissement durable ne fera que progresser. À l’échelle mondiale, 2.500 milliards sont investis dans la transition climatique, un chiffre qui devrait doubler d’ici à 2030 selon l’Agence internationale de l’énergie. Cela exige de lourds investissements dans les
infrastructures. Les possibilités d’investissements durables vont dès lors considérablement s’étendre.”
Tim Derycke: “En Belgique, il existe un seuil élevé pour les investissements privés dans des projets durables: 250.000 euros. Cela limite la participation à la transition climatique aux grands investisseurs. Le gouvernement devrait travailler à une accessibilité plus large. La majorité du financement des nouvelles technologies se fait en dehors de la Bourse, sur le marché du private equity. Le seuil de 250.000 euros ne s’applique pas seulement aux investissements durables, mais à tous les fonds non publics. Par conséquent, les petits investisseurs sont confrontés à des coûts supplémentaires pour la transition climatique – pensez à la pompe à chaleur, à un effort d’isolation supplémentaire ou à une voiture peu polluante mais en termes d’investissement, ils sont carrément mis à l’écart.”
L’apprentissage
tout au long de la vie: une nécessité pour tous
Dans un monde en perpétuelle mutation, l’apprentissage tout au long de la vie s’impose comme une évidence. Les avancées technologiques, la mondialisation et l’incertitude économique contraignent autant les travailleurs que les employeurs à rester flexibles et à se former en continu. “La manière dont nous apprenons évolue avec l’âge, mais cela ne doit pas nous empêcher d’avancer”, souligne Ans De Vos, professeure à l’Antwerp Management School et à l’université d’Anvers.
L’idée que l’apprentissage s’arrête à la fin de la scolarité est totalement dépassée. “Autrefois, l’accent était mis sur l’apprentissage durant la jeunesse”, note Ans De Vos. “Obtenir un diplôme dans la vingtaine vous préparait pour les 40 années suivantes. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, la formation continue et la reconversion sont indispensables tout au long de la carrière.”
Les employés qui ne développent pas une mentalité d’apprentissage deviennent vulnérables sur le marché du travail. De leur côté, les entreprises qui ne permettent pas à leurs travailleurs d’acquérir de nouvelles compétences courent un risque considérable. “L’apprentissage est un processus continu qui doit se dérouler tout au long de la carrière”, résume la professeure.
La pensée critique au cœur de l’apprentissage
L’apprentissage tout au long de la vie va bien au-delà de l’acquisition de nouvelles connaissances. Il s’agit de maintenir une pensée critique, de se développer et de changer à l’aune d’un environnement luimême en constante évolution. Les innovations technologiques, comme l’intelligence artificielle, ont profondément transformé notre manière d’apprendre. “Les connaissances de base demeurent essentielles”, nuance Ans De Vos. “Une dépendance excessive aux moteurs de recherche ou à l’IA, sans points de référence personnels, nous rend vulnérables. Une expertise approfondie est dès lors nécessaire pour évaluer la véracité des informations. Cela dit, une utilisation intelligente des outils est cruciale pour rester pertinent et performant.”
Les compétences sociales gagnent aussi en importance à une époque où la technologie est omniprésente. “Prenons l’exemple du private banking. L’empathie à l’égard du client et de ses besoins offre au private banker la possibilité de créer de
vraies connexions et de fournir de meilleurs conseils. Cette interaction humaine est toujours irremplaçable.”
Au-delà des stéréotypes
Avec l’âge, apprendre peut devenir plus difficile, mais ce n’est certainement pas impossible. “On constate que notre intelligence fluide – la capacité à assimiler rapidement de nouvelles informations –diminue avec l’âge”, indique Ans De Vos. “En revanche, notre intelligence cristallisée monte en puissance; nous combinons mieux nos connaissances et ouvrons nos perspectives. C’est ce que l’on pourrait appeler ‘capitaliser sur une richesse d’expérience’. Nous apprenons différemment en vieillissant, mais pas moins bien.”
Les stéréotypes selon lesquels les travailleurs plus âgés seraient moins motivés à apprendre sont infondés, estime la professeure. “Les préjugés tenaces influencent fréquemment le comportement des gens. Il est donc crucial de lever les obstacles liés à l’âge dans un contexte d’apprentissage. Assurez-vous que l’offre de formation soit diversifiée, sur le plan tant du contenu que des méthodes, pour que chacun puisse continuer à se développer, quel que soit son âge. Il est encourageant de voir le nombre croissant de travailleurs âgés. En outre, de nombreux programmes de formation ciblent désormais spécifiquement ce groupe, et pas seulement les jeunes à haut potentiel. Pour les employés proches de la retraite, il convient de mettre en avant les avantages à court terme de l’apprentissage, plutôt que de les projeter dans un avenir lointain.”
La force de l’apprentissage collaboratif
“On n’apprend jamais seul”, prolonge Ans De Vos. “La force de l’apprentissage réside souvent dans l’aspect social: partager des
“On apprend différemment en vieillissant, mais pas nécessairement moins bien.”
Ans De Vos, professeure à l’Antwerp Management School et à l’université d’Anvers
connaissances et des expériences avec autrui. L’apprentissage entre collègues et les moments d’échange avec des amis ou des collègues sur ce que l’on a appris ou lu peuvent être inspirants. Cela aide à comprendre de nouveaux concepts et rend le processus d’apprentissage plus enrichissant et intéressant.”
“L’apprentissage intergénérationnel est précieux”, ajoute Ans De Vos en guise de conclusion. “En début de carrière, on peut apprendre beaucoup des connaissances et de l’expérience des collègues plus âgés. Mais les seniors apprennent également de leurs jeunes collègues, de leur maîtrise de la technologie et des perspectives neuves qu’ils en retirent. Cette expérience d’apprentissage mutuel entre générations est encore largement sous-exploitée.”
“Assurez-vous d’une diversité suffisante dans l’offre de formation, sur le plan tant du contenu que des méthodes, afin que chacun puisse continuer à se développer, quel que soit son âge.”’
Ans De Vos, professeure à l’Antwerp Management School et à l’université d’Anvers
“Le système de pension a été conçu pour des gens dont l’espérance de vie ne dépassait pas 50 ans”
Nous pourrions bientôt vivre en moyenne jusqu’à 100 ans, ce qui n’est pas sans poser des défis majeurs au système de pension. Devons-nous adapter celui-ci à une espérance de vie prolongée? Henk Becquaert, président de la Commission des pensions complémentaires, nous éclaire sur l’impact de cette évolution.
Lorsque le système de pension a été instauré voici plus d’un siècle, l’espérance de vie était de 45 à 50 ans. “Aujourd’hui, nous vivons bien au-delà de 80 ans, et nous pourrions atteindre 100 ans en moyenne”, prévient Henk Becquaert. “Les systèmes de pension ont été conçus pour le moment où l’on n’est plus physiquement capable de travailler. Désormais, les gens cessent de travailler à un âge fixe alors qu’ils se sentent encore en forme.”
La pression financière sur le système de pension, dès lors, s’accentue. “À mesure que nous vivons plus longtemps, la question se pose: jusqu’où voulons-nous aller? Quelles ressources pouvons-nous allouer aux retraités dans les limites de notre économie?”
Viabilité financière
“La première solution serait de repousser l’âge de la retraite. Ce concept est déjà appliqué depuis longtemps et a prouvé son efficacité.” Une autre option serait de réduire les prestations de pension du premier pilier. “Dans les années 80, les pensions ont commencé à diminuer en raison de mesures d’austérité”, indique Henk Becquaert. “Cependant,
la marge de manœuvre pour ce type de mesure est faible, car à un certain moment, cela engendre de la pauvreté parmi les retraités.”
Capitalisation
Renforcer le deuxième pilier, basé sur la capitalisation ou les investissements, est aussi envisageable. “Sans trop simplifier, il existe des similitudes majeures entre le premier et le deuxième piliers: tous deux nécessitent une croissance économique pour fonctionner. La capitalisation offre l’avantage d’une portée mondiale, avec des opportunités de rendements plus élevés dans les économies à forte croissance.”
Henk Becquaert met toutefois en garde contre les risques. “Les deuxième et troisième piliers peuvent partiellement assumer le rôle du premier, mais seulement dans une certaine mesure et surtout pour les catégories de revenus les plus basses sur le marché du travail.”
“À mesure que nous vivons plus longtemps, la question se pose: jusqu’où voulons-nous aller? Quelles ressources pouvons-nous allouer aux retraités dans les limites de notre économie?”
Henk Becquaert, président de la Commission des pensions complémentaires
Approche personnalisée
“Il existe une grande différence d’espérance de vie entre les travailleurs manuels et les employés de bureau”, souligne encore Henk Becquaert. “Les personnes exerçant des métiers physiquement exigeants vivent moins longtemps et souffrent souvent de problèmes de santé graves pendant plus longtemps.” Le système de pension doit tenir compte de ces différences et offrir des solutions plus personnalisées.
Que ce soit par le biais d’un allongement de la durée de travail, d’un rôle accru pour la capitalisation ou d’un système de pension plus adapté, l’avenir des pensions exige une perspective neuve et des ajustements structurels.
“Arrêter n’a jamais été une
option”
Michel Hubain, Senior Advisor chez Rothschild & Co, est la preuve vivante que l’âge ne saurait être un obstacle à une carrière professionnelle active. À presque 70 ans, fort d’une carrière impressionnante en private banking et asset management, il continue d’explorer de nouveaux horizons. Il se concentre désormais sur l’accompagnement des jeunes banquiers et sur le partage d’une expérience riche et variée.
Michel Hubain a occupé des postes-clés dans l’asset management et le private banking, siégé comme administrateur de la Private Bankers Association durant 10 ans, et enseigné à l’ICHEC. Pour lui, arrêter n’a jamais été une option.
Continuer à créer de la valeur
Il existe deux types de retraités, selon lui: ceux qui souhaitent profiter pleinement de leur retraite avec des loisirs et de nouveaux défis, et ceux qui préfèrent rester actifs dans leur domaine. “Je fais partie du second groupe. J’ai toujours trouvé mon travail passionnant, et cela n’a pas changé. Tant qu’on est en bonne santé et plein d’énergie, on peut continuer à travailler.”
Chez Rothschild & Co, il soutient la direction sur les plans commercial, organisationnel et procédural. Mais ce qui le passionne plus particulièrement, c’est son rôle de mentor. “Accompagner et coacher les jeunes banquiers est extrêmement précieux à mes yeux. Je sers d’exemple de résilience et de persévérance.”
Travailler après la retraite
Bien que Michel Hubain poursuive son activité avec enthousiasme, il reconnaît que demeurer actif après la retraite n’est pas toujours simple. “On se rend compte que l’on est moins souvent sollicité pour de nouvelles opportunités. Les chasseurs de têtes n’appellent plus – il faut prendre soi-même l’initiative.” Cela exige pour lui de
“Accompagner et coacher les jeunes banquiers est extrêmement précieux à mes yeux. Je sers d’exemple de résilience et de persévérance.”
Michel Hubain, Senior Advisor chez Rothschild & Co
l’esprit d’entreprise, surtout pour ceux qui désirent maintenir leur niveau de vie.
Cette nouvelle réalité a aussi des avantages, cependant. “Contrairement à mes collègues plus jeunes, je n’ai plus d’objectifs chiffrés à atteindre. J’endosse principalement un rôle de soutien, dorénavant. J’utilise mon réseau et j’accompagne les processus de changement, ce qui me convient parfaitement.”
Un paysage en mutation
Le monde du private banking a considérablement changé ces dernières années, note-t-il encore. “Les clients sont mieux informés et nourrissent des attentes plus élevées. En outre, la réglementation évolue constamment – pensez à l’introduction de la MiFID et de la SFDR, par exemple. Cela signifie qu’il faut sans cesse se former pour rester à jour.”
La formation continue et le partage des connaissances sont dès lors essentiels pour suivre ces évolutions. Michel Hubain insiste ici sur la mission d’organisations comme la Private Bankers Association: “Elles peuvent offrir à leurs membres des informations et des formations précieuses. Pour les banquiers, le réseau est aussi crucial.”
Partager le savoir, c’est la clé du succès.
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