OUTLOOK
2e semestre 2022
Des experts du marché des fonds partagent leurs convictions
Lisez en ligne
OUTLOOK
Focus sur la qualité dans les marchés en phase tardive de cycle
“ “Les acteurs défensifs, qui disposent d’une rentabilité stable et d’un pouvoir de fixation des prix, gagnent en importance.”
“
Les cours des matières premières ont augmenté encore plus sensiblement qu’en 2021. Entrevoyez-vous une fin à cette hausse? Comment l’investisseur peut-il prendre en considération ce facteur d’incertitude? Le déséquilibre structurel de nombreuses matières premières a entraîné un doublement des prix ces deux dernières années. Néanmoins, la valorisation actuelle reste attrayante à moyen terme, compte tenu des stocks historiquement bas. La guerre en Ukraine renforce cette pénurie. Du côté de la demande, le ralentissement de la croissance pourrait avoir une incidence, même si la Chine, responsable de la moitié environ de la demande mondiale de matières premières, est bien partie pour signer une croissance économique de 4 à 5% d’ici à la fin de l’année. La transition énergétique est également exigeante en ressources. L’Amérique latine et la région MENA recèlent des opportunités pour les actions, et les devises locales des pays producteurs de matières premières peuvent être une source de rendement des fonds
Marc Danneels, Chief Investment Officer, Beobank
obligataires à gestion flexible. Dans un portefeuille d’investissement, les matières premières restent donc une couverture contre l’inflation et les tensions géopolitiques. Les actions européennes sont traditionnellement moins chères que les actions américaines. Cet écart de valorisation peut-il être comblé dans le contexte géopolitique actuel? C’est peu probable à court terme. Les entreprises américaines continuent d’afficher une rentabilité supérieure à celle
Quelle stratégie face à l’inflation et à la chute de la tech?
Les actions européennes sont traditionnellement moins chères que les actions américaines. Dans le contexte géopolitique actuel, cet écart de valorisation peut-il être comblé? Les actions américaines sont sorties gagnantes de la période de taux bas. Les valeurs de croissance sont devenues très chères, notamment celles de la tech US. Le marché corrige ces excès et ce n’est sans doute pas fini. Les valorisations des actions US sont toujours au-dessus de leur moyenne de long terme, tandis que les actions de la zone
“ “La période actuelle reste compliquée, sauf pour les investisseurs capables de profiter de la hausse des taux.”
“
Après une année boursière 2021 exceptionnelle, les marchés ont été pénalisés par les hausses de taux et la guerre en Ukraine. Quelles sont désormais les perspectives? Dans les pays occidentaux, l’inflation est revenue à des niveaux élevés et la pénurie de main-d’œuvre provoque des tensions sur le marché de l’emploi. Les banques centrales doivent normaliser leur politique monétaire, avec une difficulté: aboutir à un “soft landing” sans provoquer de récession. Selon nous, ce risque devrait continuer à peser sur les marchés financiers en 2022.
Matthieu Grouès, Chief Investment Officer, Lazard Frères Gestion
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Les partenaires impliqués sont responsables du contenu.
euro demeurent en dessous. L’écart devrait donc se réduire, surtout avec la récente baisse de l’euro, favorable aux résultats des sociétés européennes. Après des décennies de baisse des taux d’intérêt, la tendance s’inverse. Pensezvous que la hausse des taux va se poursuivre? Et qu’est-ce que cela signifie pour un investisseur en obligations? Les banques centrales continueront à remonter leurs taux d’intérêt, poussant ainsi les taux longs à la hausse. À terme, cette hausse des taux permettra aux investisseurs de retrouver des rendements et des niveaux de spread plus attrayants sur les marchés obligataires. En attendant, la période reste compliquée, sauf pour les investisseurs capables d’opter pour une sensibilité négative de leur portefeuille aux taux d’intérêt, de manière à profiter de l’actuelle hausse des taux.
Les actions européennes sont traditionnellement moins chères que les actions américaines. Dans le contexte géopolitique actuel, cet écart de valorisation peutil encore être comblé? La prime de valorisation entre l’Amérique et l’Europe reflète non seulement des perspectives de croissance à long terme meilleures pour les ÉtatsUnis que pour l’Europe, mais aussi (et surtout) un contexte plus favorable pour le petit porteur. Cette différence n’est, à nos yeux, pas près de changer. D’ailleurs les Américains ne s’y trompent pas: quelque 40% de la Bourse américaine est détenue par les particuliers. Après des décennies de baisse constante des taux d’intérêt, la tendance s’est inversée. Pensezvous que la hausse des taux d’intérêt va se poursuivre? Et qu’est-ce que cela signifie pour un investisseur en obligations? Les taux d’intérêt arrêteront de monter lorsque les banques centrales auront réussi à dompter l’inflation. Aux États-Unis, la Fed a, selon nous, fait preuve d’un état d’esprit suffisamment belliqueux envers l’inflation pour espérer atteindre cet objectif dans le courant de l’année. Cela devrait permettre aux taux d’intérêt américains de se stabiliser. En Europe, cela prendra sans doute un peu plus de temps. Le coronavirus a joué à nouveau des tours à l’économie chinoise dans les premiers mois de 2022. Comment voyez-vous l’évolution de la confiance des investisseurs dans les marchés émergents cette année? Les actions des marchés émergents possèdent des caractéristiques qui en font des actifs à haut potentiel. Leur performance au premier semestre de 2022 a déçu. Les bases d’une reprise boursière s’y dessinent mais il est trop tôt pour qu’elle puisse être catalysée. Pour cela, deux conditions doivent être remplies: la fin de la politique du “zéro covid” en Chine – accompagnée d’une relance fiscale crédible – et un dollar qui cesse de s’apprécier.
“ “La prime de valorisation entre l’Amérique et l’Europe reflète surtout un contexte plus favorable pour le petit porteur.”
“
des entreprises européennes. Même depuis la sévère correction subie en début d’année, le marché boursier américain, axé sur la croissance, reste audessus de la médiane des 20 dernières années en termes de forward P/E, tandis qu’en Europe, il se situe juste en dessous. Les États-Unis sont plus résistants à la stagflation grâce à la persistance d’une consommation et d’un marché du travail robustes, et plus indépendants des approvisionnements énergétiques extérieurs. L’Europe, en revanche, est aux prises avec un ralentissement de sa croissance, accentué par la guerre en Ukraine. Le pic d’inflation n’a probablement pas encore été atteint. Nous préférons donc les entreprises qui ne dépendent pas du cycle: des entreprises défensives de qualité qui peuvent répercuter la hausse de leurs coûts sur les consommateurs et qui ont des flux de revenus stables, comme dans les soins de santé. Sans oublier les secteurs qui bénéficient de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation, notamment les banques et l’énergie.
Des perspectives de croissance meilleures pour les États-Unis
Jérôme van der Bruggen, Head of Investments, Degroof Petercam
OUTLOOK
“ “Le retour de la volatilité sur les marchés obligataires devrait créer des opportunités pour les investisseurs.”
“ David Zahn, Head of European Fixed Income, Franklin Templeton
À la recherche d’un nouvel équilibre sur le marché obligataire Pensez-vous que les grandes banques centrales augmenteront encore leurs taux cette année et que cela provoquera des turbulences sur les marchés financiers? En 2022 et 2023, les banques centrales continueront à relever les taux. La Banque centrale européenne (BCE) devrait commencer au cours du second semestre de 2022, ce qui fera monter la pression sur les taux obligataires. Les marchés obligataires, notamment du crédit, seront plus volatils. La BCE est confrontée à un difficile exercice d’équilibre: elle doit accroître les taux pour lutter contre l’inflation, mais le choc de l’offre dû à la guerre en Ukraine devrait provoquer un important ralentissement de l’économie. Les marchés devront donc trouver un équilibre entre l’inflation, les taux et le ralentissement économique potentiel, ce qui alimentera la volatilité sur les marchés obligataires mais créera des opportunités pour les investisseurs. Après plusieurs décennies de taux bas, la tendance s’est inversée. Pensez-vous que la hausse des taux
se poursuivra? Et qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs? Les taux du marché obligataire européen continueront d’augmenter au fur et à mesure que le marché s’adaptera à la politique de hausse des taux et au climat d’incertitude accrue lié à la croissance économique. Au cours des prochains trimestres, le marché obligataire devrait se normaliser, ce qui fera naître de belles occasions au sein des obligations souveraines et d’entreprise. Ce n’est pas le début d’un nouveau marché baissier pour les obligations. Nous nous attendons à ce que l’inflation retrouve des niveaux de plus ou moins 2% dans la zone euro au cours des années à venir, ce qui permettra à la BCE de stopper temporairement ses hausses de taux et offrira aux marchés obligataires la possibilité de trouver un nouvel équilibre, légèrement audessus des rendements actuels. Ce serait une bonne nouvelle pour les investisseurs en obligations, puisqu’ils seront à nouveau rémunérés pour leur prise de risque de crédit et de duration sur les marchés obligataires.
Cybersécurité et énergies propres: des tendances renforcées Pensez-vous que les principales banques centrales augmenteront encore les taux d’intérêt cette année et que cela provoquera des turbulences sur les marchés financiers? L’inflation s’installe aux États-Unis et ronge le pouvoir d’achat. La confiance des consommateurs s’effondre et l’économie ralentit. La Réserve fédérale va devoir resserrer énergiquement sa politique monétaire pour vaincre l’inflation. Dans la zone euro également, l’inflation est élevée. Toutefois, la BCE a moins de marge de manœuvre pour relever les taux d’intérêt de manière agressive étant donnée l’impact particulièrement négatif de la guerre en Ukraine sur la croissance européenne.
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Les partenaires impliqués sont responsables du contenu.
Les valeurs technologiques sont plongées dans le marasme depuis les premiers mois de cette année. Comment voyez-vous l’évolution du secteur à court et moyen termes? Les valeurs technologiques ont souffert de la violente hausse des taux aux États-Unis, consécutive au changement de discours de la Fed. Porteuses d’une très forte croissance, elles nous semblent désormais attrayantes pour un investisseur de long terme. L’intérêt d’investir dans la cybersécurité et les énergies renouvelables sort d’ailleurs renforcé de la guerre en Ukraine. Les actions européennes sont traditionnellement moins chères que les actions américaines. Dans le contexte géopolitique actuel, cet écart de valorisation peut-il encore être comblé? Les actions européennes nous semblent plus intéressantes que leurs concurrentes américaines. D’une part, leur ratio cours/bénéfices est beaucoup moins élevé. D’autre part, les obligations européennes s’échangent toujours sur des taux très bas, largement inférieurs aux dividendes. L’investisseur européen a donc peu d’alternative aux investissements en actions.
“ “Préférez les actions européennes et les entreprises actives dans la cybersécurité et les énergies propres.”
“
Les banques centrales ont largement bousculé les marchés en ce début d’année et nous pensons que nous avons atteint un pic d’angoisse sur ce terrain. Les questions devraient désormais porter sur la croissance économique.
Frédéric Rollin, Senior Investment Advisor chez Pictet Asset Management
Nous sommes au début de la transition énergétique et technologique
Les valeurs technologiques sont plongées dans le marasme depuis les premiers mois de cette année. Comment anticipez-vous l’évolution du secteur à court et moyen termes? “Les valeurs asiatiques des semi-conducteurs et des technologies de l’information ont connu plusieurs mois difficiles mais nous considérons que le secteur est gagnant à long terme”, indique Robin Parbrook,
co-Head of Asian Equity Alternative Investments. “Toutes les tendances mondiales sont à forte intensité de semi-conducteurs. Nous sommes plus proches du début de cette transition technologique que de la fin.” Conflit entre la Russie et l’Ukraine, coronavirus… Comment voyez-vous évoluer la confiance des investisseurs dans les marchés émergents cette année? “Les actions des marchés émergents ont relativement bien résisté à l’invasion de l’Ukraine par la Russie”, souligne Kristjan Mee, stratégiste au sein du Strategic Research Group de Schroders. Les marchés d’Amérique latine et du Moyen-Orient ont enregistré les meilleures performances en début d’année grâce à la hausse des cours des matières premières; ceux d’Europe de l’Est ont chuté. Les actions chinoises se sont nettement redressées en mars mais signent toujours un repli. “En Chine, les récents confinements provoquent une congestion dans les ports-clés comme Shanghai”, observe Keith Wade, économiste en chef chez Schroders. Par conséquent, les goulets d’étranglement et les délais de livraison risquent de rester problématiques un certain temps encore.
“ “Le secteur de l’énergie est appelé à connaître une transformation similaire à la révolution industrielle.”
“
Les cours des matières premières ont augmenté encore plus nettement qu’en 2021. Comment l’investisseur peut-il tenir compte au mieux de ce facteur d’incertitude? “La combinaison de la baisse des coûts, de la forte demande et de la nouvelle réglementation révolutionne le secteur de l’énergie”, déclare Alex Monk, gestionnaire de portefeuille Global Resource Equities chez Schroders. “Deux thèmes-clés sur lesquels porte la stratégie de transition énergétique de Schroders, à savoir les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, prennent de l’ampleur.”
Alex Monk, gestionnaire de portefeuille Global Resource Equities, Schroders
OUTLOOK
Nouveau contexte, nouvelles priorités pour les banques centrales
“ “Nous prévoyons une décélération de l’inflation au second semestre grâce à une stabilisation des prix des matières premières.”
“
Après une année boursière 2021 exceptionnellement forte, le marché a été durement touché par les hausses de taux d’intérêt et la guerre en Ukraine. Quand voyez-vous une reprise? Restaurer la confiance des investisseurs implique de les rassurer sur la maîtrise de l’inflation. Nous prévoyons une décélération de l’inflation au second semestre, bénéficiant d’une résorption progressive des goulets d’étranglement et d’une stabilisation des prix des matières premières. Le niveau auquel se stabilisera l’inflation sera-t-il jugé acceptable par les banques centrales? De ce facteur dépendront la dose de resserrement monétaire nécessaire et le ralentissement économique qui l’accompagnera. Les marchés prennent déjà en compte aux niveaux actuels un atterrissage en douceur de l’économie – pas de croissance des bénéfices à 12 mois et une valorisation intégrant les niveaux de taux que nous connaissons pour le moment. Un freinage plus brutal de l’économie
Vincent Hamelink, Chief Investment Officer, Candriam
pourrait évidemment entraîner une volatilité accrue et une baisse supplémentaire des valorisations, avant de retrouver le chemin de la croissance et de bénéficier des possibilités offertes par la correction de certains excès de la période post-Covid. Après des décennies de baisse constante des taux d’intérêt, la tendance s’est inversée. Pensez-vous que la hausse des taux d’intérêt va se poursuivre?
Les investisseurs obligataires perdent, les marchés émergents gagnent
L’attitude de la Chine envers la Russie reste floue. Parallèlement, le coronavirus a joué à nouveau des tours à l’économie chinoise durant les premiers mois de 2022.
“ “Les investisseurs sont prudents mais le marché boursier chinois a surperformé les États-Unis au deuxième trimestre.”
“
Après plusieurs décennies de baisse constante des taux d’intérêt, la tendance s’est inversée. Pensez-vous que la hausse des taux d’intérêt va se poursuivre? Et qu’est-ce que cela implique pour un investisseur en obligations? Les rendements obligataires ont nettement augmenté. S’ils devront peut-être passer par une période de consolidation, ils continueront de croître dans les années à venir car les rendements demeurent peu attrayants. Les rendements réels sont en effet très bas aux États-Unis et négatifs en Europe. En outre, les banques centrales ne sont plus actives en tant que grands acheteurs. Cela peut se traduire par des gains très faibles, voire des pertes pour les investisseurs en obligations. Ceux-ci doivent accepter plus de risques en échange de rendements raisonnables, par exemple en recourant à des titres de dettes high-yield et des marchés émergents.
Paul Jackson, Global Head of Asset Allocation Research, Invesco
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Les partenaires impliqués sont responsables du contenu.
Vous désirez en savoir plus? Et qu’est-ce que cela signifie pour un investisseur en obligations? La hausse des taux d’intérêt est le corollaire de la flambée de l’inflation. Les marchés obligataires intègrent d’ores et déjà de futures hausses des taux courts des banques centrales. Nous pensons que la période de taux d’intérêt négatifs devrait prendre fin cette année en Europe, offrant à nouveau, par la suite, des rendements décents et des opportunités d’investissement dans ce segment. Pour autant, nous ne prévoyons pas de spirale inflationniste, de processus auto-entretenu d’une hausse des prix, car les augmentations salariales devraient rester modérées, notamment en Europe.
Comment entrevoyez-vous l’évolution de la confiance des investisseurs à l’égard des marchés émergents cette année? Malgré une situation économique décevante en Chine, les pays exportateurs de matières premières profitent de la hausse des cours de ces dernières. Pensez aux producteurs d’énergie du Moyen-Orient mais aussi à des pays comme le Brésil, dont le marché boursier a signé l’une de ses meilleures performances cette année. Sur les marchés émergents, à l’exception de la Chine, les indices boursiers ont surperformé le marché américain. Et bien que les obligations chinoises aient surperformé celles des marchés développés, les indices obligataires des pays émergents ont sous-performé. La réticence des investisseurs par rapport aux actions chinoises semble généralisée. Pourtant, le marché a une valorisation attrayante et a surperformé le marché américain au deuxième trimestre. Récemment, j’ai surpondéré les actions chinoises dans mon modèle d’allocation d’actifs.
Découvrez toutes les visions des experts pour l’année 2022 sur www.lecho.be/outlook Dans la prochaine édition d’Outlook, le 21 décembre 2022, nous anticiperons déjà le premier semestre 2023. Rendez-vous est pris!
Une initiative de Partner Content. Plus d’informations via finance@trustmedia.be