The Private Banker - automne 2021

Page 1

automne 2021

THE

PRIVATE BANKER

Isabelle Verhulst et Olivier Van Belleghem “Avec la crise sanitaire, l’année a été très particulière’’ La présidente sortante et le nouveau président de la Private Bankers Association donnent le coup d’envoi de notre nouvelle revue réservée à nos membres. Prix par numéro pour les non-membres: 10 €


Édito Chers membres de la PBA-B, Bienvenue dans ce premier numéro de The Private Banker, notre nouvelle revue réservée à nos membres, avec laquelle nous comptons désormais communiquer avec vous quatre fois par an. Vous y trouverez un ensemble d’informations pratiques et un éventail d’expériences et de conseils que nous souhaitons partager au sein de notre branche. Dans ce premier numéro, notre ancienne présidente et son successeur évoqueront nos réalisations récentes et nos projets en chantier. Nous ferons également le point sur les formations à nouveau prévues cette année, avec le récit intéressant d’un de nos récents «certifiés». Vous découvrirez ensuite une passionnante analyse d’un sujet qui nous concerne tous: le dossier AML. Côté Covid, nous pouvons espérer parvenir lentement mais sûrement à la fin de cette crise. Pour un métier comme le nôtre qui repose énormément sur le contact humain, les derniers mois n’ont pas été faciles. Plusieurs collègues détaillent de quelle façon ils ont géré la crise sanitaire et confient leur vision du contact client pour les semaines et les mois à venir. J’aimerais aussi vous inviter à prendre le temps de vérifier sur notre site Web si vos données personnelles sont à jour. Vous aurez ainsi la certitude de recevoir les prochains numéros de The Private Banker dans votre boîte aux lettres, ainsi que toutes les autres communications utiles de notre association. Enfin, j’attendais avec impatience la célébration de notre 20e anniversaire, que nous avons malheureusement dû différer l’an dernier pour cause de pandémie. Nous fêterons donc notre 21e anniversaire en grande pompe au château de Grand-Bigard, où nous pourrons à nouveau nous retrouver physiquement. Notez d’ores et déjà la date dans votre agenda: 25 novembre 2021 - 18h30 - château de GrandBigard: fête des 21 ans de la PBA-B!

Sommaire

Bonne lecture de ce numéro de The Private Banker, et à bientôt!

04 “Nous ne devons pas perdre Peter Van der Smissen Secrétaire général de la PBA-B

Colophon The Private Banker est le magazine trimestriel des membres de la Private Bankers Associaton Belgium. Rédacteur en chef et éditeur responsable: Peter Van der Smissen Rédaction: Content Republic https://trustmedia.be/services Numéro 1: septembre 2021

Prix par numéro pour les non-membres: 10.00 €

les acquis et les nouveautés nés de la crise sanitaire”

Interview croisée d’Isabelle Verhulst et d’Olivier Van Belleghem

06 “Le contact personnel avec le client reste crucial”

Rencontrer le client après le Covid


Automne 2021

p. 3

08 Mieux positionné sur le

marché du travail grâce à un programme de formation

En collaboration avec la Febelfin Academy, la Private Bankers Association propose deux programmes de formation pour les private bankers: Investment Management et Patrimonial Approach. Les participants pourront ainsi consolider leurs compétences professionnelles… mais aussi leur position sur le marché du travail.

Agenda 6 septembre 2021

ormation Investment Management F Début des cours du groupe NL*

10 Formation Patrimonial

8 septembre 2021

ormation Patrimonial Approach F Début des cours du groupe NL*

9 septembre 2021

ormation Patrimonial Approach F Début des cours du groupe FR*

Il a suivi notre formation et revient sur une expérience intense

10 septembre 2021

ormation Investment Management F Début des cours du groupe FR*

24 novembre 2021

ormation Investment Management F Proclamation* à 17h

25 novembre 2021

Fête du 20e anniversaire de la PBA-B 18h30, château de Grand-Bigard

30 novembre 2021

articipation de la PBA-B au FIF** P À partir de 15h, Maison de la Poste, Bruxelles

26 janvier 2022

ormation Patrimonial Approach F Proclamation* à 17h

Mi-janvier 2022

he Private Banker T Parution du numéro d’hiver

Approach

11 L’impact de la nouvelle circulaire AML de la Banque nationale sur les activités de private banking

Entretien avec Karel Baert, CEO de Febelfin

* Lieu des cours et des proclamations: Febelfin Academy, boulevard du Roi Albert II 19, 1210 Bruxelles, deuxième étage. ** FIF (Fund Insiders Forum), organisé par L’Echo/De Tijd. Maison de la Poste, rue Picard 5-7, 1000 Bruxelles. Les dates des nouvelles mises à jour via e-learnings seront annoncées sur LinkedIn et par e-mail.


p. 4

Private Bankers Association

IN T ER V IE W CR OISÉE D’IS ABEL L E VERH UL ST E T D’O L IVIER VAN BEL L E G HEM

“Nous ne devons pas perdre les acquis et les nouveautés nés de la

crise sanitaire” Après avoir présidé durant un an le conseil d’administration de la Private Bankers Association, Isabelle Verhulst (Belfius) transmet le flambeau à Olivier Van Belleghem (BNP Paribas Fortis). Ils reviennent sur l’année écoulée et détaillent leurs intentions pour l’année à venir. Vous avez présidé le conseil d’administration de la Private Bankers Association belge pendant un an. Quel regard portez-vous sur les 12 mois écoulés? Isabelle Verhulst: “Avec la crise sanitaire, l’année a été très particulière. Notre fonctionnement s’en est trouvé bouleversé. Nous avons été contraints de tout organiser à distance, ce qui n’avait jamais été le cas. Nous avons réalisé nos activités traditionnelles et notre conférence annuelle en ligne. Il en va de même pour notre formation Patrimonial Approach, qui dure normalement 13 semaines. Nous l’avons organisée via Webex afin que les participants et les formateurs puissent se voir et échanger. C’était important, car il s’agit d’une formation technique. Nous avons ainsi pu donner une formation de qualité en période de pandémie, et j’en suis fière. Nous avons également procédé à une évaluation de la formation afin que les sujets que nous traitons demeurent pertinents et à jour. Pour maintenir l’association en vie, nous avons aussi lancé des e-learnings en néerlandais et en français. C’était assez nouveau mais le succès a été au rendez-vous. Nous avons connu une année plus active que d’habitude. Malheureusement, nous n’avons pas pu fêter notre 20e anniversaire. La Private Bankers Association reste avant tout une organisation de réseau; une fête à distance ne nous permettait pas d’atteindre nos objectifs. C’est pourquoi nous fêterons notre 21e anniversaire en novembre. Enfin, nous avons décidé de lancer un magazine et une page LinkedIn pour renforcer ce sentiment communautaire. Avec ces nouveaux canaux de communication, nous souhaitons améliorer notre visibilité. C’est fondamental si nous voulons avoir un impact.” Olivier Van Belleghem: “Si la Private Bankers Association est bien connue au sein du secteur, elle ne l’est pas suffisamment du monde extérieur. La page LinkedIn et le magazine que vous tenez entre vos mains doivent améliorer notre visibilité. Comme les banques privées, la Private Bankers

Association a dû se réinventer durant la crise sanitaire. La transition des contacts personnels vers les contacts à distance n’a pas été aisée. C’est pourquoi je veux tirer mon chapeau à notre secrétaire général, Peter Van der Smissen, qui s’occupe des activités quotidiennes de l’association et veille à ce que tout se déroule au mieux. Il a convaincu non seulement les participants de suivre les séances de formation en ligne, mais aussi les professeurs de les donner à distance. Ces professeurs sont d’éminents avocats qui privilégient l’interaction en direct; au départ, certains d’entre eux n’étaient pas ravis à l’idée d’une formation en ligne, mais Peter a réussi à leur faire changer d’avis.”

Quels sont vos grands chantiers pour l’année à venir? Olivier Van Belleghem: “Une fois que la crise sanitaire sera derrière nous, il conviendra de ne pas en perdre les acquis et les nouveautés. Nous avons tous franchi des étapes majeures dans la numérisation de nos activités. Il faudra éviter de revenir à l’ancienne normalité et de tout refaire en présentiel, et trouver le juste cocktail de manifestations en ligne et d’événements physiques. La formule de 13 séances de formation en ligne est flexible et fonctionne bien. Les participants l’ont énormément appréciée. Il ne leur est pas toujours facile de se déplacer: la possibilité de mettre à leur disposition des séances de formation à distance recèle une grande valeur ajoutée. Nous allons assurément conserver cela. Nous allons par ailleurs prêter plus d’attention à l’aspect ‘réseau’, cette année. Cela commencera avec la fête de notre 21e anniversaire. Pour de nombreux banquiers privés, ce sera l’occasion idéale de se revoir et d’échanger des expériences de manière informelle. Nous organiserons notre conférence annuelle en présentiel ou sous une forme hybride. Les grands ‘chantiers’ dépendent toujours de ce qui se passe dans la réalité. Nous ne savons pas encore si le gouvernement nous réserve des modifications de loi auxquelles nous devrons réagir.”


Automne 2021

p. 5

“L’association grandit et plus nous comptons de membres, plus les réunions de concertation gagnent en pertinence.” Isabelle Verhulst, Belfius

Isabelle Verhulst: “Un thème qui aura assurément une influence sur le secteur est la nouvelle directive de la Banque nationale dans le cadre de la législation antiblanchiment. Quel impact aura-t-elle sur le passé et comment les institutions la mettront-elles en œuvre? En tant qu’association, nous avons un rôle important à jouer dans ce dossier.”

Comment la Private Bankers Association a-t-elle évolué ces 20 dernières années? Isabelle Verhulst: “La PBA-B regroupe toutes les institutions financières actives dans le private banking. Aujourd’hui, nous représentons 24 institutions financières. L’association compte 700 membres, ce qui représente 90% du marché du private banking et du wealth management. Depuis la fondation de l’association, nous voulons faire reconnaître le statut de private banker en stimulant et favorisant la déontologie et les compétences professionnelles. Surtout au niveau national, l’association est un outil de lobbying pour la législation qui peut parfois avoir des conséquences pour le secteur. Un autre élément de poids est le développement et l’organisation de formations en collaboration avec la Febelfin Academy. Nous voulons ainsi améliorer les compétences professionnelles des private bankers et garantir une norme de qualité minimale pour la clientèle. Actuellement, nous proposons deux formations: ‘Investment Management for private bankers’ et ‘Patrimonial Approach for private bankers’’.”

Olivier Van Belleghem: “Le nombre de nos membres a fortement augmenté. Nous avons débuté avec six institutions financières; nous en comptons désormais vingtquatre, effectivement. Il n’a pas été facile de convaincre les institutions de notre utilité. Nous avons dû chercher notre place! Febelfin représente le secteur bancaire, alors que la Private Bankers Association est la voix du secteur du private banking. La clientèle en private banking n’a pas toujours les mêmes intérêts et nous voulons jouer notre rôle. Nous avons plus que réalisé notre ambition initiale, qui était de représenter les private bankers et le secteur. Nous sommes l’interlocuteur de tous ceux qui désirent dialoguer avec le secteur. L’association est nettement plus hétérogène que la plupart le croient, également. Nous comptons naturellement les quatre grandes banques et quelques acteurs de niche comme Degroof Petercam et Delen, mais aussi de très nombreux acteurs plus petits, sur le plan tant international que national, qui déploient une vaste palette d’activités, comme Leo Stevens, CapitalAtWork, Rothschild et la Banque Transatlantique.” Isabelle Verhulst: “L’association grandit et plus nous comptons de membres, plus les réunions de concertation gagnent en pertinence. Les sensibilités sont totalement différentes au sein des grandes institutions, chez les acteurs de niche ou dans les institutions internationales. La taille de l’association la rend beaucoup plus représentative. C’est un avantage indéniable.”

“Nous avons plus que réalisé notre ambition initiale, qui était de représenter les private bankers et le secteur.” Olivier Van Belleghem, BNP Paribas Fortis


p. 6

Private Bankers Association

REN C ON T RER LE CLIENT APRÈ S L E C OVID

“Le contact personnel avec le client reste

crucial” La pandémie a réduit les contacts personnels entre les private bankers et leurs clients à la portion congrue. Même si les deux parties ont tout fait pour maintenir ce lien par écran interposé. The Private Banker a réuni quatre private bankers pour évoquer la manière dont chacun a géré ce handicap et ce à quoi l’on peut s’attendre dans un avenir proche: “Il s’agira de combiner le meilleur des deux mondes.”

La discussion en présentiel est une composante essentielle de la profession de private banker. Dans quelle mesure la crise sanitaire a-t-elle changé la donne? Carine Vansteenkiste (KBC): “Le private banking est un métier où le contact humain demeure crucial, en effet. Tant pour le private banker que pour son client, les rencontres ‘en chair et en os’ sont une nécessité. Créer du lien, accorder sa confiance et en recevoir en retour: cela est toujours plus aisé par le biais de contacts physiques dans l’environnement du client. On peut ainsi mener des discussions plus approfondies. Heureusement, nous disposions dès avant la crise sanitaire d’outils grâce auxquels nous avons pu continuer à informer et conseiller le client vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Les circonstances nous ont contraints, nos clients comme nous-mêmes, à adopter les applications mobiles all-in-one et la vidéoconférence à un rythme accéléré. Nous avons ainsi entretenu des contacts étroits et fréquents, mais sous forme numérique, devant l’écran ou par téléphone.” Adel Smaele (Banque Degroof Petercam): “La transition du contact physique vers le contact numérique est un exercice difficile. Mais tant les institutions financières que les clients ont opéré un incroyable mouvement de rattrapage. Les clients ont accepté la nécessité de réduire

les contacts physiques. Ils ont dû s’habituer aux nouveaux outils et en ont rapidement perçu l’utilité.” Isabelle Dujardin (CapitalatWork): “Nous avons nous aussi vécu cette accélération. Au début, les clients montraient encore un peu de réticence à l’égard des réunions vidéo, puis ils ont peu à peu pris conscience qu’elles pouvaient être tout à fait conviviales et efficaces. Ces outils ont assurément démontré leur utilité. À présent, nous tentons de combiner le meilleur des deux mondes.”

vont droit au but. La difficulté consiste à conserver la dimension humaine. Ces discussions en ligne offrent moins de possibilités de parler des petites choses de la vie, de demander au client comment il va… Dans un entretien en ligne, l’aspect personnel disparaît parfois au profit de l’efficacité. Les signes non verbaux sont essentiels dans l’appréciation de cette dimension personnelle; or, ils sont plus complexes à capter en ligne.”

Quels ont été les avantages et les inconvénients de cette transition vers les réunions en ligne?

Véronique De Medts: “Tout à fait d’accord avec Adel. Le défi des entretiens en ligne est qu’ils se réduisent souvent au sujet convenu à l’avance. Les vidéoconférences sont plus délimitées, on ne sort pas de l’objet de l’entretien. Il est plus difficile d’ouvrir la discussion lorsque celle-ci est menée par l’intermédiaire d’un écran. Pour un grand nombre de nos clients, les rencontres en ligne restent des événements très particuliers. Ceci dit, ils m’ont plus d’une fois époustouflée par leur bonne volonté et leur faculté d’adaptation. Des personnes de 75 ou 80 ans qui parviennent à suivre des réunions en vidéo… Simultanément, la crise a créé des opportunités de travailler plus efficacement. Si, pour nous tous, l’expérience était éminemment intéressante, il est toutefois bon de revenir à l’ancienne normalité. Investir dans le contact physique et les discussions avec le client demeure la meilleure méthode.”

Adel Smaele: “Le côté positif est évidemment l’efficacité. Les discussions avec le client sur Webex sont professionnelles et

Isabelle Dujardin: “Je ne peux que souscrire à ce qui vient d’être dit. Rien ne remplacera le contact personnel avec le client.

Véronique De Medts (Belfius): “Nous avons toujours maintenu des contacts personnels grâce aux mesures anti-Covid très strictes, qui prévoyaient que nos collaborateurs restent présents dans une agence et ne basculent pas entre plusieurs d’entre elles. Cette discipline rigoureuse a offert aux clients de continuer à voir leur personne de contact, moyennant le respect de règles très précises. Mais même ‘à distance’, nous étions disponibles! De nombreuses questions administratives ont d’ailleurs été réglées rapidement – comme par le passé – via nos canaux numériques et Belfius Connect.”


Automne 2021

p. 7

“Les discussions avec le client sur Webex sont professionnelles et vont droit au but.”

“Rien ne remplacera le contact personnel avec nos clients.”

Adel Smaele, Banque Degroof Petercam

Isabelle Dujardin, CapitalatWork

“Nous avons remarqué au fil du temps que les réunions en ligne fonctionnaient bien, surtout pour les clients avec lesquels nous avions déjà établi un lien de confiance avant la pandémie.” Carine Vansteenkiste, KBC

“Nos clients m’ont plus d’une fois époustouflée par leur bonne volonté et leur faculté d’adaptation.” Veronique Demedts, Belfius

Travailler à distance nous a aidés à gagner du temps mais cela dépendait largement des clients: certains d’entre eux veulent nous voir nettement plus fréquemment et y attachent beaucoup d’importance – comme moi – alors que d’autres n’ont aucune envie de bavarder. Dans la majorité des cas, cependant, nous faisons davantage d’affaires avec les clients que nous rencontrons physiquement. L’aspect non verbal est primordial, surtout lorsqu’il s’agit de discussions personnelles ou confidentielles. Mais il est possible d’y parvenir en ligne. Pendant la crise sanitaire, j’ai ouvert de nombreux comptes et accueilli de nouveaux clients sans jamais les avoir rencontrés personnellement. Nous n’aurions jamais envisagé cela avant la crise sanitaire.” Carine Vansteenkiste: “Nous avons remarqué au fil du temps que les réunions en ligne fonctionnaient bien, surtout pour les clients avec lesquels nous avions déjà établi un lien de confiance avant la pandémie. Les clients ont trouvé ces réunions pratiques et efficaces. De notre côté, elles nous permettaient d’être disponibles pour un plus grand nombre d’entre eux. Pour les clients plus récents, c’était parfois un peu plus compliqué. Mais nous sommes parvenus à convaincre plus de 1.000 clients ‘à distance’. Quand c’est vraiment indispensable, il est possible de travailler en ligne. Nous avons également gagné en efficacité en traitant en ligne certaines formalités administratives. Cela étant dit, le contact numérique ne remplacera jamais la relation physique.”

Quels conseils donneriez-vous aux autres private bankers pour les aider à préserver ce contact personnel derrière un écran d’ordinateur? Adel Smaele: “Au début, nous avions tendance à planifier cinq ou six réunions en ligne à la suite. Or, une réunion d’une heure sur Webex est aussi épuisante qu’une réunion physique de deux heures et demie. On ne peut pas remplir les agendas de la même manière qu’auparavant! L’information est plus ciblée mais demande autant d’attention.” Carine Vansteenkiste: “C’est vrai. Si, pour le client, la personne de confiance est la même, le mode de communication est très différent. En vidéoconférence, le private banker a tendance à aller droit au but et ainsi à sauter des étapes qui sont plus naturelles dans une conversation en face à face. Nous avons rapidement constaté que les véritables préoccupations des clients étaient souvent d’ordre non financier. Nous avons insisté auprès de nos private bankers pour que, même dans une réunion en ligne ‘préparée’, ils libèrent du temps pour écouter ces besoins avec sincérité et compréhension, et accompagnent au mieux le client par des solutions concrètes, sur mesure. Il faut entretenir la relation, informer et conseiller, y compris en ligne.”


p. 8

Private Bankers Association

F ORMAT ION S IN V E STMENT MANAGEMENT E T PAT RIMO NIAL APPR OACH

Mieux positionné sur le marché du travail grâce à un programme de formation

En collaboration avec la Febelfin Academy, la Private Bankers Association propose deux programmes de formation pour les private bankers: Investment Management et Patrimonial Approach. Les participants pourront ainsi consolider leurs compétences professionnelles… mais aussi leur position sur le marché du travail.

“Si le private banker reçoit souvent des formations internes de son employeur durant les premières années de sa carrière, il a également besoin d’un programme de formation externe qui lui octroie une certification reconnue qu’il pourra utiliser pour la suite de son parcours professionnel”, estime Bart Corthouts, Business Project Manager à la Febelfin Academy. Avec la Private Bankers Association belge, la Febelfin Academy propose aujourd’hui deux programmes de formation, Investment Management et Patrimonial Approach, organisés chaque année. Alors qu’elles s’étaient tenues entièrement à distance en 2020, ces formations auront à nouveau lieu en présentiel cette année, dans le respect de toutes les mesures sanitaires.

Au moins deux ans d’expérience Les formations accueillent entre 15 et 24 participants par groupe linguistique. Tant Investment Management que Patrimonial Approach s’adressent aux private bankers dotés d’au moins deux ans d’expérience. “Le participant moyen a déjà quelques années au compteur mais pas nécessairement dans la fonction de banquier privé: il peut avoir exercé d’autres fonctions au sein du secteur bancaire”, avance Bart

Bart Corthouts et Peter Van der Smissen, forces motrices du programme de formation de la PBA-B

Corthouts. “Un grand nombre des participants sont par exemple passés du retail banking au private banking. Nous remarquons que les taux de réussite des participants qui ont moins de deux ans d’expérience reculent. Outre le bagage technique qu’ils ont constitué pendant ces deux années, il leur faut un certain bagage commercial. Ils doivent savoir aborder les clients, identifier leurs besoins et apprendre à offrir des réponses sur mesure.” Les participants suivent la formation à Bruxelles un jour par semaine. “Cela signifie qu’ils continuent à travailler à temps plein. Les formations ont donc un grand impact sur leur vie professionnelle, sociale et familiale. Nous avons énormément de respect pour les private bankers qui suivent ces formations et y investissent temps et efforts.”

Investment Management Le programme Investment Management, qui compte huit journées de formation réparties sur autant de semaines, se concentre sur l’aspect économique, le volet investissement. Les formateurs sont tous actifs dans le secteur bancaire. “Fondamentalement, le programme apprend à déterminer les besoins et souhaits

financiers du client et à estimer son profil de risque”, indique Bart Corthouts. “Dans quelle mesure le client connaît-il le monde financier et les marchés? Quel risque est-il prêt à courir? Le client veut gérer convenablement et faire fructifier son patrimoine. La tâche du private banker consiste à l’informer de ses possibilités et éventuellement à le renvoyer vers le réseau dans la banque à même de lui fournir des conseils.” Pour la première fois, le module Gestion d’actions sera proposé sous forme hybride. “Une partie de la théorie sera donnée dans le cadre d’un e-learning interactif avec des vidéos du formateur ou un quiz, par exemple. Le professeur pourra ainsi axer la formation sur l’interactivité en donnant des exercices en groupes de trois ou quatre, notamment. Il soumettra plusieurs cas sur lesquels les participants pourront travailler par eux-mêmes. La formation est très orientée sur la pratique.” Les connaissances accumulées par les participants pendant le programme de formation sont contrôlées à l’aide d’un examen écrit comprenant 80 questions à choix multiples. Les participants qui obtiennent au moins 50% sont admis à l’examen oral. “Celui-ci se compose d’un business-case. Un client fictif hérite d’un portefeuille; au participant d’analyser celui-ci et d’établir le


Automne 2021

p. 9

“Fondamentalement, le programme apprend à déterminer les besoins et souhaits financiers du client et à estimer son profil de risque.” Bart Corthouts, Business Project Manager à la Febelfin Academy

“Nous avons énormément de respect pour les private bankers qui suivent ces formations et y investissent temps et efforts.” Bart Corthouts, Business Project Manager à la Febelfin Academy

profil de risque. Après une heure de préparation, il mène un entretien avec ce client fictif et trois conseillers. Ce n’est pas un jeu de rôle mais une simulation.”

Patrimonial Approach Le second programme de formation, intitulé Patrimonial Approach, ne porte pas sur le volet investissement ou économique mais sur l’aspect juridico-familial. Comment aider le client à structurer son portefeuille – mobilier et immobilier – et à le transférer dans des conditions optimales à la génération suivante? “Ce programme de 14 jours, réparti sur autant de semaines, présente un lourd volet juridique”, précise Bart Corthouts. “Les participants ont à la fois du droit civil, matrimonial et patrimonial, et des techniques de planification et de transfert d’entreprise familiale. C’est assez corsé!” Les formations sont confiées à des juristes issus des cabinets de notaires et d’avocats les plus réputés. Pour eux, le défi consiste à maintenir la formation à jour, surtout avec les grandes réformes de 2018 en matière de droit des sociétés. “Nous analysons d’ailleurs régulièrement le programme pour vérifier que les séances néerlandophones et francophones correspondent et

que la matière conserve sa pertinence. Si ce n’est pas le cas, nous ajoutons ou remplaçons certains éléments.” Alors que l’examen d’Investment Management se compose d’un épais dossier papier, celui de Patrimonial Approach ne compte que deux pages. “L’approche est totalement différente mais pas moins exigeante pour autant”, prévient Bart Corthouts. “Lors de l’examen, les participants se voient présenter le cas d’un couple qui possède une maison. Ils reçoivent des informations sur leur descendance, leur régime conjugal, leur patrimoine et leurs assurances-vie. Le private banker est invité à établir un bilan du patrimoine et à expliquer qui héritera de quoi en cas de décès d’un des conjoints. Ce n’est pas un exercice facile, car ils doivent connaître tous les régimes. Le jury propose également quelques solutions. Ce sera au private banker de donner des informations sur certaines situations spécifiques.”

Apprentissage tout au long de la vie De nombreux private bankers suivent les deux cours, tout dépend de l’expérience, des connaissances et de l’expertise du participant. “Si vous travaillez dans la branche depuis 10 ans et que vous avez suivi des

formations continuées, l’une ou l’autre formation sera sans doute moins pertinente”, remarque Bart Corthouts. “Ceci dit, l’intérêt des formations réside en grande partie dans la certification, qui est reconnue par tous nos membres. L’apprentissage tout au long de la vie est crucial et son importance ne fera qu’augmenter au cours des années à venir. C’est la raison pour laquelle les membres de la PBA-B y investissent. Les programmes de formation constituent bien entendu une plus-value pour la banque, parce qu’ils lui garantissent de disposer de collaborateurs qualifiés dont les connaissances sont à jour. Et le client en profite directement, car le certificat lui donne l’assurance de s’entretenir avec un private banker qui connaît son métier. Mais le certificat est aussi très intéressant pour le private banker lui-même, car il accroît ses possibilités sur le marché du travail. Lorsqu’on quitte un employeur, un tel certificat ne peut que faciliter l’accès à la profession ailleurs.” La loi n’impose certes pas encore de suivre la formation, mais la Febelfin Academy et la Private Bankers Association s’y sont préparées. “Le régulateur participe à l’élaboration du programme. Des gens de la FSMA prennent à leur compte une partie de la matière. Cette collaboration est importante: si des obligations légales sont imposées à l’avenir, nous serons prêts.”


p. 10

Private Bankers Association

F ORMAT ION PAT RIMONIAL APPR OACH

passionnant! Un parcours intense et

Jeroen Van Boeckel, private banker chez KBC, a suivi la formation Patrimonial Approach organisée par la Private Bankers Association et la Febelfin Academy en 2017. Il est donc parfaitement placé pour partager son expérience. “Cette formation a été un bon complément à l’expérience et aux connaissances que j’ai accumulées dans notre agence locale.” Jeroen Van Boeckel a embrassé une carrière de private banker chez KBC voici quelques années déjà. Auparavant, il travaillait au département Épargne et placements. Plusieurs raisons l’ont incité à suivre la formation Patrimonial Approach. “Pour ce qui concerne les connaissances techniques, j’étais suffisamment armé. Ceci dit, tout private banker est confronté à des questions de planification successorale et de gestion du patrimoine. En outre, KBC porte une grande attention à la formation de son personnel et recommande souvent des formations externes. Dans la mesure où j’attache beaucoup d’importance au principe de l’apprentissage tout au long de la vie, je n’ai pas hésité longtemps.”

besoin de tout ce que nous avons appris, c’est vrai, mais les clients apprécient que l’on ait ces connaissances sous la main.” Sans oublier que la législation évolue constamment. “Certaines choses que nous avions apprises à l’époque sont datées. La Private Bankers Association et la Febelfin Academy organisent régulièrement des retours pour rafraîchir certains sujets, même si nous le faisons également en interne.”

Des formations pratiques par des gens du métier La formation recèle un certain nombre d’avantages, et notamment le fait qu’elle soit donnée par des personnes de terrain. “C’est une différence fondamentale par rapport aux universités et aux hautes écoles, où souvent, un seul professeur enseigne une matière ex cathedra. La formation permet par ailleurs d’entendre plusieurs approches, ce qui est très précieux!” La participation limitée à 24 personnes dope l’interaction durant les cours. “Un auditoire avec une centaine de personnes, c’est assez anonyme. Ici, il est impossible de se cacher. Cela contribue à maintenir l’attention. Et les nombreux moments interactifs aident sans doute à mieux retenir la matière.”

Un parcours intense mais riche Jeroen Van Boeckel garde un excellent souvenir du programme de formation, même s’il se souvient aussi d’une période très intense. “Suivre une journée complète de formation à Bruxelles une fois par

Appréciation des clients Le programme Patrimonial Approach se compose de 14 journées de formation, à raison d’une journée par semaine. “Le cursus est assez volumineux”, souligne d’emblée Jeroen Van Boeckel. “On entre en contact avec de nombreux sujets fiscaux. Dans nos activités quotidiennes, nous n’avons pas

“L’examen est corsé – le réussir procure d’autant plus de satisfaction!” Jeroen Van Boeckel, private banker chez KBC

semaine, ce n’est pas évident quand on ne l’a plus fait depuis plusieurs années. Et l’on se retrouve subitement à travailler à quatre cinquièmes alors que les tâches quotidiennes restent les mêmes, puisqu’il est impossible d’organiser des entretiens avec des clients à ce moment-là. C’est un défi.” Jeroen Van Boeckel juge le parcours extrêmement intéressant. “Pendant le cours, on aborde des sujets passionnants. La formation m’a offert des bases plus vastes que ce que j’avais accumulé en expérience et en connaissances dans mon agence locale. C’était un bon complément à des choses que je savais déjà. J’en ai eu par la suite besoin pour mes activités quotidiennes.”

Networking et examen corsé Il a tout autant apprécié les possibilités de networking avec les autres participants. “En se retrouvant avec des collègues, on découvre comment ils abordent les défis de notre secteur. Il est toujours enrichissant d’apprendre de quelle façon ils gèrent certaines questions.” Au terme de la formation, les connaissances acquises sont testées. “Ces examens sont assez lourds”, reconnaît Jeroen Van Boeckel. “Le jury vous sort de votre zone de confort, ce qui est très bien. Quand on réussit l’examen écrit – 80 questions à choix multiples – on a droit à un examen oral sous forme de simulation. Heureusement, on dispose d’une heure pour se préparer mais il ne faut pas se laisser déstabiliser par le jury. L’examen est corsé – le réussir procure d’autant plus de satisfaction!”


Automne 2021

p. 11

EN T R E T I EN AV E C K AR EL B AER T, CE O D E F EBEL F I N

L’impact de la nouvelle circulaire AML de la Banque nationale sur les activités de private banking “La Febelfin était déjà en discussion avec la BNB sur l’application des règles antiblanchiment (AML) dans le contexte du private banking.” Karel Baert, CEO de Febelfin

La nouvelle circulaire de la Banque nationale de Belgique (BNB) sur le respect des règles antiblanchiment lors du rapatriement de fonds de l’étranger s’adresse aux institutions qui proposent des activités de gestion de fortune. Karel Baert, CEO de Febelfin, en éclaire les principaux éléments pour les private bankers.

Les banquiers ont-ils été surpris par la publication de ce texte?

prenantes comme la Cellule de traitement des informations financières (CTIF).”

Les banques sont-elles soumises à des deadlines spécifiques?

Karel Baert: “Non, cette circulaire est le fruit d’une collaboration constructive entre les banques et l’organe de surveillance. Febelfin était déjà en discussion avec la BNB sur l’application des règles antiblanchiment (AML) dans le contexte du private banking. Dès 2019, le secteur avait appelé l’organe de surveillance à publier des directives supplémentaires sur la manière dont les banques doivent mettre en pratique leurs devoirs de vigilance dans le cadre du rapatriement de fonds depuis l’étranger et de la régularisation fiscale.”

La circulaire formule-t-elle également des attentes spécifiques?

“La BNB demande de fournir le planning de la conduite et de la finalisation de l’examen d’audit pour le 31 octobre 2021. La date ultime de la finalisation doit être fixée au plus tard au 30 juin 2022. Ensuite, le plan d’action devra être établi dans les trois mois à compter de la finalisation de l’examen d’audit interne.”

Quels sont les nouveaux éléments de cette circulaire? “D’abord et avant tout, la circulaire donne des orientations sur la manière dont les banques doivent organiser leur politique AML en cas de rapatriement de fonds depuis l’étranger. Le texte explique comment les banques doivent appliquer la législation AML dans des situations concrètes et les examens qu’elles doivent accomplir compte tenu des différentes procédures de régularisation fiscale. En cas de rapatriement, il n’est pas toujours facile d’obtenir des pièces justificatives sur l’origine du patrimoine, parce que le client peut avoir hérité des fonds d’un grand-parent décédé, par exemple. La circulaire donne aux banques des indications utiles pour un traitement correct des dossiers. Elle aborde en outre les interactions avec d’autres parties

“La nouvelle circulaire de la BNB donne effectivement aux banques privées des orientations utiles sur la manière de traiter correctement des dossiers de rapatriement et les informations et documents qu’elles peuvent demander aux clients à cet effet. Elle renferme un volet spécial qui demande aux banques de mener un audit interne de leurs procédures internes en matière d’obligations de vigilance. Le point le plus important à cet égard est que l’audit interne doit se baser sur un échantillon de dossiers de rapatriement et non sur un examen rétrospectif systématique de tous les dossiers. De plus, il ne faut pas analyser les dossiers anciens à l’aune de la législation actuelle, mais en fonction de la législation qui était d’application au moment du rapatriement.”

Quelle est la conséquence de l’organisation d’un tel examen interne? “Si l’audit interne démontre que la banque a raisonnablement respecté ses obligations, la BNB considérera l’exercice comme clôturé. Si l’audit interne révèle des manquements, il sera nécessaire d’établir un plan d’action proportionnel pour y remédier. La banque peut le faire en soumettant le rapatriement en question à un nouvel examen.”

La circulaire s’inscrit dans une longue série de durcissements de la législation européenne et belge en matière de blanchiment d’argent. Peut-on à présent attendre une période de stabilité sur le plan réglementaire? “Non, la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme reste en tête de l’agenda du régulateur européen. Le 21 juillet 2021, la Commission européenne a annoncé une nouvelle réforme intégrale du cadre législatif européen en matière de lutte contre le blanchiment. Celle-ci comprendra notamment la création d’un nouvel organe de supervision européen en matière d’AML et un règlement européen qui doit garantir une harmonisation accrue de la réglementation. Dans la mesure où les textes doivent encore être approuvés par le Parlement et le Conseil européens, leur entrée en vigueur formelle n’est pas prévue avant plusieurs années. Néanmoins, il peut être utile de commencer à en étudier l’impact.”



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.