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THE
PRIVATE BANKER
Pierre Wunsch “La transition vers un monde décarboné ne se fera pas nécessairement en douceur” Le changement climatique est le défi le plus lourd qui se pose au système économique mondial. Le gouverneur de la Banque nationale explique la nécessité du plan d’action de la BCE.
Prix par numéro pour les non-membres: 10 €
Édito Chers membres de la PBA-B, Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour les réactions positives que nous avons reçues au premier numéro de notre magazine The Private Banker. Voir de nouvelles initiatives ainsi soutenues est toujours encourageant. Dans ce deuxième numéro, nous aurions aimé proposer un reportage photo sur les célébrations de notre 20e anniversaire, mais pour la deuxième fois, l’épidémie nous a empêchés de le fêter dignement ce 25 novembre. Qu’à cela ne tienne: notez d’ores et déjà le 21 avril 2022 dans votre agenda. La troisième sera la bonne! Ce numéro de The Private Banker est placé sous le signe de la durabilité. Non seulement le concept fait désormais partie intégrante de notre pratique quotidienne, mais de nombreuses nouveautés sont attendues à court terme dans ce domaine. Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale de Belgique, et de nombreux autres experts partagent dans ces pages leur vision de la durabilité. Alors que la troisième vague fait rage, nous proposerons au cours des mois à venir de nouvelles présentations en ligne sous la forme de webinaires que vous pourrez revoir ensuite sur notre site. En décembre, nous donnerons la parole à Tim Roovers, qui développera le thème de la “Gouvernance de l’entreprise familiale”. Vous retrouverez les autres sujets que nous vous réservons dans notre Agenda en page 3. Enfin, nous sommes heureux d’accueillir plusieurs nouveaux membres qui ont accompli avec succès la formation Investment Management 2021. Nous adressons également tous nos vœux de succès aux participants à la formation Patrimonial Approach 2021 qui passeront leurs examens en janvier.
Sommaire
Au nom des membres du conseil d’administration de la PBA-B, je vous souhaite
04 Peter Van der Smissen Secrétaire général de la PBA-B
Le plan d’action de la BCE a pour but de mieux comprendre les implications du changement climatique Interview - Pierre Wunsch
Ours The Private Banker est le magazine trimestriel des membres de la Private Bankers Associaton Belgium. Rédacteur en chef et éditeur responsable: Peter Van der Smissen Rédaction: Content Republic https://trustmedia.be/services Numéro 2: décembre 2021 Prix par numéro pour les non-membres: 10.00 €
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La durabilité fait partie intégrante de la macroéconomie Table ronde: l’ESG dans la pratique
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“Les chiffres annuels permettent de brosser un portrait pertinent du private banking” Private Bankers Association
Agenda 10
“L’économie et l’écologie ne sont pas antinomiques”
25 janvier 2022
Webinaire d’Eric Metsers sur le thème “Que puis-je apprendre, en tant que private banker, du bilan d’une entreprise familiale?”
26 janvier 2022
Proclamation des résultats de la formation Patrimonial Approach 2021-2022*
02 février 2022
Réception et remise des diplômes de la formation Investment Management 2021*
23 février 2022
Webinaire avec Christophe Coudron (Tiberghien) sur le thème “Investissements – aspects fiscaux belges – questions d’actualité”
22 mars 2022
Webinar d’Emanuele Ceci et Gilles de Foy (avocats chez Bazacle & Solon, Bruxelles) sur le thème “Le Secret Bancaire en 2022”
avril 2022
(Date exacte à fixer) Webinaire en partenariat avec Fednot autour d’Izimi et de ce qu’un tel coffre-fort numérique peut signifier pour mon client de son vivant et après son décès
21 avril 2022
Célébration du 20e anniversaire de la PBA-B 18h30, château de Grand-Bigard
Un ancien de notre formation s’exprime
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Le label Towards Sustainability contribue à lutter contre le greenwashing dans les produits financiers La parole d’expert
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Lieu: Febelfin Academy, boulevard Roi Albert II 19, 1210 Bruxelles Deuxième étage
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Private Bankers Association
IN T ER V IE W - PIERRE W UNSCH
“La transition vers un monde décarboné
ne se fera pas nécessairement en douceur” Le changement climatique est le défi le plus lourd qui se pose à la planète et au système économique mondial. Les banques centrales réfléchissent elles aussi au rôle qu’elles pourraient jouer dans cette problématique. Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale de Belgique, explique pourquoi le plan d’action de la BCE est nécessaire.
Si nous ne faisons rien contre le changement climatique, nous serons confrontés à des coûts écologiques, sociaux et économiques colossaux. Selon vous, est-il possible d’agir à un coût acceptable?
progressive.”
Pierre Wunsch: “Nous devons effectivement développer des mesures d’atténuation qui nous permettront d’atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2050. Nous pouvons y parvenir au coût économique et social le plus bas possible. Mais il faut être honnête: la transition vers un monde décarboné ne se fera pas nécessairement en douceur. Les mesures à prendre auront un coût économique. Elles seront porteuses d’opportunités pour certains et représenteront une charge énorme pour d’autres. Le coût économique exact de la décarbonation fait l’objet d’intenses débats. Les estimations divergent considérablement. Selon la Commission européenne, l’effet sur le produit intérieur brut total en 2030 pourrait être positif ou négatif en fonction des hypothèses et suppositions retenues. Ces estimations du coût de la réduction des émissions de CO2 varient entre 100 et 200 euros par tonne de CO2. Selon moi, nous pouvons tabler sur un plafond de 150 euros par tonne pour le coût moyen de réduction des émissions. Soit un total d’environ 16 à 17 milliards d’euros par an pour atteindre l’objectif de zéro émission nette en Belgique. L’équivalent d’environ 3,5% du produit intérieur brut actuel. Ceci dit, nous avons jusqu’en 2050 pour y parvenir. À partir d’aujourd’hui, les coûts annuels augmenteront progressivement pour atteindre ces 16 à 17 milliards d’euros en 2050. Avec la croissance économique, nous serons sans doute plus près de 2% que de 3% du produit intérieur brut à ce moment. Ce chiffre est inférieur à la contraction du PIB enregistrée pendant la grande crise financière de 2008-2009. Et l’évolution sera beaucoup plus
Pierre Wunsch: “Un prix du carbone qui s’applique à la plupart des activités économiques est un élément crucial de la lutte contre le changement climatique. Il donnera un signal clair à tous les acteurs économiques, qui pourront alors opérer les choix les plus efficaces du point de vue des coûts. Mais il ne suffira sans doute pas d’attribuer un prix au carbone pour atteindre l’objectif de zéro émission nette. Les gouvernements devront corriger les effets de redistribution les plus nocifs et accompagner ce mécanisme tarifaire d’initiatives réglementaires, par exemple quand des effets de réseau se feront jour. Un appui temporaire et ciblé à un nombre limité de projets-phares très prometteurs doit également faire partie de l’arsenal mis en œuvre.”
Un prix correct pour les émissions est le principal instrument dont nous disposons pour piloter les efforts collectifs. Est-il le seul?
Quel rôle la BCE joue-t-elle dans la lutte contre le changement climatique? Pierre Wunsch: “Même si l’on trouve évidemment quelques caractéristiques communes, comme la stabilité monétaire et financière ou une indépendance relative dans l’exécution de leurs tâches, les mandats des banques centrales sont extrêmement variables. La possibilité juridique pour la BCE d’intervenir de manière autonome dans la lutte contre le changement climatique n’a été mise sur la table que récemment, alors même que ces dispositions figurent dans les textes juridiques depuis plus de 20 ans. Il faut rester prudent. La politique monétaire est destinée à soutenir ou freiner la demande agrégée dans la zone euro en fonction des perspectives d’inflation. Et ce, bien que la lutte contre
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le changement climatique nécessite de réinventer le côté ‘offre’ de l’économie mondiale. Un rôle trop proactif de notre côté pourrait même avoir un effet dissuasif et donner aux gouvernements une excuse pour différer des décisions ou réformes indispensables mais parfois difficiles. Outre les arguments politiques et juridiques, la politique monétaire ne dispose pas d’instruments efficaces pour agir sur l’efficience allocative. C’est la raison pour laquelle aucun manuel économique ne nous attribue de rôle dans ce domaine.”
En d’autres termes, il n’est pas évident de faciliter la transition vers le zéro émission nette pour des dirigeants monétaires non élus… Pierre Wunsch: “Si l’on tient compte des interactions entre la politique et l’économie, notre indépendance risque d’être mise en péril. Hormis ces motivations juridiques ou institutionnelles, nous devons reconnaître que nous sommes loin d’avoir en main les instruments idéaux pour mener une politique proactive en matière climatique. Simultanément, les chocs physiques et induits par la transition auront des conséquences sur la mise en œuvre d’une politique monétaire centrée sur la stabilité des prix. Ils influeront vraisemblablement sur l’offre et la demande totales et créeront de nouvelles sources de risques pour les perspectives de croissance et d’inflation. Ils peuvent par ailleurs accroître les risques financiers qui planent sur le bilan de la banque centrale. Il était donc plus que justifié de consacrer une grande attention au climat dans notre évaluation récente de la stratégie monétaire. Pour moi, il ne fait aucun doute que nous devons investir bien davantage dans notre compréhension analytique de cette matière, ce qui explique mon soutien au plan d’action annoncé par la BCE début juillet.”
Que comprend précisément ce plan d’action? Pierre Wunsch: “Il reflète l’étendue et la complexité du défi auquel nous sommes confrontés. Il couvre pour cela quatre thèmes. Tout d’abord, nous allons intensifier nos efforts pour mieux comprendre l’influence des risques liés au changement climatique sur la macroéconomie et le système financier. La BCE et les banques centrales nationales coordonneront leurs investissements dans des instruments analytiques et le développement de nouvelles données et autres indicateurs expérimentaux. Ensuite, nous allons promouvoir les connaissances et la transparence autour des risques liés au changement climatique en exploitant le rôle central que joue l’Eurosystème sur les marchés financiers. Nous étudions les possibilités d’introduire des exigences de publication liées au climat pour les actifs privés que nous achetons dans le cadre du programme de rachat d’obligations d’entreprise ou que nous détenons en garantie des prêts que nous accordons aux banques commerciales. Troisièmement, nous allons soumettre le bilan de l’Eurosystème à des stress tests climatiques et améliorer nos propres capacités d’évaluation des risques bilantiels. Enfin, nous envisageons d’apporter des modifications ponctuelles à notre cadre opérationnel, et notamment notre politique de garantie et notre programme de rachat d’obligations d’entreprise. Nous avons enfin l’intention de continuer à améliorer notre processus de due diligence interne, notamment à mesure que s’améliorent la disponibilité et la qualité des données liées au climat. Je suis tout à fait en accord avec l’essence de ce plan ambitieux, qui vise à mieux comprendre les implications du changement climatique sur une banque centrale focalisée sur la stabilité des prix et son bilan. Il est évidemment essentiel d’enrichir les données statistiques utilisées dans l’analyse des risques climatiques et des efforts de fourniture d’information et de reporting. Ces efforts doivent cependant maintenir la charge de travail à un niveau gérable pour les entreprises.”
“Un coût d’environ 16 à 17 milliards d’euros par an est nécessaire pour atteindre l’objectif de zéro émission nette en Belgique.” Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale de Belgique
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Private Bankers Association
TABLE R ON DE : L’E S G DANS L A PR AT IQ UE
La durabilité
fait partie intégrante de la macroéconomie L’investissement durable est de plus en plus populaire. Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ne sont plus, et de loin, l’apanage des investisseurs institutionnels. Simultanément, la durabilité a une signification différente pour chacun. The Private Banker a réuni plusieurs private bankers afin d’évoquer la manière dont ils appliquent les critères ESG dans leur pratique quotidienne et les principaux défis qu’ils rencontrent. L’ESG est devenu une dimension à part entière de l’assortiment de produits d’investissement. Comment avez-vous vu évoluer la durabilité ces dernières années?
tous. Certains clients mettent l’accent sur le climat, d’autres préfèrent exclure des activités comme l’alcool et le tabac. Et en tant qu’Asset Manager, notre tâche consiste à tenir compte des intérêts de nos clients.”
ne prendrait aujourd’hui le risque de dire qu’il ne se soucie pas de durabilité. Et moi aussi j’ai remarqué, ces dernières années, que les clients retail mettaient l’accent sur cette problématique.”
Koen Bosquet (Degroof Petercam): “Par rapport à la situation qui prévalait il y a une dizaine d’années, l’ESG est effectivement devenu assez standard. La durabilité est désormais une composante de nos analyses des entreprises. Celles-ci sont-elles performantes en matière de durabilité? Quels risques courent-elles? L’évolution concerne surtout les régulateurs et les clients. Nous constatons que ces derniers font nettement plus entendre leur voix sur leurs attentes en termes d’ESG, qui fait de plus en plus partie de leurs objectifs. D’autre part, le législateur a revu ses exigences à la hausse. Néanmoins, la durabilité n’a pas la même signification pour
Wim Van Hyfte (Candriam): “Il est clair que la place de la durabilité a évolué. Voici 10 ou 15 ans, il était beaucoup plus difficile d’en parler. À l’époque, la durabilité s’assimilait à une perte de rendement ou à des exclusions qui coûtaient cher. Pour moi, le point de basculement fut l’accord de Paris sur le climat de 2015. Pour la première fois, tous les pays ou presque s’exprimaient sans ambiguïté sur le changement climatique comme un fait contre lequel il fallait lutter. L’Europe s’est alors décidée à appuyer sur l’accélérateur. La réglementation aussi est en train d’avancer. Les règles de type comply & explain se multiplient. Mais reconnaissons-le: aucun fonds de pension
Jean-Louis de Hasque (Delen Private Bank): “La durabilité a pris naissance dans les rangs des investisseurs institutionnels. S’ils s’en préoccupaient depuis longtemps, ils se retrouvaient parfois à prêcher dans le désert. Mais les moments de basculement se succèdent, à présent, comme l’accord de Paris de 2015 et des incidents dont la presse s’est faite l’écho. Simultanément, certains clients opposent toujours l’ESG au rendement. Cela dépend notamment de l’âge: le concept de durabilité est plus présent au sein de la jeune génération. Et presque toutes les études montrent que les critères ESG ne sont pas incompatibles avec le rendement.”
“La durabilité n’a pas la même signification pour tous. Certains clients mettent l’accent sur le climat, d’autres excluent des activités comme l’alcool et le tabac.” Koen Bosquet, Senior Fund Manager European Equities chez Degroof Petercam
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Comment appliquez-vous l’ESG dans votre pratique quotidienne? Koen Bosquet (Degroof Petercam): “Les clients veulent de la transparence et une communication claire sur le positionnement de leurs investissements et leurs performances en termes d’ESG. Le régulateur, quant à lui, exige plus de clarté afin de lutter contre le greenwashing.” Wim Van Hyfte (Candriam): “Auparavant, la durabilité était une niche. Les clients se concentraient sur l’éthique. Et quand on parle d’éthique, il s’agit fondamentalement d’exclure certaines activités. Dans ce domaine, il a été possible d’apporter une certaine standardisation dans les produits: la plupart des clients s’accordaient sur les activités dont ils ne voulaient pas. Cela s’est considérablement compliqué. Il ne s’agit plus uniquement d’exclure mais aussi d’évaluer des risques et des opportunités. Et chacun a son propre point de vue en la matière. Il n’est pas toujours évident de le transposer dans un portefeuille! En plus d’un gros travail bottom-up accompli, la Taxonomie européenne y a largement contribué. Nous avions l’habitude d’analyser une entreprise dans une sorte de vide; dorénavant, la durabilité fait partie intégrante de nos indicateurs économiques. Les macroéconomistes étudient l’impact de la durabilité sur l’économie comme ils le font pour l’inflation. Il s’agit d’identifier les activités qui ouvrent des horizons dans leur manière d’aborder le changement climatique, l’économie circulaire, les aspects sociaux… Une situation très topdown. Pour le gestionnaire de fonds et les analystes, c’est une nouvelle façon de travailler, qu’il s’agisse de fonds spécialisés dans la durabilité ou de fonds plus traditionnels.”
Jean-Louis de Hasque (Delen Private Bank): “Chez Delen, nous pratiquons surtout la gestion discrétionnaire – les choix que veulent faire ou non les clients sont donc plus secondaires. Toutefois, nous avons adopté une politique à laquelle nous souscrivons à 100%. C’est le cadre que nous fournissons aux entreprises, à qui nous demandons: ‘êtes-vous d’accord ou pas?’ Ces fameuses exclusions constituent une base. C’est une condition minimale pour figurer dans le portefeuille. Mais si les exclusions sont plus faciles à mettre en œuvre et à commercialiser, leur impact sur les entreprises est vraiment moins élevé. Exclure n’apporte presque rien! C’est pourquoi nous nous concentrons sur l’engagement et privilégions le dialogue avec les entreprises. Tous les actifs relèvent de cette politique et, puisque nous en avons le contrôle, nous pouvons nous appuyer sur eux pour nourrir notre engagement. Nous travaillons très proactivement. Il ne s’agit pas d’envoyer un courrier annuel ou de voter de manière automatique, mais d’avoir 10 à 15 fois par an un dialogue à tous les niveaux des entreprises et de les inciter à porter une attention accrue à la durabilité. Le tout en collaboration avec EOS, notre partenaire spécialisé qui regroupe 1.500 milliards d’euros d’actifs.”
Quels sont les principaux défis à vos yeux? Wim Van Hyfte (Candriam): “En 20182019, on affirmait souvent que les investissements ESG formaient une bulle. Selon moi, la crise sanitaire a démontré que l’intégration de la durabilité dans une stratégie d’investissement avait beaucoup de sens. La plupart des entreprises qui donnent une vraie place à la durabilité s’avèrent très per-
formantes. Cette histoire de bulle reste un débat sans fin, cependant. De nombreuses entreprises présentent des valorisations élevées, c’est indéniable, mais ce n’est pas uniquement dû à leur dimension durable: le marché a sa part de responsabilité. Nous avons déjà constaté ce phénomène il y a un quart de siècle avec les biotechnologies, un secteur alors très volatil mais qui a démontré ses capacités depuis. Le défi consiste à nouer le dialogue, même si l’on a parfois tendance à en exagérer l’impact. Ce dialogue mène-t-il à un désinvestissement ou a-t-il réellement une influence sur ces entreprises? Il faudra donc faire preuve de plus en plus de transparence: quel est l’objectif et sur quelles périodes est-il mesuré? Il est impossible de mesurer le dialogue sur une base annuelle; ce sera une véritable évolution.” Koen Bosquet (Degroof Petercam): “L’un des principaux défis consiste à trouver un équilibre entre les objectifs, en termes de climat et de réduction des émissions bien sûr, mais aussi pour les aspects sociaux et l’égalité. Nous avons vu cette année, avec l’explosion des prix du gaz, à quel point nous avons manqué de réalisme dans ces objectifs. Nous devons continuer à investir dans de nouvelles technologies pour rendre la transition financièrement supportable, sans quoi je crains que les objectifs ne soient jamais atteints.” Jean-Louis de Hasque (Delen Private Bank): “Chez les analystes financiers, on ne voit toujours pas d’intégration de la durabilité dans l’analyse sellside. Or, ceux qui ne se préoccupent pas de durabilité rencontreront tôt ou tard des problèmes.”
“Voici 10 ou 15 ans, la durabilité était souvent assimilée à une perte de rendement ou à des exclusions qui coûtaient cher.” Wim Van Hyfte, Ph.D., Global Head of ESG Investments & Research chez Candriam
“Certains clients opposent encore l’ESG au rendement, alors que ces deux éléments ne sont pas incompatibles – des études académiques l’ont prouvé.” Jean-Louis de Hasque, responsable de la politique ESG chez Delen Private Bank
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Private Bankers Association
PRIVAT E B AN K ER S A S SO CIAT IO N
“ Les chiffres annuels permettent de brosser un portrait pertinent du private banking”
La Private Bankers Association (PBA-B) regroupe des institutions financières actives dans le domaine du private banking en Belgique. Michel Buysschaert, membre du comité de direction de Delen Private Bank et administrateur de la PBA-B, nous éclaire sur les tenants et aboutissants de cette association. Et nous livre au passage quelques chiffres et conclusions tirés de la Market Data Collection annuelle. La Private Bankers Association compte actuellement 24 membres représentant une grande partie du marché du private banking et du wealth management. Selon l’enquête annuelle de L’Echo/De Tijd publiée en octobre dernier, ses membres pèsent ainsi 95% de l’actif total en gestion dans notre pays. “Au sein de l’association, nous défendons les intérêts de tous les acteurs du secteur, des grandes banques aux gestionnaires de patrimoine spécialisés”, indique Michel Buysschaert. La PBA-B délivre avant tout des formations aux membres du secteur du private banking en Belgique. L’association a l’ambition de porter les formations à un très haut niveau. “Les nombreuses réglementations imposent des exigences croissantes à tous ceux qui travaillent dans le secteur, qu’ils soient gestionnaires de portefeuille, private bankers ou chargés de relation. C’est pourquoi, au sein de la PBA-B, nous voulons donner à tous nos membres la possibilité d’inscrire leurs collaborateurs à nos formations. En collaboration avec la Febelfin Academy, nous proposons deux modules: Investment Management for Private Bankers et Patrimonial Approach for Private Bankers.”
tions sur la gestion discrétionnaire, la gestion conseil, les actions, les obligations et les fonds”, précise Michel Buysschaert. “Pendant la formation Patrimonial Approach, les chargés de relation reviennent sur les transferts de patrimoine aux générations suivantes, notamment. Les deux grandes branches de services que fournit une banque privée – la gestion de portefeuille et la gestion de patrimoine – sont ainsi abordées dans le détail.”
Label de qualité
Avec ces deux formations, la Private Bankers Association veut améliorer les compétences professionnelles des private bankers et garantir une norme de qualité minimale pour la clientèle. “Tous les participants qui réussissent l’examen reçoivent un label ‘Certified Private Banking’. Lorsque des candidats banquiers postulent pour un emploi, la mention d’une de ces formations sur leur CV constitue un label de qualité pour le recruteur.”
Les deux formations s’étalent sur plusieurs semaines par an, à raison d’une quinzaine de sessions d’une journée pour Patrimonial Approach et de huit sessions d’une journée pour Investment Management. La formation Investment Management se concentre sur les services de gestion de portefeuille et couvre tous les instruments financiers. “Les participants reçoivent des informa-
Indépendamment de ces deux grandes formations, la Private Bankers Association dispense des formations plus courtes, en ligne ou en présentiel. “Nous organisons des séances d’e-learning que tous les membres peuvent suivre gratuitement et revoir ensuite sur notre site Web. Il nous arrive également de proposer des masterclasses en présentiel sur des thèmes
d’actualité. Il s’agit de formations d’une journée auxquelles les membres peuvent assister moyennant une forte réduction. Enfin, nous publions quatre fois par an The Private Banker, notre nouveau magazine réservé aux membres. Nous y partageons des informations et des expériences liées au métier.”
Chiffres Les chiffres disponibles sur le secteur étant rares, la Private Bankers Association mène chaque année une enquête auprès de ses membres, la Market Data Collection. Seize de ses vingt-quatre membres y ont participé l’an dernier. “Ensemble, ils s’adjugent environ 90% du marché. L’enquête est donc parfaitement représentative.” La dernière enquête, menée en mai 2021, se basait donc sur les chiffres de 2020 et 2019. “Nous disposions ainsi d’une bonne base de comparaison”, souligne Michel Buysschaert, qui appelle chaudement les huit membres restants à rejoindre le mouvement et à participer à l’enquête. “De cette manière, nous pourrons brosser un tableau encore plus complet du secteur du private banking.” Michel Buysschaert tire cependant quatre conclusions majeures de l’enquête la plus
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“Alors que les comptes d’épargne n’ont plus rien rapporté ces dernières années, nous remarquons que le cash est de plus en plus activé au sein de banques privées.” Michel Buysschaert, membre du comité de direction de Delen Private Bank et administrateur de la Private Bankers Association - Belgium
récente. La première: le marché du private banking n’a pas enregistré de croissance organique en 2020. “Les seize membres participants disposaient d’un patrimoine investi de 324 milliards d’euros. L’année précédente, c’était 315 milliards. Mais cette hausse est surtout la conséquence d’effets de cours.” Selon lui, les chiffres de 2021 pourraient toutefois faire apparaître une progression: “Il y a beaucoup de liquidités sur les comptes d’épargne des banques opérationnelles. Dans la mesure où ces comptes n’ont rien rapporté ces dernières années, nous remarquons qu’elles sont de plus en plus activées au sein d’une banque privée. Une évolution s’est amorcée, les banques privées sont en train de gagner des parts de marché.”
Gestion discrétionnaire Autre conclusion: la gestion discrétionnaire demeure le service le plus important. “Le private banking assure trois grands types de services: gestion discrétionnaire, gestion conseil et execution only”, énumère Michel Buysschaert. “Dans le cadre d’une gestion discrétionnaire, c’est la banque qui tient les rênes, à condition de respecter le profil d’investissement fixé par le client. La gestion des investissements est assurée
par des experts professionnels. Dans le cadre d’une gestion conseil, la banque est aussi aux commandes mais elle a un copilote – le client – qui lui dit ce qu’elle doit faire. Chaque décision concernant le portefeuille doit être approuvée par ce dernier. Execution only, enfin, signifie que le client fait tout lui-même et qu’il ne fait appel à la banque que pour exécuter ces transactions.”
de 324 milliards, soit 76 milliards d’euros. “Un montant impressionnant. Une partie de ce cash est convertie en actions, obligations ou fonds. De même, des liquidités qui ne sont pas présentes dans l’univers du private banking y sont transférées par des tierces parties. C’est la raison pour laquelle nous pensons enregistrer une croissance organique cette année.”
La gestion discrétionnaire gagne du terrain, puisqu’elle représente désormais 40% du service, en hausse de 1%. “Sur un montant de 326 milliards d’euros, ce n’est pas rien. La gestion conseil (33%) est en recul, alors qu’avec 27%, le service execution only demeure stable. Cette proportion n’a rien d’étonnant, en réalité. La gestion discrétionnaire est adaptée aux clients qui n’ont pas envie de suivre les marchés, parce qu’ils n’ont pas le temps ou qu’ils désirent bénéficier d’une prise en charge totale pour ce qui touche à leurs investissements. Sans compter que le régulateur rend la gestion conseil moins attrayante. De très nombreux acteurs quittent d’ailleurs le service de conseil ou ne le proposent encore qu’aux plus gros clients.”
En guise de dernière conclusion, Michel Buysschaert insiste sur le nouvel essor des crédits garantis par des titres. “Les titres confiés à la banque sont mis en garantie et la banque accorde un crédit sur la base du portefeuille du client. L’offre de crédit atteint quelque 32 milliards d’euros. Autrement dit, plus de 10% des actifs en gestion garantissent des crédits. C’est un montant assez significatif.”
Le cash sur la touche Troisième constat: il reste beaucoup de cash sur la touche. Quelque 23% du total
Le secteur du private banking a également enregistré une croissance en termes d’emploi. “Nous avons noté une hausse de 6% par rapport 2019. Malheureusement, la Market Data Collection ne nous fournit pas de chiffres complets. C’est pourquoi j’appelle chacun à participer à cette enquête afin que nous puissions nous faire une idée encore plus complète de la situation du secteur l’an prochain.”
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Private Bankers Association
UN AN CIEN DE N OT R E F O RMAT IO N S ’E X PRIME
“ L’économie et l’écologie ne sont pas antinomiques”
Kris Organe, Sustainability Expert chez Degroof Petercam, donne un cours sur l’investissement durable dans le cadre de la formation Investment Banking. Le thème de la durabilité n’a eu de cesse d’évoluer ces dernières années. Voici quelques années encore, on était convaincu que la durabilité ne pouvait que porter préjudice au rendement d’un investissement. Dans l’esprit du public, écologie et économie étaient antinomiques. “Désormais, ces deux concepts convergent beaucoup plus, surtout grâce au Green Deal européen”, éclaire Kris Organe, Sustainability Expert chez Degroof Petercam et véritable ambassadeur de l’investissement durable auprès de ses clients comme des private bankers. Kris Organe donne un cours consacré à l’investissement durable dans le cadre de la formation Investment Management, une initiative de la Private Bankers Association et de la Febelfin Academy. “J’ai moi-même suivi la formation Patrimonial Approach il y a trois ans”, confie-t-il. “C’était très enrichissant, j’y ai beaucoup appris.” Il s’est également inscrit à un cours d’investissement ESG au CFA Institute. “Je voulais mettre la durabilité en lumière et partager la notion au sein de la communauté financière belge.
“Construire des éoliennes pour produire de l’énergie renouvelable est une étape vers la concrétisation de l’objectif écologique, mais si cela s’organise dans des conditions de travail douteuses, on ne peut qualifier le processus de durable.” Kris Organe, Sustainability Expert chez Degroof Petercam
Je me suis donc présenté à la Febelfin Academy en demandant si je pouvais dispenser un cours. Je veux convaincre, informer et former mes collègues.”
Pas uniquement le climat Dans son cours, Kris Organe traite notamment de l’évolution de l’investissement durable. “Le monde de l’investissement connaît une évolution remarquable. Avant 2006, il s’agissait avant tout d’exclure une série de secteurs ou activités non durables et non éthiques – pensez aux grands classiques comme le tabac, la pornographie, l’alcool et les armes.” “En 2006, les Nations unies ont adopté leurs Principes pour l’investissement responsable. Par conséquent, l’analyse ESG est de plus en plus intégrée et les investissements sont davantage jugés sur des thèmes sociaux et de gouvernance. Et depuis 2015, les Objectifs de développement durable (ODD) constituent le cadre de référence d’un impact social positif. Ils extraient la durabilité de l’action climatique et de la réduction des émissions de CO2 pour l’ouvrir à des thèmes sociaux plus vastes comme les villes et communautés durables, l’enseignement, la consommation responsable et la santé.”
Nouvelle législation La nouvelle législation européenne franchit une nouvelle étape avec une définition encore plus claire de la durabilité. “La durabilité est la voie à suivre, d’autant que les autorités soutiennent cette évolution à la fois par une législation plus stricte et des
subventions pour les projets positifs”, détaille Kris Organe. Le Règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR), qui se fonde sur les ODD des Nations unies et sur l’accord de Paris, vise à réduire sensiblement les risques et effets du changement climatique et à relever d’autres défis en matière de durabilité. “La SFDR oblige la communauté financière à communiquer avec ses clients. Elle sensibilise les private bankers à la nécessité d’améliorer leurs connaissances des divers aspects de la durabilité. Les clients attendent eux aussi qu’on leur explique la notion d’investissement durable. Ils ont conscience qu’il faut parfois faire des concessions en termes de diversification et de return d’un portefeuille lorsqu’on recherche des produits d’investissement durable qui contribuent réellement à des objectifs écologiques ou sociaux. Car si la construction d’éoliennes pour produire de l’énergie renouvelable est une étape vers la concrétisation de l’objectif écologique, on ne peut qualifier cette activité de durable si elle s’organise dans des conditions de travail douteuses. C’est l’ensemble qui doit être durable.” L’investissement durable a obtenu de bons résultats au cours des deux ou trois dernières années, mais tout banquier sait que les résultats passés ne constituent pas une garantie pour l’avenir. Kris Organe donne donc toujours aux banquiers privés le conseil suivant: “Ne vendez pas la performance, vendez le processus.” Il faut diriger le bon client vers le bon produit.
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PAR OL E D ’E X PER T
Le label Towards Sustainability
contribue à lutter contre le greenwashing dans les produits financiers
Les 600 produits financiers qui ont décroché le label Towards Sustainability se répartissent entre 85 banques et gestionnaires d’actifs belges et européens. “Ce label évalue les critères utilisés par les gestionnaires de portefeuille et les institutions de private banking pour composer leurs portefeuilles d’actions et d’obligations durables en Belgique comme à l’étranger”, éclaire Tom Van den Berghe, Managing Director de la Central Labelling Agency (CLA), l’ASBL indépendante qui décerne ce label. “Bien entendu, les gestionnaires font également appel à des critères financiers, mais le label contrôle spécifiquement les critères de durabilité.”
vis-à-vis de ces produits. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée du label Towards Sustainability. Celui-ci doit contribuer à lutter contre le greenwashing et remettre de l’ordre dans la prolifération potentielle de produits prétendument durables.”
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Plus de 600 labels Towards Sustainability ont été attribués à des fonds d’investissement, fonds d’assurance et produits d’épargne depuis novembre 2019. “Ce label aide à lutter contre le greenwashing et remet de l’ordre dans la prolifération potentielle de produits prétendument durables”, souligne Tom Van den Berghe, de la Central Labelling Agency (CLA).
“Certains produits sont présentés comme durables alors qu’ils ne le sont pas ou ne le sont que très peu.” Tom Van den Berghe, Managing Director de la Central Labelling Agency (CLA)
Critères minimaux
Towards Sustainability a été développé à l’initiative de Febelfin sur un double constat. D’une part, l’intérêt croissant pour la durabilité, tant chez les consommateurs que chez le législateur et dans la société, n’a pas échappé à la Fédération belge du secteur financier. Si l’accent reste majoritairement placé sur le climat et l’environnement, l’attention s’étend peu à peu à la gouvernance et à des thèmes sociaux tels que les droits de l’homme et les conditions de travail. “Nous remarquons que les clients sont de plus en plus sensibles à la durabilité. Pas uniquement dans la manière dont ils se déplacent, travaillent ou consomment, d’ailleurs, mais aussi dans leurs choix financiers.”
Le label établit une série de critères auxquels doit répondre un produit d’investissement pour pouvoir être qualifié de durable de manière crédible. “Il fixe un ensemble d’attentes minimales en matière de durabilité”, reprend Tom Van den Berghe. “Naturellement, rien ne nous fait plus plaisir que de voir des gestionnaires d’actifs ou des banques placer la barre plus haut – et ils sont nombreux à le faire – mais le label fixe une valeur seuil. Si des produits financiers sont en dessous, leurs prétentions en matière de durabilité manquent sans doute de crédibilité. Le label opte délibérément pour des critères minimaux parce que la durabilité est une notion extensible. Nous avons tenté de définir le cœur de la durabilité, qui fait consensus. Car les violations des droits de l’homme, le tabac et le charbon ne font guère débat: ces éléments ne sont pas durables. Concernant le gaz naturel et l’énergie nucléaire, la discussion atterrit rapidement dans une zone grise avec des arguments pour et contre. Le label reflète cette zone grise.”
D’autre part, Febelfin observe que les institutions financières adaptent leur offre à cette attention accrue. “La durabilité est un sujet qui se prête bien à des actions marketing. Les institutions financières ont sauté dans le train en marche – ce qui n’est pas sans risques, le greenwashing en tête. Il arrive que des produits présentés comme durables ne le soient pas ou ne le soient que très peu. Ou qu’ils soient bien durables mais pas d’une façon qui correspond à la vision de la durabilité de l’investisseur. Un tel décalage peut susciter de la méfiance
Outre le contenu, le label Towards Sustainability tient compte du processus. “Comment les gestionnaires d’actifs et les banques organisent-ils l’évaluation de la durabilité? Celle-ci repose-t-elle sur un processus?” Chaque année, tant l’aspect contenu que l’aspect processus sont analysés en profondeur par un organe de contrôle indépendant de la CLA, un partenariat entre le Forum Ethibel, l’Université d’Anvers et l’ICHEC Brussels Management School. Les labels ne sont attribués qu’ensuite.
Évolution Les critères sont revus régulièrement. “Le label est évolutif”, pointe Tom Van den Berghe. “La CLA en a publié une deuxième version en avril dernier, fruit des discussions avec les parties prenantes du secteur financier, de la société et des autorités. Le sentiment du marché, la législation et les besoins sociaux évoluent, nous devons nous y adapter.”
Transparence Un autre point important est l’alignement du label avec la législation européenne actuelle et future. “Nous recherchons aussi une plus grande transparence. Nous voulons faire en sorte qu’il soit possible de comparer aisément les produits durables afin que les investisseurs puissent déterminer si un produit répond à leurs attentes en matière de durabilité sans tomber dans des informations juridiques ou très techniques parfois peu compréhensibles.” Avec la transparence, la visibilité pour le public retail est l’autre priorité pour 2022. “Aujourd’hui, le label est bien connu dans un contexte professionnel, chez les investisseurs institutionnels, les gestionnaires d’actifs, les compagnies d’assurances et les institutions de private banking. Mais il souffre encore d’une faible notoriété auprès du citoyen lambda. C’est ce à quoi nous voulons travailler cette année, notamment par une communication plus intense et ciblée.”