L a v ie des g randes f or t unes
En visite à l’Atlantic College au Pays de Galles
OÙ LES PRINCESSES CÔTOIENT DES RÉFUGIÉS
Qui allez-vous appeler?
Hypercars
POUR LES CONCIERGES DE RICHES, AUCUNE PORTE N’EST JAMAIS VRAIMENT FERMÉE
POUR CEUX QUI NE SE CONTENTENT PLUS D’UNE SIMPLE PORSCHE OU FERRARI
Belfius Banque SA, Place Rogier 11 à 1210 Bruxelles – IBAN BE23 0529 0064 6991 – BIC GKCCBEBB – RPM Bruxelles TVA BE 0403 201 185 – N° FSMA 19649 A.
Re=Bel L’investissement durable et engagé Re=Bel est une nouvelle plateforme d’investissement en ligne avec des cotations boursières en temps réel et d’autres avantages exclusifs pour les clients Private et Wealth qui désirent investir eux-mêmes en bourse. Vous trouverez également les analyses de notre partenaire de renommée Kepler Cheuvreux. Re=Bel est parfaitement intégrée à l’app Belfius. Car oui, investir dans les entreprises qui font progresser notre société mérite d’être encouragé. Un choix délibéré pour l’investissement durable, fondé sur notre conviction que chacun de nous peut contribuer à la transition vers une société résolument plus verte, plus saine, durable et inclusive. Et avoir un impact bénéfique sur la société.
Téléchargez l’app Belfius et découvrez Re=Bel.
A
Shaping the future. Une nouvelle vision du futur. Audi redéfinit la mobilité premium avec un espace personnel qui place votre expérience en son cœur. Durable, intuitif, luxueux et 100 % électrique. C’est un voyage haut de gamme. Découvrez l’Audi grandsphere concept.
#FutureIsAnAttitude
Plus d’infos
Le véhicule affiché est un concept et n’est pas disponible comme modèle de série. E.R./Annonceur : D’Ieteren Automotive s.a./n.v., rue du Mail 50, 1050 Ixelles, RPM Bruxelles, BCE 0466 909 993, IBAN BE42 3100 1572 0554.
6
wealth décembre 2021
Cette autre League
«Un petit groupe de fêtards vidaient des bouteilles de champagne comme s’il s’agissait de simples bières. Ils ne les buvaient pas, ils les faisaient gicler.»
Sonja Verschueren, Coordinatrice Wealth
I
ls n’ont pas peur d’ajouter un zéro à leur budget. C’est une phrase que vous lirez dans ce magazine, dans l’article sur les organisateurs d’événements qui remuent ciel et terre pour transformer votre fête en un moment inoubliable. «Ils» se réfère aux riches familles du Moyen-Orient. Cette petite phrase m’a fait penser à un samedi de juillet, voici quelques années, lorsque nous pouvions encore tous danser sans masque. J’avais réussi à obtenir des billets d’entrée pour le festival de musique électronique Tomorrowland, avec un accès à l’espace VIP. Cette tente s’ouvrait sur une vue magnifique de la prairie et de la scène principale, mais aussi sur un petit groupe de fêtards qui vidaient des bouteilles de champagne comme s’il s’agissait de simples bières. Ils ne les buvaient pas, mais les secouaient et les faisaient gicler. C’étaient des fêtards du Moyen-Orient qui avaient apparemment les poches très profondes, car j’ai entendu le barman indiquer que leur ardoise se montait à 32.000 euros. Je ne sais si ce montant est correct – personnellement, je n’ai pas vu la facture – mais dans ce cas, ce n’est pas un, mais deux zéros qui furent ajoutés au budget moyen consacré au festival. Certaines personnes jouent en effet dans une autre catégorie. Et l’objectif de ce magazine Wealth est de lever un coin du voile sur cette «League». Sur ceux qui ne se contentent plus d’une «simple» Ferrari ou d’une «simple» fête, mais qui louent les services d’un «exau-
ceur de vœux» pour satisfaire tous leurs désirs, ou qui se plaisent à exhiber leur collection de grands vins au lieu de les stocker dans leur cave. Mais l’histoire de l’Atlantic College du Pays de Galles nous apprend que les riches, les moins riches et les pauvres peuvent apprendre les uns des autres. Fondé en 1962, ce collège fut le premier du réseau de 18 écoles, connu sous le nom «United World College». L’idée est venue de Kurt Khan, un enseignant juif ayant fui l’Allemagne nazie et qui pensait qu’il était possible d’éviter une nouvelle guerre en rassemblant des jeunes du monde entier. C’est ainsi qu’au Pays de Galles, des enfants de familles royales et de l’élite fortunée côtoient des réfugiés et des étudiants prometteurs issus de milieux défavorisés. «C’est notre devoir d’essayer de concilier ces différences», explique le directeur de l’école. «D’une part en faisant comprendre aux plus riches leur impact sur les autres lorsqu’ils font étalage de leur richesse, d’autre part en apprenant aux étudiants moins favorisés à vivre avec la douloureuse réalité que ces différences existent et continueront peut-être à exister jusqu’au moment où ils graviront les échelons et auront un emploi.» Malgré tout, s’il y a bien une chose que je ne ferais jamais, même si j’étais suffisamment riche pour acheter des caisses entières de champagne: le faire gicler. C’est tout de même dommage, non?
SOMMAIRE 08 Visite de l’Atlantic College au Pays de Galles, où les princesses côtoient les réfugiés. 18 Les super riches font la fête comme ils vivent: dans la plus grande discrétion. 26 Trois structures juridiques pour garder le contrôle de votre fortune à l’étranger. 30 Conseils exclusifs du sommelier du Hof van Cleve pour votre cave à vins. 36 Des bolides pour ceux qui ne se contentent plus d’une simple Ferrari. 42 Les nouveaux concierges remuent ciel et terre pour leurs richissimes clients. 46 Contenu des écrits, poids et personnalité de leur auteur: la Sainte Trinité du collectionneur d’autographes.
«WEALTH» EST UNE PUBLICATION DE MEDIAFIN. SUPPLÉMENT DE L’ÉCHO DU 3 DÉCEMBRE 2021. COORDINATION: SONJA VERSCHUEREN, EDITION: FRANÇOISE ANTOINE, MURIEL MICHEL, LAY-OUT: ILSE JANSSENS, PHOTO: KRISTOF VAN ACCOM, COUVERTURE: FRANCESCA JONES, RÉDACTEUR EN CHEF: PAUL GÉRARD, DIRECTEUR DE RÉDACTION: ISABEL ALBERS, EDITEUR RESPONSABLE: PETER QUAGHEBEUR, AVENUE DU PORT 86C, BOÎTE 309, 1000 BRUXELLES.
Parlez-nous d’abord de vous. Nous parlerons ensuite de votre patrimoine.
Découvrez une banque privée qui vous comprend pour prendre les bonnes décisions. Chez Degroof Petercam, nous connaissons toutes les subtilités des marchés financiers. Quoi de plus normal avec plus de 150 ans d’expérience et des spécialistes dans chaque domaine. Ce que nous ne connaissons pas encore, c’est vous. Vos centres d’intérêt, vos rêves, vos objectifs. Et ça, c’est essentiel. Plus nous vous connaissons, mieux nos spécialistes peuvent vous proposer des solutions adaptées à votre patrimoine. Rencontrons-nous. Venez nous parler de vos projets et de votre patrimoine. Venez nous parler de vous. Plus d’infos ? Consultez degroofpetercam.com
Banque privée. Des spécialistes à vos côtés. Éditeur responsable : Bruno Colmant. Décembre 2021 I Adresse légale : Banque Degroof Petercam SA, rue de l’Industrie 44, 1040 Bruxelles I TVA : BE 0403.212.172 (RPM Bruxelles) - FSMA 040460 A.
8
ATLANTIC
L’ÉCOLE OÙ DES PRINCESSES CÔTOIENT DES RÉFUGIÉS
wealth décembre 2021
9
COLLEGE L’Atlantic College du Pays de Galles est surtout connu comme étant l’endroit où les enfants de familles royales et de l’élite mondiale se préparent à entrer dans une grande université. Mais derrière les murs du château médiéval, des réfugiés suivent aussi des cours. La diversité et l’engagement social sont au cœur de ce modèle éducatif, qui est également mis en œuvre dans 17 autres écoles dans le monde. TE X TE: HENK DHEEDENE PHOTOS: FR ANCESCA JONES
10
wealth décembre 2021 L’Atlantic College est logé dans un château médiéval dans le sud du Pays de Galles.
Naheed Bardai, le directeur de l’Atlantic College.
«
W
hat God would have built if he had the money», a déclaré l’écrivain britannique George Bernard Shaw lorsqu’il était en visite au Saint Donat’s Castle dans le sud du Pays de Galles. Il s’y était rendu à l’invitation du légendaire magnat des médias américain, William Randoph Hearst, qui y possédait une seconde résidence et y organisait des fêtes auxquelles participaient notamment John F. Kennedy, Frank Sinatra, Clark Gable et Charlie Chaplin. Les invités les plus en vue de l’époque ont été remplacés par la princesse héritière Leonor d’Espagne ou la princesse Alexia, la deuxième fille du roi des Pays-Bas Willem Alexander. Notre princesse héritière Elisabeth y a également passé deux ans pour se préparer à entrer à l’université d’Oxford. Mais entre les murs imposants de ce château du XIIe siècle – qui pourrait facilement trouver sa place dans les films Harry Potter – on rencontre aussi bien des enfants de réfugiés d’Afghanistan ou de Syrie, ainsi que des boursiers de milieux moins favorisés n’ayant pas les moyens de débourser les 86.000 euros de frais de scolarité exigés pour les deux années d’études. Ils se promènent en petits groupes dans les vertes prairies qui offrent une vue imprenable sur les eaux chatoyantes de la baie de Bristol, plongent dans la piscine en plein air avec vue sur les falaises escarpées de la côte, exercent leurs talents de chanteur derrière un piano dans
le centre d’art moderne à côté du château ou s’installent pour un repas exclusif de deux services au restaurant pop-up hebdomadaire géré par un petit groupe d’étudiants. Le chef de service est un étudiant belge de deuxième année, Gabriel Wigny (18 ans). À l’instar de ses 380 condisciples originaires de 80 pays, il a cours tous les jours jusqu’à 13 heures, ce qui lui permettra d’obtenir un baccalauréat international, une formation de deux ans équivalente à nos deux dernières années du secondaire. L’après-midi est réservée à d’autres activités: sport, culture ou travail communautaire. Les élèves aident les enseignants des écoles primaires locales, donnent des cours d’informatique à des séniors, font du bénévolat dans un centre pour réfugiés ou construisent un bateau de sauvetage qu’ils devront mettre à l’eau et tester à la fin de l’année. «C’est une expérience extraordinaire», confie Wigny. «Le baccalauréat international est un défi au plan académique, et nous
11
sommes confrontés à des perspectives différentes. Nous sommes également en contact avec la diversité de la société dans sa forme la plus extrême.» Il partage sa chambre avec un jeune Yéménite, un réfugié pakistanais de Birmingham et un Britannique originaire d’un quartier populaire de Liverpool. «Tout le monde apporte sa contribution à cette communauté. Le premier ressentira quelque chose, le second ressentira autre chose, et nous apprenons à respecter ces différences. Nous avons des discussions très intéressantes qui nous apprennent que les points de vue peuvent varier du tout au tout en fonction des conditions dans lesquelles nous avons grandi.»
Mouvement L’Atlantic College a été créé en 1962. Il est la première des 18 écoles que compte aujourd’hui le mouvement United World Colleges. L’idée est venue de Kurt Hahn, un éducateur juif ayant fui l’Allemagne nazie et qui estimait possible d’éviter une nouvelle guerre en «rassemblant des jeunes du monde entier pour unir un monde divisé par les frontières politiques, raciales et socio-économiques.» Chaque année, plus de 10.000 étudiants prometteurs du monde entier sont sélectionnés par 150 comités nationaux en vue d’être admis dans une de ces écoles. On
trouve par exemple un campus UWC dans la ville bosniaque de Mostar, une ville détruite pendant la guerre. Mais Hong Kong, la Norvège, l’Afrique du Sud, le Costa Rica, l’Arménie et même l’Eswatini (Swaziland) font partie des possibilités. Plus de 80% des élèves sélectionnés bénéficient d’une bourse partielle ou totale. Dans certains pays, UWC est devenu un véritable concept. L’Espagne reçoit par exemple chaque année environ 500 candidatures pour 20 places. Au Brésil, 3.135 élèves se sont battus pour obtenir une des 19 places réservées à leur pays. UWC est un peu moins connu en Belgique: le comité national sélectionne une douzaine d’étudiants parmi 60 ou 70 candidats. Près de 75% d’entre eux reçoivent une bourse (cf. encadré).
Baby-foot À l’Atlantic College, près de la moitié des élèves bénéficient d’une bourse. «Nous souhaitons augmenter ce nombre», explique le directeur de l’école, le Canadien Naheed
«C’est notre devoir d’essayer de concilier les différences sociales et culturelles.» Naheed Bardai, directeur de l’Atlantic College
12
wealth décembre 2021
Bardai. «Car la diversité sera tellement importante dans le monde de demain. Pour réussir, il faut désormais être capable de tendre la main vers l’autre. Bizarrement, cette compétence se perd. Le monde se divise de plus en plus, alors que nous sommes de plus en plus connectés.» Pour rejoindre son bureau, il faut passer par un dédale de couloirs entre les anciens murs du château. Une table de baby-foot est installée dans un coin «parce qu’elle facilite les discussions avec les étudiants». Pour les bourses, l’Atlantic College dépend entièrement des dons, qui proviennent notamment d’anciens élèves, comme le roi des Pays-Bas, Willem Alexander. Chaque année, l’école reçoit 3,5 millions d’euros sous forme de dons. Le directeur Naheed Bardai reconnaît que la présence des célèbres élèves royaux peut avoir un effet contre-productif sur l’image de l’institution. «Ici, sur le campus, nous ne faisons aucune différence», explique-t-il. «Vous ne pourrez pas voir si une jeune fille est une princesse. Ce sont des adolescentes comme les autres. Mais leur présence donne une image un peu déformée au monde extérieur, et cela m’inquiète. Cet aspect fait bien sûr partie de l’équation, mais l’Atlantic College est bien plus que cela. Quelle école accorde des bourses à 50% de ses élèves?» Les élèves se plaignent parfois du fait que certains d’entre eux se vantent de leurs origines élitistes. Ils leur ont même donné un nom: les EDW, l’acronyme de «Excessive Display of Wealth». Le conseil des étudiants a récemment décidé de limiter les colis livrés sur le campus à quatre
par mois, car l’afflux de commandes de vêtements ou de repas supplémentaires devenait trop important. «C’est notre devoir d’essayer de concilier ces différences», poursuit Bardai. «D’une part en faisant comprendre aux plus riches leur impact sur les autres lorsqu’ils font étalage de leur richesse, d’autre part en apprenant aux étudiants moins favorisés à vivre avec la douloureuse réalité que ces différences existent et continueront peut-être à exister jusqu’au moment où ils graviront les échelons et auront un emploi.» La gestion des différences culturelles n’est pas non plus toujours facile. L’an dernier par exemple, de vives tensions ont opposé les étudiants palestiniens et israéliens lorsque le conflit entre les deux pays a connu une nouvelle escalade. L’Atlantic College a réagi en organisant un débat dans lequel les étudiants des deux camps ont pu s’exprimer. Les choses sont aussi parfois difficiles entre les étudiants chinois et ceux de Hong Kong. «Nous constatons souvent que des amitiés spontanées volent en éclat lorsqu’un conflit éclate quelque part dans le
10.000 Chaque année, plus de 10.000 étudiants prometteurs du monde entier sont sélectionnés par 150 comités nationaux en vue d’être admis dans l’une des 18 écoles que compte le mouvement United World Colleges.
50% À l’Atlantic College, près de la moitié des élèves bénéficient d’une bourse. Au niveau international, plus de 80% des élèves sélectionnés bénéficient d’une bourse partielle ou totale.
Deutsche Bank Private Banking
Certains voient un robot. Nous, nous voyons que le marché de la robotique médicale représentera 6,5 milliards $ en 2023. Grâce à nos conseils, nos clients profitent déjà de cette opportunité d’investissement. Et vous ? Investir, c’est voir ce que les autres ne voient pas. Deutsche Bank. La banque de vos investissements.
deutschebank.be/voirplusloin Source : MarketsandMarkets, “Surgical Robots Market by Component (Surgical Robotic Systems, Accessories), Application (Gynecological Surgery, Orthopedic Surgery, Neurosurgery, General Surgery), End User (Hospitals, Ambulatory Surgical Centers) - Global Forecasts to 2023”, December 2018 Deutsche Bank AG, 12, Taunusanlage, 60325 Francfort-sur-le-Main, Allemagne, RC Francfort-sur-le-Main n° HRB 30000. Deutsche Bank AG Succursale de Bruxelles, 13-15 avenue Marnix, 1000 Bruxelles, Belgique, RPM Bruxelles, TVA BE 0418.371.094, IBAN BE03 6102 0085 7284, IHK D-H0AV-L0HOD-14. E.R. : Olivier Delfosse
14
monde, explique Bardai. Ici, nous essayons de déminer le terrain. C’est comme un muscle qu’il faut entraîner pour pouvoir l’utiliser: être prêt à écouter et à discuter en mettant de côté ses préjugés.»
Afghanistan Les 380 élèves de l’Atlantic College sont logés dans huit maisons estudiantines construites sur le terrain jouxtant le château. Ils dorment dans de modestes chambres de quatre personnes disposant chacune d’un petit bureau dans un coin, et ont une cuisine commune. Le domaine comprend deux piscines, des terrains de football et de tennis et une impressionnante salle de sport, construite grâce au don d’un ancien élève. Pour Abobakar Sediq Miakhel, la différence avec le monde auquel il a échappé il y a trois ans ne peut être plus importante. À l’époque, il est arrivé en Belgique avec sa famille, en tant que réfugié afghan. À Bruxelles, ses notes brillantes ont attiré l’attention de ses professeurs à l’école secondaire et il a pu présenter sa candidature à l’UWC grâce au programme Boost de la Fondation Roi Baudouin, qui cherche à offrir des opportunités aux jeunes défavorisés. «C’est un soulagement d’être ici, avec des élèves du monde entier», confie Abobakar. «Alors qu’à Bruxelles, je me sentais totalement perdu au début en tant que réfugié, je me sens ici chez moi parmi toutes les cultures différentes.» Ses résultats scolaires étant excellents, il a depuis posé sa candidature pour faire des études de physique dès l’an prochain à l’Université Columbia aux États-Unis. L’UWC dispose d’un fonds distinct pour aider ses élèves diplômés à obtenir une bourse pour étudier aux États-Unis.
wealth décembre 2021
«Alors qu’à Bruxelles, je me sentais totalement perdu au début en tant que réfugié, je me sens ici chez moi parmi toutes les cultures différentes.» Abobakar Sediq Miakhel, étudiant
Avec 30 condisciples du Japon, alumni et chercheurs du Japon, de Hong Kong, des Pays-Bas, des États-Unis et de France, il travaille au développement d’une app pour aider les migrants à apprendre la langue de leur pays d’accueil avec l’aide de l’intelligence artificielle. «C’est ma façon de rendre quelque chose, non seulement à l’Afghanistan, mais au monde entier pour les opportunités que l’on m’offre ici», explique Abobakar. Il reçoit l’aide juridique et financière d’un ancien élève d’UWC. «Pour moi, c’est le modèle du futur», explique Bardai. «Je pense que l’enseignement doit davantage encourager l’esprit d’entreprise et être en mesure d’imaginer des solutions aux problèmes du monde.» Ces trois prochaines années, il souhaite pousser ses élèves dans cette direction. «Nous leur demanderons d’essayer de trouver des solutions au problème climatique, par exemple en effectuant des recherches sur l’environnement, ici dans la baie, ou en proposant des mesures stratégiques. «Trouvez une solution, testez-la, demandez du feedback et du financement aux anciens élèves, et faites passer votre initiative à un niveau supérieur». Le défi consistera bien entendu à combiner cet esprit d’entreprise avec notre programme d’enseignement, déjà très chargé. Mais je suis convaincu que l’enseignement du futur se situera à ce carrefour.»
QUE FAIRE POUR ÊTRE ACCEPTÉ À L’ATLANTIC COLLEGE?
L
es élèves d’Atlantic et des 17 autres établissements du réseau mondial United World Colleges (UWC) sont sélectionnés par des comités nationaux essentiellement composés d’anciens élèves. En Belgique, le comité est présidé par Harold Boël, CEO du holding familial Sofina et ancien élève d’Atlantic College. Pendant l’été, de courtes sessions de cours sont organisées en Belgique, à l’image de camps d’été, où les jeunes sont plongés dans l’univers d’UWC. Ce n’est pas un must mais une bonne introduction. Elles sont suivies par une journée d’information et les candidats sont ensuite interrogés sur leur motivation et leur engagement. Ils doivent fournir une lettre de recommandation de trois professeurs et un commentaire de leurs parents. La sélection se fait en trois tours, au cours desquels les candidats doivent rédiger des dissertations, suivis d’une interview où l’on examine notamment leur capacité à s’adapter à différentes cultures. Le jury établit ensuite un classement des candidats et répartit les fonds
disponibles pour l’année en fonction de la situation financière des parents, qu’ils doivent clarifier dans un document séparé. Parmi les 58 candidats de l’an dernier, 12 ont été sélectionnés. «Cette année, nous nous dirigeons vers une centaine de candidats», explique Basiel Bogaerts, porte-parole d’UWC Belgique. «L’an dernier, 75% des jeunes sélectionnés ont bénéficié d’une bourse totale ou partielle. Hélas, nos fonds sont limités. Les dons proviennent d’anciens élèves et de la Loterie Nationale.» Ensuite, les écoles choisissent elles-mêmes les catégories d’élèves et les différentes nationalités qu’elles souhaitent accueillir. Les candidats peuvent faire part de leurs préférences, mais n’obtiennent pas toujours l’école de leur choix. Il existe une autre procédure de sélection via le programme de sélection mondiale où les chances d’obtenir l’école de son choix sont plus élevées, mais dans ce cas, les étudiants ne peuvent pas prétendre à une bourse d’étude.
15
COMMENT AIDER?
À La bibliothèque de l’Atlantic College.
Les Belges Gabriel Wigny et Abobakar Sediq Miakhel vont à l'école à l’Atlantic College.
l’instar des 17 autres écoles du réseau UWC, l’Atlantic College dépend en grande partie des dons. Chaque année, le réseau collecte près de 61 millions de dollars. Le directeur de la collecte de fonds de l’ONG faîtière est le Belge Peter Verhille, lui-même ancien élève de l’Atlantic College. «Nous vivons grâce aux dons», explique-t-il. «Souvent, ils viennent d’anciens élèves. Il leur arrive également d’attribuer une bourse à un élève déterminé d’un pays spécifique. Mais la plupart des donateurs sont des particuliers fortunés, des associations philanthropiques et des institutions internationales qui nous soutiennent de manière structurelle.» Sur les plus de 10.000 élèves diplômés d’UWC, 86% ont bénéficié d’une bourse complète ou partielle. La collecte de fonds est organisée au niveau des comités nationaux, des écoles ou de la structure faîtière. C’est ainsi que la fondation de l’ancien patron de Google, Eric Schmidt, soutient un programme d’orientation dans la ville de Kakuma au Kenya, un des plus grands camps de réfugiés au monde. 22 élèves y reçoivent une bourse comme tremplin vers une formation à l’UWC. La Commission européenne soutient un projet à Chypre, où des étudiants des parties grecque et turque de l’île suivent des cours ensemble. La Belgique est un marché difficile pour la philanthropie, ajoute Verhille. «Et ce, malgré le fait que les dons via la Fondation Roi Baudouin soient fiscalement déductibles. Je ne dis pas que les Belges ne sont pas généreux, mais nos concitoyens ont une vision différente de la philanthropie. De nombreuses personnes ne comprennent pas pourquoi il faut payer 75.000 dollars pour une formation, alors que l’enseignement est gratuit dans notre pays. Pourtant, chaque diplômé de l’UWC a un important effet multiplicateur aux niveaux social et économique.» ■
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. CapitalatWork est responsable du contenu.
“Nos clients sont nos meilleurs ambassadeurs” “Les intérêts de nos clients sont au cœur de nos préoccupations”, soulignent Bart Mortier et Anouk Schouppe de chez CapitalatWork Foyer Group. Ils nous expliquent comment le gestionnaire d’actifs défend les intérêts de ses clients.
Qu’est-ce qui rend la philosophie d’inves-
L’idée centrale est d’investir dans des entre-
tels que la crise sanitaire en mars de l’année
tissement de CapitalatWork si particulière?
prises qui peuvent générer un cash-flow élevé
dernière. Dans ces moments-là, nous pouvons
et constant à des cours de marché inférieurs
rassurer nos clients sur la qualité des entreprises
à leur valeur intrinsèque.
dans lesquelles ils sont investis.
et de la planification des actifs. Chez nous, pas
Nous sommes très sélectifs dans le choix de
A. Schouppe: Nous nous concentrons sur la
de produits dérivés, de fonds spéculatifs ou de
nos actifs. Nous suivons activement un univers
gestion des actifs et la planification du patrimoine.
constructions compliquées. Nous ne travaillons
de sociétés de qualité présentant des avantages
Ne pas offrir un service à 360° est un choix délibéré
qu’avec des titres transparents et liquides, tels
concurrentiels, des antécédents solides et une
de la maison. C’est ce qui fait la différence entre
que des actions, des obligations et des liquidités.
forte génération de cash-flows libres, surveillés
un “vendeur de produits” et le “fournisseur de
quotidiennement par nos analystes internes.
services” que nous sommes et voulons rester.
Cette approche paraît plutôt conservatrice, mais,
Nous suivons cette approche très cohérente
pour nous, la tranquillité d’esprit de nos clients
depuis plus de 30 ans ; elle a porté ses fruits.
prime tout le reste. Les avantages de notre
Nous approchons maintenant de la barre
approche deviennent évidents lors d’événements
des 10 milliards d’euros.
B. Mortier : Nous nous distinguons de nos collègues par notre approche très pure de la gestion
“Nous voulons réfléchir avec nos clients et leur famille à la structure et à l’avenir de leurs actifs.” ANOUK SCHOUPPE DIRECTRICE POUR LA RÉGION D’ANVERS CAPITALATWORK NV
Une initiative de
Relation client
Ambassadeur Les clients constituent toutefois les maillons les plus
Comment envisagez-vous la relation
importants de notre réseau et nos meilleurs ambas-
A. Schouppe : L’étape suivante consiste à faire
avec votre client?
sadeurs. Plus de la moitié de l’apport de nouveaux
d’un nouveau client un client satisfait et fidèle. Nous
capitaux provient de clients existants. Et l’autre moi-
tenons nos clients régulièrement informés de l’état
A. Schouppe : Nous voulons mener une réflexion
tié est apportée en partie par des clients existants.
de leur portefeuille et de notre vision du marché.
conjointe avec le client et sa famille, en fonction
C’est la démonstration qu’ils sont satisfaits!
de ses biens, au sens large du terme. C’est
Dans les moments plus difficiles, nous faisons
pourquoi nous avons une philosophie d’investis-
A. Schouppe : La première rencontre avec un client
la différence. Par exemple, lors d’une crise
sement simple, transparente et cohérente, facile
potentiel est déterminante pour nous. La préparation
boursière, nous voulons être là pour les rassurer.
à comprendre pour le client.
est donc cruciale.
Il peut s’agir aussi d’un moment compliqué pour
Nous adoptons un langage clair et gardons tou-
Lors du premier entretien, nous recueillons un
malade et souhaite prendre des dispositions pour
jours les pieds sur terre. La gestion d’actifs consiste
maximum d’informations sur la composition du
son héritage. Nous mettons alors tout en œuvre
d’abord et avant tout à gérer les risques et à recher-
patrimoine, la situation familiale et professionnelle
pour les guider dans cette période difficile. En
cher un bon rendement sur les actifs accumulés.
et les objectifs du client et de sa famille. Après
tant que conseiller de confiance, nous recevons
Même si l’analyse du contexte juridique et fiscal
cette rencontre, notre client reçoit une proposition
souvent des questions qui ne sont pas directe-
fait également partie de nos services.
d’investissement personnalisée.
ment liées aux actifs du client. Le cas échéant,
À quoi ressemble concrètement votre
Comment un prospect se transforme-t-il
parcours client?
ensuite en client?
B. Mortier : Nous sommes un acteur de niche et
B. Mortier : Vu l’intensité de cette première
clients deviennent des ambassadeurs.
nous n’utilisons pas de grands outils marketing pour
rencontre, l’étape suivante peut être franchie de ma-
Comment procédez-vous?
nous faire connaître. Afin d’entrer en contact avec
nière tout à fait transparente. Une fois que le client
les clients, le travail de réseau est vital pour nous.
potentiel est convaincu, nous agissons rapidement.
B. Mortier : Je vais vous donner un exemple
Nous ouvrons un compte et établissons un mandat
concret. Vendredi dernier, j’ai reçu un appel télé-
Notre réseau commence au niveau des membres
à partir d’un profil d’investissement approprié,
phonique d’un client qui était en conflit au sujet de
de notre propre organisation et comprend les
résumons les objectifs et rédigeons un contrat.
l’administration des biens de son frère. Nous avons
intermédiaires professionnels avec lesquels
Nous disposons des outils numériques pour ce
fourni des conseils lors des entretiens avec le juge
nous collaborons. En outre, nous organisons ou
faire ; tout peut être bouclé en ligne en moins d’une
de paix. C’est notre manière de faire la différence.
parrainons des événements et sommes membres
demi-heure. C’est important pour nous : l’intégration
d’un certain nombre de clubs service et business.
du client doit se faire sans heurts et sans stress.
la famille, notamment lorsqu’une personne tombe
nous pouvons compter sur tout un réseau d’intermédiaires de qualité. Vous voulez faire en sorte que vos
Au vu de notre approche, il n’est pas surprenant que la fidélité et la confiance des clients soient très élevées. Nous jouissons d’une solide réputation. Notre gestion est transparente et nos résultats sont parmi les meilleurs du marché. Nos clients
“Dans les moments plus difficiles, nous faisons la différence.” BART MORTIER DIRECTEUR POUR LA FLANDRE-ORIENTALE ET LA FLANDRE-OCCIDENTALE CAPITALATWORK NV
sont dès lors nos meilleurs ambassadeurs.
18
wealth décembre 2021
POUR FÊTER HEUREUX, FÊTONS CACHÉS
«IL FAUT LE VOIR POUR LE CROIRE»
Les Belges fortunés qui n’hésitent pas à dépenser 200.000 euros pour une fête de mariage ou d’anniversaire délèguent le plus souvent l’organisation aux mains expertes de professionnels. Quatre «event planners» nous parlent de leur secteur hyperdiscret. «Nos clients souhaitent que leur fête soit inoubliable pour leurs invités.»
TE X TE: PIETERJAN NEIRYNCK PHOTOS: WOUTER VAN VOOREN
I
l n’est pas impossible qu’une star mondiale ait récemment donné le meilleur d’elle-même dans votre magnifique jardin. C’est ce que nous confie Laurent Lootens, le patron de l’agence événementielle knokkoise Lapin Quotidien. «Il nous arrive régulièrement de faire venir des chefs et des artistes du bout du monde, par exemple à Maldegem, pour une fête privée de 20 personnes.» Lootens fait partie du petit club d’organisateurs d’événements qui mettent tout en œuvre pour rendre les fêtes privées de nos riches compatriotes inoubliables. En Belgique, seule une poignée d’acteurs s’occupent des fêtes d’anniversaire, de mariage et autres événements marquants des riches familles. Le pire de la crise du coronavirus étant derrière nous, ce secteur connaît une croissance plus vigoureuse que jamais. «Il serait exagéré de parler du retour des Années Folles, mais nous n’en sommes pas loin», estime Isabel D’Hulster, propriétaire depuis 2006 de l’agence événementielle Présence, installée à Roulers. «Nos clients disposent d’énormes budgets et ils ont vraiment envie de faire la fête. Avant la crise, il m’arrivait parfois de constater une certaine lassitude. Les fêtes avaient tendance à devenir normales et presque banales. Mais depuis la fin des restrictions, elles sont à nouveau très appréciées.» Avec une équipe de cinq personnes, D’Hulster travaille presque jour et nuit pour organiser des événements inoubliables pour ses clients, qui vont du chef d’entreprise très en vue au boucher qui a fait fortune. «Il s’agit de personnes pouvant se permettre de dépenser un budget important pour une seule soirée, parce qu’elles travaillent dur et souhaitent aussi se faire plaisir», explique Dimitri Verschueren de Panache Events, à Laethem Saint-Martin. Verschueren organise entre 40 et 60 fêtes par an, la plupart du temps pour des particuliers. Oubliez la salle des fêtes du quartier ou un chapiteau dans le jardin. Ceux qui font appel à un organisateur d’événements optent pour du sur-mesure. Une fête de mariage de deux jours avec les meilleurs DJ du pays, Dimitri Vegas & Like Mike, qui a nécessité six semaines de travaux de construction et dix camions de fleurs, est un exemple qui parle à l’imagination. Ou encore: un mariage qui a eu lieu dans une grande tente qui respirait la grandeur d’un hôtel parisien et où le personnel portait des vêtements sur mesure. Même les savons faits main dans les toilettes avaient été choisis pour s’intégrer à l’ensemble. «Nous créons régulièrement des concepts qui prévoient d’organiser la fête dans un environnement adapté, et dont les invitations ne sont pas en bristol, mais par exemple une vidéo qui s’inscrit parfaitement dans le thème», explique Bartel Van Iseghem, managing partner chez Meet Marcel, nommée meilleure agence événementielle au cours des
PRÉSENCE Directrice générale: Isabel D’Hulster Personnel: 5 collaborateurs Actif depuis: 2006 Expertise: spécialisé dans les événements de prestige
privés et corporate
Une fête de mariage de deux jours avec les meilleurs DJ du pays, Dimitri Vegas & Like Mike, et dix camions de fleurs, est un exemple qui parle à l’imagination.
20
wealth décembre 2021
quatre dernières années par le magazine spécialisé Experience Magazine. On trouve parmi ses clients de grandes banques, de grands groupes alimentaires et des marques de luxe, mais aussi de célèbres entrepreneurs.
Raconter une histoire
LAPIN QUOTIDIEN Directeur général: Laurent Lootens Personnel: 7 freelances Actif depuis: 2011 Expertise: événements corporate de haut niveau
Ces dernières années, Van Iseghem a constaté un certain penchant pour le storytelling. La fête n’est plus une simple fête, mais raconte une histoire. «Lorsque vous vous adressez à nous avec un budget de 100.000 à 200.000 euros pour une fête d’anniversaire, nous cherchons d’abord à savoir qui vous êtes et ce que vous aimez», explique-t-il. «Par exemple, nous appelons cinq amis pour bien connaître la personne qui fête son anniversaire, et nous construisons ensuite une histoire autour de sa personnalité.» Même son de cloche chez les autres organisateurs d’événements. La plupart des fêtes exigent non pas des semaines, mais des mois de préparation. Pour créer une expérience inoubliable. «L’objectif est de rendre un moment par nature fugace aussi tangible que possible. L’organisateur souhaite que les invités se souviennent longtemps de la fête», explique Dimitri Verschueren. «Même si notre clientèle estime qu’il est important de montrer certaines choses à leur réseau ou à leurs amis, je ne parlerais pas de snobisme. Au contraire», ajoute Bartel Van Iseghem. «Les gens aiment vivre des expériences. Un chef d’entreprise ne se contente plus de s’offrir une Porsche pour ses 40 ans, mais préférera organiser une grande fête pour ses amis et sa famille. La crise du coronavirus a fait comprendre qu’il ne fallait pas chercher à posséder des biens matériels, mais à vivre des expériences.» Toutefois, cela ne signifie pas que tout le monde peut profiter de ces fêtes. Les clients des organisateurs d’événements tiennent à protéger leur vie privée. «Si vous n’y étiez pas, vous ne l’avez pas vu et vous ne le verrez jamais», résume Isabel D’Hulster. «La plupart des fêtes que nous organisons ont lieu dans la plus grande discrétion. Pas de bling-bling à l’extérieur, mais uniquement côté intérieur», ajoute Laurent Lootens, qui explique cette tendance par l’émergence des réseaux sociaux. «Nos clients se sont rendu compte qu’il valait mieux éviter certaines choses pour ne pas être exposés.» Chez Meet Marcel, on ne dit pas autre chose. Comme les particuliers, les entreprises aussi se méfient des réseaux
Pour les budgets des fêtes de familles du Moyen-Orient qui vivent en Belgique, vous pouvez toujours ajouter un zéro. Laurent Lootens, Lapin Quotidien
Pour être plus proches de nos clients belges, nous avons choisi d’être en Belgique. Implantés à Bruxelles et à Gand depuis 2010, nos banquiers privés belges sont à l’écoute de vos besoins et de ceux de votre famille. Grâce à eux, vous bénéficiez à la fois de la prise en compte des spécificités belges ainsi que de l’expertise en gestion de patrimoine développée au Luxembourg depuis plus de 100 ans. Pour vous aider à accomplir vos projets, à chaque étape de votre vie. Pour plus d’informations, veuillez contacter nos banquiers privés au 02 663 45 68 ou sur banquedeluxembourg.be/votrepatrimoine
Votre patrimoine mérite plus. BRUXELLES
GAND
PA R T O U T O Ù VO U S Ê T E S
22
wealth décembre 2021
MEET MARCEL Directeurs: Bartel Van Iseghem, Hans Perquy
et Tim Van Peteghem Personnel: 14 collaborateurs Actif depuis: 2008 Expertise: événements corporate en Belgique
et à l’étranger, événements privés de prestige
sociaux. «Auparavant, nous pouvions annoncer pratiquement tous les événements corporate sur internet. Ce n’est plus le cas. Tout est affaire de perception, et les entreprises sont terrifiées à l’idée de provoquer une polémique sur internet à cause d’un événement prestigieux», explique Van Iseghem, qui travaille régulièrement pour des multinationales. «Nous essayons de garder ces événements sous le radar, car le management ne veut pas donner l’impression de dépenser beaucoup d’argent pour des fêtes et des événements.» La discrétion est devenue un must absolu pour un nouveau groupe de clients. Il s’agit de riches familles d’Europe de l’Est, qui ont fait fortune après la chute du communisme et qui souhaitent frimer. «Lors d’une conférence internationale au Portugal, j’ai failli tomber de ma chaise. J’ai entendu parler de fêtes privées de 2 millions d’euros. C’est énorme en comparaison avec les quelques centaines de milliers d’euros avec lesquels nous travaillons», poursuit Van Iseghem. C’est la même chose avec de riches familles du MoyenOrient vivant en Belgique. «Vous pouvez toujours ajouter un zéro à leurs budgets, mais, dans ce cas, vous devez tenir compte de nombreux extras», explique Laurent Lootens, le patron de Lapin Quotidien. «Il faut notamment tenir compte des sensibilités religieuses. Vous ne pouvez pas emmener une collaboratrice féminine lors des réunions préparatoires, vous ne pouvez pas vous adresser à l’épouse, et l’alcool est interdit pendant la fête. Mais ce n’est pas du tout ennuyeux: nous avons déjà organisé une fête d’anniversaire de trois jours. Je n’ai jamais su quel âge avait la dame que nous avons fêtée», raconte-t-il en riant.
Bacchanales Pour l’instant, on ne parle pas de telles bacchanales chez les clients privés belges. Même si les organisateurs d’événements sont unanimes: à cause de la crise du coronavirus, l’envie est grande de faire la fête. «Tout le monde a été obligé d’appuyer sur le bouton ‘pause’ pendant un an et demi. Avec la fin des restrictions, les fêtards veulent se divertir. Alors qu’auparavant un DJ ou un orchestre était suffisant, il faut aujourd’hui au minimum trois groupes de musique, et de préférence un numéro spécial en prime. Et j’ai l’impression que le nombre d’invités a augmenté», explique Isabel D’Hulster.
Lorsque vous vous adressez à nous avec un budget de 100.000 à 200.000 euros pour une fête d’anniversaire, nous cherchons d’abord à savoir qui vous êtes et ce que vous aimez. Bartel Van Iseghem, Meet Marcel
24
wealth décembre 2021
PANACHE EVENTS Directeur général: Dimitri Verschueren Personnel: 2 collaborateurs Actif depuis: 2004 Expertise: événements corporate, privés ou publics
avec une touche d’originalité
Chez Panache Events, on s’attend à un effet boule de neige. «La dynamique doit se remettre en route. Mais après les premières fêtes, les invités y reprendront goût et souhaiteront eux aussi organiser quelque chose. Inviter et être invité, et c’est reparti», ajoute Dimitri Verschueren. «N’oubliez pas que la plupart des clients voient l’organisation d’une fête comme une forme d’entreprise. ‘Ah, si je choisis une tente un peu plus grande, je pourrai inviter plus de monde et le coût moyen baissera’, pensent-ils. Cela peut sembler bizarre, mais c’est ainsi que ça fonctionne.» L’année 2022 s’annonce déjà très chargée. À cause du report de nombreux événements, de nouvelles demandes et des fêtes planifiées de longue date, les organisateurs d’événements devront mettre les bouchées doubles. Même si la hausse des prix, les problèmes d’approvisionnement et le manque de personnel pourraient venir gâcher la fête. La pénurie de personnel en particulier se fait déjà sentir. Dimitri Verschueren, de Panache Events, cherche activement du renfort, tandis que Meet Marcel et Présence ont réussi à garder tout le monde à bord, mais soulignent que le défi reste important. «Pendant les périodes de confinement, de nombreux travailleurs de l’horeca et du divertissement se sont tournés vers d’autres secteurs. Lorsqu’ils reviennent chez nous, ils ont d’autres attentes en termes d’heures de travail et de salaire», explique D’Hulster, qui souligne qu’il s’agit exclusivement de travail de soir et de week-end. «Nous savons quand commence la préparation d’une fête, mais jamais à quelle heure elle se termine. C’est lourd, mais nous sommes heureux quand un client est satisfait.» Dans le segment du luxe absolu, dans lequel évoluent ces quatre organisateurs d’événements, les clients sont peu nombreux. La plupart des entrepreneurs ou des riches familles ont leur «propre» agence d’organisation d’événements à laquelle ils font appel pour toutes leurs occasions festives. Le secteur des fêtes privées pour les riches Belges est donc un monde très restreint et très compétitif. «Nous connaissons tous nos concurrents ainsi que leur réputation, mais cela ne va pas plus loin. Peut-être devrions-nous organiser une fête pour faire connaissance. Si nous trouvons le temps pour le faire, car notre carnet de commandes déborde», conclut Dimitri Verschueren en riant. ■
Si je choisis une tente un peu plus grande, je pourrai inviter plus de monde et le coût moyen par personne baissera, pensent-ils. C’est un peu bizarre, mais c’est ainsi que cela fonctionne. Dimitri Verschueren, Panache Events
THE 8
GRAN COUPÉ.
Informations environnementales (AR 19/03/04) : www.bmw.be
6,4-11,0 L/100 KM • 167-252 G/KM CO2 (WLTP) BMW Belgium Luxembourg SA • Lodderstraat 16, 2880 Bornem • contact.be@bmw.be • www.bmw.be
EXPERIENCES BEYOND DRIVING PLEASURE.
26
wealth décembre 2021
GARDER LE CONTRÔLE DE VOTRE PATRIMOINE AVEC UNE TOUCHE D’EXOTISME Les Pandora Papers ont plongé dans le marasme les riches Belges qui ont mis en place des constructions juridiques à l’étranger. Il existe toutefois des raisons autres que fiscales qui justifient la structuration d’un patrimoine à l’étranger.
TE X TE: PETER VAN MALDEGEM ILLUSTR ATION: KL A AS VERPL ANCKE
D
ébut octobre, les Pandora Papers ont révélé les structures fiscales mises en place par de riches familles dans des paradis fiscaux dans le but d’éluder l’impôt. Ces constructions ont beau être légales, elles n’en sont pas moins considérées comme non éthiques par de nombreux citoyens. Un effet indésirable de ces révélations est que tous les Belges disposant d’une structure à l’étranger sont mis dans le même sac. Pourtant, toutes les constructions ne sont pas inspirées par des objectifs fiscaux. Nous avons interrogé Denis-Emmanuel Philippe, avocat chez Bloom, à propos des constructions les plus courantes utilisées par les Belges à l’étranger.
1. STAK La Stichting administratiekantoor (ou STAK) néerlandaise est souvent utilisée pour les actions d’une entreprise familiale dans le cadre de la planification successorale. «Un des principaux avantages de cette construction est qu’elle permet aux parents de garder le contrôle de leur
entreprise en transformant les actions en certificats et en séparant la valeur juridique de la valeur économique des actions, ce qui simplifie leur transmission à la génération suivante», explique Philippe. Benoît Verschueren, Senior Estate Planner chez Deutsche Bank, cite un exemple. «Prenons le cas d’un couple qui a créé une entreprise. Il a trois enfants, mais un seul d’entre eux est intéressé par la reprise la société. Dans le cadre de la transmission de l’entreprise à ses enfants, le couple souhaite traiter ses trois enfants sur un pied d’égalité. Dans ce cas, les parents peuvent transférer la propriété juridique des actions dans une STAK. En échange, ils reçoivent des certificats», explique Verschueren. Dès lors, ce sont les administrateurs de la STAK – c’est-à-dire les parents – qui disposent des droits de vote et contrôlent l’assemblée générale des actionnaires de l’entreprise. L’enfant qui souhaite reprendre la société peut être inclus dans le conseil d’administration de la STAK afin qu’il ait également son mot à dire dans la gestion de l’entreprise.» «Ensuite, les parents peuvent faire don des certificats – éventuellement sous réserve d’usufruit – à leurs enfants dans le cadre de leur planification successorale», poursuit Verschueren. Les enfants qui ne sont pas intéressés par l’entreprise ne sont pas mis à l’écart. «Ils ne doivent pas
La STAK néerlandaise permet de simplifier la transmission d’une société familiale.
27
28
wealth décembre 2021
s’occuper de la gestion, mais disposent d’un droit économique sur la STAK. Si l’entreprise distribue un dividende, celui-ci sera versé aux enfants par le biais de la STAK.» La structure d’une STAK permet donc de transmettre l’entreprise familiale de manière structurée en scindant la propriété économique – représentée par les certificats de la STAK – et la propriété juridique – les droits de vote liés aux certificats d’actions. Les détenteurs de ces certificats ont droit aux dividendes, tandis que les parents conservent le contrôle de l’entreprise. Selon Benoît Verschueren, une structure comparable existe en Belgique, mais elle est moins flexible que la formule néerlandaise. Denis-Emmanuel Philippe souligne également les avantages de cette structure sur le plan successoral. «Les droits de succession peuvent être évités si les propriétaires font don des certificats à leurs enfants de leur vivant. Bien entendu, on n’évite pas les droits de donation de 3%», explique-t-il. Albert Frère avait, à l’époque, opté pour cette structure.
locatifs perçus par la SCI sont une première fois taxés en France à des taux pouvant atteindre 45%. Selon la nouvelle jurisprudence de notre Cour de cassation, ils sont taxés une seconde fois en Belgique à un taux de 30% lorsqu’ils sont distribués par la SCI», explique Philippe.
3.SOPARFI LUXEMBOURGEOISE
2. SCI FRANÇAISE Une autre construction souvent utilisée par les Belges est la Société civile immobilière (SCI) française. Elle peut être une solution pour ceux qui possèdent de l’immobilier dans l’Hexagone. «La SCI est une société civile française généralement utilisée pour l’acquisition et la gestion de biens immobiliers en France. Elle offre de nombreux avantages sur le plan de la gestion et du contrôle des biens immobiliers, en particulier dans le cadre familial et ce, grâce à sa grande liberté contractuelle», explique Philippe. La philosophie de la SCI est comparable à celle de la STAK. «Le principal avantage est qu’elle ne donne pas lieu à une situation d’indivision. Imaginons un couple qui achète un bien immobilier avec ses enfants via une SCI. Dans ce cas, les administrateurs de la SCI – habituellement les parents – peuvent prendre une décision concernant ce bien sans devoir demander l’accord des enfants. Ils conservent donc le contrôle. Sans la structure de la SCI, toute décision – par exemple de rénover le bien – pourrait être bloquée si l’un des enfants n’est pas d’accord. Par ailleurs, la donation du bien à plusieurs enfants est beaucoup plus simple si ce bien est inscrit dans une SCI», constate Denis-Emmanuel Philippe. Mais cette structure n’apporte aucun avantage fiscal. «Cela s’explique par la décision prise par la Cour de cassation belge il y a quelques années de modifier sa jurisprudence. En France, la fiscalité de la SCI est la même – moyennant le respect de certaines conditions – que lorsque les actionnaires détiennent un bien à titre privé. Les actionnaires belges paient donc l’impôt français sur les biens immobiliers détenus par la SCI. Les revenus
La SCI française est surtout utilisée pour l’acquisition et la gestion de biens immobiliers en France.
La Soparfi (Société de participations financières) luxembourgeoise est aussi très populaire parmi les Belges. «L’enquête LuxFiles de 2018 a révélé que les 100 plus riches familles belges avaient transféré près de 48 milliards d’euros dans ces structures. Le Luxembourg compte 50.000 Soparfi, ce qui est impressionnant pour un pays d’à peine 600.000 habitants», explique Philippe. Cette structure offre des avantages fiscaux. «L’intérêt de la Soparfi est qu’elle permet d’éviter facilement l’impôt sur les dividendes et les plus-values sur actions. Par ailleurs, il est possible de distribuer de l’argent aux investisseurs de manière fiscalement avantageuse.» Il existe toutefois une zone grise autour de cette structure. «Le siège de la Soparfi doit réellement se trouver au Luxembourg. Il ne peut s’agir d’une société ‘boîte aux lettres’. Si elle est gérée à partir de la Belgique, elle tombe sous le coup de l’impôt belge des sociétés. Mais quelle est la définition du siège réel d’une société? Faut-il qu’il emploie du personnel? Doit-il disposer d’une ligne téléphonique et d’une salle de réunion? La limite entre ce qui est légal ou non est floue et sujette à interprétation», poursuit Philippe. Bien entendu, les constructions étrangères, et en particulier dans les paradis fiscaux, ont souvent des objectifs fiscaux. Avec l’introduction de la taxe Caïman il y a quelques années, le gouvernement a créé un cadre fiscal qui ne permet plus aux contribuables belges d’échapper à l’impôt. Mais il peut y avoir d’autres raisons justifiant la mise en place d’une structure à l’étranger. Quoi qu’il en soit, il est indispensable de déclarer ces constructions. «Comme c’est le cas avec toutes les planifications successorales, il faut accorder une attention particulière aux obligations de reporting, comme les déclarations fiscales, l’inscription au registre UBO, etc.», conclut Benoît Verschueren. ■
50.000 Sur une population de 600.000 personnes, le Luxembourg compte 50.000 Soparfi, qui sont des structures patrimoniales.
PUBLICITÉ Cette publication est de la responsabilité de Lombard Odier.
La soutenabilité, plus qu’un engagement, une conviction d’investissement pour Lombard Odier.
zero-hour.
ment être vulnérable si les biens des sociétés dans lesquelles nous investissons se trouvent physiquement dans des zones prônes aux feux ou aux inondations, par exemple. Nous avons aujourd’hui accès à des données satellites qui nous permettent d’évaluer les vulnérabilités des entreprises à ce type de risques climatiques. Finalement, les investisseurs soucieux d’adapter leurs décisions à la question climatique s’intéressent de plus en plus aux litiges liés au climat. Les actions menées actuellement contre les sociétés pétrolières ressemblent fortement à celles prises contre les entreprises du tabac, une affaire jugée en 2006. Ce type de litige peut sensiblement fragiliser les bilans des sociétés.
Un défi pour les investisseurs
Le changement climatique ainsi que la crise du Covid ont mis en évidence l’interdépendance de notre planète sur le plan de la nature mais aussi de l’économie, de la santé, et bien d’autres pans de notre société. Peu importe ce que l’on pense de ces évolutions, le monde change, tout comme celui de l’investissement. Il n’est pas exagéré de dire que la transformation nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à 1.5°C par rapport au niveau préindustriel (l’un des objectifs de l’Accord de Paris) est la plus radicale et ambitieuse de tous les temps. Celle-ci devrait inévitablement mener à une transformation profonde du monde de l’investissement et des marchés financiers dans leur ensemble. De fait, la transition climatique engendre de nouveaux risques ainsi que de nouvelles opportunités qui nécessitent une expertise dédiée et des solutions d’investissement appropriées.
Les notations ESG : des mesures (dé)passées
Pour analyser ces nouvelles sources de risque, le monde a besoin de nouveaux indicateurs. Les premiers à arriver sur le marché étaient les notations ESG, l’acronyme pour environnement, social et gouvernance. Les notations ESG proposent des mesures de pratiques d’entreprises sur une base historique — l’empreinte carbone d’une société en 2020 par exemple. L’intégration des mesures ESG dans les décisions d’investissement tend donc à récompenser les sociétés pour le travail déjà effectué. De par leur caractère historique, les mesures ESG n’offrent aucune perspective sur l’adéquation du modèle d’affaires d’une entreprise dans un monde qui se transforme pour atteindre des émissions de CO2 nettes nulles en 2050.
Vers une société résiliente et zéro émissions
Les méthodologies de calcul de température implicite des investissements se proposent de palier à cette déficience des mesures ESG. En effet, il est aujourd’hui possible d’estimer la trajectoire probable de plus de 23’000 entre-
prises privées en termes de température. Ces mesures innovantes permettent ainsi aux investisseurs de juger de l’adéquation de leurs investissements avec les objectifs déclarés sous l’Accord de Paris. De cette manière, une société qui a une forte empreinte carbone aujourd’hui (une entreprise sidérurgique, par exemple) mais qui dispose d’un plan de décarbonisation précis et crédible pour sa transformation, peut tout à fait être alignée avec l’Accord de Paris et ainsi mériter l’attention des investisseurs. De même, une entreprise sur une trajectoire de réchauffement de 4°C s’expose à des pertes probables liées à de nouvelles réglementations ou à des changements de préférences des consommateurs. Un portefeuille d’investissement peut égale-
Lombard Odier Lombard Odier est un leader mondial de la gestion de fortune et d’actifs. Depuis 225 ans, le groupe suisse allie une approche sur mesure orientée sur l’innovation et la soutenabilité afin de servir les intérêts à long terme de ses clients privés et institutionnels. Lombard Odier propose une gamme complète de services de gestion de fortune couvrant notamment la planification patrimoniale, les services de conseil et de gestion de portefeuilles et le dépôt de titres. Les actifs totaux de la clientèle du Groupe s’élevaient à EUR 321 milliards au 30 juin 2021. Avec son siège social implanté à Genève depuis 1796, le Groupe disposait fin juin de 25 bureaux et employait 2’620 personnes. Lombard Odier emploie aujourd’hui une équipe de 27 personnes entièrement dédiée à la soutenabilité. Son expertise couvre les sciences de l’environnement, ainsi que les sciences géospatiales, et bénéficie d’un partenariat avec l’Université d’Oxford entièrement dédiée à la soutenabilité. Lombard Odier est présent en Belgique depuis 2004. Dans sa succursale de Bruxelles, Avenue Louise 81, elle propose à ses clients privés toute sa gamme de services financiers.
La difficulté que rencontre tout investisseur dans ce contexte est le manque de définitions et de méthodologies communes des indicateurs, rendant les pistes sensiblement brouillées. Cette absence d’harmonisation empêche les comparaisons, et expose tout le secteur à des accusations de « greenwashing ». Il ne faut pas oublier que l’investissement durable est très jeune – la première obligation verte a été émise en 2007, par exemple. Ce domaine est en pleine expansion et se développe très rapidement avec des nouveaux défis presque quotidiennement. La situation demande ainsi davantage de discernement et d’esprit critique de la part des investisseurs que par le passé. Toutefois, le choix pour des investissements durables est large, permettant à chacun d’articuler son ambition propre. L’échelle va du plus facile à mettre en œuvre - l’exclusion, au plus engagé - la philanthropie, en passant par l’engagement - l’acte de dialoguer avec les sociétés en vue d’influencer leurs activités dans «le bon sens», et l’investissement d’impact. Nous assistons aujourd’hui à une éclosion des solutions d’investissement durables. Pour naviguer dans cette offre grandissante, il est important que les investisseurs prennent conscience de la relative complexité de la soutenabilité (ou appelée aussi communément durabilité) et s’associent à des partenaires dont l’expertise reflète leur besoins et attentes. Patrick Dequae Associé Lombard Odier Group Lombard Odier Belgique Michael Urban, PhD Responsable Adjoint de la Recherche en Investissements Soutenables Lombard Odier
30
wealth décembre 2021
LE SOMMELIER DU HOF VAN CLEVE NOUS LIVRE SES SECRETS DE CAVE
ZZZZZ… C’EST ICI QUE DORMENT LES ÉTOILES Ne suivez pas aveuglément les critiques vinicoles, suivez les ventes de primeurs, ne payez pas des prix fous, osez aussi conserver du vin blanc et gérez votre cave comme un pro. Avec ces cinq conseils de Tom Ieven, le sommelier du restaurant étoilé Hof van Cleve, vous pourrez progresser dans la constitution d’une belle collection de vins. Et n’oubliez pas le sixième conseil: savourez votre vin! «Car le vin est fait pour être bu, y compris chez nous», souligne Ieven.
TE X TE: STÉPHANE GODFROID PHOTOS: JONAS L AMPENS
A «
h, vous venez pour le vin, n’est-ce pas?» Le chef Peter Goossens me reçoit chaleureusement un beau matin, dans son restaurant de Kruisem, qui vient de grimper à la 36e place dans le classement «World’s 50 Best Restaurants». L’adresse ne doit pas sa réputation uniquement au contenu des assiettes, mais aussi des verres. La carte des vins compte près de 1.700 références. Le gardien de cette collection unique est Tom Ieven (30 ans), proclamé «Sommelier de l’Année» par le guide culinaire Gault & Millau, et qui nous rejoindra un peu plus tard. Pendant que le linge amidonné est soigneusement repassé et drapé pour le déjeuner et que l’équipe de cuisine goûte et évalue quelques huiles d’olive, Tom m’emmène voir la collection de vins du restaurant. «Lorsque j’ai visité cette cave à vins pour la première fois, j’étais abasourdi. Tous ces grands noms dont j’avais
entendu parler se trouvaient rassemblés ici. J’en avais le souffle coupé», se souvient-il. «J’ai eu comme prédécesseurs de fantastiques sommeliers, comme Mathieu Vanneste, Pieter Verheyde et Stijn Van der Beken. Avec de tels noms, vous pouvez facilement imaginer l’expertise dont la maison a bénéficié. Bien entendu, une grande part du mérite revient à notre chef qui a accepté d’investir dans une cave à vins. Sans cet investissement, il n’aurait pas été possible d’élaborer une telle carte des vins.» Ieven travaille depuis trois ans au Hof van Cleve, qui détient trois étoiles au Michelin depuis 2005. «J’avais entendu dire que le sommelier s’en allait et j’ai obtenu un rendez-vous ici un samedi matin. Avec madame. L’entrevue s’est bien passée, mais je suis sorti sans savoir s’il y aurait une suite. Le lendemain, j’ai remporté la finale du concours du meilleur sommelier de Belgique. Je ne sais pas si cela m’a aidé, mais j’ai reçu immédiatement un coup de fil de Madame Goossens.»
31
Tom Ieven a aujourd’hui 30 ans et se passionne pour le vin depuis déjà dix ans. «Cette passion m’est venue en travaillant dans l’horeca. Du café-salle de banquet de ma tante à Genk jusqu’à une discothèque. J’avais vraiment beaucoup de plaisir à voir les gens apprécier le vin.» Ieven a suivi une formation en gestion hôtelière à Anvers et a rencontré Luc Dickens, alors sommelier chez De Schone van Boskoop, dans un café estudiantin. «Un jour, il m’a demandé de venir lui donner un coup de main au restaurant. Et cela a continué: j’y travaillais toutes les semaines et j’ai pu goûter de nombreux vins. C’est là que j’ai définitivement attrapé le virus.» Peu après, Ieven a commencé à travailler comme sommelier pour le Restaurant Ardent. Parallèlement, il a suivi des cours d’œnologie au WSET (Wine and Spirits Education Trust) à Anvers. «J’ai beaucoup plus apprécié ces études que les précédentes, car je pouvais immédiatement mettre les cours en application dans mon travail quotidien», explique-t-il en riant. Il a ensuite été sommelier pour le restaurant Zilte, puis les choses se sont accélérées. «Dans les cercles d’œnologie, j’ai entendu parler du concours de ‘Meilleur sommelier de Belgique’. Je suis allé voir comment cela
Tom Ieven, le sommelier de Hof van Cleve: «Hélas, certains gagnent davantage en vendant une bouteille de vin que le vigneron qui y a investi tout son temps et son travail.»
32
wealth décembre 2021
se passait, car je rêvais de remporter un jour ce concours. J’aime me lancer des défis.» Et son rêve est devenu réalité.
Prix absurdes En tant que sommelier en chef du Hof van Cleve, Ieven constate avec regret la hausse des prix des grands vins. «En outre, il y a de moins en moins de vins disponibles pour la Belgique, à cause des mauvaises conditions climatiques de ces dernières années, mais aussi de la forte hausse de la demande du marché asiatique. Je remarque que les quotas de grands vins ne font que diminuer.» Résultat de la loi de l’offre et de la demande: certaines régions viticoles connaissent des hausses de prix vertigineuses. «Jusqu’il y a peu, cette augmentation de prix ne concernait que les grands vins de Bordeaux. Aujourd’hui, cette tendance touche également les vins de Toscane, du Piémont et de Bourgogne. Je comprends parfaitement que les amateurs cherchent l’élégance des grands vins bourguignons, mais hélas, je trouve que c’est parfois absurde. Cela dépasse l’entendement, et tout cela à cause de la spéculation. Alors que le vin est fait pour être bu. Nous le servons réellement à table!» Ieven conseille à ceux qui souhaitent se constituer une bonne cave de suivre les ventes de primeurs. «En principe, vous y achetez du vin à meilleur prix, même si les choses changent aussi de ce côté-là. Ceux qui suivent un domaine viticole spécifique, mais n’achètent pas les primeurs, auront peu de chances de pouvoir acheter son vin.» Pour Tom Ieven, il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire Hof van Cleve a pour assurer un bon suivi d’une quelque 1.700 collection de vins. «Un moment références sur sa donné, vous avez tellement de carte des vins. vins en cave que vous ne pouvez plus vous fier à votre mémoire. Dans ce cas, il vaut mieux vous baser sur l’informatique. Ici, au Hof van Cleve, nous avons notre propre système, mais une bonne base de données permet déjà d’aller très loin. Et il faut absolument tenir à l’œil le moment idéal où le vin doit être bu. Un conseil: soyez cohérent lors de l’encodage informatique de vos vins.»
1.700
Conditions de conservation Pendant que nous nous promenons entre les étagères, Ieven raconte qu’il n’est pas un grand fan des armoires à vins climatisées. «Lorsqu’une armoire à vins rend l’âme, les vins se retrouvent enfermés dans la chaleur et l’humidité, ce qui n’est pas idéal. Chez un de mes amis, l’armoire à vins a commencé à chauffer au lieu de refroidir. Ce fut dramatique, car les bouchons sortaient des bouteilles. Chez une autre connaissance, les vins ont commencé à geler… Je vis moi-même dans un appartement, mais ma collection de vins personnelle se trouve dans la cave de
3 X 7 VINS INCONTOURNABLES Le sommelier Tom Ieven a plongé profondément dans sa cave pour sélectionner à l’instinct – et non sur la base des prix, car ce serait trop facile – trois fois sept bouteilles de qualité. Elles ne sont cependant pas faciles à trouver. Champagne 1 Jacques Selosse « Substance » 2 Ulysse Collin « Les Perrières » 3 Bollinger R.D. 4 Billecart-Salmon « Cuvée Nicolas François » 5 Pol Roger « Cuvée Sir Winston Churchill » 6 Pierre Péters « Les Chétillons » 7 Robert Moncuit « Les Vozémieux » Blanc 1 Jean-Marc Roulot, Meursault Tessons Clos de Mon Plaisir (France) 2 Raveneau, Chablis 1er Cru « Chapelot » (France) 3 Lopez de Heredia Vina Tondonia Gran Reserva Blanco (Espagne) 4 Bachelet-Monnot Grand Cru Bâtard-Montrachet (France) 5 Eben Sadie « Mevr. Kirsten » (Afrique du Sud) 6 Georg Breuer Rudesheimer Berg Schlossberg (Allemagne) 7 Guiberteau Saumur « Clos des Carmes » (France) Rouge 1 Domaine Arnoux-Lachaux, Vosne-Romanée 1er Cru « Aux Reignots » (France) 2 Giacomo Conterno Barolo Riserva Monfortino (Italie) 3 Monteraponi Baron’Ugo (Italie) 4 Filipa Pato & William Wouters « Nossa Missão » (Portugal) 5 Domaine Berthaut-Gerbet, Echezeaux (France) 6 Lichtenberger Gonzalez « Vorderberg » Blaufränkisch (Autriche) 7 Château Musar (Liban)
Remember to exhale. Bentayga S.
Discover a powerful obsession and book your One2One Xperience, the safest way to make your dreams come true! Scan the QR-code and choose your very own way and time to discover our 2021 collection and configure your Bentley. Bentley Brussels, Grote Baan 399, Grand Route, 1620 Drogenbos, Belgium. Call us on +32 2 704 99 11 or email us at info@bentley-brussels.be Bentley Brussels, Grote Baan 399, Grand Route, 1620 Drogenbos, Belgium. Call us on +32 2 704 99 30 or email us at info@bentley-brussels.be Bentayga S WLTP drive cycle: fuel consumption, l/100km – Combined 13.0. Combined CO₂ – 294 g/km. The name ‘Bentley’ and the ‘B’ in wings device are registered trademarks. © 2021 Bentley Motors Limited. Model shown: Bentayga S.
#One2OneXperience
BENTLEY BRUSSELS
34
wealth décembre 2021
mes parents. Dans de très bonnes conditions», ajoute-t-il avec un clin d’œil.
CONSEILS DE PRO
Loin des sentiers battus
Ceux qui souhaitent se constituer une cave à vins ne doivent pas uniquement s’intéresser aux bouteilles, mais aussi aux conditions de conservation. Quelques règles d’or.
Lorsque je demande à Tom Ieven quels sont ses vins favoris, il me donne une liste de trouvailles pour le moins originales, souvent très éloignées des grands classiques. L’un d’eux est un grand vin portugais de Filipa Pato et William Wouters, le «Nossa Missão». «Un vin à base de cépage baga provenant de vignes plus que centenaires, de la période pré-phylloxéra. Ou le vin blanc espagnol Tondonia de 2001 de Lopez de Heredia. Tout simplement magnifique, mais quel amateur de vins penserait à garder des vins blancs pendant 20 ans?»
Goûter avant d’acheter Quand on l’interroge sur les guides des vins et les critiques internationaux, Tom Ieven se montre très… critique. Même s’il reconnaît suivre le Britannique Jancis Robinson. «Ces critiques de vins connaissent leur métier et savent de quoi ils parlent. Mais en tant que professionnel, je teste toujours un vin avant de l’acheter. Je sais que ce n’est pas possible pour tous les amateurs, mais je le conseille vivement.» «De nombreux collectionneurs sont sensibles aux notes attribuées par les critiques. C’est malheureusement visible au prix de ces vins. Les critiques ont fait beaucoup de bien à certains vins, mais il ne faut pas pour autant suivre aveuglément leurs recommandations. Sauf si l’objectif est de revendre ces vins quelques années plus tard. Je parle donc ici d’investissements. Mais cela ne devrait pas être l’objectif principal. Ces investissements purement spéculatifs poussent les prix vers des sommets, ce qui rend ces vins de moins en moins accessibles pour les véritables amateurs.» Ieven le répète encore formellement et avec conviction: «Le vin est fait pour être bu. Les vignerons souhaitent que leur vin soit acheté pour être bu et non pas pour être revendu. Hélas, on trouve des gens qui gagnent davantage en vendant une bouteille de vin que le vigneron qui y a investi tout son temps et son travail.» Je termine en demandant si les préférences des amateurs des vins ont évolué. «Certainement, répond Tom Ieven. Auparavant, les amateurs étaient à la recherche de vins puissants et intenses, ils cherchent aujourd’hui de plus en plus la finesse et l’élégance. Une évolution positive!» ■
«Lorsqu’une armoire à vins rend l’âme, les vins se retrouvent enfermés dans la chaleur et l’humidité, ce qui n’est pas idéal.» Tom Ieven, Sommelier Hof van Cleve
>> La cave à vins idéale doit être un espace clos et bien ventilé. >> Sa température doit être stable, idéalement aux alentours de 12 °C. Il est particulièrement important de limiter autant que possible les écarts de température. >> Le taux d’humidité doit être suffisamment élevé: entre 70 et 85%, ce qui est nécessaire pour une bonne conservation des bouchons. >> Le vin et la lumière ne faisant pas bon ménage, il faut absolument éviter la lumière directe sur les bouteilles, la lumière tamisée est recommandée. Les néons sont proscrits. Les bouteilles – et en particulier celles qui sont fermées à l’aide d’un bouchon en liège – doivent être conservées horizontalement. >> Les odeurs doivent être évitées. Produits d’entretien, peintures, solvants, mais aussi boîtes en carton peuvent avoir des conséquences négatives pour la conservation du vin. >> Le choix des porte-bouteilles est bien entendu particulièrement important. Les bouteilles doivent être stables. Les étagères en métal qui ne sont pas fixées au mur peuvent vibrer, ce qui peut nuire au vin.
35
CONSTRUCTEURS DE CAVES À VINS La Belgique compte plusieurs constructeurs de caves à vins pour le moins originaux. Portraits.
Votre cave dans votre ordinateur ou votre smartphone Les apps vous aident à suivre plus facilement votre collection de vins.
CellarTracker
Colonne
Feral Group
Degré 12
«Pour notre nouvelle maison, je souhaitais m’occuper de l’aménagement de ma cave à vins, mais je ne trouvais rien d’esthétique et abordable. Soit ces caves étaient vraiment tristes, soit trop sombres, soit trop chères…», se souvient Herbert Martens. «Avec notre architecte d’intérieur, et après quelques encouragements d’amis, j’ai jeté les bases de Colonne.» «Trois ans plus tard, j’ai commencé à donner corps à mon idée de cave. Je voulais un système modulaire capable de s’adapter à tous les espaces, mais il devait aussi rester abordable et être esthétique», raconte-t-il en souriant. «Depuis lors, Colonne trouve progressivement son chemin vers les caves de particuliers, mais aussi vers plusieurs professionnels comme le restaurant Terminus du célèbre sommelier Pieter Verheyde à Poperinge, Escabèche et Hôtel Lebeau 19 à Knokke, etc. Le domaine viticole Gloire de Duras à Wilderen (Saint-Trond) utilise désormais aussi Colonne.» Martens conclut: «Je remarque que les gens ne souhaitent plus ‘cacher’ leurs vins dans une cave. Ils veulent que leur collection fasse partie intégrante de leur espace de vie. Cela permet aux amateurs de vins de créer une atmosphère unique et agréable.»
«Chez Feral, nous construisons depuis 2015 des étagères à vins sur mesure, en fer forgé et en menuiserie», raconte Steven De Bock. «En réalité, tout a commencé avec la restauration de voitures de collection… Cela explique peut-être pourquoi nous travaillons avec une extrême précision et gérons nousmêmes les projets de A à Z.» Chez Feral, l’armoire «cave à vins expo» est née d’un projet de Didier François, le patron de FD Interior Architects. Steven De Bock se souvient des deux premières armoires à vins placées dans la brasserie gantoise Fou d’O. «L’idée consiste à combiner une structure métallique avec la fonction d’armoire. Vu que nous travaillons entièrement sur mesure, nous avons créé un système permettant d’exposer des vins de façon élégante et stylée. Toutes les subdivisions et tous les rayonnages sont possibles», poursuit De Bock. Aujourd’hui, Feral produit deux types d’armoires à vins: l’armoire indépendante et l’armoire encastrée. L’entreprise installe ses armoires à vins aussi bien dans l’horeca que chez des particuliers. «C’est un beau produit, nous pouvons donner libre cours à notre créativité et à celle de nos clients», conclut De Bock.
Grand amateur de vins et gastronome passionné par la création, Nicolas Francart a créé sa première cave à vins en 1995 et fondé la société Degré 12. «Nous voulons mettre en valeur les collections de vins et amener la cave à vins au cœur de l’habitation», explique Francart. «Les bouteilles deviennent des œuvres d’art que l’on aime exposer et regarder vieillir.» Pour Degré 12, le design n’est que la partie visible de l’iceberg, le véritable défi se situant au niveau technique du projet: la température, l’hygrométrie et l’éclairage doivent pouvoir être contrôlés de manière discrète et efficace, et s’intégrer parfaitement dans l’espace de vie. Un défi que Degré 12 se plaît à relever.
Info: www.feralgroup.com Info: www.colonne.eu
Info: www.degre12.com
Cette app n’est pas nouvelle et a fait ses preuves. Dès que vous vous enregistrez, il est particulièrement facile d’introduire les données sur votre collection de vins. L’app fournit automatiquement des informations supplémentaires, comme des scores et/ou des commentaires sur le potentiel de conservation de votre vin.
Thirst Cette app – bien nommée – va plus loin que la simple recherche d’une bouteille. Vous pouvez scanner des étiquettes et des codes-barres et mener des recherches sur la base de mots-clés, mais vous pouvez aussi enregistrer, partager et comparer des avis et des notes de dégustation. Vous pouvez également établir votre liste de souhaits, faire l’inventaire de votre cave et comparer les prix de divers magasins. Avec cette app, la gestion de votre cave est grandement simplifiée, moyennant le paiement d’un modeste montant unique.
VinoCell VinoCell fonctionne comme une base de données professionnelle. Pratiquement tous les paramètres d’un vin peuvent y être consignés. Cette app est un peu plus chère que les autres (8,99 euros), mais ce prix est justifié compte tenu de ses nombreuses fonctionnalités.
36
wealth décembre 2021
LORSQU’UNE PORSCHE OU UNE FERRARI EST TROP BANALE «Over-the-top sportcars»: c’est ainsi que The New York Times – qui peut difficilement être taxé de snobisme – a baptisé ces voitures plus tôt cette année. «Hypercars» est cependant le terme le plus souvent utilisé pour ces bolides destinés aux personnes qui ne se contentent plus d’une Ferrari ou d’une Aston Martin. Ces voitures sont très recherchées. Et c’est un euphémisme: on se les arrache.
D
TE X TE: BAS KURSTJENS
ès que Mercedes-Benz a émis l’idée qu’il pourrait produire une voiture de sport basée sur ses voitures de Formule 1, elle s’est vendue comme des petits pains. «Dès la diffusion des premiers communiqués sur ces voitures, nous avons été inondés de mails et de coups de fil», explique le porte-parole de Mercedes, Bastien Van Den Moortel. Pour les candidats à l’achat d’une Mercedes-AMG Project One, le prix de départ de 1,7 million d’euros était le
37
Aston Martin Valkyrie. © RV
38
wealth décembre 2021
Bugatti Chiron Super Sport. © RV
cadet de leurs soucis, contrairement au nombre d’exemplaires limité à 275 unités. Mercedes a refusé de nous communiquer le nombre d’unités vendues en Belgique, mais il est certain qu’elles s’étaient vendues des années auparavant et que de nombreux acheteurs potentiels ont été déçus. Il s’agit de voitures destinées à ceux qui possèdent déjà une Ferrari ou une Porsche «normale», qui ne s’en satisfont plus, et qui disposent d’un budget important. Les «hypercars» coûtent par définition plus de 1 million d’euros et les montants peuvent être cinq fois plus élevés. «Le profil des acheteurs? Ils ne cherchent pas des deuxièmes ou troisièmes voitures. Ils en possèdent souvent entre cinq et dix, parfois plus, certains d’entre eux étant de véritables collectionneurs», expliquent les spécialistes du secteur.
Fibres de carbone très chères En plus de leur prix élevé, les hypercars partagent la caractéristique d’être des voitures de sport très légères. Vu l’importance de leur tenue sur route et sur circuit, les lois de l’aérodynamique dictent en grande partie leur design. Résultat: la plupart de ces hypercars se ressemblent. Les efforts déployés par les concepteurs pour réduire leur poids frisent l’absurde. Prenez le logo de l’Aston Martin sur l’Aston Martin Valkyrie – une hypercar de 3,8 millions de dollars (3,3 millions d’euros) – dont 150 exemplaires maximum ont été construits. La voiture ne comprend pas un gramme d’acier et sa solidité repose entièrement sur les fibres de carbone, très chères. Dans la recherche quasi maniaque d’économies de poids, même le logo a été passé au crible. D’autres marques ont décidé de remplacer le macaron de leurs modèles sportifs par un autocollant, mais les Britanniques trouvaient que ce n’était pas approprié pour la Valkyrie. Ils ont donc opté pour une solution intermédiaire: un badge en aluminium d’une épaisseur de 70 microns, soit 30% plus fin qu’un cheveu humain. Et avec un poids de 0,4 g, une fraction des 112 g du logo Aston Martin apposé sur une DBS «normale.»
77.000 euros Si la vitesse de pointe d’un peu plus de 400 km/h est atteinte à quatre reprises, la Veyron doit subir un entretien dont la facture s’élève à 77.000 euros.
13,2 milliards USD L’an dernier, un montant record de 13,2 milliards de dollars (11,6 milliards d’euros) a été consacré à l’achat d’hypercars.
0,4 g Le logo de l’Aston Martin Valkyrie ne pèse plus que 0,4 gramme, contre 120 grammes pour le logo d’une Aston Martin classique.
Formule 1 Avec Project One, Mercedes-Benz souhaitait commercialiser un maximum de voitures de sport Formule 1. Ce modèle est équipé du même moteur hybride que celui de la voiture de Lewis Hamilton, qui espère devenir cette année champion du monde pour la huitième fois. Mais cela promet de ne pas être une sinécure. «Pour démarrer le moteur d’une voiture de Formule 1, vous avez besoin de deux ingénieurs et d’un ordinateur. Vous ne pouvez donc pas faire cela avec une voiture de série dont le démarrage se fait via un simple bouton», explique Van Den Moortel. Et la durabilité du moteur doit également être améliorée. Cette saison, Lewis Hamilton en est déjà à son cinquième moteur, ce qui est inacceptable pour une voiture «ordinaire». La Bugatti Chiron, dont les acheteurs doivent se dépêcher s’ils veulent acquérir un des 40 derniers exemplaires de cette voiture de 2,4 millions d’euros, est un peu la dernière hypercar qui n’utilise qu’un moteur à combustion. Presque toutes les hypercars sont au moins hybrides et parfois même 100% électriques. Le marché des hypercars est en plein essor. La crise du coronavirus semble avoir encore apporté du vent dans les voiles du secteur. L’an dernier, selon le bureau d’enquêtes The Business Research Company, un montant record de 13,2 milliards de dollars (11,6 milliards d’euros) a été consacré à l’achat d’hypercars. Cette année, on s’attend à une hausse de 38%, ce qui devrait porter le chiffre d’affaires du secteur à 18,3 milliards de dollars. Et cette croissance devrait s’accélérer pour atteindre 71 milliards d’euros à l’horizon 2025. Les constructeurs automobiles embraient. Ferrari, par exemple, dispose désormais d’une série distincte d’hypercars sous le nom d’Icona. Fin novembre a vu apparaître le troisième modèle de cette série: la Daytona SP3. Le bolide, dont 599 exemplaires maximum seront fabriqués, coûtera 2 millions d’euros et sera initialement réservé aux clients qui ont déjà plusieurs Ferrari dans leur garage.
39
La Mercedes-AMG Project ONE. © DAIMLER AG
C’est un marché dont tout producteur automobile qui se respecte souhaite profiter. Les marques Ferrari, Porsche, Lamborghini ont toutes une hypercar ou y travaillent. Par ailleurs, on trouve les petits producteurs de niche comme Pagani, Koenisgsegg et Rimac. Mais la mise au point d’une hypercar n’est pas sans risque. Des constructeurs expérimentés comme Aston Martin s’y sont presque cassé les dents. La première Valkyrie devait être livrée l’an dernier à son premier client, mais de nombreux contretemps l’en ont empêché et il faudrait un miracle pour que son futur propriétaire la reçoive avant Noël. Le CEO d’Aston Martin, Tobias Moers (ex-AMG), a récemment admis dans The Financial Times que «les choses étaient hors de contrôle, mais que nous avions été très ambitieux». Moers fait référence au toit de la Valkyrie, dont la fabrication exige à elle seule six semaines de travail.
«Nous préférons que les clients n’achètent pas une hypercar comme investissement financier.» Bastien Van den Moortel, porte-parole Mercedes-Benz Belgique-Luxembourg
«Le profil des acheteurs? Ils possèdent souvent entre cinq et dix voitures, parfois plus, certains d’entre eux étant de véritables collectionneurs.» Un spécialiste
Pertes abyssales La rentabilité est donc loin d’être acquise avec les hypercars. Le meilleur exemple est peut-être Bugatti, qui a plus ou moins inventé le concept il y a un peu moins de 20 ans. Sous les ailes du géant automobile Volkswagen, Bugatti a obtenu le champ libre pour produire la voiture de série la plus rapide au monde. Les coûts étaient au départ une considération secondaire. Conséquence? Bugatti s’est retrouvé dans le rouge pendant de nombreuses années. Volkswagen n’a jamais communiqué de résultats distincts pour sa filiale la plus chère mais, dans le secteur, c’est un secret de Polichinelle que Bugatti n’a fait que coûter de l’argent à VW. Beaucoup d’argent. Ce ne fut donc pas une surprise lorsque Volkswagen a annoncé avoir revendu Bugatti cette année au Croate Mate Rimac, «l’Elon Musk des Balkans» et à sa marque de supervoitures éponyme. La seule personne qui gagne de l’argent avec une hypercar est son premier propriétaire. Moyennant un peu de patience, les hypercars conservent généralement leur
valeur vu qu’elles sont produites en nombre très limité, que la demande est supérieure à l’offre et que leur dépréciation est limitée. Mais c’est sans compter avec les frais d’entretien. Avec une hypercar, ces derniers peuvent rapidement chiffrer. Une Bugatti Veyron a besoin de nouveaux pneus (35.000 euros) tous les 7.000 km, et si le propriétaire atteint à quatre reprises la vitesse de pointe d’un peu plus de 400 km/h, la Veyron doit être renvoyée chez le concessionnaire pour un entretien dont la facture s’élève à 77.000 euros. «Nous préférons que les clients n’achètent pas une hypercar comme investissement financier», explique le porte-parole de Mercedes, Van Den Moortel. «L’idéal, c’est quand les propriétaires utilisent réellement la voiture. Afin qu’elle puisse être vue.» ■
“Les Bourses montent la plupart du temps. Depuis 40 ans, un capital placé dans les actions de l’indice MSCI World, double en moyenne tous les 8 ans” Jacques Berghmans, cofondateur et gérant de TreeTop Asset Management
“Éviter la Bourse, c’est rater la meilleure possibilité d’accroître significativement son patrimoine” Depuis quatre décennies, Jacques Berghmans, fondateur de TreeTop Asset Management, scrute les marchés et les tendances. Pour lui, aucun doute : seule la Bourse se trouve à l’origine d’une forte rentabilité sur le long terme. Il livre ses conseils pour en profiter au mieux dans le contexte actuel.
“Les Bourses montent la plupart du temps”, rappelle Jacques Berghmans, cofondateur et gérant de TreeTop Asset Management. “Sur mes 40 ans de métier, le Dow Jones a été haussier 31 ans1. Quand j’ai commencé, il était au alentour de 800 points; il s’établit aujourd’hui autour de 34.000, une multiplication par 39 en 40 ans1 et même par plus de 123, dividendes compris! Depuis un siècle et demi, on observe des cycles structurels d’environ 20 ans haussiers suivi de 10 ans de stagnation. Bien sûr, la bourse est par essence risquée et des corrections régulières se produisent, mais elles ne devraient pas inciter épargnants et investisseurs à se tenir éloignés des marchés, en, tout cas pour la partie de l’épargne qui ne doit pas demeurer mobilisable rapidement et qui peut rester investie à long terme à travers les cycles boursiers.”
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. TreeTop Asset Management SA est responsable du contenu.
On se souvient qu’après des années euphoriques, autour de 1980-1990, les marchés, à l’échelle mondiale, s’étaient stabilisés pendant la première décennie du 21e siècle en dépit de deux crises sérieuses en 2000-2001 et 2007-2008, pour repartir de plus belle ensuite. La crise sanitaire n’a pas brisé cet élan, que Jacques Berghmans pense pérenne: “Il est vrai que, sur l’année écoulée, on a assisté à une hausse importante qui s’est ensuite stabilisée. S’il est toujours difficile de prévoir l’avenir, une correction majeure et durable des cours de bourse serait surprenante, d’autant que les bénéfices des sociétés ont augmenté dans les trois grandes régions du monde : États-Unis, Asie et Europe. Ils ont retrouvé voire dépassé leurs niveaux d’avant la crise, alors que d’habitude, il faut attendre trois ou quatre ans pour un retour à la normale. Mais cette
Fondamentaux de l’investissement boursier: les conseils de Jacques Berghmans
crise-là était atypique, provoquée par des événements non économiques à l’origine.”
Contexte boursier favorable
“La rentabilité se trouve outreAtlantique. Regardez les vaccins: nous avons tout inventé mais ce sont des sociétés américaines qui les commercialisent!” Jacques Berghmans, cofondateur et gérant de TreeTop Asset Management
La société BofA Merrill Lynch a publié fin septembre une étude2 qui confirme cette analyse, avec la poursuite de la hausse des bénéfices des entreprises. “Quant aux taux d’intérêt, ils restent relativement stables, et les variations de ces dernières semaines n’entament pas ce constat”, reprend le gestionnaire de fonds. “Couplée à l’augmentation des bénéfices, moteur principal des marchés, cette stabilité forme un contexte particulièrement favorable à l’investissement boursier. D’autant que les économies se trouvent en croissance et pas en surchauffe. Les tensions sur les matières premières devraient s’estomper, avec l’atténuation des effets de stockage post-crise et la fin du boom de la construction en Chine. Quant à la transition énergétique, elle constitue un vrai défi pour nos économies et nos sociétés, mais elle ne devrait pas peser sur les cours.” “Ce qui compte, en Bourse, c’est d’être investi”, assure l’expert. “Si vous attendez une correction pour entrer à un point bas, vous risquez de perdre beaucoup d’opportunités de gain. Investir régulièrement reste, et de loin, la meilleure solution. Avec une précision importante : il faut s’exposer principalement aux marchés américains, où les rendements sont structurellement élevés, avec une rentabilité des fonds propres qui continue de grimper. Les secteurs innovants, qui ‘tirent’ l’économie mondiale, se trouvent outre-Atlantique. En Europe, en dehors de certaines PME et ETI très en pointe, la rentabilité n’est pas comparable : l’Euro Stoxx 50 a perdu environ 25% par rapport à son plus haut de 2000. Depuis 2007, les bénéfices des entreprises du S&P 500 ont augmenté de 98%, alors que les bénéfices des entreprises du MSCI Europe restent quant à eux inférieurs de 20% à leur pic de 2007.
Miser sur le moteur américain Le spécialiste voit plusieurs raisons à cette sous-performance chronique. D’abord, les grandes firmes financières et industrielles sur lesquelles repose l’indice européen opèrent dans des secteurs où la rentabilité est structurellement faible. Comme l’automobile, qui nécessite de lourds investissements pour faire face à des mutations considérables, et en premier lieu l’électrification. “Ces secteurs se trouvent de surcroît soumis à une concurrence de plus en plus forte des pays émergents, dans lesquels les coûts sont moitié moindres et qui représentent désormais la moitié de la création de richesse mondiale”, ajoute Jacques Berghmans. “En Europe, nos coûts s’établissent aussi un tiers au-dessus de ceux des États-Unis. Les marges sont donc sous pression. Et notre puissance marketing ne semble pas optimale. Nous avons les meilleures voitures, les meilleurs ingénieurs, mais nous n’en tirons pas les bénéfices. Regardez l’industrie pharmaceutique:
Mondialisation: il faut investir mondialement. Structurellement, la rentabilité des sociétés est le principal moteur de la performance. La hausse des bénéfices au niveau mondial est principalement portée par les sociétés américaines et asiatiques. Diversification: il faut pondérer son patrimoine entre actifs stables et plus risqués, afin de garder de la performance. Long terme: il faut investir de façon régulière, avec une perspective de long terme, en restant investi même en cas de correction. Les performances passées: elles ne garantissent en rien les performances futures et les marchés boursiers demeurent toujours risqués. Investir en bourse convient principalement à la partie du patrimoine des épargnants qui peut demeurer investie à travers les crises boursières, et qui ne doit donc pas être mobilisable à brève échéance.
nous sommes à l’origine des technologies mais les vaccins sont fabriqués et commercialisés par des firmes américaines!” Au fil du temps, la société TreeTop Asset Management, qui gère 1.3 milliard d’euros, a fait évoluer sa philosophie de gestion, en panachant désormais gestions passive et active. “Dans le cadre de nos services en Belgique, nous recommandons à nos clients de placer une part de leurs investissements dans des produits indicés sur la bourse mondiale, ce qui supprime le risque de gestion”, indique Jacques Berghmans. “Nous continuons toutefois à promouvoir la gestion active dans les portefeuilles de nos clients. Parce que nous croyons à une approche multi-gestionnaire, en 2016, nous avons pris une participation de 34% dans la firme Aubrey Capital Management, qui dispose de trois gestionnaires figurant, selon l’agence Citywire3 parmi les meilleurs de leur catégorie en termes de performance sur trois et cinq ans. Ce sont eux qui sont chargés de l’essentiel de notre gestion active.” 1
Source : Bloomberg, période de référence du 30 septembre 1981 au 30 septembre 2021
2
Source : BofA Global Quantitative Strategy, MSCI, IBES
3
Source : https://citywireselector.com Une initiative de
Cette publication est un document à finalité promotionnelle portant sur les services d’investissement « TreeTop Private » que TreeTop Asset Management Belgium peut fournir pour aider ses clients à investir. Il ne constitue en rien un conseil en investissement. Les investissements sur les marchés financiers comportent des risques. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
42
wealth décembre 2021
QUI ALLEZ-VOUS APPELER?
POUR LES CONCIERGES DE RICHES, AUCUNE PORTE N’EST JAMAIS VRAIMENT FERMÉE De places VIP pour une finale de coupe du monde à guichets fermés ou un dîner avec le pape? Les «exauceurs de vœux» des super riches réussissent à ouvrir toutes les portes. «Les gens expriment de nouveaux souhaits en permanence et ensuite, c’est à nous de jouer.»
TE X TE: FLOOR EELBODE ILLUSTR ATIONS: KL A AS VERPL ANCKE
Q
«
u’est-ce qui est spécial?» Au volant de sa BMW bleue, Kristiaan Polgar hausse les épaules. Le fondateur et patron de de la société brugeoise VIP & Butler Services Group ne s’étonne plus de rien. Avec son entreprise – active depuis 2013 – il répond à tous les souhaits de ses clients. Chaque jour – avec un majordome résident – ou de temps en temps – pour une «gender reveal party». «Ce qu’une personne considère comme un peu fou, une autre le trouvera banal.
Une de mes clientes est une Russe qui vient ici chaque année pour ses opérations de chirurgie esthétique. Elle ne fait rien, un majordome doit l’habiller et la déshabiller et la mettre au lit. Pour un autre client, je me rends tous les mois à Paris avec un jet privé pour acheter 12 macarons. Tout le monde agit selon ses possibilités.» Polgar fait partie du petit club des acteurs belges offrant des services de conciergerie, un secteur relativement nouveau et qui trouve ses origines dans les hôtels de luxe, où une armée de collaborateurs se tient prête à répondre à tous les souhaits des clients. Lorsqu’il est apparu qu’un
43
44
wealth décembre 2021
Par une belle journée d’automne, Polgar – habillé d’un costume trois-pièces – nous donne quelques exemples de souhaits. Il peut s’agir d’entretenir la maison et de s’assurer que le frigo soit rempli de produits frais – même si personne n’occupe la maison pendant des semaines – ou d’acheter des billets de dernière minute pour des événements exclusifs, de faire venir des chefs étoilés dans la maison ou d’organiser des voyages entièrement personnalisés. Ses clients paient une cotisation de 1.200 euros par an et s’acquittent des frais et des heures prestées par les life style managers. Ils communiquent leurs désirs via un tableau de bord en ligne. Le programme de la journée comprend le déménagement d’un homme d’affaires américain. Il en a assez du climat des affaires en Belgique et part en Italie. Une équipe de déménageurs italiens doit venir vider l’appartement situé le long des quais à Anvers – meubles massifs, grands lustres, tapis en peau de vache. Mais à l’heure du rendez-vous, il n’y a personne.
Un sac-poubelle d’anciens vêtements
marché potentiel existait en dehors du secteur hôtelier, c’est-à-dire à la fin des années 1990, plusieurs entreprises spécialisées ont vu le jour. Leur popularité s’est développée avec la hausse du nombre de riches ayant de plus en plus d’argent et de moins en moins de temps. Le terme concierge se réfère au «comte des cierges» français, le nom donné aux serviteurs qui, au Moyen-âge, étaient chargés de s’occuper des invités et de veiller à ce que des bougies soient installées et allumées dans toutes les pièces. Aujourd’hui, il existe des services de conciergerie sous de nombreuses formes: de géants mondiaux aux noms ronflants comme Quintessentially ou Knightsbridge Circle, en passant par de petits acteurs locaux servant une multitude de clients. Avec ses 3.000 clients, l’entreprise de Polgar compte parmi les plus importantes dans notre pays.
Stars du football «Cela fait des années que nous proposons des majordomes traditionnels résidents», explique Polgar. «Mais depuis deux ans, nous proposons aussi une version plus moderne de ce service: les life style managers. Ils aident nos clients – à distance – à régler leurs petits soucis et répondent à leurs désirs quotidiens. Le public cible est très varié, allant de managers et CEO à des titulaires de professions libérales et des stars du football.»
«Je possède un carnet entier de coordonnées d’escort girls, mais mes clients doivent appeler eux-mêmes.» Kristiaan Polgar, fondateur et patron VIP & Butler Services Group
Pour tuer le temps, Polgar emballe quelques œuvres d’art d’un autre client dans des boîtes en carton et des rouleaux de plastibulles qui se trouvent dans son coffre. «Nos clients font souvent circuler leurs œuvres d’art d’une maison à l’autre», explique-t-il tout en emballant un vase turquoise qui témoigne d’un goût insolite. «Mais à cause de la crise du coronavirus, les listes d’attente des entreprises spécialisées en transport d’œuvres d’art sont longues. C’est pourquoi nous essayons de nous en occuper nousmêmes.» Un peu plus tard, il sort un sac-poubelle noir du siège arrière: des anciens vêtements d’un client. «Chaque saison, sa garde-robe est entièrement renouvelée et c’est à nous de nous occuper de ses vieux vêtements.» Même s’il est le patron de son entreprise, Polgar met souvent la main à la pâte. Une question de principe, explique-t-il, en racontant qu’il travaille sept jours sur sept et ne prend pratiquement jamais de vacances, et certainement pas en été étant donné qu’il part en voyage avec ses clients. «Je veux donner le bon exemple. Pour ce travail, il faut être passionné. D’ailleurs, je ne le considère pas comme un travail, mais comme une vocation.» Avant de changer de vie, ce gestionnaire de crise de 45 ans travaillait dans le secteur bancaire, mais après une année sabbatique, il a décidé de tout vendre. «J’ai suivi une formation de majordome au British Butler Institute et j’ai lancé cette entreprise avec mes propres capitaux. Ce secteur a encore quelque chose d’authentique. Je le considère comme une opportunité de laisser quelque chose derrière moi.» Entre-temps, il est presque 10 heures et les déménageurs italiens n’ont toujours pas montré le bout de leur nez. Polgar laisse Emmanuel, son Operations Manager, dans l’appartement – «Vérifie bien que les cornes en ivoire soient bien emballées, car elles sont fragiles» – et se rend à l’aéroport de Deurne pour un autre rendez-vous. Dans la voiture, il appelle un autre client qui est en voyage à Ibiza. Sa femme souhaite rester une semaine de plus et il a donc besoin d’un deuxième jet privé.»
En savoir plus sur le projet
LA PERLE ARCHITECTURALE DE LA MER DU NORD §
Un projet d’une allure sans précédent par David Chipperfield Architects (UK).
§
Des vues panoramiques sur la mer, le canal portuaire, la place Henriette et l’arrière-pays.
§
Des appartements avec un confort supérieur avec des superficies jusqu’à 265 m 2.
§
Une finition personnalisée haut de gamme et durable. Pas de combustibles fossiles.
En savoir plus? info@thegrand.be +32 (0)50 20 02 03 www.thegrand.be
46
wealth décembre 2021
Y a-t-il des choses qu’il n’arrive pas à régler? «Un de mes clients russes voulait atterrir avec son hélicoptère sur la Grand-Place de Bruges. Ce n’était pas possible parce que nous devions rester dans les limites du légal. La prostitution est aussi difficile. Je possède un carnet entier de coordonnées d’escort girls, mais mes clients doivent appeler eux-mêmes. Et il n’est pas question de me mêler de drogues, nous ne pouvons même pas donner un Dafalgan à nos clients.» Vu que sa centaine de collaborateurs ne peuvent tout résoudre, Polgar travaille avec près de 200 partenaires. L’un d’entre eux est Kiarash Nabavieh, le patron de Flyetic, une entreprise qui souhaite rendre les vols privés durables. À l’aéroport de Deurne, les deux partenaires discutent de la situation du secteur après la crise du coronavirus. Vu que certains clients refusent de prendre les vols commerciaux, la demande de jets privés a bondi. Non seulement les prix ont augmenté de 30% en un an, mais les vols sont réservés en un clin d’œil et il n’est plus possible d’être flexible avec les heures de départ, ce que les personnes qui déboursent 20.000 euros pour un vol ne comprennent pas toujours.
Marques de luxe Polgar a dû un jour sortir 4.000 euros de sa poche parce que le prix d’un vol avait beaucoup augmenté entre le moment de l’offre et l’approbation par le client. Il a décidé de prendre ces frais à sa charge en espérant les récupérer à terme. «Il s’agissait d’un patron d’entreprise en train de tester nos services. S’il est satisfait, il compte proposer nos services de life style en tant qu’avantage extralégal à tous les membres de son conseil d’administration. De plus en plus d’entreprises proposent des services de conciergerie dans leur package salarial.» En plus de ses partenaires habituels, Polgar collabore avec des marques de luxe. «Nous ne sommes pas de gros clients, mais nous devons tous les avoir comme fournisseurs.» Il prospecte régulièrement en Belgique et à l’étranger. «J’ai récemment été invité par l’Office du tourisme de Wallonie. Hélas, il n’existe que peu d’hôtels en Wallonie suffisamment luxueux pour nos clients. En Belgique, les normes sont différentes de celles de l’étranger. Pour un Belge, il est déjà difficile d’ouvrir sa boutique pour un client qui souhaite faire des achats en dehors des heures d’ouverture.» Ensuite, après un détour par le futur hôtel 5 étoiles à Anvers, Botanic Sanctuary, où Polgar propose des services de majordome pour les suites les plus chères, le coup de fil libérateur arrive. Les déménageurs italiens sont là. «Ils ont l’air travailleurs, mais la communication est difficile», explique l’assistant Emmanuel. «Prépare Google Translate, car ils ne parlent que l’italien.»
Brosse de WC en argent De retour sur les quais, nous trouvons un homme habillé d’un pantalon noir de marque Adidas, et d’un T-shirt avec le message «My truth is not yours» en train d’emballer une brosse de WC en argent dans du plastique. Ses trois collègues démontent le lit. Avec cinq heures de retard, le démé-
«Dans la première phase, nous apprenons à connaître nos clients: leurs préférences, la date d’anniversaire de leur femme et celle de leur maîtresse.» Peter Anderson, Managing director Knightsbridge Circle
nagement peut enfin commencer, avec une fausse note, car le lift n’est pas suffisamment haut. «Je les ai pourtant avertis», rugit Polgar. «Avec ces hauts plafonds, c’est comme si nous étions au sixième étage et non au quatrième.» Il ne reste que l’escalier pour tout déménager, car l’ascenseur du bâtiment est ancien et donc fragile. Polgar devra attendre sept heures avant que tout soit enfin dans le camion de déménagement, y compris le fragile squelette d’émeu que la femme du client trouve tellement beau. Mais il ne se laisse pas abattre. Sa devise: «Never focus on the negative.» «C’est le métier à la fois le plus difficile et le plus beau au monde», explique-t-il en rentrant chez lui à la nuit tombée. «Je le fais pour le sourire de mes clients. Si, à la fin d’une journée de dur labeur, ils disent ‘Avec vous, ça marche toujours sur des roulettes’, c’est la plus grande reconnaissance que vous puissiez avoir.»
47
VIP and Butler Services Group
SERVICES DE CONCIERGERIE, DU PLUS GRAND…
… AU PLUS PETIT
Knightsbridge Circle (mondial)
Alaise (Knokke)
Le très exclusif Knightsbridge Circle est un des services de conciergerie les plus connus au monde. Pour 40.000 dollars par an, les membres peuvent faire appel à un manager personnel qui règle tout pour eux. «Chaque manager s’occupe de cinq clients maximum», explique son directeur général Peter Anderson. «Cela permet de construire une relation très personnelle. Dans la première phase, nous apprenons à connaître nos clients: leurs préférences, la date d’anniversaire de leur femme et celle de leur maîtresse, les choses qu’ils détestent – et nous travaillons surtout à la demande. L’objectif est d’ensuite travailler de manière proactive et de combler leurs souhaits avant même qu’ils ne les aient exprimés.» La société possède des bureaux à Londres et à Dubaï et compte en ouvrir à Monaco et à New York. Ceux qui souhaitent devenir membres doivent commencer par remplir un questionnaire très détaillé. «Nous vérifions si nous avons des affinités», explique Anderson. «Nous sommes spécialisés dans les voyages et les événements. Nous ne sommes donc pas la meilleure option pour les membres qui préfèrent rester chez eux.» Il n’y a pas grand-chose dont Knightsbridge Circle ne puisse s’occuper. Sur la liste des réalisations, on trouve notamment un dîner avec le pape. «Nous avons des clients qui souhaitent toujours avoir le même transat en vacances», poursuit Anderson. «Dans ce cas, nous faisons en sorte que quelqu’un aille occuper ce transat tous les matins avant l’arrivée de notre client. Un autre client souhaitait fêter deux fois le Nouvel An le même jour. Nous lui avons permis de le fêter d’abord à Sydney et ensuite à Los Angeles, en le faisant traverser la ligne de changement de date en avion privé.» Knightsbridge Circle ne dispose pas de plate-forme, mais règle tout via Whatsapp ou par téléphone. Par ailleurs, les managers parlent au moins une fois par trimestre avec leurs clients. Pour les satisfaire, ils collaborent avec des milliers de partenaires. «Si vous gérez une entreprise mondiale, c’est indispensable», justifie Anderson. «Nous estimons qu’il est important que nos clients en aient pour leur argent. Ce n’est pas parce qu’ils sont riches qu’ils doivent payer trop cher.»
Depuis 18 mois, les propriétaires de secondes résidences à Knokke qui souhaitent se décharger de leurs soucis peuvent faire appel à Eline Van Nevel (31 ans). Selon la formule choisie, Alaise propose plusieurs services. Cela va de 650 euros par an pour l’entretien et la surveillance de la maison à une formule haut de gamme pour ceux qui souhaitent des services personnalisés. Le devis est dans ce cas également sur mesure. «Les clients souhaitent plus que jamais profiter de la vie et vivre des expériences», explique Van Nevel. «Ils peuvent m’adresser toutes leurs demandes. Je veille à ce que leur maison soit propre et bien rangée afin qu’ils aient l’impression de vivre à l’hôtel dans leur propre maison. Par ailleurs, je règle d’autres problèmes, comme des demandes de prix pour des travaux de rénovation, une baby-sitter, l’organisation d’une fête ou encore une réservation de dernière minute dans un restaurant.» Alaise souhaite se différencier des grandes entreprises en proposant un service personnalisé. «Toutes les demandes arrivent chez moi et je connais chaque maison et chaque client personnellement», explique Van Nevel. «Lorsqu’ils m’appellent pour un problème domestique ou pour une demande, je peux immédiatement les aider.» Van Nevel compte aujourd’hui une cinquantaine de clients, dont 25% ont opté pour la formule «high end». Elle compte recruter son premier employé au cours de l’année. Elle collabore avec différents partenaires locaux. «Je connais entre autres plusieurs chefs renommés, ce qui me permet de proposer à mes clients des repas exclusifs à la maison, et tout ce qui va avec.» ■
«Tout n’est pas possible. Nous devons rester dans les limites du légal.» Kristiaan Polgar, fondateur et patron VIP & Butler Services Group
La société brugeoise VIP and Butler Services Group est active en Belgique depuis 2013 et emploie 98 personnes. Elle compte 3.300 clients, dont 200 à l’étranger. Elle propose des majordomes – 14 résidents et 12 pouvant intervenir à la demande –, des life style managers et des services occasionnels. En outre, les clients peuvent faire appel à un chauffeur et commander leurs plats préférés auprès des chefs de l’entreprise. Le fondateur, Kristiaan Polgar, organise luimême des formations de majordome – la Butler Academy – à Bruges et en Ouganda, où ses étudiants apprennent notamment à rester éveillés pendant 72 heures et à refuser les avances féminines de manière élégante. Il travaille luimême régulièrement en tant que majordome. Dans son «wall of fame», on trouve des noms comme les présidents américains Barack Obama et Donald Trump, ainsi que la star de cinéma Judi Dench.
48
wealth décembre 2021
La France a acheté le manuscrit des «120 jours de Sodome» du marquis de Sade, long de plusieurs mètres, pour 4,55 millions d’euros. © AFP
DES LETTRES RARES RÉVÈLENT LA PERSONNALITÉ DE LEURS CÉLÈBRES AUTEURS Une lettre d’amour de Napoléon, la correspondance du roi Léopold Ier avec un ministre qu’il apprécie, un écrit de plusieurs mètres de long du marquis de Sade. Les collectionneurs de manuscrits chérissent ce contact direct avec leurs célèbres auteurs.
A
TE X TE: KRIS VAN HAMME
«
ucune lettre de toi, ma tendre amie?» Ce sont les premiers mots qu’un Napoléon dépité adresse, en avril 1796, à sa jeune épouse Joséphine dans une lettre d’amour. Le général français était en campagne en Italie, mais, disait-il, il ne pensait qu’à sa femme qui l’avait apparemment «oublié». En 2019, ce cri du cœur manuscrit du futur empereur français s’est vendu aux enchères pour la coquette somme de 221.000 euros. Un montant conséquent, mais le document disposait de sérieux atouts: écrit de la main d’une personnalité historique iconique et très personnel. Pas un simple ordre adressé à un officier pour lui demander de déplacer les troupes, mais une déclaration d’amour au moment où le mythe de Napoléon – alors âgé de 27 ans – était en train de se construire. «Une personnalité comme Napoléon est une star mondiale, tout comme Albert Einstein et Marie Curie. Et elles le resteront tant que leur rôle dans l’histoire du monde ne sera pas remis en question. Leur valeur se maintient bien», explique Henri Godts de la maison d’enchères bruxelloise Arenberg Auctions. La «valeur» dont il parle fait référence au prix que les collectionneurs sont prêts à débourser pour des «autographes» de cet illustre trio. Les autographes sont des manuscrits dont l’auteur est connu. On ne parle donc pas ici de copies ou d’écrits anonymes de moines du Moyen-Âge. Il s’agit essentiellement d’écrits de personnalités qui ont compté, et qui peuvent se présenter sous différentes formes. «En Belgique, cela commence par la correspondance épistolaire d’humanistes comme Érasme et Juste Lipse»,
Une lettre manuscrite de Napoléon. © AFP 49
La formule la plus connue au monde E=mc2 écrite de la main d’Albert Einstein. © AFP
explique Godts, qui propose régulièrement des autographes dans ses catalogues de ventes aux enchères. Il n’existe pas de négociants spécialisés en Belgique, poursuit-il. «Notre pays est trop petit et ne compte pas suffisamment de collectionneurs de manuscrits.» Les autographes se retrouvent donc sur le marché belge via des antiquaires comme Godts, également spécialisé dans les anciens livres, gravures, atlas et photos. Godts a néanmoins un faible pour les écrits très personnels de personnages historiques, d’artistes, de scientifiques ou d’hommes d’État célèbres. «Vous pouvez y retrouver la personnalité des scripteurs. C’est un témoignage direct. C’est comme si vous étiez en contact avec leur auteur. Un livre imprimé représente une étape différente, car il a été édité.»
Père Damien Il cite deux exemples typiquement belges qui l’ont touché: le père Damien et le roi Léopold Ier. Du premier, la maison Godts a vendu aux enchères une lettre envoyée de Molokai en 1874 par le missionnaire à un prêtre parisien. «C’est un témoignage poignant sur la façon dont le père Damien souhaitait rendre espoir et bonheur aux lépreux via l’Église», raconte Godts. Cette lettre de trois pages a trouvé acquéreur l’an dernier pour 2.500 euros. Avec Léopold Ier, nous nous situons dans la catégorie de la correspondance royale. Arenberg Auctions a mis en vente un lot de plusieurs dizaines de lettres adressées par le premier roi des Belges à son ministre Félix-Arnaux de Muelenaere. Les lettres donnent non seulement un aperçu de la politique intérieure et étrangère de l’époque et de la politique matrimoniale du monarque, mais elles montrent, selon Godts, la personnalité du roi et son affection pour le ministre de Muelenaere. «Il est intéressant de découvrir que Léopold Ier avait ses propres opinions et qu’il appréciait son ministre. On constate qu’une véritable amitié est née entre les deux hommes.» Cela démontre que le contenu des écrits, en plus du poids et de la personnalité de leurs auteurs, contribue à fixer leur valeur. «Pour les collectionneurs, Léopold II a plus de valeur que Baudouin. Le premier révélait davantage sa personnalité dans ses lettres», estime Godts. Une courte note confirmant un rendez-vous ne peut être comparée
«Les problèmes personnels, les déclarations d’amour ou l’expression d’idées ont plus de valeur en tant qu’autographes.»
à une lettre dans laquelle un ou une artiste parle de ses idées. «Le contenu est important. Les problèmes personnels, les déclarations d’amour ou l’expression d’idées ont plus de valeur en tant qu’autographes.» «On trouve même des Henri Godts, Arenberg Auctions amateurs qui ne collectionnent que des lettres d’amour ou qui ne sont intéressés que par des lettres illustrées de dessins d’artistes ou de scientifiques», explique Anne Heilbronn qui dirige le département des manuscrits et des livres de la filiale française de Sotheby’s. Les manuscrits complets d’œuvres célèbres représentent une catégorie distincte. Les plus recherchés sont les premières versions brutes, précisément en raison de leur caractère direct, tellement apprécié par Godts. «La première version d’un manuscrit, qui comprend toute l’impulsivité de l’auteur, a plus de valeur que la version finale», confirme Heilbronn. Un célèbre exemple est celui du rouleau de plusieurs mètres sur lequel le marquis de Sade a écrit «Les 120 journées de Sodome». Le marquis a écrit son roman «sadique» lorsqu’il était emprisonné à La Bastille. Il pensait que son œuvre s’était perdue au moment de l’assaut de la prison en 1789, mais elle fut sauvée. «Il s’agit ici d’un monument d’idées accompagnées par une histoire incroyable», explique Godts pour justifier la valeur du manuscrit. Une histoire devenue encore plus pittoresque après que l’antiquaire français spécialisé en manuscrits, Gérard
50
wealth décembre 2021
La signature de René Magritte sous une lettre dactylographiée.
Les lettres avec des dessins de l’écrivain français Victor Hugo sont très convoitées.
© ARENBERG AUCTIONS
© SOTHEBY’S
«Napoléon utilisait du papier et une plume comme nous utilisons aujourd’hui les e-mails et pouvait facilement écrire de 10 à 20 lettres par jour.» Henri Godts, Arenberg Auctions
«Churchill, Napoléon, De Gaulle, Washington, Einstein, Darwin, Dylan et Rimbaud figurent en tête de la liste des collectionneurs d’autographes.»
Lhéritier, eut racheté ce rouleau en 2004 pour 7 millions d’euros. En 2015, Lhéritier a été arrêté, soupçonné d’avoir mis en place un système pyramidal dans le cadre de sa société Aristophil, qui vendait des actions de manuscrits et de lettres rares à des investisseurs. Entre-temps, l’État français a racheté le rouleau de Sade pour 4,55 millions d’euros.
Spéculation L’affaire Aristophil montre clairement que la spéculation est bien présente sur le marché des autographes. Au cours de la dernière décennie, les investisseurs – qui étaient désespérément à la recherche de rendement dans la période de taux zéro – ont élargi leur champ d’action, jetant leurs filets jusqu’aux objets de collection. Godts ne peut dire si les autographes sont également une cible pour les spéculateurs, même s’il a rencontré plusieurs victimes d’une maison qui vendait des manuscrits en promettant de beaux rendements, alors qu’il s’agissait de documents de second rang dont la valeur s’est avérée inférieure aux attentes. «Le point de vue officiel de la Ligue internationale de la librairie ancienne prévoit que nous ne parlions pas de nos documents en termes de rendement et de spéculation», souligne Godts. «Faut-il déduire qu’une collection de manuscrits doit être basée sur le seul enthousiasme? Pas nécessairement. Lorsque vous collectionnez de manière structurée, sans payer trop cher et avec une vision à long terme, il est en principe possible de créer de la valeur. Mais vous devez bien connaître ce que vous achetez, vous documenter et collectionner de manière cohérente avec une certaine
vision. Si vous revendez plus tard un ensemble cohérent, il aura plus de valeur que la somme des parties.» Par exemple, une collection thématique autour d’une personnalité donnée pourra être intellectuellement enrichissante, poursuit Godts. «En suivant un personnage via divers courriers, celui-ci gagne en épaisseur. Quelqu’un comme Winston Churchill utilise un autre style lorsqu’il écrit à un général ou à sa fille.» Ce qui nous amène au «name dropping». Parmi les personnalités politiques, Churchill, Napoléon et Charles de Gaulle figurent en tête de la liste des collectionneurs d’autographes, explique Godts. Napoléon était en outre très prolifique. «Il utilisait du papier et une plume comme nous utilisons aujourd’hui les messageries électroniques et pouvait facilement écrire de 10 à 20 lettres par jour», poursuit Godts. Les écrits de présidents américains célèbres comme George Washington et Abraham Lincoln sont très recherchés. Heilbronn mentionne également le révolutionnaire – exécuté – Maximilien de Robespierre, dont un lot d’écrits s’est vendu il y a dix ans pour la somme de 900.000 euros. Dans le domaine scientifique, Einstein, Niels Bohr, Marie Curie et Charles Darwin sont des valeurs sûres. Une page du manuscrit de «On the Origin of Species» – dont le verso a été utilisé par le fils de Darwin, George, comme papier brouillon – a été vendue par Sotheby’s pour 490.000 livres sterling. Dans le monde littéraire – avec son style plus «personnel, dramatique et imaginaire», comme le dit Godts – Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud sont des géants. Rimbaud en particulier est considéré comme une rareté. En revanche, quelqu’un comme Marcel Proust a écrit de nombreuses lettres. Malgré tout, leur valeur peut monter jusqu’à des dizaines de milliers d’euros s’il s’agit d’une longue lettre écrite à son éditeur où il explique comment il écrit, souligne Heilbronn. Les surréalistes français comme Guillaume Apollinaire et André Breton sont également recherchés, tandis que les dessins de Victor Hugo dans ses lettres ont particulièrement la cote. ■
Découvrez nos newsletters gratuites pour les investisseurs
L’actu avant-bourse Que devez-vous savoir avant l’ouverture de la bourse ? Une prévisualisation de la journée boursière, chaque matin avant 9 heures dans votre boîte mail.
Le point après-bourse Un bilan de la journée boursière et des cours de clôture de votre portefeuille d’actions sur lecho.be, chaque soir dans votre boîte mail.
L’actu des fonds Les dernières nouvelles sur les fonds et les cours de clôture de votre sélection de fonds sur lecho.be, chaque mardi dans votre boîte mail.
L’Investisseur le dimanche Un retour sur la semaine boursière, offert gratuitement par L’Investisseur, chaque dimanche dans votre boîte mail.
Abonnez-vous gratuitement sur lecho.be/newsletter
Vivez votre plus belle vie
C’est le moment d’investir avec ING Private Banking. Découvrez notre large gamme de solutions d’investissement. Nos experts sont là pour vous aider à optimaliser votre capital, et vous pouvez ainsi vous concentrer sur ce qui compte vraiment.
Contactez-nous via ing.be/privatebanking Offre de placements, d’investissements et/ou d’assurances sous réserve d’acceptation d’ING Belgique (ou, le cas échéant, de la compagnie d’assurance concernée) et d’accord mutuel. Conditions et modalités (règlements, tarifs, documents d’informations clés pour l’investisseur ou pour l’épargnant et autres informations complémentaires) disponibles dans toutes les agences ING ou sur www.ing. be. ING Belgique S.A. • Banque/Prêteur • Avenue Marnix 24, B-1000 Bruxelles • RPM Bruxelles • TVA : BE 0403.200.393 • BIC : BBRUBEBB • IBAN : BE45 3109 1560 2789. – www.ing.be – Contactez-nous via ing.be/contact – Courtier en assurances, inscrit à la FSMA sous le numéro 0403.200.393. Éditeur responsable : Sali Salieski • Cours Saint-Michel 60, B-1040 Bruxelles • 12/2021