Wealth - juin 2022

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L a v ie des g randes f or t unes

Chefs à bord

«IL FAUT ÊTRE PRÊT À RÉPONDRE À TOUS LES SOUHAITS CULINAIRES» Éditions exclusives

UN LIVRE AVEC UN FRAGMENT DE ROCHE LUNAIRE? CHEZ TASCHEN, IL N’Y A AUCUNE LIMITE Opulence viennoise

6 CAVES, 60.000 BOUTEILLES AU PALAIS COBURG


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Wealth Manager

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Isabelle Verhulst

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Director Wealth Analysis & Planning

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Marc Raisière CEO Belfius

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BON À SAVOIR…

A

ujourd’hui âgé de 29 ans, le fils d’un de base sont les mêmes: achetez surtout des couple ayant remporté 500.000 euros œuvres qui vous correspondent.» à la Loterie nationale il y a 24 ans n’est D’autres passeront quelques semaines par toujours pas au courant. «Il a reçu tout an sur leur propre yacht ou sur un navire de ce dont il avait besoin et il ne s’est jamais posé location, loin des regards et de la vie sur la terre de questions, car nous n’en avons jamais fait ferme. Si possible, avec un véritable chef à bord. étalage», se souvient son père. C’est une réaction Et peut-être du champagne et du caviar au frais. classique, nous explique la «winners adviser» Mais il se peut également que vous ayez sim(conseillère des gagnants) de la plement envie de vous évader, Loterie nationale. «De nomtémoigne un «chef on board» qui breux gagnants ont peur de ce a cuisiné notamment pour Bill que penseront les voisins.» Chez Gates, le fondateur de Microsoft, nous, vous ne verrez jamais des membres de la célèbre fadans les journaux la photo des mille de banquiers Rothschild et gagnants arborant leur gros la star du tennis mondial Rafael chèque, comme c’est le cas dans Nadal. «Des célébrités, oui, mais de nombreux autres pays. «La au bout du compte, ce sont des plupart des gagnants adaptent gens ordinaires. La plupart des Chez nous, vous ne progressivement leur mode de invités ne demandent pas à être vie afin que cela passe inaperaccueillis avec le tapis rouge. verrez jamais dans çu.» Et elle leur conseille de ne Lorsqu’ils montent à bord, ils les journaux la photo pas le crier sur tous les toits. veulent surtout profiter du des gagnants du Lotto Est-ce typiquement belge? calme, échapper à l’agitation de arborant leur gros Oui, les rêves deviennent la vie quotidienne.» chèque, comme c’est le parfois réalité. Et oui, l’argent Le calme et la tranquillité. cas dans de nombreux peut y contribuer (mais heuC’est aussi ce que cherchent autres pays. reusement pas toujours!). Par le à Vienne les clients du palais plus grand des hasards, comme Coburg, un prestigieux hôtel de via un billet à gratter gagnant. 33 suites, qui entretient des liens Katrien Verstraete, Ou grâce à un héritage. Mais historiques avec la famille royale coordinatrice Wealth parfois, souvent même, en belge et où la discrétion règne travaillant d’arrache-pied et en en maître. Ce n’est pas un hasard épargnant. Et puis, il arrive que nous nous acsi ses majestueux salons sont devenus un lieu cordions un petit extra. Très voyant, comme une très prisé pour certaines négociations internamontre de luxe ou une belle voiture. Ou moins tionales. Ceux qui peuvent se le permettre dînent tape-à-l’œil, délibérément. Pour vivre heureux, au restaurant de l’hôtel (2 étoiles au Michelin) vivons cachés. et s’offrent une (ou plusieurs) bouteilles d’une Vous avez ainsi peut-être décidé de vous offrir des six surprenantes caves à vin situées sous les – dans la charmante boutique de Taschen au voûtes médiévales, d’une capacité de 60.000 Sablon, par exemple – un magnifique livre d’art bouteilles. «Nous constatons que depuis la fin hors de prix dont vous ne parlerez avec passion de la crise du coronavirus, les gens souhaitent se qu’avec vos amis les plus proches. À moins que faire plaisir», explique le chef de cave. Il n’est pas vous ne soyez en train de vous constituer, en rare qu’ils s’offrent des bouteilles rares et chères, toute discrétion, une collection d’œuvres d’art de plusieurs milliers d’euros. pour laquelle vous avez besoin de conseils tout Mais vous pouvez aussi déguster un bon verre aussi discrets. Dans ce cas, lisez l’interview de Bede «grüner veltliner» au bar de l’hôtel, pour un nedicte Goesaert qui, en tant que «artist liaison», moment inoubliable. Je me souviens encore d’un aide les amateurs d’art à créer leur collection. city trip à Vienne. Oui, je le reconnais, je n’en «Plus vous avez d’argent à votre disposition, plus ai pas parlé sur Instagram. Car qu’en auraient votre terrain de jeu est vaste. Mais les principes pensé les voisins?

SOMMAIRE 06 Taschen se rend jusqu’à la Lune pour ses beaux livres 14 Chefs à bord: «Il nous arrive de quitter notre cabine la nuit pour préparer un croque-monsieur» 22 «Aucun gagnant du Lotto n’achète une Porsche ou une Ferrari» 28 Avez-vous l’âme d’un capitaliste? 32 La célèbre collection de 60.000 bouteilles de vin du palais Coburg 40 «Vous avez intérêt à d’abord entraîner votre œil avant de commencer une collection d’art» 44 Le fisc aussi apprécie l’art 48 Silence, une supercar arrive!

«Wealth» est une publication de Mediafin. Supplément de L’Echo du 10 juin 2022. Coordination: Muriel Michel, Katrien Verstraete, Édition: Florence Petrantò, Lay-out: Ilse Janssens, Photo: Kristof Van Accom, Couverture: Wouter Van Vooren, Rédacteur en chef: Paul Gérard, Directeur de rédaction: Isabel Albers, Éditeur responsable: Peter Quaghebeur, avenue du Port 86c, boîte 309, 1000 Bruxelles.


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TASCHEN SE REND JUSQU’À LA LUNE POUR SES BEAUX LIVRES Un livre sur Ferrari avec un présentoir du même matériau que les voitures de sport éponymes a immédiatement trouvé preneur, malgré son prix de 25.000 euros. Un livre encore plus exclusif avec un fragment de roche lunaire est toujours disponible. «En réalité, il n’y a aucune limite», explique Marlene Taschen, CEO de la célèbre maison d’édition de beaux livres. TE X TE: KRIS VAN HAMME PHOTOS: MARK SEELEN


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Le magasin Taschen au Sablon, à Bruxelles.


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3 5 1. «Works», Marc Newson, édition d’art. 2. «MoonFire», Norman Mailer, édition 50e anniversaire. 3. «220 for 2020», David Hockney. 4. «A Bigger Book», David Hockney. 5. «Murals of Tibet», Thomas Laird.

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epuis toujours, les collectionneurs de livres précieux dépensent des sommes considérables pour des exemplaires rares ou anciens. Mais saviez-vous que certains nouveaux livres sont tout aussi recherchés et que leur valeur peut doubler, quatre ans à peine après leur publication? Prenez «Ferrari», un livre volumineux, relié dans le même cuir que les sièges des voitures éponymes, et qui vise à apporter du rêve aux nombreux fans de cette voiture iconique. Aujourd’hui, il coûte 50.000 euros – du moins si vous réussissez à en trouver un dans les ventes aux enchères. Lors de

sa publication en 2018, chaque exemplaire de cette édition d’«art», limitée à 250 unités, coûtait la moitié, soit 25.000 euros. À ce prix-là, vous aviez droit aux signatures de plusieurs patrons de Ferrari – Sergio Marchionne, John Elkann et Piero Ferrari – plus un présentoir spectaculaire créé par le célèbre designer australien Marc Newson. Bienvenue dans le monde de Taschen, éditeur de beaux livres qui deviennent de plus en plus exclusifs et qui brouillent la frontière entre livres et «objets de désir». Ce dernier terme sort de la bouche de Marlene Taschen, CEO depuis 2017 de la maison d’édition familiale allemande, fondée par son père Benedikt. «Depuis sa création en 1980, la maison a beaucoup évolué», ex-

plique la CEO lorsque nous la rencontrons. «Pour nos livres, la forme et la qualité sont essentielles. Je parle ici de l’aspect extérieur et du ressenti. Ce sont des objets avec lesquels on vit et que l’on collectionne.» Cela semble être la description parfaite du phénomène des «beaux livres», même si Marlene Taschen dit ne pas en avoir de définition. Elle préfère parler de magnifiques ouvrages remplis de superbes photos, qui peuvent orner une table basse ou une étagère de bibliothèque, sur des sujets allant de l’art à l’architecture, en passant par les voyages, le sport et le cinéma. «Nous sommes très axés sur les images», ajoute Taschen pour décrire le style de la maison. «Un style narratif visuel, davan-


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tage Instagram que Twitter», poursuit-elle avec un clin d’œil, se référant à l’ère des réseaux sociaux dans laquelle elle a fait entrer Taschen. Cette époque digitale n’enlève rien à la frénésie croissante des collectionneurs du monde entier – parfois motivée par l’appât du gain – sur laquelle Taschen surfe avec des livres de plus en plus luxueux et des extras prestigieux. Personne ne pouvait se douter que les choses évolueraient de cette façon lorsqu’en 1980, Benedikt, alors âgé de 18 ans, a ouvert à Cologne une librairie spécialisée en bandes dessinées. Jusqu’à ce qu’il croise la route d’un énorme lot d’invendus sur le peintre belge René Magritte en 1984. Taschen a réussi à vendre en Allemagne les 40.000 exemplaires en anglais, ce qui l’a inspiré et poussé à éditer ses propres livres d’art, à commencer par des portraits de la photographe Annie Leibovitz.

Le phénomène «Sumo» Benedikt a combiné ces projets de livres d’art avec des éditions ludiques et audacieuses, comme «The Big Penis Book» et «The Big Book of Pussy». «Que le contenu soit highbrow ou lowbrow (intellectuel ou populaire, NDLR), tous bénéficient de la même attention. Nous ne faisons pas de discrimination», déclare Marlene à propos du style maison. En 1999, l’éditeur a franchi le pas vers ce qui a finalement mené à l’exubérant livre «Ferrari». À ce moment-là, Taschen a publié un livre de photos d’Helmut Newton qui, à cause de ses dimensions extraordinaires (50 cm x 70 cm) et de son poids (35 kg) a reçu le surnom de «Sumo» et était accompagné de son propre support, imaginé par le Français Philippe Starck. Newton a numéroté et signé chacun des 10.000 exemplaires, qui se sont vendus au prix – sans précédent pour l’époque – de 1.500 dollars, mais pour lesquels il faut aujourd’hui facilement débourser 20.000 euros. Le phénomène «Sumo» était né. Ceux qui se rendent aujourd’hui dans le magasin Taschen au Sablon, à Bruxelles, peuvent y trouver des éditions plus récentes. Ils pourront découvrir «A Bigger Book» de David Hockney, un somptueux aperçu du travail de l’artiste britannique, qui a brièvement revendiqué en 2018 le record de l’artiste vivant le plus cher lorsqu’une de ses œuvres s’est vendue aux enchères pour 90 millions de dollars. Le livre, signé par l’artiste et accompagné d’un présentoir créé par Marc Newson, coûte 4.500 euros. Les choses ne s’arrêtent pas là. Taschen ne se limite plus aux livres, mais propose également des gravures et des photos en éditions limitées. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie qui consiste à proposer aux collectionneurs une offre différenciée – dont les prix vont croissant – tout en ouvrant aux artistes un nouveau marché. L’édition d’«art» d’un livre va plus loin que l’édition «collector»: il s’agit des premiers exemplaires numérotés de la série – chez Ferrari, les 250 premiers exemplaires d’une série de 1.947 exemplaires – plus un extra, comme le présentoir créé à l’image des échappements d’un moteur V12. En cas de «print edition», il s’agit uniquement de lithographies. Parmi les exemples, on trouve une série de

tirages du peintre allemand André Butzer ou de quelques grandes photos de la légende de la boxe Mohammed Ali, prises par Neil Leifer. Hockney a aussi réalisé plusieurs gravures pour Taschen alors qu’il était confiné en Normandie, durant la crise du coronavirus. Cette période a donné naissance au livre «220 for 2020», qui comprend 220 dessins – collés à la main sur chaque page – réalisés par Hockney sur son iPad. Chacun des 1.620 exemplaires de l’édition «collector» coûte 2.500 euros, tandis que les 400 exemplaires de l’édition d’«art» – chacune comportant une des quatre gravures distinctes – coûtent 27.500 euros chacun. «Depuis cinq ans environ, nous constatons une hausse du nombre de collectionneurs parmi notre clientèle», explique Charles De Cordier, conseiller en collection du magasin bruxellois Taschen. Cela

Taschen ne se limite plus aux livres, mais propose également des gravures et des photos en éditions limitées.

6 Le «Sumo» «Helmut Newton», 35 kilos, sur son support imaginé par Philippe Starck.


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Marlene Taschen, CEO de la maison d’édition du même nom.

Personne ne pouvait se douter que les choses évolueraient de cette façon lorsqu’en 1980, Benedikt Taschen, alors âgé de 18 ans, a ouvert à Cologne une librairie spécialisée en bandes dessinées.

se traduit par une augmentation de la part des éditions limitées numérotées – comme les éditions d’«art» et «collector» – dans le chiffre d’affaires. «Les éditions d’‘art’ sont aujourd’hui vendues dès leur lancement. Même au prix de 25.000 euros, comme le livre ‘Ferrari’, pour lequel j’étais tout de même un peu inquiet. Pour certains clients, ces livres ont également un parfum spéculatif, mais souvent, ils l’achètent pour la beauté de l’objet», ajoute De Cordier. C’est pourquoi un magasin physique reste indispensable à l’ère du commerce en ligne. «Les clients ont besoin de toucher le livre, en particulier lorsqu’il coûte plusieurs milliers d’euros. Mais vous pouvez également feuilleter nos livres d’art bon marché pour tester la qualité des images et du papier», explique Jonathan Dierks, manager de Taschen en Belgique. Celui-ci ne doute pas un seul instant que la qualité des produits Taschen est difficile à égaler. «La production de masse des éditions bon marché se fait en partie en Chine, mais nous essayons de les faire imprimer

plus près de chez nous, par exemple en Bosnie, ce qui nous permet de mieux contrôler la qualité.» Les éditions les plus exclusives sont imprimées en Allemagne et en Italie. Pour le «Sumo» Newton, Taschen a d’ailleurs dû créer une presse spéciale pour pouvoir imprimer ce livre au format extraordinaire avec la qualité requise. Tout ceci illustre la volonté de repousser les limites du livre traditionnel, à la recherche d’objets uniques. «Il n’existe en réalité aucune limite. Nous sommes ouverts à une réflexion qui va au-delà de ce que représente un livre ‘normal’», explique Marlene Taschen. «C’est pourquoi nous collaborons étroitement avec des artistes et des designers et que nous essayons de donner forme à leurs idées. Nous n’avons pas peur des nouvelles techniques. C’est ainsi que nous avons travaillé avec des constructeurs automobiles pour la production du livre ‘Ferrari’.»

Des objets exclusifs Si l’on en croit la CEO, il faut «du temps et de la confiance» pour développer des projets de livres spéciaux avec des créatifs comme l’architecte japonais de renom Tadao Ando. De leur côté, les clients ont accès à des objets exclusifs, poursuit-elle. «Le fait qu’Ando réalise un dessin pour accompagner son livre permet aux acheteurs d’accéder à une œuvre d’un des plus grands architectes de

«Nous livrons nous-mêmes les livres chers au lieu de faire appel à une société de livraison.» Charles De Cordier, Taschen Bruxelles


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versaire de la conquête de la Lune – est accompagnée d’un fragment de roche lunaire authentifié. Plus précisément, il s’agit de fragments de météorites lunaires ayant heurté la Terre, car les roches rapportées de la Lune ne sont pas commercialisées par la Nasa. Parmi les 12 exemplaires de l’ouvrage, neuf ont déjà trouvé acquéreur. Le plus cher – qui s’accompagne du plus gros fragment – est encore disponible pour 575.000 dollars.

«Beautiful losers»

Le livre «Ferrari» et son présentoir créé à l’image des échappements d’un moteur V12. Prix: 25.000 euros.

notre temps. Ou prenez Hockney: qu’il soit prêt à signer 10.000 exemplaires de son ‘Sumo’ montre sa foi dans le livre. Sinon, il n’y investirait pas son temps.» Parfois, ce type de «star power» aide à donner naissance à un projet. De Cordier raconte l’histoire de «Murals of Tibet», un «Sumo» de 60 kilos avec des illustrations de peintures murales tibétaines. Le photographe, Thomas Laird, a réussi à susciter l’enthousiasme de Benedikt Taschen. Il a suggéré – en partie en plaisantant – que ce serait formidable si le Dalaï-Lama pouvait signer les livres. Laird a réussi à le convaincre, si bien que 918 exemplaires – au prix de 10.000 euros pièce – portent la signature de Sa Sainteté tibétaine. 80 exemplaires sont accompagnés d’une œuvre d’art et coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le plus loin que Taschen soit allé pour un livre n’est rien moins que la Lune. Ou presque. L’édition «roche lunaire» de «MoonFire» de Norman Mailer – rééditée en format de luxe à l’occasion du 40e anni-

L’édition d’«art» d’un livre va plus loin que l’édition «collector»: il s’agit des premiers exemplaires numérotés de la série, plus un extra.

Tout ne se vend pas immédiatement, de même que tous les livres ne voient pas leur valeur augmenter. Benedikt Taschen reste fidèle à ces «beautiful losers», dixit De Cordier, à savoir des livres qui doivent absolument être publiés même s’ils ne sont pas destinés à un large public. En règle générale, un livre n’est édité par Taschen que si le fondateur de la maison est convaincu de sa qualité. «Par exemple, cela fait des années qu’il travaille sur un livre sur Arnold Schwarzenegger.» Cela montre à quel point Benedikt est encore impliqué dans la maison d’édition, même si la gestion quotidienne de Taschen est aujourd’hui aux mains de sa fille aînée. «Il travaille avec encore plus de plaisir depuis le passage de témoin», raconte Marlene Taschen en riant. «Il a aujourd’hui plus de liberté pour travailler sur des projets. Il vérifie encore chaque page de chaque épreuve. Nous sélectionnons les sujets à deux. Nous partageons la même vision, mais grâce à mon arrivée à la tête de la maison, elle a subi un rajeunissement et nous avons créé une base encore plus diversifiée pour poursuivre notre croissance.» La démocratisation des beaux livres d’art reste un des chevaux de bataille de Taschen. Les livres qui se trouvent à l’origine des publications exclusives sont généralement suivis par des éditions dérivées, moins chères, destinées à un public plus large. «Cela s’explique en partie par notre histoire, en partie par conviction, et enfin par notre modèle d’exploitation», explique Taschen. «Nous travaillons par exemple depuis longtemps à un magnifique livre sur les peintures de Raphaël. Nous avons pour cela visité notamment des musées pour vérifier la qualité des photos et des couleurs. Finalement, un tel livre se vendra entre 10 et 20 euros, ce qui, d’un point de vue économique, ne pourrait jamais se réaliser si nous ne produisions pas une version XL, plus chère.» Les frais supplémentaires pour la production des éditions plus modestes sont alors minimes. En particulier si le même livre est publié à la fois en anglais, en français et en allemand, ce qui augmente le tirage et réduit d’autant le coût unitaire.» Pour les clients qui ouvrent régulièrement tout grand leur portefeuille pour acquérir des exemplaires exclusifs, la maison d’édition a prévu des «extras». «Par exemple, nous emmenons les clients au siège social à Cologne ou nous les aidons à installer leur livre chez eux, en les conseillant sur la façon dont ils peuvent le placer dans leur bibliothèque», explique De Cordier. «Nous livrons nousmêmes les livres chers au lieu de faire appel à une société de livraison. Autre exemple de privilège? Nous enverrons une copie papier de cet article à certains clients.» ■


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CHEFS À BORD


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«IL NOUS ARRIVE DE QUITTER NOTRE CABINE LA NUIT POUR PRÉPARER UN CROQUE-MONSIEUR» Croisières de luxe et gastronomie sont indissociables. Deux chefs belges nous racontent leur carrière à bord d’un yacht de luxe. «Lorsque vous devez cuisiner pour Bill Gates ou la star de tennis Rafael Nadal, il vaut mieux ne pas trop y penser.» Et non, ils ne servent pas uniquement du caviar. «On nous sort aussi du lit pendant la nuit pour un croque-monsieur ou une pizza.»

TE X TE: PIETERJAN NEYRINCK PHOTOS: WOUTER VAN VOOREN

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ors de la pandémie de coronavirus, le marché des super-yachts a bondi. Des personnes les plus riches au monde aux entrepreneurs belges prêts à dépenser quelques centaines de milliers d’euros: bon nombre d’entre eux se sont décidés à s’offrir un yacht. Alors que les voyages étaient interdits pendant le confinement, les propriétaires de yachts ont pu jouir sans souci de cette liberté retrouvée. Maintenant que la crise du covid est derrière nous, les yachts restent à l’honneur. Il suffit de penser aux luxueux navires d’oligarques russes ancrés dans différents pays parce que leurs propriétaires sont frappés de sanctions. Ou de la controverse née plus tôt cette année lorsqu’il est apparu que le pont historique Koningshaven, dans le port


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de Rotterdam, devrait être démonté pour laisser passer le nouveau trois-mâts de Jeff Bezos, le patron d’Amazon.

Plusieurs milliers d’euros de l’heure Une croisière en mer n’est pas à la portée de tous. Pour une semaine sur un yacht de location, il vous en coûtera plusieurs milliers d’euros de l’heure. Chez Burgess Yachts, un constructeur britannique de navires de luxe, le «Bianca», un navire de 32 mètres de long pouvant accueillir 12 personnes, se loue 49.500 euros pour une semaine. Pour ceux qui peuvent se permettre un peu plus grand, le «Cloud», du constructeur néerlandais Oceanco, est à disposition: 88,5 m de long, sept cabines, une piscine, deux jacuzzis et une salle de sport privée. Une semaine à bord vous coûtera la bagatelle d’un million d’euros. Attention: il s’agit du coût sans les frais d’amarrage, le carburant, la nourriture et les boissons. Quasiment chaque yacht dispose d’un chef pour régaler les invités et l’équipage. À 32 ans, Michiel Standaert fait partie de ces chefs d’un genre particulier. Après avoir étudié à l’école hôtelière Ter Groene Poorte et travaillé dans plusieurs restaurants étoilés comme l’Oud Sluis et le Hof van Cleve, il s’est retrouvé à bord du yacht «Utopia», un navire de luxe qui croise souvent dans les Caraïbes. «Ce fut fantastique pour un premier emploi de chef. Le capitaine est connu pour donner leur chance aux jeunes. La plupart exigent quelques années d’expérience, mais pas lui.» Standaert travaille dans ce secteur depuis déjà quatre ans et est actuellement chef sur un des plus grands catamarans (bateau multicoque à deux flotteurs, NDLR) au monde. Ce bateau est la propriété d’un riche Américain, qui le loue aux nantis de ce monde. Notre compatriote a ainsi eu l’occasion de montrer ses talents à Bill Gates, le fondateur de Microsoft, aux héritiers de la famille de banquiers Rothschild et à la star mondiale du tennis Rafael Nadal. «Ces noms peuvent impressionner, mais en réalité,

LORSQUE LE MAJORDOME ACCOMPAGNE SES PATRONS EN MER

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eux qui louent un yacht bénéficient des services de l’équipage. Il est souvent impossible d’emmener son propre majordome. Cela arrive cependant parfois, lorsque le capitaine donne son auto-

«La plupart des invités ne souhaitent pas être accueillis avec le tapis rouge. Lorsqu’ils montent à bord, ils veulent surtout profiter du calme.» Nikolaas Barrezeele, chef

ce sont des personnes comme les autres. Il vaut mieux ne pas savoir qui est à bord et ne pas y penser. Nous devons faire de notre mieux pour tous les passagers, qui qu’ils soient.» «La plupart des invités ne souhaitent d’ailleurs pas être accueillis avec le tapis rouge. Lorsqu’ils montent à bord, ils veulent surtout profiter du calme. Échapper au rythme effréné de leur quotidien et simplement profiter d’une semaine en famille ou entre amis», explique Nikolaas Barrezeele. Âgé de 51 ans, ce Belge originaire de Flandre-Orientale a travaillé dans des restaurants étoilés comme le Karmeliet et l’Hof van Cleve et a passé quelques années à bord du «Seven Sins», un yacht de 52 mètres de long, connu en Belgique. «Nous recevions souvent des propriétaires et CEO belges de grandes entreprises qui souhaitaient s’offrir un peu de détente.» Par contre, pas de détente pour les chefs. «Nous sommes debout à six heures du ma-

risation. «C’est pendant les vacances que vous apprenez le mieux à connaître votre patron», témoigne un majordome de 22 ans, qui travaille pour une famille d’entrepreneurs flamands et préfère rester anonyme. «Une semaine sur un yacht est très exigeante, mais cela me motive. Plus encore qu’à la maison, il faut sans cesse improviser et résoudre des problèmes.» Par exemple, le majordome est mis à contribution lorsqu’il n’y a pas de chef privé à bord.

tin pour préparer le petit-déjeuner pour l’équipage. Ensuite, nous nous occupons des invités et nous nous retrouvons rapidement à l’heure du rush de midi», explique Standaert, qui cuisine la plupart du temps pour dix invités et 11 membres d’équipage. «L’après-midi, avec un peu de chance, je peux dormir une heure et ensuite nous commençons les préparatifs pour le repas du soir. La journée de travail se termine généralement à minuit.»

«Gardez le reste pour l’équipage» Du moins en théorie. «Souvent, les invités sortent après le dîner. Lorsqu’ils remontent à bord, ils ont parfois une petite faim, et nous voilà partis pour préparer un croque-monsieur», explique Barrezeele en riant. «J’ai travaillé pendant un certain temps pour quelqu’un qui allait souvent jouer aux cartes pendant la nuit. Il rentrait vers quatre heures du matin et voulait

«Je peux me débrouiller en cuisine. Un steak-frites avec de la sauce béarnaise faite maison ne me fait pas peur. Au début de ma carrière, j’ai essayé de me lancer dans un menu trois services pour six invités, mais cuisiner et servir, c’est impossible. Lorsque je ne peux pas offrir un service de qualité, je le considère comme un échec», confie-t-il. Même le soir, quand les invités décident d’aller au restaurant, le travail ne s’arrête pas. Alors que l’équipage

reste à bord, le majordome accompagne les invités. «Je suis d’abord et avant tout chauffeur de service. Je me glisse ensuite à table, mais je ne bois pas d’alcool et je reste discret. Je fais en sorte que tout se passe bien», raconte le majordome. «Les périodes de vacances de mes employeurs sont particulièrement éprouvantes. Je peux m’estimer heureux quand je peux dormir 20 heures par semaine. Mais ça ne me dérange pas. J’ai un bon employeur, je fais mon travail avec plaisir.»


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manger un toast avec du caviar. Quinze minutes de travail pour ensuite retourner rapidement au lit.» Chaque invité a des souhaits particuliers, mais nous retrouvons certains points communs, racontent les chefs. «Mes préférés sont les Européens. Ils aiment la fine cuisine et ils apprécient les repas gastronomiques. Les Américains sont fans de choses simples comme les hamburgers. D’un point de vue culinaire, ce n’est pas vraiment un défi», explique Standaert. «Ils sont cependant très reconnaissants et exagérément enthousiastes. Avec eux, tout est ‘fantastic’ ou ‘amazing’», ajoute Barrezeele. «Mon capitaine préfère les Américains car ils laissent de gros pourboires», confie Standaert. Alors que les Européens donnent en moyenne 10% de «tip», les Américains vont jusqu’à 20% en plus des frais courants. Il n’est pas inhabituel que les invités versent 70.000 euros sur un compte bancaire séparé pour couvrir les dépenses pour l’amarrage, le carburant, la nourriture et les boissons. «Souvent, à la fin de la semaine, les invités nous disent: gardez le reste pour l’équipage.» À bord, les chefs ont carte blanche pour décider des menus, mais ils sont aidés par des «preference sheets», que les invités rem-

«Si vous avez une famille à bord, vous préparez de la pizza pour les enfants. Si c’est un groupe d’amis, vous prévoyez davantage de zakouskis à l’apéritif. Il faut tout le temps improviser et tenter de deviner les préférences des clients.» Nikolaas Barrezeele, chef

plissent au préalable, et par des considérations pratiques. «En réalité, nous devons penser à tout avant de quitter le port. Lorsque nous sommes en mer, nous ne pouvons pas nous rendre au supermarché pour acheter du caviar ou du filet pur», explique Barrezeele. «Nous avons besoin d’énormes quantités. Avec 11 membres d’équipage et dix invités, nos deux grands frigos et notre congélateur ne sont pas superflus», ajoute Standaert. «C’est aussi essentiel de se renseigner pour savoir sur quelles îles il est possible de trouver quels magasins. Dans pratiquement tous les ports, je connais des gens qui peuvent me dire où trouver les meilleurs ingrédients.»


FABRIQUÉE DANS L’ATELIER DE VISPRING À PLYMOUTH LA NOUVELLE ÉDITION LIMITÉE LANA REND HOMMAGE À DES GÉNÉRATIONS D’ÉLEVEURS DE MOUTONS EXMOOR HORN ET D’ARTISANS PASSÉS MAÎTRES DANS L’ART DE CONFECTIONNER DES LITS VISPRING COM BELGIQUE : AARSCHOT Beets Pa eet ANVERS Chark BRUXELLES A l’Univers du Sommeil EDEGEM Bedtime ESSEN Bedtime HASSELT Reyskens Slaapcomfort HEERS 2-Sleep Luxury Bedding HOESELT Crommen Slaapcomfort IZEGEM Top Interieur KNOKKE Chark COURTRAI De Nachtwacht LINKEBEEK A l’Univers du Sommeil MASSENHOVEN Top Interieur OVERIJSE A l’Univers du Sommeil RHODE-SAINT-GENESE Sleeping House SAINT-DENIS-WESTREM Twaalf Twaalf SAINT-NICOLAS Middernacht TERNAT A l’Univers du Sommeil UCCLE Maison Amélie LUXEMBOURG : STRASSEN Maison du Lit WEISWAMPACH Thommessen Interieurs


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«Je me laissais aussi beaucoup inspirer par le lieu. Bien entendu, beaucoup de poisson frais étant donné que nous étions constamment en mer. Lorsque nous mettions le cap sur la Sicile ou l’Italie, je choisissais plutôt des produits italiens», raconte Barrezeele, qui a travaillé pendant longtemps sur un yacht de location et adaptait son style de cuisine aux invités. «Si vous avez une famille à bord, vous préparez de la pizza pour les enfants. Si c’est un groupe d’amis, vous prévoyez davantage de zakouskis à l’apéritif. Il faut tout le temps improviser et tenter de deviner les préférences des clients.» Même son de cloche chez Standaert qui joue lui aussi la carte du changement. «Italien, espagnol ou mexicain, ou même parfois indien. Souvent, je prépare un buffet car la plupart des invités ne sont pas toujours demandeurs de repas gastronomiques. Il ne faut pas nécessairement être formel. Ils ont surtout envie de se sentir comme à la maison.» Tout pour les invités. C’est la règle à bord d’un yacht, où les membres d’équipage mènent une vie éreintante. Des journées de travail entre 16 et 18 heures sont plutôt la règle que l’exception. Et ce, à un rythme effréné. Pendant la saison des vacances, les chefs passent parfois cinq mois loin de chez eux. «Lorsque vous démarrez, vous savez que ce sera intense», explique Barrezeele. «Je me nourrissais d’adrénaline, de l’excitation à l’idée de faire de nouvelles choses. Le revers de la médaille, c’est que vous vivez avec l’équipage sur une surface minuscule, vous dormez pendant des semaines dans des lits superposés et vous n’avez pas de vie sociale.»

De longues journées de travail En contrepartie, les salaires sont plutôt élevés, sans compter les pourboires. «Vous gagnez bien votre vie, mais si vous travaillez 16 heures par jour en Belgique, vous gagnez autant. Ce sont surtout les pourboires qui rendent le travail sur un yacht intéressant», confie Standaert, qui en est à sa quatrième année à bord d’un bateau. «Le principal avantage est que vous êtes en permanence à bord, et donc vous ne dépensez rien», ajoute Barrezeele. Les deux chefs sont d’accord sur un point: ce n’est pas un travail que l’on fait pendant des années, à cause de son impact sur la vie privée. «Je ne suis pas loin de vou-

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LA VIE SUR UN YACHT >> Pieds nus:

Lorsque vous montez à bord d’un bateau, vous devez presque toujours ôter vos chaussures. «C’est une règle non écrite que d’être toujours pieds nus», explique Nikolaas Barrezeele. «Dans la cuisine, nous portons cependant des chaussures spéciales.» >> Le capitaine

est le chef.

«Ce sont surtout les pourboires qui rendent le travail sur un yacht intéressant.» Michiel Standaert, chef

loir m’arrêter», poursuit Standaert, «en particulier parce que ma compagne travaille dans un tout autre secteur et que cela devient trop difficile. Non, je ne pense pas trouver meilleur endroit pour travailler. Par exemple, lorsque le propriétaire est à bord, il arrive que nous allions plonger ensemble. Ces extras nous donnent quelquefois le sentiment d’être en vacances». Nikolaas Barrezeele, qui a fait ses adieux au monde des yachts de luxe en 2017 et est devenu «chef à domicile» via son entreprise Rust Private Dining, revient sur sa carrière «maritime» avec nostalgie. «Se lever le matin, enfiler son short et sa veste de chef, se rendre dans le port pour acheter des viennoiseries, préparer le petit-déjeuner et ensuite tailler une bavette avec les invités: tout cela me manque. Cuisiner est la chose que j’aime le plus au monde et en particulier dans des endroits magnifiques en mer.» ■

Même si vous êtes le propriétaire du bateau, vous ne pouvez pas décider de tout. «Le capitaine est toujours responsable. Lorsqu’il dit ‘Je ne prends pas la mer pour la sécurité des invités et de l’équipage’, c’est comme ça. Fin de la discussion», se souvient Barrezeele. >> Les Belges au top.

Nous sommes peut-être peu nombreux, mais les travailleurs belges sont appréciés dans l’univers des yachts. «Nous avons la réputation d’être très travailleurs et nos connaissances linguistiques sont un atout. Les Belges parlent couramment le français, l’anglais et l’allemand, ce qui nous fait une solide réputation dans le secteur», conclut Barrezeele.


PUBLIREPORTAGE

Une expertise unique au service de

votre patrimoine Pourquoi l’approche Private Banking et Wealth Management de Deutsche Bank est-elle unique en Belgique ? Rencontre avec Vincent Verhulst et Tony Dejonghe, Co-Heads of Private Banking et Gilles Staquet, Head of Wealth Management chez Deutsche Bank.

Avant toute chose : une histoire de personnes Jamais une banque n’aura été aussi proche de ses clients. Vincent Verhulst : “Bien avant l’as­ pect conseil, ce qui nous guide, c’est le côté hu­ main du Private Banking et le temps que nous y consacrons. Dans notre vision, la stabilité de la relation entre le client et son conseiller privé est cruciale, dans l’intérêt du client, mais aussi de sa famille. Avoir une très bonne connaissance des familles, de leurs activités, de leurs projets est un must pour offrir le conseil le plus approprié à la situation du moment et celle à venir. Ensemble, nous concevons soigneusement un plan qui cible leurs besoins spécifiques et nous les accompa­ gnons pour assurer la réussite du transfert de leur patrimoine, en alliant harmonie familiale et préparation de la jeune génération. Notre force est aussi de pouvoir nous appuyer sur des équipes locales et internationales d’experts en planning patrimonial, en structuration de porte­ feuilles et en investissements”.

Une gestion sur mesure Deutsche Bank propose des solutions spéci­ fiques à ses clients. Si la gestion discrétion­ naire fait évidemment partie des possibilités, Deutsche Bank propose également plusieurs formules de conseil en investissement qui, elles aussi, tirent tout bénéfice de la taille du Groupe Deutsche Bank. À qui s’adresse cette solution ?

Tony Dejonghe : “Il s’agit d’un modèle dans le­ quel le client est pleinement acteur. Selon son profil, les recommandations de nos experts et ses propres convictions, il prend les décisions finales d’investissement. Il peut ainsi choisir très précisément les instruments dans lesquels il souhaite investir. ” Ces différents modèles, gestion discrétionnaire et conseil en investisse­ ment, sont accessibles aux particuliers, comme aux entreprises, avec le leitmotiv historique de Deutsche Bank : transparence et coût maîtrisé.

Des équipes de recherche économique partout dans le monde Grâce à la présence de Deutsche Bank sur tous les marchés mondiaux et à l’étendue de ses équipes de recherche, les clients bénéficient d’une expertise unique sur le marché belge. Vincent Verhulst : “Grâce à notre présence au plus près des marchés, nos stratégistes ont une vision réellement globale des perspec­ tives économiques et d’investissement. Cette omniprésence permet de réagir rapidement et de façon adéquate dans les portefeuilles de nos clients belges. Par exemple, il y a quelques mois, Deutsche Bank a été l’une des premières banques à prévenir que les anticipations du marché concernant l’inflation étaient en­de­ çà de ce qui allait se produire. Au niveau local, cette perspective nous a permis d’adapter les portefeuilles en gestion discrétionnaire et de

les préserver au mieux des hausses de taux qui se sont ensuite concrétisées. ”

Wealth Management : l’accès aux services mondiaux de Deutsche Bank Le département Wealth Management de Deutsche Bank en Belgique se forge une répu­ tation en proposant des solutions pour les problématiques les plus complexes des clients. Gilles Staquet : “Notre service Wealth Manage­ ment s’adresse aux patrimoines les plus sophisti­ qués et aux familles industrielles qui continuent d’entreprendre, avec une approche sur mesure et un accès à l’ensemble des expertises du groupe Deutsche Bank, notamment au sein de la banque d’investissement. Notre objectif est d’être la banque des entrepreneurs familiaux, avec des solutions pour leurs besoins privés et professionnels, des capacités de financement, un accès transparent aux marchés de capitaux, à la recherche et à nos idées d’investissement, tout cela à des tarifs d’institutionnels. ”

Vous souhaitez découvrir ce que notre approche signifierait pour vous ?

Contactez­nous à l’adresse privatebanking.belgium@db.com et notre équipe viendra à votre rencontre.

Ces informations ne constituent pas un conseil d’investissement. Le contenu du présent article est fondé sur la législation en vigueur au moment de la rédaction. Cette législation peut être modifiée à tout moment. — Toute décision d’investissement doit être basée sur le prospectus et sur les informations essentielles de l’investisseur, et être conforme à votre Financial ID. — Deutsche Bank AG, Taunusanlage 12, 60325 Frankfurt am Main, Allemagne, HR Frankfurt am Main, HRB nr. 30000. Deutsche Bank AG Succursale de Bruxelles, avenue Marnix 13-15, 1000 Bruxelles, Belgique, RPM Bruxelles, TVA BE 0418.371.094, IBAN BE03 6102 0085 7284, IHK D-H0AV-L0HOD-14. E.R. : Olivier Delfosse


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An Lammens, winners adviser de la Loterie nationale: «Nous ne divulguons jamais les noms des gagnants».

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«AUCUN GAGNANT DU LOTTO N’ACHÈTE UNE PORSCHE OU UNE FERRARI» Ceux qui remportent le gros lot au Lotto ou à l’EuroMillions ne sont pas abandonnés à leur sort. La Loterie nationale met à leur disposition une équipe pour les accompagner et les aider à «s’habituer à leur nouvelle vie». Beaucoup craignent la réaction des voisins.

TE X TE: PIETERJAN NEIRYNCK PHOTOS: WOUTER VAN VOOREN

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ous sommes en mars 1998. Un samedi soir, Geert (30 ans, délégué commercial) remporte le Lotto avec sa femme, puéricultrice. Avec 20 millions de francs belges (500.000 euros), ils peuvent se considérer comme des grands gagnants. Le lundi matin, le couple est reçu au siège central de la Loterie nationale, à Bruxelles. «Après un week-end qui nous a semblé interminable, nous nous sommes rendus à un guichet qui ressemblait à un bureau de poste, où nous avons été reçus brièvement. On nous a offert un verre de champagne pendant que le chèque était préparé», se souvient Geert. «Après une demi-heure, nous nous sommes retrouvés dans la rue, un peu perdus. Heureusement, notre banque nous a ensuite aidés à gérer la situation.» An Lammens n’est pas étonnée lorsque nous lui racontons cette anecdote. Cela fait près de 20 ans qu’elle travaille pour la Loterie nationale, d’abord en tant que porte-parole et, depuis 18 ans, comme «winners adviser». «Nous avons précisément créé cette fonction pour éviter ce genre de situation», explique-t-elle en souriant. «Les gagnants nous contactaient régulièrement avec des ques-

«Ma première question est toujours: ‘Avez-vous bien dormi?’ Et la réponse est systématiquement ‘Non’.» An Lammens, winners adviser, Loterie nationale

tions.» À la Loterie nationale, personne ne se préoccupait d’eux. «C’est pourquoi j’ai proposé de mettre en place un accompagnement plus professionnel.» Seuls les grands gagnants – qui remportent plus d’un million d’euros au Lotto ou à l’EuroMillions – sont reçus par Lammens dans une discrète «salle des gagnants». Après vérification de leur billet – «de nombreux gagnants versent des larmes lorsque je leur confirme leur gain» –, An Lammens prend le temps de discuter avec eux. «Ma première question est toujours: ‘Avez-vous bien dormi?’ Et


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la réponse est systématiquement ‘Non’. Ils sont dans tous leurs états, n’ont pas pris de petit-déjeuner et n’ont pas l’habitude de se déplacer dans Bruxelles. Lorsqu’ils arrivent enfin chez nous avec leur billet gagnant, ils se libèrent tout d’un coup de l’énorme poids qui pesait sur leurs épaules.»

Ne rien dire à personne En réalité, cet accompagnement commence plus tôt, quasi immédiatement après l’annonce de la répartition des gains. «La plupart du temps, je leur parle au téléphone après le tirage. Ensuite, je tente de les convaincre de ne dire à personne – y compris à leurs enfants et à leurs meilleurs amis – qu’ils ont gagné une grosse somme d’argent», poursuit Lammens. «C’est radical, oui, mais nécessaire. Imaginez qu’un couple gagne le gros lot et le raconte aux enfants et beaux-enfants. Dans ce cas, il est probable que les beaux-enfants le diront à leurs parents. La plupart du temps, il n’y a aucun lien réel entre eux et les gagnants et la nouvelle peut donc se propager très rapidement.» Geert et sa femme n’ont jamais raconté cette expérience particulière à leur fils. «Cela fait maintenant 24 ans et il n’est toujours pas au courant. Il a reçu tout ce dont il avait besoin et ne s’est jamais posé de questions parce que nous n’en avons jamais fait étalage», explique-t-il. Lammens opine de la tête. «En règle générale, nous conseillons d’attendre au moins trois semaines avant d’en parler à qui que ce soit. Ceux qui souhaitent ensuite en informer leurs amis ou la famille peuvent bien entendu le faire. Mais après trois semaines, la plupart des gagnants ont retrouvé leurs esprits et ne souhaitent en parler à personne.» Cet anonymat n’est pas un luxe superflu, indique Lammens, qui sait de quoi elle parle. «Lorsqu’en 2017, il a été annoncé qu’un Bruxellois avait remporté 168 millions d’euros à l’EuroMillions, nous avons été assaillis de coups de fil et de lettres nous demandant de pouvoir entrer en contact avec le gagnant», se souvient Lammens. Bien entendu, la Loterie nationale n’y a pas donné suite. «Si vous annoncez que vous avez gagné, tout le monde viendra frapper à votre porte pour vous raconter les histoires les plus dramatiques et les plus touchantes. Les gens trouvent normal que vous partagiez, parce que l’argent tombe tout simplement du ciel.» La Loterie nationale se coupe en quatre pour protéger les gagnants. En dehors de Lammens, de son équipe de deux per-

Chaque semaine, la Loterie nationale accueille entre 20 et 30 heureux élus, ouvriers, chirurgiens ou notaires. An Lammens, winners adviser, Loterie nationale

sonnes et du directeur qui approuve le paiement, personne à la Loterie nationale ne connaît leur nom. Lorsqu’ils se rendent au siège social rue Belliard à Bruxelles, les heureux gagnants peuvent entrer en toute discrétion via le garage souterrain. Et les questions indiscrètes des journalistes sont rejetées sans ménagement. «Un jour, nous avons dû renvoyer un photographe qui s’était positionné de l’autre côté de la rue pour prendre une photo de chaque personne entrant dans le bâtiment, dans l’espoir que le gagnant se trouve parmi elles. Mais heureusement, ils étaient entrés par le garage.» Cette discrétion n’est pas respectée par toutes les Loteries. Au Royaume-Uni, The National Lottery adopte plutôt un point de vue marketing en encourageant les gagnants à se placer sous les feux des projecteurs. Lorsque leur photo – avec le chèque – est publiée dans les journaux, cela illustre la façon dont la Loterie permet de réaliser les rêves. «C’est de la bonne publicité», estime Lammens, qui a suivi une formation auprès de la National Lottery. «Mais pour nous, les intérêts des gagnants passent avant tout le reste.» Les gagnants viennent de tous horizons. Chaque semaine, la Loterie nationale accueille entre 20 et 30 heureux élus, ouvriers, chirurgiens ou notaires. Ou, comme récemment, un transmi-


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grant africain qui a gagné 250.000 euros avec un billet à gratter, mais à propos de qui Lammens – à cause du caractère délicat de sa situation – n’est pas autorisée à fournir le moindre commentaire. «Il s’agit vraiment d’un échantillon représentatif de la population, car chaque Belge joue un jour ou l’autre au Lotto. Parfois, c’est même presque une affaire de famille, la combinaison de jeu étant transmise aux enfants», explique Lammens, qui a remarqué une «surreprésentation» de pensionnés. «C’est logique, car le Lotto existe depuis plus de 40 ans. De nombreux joueurs ont grandi avec lui. La plupart des jeunes préfèrent l’EuroMillions.»

Pas de folies Ceux qui se voient créditer quelques millions d’euros sur leur compte bancaire ne font généralement pas de folies, nous apprend Lammens. «Personne n’achète une Porsche ou une Ferrari, ce qui est logique s’ils veulent rester discrets. De nombreux Belges ont peur de ce que penseront les voisins. Je pense que c’est typiquement belge», ajoutet-elle. «La plupart des gagnants modifient leur style de vie très progressivement afin de ne pas attirer l’attention. Lorsqu’ils partent en vacances, ils s’offrent un peu plus de luxe. Ceux qui achètent un appartement à la Côte pourront se permettre un plus bel endroit. Et lorsqu’on leur pose la question, la plupart répondent qu’ils ont hérité. Souvent, ce n’est même pas un mensonge.» Déménager dans le sud de la France, s’arrêter de travailler ou faire le tour du monde. Ce sont des exemples de projets cités par les joueurs lorsqu’on les interroge sur ce qu’ils feraient s’ils gagnaient le gros lot. «Personne ne déménage», poursuit Lammens. «Les problèmes pratiques sont trop nombreux. Si vous voulez déménager en France, vous devez emmener vos enfants loin de leur environnement familier. Ou abandonner vos parents qui ne rajeunissent pas. Ce sont des considérations sans lien avec la situation financière.» Les rêves qui sont réalisés se situent plutôt dans le champ professionnel. «Une personne qui n’aime pas son travail verra immédiatement l’occasion d’y remédier. Je me souviens d’une gagnante qui avait rêvé toute sa vie d’ouvrir un magasin de chaussures. Les quelques millions d’euros qu’elle a gagnés lui ont donné le coup de pouce nécessaire pour se lancer. Ce sont les plus belles histoires», confie Lammens.

Des gagnants reconnaissants On pourrait penser que la Loterie nationale ne reçoit que des gens reconnaissants. C’est souvent vrai, confirme Lammens, mais il y a toujours des exceptions. «Il y a environ cinq ans, le jackpot était de trois millions, à partager entre trois gagnants. Le premier qui nous a contactés était fâché. ‘J’ai gagné? Non, j’ai perdu deux millions d’euros’, estimait-il. Vu qu’il refusait de voir le bon côté des choses, j’ai mis fin à notre discussion. Nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. Les deux autres gagnants étaient très heureux.» La dernière étape – et peut-être la plus cruciale – est de décider qui gèrera le montant gagné. Là aussi, Lammens et ses collègues ont un rôle à jouer, sans toutefois donner des

QUID DU FISC? Si vous gagnez au Lotto, à l’EuroMillions ou avec un billet à gratter, vous ne devez rien payer au fisc. «Vous n’êtes pas taxé sur vos gains», explique Jean-Nicolas David, CFO de la Loterie nationale. «Il s’agit de montants nets qui ne doivent pas être déclarés sur votre fiche fiscale.» Aux ÉtatsUnis, où le jackpot est souvent beaucoup plus élevé qu’en Europe, les gains sont taxés.

conseils explicites. «Nous conseillons toujours aux gagnants de s’adresser à un banquier privé. Souvent, il y a un seuil d’accès, mais les gestionnaires patrimoniaux sont ceux qui ont le plus d’expérience avec les gros montants. De plus, ils comprennent les sensibilités et les souhaits des gagnants, comme la discrétion.» Suite à de mauvaises expériences avec les grandes banques, Lammens estime que ce n’est pas une bonne idée de pousser la porte du directeur de son agence bancaire. «Un jour, le banquier d’un petit village a commencé à raconter partout qu’un ‘homme avec un fils handicapé’ avait gagné au Lotto. Il n’a cité aucun nom, mais tout le monde savait bien entendu de qui il s’agissait. C’est pourquoi nous conseillons toujours de s’adresser à un banquier privé», poursuit Lammens. Et ensuite? L’accompagnement des gagnants prend-il fin un jour? «Cela dépend. Certains gagnants ne donnent plus jamais de nouvelles, d’autres gardent le contact. Certains nous envoient une carte postale depuis un pays lointain lorsqu’ils se décident à faire un grand voyage. Mais je connais aussi un gagnant qui nous appelle chaque année à la date anniversaire du jour où il a gagné», ajoute Lammens. «C’est très chouette. Il nous raconte que tout va bien pour lui et sa famille. En tant que Loterie nationale, nous avons le devoir d’aider nos gagnants à s’habituer à leur nouvelle vie. En fait, je ne suis qu’une super assistante sociale», conclut-elle en riant. ■

LA LOTERIE NATIONALE EN CHIFFRES

168.085.323

60/40

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En Belgique, un gagnant a remporté plus de 168 millions à l’EuroMillions. Un record pour notre pays.

Tout est basé sur le hasard. Résultat: certaines années, le Lotto compte plus de gagnants en Flandre qu’en Wallonie, et vice-versa. Sur plusieurs décennies, le ratio entre la Flandre et la Wallonie est de 60/40.

Le plus jeune gagnant du Lotto (d’un montant supérieur à un million d’euros) avait 21 ans et le plus âgé 90 ans.


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“L’impôt sur la fortune compromet l’esprit d’entreprise et le succès financier” Cinq des sept partis du gouvernement fédéral sont favorables à l’introduction d’une “taxe sur les riches” afin de contribuer à freiner la hausse des prix de l’énergie et la flambée de l’inflation, notamment. Mais pour les personnes qu’elle concernerait, cette taxe serait loin d’être équitable.

Un impôt d’un pour cent sur tous les patrimoines supérieurs à un million d’euros: telle est la proposition du président du PS, Paul Magnette. L’objectif? Donner un coup de pouce solidaire au pouvoir d’achat dans notre pays. Quatre autres partis politiques y sont déjà ouverts ou ont élaboré des propositions similaires visant à accroître la contribution à l’économie des entreprises rentables et des personnes disposant d’un patrimoine important. “Cette proposition témoigne d’un manque de vision à long terme”, déplore Maarten Rooijakkers, administrateur délégué du gestionnaire d’actifs CapitalatWork Foyer Group SA. “Contrairement à l’idée reçue, détenir un patrimoine financier supérieur à la moyenne n’a rien de honteux. La plupart de ces personnes ont travaillé très dur pour l’accumuler et ont versé des impôts et cotisations substantiels sur ce patrimoine. De plus, de nombreuses mesures ont été prises ces 10 dernières années pour que les personnes fortunées contribuent

davantage à l’économie. Pensez à l’augmentation de l’impôt à la source, à la taxe boursière qui ne cesse d’augmenter, à l’impôt sur les valeurs mobilières, à la TVA supplémentaire sur les services de gestion de patrimoine: c’est intenable.”

Mauvaise approche Non que les personnes aisées ne soient pas disposées à consentir des efforts en faveur de l’économie; beaucoup partagent l’avis que les épaules les plus solides doivent supporter les charges financières les plus lourdes. Ceci étant dit, cet “impôt sur les riches” va à l’encontre de l’esprit d’entreprise et de l’idée même de réussite financière. “C’est là que le bât blesse”, note Vincent Lambrecht, membre du comité exécutif de CapitalatWork SA. “Nos clients, qui se sentent visés, considèrent qu’il ne s’agit pas d’une taxation équitable, car ils ont déjà supporté une lourde charge financière pour constituer leur patrimoine. Dans la pratique,

"Les responsables politiques devraient se demander sérieusement si leur impôt sur la fortune ne risque pas de polluer le climat d'investissement dans notre pays.” VINCENT LAMBRECHT MEMBRE DU COMITÉ EXÉCUTIF DE CAPITALATWORK SA


Une initiative de

“Si la fiscalité est la solution, pourquoi un pays fortement taxé comme le nôtre n’est-il pas l'État membre le plus riche d'Europe?” MAARTEN ROOIJAKKERS ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE CAPITALATWORK FOYER GROUP SA

de base, avec un impôt supplémentaire sur la fortune limité. Hélas, les politiques actuels n’ont ni la vision ni le courage de s’y attaquer, et c’est bien regrettable.”

tout ceci mène à de grandes frustrations. “Si la fiscalité est la solution, pourquoi un pays fortement taxé comme la Belgique n’est-il pas l’État membre le plus riche d’Europe?”, s’interroge Maarten Rooijakkers.

Fuite vers l’étranger Certains clients de CapitalatWork envisageraient d’émigrer si un impôt sur la fortune était introduit. “Les capitaux et les investissements sont très volatils”, prévient Vincent Lambrecht. “Les responsables politiques devraient réfléchir attentivement à la question de savoir si un impôt sur la fortune ne va pas perturber le climat d’investissement et la sécurité juridique dans notre pays. Une quantité moins élevée d’argent serait injectée dans les entreprises belges et notre économie nationale, ce qui aurait un impact sur le taux d’emploi, entre autres.” Dans la plupart des cas, CapitalatWork conseille à ses clients de garder le sens des proportions. “Ceux qui veulent émigrer de Belgique à des fins fiscales

opteront pour une solution radicale, car dans la pratique, les contribuables doivent aussi être disposés à recommencer leur vie dans un pays étranger.”

Un système fiscal simplifié Heureusement, les personnes dotées d’un patrimoine important gardent généralement la tête froide. Dans le cadre de ce débat, CapitalatWork plaide en faveur d’un meilleur équilibre fondé sur une simplification complète de l’ensemble du système fiscal. De cette manière, les gains d’efficacité en matière d’administration et de contrôle seront légion. “Si vous supprimez les échappatoires et les petites mesures cumulatives, notre système fiscal deviendra plus clair, plus transparent et plus efficace pour tous”, indique Maarten Rooijakkers.“ Ce qui permettrait d’aboutir à une solution nettement plus équilibrée, durable et équitable. Par exemple via la création d’un impôt forfaitaire où chacun paierait le même taux d’imposition

Dans ce contexte, Vincent Lambrecht fait également référence à la taxe sur la spéculation, qui a été introduite à la hâte avant d’être supprimée. “À l’époque, les contribuables devaient s’acquitter de 33% d’impôt sur les plus-values réalisées sur la vente d’actions cotées en Bourse dans les six premiers mois suivant l’achat. Cette taxe a été abandonnée au bout d’une année seulement car le système nécessaire à sa mise en place était plus coûteux que le produit qu’on pouvait en espérer. Le nombre de transactions boursières a diminué de manière significative et, partant, le produit de cet autre impôt sur les actifs mobiliers: la taxe boursière. En fin de compte, la taxe sur la spéculation a entraîné une perte nette de recettes pour le trésor public.” Selon Vincent Lambrecht, les politiques prennent par ailleurs trop de décisions à l’emporte-pièce. Il préconise au contraire de s’attaquer au système juridique dans son ensemble. “Ce serait une carte de visite plus intéressante à présenter à l’étranger.”

Débat ouvert Reste à voir si cet impôt sur la fortune sera effectivement introduit dans un avenir proche. Ces dernières années, l’impôt sur la fortune ou sur la plus-value a été souvent évoqué comme une solution au déficit budgétaire. “Cette approche s’inscrit dans une recherche de sources de revenus rapides et, bien entendu, ces mesures bénéficient d’un large soutien au sein de la société”, conclut Maarten Rooijakkers. “Rien de concret n’a toutefois été défini à ce stade. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve, mais il faudra de toute façon en discuter de manière approfondie. Nous appelons chacun à mener ce débat de la manière la plus large et la plus équilibrée possible.”


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AVEZ-VOUS L’ÂME D’UN

CAPITALISTE? L De plus en plus d’entrepreneurs se tournent vers le Private Equity. Ces dernières années, l’offre d’actions non cotées a sensiblement augmenté. Dans quel contexte ce type d’investissement est-il intéressant et que faut-il faire avant de lancer un fonds ou d’y investir? TEXTE: LIEVEN DESMET

e Private Equity (PE) – littéralement, actions privées – désigne les investissements réalisés en dehors du marché boursier. Les investisseurs placent des capitaux dans des entreprises et dans d’autres actifs comme les infrastructures. Les investissements en PE peuvent être de différents ordres de grandeur. Les «leveraged buy-outs» remportent la palme, avec des grands fonds de PE qui y injectent des millions voire des milliards de dollars. Ces fonds sont plutôt réservés aux grands investisseurs institutionnels, comme les fonds de pension et les compagnies d’assurance. De l’autre côté du spectre, les investissements en «venture capital» (capital-risque) ne lèvent que quelques centaines de milliers d’euros de capitaux. Ils sont plutôt destinés aux individus qui mettent eux-mêmes leur argent au travail. Chez nous, il s’agit de riches entrepreneurs comme Marc Coucke (Alychlo) ou Filip Balcaen (Baltisse). Ces ultra-riches disposent d’une structure professionnelle et développent leur propre stratégie d’investissement. Vu que les capitaux leur appartiennent, ils ne doivent rendre de comptes à personne, ce qui leur garantit une totale liberté d’action. Ce ne sont donc pas à proprement parler des fonds de Private Equity, même s’ils se comportent de la même façon. L’objectif final est aussi le même: obtenir une plus-value sur l’investissement initial. C’est possible, entre autres, en développant l’entreprise par le biais d’acquisitions, en la vendant ou encore en la faisant coter en bourse.

CRÉER SON PROPRE FONDS? Les investissements dans des sociétés non cotées ont le vent en poupe. «En Belgique, le nombre d’initiatives a bondi en quelques années», explique Philippe Rens, associé chez Argo Law. «Les inves-


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tisseurs sont à la recherche d’alternatives aux marchés d’actions et à l’immobilier. C’est ce qui explique la forte augmentation du nombre de fonds, tant de PE que de venture capital. Les levées de fonds se déroulent généralement bien. Le terrain est manifestement propice.» Ces dernières années, le nombre d’entrepreneurs ayant créé leur propre fonds d’investissement est également en hausse. Au cours des dix dernières années, des dizaines d’initiatives ont vu le jour, comme Smile Invest d’Urbain Vandeurzen (ex-LMS), Fortino Capital de Duco Sickinghe (ex-Telenet) ou Smartfin Capital de Jurgen Ingels (Clear2pay). Ces fonds peuvent compter sur d’autres entrepreneurs comme Vic Swerts (Soudal), Gaëtan Hannecart (Matexi) ou Bernard Thiers (Mohawk/ Unilin), qui y investissent volontiers. Une étude menée par la Vlerick Management School révèle que les entreprises familiales préfèrent faire appel à des fonds d’investissement gérés par d’autres entrepreneurs familiaux plutôt qu’à des fonds d’acteurs traditionnels de PE pour financer leur croissance. «La majorité de ces fonds comptabilisent généralement entre 40 et 70 millions d’euros d’actifs sous gestion, avec des exceptions de plus de 100 millions d’euros», ajoute Philippe Rens. Dans le passé, ce cabinet d’avocats a contribué en tant que conseil à la création de plusieurs fonds comme Hummingbird Ventures (Barend Van den Brande) et We are Jane (de Conny Vandendriessche). Rens explique que la création de ces fonds implique plusieurs éléments. «Tout d’abord, il y a le volet juridique qui reprend toutes les informations sur le fonds, comme sa durée, sa stratégie d’investissement, la gouvernance, etc. Selon la façon dont votre fonds est organisé, vous avez parfois besoin de l’agrément de l’administration fiscale», poursuit Rens. «En Belgique, on opte souvent pour une pricav.» Les pricav privées sont des véhicules d’investissement où l’inscription aux droits de participation est réservée aux investisseurs privés qui souscrivent un minimum de 25.000 euros. Depuis l’entrée en vigueur, en mars 2018, de la loi de relance de l’ancien ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA), pour donner un coup de pouce au PE, ce véhicule remporte beaucoup de succès. «Avant d’investir en tant que pricav privée, la société doit s’enregistrer auprès du SPF Finances», poursuit-il. Ces fonds sont qualifiés d’«organismes de placement collectif alternatif» (OPCA) et doivent nommer un gestionnaire. Pour un Alternative Investment Fund Manager (AIFM), il y a deux possibilités, explique Philippe Rens. «Soit vous êtes un investisseur plutôt modeste et, dans ce cas, il suffit de vous enregistrer auprès de l’autorité des marchés financiers, la FSMA. Cette procédure est relativement simple.» Pour les plus grands fonds qui gèrent plus de 500 millions d’euros, il est

nécessaire d’obtenir l’autorisation de la FSMA. «Cette procédure est plus lourde, mais ces fonds sont relativement importants par rapport à la taille du marché belge et donc plutôt exceptionnels. Même si les choses sont en train d’évoluer.»

INVESTIR VIA UN FONDS Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de créer votre propre fonds. Ceux qui souhaitent investir dans le Private Equity peuvent se contenter d’acheter des parts dans un fonds. En fonction de leur structure, les fonds peuvent fixer un seuil d’accès pouvant aller de 100.000 à 125.000 euros. «Même si de nombreux fonds ont un seuil d’accès plus élevé», explique Geert Vastiau de Quaestor. Ce gestionnaire patrimonial flamand comptabilise près de 1,8 milliard d’euros d’actifs sous gestion. Ses clients sont en général des entrepreneurs ayant réussi et qui disposent de capitaux importants, ou des entrepreneurs ayant vendu leur société et qui souhaitent faire fructifier le produit de la vente. «Les entrepreneurs peuvent eux-mêmes chercher des fonds de Private Equity», estime Vastiau. «Ils prennent leurs propres décisions, mais il faut savoir que l’accès à certains fonds n’est pas évident, à cause notamment des seuils d’entrée. Pour les investisseurs individuels, ce n’est pas non plus toujours facile.» Dans ce contexte, les holdings cotés peuvent être une solution, même si vous vous heurtez souvent au fait que la valeur intrinsèque du portefeuille ne correspond pas toujours au cours de bourse. En outre, vous devez subir la volatilité des marchés. Les investissements dans des entreprises non cotées sont complémentaires aux investissements en bourse», poursuit Vastiau. «La valeur des sociétés cotées dépend du sentiment du marché et peut fluctuer fortement. Les sociétés non cotées sont moins volatiles et apportent de la stabilité dans les portefeuilles.»

Les riches entrepreneurs comme Marc Coucke (Alychlo) ou Filip Balcaen (Baltisse) disposent d’une structure professionnelle et d’une stratégie d’investissement qui leur est propre.

RÉPARTITION ÉQUILIBRÉE Pour qu’un portefeuille soit bien équilibré, Geert Vastiau estime qu’il faut disposer d’un minimum de 2,5 millions d’euros. «Dans ce cas, il est possible d’investir à la fois dans des actions et des obligations cotées et non cotées (respectivement Private Equity et Private Bonds). Ces dernières sont pour la plupart des emprunts subordonnés que nous octroyons à des PME ou à de grandes entreprises.» Le cadre juridique qui régit les investissements classiques en actions ou en obligations est différent de celui du


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Private Equity et des Private Bonds. «En cas de gestion discrétionnaire traditionnelle, le gestionnaire réalise les transactions au nom du client en tenant compte de ses souhaits et de son profil de risque», explique Vastiau. «Avec le PE, ils fournissent des conseils au cas par cas. Le client doit donner son accord Geert Vastiau, Quaestor pour chaque investissement.» Pour les fonds de Private Equity, Quaestor travaille avec ce que l’on appelle les fonds «feeder» (ou fonds nourriciers). Il s’agit de sociétés belges qui investissent individuellement dans un «master fund»: un fonds coupole qui comprend des investissements belges et étrangers. Au fil des ans, ces investissements se sont progressivement détourPhilippe Rens, Argo Law nés des secteurs traditionnels au bénéfice d’une meilleure diversification et d’une forme de spécialisation. «Nous constatons par exemple qu’ils investissent davantage dans des entreprises actives dans la digitalisation ou l’énergie.» Quoi qu’il en soit, vous avez intérêt à bien analyser votre fonds avant de vous lancer. Non seulement la documentation juridique, Freya Jorens, Argo Law la structure, la durée, la stratégie, etc. diffèrent pour chaque fonds, mais «les performances du fonds et les gestionnaires doivent également être passés au crible», poursuit Vastiau. Et il ne faut pas oublier le volet fiscal. «Vaut-il mieux investir en tant que personne physique ou via une entreprise?», ajoute Geert Vastiau. «La fiscalité doit être prise en compte si vous investissez dans un fonds étranger. La plupart des fonds belges sont organisés sous forme de pricav privée, ce qui leur permet de bénéficier d’une fiscalité relativement intéressante. Mais les fonds étrangers ne connaissent pas ce véhicule. Il faut aussi tenir compte des pays et régions où le fonds investit et des politiques fiscales locales. Investir dans plusieurs fonds étrangers via un fonds de fonds peut s’avérer un exercice très complexe.»

«Les sociétés non cotées sont moins volatiles et apportent de la stabilité dans les portefeuilles.»

«Les investisseurs cherchent des alternatives aux actions cotées et à l’immobilier.»

«Dans le pire scénario, vous pouvez tout perdre.»

PLUS DE COMPÉTITION ET DE RISQUES Il ne faut pas non plus sous-estimer les risques liés au Private Equity. Ces investissements ne bénéficient d’aucune garantie sur le capital et sur le rendement. «Dans le pire scénario, vous pouvez tout perdre», prévient Freya Jorens, associée chez Argo Law. «Les investissements dans le Private Equity sont également peu liquides. Il n’est pas facile de les vendre. En outre, les initiatives sont plus nombreuses qu’auparavant, ce qui rend le marché plus compétitif», souligne Jorens. «Cette recherche d’investissements en fait aujourd’hui un marché vendeur où les prix peuvent parfois être élevés.» Geert Vastiau fait une autre mise en garde: «Certaines initiatives ont été lancées par des personnes peu expérimentées.

Le PE étant très populaire, les fonds se vendent, mais j’attends de voir comment tout cela va évoluer». Quant à l’investissement lui-même, il peut être intéressant de se tourner vers le passé. Comment la valeur est-elle créée? «Ces dernières décennies, les fonds pouvaient facilement emprunter à un taux bas. Grâce au rendement des fonds investis, ils pouvaient sans problème rembourser les crédits et obtenir du rendement sans devoir intervenir au niveau des entreprises», explique Geert Vastiau. «Cette époque est révolue. À l’avenir, ces stratégies seront plus difficiles à mettre en œuvre. Les valorisations sont souvent élevées et l’époque des taux bas semble progressivement toucher à sa fin.» Pour Vastiau, le PE reste cependant avantageux par rapport aux actions cotées. «Ces fonds sont souvent beaucoup plus transparents que les entreprises cotées, du moins du point de vue de l’investisseur. Vous êtes aussi moins dépendant de la volatilité des marchés, ce qui peut être rassurant par les temps qui courent.» ■

2,5 millions Si vous désirez un portefeuille de Private Equity équilibré, vous devez y consacrer au moins 2,5 millions d’euros.


P U B L I R E P O R TA G E

Après l’intégration de BinckBank, Saxo Bank entend poursuivre sa croissance dans notre pays aussi, en concurrençant les gestionnaires d’actifs traditionnels avec une solution numérique.

Kim Fournais, PDG et fondateur de Saxo Bank

ID/ Katrijn Van Giel

Dieter Haerens, PDG de Saxo Bank Belgique

ID/ Katrijn Van Giel

« Les Belges paient encore au moins 1 % de trop par an pour la gestion de leurs actifs. »

Profil de Saxo Bank // A l’origine, banque en ligne danoise pour les investisseurs. // Fondée en 1992. // Offre des solutions de gestion autonome d’investissements en direct (« Négocier ») et de gestion d’actifs par des experts (« Faire gérer ses investissements »). // Rachat de BinckBank en 2019. // Exerce ses activités dans 16 implantations dans plus de 160 pays. // 2 500 employés (50 en Belgique). // + de 820 000 clients. // + de 86 milliards d’euros d’actifs gérés. // Plus d’infos : www.saxobank.be et www.saxobank.be/gestiondactifs

La présente publication relève de la responsabilité de Saxo Bank et ne constitue pas un conseil d’investissement individuel ni une recommandation individuelle. Tout investissement n’est pas sans risque. Ainsi, un investissement dont le rendement attendu est élevé comporte généralement des risques élevés.

La collaboration BinckBank-Saxo Bank, qui se poursuit également dans notre pays sous la marque Saxo, constitue depuis trois décennies une locomotive de l’investissement en ligne. « Négocier », autrement dit, investir de manière autonome. C’est le nom que la banque a donné à ce concept depuis de nombreuses années. Cela dit, avec 16 implantations à l’échelle mondiale, le groupe est également en train de déployer une solution numérique innovante de gestion d’actifs par des experts : SaxoWealthCare. Le fondateur et PDG de Saxo, Kim Fournais, était récemment à Anvers pour expliquer ses ambitions aux clients, aux employés et à la presse. « Honnêtement, au début, j’avais du mal à croire que les Belges payaient encore autant pour la gestion de leurs actifs. Au moins 1 % de trop à notre avis. Sans la moindre compensation ni avantage en retour. Et assurément aucun rendement supplémentaire. » Le groupe perçoit des opportunités significatives de croissance en Belgique. Kim Fournais : « Il s’agit d’un marché de plus de 400 milliards d’euros d’actifs sous gestion en Belgique. Restituer 1 % de ce montant par an aux investisseurs représente la coquette somme de 4 milliards d’euros. En tant que banque d’investissement numérique spécialisée, nous pouvons donc indéniablement mettre quelque chose en place. » « Si vous économisez 1 % de frais par an sur un portefeuille d’un million d’euros qui rapporte en moyenne 5 % par an, après 10 ans, vous aurez gagné 15 %, soit tout compte fait, 150 000 euros de plus » Dieter Haerens, CEO de la banque pour la Belgique ajoute : « 1 % peut sembler insignifiant, mais grâce à l’effet des intérêts composés, la somme devient rapidement conséquente. Si vous économisez 1 % de frais par an sur un

portefeuille d’un million d’euros qui rapporte en moyenne 5 % par an, après 10 ans, vous aurez gagné 15 %, soit tout compte fait, 150 000 euros de plus. C’est déjà un beau budget pour vos enfants ou petits-enfants, vous ne trouvez pas ? Sur un portefeuille de 100 000 euros, c’est le prix d’une petite voiture. » Bien entendu, ce n’est pas seulement une question de frais moins élevés. Kim Fournais : « SaxoWealthCare nous permet de combiner le meilleur de nos trois décennies d’expertise dans l’investissement en ligne avec la puissance de notre technologie, une excellente plateforme numérique et des partenaires solides. Par exemple, nos experts sélectionnent les ETF de gestionnaires d’actifs renommés tels que BlackRock et Amundi. » Dieter Haerens : « Il s’agit d’automatiser et de numériser cette partie du processus d’investissement dans laquelle l’humain n’apporte pratiquement pas de valeur ajoutée, voire aucune. Cela fait gagner du temps à tout le monde et notamment à nos chargés de clientèle qui peuvent accompagner nos clients à travers des formations aux marchés financiers et développer ainsi des contacts de qualité avec notre clientèle. En effet, nous voulons que les clients comprennent vraiment ce qui se passe sans nécessairement devoir être eux-mêmes des experts. Notre approche réduit l’investissement aux choix les plus importants avec la possibilité de fixer facilement des objectifs et d’activer une protection du capital de l’ordre de 75% à 95 % du dépôt. L’époque où des banquiers privés grassement payés dans un bâtiment hors de prix et agitant des cuillères en argent dans leur café, s’expliquaient dans un jargon incompréhensible et répercutaient tous les frais aux clients, est à présent révolue. Nous préférons offrir du rendement aux clients plutôt que de leur faire supporter ce type de coût. »


OPULENCE VIENNOISE DANS LES SUITES ET DANS LA CAVE À VIN

LA CÉLÈBRE COLLECTION DE 60.000 BOUTEILLES DE V


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À Vienne, le palais Coburg est connu pour ses 33 suites luxueuses et pour avoir accueilli des négociations historiques, comme celles qui ont débouché sur l’accord iranien sur le nucléaire. Mais en sous-sol, les visiteurs doivent retenir leur souffle. Dans six caves à vin thématiques, le palais abrite 60.000 bouteilles – dont certaines vieilles de quatre siècles – d’une valeur totale de 20 millions d’euros. Le prix de certaines bouteilles peut atteindre 120.000 euros. Et oui, vous pouvez les déguster dans le restaurant étoilé du palais. TE X TE: STÉPHANE GODFROID PHOTOS: CHRIS POELZL

VIN DU PALAIS COBURG

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Des réunions diplomatiques se tiennent régulièrement dans les majestueux salons du palais Coburg.

L

’immense hall d’entrée du majestueux palais Coburg baigne dans un silence sacré. Pendant une courte visite «en surface», nous passons devant les 33 suites luxueuses – jusqu’à 165 m2, avec terrasse privée et sauna si le client le souhaite. Une des portes indique «Léopold Ier», une suite qui compte deux chambres à coucher. Le premier roi des Belges était le frère du prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, qui a fait construire ce palais entre 1840 et 1845, sur les vestiges des remparts de la ville datant du XVIe siècle. Un peu plus loin, on découvre son portrait et son arbre généalogique. Dans les salles richement décorées, aux fenêtres hautes donnant sur la ville, des tables et des fauteuils attendent la prochaine fête privée ou le prochain concert. «Les salles que nous traversons sont également utilisées pour les négociations avec l’Iran. Chaque salle accueille une délégation», explique notre guide sans la moindre émotion. En 2015, c’est au palais Coburg que l’accord historique sur le nucléaire iranien a été signé. Depuis lors, de nouvelles


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tentatives de redonner vie à l’accord sont régulièrement organisées ici. Retour dans le «lobby» pour la visite pour laquelle nous sommes venus à Vienne. Wolfgang Kneidinger m’accueille avec la prestance viennoise de circonstance. En tant que «head of wine», il gère une des plus grandes collections de vins au monde, un terrain de jeu à faire tourner la tête de tous les amateurs, situé plusieurs étages sous l’hôtel. Ou, comme il est écrit en lettres dorées au-dessus de la porte d’entrée de la cave médiévale: «Wein Archiv». «Wilkommen, suivez-moi.» Le propriétaire de l’hôtel et du restaurant palais Coburg est Peter Pühringer (voir ci-contre). Ce self-made-man milliardaire a racheté le palais Coburg complètement délabré en 1997, avec le rêve de constituer une énorme collection de vins. «Et c’est pour nous l’endroit idéal pour travailler», explique Kneidinger en riant. «Mais ne sous-estimez pas notre travail. Il dépasse l’idée romantique que l’on se fait lorsqu’on pense ‘grands vins’. Un des aspects les plus difficiles est de maintenir notre collection à un niveau élevé et sain et d’essayer de toujours faire mieux.»

Louanges internationales Les chiffres donnent le tournis. Répartie sur six caves thématiques, la collection compte près de 60.000 bouteilles, représentant environ 5.200 références. Si vous demandez à consulter la carte – ou plutôt,

«Nous nous concentrons sur une série de régions viticoles. Quelle que soit la façon dont on voit les choses, les goûts sont personnels. C’est donc pareil pour l’achat de vins.» Wolfgang Kneidinger, head of wine, palais Coburg

PETER PÜHRINGER, SELF-MADE-MAN MILLIARDAIRE Peter Pühringer (1942) est le fils d’un horloger autrichien. Après des études d’ingénieur civil, il a fait fortune dans le secteur de la construction. Au milieu des années 1970, Pühringer a livré à l’armée saoudienne des éléments en béton préfabriqués et, avec le produit de la vente, il a acheté des immeubles à appartements à Berlin. Il est également le fondateur du gestionnaire patrimonial autrichien ZZ Vermögensverwaltung, qui gère plusieurs fonds d’investissement. Avec le fonds ZZ1, Pühringer a impressionné en surperformant le marché pendant une longue période. Aujourd’hui, sa fortune est estimée entre 350 et 500 millions d’euros, ce qui fait de lui un des 40 Autrichiens les plus riches. En 1997, sa fondation privée, POK Pühringer, a acheté le palais Coburg et l’a transformé en hôtel. Le palais étant dans un état lamentable, il a pu l’acquérir pour une poignée d’euros. Mais sa restauration a coûté pas moins de 140 millions d’euros et a duré près de sept ans. Le propriétaire-investisseur, Peter Pühringer, désirait se constituer une énorme collection de vins. Avec les revenus de sa fondation, Pühringer soutient plusieurs projets éducatifs et culturels. Il a par exemple offert dix millions d’euros au chœur de jeunes «Les Petits Chanteurs de Vienne» pour la construction de sa salle de concert MuTh, dans le parc Augarten.


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le «livre des vins» – dans le restaurant deux étoiles ou au bar à vins, vous en aurez pour un bon moment. Il n’est pas surprenant que le «temple des vins» du palais Coburg ait été à plusieurs reprises couronné par des experts et publications internationales spécialisées. La valeur de la collection a été estimée à 20 millions d’euros, précise Kneidinger. Un millier de vins ne sont pas (encore) repris sur la carte. Ils ne sont pas à vendre, par exemple parce qu’ils sont trop exceptionnels. «Notre plus vieille bouteille date de 1727. Nous possédons également un double magnum de Lafite de 1865. Dans la cave Yquem, nous avons tous les millésimes depuis 1893. Nous en conservons certains en tant que ‘patrimoine’», ajoute Kneidinger. Les vins qui sont encore trop jeunes pour être bus ne figurent pas non plus sur la carte du restaurant et du bar. Pour éviter des «infanticides», comme le dit le jargon. «La conservation de ces vins exige d’importants investissements, mais cela en vaut la peine.» Pour le reste, Kneidinger s’en tient à sa devise: «Le vin est fabriqué pour qu’on en profite, pour être dans un verre. Je ne suis pas un grand fan des collections privées dont je sais que les vins ne seront jamais bus et dont les bouteilles sont utilisées comme faire-valoir», explique-t-il lorsque nous entrons dans la cave des vins du Nouveau monde et qu’il allume la lumière. Mes yeux tombent sur une pile de grands vins californiens: Screaming Eagle et Opus One. «De grands noms, oui», commente Kneidinger en riant. «Nous avons un jour organisé une dégustation à l’aveugle avec des bordeaux d’âge. Margaux, Lafite, etc. Le gagnant fut Opus One 1996. Phé-no-mé-nal.»

La carte des vins du palais Coburg et de son restaurant a été primée meilleure carte des vins au monde à plusieurs reprises.

Toutes les caves sont bien entendu contrôlées sur le plan de l’intensité lumineuse, de la température (maintenue à 13,5°C) et de l’humidité (90%). Car l’air circule dans la cave, y compris lorsque les portes sont fermées. Sinon, le bois pourrirait. Pour gérer la collection, Kneidinger utilise un système d’inventaire qui lui permet d’enregistrer et de trier toutes les données possibles et imaginables, comme les millésimes, les cépages, le pays d’origine, la région viticole, etc. «Il va de soi que je goûte chaque vin que j’ouvre pour un client ou une dégustation. Je tiens méticuleusement un registre de mes notes de dégustation. En outre, je passe en revue l’ensemble de la collection deux fois par an pour vérifier le nombre de bouteilles qu’il nous reste de vins arrivant à la fin de leur drinking window. Imaginez qu’il nous reste quatre bouteilles. Dans ce cas, je ne fais rien.


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La cave des vins du Nouveau monde.

Le head of wine Wolfgang Kneidinger, dans le palais Coburg de Vienne.

Mais s’il en reste 60, j’en informe notre équipe afin qu’ils mettent ces vins in the picture.» L’équipe des vins compte trois sommeliers et trois commis-sommeliers. «Il faut du temps pour véritablement apprendre à connaître cette collection», témoigne Kneidinger.

Le risque d’une mauvaise bouteille J’imagine qu’avec une telle collection, certaines bouteilles ne mûrissent pas correctement ou soient bouchonnées. Certains restaurants mentionnent, pour les vins chers, que le risque d’une mauvaise bouteille est à la charge du client. «Bon», soupire Kneidinger. «Je peux comprendre cette philosophie. Mon record est de cinq mauvaises bouteilles d’affilée à une table. Bouchonnées, oxydées. Ici, notre philosophie consiste à remplacer la bouteille.» «Il y a deux semaines, nous avons organisé une grande dégustation de bordeaux 1996 avec les mêmes assemblages du reste du monde. Tenez-vous bien: Latour, Figeac, Mouton Rothschild, Opus One et trois bouteilles Lafleur de Pomerol étaient bouchonnées. Après la dégustation, nous sommes allés au bar à vins et nous avons ouvert une bouteille de Conterno Barolo Riserva 1985… oxydée. Par contre, il y a six semaines, nous avons organisé une verticale de Romanée-Conti à partir de 1978. Toutes les bouteilles étaient en très bon état. That’s wine life!»

Politique d’achat Je demande prudemment si la gestion et l’élargissement de la collection de vins doivent tenir compte des résultats financiers de l’hôtel. «Non», répond Kneidinger sans hési-

tation. «Au sein du palais Coburg, la branche hôtelière et le département des vins sont totalement distincts. Lorsque vous passez la porte ‘Wein Archiv’, vous vous retrouvez dans mon domaine. La structure du management part du principe que je ne peux pas me laisser influencer par la gestion de l’hôtel et du restaurant.» Kneidinger m’emmène également découvrir une cave séparée contenant des vins autrichiens. Elle est entièrement meublée de verre et d’acier. «Lorsque j’ai vu ce verre pour la première fois, j’ai émis des réserves», explique-t-il. «Mais il s’agissait d’un symbole de transparence après le scandale du vin autrichien dans les années 1980.» L’achat de vins est fait autant que possible par l’équipe des vins directement auprès des producteurs. «Nous nous concentrons sur une série de régions viticoles. Quelle que soit la façon dont on voit les choses, les goûts sont personnels. C’est donc pareil pour l’achat de vins. Nous possédons une importante collection de vins autrichiens, avec un accent particulier sur les vins blancs doux. Idem pour l’Allemagne. Le Piémont, ainsi que la Bourgogne et la Champagne occupent une place importante dans notre collection. La Toscane un peu moins. Lorsque j’ai commencé à travailler ici il y a dix ans, la collection comptait plus de 70% de vins de Bordeaux. C’était exagéré. Les vins de Bourgogne et de la vallée du Rhône sont aujourd’hui plus présents dans la collection. Je me rends compte que l’Afrique du Sud mériterait une meilleure place», explique Kneidinger presque en s’excusant. Achète-t-il aussi des vins lors de ventes aux enchères? «Non, je ne suis pas du tout favorable à cette pratique. Je ne le fais jamais, ni à titre personnel ni pour le palais Co-

1.000 Un millier de vins ne sont pas (encore) repris sur la carte. Ils ne sont pas à vendre, par exemple parce qu’ils sont trop exceptionnels.


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PALAIS COBURG, LE CHÂTEAU DES ASPERGES

Le restaurant deux étoiles, où règne en maître le chef Silvio Nickol.

burg.» En revanche, il arrive que des vins provenant de caves privées viennent enrichir la collection. «Je ne cherche pas activement les caves privées à vendre, mais je vais voir à titre de curiosité lorsqu’une collection intéressante se retrouve sur le marché. Pour moi, il est important de savoir pourquoi la vente a lieu, qui est le propriétaire, à quoi ressemble la cave physiquement, etc. Ce sont ces éléments qui me convainquent d’acheter ou non une collection.» «Haha!», s’exclame Kneidinger lorsque nous passons devant une petite étagère de vins. «This is a funny story. Un collectionneur a réussi un jour à se procurer toute une série de Trockenbeerenauslese (vins doux, NDLR) auprès du gouvernement autrichien. Il s’agissait du stock que les viticulteurs devaient déposer obligatoirement pour faire contrôler leurs vins. Le gouvernement exigeait un échantillon de six bouteilles, qui n’étaient jamais toutes ouvertes. Et cette forme de collection s’est retrouvée dans une cave privée. Eh bien, ce sont des vins que vous ne trouverez nulle part ailleurs.» La carte des vins du Palais Coburg et de son restaurant a été primée meilleure carte des vins au monde à plusieurs reprises. Et de nombreux amateurs ont trouvé le chemin de cette adresse viennoise. Kneidinger approuve de la tête lorsque je lui demande si les affaires tournent bien. «Oh oui. J’ai remarqué que depuis la crise du coronavirus – et aujourd’hui avec la guerre en Ukraine – les riches aiment dépenser leur argent. Dans le restaurant, nous servons régulièrement des bouteilles de 1.000 euros. L’an dernier, nous avons vendu énormément de vieux vins. Lafite 1874, Lafite 1893, Madeira 1795, Madeira 1806, etc. Les gens ont plus que jamais envie de se faire plaisir, de s’offrir un cadeau avec une bonne bouteille pendant un bon repas.» ■

«Dans le restaurant du palais, les bouteilles à plus de 1.000 euros partent facilement. Les gens ont envie de se faire plaisir.» Wolfgang Kneidinger, head of wine du palais Coburg

De style néo-classique et conçu par l’architecte Karl Schleps, le palais Coburg a été construit de 1840 à 1845 par le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha. Le complexe se dresse sur les vestiges des fondations du XVIe siècle, au cœur du premier district, à proximité du Ring de Vienne. Les Viennois le surnomment par dérision «Spargelburg», le château des asperges, à cause de son portique central et de ses colonnes blanches. Le palais Coburg abrite aujourd’hui un hôtel de luxe de 33 suites, un restaurant (deux étoiles au Michelin) dirigé par le chef Silvio Nickol et une série de caves à vin uniques. L’hôtel organise des visites guidées et des dégustations sous la direction de sommeliers qui les emmènent à travers les 755 m2 «d’archives viticoles», qui comptent six caves thématiques: France, Nouveau monde, Ancien monde, Yquem, Champagne et Vins rares. L’hôtel propose également quatre formules «wine experiences». Une visite guidée avec dégustation de vins de Champagne coûte 1.890 euros pour un groupe de 12 personnes maximum. Vous aurez l’occasion de déguster sept grands crus champenois. INFORMATIONS PRATIQUES COBURGBASTEI 4 1010 VIENNE +43 1 518 180 PALAIS-COBURG.COM


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«VOUS AVEZ INTÉRÊT À ENTRAÎNER VOTRE ŒIL AVANT DE COMMENCER UNE COLLECTION D’ART» Vous avez à la fois l’envie et les moyens de démarrer une collection d’œuvres d’art, mais vous ne savez pas par où commencer? Benedicte Goesaert a la réponse. En tant qu’«artist liaison», elle aide les amateurs à développer leur collection. «Plus vous avez d’argent à votre disposition, plus votre espace de jeu est important. Mais les principes de base sont les mêmes: achetez surtout des œuvres qui vous correspondent.» TEXTE: KOEN VAN BOXEM PHOTOS: WOUTER VAN VOOREN

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n 2019, après huit années passées au sein de l’équipe de la galerie anversoise Zeno X Gallery, Benedicte Goesaert s’est lancée comme «artist liaison». «J’ai énormément appris dans la galerie, mais je sentais que le moment était venu d’élargir mon horizon. Dans une galerie, vous représentez les artistes et vous essayez de vendre leurs œuvres. En tant qu’artist liaison, je jette un pont entre l’art et les collectionneurs. Aujourd’hui, je travaille de façon beaucoup plus indépendante. Plus libre également. Je ne fais plus véritablement de la vente.» «No pressure», ajoute-t-elle, comme le titre de l’exposition dont elle est commissaire au Casttl, à Anvers, avec des œuvres des collections des artistes Carla Arochat, Stéphane Schraenen et Luc Tuymans.

«C’est très intéressant de voir ce que les artistes collectionnent eux-mêmes», raconte-t-elle pendant la visite de l’exposition. Goesaert voulait devenir archéologue, mais est finalement devenue experte en art contemporain. «Quand j’étais enfant, j’ai trouvé dans un pré les ossements d’un animal. Je pensais qu’il s’agissait d’un dinosaure, mais c’était juste une vache. Mais mon intérêt pour la nouveauté et l’inconnu était déjà bien présent. De là, il n’y avait qu’un petit pas à franchir pour arriver à l’art contemporain.» Aujourd’hui, elle travaille donc comme «artist liaison». «J’ai choisi ce titre pour faire la différence par rapport aux consultants et conseillers en art, dont l’approche est davantage axée sur l’investissement. Je n’évite pas les questions sur l’argent et la valeur des œuvres – je connais d’ailleurs tous les outils d’évaluation des œuvres d’art – mais je ne suis pas conseillère en investissement. Si quelqu’un vient me trouver pour savoir ce qu’il doit acheter maintenant pour le revendre dans trois ans avec une plus-value, il n’est pas à la bonne adresse. Ce n’est pas ainsi que je vois l’art. Par ailleurs, je ne dispose pas d’une boule de cristal.» Imaginons que je souhaite démarrer une collection d’œuvres d’art et que je vienne frapper à votre porte. Quelle question me poseriez-vous? Benedicte Goesaert: «Je vous demanderais pourquoi vous m’avez contactée». (elle rit) J’aurais besoin de quelqu’un pour me guider à travers les méandres de l’art contemporain. Le choix est trop vaste. Goesaert: «Je vous comprends tout à fait. Je voudrais surtout savoir pourquoi vous souhaitez collectionner des


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œuvres d’art et quelles sont vos connaissances en la matière. Imaginez que je vous offre un verre d’un grand vin et que c’est la première fois que vous buvez du vin dans votre vie. Dans ce cas, vous aurez du mal à replacer ce vin dans un contexte. Le vin est-il bon? Ou mauvais? Vaut-il son prix? Vous ne disposez pas d’un cadre de référence. C’est la même chose avec l’art. Si vous souhaitez commencer une collection, la première chose à faire est d’entraîner votre œil. Faites-le pendant quelques années avant de commencer à acheter. Les bourses d’œuvres d’art sont intéressantes. Lors de la dernière édition de la foire Art Brussels, j’ai organisé des visites guidées pour plusieurs candidats-collectionneurs. Je ne peux pas leur expliquer une œuvre d’art, mais je peux leur donner les clés pour établir une relation avec l’œuvre.»

«Une œuvre d’art ne doit pas nécessairement plaire. Si vous êtes choqué par une œuvre, c’est peut-être déjà suffisant.»

Comme? Goesaert: «Une œuvre d’art ne doit pas nécessairement plaire. Si vous êtes choqué par une œuvre, c’est peut-être Benedicte Goesaert, artist liaison déjà suffisant. En outre, cela dépend beaucoup de votre personnalité et de votre style de vie. Si vous travaillez dans le secteur technologique, vous serez peut-être touché par les œuvres qui y sont liées. Je ne parle pas ici d’art sur et avec la technologie. Mais peut-être aimez-vous les artistes qui repoussent les limites, qui pensent autrement. Parfois, l’art fonctionne comme une catharsis. Lors d’une perte émotionnelle, il peut être un moyen de donner une place à cette perte. Il y a de nombreuses raisons de se connecter à l’art. Je me souviens encore d’une discussion avec un homme d’affaires et dirigeant d’entreprise qui m’a dit: lorsque je rentre chez moi, je veux voir des œuvres d’art auxquelles je ne comprends rien. Comme une sorte d’antidote à mon travail d‘analyse». «Il existe bien entendu plusieurs paramètres de base pour commencer une collection. Voulez-vous collectionner des œuvres d’artistes belges et/ou de votre génération? Êtes-vous ouvert à des formes artistiques non occidentales? Ce sont des sujets auxquels vous devez réfléchir. Les réponses constituent un filtre qui me permet d’éviter toute surcharge. On trouve aussi des collectionneurs qui achètent de façon impulsive ou obsessionnelle. Ceux-là n’ont pas besoin de moi. Mais quoi qu’il en soit, l’art reste un univers fascinant. Le philosophe allemand Walter Benjamin disait: collectionner consiste à rassembler des éléments d’un monde chaotique et à leur donner un sens. C’est aussi mon avis.»

BIO BENEDICTE GOESAERT >> Benedicte Goesaert (1988) est diplômée en art de l’Univer-

sité de Gand.

>> Entre 2011 et 2019, elle a travaillé pour la Xeno X Gallery. >> En 2020, elle s’est lancée comme «artist liaison». En

d’autres termes, elle met les collectionneurs en contact avec les œuvres. Elle accompagne et conseille les legs artistiques, comme le Philippe Van Snick Estate, et a été auparavant impliquée dans la Fondation Philippe Vandenberg. >> En 2021, elle fut co-commissaire du festival d’art Watou, avec Chantal Pattyn et Peter Verhelst.


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Est-ce que cela fait une grande différence pour vous si je dispose de 50.000 euros ou d’un million d’euros pour commencer une collection? Goesaert: «Plus votre budget est important, plus votre terrain de jeu est vaste. Mais les principes de base sont les mêmes: achetez surtout des œuvres qui vous correspondent. Si vous disposez de moyens financiers plus importants, vous pourrez plus facilement faire du ‘cross collecting’, une tendance actuelle parmi les collectionneurs.» Reconnaissez-vous la personnalité d’un collectionneur à partir de sa collection? Goesaert: «Je n’oserais pas le dire. Mais vous pouvez reconnaître un collectionneur via sa collection. Quelqu’un qui possède surtout des noms célèbres dans sa collection semblera jouer la sécurité. Personnellement, je trouve passionnant de découvrir une collection avec des artistes que je ne connais pas bien ou pas du tout. Je ne suis pas spécialiste en tout. En règle générale, les collectionneurs belges sont audacieux. C’est pourquoi ils aiment tellement les foires d’art». Mais ils sont surtout très discrets. Est-ce par crainte des cambrioleurs? Goesaert: «C’est un aspect des choses, mais collectionner des œuvres d’art est quelque chose de très personnel et de très intime. Tout le monde n’est pas prêt à se divulguer. Certains, oui. Comme l’ancien entrepreneur de construction Walter Vanhaerents et ses enfants, qui ont transformé un entrepôt dans le quartier Dansaert, à Bruxelles, pour en faire une galerie d’art. N’est-ce pas fantastique? Collectionner des œuvres d’art de génération en génération et partager sa collection avec le grand public dans un musée privé à Bruxelles? Il ne faut pas non plus oublier que de nombreux musées ont vu le jour à partir de collections privées». Les collectionneurs n’ont-ils pas tendance au moutonnisme par crainte de passer à côté d’un hype? Goesaert: «Cela peut arriver. Nous sommes tous guidés par des algorithmes. Si nous regardons tous les mêmes comptes Instagram, nous aboutissons à une uniformité. Mais nous pouvons bien entendu aussi nous en écarter et aller à l’encontre

«Le philosophe allemand Walter Benjamin disait: collectionner consiste à rassembler des éléments d’un monde chaotique et à leur donner un sens. C’est aussi mon avis.» Benedicte Goesaert, artist liaison

ment à une perte de perspective et de nuance. L’artiste afro-américain Jack Whitten, qui expose également ici, a témoigné un jour à ce sujet. Il était un des artistes dont le travail fut présenté en 2017 – un an avant sa mort – dans l’exposition ‘Soul of the Nation: Art in the Age of Black Power’ à la Tate Modern de Londres. L’initiative partait d’un objectif noble et c’était important pour comprendre l’histoire de l’art afro-américain, disait-il, mais en fait, cette exposition était une nouvelle forme de ghetto. Cela ne correspondait pas à la réalité. Les artistes eux-mêmes étaient divisés. Pourquoi mes œuvres ne sont-elles pas exposées aux côtés de celles d’artistes blancs comme Willem De Kooning et Franz Kline, que je connais bien? Il estimait que ce serait l’ultime intégration et intéressant au niveau artistique en raison de la recherche commune sur l’art pictural.»

Benedicte Goesaert, artist liaison

Vous avez travaillé pendant huit ans à la Zeno X Gallery. Les grandes galeries ne dominent-elles pas trop le marché? Goesaert: «C’est facile à dire. Mais toutes les grandes galeries ont un jour été petites. Presque toujours pour soutenir les artistes. Les collectionneurs ont aussi du pouvoir. Ils peuvent mettre sur le marché des œuvres contre l’avis des artistes et des galeries parce qu’ils pensent pouvoir gagner de l’argent. Il existe un commerce clandestin sur le marché de l’art par des marchands non professionnels. Bien entendu, les galeries essaient de les contrer puisqu’elles ont du pouvoir. Si un artiste propose dix nouvelles œuvres et qu’il y a 50 candidats-acheteurs, la galerie fera des choix. La préférence ira bien entendu aux collectionneurs qui sont véritablement intéressés par l’artiste et dont les intentions à long terme sont connues. Si vous êtes ce que l’on appelle un ‘art flipper’ – quelqu’un qui revend rapidement ce qu’il a acheté –, vous n’aurez pas la priorité dans certaines galeries».

de toutes les tendances à la mode. J’ai parlé il y a quelque temps avec un collectionneur qui avait acheté il y a longtemps une œuvre de l’artiste américain Robert Mangold. Il l’avait découvert lors d’une exposition à Bruxelles. À l’époque, personne ne s’intéressait à Mangold. Mais ce collectionneur avait malgré tout acheté une de ses œuvres. Il en est toujours très satisfait». «Les hypes créent souvent des sentiments mitigés. Ils conduisent simultané-

Que pensez-vous du marché de l’art digital et des NFT? Goesaert: « Je suis curieuse de voir comment les choses évolueront. Le marché de l’art va certainement se retrouver chamboulé. Mais comment? Je pense que nous devrons attendre quelques années pour connaître son impact précis. Un NFT comporte deux volets. D’une part il s’agit d’un outil pour acheter une œuvre d’art, et d’autre part il peut être une œuvre d’art en soi. L’artiste britannique Damien Hirst a mené une expérience intéressante avec son projet ‘The Currency’. Il comprend 10.000 NFT et 10.000 œuvres physiques correspondantes. L’objectif est de permettre aux collectionneurs de choisir. S’ils souhaitent le NFT, l’œuvre physique disparaît. S’ils optent pour l’œuvre physique, le NFT est détruit. J’ai hâte de voir comment cela va se terminer». «Je trouve aussi passionnant de voir comment les jeunes abordent la question des collections dans le monde numérique. Ils achètent des Nike et des Adidas qui n’existent pas dans la vraie vie. Sont-ils moins matérialistes ou extrêmement spéculatifs? Like, don’t like. Ou comme sur Tinder: ils ‘swipent’ instantanément à gauche ou à droite.» ■

«Si vous êtes ce que l’on appelle un ‘art flipper’ – quelqu’un qui revend rapidement ce qu’il a acheté –, vous n’aurez pas la priorité dans certaines galeries.»


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LE FISC AUSSI APPRÉCIE L’ART Dans une succession, l’art est traité de la même façon que les autres biens mobiliers. En d’autres termes, vous ne pouvez pas léguer secrètement votre collection d’art. Le fisc veille au grain.

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TE X TE: DIRK SELLESL AGH

n principe, les peintures – qu’il s’agisse d’une toile d’un artiste peu connu ou d’une lithographie achetée pour 500 euros – font partie de vos effets personnels, au même titre qu’une lampe ou qu’une corbeille à fruits de grande valeur. Mais si vous êtes un véritable collectionneur de chefs-d’œuvre, c’est une autre histoire. Les Borreman, Permeke et Warhol qui garnissent vos murs prennent une place substantielle dans votre patrimoine. L’administration fiscale voudra les taxer à leur juste valeur.

SUCCESSION Avec les œuvres d’art, comme pour les autres biens mobiliers, il existe deux possibilités. Soit les œuvres sont transmises aux héritiers par héritage, soit elles font l’objet d’une donation. Dans la première hypothèse, les œuvres seront soumises aux droits de succession (progressifs et par tranches) après le décès de leur propriétaire. Pour les héritiers en ligne directe et entre conjoints, les droits de succession vont de 3 à 27% en Flandre, et de 3 à 30% en Wallonie et à Bruxelles. Pour les autres catégories d’héritiers, ils oscillent entre 25 et 55% en Flandre, et entre 20 et 80% en Wallonie et à Bruxelles.

DONATION Pour éviter les droits de succession, il est possible de faire donation d’une œuvre d’art, via un don manuel ou un don devant notaire. Ceux qui optent pour un don manuel ne sont pas tenus de l’enregistrer et ne doivent donc payer aucun droit de donation. En Flandre et à Bruxelles, le donateur doit cependant rester en vie pendant trois ans après la donation. En Wallonie, ce délai a été porté à cinq ans pour les donations effectuées à partir du 1er janvier 2022. En cas de décès du donateur avant

ces échéances, les biens qui ont été donnés seront soumis aux droits de succession. «Le risque de décès inopiné du donateur pendant cette période d’attente peut être assuré», explique Astrid Dutré, estate planner à la banque Nagelmackers. «De cette façon, le donataire aura l’assurance que son œuvre d’art ne devra pas être vendue pour payer les droits de succession.» En cas de don manuel, il est également important que l’œuvre d’art soit déplacée de la maison du donateur vers celle du bénéficiaire. Si vous souhaitez continuer à profiter de l’œuvre d’art chez vous jusqu’à la fin de vos jours, vous serez obligé de faire un don avec réserve d’usufruit et de vous rendre chez le notaire. À Bruxelles et en Flandre, le tarif des droits de donation est fixé à 3% en ligne directe, entre époux/ cohabitants légaux, et à 7% entre toutes autres personnes. En Wallonie, ils sont respectivement de 3,3 et 5,5%.

RETRACER LES ŒUVRES D’ART Il n’est pas évident de soustraire les œuvres d’art au regard du fisc car chaque œuvre laisse des traces. Il n’existe pas à proprement parler de cadastre des œuvres d’art reprenant les noms des propriétaires, mais on ne peut jamais exclure la présence d’un fonctionnaire du SPF Finances lors d’une vente aux enchères. Le certificat d’authenticité et la provenance de l’œuvre peuvent aussi être une source d’information. Ils donnent un aperçu des propriétaires successifs de l’œuvre et des lieux où elle a été exposée. Mais au fil du temps, il est possible que vous laissiez d’autres traces indiquant que vous êtes propriétaire de certaines œuvres d’art. C’est par exemple le cas si vous les avez achetées via votre société et que les factures d’achat se retrouvent dans votre comptabilité. La location d’une œuvre ou sa mise à disposition pour une exposition ne passent pas


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non plus inaperçues. Les revenus que vous en tirez doivent en effet être repris sur votre déclaration fiscale sous la rubrique «revenus mobiliers».

DÉTERMINER LA VALEUR Que vous transmettiez votre collection via un don enregistré ou qu’elle se retrouve dans votre succession après votre décès, elle devra être évaluée. Pour éviter toute discussion avec le fisc, il vaut mieux mandater un expert en art qui pourra justifier la valeur fixée. En outre, la valeur sera connue via l’assurance que vous aurez souscrite pour vos œuvres d’art. En cas de décès, les compagnies d’assurance belges doivent transmettre aux autorités les polices d’assurance souscrites au nom du défunt, ainsi que les biens assurés et leur valeur.

PRÉSERVER LA COLLECTION Pour garantir l’intégrité de la collection d’art que vous avez soigneusement constituée, il existe différentes possibilités. Imaginez qu’un de vos enfants s’intéresse particulièrement à l’art. Dans ce cas, vous pouvez lui léguer votre collection via un don ou par voie testamentaire. En l’absence d’autre disposition, le droit successoral considère que vous traitez tous vos enfants de manière égale. «Une donation est donc considérée comme une avance sur l’héritage», précise Astrid Dutré de Nagelmackers. «Lors du décès du donateur, les donations effectuées de son vivant seront déduites de la part des bénéficiaires des dons.» Si vous souhaitez favoriser un de vos enfants, il existe certaines limites. Ensemble, vos enfants ont droit à la moitié de votre succession mais vous êtes libre de disposer du solde comme bon vous semble. Vous pouvez donc éventuellement avantager un de vos enfants par le biais d’une donation ou d’un testament.

SOCIÉTÉ CIVILE ET FONDATION Si votre objectif est de conserver votre collection d’art à long terme, vous pouvez la transférer dans une structure ad hoc. La plus simple est une société civile. En échange de l’apport des œuvres d’art, vous obtenez des parts de la société. Ces actions peuvent être offertes de votre vivant à la génération suivante. Les droits de donation applicables à Bruxelles et en Flandre sont de 3 ou 7% en fonction du lien de parenté du bénéficiaire avec le donateur et respectivement de 3,3 et de 5,5% en Wallonie. Les avantages de la société civile sont sa simplicité et la possibilité de garder le contrôle. «Mais vous devez tenir compte de certaines formalités, comme la tenue d’une comptabilité, l’organisation d’une assemblée annuelle, l’enregistrement à la Banque-Carrefour des entreprises et la mise à jour annuelle du registre UBO (Ultimate Beneficial Owners, NDLR)», prévient Astrid Dutré. Aucun droit d’enregistrement n’est dû et la société civile n’est pas soumise à l’impôt des sociétés. En cas de décès, les parts sociales doivent être déclarées dans la succession.

Une autre possibilité consiste à créer une fondation privée. Celle-ci peut être mise en place pour atteindre un objectif non lucratif, par exemple la préservation d’une collection d’art et sa gestion prudente pour les générations futures. Une fondation privée peut être créée du vivant du propriétaire, mais aussi par voie testamentaire. Vous ne recevez aucune action en échange de votre apport et vous renoncez en principe définitivement à votre patrimoine. L’impôt sur le transfert dans une fondation n’est pas très élevé. «Si vous comparez ces taux avec ceux des droits de succession, le calcul est vite fait», poursuit Astrid Dutré.

PAYER LES DROITS DE SUCCESSION À L’AIDE D’ŒUVRES D’ART En principe, il est possible de payer les droits de succession, en tout ou en partie, avec des œuvres d’art. Il peut s’agir d’œuvres appartenant aux héritiers ou d’œuvres faisant partie de la succession. Mais toutes les œuvres d’art ne peuvent être prises en considération. Elles doivent être considérées par le ministre des Finances comme faisant partie de l’héritage culturel ou être reconnues internationalement. Une commission spéciale est appelée à rendre un avis et sera chargée d’évaluer les œuvres. Cette évaluation servira également de base pour déterminer les droits de succession à payer. ■

En cas de don manuel d’une œuvre d’art, celle-ci doit être déplacée de la maison du donateur vers celle du bénéficiaire. Que vous transmettiez votre collection via un don enregistré ou qu’elle se retrouve dans votre succession après votre décès, elle devra être évaluée.


Le matin, vous écoutez votre collègue vous raconter sa vie en allant au boulot.

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SILENCE, UNE SUPERCAR La Bugatti Chiron est détrônée en tant que voiture de série la plus rapide au monde par une nouvelle supercar, produite par un jeune constructeur croate de voitures électriques. Avec la Rimac Nevera, l’électrification des supercars est en marche.


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Les hypercars sont fabriquées à maximum quelques centaines d’exemplaires et vendues à un prix catalogue d’au moins un million d’euros.

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TE X TE: BAS KURSTJENS

ARRIVE!

es voitures de sport sont depuis longtemps le symbole de richesse par excellence, en particulier depuis que les marques se sont lancées dans la niche attrayante des hypercars, c’est-à-dire des voitures de sport destinées à ceux pour qui une Porsche ou une Ferrari «ordinaire» n’est pas suffisamment exclusive. Fabriquées à maximum quelques centaines d’exemplaires et vendues à un prix catalogue d’au moins un million d’euros, les hypercars ont pour point commun le bruit émis par leur moteur, source à lui seul de la moitié du plaisir. Ou plutôt, avaient. Car les hypercars électriques et silencieuses gagnent peu à peu du terrain – la croate Rimac en tête. D’autres constructeurs de voitures de sport, comme Porsche, Aston Martin et Koenigsegg, viennent frapper à la porte du trentenaire Mate Rimac (prononcer «Rimats»), fondateur de la marque il y a dix ans à peine, pour voir comment sont construites ses super voitures électriques. Les passionnés attendent avec impatience le lancement de la Nevera, le dernier modèle de Rimac, aux performances défiant l’imagination. Quatre moteurs électriques – un par roue – de près de 2.000 chevaux propulsent la voiture à 100 km/h en 1,85 seconde, pour ensuite atteindre 415 km/h. De ce fait, la Nevera est plus puissante que la référence en matière de supercars à moteur à combustion, la Bugatti Chiron. Des chiffres hallucinants pour un prix à l’avenant: deux millions d’euros. L’exclusivité est garantie: Rimac s’engage à ne pas construire plus de 150 exemplaires de la Nevera. Et, selon les prévisions, elles devraient se vendre en un minimum de temps. Y compris dans notre pays. Le marché belge


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des hypercars compte environ 700 voitures, estime David Favest, responsable chez D’Ieteren des marques Bentley, Lamborghini, Bugatti et Rimac. «Il s’agit de familles super riches qui hésitent entre un avion privé, un yacht et une voiture de sport exclusive. Certains s’offrent les trois. Nous nous attendons à ce que le marché augmente de 15% d’ici 2025», a déclaré Favest plus tôt cette année à nos confrères du Tijd. Comme il sied aux véritables hypercars, la livraison du premier exemplaire de la Rimac Nevera affiche du retard. Les techniques utilisées sont tellement expérimentales et la production tellement délicate que la date de lancement de la voiture de sport électrique la plus rapide au monde a déjà dû être reportée plusieurs fois. C’est particulièrement ennuyeux pour D’Ieteren qui avait fièrement annoncé en début d’année qu’il importerait les bolides croates dans notre pays. À l’époque, l’objectif était encore de livrer les premières Nevera aux clients à partir de février, mais cette échéance a entre-temps été reportée à septembre.

«Black Box» Rimac Cela signifie également que la «Black Box» Rimac que D’Ieteren compte ouvrir à Drogenbos ne pourra démarrer ses activités au plus tôt qu’en octobre. Car un concessionnaire sans voitures, c’est comme un bistrot sans bière. La «Black Box» Rimac sera installée dans le même bâtiment que celui où D’Ieteren présente déjà des Lamborghini et des Bentley. «Nous pensons en vendre deux exemplaires par an», explique Bernard Van Bellingen, porte-parole de Rimac chez D’Ieteren. «Plusieurs clients potentiels ont déjà manifesté leur intérêt. Mais ils veulent bien entendu d’abord l’essayer», poursuit-il. Les acheteurs potentiels sont des personnes qui possèdent déjà une belle collection de voitures et qui, selon Van Bellingen, souhaitent «s’associer à une marque qui fera date dans le futur». L’histoire de Rimac se lit d’ailleurs comme un roman d’aventure. La première voiture de Mate Rimac était une BMW série 3 dont le moteur à essence a rapidement rendu l’âme, ce qui l’a poussé à le remplacer par un moteur électrique. Cet incident a finalement débouché sur la fondation de Rimac: il aurait aimé baptiser son entreprise du nom du célèbre inventeur et ingénieur électricien croate Nikola Tesla, mais ce nom était déjà utilisé par une autre marque de voitures. Huit exemplaires de la première super voiture de sport, la Concept One, qui a vu le jour en 2011, ont finalement été produits.

Mate Rimac, le fondateur de la marque croate de supercars Rimac.

Les Rimac se distinguent surtout par l’étonnante technologie utilisée pour les batteries: elles sont capables d’atteindre une puissance de pointe très élevée à partir d’une batterie relativement petite.

Un marché qui s’annonce très ouvert Les Rimac se distinguent surtout par l’étonnante technologie utilisée pour les batteries: elles sont capables d’atteindre une puissance de pointe très élevée à partir d’une batterie relativement petite, ce que la plupart des autres fabricants de voitures de sport regardent avec envie. Entre-temps, Porsche a acquis une participation de 24% dans Rimac et les deux entreprises ont acquis ensemble Bugatti, ce qui a donné naissance à un trio de supercars.

Mais aujourd’hui, Rimac ne règne plus en maître sur les supercars électriques. Désormais, la firme de design italienne Pininfarina utilise ses châssis et ses moteurs pour la construction de sa propre voiture de sport électrique. Et Lotus devrait lancer son modèle Evija dans le courant de l’année: une voiture électrique elle aussi, également d’une puissance de 2.000 chevaux et à un prix comparable, à savoir environ deux millions de dollars. Le marché des supercars électriques s’annonce donc très ouvert dans les années à venir. On attend par exemple beaucoup de la supercar que Porsche compte lancer dans quelques années. La marque allemande a l’habitude de produire une nouvelle supercar tous les dix ans et la dernière – la 918 Spyder – date de 2013. Les analystes n’excluent pas, étant donné la relation étroite entre Porsche et Rimac, que la nouvelle hyper Porsche puisse être 100% électrique. ■


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