TLmag 20

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www.tlmagazine.com

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Spec ial g u esTs

Tadao Andō Ingo Maurer

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ans / years

ISSN 2031 8316 / X P47002 France : 7.90 € BE / ES / GR / IT / NL / Port Cont : 8.80 € AU / DE : 9.50 € LUX : 8.80 € GB : £ 7.50 Suisse : CHF 12

Hiver / Winter 2014 Février / February 2014

M 05934 - 20 - F: 7,90 E - RD

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de passion pour l'art et le design / of passion for art and design

int erviews Tokujin Yoshioka  Rick Owens Jean Paul Knott  Paul Smith Jiang Qiong Er  Qeelin light ing r ep ort Michael Anastassiades Nathalie Dewez

TRAVELS SPOTTED ASIE  / ASIA Le Japon à Paris / Japan in Paris Ato m i u m , BE MOBILIA : 100 ans de design d’architectes belges / 100 years of design by Belgian architects

Ja p o n   /   Japan Garden Museum Isamu Noguchi Kunio Maekawa Lo s A n g e l es The Villa Lautner & James Turrell i sta n bu l City Report


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L i g h ti n g re p or t / In go Maurer

TLmag a eu le privilège de s’entretenir avec Ingo Maurer sur cette étonnante aventure de création qui le porte aujourd’hui, sans s’écarter de la lumière, à créer de véritables architectures. L’ange, c’est Lucellino bien sûr ! La célébrissime ampoule électrique parée de ses ailes faites de plumes blanches, et retenue par un simple fil électrique de couleur rouge. Un objet culte du design, dont la simplicité et la poésie n’ont d’équivalent que parmi les autres créations d’Ingo Maurer. L’ange, c’est aussi cet artiste immense qui, avec modestie et application, nous éclaire de mille solutions astucieuses, depuis un demi-siècle, avec des créations toujours surprenantes, et aussi évidentes que les sourires qu’elles suscitent.

de design graphique où nous étions formés pour des emplois « terre à terre ». À cette époque, la plupart des familles avaient encore des difficultés matérielles. En devenant typographe et graphiste, j’ai appris beaucoup de choses que j’applique dans mon travail de conception. L’espacement entre les lettres et autres éléments graphiques est lié à la lumière, et puis la précision nécessaire lorsque l’on travaille à la conception graphique m’a appris la rigueur, qui est essentielle pour affiner tous les détails d’une pièce. tlmag : Vous êtes un créateur, mais vos créations se limitent à des luminaires, et de plus vous en êtes aussi l’éditeur et le distributeur. N’avez-vous jamais ressenti un manque de liberté, l’envie de vous éloigner un peu des luminaires, voire du design, pour créer avec moins de contraintes ? I. M. : En fait, j’ai aussi conçu quelques autres objets, dans les années 1960, comme des cendriers, des cintres, et une fois même un matelas pliable, qui est également un siège. Il est toujours en production, mais par une autre entreprise et non par nous-mêmes. Travailler avec la lumière est devenu de plus en plus fascinant pour moi, au fur et à mesure que je créais des lampes et découvrais ainsi les différentes qualités que la lumière peut avoir et ses effets sur l’espace. Je pense que c’est la raison pour laquelle je me suis

Photos : Tom Vack and Team © Ingo Maurer GmbH

tlmag : Vous avez fait des études de typographie et de graphisme, en Suisse et en Allemagne, dans les années 1950, alors que l’aventure du Bauhaus se poursuivait à l’école d’Ulm et que l’industrialisation battait son plein. Ce contexte a-t-il été déterminant dans la mise en place de votre travail ? Ingo Maurer : Non, l’influence du Bauhaus n’était pas trop pesante, si c’est ce que vous voulez dire. J’ai commencé comme apprenti dans un journal quand j’avais quinze ans, rien d’extraordinaire, et j’ai réussi plus tard à entrer dans une école

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La lumière de l’ange / Angel’s light

tlmag : Concernant la création, la liberté que l’on conquiert avec difficulté n’est-elle pas, au final, la seule qui autorise la transgression, l’invention, l’humour… ? I. M. : C’est vrai ! Invention, humour, ironie et transgression sont tous des facteurs qui peuvent contribuer à rendre une pièce spéciale. La liberté de création est très importante pour moi. Je ne peux pas supporter d’être limité à un certain style. Quand je fais quelque chose de nouveau, certaines personnes pourraient encore dire : « Oh, mais c’est très différent de vos autres créations ! Que s’est-il passé ? » Je veux simplement faire ce qui m’intéresse, à un moment donné. Penser en termes de catégories est très contraignant, ce n’est pas bon. En allemand, on dit « pensée à tiroir », parce que c’est comme mettre quelque chose dans un tiroir. Vous devez entrer dans l’un ou l’autre, il n’y a pas d’entredeux.

Propos recueillis par / Interview by Jean-Philippe Peynot

«  T ravai l l er avec l a lumi è re est devenu de p l us en p lus fascinant p o ur m o i , au fur et à mesure q ue j e créais des l ampes et déc o uvrais ainsi l es différentes q ua l ités q ue l a lumi è re peut avo ir et ses effets sur l’ espace .  »

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Ingo Maurer

arrêté de concevoir d’autres objets. Mais je ne suis pas une personne qui analyse, et la plupart du temps je me fie plutôt à mon intuition. J’ai préféré produire mes créations moi-même, sans l’ombre d’un doute, parce que je ne voulais pas accepter les compromis que les fabricants jugent nécessaires. Cependant, au fil des ans, j’ai également conçu un certain nombre de tables, et dernièrement aussi quelques autres objets. La plupart des tables ne sont pas adaptées pour la production en série. Elles seraient trop coûteuses. Mais en 2011, nous avons présenté la Table flottante, qui sera bientôt disponible chez Established & Sons. C’est une table sans pieds, mais avec des chaises.

tlmag : Vous êtes ami avec Ron Arad. Quels sont vos points communs ? Le mélange de rigueur et d’humour ? Une profonde connaissance de la modernité de l’architecture et du design, accompagnée d’une même mise à distance critique ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Avez-vous des projets en commun ? I. M. : J’ai rencontré Ron il y a très longtemps. Je ne me souviens pas précisément, probablement par l’intermédiaire de Peter Cook, lorsque Ron étudiait avec lui à Londres. En 1994, quand il a fait l’Opéra de Tel Aviv, nous participions également, en

Lig h tin g rep or t / I n go Mau rer

1 — Broken Egg, 2014 2 — Lucellino Tisch, 1992


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L i g h ti n g re p or t / In go Maurer

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with light became more and more fascinating for me, as I developed more and more lamps, and discovered the different qualities light can have, and its effects on space. I think that’s why I stopped designing other pieces. But I am not an analytic person; I follow my gut feeling most of the time. I definitely preferred to produce my designs myself, because I don’t have to accept compromises, which the manufacturers think are necessary. However, over the years, I have also designed a number of tables, and lately also some objects. Most of the tables are not suitable for serial production. They would be too expensive. But in 2011 we presented Floating Table, which will be available through Established & Sons. It’s a table without legs, but with chairs.

TLmag had the privilege to speak with Ingo Maurer about his amazing creative adventure with light, that today has led him to create real architectural structures. The angel refers of course to Lucellino, his famous lightbulb with white feathered wings, held together with a simple red electric wire - a cult object of design that belies a simplicity and poetic beauty which cannot be compared to his other creations. The angel is also this great artist who, with modesty and zealous application, has enlightened us for half a cenury with thousands of clever solutions in forms that are still as surprising and obvious as the smiles that they elicit.

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créant des luminaires pour le hall et l’extérieur. Ensuite, nous nous sommes associés pour une exposition à la Triennale de Milan en 1995. C’est un créateur puissant. Il est difficile de dire ce que nous avons en commun, et ce que nous n’avons pas en commun, mais je pense que ce n’est pas vraiment pour cela que nous sommes amis. Ce qui importe, c’est que nous pouvons parler de notre travail et de nos vies, rien que tous les deux, partager nos doutes et nos difficultés.

décisif ? Après de nombreuses années, peut-être que cela ressemblera à un tournant dans ma carrière, nous verrons bien. Cependant, il est vrai que c’est un genre de travail très différent de par toutes sortes de problèmes techniques, ainsi que la collaboration avec l’ingénieur, qui est vraiment fantastique, et le temps que cela a pris avant que le projet ne soit réalisé. Il y a beaucoup de nouveautés très étonnantes pour moi. Le directeur de Inhotim a même fait agrandir un lac artificiel pour l’Œuf, qui devient ainsi également un projet de paysagisme. Il m’a beaucoup impressionné quand il m’a montré le nouveau lac. C’est un homme extraordinaire, et un grand collectionneur d’art. L’Arbre était en fait une partie d’un projet plus vaste, dont la mise en lumière de l’intérieur des bâtiments, qui n’a pas été réalisée. Au début, lorsque nous avons conçu l’Arbre, nous avions envisagé d’y placer des pièces émettant de la lumière, mais tout en travaillant sur les modèles nous sommes arrivés à la conclusion qu’il est plus fort dans son expression sans cela. C’est ce que je pense être la liberté créatrice : de dire que, même si je suis connu pour faire des lampes et de la lumière, c’est ma liberté de créer également une pièce sans lumière, même si je suis dans le « tiroir » de la conception d’éclairage. Je ne veux pas vivre dans un tiroir !

TLmag: You trained as a typographer and studied graphic design in Switzerland and in Germany during the 1950s, while the Bauhaus influence still permeated through the Ulm School of Design and industrialization was at its peak. Was this context instrumental in the organization of your work? Ingo Maurer: No, the Bauhaus influence was not an overpowering one, if that is what you mean. I started as an apprentice for a local newspaper when I was 15, nothing fancy, and later managed to go to a school of graphic design, where we were educated for “down to earth” graphic jobs. At that time, most of the families were still struggling. But being a typographer and graphic designer has taught me a lot, things I apply in my design work. The spacing between letters or graphic elements is also very much about light, and then the precision that is necessary when working with graphic design taught me about accuracy which is important to refine all the details of a piece. TLmag: You are a creator, but you limit your creative scope to lamps and lighting installations, and you are also the producer and distributor of those lamps. Have you never felt the need to design something other than lighting, where you have the freedom to create with less restraint? I. M.: Actually, I have also designed a couple of other things, in the 1960s, like ashtrays, coat hangers and once even a foldable mattress, which is also a seat. It is still in production, but not by us, but other companies. Working

TLmag: At the end of the day, isn’t the creative freedom that we find so difficult to hold on to, the only kind that allows transgression, invention, humour...? I. M.: That’s right! Invention, humour, also irony, and transgression are all factors that can contribute in the making of a special piece. Creative freedom is very important to me. I cannot stand being limited to a certain kind of style. When I make something new, some people still might say, “oh, but that’s very different from your other designs! What has happened?” But I simply want to realize what I am interested in, during a certain period. Thinking in categories is very restricting, it’s no good. In German, we say “drawer thinking”, because it’s like putting something in a drawer. You have to fit in that one or the other one, there’s no inbetween.

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tlmag : Sans vous écarter du luminaire, vous avez fait tout récemment certains projets qui deviennent de véritables sculptures et même des architectures. Ainsi par exemple The Tree (2013), une immense sculpture qui marque l’entrée du prestigieux vignoble Vega Sicilia, et Broken Egg, un pavillon conçu pour le parc Inhotim au Brésil, et qui doit être inauguré courant 2014. Est-ce un tournant dans votre carrière ? I. M. : L’Œuf cassé a aussi beaucoup à voir avec la lumière, mais il n’émet pas de lumière. Il s’agit d’un projet architectural, c’est vrai. La perception des espaces, depuis l’intérieur d’un bâtiment, et aussi depuis l’extérieur, a beaucoup à voir avec la lumière. Dans l’Œuf, les visiteurs auront une sensation très particulière de l’espace, et aussi de la lumière. Je n’aime pas penser en termes de catégories. Un tournant

3 — Light Structure, 2013 4 — Knot 2, 2013

Lig h tin g rep or t / I n go Mau rer

TLmag: Ron Arad is a friend of yours. What do you have in common? Is it the rigour and humour? A deep knowledge of, and critical detachment from modern architecture and design? How did you meet? Do you work on projects together? I. M.: I met Ron a long, long time ago, I don’t remember exactly, probably through Peter Cook, at the time when Ron studied with him in London. In 1994, when he did the Opera in Tel Aviv, we were also involved, creating lighting objects for the foyer and the outside, too. Then, we teamed up for an exhibition at the Milan Triennial in 1995. He’s a powerful creator. It’s hard

to say what we have in common, and what we don’t have in common, but I think that’s not really the point about being friends. What matters is that we can talk about our work and our lives, just the two of us, that is, also about doubts and difficulties. TLmag: Without wanting to stray from the subject of lighting, some of the recent projects you completed are very sculptural, verging on architectural. For example The Tree (2013), an enormous sculpture that marks the entrance to the prestigious Vega Sicilia vineyard, and Broken Egg, a pavilion designed for the Inhotim Park in Brazil, which should be inaugurated in 2014. Is this a turning point in your career? I. M.: The Broken Egg is also very much about light, but it’s not emitting light. It is an architectural project, that’s right. The perception of spaces, inside of a building, and also from the outside, is always also very much about light. In the egg, the visitors will have a very special sensation of the space and the light in it. I don’t like to think too much about these categories. A turning point? We will see what happens, and many years from now, maybe, such a moment

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will look like a turning point. However, it’s true that it is a very different kind of work because of the kind of technical issues, the fact that we collaborated with an engineer – a really fantastic one – and the time it takes until it will be opened. There’s a lot that is new and astonishing for me. The Director of Inhotim even had a lake made larger for the Egg, it is also becoming a landscape project now. It really blew my mind when he showed me the new lake. He is an extraordinary man, and a great collector of art. The Tree was in fact a part of a larger project, including light planning for interiors, which was not realized. In the beginning, when we designed the Tree, we had thought about light emitting pieces on it, but while working on the models came to the conclusion that it is stronger in its expression without that. And that’s what I think is the creative freedom: to say that, although I’m known for making lamps and light, it’s my freedom to also create a piece without light, even if I am in the “drawer” for lighting design. I don’t like living in a drawer! www.ingo-maurer.com

“ C reative freed o m is very imp o rtant to me . I cann ot stand being l imited to a certain k ind o f sty l e .”

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Design Miami Art Basel Reportage de  / Report by Sébastien Wintenberger & TLmag

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1 — Pérez Art Museum Miami (PAMM) 2 & 3 — Charlotte Perriand, La Maison au bord de l'Eau

BRUXELLES - 48, Avenue Louise - 1050 BRUXELLES - TÉL : +32 (0)2 514 99 90

freelance.fr

Un incroyable événement où, pendant une semaine sous le soleil et dans un cadre époustouflant, se mêlent cinq foires de rang international. Elles balisent un parcours extrêmement riche de musées, fondations et collections privées locales. La semaine se transforme alors en marathon pour passionnés de l'art contemporain et de design. Le soir, pas de répit, chacun rivalise pour se rendre à des réceptions plus VIP et plus « courues » les unes que les autres. Promis, l'année prochaine on y retourne et l'on vous y emmène.

An incredible event where for one week five internationally renowned fairs come together under the sun amidst stunning surroundings. They mark out a course that includes exciting museums, foundations and local private collections. The week turns into a marathon for contemporary art and design enthusiasts. As the evening draws in there’s no respite as everyone vies to outdo each other with the hippest VIP receptions. Next year we promise to take you with us when we return.

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D e s i g n M i ami S u n l i g h ts / D owntown

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D e sig n M ia mi S u n lig h ts / D own town

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© Galerie Downtown

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photo © M. Clérin, Laffanour - Galerie Downtown/Paris

1, 2 & 3 — Charlotte Perriand, Une maison à Montmartre / A house in Montmartre, 1959 4 — Charlotte Perriand, table de forme libre  / Forme Libre dining table, ca.1950 5 — Charlotte Perriand, fauteuil en peau de vache / cowhide seat, 1955 6 — Charlotte Perriand, lit simple / single bed, pièce unique piece, 1951 7 — Charlotte Perriand, ensemble Mauritanie / bookshelves and sideboard, Mauritania, 1961 8 — Charlotte Perriand, table à six pans / six angled table, 1949

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www.galeriedowntown.com

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Galerie Downtown

L'architecte designer Charlotte Perriand (1903-1999) est en passe de devenir la designer de l'année 2014 ! Le programme de réédition Cassina, l'intégration de ces pièces dans 100 vitrines Louis Vuiton à travers le monde et l'installation de la Maison au bord de l'Eau sur la plage de Miami Beach durant Art Basel Miami la remettent plus que jamais au goût du jour. La galerie Downtown n'en continue pas moins de présenter ces pièces originales et reste plus que jamais LA galerie de référence « Charlotte Perriand ». The architect designer Charlotte Perriand (1903-1999) is poised to become Designer of the Year 2014 ! The program of Cassina re-editions, the integration of these pieces in 100 Louis Vuitton Perriand-themed windows around the world and the installation of Maison au bord de l'Eau on Miami Beach during Art Basel Miami have enhanced the perception of her as a tastemaker. Galerie Downtown continue to show original pieces and remain THE gallery of reference for "Charlotte Perriand".

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D e s i g n M i ami S u n l i g h ts / Lac o ste

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D e sig n M ia mi S u n lig h ts / Lac o ste

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Photos © James Harris / © Courtesy of galerie Lacoste

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Une qualité toujours exceptionnelle pour Jacques Lacoste entre autre spécialiste de Royère (dont il détient les archives). Ses scénographies jouaient jusqu'à ce jour la carte majeure de la sobriété et de l'élégance. Cette année, cet extraordinaire ensemble a fait rentrer soleil et ciel cobalt dans les allées de Design Miami. Les collectionneurs ont apprécié, emportant avec eux les plus belles pièces.

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The usual exceptional quality from Jacques Lacoste, a contemporary specialist who is particularly sensitive to the work of Jean Royère (he acquired the archives). Up until now his stands have always been a force majeur of sobriety and elegance. This year, the extraordinary stand embraced the sun and cobalt skies that flooded into the aisles of Design Miami. Much to the delight of the collectors, who left with the best pieces.

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1, 2 & 3 — Scénographie / stand design: émilie Bonaventure, be-attitude.net 4 — Fauteuil modèle Ambassador (petit modèle) en velours jaune et piétement en chêne / small yellow velvet and oak “Ambassador” chair, ca. 1950 5 — Lampadaire modèle Mirabeau en métal peint noir et laiton / black painted metal and brass Mirabeau standing lamp, ca. 1950 6 — Table de salle à manger ronde modèle Ondulation en frêne et plateau en verre peint bleu / ash and blue painted glass Ondulation dining room table, ca. 1950 Ensemble de quatre chaises baltiques en frêne et velours jaune / four ash and yellow velvet Baltic chairs, ca. 1950 7 — Jacques Lacoste 8 — Meuble d’enfilade Ondulation en frêne vernissé et opaline bleue. Intérieur à étagères / varnished ash and blue opaline Ondulation sideboard, ca. 1950

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http://jacqueslacoste.fr/

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Galerie Jacques Lacoste

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D e s i g n M i ami S u n l i g h ts / B SL

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D e sig n M ia mi S u n lig h ts / B S L

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Galerie BSL http://galeriebsl.com

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1, 2 & 3 — Scénographie / stand design: émilie Bonaventure, be-attitude.net 4 — Taher Chemirik, Rough Sea, paravent, laiton / screen, brass, 2012 5 — Taher Chemirik, Planetarium, paravent, laiton / screen, brass & 1,200 agates, 2013 6 — Taher Chemirik, Calligraphy, paravent, laiton / screen, brass, 2013 7 & 8 — Taher Chemirik, Mystic Garden, paravent, laiton / screen, brass, 2013

Béatrice Saint Lvaurent a réussi en trois ans à affiner et créer une identité à part. Une collaboration galerie – designer contemporain extrêmement personnelle qui avec les années pose un style, une signature. Exemple de collaboration, l'édition pour chaque grand salon d'un paravent pièce unique de Taher Chemirik. à ce jour, chacune des ces pièces a trouvé preneur lors des tous premiers jours d'exposition.

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In just three years Béatrice Saint Laurent has created and refined an identity that is distinctly her own. A highly personal gallery that collaborates with contemporary designers, who over the years have instilled a style and signature. One example of collaboration: a unique piece by Taher Chemirik, a paravent screen to set off any grand lounge. So far, each and every one of his pieces have been snapped up during the first few days of a show.

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D e s i g n M i ami S u n l i g h ts / Trac ey E m in

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D e sig n M ia mi S u n lig h ts / Trac ey Emin

Le scanda l e à l’ang l aise

Courtesy of MOCA, North Miami. Photo : Daniel Portnoy

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Toutes les époques ont eu leurs artistes « pompiers », et si ce n’était pour la spéculation financière si démesurée qui les a accompagnés, les Young British Artists n’auraient rien de très différent des générations précédentes, et aujourd’hui oubliées. Parmi les premières installations scandaleuses de Tracey Emin, deux sont devenues emblématiques : Everyone I Have Ever Slept With 1963-1995 (1995), une tente sur laquelle sont inscrits les noms de toutes les personnes avec qui elle a couché, et My bed (1998), son lit mis en scène dans la Tate Gallery en 1999, avec des préservatifs usagés, des collants, paquets de cigarettes, bouteille de vodka… Tandis que Damien Hirst travaillait sur le thème de la mort, Jake & Dinos Chapman sur celui de la guerre, Sarah Lucas sur le sexe, Tracey Emin a voulu s’approprier un registre des émotions, sans les détours qu’une artiste comme Sophie Calle peut leur donner.

Tracey Emin

Habiter ses souvenirs  / At home in memories Par / By Jean-Philippe Peynot

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Tracey Emin est l’une des artistes parmi les plus controversées qui font l’art contemporain, tel qu’on l’aime ou qu'on le déteste. Toujours sur le devant de la scène, et après avoir été remarquée, une nouvelle fois, durant l’édition 2013 d’Art Basel Miami Beach, elle présente une collection de néons colorés au Museum of Contemporary Art (MOCA) à North Miami jusqu’au 4 mars 2014. Ce « show », l’un des plus réussis de Tracey Emin, invite à se replonger dans une aventure commencée en Angleterre il y a plus de 20 ans…

Tracey Emin was part of the Britart movement championed by Charles Saatchi, along with Damien Hirst, Jake & Dinos Chapman and Sarah Lucas, noted for their “shock tactics” and cleverly orchestrated scandals in the 1990s, followed by record-breaking sales at auction. Those who Saatchi referred to as his ‘Young British Artists’ would benefit from the publicity stoked by the advertising maestro who, more than anyone else, had a thorough knowledge of the mechanisms of the contemporary arts market and was able to generate profits on an unprecedented scale, packaging contemporary art as a lucrative financial investment. This art, directly related to financial speculation, and today almost universally condemned by critics - although it continues to attract attention – seems unable to resist the course of history and the value of most of these artists’ works is already on the decline.

Le néo n , s o urce d’ém otio ns

Au Museum of Contemporary Art de Miami, dans une douce pénombre, des phrases aux textes provocateurs ainsi que de petits croquis sont reproduits sous forme de néons colorés épousant les traits d’une écriture manuscrite – celle de Tracey Emin. Si l’on oublie l’aspect presque caricatural du néon, qui est devenu un lieu commun de l’art contemporain – tous les artistes se pliant à ce même exercice – et que l’on écoute Tracey Emin, pour qui ces néons évoquent les cafés, les bars et les night-clubs de Margate, ville où elle a vécu enfant, l’ensemble opère une étrange séduction. Comme si finalement, quelques souvenirs, en occupant soudainement l’espace, devenaient un « chez-soi » où l’on peut accueillir des visiteurs.

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Avec, entre autres, Damien Hirst, Jake & Dinos Chapman, et Sarah Lucas, Tracey Emin fait partie des « sales gosses » de Charles Saatchi, qui ont attiré l’attention sur eux par des scandales savamment orchestrés depuis les années 1990, puis par des records dans les salles de ventes. Ceux qui furent alors nommés, par Saatchi lui-même, les « Young British Artists » bénéficiaient ainsi du génial coup de bluff du publicitaire qui, avant tout le monde, avait si bien compris les mécanismes du marché de l’art contemporain qu’il put générer des profits à la hauteur de ses nouveaux placements financiers, permettant d’obtenir des gains sans précédent. Cet art directement lié à la spéculation financière, et aujourd’hui presque unanimement condamné par la critique, bien qu’il attire toujours l’attention, ne semble pas pouvoir résister au cours de l’histoire et la cote de la plupart de ces artistes est d’ores et déjà en baisse.

Tracey Emin is one of the most controversial contemporary artists; some love her, some hate her. Always at the fore of the contemporary arts scene - recently lauded for her work at the 2013 edition of Art Basel Miami Beach - she now presents a collection of coloured neon signs at the Museum of Contemporary Art (MOCA) in North Miami, an exhibition which runs until 4 March 2014. This show, one of her most successful to date, invites the audience to partake in an adventure that started in England more than twenty years ago…

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A B ritis h scandal Every age has its fair share of academically trained artists, and if it hadn’t been for the disproportionate financial speculation, the Young British Artists wouldn’t have been any different from previous generations, that are now forgotten. Among the many early installations by Tracey Emin that were considered shocking at the time, two have become iconic: Everyone I Have Ever Slept With 19631995 (1995), a tent with the appliquéd names of everyone she had ever slept with, and My bed (1998), her own bed exhibited at the Tate Gallery in 1999 in all its embarrassing glory, with used condoms, tights, packs of cigarettes, a bottle of vodka… While Damien Hirst worked on the theme of death, Jake & Dinos Chapman concentrated on war, Sarah Lucas on sex, Tracey Emin wanted to appropriate a range of emotions without beating around the bush, which is hardly what an artist like Sophie Calle might have done. N eon , a source of em otions At the Museum of Contemporary Art, Miami, in the soft shadows, provocative phrases and small sketches are reproduced in coloured neon that marry the handwritten traits of Tracey Emin. If we forget the almost caricatural aspect of neon, which has become commonplace in contemporary art – every artist seems to embrace it – and we listen to Tracey Emin, for whom neon evokes the cafes, bars and nightclubs of Margate, 2. the town where she lived during her childhood, the overall effect is strangely seductive. It’s as if, by occupying a space with a few memories, it becomes “your place” where you can receive visitors. Jusqu’au / Until 4 mars / March 2014, « Tracey Emin: Angel without You », Museum of Contemporary Art (MOCA), North Miami www.mocanomi.org

Vues de l’exposition / Views of the exhibition « Tracey Emin: Angel without You », 2014

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Excellence & Creation

L’exposition « MOBILIA », qui a lieu à l’Atomium à Bruxelles du 12 février au 15 juin 2014, met en évidence le talent des architectes qui, depuis la fin du xix e siècle et à travers le monde, ne se contentent plus de construire des édifices mais réalisent également du mobilier et des objets. La Belgique n’y fait pas défaut. Certains mouvements emblématiques de l’architecture moderniste ont été entre autres initiés par les Belges Victor Bourgeois (photo 1) et Huib Hoste aux côtés de Le Corbusier. Ces derniers ont particulièrement été actifs lors du premier Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) en 1928. Pourtant cette histoire reste relativement peu connue du grand public.

© Kristien Daem

L’exposition « MOBILIA », à travers le parcours de trente architectes belges sur un siècle, souligne le lien entre architecture, aménagement intérieur et mobilier. Depuis 1900, les architectes optant pour une approche créative totale se sont multipliés. Ils ont réalisé des projets originaux et exclusifs dessinant de la façade aux poignées de porte. « MOBILIA » est donc l’occasion de faire le point sur cette tradition et la manière dont elle se décline encore aujourd’hui.

BE : B-architecten Claire Bataille & Paul ibens Stéphane Beel & Lieven Achtergael Alain Berteau Victor Bourgeois Renaat Braem Constantin Brodzki Sébastien Cruyt & Olivier Bastin Louis-Herman De Koninck Julien De Smedt De Vylder Vinck Taillieu Lucien Engels Victor Horta Huib Hoste Lou Jansen Lucien Kroll Juliaan Lampens Stéphane Lebrun Bart Lens Lhoas & Lhoas Antoine Pompe Robbrecht & Daem Gustave Serrurier-Bovy Glenn Sestig Léon Stynen Willy Van Der Meeren Vincent Van Duysen bOb Van Reeth Charles Vandenhove Caroline Voet

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The forthcoming exhibition “MOBILIA”, at the Atomium in Brussels, that runs from February 12 until June 15 2014, focuses on the talent of architects whose work, since the late nineteenth century, has evolved beyond the design of buildings, to the creation of furniture and objects. Belgium hasn’t bucked this trend. Some emblematic movements of modernist architecture were initiated, among others, by Belgian architects Victor Bourgeois (photo 1) and Huib Hoste with Le Corbusier. They were particularly active during the first International Congress of Modern Architecture (CIAM) in 1928. Yet the story remains relatively unknown to the general public. “MOBILIA”, an exhibition that charts the careers of thirty Belgian architects over a period of one hundred years, emphasizes the connection between architecture, interior design and furniture. Since 1900, the number of architects opting for a total creative approach has multiplied. They have delivered original and exclusive projects from the design of the facade to the design of door handles. “MOBILIA” is an opportunity to take stock of this tradition and take a look at the way it is being interpreted today.

Exposition / Exhibition: « Mobilia » du / from 12 février / February jusqu'au / until 15 juin / June 2014, Atomium. Ouvert tous les jours de / Open every day form 10h à / to 18h. www.atomium.be

1 — Robbrecht & Daem, Paul & Hilde Robbrecht avec leur fils / with their son Johannnes, Ligeti, banc avec motif qui n’est pas peint mais est en contreplaqué de différentes essences de bois, une création pour le Concertgebouw de Bruges, 2002 / bench with pattern obtained using different species of plywood created for the Concertgebouw in Bruges, 2002 2 — Victor Bourgeois, chaise faisant partie du stand (photo) du groupe 7Arts (espace belge) lors de la Biennale des Arts décoratifs de Monza (IT, 1925) / chair belonging to the 7Arts group (Belgian stand) at the Biennale of Decorative Arts, Monza (IT, 1925)

MOBILIA 100 ans de design

Reportage de / Report by Erik Haemers pour / for Archives Design Projects

TL # 20

d'architectes belges  / years of design by Belgian architects

© AAM Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles

INT : Aalto Aulenti Ban Chipperfield Eames Eiermann Foster Frank Gaudi Gehry Graves Hadid Hoffmann Holl Ishigami Jacobsen Koolhaas Le CorbusierJeanneretPerriand Liebeskind Mackintosh Mallet-Stevens Mangiarotti Niemeyer Nouvel Pawson Piano Ponti Rietveld Saarinen Scarpa Siza van der Rohe Wilmotte Wright Zumthor

Ex h ib ition / Atomiu m x M ob ilia

Le titre Mobilia est inspiré par les termes latins mobilie (bien immobilier) et mobilis (mobile) mais aussi du nom de la fameuse revue de design des années 1960 et 1970 / Mobilia is inspired by the Latin mobilie (property) and mobilis (mobile) but also from the name of the famous magazine from the 1960s and 1970s

“Chairs are architecture”, Le Corbusier 2.


Ex h i bi ti on / Atomi u m x Mobilia

The exhibition presents a series of furniture and objects created by the aforementioned Belgian architects. Each element of furniture illustrates how each architect manages to translate their style, concerns and philosophy, into the final design. The exhibition covers the period from Art Nouveau to the present day, although the pieces are not shown in chronological order. The range of work – from prototypes to mass-produced objects – are grouped around different themes. The design for the exhibition encourages the viewer to look at works in a different light, to discover how each piece of furniture is made and understand the connection between the place it was intended for whilst appreciating its function. Such an approach allows us to understand the contemporary context. If today’s architects create furniture and objects like their predecessors, there isn’t always a direct correlation between these objects and a design for a building.

© Bernard Baines

L’exposition présente une série de meubles et d’objets de ces architectes belges. Chacun des éléments de mobilier présentés illustre la manière dont chaque architecte traduit son style, ses préoccupations et sa philosophie dans le mobilier qu’il conçoit. Si l’exposition couvre une période qui s’étend de l’Art nouveau à aujourd’hui, les pièces ne sont pas pour autant montrées dans un ordre chronologique. Les créations, qui vont de prototypes aux produits de série, sont réunies autour de différents thèmes. Regarder les œuvres différemment, découvrir comment le meuble est construit, comprendre le lien avec le lieu auquel il est destiné et apprécier sa fonction font partie des enjeux du scénographe. Une telle approche permet d’appréhender la démarche contemporaine. Si les architectes d’aujourd’hui créent des meubles et objets comme leurs prédécesseurs, ceux-ci ne sont pas pour autant en lien direct avec la création d’un bâtiment.

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1

Quelle que soit la chose que nous construisons, la manière de construire est aussi importante que le résultat final. Créer un meuble ou un édifice n’est pas seulement un choix technique, c’est aussi une démarche esthétique. Dans le meuble comme en construction, toutes méthodes d’assemblage peuvent devenir un élément décoratif à part entière. Un architecte peut vouloir masquer derrière des cloisons ou des plafonds la structure de métal ou de béton d’un bâtiment, ou au contraire assumer le matériau brut et le mode constructif en toute transparence. Dans les années 1920, sous l’influence du courant artistique néerlandais De Stijl, les architectes modernistes comme Huib Hoste ont préféré mettre en évidence dans leur mobilier l’ossature de construction marquant ainsi fortement les plans verticaux et horizontaux de leur meuble. Pour l’architecte contemporain, la structure est de plus en plus souvent considérée comme faisant partie intégrante de l’objet et, par conséquent, incorporée, voire soulignée. Cette volonté se traduit par la mise en évidence d’un mode de fabrication simple et visible (photo 4). On constate également que l’évolution technique permet une méthode de construction plus sophistiquée bien qu’apparente (photo 3 & 5).

« L’envers est aussi important que l’endroit », Jules Wabbes Regardless of what we choose to build, the construction method is just as important as the final result. Creating a piece of furniture or a building is not only about technical choices, it’s also an aesthetic approach. Any construction technique used for creating furniture or buildings can become a decorative element in its own right. An architect might want to hide the metal or concrete structure of a building behind the walls or the ceiling, or may instead choose to make a feature of the raw materials and construction methods and clearly and openly showing the construction. In the 1920s, under the influence of Dutch art movement De Stijl, modernist architects like Huib Hoste chose to draw attention to the vertical and horizontal structures that became a feature of their furniture. An increasing number of contemporary architects view the structure as an integral part of the object, and therefore, incorporate or emphasize it. This view is reflected in simple yet visible production methods (photo 4). Also worth noting is the technical development that allows for an altogether more sophisticated – albeit just as visible – construction method (photo 3 & 5).

4. © ibens & Bataille

Excellence & Creation

“A chair is a very difficult object. A skyscraper is almost easier”, Ludwig Mies van der Rohe

“The details are not the details. They make the design”, Charles Eames

TL # 20

3.

5.

© Kyo-co, Stéphane Lebrun

3 — Stéphane Lebrun, table réalisée à partir d’une feuille en inox brossé découpée et pliée, créée pour le restaurant du MAC’s – Musée d’Art contemporain, Grand-Hornu (BE) / made from a [cut and bent] sheet of brushed stainless steel, for the restaurant at MAC’s – Museum of Contemporary Art, Belgium 4 — Lhoas & Lhoas, Pablo & Pierre Lhoas, tabouret, chaise et table Bambi, créés pour la cafétéria du centre d’art contemporain le Wiels à Bruxelles, actuellement distribué par Z-creations / stool, chair and Bambi table, created for the cafeteria of the Wiels Contemporary Arts Centre in Brussels, currently distributed by Z-creations 5 — Claire Bataille & Paul ibens, détail du banc édité par Bulo, pouvant être utilisé à l’intérieur comme à l’extérieur. Il est fait de bois massif ou de MDF laqué, relié par un profil métallique en « T » / detail from a bench edited by Bulo, for indoor or outdoor use. Made of solid wood or lacquered MDF, secured with a metal “T” profile


Ex h ib ition / Atomiu m x M ob ilia

“I am not an artist, nor a designer; I am a builder”, Willy Van Der Meeren

7. © Filip Dujardin

6.

During the twentieth century many architects sought to build a better world, in a worthy desire to improve the quality of life for the greatest majority, through architecture and urbanism. This was also true for furniture. In a bid to live up to the expectations of the working class, architects came up with what they hoped would be the ideal solution to their expectations. However, this intellectual transposition of an idea that catered to the needs of others was largely a failure (photo 6). In the same vein, the implementation of major architectural complexes, urban developments and public spaces is another example. The furnishing allows the architect to create furniture that is appropriate to the intended space (interior or exterior). This initiative allows the general public to familiarise themselves with design (photo 4). In contrast to this aspiration of design for all, the objects created by JIJ’s (photo 8) are on the borderline between art and design. We are at the opposite of mass production, these furniture pieces are available in limited numbers in art galleries.

TL # 20

8.

6 — Willy Van Der Meeren, un des 13 appartements-témoins au Kiel, Anvers (1953) aménagé en collaboration avec l’artiste Antoine Mortier / one of 13 show flats in Kiel, Antwerp, designed in collaboration with the artist Antoine Mortier 7 — Antoine Pompe, chaise pliante conçue vers 1945 lorsqu’il avait plus de 70 ans / folding chair designed around 1945 when he was 70 years old 8 — JIJ’S (De Vylder Vinck Taillieu & Serge Vandenhove), Ode PDB (hommage à Pieter De Bruyne) pour/ for Proofflab, étagère cloison présentée au Salone del Mobile, 2013 / wall shelf presented at Salone del Mobile, 2013 9 — B-architecten / Evert Crols, Dirk Engelen, Sven Grooten, de.le.the.5 pour / for Muntpunt, (bibliothèque « à vivre » et point central à Bruxelles) réalisée en panneaux de multiplex revêtus d’un stratifié HPL, d’une couleur vive adaptée à chaque partie du bâtiment / (library and area to relax in central Brussels) made of multiplex panels coated with HLP (high pressure laminate), a bright colour for each part of the building

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3

Qui n’a pas besoin de temps à autre de chaises supplémentaires ou d’une plus grande table, pour accueillir des invités ? Mais la place pour les ranger, elle, fait souvent défaut. Cette problématique a rapidement préoccupé architectes et designers. Les tables rabattables, les chaises pliantes comme celle d’Antoine Pompe (photo 7) ou empilables représentent une solution classique à ce problème domestique. Cette réflexion pragmatique autour de la flexibilité a cependant ouvert le champ des possibilités en terme de créativité, donnant naissance aux tables modulaires de Willy Van Der Meeren (photo 6) ou aux meubles en polyuréthane de Cruyt & Bastin qui s’assemblent à la façon d’un puzzle tangram. Cette flexibilité, le mobilier des B-architecten au Muntpunt (photo 9) l’illustre assez bien. Ainsi, les formes géométriques comme le pentagone ou l’hexagone permettent aux utilisateurs de créer selon leur imagination des ensembles ouverts ou fermés en s’adaptant aux exigences des espaces collectifs. Who isn’t in need of some extra chairs or a larger table to accommodate guests from time to time? The problem, more often than not, is that there isn’t enough space to store or stack them. This is a problem that designers and architects quickly set about solving. Folding tables and collapsible chairs like the ones by Antoine Pompe (photo 7) or indeed stackable designs, are all classic solutions to this domestic problem. This pragmatic reflection on flexibility has however opened up the field of possibilities in terms of creativity, giving rise to the modular tables by Willy Van Der Meeren (photo 6) or polyurethane furniture by Cruyt & Bastin, that are assembled in the fashion of a tangram puzzle. The furniture created by B-architecten for Muntpunt (photo 9) is a good illustration of this flexibility. Geometric shapes like the pentagon or hexagon give users the freedom to create open plan or closed off areas that adapt to the demands of communal spaces.

© Stany Dederen

2

Au cours du xxe siècle, beaucoup d’architectes ont cherché à bâtir un monde meilleur, avec la volonté louable de vouloir améliorer le cadre de vie du plus grand nombre, par le biais de l’architecture et de l’urbanisme. Ce fut le cas aussi pour le mobilier. En essayant d’imaginer ce que les classes populaires désiraient, les architectes ont donné une réponse qu’ils pensaient adaptée à l’attente de ces derniers. Toutefois, cette transposition intellectuelle d’une idée du besoin de l’autre a été dans la plupart des cas un échec (photo 6). Dans le même ordre d’idées, la réalisation de grands ensembles architecturaux, d’aménagements urbains et de lieux publics en est un autre exemple. L’aménagement intérieur permet à l’architecte de réaliser un mobilier adapté à un lieu ou à un extérieur. Cette démarche permet au grand public de se familiariser avec le design (photo 4). Il est a contrario, en marge de cette aspiration à du design pour tous, des créations comme celles de JIJ’s (photo 8) qui se situent à la frontière entre le design et l’art. Nous sommes à l’opposé de la production de masse, ces meubles sont disponibles de façon limitée dans les galeries d’art.

© AAM Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles

© Willy Van Der Meeren Archives Coll A & D 50 vzw

Excellence & Creation

9.


Ex h i bi ti on / Atomi u m x Mobilia

de Le Corbusier que tout le monde pourra reconnaître et nommer alors qu’il n’en va pas de même pour leurs réalisations architecturales. Le design offre aux architectes la possibilité de travailler à une échelle plus réduite et plus humaine. Il leur permet d’expérimenter d’autres matériaux et d’autres techniques (photo 13). Cette tendance encourage les échanges entre différentes disciplines professionnelles (photos 14 & 15) et les créations sans destination spécifiques sont éditées pour le grand public. An architect translates a certain vision of the world. He offers his take on the relationship between man and his living space. If for some, the integration into the world of design only occurs through a timely completion of a piece of furniture or an object, others design and create as fullyfledged architects and designers. It has even become common practise today for architects to devote almost all of their time to design. To the point where big names in international architecture are now perceived as furniture designers rather than architects. It’s a telling sign, for example, that everyone can recognise and name the Breuer chair or the chaise longue by Le Corbusier, when the same can’t be said for their architectural achievements. Design gives architects the opportunity to work on a smaller, more human scale. It allows them to experiment with other materials and other techniques (photo 13). This trend encourages exchanges between different professional (photos 14 & 15) disciplines and pieces designed with no specific destination in mind are produced for the large public.

© Onroerend Erfgoed – foto BRF_090_002 A. De Belder

“If you want a golden rule that will fit everybody, this is it: have nothing in your houses that you do not know to be useful, or believe to be beautiful”, William Morris

12.

“A thing of beauty is a joy for ever”, John Keats  © Muuto

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Un architecte traduit une certaine vision du monde. Il propose sa lecture de la relation entre l’homme et son espace de vie. Si pour certains, l’insertion dans le monde du design se fait par la réalisation ponctuelle d’une pièce de mobilier ou d’un objet, il en est d’autres qui conçoivent et créent en tant qu’architecte et designer à part entière. Il est même devenu courant aujourd’hui que des architectes se consacrent presque exclusivement au design. Au point que de grands noms de l’architecture internationale sont aujourd‘hui assimilés plus à des créateurs de mobilier qu’à des architectes. Il est assez révélateur de parler par exemple de la chaise de Breuer ou de la chaise longue

“Always design a thing by considering it in its next larger context – a chair in a room, a room in a house, a house in an environment, an environment in a city plan”, Eliel Saarinen

« MOBILIA » a pour ambition de mettre en exergue la diversité du travail d’architectes belges. Bien que l’approche ne soit pas exhaustive, elle aura richement illustré le lien étroit entre mobilier et architecture. À travers le prisme d’un architecte, d’une pièce de mobilier et d’une photographie, l’exposition à l’Atomium – cadre idéal pour ce design d’architectes – est le miroir de l’évolution sur un siècle de ce rapport subtil qui voit apparaître aujourd’hui l’émergence de l’architecte designer.

11. © Diane Hendrikx

14. © JDS / Julien De Smedt Architects

Every designer dreams of custom-designing a global project. When the architect has been entrusted with the design of the interior and the outer construction he can develop a complete, harmonious and coherent approach from the very beginning. Each room is designed with its own particular function and layout in mind. Circulation, access points and any possible inconveniences are taken into account, nothing is left to chance. The materials, shapes and colours blend into the space (photo 10), so that the design and architecture merge together harmoniously. For example, in the project for the Concertgebouw in Bruges (photo 1), by the architects Robbrecht & Daem, the furniture, wall coverings and even the facades of the building interact with each other through the use of colours or patterns.

© Pastoe

4

Le sur-mesure, le projet global est le fantasme de tout créateur. Lorsqu’il lui est confié la réalisation extérieure et l’aménagement intérieur, l’architecte peut ainsi développer dès l’origine du projet une approche totale, harmonieuse et cohérente. Chaque pièce est pensée avec sa fonction et son aménagement propre. La circulation, l’encombrement, rien n’est laissé au hasard. Les matériaux, les formes et les couleurs s’accordent dans tout l’espace (photo 10), de sorte que design et architecture se confondent dans un même ensemble. Par exemple, dans le projet du Concertgebouw à Bruges (photo 1), par les architectes Robbrecht & Daem, les meubles, le revêtement des murs et même les façades du bâtiment, par le biais de la chromatique ou du motif, dialoguent les uns avec les autres.

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“MOBILIA” aims to put the diversity of work by Belgian architects under the spotlight. Although the approach is by no means exhaustive, it will illustrate the close link between furniture and architecture. Through the prism of an architect, a piece of furniture and a photograph, this exhibition at the Atomium – an ideal environment to showcase design by architects – mirrors the evolution of these subtle connections over the course of a century and reveals the emergence of today’s architect designers.

15. 14.

TL # 20

10.

10 — Renaat Braem, mobiliers biomorphiques destinés à l’aménagement du showroom Haentjens, début des années 1950 / biomorphic furniture for the Haentjens showroom, early 1950s 11 — Juliaan Lampens, tabourets et table imaginés pour l’intérieur de sa propre maison / stools and table conceived for the interior of his own house, 1960. Le tabouret peut être transformé en un petit rangement lorsqu’on le place sur l’angle coupé / the stool can transform into a small storage unit when turned on its axis

© Alberto Piovano

Excellence & Creation

13.

12 — Vincent Van Duysen, Totem pour / for Pastoe, 2010. Détail de l’armoire dont les caissons peuvent pivoter indépendamment les uns des autres / detail of the shelving unit with cubes that can pivot independendly of each other 13 — Vincent Van Duysen, Pottery pour / for When Objects Work, 2004 14 & 15 — Julien De Smedt, Chrushed bowls pour / for Muuto, 2007. Composés de triangles équilatéraux, leur forme est basée sur les principes utilisés pour la modélisation informatique à grande échelle / composed of equilateral triangles, their shape is based on principles used for large-scale computer modelling


Real Life

C ity R ep or t / I sta n b u l

1 — Nebula, installation en marbre imaginée par les deux sœurs et créatrices de Dice Kayek qui revisite la tradition séculaire du hammam turc / marble installation conceived by the two sisters and founders of Dice Kayek who revisit the secular tradition of the Turkish bath 2 — House Hotel Ortaköy, sur le Bosphore / on the Bosphorus

2.

M o n h ôtel est turc

Istanbul

À l’heure Design

of our times

Portée par une croissance à deux chiffres, Istanbul surfe sur la vague design pour imposer son style sur la scène internationale : hôtels, boutiques, restaurants, collaborations avec des designers étrangers, la capitale culturelle s’émancipe.

Reportage par / Report by Marie Le Fort

Driven by double-digit growth, Istanbul is surfing on a wave of design to impose its style on the international scene: hotels, boutiques, restaurants, collaborations with foreign designers, the cultural capital is embracing the world.

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Istanbul vit à l’heure mondiale. Avec son goût sûr pour le design, elle pourrait même se targuer de n’avoir rien à envier aux hôtels et restaurants parisiens. Fraîchement débarqué sur Istiklal avec une déclinaison locale du Mama Shelter – la première ouverture en dehors de la France –, Philippe Starck et Jérémy Trigano s’inscrivent dans le sillage d’autres concepts ou marques qui ont choisi Istanbul comme première implantation « européenne ». Ce fut le cas de W Hotels, qui inaugura une première adresse dans le quartier d’Akaretler avant d’ouvrir les portes de celui de Barcelone, ou The Istanbul EDITION lancé par le magnat américain Ian Schrager avec le concours de Marriott qui reste, à ce jour, l’unique propriété opérationnelle au monde. Deux Four Seasons et un Park Hyatt établis de longue date, un Raffles et Shangri-La en passe d’ouvrir d’ici fin 2013, Istanbul conjugue l’art de vivre international à tous les étages, tout en cultivant ses propres talents. C’est le cas des Witt Suites et du trio de House Hotels qui, avec la complicité d’Autoban côté décoration d’intérieur, s’implantèrent successivement dans un magnifique immeuble ancien du quartier de Galatasaray, au-dessus du magasin Prada dans le luxueux quartier de Nişantaşı – repaire idéal pour fashionistas et expatriés au goût sûr – et les pieds dans l’eau, sur les rives du Bosphore à Ortaköy. Déclinant trois ambiances distinctes « historique augmentée de design », « sur-mesure masculine » et « lounge estivale », les House Hotels relayent une identité turque contemporaine.

M y h otel is T ur kish Istanbul is in tune with the rest of the world. With its impeccable taste for design, there’s certainly no reason to envy the Parisian hotels and restaurants. With the opening of a local version of Mama Shelter on Istiklal – the first of its kind outside of France –, Philippe Starck and Jeremy Trigano follow in the wake of other concepts or brands that have chosen Istanbul as their first “European” location. One of the aforementioned brands is W Hotels who inaugurated their first flagship address in the Akaretler district, swiftly followed by another in Barcelona. Then there’s The Istanbul EDITION launched by American hotel magnate Ian Schrager with the support of Marriott, who, to this day remain one of the world’s leading property operators. Their long-established hotels in Istanbul include [two] Four Seasons and a Park Hyatt, they also own Raffles, and a Shangri-La will soon be opening at the end of 2013. Istanbul oozes élan and a cosmopolitan “art de vivre”, while nurturing its home-grown talent. Talent like Autoban, who designed the interiors for the Witt Suites and trio of House Hotels that are implanted successively in a magnificent old building in the Galatasaray district of Istanbul, above the Prada store in the luxurious district of Nisantası – an ideal haven for fashionistas and expatriates with good taste – and at the water’s edge, on the banks of the Bosphorus, in Ortakoy. With three disctinct moods “historic enhanced by design”, “masculine bespoke” and “summer lounge”, the House Hotels have carved out a contemporary Turkish identity.


Real Life

C ity R ep or t / I sta n b u l

L’éc o l e Auto ban

3.

Autoban ? Drôle de nom pour un duo de designers stambouliotes. Et pourtant, Seyhan Özdemir, architecte, et Sefer Çağlar, designer, sont parvenus à s’imposer et à créer une esthétique qui leur est propre. Outre une collaboration de longue date avec l’éditeur De La Espada, le duo a signé, en ville, une kyrielle de restaurants – House Cafés, Kitchinette, Münferit, Müzedechanga – des clubs comme Angélique, des concepts stores avant-gardistes tels V2K de Vakko ou la boutique de la créatrice de mode Arzu Kaprol, mais aussi Witt Suites et les House Hotels, avant de s’attarder, en ce moment même sur le design intérieur des 45 000 m2 du futur aéroport de Baku en Azerbaïdjan. À Istanbul, et ailleurs dans le monde, le style Autoban est reconnaissable avec ses lignes inspirées du mobilier moderniste des années 1950. Une vision claire et efficace qui a amené de l’ordre, et autant de repères visuels, au cœur de la mégalopole au développement chaotique. S’inspirant de leur modèle, de nombreux jeunes designers et agences s’engouffrent dans leur sillage comme la confidentielle marque 333km fondée par Deniz Duru en 2011, qui marie, elle aussi, nobles essences de bois et détails chromés. Le style Autoban fait donc bien école, et ne cesse d’être copié. La vo ie de l a cu lture du design

« Quand j’ai établi l’enseigne Decorum en 1995 qui commercialisait, entre autres, le meilleur des grands éditeurs italiens, le design était considéré, en Turquie, comme un luxe futile : on se rendait dans le magasin comme au musée. Les clients passaient à côté car ils n’avaient aucune culture du design. Il a donc fallu les éduquer, leur faire comprendre que le design se vit au quotidien, qu’il en est une composante », explique Gaye Cevikel, fondatrice de la marque Gaia & Gino qui s’impose désormais comme le principal acteur,

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T h e Autoban sch ool Autoban? Curious name for Istanbul’s very own design duo. Yet architect Seyhan Ozdemir, and designer Sefer Caglar, have managed to create and impose an aesthetic of their own. In addition to a longstanding collaboration with furniture producer De La Espada, the duo are responsible for designing a string of restaurants in the city – House Cafes, Kitchinette, Munferit, Muzedechanga – clubs like Angelique, avant-garde concept stores V2K and Vakko, a boutique for fashion designer Arzu Kaprol, and of course the Witt Suites and House Hotels. They’re currently busy creating a blueprint for the interior of a new 45,000m2 airport in Baku, Azerbaijan. The Autoban style – forms inspired by modernist furniture from the 50s – is instantly recognisable around Istanbul, or anywhere else in the world. A clear and effective vision that has brought order, and as many visual references, amidst the chaotic development in the centre of the metropolis. Inspired by their success, a number of young designers and agencies attempt to follow in their footsteps, like the private label brand 333km, founded by Deniz Duru in 2011, who also combines noble woods and chrome details. An increasing number of adepts are subscribing to the Autoban school of thought, and continue to spread the word. C ulture o f design “When I created Decorum in 1995, and started selling some of Italy’s top design brands, and more besides, design was seen as a frivolous luxury in Turkey: people who came to the store might well have been going to visit a museum. The customers just didn’t get it because they didn’t have any design culture. We had to educate them, try to make them understand that design is part and parcel of our daily lives”, says Gaye Cevikel, the founder of Gaia & Gino, an interior

4.

5. 3 — Chambre du / bedroom at the House Hotel Galatasaray imaginée par / conceived by Autoban 4 — Intérieur du restaurant FerahFeza dessiné par / restaurant interior designed by i-am 5 — Bar du Mama Shelter, signé / designed by Philippe Starck, animé d’une rangée de bouées multicolores / livened up with a row of colourful buoys 6 — Intérieur du restaurant Lokanta Maya emmené par la chef / restaurant interior fronted by chef Didem Senol 7 & 8 — Restaurant Gaspar, Karaköy : espace principal et détail du bar dessiné par / main area and bar detail, designed by Autoban

7.

8. 6.


Real Life

Ci ty R e p or t / Is tan bu l

et éditeur turc, sur la scène internationale. Consciente du challenge qui l’attendait, Gaye Cevikel tiendra, de 2000 à 2004, une tribune dans le quotidien national où elle invitera des designers à prendre la parole, expliquera leur démarche et démystifiera le design. Forte de cette expérience, elle lance Gaia & Gino en 2004-2005, uniquement à travers des collaborations internationales dans un premier temps. « Le succès de ma première collection dessinée par Karim Rashid est venu de l’étranger. Les Turcs ont accepté Gaia & Gino, une fois seulement qu’elle avait gagné une aura internationale », se souvient-elle. Aujourd’hui, cette visionnaire souligne à quel point la donne a changé : « En dix ans, Autoban a définit une “voie turque” en matière de design, relayée par l’ouverture d’IKEA en 2007 qui a démocratisé le design plus en amont ; aujourd’hui, la discipline est considérée comme une valeur fondamentale, et non plus un luxe », conclut Gaye Cevikel dont la dernière collection présentée à Milan – avec de vrais produits turcs comme ces Hookah (narguilés) modernisés par Karim Rashid, Noé DuchaufourLawrance et Jaime Hayon – a été encensée par la critique. « Aujourd’hui, des marques turques comme Arçelik ou Vitra (ndrl : il s’agit ici de la marque de salle de bain turque par opposition à la marque suisse éponyme), Koleksiyon ou Kale font toujours appel à des designers de renommée internationale – pensez Ross Lovegrove ou Patrick Jouin – pour entériner un style qui leur est propre ; néanmoins, ils s’appuient de plus en plus sur une nouvelle génération de designers turcs, formés à l’université, pour révéler “leurs” talents de demain », commente Fabrice Delaneau, consultant en design établi sur place. Promue lors du dernier Salon du meuble de Milan, l’exposition « Bathing in Light » comprenait Nebula, une sculpturale installation en marbre qui revisitait l’ancienne culture du hammam, signée par les sœurs Kayek, créatrices de mode turques francophones. Elle fut tellement plébiscitée qu’elle sera exposée au Victoria & Albert Museum de Londres à l’automne. Une fois de plus, le design turc a la cote. Mieux, Istanbul s’impose pas à pas comme une capitale du design à part entière. « Istanbul est le nouveau Barcelone », s’enthousiasme Éric Fajole, directeur d’Ubifrance en Turquie (l’Agence française pour le développement international des entreprises) : « La Turquie n’a plus cette image de “pays atelier bon marché” : grâce au design, à la mode, et à son don pour faire la fête, Istanbul s’impose comme un nouvel eldorado de style. »

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accessories brand now recognised as one of the leading Turkish design producers on the international scene. Gaye, who wrote a column in a national daily newspaper from 2000 to 2004, was only too aware of the challenges that lay ahead, so decided to invite designers to air their thoughts, opinions and ideas to demystify the subject of design. On the strength of this experience, in 2004-2005 she launched Gaia & Gino, initially favouring international collaborations. “The success of my first collection designed by Karim Rashid came from abroad. The Turks accepted Gaia & Gino, but only once it had gained a certain international notoriety”, she recalls. Today, this visionary emphasises just how things have changed: “In ten years, Autoban has defined a ‘Turkish style’ in terms of design, helped by the opening of IKEA in 2007 which brought design within everyone’s reach; today, the discipline is considered as a fundamental value, not a luxury”, concludes Cevikel, whose last collection presented in Milan – with authentic Turkish products like the Hookah (water pipe) brought up-to-date by Karim Rashid, Noé Duchaufour-Lawrance and Jaime Hayon, was critically acclaimed. “Today, the Turkish brands like Arcelik or Vitra (ed. a leading Turkish brand in the luxury bathroom sector not the eponymous Swiss brand), Koleksiyon or Kale always seek out worldrenowned designers – think Ross Lovegrove or Patrick Jouin – to endorse a style of their own; however, they rely increasingly on a new generation of universitytrained Turkish designers, to reveal “their” talented designers of the future”, adds Fabrice Delaneau, a design consultant working out of Istanbul. One of the projects shown during Milan Design Week in 2013, as part of the exhibition Bathing in Light was Nebula, a sculptural installation in marble commemorating the ancient culture of the Turkish Bath: Designed by the Kayek siblings, Franco-Turkish fashion designers. Such was the acclaim that, come the autumn, the exhibition will open at the Victoria & Albert Museum in London. Turkish design is popular once again. Better still, Istanbul is steadily making its mark as a design capital in its own right. “Istanbul is the new Barcelona”, enthuses Eric Fajole, director of Ubifrance in Turkey (the French agency for export promotion): “Turkey is no longer associated with an image of a ‘cheap workshop;’ thanks to design, fashion, and a flair for partying, Istanbul stands out as a new mecca of style.”

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9 & 10 — Deux « Hooka» (narguilés) contemporains dessinés par / two contemporary water pipes designed by Jaime Hayon & Karim Rashid pour / for Gaia & Gino

WWW.ARCHITONIC .COM

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Real Life

Ci ty R e p or t / Is tan bu l

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CITY REPORT

Carnet d’adresses / Address Book while Seyhan is responsible for design. Yeni Carsı Caddesi 19. Beyoglu, +90 212 252 50 67 Lokanta Maya : dans un espace aux accents scandinaves signé Cem Kocacıklıoglu, la jeune Didem Senol revisite une à une les cuisines régionales turques avec un air détaché qui réveille les papilles. Beignets de courgettes, ragoût de céleri, poulet mariné au yaourt, salade de blé concassé et grenade avec une fraîcheur, une créativité et un aplomb qui lui promettent un bel avenir. Elle a d’ailleurs récemment ouvert un deuxième lieu, Gram, idéal pour une pause déjeuner près du Pera Palace.

13 — Vue de la terrasse du restaurant FerahFeza à / terrace at the FerahFeza restaurant in Karaköy, dessiné par / designed by i-am

Y aller / Getting there Office du tourisme de Turquie à / Turkish Tourist Office in Paris : 102, avenue des Champs-Élysées, F- 75008 Paris, www.goturkey.com

Office du tourisme de Turquie à Bruxelles / Turkish Tourist Office in Brussels : rue de Montoyer, 4, B-1000 Bruxelles Ressortissants français : aucun visa nécessaire pour se rendre en Turquie / French nationals: no visa required to visit Turkey. En avion / By plane : Turkish Airlines propose cinq vols quotidiens depuis Paris CDG et trois vols quotidiens depuis Brussels Airport et l’aéroport Atatürk / Turkish Airlines offer 5 daily flights from Paris CDG and 3 daily flights between Brussels Airport and Ataturk. Le CIP lounge à l’aéroport d’Istanbul est signé Autoban / The VIP lounge at Istanbul airport was designed by Autoban.

l’hôtel de 45 chambres est rapidement devenu l’antichambre des dirigeants des marques de luxe. Nouvelle adresse à Karaköy depuis fin 2013, au pied de la tour de Galata, dans une ancienne banque ottomane datant de 1867 : The Vault Karaköy. Une adresse à suivre de très près ! The House Hotel, a next generation hotel concept launched in 2010 with the complicity of Autoban, who created the interiors, is a group of successful luxury boutique hotels located in the heart of Istanbul’s historic district: Galatasaray, Nisantası and Ortakoy, on the banks of the Bosphorus. The Nisantası branch, certainly the most elegant of the group, is set above the Prada boutique on Istanbul’s most coveted address, Abdi Ipekci Caddesi. The ideal hangout for expats with good taste, the 45-room hotel has rapidly become the antechamber for leaders of luxury brands. At the end of 2013 a new address opened in Karakoy, at the foot of the Galata Tower, in a former Ottoman bank which dates back to 1867: The Vault Karakoy, a name to follow closely! www.thehousehotel.com

www.turkishairlines.com

Se restaurer / Eating out

Se loger / Where to stay

For mezze with a modern, contemporary twist, Munferit - designed by Seyhan Ozdemir (Autoban) for her husband Ferit – is an excellent option to mingle with the trendsetting local crowd. The couple’s latest venture recently opened in the district of Karakoy Gaspar – Ferit mans the kitchen,

www.lokantamaya.com

Shopping Showroom Autoban : toutes les créations et best-sellers du duo s’exposent dans leur boutique-galerie d’Akaretler, comme le rocking-chair Sleepy, la table Starfish, les lustres articulés Octopus et les tables basses Pumpkin, toutes représentatives de leur style rétrocontemporain années 1950. The duo’s entire range can be found in their boutique cum gallery in Akaretler, including best-sellers like the Sleepy rocking-chair, Starfish table, Octopus suspension lamp and Pumpkin coffee tables, all representative of their retro-contempory 50s style. Sinanpasa Mahallesi. Süleyman Seba Caddesi 16-20. Akaretler, +90 212 236 9246 http://autoban212.com

Armaggan : déployé sur six étages au cœur de Nisantası, Armaggan regroupe et modernise tous les savoir-faire turcs, jusqu’aux plus vernaculaires : boîtes en marbre, riches étoffes teintes à l’aide de plantes anatoliennes, serviettes de hammam bistre, plateaux en argent martelé, vases, céramiques et carafes contemporaines, etc. Spread over six floors in the heart of the Nisantası district, Armaggan showcases products made with the complicity of a full range of Turkish artisan skills: marble boxes, rich fabrics dyed with the help of Anatolian plants, dark towels for a Turkish bath, beaten silver trays, vases, contemporary ceramics and decanters, etc. Abdi Ipekçi Caddesi. Bostan Sokak 8, Nisantası, +90 212 291 62 92, www.armaggan.com

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The House Hotel : concept hôtelier nouvelle génération lancé en 2010 avec la complicité d’Autoban côté décoration d’intérieur. The House Hotel s’est implanté avec succès au cœur de quartiers historiques : Galatasaray, Nisantası puis Ortaköy, les pieds dans le Bosphore. Celui de Nisantası, assurément le plus élégant, s’est installé sur la luxueuse rue AbdiIpekçi, au dessus de la boutique Prada. Repaire idéal pour expatriés au goût sûr,

Pour un dîner composé de mezze contemporains, Münferit dessiné par Seyhan Özdemir (Autoban) pour son mari Ferit est une excellente option pour se mêler à une foule locale, archi-tendance. Récemment inauguré dans le quartier de Karaköy Gaspar est le dernier né du couple avec Ferit en cuisine, et Seyhan côté design.

In a space with Scandinavian accents designed by Cem Kocacıklıoglu, the young Didem Senol revisits regional Turkish dishes, one by one, with a nonchalance that stirs the tastebuds: zucchini fritters, stewed celery, chicken marinated in yoghurt, ground wheat salad and chilled pomegranate, a creativity and aplomb that promises a bright future. Furthermore, she recently opened a second location, Gram, ideal for a lunch break near the Pera Palace. Kemankes Caddesi 35/A, Karakoy, +90 212 252 68 84


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