TL Magazine Special edition - Norwegian Crafts

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ISSN 2031 - 8316

Révélations nordiques / Nordic Revelations


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Norwegian Crafts

S o mma ire / Content s

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Sommaire / Contents — 02

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EDITORIAL Une catégorie artistique ouverte à l’expérimentation /An artistic category open to experimentation

TRUDE GOMMÆS UGELSTAD Norwegian Crafts, Une plate-forme pour la promotion de l’artisanat d’art norvégien /The international promotional platform for crafts from Norway

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COMMISSAIRE D’EXPOSITION / EXHIBITION CURATOR Marianne Zamecznik, Commissaire pour Norwegian Crafts au salon Révélations, Paris /Exhibition curator of Norwegian crafts at Révélations, Paris

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IRIJA ØWRE - GALLERI FORMAT OSLO Galleri Format Oslo, Un écrin pour l’artisanat d’art contemporain

— 18 — 19

CÉRAMIQUE / CERAMICS - RÉVÉLATIONS, GRAND PALAIS, PARIS Katrine Køster Holst, La céramique in situ /Ceramics on site Torbjørn Kvasbø, Cylindres monumentaux en argile

— 20

Irene Nordli, La sensualité de la porcelaine et de l’argile /The

— 23 — 24 — 28

/Showcasing contemporary crafts

/Monumental cylinders in clay

sensuality of porcelain and clay

Heidi Bjørgan, La céramique recréée /Recollecting ceramics VERRE / GLASS - RÉVÉLATIONS, GRAND PALAIS, PARIS Kari Håkonsen and Vidar Koksvik, Verre contemporain norvégien /Contemporary glass from Norway Andreas Engesvik, Unir aujourd’hui l’artisanat et le design /The Future is Now for Craft and Design

Colophon Cette publication est une co-edition This publication is jointly published by Norwegian Crafts & TLmag www.tlmagazine.com, www.norwegiancrafts.no — Avec le soutien de / With the support of Royal Norwegian Embassy, Paris

— 32 — 35

BIJOUTERIE / JEWELLERY - RÉVÉLATIONS, GRAND PALAIS, PARIS Anna Talbot, L’ornement, pas de souci! /Ornamentation is fine! Åse-Marit Thorbjørnsrud, Bijoux- sculptures /Jewellery

— — — —

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Liv Blåvarp, Au cœur du bois / Into the woods Konrad Mehus, Narrateur de la Norvège /Norway’s storyteller Sigurd Bronger, Joaillier-ingénieur /The Jewellery engineer Reinhold Ziegler, Bijoux rituels /Ritual jeweller

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TEXTILE - RÉVÉLATIONS, GRAND PALAIS, PARIS Inger Johanne Rasmussen, Compositions textiles /Inlaid textile

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Anders Smebye, Sculpteur textile /Textile sculptor

— 48

OSLO NATIONAL ACADEMY OF THE ARTS L’Académie nationale des beaux-arts d’Oslo, La faculté des arts visuels /Oslo National Academy of the Arts Oslo, Inside

sculptures

designer

the Visual Arts faculty

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KLUBBEN @ CITÉ DE LA MODE ET DU DESIGN, PARIS Klubben, L’Union des designers norvégiens /The Norwegian Designers Union

MUSÉES / MUSEUMS The National Museum of Art, Architecture and Design, Panorama des arts décoratifs en Norvège /Panorama of Norwegian decorative arts

Musée des Arts décoratifsTrondheim /National Museum of Decorative Arts, Trondheim

INFO Map /Carte

Éditeurs associés / Associate publishers TLmag Sébastien Wintenberger, Dina Baïtassova Coordinatrice éditioriale / Editorial coordinator Lise Coirier Communication & partenariats /Communication & partnerships Anne-Charlotte Thoby Traductions et copyediting / Translations and copyediting Kirsten Asling - kaZam!, Martyn Back, Arlyne Moi

Directeur / Director Norwegian Crafts Trude Gomnæs Ugelstad Coordination Norwegian Crafts Hege Henriksen Directeur de la publication & Éditeur responsable Publication director & publisher TLmag Marc Sautereau Rédactrice en chef et éditeur associé / Editor-in-chief and associate publisher TLmag Lise Coirier

Photographes et crédit / Photographs and credits Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos - Junn Paasche-Aasen - Andre Gali - Galleri Format Oslo - Dannevig Foto AS - Jens Hamran Morten Brun - Siren Lauvdal - Laila Meyrick - Kristin Bay - Tom Hansen - Aftermath - Kai Wilhelm Nessler - Anders Smebye - Kleihues + Schuwerk Gesellschaft von Architekten mbH Statsbygg Graphisme / Layout Balthazar Delepierre, Camille Roger, Lauranne Cox, Pro Materia asbl, Bruxelles / Brussels Remerciements / Special thanks to All the artists exhibiting at Révélations fine crafts and creation fair, as well as Jorunn Veiteberg, chairman of Norwegian Crafts - Irija Øwre, manager, Galleri Format Oslo -

Jørn Mortensen, doyen / dean, Oslo National Academy of the Arts - Jan-Lauritz Opstad, directeur / director, National Museum of Decorative Arts, Trondheim - Widar Halèn, directeur / director, The National Museum of Art, Architecture and Design - Klubben (Norwegian Designers Union) - Laura Marie Harbsmeier, Ambassade royale de Norvège / Royal Norwegian Embassy, Paris Partenaires associés / Associated partners Galleri Format Oslo National Academy of the Arts, Oslo The National Museum of Art, Architecture and Design National Museum of Decorative Arts, Trondheim Imprimé en Belgique / Printed in Belgium © New TLmag sarl 2013 Paris, France ISSN 2031-8316, Paris, France Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, ou publiée par impression, photocopie, microfilm ou de quelque manière que ce soit, sans accord préalable de l’éditeur. Cette édition spéciale est protégée par les droits d’auteur / No part of this publication may be reproduced of published in print, photocopy, microfilm or in any manner whatsoever without the prior consent of the publisher. This special edition is protected by copyright.

Couverture / Cover: © Heidi Bjørgan, Grey 77, sculpture, porcelaine / porcelain, 2013


Norwegian Crafts

Editorial

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Une catégorie arti&ique ouverte à l’expérimentation

An arti!ic category open to experimentation

Par / by Jorunn Veiteberg, Historienne de l’art / Art historian

« Rocailleux », « battu par les vents », c’est ainsi que l’hymne national de la Norvège caractérise le pays. Le climat y est rude, et avant que le pétrole n’enrichisse les habitants, leur mode de vie était marqué par l’austérité. Voici un bref aperçu historique de l’artisanat d’art norvégien. La classe supérieure est peu importante, et il n’y a pas d’aristocratie. Par conséquent, le marché de l’artisanat de luxe s’est peu développé, tandis qu’existe une longue tradition d’art populaire, une tradition vivante qui inspire encore de nombreux artistes aujourd’hui. Paradoxalement, le fait qu’aucune tradition ne s’est réellement imposée, ainsi que l’absence d’institutions fortes, peuvent peut-être expliquer la position de force dont jouit en revanche l’artisanat d’art en Norvège aujourd’hui. Ce phénomène a naturellement créé un espace pour les personnes ayant de nouvelles idées et la capacité d’innover artistiquement. L’essor de l’artisanat d’art Vers 1970, le nombre d’artisans d’art a véritablement explosé. En plus de la création de nombreux ateliers, les formes d’expression et l’utilisation de matériaux se sont diversifiés. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Avec le baby-boom, durant les années d’après-guerre, les écoles ont dû augmenter leurs quotas d’étudiants et offrir des possibilités de formation alternatives. L’amélioration de l’économie et les innovations techniques ont permis un plus grand choix d’équipements, de matériaux et de techniques. En outre, l’artisanat d’art s’accordait parfaitement avec le climat politique et culturel des années 1970. Un vent radical soufflait sur la terre, en particulier avec le mouvement des femmes et les protestations étudiantes sur le continent européen. La soudaine prospérité eut aussi des conséquences négatives, avec des réactions contre la surconsommation, le matérialisme et la pollution. Dans ce contexte, les artisans d’art ont pu présenter des objets uniques, faits main, et ayant du sens pour le public, à un niveau complètement différent de celui des biens de consommation fabriqués en série. Des pratiques artisanales vers les beaux-arts De même, les pratiques elles-mêmes ont évolué au cours des années 1970. L’une des définitions possibles de l’artisanat d’art serait en effet qu’il englobe tout, du design industriel à l’art visuel. Néanmoins, l’industrie norvégienne n’a jamais été fortement axée sur le design. Face aux autres pays scandinaves, la Norvège est même le pays dont la tradition et le milieu du design sont les moins développés.

Photo : © Junn Paasche-Aasen

Norwegian Crafts

‘Rugged’ and ‘weathered’ is how Norway’s national anthem characterises the country. The climate is harsh, and before oil made the inhabitants rich, their lifestyle was marked by austerity. Norway has a small upper class and no aristocracy. The market for luxury crafts has therefore been correspondingly small; instead, there is a long and living folk art tradition that still inspires many of today’s artists. Perhaps the lack of onerous traditions and strong institutions can help explains the strong position craft art enjoys in Norway today. It has created a space for people with new ideas and the ability to innovate artistically. A brief historical review may explain this situation further. The blooming of crafts Around 1970, Norway experienced an explosive growth in the number of craft artists. In addition to the establishment of many workshops, the forms of expression and the use of materials became more varied. There were several reasons: With the post-war baby boom, schools needed to increase their student quotas and offer alternative educational opportunities. An improving economy and technical innovations created more space for greater choice in equipment, materials and techniques. Furthermore, craftbased art fit well with the political and cultural climate of the 1970s. A radical wind was blowing across the land, not least precipitated by the women’s movement and the student protests on the European continent. Negative reactions to the surge in prosperity were expressed through a strong rejection of overconsumption, materialism and pollution. Within this context, craft artists were able to present handmade and unique objects that were experienced as meaningful on a completely different level than massproduced consumer goods. Yet another reason for the growth and fresh orientation of Norwegian crafts-based art in the 1970s and beyond concerns the nature of the practice itself. One possible definition situates craft art on a categorical scale that includes everything from industrial design to visual art. But Norwegian industry has never been heavily design-focused. In fact, compared with the rest of Scandinavia, it offers the weakest environment in terms of tradition and a milieu for design. As far as crafts artists are concerned, industrial production has therefore only nominally represented an alternative to studio production. In the same way, aesthetic ideals such as those represented by Scandinavian Design have not had any strong impact.


Norwegian Crafts

Editorial

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1.

2.

1 — Konrad Mehus, Å ha seg, 2011


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Editorial

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2. 2 — Exposition annuelle / Annual exhibition, Kunsthåndverk, The National Museum of Art, Architecture and Design , Oslo, 2012 3 — Kari Dyrdal, Valser, Lauréat / Prize winner, 2011 3.

En ce qui concerne les artisans d’art eux-mêmes, la production industrielle en tant que telle n’a donc que très peu représenté une alternative à la production en atelier. Pour les mêmes raisons, les idéaux esthétiques du design scandinave n’ont pas eu d’impact important. L’absence de base ainsi établie dans le design a facilité l’évolution des artisans vers les beaux-arts. En 1975, ceci a conduit à une rupture avec les designers eux-mêmes, avec lesquels jusqu’alors ils étaient unis par leurs intérêts et la promotion de leur discipline. Les artisans d’art créérent alors leur propre organisation professionnelle, « Norske Kunsthåndverkere », l’Association norvégienne des Métiers d’Art, qui a le statut d’une organisation d’artistes, et qui a le droit de négocier soutiens et subventions avec le gouvernement qui sont équivalents à ceux des peintres, sculpteurs et autres artistes. Même si l’argent n’est pas tout, il demeure néanmoins la clé pour un certain développement. Ainsi les subventions publiques sont-elles une raison très importante pour laquelle l’artisanat d’art norvégien a pu se développer librement dans cette direction artistique. Mais le nouveau statut impliquait que les artisans se définissent eux-mêmes comme n’ayant pas de but commercial, mais par leur seule volonté d’innovation, tout comme le firent les autres artistes. La création d’œuvres uniques fut donc la priorité sur la production en série, et l’originalité et le contenu conceptuel devinrent plus importants que la tradition et la virtuosité technique. Il convient également de mentionner que le nouvel artisanat fut libéré de la primauté de l’utilité et de la fonctionnalité. C’est la raison pour laquelle il est rare de le trouver dans les magasins de décoration et les magasins spécialisés, tandis qu’il est souvent exposé dans les galeries et les musées. Postmodernisme : la renaissance de l’ornement L’artisanat d’art norvégien a connu un nouvel essor avec la percée du postmodernisme dans les années 1980. Cette étape est importante, notamment parce qu’« enfin, quelqu’un disait que c’était bien d’aimer les objets », pour citer David Byrne, figure de proue du groupe de rock Talking Heads. Le décor et l’ornementation, qui avait été bannis par le modernisme, connurent une véritable renaissance, à travers l’utilisation en particulier de matériaux ou supports depuis longtemps exploités par les artisans. Un nouvel historicisme émergea, permettant ainsi au passé d’être inclus sous la forme d’emprunts et de citations, et place fut faite à des éléments qui a priori étaient superflus et irrationnels, par l’utilisation de solu-

From handicrafts to fine arts This lack of grounding in design made it easier for craftspeople to orient themselves towards the other end of the scale – fine art. While they had previously been united with designers under one special interest/advocacy association, in 1975 they split and founded their own professional organisation. Norske Kunsthåndverkere, or the Norwegian Association for Arts and Crafts, gained the status of an artists’ organisation with the right to negotiate with the government for support and grants, just as did the organization for visual artists. While money is not everything, it is still the key to a good many things. The government grants are an important reason why Norwegian craft art has been able to develop freely in an artistic direction. But the new status required craftspeople to define themselves as innovative and non-commercial, like other artists. Creating unique works was therefore prioritised over serial production, and originality and conceptual content became more important than tradition and technical virtuosity. It should also be mentioned that the new crafts have long been liberated from all demands for the primacy of utility and functionality; hence, they are rarely found in interior design stores and specialty shops, and are instead exhibited in galleries and museums. Postmodernism: the renaissance of ornamentation Norwegian craft art experienced new growth in the 1980s with the breakthrough of postmodernism. “Finally somebody said it was OK to like things”, to quote David Byrne from the band Talking Heads. Decor and ornamentation, which had been ‘forbidden’ during Modernism, experienced a renaissance. This translated into greater status for the media that had long been used by craftspeople. A new historicism emerged whereby the past could be borrowed from and quoted, and space was made for unnecessary and irrational elements through the use of contradictory and complex solutions. It became permissible to include found objects and to play with familiar shapes, and divergent materials and categories were mixed as never before. Postmodernism also enabled overt flirtation with kitsch and other forms of pop culture, while figuration and narrativity gained a central position. All these practices are tendencies that still hold sway amongst Norwegian craft artists. The concurrence of three factors – a strong organisation for promoting studio crafts, the increased self-awareness of practitioners, and Postmodernism’s aesthetic liberation from old ideals – resulted in a fortuitous


Norwegian Crafts

Editorial

tions contrastées et complexes. On se mit à inclure des objets trouvés et à jouer avec des formes familières et des matériaux divergents, et les catégories de matériaux furent mélangées comme jamais auparavant. Le postmodernisme permit également de flirter ouvertement avec le kitsch et d’autres formes de culture populaire couplés à la figuration et à la narrativité acquirent une position centrale. Toutes ces pratiques sont des tendances qui exercent toujours leur influence parmi les artisans d’art norvégiens. La conjonction de trois facteurs – une organisation solide pour la promotion de l’artisanat d’art, la conscience de soi accrue des professionnels, et la libération esthétique postmoderne par rapport aux idéaux du passé – a permis d’atteindre un résultat heureux. Cette conjonction est toujours un facteur qui peut expliquer la force et l’essor de l’artisanat d’art norvégien au cours de ces dernières décennies. L’éducation artistique comme moteur de développement On ne doit pas sous-estimer le fait que l’artisanat en atelier est considéré comme une pratique artistique si l’on veut comprendre ce domaine et la manière dont les artistes ont posé leurs priorités en créant leurs œuvres. Comme une conséquence de cette évolution, les deux institutions qui forment aujourd’hui les artisans d’art en Norvège – l’Académie Nationale des Arts d’Oslo et l’Académie d’Art et de Design de Bergen – ont tous deux réformé leurs cursus et sont maintenant orientées vers une forme d’éducation artistique qui met l’accent sur la formation individuelle et le développement personnel. Aucun cours, néanmoins, n’est dispensé dans le domaine du verre, et seule l’école d’Oslo offre une formation autour du métal et de la joaillerie. Dans ces deux institutions, les domaines les plus étudiés, dans ce champ de l’artisanat d’art, sont ceux de la céramique et des textiles. L’accent mis sur la dimension artistique a également joué un rôle très important pour l’accès du public à l’artisanat d’art. Depuis 1976, l’Association norvégienne des Métiers d’Art organise chaque année une exposition, et depuis 1986, un jury décerne le prix de la meilleure œuvre de l’exposition. Avec le fonds public créé en 1990 qui permet d’acquérir des œuvres d’artisans d’art contemporains et de les offrir aux trois musées des arts appliqués et des arts décoratifs en Norvège, cette exposition-concours annuelle et ce prix d’artisanat d’art sont des initiatives importantes pour permettre de dresser le meilleur profil d’un artisanat d’art de qualité. En coopération avec Norske Billedkunstnere (l’Association norvégienne des Artistes visuels), l’Association Norvégienne des Métiers d’Art gère quinze centres dirigés par des artistes à travers le pays, dont chacun permet au public de découvrir l’artisanat d’art. Outre la diffusion d’informations et l’organisation d’expositions, ces centres d’art négocient des commandes pour la création d’art public et d’autres projets pour les artistes. Champ libre d’expression artistique Dans l’ensemble, les diverses directions empruntées par les différents artisans d’art norvégiens ne permettent pas d’établir aujourd’hui une notion univoque de ce qu’est l’artisanat. Aussi, plutôt que de le définir strictement par la notion de genre, il est préférable de le considérer comme un champ artistique ouvert rassemblant de nombreuses traditions et pratiques. En somme, l’artisanat d’art norvégien est une composition de ce qui est créé dans ce pays par des artistes dont le champ d’expérience relève du processus artisanal. La Norvège compte environ 800 créateurs artisans qui empruntent d’une façon qui leur est propre différentes voies d’expression artistique. Ils sont en constante expansion et repoussent toujours plus avant les limites de notre compréhension de ce que cette catégorie d’art peut inclure.

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situation. This concurrence is still a factor that helps explains the strength and growth of Norwegian craft art in recent decades. Art education as a development factor The significance of clearly marking studio craft as an artistic practice can hardly be overestimated, especially for understanding the field and the way in which the artists set their priorities when creating works. As a consequence of the development, the two academies that today educate craft artists in Norway – the Oslo National Academy of the Arts and Bergen Academy of Art and Design – have both revised their curricula and are now geared towards an art education that emphasises individual instruction and personal development. No courses, however, are available in the field of glass, and only the Oslo school offers instruction in metal and jewellery. The largest subjects within material-based art at both schools are ceramics and textiles. Emphasis on the artistic aspect has also been significant for the public’s access to crafts art. Since 1976, the Norwegian Association for Arts and Crafts has organised an annual juried exhibition, and since 1986 a prize has been awarded for the best work in the show. Along with a public fund established in 1990 for purchasing contemporary craft art and giving it to the three museums of applied and decorative art in Norway, this exhibition and prize have been important initiatives in the effort to profile what can be regarded as qualitatively good craft art. In cooperation with Norske Billedkunstnere (the Norwegian Visual Artists’ Association), the Norwegian Association for Arts and Crafts runs 15 artist-led centres around the country, each of which enables the public to experience craft art. In addition to spreading information and organising exhibitions, these art centres broker commissions for the creation of public art and other works. Free expressions of art The many concerted efforts on behalf of Norwegian crafts have not resulted in a single, unambiguous concept of what those crafts are. Rather than defining them strictly according to genre, it is better to address them as an open artistic field that gathers together many traditions and practices. In simple terms, Norwegian crafts are the sum of what is created by craft-based artists who live in this country. There are about 800 such artists in Norway today, and they work in highly individual ways with their various crafts, continuously expanding and challenging our understanding of what this category of art can include.

4 — Torbjørn Kvasbø dans son atelier / in his studio Photo : © Andre Gali

4.


Trude Ugelstad

Photo : Š Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Trude Ugelstad

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Norwegian Crafts /

Une plate-forme pour la promotion The international promotional platform de l’artisanat d’art norvégien for crafts from Norway

Trude Gomnæs Ugelstad est la directrice de Norwegian Crafts, fondé le 20 décembre 2012. Au comité de direction figurent des membres tels que Benedicte Wildhagen, Jorunn Veiteberg, Torbjørn Kvasbø et Elisabeth Sørheim. Trude nous parle de sa vision et de ses activités, qui visent une meilleure reconnaissance des talents norvégiens dans ce domaine des arts visuels.

Trude Gomnæs Ugelstad is the executive director of Norwegian Crafts, which was founded on December 20, 2012. The board includes professional members such as Benedicte Wildhagen, Jorunn Veiteberg, Torbjørn Kvasbø and Elisabeth Sørheim. She reveals to TLmag her vision and activities, which aim at a better international recognition of the Norwegian talents in this visual arts field.

TLmag: Quel est votre parcours personnel et votre rapport à l’artisanat d’art contemporain? Trude Gomnæs Ugelstad : J’ai étudié le management dans le domaine de l’art dans le Colorado aux ÉtatsUnis avant de revenir en Norvège. J’avais déjà une très bonne vision artistique du domaine de l’artisanat d’art norvégien et pouvait dès lors le placer dans une perspective internationale. En tant que directrice générale de Norwegian Crafts, je suis très intéressée au positionnement actuel de l’artisanat d’art nordique et à la manière de faire évoluer en sa faveur les nouveaux marchés émergents des collectionneurs et amateurs d’art. Je suis aussi concernée par l’éducation et le soutien aux créateurs afin de développer la scène norvégienne de l’artisanat d’art de manière durable. La relation avec les arts plastiques est forte et les pièces faites main dont nous faisons la promotion avec la Galleri Format Oslo et des partenaires comme les Ateliers d’Art de France à l’occasion de Révélations reflètent les meilleures qualités professionnelles et artistiques dans les domaines de la céramique, du textile, du bijou et du verre. Nous sommes très reconnaissants et remercions les Ateliers d’Art de France d’accueillir la Norvège comme pays invité à l’occasion de cette première édition du salon Révélations organisée au Grand Palais durant Paris Design Week.

TLmag: What is your background and interest in contemporary art and crafts ?

Trude Gomnæs Ugelstad: I studied arts management in Colorado (US) before returning to Norway. I already had a high artistic vision of the field of Norwegian craftsmanship and could easily put it in an international perspective. As executive manager of Norwegian Crafts, I am highly interested in the positioning of Nordic crafts today and how what is handmade can be valued in our society through finding new emerging markets of collectors and craft appreciators, and by supporting talent and education in order to achieve sustainable development of the Norwegian craft scene. The relationship with fine arts is strong and the handmade pieces we promote together with Galleri Format Oslo and partners such as Ateliers d’Art de France for Révélations, reflect the finest professional and artistic qualities in ceramics, textile, jewellery and glass. We are very proud and grateful to be the guest country this year for the Révélations ‘première’ show organised by Ateliers d’Art de France at Grand Palais during Paris Design Week.

TLmag: What is your vision and mission for Norwegian Crafts?

T.G.U.: Norwegian crafts are known worldwide for high artistic quality and remarkable craftsmanship. Norwegian Crafts produces high quality crafts projects for the most influential and relevant international arenas. It scouts, nurtures and secures a worldwide network of institutions, organisations and professionals.


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Photo : © Andre Gali

1.

TLmag: Quelle est votre vision et la mission de Norwegian Crafts? T.G.U. L’artisanat norvégien est connu dans le monde entier pour sa valeur artistique et la qualité remarquable de ses créations. Norwegian Crafts, notre nouvelle entité fondée en décembre 2012, le représente sur les marchés internationaux les plus influents. Il repère, promeut et entretient un réseau international d’institutions, d’organisations et de professionnels. TLmag: Comment envisagez-vous l’évolution de la promotion de l’artisanat d’art norvégien et sa relation au design sur la scène internationale? T.G.U. : La Norwegian Crafts Association qui a été fondée par Norwegian Crafts, a commencé à participer à des projets internationaux en 2004. Nos artistes ne peuvent pas développer uniquement leur marché sur leur territoire national. Ils ont besoin d’être reconnus mondialement et de vendre leurs pièces d’artisanat d’art à l’étranger. Grâce à l’appui du ministère des Affaires étrangères, Norwegian Crafts est en mesure de participer au financement des voyages des artistes, à leurs catalogues et à leur promotion sur des salons et événements, sans pour autant couvrir les frais de production de leurs œuvres. Vue notre position, nous agissons en primeur comme conseiller auprès du ministère des Affaires étrangères afin de determiner les

TLmag: How do you see the evolution of the promotion of contemporary design-led crafts from Norway on the international scene ?

T.G.U.: The Norwegian Crafts Association, which founded Norwegian Crafts, began participating in international projects in 2004. Our members cannot develop their markets only on their national territory. They need to be recognised worldwide and to sell their art and craft works abroad. Thanks to the Ministry of Foreign Affairs, Norwegian Crafts is able to provide funding to the artists for travel, catalogues and promotion at fairs and events, but not to cover production costs. In our position, we act as primary advisor to the Ministry of Foreign Affairs in order to determine what directions should be taken by Norway in terms of investing in craft projects. Norsk Form, on the other hand, along with the Norwegian Council of Design and together with the Ministry the Norwegian, is planning design initiatives and events such as 100% Norway, Inside Norway and supporting Klubben, which will be held at the Docks en Seine in Paris at the same time as Révélations. This duality between craft and design promotion goes back to the mid-1970s, when the Norwegian Crafts Association began positioning craft as counter to functional art and as close as possible to the fine arts.


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TLmag: How do you implement Norwegian Crafts’s presence at an international level?

directions à prendre en termes de stratégie d’investissement dans des projets d’artisanat d’art. Norsk Form en tandem avec le Norwegian Council of Design, soutenus par le même ministère, planifient ensemble les initiatives dans le secteur du design tels que 100% Design Norway, Inside Norway et soutiennent Klubben qui aura lieu au même moment que Révélations aux Docks en Seine à Paris. Cette dualité de promotion entre artisanat d’art et design remonte au milieu des années 1970 lorsque la Norwegian Crafts Association se positionna fermement contre l’art fonctionnel afin de se rapprocher au plus possible du domaine des beauxarts.Klubben, which will be held at the Docks en Seine in Paris at the same time as Révélations. This duality between craft and design promotion goes back to the mid-1970s, when the Norwegian Crafts Association began positioning craft as counter to functional art and as close as possible to the fine arts. TLmag: Comment assurez-vous la présence de Norwegian Crafts à l’échelle mondiale? T.G.U.: Nous participons à des biennales et à des expositions de haut vol dans des galeries et des musées partout dans le monde. J’aimerais citer, par exemple, le Musée d’Art, d’Architecture et du Design d’Oslo et le parcours organisé par la Cité de la Céramique de Sèvres à Paris. Nous avons l’ambition d’être représentés sur les principaux salons tels que Révélations au Grand Palais et Maison&Objet à Paris. Nous collaborons également étroitement avec notre entité commerciale Galleri Format Oslo sur des événements comme Collect à Londres. Norwegian Crafts accompagne et organise également des séminaires et des projets éditoriaux de haut niveau. Notre organisme a aussi la mission d’alimenter et d’entretenir, dans une perspective à long terme, un réseau international constitué de professionnels travaillant sur des projets dans le domaine des arts appliqués. En bénéficiant d’un soutien public, Norwegian Crafts encourage des échanges internationaux à travers des cours universitaires, des résidences, et des programmes tels que la Pilchuck Glass School à Seattle (États-Unis). Notre site Internet nous aide à mettre en valeur nos initiatives à travers la revue en ligne Norwegian Crafts qui informe notre réseau sur nos activités et le travail de nos créateurs. Voyons ce que l’avenir nous réservera et comment les artistes dans le domaine de l’artisanat d’art vont innover dans le sens du beau et du bien durable !

Photo : © Andre Gali

T.G.U.: We take part in cutting-edge and well-renowned biennials and shows at galleries and museums worldwide, including the National Museum of Art, Architecture and Design in Oslo and the Cité de la Céramique de Sèvres’s ceramics tour in Paris. We have an ambition to be represented at the leading trade fairs such as Révélations at Grand Palais and Maison&Objet in Paris. We also have a close collaboration with our commercial entity Galleri Format Oslo at fairs like Collect in London. Norwegian Crafts supports and produces seminars and publications at high quality level. We aim to nurture and secure a long-term worldwide network with professionals in all design-led crafts projects. Finally, our state-supported organisation supports attractive international exchanges through academic courses, residencies and visitor programmes with, for example, the Pilchuck Glass School in Seattle (US). Some highlights are provided on our website in the online Norwegian Crafts Magazine, which tries to capture the essence of our crafts’ qualities and profiles. Let’s see what the future will bring us and how our crafts artists will innovate and create beautiful and sustainable works of art! Norwegian Crafts Rådhusgata 20 NO- 0151 Oslo +47 22 91 02 60 post@norwegiancrafts.no www.norwegiancrafts.no www.facebook.com/norwegiancrafts www.flickr.com/photos/norwegiancrafts

1 — Anna Talbot à l’exposition de bijoux d’art AFTERMATH au musée Villa Stuck en mars 2013 / at the AFTERMATH of art jewellery exhibition at Museum Villa Stuck, Munich 2 — Gjertrud Steinsvåg & Hege Henriksen de Norwegian Crafts, at au vernissage de l’exposition de bijoux d’art AFTERMATH , Musée Villa Stuck, 2013 / at the opening of AFTERMATH of art jewellery exhibition, Museum Villa Stuck 2013

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Commi s s ai re d’ex p o s i tion / E xhibit ion c urator

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Photo : © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts


Norwegian Crafts

Commi s s ai re d’exp o sit ion / E xhibit ion c urator

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Marianne Zamecznik

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Commissaire pour Exhibition curator of Norwegian Crafts au Norwegian crafts salon Révélations, Paris at Révélations, Paris

Marianne Zamecznik (Oslo/Berlin) est commissaire indépendante et conceptrice d’expositions. Diplômée de la Oslo National Academy of the Arts et de la University College of Arts, Crafts and Design de Stockholm, elle a co-fondé en 2002 Simon Says, une initiative de diffusion culturelle réalisant des expositions itinérantes. Nourrie par ses origines polonaises, l’une des expositions les plus marquantes, Simon Says Aloha to Polish Art (2003), témoigne d’un programme ambitieux et multi-disciplinaire mettant en lumière la scène artistique polonaise la plus actuelle, avec des performances de Julita Wójcik et Romand Dziadkiewicz et des œuvres de Anna Niesterowicz, Paweł Książek et du groupe artistique Twożywo. Elle a également travaillé comme productrice et commissaire au Swedish Filmforum, et comme directrice de programme au 0047 à Berlin, une organisation indépendante qui réalise expositions et résidences axées sur l’art, l’architecture, et la collaboration entre créateurs. Parmi ses récents travaux de commissariat à New York, Paris, Wroclaw, Moss et Varsovie, on peut citer: The Running Room (avec Thora Dolven Balke, Arnljot Berg, Per Christian Brown, Leander Djønne, Steinar Haga Kristensen, Bo Hermansson, Mai Hofstad Gunnes, Tancred Ibsen, Erik Løchen, Vibeke Løkkeberg, Håkon Sandøy, Martin Skauen, Arne Skouen, Helene Sommer, Georg Sommerfeldt et Munan Øverlid) au Space for Art and Industry à New York, The Feast (avec Oliver Laric, Josefine Lyche et Pawel Jarodzki) au European Culture Congress à Wroclaw; la sixième biennale Momentum à Moss, Norvège, Imagine Being Here Now, en collaboration avec l’artiste norvégien Øystein Aasan; et The Space Between Us sur l’architecte d’expositions Stanislaw Zamecznik au Modern Museum de Varsovie. En juin 2013, elle a livré l’architecture pour l’exposition de Martha Kirszenbaum La Fin de La Nuit au Palais de Tokyo. En tant que critique et journaliste, elle a contribué à Kunstkritikk.no, Konsten.se, Kunsthåndverk, Cura et Billedkunst, et travaille actuellement sur un livre sur l’architecture des expositions en collaboration avec Carson Chan, à paraître chez Sternberg Press en 2014.

Marianne Zamecznik (Oslo/Berlin) is a freelance curator and exhibition designer. Following her formal arts education at the Oslo National Academy of the Arts and University College of Arts, Crafts and Design in Stockholm, she co-founded the cultural outreach programme and itinerant exhibition venture Simon Says in 2002. Drawing on her Polish background, one of its more notable exhibitions, Simon Says Aloha to Polish Art (2003), was an ambitious, multidisciplinary program spotlighting the most current art scene in Poland with performances by Julita Wójcik and Romand Dziadkiewicz as well as works by Anna Niesterowicz, Paweł Książek and the artistic group Twożywo. She also worked as a producer and curator at the Swedish Filmforum and as Managing and Program Director at 0047 in Berlin, an independent exhibition and residency organisation focused on art, architecture and collaboration. Recent independent curatorial projects were commissioned and presented in New York, Paris, Wroclaw, Moss and Warsaw. They included: The Running Room (with Thora Dolven Balke, Arnljot Berg, Per Christian Brown, Leander Djønne, Steinar Haga Kristensen, Bo Hermansson, Mai Hofstad Gunnes, Tancred Ibsen, Erik Løchen, Vibeke Løkkeberg, Håkon Sandøy, Martin Skauen, Arne Skouen, Helene Sommer, Georg Sommerfeldt and Munan Øverlid) at Space for Art and Industry in New York; The Feast (with Oliver Laric, Josefine Lyche and Pawel Jarodzki) at the European Culture Congress in Wroclaw; the 6th Momentum biennial in Moss, Norway; Imagine Being Here Now, in collaboration with Norwegian artist Øystein Aasan; and The Space Between Us, about exhibition architect Stanislaw Zamecznik, at the Modern Museum of Warsaw. In June 2013, she delivered the exhibition architecture for Martha Kirszenbaum’s La Fin de La Nuit at Palais de Tokyo. As a critic and editor, she has contributed to Kunstkritikk.no, Konsten.se, Kunsthåndverk, Cura and Billedkunst, and is currently working on a book about exhibition architecture together with Carson Chan, to be published by Sternberg Press in 2014.


Norwegian Crafts

Iri j a Ă˜ w re / G al l e ri Format O slo

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Iri j a Ø w re / G al l er i For m at O slo

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Galleri Format Oslo

/

Un écrin pour l’artisanat d’art contemporain

Showcasing contemporary crafts

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts


Norwegian Crafts

Iri j a Ø w re / G al l e ri Format O slo

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Irija Øwre se passionne pour l’artisanat et le design norvégiens. Historienne de l’art avec une solide expérience du milieu des galeries d’art, elle a pu suivre la transformation de la Norwegian Crafts Association, gérée à l’échelle internationale par Galleri Format Oslo depuis 1991. D’abord galerie publique, Galleri Format Oslo a évolué sous l’égide de Irija Øwre pour devenir une plate-forme internationale des arts visuels. Aujourd’hui, la galerie organise de plus en plus d’expositions de grande qualité et réalise des projets sur mesure pour développer une stratégie fondée sur les qualités reconnues des talents norvégiens, qu’ils soient déjà bien établis ou émergents. TLmag: Qu’est-ce qui permet de distinguer l’artisanat norvégien de celui des autres pays européens? Peut-on parler d’une connivence entre artisanat de création et beaux-arts? Irija Øwre: La scène artistique norvégienne est en plein essor et rayonne de plus en plus à l’échelle mondiale. Parmi les artistes, on observe également une forte préoccupation pour la matière. Beaucoup de jeunes artistes norvégiens travaillent avec de nouveaux matériaux pour exprimer leurs concepts et leur pratique artistique. Quand elle est associée au domaine des beaux-arts, cette forte orientation produit des formes d’expression inédites. L’artisanat d’art en Norvège est ainsi plus expérimental, avec un très haut niveau de savoir-faire révélé à travers la mise en œuvre des différents matériaux.

Photo: © Galleri Format Oslo

Photo: © Dannevig Foto AS

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1 — Irija Øwre face aux pièces artisanales exposées à la Galleri Format Oslo / with craft pieces exhibited at Galleri Format Oslo 2 — Sidsel Hanum, Big lime tree leaf from last year, porcelaine / porcelain, 2013 3 — Elise Hatlø, Grandma Sings the Blues, broche / brooch, 2012

Irija Øwre is passionate about design-led crafts from N o r w a y. A s a n a r t h i s t o r i a n w i t h a s t r o n g background in the fine arts gallery business, she has been overseeing the transformation of the Galleri Fo r m a t O s l o , w h i c h h a s b e e n d r i v e n a t a n international level by The Norwegian Association of Arts and Crafts since 1991. She has supported Galleri Format Oslo in evolving from a public gallery towards a more commercial and international platform for contemporary crafts. It now increasingly organises high-end exhibitions and bespoke projects, in order to develop a long-lasting strategy based on the recognised qualities of emerging and established talents from Norway. TLmag: What makes contemporary crafts in Norway different from other places in Europe? Would you say there is a close combination of design-led crafts and fine arts? Irija Øwre: The Norwegian art scene is thriving at the moment and experiencing growing international attention. There has also been a strong focus on materials within the art field. Many young Norwegian artists work with different materials to express their concepts and artistic practices. This connects the more material-based art with the fine arts field and creates a unique expression. Norwegian crafts are thus more experimental, with a high level of knowledge within the different materials.


Norwegian Crafts

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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TLmag: Parmi les objets présentés au salon Révélations à Paris, quels sont les projets que vous aimeriez souligner, que ce soit des œuvres ou des installations? I.O.: Katrine Køster Holst est actuellement la jeune céramiste la plus talentueuse. Elle explore les possibilités de ses matériaux, et a travaillé sur des projets expérimentaux aux côtés de Torbjørn Kvasbø, qui est un artiste établi bien connu tant en Norvège qu’à l’étranger. Dans le domaine de la céramique figurative, Irene Nordli est l’artiste la plus renommée. La galerie Collection à Paris a récemment présenté sa série Super White, en collaboration avec Galleri Format Oslo; cette même série a été présentée à Art Beijing en 2011. Son exposition individuelle à Galleri Format Oslo l’année dernière a également été largement saluée. Inger Johanne Rasmussen figure parmi les artistes les mieux établis dans le domaine du textile de création. Son travail a récemment fait l’objet d’une exposition impressionnante à Tokyo, et la Chatsworth House au Royaume-Uni présente actuellement l’une de ses tapisseries.

TLmag: How would you define the culture of Norwegian crafts today? I.O.: The Norwegian crafts scene is dynamic, and has developed over the past decades with a high level of diversity and knowledge. The international contribution is steadily growing and several artists are making their marks. The strong and well-organised Norwegian Association for Arts and Crafts creates important opportunities nationally and internationally for Norwegian crafts artists to showcase their work. Also, the focus on and the facilities of the new Oslo National Academy of the Arts for both students and residencies strengthen the development of up-andcoming Norwegian crafts artists. TLmag: Amongst the selection at Révélations in Paris, what are the projects you would like to highlight, either pieces or project-driven installations, for the various disciplines: jewellery, textile, ceramics, metal/silver and glass? I.O.: Katrine Køster Holst is currently the most talented young ceramics artist. She explores the possibilities within the material and has worked on experimental projects with Torbjørn Kvasbø, an established artist celebrated in Norway and abroad. Within Norwegian figurative ceramics, Irene Nordli has the most renown. Galerie Collection in Paris recently exhibited her Super White series, in collaboration with Gallery Format Oslo; it was also shown at Art Beijing in 2011. Her solo show at Gallery Format Oslo last year received wide acclaim. 2.

Photo: © Jens Hamran

TLmag: Comment définiriez-vous la culture de l’artisanat norvégien aujourd’hui? I.O.: Elle est pleine de vitalité. Au cours des dernières décennies, elle s’est diversifiée dans les différents domaines des arts visuels. Son rayonnement international augmente constamment, et de nombreux artistes norvégiens se sont fait remarquer au-delà de leurs frontières. La Norwegian Association for Arts and Crafts, qui est une association très solide et bien organisée, crée des opportunités importantes au niveau national et international pour que les artisans d’art norvégiens puissent faire connaître leur travail. Le développement et l’infrastructure offerts par la Oslo National Academy of the Arts, non seulement pour ses étudiants mais aussi pour les résidences d’artistes, renforcent le développement des artistesartisans norvégiens émergents.

1 — Irija Øwre au sein de l’exposition de / in the Katrine Køster Holst exhibition, Galleri Format Oslo 2 — Katrine Køster Holst, Every core has a surface and every surface has a fault, grès et émail / stoneware and glaze, 2012


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Iri j a Ø w re / G al l e ri Format O slo

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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1 — Exposition / Exhibition by Katrine Køster Holst, The Phantom Image of an Owl, Galleri Format Oslo, 2013 2 — Vidar Koksvik, Azul e azul, détail, verre soufflé / detail, blown glass, 2012

L’année dernière, Sigurd Bronger a reçu le Söderberg Design Award, la juste consécration de l’un des artistes-joaillers les plus novateurs et reconnus de sa génération. Aux côtés de Liv Blåvarp, dont le travail fait partie de nombreuses collections internationales, et Konrad Mehus, un artiste-joailler très respecté et très bien établi, il est au reflet de la joaillerie artistique norvégienne. TLmag: Comment assurez-vous la promotion internationale et le rayonnement de l’artisanat norvégien à travers des salons et des événements orientés sur la création, tels que Collect? Quelle est votre stratégie pour l’avenir? I.O.: Galleri Format Oslo a été fondée il y a vingt ans ; elle est la plus importante galerie d’artisanat contemporain de Norvège. Elle constitue un lieu d’exposition et de vente d’objets de grande qualité : céramique, textiles, orfèvrerie, joaillerie et verrerie. Il s’agit de promouvoir un ensemble d’artistes-artisans établis et émergents travaillant dans ces domaines. Nous montons au moins une exposition internationale chaque année, et nous participons à des salons internationaux telles que Collect à Londres, Frame à Munich, et SOFA à Chicago l’an prochain. Nous réfléchissons également à une présence sur d’autres salons aux États-Unis et sur des marchés potentiels aux quatre coins du globe. Nous proposons de fait un très haut niveau de service à nos clients internationaux et présentons activement l’artisanat norvégien de qualité à l’étranger.

Inger Johanne Rasmussen is one of Norway’s most established textile artists. She recently had an impressive show in Tokyo and currently has a large textile piece on view at Chatsworth House in the UK. Sigurd Bronger received the Söderberg Design Award last year, cementing his position as one of the most successful and innovative jewellery artists of his generation. Together with Liv Blåvarp, who is represented in numerous international collections, and Konrad Mehus, a well-respected and established jewellery artist, they define Norwegian jewellery art. TLmag: How are you building up the international promotion and recognition of Norwegian crafts at an international level through fairs and designled crafts events such as Collect? What is your strategy for the future? I.O.: Galleri Format Oslo was founded over 20 years ago and is the leading gallery for contemporary crafts in Norway. It is an exhibition and sales venue offering the finest professional and artistic quality within ceramic, textile, metal, jewellery and glass. We aim to show a combination of established crafts artist and new talents within the field. We have at least one international exhibition each year and participate at international fairs, such as Collect in London, Frame in Munich and SOFA in Chicago next year. We are also looking into other art fairs in the US and more geographically distant art markets. We provide a high level of service to our international clients and actively present high quality Norwegian crafts abroad.


Iri j a Ø w re / G al l er i For m at O slo

TLmag: Quel est votre programme pour 20132014 à Galleri Format Oslo ? Que préparez-vous comme événements à l’international? I.O.: Au printemps, nous avons participé à de nombreuses à des foires et à deux grandes expositions collectives, l’une néerlandaise, l’autre française. Dès l’automne, nous allons de nouveau nous concentrer sur les artisans norvégiens. Notre programme de la rentrée démarre avec l’un des céramistes les plus connus en Norvège, Sidsel Hanum. Nous exposerons également les sculptures d’un jeune artiste de talent qui travaille le métal, l’œuvre d’un céramiste qui travaille avec des images graphiques et figuratives, et des pièces textiles exceptionnelles dans le cadre d’une exposition collective. Le programme pour 2014 inclut des expositions monographiques consacrées à des artistes norvégiens et étrangers. Citons parmi elles de nouvelles pièces créées par Marit Tingleff, May Bente Aronsen et Anders Ruhwald. En collaboration avec la Oslo National Academy of the Arts nous prévoyons aussi une exposition collective présentant des objets créés par des céramistes internationalement reconnus. La galerie participera également à des foires en Europe et aux États-Unis.

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TLmag: What is your 2013-2014 exhibition program at Galleri Format Oslo and what international events are in the pipeline? I.O.: After a very busy springtime participating at fairs and exhibiting two larger group shows from The Netherlands and France, we will focus on Norwegian craft artists this autumn. We will start the season’s exhibition program with one of Norway’s best known ceramic artists, Sidsel Hanum. We will also present sculpture shows by a young and talented artist working in metal, a ceramic artist working with graphic and figurative images, and a group show with high quality textile pieces. The exhibition program in 2014 combines solo shows by talented young artists and established artists from Norway and abroad, with new works by Marit Tingleff, May Bente Aronsen and Anders Ruhwald, to name a few. In collaboration with the Oslo National Academy of the Arts, we are planning a group show with objects by internationally acclaimed ceramics artists. The gallery will also participate in fairs in Europe and the US. Galleri Format Oslo Rådhusgata 24 NO - 0151 Oslo +47 22 41 45 40 oslo@format.no www.format.no www.facebook.com/galleriformat

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Photo: © Morten Brun

Norwegian Crafts


Cé rami qu e / Ce rami c s - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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Katrine Køster Holst /

La céramique Ceramics in situ on site

Depuis l’obtention de son diplôme à la Kunsthøgskolen de Bergen en 2006, Katrine Køster Holst (née en 1979) a réalisé plusieurs expositions individuelles et participé à des expositions collectives en Norvège et au Danemark. Ses œuvres ont été acquises par des institutions telles que le Nasjonalmuseet et le Vestlandske Kunstindustrimuseum en Norvège. Depuis quelques années, elle interroge et remet en question l’art de la céramique. Grâce à sa connaissance profonde des matériaux et sa forte démarche conceptuelle, elle a influencé notre compréhension de la céramique au-delà de ses qualités fonctionnelles et esthétiques. Pour le salon Révélations, elle va explorer la céramique à travers une installation créée spécialement pour le lieu. « Le travail de Køster Holst est connu pour sa démarche forte et systématique, qui d’après l’artiste elle-même lui donne beaucoup de liberté et crée un espace dont l’inattendu peut surgir », déclare Fleur van Muiswinkel dans son essai « Breaking Violently the Act of Rationality ».

Since earning her MA at Kunsthøgskolen i Bergen in 2006, Katrine Køster Holst (b. 1979) has held a number of solo exhibitions and participated in collective exhibitions in Norway and Denmark. Her works have been purchased by institutions such as The National Museum of Art, Architecture and Design and West Norway Museum of Decorative Art, Bergen. For several years, she has been challenging and questioning the medium of ceramics. Through her profound knowledge of the material and her strong conceptual approach, she has influenced the understanding of what ceramic is and could be beyond its functional and purely aesthetic qualities. At Révélations, she will explore the ceramics medium through a site-specific installation. “Køster Holst’s work is known for its strong systematic approach which, according to the artist, gives her freedom and creates space for the unexpected to happen”, states Fleur van Muiswinkel in her essay Violently breaking the act of rationality.

Photo: © Katrine Køster Holst

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1 — Katrine Køster Holst, Throw, Site-specific installation, argile / clay, 2010

www.koesterholst.com

Photo: © Katrine Køster Holst

Norwegian Crafts


Norwegian Crafts

Cé rami qu e / Ce ram ic s - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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Photo: © Brage Kvasbø

Torbjørn Kvasbø /

Cylindres Monumental cylinders monumentaux en argile in clay Torbjørn Kvasbø (né en 1953) occupe une place centrale dans l’art céramique international. Depuis les années 1970, il explore les possibilités de son médium en interrogeant la tradition, en utilisant différents types d’argile, et en jouant avec la température de cuisson. Sa répétition constante de la même forme cylindrique donne lieu à des objets dynamiques, expressifs et souvent monumentaux, dont certains sont associés au monde organique et physique et d’autres à la sphère de l’expression abstraite, faisant écho aux qualités inhérentes de la matière elle-même. La plupart des œuvres présentées sont inédites, mais une sélection de pièces a été incluse afin de retracer son évolution artistique depuis 1978. C’est aussi l’occasion de découvrir un nouveau documentaire sur l’artiste. Le Lillehammer Art Museum publie un livre sur Torbjørn Kvasbø en collaboration avec Arnoldsche Art Publishers. Découvrez la vidéo sur le blog de TLmag.

Torbjørn Kvasbø (b. 1953) occupies a central position in national and international ceramics art. He has been exploring the possibilities in terms of tradition, type of clay and firing temperature since the 1970s. His continual repetition of the same cylindrical form creates dynamic, expressive and often monumental objects, many of which have associations with the organic and physical or with abstract expression, and reflect the inherent qualities of the material itself. Most of the works are new, but a representative selection of pieces has been included that traces his chronological development since 1978. Visitors can also watch a new documentary film about the artist. The Lillehammer Art Museum is producing a book on Torbjørn Kvasbø in cooperation with Arnoldsche Art Publishers. Watch the video online on the TLmag blog.

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1 — Torbjørn Kvasbø, Stackt, sculpture en grès émaillée à la main / sculpture in hand-glazed stoneware, 2013.

www.kvasbo.com


Reve l ati on

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Irene Nordli /

La sensualité The sensuality of porcelain de la porcelaine et de l’argile and clay

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts


Norwegian Crafts

Cé rami qu e / Ce ram ic s - Révélat ions, Grand Palais, Par is

Irene Nordli (née en 1967) est l’une des plus grandes céramistes de Norvège. Elle représente une génération d’artistes conceptuels qui a redéfini le champ de la création scandinave. TLmag l’a rencontrée chez elle, dans l’une des ‘kunstnerboligene’ (maisons d’artistes) située à Bøler à Trolltun Borettslag près d’Oslo. Elle y habite et y travaille dans un cadre inédit.

Irene Nordli (b. 1967) is one of Norway’s foremost ceramics artists. She represents a generation of conceptual artists who have redefined the field of Nordic crafts. TLmag met with her in her uniquely styled personal studio and home, located at Bøler in Trolltun Borettslag near Oslo, among the so-called ‘kunstnerboligene’ (artists’ houses).

TLmag: Comment vous définiriez-vous en tant que céramiste d’art ? Irene Nordli: J’ai développé ma propre vision de la porcelaine classique et je cherche constamment de nouvelles façons d’aborder ce médium. Je travaille également avec le grès poli, mais c’est la porcelaine émaillée que j’affectionne le plus. À la Oslo National Academy of the Arts, je suis responsable de l’atelier de céramique pour les pièces de grand format. J’aime remettre en question le matériau tout en utilisant les techniques et codes traditionnels de la porcelaine, qui me conduisent vers de nouvelles formes à mi-chemin entre le figuratif et l’abstrait. En plus de cette démarche artistique, j’ai également réalisé des installations publiques telles que Månelyst pour la ville de Trondheim. Depuis que j’ai quitté la Bergen Academy of the Arts en 1996, j’ai organisé une série d’expositions dans des galeries et des musées tant en Norvège qu’à l’étranger. En 2011, ma nouvelle série céramique développé à Jingdezhen en Chine a été présentée à la foire d’art contemporain Art Beijing. Depuis lors, mon travail a également été exposé par Galleri Format Oslo sur le salon d’artisanat d’art Collect à Londres et à la Galerie Collection à Paris.

TLmag: How would you define yourself as a ceramics artist? Irene Nordli: I have developed my own vision of classic porcelain and constantly look for new approaches to the medium. I also work on polished stoneware, but what I like best is glazed porcelain. At the Oslo National Academy of the Arts, I am in charge of the large-scale ceramics workshop. I enjoy challenging the material by using the traditional techniques and codes of porcelain, which are leading me into new shapes balanced between figurative and abstract forms. Beyond art pieces, I also have developed some public art such as Månelyst for the city of Trondheim. Since I graduated from the Bergen Academy of the Arts in 1996, I have held a series of gallery and museum exhibitions, both in Norway and abroad. In 2011, my new ceramics series, developed at Jingdezhen in China, was represented at Art Beijing – Contemporary Art Fair. Since then, my work has also been shown at Collect: The International Art Fair for Contemporary Objects in London, by Galleri Format Oslo. I also recently had a solo exhibition at the Galerie Collection in Paris.

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Photo: © Irene Nordli

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Photo: © Irene Nordli

1 / 2 — Irene Nordli, Figurines, sculptures en céramique, grès émaillé fait main / sculptures in ceramics, handbuilt glazed stoneware, 2012


Norwegian Crafts

Cé rami qu e / Ce rami c s - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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Photo: © Irene Nordli

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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TLmag: Qu’est-ce que vous recherchez dans le domaine de la céramique contemporaine ? Vous explorez à la fois l’artisanat et les beaux-arts. Comment expliquez-vous votre passion pour les cultures de l’Extrême-Orient? I.N.: En explorant la porcelaine en tandem avec la notion même de la beauté, je transmets la sensualité de l’argile. L’œuvre que j’ai exposée à Pékin en 2011, Superwhite, représente un tournant dans ma carrière artistique. Je continue à travailler avec le corps humain et les formes organiques, mais avec un plus grand degré d’abstraction. Mes sculptures sont plus fragmentées, et du coup les parties du corps sont moins facilement reconnaissables. La matérialité devient de plus en plus tactile et organique. L’émail renforce cette impression de toucher un corps et une âme. Je reviens juste du Japon où j’ai rencontré le fameux maître céramiste Takashi Hinoda. Il m’a beaucoup influencé avec ses sculptures en céramique empreintes de la tradition japonaise des Mangas.

TLmag: What is your quest within the field of contemporary ceramics? You are exploring both the crafts and the fine arts. What attracts you so much about Far Eastern culture? I.N.: By exploring porcelain, as well as the expectation of beauty, I convey the sensuality of the clay. The work I exhibited in Beijing in 2011, Superwhite, demonstrates a turn in my artistic career. I continue to work with the human body and organic forms, but with a greater degree of abstraction. My sculptures are more fragmented and the body parts are therefore less recognizable. Materiality becomes more than ever tactile and organic. The glaze re-enforces this feeling of touching a body and a soul. I just returned from Japan where I have met the famous master ceramicist Takashi Hinoda. He has influenced me with his ceramic sculptures rooted in the Japanese Manga tradition.

1 — Irene Nordli, I Find It Harder and Harder To Live Up To My Blue China, sculpture en céramique, porcelaine émaillée / ceramic sculpture, glazed porcelain, 2012

www.magimix.net


Cé rami qu e / Ce ram ic s - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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Heidi Bjørgan /

La céramique Recollecting recréée ceramics

Heidi Bjørgan (née en 1970) est céramiste et collectionneuse. Ce qu’elle collectionne, ce sont des objets abandonnés: une lampe, une vieille boîte à pain avec une forme intéressante, des bibelots sans valeur particulière… qui ont été mis au rebut ou vendus dans des brocantes en plein air. Elle donne une seconde vie à ces objets en leur conférant une nouvelle forme et un nouveau contexte ; parfois même une nouvelle fonction. En tant que céramiste, son objectif est d’explorer, à travers l’échantillonnage et le détournement, le potentiel esthétique de ces objets revisités. 1.

Heidi Bjørgan (b. 1970) is a ceramicist and collector. Overlooked objects, a lamp, an old bread tin with an interesting shape or knick-knacks of low monetary value, discarded as trash or found at a car boot sale: she collects it all. She gives these forms a second chance in a new guise and context, sometimes even creating a new function. As a ceramicist, her aim is to explore, through sampling and remaking, the aesthetic potential of the shapes of these recreated objects.

3.

Photo: © Heidi Bjørgan

2.

Photo: © Heidi Bjørgan

1 — Heidi Bjørgan, 003’, sculpture, porcelaine et objet trouvé / porcelain and found object, 2012 2 — Heidi Bjørgan, 084’, sculpture, porcelaine et objet trouvé / porcelain and found object, 2013 3 — Heidi Bjørgan, Grey 77, sculpture, porcelaine / porcelain, 2013

www.heidibjorgan.com

Photo: © Heidi Bjørgan

Photos: © Andre Gali

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Reve l ati on

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts

Kari Håkonsen & Vidar Koksvik /

Verre contemporain Contemporary norvégien glass from Norway


Verre / G lass - R évél at i o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

Kari Håkonsen (née en 1969) et Vidar Koksvik (né en 1969), les co-fondateurs de Klart Glass, habitent depuis 2002 avec leurs deux fils à Tjura, à une heure et demie d’Oslo. Après deux ans passés à l’école de verrerie d’Orrefors en Suède, suivi du Surrey Institute of Art and Design au Royaume-Uni, ils ont d’abord créé Egenart Glassmakerne AS à Bærums Verk en Norvège, avant de s’échapper de la ville pour s’installer à la campagne. Ils habitent un petit paradis au fond des bois : leur atelier, une boutique où ils vendent leurs créations et leur maison traditionnelle avec son jardin s’y trouvent réunis.

Kari Håkonsen (b. 1969) and Vidar Koksvik (b. 1969) collaborate privately and professionally. Together they founded Klart Glass, and since 2002 have lived with their two sons in Tjura, an hour and a half from Oslo. After two years at the Orrefors glass school in Sweden, followed by the Surrey Institute of Art and Design in England, they first set up the Egenart Glassmakerne AS in Bærums Verk in Norway, before exchanging the city for the countryside. Their home is a little paradise in the middle of the woods. On site, they have their hot shop, a boutique selling their designs and their cosy, traditional home and garden.

TLmag: En tant que souffleurs de verre, comment définissez-vous votre collaboration? Vidar Koksvik: Nous travaillons de manière différente. Nous collaborons de très près sur le développement de nos pièces en respectant la démarche artistique de l’autre tout en s’impliquant de plus en plus dans un certain nombre de projets : création, production, expositions, voyages, commandes publiques, et actions pédagogiques dans notre studio. Nous avons toujours des assistants qui sont en mesure de passer leurs diplômes après un minimum de deux ans de pratique chez Klart Glass. Nous avons par exemple accueilli la souffleuse de verre française Vanessa Royant qui est restée quatre ans avec nous avant de créer son propre studio à Aix-les-Bains.

TLmag: How would you define your partnership as glass blowers? Vidar Koksvik: We both have our own, very distinct work. We collaborate closely on the development of our pieces, but respecting each other’s artistic approach and each increasingly focussed on various projects. These range from creation, production, exhibitions, travelling for public commissions and teaching in our studio. We always have some assistants who are working towards their diplomas with a minimum of two years of practice at Klart Glass. Recently, French glass blower Vanessa Royant stayed four years with us, then went back to France to create her own studio in Aix-les-Bains.

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Photo: © Morten Brun

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1 — Kari Håkonsen, Mirage 5, Glass sculpture, handblown, cut glass, 2012 2 — Grand lustre en verre soufflé de Vidar Koksvik qui trône dans leur cuisine / Vidar Koksvik’s large, blown glass chandelier hanging in their kitchen at home

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Verre / G lass - R évélati o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Kari Håkonsen: Le processus du soufflage est tout aussi essentiel pour ma créativité que le matériau luimême. La collaboration avec Vidar et nos assistants, le côté physique et instantané du processus et la chaleur intense, forment ensemble un environnement propice au développement de ma créativité d’artiste. TLmag: Pouvez-vous décrire votre travail récent qui est exposé sur le salon Révélations? K.H.: Ligne, forme, profondeur, lumière, ombre et couleur sont les thèmes que j’ai eu à l’esprit en créant ma nouvelle série de pièces sculpturales. Je les ai nommés Mirage (Hildring), m’inspirant d’un phénomène qui surgit sur la côte ouest de la Norvège où je passe l’été. Après avoir soufflé des formes asymétriques dans l’atelier, je les porte chez le verrier spécialisé dans le travail à froid. On enlève du verre, on fait des ouvertures, et enfin les bords coupés sont polis pour aboutir à des lignes ondulées et une finition très nette. J’espère que le résultat incitera la curiosité du visiteur et qu’il aura envie de tourner autour de l’objet afin d’observer les changements de formes et de couleurs, la réfraction lumineuse et le jeu d’ombres qui l’animent. 1 / 2 / 3 / 4 — Kari Håkonsen, Mirage, sculpture en verre soufflé, découpe à froid / blown glass sculpture, cold cut glass, 2012

www.klartglass.no

Photo: © Morten Brun

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Verre / G lass - R évél at i o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Photo: © Morten Brun

TLmag: Can you describe your recent work, which will be exhibited at Révélations? K.H.: Line, form, depth, light, shadow and colour are what I have in mind in the process of making my new series of sculptural work. I named it Mirage (Hildring), inspired by the phenomenon that appears on the west coast of Norway, where I spend my summers. After blowing the asymmetrical forms in the hot shop, I take them to the glass cutter to proceed with the cold work. Glass is removed, holes are made and finally the cut edges are polished to achieve the wavy lines and a sharp finishing. Hopefully the result will make the viewer curious and want to move around the piece to experience the changes in shape, colour and refraction of light and shadow present in the object.

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Photo: © Morten Brun

Kari Håkonsen: The process of glass blowing is as essential as the glass material itself to my creativity. The teamwork with Vidar and our assistants, the physicality and the immediacy of the process, along with the intense heat, form a dynamic environment conducive to my artistic development.

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Photo: © Morten Brun

Norwegian Crafts


Norwegian Crafts

Verre / G lass - R évélati o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Andreas Engesvik / Photo: © Siren Lauvdal

Unir aujourd’hui The Future l’artisanat is Now for et le design Craft and Design

Andreas Engesvik (né en 1970) détient une licence en histoire de l’art de l’université de Bergen. Il obtient sa maîtrise en design en 2000 après des études au National College of Art and Design. Cette même année, il créa Norway Says. En 2009, après six années de réussite au sein de son entreprise, il reprend son indépendance en fondant son studio éponyme à Oslo travaillant dans divers domaines du design : mobilier, arts de la table et design industriel pour des clients internationaux tels que Iittala, Muuto, Ligne Roset et Asplund. Il a été primé par le Red Dot en 2012, l’IF Product Design en 2010, le prestigieux Torsten & Wanja Søderberg Award en 2007, et le Bruno Mathsson Award en 2004. Son studio a récemment déménagé pour s’installer à Homansbyen dans le centre d’Oslo. Exposé lors du salon Révélations au Grand Palais, The Woods constitue la deuxième collaboration entre les studios de design norvégiens StokkeAustad et Andreas Engesvik. Ils ont trouvé leur inspiration dans les forêts et la lumière des pays scandinaves. Un arbre dont les couleurs et la transparence évoluent avec les saisons témoigne d’un processus fascinant qui a été capturé dans cet objet en verre. « Notre ambition a été de travailler de façon sculpturale – sans viser une fonction particulière au-delà de la dimension décorative. Un renouveau d’intérêt dans les domaines de l’artisanat, de la tradition et des nouvelles disciplines de la création nous a conduits dans une zone d’expression que nous avons voulu explorer davantage. On a ainsi réduit l’écart entre le design industriel et ce qu’on appelle l’art et l’artisanat », déclare Engesvik. The Woods est en verre soufflé. Chaque sculpture est constituée de sept arbres qui sont liés entre eux. Inaugurée à la Designgalleriet durant la Design Week de Stockholm en février 2013, cette exposition a aussi fait étape à la Design Week de Milan et le salon ICFF à New York.

Andreas Engesvik (b. 1970) has a Bachelor’s degree in Art History from the University of Bergen. He continued his studies in design at the National College of Art and Design, graduating with a Master’s degree in 2000. The same year, he founded Norway Says. In 2009, after six successful years with his company, Engesvik went solo and set up his new, eponymous studio in Oslo working in various fields of design, ranging from furniture and tableware to industrial design for international clients such as Iittala, Muuto, Ligne Roset and Asplund. Among his awards, he counts the Red Dot in 2012, the IF Product Design in 2010, the prestigious Swedish Torsten & Wanja Søderberg Award in 2007, and the Bruno Mathsson Award in 2004. His studio recently moved to Homansbyen, in the centre of Oslo. At Révélations, in the Grand Palais, the second collaboration between Norwegian design studios StokkeAustad and Andreas Engesvik will be exhibited. The inspiration for The Woods came from Norway’s forests and the Northern lights. The glass objects capture the fascinating process of the changing colours and transparency of a tree through the seasons. “Our ambition was to work sculpturally – without any specific function other than the purely decorative. A renewed interest in the field of craftsmanship, in tradition and in new categories has brought us to an area and to expressions that we want to explore further. In particular, we seek to reduce the gap between industrial design and what we know as ‘arts and crafts’”, states Engesvik. A unique, freestanding glass sculpture, The Woods is made of hand-blown glass. Each cluster consists of seven trees, joined in two separate sections. Launched at Designgalleriet during the Stockholm Design Week in February 2013, it was also shown during Milan Design Week and New York’s ICFF.

TLmag a rencontré Andreas Engesvik le jour de son anniversaire qui semblait être le meilleur moment pour déjeuner avec lui dans la cuisine qu’il partage avec d’autres studios qui travaillent sous le même toit. Nous n’avons pas focalisé la discussion sur ses créations mais plutôt sur le contexte au sein duquel le design et l’artisanat d’art évoluent en Norvège. Voici son point de vue.

TLmag met Andreas Engesvik on his birthday: the best moment to have a friendly lunch together right in the kitchen he shares with other in-house studios! Rather than discussing his work, we focussed on the context in which design and craft are evolving in Norway.


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TLmag: De quelle manière pensez-vous que Norwegian Crafts va se positionner dans un avenir proche ? Andreas Engesvik : Après 10 années qui ont été assez difficiles pour moi en tant que designer et pour l’ensemble de la communauté investie dans le design de produit en Norvège, j’ai la sensation qu’il faudrait mettre les compteurs à zéro et fermer certaines institutions afin d’être en mesure de développer de bons projets durables. Norsk Form et le Norwegian Council of Design sont, de mon point de vue, trop fortement axés sur l’architecture, les services… et pas assez sur le progrès de la qualité de vie des gens en terme de développement de produit et de promotion à l’international. L’on compte aujourd’hui 100% Norway et InsideNorway à laquelle je viens de participer durant l’ICFF à New York ; c’est le début mais des efforts plus importants pourraient être déployés ! TLmag : Votre positionnement ‘business’ en tant que designer est-il confortable à l’heure actuelle? A. E. : I would rather say that Norway should not differentiate its subsidies so much between fine arts and craft or design. From a business and cultural point of view, less distinction between these would encourage more cross-overs and interdisciplinary relationships, more diversity and societal dialogue. To step back in times, in the 1950s we had PLUS, a collective of innovators in an old fortress town in Norway discussing crafts and design. Some of their pieces are on show at the National Museum. This period of the 1950s was the hottest for design in and from Scandinavia. Regarding the educational grants, I would also develop more supportive scholarships that bridge crafts and design, and not just devote the money to developing the fine arts sector. Politicians are not aware enough of the high relevance of supporting Norwegian designers. They should not waste money, but rather sustain our economy by supporting the establishment of new craft and design businesses. This is why I am not a member of any design association, but I invest myself in the future of Norwegian Crafts as an institution that is able to re-connect the creative, individual artists with the industry, the aesthetics with a certain degree of functional art, the handmade with the prototyping process and the making, and the collaboration between skilled minds. As part of this new wave of contemporary design-led crafts professionals, I am becoming even more international, teaming up with not only Norwegian brands but those from Scandinavia as well, such as such as Muuto, Menu, etc., and from Italy like Fontanarte. Il y a dix ans, j’ai été co-commissaire de l’exposition sur le design norvégien TODAY! qui évolua la même année sous la direction de Bradley Quinn lors de l’événement qui eut lieu à Londres. C’était le début de 100% Norway. In 2013, I hope all the energy I have put into the Norwegian and international brands I am working with will be fruitful for the craft businesses as well. THE FUTURE IS NOW!

TLmag : How do you think Norwegian Crafts as an institution will position itself in the near future? Andreas Engesvik : After 10 critical years for me as a designer and for the entire design community involved in product design, we need to start up new counters and shut down some of the institutions, in order to be able to develop good and sustainable projects. Norsk Form and the Norwegian Council of Design focus, from my point of view, too much on architecture, services and the like, and not enough on how to improve the lives of people in terms of product development and promotion abroad. Now you have 100% Norway and InsideNorway, in which I participated in New York with ICFF. This is just a start but it could be much more!

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TLmag : Is your business as a designer comfortable today? A. E. : I would rather say that Norway should not differentiate its subsidies so much between fine arts and craft or design. From a business and cultural point of view, less distinction between these would encourage more cross-overs and interdisciplinary relationships, more diversity and societal dialogue. To step back in times, in the 1950s we had PLUS, a collective of innovators in an old fortress town in Norway discussing crafts and design. Some of their pieces are on show at the National Museum. This period of the 1950s was the hottest for design in and from Scandinavia. Regarding the educational grants, I would also develop more supportive scholarships that bridge crafts and design, and not just devote the money to developing the fine arts sector. Politicians are not aware enough of the high relevance of supporting Norwegian designers. They should not waste money, but rather sustain our economy by supporting the establishment of new craft and design businesses. This is why I am not a member of any design association, but I invest myself in the future of Norwegian Crafts as an institution that is able to re-connect the creative, individual artists with the industry, the aesthetics with a certain degree of functional art, the handmade with the prototyping process and the making, and the collaboration between skilled minds. As part of this new wave of contemporary design-led crafts professionals, I am becoming even more international, teaming up with not only Norwegian brands but those from Scandinavia as well, such as such as Muuto, Menu, etc., and from Italy like Fontanarte. Ten years ago I co-curated a show on Norwegian design called TODAY!, which later the same year was slightly altered by curator Bradley Quinn and shown in London. This was the start of 100% Norway. In 2013, I hope all the energy I have put into the Norwegian and international brands I am working with will be fruitful for the craft businesses as well. THE FUTURE IS NOW! 1.

1 — Andreas Engesvik & StokkeAustad, The Woods, spring, sculpture en verre soufflé main / glass sculpture, handblown glass, 2012 Photo: © StokkeAustad/Andreas Engesvik


Photo: © StokkeAustad/Andreas Engesvik

Photo: © StokkeAustad/Andreas Engesvik

Norwegian Crafts Verre / Glass - Révélations, Grand Palais, Paris 30

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Norwegian Crafts

Verre / G lass - R évél at i o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Photo: © StokkeAustad/Andreas Engesvik

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2 / 4 — Andreas Engesvik & StokkeAustad, The Woods, autumn, sculpture en verre soufflé main /glass sculpture, handblown glass, 2012 3 — Andreas Engesvik & StokkeAustad, The Woods, spring, sculpture en verre soufflé main /glass sculpture, handblown glass, 2012

www.andreasengesvik.no


Anna Talbot /

L’ornement, Ornamentation pas de souci! is fine!

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Bi j ou & Or fèv re ri e / Je weller y & Silver mit hing - Révélat ions, Grand Palais, Par is

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Bi j ou te ri e / Je w eller y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

Anna Talbot (née en 1978) est une créatrice de bijoux qui vit et travaille à Oslo. « Mes bijoux s’inspirent des contes de fées, des comptines, des chansons et des contes. Le loup, la biche, les arbres, les forêts et le Petit Chaperon Rouge sont de éléments centraux dans mon univers, et ils ne conservent pas toujours leurs rôles d’origine. Je veux raconter une histoire à travers des personnages, des couleurs et des matériaux, et je veux que les gens continuent d’inventer de nouveaux récits inspirés par mes bijoux. Ils sont comme des « pop-up » en trois dimensions composés d’éléments en aluminium anodisé, en placage de bois, en laiton, en métal doré et en argent. J’utilise des couleurs vives et différentes surfaces pour illustrer et pour créer des ambiances. Je travaille par strates successives afin de créer des objets en trois dimensions. Certaines de mes créations sont assez grandes, mais les matériaux que j’utilise font qu’ils sont suffisamment légers pour être portés. Leur taille fait que l’on est constamment conscient de leur présence ; ils demandent de l’espace et attirent l’attention. Ils peuvent être suspendus à un mur ou devenir de vraies parures. Le bijou est équivalent à une image que l’on peut porter. » Afin de mieux comprendre les origines et l’environnement de cette artiste émergente, TLmag a visité l’atelier d’Anna Talbot au centre d’Oslo. Elle partage ici ses réflexions personnelles au sujet de l’évolution de la scène du bijou artisanal norvégien. TLmag : Vous êtes à la fois d’origine norvégienne et britannique. Comment vous sentez-vous en tant que créatrice de bijoux en Norvège, où vous vivez et travaillez actuellement? Anna Talbot : Lors d’un débat récent avec Konrad Mehus, le ‘patron’ du mouvement des créateurs de bijoux en argent en Norvège, il s’exclama à propos de mon travail : « Je hais l’aluminium! » Je lui répondis de but en blanc : «Attention ! L’ornement, pas de souci, et j’appartiens à la ‘nouvelle école’, pas celle du bijou en argent, même si mes créations sont pleines d’histoires comme les vôtres. » L’ornement ne signifie pas qu’il s’agit de bijoux décoratifs mais tels les autres créateurs de ma génération avec lesquels je collabore, comme Elise Hatlø, les « jolies choses sont acceptables et doivent être appréciées à leur juste valeur. » J’aime vous projeter dans mes rêves qui précèdent le réveil : cela fait partie de la magie qui émerge aussi du processus de création artisanale. L’allure de mes bijoux ‘pop up’ est au reflet des étapes de mon savoir-faire, de la matière et de la technologie mises en œuvre. L’aluminium anodisé est une technique que j’ai apprise à maîtriser en Grande-Bretagne et que j’applique sur toutes mes pièces récentes avec une série de combinaisons de couleurs qui ne font que les rendre plus délicates et narratives.

Anna Talbot (b. 1978) is an Oslo-based jewellery designer. “My jewellery is inspired by fairy tales, nursery rhymes, songs and stories. Wolves, deer, trees, forests and Little Red Riding Hood are all central elements in my universe, but they don’t necessarily stick to their traditional places. I want to tell a story through characters, colours and materials, and I want people to keep inventing new tales inspired by my jewellery. My jewellery is like a 3-D pop-up, composed of elements in anodised aluminium, wood veneer, brass, gilding metal and silver. I use strong colours and varied surfaces to illustrate and create atmospheres. I work in layers to build up a three-dimensional piece. Some of my pieces are quite large, but with the materials I use they are still light enough to be worn. The size makes you aware of wearing the pieces at all times; they demand both space and attention. My jewellery can be hung on a wall or worn on a body. The piece becomes a picture you can carry with you.” To understand better the roots and the environment of this emerging craft artist, TLmag paid a visit to Anna Talbot in her workshop in central Oslo. She shared some personal reflections on the evolution of the Norwegian handmade jewellery scene. TLmag : You are of both Norwegian and British origin; how do you feel as an artist-jeweller in Norway, where you are now living and working ? Anna Talbot : In a recent debate with Konrad Mehus, the ‘patron’ of the silver jewellery movement in Norway, he said to me “I hate aluminium !” I answered him right away: “Be careful ! Ornamentation is fine, but I belong to the ‘new school’, not the silver one, even though my jewels are also narrative, like yours.” Ornamentation does not mean decoration but, in my eyes and those of other jewellers of my generation I work with, such as Elise Hatlø, “pretty things are right and have to be appreciated for what they are”. I am projecting you into my before-waking dreams: that’s part of the magic, which is also born from the making. The way my ‘pop-up’ jewellery looks reflects the process, the material and the technology I am using. Anodised aluminium is a technique I learnt in the UK and have applied on all my recent pieces with a series of colour combinations which make them more delicate and storytelling.

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Bi j ou te ri e / Je w e l l e r y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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TLmag : Quelles sont vos sources d’inspiration? A. T. : Les livres de mon enfance sont les plus belles sources de contes de fée que j’interprète librement. J’aime lire et inventer des versions décalées d’histoires des frères Grimm ou de Charles Perrault. Astrid Lindgren est une écrivaine suédoise qui m’inspire et, de Norvège, j’ai été fort transportée par les livres illustrés au XIXe siècle par le peintre néo-romantique et naïf Theodor Kittelsen. Celui-ci a été l’auteur des contes folkloriques de Norvège (Norske Folkeeventyr) pour le compte des collectionneurs de folklore Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe. Je me sens aussi très connectée à Bergen avec ses hautes montagnes et maisons en bois. Sous influence germanique, cette ville hanséatique est populaire pour sa bière et son climat pluvieux. Bergen a été nommée comme la ‘ville entourée de sept montagnes’ et est aussi ‘brassée sous la pluie’. J’aime ce type d’atmosphere qui nous fait sentir qui nous sommes et à quelle contrée et identité nous appartenons.

Photo: © Laila Meyrick:

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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1 — Anna Talbot, Blue Moon, collier, objet trouvé, aluminium anodisé, laiton, argent, nylon / necklace, found object, anodized aluminium, brass, silver, nylon, 2013

TLmag : What are your sources of inspiration ? A. T. : Books from my childhood are the most beautiful sources of the fairy tales I freely interpret. I like reading and inventing a twisted version of stories from the brothers Grimm or Charles Perrault. Astrid Lindgren from Sweden is another, and in Norway, I have been much inspired by the books illustrated by the 19th century neo-romantic and naive painter Theodor Kittelsen. He was the artist behind the Norwegian Folktales (Norske Folkeeventyr) of Norwegian folklore collectors Peter Christen Asbjørnsen and Jørgen Moe. I am also very connected to Bergen, with its tall mountains and wooden houses. Influenced by Germany, this Hansa town is popular for its beer and rainy climate. Bergen was named ‘the city among the seven mountains’ and is therefore ‘brewed in the rain’. I love this kind of atmosphere which makes us aware of who we are and to which country and identity we belong. 3.

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2 — Anna Talbot, Norwegian Woods, pièce murale, aluminium anodisé, bois, laiton, argent / wall piece, anodized aluminium, wood, brass, silver 3 — Anna Talbot, Sunset Deer, broche, aluminium anodisé, bois, laiton, argent / brooch, anodized aluminium, wood, brass, silver, 2011 Photo: © Laila Meyrick:

www.annatalbot.com


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Åse-Marit Thorbjørnsrudt /

Bijoux- Jewellery sculptures sculptures

Åse-Marit Thorbjørnsrud a fait ses études au Guldsmedhøyskolen de Copenhague. Elle a participé à plusieurs expositions, notamment celle organisée pour Collect en mai 2013 à la Saatchi Gallery de Londres, et Stories in Silver à l’Artists’ Association d’Oslo. Auparavant, Thorbjørnsrud avait développé sa propre technique pour plier l’argent, travaillant avec des formes géométriques simples. Dans sa récente série, Fragments, elle travaille sur le thème de la répétition pour créer des broches-sculptures de très haute qualité.

Åse-Marit Thorbjørnsrud studied at the Guldsmedhøyskolen in Copenhagen, and has participated in several exhibitions, including the May 2013 Collect at Saatchi Gallery in London, and Stories in Silver at the Artists’ Association in Oslo. Thorbjørnsrud previously employed her own, special folding technique in silver, working with simple geometric expressions. In her recent series, Fragments, she works with repetition, creating high-end sculptural silver brooches.

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Photo: © Kristin Bay

Photo: © Kristin Bay

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1 — Åse-Marit Thorbjørnsrud, Fragments, broche en argent oxydé / brooch in oxidized silver, 2013

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2 — Åse-Marit Thorbjørnsrud, Fragments, broche en argent / brooch in silver, 2013

Photo: © Kristin Bay

3 — Åse-Marit Thorbjørnsrud, Fragments, broche en argent et plastique / brooch in silver and plastic, 2013


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Liv Blåvarp /

Au cœur Into du bois the woods

Liv Blåvarp (née en 1956) a choisi le bois comme matériau privilégié tout au long de son parcours de créatrice de bijoux. Elle est surtout connue pour ses grands colliers-sculptures. Au cours des dernières années elle a réalisé plusieurs commandes pour des espaces publics. C’est le toucher du bois que Blåvarp aime à exploiter dans son travail. Le prix modique de cette matière laisse de la place pour des imperfections et pour de l’expérimentation. Elle associe des essences norvégiennes et exotiques à d’autres matériaux tels que des dents de baleine.

Liv Blåvarp (b. 1956) has focused on wood as the material for her jewellery throughout her artistic career. She is especially known for her large sculptural necklaces. Over the last few years, she has made several commissioned works for public spaces. It is the tactile quality of wood that Blåvarp finds appealing. The low monetary value of the material gives her room for imperfection and experimentation. In her work, she combines Norwegian and exotic wood with other materials like whale tooth.

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Photo: © Tom Hansen

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1 — Liv Blåvarp, collier en amarante, peroba rose, érable peint / necklace in amaranth, peroba rosa and painted maple, 2013 2 — Liv Blåvarp, bracelet, étable, grenadil, dent de baleine / stained maple, grenadil, whale tooth, 2011

Photo: © Tom Hansen

www.kunstnerforbundet.no/kunstnere/59


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Konrad Mehus /

Narrateur Norway’s de la Norvège storyteller

Depuis la fin des années 1960, Konrad Mehus (né en 1941) est une figure centrale de l’artisanat d’art norvégien. Dinnertime (1974), qui associe un verre en cristal et une fourchette, a atteint le statut d’icône des temps modernes. Il illustre un développement particulier dans la création après la seconde guerre mondiale, où l’art prévaut sur l’usage et la fonction. Les bijoux en argent de Mehus sont souvent en rupture avec les valeurs conventionnelles qui tendent à dominer l’industrie de l’orfévrerie. En tant qu’objet d’art, le bijou peut aussi être un moyen de communication. Mehus raconte ses histoires en y ajoutant un contexte social et un humour politique incisif. Les détails de ses récits se déroulent à travers la forme intime d’une broche. Un exemple est son utilisation du panneau « Attention Elans », bien connu des automobilistes norvégiens. Il fait son apparition dans beaucoup de bijoux créés par Mehus en tant que symbole contemporain. La série Tkt. no: Two Rooms Plus Kitchen 1956, avec sa représentation en miniature d’intérieurs des années 1950, symbolise la reconstruction du pays après la guerre. Texte: Jorunn Veiteberg

Since the end of the 1960s, Konrad Mehus (b. 1941) has been a central figure in Norwegian crafts. Dinnertime (1974), combining a crystal glass and a fork, is considered an icon for its time. It illustrates a distinct development within post-World War II artistic crafts in which art prevails over practical use and function. Mehus’s silver jewellery often clearly breaks from the conventional values that predominate in the goldsmithing industry. As an artistic piece, jewellery can also be a medium of communication. Mehus tells his stories with social context and sharp political wit. The details unfold through the intimate form of a brooch. One such detail is the moose crossing, a familiar traffic sign for most motorists in Norway. It shows up in many of Mehus’ pieces as a central symbol of our times. The series Tkt. no: Two rooms plus kitchen 1956 with a miniature portrayal of contemporary 1950s interiors symbolises the reconstruction after the World War II. Text by: Jorunn Veiteberg

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1 — Konrad Mehus, House, broche en cuivre / brooch in copper, 2011 2 — Konrad Mehus, 16 Houses, broches en cuivre / brooches in copper, 2011

www.konradmehus.no

Photo: © Konrad Mehus

Photo: © Konrad Mehus

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Sigurd Bronger /

Joaillier- The Jewellery ingénieur engineer

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Bi j ou te ri e / Je weller y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

Sigurd Bronger (né en 1957) est un des chefs de file de la joaillerie norvégienne, connu pour ses constructions mécaniques pleines d’humour et de composants étonnants. Ses bijoux sont des dispositifs pour porter des objets du quotidien : semelles de chaussure, savon, calculs de la vésicule biliaire, éponges, œufs. En 2011, une grande rétrospective, Ballongferd, lui a été consacré au Lillehammer Kunstmuseum. Il travaille en collaboration avec la galerie Ra à Amsterdam depuis plus de vingt ans, et son œuvre figure dans les collections de grands musées tels que le V&A à Londres, Het Stedelijk Museum à Amsterdam, le Nationalmuseum de Stockholm, le Designmuseo de Helsinki, le Designmuseum de Copenhague, le National Museum of Decorative Arts and Design en Norvège, le Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum à Trondheim, et le Permanenten Vestlandske Kunstindustrimuseum à Bergen. Il a reçu de nombreux prix, notamment en 2012 le plus prestigieux prix du design au monde, le Torsten & Wanja Söderberg Award ; il a ensuite exposé ses créations au Röhsska Design Museum. Le conservateur de ce musée affirme: « Bronger nous invite à voyager dans son pays des merveilles mécaniques, plein de rêves de petit garçon et de canulars romantiques et joyeux. Il nous renvoie au langage primitif de l’industrialisation et aux innovations de la Renaissance, ou au contraire, il nous projette dans un futur riche de visions utopiques. Le temps est une matière première au même titre que les métaux précieux, les diamants et le bois, tous méticuleusement choisis et longuement ouvragés. »

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Sigurd Bronger (b. 1957) is one of the leading jewellery artists in Norway. He is known for his mechanical constructions filled with humour and surprising elements. His art pieces are transportation devices for everyday objects such as a shoe sole, soap, gall stones, a sponge or an egg. In 2011, Sigurd Bronger’s extensive retrospective exhibition, Ballongferd, was held at the Lillehammer Kunstmuseum. Collaborating with Galerie Ra in Amsterdam for more than 20 years, his work has been acquired by important museums such as the V&A in London, Het Stedelijk Museum in Amsterdam, the Nationalmuseum in Stockholm, Designmuseo in Helsinki, Designmuseum in Copenhagen, The National Museum of Art, Architecture and Design, National Museum of Decorative Arts, Trondheim and the Permanent West Norway Museum of Decorative Art, Bergen. Winning several awards throughout this impressive career, in 2012 he received the world’s largest design prize, the Torsten & Wanja Söderberg, and exhibited at the Röhsska Design Museum. The museum curator described: “Bronger invites us on a journey into his mechanical wonderland, full of boys’ dreams and romantic, joyful pranks. He takes us back to the early design language of industrialism and the innovations of the Renaissance, or forward to utopian visions of the future. Time is a material, alongside precious metals, diamonds and wood, all meticulously selected and 2. over a long, sterling process.” worked

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Photo: © Aftermath

1 — Sigurd Bronger, Diamond Necklace, collier, diamant fluide, doseur en plastique et corde en caoutchouc / necklace, diamond fluid, plastic dispenser, rubber cord, 2007 2 — Sigurd Bronger, Un ornement à porter pour Otto Kunzli prise à l’occasion de l’exposition de bijou d’art AFTERMATH, 2013 / Carrying Device for an Otto Kunzli taken for AFTERMATH art jewellery show, 2013 3 — Sigurd Bronger, Turbin, collier en acier chromé, laque, caoutchouc / necklace, chromeplated steel, laquer, rubber, 2011 3.

Photo: © Aftermath

Photo: © Sigurd Bronger

www.sigurdbronger.no


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Bi j ou te ri e / Je w e l l e r y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

Sigurd Bronger et Reinhold Ziegler partagent leur studio à Oslo et sont spécialisés dans la création de bijoux d’art. TLmag a initié le débat autour de leur travail qui se démarque l’un de l’autre tout en étant collaboratif. Reinhold signe régulièrement des articles comme auteur freelance pour des revues comme Norwegian Crafts, Tidskriftet Kunsthåndverk et Gullsmedkunst. Son expertise dans le bijou d’auteur l’a mené à signer des essais autour de l’œuvre de son alter ego, Sigurd Bronger, dont une introduction récente rédigée dans le livre du prix Torsten & Wanja Söderberg qui l’a recompensé pour son œuvre. TLmag : Pourriez-vous décrire votre monde en tant qu’artiste bijoutier ? Sigurd Bronger : Je prends beaucoup de temps et déploie énormément d’énergie à développer des idées pour de nouveaux projets. C’est la raison pour laquelle je conçois très peu de pièces par an. Toutes mes créations sont uniques, à l’exception de la série des bagues en diamant que je produis en plus grande quantité. J’ai l’impression de travailler hors des tendances de l’art et du design et d’être plutôt entre l’invention et le surréalisme. Je n’expose pas dans des galeries classiquement dédiées au bijou, excepté à la galerie Ra à Amsterdam avec laquelle je collabore depuis plus de 20 ans. Je préfère montrer mon travail dans des galeries dédiées aux arts plastiques ou dans des musées. En plus de créer des bijoux, je m’investis régulièrement dans des projets d’architecture d’expositions et suis de temps en temps appelé à réaliser des œuvres d’art public comme celle de la cantine de l’hôpital Saint-Olav à Trondheim. TLmag : Le surréalisme est-il de bon usage pour décrire votre travail ? S. B. : Oui, j’aime créer des objets ‘ready made’ qui peuvent être amusants et interprétés tels des œuvres d’art en ligne avec celles des Surréalistes, des artistes Pop et conceptuels. Ils attisent votre attention et incorporent mon sens du détail. Mes pièces doivent être parfaites. Elles suivent ma logique du ‘Laboratorium Mechanum’ que je décris dans mon récent ouvrage publié par Arnoldsche. Je suis fasciné par les machines et les instruments et je cherche à explorer les nouvelles formes d’expression faisant le lien entre le bijou et l’univers de l’art, du design et de l’ingénierie. Expérimenter avec les formes et les matériaux est une clef dans mon processus de création, loin de l’approche conservatrice de l’orfèvrerie. Le bijou doit être communicatif et non conventionnel et si possible ‘portable’. Mon icône sans doute la plus populaire est le ballon jaune arborant un smiley. J’aime aussi employer des couleurs primaires pour connecter mon travail au mouvement esthétique hollandais, De Stijl.

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Sigurd Bronger and Reinhold Ziegler share a studio in Oslo that focuses on high-end art jewellery. TLmag initiated a discussion with them about their work, which is both distinct and collaborative. Reinhold regularly authors articles as a freelance writer for Norwegian Crafts, Tidskriftet Kunsthåndverk and Gullsmedkunst. His specialty as a jewellery artist has allowed him to develop essays for his alter ego, Sigurd Bronger. He recently penned an introduction to Bronger’s work in the Torsten & Wanja Söderberg Prize book. TLmag : Can you describe your world as a jewellery artist ? Sigurd Bronger : I use a lot of time and effort developing ideas for new projects, and for this reason I make very few pieces each year. All of my work is one-off’s except for the diamond series of rings, which I make in series. I feel I work outside the trends of art and design fields, and rather between invention and surrealism. I do not exhibit in typical jewellery galleries, except for Galerie Ra in Amsterdam, a gallery I have been collaborating with for more than 20 years. I prefer to exhibit in fine arts galleries and museums. In addition to making jewellery pieces, I often work with exhibition architecture projects, and sometimes I get public art commission projects like the one at the cantine of St. Olavs Hospital in Trondheim. TLmag : Is surrealism a good word for describing your work ? S. B. : Yes, I like to create ready-made objects that can be playful and interpreted as works of art in line with the Surrealists, the Pop and conceptual artists. They tease you, and are appealing thanks to the attention I pay to details. They have to be perfect. They are my ‘Laboratorium Mechanum’ , as I described in my recent book published by Arnoldsche. I’m fascinated by machines and instruments, and want to explore new forms of expression bridging jewellery and the world of art, design and engineering. Experimenting with forms and materials is the key to my work, breaking away from the conservative approach to silversmithing. Jewellery has to be communicative and unconventional, yet ‘wearable’. My most popular icon is certainly the yellow balloon with the smiley on it. I also use primary colours to connect my work to the Dutch De Stijl aesthetic movement. 1.

1 — Sigurd Bronger, Carrying Device for the last Gall Stone, broche, acier plaqué or, laiton plaqué-chrome, verre, calcul biliaire / brooch, gold-plated steel, chrome-plated brass, gall stone, 2012 Photo: © Aftermath


Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts

Bi j ou te ri e / Je w eller y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

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Reinhold Ziegler /

Bijoux Ritual rituels jeweller

Tout au long de son parcours d’artiste, Reinhold Ziegler (né en 1965) aborde la joaillerie sous l’angle des objets rituels. Un rituel est une action à travers laquelle on sacrifie l’individualité pour la transcender. Il n’y a pas de références explicites à des rituels spécifiques, mais le bijou possède une dimension interactive qui témoigne d’une recherche spirituelle en éli1. minant tout élément superflu. « D’une façon ou d’une autre, je travaille sur le thème de la spiritualité. Je ne veux pas dire des êtres ou des divinités tels qu’on en trouve dans les religions établies ou les mouvements New Age. Ce qui m’intéresse, c’est l’esprit de l’individu; le socle profond de la pensée, des sensations, et de l’expérience du corps. Dans mon art, je recherche des éléments qui peuvent réveiller cet esprit. » Ziegler s’inspire d’éléments visuels tirés de traditions telles que les religions panthéistes anciennes, du shamanisme et de l’alchimie, et d’artistes contemporains tels que Matthew Barney et Damien Hirst qui associent mythes anciens, symboles, rituels et questions religieuses.

Within his artistic practice, Reinhold Ziegler (b. 1965) has always related jewellery to ritual objects. A ritual is an action through which one sacrifices individuality and transcends oneself. There are no clear references to specific rituals, but the jewel offers an interactive dimension that creates a new quest for more soul by eliminating unnecessary attributes. “In one way or another, I work with the theme of spirituality. I don’t mean external spiritual beings or divinities such as in established religions or New Age movements. I’m interested in the spirit of the individual; a deeper base underlying thoughts, feelings and bodily experience. In my art, I search for elements that can awaken this spirit”. Ziegler is inspired both by visual elements taken from spiritual traditions such as the old pantheistic religions, shamanism and alchemy, and by contemporary artists such as Matthew Barney and Damien Hirst, who combine old myths, symbols, rituals and religious questions in a contemporary artistic expression.


Bi j ou te ri e / Je w e l l e r y - Révélat ions, Grand Palais, Par is

TLmag : Quelle signification cherchez-vous à capturer dans vos ‘bijoux rituels’ ?

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TLmag : What meaning do you try to capture in designing your ‘ritual jewellery’ ?

Reinhold Ziegler : J’aime connecter le bijou à une expérience physique et spirituelle. Je réfléchis toujours une pièce en liaison avec la personne. Sur base de cette philosophie, j’ai conçu la série des poches en cuir qui viennent s’ajouter à un vêtement. Ces poches sont tout à fait portables, mais elles peuvent aussi être perçues comme des éléments symboliques ou des talismans. En parallèle de ces pièces, je travaille aussi sur le concept de bijou-outil, tel le marteau qui apparaît comme un symbole pour un rituel. La tête du marteau est réalisée en granite plutôt qu’en acier. Pour le salon Révélations à Paris, je joue sur de classiques pinces de plombier qui sont des outils à employer dans diverses situations du fait de leur dispositif mécanique. J’en ai quelque peu changé la forme et la taille. Enfin, les outils que je recrée deviennent des parures prêtes à être utilisées. La fonctionalité est dés lors une option sur laquelle je me penche.

Reinhold Ziegler : I like to see the jewellery connected to a physical and spiritual experience. I always reflect on the piece’s connection to an individual. Following this philosophy, I designed a series of extra pockets in leather. These are real pockets that are completely wearable, but they can also be seen as symbolic items or talismans. Parallel to those pieces, I also work a lot on the concept of jewellery as tools, like the hammer appearing as a symbol for a ritual, where the hammer head is made of black granite instead of steel. For Révélations in Paris, I am playing on common plumbers pliers which are hand tools used in many situations thanks to their flexible mechanical advantage. I slightly change the shape and the size of the tool. Finally, the tools I redesign become adornments to use, and functionality is therefore one option that I like to reflect on. TLmag : Apart from the workshop you and Sigurd share, what else do you have in common ?

TLmag : Hormis le studio que vous partagez avec Sigurd, qu’avez-vous d’autre en commun ?

R. Z. : We have a lot of discussions to conceptualize our jewellery and we definitively want to abandon the idea of the pure adornment in order to access conceptual art. For three years, I have received an artist’s grant in fine arts, and I like to treat jewellery as a value for reflecting on an idea and on the making process. I am quite critical when looking at craftsmanship, which is too often accidental and not enough thought-out and grounded.

R. Z. : Nous avons de nombreuses discussions lors de la conceptualisation de nos bijoux et nous souhaitons définitivement abandonner l’idée de la parure au sens littéral pour accéder à l’art conceptuel. Pour trois ans, j’ai reçu une subvention en tant qu’artiste dans le domaine des arts plastiques. J’aimerais entrevoir le bijou au reflet de sa valeur immatérielle, permettant de réfléchir sur une idée et sur le processus de création. Je suis plutôt critique à l’égard de l’artisanat qui est trop souvent accidentel, dénué de sens et d’une réflexion bien fondée.

3.

1.

2.

De gauche à droite / From left to right: 1 — Reinhold Ziegler, Hammer, bracelet collier, granit, bois, argent, nylon / bracelet necklace, granite, wood, silver, nylon, 2012

Photo: © Aftermath

Photo: © Aftermath Photo: © Reinhold Ziegler

Norwegian Crafts

2 — Reinhold Ziegler, Orange Pouch, bracelet collier, cuir, argent, nylon / bracelet necklace, leather, silver, nylon, 2012 3 — Reinhold Ziegler, Plumbers Pliers, 2013 4 — Reinhold Ziegler & Sigurd Bronger

www.ziegler.no


Reve l ati on

Photo: Š Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts 43

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Reve l ati on

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Photo: Š Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Crafts

Inger Johanne Rasmussen /

Compositions Inlaid textiles textile designer


Norwegian Crafts

Tex ti l e - R évé l at i o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Johanne Rasmussen (née en 1958) travaille à partir de traditions textiles qui se rapprochent de la technique du patchwork réalisé à partir de chutes de tissus ou de vieux vêtements cousus à la main. TLmag a visité son studio sur l’île de Hovedøya, à cinq minutes de bateau de Vippetangen.

The textile tradition used by Inger Johanne Rasmussen (b. 1958) comes closest to patchwork quilting. These hand-stitched quilts were made out of scraps or used clothing. TLmag visited Inger Johanne Rasmussen in her studio on Hovedøya island, a five-minute ferry ride from Vippetangen.

TLmag: Qu’est-ce qui vous inspire dans vos créations textiles? Inger Johanne Rasmussen: J’intègre dans mon travail le « Style Bizarre », qui désigne au début du XVIIe siècle de petits motifs textiles. Mes pièces sont quant à elle réalisées à plus grande échelle avec d’autres gammes de couleurs. Je pense que le « Style Bizarre » a influencé l’art populaire et les coutumes norvégiennes que j’ai longuement étudiés dans les trois tomes du Norsk Bunadleksikon. Je m’inspire également du peintre abstrait suédois Hilma af Klint, dont l’œuvre a récemment été exposée au Moderna Museet à Stockholm. Son art s’inspire de la cosmologie.

TLmag: What inspires you in your textile creations? Inger Johanne Rasmussen: In my work, I integrate ideas from the ‘Bizarre style’, which was applied in the early 17th century, to small textile patterns. My pieces, however, are larger scale textiles with different colour ranges. I feel that the Bizarre style has influenced the folk art and costumes in Norway, which I studied extensively in the three-volume Norsk Bunadleksikon. I also get inspiration from the Swedish abstract painter Hilma af Klint, who was recently exhibited at the Moderna Museet in Stockholm. Her art is cosmology-inspired. 1.

1 — Inger Johanne Rasmussen, From exhibition at Bomuldsfabrikken, composition textile / inlaid textile


Norwegian Crafts

Tex ti l e - R évé l ati on s , Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

TLmag: Comment réalisez-vous vos assemblages de textiles et vos tapis? I.J.R.: Tous mes tapis sont en feutre de laine: j’utilise généralement des bandes molletières utilisées dans l’armée. Le tissu est teinté et coupé; les morceaux sont ensuite placés les uns à côtés des autres et collés au Vliselin, un produit adhésif et stabilisant. Les fragments sont alors cousus ensemble à la main, une technique proche de celle de l’appliqué. C’est la couture que j’aime le plus. Quand je couds, j’ai hâte de terminer pour que je puisse commencer à concevoir un nouveau tapis. Par conséquent, je couds très vite et j’emporte mon nécessaire partout. Je suis une dessinatrice impatiente parce que j’ai tellement hâte de voir les couleurs du tissu. Souvent, je commence à couper un tissu tout juste teinté et pas encore sec parce que je n’ai pas envie d’attendre. Couper un tissu est très amusant mais ça fait un peu peur, parce qu’il est facile de gâcher beaucoup de tissu en peu de temps, et le résultat est toujours un peu différent de ce que j’ai prévu. Je coupe vite parce que j’ai hâte de coller les morceaux ensemble et de voir le résultat. Je ne peux pas avoir une vue d’ensemble avant de couper les morceaux, alors c’est toujours fait dans la précipitation. Parfois je dois m’y prendre plusieurs fois, et c’est pénible parce que j’ai toujours hâte de me remettre à coudre. C’est comme ça !

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TLmag: How do you create your inlaid textiles and carpets? I.J.R.: All of my carpets are made of felted wool; mostly military-issue, wool foot cloths. The material is dyed and cut to size, then the pieces are placed side-by-side and glued with Vliselin adhesive and stabilising interfacing. All the bits and pieces are subsequently sewn together by hand, as with appliqué. I like the sewing most of all. But when I sew, I look forward to being finished so that I can start designing a new carpet. So I sew very quickly and take my paraphernalia with me wherever I go. I’m an impatient draftsman because I can’t wait to see the colours in the material. Often I start cutting into newly dyed, half-dry material because I just can’t wait till it finishes drying. Cutting the material is great fun but rather daunting, because it’s easy to ruin a lot of material in no time, and it always turns out slightly different than I anticipated. I cut quickly because I’m impatient to glue the pieces together and see how it looks. I can’t get a proper impression of the whole thing before all the pieces for the carpet are cut, so it’s always a rush job. Sometimes I have to re-do this stage several times, and that’s a pain because I’m always looking forward to sewing again. That’s how it is.

Photo: © Kai Wilhelm Nessler

1.

1 — Inger Johanne Rasmussen, Two Doors, composition textile / inlaid textile, 2013

www.ingerjohanne.no


Norwegian Crafts

Tex ti l e - R évé l at i o ns, Gra nd Pa l a i s, Pa r i s

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Anders Smebye /

Sculpteur Textile textile sculptor

Anders Smebye (né en 1975) utilise des supports différents dans son travail, en privilégiant le texte, les textiles et la sculpture. Son œuvre emprunte la satire, les digressions et les erreurs de lecture pour développer une critique du déclin culturel et de la décadence. Des figures bizarres et des divinités sont passées au crible de son art, souvent sous la forme de représentations dysfonctionnelles au symbolisme décalé. Smebye a fait ses études au Chelsea College of Art à Londres, à l’UdK à Berlin, et à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Oslo. Parmi ses récentes expositions individuelles, citons I´m Not Here à Sinne, Helsinki, Dor er Dor à la galerie D.O.R. à Bruxelles, et Vinland à la Galeria Valenzuela Klenner à Bogotá. Il est fondateur et directeur de Bastard à Oslo (2005-10), et a beaucoup travaillé en tant que commissaire d’expositions, auteur et professeur. Smebye était membre du collectif The Parallel Action entre 2009 et 2011, et travaille actuellement sur un livre, Flick-flack Through the Flick, pour NoInput Books, NY. Il vit et travaille entre Berlin et Oslo. Photos: © Anders Smebye

1.

Anders Smebye (b. 1975) crafts using various media, with a special focus on text, textile and sculpture. His work involves satire, digressions and misreadings, to comment on cultural decay and decadence. Oddities and deities are scrutinised, often ending up as dysfunctional representations with a discharged symbolism. Smebye studied at Chelsea College of Art, London, UdK in Berlin and the Royal Academy of Arts in Oslo. Recent solo exhibitions include I´m Not Here at SINNE in Helsinki, Finland, Dor er Dor at Gallery D.O.R. in Brussels, Belgium and Vinland at Galeria Valenzuela Klenner in Bogotá, Colombia. He was the founder and director of Bastard in Oslo (2005-10), and has worked extensively as curator, writer, lecturer and teacher. Smebye was involved in the collective The Parallel Action from 2009-11, and is currently working on a publication, Flick-flack through the Flick, for NoInput Books, NY. He lives and works between Berlin and Oslo. 2.

1 — Anders Smebye, Ulnar, volar and Sugar, sculpture textile, feutre, laiton, aluminium, cuivre, bois et corde / textile sculpture, felt, brass, aluminium, wood, string, 2013 2 — Détail de la sculpture textile / Detail of the textile sculpture, 2013

www.anderssmebye.com


Os l o Nati on al Acade my of t he Ar t s

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L’Académie nationale des beaux-arts d’Oslo Oslo National Academy of the Arts /

La faculté Inside des arts visuels the Visual Arts faculty

1.

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Norwegian Carfts


Norwegian Carfts

Os l o Nati on al Academy of t he Ar t s

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

2.

1 — De gauche à droite, face à l’entrée de la faculté d’Arts visuels / From left to right, in front of the entrance of the Visual Arts Faculty: Lise Coirier, TLmag - Jørn Mortensen, Dean – Hege Henriksen, Norwegian Crafts 2 — Vue de l’atelier textile de la faculté des Arts visuels / View of the textile workshop of the Visual Arts Faculty, Oslo Academy of the Arts

Situé à Grünerløkka, près de l’Akerselva, le principal fleuve d’Oslo, Christiania Seildugsfabrik est une ancienne fabrique de voiles construite en 1856. En 2009 le bâtiment a été réhabilité pour accueillir les locaux de l’Académie nationale des beaux-arts. Rencontre avec Jørn Mortensen, doyen de la faculté des arts visuels.

Located at Grünerløkka, right next to Oslo’s main river the Akerselva, the 1856-built Christiania Seildugsfabrik was previously a sail-making factory. But since 2009, the building has experienced renewed life as the home of the Oslo National Academy of the Arts. TLmag met with Jørn Mortensen, Dean of the Visual Arts faculty.

TLmag: Votre parcours universitaire dans les domaines de la philosophie et des médias influence-t-il votre façon de gérer la faculté des arts visuels? Jørn Mortensen: En effet, je pense que mon parcours universitaire et mon expérience dans les institutions artistiques joue un rôle certain. J’ai une approche assez théorique et académique des professions artistiques. Je trouve des manières de justifier les pratiques à travers le langage et pas nécessairement grâce à l’expérience. Je m’insurge ainsi contre des concepts tels que la ‘connaissance tacite’. Mais cela ne signifie pas que je n’apprécie pas les expériences artistiques et esthétiques. Ce sont elles qui m’ont conduites vers l’art.

TLmag: Does your background as an academic in philosophy and media influence how you manage the Visual Arts faculty at the Oslo National Academy of the Arts? Jørn Mortensen: Yes, I do think my background as an academic, as well as my experience working in art institutions, plays a part. My academic background gives me a somewhat theoretical and academic approach to the art professions. I find ways of justifying the practices through language, and not necessarily through experience. Therefore a concept like ‘tacit knowledge’ is something I challenge. But this does not mean that I don’t appreciate artistic experiences. The artistic and aesthetic experiences are what brought me into art.

TLmag: Depuis 2009, quels sont les objectifs des six facultés de l’Académie d’Art d’Oslo en tant qu’institution universitaire? J.M.: Elle ne vise pas à être une institution universitaire, mais plutôt une institution artistique. Il est très important que l’école demeure un creuset de pratiques esthétiques : une académie non académique, en quelque sorte. La création de six facultés distinctes relève simplement d’une volonté de préserver l’identité des six institutions d’origine: l’académie des Beaux-Arts, l’académie des Arts et de l’Artisanat, l’académie d’Opéra, l’académie de Danse, l’école de Design, et l’école d’art dramatique.

TLmag: Since 2009, the Oslo School of Art has been an academic institution with six faculties. What is the objective of this approach? J.M.: This is not meant to be an academic institution, but rather an artistic institution. It is very important that the school remains an institution for aesthetic – not academic - practices. Therefore, the division into six departments was merely an attempt to ensure the individual identities of the six former institutions: the Fine Art Academy, the Arts and Crafts Academy, the Opera Academy, the Dance Academy, the School of Design and the School of Acting.


Os l o Nati on al Acade my of t he Ar t s

TLmag: Dans votre nouveau programme et votre pédagogie, est-ce qu’il y a une quête d’excellence? Dans quel sens? Pouvez-vous nous donner des exemples? J.M.: Il existe une quête d’excellence dans le sens où on n’accepte que des candidats qui expriment une certaine singularité en matière de style ou de contenu. Nous essayons de développer cette singularité tout au long des programmes de licence et de maîtrise pour que les étudiants aient une ‘voix’ unique qui deviendra le socle de leur parcours artistique. TLmag: Vous définissez votre école comme étant « orientée matériaux », à la différence des autres écoles norvégiennes qui ont une approche plus conceptuelle. Quelle est votre vision en la matière, et quels en sont les avantages? J.M.: Je dirais que l’avantage, c’est qu’on a l’occasion de se spécialiser. Les étudiants qui souhaitent poursuivre une pratique artistique fondée sur une réflexion visant la logique et la politique des matériaux devraient choisir notre programme. Notre vision, c’est qu’au bout d’un moment on se démarquera comme étant le choix évident pour les étudiants et les enseignants dont le profil artistique privilégie les matériaux. L’avantage, c’est aussi que nous assurons une certaine diversité dans le programme éducatif en Norvège, en Scandinavie et au sein de l’Europe. 1.

1 — Victoria Günzler au sein du département de céramique grand format, faculté des Arts visuels / Victoria Gunzler at the department in front of the oven for large-scale ceramics, Visual Arts faculty 2 — Jørn Mortensen

TLmag: In your new programme and educational guidance, is there a quest for excellence? In what sense? J.M.: There is a quest for excellence in the sense that we only accept applicants with a certain uniqueness in style or content. We try to develop that individuality throughout the BA and MA programmes so that each student acquires a unique ‘voice’ to use as a platform for his or her artistic career. TLmag: You define your school as material-based versus the more conceptual-driven schools in Norway. What are the advantages and vision behind this? J.M.: I would say that the advantage lies in the opportunity to specialise. Students who want to pursue an artistic practice based on investigation into the logic and politics of materials, should choose our programme. So our vision is to eventually stand out as the obvious choice for students and teachers with a material-based artistic profile. The advantage is also that we secure a certain diversity in the educational programme in Norway, Scandinavia and Europe.

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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3 — Opera House Oslo

TLmag: Est-ce qu’on peut dire qu’une approche pluridisciplinaire se trouve au cœur de votre pédagogie? J.M.: En effet, c’est un principe hérité de la pédagogie du Bauhaus qui nous intéresse. Mais c’est aussi parce que nous pensons que l’orientation pluridisciplinaire enrichit le programme pour les étudiants. TLmag: Dans le contexte nordique, comment évaluez-vous la position et la réussite de l’école d’Art d’Oslo? J.M.: C’est difficile à dire, mais je sais que notre réputation est croissante grâce au fait que les programmes s’affirment de plus en plus. Et nous semblons avoir relevé les défis que représentait la fusion des anciennes institutions. TLmag: Vous avez agi comme commissaire pour intégrer des œuvres d’art à l’intérieur et à l’extérieur de l’Opéra. C’est aussi un lieu où il fait bon flâner à Oslo ! Pouvez-vous indiquer les œuvres que vous aimez le plus dans ce processus qui a consisté à construire un bâtiment iconique et un espace public ouvert à tous? J.M.: Je pense qu’une œuvre facilement ignorée mérite d’être signalée: il s’agit du revêtement du bâtiment en marbre. C’est une création de Kristian Blystad, Jorunn Sannes et Kalle Grude. C’est une œuvre sublime parce qu’on la remarque à peine. Elle est totalement intégrée dans l’édifice, mais elle exprime quelque chose de très particulier : le besoin de faire attention où on met les pieds pour ne pas trébucher et se faire mal en tombant. Le motif sur la surface du marbre est totalement irrégulier, sans aucune répétition. Le fait que tout le monde peut marcher sur cette gigantesque œuvre, la vivre de près et l’explorer, lui confère un caractère inclusif et une générosité qui a déjà séduit les habitants et les visiteurs.

TLmag: Is the interdisciplinary approach central to your education programme? J.M.: Yes it is. It is a principle inherited from the Bauhaus pedagogy which interests us, but we also believe it enriches the students’ programme. TLmag: Within the Nordic context, how would you rate the position and success of the Oslo School of Art? J.M.: It is difficult for me to say, but I know our reputation is growing as a consequence of the increasing confidence of the programmes. And we seem to have overcome the challenges of merging the previous institutions. TLmag: You curated the integration of art within and outside the Opera House. This is also a great ‘place to be’ in Oslo! What works of art did you like the most within the process of creating an iconic building and public space for everyone? J.M.: I think one work that is easily overlooked but that should be highlighted is the marble surface covering the building. This sublime piece by Kristian Blystad, Jorunn Sannes and Kalle Grude is hardly noticed. It is totally integrated in the building but offers something very special: the need to be attentive to where you place your foot. Otherwise you may stumble and fall on a surface that looks gentle enough but that will hurt you. The surface pattern is also totally irregular, with no repetitions. The fact that everyone is welcome to walk on, experience and investigate this giant marble piece gives it an inclusiveness and generosity that is highly appreciated by both locals and visitors.


Norwegian Crafts

Kl u bb e n @ Ci té de l a Mo de et du D e sign, Par is

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Klubben /

Dix-sept membres du groupe Klubben, un club et une alliance de designers norvégiens émergents, présente l’exposition On Time aux Docks-en-Seine pendant la Semaine du Design à Paris en septembre, après avoir exposé à DogA à Oslo. « Le Temps est à la fois intouchable et abstrait ; il n’est pas visible à l’œil nu pendant les cycles de la vie humaine: les saisons, la lumière qui change pendant le jour et la nuit, et les changements visibles qui s’opèrent chez les gens qui nous entourent, nous aident à saisir le passage du temps », déclare Benedicte Sunde, Directrice générale du DogA - Norwegian Centre of Design and Architecture. Rencontre avec l’un des trois fondateurs de Klubben, Sverre Uhnger. TLmag: Pouvez-vous décrire brièvement les origines de Klubben? Comment le définiriez-vous? Il s’agit d’un organisme indépendant ou d’un réseau social d’environ 25 designers? Sverre Uhnger: Klubben est un réseau social indépendant créé par et pour de jeunes designers norvégiens. Les événements et expositions que nous réalisons sont fondés sur le principe du volontariat et de la collaboration avec des organisations et des entreprises. J’ai fondé Klubben avec Victoria Günzler et Sara Wright Polmar en 2011 ; aujourd’hui, l’on compte 25 membres pleins de talent. Notre principal objectif est de promouvoir le design norvégien à l’échelle nationale et internationale. Nous souhaitons contribuer à créer des espaces d’échange où des designers émergents peuvent faire connaître leurs idées et leur travail. Nous espérons également contribuer à l’éclosion d’un esprit confraternel et à une coopération entre les designers, ainsi que parmi d’autres acteurs au sein de cette industrie.

TLmag: Comment définiriez-vous la culture de l’artisanat et du design norvégien aujourd’hui? Comment Klubben se positionne-til au niveau national et international? S.U.: Le milieu du design est très vivant et beaucoup de créateurs de talent émergent actuellement en Norvège. En même temps il existe peu de lieux de rencontre et peu d’espaces d’échange pour les créateurs de produits. Il s’agit pour Klubben de collaborer dans le cadre d’un réseau qui inspire chacun et qui vise des objectifs communs. Le design norvégien bénéficie d’une reconnaissance bien méritée et nous voulons y contribuer en créant des événements et des expositions telles que On Time. Le fait de travailler ensemble peut être une grande force et une source de motivation et d’enthousiasme. Klubben est une initiative mise en œuvre par les designers pour les designers. Les réactions jusque-là ont été extrêmement positives, et cela renforce notre foi en l’avenir du design norvégien et de cette initiative en particulier.

1.

Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

L’Union des designers The Norwegian norvégiens Designers Union

1 —Sara Wright Polmar, Sverre Uhnger & Victoria Günzler

TLmag : Comment bâtissez-vous la promotion et la reconnaissance de Klubben à l’échelle internationale? S.U. : Nous souhaitons contribuer à promouvoir les objets et le mobilier contemporains norvégiens à l’international. Si Klubben et ses membres se rendent à des salons et d’autres événements à l’international, c’est pour prouver que le design norvégien peut concurrencer les pays scandinaves et étrangers. Nos membres sont invités à participer à des initiatives telles que InsideNorway et 100 % Norway, ce qui montre que la scène du design norvégien est très vivante et qu’il TLmag : Parmi les œuvres que lui faut des plate-formes pour la mettre Klubben a sélectionnées pour DogA en valeur. à Oslo et l’exposition à Paris, quels projets aimeriez-vous signaler? TLmag : Avez-vous d’autres événeS.U. : Nous n’exposons pas des produits ments internationaux en cours de déjà existants, nous donnons un cahier préparation pour 2013-2014? Comdes charges aux designers et chacun doit ment comptez-vous développer vos créer une nouvelle pièce. Il est difficile de activités et vos productions en mavaloriser tel ou tel projet, et ce n’est pas tière de design? notre rôle en tant qu’initiateurs, mais je S.U. : On Time va être présenté à Paris. peux dire que l’exposition présente toute Nous avons également été invités à pluune gamme de produits différents et que sieurs événements en Europe cet auchacun raconte une histoire sur le desi- tomne ; nous espérons pouvoir nous y gner, sur son interprétation du temps, rendre. Le réseau social et professionnel et sur le moment présent. Cette histoire de Klubben est en constante évolution. partagée de notre vie quotidienne a une Nous espérons pouvoir présenter nos influence positive sur notre façon d’inte- membres et leur formidable travail dans ragir avec les objets au jour le jour. des lieux différents.


Norwegian Crafts

Klubb en @ Cité de la Mo de et du D e sign, Paris

TLmag : Avez-vous des anecdotes concernant l’histoire des arts appliqués et le design entre la France et la Norvège? S.U. : Nous sommes très reconnaissants d’avoir l’occasion d’exposer à Now ! Off, organisé avec le soutien de l’ambassade de Norvège à Paris et le Ministère des affaires étrangères. La France joue un rôle privilégié dans l’histoire de l’art européen et des artistes norvégiens s’y sont rendus pour participer à des expositions et pour chercher de l’inspiration. Un exemple est Edvard Munch qui a passé beaucoup de temps en France ; on dit qu’il a peint son premier Cri pendant un séjour chez un confrère à Nice. Le tableau s’appelle Fortvilelse (1892) et fait partie de la collection de la Thielska Galleriet à Stockholm. Klubben a vraiment hâte de visiter Paris !

Following an exhibition at DogA in Oslo, 17 members of the Klubben association and alliance of emerging Norwegian designers will be displayed at the On Time exhibition at the Docks-en-Seine during Paris Design Week in September. “Time is both untouchable and abstract, while simultaneously visible to the naked eye through the cycles that people go through in a lifetime: seasons, light levels throughout the day and night, and visible changes in those around us help us grasp the passage of time”, explains Benedicte Sunde, General Manager of DogA Norwegian Centre of Design and Architecture. TLmag met with Klubben’s three founders, including Sverre Uhnger. TLmag: What are the roots of Klubben? How would you define it? Sverre Uhnger: Klubben is an independent social network by and for emerging Norwegian designers. The events and exhibitions we do are based on volunteer work and collaborations with organisations and companies. I founded Klubben along with Victoria Günzler and Sara Wright Polmar in 2011. Today it consists of 25 talented members. Klubben’s main goal is to promote Norwegian design, nationally and internationally. We wish to contribute to creating arenas where fresh designers can show their ideas and their work. We also hope to increase fellowship and cooperation between designers as well as other central players within the industry.

TLmag: How would you define the culture of Norwegian crafts and design today? How do you position Klubben at a national and international level? S.U.: The design scene is very alive and there are many talented designers emerging from Norway right now. But there are few established meeting places and arenas for product and furniture designers. Klubben is all about collaborating in an inspiring network and working towards the same goals. Norwegian design is receiving welldeserved recognition and we want to contribute to this by creating events and exhibitions like On Time. Working together can build great strength and provide increased motivation and enthusiasm. Klubben is an initiative by designers for designers. The response Klubben has received so far is overwhelming, and confirms our belief in the future of Norwegian design and this initiative.

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Klubben as a group and its members attending fairs and other events around the world, we aim to show that Norwegian design can compete with its Scandinavian neighbours and the rest of the world. Many of the members are invited to initiatives such as InsideNorway and 100% Norway, which shows that the design scene in Norway is very much alive and that there is a need for different platforms to showcase at. TLmag: What other international events do you have in the pipeline for 2013-2014? How will you sustain the commercial development of your design-led activities and productions? S.U.: On Time is travelling to Paris. We have also been invited to several design events in Europe this autumn that we hope to attend. The social and professional network of Klubben and its members is constantly evolving. We hope to be able to present our members and their great work at various venues.

«TIME IS NOT THE ACHIEVEMENT OF AN ISOLATED AND LONE SUBJECT, BUT [...] IT IS THE VERY RELATIONSHIP OF THE SUBJECT WITH THE OTHER…» “LE TEMPS N’EST PAS LE FAIT D’UN SUJET ISOLÉ ET SEUL, MAIS LA RELATION MÊME DU SUJET À L’AUTRE…” Emmanuel Levinas, Le Temps et l’Autre / Time & the Other, 1947

TLmag: Amongst the selection of Klubben for DogA in Oslo and then Paris, what are the projects you would like to highlight? S.U.: When we do exhibitions we do not curate old objects; we always give the designers a brief and everyone has to make a new object. Highlighting projects is difficult and not really up to us as initiators, but we can say that the exhibition includes a range of different objects, each telling a story about the designer, his or her interpretation of time and a specific moment. This shared story of our everyday lives enhances how we interact with objects in the course of a day. TLmag: How are you building up the international promotion and recognition of Klubben? S.U.: We hope to contribute to the promotion of Norwegian product and furniture design on the international scene. With

TLmag: Do you have any anecdotes from the history of applied arts and design through today that highlight the relationship between France and Norway? S.U.: We are very grateful for the opportunity to exhibit at Now! Le Off, supported by the Norwegian Embassy in Paris and the Norwegian Ministry of Foreign Affairs. France has a special position in the European history of art and Norwegian artists have often travelled there to participate in exhibitions and to gain inspiration. Edvard Munch spent a lot of time in France, for example, and it is said that he painted his first scream there while visiting a colleague in Nice. The painting is called Fortvilelse (1892) and is at the Thielska Galleriet in Stockholm. Klubben is looking forward to visiting Paris! www.klbbn.no


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Kl u bb e n @ Ci té de l a Mo de et du D e sign, Par is

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1. 1 — Kristine Bjaadal, 11.21, Siska Coffee Grinder

2. 2 — Kristine Five Melvær, 22.41, Multi

3. 3 — Petter Skogstad, 9.59, YR

Exposition / Exhibition Klubben Paris Design Week 4. 4 — Maria Bjørlykke, 21.17, Tea Tins

À l’heure On Time

5. 5 — Martin Solem, 19.52, Norwegian Oil

7. 7 — Marius Myking, 05.40, Duality

8.

6. 6 — Amy Hunting og Oscar Narud, 8.33, Rise and Shine

8 — Hallgeir Homstvedt, 07.06, Herman Clock


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Klubb en @ Cité de la Mo de et du D e sign, Paris

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10. 10 — Siv Lier, 01.27, No Worries

9. 9 — Sverre Uhnger, 00.01, Neer

12. 11.

12 — Runa Klock, 14.12, Peddig Bowl

11 — Günzler Polmar, 12.48, Marbled Cups

13. 13 — Marianne Andersen, 02.54, Just Sleep On It

14. 14 — Joachim W. Rasmussen, 15.34, Lysestake

15. 15 — Ingrid Aspen, 17.03, Sound of Wood

16.

17. 17 — Erlend Bleken, 18.26, 223.898

16 — Marte Frøystad, 04.16, Naat


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The National Museum of Art, Architecture, and Design

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Panorama des Panorama of arts décoratifs Norwegian en Norvège decorative arts

TLmag a rencontré Widar Halén, directeur des collections design et arts décoratifs au musée national d’Art, d’Architecture et de Design d’Oslo. TLmag : Pouvez-vous décrire les origines et le futur de votre musée? Widar Halén : Le Musée national des arts décoratifs, d’architecture et de design, la Galerie nationale, le Musée d’art contemporain et le Musée d’architecture ont fusionné en 2003 pour créer une institution nationale plus large et plus dynamique, et le gouvernement vient de valider la construction d’un nouvel édifice qui les abritera tous, à côté de l’Hôtel de Ville sur le Port, avec une surface de 53 000 mètres carrés et un budget de 5 milliards de NOK ; il sera conçu par le cabinet d’architectes allemand Kleihuus & Schuwerk. Le nouveau musée ouvrira ses portes en 2019 et nous n’avons pas encore planifié beaucoup d’expositions, mais nous évoquons déjà une grande exposition sur les années 1960 et 1970 qui présentera également les débuts de l’engouement pour l’artisanat d’art en Norvège. En 2025 ce sera le cinquantième anniversaire de la Crafts Association qui fera sans doute l’objet d’une exposition. TLmag : Comment définiriez-vous la culture de l’artisanat d’art en Norvège? Quels ont été les mouvements qui ont le plus influencé les pratiques pour les faire évoluer vers leur identité actuelle? W.H. : L’artisanat est très important en Norvège, aussi important que les beaux-arts, et nous avons de nombreux artisans d’art qui ont également marqué la scène internationale. Le mouvement le plus important a été organisé par les 1 — Widar Halén Photo: © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

TLmag interviewed Widar Halén, Director of the Design and Decorative Arts Collections at The National Museum of Art, Architecture and Design in Oslo. TLmag : Can you briefly describe the roots of your museum?

Widar Halén : The Museum of Decorative Arts and Design, the National Gallery, the Museum of Contemporary Art and the Museum of Architecture merged in 2003 with the goal of creating a larger and more dynamic national institution, and the government recently approved the building of a new museum site that will bring them all together. Located next to the City Hall in the Harbour, construction of the 53,000 square meter site will cost 5 billion NOK. It will be built by German architecture studio Kleihuus & Schuwerk, and will open in 2019. We haven’t yet planned many shows, but we are talking about a large-scale exhibition on the 1960s and ‘70s which will also feature the beginning of the proper crafts movement in Norway. In 2025, there will be a 50-year jubilee for the Crafts Association, which we will likely mark with an exhibition.

TLmag : How would you define the culture of Norwegian crafts today? What have been the most important movements to influence the national crafts in their evolution towards their own contemporary identity?

W.H. : The crafts scene is very strong in Norway, on a par with that of the fine arts, and we have a number of welleducated and skilled crafts artists who have also made an impression internationally.


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1 — Intérieur du hall en albâtre du futur musée national d’Art, d’Architecture et de Design d’Oslo / Interior of the alabaster hall in the future National Museum of Art, Architecture and Design in Oslo Photo: © Kleihues + Schuwerk Gesellschaft von Architekten mbH - Statsbygg

2 — Vue d’ensemble, place de l’hôtel de Ville et du nouveau musée national à Vestbanen, Oslo / Bird’s eye view of City Hall Square and the new Nasjonalmuseet, at Vestbanen, Oslo 3 — Pièces de design émaillées de Grete Pryz Korsmo-Kittelsen, fin des années 1950 / Enameled design pieces by Grete Pryz Korsmo-Kittelsen, late 1950s

artisans d’art en 1975, qui ont fondé la Crafts Association et contribué à l’établissement en 1991 d’un fonds national pour l’acquisition d’objets d’artisanat norvégiens, qui est toujours très puissant et qui permet aux musées du design à Oslo, à Bergen et à Trondheim d’acquérir des objets de qualité chaque année. De plus, depuis les années 1980, on assiste à un renouveau des techniques et des styles traditionnels – nous appelons cette tendance la « néo-tradition » – qui a donné un nouveau souffle aux pratiques artisanales et aux styles dans l’ère postmoderne. Par ailleurs, on assiste à une grande internationalisation, avec beaucoup d’artisans qui font leurs études à l’étranger et qui se font remarquer en-dehors de nos frontières. TLmag : Parmi les objets et installations sélectionnés pour être exposés au salon Révélations à Paris, quels sont ceux que vous aimeriez pointer ? W.H. : L’exposition à Paris présente au moins quatre de mes artistes norvégiens préférés: Liv Blåvarp, Sigurd Bronger, Inger Johanne Rasmussen et Thorbjørn Kvasbø. TLmag : Comment construisez-vous la promotion et la reconnaissance de l’artisanat et du design norvégiens au niveau international? Est-ce que le réseau MUSCON influence votre programme d’expositions, ou est-ce que vous l’élaborez à votre manière? W.H. : Nous avons un grand réseau d’institutions et de musées nationaux, y compris dans le cadre de l’ICOMICDAD dont j’ai longtemps été membre du comité de direction et président, ainsi que MUSCON, le Nordic Forum of Design Studies, etc. Nous montons régulièrement de grandes expositions, par exemple Tone Vigeland au Copper Hewitt, et maintenant From the Coolest Corner – Nordic Contemporary Jewellery, qui est en itinérance. TLmag : Quel est le programme pour 2013-2014

The most important movement was organised by the crafts artists themselves, when they established the Crafts Association in 1975, and then fought for the establishment of the State fund for acquiring Norwegian crafts. Set up in 1991, this is still very powerful and makes it possible for the three museums of design in Oslo, Bergen and Trondheim to acquire good crafts pieces every year. Moreover, since the 1980s, there has been a focus on the revival of older Norwegian crafts and styles, a trend we often call neo-traditional, which has brought new life into crafts techniques and various styles in the postmodern era. Finally, there has been a great move towards international-isation, with many crafts artists being educated abroad and making their mark outside Norway as well.

TLmag : Based on the exhibition at Révélations in Paris, what projects would you like to highlight?

W.H. : The exhibition in Paris will feature at least four of my favourite Norwegian artists: Liv Blåvarp, Sigurd Bronger, Inger Johanne Rasmussen and Thorbjørn Kvasbø.

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au musée national d’Art, d”Architecture et de Design? Quels sont les événements internationaux en cours de préparation? W.H. : Horizon – Landscapes, Ceramics And Transfer Printing, qui présente des objets en céramique créés par douze artistes internationaux: Stephen Bird et Stephen Bowes (Australie), Robert Dawson (RoyaumeUni), Leopold Foulem (Canada); Maria Geszler (Hongrie), Trine Hovden (Norvège), Garth Johnsion (Etats-Unis), Felix Hug (Suisse), Laura McKibbon (Canada), Carol McNicoll (Royaume-Uni), Paul Scott (Royaume-Uni) qui est commissaire de l’exposition aux côtés de Knut Astrup Bull et Inger Helene Stemshaug, Richard Shaw (Etats-Unis), Carlone Slotte (Finlande), Anne Line Sund (Norvège), Marit Tingleff (Norvège), Gerry Wedd (Australie), Magdalena Gerber (Suisse). En 2013, nous présentons l’Exposition annuelle de l’artisanat norvégien qui a lieu depuis six ans, et l’année prochaine nous présenterons la créatrice de mode et de textiles Julie Skarland. Pour 2015, nous préparons une exposition sur les artistes brodeurs contemporains norvégiens et internationaux. TLmag : Avez-vous une anecdote sur l’histoire des arts appliqués entre la France et la Norvège? W.H. : L’événement le plus important qui a créé un lien entre la France et le Norvège fut l’exposition Forme Scandinave au musée des Arts Décoratifs de Paris en 1958, où ont été présentés de nombreux artisans d’art et en particulier les œuvres révolutionnaires en émail et argent de Grete Prytz Korsmo (plus tard Kittelsen). En France, on a écrit qu’elle était la première à avoir revitalisé et renouvelé l’art de l’émail, ce qui a donné un nouveau souffle à cet art, y compris là-bas. Grâce à cette exposition, les Français ont pris connaissance du mouvement de l’artisanat et du design qui émergeait alors en Scandinavie, et cela a encouragé le développement d’un même mouvement en France. Entre les années 1970-1990, Per Spook était le seul Scandinave à posséder une maison de couture à Paris. Ses créations sont présentées dans une exposition permanente à part dans notre musée. Ses collections inspirées du tricot norvégien, de la broderie, et de l’artisanat et des vêtements des Vikings et du peuple Sami a eu un impact énorme à Paris. Il a reçu le Dé d’or deux fois, en 1979 et en 1993 !

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TLmag : How are you building up the international promotion and recognition of Norwegian crafts and design at an international level? What networks or initiatives significantly impact your future programme of exhibitions?

W.H. : We have a large network with international institutions and museums, within ICOM-ICDAD (for which I was member of the Board and President for a long time), MUSCON, The Nordic Forum of Design studies, etc. We regularly do larger exhibitions, like Tone Vigeland at the Copper Hewitt, and From the Coolest Corner – Nordic Contemporary Jewellery which is touring.

TLmag : What can we expect from your 20132014 exhibition program at the Oslo museum and internationally?

W.H. : Currently we have Horizon – landscapes, ceramics and transfer printing, which features contemporary ceramics by more than a dozen international artists: Stephen Bird and Stephen Bowes (Australia), Robert Dawson (UK), Leopold Foulem (Canada); Maria Geszler (Hungary), Trine Hovden (Norway), Garth Johnson (USA), Felix Hug (Switzerland), Laura McKibbon (Canada), Carol McNicoll (UK), Paul Scott (UK), who is also curator of the show together with our curators Knut Astrup Bull and Inger Helene Stemshaug, Richard Shaw (USA), Carlone Slotte (Finland), Anne Line Sund (Norway), Marit Tingleff (Norway), Gerry Wedd (Australia) and Magdalena Gerber (Switzerland). In 2013, we are showing our sixth annual Norwegian Crafts exhibition, and next year we will show contemporary textile/fashion artist Julie Skarland. For 2015, we are planning an exhibition on Norwegian and international contemporary embroidery artists.

TLmag : What else can you tell us about the Norwegian presence in Paris, and the relationship between France and Norway?

W.H. : The most important event for the Franco/ Norwegian relationship was the Forme Scandinave exhibition in the Musée Arts Décoratifs in 1958, which featured many of our crafts artists. In particular, the revolutionary enamel and silver works by Grete Prytz Korsmo (later Kittelsen), who was described by the French as being the first to revitalise and renew enamel art, gave impetus to a new enamel art in France, as well. The exhibition made the French aware of the strong crafts and design movement in Scandinavia, and created a great impulse for the development of crafts and design in France. In more recent years, Per Spook’s “haute couture” house in Paris in the 1970s-1990s was the only Scandinavian fashion house in Paris. His clothes are featured in a separate, permanent exhibit in our museum. Inspired by Norwegian knitting and embroidery, as well as by Viking and Sami crafts and clothes, his collections made a huge impact in Paris. He received the gold thimble twice, in 1979 and in 1993!


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Musée national des Arts décoratifs, Trondheim National Museum of Decorative Arts, Trondheim


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TLmag est parti à la rencontre de Jan-Lauritz Opstad, conservateur du musée des Arts décoratifs de Trondheim. Fondée par le roi Olav en 997, la cité médiévale a été reconstruite après l’incendie de 1671. Son architecture de maisons en bois est caractéristique de cette époque. Renommée comme étant la ville des peintres en Norvège, Trondheim a vu s’éclore les arts décoratifs et le design sur son territoire, en particulier l’orfèvrerie en provenance de l’Allemagne, influencée par la culture de la mer du Nord. Si l’on retourne au Moyen Âge, Trondheim était sous influence britannique au contact, par voies maritimes, avec l’Islande, le Groenland, les Shetland et l’île de Man. Au XIXe siècle, la ville passa de la couronne danoise à la Suède au moment des guerres napoléoniennes. Depuis son indépendance en 1905, la Norvège a fortement développé ses arts décoratifs modernes et contemporains.

TLmag caught up with Jan-Lauritz Opstad, curator of the National Museum of Decorative Arts, Trondheim. Founded by King Olav in 997, the medieval city of Trondheim was almost completely reconstructed after the fire of 1671, with many wooden houses and broad avenues. Traditionally renowned as a centre for Norwegian painters, Trondheim was greatly influenced by the North Sea culture for the blooming of its decorative arts and design, especially silvermithing from Germany. Going back to the Middle Ages, Trondheim also had close ties with England, and was in contact with Iceland, Greenland, Shetland and the Isle of Man via the North Sea. In the 19th century, Trondheim briefly passed from the Danish crown to Sweden. Since finally gaining its independence in 1905, Norway has pushed forward in the field of modern and contemporary crafts.

1 — Jan-Lauritz Opstad face à une tapisserie de Hanna Ryggen / in front of a Hanna Ryggen tapestry 2 — 3 — Vue de la ville de Trondheim / View of the city of Trondheim 4 — Façade du musée / Façade of the museum

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Photo : © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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D e s ic ône s embl é m at i que s dans l ’ar t i sanat

Hanna Ryggen, Suédoise d’origine et mariée à un peintre de Trondheim, s’est engagée à défendre les valeurs humanistes après la Seconde guerre mondiale, en concevant des tapisseries qui vont bien audelà de l’art folklorique. Ses créations textiles narrent la fin des années 1940 jusqu’aux années 1960 et sont chargées d’une symbolique au reflet de la culture de l’artisanat norvégien. Si le textile tend à remplacer la tapisserie, il y a des artistes tels que Rasmussen qui perpétuent la tradition. Aux yeux de Jan-Lauritz Opstad, il y a réels objets du désir au sein de l’actuel artisanat d’art norvégien. Citons par exemple Tone Vigeland dans le bijou et l’orfèvrerie, la designer textile Elisabeth Haarr, le céramiste Torbjørn Kvasbø, l’artiste verrière Beate Einen et l’ébéniste Erland Leirdal.

4. Photo : © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Emblemat ic craft ico ns

Hanna Ryggen was originally of Swedish origin, but married a painter from Trondheim. After the Second World War, she committed herself to defending humanist values by creating tapestries that reach far beyond ‘folk art’. Her works are iconic of the Norwegian craft culture from the late 1940s until the 1960s. Today, textile has replaced tapestry, although craftspeople like Rasmussen are continuing the tradition. For Jan-Lauritz Opstad, there are some very iconic objects coming out of Norwegian contemporary crafts, from craftspeople such as jeweller Tone Vigeland, textile designer Elisabeth Haarr, ceramicist Torbjørn Kvasbø, glass artist Beate Einen and woodworker Erland Leirdal.


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1 — Sigurd Bronger, sculpture mobile / mobile sculpture 2 — Public art at the Saint-Olav Hospital, Trondheim / Œuvres d’art intégrées à l’hôpital Saint-Olav, Trondheim

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Photo : © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

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Photo : © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

3 — May Bente Aronsen, tapisserie en feutre / tapestry in felt

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Le s fo n d s d ’ac q u i s i t i o n d e s m u s é e s e t l ’a r t publ i c

La Norvège a adopté une politique d’investissement dans la commande publique en divisant parmi les trois musées d’arts décoratifs et design un fond annuel (Innkjøpsfondet for Norsk Kunsthåndverk) de 3 million NOK afin d’acquérir des œuvres d’artisanat d’art et de design. L’effet peut être apprécié, non seulement au niveau des collections mais aussi des espaces publics. En effet, pour chaque nouvelle construction, 2% du budget global doit être investi dans l’intégration d’œuvres artistiques et artisanales. En circulant dans les corridors et les environs de l’hôpital Saint-Olav, on a pu découvrir des pièces étonnantes de May Bente Aronsen, Anne Kwam, Heidi Sand, Kristofer Leirdal et Sigurd Bronger. Grâce à l’utilisation de matériaux naturels et de couleurs lumineuses, la perception de la qualité de l’environnement change et impacte sur le ressenti et le bien-être. Parmi les pays nordiques, la Norvège apparaît clairement comme l’une des nations qui investit le plus dans la communauté en usant de l’art et de l’artisanat de manière éclairée pour améliorer l’environnement de vie sur le long terme.

Museum funds, acquisitio ns and public art

Each year, the Fund for Acquisition of Norwegian Crafts (Innkjøpsfondet for Norsk Kunsthåndverk) acquire crafts and design objects for about 3 million NOK. The objects are divided between the three decorative arts and design museums. They can be appreciated not only in the public collections but also in public spaces. In fact, 2% of the total budget for every new building must be earmarked for arts or craft. We took a walk along the corridors of the St. Olavs hospital and explored its surrounding neighbourhoods, to discover works by May Bente Aronsen, Anne Kwam, Heidi Sand, Kristofer Leirdal and Sigurd Bronger. Through the use of natural materials and bright colours, we could feel the quality of the environment shifting, and the impact on the people’s wellbeing. Amongst the Nordic countries, Norway appears to be one of the states that invests the most in using arts and craft to play a central role in brightening and improving the living environment in communities on a long-term basis. www.nkim.no


I N FO 4

Map / Carte

ST. H A N S H AU G E 3 2

GRÜN ERLØKKA

M AJ ORST UEN 5 6

S EN T RUM 8

1 — Inger Johanne Rasmussen 2 — Andreas Engesvik 3 — The National Museum of Art, Architecture and Design 4 — Oslo National Academy of the Arts 5 — DogA - the Norwegian Centre for Design and Architecture 6 — Sigurd Bronger & Reinhold Ziegler 7 — Norwegian Crafts office 8 — RAM gallery 9 — Galleri Format Oslo 10 —Anna Talbot 11 — Irene Nordli

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O S LO

GA M L E OS LO

1

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Bibliography

/ Bibliographie À lire / To read: — Anna Biling-Wetterlundh (ed.), Torsten och Wanja Söderbergs pris 2012, Göteborg, 2013 — Beret Aksnes, Anne Kvam & Edith Lundebrekke – Sting, Det Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum, 1991 — Belysningsobjekter Katalog, Flow, 2 BA Produktdesign HiDA, utstilling DogA, May /mai 2013 — Crafts Magazine’s supplement Nr.4, The Crafts Guide to Collect, 2013, Collect, Craft Council, 2013 — Christer Dynna (ed.), Kunsthandverk nr.1, 2013 – 33. Argang no.127, Norske Kunsthandverkere, Oslo, 2013 — Lars Elton, To Value and To Cherish, Klart Glass — André Gali, Petra Hôlscher & Hege Henriksen (ed.), Aftermath of Art Jewellery, Arnoldsche Art Publishers, 2013 — Grant Gibson, The Crafts Guide to Collect, 2013, Craft Council, 2013 — Tore Gjelsvik & Magni Gjelsvik Moksnes, The Tapestries of Hannah Ryggen, Trondheim, 1999 — Widar Halén (ed.) - From The Coolest Corner, Nordic Jewellery, The National Museum of Art, Architecture and Design. Arnoldsche Art Publishers. Stuttgart, 2013 — Paul Hanevold, Norwegian Silver Jewellery, The Rhythm of Light, 2006

— Ted Hesselbom & Reinhold Ziegler, Sigurd Bronger, Röhsska Museets Katalog Nr.19 för Torsten och Wanja Söderbergs pris, 2012 — Pascale Huby, Nature Torte, French Institute in Norway, Oslo, 2013 — Inger Johanne Rasmussen, Gjenfortellinger Retelling, Sørlandets Kunstmuseum, 2006 — Inger Johanne Rasmussen & Wakai Hiroko, Retelling, Old Patterns for a New World, Seigensha Art Publishing, 2009 — Stitching between Dragons and Trees of Paradise, Inger Johanne Rasmussen Tapestry Terje Nordby Myths, 2013 — Mai Lahn Johannessen, Margit Seland, Arbeider/Work, 2000-2010 — Klubben, Tingenes / Tilstand, Zoom Grafisk — Kl!nk Metal, Arts Council Norway and The Norwegian Association of Arts and Crafts, 2010 — Camille Luihn, The Cloud, the Wave and the Koi, Bono, 2012 — Benedicte Lyssand, Presentasjon Klink – Metall, Arts Council Norway and The Norwegian Association of Arts and Crafts, Oslo, 2010 — Fleur Van Muiswinkel, Katrine Køster Holst, 2013 — Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum Jens Erland, Trondheim, 2005

— Irene Nordli, Porcelain Fever, Grenland Kunsthall, 2011 — Oslo Escape Routes, The Thief, Norsk Design, Og Arkitektursenter & Vulkan, Oslo. — Marta Kuzma, Hannah Ryggen 100 Notes – 100 Thoughts, No.067 – Hatje Cantz Verlag, Ostfildern, 2012 — Shibori, Fabric Transformed, Kunstbanken Hedmark Kunstsenter, 2003 — Cecilie Skeide & Louise Mazanti – Sidsel Hanum, Tidevann, Labyrinth Press, Lillehammer Kunstmuseum, 2010 — Tove Lande, Gjertrud Hals Søylens letthet trådens tyngde, Kunstmuseet KUBE, Ålesund, 2009 — Kari Steihaug, Arkiv : De Ufullendte, Magikon Forlag, 2011 — Teknikk Men Er At Ei Man Det Noget Beste Vil, Klart Glass, KunstnerSenterret I Buskerud, Tjura — Jorunn Veiteberg, Konrad Mehus, Form Follows Fictions, Jewellery and Object, Arnoldsche art publishers, 2012 — Jorunn Veiteberg & Cecilie Skeide, Sigurd Bronger, Laboratorium Mechanum, Arnoldsche art publishers, 2011 — Wireless tekstil, Norske Kunsthåndverkere, 2013 — Reinhold Ziegler, Gravitasjon. Zieglerz


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