Supplément Tout Lyon Affiches
n° 5234 du 3 décembre 2016
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Avec ma CCI, je cultive mes réseaux je développe mon chiffre d’affaires j’intègre le développement durable je forme mes collaborateurs je me développe à l’international j’innove ! je crée mon entreprise, mon commerce je fais le plein de bonnes pratiques La CCI, ça sert à ça ! CCI LYON MÉTROPOLE Saint-Etienne Roanne Place de la Bourse 69289 LYON cedex 02 Tel: 04 72 40 58 58 lyon-metropole.cci.fr Réseau
Le Tout Lyon Affiches Supplément au Tout Lyon Affiches n° 5234 du 3 décembre 2016 Société éditrice Groupe Tout Lyon, 18 rue Childebert, 69002 Lyon, SAS au capital de 60 032 € Président et directeur de publication Alain Milliat Principal actionnaire SEPS ISSN 2102-7080 Commission paritaire 0919 I 85791 Impression Imprimerie Chirat Saint-Just-la-Pendue Rédaction en chef Laurent Odouard Coordination éditoriale Stéphanie Polette Rédaction François Bonnet Stéphanie Borg Jacques Donnay Agnès Giraud-Passot Emilie Massard Infographie Anne-Laure Grange Photographies © Hector Palister Images (portraits) DR
Éditorial
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Le mot de…
p. 7-15
Grand témoin
p. 20-21
Rencontre
p. 26-29
Etude
p. 34-36
Jury
p. 38
Palmarès
p. 39
30 portraits de femmes décideurs
p. 42-129
• Industrie
Odile Allard ; Natalie Bassouls ; Audrey-Laure Bergenthal ; Sonia Bichat ; Evelyne Chevignon ; Marie-Pierre Dumaine ; Annabelle Gréco-Jauffret ; Stéphanie Milton ; Pascale Salut • Services Myriam Barbarin ; Valérie Brunon ; Isabelle Chaillioux ; Delphine Coutard ; Monika da Cunha ; Ilham El Youssefi ; Frédérique Fossa-Graffin ; Stéphanie Marquez-Boucetla ; Laetitia Nourissat Gourd ; Valérie Pâquet ; Claire Romanet ; Laurence Rouveyrol • Nouvelles économies
Cécile Bello ; Béryl Bes ; Bénédicte Curan ; Claire Laborde ; Emilie Legoff ; Bénédicte Poncet ; Ondine Suavet ; Carole Tawema ; Clara Trévisiol
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Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Publicité commerciale Philippe Besson pbesson@le-tout-lyon.fr Marie Abadi mabadi@lessor.fr Tél. 04 78 28 88 00
SOMMAIRE
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édito
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Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Dépasser les symboles Le 7 novembre 2016 à 16 h 34, le collectif féministe Les Glorieuses appelait toutes les salariées de France à cesser le travail jusqu’à la fin de l’année. Pour lancer ce mouvement et justifier une telle action, il s’est appuyé sur une étude d’Eurostat, l’organisme de statistique de l’Union européenne, mettant en exergue une différence de traitement salarial de 15,1 % entre les hommes et les femmes en France. Le collectif s’est inspiré d’une action menée par les Islandaises qui, le 24 octobre à 14 h 38, ont stoppé leurs activités pour protester contre cette discrimination. En France, le coup de com’, repris par les médias et les réseaux sociaux, a, en réalité, été peu suivi de faits concrets. Difficile, dans une entreprise privée, de claquer la porte au nez de son boss jusqu’au 1er janvier 2017… Pourtant, au rythme actuel de progression de l’égalité des salaires entre hommes et femmes, ces dernières devront attendre 2186, soit 170 ans, pour être traitées de façon égale à leurs compères masculins sur le plan de leur carrière professionnelle. C’est long… Le calcul émane d’un rapport mondial publié en octobre dernier par le Forum économique mondial.
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Multiplier les actions pour faire bouger les lignes en faveur de l’égalité hommesfemmes dans le milieu professionnel
Deux dates fortes, anecdotiques pour certains, symboliques pour d’autres. Quoi qu’il en soit, les signaux se multiplient pour mettre le doigt là où ça fait mal et essayer, encore et toujours, de multiplier les actions pour faire bouger les lignes en faveur de l’égalité hommes-femmes dans le milieu professionnel. Les salaires constituent le premier indicateur et le plus mesurable concrètement. C’est aussi celui sur lequel se battent le plus les défenseurs de l’égalité. Pourtant, une kyrielle de petites choses pollue la vie des salariées françaises : évolution plus lente, budgets confiés plus restreints, équipes à manager plus réduites… Sans parler des remarques sexistes… Voyons le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide : et si ce « traitement discriminatoire » incitait les femmes à prendre le pouvoir et à créer leur propre emploi ? Elles sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, comme nos grands témoins et les trente dirigeantes que nos journalistes ont rencontrées
pour ce supplément « Femmes décideurs ». Des parcours exemplaires, à scruter, à copier, à suivre et, surtout, à mettre en valeur, ce que notre journal et la soirée de remise des trophées s’attachent à faire chaque année. Les femmes, de plus en plus décidées à prendre en main leur propre destin
Alors que l’économie française, mais également mondiale, est en panne, pourquoi se priver des compétences et des talents de près de 50 % de la population ? Si l’entreprise ne leur donne pas satisfaction, les femmes sont de plus en plus décidées à prendre en main leur propre destin et à faire elles-mêmes sauter ce plafond de verre. Une manne pour tous les pays, leurs économies et les sociétés en général. Laissons les symboles s’exprimer mais travaillons ensemble, femmes et hommes, pour les dépasser et construire des environnements harmonieux où chacun peut exercer ses talents et ses compétences dans la meilleure des égalités.
Stéphanie Polette
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MERCI AUX ENFANTS, CHAMPIONS DES CEINTURES À L’ARRIÈRE. 94 %* DES ENFANTS ATTACHENT LEUR CEINTURE À L’ARRIÈRE DES VÉHICULES SUR AUTOROUTE. C’EST ENCORE PLUS QUE LES ADULTES, QUI SONT 89 %*.
* Rapport C&D pour l’ASFA, mars 2016.
Vos bons comportements comptent énormément. Si depuis 40 ans la ceinture de sécurité a sauvé un nombre immense de vies, c’est grâce à l’immense majorité d’entre nous qui l’attachons systématiquement, presque sans y penser. Un geste en passe de devenir un réflexe à l’arrière aussi, grâce aux passagers attentifs, aux parents vigilants et aux enfants exemplaires.
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le mot de…
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Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes
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Nous disposons aujourd’hui d’un arsenal législatif robuste en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes au travail, bâti depuis la loi Roudy de 1983 jusqu’à la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes du 4 août 2014. Mais il faut rester pleinement mobilisé car ces inégalités perdurent, sous de multiples formes : une concentration des femmes dans quelques filières professionnelles, des difficultés d’accès aux postes à responsabilités, des écarts de rémunération toujours importants et des temps partiels encore majoritairement occupés par des femmes. Une partie de ces inégalités trouve sa source dans le sexisme. Le sexisme, ce sont ces stéréotypes, ces propos ou ces comportements qui délégitiment et infériorisent les femmes.
Cette idéologie est très présente dans le milieu professionnel : près d’une femme active sur deux y a déjà subi des remarques, des propositions ou des actes déplacés de la part d’un client ou d’un collègue. Le 8 septembre 2016, j’ai lancé un Plan d’actions et de mobilisation contre le sexisme avec un message clair : « Sexisme, pas notre genre ! ». Cette mobilisation, qui associe pendant six mois pouvoirs publics, entreprises, société civile et particuliers engagés pour l’égalité, a l’ambition de rendre visible le sexisme partout où il se trouve et de mettre en œuvre des actions concrètes pour le faire reculer. Le premier Plan interministériel en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, révélé à l’occasion de la semaine de l’égalité professionnelle, du 3 au 9 octobre 2016, s’inscrit pleinement dans cette démarche. Visant à ancrer, diffuser et moderniser l’action publique en faveur de l’égalité professionnelle, sa mise en œuvre permettra de faire reculer les stéréotypes sexistes, de garantir aux femmes un accès aux responsabilités professionnelles et de favoriser la mixité professionnelle. Les entreprises ne peuvent se passer des talents de la moitié de la population. En plus d’être une exigence républicaine, l’égalité est un levier de compétitivité. Lever les freins d’accès à l’emploi et aux postes à responsabilités pour les femmes est aussi un moyen de favoriser la croissance de notre économie.
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« L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est une nécessité pour notre société »
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ART CONTEMPORAIN Nuit dans un musée hôtel
TRADITIONS
© Sara Winter
Sanctuaire shinto, Kyoto
ENCHANTEMENT Sur l’île de Yakushima
LE JAPON SUR MESURE Si nous commençons à évoquer ensemble le Japon, peut-être aurez-vous en tête la démesure de Tokyo ? Ou bien les premières images qui vous viendront à l’esprit seront celles de temples devant lesquels s’épanouiront des cerisiers en fleurs ? Il est possible aussi que vous vous imaginiez au calme, dans une auberge traditionnelle d’un grand raffinement ? Quels que soient vos rêves japonais, nous nous tenons à votre disposition pour les écouter, et réaliser avec vous le plus beau des voyages au Pays du Soleil Levant.
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Plus que jamais, je crois en l’entreprise, mais je crois surtout en l’entreprise porteuse de valeurs fortes : des valeurs humaines de dépassement de soi, de reconnaissance du travail, de respect du mérite et de l’engagement – autant de valeurs qui sont et doivent rester le pilier de notre société. C’est la raison pour laquelle notre région croit si fortement à la place des femmes dans le monde économique et dans l’entreprise, une entreprise où elles obtiennent la pleine et juste reconnaissance de leur talent et de leur engagement. Les lauréates de ces Trophées Femmes Décideurs organisés par le Tout Lyon Affiches prouvent que ce n’est pas un doux rêve : c’est un challenge que l’on peut relever ensemble, qu’Auvergne-Rhône-Alpes en a l’énergie, que son environnement tout entier tourné vers l’audace et l’initiative est pour les femmes un atout pour donner corps à leurs projets. Chaque année, ce sont plus de 4000 créateurs d’entreprises que la Région accompagne, et 150 start-up qui prennent leur envol grâce à une gamme complète d’outils de financement (subventions, prêts personnels à taux 0, garanties, avances remboursables). Tous ceux et toutes celles qui veulent avancer sont donc certains de trouver auprès de la Région un soutien constant et sincère : je veux une Région qui soit au plus près des porteurs de projets, car votre force, notre force, c’est de travailler ensemble, c’est ainsi que nous construisons chaque jour en Auvergne-Rhône-Alpes la grande région de l’audace et de l’innovation ! Bravo à toutes les lauréates : vous faites aujourd’hui notre fierté !
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Laurent Wauquiez,
président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
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Terre de dynamisme et d’innovation, Auvergne-RhôneAlpes porte depuis toujours l’esprit entrepreneurial au cœur de son ADN. Créer, imaginer, rapprocher les hommes et changer jour après jour leur quotidien : c’est cela l’entreprise, et c’est ce qui en fait quelque chose de si précieux et de si cher à notre région.
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« La grande région de l’audace et de l’engagement »
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Chez Nous, LEs femmes sont decideurs
Laurie CHAINE, 30 ans
responsable du projet ADELY, siège du Groupe Adecco en France
Développeur en immobilier d’entreprise www.dcbinternational.com
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gieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». Reconduits d’année en année, ils témoignent du vivier progressiste que constitue notre Métropole. C’est en soutenant toutes les initiatives et tous les projets que nous contribuons, ensemble, à façonner cette parité et à créer, sur notre territoire, une société plus ouverte, plus accessible et plus humaine !
Gérard Collomb,
sénateur-maire de Lyon, président de la Métropole de Lyon
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En quelques décennies, la société française a fait de grands pas en direction de la parité entre les hommes et les femmes, notamment grâce à une législation de plus en plus volontariste. Pourtant, aujourd’hui autant qu’hier, l’égalité est encore à construire. Parce que de nouveaux obstacles surgissent ; parce qu’aussi, en ces temps de crise économique, les droits des femmes sont davantage menacés et qu’il faut redoubler de vigilance. Aujourd’hui encore, les taux d’emploi et d’activité sont plus faibles chez les femmes et sont particulièrement bas chez celles qui élèvent seules leurs enfants. Les femmes touchaient, en 2015, une retraite 40 % moins élevée que celle de leurs homologues masculins. À compétences égales, elles gagnent toujours moins que les hommes. Et si elles sont présentes dans tous les secteurs d’activité, il n’en va pas de même pour les postes de direction, où elles peinent encore à se voir proposer des responsabilités conséquentes et où des collègues masculins, parfois moins diplômés et moins compétents, leur sont préférés. Cette situation, intolérable, ne peut plus perdurer dans notre société. C’est pour lutter contre ces inégalités qu’à l’échelle nationale et plus encore à l’échelle de notre Métropole, des actions sont mises en œuvre pour promouvoir, aussi, des modèles de réussite. Loin des clichés réactionnaires et conservateurs, des femmes entreprennent et avancent. Sur notre territoire plus qu’ailleurs, elles fondent des start-ups, reprennent des entreprises et imaginent, pour toutes et tous, les solutions de demain. Ces femmes sont des exemples, parce qu’elles montrent que, malgré les obstacles, les réussites sont possibles et de plus en plus accessibles. Ces Trophées des Femmes Décideurs nous rappellent qu’il tient à chacun et chacune d’entre nous de rester mobilisé, parce qu’il suffit, comme l’écrivait Simone de Beauvoir, « d’une crise politique, économique ou reli-
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« L’égalité est encore à construire »
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Jean-Paul Mauduy, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Région Rhône-Alpes
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Rhône-Alpes. Il faut encourager leurs initiatives et les saluer comme des exemples à suivre. L’égalité hommes-femmes dans notre société est une exigence qui va au-delà des exigences légales. Elle est tout naturellement une chance de tendre vers un équilibre nécessaire et profitable à l’entreprise. Alors à tous, et surtout à toutes, bravo !
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Pour la Chambre de Commerce et d’Industrie de région, que je représente, il est important d’encourager l’entrepreneuriat et d’honorer tous ces dirigeants qui chaque jour se mettent à risque. Le Trophée des Femmes Décideurs est plus qu’un bel événement, c’est aussi et surtout un combat pour une cause juste, celle de donner aux femmes toute leur légitime place dans l’entreprise d’aujourd’hui. Sur des marchés en tensions et ultra-concurrentiels, pour des développements technologiques et innovants ou bien encore dans la conquête de débouchés à l’international, l’entreprise a besoin de toutes ses forces vives et des meilleurs profils. Il est inconcevable de penser autrement notre modèle économique. La CCI de région est au cœur de ce combat et a depuis sa création soutenu l’initiative remarquable du Tout Lyon Affiches. Ce sont des portraits de femmes d’horizons différents, d’audaces et de passions, que vous allez découvrir page après page dans ce supplément. Une nouvelle démonstration, s’il en est encore nécessaire, que l’entrepreneuriat se conjugue aussi bien au masculin qu’au féminin. D’énormes progrès ont été réalisés ces dernières années par les femmes pour gagner la place qu’elles méritent dans le monde de l’entreprise. Il faut s’en féliciter mais en aucun cas s’en contenter car il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Est-ce une forme d’inertie culturelle persistante, ou des discours démagogiques dépassés qui conditionnent l’accès d’une femme à des postes pour lesquels elle aurait autant, voire plus de compétences qu’un homme ? Dans un contexte économique en fragile équilibre, je souhaite penser que le monde de l’entreprise est plus intelligent que l’ensemble de ces clivages. Les réalités économiques font bouger les consciences, et les nouvelles générations d’entreprises l’ont bien compris et l’ont intégré dans leur ADN. Rhône-Alpes à elle seule compte plus de 50 000 femmes chefs d’entreprise. Un chiffre qui va croissant à l’échelle de la grande région Auvergne-
© Céline Vautey
Faire grandir l’entrepreneuriat
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le mot de…
*Source Women Equity for Growth
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président de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne
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Emmanuel Imberton,
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En créant les Trophées Femmes Décideurs il y a 13 ans, le Tout Lyon Affiches a choisi de mettre dans la lumière des femmes dirigeantes ou chefs d’entreprise au parcours remarquable. Force est de constater qu’aujourd’hui, cette initiative reste l’une des rares occasions localement de voir des femmes entrepreneures récompensées pour leur réussite. Et c’est là que le bât blesse ! Car pour se lancer dans l’aventure de la création-reprise d’entreprise, les femmes manquent de figures entrepreneuriales dont elles peuvent s’inspirer… Certes les chiffres progressent de façon constante et nous avons enfin atteint la barre des 30 % d’entrepreneures en France, mais sur un potentiel de 5 millions ! En considérant que sur ces trois dernières années, les petites entreprises dirigées par des femmes affichent une performance supérieure* à celles dirigées par des hommes, l’économie française aurait fort à gagner à voir leur nombre augmenter encore… A la CCI, nous considérons que les femmes sont des décideurs comme les autres. Et leur donner la parole, valoriser leurs expériences et les accompagner dans leur démarche de création-reprise, au même titre que les hommes, est pour nous une priorité. Ainsi, nous veillons à mixer les témoignages, dans nos médias, dans les conférences que nous organisons…, jusque dans la gouvernance de notre institution où nous sommes engagés en matière de parité. Les femmes occupent aujourd’hui une place plus significative au sein de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne et représentent 40 % des membres élus de la nouvelle assemblée d’entrepreneurs. Nous avons également veillé à ce qu’elles soient représentatives de la diversité du paysage économique local et les porte-parole du commerce et des services, comme de l’industrie. Notre organisation en est bien la preuve, les femmes dirigeantes ne se cantonnent pas à certains secteurs d’activité, elles sont partout ! L’ambition de la nouvelle assemblée de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne est de porter à 40 % la part des femmes entrepreneures sur notre territoire d’ici 2021.
© jean-jacques raynal
« Objectif 2021 : 40 % de femmes entrepreneures !»
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éditorial Gil Vauquelin Directeur régional de la Caisse des Dépôts en Auvergne-Rhône-Alpes Partenaire historique du Trophée Femmes Décideurs, la Direction régionale Auvergne-RhôneAlpes de la Caisse des Dépôts a souhaité, cette année encore, soutenir cet événement qui met en lumière des portraits de femmes exemplaires, aux parcours riches et passionnants. Ce partenariat avec le Tout Lyon s’explique par l’engagement de la Caisse des Dépôts en faveur de l’entrepreneuriat des femmes, enjeu non seulement sociétal, en termes d’égalité professionnelle, mais également économique ; La création d’entreprises par les femmes représentant un réel levier de croissance et de compétitivité pour notre économie. Si des progrès ont été réalisés ces dernières années dans ce domaine, le taux de création d’entreprises par les femmes plafonne à 30 % au niveau national, alors que le désir d’entreprendre est quasiment le même chez les femmes et les hommes, 22 % des Françaises déclarant vouloir créer leur entreprise, pour 25 % des Français. Le pourcentage de femmes diminue encore dans le secteur de l’innovation (seule une femme sur dix dirigerait une entreprise innovante) et elles restent également toujours très minoritaires dans des secteurs considérées comme masculins, tel que le BTP ou la finance. Aussi, la Direction régionale de la Caisse des Dépôts s’est engagée aux côtés de l’Etat et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans un plan d’action destiné à favoriser l’entrepreneuriat des femmes. La promotion de l’esprit d’entreprise que permet le Trophée peut donner l’envie et l’audace aux femmes de créer. Actrice du développement économique, la Caisse des Dépôts intervient historiquement dans les champs de la création d’entreprises via les dotations des fonds de prêts de d’honneur et de garantie, dédiés tant à la création qu’à la croissance des TPE et des PME, et indirectement, via BpiFrance, filiale de la Caisse des Dépôts et de l’Etat, en faveur du financement des entreprises. Elle est également l’un de principaux financeurs de l’économie sociale et solidaire. En Auvergne-Rhône-Alpes, depuis six ans, la Caisse des Dépôts a doté les fonds de prêts d’honneur pour un montant de 4,1 M€, ainsi que les outils de financements dédiés aux structures de l’économie sociale. En 2015, que ce soit au travers de ces fonds de ces prêts d’honneur ou de ces outils de financement et de garantie de l’économique sociale, plus de 4 891 entreprises ont été financées. Nous souhaitons que les portraits de femmes mis en lumière par ce Trophée seront inspirants pour toutes celles, mais aussi ceux, qui veulent entreprendre, innover, s’engager dans des projets à haute valeur sociétale, économique ou environnementale.
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© Jerome Boucherat - SPL Lyon Confluence 2012, Jean-Marc Pettina - Caisse des Dépôts, Olivier Le Moal - Fotolia, DR PVCP
Un acteur majeur du développement et de la compétitivité des territoires Fort de son ancrage territorial, le groupe Caisse des Dépôts mobilise ses savoir-faire et ses expertises pour répondre aux nouveaux défis des territoires aux côtés des acteurs locaux : - en accompagnant la modernisation des territoires, - en développant les transports durables, - en relevant les défis de la société du numérique et de l’information, - en faisant du tourisme un levier de développement des territoires.
Pour la réussite de tous les projets @CaissedesDepots www.groupecaissedesdepots.fr
Direction régionale Auvergne-Rhône-Alpes 44, rue de la Villette 69425, Lyon cedex 03 Tèl. : 04 72 11 49 94
en Auvergne-Rhône-Alpes 42 fonds pour la création et la reprise d’entreprises soutenues par la Caisse des Dépôts Au niveau régional Initiative Auvergne – Innovation et transmission Adie Rhône-Alpes URSCOP RA Chambre Régionale des Métiers et de l’Artisanat
Au niveau départemental Ain Ain Val-de-Saône Entreprendre Initiative Bellegarde Pays de Gex Initiative Bugey Centre Ain Initiative
Isère Initiative Sud Grésivaudan Royan Vercors Initiative Grésivaudan Isère Initiative Isère Sud Initiative Nord Isère Initiative Pays Voironnais MCAE Isère Active
Loire Loire Active Réseau Entreprendre Loire
Puy-de-Dôme
Initiative Montluçon Initiative Moulins Initiative Vichy
Initiative Clermont Agglomération Initiative Thiers Initiative Issoire – Sancy- Val d’Allier Initiative Riom Combraille
Ardèche
Rhône
Allier
Initiative Ardèche Méridionale Initiative Ardèche Verte Initiactive 26.07
Rhône Développement Initiative Initiative Rhône Pluriel Réseau Entreprendre Rhône
Cantal
Savoie
Initiative Cantal
Drôme Initiative Seuil de Provence Initiative Vallée de la Drôme Diois Initiactive 26.07
Haute-Loire Initiative Haute-Loire
ADISES Active Albertville Tarentaise Expansion
Haute-Savoie ADISES Active Initiative Chablais Initiative Genevois Initiative Grand Annecy Initiative Faucigny Mont-Blanc
accorde des prêts d’honneur aux créateurs-repreneurs et instruit la garantie Fonds de garantie pour l’initiative féminine (FGIF)
© Jean-Marc Pettina - Caisse des Dépôts
accorde des prêts d’honneur aux créateurs-repreneurs
Grand témoin
Clara Gaymard « Une femme est plus agile, plus maline, plus créative »
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Fondatrice et dirigeante, depuis début 2016, du fonds d’investissement et du fonds de dotation Raise, Clara Gaymard a mené sa carrière, dans l’administration publique française et au sein du secteur privé, sur des postes habituellement davantage réservés aux hommes. Fervente militante pour l’implication des femmes dans la vie économique et politique de leurs pays, elle confirme son engagement au sein du Women’s forum for the Economy and Society qu’elle préside depuis 2014. Depuis 12 ans, cette organisation internationale vise à renforcer le rôle et l’action des femmes au coeur des organes de pouvoir. Une place de choix pour observer l’évolution des femmes au sein de la société. Quel est le rôle des femmes dans l’économie française selon vous ? Elles ont pris leur place il y a déjà 40 ans. Elles sont compétitives, créatives et elles savent participer à la croissance des entreprises. Pourtant, elles n’ont pas la place qu’elle devrait car elles détiennent encore peu de pouvoir de décision. Elles n’ont pas la possibilité d’être des personnes qui dirigent. 99 % du pouvoir est détenu par les hommes. Ils ont du mal à laisser la place aux femmes, malgré la loi sur la parité. On peut considérer que la faiblesse de l’économie française, constatée aujourd’hui, est en partie due à cela. Vos différentes fonctions vous ont amené à travailler à l’étranger. Avez-vous remarqué des comportements différents dans le reste du monde ? Les femmes sont présentes dans les milieux politiques, dans l’administration et dans les entreprises aux Etats-Unis ou dans les pays scandinaves. On constate une vraie différence de management dans ces pays, avec des acteurs plus ouverts culturellement, avec une vraie diversité du regard porté sur les femmes et d’appréciation sur cette question. Une loi sur la parité était-elle indispensable ? Rien n’aurait changé, par exemple, au sein des conseils d’administration des grandes entreprises sans cette loi. Aujourd’hui, comme par miracle, les groupes trouvent des femmes ! Imposer des femmes au
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sein des conseils d’administration a contribué à leur professionnalisation et à la mise en place d’un vrai recrutement avec un profil de poste clair pour favoriser la complémentarité au sein de cet organe de gouvernance. Avez-vous rencontré des difficultés dans votre parcours pour occuper les différents postes à responsabilités qui jalonnent votre carrière ? J’ai souvent été la seule femme dans des assemblées d’hommes. Et quand on représente une minorité, par définition, ce que l’on dit reste l’expression d’une minorité. Quand la loi sur la parité dans les conseils d’administration a été promulguée, un patron du CAC40 m’a dit « Je serai humilié si on me choisissait parce que je suis une femme et non pour mes compétences ». Je lui ai répondu que je préférais qu’on me donne la capacité d’agir, même s’il faut en passer par une loi et des quotas. A la création de Raise avec mon associé, Gonzague de Blignières, nous avons décidé un recrutement paritaire dès le départ et pas seulement mixte. Un parti pris pas très courant dans le private equity. Et aujourd’hui, la question homme/femme ne se pose pas. Pour mes expériences passées, si j’ai réussi dans mes fonctions c’est qu’on a osé me donner ma chance. Mais j’ai dû me faufiler, saisir les opportunités, parfois ne pas exercer le métier que je voulais. Mais en étant plus agile, plus maline et plus créative, on y arrive. Il faut accepter que le chemin des femmes n’est pas le même que celui des
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hommes. Surtout, ne vivons pas de frustrations. Il ne faut pas regarder ce l’on ne peut pas faire, mais plutôt ce que l’on peut faire avec ce que l’on nous donne. Déplacer le curseur est une question de mentalité. C’est le message que je souhaite faire passer aux femmes : quel que soit l’endroit où elles se trouvent, elles ont la capacité de faire bouger les lignes pour que le monde aille mieux. Le non ne constitue pas une réponse définitive. Il faut parfois reformuler, revenir plus tard car ce n’est pas le bon timing.
Manager des hommes et des femmes est-il différent ? Quand on lui propose un poste, un homme regarde d’abord son titre et sa voiture de fonction. A aucun moment, il ne doute de ses capacités à réussir dans la mission qu’on lui donne. Une femme se questionne avant tout sur sa capacité à exercer les fonctions qui lui seront confiées, à ce que va dire son mari, à comment elle va gérer « Il faut sans cesse ses enfants. Or, si on propose convaincre les femmes un job à une femme c’est bien qu’elles doivent être pour ses compétences et parce que le dirigeant estime qu’elle ambitieuses » en a les pleines capacités. Une femme qui bénéficie d’une promotion doit apprendre à déléguer et à se convaincre qu’elle n’aura plus à remplir certaines taches. Or, elle a souvent du mal à agir de la sorte car, dans la vie quotidienne, elle est habituée à tout faire. Une femme se réalise dans la concrétisation d’un projet et aurait tendance à s’oublier. Alors que l’homme se satisfait de sa propre gloire personnelle et saura très facilement mettre en avant le rôle qu’il a joué dans le succès d’un projet. Les femmes doivent apprendre à mettre en valeur leur implication dans la réussite et l’histoire de leur entreprise. La bonne parole est encore à porter… Encore et toujours. Il faut sans cesse convaincre les femmes qu’elles doivent être ambitieuses et qu’elles peuvent aider le monde. Je ne parle pas d’une bataille revancharde mais simplement du gâchis de ne pas davantage utiliser les compétences des femmes. Le monde est dirigé à 99 % par des hommes et il ne va pas bien. Tournez-vous vers votre voisine, elle a sûrement des idées. Associez-la à vos projets. Ecoutez-là. Faites lui confiance. Auvergne-Rhône-Alpes compte de nombreux modèles de femmes dirigeantes talentueuses et généreuses qui donnent de leur temps et partagent leur réussite. Il faut s’appuyer sur ces forces vives pour améliorer notre pays.
bio express - Formation à l’IEP Paris, à l’ENA et diplômée en droit et en histoire - Fonctions administratives : Ville de Paris, Cour des comptes, Poste d’expansion économique au Caire, ministère de l’Economie et des Finances, ministère de la Solidarité entre les générations, Agence française pour les investissements internationaux - Fonctions en entreprises : présidente et CEO de GE France de 2006 à 2016, membre du conseil d’administration de Veolia, cofondatrice de Raise Investissement et du Fonds de dotation éponyme - Vice-présidente de la Fondation du collège de France, administratrice de la Fondation Valentin Haüy et d’IMS Entreprendre pour la cité, présidente du Women’s Forum - Mariée à Hervé Gaymard, président du Conseil général de la Savoie, elle est maman de neuf enfants
Depuis avril 2016, le fonds de dotation Raise, via un partenariat avec le réseau Entreprendre Rhône, accompagne les jeunes entreprises de croissance du territoire. « Lyon affirme une réelle dynamique entrepreneuriale et constitue un vivier d’emplois et de talents intéressant », commente Clara Gaymard. Ce fonds de dotation se présente comme le premier accélérateur philanthropique dédié aux jeunes entreprises de croissance françaises en phase de post-amorçage. Il est abondé par le fonds d’investissement Raise (capitalisé à hauteur de 342 M€ pour investir des tickets minoritaires de 10 à 40 M€ dans les ETI à potentiel). « Notre équipe d’actionnaires renonce à 50 % de son intéressement sur les plusvalues réalisées pour financer le fonds de dotation dédié à l’accompagnement des pépites », avance fièrement la fondatrice de l’entité parisienne.
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Le fonds de dotation Raise présent à Lyon
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Propos recueillis par Stéphanie Polette
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© crédit photo : Lyonpeople Fabrice Schiff
Isabelle BOURGADE Directeur général de CIC Lyonnaise de Banque
CIC Lyonnaise de Banque décerne le trophée Femme d’audace Depuis 2009, CIC Lyonnaise de Banque est partenaire des Trophées Femmes décideurs de Tout Lyon Affiches. Cet engagement est synonyme de reconnaissance et de valorisation du rôle des femmes dans le dynamisme économique de notre région.
CIC Lyonnaise de Banque consacre une place grandissante aux femmes dans son organisation Depuis 2002, la population féminine progresse sans discontinuer dans le réseau de CIC Lyonnaise de Banque. A fin octobre 2016, celle-ci représente 63% de l’effectif salarié. Le pourcentage de cadres femmes augmente régulièrement pour atteindre 49,9% des effectifs. Quatre femmes occupent des postes de directeurs régionaux ou de directeurs régionaux adjoints. Enfin, 44% des directeurs d’agence Grand Public sont des femmes.
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Juliette Jarry « Les femmes doivent prendre le pouvoir sans attendre qu’on leur donne »
Rencontre
Fondatrice et dirigeante d’Adéa Présence à Lyon depuis plus de dix ans et toute nouvelle vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l’Economie de proximité et du Numérique, Juliette Jarry, 35 ans, mène de front une carrière professionnelle intense et un engagement politique prenant. Organisée, la jeune femme prend pourtant le temps de répondre, avec un sourire qui ne quitte jamais son visage, à nos questions sur la place des femmes dans l’économie et la politique. Rencontre.
Quel regard portez-vous sur la place des femmes dans l’économie et au sein des entreprises ? La relation des femmes au pouvoir est un réel problème culturel qui se retrouve plus globalement dans l’économie, dans la création d’entreprise et en politique. Nous nous trouvons dans une situation où l’on a toujours fait en sorte que les femmes ne se sentent pas légitimes. Et elles l’ont totalement intégré dans leur relation au pouvoir. Je suis convaincue que la mise en place de rôles modèles forts contrera ces attitudes. Nous, les femmes, devons multiplier les initiatives concrètes pour déconstruire ces postures. Cette culture est toujours très ancrée dans la société et il faut constamment se justifier en tant que femme.
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© Céline Vautey
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Votre entreprise, Adéa Présence, axée sur les services à la personne, évolue dans un métier très féminisé. Quelle est votre politique RH en la matière ? Certes nous employons beaucoup de femmes, mais pour moi, la mixité va dans les deux sens. C’est pourquoi Adéa Présence emploie 25 % d’hommes, contre 10 à 15 %, en moyenne, dans le secteur des services à la personne. Cette mixité contribue à revaloriser les métiers des services à la personne. Je constate que les hommes se justifient moins sur une prise de pouvoir, contrairement à une femme. Surtout, le management s’attache à la personnalité des individus. Homme ou femme, chacun est différent et le management tient davantage compte de l’individu que si c’est un homme ou une femme. Constatez-vous que le comportement même des femmes peut les desservir ? Les femmes s’autocensurent et culpabilisent. On les amène à culpabiliser, notamment sur le temps qu’elles passent avec leurs enfants, ou pas. On a affaire à un double système : la pression extérieure qui n’encourage pas les femmes et elles-mêmes qui ont intériorisé cette notion de non-légitimité qui s’est immiscée au fil du temps. Que pensez-vous de la parité et des quotas ?
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Beaucoup de femmes ne seraient pas en politique si la parité n’existait pas. Historiquement, la femme a toujours eu du pouvoir en coulisses. On parle alors davantage d’influence que de pouvoir public. C’est un peu pour cette raison que j’ai accepté ce poste de vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. J’avais eu une expérience de conseillère municipale à Craponne il y a quelques années, quand je faisais mes études à Sciences Po, mais je n’envisageais pas de prendre un tel mandat. En plus, cette fonction est rarement assurée par des jeunes, des femmes ou des chefs d’entreprise. Mon profil cumule les trois…
Comment Laurent Wauquiez vous a-t-il convaincu de le rejoindre dans son équipe ? Il m’a appelée. Nous sommes allés boire un café et au départ je lui ai dit non… Je n’avais pas ce projet-là. J’étais éloignée de la politique car je ne m’y retrouvai pas. Et puis j’ai découvert une personnalité et une énergie qui embarquent. L’échelon régional, avec de réelles compétences pour agir, une action de proximité et à la fois stratégique, m’a intéressée. Et puis quand on a une telle proposition, on ne peut qu’accepter pour, justement, porter un message atypique par rapport à l’offre politique actuelle. Si je disais non, je n’aurai plus le loisir de me plaindre…
bio express - Formation à l’IEP de Lyon (2003) et Master de sciences politiques à l’école des Hautes études politiques de Paris (2005) - Dirigeante d’Adéa Présence depuis 2006 - Lauréate du réseau Entreprendre Rhône en 2008 et 2013 - Lauréate du Trophée RhôneAlpes puis national de La Tribune Women’s Awards dans la catégorie « Responsable et solidaire » en 2014 - Vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes depuis janvier 2016
Comment abordez-vous votre mandat ? J’espère être un pont, une passerelle, entre le monde économique et le monde politique et institutionnel. La politique ne doit pas être un métier mais un engagement citoyen. Je suis opposée au cumul des mandats. Je n’en ferai d’ailleurs qu’un seul. Le renouvellement de la classe politique ne pourra passer que par un engagement citoyen sans penser à une prochaine réélection qui incite à agir pour faire plaisir à l’électo-
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Rencontre Suite de la page 27
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rat. Je n’ai de carte dans aucun parti politique. Ma condition sine qua non pour accepter ce mandat était de conserver mes activités dans mon entreprise pour rester impérativement en prise directe avec la réalité du terrain. Quand un chef d’entreprise me parle de ses charges à payer ou de ses difficultés à entrer en contact avec le RSI, je le comprends. Nous parlons le même langage. La Région a été confortée dans ses actions en faveur de l’économie grâce à la loi NOTRe (ndlr : Nouvelle organisation territoriale de la République). Il est donc nécessaire à la collectivité d’avoir des profils variés. Pour autant, je vis deux fonctionnements très différents. En entreprise, les schémas de décision sont très courts. A la Région, le process doit respecter la démocratie. Et puis la collectivité a complètement changé de dimension : son périmètre de compétences avec la loi NOTRe et son champ géographique avec une grande région Auvergne-RhôneAlpes ont été élargis. Depuis presque un an, je me nourris de cette nouvelle expérience. Je compte être cette passerelle entre la Région, l’institution, et les chefs d’entreprise pour qu’ils connaissent mieux les dispositifs que nous allons optimiser et rationnaliser afin qu’ils s’en servent davantage. Je souhaite aussi les mobiliser pour parler des
Stéphanie Gagnaire, l’entreprenariat pour héritage
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En 1995, elle est recrutée par les Aéroports de Lyon. Elle intègre rapidement la direction immobilière où elle travaillera 15 ans. « L’opportunité de participer aux montages de projets immobiliers privés publics ; riche d’un point de vue professionnel et humain dû parfois à la complexité des acteurs. » Durant cette période elle donne naissance à trois enfants, et exerce des responsabilités diverses comme la présidence de la Jeune Chambre Economique de Vienne, chargée de missions au sein du Club des entrepreneurs pour les Aéroports de Lyon… « Cette époque était enrichissante, mais à 40 ans je m’interroge sur vvmon évolution de carrière. » Elle crée alors son entreprise et collabore rapidement avec un grand nom du secteur, Brice Robert. « J’apprécie les qualités de l’homme, son fonctionnement, sa vision moderne de l’entreprise et son expérience immanquable dans le domaine. » Cinq ans plus tard, et des réalisations comme l’implantation de Minelli, la création d’une zone commerciale à Saint-Bonnet-de-Mure, ou encore la vente de l’ETS Notre-Dame de Bon-Accueil… Sa conviction : « Il n’y a pas d’aventure économique réussie sans une aventure humaine dominante et audacieuse. »
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« La richesse de l’entrepreneuriat n’est pas le gain, mais prendre du plaisir dans son métier et le partager », confie Stéphanie Gagnaire, qui gère l’agence viennoise de conseil en immobilier d’entreprise Brice Robert Arthur Loyd. « Notre métier est passionnant, varié, toutefois nous devons parfois faire du social ou de la pédagogie, et ne pas être que dans un schéma économique constant ». Ces valeurs humanistes lui ont été inculquées par son grand-père, agriculteur fruitier de Saint-Rémyde-Provence, et son père entrepreneur de la région lyonnaise. « Pour des raisons familiales, je suis entrée dans la vie active très tôt, tout en accompagnant mon père sur la gestion et le développement de sa société. Nous étions très unis puisqu’il m’a élevé avec mon frère. » En 1990, Stéphanie Gagnaire s’inscrit dans l’agence d’intérim de Danielle Monblanc à Lyon. « Danielle m’a placée sur des missions chez Havas auprès de la direction financière, à l’unité sur la gestion des arrêts de tranche des centrales nucléaires d’EDF, à la direction industrielle de RhônePoulenc, dans un cabinet d’avocats... » Dans le même temps, la jeune femme perd son père, et se retrouve à gérer seule la succession de la société familiale.
(DR)
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La créatrice de l’agence Brice Robert Arthur Loyd de Vienne met l’humain au cœur de son métier. Son parcours, singulier, dénote une prise de risques motivée par un désir familial d’entreprendre.
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sujets qui les concernent, comme le numérique et la formation associée, des enjeux phares pour le territoire. On ne fait pas des projets pour se faire plaisir mais bien pour impulser des initiatives en lien avec les préoccupations de l’écosystème économique local. J’espère rendre l’action de la Région lisible. C’est seulement quand la population saura à quoi sert l’institution qu’elle retournera voter. Comment vous organisez-vous entre votre entreprise et ces fonctions à la Région très prenantes ? Il faut s’entourer d’équipes compétentes, à la fois à la Région et au sein de l’entreprise. Mon entreprise est structurée et puis j’ai déjà fait deux sales coups à mes collaborateurs : j’ai eu deux enfants ! Adéa Présence est autonome et elle ne repose pas que sur les épaules d’une seule personne. Mes salariés sont très performants et polyvalents.
Quelle a été la réaction de vos équipes quand vous leur avez annoncé que vous vous engagiez auprès de Laurent Wauquiez ? Mes collaborateurs n’ont pas été surpris car ils connaissent mon engagement citoyen. Je ne me considère pas comme une femme politique mais comme quelqu’un d’engager sur un projet pour aider les entreprises à se dépasser, à créer de la valeur et du sens. Ce que je fais au quotidien dans mon entreprise.
tionnée quant à la représentativité des femmes. Par contre, dans le secteur du numérique, le sujet qui me concerne plus particulièrement à la Région, on les cherche. Je compte initier des actions spécifiques pour les jeunes filles afin de les sensibiliser à ces nouveaux métiers. Cela passera par des actions de communication décalée, en cours de réflexion, et un campus ouvert pour que, au moment de leur orientation, les lycéennes viennent voir toutes les facettes des métiers du numérique. Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui n’osent pas ? Que le champ des possibles est vaste et que l’autocensure est le premier obstacle que se mettent les femmes. Si je suis aujourd’hui viceprésidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est que c’est possible. Et si, en tant que femme, nous ne le faisons pas, nous laissons la place aux schémas actuels. Les femmes doivent prendre le pouvoir et ne pas attendre qu’on leur donne. Car elles peuvent attendre longtemps ! Propos recueillis par Stéphanie Polette
Comment se porte la représentativité des femmes au sein de la Région ? Les services de la collectivité comptent plus de femmes que d’hommes. La Région Auvergne-Rhône-Alpes est plutôt bien posi-
Adéa Présence
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Implantée dans le 9ème arrondissement à Lyon, Adéa Présence évolue depuis dix ans sur le secteur de l’accompagnement à domicile de personnes âgées, d’enfants et d’adultes handicapés. Son action tourne autour du développement et du maintien de l’autonomie. Ses 45 collaborateurs (28 équivalents temps plein) sont formés à l’accompagnement des troubles cognitifs, organisationnels ou comportementaux, du handicap mental et psychique. L’entreprise a réalisé 697 000 € de chiffre d’affaires en 2015.
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FACILITER LE LOGEMENT POUR FAVORISER L’EMPLOI
ACTION LOGEMENT UN ACTEUR UNIQUE AU SERVICE DU LOGEMENT ET DE L'EMPLOI Depuis plus de 60 ans, Action Logement œuvre aux côtés des entreprises, en faveur de l'accès et du maintien dans le logement. Ainsi, nous avons favorisé l'accès à l'emploi de plusieurs générations de salariés. Forts d'une culture de service et de résultat, nous souhaitons offrir des réponses toujours mieux adaptées au contexte économique et social, à l'évolution des entreprises, aux besoins et modes de vie des salariés. Au printemps 2015, les Partenaires sociaux, dans un esprit de responsabilité collective, ont ainsi décidé d'engager une réforme structurelle d'Action Logement, qui conduira début 2017 à la formation d'un groupe national implanté localement.
2 missions historiques
Construire et financer des logements sociaux et intermédiaires, prioritairement dans les zones tendues en contribuant aux enjeux d'éco-habitat, de renouvellement urbain et de mixité sociale.
Accompagner les salariés dans leur mobilité résidentielle et professionnelle en proposant des services et des aides financières qui facilitent l'accès au logement et donc à l'emploi, des bénéficiaires.
Les moteurs d'une dynamique positive : faciliter le logement pour favoriser l'emploi Faciliter l'accès au logement des salariés : notre rôle est d'être présent aux côtés des salariés, à chaque étape de leur vie personnelle et professionnelle, quels que soient leur budget, leurs projets et leurs ambitions.
Contribuer à la performance des entreprises : grâce à nos solutions logement, nous accompagnons les politiques sociales des entreprises pour leur permettre d'attirer les compétences dont elles ont besoin, de faciliter l'intégration et de fidéliser les salariés.
Participer à la dynamique économique locale : en répondant aux besoins spécifiques des entreprises et des salariés dans chaque bassin d'emploi, toutes nos activités permettent de soutenir l'emploi localement et l'attractivité des territoires.
COMPRENDRE ACTION LOGEMENT ACTION LOGEMENT, PILOTÉ PAR LES ORGANISATIONS PATRONALES ET SYNDICALES DE SALARIÉS, GÈRE PARITAIREMENT LA PARTICIPATION DES EMPLOYEURS À L’EFFORT DE CONSTRUCTION (PEEC) AFIN DE FACILITER LE LOGEMENT DES SALARIÉS ET AINSI FAVORISER LEUR ACCÈS À L’EMPLOI. CONTRIBUTION NETTE DES ENTREPRISES ASSUJETTIES À LA PEEC(1) EMPRUNT AUPRÈS DE LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS
REMBOURSEMENTS DE PRÊTS CONSENTIS AUX MÉNAGES ET AUX BAILLEURS
DE RESSOURCES EN 2015 DONT :
FINANCEMENT DES BAILLEURS SOCIAUX PRIVÉS ET PUBLICS
CONSTRUCTION & RÉHABILITATION
INTERVENTIONS ET AIDES AUPRÈS DES SALARIÉS DES ENTREPRISES
AIDES(2) DÉLIVRÉES
DONT 55 % AUX MOINS DE 30 ANS
(1) PARTICIPATION DES EMPLOYEURS À L'EFFORT DE CONSTRUCTION. (2) PRÊTS, AIDES ET SERVICES AUX SALARIÉS : AIDES LOCA-PASS ®, PRÊTS ACCESSION ET TRAVAUX, AIDE MOBILI-PASS ®, CIL-PASS MOBILITÉ ®, CIL-PASS ASSISTANCE ®…
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www.actionlogement.fr Action Logement - Siège social - 66 avenue du Maine 75682 Paris Cedex 14
RÉNOVATION URBAINE
ACTION LOGEMENT EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES L’ancrage territorial renforcé En 2017, 9 CIL laisseront bientôt place à la délégation régionale Action Logement Auvergne-Rhône-Alpes : Amallia, Astria, Aliance Territoires, Cilgère, Entreprises-Habitat, Gic, Logéhab, Logéo et Solendi. Le comité régional Action Logement Auvergne-Rhône-Alpes, composé paritairement, représentera politiquement le groupe Action Logement dans la région et aura, grâce à l’appui opérationnel de la délégation régionale, pour principales missions : • de renforcer les liens avec les acteurs locaux, • de mieux connaître les besoins spécifiques de chaque territoire pour développer des solutions adaptées.
LOGEMENTS ATTRIBUÉS
INTERVENTIONS ET AIDES AUPRÈS DES SALARIÉS DES ENTREPRISES
LOGEMENTS SOCIAUX ET INTERMÉDIAIRES
LOGEMENTS LIVRÉS
Novembre 2016 - Données 2015 - Crédits photo : GettyImages
FINANCEMENT DES BAILLEURS SOCIAUX PRIVÉS ET PUBLICS
étude
Fonctions et métiers ont-ils un sexe ?
Certains métiers restent quasiment exclusivement trustés par la gent masculine pendant que d’autres tendent à se féminiser. Malgré toutes les lois, des différences persistent dans les salaires, les responsabilités, les périmètres d’action confiés aux femmes. Sans accablés complétement les hommes, on semble assister à un ballet organisé pour que chacun trouve sa place au sein des fonctions proposées dans l’entreprise et dans les métiers, traditionnels mais aussi de la nouvelle économie. Une fois encore, poids culturel et comportements des unes et des autres expliquent les écarts notables. gique, les hommes sont 35 % sur les dix emplois les plus plébiscités, analyse Christophe Falcoz. On constate ainsi une paroi de verre horizontale. Les femmes ont plus de mal à changer de métier, à tenter l’aventure ailleurs et se cantonnent davantage dans un secteur qu’elles connaissent. »
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Ne pas manquer l’ouverture du digital
Pour Christophe Falcoz, professeur associé à l’IAE de Lyon, « on constate une paroi de verre horizontale. Les femmes ont plus de mal à changer de métier »
« Tu seras ingénieur, mon fils. » « Tu seras infirmière, ma fille. » De telles affirmations pourraient être des clichés dépassés depuis des décennies. Que nenni ! Les études montrent que garçons et filles sont toujours orientés, dès leur scolarité, dans des métiers de façon très stéréotypée, selon leur genre. « C’est historique, les métiers de l’économie traditionnelle, de l’industrie, de la science, du BTP, reviennent aux hommes, constate Christophe Falcoz, professeur associé à l’IAE de Lyon et directeur du cabinet RCF Management. Tandis que les filles s’orientent vers les soins, l’éducation, la santé, les ressources humaines, la communication. On note d’ailleurs une très forte expansion de ces métiers depuis leur féminisation. » De plus, les femmes seraient concentrées dans un petit nombre de métiers. « En 2011, sur les dix métiers où les femmes sont les plus représentées, elles sont 47 % à y occuper un emploi. Sur la même lo-
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Quelles fonctions sont occupées par les femmes ?
> Communication : 73 % > Santé, social, culture : 68 % > Ressources humaines : 67 % > Gestion, administration, finances : 53 % > Commercial et marketing : 32 % > Informatique : 20 % > Direction : 16 % > Production : 7 % (Source : Apec 2011)
Les femmes choisissent ou sont plébiscitées (difficile de dire qui attire l’autre) des métiers du tertiaire (voir tableau page 36). « Des métiers comme ceux de la banque, des assurances et des fonctions administratives sont passés de mixtes dans les années 80 à très féminisés aujourd’hui, avance Christophe Falcoz. Alors que les métiers historiquement à dominante masculine, dans l’industrie ou le bâtiment, restent très peu ouverts aux femmes, malgré les efforts consentis par les professionnels et les branches pour attirer les femmes. » Les métiers de la nouvelle économie seraient-il la planche de salut pour les jeunes femmes qui entrent sur le marché du travail ? « Si l’informatique a toujours une connotation un peu geek, très technique, donc masculine, on constate que les jeunes femmes se sont emparées des réseaux sociaux et sont très actives sur les blogs par exemple. L’évolution des usages du digital laisse penser que les jeunes femmes ont leur carte à jouer. Là encore, l’orientation et la communication faite autour de ces nouvelles formations et des métiers du digital revêtent toute leur importance. Les jeunes filles désertent toujours les écoles d’ingénieurs. Le phénomène n’évoluera pas pour les métiers de la nouvelle économie si une place ne leur ai pas faite. » Lyon French Tech s’est d’ailleurs emparé du sujet. Au printemps 2016, une grande enquête a été lancée dans le cadre du projet national Jeunes femmes & Numérique pour cerner leurs ambitions professionnelles dans le secteur du digital et mieux les soutenir. Les résultats, dévoilés à l’automne, serviront de base à Lyon French Tech pour déployer des actions spécifiquement dédiées
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aux femmes. La Région Auvergne-RhôneAlpes, via son grand projet de Campus du numérique, évoque également la question de la communication faite à destination de la jeune génération féminine pour les intégrer dès le démarrage du plan.
Le statut de pionnière favorable
8,5 %
tation plus féminine, ils font « une ascension fulgurante et investissent plus rapidement les postes à responsabilité pour compenser la perte de prestige dû au métier féminin. »
C’est l’écart, à caractéristiques communes, entre le salaire des Accès difficile aux femmes (qui gagnent moins) et des postes de direction hommes cadres en France, en 2014, Du côté des postes confiées aux femmes, selon l’Apec. En moyenne, l’organisme l’enseignant-chercheur note une nette distinction. « Les femmes qui occupent des a mesuré un écart des salaires bruts postes à responsabilité le font dans des doannuels fixes de 18,6 %, toujours au maines où elles sont réellement expertes. détriment des femmes. Les hommes, par contre, sont davantage
Certains évoquent la paupérisation des métiers une fois que les femmes les ont investis. « Je suis incapable de le dire », affirme Christophe Falcoz. Les écoles de juges, une fonction prestigieuse par nature, attirent 70 à 80 % de femmes dans certaines régions. « Le métier a pourtant toujours conservé son prestige aux yeux de la société, souligne le spécialiste des ressources humaines. Un tiers des commissaires de police sont des femmes, alors que la base de la profession, les gardiens de la paix par exemple, est exercée par des hommes. Là encore, la fonction de commissaire de police a conservé toutes ses lettres de noblesse. » Même constat chez les médecins. Un tiers des généralistes sont des femmes. Côté prestige, rien n’a changé. Côté salaire, des différences sont notables. « Pour les premières à entrer dans une profession dite davantage masculine, c’est tout bénéf ’ du point de vue de la rémunération, note Christophe Falcoz. Leur statut de pionnière les fait profiter des mêmes avantages que ceux accordés aux hommes avec des écarts de rémunération moins flagrants. » Inversement, quand des hommes choisissent des métiers à conno-
sollicités pour le management. » Autre constat alarmant pour la population féminine : « Elles encadrent un nombre de collaborateurs moins important que les hommes pour des budgets également inférieurs, avance Christophe Falcoz. Les femmes accèdent difficilement aux postes de direction et disposent de moins de chance pour la mobilité. » D’où viennent ces freins ? « Probablement des hommes mais également des femmes, avance comme hypothèse le professeur de l’IAE de Lyon. Les femmes ont tendance à intérioriser et à s’autolimiter. Dès qu’elles sortent du système éducatif, elles sont confrontées à des salaires moins importants et à des titres de poste moins valorisants. Avouons-le, les recruteurs donnent moins leur chance aux femmes et elles-mêmes candidatent moins sur des postes à responsabilité. » Suite page 36
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étude
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Encore des métiers peu qualifiés
Alors que le taux d’activité des femmes était faible dans les années 60, environ 40 à 45 % des femmes de 30 à 50 ans étaient déclarées actives selon l’Insee, la proportion grimpe aujourd’hui à 85 % pour la tranche d’âge 25-54 ans. « Mais elles paient leur accès au marché du travail en entrant dans des métiers peu qualifiés, commente Christophe Falcoz. Et restent surreprésentées dans cette catégorie de postes. Notons que 80 % des postes à temps partiel sont occupés par des femmes, qui doivent cumuler plusieurs emplois peu qualifiés pour se constituer un salaire décent. Le pire reste la femme seule à la tête d’une famille qui, à elle-seule, représente le travailleur pauvre d’aujourd’hui. » En 2016, malgré les lois et les nombreuses initiatives dans les grandes entreprises principalement, occuper un poste, à responsabilité ou non, reste compliqué pour une femme. Pourtant, leurs compétences, leur volonté et leur savoir-faire sont prêts à servir les entreprises et l’économie du pays.
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Part des femmes dans les grands secteurs d’activité au niveau national > Agriculture, sylviculture, pêche : 28,3 % > Industrie : 28,4 % dont * Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution : 21,2 % * Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac : 41 % * Raffinage : 4,4 % * Fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines : 26,4 % > Construction : 11,3 % > Tertiaire : 55,3 % dont * Commerce : 47,1 % * Transport : 26,3 % * Hébergement et restauration : 49,2 % * Information et communication : 32,4 % * Activités financières et d’assurance : 57,5 % * Activités immobilières : 52,8 % * Activités scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien : 42,3 % * Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale : 68,8 %
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(Source : Insee 2014)
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Composition 2016 (assise, de gauche à droite) Marie-Claude Mazurel (Maison Chantelot) Nadine Bondié-Lange (notaire, Bremens & Associés) Léna Geitner (présidente du jury, fondatrice de l’incubateur Ronalpia) Corinne Steinbrecher (Caisse des Dépôts) (debout, de gauche à droite) Anne-Sophie Panseri (CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, dirigeante de Maviflex) Myriam Yelkouni (expert-comptable, cabinet Alliance Comptabilité Audit et Conseil) Katia Canonge (Action Logement) Marie Kapp-Brunet (avocat, cabinet Quartèse) Pascaline Morel (CIC)
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Réuni sous la présidence de Léna Geitner, coup de cœur du jury des trophées Femmes décideurs 2015, le jury, exclusivement féminin, a débattu longuement lundi 7 novembre afin d’attribuer les quatre récompenses dans les catégories « Femme de l’impossible », « Femme d’audace », « Femme d’engagement » et « Prix du jury ». Les échanges ont été intenses et fructueux, chaque membre du jury mettant tour à tour en exergue ces trente parcours professionnels et personnels d’une grande richesse et d’une large diversité. Les choix furent difficiles, les lauréates recueillant cependant une forte adhésion.
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es Femmes Décideurs
PALMARÈS
Myriam Barbarin
Trophée « Prix du jury »
Ilham El Youssefi
Trophée « Femme d’engagement »
Audrey-Laure Bergenthal
Q
• Le trophée « Femme de l’impossible », remis par la Caisse des dépôts, a désigné une dirigeante qui s’est positionnée sur un secteur d’activité recensant peu de femmes ou qui a pris en main la destinée d’une entreprise en difficulté et a su lui redonner un souffle nouveau, ou encore a fait preuve de détermination pour diriger son entreprise. • Le trophée « Femme d’audace », remis par le CIC, a récompensé une femme ayant fait
preuve d’ambition sur un projet, ayant pris des risques (en innovant, en se lançant à l’international, en changeant personnellement d’environnement…), en appliquant des principes managériaux exemplaires.
• Le trophée « Femme d’engagement », remis par Action Logement, a distingué un parcours professionnel remarquable, une femme au charisme reconnu ou encore celle dont l’engagement social, politique, associatif et/ou entrepreneurial n’est plus à démontrer.
Annabelle Gréco-Jauffret
Trophée « Femme de l’impossible »
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Trophée « Femme d’audace »
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• Le trophée « Prix du jury » a laissé la liberté aux membres du jury de désigner un profil qui
l’a particulièrement interpelé.
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INDUSTRIE Femmes decideurs 2016.indd 42
Le secteur laisse encore peu de place aux femmes Toujours peu présentes dans le secteur de l’industrie, les femmes peuvent toutefois avancer leurs pions pour y bâtir des carrières professionnelles où la promotion et l’évolution priment. L’expertise dans un domaine en particulier renforce leurs chances de percer. Tout est question d’envie et de tempérament. En 2014 et 2015, l’Insee note une très légère baisse de la présence des femmes, au niveau national, dans le secteur de l’industrie. En 2014, 8,3 % des emplois industriels sont occupés par des femmes, contre 8,1 % en 2015. Le secteur de la construction ne se porte pas mieux, bien au contraire : seul 1,5 % des emplois leur sont accordés en 2014 et 1,4 % en 2015. De tous les temps, ces secteurs « traditionnels » restent l’apanage des hommes. Pourtant, les différentes branches fédérant les professionnels de ces secteurs militent activement pour attirer les jeunes femmes dans les formations, tout d’abord, puisque tout se joue dès l’orientation scolaire, puis au sein même de leurs métiers où les évolutions professionnelles constituent des tremplins intéressants pour bâtir une carrière. Surtout, l’industrie, même en période de crise, reste pourvoyeur d’emplois. Ainsi, le seul secteur de la métallurgie, en Auvergne-Rhône-Alpes, prévoit de recruter 8 à 10 000 salariés en moyenne chaque année dans les dix prochaines années, selon le syndicat professionnel de la Métallurgie rhodanienne. Tous les métiers proposés ne sont pas forcément liés à la technique, les jeunes femmes ont certainement une place à trouver. D’autant que la pénibilité des métiers tend à diminuer, grâce notamment à l’arrivée des nouvelles technologies. Robotique, process industriels revisités, planification des productions, design laissent une large place pour que les talents féminins puissent pleinement s’exprimer. Tout se joue donc dans l’expertise. Les femmes ont tout intérêt à miser sur les spécialisations. Les rares femmes présentes dans l’industrie sont généralement hyper qualifiées et hyper compétentes dans un domaine en particulier. Une distinction qui, selon une étude de 2015 de PagePersonnel, spécialiste du recrutement intérimaires, leur ouvrirait davantage de portes. Son baromètre Techniciens 2015 montre que les fonctions très spécifiques liées à la qualité, l’hygiène, la sécurité et l’environnement sont occupées à 42 % par des femmes. Plus globalement, 48 % des techniciens (hommes et femmes confondus) interrogés dans cette étude, affirment qu’il est plus facile de trouver un poste dans l’industrie quand le candidat, ou la candidate, valorise des compétences et des expériences rares. Revers de cette étude, elle montre également que l’accès à la fonction de cadre, pour ces techniciennes de l’industrie, est plus compliqué que pour leurs homologues masculins. Ils seraient 32 % à avoir vu évoluer leur poste de technicien à cadre. Alors que seulement 16 % des techniciennes auraient été promus cadres. La différence reste encore flagrante entre les deux sexes.
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Odile Allard La startupeuse Du secteur informatique à la santé et à la recherche médicale, il y a un pas de géant… qu’Odile Allard s’est empressée de franchir dès que les sirènes de l’entrepreneuriat se sont mises à chanter. Depuis, elle n’a de cesse d’avancer, présidant à la destinée d’une pépite très prometteuse.
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etites lunettes rouges sous cheveux courts, un léger accent qui souligne, d’emblée, ses origines régionales. «Du sud-Isère, spécialement du plateau de La Mure », confirme en souriant Odile Allard. Une précision importante pour la quinquagénaire qui se définit avant tout comme une terrienne. «Mon père était mineur de fond, j’ai grandi au cœur de cette ancienne région minière où la valeur du travail a beaucoup de sens », souligne la co-fondatrice et actuellement présidente directrice générale de Fluoptics. Des valeurs et un attachement à la terre toujours vivaces, qu’elle retrouve avec plaisir chaque fin de semaine, quittant Lyon, où elle réside, pour sa petite maison dauphinoise. Là, elle troque ses vêtements de startupeuse, pour celui, plus imposant encore, d’apicultrice. «Il y a de cela 20 ans, une ruche avait élu domicile entre ma fenêtre et mes volets, se souvient Odile Allard. Pour m’en débarrasser, j’ai fait appel à un voisin, apiculteur. Fascinée par son approche, j’ai eu aussi envie d’apprendre à maîtriser les abeilles. » Et comme à chaque fois qu’elle se lance « C’était la bonne dans un nouveau projet, elle passe par la occasion, je me suis donné case formation. « C’est indispensable. Je pars du principe que l’on ne connaît pas deux ans pour trouver mon tout, dans sa vie professionnelle comme projet entrepreneurial » dans ses projets personnels. Pour devenir une bonne apicultrice, j’ai pris des cours du soir, c’était passionnant ». Tout comme elle l’avait fait pour passer son diplôme d’ingénieur à l’ECAM – cinq ans de formation après son DUT en informatique en parallèle de son évolution dans une société d’informatique -, ou, plus tard, quand elle suivra un MBA à l’IAE de Grenoble en gestion et management des entreprises parce qu’elle a dans l’idée de reprendre une entreprise dans l’informatique. « Après 20 ans d’expérience dans ce domaine, cela me semblait naturel ». Pourtant, diriger sa propre entreprise n’a pas toujours été une évidence. « J’étais très à l’aise dans mon poste de directrice commerciale pour la France. C’est à l’occasion
Date Lieu La Mure, une nature accessible à tous
Personnalité Marie Curie, scientifique d’exception, première femme à recevoir un prix Nobel, qui s’est imposée dans un domaine réservé, à cette époque, aux hommes. Elle a ouvert de nombreuses voies aux femmes comme à l’humanité
Ambition Semer les bonnes graines pour faire germer une future grande entreprise
Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Eté 2006, le moment de la rencontre avec mon futur associé : le déclic
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« I have a dream…», Martin Luther King
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FLUOPTICS Fondée en 2009 par Odile Allard et Philippe Rizo, actuellement conseiller scientifique, Fluoptics est le leader européen de l’énergie de fluorescence. Depuis Grenoble, son siège social, l’entreprise commercialise, sur le marché des hôpitaux, des dispositifs médicaux d’imagerie de fluorescence (un traceur injecté suivi via un système d’imagerie médicale) qui permettent de sécuriser, contrôler et guider le geste du chirurgien. Utilisé dans les opérations du cancer du sein (ablation, reconstruction), ces innovations pourraient s’étendre, grâce à une nouvelle génération de machines en préparation et à d’autres applications cliniques. Fluoptics exploite une série de brevets déposés par ses partenaires (CEA-Leti, Université Joseph-Fourier, Inserm, CNRS). En 2016, la start-up grenobloise (23 collaborateurs, 1,7 M€ de chiffre d’affaires en 2015) compte cent machines placées dans seize pays. Elles ont déjà été utilisées près de 3 000 fois au bloc opératoire. Depuis 2010, Fluoptics a levé 3,5 M€ auprès de plusieurs investisseurs.
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de l’introduction en Bourse de notre groupe que j’ai réellement pris conscience de la valeur du capital. La graine était plantée», se souvient-elle. Elle mûrira à l’orée de plusieurs fusions/acquisitions qui modifient définitivement son rapport à l’entreprise. « C’était la bonne occasion, je me suis donné deux ans pour trouver mon projet entrepreneurial », indiquet-elle. L’obstinée cherche, questionne, multiplie les contacts. Très vite, elle abandonne l’idée de reprendre pour se tourner vers la création. Le commerce en ligne, en plein essor, d’abord, et l’innovation médicale, définitivement. « Je rencontre, par hasard, un weekend d’été chez une amie, mon futur associé. Il me parle avec passion de ses recherches au CEA sur la fluorescence optique. Bien évidemment, je ne connais pas cet environnement mais je me rends compte assez vite du potentiel du concept », explique la dirigeante. Depuis, la start-up est sur une pente ascendante : start-up Rhône-Alpes de l’année selon EY France en 2015, multiplication des trophées, dont deux fois celui du concours national des entreprises de technologies innovantes décerné par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans les catégories Emergence et Création, ouverture d’une filiale aux Etats-Unis en 2014, présence dans 16 pays. « Monter une start-up « L’équilibre entre la vie privée et reste une activité très intense, peuplée la vie professionnelle est parfois de nombreuses batailles, à l’avenir fra- fragile » gile. Car il faut rester conscient de sa fragilité : le temps d’accès au marché, surtout dans la santé, est long. Néanmoins, je n’ai aucun regret et j’éprouve toujours autant de plaisir. C’est une expérience à vivre, car elle n’a vraiment rien à voir avec le salariat. Je suis entièrement convaincue par la création d’entreprise », assure-t-elle, n’hésitant pas à s’investir, dans un jury par exemple, pour soutenir les autres créateurs malgré un emploi du temps serré. « L’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est parfois fragile », concède-t-elle, essayant de se consacrer à la course à pied ou à l’escalade. « Je n’y peux rien, je suis câblée pour avancer », s’exclame-t-elle. Et son ascension est loin de s’achever, tant elle est décidée à conquérir la planète avec ses procédés.
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Natalie Bassouls Enivrée de passions Avec ses deux associés, Natalie Bassouls a fondé Prismaflex, une entreprise à son image qui cultive la discrétion, le talent et le charisme.
«
J’ai toujours su que je créerais mon entreprise, avant même d’entrer dans la vie active. Avoir un produit, le fabriquer et le vendre, c’était la vie professionnelle telle que je l’imaginais. C’était un rêve d’enfant ! » Pour réaliser ce rêve, Natalie Bassouls ne se pose pas de question. Elle fonce. Avec l’innocence de sa jeunesse et une volonté sans limites, elle s’engouffre dans une aventure entrepreneuriale dès l’âge de 22 ans. Mais elle ne part pas seule, car elle a rencontré Pierre-Henry Bassouls, avec qui elle va construire sa famille et sa société. En 1988, les deux jeunes étudiants de l’époque partagent les mêmes objectifs et pour les atteindre, ils tentent des concours de création d’entreprise. Et ils gagnent ! Avec ces premiers prix, ils mettent au point leur produit qui évoluera au fil du temps. Les bâches de camions, de piscines, puis de magasins se transformeront en panneaux d’affichage et d’impression numérique grand format. Boostée par ces victoires aux différents concours auxquels elle se présente, Natalie Bassouls effectue les études de marché et fait preuve d’une grande pugnacité. « On n’avait pas d’argent mais beaucoup d’énergie. C’était maintenant ou jamais. Décider de créer sa société, c’est se mettre en danger. Mais à 22 ans, on ne mesure pas les risques, on est inconscient. » En 1992, le couple s’installe dans une petite pépinière d’entreprises, avec un salarié et une aide-comptable, et est rejoint rapidement par un troisième asso- Elle s’engouffre dans une cié, pour créer Prismaflex. « Nous avons tout aventure entrepreneuriale construit, tout appris ensemble, dévoile-t-elle. dès l’âge de 22 ans Cette entente, c’est notre plus belle réussite. » Installée à Haute-Rivoire, l’entreprise se développe rapidement à l’international. Car dès le départ, Natalie Bassouls a l’ambition de vendre son produit à l’étranger et de voyager. Puis tout s’accélère, Prismaflex prend son envol et ouvre dix filiales dans le monde. La société entre en Bourse en 2000, installe une usine de production en Chine en 2015 et se lance dans la création de panneaux LED. Une dernière innovation indispensable pour rester dans la course. « Il faut s’adapter en permanence, évoluer, chercher des nouvelles idées pour avancer. Le challenge est permanent. Toutes ces nouvelles technologies nous poussent. Je n’ai pas la fibre technique mais marketer ces produits et trouver de nouveaux marchés, j’aime ça ! » Natalie Bassouls a le regard qui pétille lorsqu’elle évoque son activité profession-
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
8 juin 1990, inauguration de notre première usine, j’avais 24 ans
Lieu Le Beaujolais où je vis en famille. En plus des paysages époustouflants, la vigne nous apprend l’humilité
Personnalité Aung San Suu Kyi
Ambition Apporter le meilleur service à nos clients, trouver avec eux des solutions innovantes pour le futur
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« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, c’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles », Sénèque
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PRISMAFLEX Le fabricant industriel de panneaux d’affichage (déroulants, abris voyageurs, colonnes, panneaux…) et imprimeur numérique grand format est installé à Haute-Rivoire. Le fournisseur de mobilier urbain s’appuie sur onze filiales dans le monde dont cinq dotées d’imprimantes numériques grand format. L’entreprise est cotée sur Alternext à la Bourse de Paris. Elle compte un effectif de 350 personnes dans le monde et a réalisé un chiffre d’affaires de 50 M€ à la clôture des comptes au 31 mars 2016, en croissance de 4 % par rapport à l’exercice précédent. Son activité est notamment tirée par la commercialisation de ses dernières innovations : les panneaux LED ont vu leur chiffre d’affaires bondir de 1 à 5,8 M€ sur l’exercice. Prismaflex possède une quarantaine de brevets.
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nelle qui la conduit, aujourd’hui, à la tête d’une entreprise de 350 personnes. A 50 ans, elle possède toujours la même fougue, s’efforçant de communiquer et d’encourager les jeunes vers l’entrepreneuriat. Avec beaucoup d’humilité et de modestie. Loin des bruits et des Les effluves du Beaujolais font mondanités de la ville, elle reste attachée à la terre bucolique des Monts naître en elle une nouvelle passion du Lyonnais qui a accueillie son entreprise et à celle du Beaujolais où elle a choisi d’habiter depuis douze ans. « Le Beaujolais, c’est la plus belle région du monde, c’est juste le bonheur ! » Car ce fut un vrai coup de cœur et un nouveau challenge pour la famille Bassouls en s’installant au domaine du Château des Vergers à Lantignié. Au sein de ces onze hectares de vignes qui lui font découvrir un univers plus poétique que celui des panneaux publicitaires de Prismaflex, Natalie Bassouls donne une nouvelle vie à la propriété. Elle loue le domaine pour organiser des mariages qui accueillent jusqu’à 180 convives et elle confie la vigne à un vigneron qui relance l’activité. Les effluves du Beaujolais font naître en elle une nouvelle passion, qui l’incite à produire du vin bio et à se lancer dans l’oenotourisme. Qui sait si, un jour, elle n’abandonnera pas Prismaflex pour se consacrer aux Beaujolais Villages… « J’aime faire des dégustations, raconter l’histoire d’une bouteille, du domaine, du vin. Je crois vraiment au retour des vins du Beaujolais. » Pour évoluer dans des sphères aussi différentes et avancer avec autant de fluidité, Natalie Bassouls sait déléguer, faire confiance aux gens et provoquer les rencontres. « Il faut toujours s’entourer de personnes plus compétentes que soi pour apprendre. On doit s’enrichir des autres. L’entreprise, c’est ça. Elle sert à porter les gens pour qu’ils donnent le meilleur d’euxmêmes et qu’ils réussissent ensemble. » Même adage dans la vie privée, auprès de ses trois filles qui partagent son optimisme et son dynamisme. Sportive accomplie, c’est dans le sillage du bateau qui la tire en ski nautique sur la Saône, une autre passion aux sensations grisantes, qu’elle puise, depuis son enfance, une sérénité méritée.
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Audrey-Laure Bergenthal Une idée de génie Le courage, la pugnacité et l’inconscience ont conduit Audrey-Laure Bergenthal à créer un mannequin évolutif pour le prêt-à-porter. Pour elle, c’est « une aventure extraordinaire » qui démarre.
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uriste en propriété industrielle, Audrey-Laure Bergenthal se prépare à passer le barreau et à partir à Harvard pour suivre un troisième cycle en innovation et marché de l’art. Elle effectue alors un stage dans un cabinet d’avocat lorsque l’idée de créer un mannequin-robot lui vient à l’esprit. Une pensée chimérique et visionnaire qui trouve ses racines au sein d’une famille d’industriels du textile et d’acteurs de la haute-couture. « J’étais fascinée par ce monde mais je pensais qu’il n’était pas pour moi qui étais l’archétype de la bonne élève ! » La jeune Parisienne rêve d’un univers inaccessible. Mais sa passion la rattrape. Elle finit par briser sa carapace et quitte le droit chemin sur lequel elle avance : « Depuis toute petite, avec l’image de mon père, j’avais en moi cette envie d’entreprendre. J’aimais le textile de façon instinctive. Et puis je commençais à trouver le temps long en cabinet d’avocat. L’ambiance était plus austère que pendant mes études que j’ai adorées. J’ai alors constaté qu’aucun brevet dans le domaine des mannequins évolutifs n’avait connu de succès industriel et commercial. » Audrey-Laure Bergenthal se penche sé« Major de promo, sortant des rieusement sur la question. Elle observe et écoute aussi attentivement que discrète- grands cabinets d’avocats ment les attentes des gens qui désespèrent internationaux, je passais un de trouver des vêtements adaptés à leur peu pour un Ovni dans ma corps et leurs formes qui évoluent avec nouvelle école » le temps. Elle imagine des mannequins mobiles dans les vitrines des boutiques de mode. « Les formes figées des mannequins sont conçues pour des corps de poupée et ce n’est pas réaliste avec le corps humain, qui est en mouvement permanent. » Le projet commence à prendre forme dans la tête de la jeune femme. Elle n’a que 23 ans et ne réalise pas vraiment que le parcours sera long et laborieux lorsqu’elle décide de se lancer dans la mise au point d’un mannequin révolutionnaire qui épouse les mouvements du corps. Elle annule son départ aux Etats-Unis et s’inscrit en BTS Stylisme modélisme en alternance à Paris. Ses parents ne sautent pas vraiment de joie et son entourage reste perplexe. Mais Audrey-Laure Bergenthal a décidé de se fier à son feeling. « Major de promo, sortant des grands cabinets d’avocats internationaux, je passais un
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Date 24 décembre 2015, clôture de la levée de fonds pour financer l’industrialisation, les premières embauches et notre arrivée sur le marché
Lieu Nos premiers locaux, un havre de paix et de joie pour travailler et réaliser notre ambition en équipe
Personnalité Simone Veil, pour son courage, sa résilience et sa détermination tout en modération et en justesse
Ambition Devenir le leader des solutions pour la personnalisation industrielle. Etre une entreprise éthique, engagée avec des salariés heureux
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« A cœur vaillant, rien d’impossible »
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EUVEKA La start-up implantée à Portes-lès-Valence propose une solution pour la personnalisation morphologique à l’échelle industrielle. Sa technologie est basée sur des mannequins robots intelligents et un logiciel dédié pour la production et la vente d’articles textiles et d’accessoires à la taille exacte de la personne. Le développement du buste femme est prévu pour la fin 2016. Des déclinaisons pour l’homme, l’enfant et toutes les parties du corps sont prévues sur l’année 2017. Les clients d’Euveka, qui emploie quatre personnes, se répartissent parmi les grands comptes de la mode, du sport, du médical, de la sécurité, désireux de prendre le virage de la personnalisation industrielle afin d’être au plus proche des besoins et de la réalité morphologique de leur marché. Le carnet de commandes a été ouvert au dernier trimestre 2016 pour une livraison des premières commandes début 2017.
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peu pour un Ovni dans ma nouvelle école. Mais là, j’ai appris tellement plus de choses qu’à la fac. J’ai découvert des gens formidables, qui n’étaient pas bardés de diplômes mais qui avaient un tel amour de leur métier, une simplicité et un savoir extraordinaire. Beaucoup d’entre eux avaient été licenciés des ateliers de haute couture. Ils avaient de l’or dans les mains et une vraie intelligence de vie. L’artisanat et le savoir-faire français sont devenus mes passions. » La jeune femme s’enrichit de ces vies aux antipodes de la sienne. Elle est admirative de cet univers de la haute couture et du prêt-à-porter. Tout l’enchante. Elle fait des stages et étudie sur les mannequins de bois dont la morphologie figée a des incidences qu’elle veut corriger. Son projet mûrit et s’enrichit. Pendant cinq ans, elle accumule les expériences pour se doter d’un maximum d’informations qui vont lui permettre de créer enfin un produit révolutionnaire : un mannequin évolutif à croissance continue et contrôlée. En même temps qu’émerge son idée ingénieuse, Audrey-Laure Bergenthal monte un ate- « L’artisanat et le lier de sur mesure, ouvre savoir-faire français un cours de mode, enseigne à Sciences Po Paris sont devenus mes et devient consultante passions » en innovation pour des grands groupes. Elle a 28 ans lorsqu’elle dépose un brevet et monte son entreprise, Euveka. La recherche d’un bureau d’études et l’élaboration d’une maquette la conduisent à Valence en 2012. Elle ne recule devant aucun sacrifice et laisse sa vie à Paris pour en construire une nouvelle en Rhône-Alpes. Sa détermination, sa virtuosité et son expérience professionnelle lui permettent de faire une levée de fonds en 2015, prototype du mannequin à l’appui. Elle récolte plus d’1,1 M€. « La version industrielle et commerciale sortira fin 2016. » Perfectionniste et exigeante, elle veut que le produit soit parfait lors de son lancement. « Soit on sort un produit top, soit on ne le sort pas. » Le mannequin évolutif est fabriqué entre Lyon et Valence, sa génitrice prône le savoir-faire local. « On n’avance jamais seul. L’émergence du projet est le fruit d’une synergie de compétences et est en adéquation avec un produit innovant et porteur d’avenir. Si ce n’était pas moi qui le créait, ç’aurait été quelqu’un d’autre. On en a besoin. »
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Sonia BICHAT Visionnaire en couleurs Originales, innovantes, charmantes et joyeuses, les lunettes de Sonia B. Design illuminent les visages. Avec sa petite entreprise qui fabrique des montures à partir d’acétate recyclé, Sonia Bichat donne une nouvelle vie au métier de lunetier.
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Pour créer son entreprise, il faut une bonne dose d’inconscience. Tout cela est arrivé naturellement, j’ai saisi ma chance. Et puis je pense que j’ai une petite étoile qui veille sur moi ! » Vive et pétillante, Sonia Bichat affiche un enthousiasme rayonnant qu’elle communique avec son accent jurassien aux intonations chantantes de la Suisse. L’histoire de ses lunettes, derrière lesquelles elle voit la vie en couleurs, est une aventure insoupçonnée. Lorsque la lunetterie d’Oyonnax qui l’emploie depuis sept ans ferme ses portes en 2009, la jeune femme, originaire de Bourg-en-Bresse, est convaincue que la lunette made in France a un avenir à s’inventer. « Il faut apporter quelque chose de différent. » Bien vu ! En effet, après un démarrage en sous-traitance, elle investit dans des machines numériques, recrute du personnel et installe son entreprise à Arbent en 2012. Tout y est conçu de A à Z, de la création à la fabrication des montures et des verres. « Ce sont des montures fait main avec amour ! Chaque paire est unique, écologique, issue d’un vrai savoir-faire et vendue entre 99 et 299 €. » « Ce sont des montures Sonia Bichat voit de plus en plus loin. fait main avec amour ! Conquise par les modèles originaux de la créatrice canadienne Anne-Marie Faniel, Chaque paire est unique, elle réalise alors des lunettes multicolores écologique » en acétate recyclé, aux formes et au design inédits. Si certains clients les prennent pour des lunettes de clown au premier coup d’œil, ils s’aperçoivent rapidement qu’il s’agit d’un produit très sérieux. « C’était tellement novateur que cela a surpris au départ, se souvient-elle. Les gens étaient dubitatifs, ils trouvaient le concept farfelu. Et puis maintenant c’est la routine ! » Chaque mois, 8 000 paires de lunettes sont fabriquées dans l’entreprise et vendues en France et au Québec. Avec une boutique sur le site d’Arbent, Sonia Bichat aimerait développer la vente aux particuliers et ouvrir un point de vente à Lyon. Elle veut, en effet, faire connaître ce produit dont elle semble être tombée amoureuse. « C’est comme une œuvre d’art. Il me plait. Avec lui, je suis dans mon élément. Partir d’un dessin et d’un morceau de matière plastique pour obtenir une monture, c’est un cheminement très valorisant. C’est un vrai plaisir de faire un produit de qualité. »
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Date 12 novembre 1975, le jour de ma naissance !
Lieu Bourg-en-Bresse, la ville où j’ai grandi
Personnalité Ma maman
Ambition Le bonheur
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« Tout ce qui ne tue pas rend plus fort », Nietzsche
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SONIA B. DESIGN L’entreprise d’Arbent, dans l’Ain, fabrique, de façon artisanale, des lunettes multicolores en acétate recyclé par process unique de récupération et broyage des chutes, permettant de réutiliser 80 % de la perte de matière. Chaque monture est façonnée à la main et possède un caractère unique. Elles sont commercialisées en magasin d’usine avec une opticienne conventionnée. Une partie de la fabrication est exportée au Canada. L’entreprise qui a réalisé 900 000 € de chiffre d’affaires en 2015, a décroché le trophée Artinov 2015, de la Chambre de métiers et de l’artisanat de l’Ain, dans la catégorie métiers. Sonia B. Design emploie 12 personnes.
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Sonia Bichat cultive le goût du travail bien fait, de la perfection. Toutes les lunettes sont contrôlées à chaque étape de leur réalisation pour qu’elles ne comportent aucun défaut. Elle veille au grain, est sur tous les fronts et passe beaucoup de temps à l’atelier où elle participe à la fabrication des montures. Car ses lunettes sont des accessoires de mode qui sortent des sentiers battus et qui comportent des spécificités très pointues. Elles exigent un travail de précision ultime que Sonia Bichat connaît bien. « Je suis souvent sur les machines. Le contact avec le produit, avec cette matière vivante fait partie de ma vie. Je ne fais pas que du business, j’ai besoin d’être sur le terrain mais aussi de discuter avec les clients. Ce sont des choses impalpables qui conduisent à la réussite. » Multicolores ou unies, excentriques ou classiques, solaires ou adaptées à la vue, toutes les paires de lunettes portent un nom. Pour les personnaliser ainsi, Sonia Bichat met son esprit créatif en effervescence. Et surtout, elle s’entoure d’une équipe compétente aux talents réunis à qui elle transmet son entrain et sa confiance en l’avenir. Le métier de lunetier, auquel son BTS Commerce international ne l’avait pourtant pas préparé, est devenu une vraie passion. Comme pour tous les salariés de l’entreprise qui travaillent dans une ambiance familiale. La bonne humeur et le rire de la jeune femme résonnent dans les ateliers. Son impétuosité et sa joie de vivre sont à l’instar des lunettes qui sortent de son entreprise. Pleines d’audace et de talent. Sonia Bichat avoue qu’elle « Je suis souvent sur les machines. n’affectionne pas beaucoup les tâches administratives et Le contact avec le produit, réglementaires. Mais elles sont avec cette matière vivante fait incontournables et elle assume partie de ma vie » ses responsabilités en s’investissant toujours à fond, aussi bien dans sa vie professionnelle que privée. Maman de deux jeunes enfants, elle participe activement à la vie locale d’Arbent et jardine à ses heures perdues, manipulant la terre avec la même ardeur que l’acétate recyclé. Avec un esprit créatif toujours en alerte pour produire de nouveaux accessoires, Sonia Bichat veut également transmettre la passion et le savoir-faire de son métier en organisant des visites d’entreprise, notamment à destination des écoles. Et pour partager sa réussite, elle voudrait se lancer dans l’aventure du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc, exclusivement réservé aux femmes, afin d’offrir, en même temps, des lunettes aux populations locales. Un projet en ligne de mire pour affirmer ses valeurs et son goût du défi.
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(1) Le dispositif Pinel permet une réduction d’impôts dont le montant dépend de la durée de l’engagement pris par l’acquéreur - Réduction variant de 12 à 21 % - Le non-respect des engagements de location entraîne la perte des incitations fiscales. COGEDIM, Société par Actions Simplifiée au capital de 30 000 000 € - RCS PARIS : 054500 814 - SIRET : 054 500 814 00 55 - Document non contractuel - 10/16. Conception :
Evelyne Chevignon à travers les mailles du filet Cette experte en textile tisse sa carrière dans un bassin et sur un secteur économiques chahutés. Passionnée de mode, elle a successivement créé puis repris des PME dans la maille à Roanne, avec une détermination tranquille.
«
J’ai un parcours classique », avance-t-elle. Certes, elle a suivi ses études à La Martinière pour décrocher un BTS Industrie de la mode ; elle a travaillé 22 ans dans des entreprises textiles à Roanne, en gravissant les échelons pour être styliste, chef de produits puis responsable de collection ; elle a créé sa propre entreprise, Envol ; elle en a repris une autre début 2015, Le petit baigneur. Parcours classique ? Pas tant que cela quand on connaît les difficultés du secteur textile. Pourtant, à aucun moment, Evelyne Chevignon, 50 ans, ne semble s’être préoccupée des éventuels obstacles qui auraient pu entraver sa carrière. « J’ai toujours quitté les entreprises dans lesquelles j’étais pour de nouveaux challenges, justifie-t-elle, en toute humilité. Quand je sentais que j’avais fait le tour d’un poste, j’en partais. » Elle n’a pas froid aux yeux. Bleus acier, perçants et déterminés. En 2008, elle démissionne pour lancer Envol. Elle ne se « J’ai toujours quitté les lâche toutefois pas complè- entreprises dans lesquelles j’étais tement des deux mains. « Un pour de nouveaux challenges » atelier de façonnage en Tunisie cherchait un profil comme le mien pour faire un audit de leur entreprise, se souvient-elle. Je saisis cette belle opportunité qui m’emmène deux semaines par mois en Tunisie, pendant un an, pour accomplir cette mission, et me laisse du temps pour Envol. » En parallèle, sa vie personnelle bascule. Un divorce et une nouvelle rencontre, avec Julien, un entrepreneur dans le textile qui la pousse dans ses projets. « Nous sommes tous les deux passionnés par le textile », glisse-t-elle dans un sourire. Dans le même temps, l’Université de la mode la recrute, deux à trois journées par mois pour suivre les projets des étudiants. Malgré un emploi du temps plutôt chargé, elle continue sa mission. « Ils m’apportent beaucoup, affirme Evelyne Chevignon. C’est important de sortir de l’entreprise et de prendre du recul sur son métier. »
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Avril 2008. Un vrai changement de vie personnelle et la création de la société Envol
Lieu Lyon. J’y ai fais mes études, mes premières rencontres professionnelles et mon tempérament s’y est forgé. J’aime encore venir flâner dans la ville
Personnalité Arthur Rimbaud. Sa poésie me guide
Ambition Développer mon réseau de boutiques et devenir une marque internationale
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« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal », Arthur Rimbaud, Ma Bohème
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ENVOL ET LE PETIT BAIGNEUR
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Envol, créée en 2008 à Roanne, s’appuie sur des tricoteurs roannais pour proposer des produits clés en mains, en maille, aux grandes marques de prêt-àporter. L’entreprise compte trois collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 426 000 € en 2015. Le Petit Baigneur et son équipe de neuf personnes imaginent les nouvelles collections de la marque composée de marinières, cardigans, t-shirts en maille. « Les collections s’inspirent de mes voyages et de ceux que je voudrais faire », confie Evelyne Chevignon. Distribués par des boutiques en propre restées la propriété du cédant, les produits partiront prochainement à l’export grâce à trois agents en Pologne, République Tchèque et Hongrie. Les prochains exercices devraient renouer avec les profits (ceux au moment de la reprise et avant le lancement des nouvelles collections), pour avoisiner les 2 à 2,2 M€ de chiffre d’affaires en 2016.
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Etre une maille supplémentaire dans son secteur qui n’est pas épargné par les difficultés anime la dirigeante. Huit ans après avoir créé Envol, une société de stylisme qui imagine et fait fabriquer des modèles en maille pour des marques du prêt-à-porter (Parakian, Garella), un nouveau challenge se présente. Le fondateur de la marque Le petit baigneur, installée à Roanne, est sur le point de jeter l’éponge faute de repreneur. « Une chance : nous avions le même expert-comptable, raconte Evelyne Chevignon. S’il y avait une entreprise qui me faisait envie à Roanne, c’était bien celle-ci. Elle avait une bonne image. Sa petite équipe concevait le produit de A à Z. Et j’étais dans le cœur de cible avec Envol qui évoluait dans la maille. » Pourtant le doute s’empare de la professionnelle aguerrie : « Je n’avais pas les moyens financiers. » Et puis finalement… « Au bout de trois semaines de réflexion, je décide de me battre. » Le parcours n’est pas simple mais la détermination d’Evelyne Chevignon fera tout le boulot. Elle deale avec le cédant de reprendre son entreprise pour l’euro symbolique. « Il avait déjà tout gagné car il n’avait pas à faire un plan de licenciement. » Six collaborateurs sur neuf du Petit Baigneur la suivent. En janvier 2015, elle devient la nouvelle dirigeante de cette marque qu’elle compte rebooster. Pour cela, il lui faut un BFR suffisant pour palier le décalage des collections. « J’avais besoin de 600 000 € ». Gloups. « Au bout de trois semaines Dans le textile. de réflexions, je décide de Pour une entreprise qui avait connu ses me battre » heures de gloire mais dont les développements manquaient de dynamisme. L’affaire s’annonce complexe : les banques refusent de la financer. « Je réunis Bpifrance, la CCI de Roanne, Michelin Développement et le réseau Entreprendre Loire. » Son projet et ses convictions lui permettront de décrocher son financement. Trois banques locales mettront finalement aussi la main à la poche avec 50 000 € chacune. « Rien n’est impossible », sourie-t-elle. Les premiers résultats semblent encourageants. Elle adhère toujours à Femmes chefs d’entreprises : « Elles ont joué un rôle important de soutien, d’écoute et d’encouragement au moment de la reprise ». Evelyne Chevignon mène toujours de front le développement d’Envol, celui du Petit Baigneur et ses cours à l’Université de la mode. « Je suis dans mon idéal : m’épanouir dans mon travail, sans ambition de richesse. Pourvu que ça dure… »
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Marie-Pierre dumaine Meneur de jeu sur tous les terrains Avec un savoir-faire reconnu dans le monde du textile, Marie-Pierre Dumaine, Pdg de Valtex Group, a bravé la crise en diversifiant son activité. Elle déploie une énergie sans relâche pour pérenniser l’entreprise familiale.
L
’histoire de Marie-Pierre Dumaine pourrait commencer au début des années 1980 lorsque la jeune citadine vient vivre à la campagne. C’est sans enthousiasme qu’elle arrive dans le petit village du Haut-Beaujolais de Dareizé avec ses parents. Michel Panza, son père, d’origine italienne et photograveur de métier comme son épouse, décide de créer son entreprise, la société Michel Graveur. Il hypothèque sa maison et sa voiture et le couple démarre la fabrication de cylindres gravés destinés à imprimer les tissus. Son savoir-faire est très vite reconnu puisqu’au bout de dix ans, l’entreprise, située à Valsonne, est leader mondial sur son secteur avec 38 000 cylindres fabriqués par an. Elle développe ses partenariats avec l’Italie, l’Espagne et la Tunisie et emploie jusqu’à 130 personnes. Elle crée une filiale à Bourgoin-Jallieu dont MariePierre Dumaine s’occupe à son retour d’Angleterre après avoir obtenu un BTS Action commerciale. Une suite logique dans son parcours. « Je ne me suis pas posée la question de savoir si je voulais venir travailler dans l’entreprise familiale. C’était comme ça, je suis entrée pour bosser. » Mais l’ascension prodigieuse de Michel Graveur « Etre une femme dans atteint un jour son sommet. En 1999, la crise du l’industrie textile paraissait textile fait dévisser l’entreprise et l’activité chute peu crédible » de 30 %. Simultanément, au cœur de l’été, son dirigeant connaît de graves problèmes de santé. Une nouvelle fois dans sa vie, MariePierre Dumaine ne tergiverse pas. « Je n’avais pas prévu cette situation. J’avais trois enfants en bas âge. Etre une femme dans l’industrie textile paraissait peu crédible. Mais cela allait de soi que je reprenne le flambeau de l’entreprise fondée par mon père, avec ses valeurs qui sont les miennes. » Et aussi avec son tempérament, téméraire et fonceur, prêt à assurer la survie d’une entreprise et d’une équipe de salariés inquiets et sceptiques. Car la situation se dégrade. « Le marché continuait à chuter. Les licenciements économiques étaient incontournables. Les premiers ont été difficiles. Depuis dix-sept ans, je les gère continuellement. » De 130 salariés, l’effectif est tombé à 33. La tâche est rude et Marie-Pierre Dumaine la prend à bras le corps. Sa forte personnalité, son énergie incommensurable et son passé de basketteuse la
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Date 2 juillet 1993, je deviens maman pour la première fois
Lieu Singapour
Personnalité Jacques Gaillard
Ambition être la plus sereine possible dans mes prises de décisions
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« Deviens ce que tu es », Nietzsche
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VALTEX GROUP esprit
Valtex Group, créée en 2013 à Valsonne, regroupe trois métiers : graveur, imprimeur et éditeur, commercialisés sous trois marques commerciales. Michel Graveur, créée en 1980 est un graveur de cylindres, pour l’impression textile en grande quantité. La structure commercialise ses produits en Belgique, Allemagne, Italie et France. L’activité représente 50 % du chiffre d’affaires du groupe. Grain de Couleur, imprimeur numérique spécialisé sur les fibres naturelles, a été monté en 2000. Enfin Un rendez-vous français, fabricant de produits textiles de cuisine, salles de bains, lingerie et accessoires (sets de table, nappes, serviettes, tapis de bains, trousses, coussins, espadrilles, housses de couette) est né en 2007. Le groupe de 33 personnes qui a réalisé 3,5 M€ de chiffre d’affaires en 2015 a été labellisé Entreprise du patrimoine vivant en 2013. Il est le seul imprimeur textile français labellisé Imprim’luxe.
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font rebondir face à cette crise économique qui n’en finira donc jamais. Elle a hérité de son père un caractère bien trempé et un esprit visionnaire. « Il fallait se diversifier en utilisant les nouvelles technologies. Nous avons été les premiers à investir dans l’impression numérique. » Elle donne ainsi naissance à un nouveau marché, celui de l’impression textile personnalisée, et crée une nouvelle structure baptisée Grain de couleur. Elle offre une ouverture vers l’événe- Elle a hérité de son père un mentiel et la décoration. Accompagnée caractère bien trempé et un de son mari qui travaille dans l’entreprise, visionnaire Marie-Pierre Dumaine fait la promotion de ses propres collections lors des salons à Paris, Francfort, New York, Tokyo, Munich, Singapour et Dubaï. Ces voyages lui laissent peu de temps pour visiter des pays qu’elle aimerait pourtant découvrir, pour satisfaire sa curiosité et sa soif de rencontres. Car pendant ce temps, la vie à Valsonne continue. Toujours à l’affût des nouvelles technologies et avec une créativité en ébullition permanente, Marie-Pierre Dumaine lance la marque Un rendez-vous français. Toute une gamme d’objets de décoration en tissus imprimés sont ainsi entièrement conçus et fabriqués au sein de l’entreprise. Poursuivant avec ténacité et ingéniosité la fabrication de cylindres gravés, Marie-Pierre Dumaine a, parallèlement, créé un nouveau métier qui a nécessité des investissements matériels et humains. « Il faut innover et participer à cette révolution du numérique pour rester dans la course, être pionniers dans les nouvelles technologies comme l’impression 3D », déclare l’industrielle qui veut ouvrir un centre de formation et d’innovation pour les professionnels et les étudiants afin de leur transmettre son savoir-faire et ses compétences. Quant à son métier historique de graveur, elle lui garde une place immuable au fond de son cœur. « Nous étions dix-huit graveurs il y quinze ans, nous ne sommes plus que deux. S’il doit en rester un, ce sera nous », affirme-t-elle avec une détermination matriarcale. Et ce ne sont pas les incertitudes qui pèsent encore sur sa vie professionnelle qui viendront ébranler son cocon familial, composé de son mari et ses trois enfants. « La famille, c’est ma réussite, c’est sacré ! Nous sommes unis comme les cinq doigts de la main. » Et comme une équipe de basket qui gagne !
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Annabelle gréco-jauffret La mécanique en héritage Si elle est aujourd’hui à la tête de l’entreprise dirigée par sa famille depuis quatre générations à Saint-Etienne, Annabelle Gréco-Jauffret ne se destinait pas forcément à une carrière dans la mécanique. Elle est finalement, elle aussi, tombée dans la marmite et a fait sa place dans un milieu encore très masculin.
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as sûr que Jean Chavot, lorsqu’il a créé sa société en 1924, ait imaginé qu’elle serait dirigée, plusieurs dizaines d’années plus tard, par son arrière-petite-fille, Annabelle Gréco-Jauffret. Pas plus que son père ne pensait voir sa fille lui succéder. Sans doute ne voyait-il pas la mécanique comme une voie idéale pour une jeune femme. Elle-même d’ailleurs n’en rêvait pas, avant d’y mettre un pied. A la sortie de ses études, dans un domaine bien éloigné de la mécanique, la jeune femme trouve un emploi à mi-temps. Elle profite du temps libre qui lui reste pour venir donner un coup de main à son père dans la société et effectuer quelques tâches de secrétariat. Elle n’en repartira finalement jamais. « Je n’étais pas vraiment épanouie par mon autre activité, et j’ai vraiment adoré ce que j’ai trouvé dans l’entreprise : une structure familiale, un personnel très investi, le rapport enrichissant avec les clients, etc. » Ces quelques heures pas- « J’ai assuré l’intérim, sées en renfort se transforment en temps plein, même si je n’avais pas et Annabelle Gréco-Jauffret s’investit dans un premier projet en mettant en place la certifica- dans l’optique de prendre tion ISO de l’entreprise. Puis elle gravit les éche- la tête de l’entreprise à lons, jusqu’à ce que le destin s’en mêle. cette époque » C’est en effet un coup dur qui a propulsé la jeune femme à la tête de la société. En 2008, rentrant d’un salon professionnel, son père est victime d’un infarctus qui le contraint au repos. « J’ai assuré l’intérim, même si je n’avais pas dans l’optique de prendre la tête de l’entreprise à cette époque, se souvientelle. On était en pleine crise économique. Je me suis dit que si j’y arrivais à ce momentlà, c’est que j’étais faite pour ça ». Et la jeune femme, qui n’a pas encore 30 ans, semble s’en être plutôt bien sortie. A son retour, son père lui laisse de plus en plus de responsabilités dans la gestion. « Il m’a laissé faire mes propres choix, quitte à me tromper. Il me disait : « c’est comme ça qu’on apprend ». En janvier 2014, son père prenant sa retraite, Annabelle Gréco-Jauffret est devenue propriétaire de l’entreprise familiale à 33 ans. « Une femme, jeune, dans le métier de la mécanique, ça peut créer des inquiétudes,
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Date Le 26 juillet 2006, la naissance de ma première fille, une étape clé dans ma vie de femme
Lieu Cottance, le village où je vis, où je me ressource et qui fait que je peux travailler sereinement
Personnalité Mon grand-père, quelqu’un qui comptait beaucoup pour moi et dont j’étais très proche, et qui serait sûrement fier aujourd’hui que je reprenne son entreprise
Ambition Que le nom Chavot perdure, j’espère qu’il sera toujours là dans 40 ans et que je ne serais pas la dernière
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L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt
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CHAVOT
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Créée en 1924 à SaintEtienne, la société Chavot était initialement spécialisée dans le perçage de canons de carabine. Depuis sa création, le marché de l’arme à feu ayant connu des années difficiles, la société a rapidement diversifié ses activités et s’est spécialisée dans le forage profond. Aujourd’hui, spécialiste dans le domaine, le savoir-faire de la société s’étend également aux opérations d’alésage, de carottage, de reprises type lamage, taraudage, et d’une partie usinage. Ses clients, qui sont répartis dans la France entière, sont des entreprises dans l’aéronautique, le nucléaire, le médical, le secteur pétrolier ou encore l’armement. L’entreprise se positionne sur des produits de haute technologie, pour lesquels la réactivité et la flexibilité sont la clé du succès. La société Chavot emploie sept personnes et réalise un chiffre d’affaires de 1,5 M€.
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surtout les premières années où j’ai intégré l’entreprise, une période où on ne croisait pas beaucoup de femmes dans ce secteur d’activité. Aujourd’hui, la mécanique se féminise de plus en plus, mais pas forcément dans les postes de dirigeants », regrette-t-elle. Au sein de son entreprise, elle n’a, en tout cas, jamais été confrontée au sexisme. Partie d’en bas, elle a dû faire ses preuves comme n’importe quel autre « J’ai changé les horaires salarié, et ses collaborateurs esti- et l’organisation de l’entreprise, ment aujourd’hui qu’elle a mérité sa place. Le fait qu’elle soit une femme parce qu’à l’atelier, nous avons n’y change rien. Elle y voit d’ailleurs aussi une nouvelle génération de plutôt des avantages, en proposant papas qui veulent être présents un management plus participatif, pour leur famille. Et la production peut-être moins descendant et frontal que celui de ses prédécesseurs ne s’en est que mieux portée » masculins. En revanche, les clients de l’entreprise ont parfois fait preuve de moins d’ouverture d’esprit. « Lorsque j’ai repris l’entreprise, certains étaient sceptiques, et, bien sûr, il y a eu quelques machos. Mais j’ai toujours su les remettre à leur place, simplement en leur montrant que je pouvais répondre à toutes leurs questions. Les réponses techniques suffisent à lever les doutes. En tant que femme, je n’échappais jamais à cette mise à l’épreuve, ce que les hommes n’avaient pas besoin de faire. » Aujourd’hui, la dirigeante a réussi à mettre en place une organisation qui lui permet de conjuguer vie professionnelle et vie personnelle. Présente très tôt le matin au bureau, elle rentre tôt le soir pour s’occuper de ses deux filles, tout en restant connectée à l’entreprise à distance. Et si elle a conscience d’avoir besoin d’une vie personnelle équilibrée pour être plus efficace au travail, elle le permet aussi à toute son entreprise. « J’ai changé les horaires et l’organisation de l’entreprise, parce qu’à l’atelier, nous avons aussi une nouvelle génération de papas qui veulent être présents pour leur famille. Et la production ne s’en est que mieux portée », se félicite-t-elle. Quant à l’avenir de son entreprise, elle ne veut faire peser aucune pression sur les épaules de ses filles, qui ont encore bien le temps de décider de leur orientation : « Je ne leur imposerai rien, elles y viendront si elles le souhaitent. De toute manière, si on ne l’a pas choisi, on ne tient pas longtemps dans ce métier ! »
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Stéphanie Milton S’ouvrir sur l’extérieur A la tête d’Aéro Textile Concept et d’Energence, filiales d’Aquair à Brignais, Stéphanie Milton déploie ses entreprises pas à pas. Longtemps concentrée principalement sur le groupe familial, elle puise aujourd’hui son énergie en externe.
«
Quand les choses vous paraissent simples, ce n’est pas qu’elles sont simples, c’est qu’elles doivent se faire de la sorte, tout naturellement. » Parmi ce qu’elle a appris à HEC Montréal durant ses études en section gestion de production, Stéphanie Milton se remémore régulièrement cette petite phrase glissée par un de ses professeurs. Après son DUT Gestion des entreprises et administrations et ses trois ans à Montréal, la question se pose forcément : rester ou rentrer ? « Ce fut un peu le serpent qui se mord la queue : pour avoir un permis de travailler au Canada il faut un job et pour avoir un job, il faut un permis de travailler, raconte la pragmatique. J’ai eu l’opportunité d’intégrer le groupe industriel de mon père, alors je suis rentrée. » Plus que de la simplicité, c’est plutôt la bonne opportunité qu’elle a su saisir. « Mon père nous a toujours laissés le choix », avance Stéphanie Milton. La fille de Paul Minssieux, maire de Brignais depuis 2006 et créateur de Clauger, spécialisée dans le froid industriel, est entrée, par envie, comme ses trois frères et sœurs, au sein du groupe familial. « Avec le recul, il aurait été intéressant que j’ai une expérience professionnelle avant. Mais je me rattrape aujourd’hui en travaillant avec d’autres « Avec le recul, il aurait été chefs d’entreprise. » Stéphanie Milton intègre ATC – Aéro Textile intéressant que j’ai une Concept –, une filiale de Clauger créée en 1998, expérience professionnelle en 2003. Son père lui confie le développement de cette entité mono-produit qui fabrique des avant. Mais je me rattrape diffuseurs d’airs en textile. « Nous étions dix à aujourd’hui en travaillant avec mon arrivée. L’équipe se compose désormais d’autres chefs d’entreprise » de quarante collaborateurs », avance en toute humilité cette grande brune qui déroule les faits d’une simplicité sincère. L’entreprise est devenue leader sur son marché et compte désormais conquérir des clients à l’international. « En étant mono-produit, il faut étendre notre terrain de jeu, affirme la dirigeante. L’objectif est d’atteindre 1 M€ de chiffre d’affaires à l’international en 2017, contre 500 000 € en 2015. » Peu à peu, ATC prend son indépendance par rapport à Clauger. Son chiffre d’affaires réalisé avec les filiales de la maison-mère ne dépasse pas aujourd’hui 20 %.
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Demain
Lieu Montréal, trois années à découvrir que les différences sont riches et que tout est possible quand on le veut !
Personnalité Pas une mais plusieurs. Pas célèbres mais anonymes. Simplement, tous les gens qui m’entourent
Ambition Construire dans la durée, manger les défis et continuer à rire
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ATC ET ENERGENCE Aéro Textile Concept conçoit et fabrique des conduits et gaines en textiles sur mesure pour équiper des sites industriels dans le secteur de l’agroalimentaire (soufflement de l’air dans les caves d’affinage de fromages), dans les salles de congrès, d’aéroports (pour le chauffage), sur des sites événementiels avec des structures légères et temporaires. Les clients d’ATC sont des installateurs en génie climatique. Avec des distributeurs en Belgique, Suisse, Espagne, Corée du Sud et Australie, la prochaine étape internationale est le développement d’ATC Mexico, une structure dédiée au déploiement du marché domestique en Amérique Latine. ATC a réalisé 5 M€ de chiffre d’affaires en 2015 et emploie 40 personnes à Brignais. Energence est intégrateur de solutions en électricité, automatisme, robotique et informatique industrielle. L’entreprise a réalisé 4 M€ de chiffre d’affaires en 2015 et compte 35 personnes.
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Devant sa capacité à déployer les entreprises, hors du groupe, son père lui confie, en 2006, la même tâche pour Energence. Le bureau d’études en électricité, automatisme, robotique et informatique industrielle présente une activité bien différente de celle d’ATC. Pourtant la problématique est la même : « Quand je prends la tête de la structure, son chiffre d’affaires dépend à 100 % du groupe. Le challenge de la diversification commerciale commence à porter ses fruits, se félicite Stéphanie Milton. En 2015, un quart du chiffre d’affaires pro- « Je crois au faire. Il faut vient de l’externe. » Evoluer dans un groupe familial mettre les mains dans le ne rime par forcément avec confort quand, justement, la mission consiste à s’orienter vers des marchés exo- cambouis pour avancer » gènes. Une condition d’autant plus importante qu’elle a eu l’occasion de racheter la totalité de ses entreprises en 2015. « Elles appartenaient à la holding Aquair détenue à 50 % par mon père et 50 % par ses quatre enfants, détaille la dirigeante. Je possède aujourd’hui 95 % d’ATC et d’Energence, 5 % restant à la holding qui abrite des fonctions support. » Se tourner vers l’extérieur et s’ouvrir sur son environnement sont bien aujourd’hui le leitmotiv de la dirigeante de 42 ans. Prochaine étape pour Stéphanie Milton : créer un fablab mis à disposition de ses propres fabrications, des projets personnels de ses collaborateurs mais aussi, à plus long terme, des industriels externes. « Je crois au faire. Il faut mettre les mains dans le cambouis pour avancer. Ce fablab sera doté de multiples compétences et équipé d’une imprimante 3D à partir de 2017. Il vise à ouvrir l’esprit de mes collaborateurs, déjà forces de proposition pour imaginer et tester de nouvelles idées. » Aller voir ailleurs ce qui se passe se traduit également par s’intéresser aux réseaux business. Pendant dix ans responsable de la communication de la fédération des entreprises de l’ouest lyonnais, Solen, elle y a traité « des dossiers que je n’avais pas l’occasion d’appréhender au sein d’ATC ». Toujours adhérente de la structure, elle est aujourd’hui davantage impliquée dans le réseau de femmes chefs d’entreprise Insolentes. Une trentaine de femmes se réunit une fois par mois autour du kin ball, un sport québécois qui permet de se rencontrer « sans se prendre la tête, avec l’envie de passer un bon moment en partageant un sport ». Se nourrir en externe pour enrichir l’interne, tant personnel que professionnel, constitue le bon équilibre aujourd’hui trouvé par Stéphanie Milton.
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LÉA NATURE ET CM-CIC INVESTISSEMENT
Un partenariat qui cultive le bien-être.
Fabienne Mazières, Directeur chez CM-CIC Investissement, spécialiste des métiers de haut de bilan pour répondre aux besoins de financement en fonds propres des entreprises.
Charles Kloboukoff, Président-Fondateur de Léa Nature, fabricant français de produits bio et naturels.
La rencontre
La relation
Les ambitions
Charles Kloboukoff Après avoir bâti notre croissance sur la vente de nos produits en GMS, nous souhaitions diversifier nos canaux de distribution, en particulier vers les magasins bio avec lesquels nous partageons la volonté de produire local autour de filières régionales. Nous avons alors décidé en 2011 de nous allier à Ekibio, très présent sur ces réseaux spécialisés. C’est à cette occasion que nous avons fait la connaissance des équipes de CM-CIC Investissement, l’un des principaux actionnaires de cette entreprise ardéchoise.
Charles Kloboukoff Pour moi, c’est très important de travailler avec des partenaires qui investissent sur leurs fonds propres et s’inscrivent dans le long terme. En pratique, j’apprécie « l’humanité » qui caractérise notre relation. Nous travaillons dans un climat de confiance. Mes interlocuteurs, sans être omniprésents, savent se montrer réactifs, voire proactifs, en particulier en matière de conseil et d’analyse.
Charles Kloboukoff Nous avons pour objectif de doubler notre chiffre d’affaires à l’horizon 2020. Cela passe par une phase d’investissement industriel très important avec l’ouverture ou l’agrandissement de deux à trois nouvelles usines par an au cours des trois prochaines années. Nous nous appuyons aussi sur le développement de nouvelles activités comme le pôle vrac, une gamme de produits sans lactose ou sans gluten, et la création d’un pôle aromathérapie. Nous souhaitons également accélérer notre développement à l’international, en nous concentrant sur la cosmétique, pour laquelle le savoir-faire français est reconnu.
TheLINKS.fr - 160105 - 10/2016 - Crédit photos : Didier Cocatrix.
Fabienne Mazières Nous avons été rapidement convaincus par la capacité de Charles Kloboukoff à conjuguer un projet de développement performant et une démarche sociétale engagée, correspondant à nos propres valeurs. C’est pourquoi, quand Léa Nature a souhaité faire l’acquisition d’Ekibio, plutôt que de vendre, nous avons proposé de procéder à un échange d’actions afin de poursuivre l’aventure.
Fabienne Mazières Nous mesurons au quotidien à quel point Léa Nature traduit en actions ses convictions qu’il s’agisse de l’esprit pionnier, de la solidarité ou de la responsabilité. Et ça marche puisque force est de constater que la création de valeur et la croissance dynamique sont au rendez-vous. Une raison supplémentaire d’accompagner l’entreprise dans cet engagement sociétal.
En savoir plus sur cette rencontre ? Retrouvez l’interview complète de Charles Kloboukoff dans la rubrique « Carnets de rencontres » sur
Fabienne Mazières En quelques années, ce groupe est devenu une ETI à la dimension nationale, tout en affichant des ambitions internationales. Par son agilité, la création ininterrompue de nouveaux produits, le respect des filières d’approvisionnement, Cie Biodiversité rencontre un franc succès, tant dans les réseaux de la grande distribution que dans les circuits spécialisés. Dans cet environnement porteur et dynamique, CM-CIC Investissement est capable d’accroître son investissement pour accompagner ce développement durable et la consolidation de ce secteur.
www.cmcic-investissement.com
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Pascale Salut Grandie grâce à l’entrepreneuriat Il est des métiers que l’histoire et les habitudes semblaient avoir définitivement réservés aux hommes. Ceux de l’automobile notamment. A Décines, pourtant, depuis cinq ans, c’est une quadragénaire qui dirige Dasir, une PME créée il y a 60 ans et spécialisée dans la distribution de pièces de rechange automobiles.
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contre-courant de beaucoup de ses consœurs chefs d’entreprise, Pascale Salut n’hésite pas à dire que l’idée de créer ou de reprendre une entreprise ne l’avait jamais effleurée, avant que les hasards de la vie la propulsent sur le devant de la scène. Car cette pure lyonnaise, née le 31 janvier 1974, l’avoue bien volontiers : « Je suis timide, plutôt effacée. » Avant de corriger. « Mais l’entrepreneuriat m’a changée. Cela m’a fait grandir et j’ai clairement pris de l’assurance. Il en faut d’ailleurs pour s’imposer dans un milieu comme celui de l’automobile, où les hommes règnent en maîtres. » Née dans une famille d’entrepreneurs, puisque son grand-père et son père se sont succédé aux commandes de Dasir de 1956 à 2011, Pascale Salut s’imaginait une carrière à l’international. « Je voulais travailler à l’étranger comme attachée commerciale, mais je ne voulais surtout pas me retrouver au premier plan », confirme-t-elle. Un projet de vie qu’elle aban- « Je demande toujours donne pourtant sans hésiter en 1994, lorsque son à mes collaborateurs père lui propose de le rejoindre dans l’entreprise. « ce qu’ils pensent des J’étais en première année de BTS international, en orientations que je stage dans une entreprise en Allemagne, lorsqu’il m’a appelée pour me dire qu’il n’avait plus d’assis- souhaite prendre » tante. Je n’ai pas hésité un seul instant. » A ce moment-là, pourtant, il n’est toujours pas question pour elle de prendre la tête de l’entreprise. Et pendant plus de 15 ans, c’est au poste d’assistante de direction qu’elle découvre peu à peu les arcanes de l’entrepreneuriat. Une expérience dont elle tire les enseignements aujourd’hui, même si son management n’a que peu de similitudes avec celui de son père. « Les hommes ont un ego plus fort et sont sans doute moins enclins que nous à écouter les avis de leurs collaborateurs. Pour ma part, même si c’est à moi que revient la décision finale, je demande toujours à mes collaborateurs ce qu’ils
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
2011, l’année où mon père m’a demandée de devenir présidente de Dasir
Lieu L’Australie, l’immensité de ce pays m’a toujours attirée. Mon objectif est de le visiter dès que possible
Personnalité Passionnée de sport, et pratiquant le tennis en compétition, je dirai Roger Federer qui incarne LE joueur de tennis, respectueux, travailleur, technicien et l’un des meilleurs joueurs au monde
Ambition Que Dasir réussisse son développement à l’international
Phrase 68
Le plus grand risque à prendre est de ne pas prendre de risque du tout
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En harmonie avec votre vie
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DASIR Créée en 1956 par le grandpère de Pascale Salut, l’entreprise est spécialisée dans la distribution de pièces de rechange automobiles, hors moteur et carrosserie. Installée à Décines, elle emploie 90 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 35 M€. Ses clients sont uniquement des grossistes professionnels et des réseaux d’équipementiers. Longtemps concentrée sur un territoire couvrant l’ancienne région Rhône-Alpes, tout en débordant un peu sur la Bourgogne et l’Auvergne, Dasir aborde désormais les marchés du centre et de l’ouest de la France, avec l’ouverture d’une plateforme à Limoges.
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pensent des orientations que je souhaite prendre. Je suis dans le participatif. Ce qui ne m’empêche pas de trancher sans tergiverser. » Cette distinction qu’elle fait entre les deux modes de management n’est pas la seule différence qu’elle constate entre hommes et femmes dirigeants. « La société nous inculque une forme de culpabilisation quand on est mère. C’est un réel handicap pour une femme chef d’entreprise. Personnellement, j’ai trois enfants, dont une qui est âgée d’une dizaine d’années et qui ne manque jamais de me faire remarquer que je ne suis pas aussi présente que d’autres mères. » Longtemps freinée par ce sentiment maternel très fort et par la crainte de perturber ses enfants, Pascale Salut a finalement trouvé la bonne recette pour être, à la fois, une chef d’entreprise ambitieuse et une mère présente. Mais au prix d’une organisation sans faille et de très longues journées. « J’arrive à mon bureau un peu après 6 heures et je ne finis jamais avant 19 heures », concède-telle. Une assiduité qui lui a permis, en revanche, de réussir parfaitement la reprise de l’entreprise familiale et de gagner le respect de ses confrères. « Mon père était une véritable figure dans ce milieu et ce n’était donc pas facile de lui « D’un handicap, j’ai fait une force, succéder. Mes fournisseurs m’ont beaucoup en montrant que je n’étais pas que testée lorsque je suis arrivée. Mais je me la fille de… mais que j’avais bel et suis inspirée de certaines de ses qualités, comme la faculté de prendre des décisions bien des compétences » très rapidement, oser prendre des risques. Son influence sur la dirigeante que je suis devenue est indéniable », assure-t-elle. Ce qui ne l’empêche pas de se déclarer, en riant, ouvertement féministe. « L’automobile reste un milieu d’hommes. Les réunions auxquelles je participe rassemblent d’ailleurs généralement 99 % d’hommes. Mais d’un handicap j’ai fait une force, en montrant que je n’étais pas que la fille de… mais que j’avais bel et bien des compétences. Et aujourd’hui, j’essaie de féminiser la profession. » Dans sa propre entreprise, en tout premier lieu, où elle a intégré des femmes aux postes à responsabilité. « En revanche, j’ai recruté un assistant marketing », glisse-t-elle malicieusement. Transformée par les cinq années qu’elle vient de passer à la tête de Dasir, Pascale Salut est désormais à l’aise dans son costume de chef d’entreprise. A tel point qu’elle a décidé, cette année, d’engager l’entreprise sur la voie de l’international, pour aller chercher de nouvelles opportunités de croissance. « Le fait de voir du monde, de prendre la parole en public, de tenir des réunions, de dire les choses avec assurance quand ça ne va pas… tout cela m’a fait mûrir. » Et donné, sans doute, de nouvelles ambitions.
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services
Toujours un boulevard pour les femmes
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Fortement développé ces dernières décennies, le grand secteur des Services est largement féminisé. Elles se sont accaparées des métiers traditionnels et nouveaux pour y déployer leurs talents. Si la souplesse exigée par le secteur des services apporte des horaires décalés et aménageables compatibles avec des vies de famille, son revers tient dans la précarité des postes proposés. Les chiffres sont sans appel. En 2015, 87,8 % des emplois liés au secteur des services, au niveau national selon l’Insee, sont occupés par des femmes. Un ratio similaire à 2014 qui montre que le secteur tertiaire est largement dévolu aux femmes. Elles trustent, par exemple, le sous-ensemble de l’administration publique, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale pour y occuper près de 45 % des emplois. Ces chiffres font écho à ceux de l’Observatoire des inégalités qui note, dans un rapport paru fin 2014, une surreprésentation des femmes dans les métiers aux « vertus dites féminines ». Tout comme l’Insee le précise, cet Observatoire avance des données claires : 97 % des aides à domicile et des secrétaires, 90 % des aides-soignants, 73 % des employés administratifs de la fonction publique ou encore 66 % des enseignants sont des femmes. « Des métiers souvent peu rémunérés », précise la note de l’Observatoire des inégalités. L’Insee Auvergne-Rhône-Alpes sort les dernières statistiques concernant les créations d’entreprises. Au premier trimestre 2014, 15 700 nouvelles entreprises (hors auto-entrepreneurs) ont été enregistrées sur la nouvelle grande région. Seuls 28 % de ces nouveaux dirigeants sont des… dirigeantes. « Avec 4 400 créations d’entreprises à l’actif des femmes en 2014, la proportion n’a pas évolué depuis 2006 », constate l’étude de l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes. Là encore, l’analyse montre que les femmes restent cantonnées à « leurs » métiers : 10 % des créations concernent les métiers d’infirmières et de sage-femme, suivies par les activités de coiffure, les intermédiaires du commerce, le conseil en gestion, les activités juridiques et les soins de beauté. La parité s’affirme davantage dans les métiers du sport, le commerce (de gros et de détail) ou encore la médecine. L’organisme dédié aux études note peu d’évolutions, depuis 2006, quant aux nouveaux métiers plébiscités par les créatrices d’entreprise. Les lignes restent difficiles à faire bouger. Pourtant, les femmes qui se lancent dans la création d’entreprise dans ces métiers liées aux services au sens large semblent davantage diplômées que leurs homologues masculins. L’étude de l’Insee publiée en septembre 2016 montre que 87 % des créatrices ont un diplôme supérieur au Bac contre 67 % des hommes. Elles sont aussi plus nombreuses à posséder un diplôme de 1er cycle. Elles créent davantage en profession libérale que sous un statut de société (37 % des créatrices choisissent ce statut). Quant à la motivation de créer sa propre entreprise, elle est identique à celle des hommes : acquérir son indépendance !
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Myriam Barbarin Une tornade blanche De femme de ménage à chef d’une entreprise de nettoyage de 260 personnes, n’y aurait-il qu’un pas que Myriam Barbarin a su franchir ? C’est avant tout une énergie, une capacité de travail, un esprit rebelle et un cœur généreux qui la conduisent à faire briller l’image d’une profession méritoire.
A
l’école, les enseignants n’auraient sans doute pas parié d’emblée sur la réussite de Myriam Barbarin. Et bien, ils auraient eu tort ! Car l’élève dissipée, pitre de la classe et garçon manqué se moquait bien de la réflexion classique : « Si tu ne travailles pas bien à l’école, tu finiras femme de ménage ! » Au contraire, ce vieil adage a sans doute dû éveiller en elle une attirance pour un métier qui deviendra une passion. BEP et CAP de banque en poche, suivis d’un Bac G3, Myriam Barbarin rêve d’une carrière dans le secteur bancaire. Mais ses espoirs sont déçus et elle est embauchée chez un constructeur de bâtiments industriels comme secrétaire, un titre qu’elle déteste : « Il me fait penser à un meuble ! » Sa fibre commerciale et son appétence entrepreneuriale l’incitent alors à prendre son bâton de pèlerin qui se transforme en matériel de nettoyage. Chaque matin, elle va sur le terrain et effectue des prestations de ménage. Puis à midi, dans sa voiture, elle enfile sa tenue de ville et se maquille avant d’aller prospecter chez de futurs clients. Et le soir, elle retourne sur d’autres chantiers. Pendant cinq ans, Elle prouve sa crédibilité elle met à l’épreuve sa vitalité et sa conviction. Au avec son courage et ses fil du temps, elle emploie des personnes à temps compétences partiel et sa société se structure progressivement. Les banques la suivent dans son projet et elle est encouragée par ses clients. Elle prouve sa crédibilité avec son courage et ses compétences. « Etre une femme a été un vrai atout. En général, ce sont les femmes qui font le ménage. On possède les bases techniques, on peut donc être meilleures. » En 1998, l’entreprise 2ms s’installe dans son premier bâtiment et compte 38 personnes. En 2001, Myriam Barbarin décide d’accélérer le pas et rachète une entreprise de nettoyage avec trente nouveaux chantiers. Une expérience qui se renouvellera régulièrement. Avec chaque fois, un gros challenge à la clé. « J’aime progresser, bouger et je déteste la routine. Une entreprise est un outil de développement économique et
Date Le 1 avril, une date à laquelle je fais beaucoup de croissances externes
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er
Lieu Nos futurs locaux sur le plateau de Lautagne à Valence
Personnalité De nombreuses personnes de milieux et d’horizons différents rencontrées tout au long de ma vie
Ambition Changer les codes de la propreté pour inciter les futures générations à voir le potentiel du secteur du nettoyage
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« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Confucius
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2MS La PME exerce son activité de nettoyage et propreté dans les entreprises tertiaires, les industries, les collectivités, les cabinets médicaux, les commerces et les copropriétés de la région valentinoise depuis 1993. Des prestations sur mesure et adaptées aux exigences du client sont exécutées par près de 260 personnes. La structure 2ms Particuliers intervient dans le cadre des services à la personne. L’entreprise réalise 750 chantiers sur un périmètre qui s’étend entre Saint-Paul-TroisChâteaux dans la Drôme, Solaize dans le Rhône, Saint-Marcellin dans l’Isère et se termine en Ardèche. L’entreprise, qui a réalisé 3,7 M€ de chiffre d’affaires en 2015, a mis en œuvre une démarche RSE et une veille technologique sur les nouveaux produits et matériels respectueux de l’environnement, dans la lignée de sa norme qualité Iso 9001.
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personnel. Elle ressemble à son dirigeant. » Une dirigeante réactive, audacieuse et perfectionniste qui découvre avec une certaine frénésie toutes les facettes d’un métier plein d’avenir. « L’avantage c’est que chaque semaine, il faut recommencer. Le ménage, c’est sans fin. Mon métier, je ne le trouve pas compliqué. Ce que j’ai fait, tout le monde peut le faire. Il faut juste savoir se lever le matin pour partir sur les chantiers et ne pas compter ses heures. J’ai vécu de grands moments. Et si c’était à refaire, je repartirais ! » En 2008, elle est décorée de l’ordre national du mérite. Une récompense qui l’émeut et qui est une reconnaissance pour toute son équipe. « Je ne réussis pas toute seule. » La transmission de sa passion En 2011, elle reçoit le trophée de la femme de l’économie de la Région Rhône-Alpes est un des objectifs qu’elle dans la catégorie autodidacte. Sensible et sait pouvoir atteindre généreuse, Myriam Barbarin aime partager son bonheur. Avec son fils de 13 ans. Et avec son personnel, à qui elle veut donner l’amour du métier. Ce métier de la propreté qu’elle cherche à ennoblir. « Je voudrais changer les codes du nettoyage, lui apporter une dimension supérieure et pouvoir dire que cette profession est chouette. L’idéal serait peut-être de créer une école de nettoyage dans la Drôme. » Adhérente à l’APM et à la CGPME, conseillère prud’homale et élue de la CCI de la Drôme, Myriam Barbarin abonde d’idées et de projets. Le prochain arrive bientôt à maturation avec le déménagement sur un nouveau site de 1 000 m2 qui comprendra un espace formation, lieu de rencontres et d’échanges pour les collaborateurs. Leur dirigeante est très attentive à leur épanouissement. La transmission de sa passion est un des objectifs qu’elle sait pouvoir atteindre. Car elle a dû abandonner, sans regret et avant qu’il ne germe, celui d’être un jour marathonienne, juste après avoir couru le semi-marathon de Paris en 2013. « A 45 ans, je me suis demandée après quoi je courais ! » Quant à celui d’être chanteuse, il lui a promis des espoirs, mais c’était dans une autre vie. Elle avait dix ans lorsqu’elle remporta un concours sur un podium RMC, chantant « L’oiseau et l’enfant », victoire française de l’Eurovision en 1977. Aujourd’hui, loin de la scène, elle exerce toujours discrètement cette passion qui lui offre un brin d’évasion : « Le chant est un instrument qui permet de libérer mon énergie ! »
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Valérie Brunon L’entrepreneuriat sans complexe Native du Puy-en-Velay, cette quadragénaire mère de deux adolescents, Léo et Paolina, n’a jamais considéré sa vie et sa condition de femme comme des handicaps pour mener à bien sa carrière professionnelle. Après une quinzaine d’années passées dans l’industrie et les services, elle a franchi sans angoisse le pas de l’entrepreneuriat, à l’aube de son quarantième anniversaire.
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Je n’ai jamais ressenti de contraintes particulières, pas même logistiques, pour entreprendre. » Consciente des barrières culturelles qu’il reste encore à lever pour que les femmes se lancent plus nombreuses dans l’aventure de l’entrepreneuriat, Valérie Brunon n’en reste pas moins objective : son parcours personnel n’a pas été plus complexe que celui de n’importe quel homme désireux de créer une entreprise. « Mon ex-mari a toujours été extrêmement présent et m’a suivie dans mes choix. Quant à mes enfants, je leur ai toujours expliqué ce que je faisais et ils sont très heureux d’avoir une maman entrepreneuse », précise-t-elle. Eprise d’indépendance et bien décidée à mettre en application ses propres idées dans le monde du « Mes enfants sont très travail, cette passionnée de cuisine et de voyages heureux d’avoir une a pourtant pris son temps avant de créer sa maman entrepreneuse » structure. Après avoir mené à bien des études de Sciences Eco à Lyon 3, où elle arrive au début des années 90, avec une spécialisation sur la gestion des établissements de santé, elle intègre l’Infirmerie Protestante à la Croix-Rousse dès 1996. « J’ai été chargée de faire une étude sur le planning du bloc opératoire pour optimiser son occupation », explique-telle. Une expérience intéressante, mais qui ne lui permet pas de s’épanouir pleinement. Pas plus que les nombreuses missions qu’elle va remplir durant une dizaine d’années dans la grande distribution et surtout dans l’industrie. « J’ai beaucoup appris dans ces différents univers, à commencer par l’autonomie, mais je voulais élargir mes horizons, analyse-t-elle. Je n’arrivais pas à me retrouver dans le modèle traditionnel de l’entreprise, où j’étais sans cesse à l’affût d’informations que l’on ne me transmettait pas. J’étouffais. La hiérarchie, la relation avec les collègues et le fonctionnement quotidien ne me satisfaisaient pas. »
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8 juillet, le premier jour où j’ai souri
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Lieu L’Atelier de mon père au Puy-en-Velay où j’ai passé mon enfance, la rencontre avec ses clients, l’odeur de la cire, du bois, du fer…
Personnalité Aucune en particulier et beaucoup en général. J’aime les gens qui me font grandir intellectuellement et humainement
Ambition Créer en Floride
Phrase «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.» Simone de Beauvoir
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LYON UNDERGROUND EVENTS Créée le 1er avril 2011, cette agence de communication indépendante experte en conseil et en management des entreprises et des marques intervient sur trois marchés : la stratégie de communication interne et externe, la stratégie événementielle par création d’événements et le voyage d’affaires en France et à l’étranger. Un dernier volet qui s’enrichit depuis peu avec une ouverture sur le tourisme industriel. Environ 90 % des clients de LUE sont des entreprises issues de tous les secteurs d’activités, le solde étant constitué d’institutionnels et d’associations.
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Le déclic survient en 2010. Alors en poste à la direction des ventes dans une entreprise spécialisée dans l’aéraulique, Valérie Brunon est chargée de l’organisation d’une soirée clients à l’occasion d’une convention forces de ventes. « J’ai rencontré une agence d’événementiel parisienne et cela a été une révélation. » Dans le TGV du retour, sa décision est prise. L’heure de démarrer une nouvelle vie est venue. « Je suis partie sans aucun client en poche et sans le moindre réseau, mais je savais que c’était ça », affirme-t-elle avec conviction. L’univers de la communication, qu’elle investit en créant Lyon Underground Events le 1er avril 2011, lui permet non seulement d’assumer son ambition entre- « J’aime être dans la preneuriale, mais aussi de vivre l’entreprise co-construction plutôt que comme elle l’entend. « Je ne comprends pas le modèle pyramidal de nos entreprises, où dans un perpétuel rapport l’information circule mal et où les gens ont de forces » l’impression d’avoir un plafond de verre audessus de la tête. L’entrepreneuriat, c’est exactement l’inverse. Les possibilités sont illimitées et c’est ce que j’aime. J’essaie d’ailleurs de construire une relation ouverte avec Isabella, ma collaboratrice polonaise. Je ne veux pas qu’elle ressente de contrainte. C’est aussi pour cette raison que j’apprécie de travailler avec des free-lance. Avec eux comme avec mes clients, j’aime être dans la co-construction plutôt que dans un perpétuel rapport de forces », détaille-t-elle en souriant. Une idée de l’entreprise qu’elle s’efforce de partager. Avec d’autres femmes, tout d’abord, au sein de l’association Insolentes. Ce réseau de femmes chefs d’entreprise et cadres dirigeantes, qu’elle a créé il y a trois ans, rassemble aujourd’hui une quarantaine de femmes de la région lyonnaise. « Les difficultés que l’on rencontre viennent avant tout du regard que la société jette sur les femmes dirigeantes. Il y a une forme de culpabilisation que l’on ressent encore trop souvent. Nous sommes obligées d’adopter une posture beaucoup plus forte par rapport à certains hommes qui nous prennent de haut. C’est à ce niveau-là qu’il y a encore des progrès à faire », analyset-elle. Pour cela, Valérie Brunon et les « Insolentes » ont déterminé une autre cible : les collégiens et les collégiennes. « Pour leur faire découvrir nos métiers, mais aussi pour leur donner envie d’être heureux dans leur travail et leur envoyer ce message : tout est possible, tout est réalisable, quand on s’en donne les moyens. »
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Isabelle Chaillioux L’amour du risque Le parcours professionnel d’Isabelle Chaillioux, 52 ans, ressemble à un challenge permanent. Relever les défis que la vie vous lance, s’en imposer pour mieux apprendre de soi : elle a fait de ce genre de principes son quotidien. Une succession de prises de risque et un goût prononcé pour l’aventure, qui ont fini par l’amener à diriger Retail Global Solutions, une entreprise de services basée à Bron.
«
Mes collaborateurs et moi aimons dire que notre métier consiste à retirer le caillou dans la chaussure de nos clients. » Isabelle Chaillioux a cette faculté de dire les choses simplement. C’est d’ailleurs l’une de ses principales qualités. Mais c’est surtout celle qui fait sa force et lui donne autant de facilité à manager. Dire les choses avec simplicité et efficacité, ne jamais imposer de rapports de forces, c’est ainsi qu’elle fonctionne et conduit ses équipes. « Il y a tellement de moyens de faire avancer les choses. Encore faut-il les voir. Selon moi, il est essentiel de donner le droit à chacun de contribuer au succès d’une entreprise. » A 34 ans, après un début de carrière déjà fleurissant, Isabelle Chaillioux évoque l’envie d’aller « mettre le nez ailleurs. » Après avoir passé trois ans à animer un réseau de commerciaux chez Pouey International, elle se retrouve à la tête d’un parc d’agences de travail temporaire spécialisées chez Manpower. Elle y apprendra les rudiments du management transverse : « amener les agences géné- « Il est essentiel de donner ralistes à se tourner vers celles plus spécialisées. » le droit à chacun de Cette aventure humaine forte au sein d’un grand groupe aura duré dix ans. Elle s’en souvient avec contribuer au succès d’une plaisir. entreprise » Dans sa quête permanente d’opportunités à saisir, elle apprend que Manpower vient de racheter une entreprise américaine spécialisée dans le conseil en ressources humaines. Elle décroche alors un poste de directrice régionale chez Right Management. « J’ai découvert un métier un peu plus cosy, qui est celui de consultant RH. » Elle passe ainsi d’un univers très ouvert, tourné vers l’échange, à un monde d’experts plus recentré. Nouveau challenge en devenir. Ses nombreuses missions au sein de Right Management vont être couronnées de succès. Pourtant, Isabelle Chaillioux parle d’une « expérience difficile, nécessitant un profond changement des mentalités ». C’est en saluant chacun de ses collaborateurs, tous les matins, qu’elle va amener les uns et les autres à se rencontrer. « Aussi surprenant
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Demain
Lieu Paris
Personnalité Christian Cabrol, chirurgien cardiaque, connu pour avoir réalisé la première transplantation cardiaque en Europe en 1968. « J’ai toujours été impressionné par cet homme, et par l’humilité qui le caractérise. »
Ambition Toujours avoir un temps d’avance
Phrase
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« Tout le monde savait que c’était impossible à faire. Jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un qui ne le savait pas le fasse. » Winston Churchill
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RETAIL GLOBAL SOLUTIONS Retail Global Solutions a été fondée en 1991 pour répondre à la demande des réseaux de compagnies pétrolières qui cherchaient une solution pour la gestion et l’exploitation de points de vente en vacance (ou en manque) de gérants. La filiale Sodigest assure par la suite l’exploitation des boutiques alimentaires et unités de restauration. Vingt ans plus tard, l’équipe de direction change et, avec elle, de nouveaux métiers se développent : externalisation de la gestion, recrutement et formation des équipes et conseil marketing. La volonté de Retail Global Solutions est de proposer des solutions dédiées aux acteurs du secteur. Enseignes et grands groupes font aujourd’hui appel à l’entreprise pour le lancement, l’exploitation et le développement de leurs points de vente. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 45 M€ avec quatorze filiales. Le siège de Bron compte 25 collaborateurs, les filiales quelque 500.
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que cela puisse paraître, ça ne se faisait pas forcément avant mon arrivée. » Avec un geste simple, mais symbolique par son exemplarité, la dirigeante va réussir à réorganiser la structure, optimiser les ressources des consultants et développer une croissance harmonieuse entre ses collaborateurs. « Personne n’imaginait qu’il était possible de travailler autrement, n’empêche qu’en 18 mois, nous avons transformé la structure et fait de Right Management une entreprise rentable. » Les objectifs étant remplis, elle pense déjà à sa prochaine expérience. Elle quitte en « bons termes » Right Management pour se spécialiser dans la croissance externe. Elle découvre alors une « approche anglo-saxonne du management » et travaille pendant près d’un an aux côtés d’un Canadien. Mais il y a quand même certains risques qu’elle ne prend pas. Et lorsqu’on lui propose de retourner travailler à Paris, elle décline. « En déménageant pour Paris, je risquais de perdre mon conjoint. J’ai donc décidé de le garder (rires). » La capacité d’Isabelle Chaillioux à rebondir est constante. Elle enchaîne avec la direction réseau et marketing des magasins Grand Frais. Première vraie plongée dans l’univers du retail. Après avoir ouvert le centième magasin, nouveau réveil. Malgré le « L’envie d’ailleurs est toujours fort développement du réseau, l’en- présente, avec un besoin de vie d’ailleurs est toujours présente, avec un besoin de liberté supplé- liberté supplémentaire » mentaire cette fois. Plus curieuse qu’ambitieuse, Isabelle Chaillioux, lassée d’être salariée, se lance dans la quête du rachat d’une entreprise. « Pas dans une optique mercantile, mais plutôt pour le challenge. » Encore. « Et l’envie de se faire plaisir. » Toujours. Nous sommes en 2010. Retail Global Solutions lui apparaît comme une évidence. « Tout ce que j’avais fait dans ma vie allait me servir au sein de cette entreprise. » Deux ans plus tard, elle s’associe à Bruno Da Silva et Serge Jaligot pour reprendre ensemble la direction de Retail Global Solutions. Entièrement dévouée à son métier, devenu passion, Isabelle Chaillioux concède qu’il lui reste un dernier défi à relever : penser un peu plus souvent à elle.
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Delphine Coutard Coûte que coûte C’est sa passion pour l’entrepreneuriat, transmise par son père, qui a fini par faire de Delphine Coutard la chef d’entreprise qu’elle est aujourd’hui. Même s’il n’a pas toujours été évident de marcher dans les pas de son père, la dirigeante a montré une ténacité sans faille pour porter haut les couleurs de sa famille.
«
Je pense être quelqu’un d’assez cartésien, parce que très tôt j’ai voulu devenir expert-comptable. » D’emblée, on imagine Delphine Coutard comme une femme rationnelle et méthodique. Même si elle l’est forcément par certains côtés, puisque à la tête de 35 employés au sein d’Hôtel Megastore, Delphine Coutard laisse aussi beaucoup de place à l’intuition. Après une formation de Gestion des Entreprises et des Administrations à l’Institut Universitaire de Technologie de Lyon, la jeune étudiante qu’elle est à l’époque comprend qu’elle a besoin de plus. « Ces deux ans en finances et comptabilité, entourée de gens très organisés, m’ont laissée penser que je n’étais pas que ça. Je voulais m’ouvrir à d’autres choses. » Avec l’avenir pour horizon, Delphine Coutard intègre alors l’école supérieure de commerce de Clermont-Ferrand où elle enchaîne les stages à l’étranger. « C’est tout naturellement que je me suis orientée vers une carrière internationale, la possibilité de voyager en travaillant me fascinait. » Mais l’amour va en décider autrement. Delphine « C’est en voyant Coutard rencontre son futur mari, alors étudiant en droit social. « Le droit social étant très spéci- mes parents vendre fique à la France, les perspectives se sont quelque leurs produits par peu refermées. » Même si la jeune femme préfère correspondance que j’ai mettre son rêve d’expériences à l’étranger entre parenthèse, elle n’en perd pas pour autant son goût vraiment pris goût pour l’entreprise. Elle le tient d’ailleurs de son père, à l’entrepreneuriat » ancien représentant pour des sociétés de soyeux lyonnais en Europe du Nord. A l’époque, il voyage régulièrement. Passant souvent ses nuits à l’hôtel, il imagine un rideau de douche textile enduit pour les salles de bain des chambres qu’il occupe. Très vite, son prototype rencontre un franc succès. Après avoir étoffé sa gamme de produits, le père de Delphine Coutard fonde Aquatis en 1980. Elle ne le sait pas encore, mais le compte à rebours est lancé. « C’est en voyant mes parents vendre leurs produits par correspondance que j’ai vraiment pris goût à l’entrepreneuriat. Je me suis moi-même lancée dans une petite entre-
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Date Impossible d’en choisir une. Chaque jour peut être une belle journée avec un peu de sérendipité
Lieu Mon refuge à la montagne avec ceux que j’aime
Personnalité Un Lyonnais, l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry, et son sublime ouvrage Le petit prince
Ambition Je veux prendre soin de ceux qui me sont précieux, mes enfants, mon conjoint et mes amis ; continuer à bien répartir mon énergie affective entre mes vies familiale, professionnelle et personnelle ; me centrer plus sur le plaisir de l’instant présent que sur l’objectif
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« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », proverbe africain
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HÔTEL MEGASTORE
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Entreprise familiale créée en 1980 par le père de Delphine Coutard, Hôtel Megastore est spécialisée dans la distribution d’équipements, de fournitures, de cosmétiques et de consommables pour les professionnels de l’hôtellerie. Implantée à Anse, elle emploie 35 personnes et a réalisé 8,9 M€ de chiffre d’affaires en 2015. Avec plus de 10 000 références, Hôtel Megastore affirme être le fournisseur le plus complet sur le marché de l’hôtellerie. La force de l’entreprise repose sur son catalogue de 660 pages, repris sur internet, et qui génère 95 % du chiffre d’affaires.
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prise de vente de vins par correspondance. » Première véritable expérience en marketing direct, et à terme de la vente sur Internet. « Cette formation me sert encore beaucoup aujourd’hui. » Après cinq ans en tant que chef de produit chez un distributeur de livres, où Delphine Coutard va naviguer entre les catalogues de vidéos érotiques, de bandes dessinées ou encore de musique classique, elle tente une nouvelle aventure. Vers la fin des années 90, elle s’engage chez Eveil et Jeux (aujourd’hui Oxybul), start up qui commercialise des jeux éducatifs pour enfants. « En trois ans, nous sommes passés de 50 à 300 millions de francs de chiffre d’affaires. « Je suis passée d’un Ça a été une expérience exceptionnelle et euphorisante, qui m’a encore plus donnée confort de travail haut envie d’entreprendre. » Vivant alors à Pa- de gamme à une table et ris, Delphine Coutard décide de suivre son quelques tréteaux faisant mari à qui l’on propose un nouvel emploi à Lyon. Apprenant la nouvelle, le père invite office de bureau » sa fille à rejoindre l’équipe d’Aquatis, estimant qu’elle avait fait ses preuves. Les années 2000 marquent ainsi le début d’une nouvelle ère pour la jeune femme. Après son passage chez Eveil et Jeux, Delphine Coutard avoue qu’il a été difficile pour elle de trouver ses marques dans ses nouvelles fonctions. « Je suis passée d’un confort de travail haut de gamme à une table et quelques tréteaux faisant office de bureau. » Pendant plus de cinq ans, la dirigeante va se battre au quotidien pour relancer l’entreprise de son père, qui connaît alors bon nombre de difficultés. « Faire de la croissance et des opérations en allant constamment chercher des économies a été très compliqué pour moi. » Reste qu’elle en garde un bon souvenir, parce que combative et déterminée à porter très haut les couleurs de la famille. Des premiers recrutements de cadres, en passant par le développement de nouvelles gammes de mobiliers, Aquatis se transforme. Et finit même par changer de nom, Delphine Coutard s’exaspérant qu’on associe régulièrement l’entreprise à un fabricant de piscines. Aquatis devient Hôtel Megastore. En 2012, elle est sacrée femme chef d’entreprise Rhône-Alpes pour son travail. Récompense qu’elle évoque sans manquer de saluer le travail et la cohésion de son équipe. « En 15 ans, nous avons multiplié notre chiffre d’affaires par dix, et nous sommes à nouveau sur une tendance de forte croissance. La société n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était quand je suis arrivée. » Les clefs du succès de Delphine Coutard ? « Voir loin, révéler les synergies au sein d’une équipe, prendre ensemble chacune des décisions et toujours se fier à ses intuitions. » Toujours.
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Monika da cunha La bienveillante Ancienne égérie de la mode européenne des années 80 et 90, Monika da Cunha a vécu sous toutes les latitudes avant de poser ses valises du côté de Lyon pour mener, quelques années plus tard, cette autre aventure, plus entrepreneuriale. Un projet indissociable de son histoire personnelle, faite de voyages, d’amour et de rencontres.
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a blonde et longiligne silhouette s’impose dans l’hôtel, dont les murs sont ornés de dessins extraits d’un carnet de voyage. Le sien en l’occurrence. «Quand nous avons imaginé notre projet d’hôtel, c’est une thématique qui s’est tout de suite imposée, en écho à notre histoire, et qui se décline dans toutes les salles et chambres », souligne en préambule la co-fondatrice du Best Western Plus Hôtel & Spa de Chassieu. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, cette native de Neuburg, qui a passé son enfance à Augsburg (une toute petite ville située à 50 km de Munich en Allemagne), a toujours été attirée par l’ailleurs. « J’ai toujours eu le sentiment d’être en décalage par rapport à mes condisciples, je n’avais pas envie de cette vie conventionnelle qui se dessinait », explique l’ancien mannequin, repérée à Munich alors qu’elle est encore étudiante en BTS comptabilité en alternance – un modèle très courant en Allemagne. « J’ai toujours été attirée par les chiffres, c’était facile », sourit la co-gérante, justement en charge de la gestion pour le complexe hôtelier. Des chiffres, elle « J’ai toujours eu le sentiment passe aux podiums des grandes maisons de prêt-àporter, défilant pour Pierre Cardin à Vienne, Cer- d’être en décalage par ruti à Milan et devient l’égérie, pendant quelques rapport à mes condisciples » années, de Bogner, une marque allemande « casual-chic » haut de gamme. De saisons en défilés, la jeune femme multiplie les voyages, jusqu’à ce mois de juillet 1987 où elle atterrit en Sardaigne, au Club Med, où travaille son futur époux. «Au détour du chemin, m’attendait le coup de foudre », se souvientelle, encore émue. Dès lors, elle continuera à voyager, mais en couple, puis en famille. Agadir, Tignes, Marbella, Opio, la famille suit le chef du village au gré de ses affectations jusqu’à atterrir au Brésil. Si elle aime beaucoup la France, qu’elle a découverte pour la première fois à plus de 25 ans lors d’un premier séjour mémorable où «elle a goûté tous les vins et les fromages du marché près duquel elle habitait», indique-t-elle avec malice, elle a un véritable coup de cœur pour le Brésil, où le couple compte encore beaucoup d’amis – dont le peintre qui a réalisé les crayonnages accrochés dans l’hôtel,
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Date 17 juillet 1987, le point de départ de notre histoire d’amour, de famille qui donnera plus tard ce projet entrepreneurial
Lieu Cotignac dans le Var, un endroit, très ressourçant
Personnalité Le Curé d’Ars, un homme simple et humble, qui a voué sa vie à l’écoute et au réconfort des autres
Ambition Faire du bien autour de moi
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« Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité », Antoine de Saint-Exupéry, un résumé de mon état d’esprit et de ma vie au quotidien
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BEST WESTERN PLUS HÔTEL & SPA DE CHASSIEU Co-fondatrice en 2011 avec son époux Juvenal da Cunha du Best Western Plus Hôtel & Spa de Chassieu avec lequel Monika da Cunha est actionnaire à 50 % de la SARL JMDC, elle est tout particulièrement en charge de la gestion comptable. Le complexe hôtelier (4 étoiles), proche du centre d’exposition et des congrès Eurexpo Lyon, dont il bénéficie de l’activité (clientèle d’affaires la semaine, loisir et bien-être le week-end), comprend une brasserie d’une capacité de 280 couverts, un hôtel de 84 chambres et sept salles de séminaires. En 2013, le couple renforce l’attractivité de son établissement en ouvrant, au sous-sol, un Spa Carita de 600 m2, élu en 2016 deuxième meilleur spa hôtelier de France par le label Spa de France. Il est équipé de quatre cabines de soins dont une duo pour les massages à deux, bains à remous, piscine, jacuzzi, sauna et hammam. L’ensemble du complexe a réalisé un chiffre d’affaires de 3,2 M€ en 2015 et emploie 55 salariés. Il s’enrichira prochainement d’un salon lounge Havana Club et devrait entreprendre des travaux d’embellissement de son espace brasserie.
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comme un clin d’œil à cette période. Mais l’expatriation doit prendre fin, et la famille (elle compte trois garçons, une quatrième fille naîtra quelques années plus tard) se retrouve à Clermont-Ferrand, « la ville où mon mari a grandi », puis Lyon. « Nous sommes très heureux ici, nous avons été bien accueillis et j’y compte beaucoup d’amis », précise-t-elle. Une composante importante pour celle qui trouve toujours le temps pour prêter son oreille attentive aux autres. « J’ai la faculté pour écouter et savoir dénouer les problèmes », estime-t-elle. Attentive aux signes et aux rencontres, sensible aux questions spirituelles, elle gouverne par intuition et par « C’est important que tout confiance en la vie. « Lorsque mon mari a le monde se sente bien au quitté le Club Med, l’idée s’est progressive- travail » ment imposée de reprendre un hôtel. Mais il ne voulait pas que ce soit sans moi », détaille-t-elle. Le couple engage toutes ses économies, choisit de relancer cet hôtel fermé depuis quelques années en s’appuyant sur la brasserie attenante. « Au départ, j’apprends : je prends les commandes, j’accueille les clients, je me familiarise avec la restauration. Pendant toutes ces années, je ne travaillais pas au Club, je faisais des relations publiques pour mon mari, mais indépendamment de l’entreprise », détaille-t-elle. Rapidement, le lieu devient incontournable et l’activité soutenue, passant, en cinq ans, de 12 à 55 salariés. « Même si je ne recrute pas directement, je veille à l’état d’esprit général du site. C’est important que tout le monde se sente bien au travail, ce qui fait que nous avons très peu de turnover », indique-t-elle. Convaincue par la vie, portée par la spiritualité, la sportive – elle envisage de se mettre au golf très bientôt ! - trouve encore du temps pour s’engager bénévolement. « Cela fait partie de mes valeurs, sans cela mon socle ne serait pas solide », affirme-t-elle.
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Ilham El Youssefi L’autodidacte Ancienne gendarme, Ilham El Youssefi a fait de sa première vie un atout pour construire la seconde. S’appuyant sur un savoir-faire incontestable, cette spécialiste de la sécurité, à l’allure discrète, ne s’impose aucune limite.
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a silhouette semble fine, mais ses yeux de jais, sous ses longs cheveux noirs, trahissent sa détermination. Ilham El Youssefi ne s’en laisse pas conter. Originaire du sud de la France – son accent chantant introduit ses origines bien avant qu’elle ne les évoque -, a toujours eu une idée de ce qu’elle serait plus tard. « Adolescente, je rêvais d’être ma propre « patronne », lance-t-elle, amusée. Je refusais la routine et j’avais envie de bouger ». Après son bac, elle s’interroge, ne sachant pas quelle voie choisir. À la lecture d’une publicité éditée par la gendarmerie, c’est le déclic. « Je ne me souviens plus de l’image exacte, mais il m’a semblé qu’elle m’était adressée. C’était moi. J’ai passé le concours, je l’ai réussi, je me suis engagée. C’est aussi simple que ça. Et puis, il y avait peut-être le prestige de l’uniforme…», poursuit-elle avec humour. Pour la première fois, elle quitte sa famille et ses deux frères, basés en Avignon, pour les bancs de l’école de la gendarmerie à Montluçon, puis elle rejoint Nice pour sa première affectation. « À 23 ans, j’ai été intégrée au peloton d’intervention attaché à l’aéroport, j’y ai passé deux très belles années », indique « Adolescente, je rêvais la militaire, ensuite détachée à Marseille, Mâcon et La Verpillière, son dernier poste. « J’ai passé dix d’être ma propre années formidables sur le terrain », résume-t-elle. patronne » Mais à l’orée de cette première décennie, elle réfléchit. «Être gendarme reste un métier dangereux. S’engager fait partie du risque. Mais nous étions marqués, à cette époque, par un braquage à Paris qui avait très mal tourné pour nos collègues. Je voyais alors les choses différemment. Sans compter que si je partais à ce moment-là, je pouvais bénéficier d’une prime spéciale, c’était le meilleur moment pour moi », estime-t-elle. « Quand on crée une entreprise, autant le faire sur la base de ce que l’on aime faire, de ce que l’on connaît le mieux. Pour moi, c’est la sécurité, je me sens très à l’aise dans ce secteur ». Elle se lance avec son associé - son compagnon, également ancien gendarme - « sans trop attendre et sans véritable formation. Au départ, j’étais seule, mon associé ne m’a définitivement rejoint qu’une fois que nous étions sûrs de notre
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Date 10 Janvier 2011, la création de l’entreprise. Un vrai tournant, le début d’une autre vie
Lieu Nice et son aéroport, là où j’ai débuté ma carrière de gendarme
Personnalité Simone Veil, la force tranquille. J’admire son courage et sa discrétion au regard de son combat
Ambition Développer mon entreprise jusqu’à pouvoir la léguer à mes futurs enfants
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Le proverbe « Le mérite appartient à celui qui commence, même si le suivant fait mieux»
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ELY SÉCURITÉ L’entreprise basée à BourgoinJallieu, dans l’Isère, emploie 20 salariés équivalent temps plein et a réalisé 460 000 € de chiffres d’affaires en 2015. Elle intervient, depuis 2011, sur l’ensemble de la région RhôneAlpes sur le marché de la sécurité et du gardiennage privé (en complément des forces de sécurité), une activité générale en hausse depuis les attentats de janvier 2015 à Paris, avec un pic après chaque événement national ou régional. Elle assure tous types de prestations : gardiennage physique, surveillance, intervention sous alarme, rondes, agents cynophiles et hôtes et hôtesses d’accueil. Ely Sécurité travaille dans le secteur du commerce (formation d’équipes, PC de sécurité, filtrage), dans l’industrie et le secteur tertiaire (rotation intervention, ouverture, fermeture, filtrage, gardiennage) et dans l’événementiel (filtrage, contrôle d’accès, ronde, sécurité parking). L’ensemble des salariés est recruté avec les qualifications requises (AQSP, CQP et SSIAP 1 et 2 pour les agents de sécurité incendie).
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viabilité. J’ai tout appris sur le tas, grandi peu à peu, uniquement grâce à mon ancienne expérience », explique-t-elle. Ce qui se traduit par « rigueur, discipline, ponctualité et une excellente tenue. Nos clients n’en attendent pas moins d’une entreprise dirigée par deux anciens gendarmes », sourit-elle. Néanmoins, elle a appris à s’adapter. « Quand on est militaire, on le devient vite toute entière, même en dehors de son service. Ce qui nous paraît évident, comme une seconde peau, ne l’est pas forcément pour des salariés qui n’ont pas été formatés de la sorte ou n’ont pas été élevés avec des valeurs fortes, comme « C’est un devoir de la probité et l’honnêteté morale. J’ai dû s’engager en tant parfois m’assouplir dans mes rapports aux autres, mais je n’ai jamais lâché pour obte- que chef d’entreprise » nir un niveau d’exigence élevé. C’est ce qui fait notre différence et est salué par nos clients », indique la trentenaire. D’appels d’offres en contrats, Ely Sécurité s’étoffe, multipliant régulièrement son nombre de salariés. Aujourd’hui, la dirigeante s’implique davantage dans les réseaux d’entrepreneurs. Adhérente du réseau Femmes chefs d’entreprises (FCE) de l’Isère depuis 2014, elle est aussi militante au Medef départemental. « J’ai pris conscience de l’importance de ne pas rester isolée. On peut y partager ses soucis, y trouver des conseils et surtout beaucoup de soutien. C’est un devoir de s’engager en tant que chef d’entreprise », souligne l’autodidacte. Femme de défi, toujours prête à relever de nouveaux challenges, « je n’hésite pas à essayer, particulièrement quand c’est ma première tentative, je n’ai rien à perdre », elle n’a, depuis quatre ans, pas eu beaucoup de temps pour des activités annexes. « Être chef d’entreprise, c’est un sacerdoce, qui demande beaucoup de sacrifice au départ. Il nous est difficile de décrocher, encore plus quand on travaille en couple », concède-telle. À 38 ans, Ilham El Youssefi cultive la discrétion. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher de solides ambitions.
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Frédérique Fossa-Graffin Pilote tous azimuts Première femme à avoir créé une école de pilotage d’hélicoptère en France, Frédérique Fossa-Graffin maintient le cap. Dans un univers très masculin, où les égo s’entrechoquent parfois, la pétillante quadragénaire ne s’en laisse pas compter. Et affiche clairement son ambition : propulser son école parmi les meilleures.
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heveux courts, regard malicieux, robe fluide, teint hâlé que l’on devine être le fruit de longues heures passées dehors, dans les montagnes qui encerclent l’Aérodrome de Grenoble le Versoud, Frédérique Fossa-Graffin évolue à son aise dans ce décor féérique, au cœur du Grésivaudan. Au rythme des départs et des arrivées des hélicoptères et autres petits avions, la fondatrice de la compagnie d’hélicoptères Helisair se dit, enfin, professionnellement épanouie. Issue d’une famille d’entrepreneurs – son père était à la tête d’une entreprise de BTP de la région -, la jeune femme a pris son temps pour créer sa propre entité. « Je n’avais pas forcément envie de reprendre le flambeau. Je voulais plutôt monter un projet de toute pièce. Mais la question ne s’est pas réellement posée. Ce n’est pas vraiment dans le schéma familial de confier les rênes de l’entreprise à une femme », s’amuse la titulaire d’une licence en Economie appliquée et d’un DESS Audit interne. Pendant quelques années, la jeune femme s’exerce au salariat, chez France Telecom. « C’était une « Ce n’est pas vraiment belle entreprise, mais définitivement trop grande dans le shéma familial pour moi, je n’étais pas assez à l’aise », tranche la mère de trois enfants, qui quittera l’opérateur de confier les rênes de pour se consacrer à leur éducation à plein temps. l’entreprise à une femme « Dans ma tête, c’était un tiraillement perpétuel, incompatible avec un épanouissement professionnel. J’ai estimé que je leur devais ce temps-là », affirme-t-elle encore, sans regrets. Loin de rester inactive, elle prépare déjà son retour dans la vie professionnelle. Voisine de l’école de design parisienne Boulle - la famille vit alors à Paris -, elle est acceptée pour suivre une formation en décoration d’intérieur. « C’était très créatif, avec des cours de dessin, d’histoire de l’art. Une grande période de plaisir et d’apprentissage », souligne-t-elle. Ainsi diplômée, un peu plus disponible, elle se lance dans la décoration et la maîtrise d’œuvre. A Paris, puis poursuit son développement à son retour à Grenoble, près de sa famille et notamment de son père, avec qui elle partage sa passion du pilotage.
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Date 26 octobre 2003, 18h30. Mon premier vol en avion, seule aux commandes. J’ai encore en tête les premières sensations, entre fierté et émotion
Lieu Les montagnes, la Suisse et le plateau du Vercors en particulier
Personnalité Winston Churchill, un modèle atypique. Homme d’état mais aussi peintre remarquable aux valeurs fortes, marqué par le courage et le sens du collectif
Ambition Quelle que soit mon activité à venir, garder le goût du travail bien fait
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Oser croire en ses rêves
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HELISAIR Fondée le 27 mars 2012, la compagnie a commencé l’exploitation de son premier hélicoptère le 6 juin 2013. Détenue à 75 % par Frédérique FossaGraffin et le reste par Giacomo Grassin, la SAS Helisair est basée sur l’Aérodrome de Grenoble le Versoud, dans l’Isère, première plateforme française de trafic non commercial avec 860 000 mouvements par an. Helisair opère sur le marché du transport aérien de passagers. Elle assure des prestations variées : école de pilotage France et Suisse (25 élèves en 2016), transports de passagers, vols panoramiques, baptêmes, prises de vue et surveillance aérienne représentant 625 heures de vol en 2015. Affilié à la Fédération Française de giraviation, Helisair dispose d’une flotte de deux hélicoptères (Cabri G2, RH 44 Raven II) et vient d’obtenir, début 2016, l’agrément ATO, qui lui permet de former des pilotes professionnels. En 2015, Helisair a réalisé 330 000 € de chiffre d’affaires et emploie 6,2 équivalents temps plein.
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« Je me souviens encore précisément du jour où j’ai pris les commandes de l’avion, seule, à côté de l’instructeur. La lumière, la vitesse, les sensations sont encore fraîches, plus de dix ans plus tard », s’enflamme-t-elle, regrettant de ne plus avoir le temps de voler depuis qu’elle s’est lancée dans l’aventure Helisair. Une idée venue au détour d’une conversation avec son père et quelques amis concernés par l’aérien. « Il n’y avait pas de compagnie d’hélicoptère sur cet aéroport. « Pas besoin d’être pilote Mais surtout, il n’y avait personne pour d’hélicoptère, il suffit, comme transporter des passagers depuis cette tout bon manager, de rester plateforme historique de départ d’avions de haute montagne. C’était un vrai besoin vigilant dans les rapports pour le secteur. Au moment de se deman- humains » der qui allait bien pouvoir diriger l’affaire, j’ai presque levé le doigt pour me proposer, lance-t-elle, riant encore de son audace. Et puis c’était le bon moment. Je faisais beaucoup d’heures de maîtrise d’ouvrage pour peu de résultats au final. Et j’avais envie de retravailler en équipe ». Ainsi, « l’économiste, architecte d’intérieur, maître d’œuvre, pilote amatrice » se lance dans l’entrepreneuriat, reprenant le fil de la culture familiale. Elle monte « son » groupe, apprend la réglementation, « la même qui s’applique à Air France », veille, en bon chef d’orchestre, au respect des règles et de la sécurité. « Pas besoin d’être pilote d’hélicoptère, il suffit, comme tout bon manager de rester vigilant dans les rapports humains. Il faut savoir repérer les failles, écouter les commentaires des passagers, dialoguer avec les pilotes et ne pas hésiter à intervenir et à trancher : ce sont parfois de fortes têtes », explique la dirigeante, tout aussi obtus si nécessaire. Car non contente et fière d’être la première femme à avoir fondé une compagnie d’hélicoptère, elle entend bien hisser son école parmi les toutes premières. « C’est essentiel d’avoir pu trouver du sens à une activité professionnelle. J’ai l’impression de faire quelque chose de positif et je tiens à bien le faire », commente cette passionnée de montagne. Energique, combative, obstinée, autant de qualités qui lui ont permis de positionner Helisair, en quelques années, comme référent dans la région.
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Stéphanie Marquez-Boucetla Business woman A 40 ans, elle décide de lâcher une situation professionnelle confortable pour créer un concept inédit de chambres d’hôtel et de suites ultra connectées et en complète autonomie. Stéphanie MarquezBoucetla fonce dans cette nouvelle aventure comme dans la vie.
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iplômée de l’école de commerce de Tours, Stéphanie Marquez-Boucetla travaille pendant plus de dix ans au sein du groupe Danone, puis s’associe avec son époux dans une société de gestion de patrimoine et rejoint finalement une grande compagnie d’assurances. Un parcours professionnel ambitieux qui pourrait la combler pleinement et lui donner envie de poursuivre cette belle ascension. Mais ce serait mal la connaître ! Car la jeune femme sent poindre au fond d’elle un désir de créer une entreprise sur un concept qui n’existe pas encore. L’idée germe lors de ses vacances d’été, en 2012, où elles évoquent, avec une amie, Nathalie Grynbaum, leur ras-le-bol des hôtels classiques et sans charme, tristes et impersonnels, à l’accueil froid et chronophage, qui hantent leurs déplacements professionnels. « On rêvait d’une chambre d’hôtel loin de l’uniformisation actuelle, qui évite l’attente pour récupérer la clé, qui propose un instant de bien-être et de détente et qui offre des prestations modernes. Un vrai cocon pour se sentir comme à la maison ! » Le projet mûrit rapidement, car Stéphanie Marquez-Boucetla est une femme d’action. Pourtant, « J’ai fait ma crise de la dans son entourage, on ne croit guère à son idée. quarantaine en créant Mais qu’importe, elle trace sa route avec déterma boîte » mination. Et avec une grosse part d’inconscience qu’elle reconnaît avec un certain recul. Sans rien regretter. « Pour quitter un job où l’on gagne bien sa vie, il faut être folle ! J’ai fait ma crise de la quarantaine en créant ma boîte ! Ce projet s’est imposé à moi, c’était le moment ou jamais. Si on ne se lançait pas, d’autres l’auraient fait à notre place et nous auraient piqué l’idée. Il faut savoir s’écouter et prendre des risques. Rien n’arrive par hasard… » Elle change de rythme, oublie la routine du quotidien et lance le concept Mi Hôtel en s’associant avec Nathalie Grynbaum. Elle s’appuie sur ses atouts professionnels avec la rigueur et le savoir-faire qu’elle a acquis au sein de l’entreprise Danone. « C’est une vraie école qui apporte des structures fondamentales. Cela m’a beaucoup enrichie. »
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
Chaque jour est une date importante de nos vies
Lieu Lyon parce que c’est une ville à taille humaine et de plus en plus internationale. Sans oublier, évidemment, ses restaurants
Personnalité Mon associée, Nathalie Grynbaum, sans qui je n’aurais pas développé un tel concept
Ambition Réussir le développement de Mi Hôtel et continuer à adorer ça !
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« Le succès n’est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez. » Albert Schweitzer
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MI HÔTEL La jeune entreprise de quatre personnes possède sept chambres et suites situées à proximité de la place Bellecour dans des immeubles historiques typiquement lyonnais au décor authentique, original et soigné réalisé par des architectes et des créateurs lyonnais. Parmi les services offerts, elle propose des petits déjeuners et des collations dans les chambres, la connexion wi-fi gratuite, la télévision connectée, la projection sur mur. Les réservations se font par internet. Les hébergements sont accessibles avec un code d’ouverture de porte et un plan d’accès sur smartphone ou PC. Mi Hôtel propose sept suites de 30 à 65 m2 au prix de 120 à 300 € la nuit. L’entreprise, qui a réalisé 300 000 € de chiffre d’affaires en 2015, a reçu le Trophée de l’innovation de l’Echo touristique.
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Stéphanie Marquez-Boucetla recherche alors des biens immobiliers qui jouissent d’une situation géographique privilégiée et qui possèdent un charme particulier. Elle fouille le marché lyonnais et finit par dénicher la perle rare, rue Sala, en plein centre-ville. Les deux premières suites sont aménagées et ouvrent le bal. Garder l’authenticité du lieu est l’objectif principal de la nouvelle propriétaire. Elle laisse ensuite libre cours à son esprit créatif et à son imagination pour concevoir la ligne artistique des futures suites hôtelières. Puis elle s’entoure d’architectes et de designers et affiche une volonté de travailler avec des artisans de la région. « Mi Hôtel est un produit de luxe. Je choisis La recherche de la des entreprises de proximité qui affichent perfection et le souci du un réel savoir-faire et sont sensibles aux nomoindre détail sont les tions d’écologie. Le ménage est notamment réalisé avec des produits naturels qui res- préoccupations constantes pectent l’environnement. » La recherche de de la dirigeante la perfection et le souci du moindre détail sont les préoccupations constantes de la dirigeante qui poursuit ses investigations et élargit son offre. La clientèle adhère à ce concept innovant, qui a permis à ses deux créatrices de déposer un brevet. Aujourd’hui, sept suites sont réparties à proximité de la place Bellecour. Derrière leurs portes qui s’ouvrent grâce à un code d’accès, se cache un véritable écrin de douceur et d’élégance dans une atmosphère à la fois feutrée et connectée. Stéphanie Marquez-Boucetla laisse son empreinte dans chaque chambre pour que les clients ressentent cette sensation de bien-être unique. Sollicitée dès le départ par les professionnels de l’hôtellerie, elle a gagné très vite son pari. Elle avoue d’ailleurs sa surprise au regard de l’intérêt suscité. « Je suis fière de notre petite idée à la con ! » Elle sait néanmoins que rien n’est jamais acquis et qu’il faut toujours aller de l’avant pour pérenniser un produit. Elle envisage un développement sur la France et sur l’Europe en maillant le territoire avec des formats en licence. Ambition et passion guident ainsi Stéphanie Marquez-Boucetla chaque jour dans ses diverses fonctions de gestion, marketing, commercial, vérification et parfois ménage. « Ma plus grande réussite, c’est d’être contente le dimanche soir parce que je retourne bosser le lendemain ! »
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Crédit photo : Asylum / Conception-création :
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Laetitia Nourissat gourd La porteuse de projets Laetitia Nourissat Gourd entend révolutionner la façon dont les entreprises consomment l’information pour la rendre source d’opportunités commerciales. Déterminée à convaincre, c’est dans l’aboutissement de son projet que cette mère de quatre enfants puise son équilibre.
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’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Laetitia Nourissat Gourd a toujours aimé monter des projets. « A 18 ans, avec un petit groupe, nous avions organisé un gala de charité dans les salons de l’Hôtel de Ville de Lyon, en partenariat avec Handicap International. C’était ludique, mais cela m’avait beaucoup plu », se souvientelle. Dès lors, ce sera son fil conducteur. Après l’Idrac et un DESS dans la mode, la jeune diplômée, originaire de Dijon, mais à Lyon depuis sa tendre enfance, travaille dans le luxe, notamment comme chef de projet chez Elena Rubinstein, une marque du Groupe L’Oréal, à Paris. De retour à Lyon, elle découvre l’univers de l’information en travaillant chez Flash Info, une base de données d’actualité pour les entreprises. De fil en aiguille, s’impose un nouveau modèle, plus approfondi. Elle choisit de se lancer, seule, « une véritable mise en abîme », après la naissance de son quatrième enfant – son der- « J’ai toujours travaillé à nier, même elle souhaiterait « en avoir six ». Ce plein temps, les enfants n’est pas tant la maternité qui la questionne, mais plutôt de continuer à contribuer aux revenus du ne sont pas un problème, foyer. « J’ai toujours travaillé à plein temps, les en- c’est une question fants ne sont pas un problème, c’est une question d’organisation » d’organisation, même s’il a fallu pas mal jongler au départ. Mais j’ai désormais l’avantage d’être mon propre patron, ce qui est plus facile pour gérer ses priorités. Au final, je n’aurai pas été une bonne mère si j’étais restée à la maison, j’ai besoin de travailler, cela fait partie de mon équilibre », analyse-t-elle. Ainsi naît Decidento, sur la base des besoins des chefs d’entreprise. « Je ne leur vends pas un journal, mais un projet d’affaires, en effectuant une sélection très poussée de ce qui les intéresse », précise-t-elle. En octobre 2013, la fondatrice éprouve la nécessité de s’associer, même si elle est suivie par le Réseau
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2013, une double naissance : celle de mon dernier fils et de l’entreprise
Lieu La Provence, en particulier, l’arrière-pays varois
Personnalité Voltaire, un penseur qui a eu le courage, à une époque où ce n’était pas courant, de s’engager par ses écrits et ses prises de position
Ambition Faire grandir ceux qui sont autour de moi : mes enfants, mes collaborateurs, mes projets
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Oser se lancer, même si ce n’est pas parfait
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DECIDENTO
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Basée à Lyon (siège social et service commercial) et à Bordeaux (production des contenus), Decidento (8 salariés, 400 000 € de chiffre d’affaires en 2015, co-gérantes : Laetitia Nourissat Gourd et Fabienne Pesme) opère sur le marché de l’information stratégique et de la veille économique pour les professionnels et les entreprises. Chaque jour, Decidento réalise un journal d’actualité, sur-mesure, capable d’être personnalisé selon chacun des lecteurs de l’entreprise. Il est composé d’informations stratégiques nécessaires à la détection de nouvelles opportunités d’affaires et cruciales pour son secteur. Pour se faire, Decidento se base sur près de 10 000 sources variées, qu’elle complète avec des informations sur les entreprises. La start-up délivre, en moyenne, 150 actualités par jour (26 thématiques, France entière) via des brèves de 80 à 150 mots. Elle compte 500 clients (grands comptes), abonnés à ses services qui affichent 98 % de taux de satisfaction. Elle devrait prochainement s’attaquer à l’international, grâce à la nouvelle version de sa plateforme web.
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Entreprendre Rhône, « un accompagnement au rapport humain très sain, apporteur de bons conseils ». Elle saisit une opportunité et se rapproche de Zoomactu, une société bordelaise, spécialisée, notamment, dans la base de données. « Les réflexions, les prises de décision sont désormais collégiales. C’est plus sécurisant pour moi, mais aussi très bénéfique pour notre structure d’être deux, indique la dirigeante. Désormais, tout marche beaucoup plus vite ». Ensemble, elles font évoluer la structure, perfectionnent leurs offres, peaufinent leurs modèles et leurs prix. « Depuis le départ, nous les avons multipliés par quatre, ils correspondent à notre valeur ajoutée. Souvent, les femmes « Souvent, les femmes n’osent pas vendre leurs produits au juste n’osent pas vendre leurs prix ; c’est une erreur de se dévaloriser », produits au juste prix ; exhorte celle qui n’hésite pas à aller témoigner de son expérience. « Je rappelle sou- c’est une erreur de se vent que nous étions également quatre à dévaloriser » la maison et que j’ai toujours vu ma mère, propriétaire d’une enseigne de prêt-à-porter, travailler. Elle reste mon modèle de chef d’entreprise », confie-t-elle. Engagée pour défendre l’entrepreneuriat, en particulier féminin, elle milite également pour l’évolution du système scolaire dans notre société. « Avec de la volonté, tout peut bouger, chacun peut poser sa pierre à l’édifice ». Le temps restant, elle le consacre aux enfants, passant allègrement de la peinture à l’huile au jonglage, du fusain à la couture. « Je suis très portée sur les travaux manuels. Quand j’avais du temps, je faisais aussi de la peinture. Mais c’est un art exigeant, qui nécessite d’avoir au moins trois à quatre heures devant soi. Il y a un temps pour tout, la peinture attendra son tour », affirme-t-elle, sans le moindre regret dans la voix. À 36 ans, Laetitia Nourissat Gourd estime n’être qu’au début de l’aventure et de son apprentissage. Avec son associée, elle lorgne hors des frontières, « mais on prendra notre temps », tempère-t-elle, espérant optimiser cette alliance de l’humain et de l’outil numérique. Sans oublier un – autre – projet, celui qui l’a définitivement convaincue de se lancer. « A l’origine, je voulais monter, toujours sur le principe du sur-mesure, un journal d’actualité pour enfants, en fonction de leur âge et de leurs centres d’intérêt. Mais rien ne dit que je ne le ferais pas un jour, il faut croire en la providence. »
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Valérie Pâquet Le bonheur de vivre Dans son fief du Beaujolais, Valérie Pâquet dirige une entreprise de nettoyage avec sincérité et sobriété. Et un grand tonus pour réussir à s’imposer.
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C’est difficile de porter l’étiquette « Fille de patron ». On doit toujours se justifier, prouver ses compétences. Une entreprise familiale, c’est aussi un fardeau, la pression est permanente », avoue Valérie Pâquet qui a fait ses premiers pas dans l’entreprise créée par sa mère, pour remplacer une secrétaire, pour quelque temps seulement. Une durée qui s’éternisera puisqu’après quinze années de collaboration, elle se retrouvera seule aux commandes de la société CRMN qu’elle finira par racheter à sa mère en juin 2016. Parce qu’au-delà des obstacles qu’elle surmonte avec pugnacité et avec une éternelle soif de vivre, elle s’épanouit dans le secteur du nettoyage industriel. « Je vends du bien-être pour les collaborateurs ! » Femme de terrain, elle est en alerte permanente sur tous les chantiers, affichant une grande réactivité. « Je suis à l’affût de tout ce qui se passe. C’est ce qui fait notre force. Mais c’est aussi mon grand défaut, je n’ai jamais pu recruter un commercial ! » Elle connaît tous ses clients. « J’ai la chance de pouvoir les choisir. » Et bien sûr, elle connaît aussi très bien tous ses collaborateurs, dont 80 % sont des femmes, employées souvent à temps partiel. « C’est bien d’être une femme pour comprendre que l’on a deux vies à mener de front. » Elle respecte la vie de chaque salarié, cherche à valoriser la profession « Je veux que les gens de ses agents d’entretien et fait preuve d’empa- osent, qu’ils soient fiers thie. Le confort de vie et la sérénité des personnes de leur métier, de ce qu’ils sont au centre de ses priorités. « Il faut avoir du plaisir à venir travailler, être là où on a envie et font » aux horaires qui conviennent. » On comprendra facilement que le turn-over soit presque inexistant au sein de CRMN et que certains employés affichent plus de 30 ans d’ancienneté. Chaque année, une fête de Noël est dédiée aux salariés qui reçoivent tous un cadeau personnalisé. Et pour les 35 ans de la société, ils ont été invités avec leurs conjoints à une soirée sur le bateau Hermès. Un grand moment dans l’histoire de l’entreprise. Valérie Pâquet veut faire briller les regards de son équipe. « Je veux que les gens osent, qu’ils soient fiers de leur métier, de ce qu’ils font. » Elle accorde ainsi une valeur inestimable à la reconnaissance et à la formation. Chaque nouveau salarié est formé en interne et bénéficie d’une évolution de carrière. Le bonheur de vivre avant tout ! Un vrai désir, un sentiment inné, qui la font avancer chaque jour et qui lui ont permis
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4 mai 1996, la naissance de mon fils Valère
Lieu Le Beaujolais
Personnalité Personne !
Ambition Etre moi !
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« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. » Albert Einstein
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CRMN Créée en 1980, l’entreprise Compagnie Rhône Maintenance et Nettoyage est une SAS dont le siège social se situe à Belleville-sur-Saône. Elle dispose d’une agence à Dardilly. CRMN propose quatre offres pour ses solutions de maintenance et de nettoyage : l’entretien contractuel (espaces de travail et mise en place du tri sélectif), les travaux spécialisés (lavage et nettoyage de grandes surfaces, façades, vitres et véhicules, intervention après sinistre), les services plus (préparation de salles avant réunions, fourniture de plantes vertes, mise à disposition de machines à café et fontaines à eau) et le facility management (distribution de courriers interentreprises, réorganisation des espaces de bureaux, maintenance en plomberie, électricité et travaux de peinture). Ses clients sont regroupés dans les secteurs de l’industrie et des services et se répartissent sur un secteur géographique qui s’étend entre Bourg-en-Bresse, l’Isle-d’Abeau, Vienne et SaintEtienne. CRMN compte 220 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 M€ en 2015. La dirigeante projette de racheter une structure équivalente et de développer un service de conciergerie sur mesure.
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de surmonter la maladie lorsqu’à 38 ans, elle apprend qu’elle a un cancer du sein. « C’est dur de prendre une telle nouvelle en pleine face. » Son fils a tout juste 10 ans, il est trop jeune pour le savoir. Alors elle choisit de se battre. Pour lui. Pour eux. Pour l’entreprise. Elle ne se pose pas de questions, parce qu’elle aime la vie. Elle affronte ce féroce défi avec une force incommensurable. Pas de pause dans sa vie active. Une opération et un traitement qu’elle assume en toute discrétion, sans changer sa façon d’être, en poursuivant sa route sans jamais relâcher, pendant cinq ans. « J’étais crevée, mais je continuais. Je « Il faut savoir prendre les ne pouvais pas m’arrêter. J’aime me battre. Il en faut beaucoup pour me ramasser. » bons moments, profiter des Et elle s’impose dans ce combat qui lui a plaisirs de la vie, être en donné une autre vision de la vie et qu’elle accord avec soi-même » continue de mener en participant à la campagne Octobre rose. Elle n’a pas besoin de se mettre en avant, de s’affirmer. Elle préfère donner aux autres, avec beaucoup de générosité et d’humilité. « Est-ce un défaut de passer après les autres ? », se demande Valérie Pâquet, qui donne la préférence à son fils, Valère. Avec lui, ce sont des moments sacrés de complicité totale. « C’est ma plus belle réussite. Il est bien dans sa tête. » Derrière son caractère réservé et pondéré, Valérie Pâquet est boute-en-train. « Il faut savoir prendre les bons moments, profiter des plaisirs de la vie, être en accord avec soi-même et ne pas faire les choses contre nature. » Pas d’ambition démesurée, mais toujours des projets en tête, comme celui de diversifier son activité en créant un service de conciergerie pour les entreprises. « Pour faciliter la vie des gens, les soulager. » Dans sa vieille maison en pierres, au milieu des vignes du Beaujolais, en compagnie de ses chiens, elle se délecte d’une solitude qui lui permet de déconnecter. « C’est mon défouloir. J’adore le silence. Je bois mon café dehors, je me sens bien. »
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Claire Romanet Dénicheuse de talents Éclectique, combative, définitivement avant-gardiste, Claire Romanet a l’art de découvrir des personnalités, des talents ou des compétences rares, pas si évidentes à trouver dans la communication, le marketing et le digital. Des secteurs qui, malgré les apparences, condensent beaucoup de spécificités. Pionnière dans l’âme, elle regorge de projets. Mais à la condition d’être innovants et profondément humains.
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’est à la lueur d’un poste dans la communication à l’export pour un grand joaillier lyonnais, après quelques années parisiennes en agence et chez l’annonceur, que Claire Romanet découvre réellement le recrutement et la formation, « des métiers à l’approche plus sociale, plus humaine et plus utile, intervenant directement dans les arcanes des entreprises », souligne la fondatrice d’Elaee. Après l’organisation d’un événement professionnel, où elle se rend compte qu’elle a fourni la majorité des contacts, c’est le déclic. Pour capitaliser sur son expérience dans le secteur, et proposer un positionnement différent – il n’existe pas, en 2001, de cabinet recrutement spécialisé dans les métiers de la communication -, elle accepte de s’associer pour « Il faut avoir un grain monter une première entreprise, Accile. « Il faut de folie pour se lancer, avoir un grain de folie pour se lancer, c’était une c’était une prise de risque prise de risque totale », lance-t-elle avec humour. Après quelques années d’activité, elle la revendra totale » pour voler de ses propres ailes. « Ce fut une très belle histoire. Mais nous n’avions plus les mêmes envies », commente-t-elle. Ce qui l’intéresse, c’est de proposer un nouveau modèle de recrutement, d’imposer un nouveau mode de fonctionnement, plus souple, plus agile, connecté avec ses propres aspirations. Elle lance donc Elaee – en référence à deux symboles tirés de la philosophie grecque en lien avec la connaissance de soi – en basant son modèle de développement sur le sourcing, une forte communauté et des méthodes de recherche atypiques. « Dans ces métiers, les candidats ont souvent une grande part de créativité, souligne l’ancienne étudiante aux Beaux-Arts, elle-même dotée d’une forte sensibilité artistique. Ce sont des gens compliqués, aux attentes fortes pour qui le travail n’est pas
Date 1 juillet 2011, l’annonce de mon cancer, le monde s’écroule. Et plus rien ne sera jamais pareil
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Lieu La Place des Terreaux, en face du Musée des Beaux-Arts de Lyon. C’est là que se trouve mon bureau
Personnalité Claudie Haigneré, spationaute, scientifique, femme politique. C’est le symbole de la femme exemplaire : intelligente, audacieuse, pionnière
Ambition Transmettre mon savoir tout en me faisant plaisir
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Parce qu’on ne fait bien que ce qu’on aime faire
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ELAEE Fondée en 2007 par Claire Romanet, Elaee intervient sur le marché du recrutement sur mesure. Avec une antenne à Paris et à Lyon, l’agence s’est imposée comme la spécialiste des métiers de la communication, du marketing et du digital en France, mais aussi à l’étranger. Elaee souhaite recruter de façon innovante, en lien avec une démarche plus humaine : réponse systématique aux candidats, accompagnement personnalisé, transparence dans les démarches, compterendu détaillé et régulier pour les entreprises en recherche, conseils. Le cabinet se distingue en s’appuyant sur une communauté de 30 000 personnes issues de ces univers variés et se développe, notamment, en animant un site internet dédié à l’emploi (6 000 visiteurs/jour) et revendique un fichier de 40 000 CV. Elaee (quatre consultants, chiffre d’affaires non communiqué) recrute en moyenne une soixantaine de candidats par an. Avec la volonté d’être une entreprise citoyenne, Claire Romanet reverse, chaque année, un pourcentage de son résultat à des associations.
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qu’utile, il doit être source de plaisir. Recruter de tels profils n’induit pas seulement et uniquement de prendre en compte des compétences techniques. Les valeurs humaines sont essentielles. » Une vision du travail que la dirigeante partage, davantage encore depuis qu’elle a eu raison du cancer. « Soit je me battais, soit, vu le stade avancé de la maladie, je restais à quai. J’ai choisi l’épreuve, malgré la pression intellectuelle et physique du combat. Il n’y a pas de hasard, on a toujours le choix », dévoile-t-elle. Depuis, elle prend « pleinement conscience de l’importance « Il n’y a pas de hasard, de faire ce que j’aime. Je ne cherche pas le développement à tous prix, mais je choisis on a toujours le choix » les missions, surtout celles qui nécessitent de trouver des experts, rares, dans leurs domaines pour des postes pointus. Cela demande beaucoup de créativité pour déployer une stratégie. Presque comme un agent secret. C’est passionnant. Après 3 000 entretiens, il m’arrive encore d’être surprise par les gens ! ». Malgré un marché de l’emploi chahuté, elle reste très confiante. « C’est là tout le paradoxe du marché. Il faut, malgré la diversité de l’offre, trouver le bon candidat. Et mon travail quotidien est de susciter la rencontre. » Claire Romanet, désormais « sortie des contraintes », cultive la diversité, bien décidée à goûter à toutes les facettes de la vie. Au-delà du recrutement, elle intervient dans les écoles pour transmettre son expérience, y compris dans le numérique. Aspirée par l’innovation, elle est souvent parmi les premières à s’impliquer dans les grands mouvements de fond (association Cuisine du web ou l’accélérateur d’innovation Waoup) qui secouent la cité lyonnaise, que la Grenobloise d’origine apprécie pour sa qualité de vie. Sportive émérite, passionnée de basket, « un univers où se croisent des mondes très différents », cette mère de deux grands enfants aime autant le design et l’artisanat de luxe, les voyages au bout du monde que conduire sa moto, puissante. « J’apprécie les belles choses », résume-t-elle. Toujours un projet dans sa manche, elle réfléchit actuellement en direction des grands seniors sur la question de la transformation des savoirs professionnels. Soucieuse, une fois de plus, « d’être utile » en défrichant un monde du travail en perpétuelle mutation.
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Laurence Rouveyrol Simple et naturelle C’est contre toute attente et avec le soutien de son entourage professionnel que Laurence Rouveyrol a créé son entreprise de distribution automatique de boissons et d’alimentation avec comme ligne de conduite la recherche de la qualité et la promotion de sa région.
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aurence Rouveyrol semble presque encore surprise par sa fonction de dirigeante d’entreprise. « Je n’y avais pas songé, » avoue-t-elle avec son petit accent ardéchois qui confirme une modestie bien ancrée. Comme si, dix ans après la création d’Arabica é Chocolat, elle réalisait que cette aventure était bien la sienne ainsi que celle de ses clients, de ses collaborateurs et de tous ceux qui lui ont insufflé la confiance et l’énergie, lui ont prodigué des conseils et surtout qui ont crû en son histoire. Elle découvre le domaine de la distribution automatique après son BTS Force de vente. Pas plus passionnée, jusqu’alors, par le commerce que par les études, elle sent naître en elle une vocation insoupçonnée et elle s’investit dans son activité professionnelle avec beaucoup d’ardeur. Elle participe à la mise en place d’un laboratoire alimentaire. « Je savais tout faire sauf les achats. » Elle possède une vraie fibre commerciale qui lui vaut le respect et l’admiration de ses clients. Et ce sont eux qui l’incitent à quitter son entreprise, lorsque les relations se dégradent, et à créer sa propre société. « Je ne savais pas comment m’y prendre, je ne savais pas faire ! Et puis je me suis laissée convaincre, j’ai écouté les « Je n’ai jamais eu conseils de part et d’autre et je me suis lancée ! » l’ambition d’être riche » La jeune femme lâche son emploi et ouvre, deux mois plus tard, Arabica é Chocolat, dans sa région natale, en Drôme-Ardèche, où elle dispose d’un réseau important de clients qui lui font confiance depuis longtemps. Elle est sereine. Elle monte progressivement une petite équipe, sérieuse, comme elle, sans histoire, qui est au service de sa clientèle avant tout. Elle n’a surtout pas la folie des grandeurs. « Je n’ai jamais eu l’ambition d’être riche. Pour moi, c’est une belle aventure humaine qui est arrivée au bon moment. J’avais alors 34 ans et une petite fille d’un an. J’ai eu la chance de pouvoir saisir cette opportunité. » Tout simplement ! Membre des réseaux APM et Entreprendre Drôme et Ardèche, Laurence Rouveyrol évolue avec beaucoup de douceur au sein de sa petite entreprise qui lui procure le bonheur de pouvoir partager son expérience avec ses collaborateurs comme d’autres ont su le faire avec elle. « On peut tous se mettre à la hauteur des gens et transmettre nos connaissances, échanger nos savoir-faire et nos idées. Il faut savoir prendre le temps
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23 octobre 2004, la naissance de ma fille
Lieu Cette question est trop compliquée pour moi… Alors je choisis la Terre, mais sans frontières
Personnalité Le Commandant Massoud pour son engagement sans faille dans son combat pour la liberté des siens mais aussi pour son courage, son humanité et sa clairvoyance
Ambition Ne jamais arrêter de rêver
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Phrase « Ne fais jamais aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse ! » Principe de base
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ARABICA É CHOCOLAT Installée à Beaumont-les-Valence, dans la Drôme, l’entreprise créée en 2006 propose des services de distribution automatique (boissons chaudes, froides, snacking et denrées alimentaires), des petites machines (O.C.S.) à boissons chaudes en grains ou en dosettes, des fontaines à eau, du matériel de caféterie, la vente et la livraison de produits alimentaires (cuisines centrales, évènementiel). Elle commercialise aussi des bûches de chauffage pour poêles et cheminées à base de marc de café recyclé. Près de 15 tonnes de marc de café sont recyclés par an. Dans cette logique environnementale, Arabica é Chocolat apporte des solutions de recyclage des gobelets, spatules, canettes et bouteilles et de récupération de déchets. En privilégiant l’approvisionnement chez les artisans et producteurs locaux, la PME ravitaille 1 300 distributeurs en Drôme et Ardèche. L’entreprise de 24 personnes a réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 M€ en 2015.
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de discuter avec son personnel, d’être à son écoute et de savoir l’aider. C’est valorisant et réjouissant de savoir que les collaborateurs sont contents dans leur environnement professionnel. Recruter, c’est aussi de belles histoires ! » Les valeurs humaines de Laurence Rouveyrol contribuent à la réussite de son entreprise qui valorise les produits frais et locaux et prône le recyclage des déchets. Elle est ainsi la première entreprise française à recycler le marc de café pour le transformer en combustible, par l’intermédiaire de la société drômoise « Le champignon français ». L’environnement, l’utilisation des produits locaux et de bonne qualité guident Laurence Rouveyrol qui veut promouvoir sa région et se démarquer en inventant de nouvelles recettes. Elle propose ainsi des fruits frais, des yaourts, des ravioles de SaintJean, du snacking bio et sans gluten. « C’est un métier qui laisse libre cours à l’imagination. Il évolue sans cesse. Les possibilités de toucher les gens sur leur lieu de travail sont infinies. Nous pouvons les sensibiliser au « C’est valorisant et réjouissant de gaspillage de multiples façons. savoir que les collaborateurs sont Nous sommes notamment partenaires de la Fondation Rovaltain contents dans leur environnement qui soutient des programmes de professionnel » recherche en toxicologie environnementale et en écotoxicologie et également de la Banque alimentaire. » Derrière sa sensibilité et son tempérament maternel, Laurence Rouveyrol affiche une discrète détermination. Elle ne fait pas de bruit, s’exprime en toute honnêteté et sans agressivité. « J’ai appris la patience en dix ans. L’erreur et l’échec sont constructifs. On peut réussir sans marcher sur personne. » Alors elle avance, sans se retourner, au sein d’Arabica é Chocolat et surtout dans sa vie dont elle veut profiter à fond. Les voyages, le ski, la plongée sont les premiers plaisirs de cette épicurienne.
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Nouvelles économies
Les femmes ont une carte à jouer
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Nouveaux secteurs. Nouveaux métiers. Nouvelles opportunités. Et si le digital, l’environnement ou encore l’économie collaborative étaient les planches de salut des femmes pour, enfin, exister dans une réelle parité avec leurs homologues masculins dans le monde du travail ? La jeunesse de certains secteurs d’activité, les codes et les business modèles à inventer face à « l’économie traditionnelle » laissent présager de belles opportunités pour les talents féminins. Inéluctablement, des métiers disparaissent et d’autres se font jour. C’est la vie de l’économie même si le phénomène tend à s’accélérer dans une société en mouvement perpétuel. Certains affirment que, dans 20 ans, 60 % des métiers exercés aujourd’hui auront disparu quand, autant de nouveaux n’existant pas encore offriront de nouvelles possibilités de carrières. Ils concernent les secteurs du digital, de l’environnement, des économies d’énergie, des nouveaux modes de coopération et d’organisation de la société tout entière. Dans ces nouvelles approches, les femmes ont toute la latitude pour participer à l’émergence d’une économie nouvelle, plus participative, davantage tournée vers le service aux autres. Le phénomène s’accompagne d’un esprit d’entreprise insufflé très tôt, désormais, dans de nombreux cursus scolaires, pour inciter les jeunes générations à prendre leur destin professionnel en main. Ecoles de commerce, parcours ingénieurs ou cursus au sein des facultés, de nombreux cycles de formation proposent des études de cas et des projets de fin d’année avec la création d’une entreprise. Certains aboutissent, poussés par un environnement propice à la création de nouvelles richesses. Ainsi, un florilège de concours, pitchs et autres bourses de financement boostent la jeune génération. Les jeunes femmes profitent tout autant de l’aubaine que leurs compères masculins. La majorité des projets concerne donc cette nouvelle économie : applications web et smartphone pour faciliter le quotidien des entreprises ou des particuliers, solutions énergétiques pour limiter l’impact de l’homme et des processus industriels sur la planète, nouveaux services pour faire écho à des économies émergentes comme la silver economy, process pour répondre à l’urbanisation croissante et au bien vivre la ville de demain. Les femmes, et principalement les jeunes femmes issues de ces cursus axés sur l’esprit entrepreneurial, prennent à bras le corps ces nouveaux métiers. Elles expérimentent, innovent, défrichent pour faire partie intégrante de la nouvelle économie et tenter de gommer la différence encore trop marquée dans l’économie actuelle. L’Insee note d’ailleurs, dans sa dernière étude sur la création d’entreprise en Auvergne-RhôneAlpes sortie en septembre 2016, qu’une créatrice d’entreprise sur quatre a moins de 30 ans au moment où elle décide de lancer son propre business. La créatrice rajeunit. Un bon signe pour toute l’économie du pays.
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Cécile Bello Promotrice coopérative En quelques années, l’ingénieur en bâtiment a réussi à imposer sa vision d’un habitat durable et partagé pour proposer des modèles différents. Innover dans la promotion immobilière : voici le pari, osé mais concluant, de l’obstinée Cécile Bello, à la tête d’Hapara et d’Isère Habitat.
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près 20 ans de classique promotion immobilière pour quelques grands acteurs régionaux du secteur, dont le géant Icade, où elle occupa notamment la fonction de directrice de la Région Alpes, Cécile Bello reste sincèrement passionnée par son métier. Néanmoins, celle qui compte à son actif la construction et la gestion de près de 3 000 logements, dans le parc social et privé et autres équipements collectifs, veut désormais exercer son métier autrement. « Est-ce qu’on a le devoir de proposer toujours le même modèle de foyer sur la base d’un plan identique, alors qu’il est clair que les modes de vie évoluent et que les habitants n’en veulent plus ? », s’interroge encore l’ingénieur en bâtiment et environnement, diplômée de Polytech Annecy-Chambéry. Dans son monde professionnel, où le temps se compte en année future, Cécile Bello s’est toujours intéressée aux nouveaux concepts d’habitat. « J’aime l’idée que l’on doit anticiper les prochaines modes, tout en puisant dans les traditions, en imaginant les prochains usages et les techniques de construction à venir », souligne la dirigeante. Quand vient le temps de changer d’orientation, elle trouve « Et le seul moyen de sa réponse, en partie, dans l’entrepreneuriat. proposer, au final, son « Au-delà de mes questionnements, je pense que propre produit, vraiment j’avais envie de monter mon entreprise. Et le seul moyen de proposer, au final, son propre produit, différent et innovant, c’est vraiment différent et innovant, c’est de le porter de le porter soi-même » soi-même », souligne la fondatrice d’Hapara, un promoteur immobilier d’un nouveau genre. En s’inspirant d’une pratique allemande, assez développée outre-Rhin, Cécile Bello développe l’habitat participatif composé de petits logements collectifs avec des surfaces ou des espaces partagés ou mutualisés. « L’implication du copropriétaire est immédiate. L’esprit de groupe qui se dégage de ce type de projet est souvent assimilable à ce que l’on trouve dans un village, mais appliqué à un immeuble », explique-t-elle. Peaufinant un modèle complexe, qui n’existe pas encore en France, cette passionnée d’architecture, qui dévore, dès que l’occasion se
Date Lieu Ma maison dans mon village du nord-Isère. Elle me ressemble, je l’ai dessinée
Personnalité Marianne De Battisti, responsable de l’innovation, de la communication et des relations institutionnelles chez Icade. Une femme impressionnante, qui a su mener de front l’éducation de ses quatre enfants et ses prises de responsabilités
Ambition Marquer durablement l’évolution du logement
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2012, la création d’Hapara, un vrai tournant dans ma vie
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Phrase « Parfois, on gagne. Parfois, on s’améliore »
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HAPARA Fondée par Cécile Bello, Hapara est rapidement devenue la référence régionale en matière d’habitat participatif : une démarche où les futurs propriétaires se rassemblent pour penser et définir leur futur habitat. En 2015, Hapara intègre Isère Habitat, une coopérative, présidée par Bernard Faquin, spécialisée dans l’accession sociale à la propriété (appartements, maisons individuelles ou groupées, maisons de ville, prêt social location accession…). Elle intervient sur l’agglomération grenobloise, mais aussi en nord-Isère, à Lyon ou à Dijon. Par son statut et ses ambitions (prix de vente maîtrisés, accession sécurisée, habitat durable), Isère Habitat s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire. La coopérative (12 M€ de chiffres d’affaires en 2015, 14 salariés), désormais dirigée par Cécile Bello, commercialise en moyenne 250 logements par an. Isère Habitat travaille actuellement sur une trentaine de projets sur tout type d’habitats confondus.
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présente, les multiples revues ad hoc, imagine, en deux ans, plusieurs programmes, dont deux sont en cours d’achèvement. Une faculté tirée de son expérience dans la maîtrise d’œuvre. « C’est un projet complexe, qui va de la recherche du lieu au marketing, en passant par les négociations d’achat de terrain, la constitution d’une équipe, la coordination de l’ensemble des corps de métier et la commercialisation du bien. C’est très complet, divers, varié… Et j’adore ça ! », s’exclame-t-elle, n’ayant jamais eu de réelles difficultés à s’imposer dans un « J’ai ainsi pu prendre en univers réputé masculin. « Je n’ai jamais souffert de ces différences », tranche-t-elle. Par charge une structure et une opportunité, et pour pérenniser son activité, équipe plus importantes » la dirigeante choisit de s’unir à un promoteur coopératif, Isère Habitat, et de faire d’Hapara une division à part entière de son activité de promotion immobilière. Elle vend donc Hapara, qu’elle avait créée en 2012, à Isère Habitat fin 2014 et prend, dans le même temps, la direction au tout début 2015. « C’était une belle occasion : à la fois pour Hapara et pour moi. J’ai ainsi pu prendre en charge une structure et une équipe plus importantes », souligne celle qui est devenue directrice générale de l’entité suite au départ à la retraite du fondateur. « Nous nous sommes trouvés : je me sens très proche des valeurs coopératives développées par Isère Habitat », confirme-t-elle. A-t-elle pour autant perdu son autonomie créative ? « En aucun cas, répond sans hésitation la dirigeante. Au contraire, nous sommes dans une belle phase de croissance. D’autant que j’ai un mandat social, ce qui signifie que j’ai autant de liberté d’action qu’auparavant ». À 48 ans, cette mère de deux enfants, attachée à son village du Nord-Isère « mais surtout à son esprit général que j’ai essayé, d’une certaine façon, de transposer à nos programmes collectifs participatifs », multiplie les projets. Très engagée dans le changement durable, elle a choisi de le faire aussi d’un point de vue social via son mandat d’élue municipale – évidemment en charge de l’urbanisme.
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ACTEUR
INDÉPENDANT
EN CONSTRUCTION ET IMMOBILIER EN RHÔNE-ALPES
SOCARA Villette-d’Anthon (38)
Clinique Pédo-Psychiatrique Meyzieu (69)
Maisons Floriot
SIÈGE SOCIAL 20, place Tolozan 69 001 Lyon contact@tglgroup.fr www.tglgroup.fr
Banque de France Lyon 2ème (69)
Hôpital Debrousse Lyon 5ème (69)
LDLC LDLC Limonest Limonest(69) (69)
TGL Group trouve ses origines il y a plus de 70 ans dans l’AIN, berceau du Groupe, avec la création de l’entreprise « Michel Floriot », spécialisée en construction de bâtiments, génie civil et maisons individuelles. 1er acteur régional indépendant en construction et immobilier en Rhône-Alpes, TGL Group comprend 15 filiales opérationnelles, structurées autour de 3 pôles d’expertise : TGL Construction, TGL Immobilier, TGL Services.
SIÈGE ADMINISTRATIF Cap 9 - Boulevard Charles de Gaulle 01 000 Bourg-en-Bresse Tél. 04 74 23 14 24 standard@floriot.fr
DIRECTION OPÉRATIONNELLE 30, rue Narcisse Bertholey 69 600 Oullins Tél. 04 26 03 01 00
Béryl Bes Une femme d’action Entrepreneur inépuisable depuis 2009, année de la création de sa première société dans le courtage d’assurances, Béryl Bes milite sans relâche en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Au travers de la dernière entreprise qu’elle a créée, qui entend favoriser le financement des projets portés par des femmes, mais aussi dans les associations au sein desquelles elle est engagée.
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ille d’un entrepreneur, qui avait repris et développé un portefeuille de courtiers d’assurances, Béryl Bes assure pourtant que le modèle paternel n’est pas à l’origine de sa vocation d’entrepreneur. « Je crois que l’entrepreneuriat est avant tout la traduction d’une volonté de donner du sens à ce que l’on fait et d’avoir une liberté d’action, analyse-t-elle. Personnellement, en tout cas, mes moteurs se résument ainsi : utilité, sens, liberté. » Une philosophie de vie, que cette Alsacienne, née le 31 mars 1970 à Strasbourg, porte en elle depuis toujours, mais qu’elle a finalement laissé éclater au grand jour il y a moins d’une dizaine d’années. « Avant cela, mon parcours avait été très classique », assure cette boulimique de lecture, qui dévore aussi bien des romans que des essais. Bonne élève, elle intègre une prépa dans sa ville à l’issue de ses études secondaires, avant d’aller à Nice pour terminer son cursus. En 1993, elle décroche son diplôme d’école de commerce et s’installe dans la foulée Elle prend également à Lyon avec son mari, Stéphanois d’origine. C’est là, dans la capitale des Gaules, qu’elle débute sa pleinement conscience de la carrière professionnelle, dans les assurances, puis fracture qui sépare hommes et dans la banque. femmes lorsqu’ils portent un Un parcours de 15 ans, auquel elle met un terme en 2009, en démissionnant. « La situation de mon projet entrepreneurial mari était stable, mes trois enfants avaient grandi… Il était temps de prendre en mains ma vie professionnelle », commente Béryl Bes. Une période qui s’avère très rapidement difficile, la France et l’Europe étant entrées dans une crise économique profonde à l’été 2008, mais riche d’enseignements. « Cela m’a obligé à me battre, souligne-t-elle. C’est une expérience qui forge le caractère. » Une expérience durant laquelle elle prend également pleinement conscience de la fracture qui sépare hommes et femmes lorsqu’ils portent un projet entrepreneurial. « Lorsque je me suis installée à mon compte, en ouvrant mon propre cabinet de cour-
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Date 26 juin 2010, je réalise l’ascension d’un sommet culminant à plus de 4 000 mètres : le Grand Paradis
Lieu Chamonix
Personnalité Michel Serres
Ambition Participer aux changements
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« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent sans rien faire », Albert Einstein
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MY ANNONA
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Spécialisée dans le crowdfunding, la société voit le jour fin 2014. Cette plateforme est destinée à booster l’entrepreneuriat féminin. Si le modèle économique n’est pas encore totalement abouti, il suscite en revanche l’enthousiasme d’un grand nombre de candidates à l’entrepreneuriat. Un peu plus de 18 mois après son lancement, Béryl Bes a déjà reçu plus de 250 dossiers traitant de sujets multiples, mais n’a pu en mettre que quinze en ligne. « Le financement participatif est une activité très chronophage et qui génère beaucoup de déchets. Il y a en fait tout un apprentissage à gérer, pour bien utiliser cet outil innovant de collecte de fonds », analyse-t-elle.
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tage en assurances, j’ai constaté qu’il y avait très peu de femmes décideurs dans notre pays : 15 % des dirigeants d’entreprise, 10 % des porteurs de startup, 16 % des levées de fonds… La femme est l’actif économique le plus sousutilisé où que l’on aille dans le monde », rappelle Béryl Bes, passionnée de voyages et qui a déjà posé ses bagages aux quatre coins de la planète. Ces difficultés, auxquelles elle n’échappe pas, La femme est l’actif lui donnent rapidement l’envie de s’engager en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Tout économique le plus sousd’abord en rejoignant le réseau de femmes utilisé où que l’on aille chefs d’entreprise Action’elles, dont elle est audans le monde jourd’hui présidente pour la région AuvergneRhône-Alpes. Puis, en créant il y a deux ans My Annona, une plateforme de crowdfunding entièrement dédiée aux projets entrepreneuriaux portés par des femmes. Convaincue que la finance digitale et le numérique sont des outils exceptionnels en termes de visibilité et de communication, elle a souhaité les mettre au service des valeurs auxquelles elle croit. « Le problème est cependant plus profond, assure-t-elle. Il y a des freins liés à l’éducation et au message que la société nous fait passer dès l’enfance. Une fille doit être sage, gentille, obéissante… Tandis qu’un garçon doit être dynamique, ne pas pleurer, toujours se relever quand il tombe… Au-delà de la place de la femme dans l’entreprise, c’est avant tout cela qu’il faut changer. » Pour relever ce challenge, elle estime que l’exemple de quelquesunes peut permettre de changer les mentalités. « Les femmes ont l’instruction, la compétence, mais il leur manque des images de réussite auxquelles s’identifier », insiste-t-elle. Elle s’est donc engagée aux côtés de 100 000 entrepreneurs, une association qui se rend dans les écoles pour témoigner et transmettre une sensibilité à l’entrepreneuriat. « C’est important de montrer aux filles qu’il y a des femmes entrepreneurs et qu’elles sont l’égal de leurs homologues masculins. A mon échelle, c’est le message que je veux faire passer. » Engagée dans cette démarche de changement, Béryl Bes refuse en revanche de se voir accoler l’étiquette de féministe. « Je ne suis pas en lutte contre les hommes dans l’entreprise, mais avec eux. Car ils ont aussi besoin de voir évoluer leur position sociale. Beaucoup souffrent de cette pression que leur renvoie la société, en leur demandant d’être toujours forts », affirme-t-elle, militant activement pour la fusion des compétences. Et de démontrer, exemple à l’appui, que les entreprises qui ont fait le pari des équipes de direction mixtes se portent mieux que les autres. « Elles sont plus performantes, plus rentables. C’est important à l’heure où nous cherchons de nouveaux leviers de croissance », glisse-t-elle en souriant.
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Bénédicte Curan La recette du bonheur Elle cherchait une solution pour manger équilibré tout en cuisinant des produits frais sans perdre de temps. Elle l’a trouvée et a créé un concept alors inédit en France.
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ée dans le giron familial de la pâtisserie Bettant à Villeurbanne, Bénédicte Curan s’intéresse tout naturellement à la cuisine et envisage volontiers d’y faire sa carrière. Mais elle suit les conseils de son père qui la dissuade d’embrasser une profession qui laisse peu de temps à la vie de famille. Elle se lance alors dans le marketing et après ses études, elle travaille pendant quinze ans dans une entreprise lyonnaise qui réalise des études de marché pour des grands comptes. Une expérience professionnelle essentielle pour la suite de son parcours. « J’avais envie de créer une activité dans le domaine alimentaire. Je me voyais bien dans un concept de restauration rapide avec une cuisine du marché. Mais les études que j’ai menées m’ont évitée de faire fausse route. » Une amie suédoise lui fait découvrir le système de cabas et plats à cuisiner, déjà adopté par un tiers des foyers dans ce pays nordique. « Cela correspondait exactement à mes besoins. Avec trois jeunes enfants, de fréquents déplacements professionnels et le souci permanent de bien manger, j’étais confrontée à un problème de temps pour faire les courses, chercher des idées de repas et cuisiner. » Une étude approfondie appuyée par les résultats Elle met sa patience et sa de ses homologues étrangers permet à Bénédicte Curan de créer « Recettes & cabas », une société persévérance à l’épreuve qui n’a pas de modèle de référence en France. Elle simplifie le quotidien de tous ceux qui ont envie de se nourrir de façon équilibrée, avec des produits frais et de saison qu’ils peuvent cuisiner facilement grâce aux recettes adaptées à chaque cabas livré une fois par semaine. La jeune femme démarre sa nouvelle activité avec l’aide d’un cuisinier professionnel qui élabore des recettes quotidiennes. « La plus grosse difficulté fut de trouver les fournisseurs. Je voulais des produits bio et locaux. » Commence alors un vrai parcours du combattant pour Bénédicte Curan qui tente de convaincre des producteurs, des bouchers et des poissonniers de ce nouveau concept. Elle met sa patience et sa persévérance à l’épreuve, soutenue par sa famille et son entourage qui manifestent un réel enthousiasme pour son projet. « Ils m’ont permis d’y croire jusqu’au bout et de ne pas lâcher, de m’apporter la confiance dont j’avais besoin et de me donner une impulsion. » Finalement, c’est le boucher du coin qui
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2012, l’année de la concrétisation réelle de mon projet avec les premières livraisons, les premières clientes qui très vite deviennent adeptes puis de vraies ambassadrices !
Lieu Lyon, pour sa diversité à tous les niveaux : sa cuisine bien sûr, son relief avec ses collines, sa situation géographique, son art de vivre...
Personnalité Mon grand-père qui a transmis à tous ses enfants et petits-enfants la valeur du travail et la fibre entrepreneuriale
Ambition Transmettre à mes enfants la bonne dose de persévérance, de confiance en eux et d’équilibre pour être bien dans leur vie
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« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie », Confucius
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Anne-Elisabeth Mourey Directrice de la communication SOLVAY
Être accompagnée aux 4 coins du monde par axial ça mérite une standing ovation.
sans hésiter
LY O N • P A R I S • S H A N G H A I AGENCEMENT / EXPOSITION WWW.AXIALEXPO.COM
RECETTES & CABAS Implantée à Saint-Didier-auMont-d’Or, Recettes & Cabas est un commerce alimentaire, food truck, qui allie le culinaire et les nouvelles technologies : repas à la maison, repas en entreprises, prêt à cuisiner. L’entreprise s’articule autour du concept de cabas livrés par Chronopost dans toute la France, à domicile ou dans des points relais, avec tous les ingrédients nécessaires à la réalisation de quatre recettes par semaine pour deux, quatre ou six personnes. Les commandes passent par internet uniquement. Les recettes proposées par un chef permettent de garantir des prix entre 5 € et 7 € par repas et par personne. L’entreprise qui emploie douze personnes a réalisé un chiffre d’affaires de 720 000 € en 2015 et une croissance du nombre de clients de 30 % avec 3 000 consommateurs et 400 commandes par semaine.
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l’approvisionne, ainsi qu’un poissonnier de Neuville-sur-Saône qui alimente de nombreux restaurants lyonnais et un maraîcher. Avec un réseau bien étoffé, Bénédicte Curan démarre cette nouvelle aventure avec 20 commandes. Au volant de son camion, elle assure l’approvisionnement et la livraison, s’occupe de préparer les cabas, s’implique dans la réalisation des recettes, démarche des clients, cherche de nouveaux produits, s’investit dans la communication... Bref, elle est sur tous les fronts, opérationnelle à toutes les étapes, réactive à chaque maillon de la chaîne, privilégiant toujours Elle est sur tous les fronts, la proximité d’un service qui se commande opérationnelle à toutes les par internet. « Pas de routine, on est en perpétuelle évolution. Recettes & cabas étapes, réactive à chaque est un site internet, mais c’est très impor- maillon de la chaîne tant pour le client de savoir que derrière ce service, des personnes sont à leur écoute. Les critiques nous font grandir. Nous accordons une grande attention aux remarques de nos clients car nous sommes là pour leur apporter une aide dans leur quotidien. Quand certains nous disent « vous m’avez changé la vie », c’est une immense satisfaction ! » Le plaisir que les clients trouvent dans leurs recettes et leurs cabas est pour Bénédicte Curan une vraie récompense. Car communiquer, convaincre sans cesse un nouveau public, fidéliser les adeptes, entretenir les partenariats avec des bloggeurs, participer à des événements et des salons et surtout cultiver l’excellent réseau du bouche à oreille demandent une énergie inaltérable. « Notre action de terrain fait notre force. C’est un travail de fourmi et de tous les jours. » La dirigeante sait avancer avec prudence. Pas de précipitation. « On a démarré petit, dans mon garage, avant de prendre un local et de progresser doucement. » Elle mesure les risques et sait choisir ses collaborateurs. Elle maîtrise avec sérénité le développement de son entreprise qui lui prodigue un bien-être ineffable puisé au fond de ses cabas.
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Claire Laborde Au naturel Après avoir travaillé sept ans dans l’industrie cosmétique biologique, Claire Laborde a lancé sa propre marque. Une gamme de produits 100 % naturel qui, loin de surfer sur la tendance du bio, engage une réflexion sur la façon de consommer.
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’amour pour l’environnement est une seconde nature chez Claire Laborde. En 2013, elle s’est lancée un défi : produire bio autrement. En créant sa propre marque de cosmétiques naturels, A la Claire Fontaine, elle a choisi d’amener sa clientèle à consommer différemment. « J’ai vécu l’évolution des cosmétiques biologiques et naturels de l’intérieur. Mais je ne voulais surtout pas développer une énième gamme. Je voulais faire quelque chose de différent, avec de vraies valeurs et un engagement fort. » Une démarche quasi totale aujourd’hui, puisque Claire Laborde défend un produit 100 % naturel plutôt que labélisé bio. Afin de s’approcher au plus près de l’objectif fixé, la jeune femme de 31 ans travaille durant deux ans à son élaboration. « Il m’a d’abord fallu établir le concept. Puis une étude de marché a été lancée. » S’en suit la phase de développement des produits, dont elle a fait tous les tests. Elle connaît bien les rudiments du métier. Titulaire d’un DUT en chimie, spécialisé dans la fabrication des produits cosmétiques, et d’un Master en cosmétologie industrielle obtenu à la faculté de pharmacologie de Lyon, elle maîtrise le sujet sur le bout des doigts. Dès son plus jeune âge, Le cœur l’emporte sur elle se savait prédestinée à la chimie. « Toute petite la raison. La brune téméraire déjà, je me voyais dans un labo en train de faire de franchit le pas de la manipulation en blouse blanche. » Et c’est une conseillère d’orientation lors d’un entretien en 3e l’entrepreneuriat qui n’a fait que renforcer ses convictions. « Quand j’ai évoqué la chimie, on m’a répondu que ce serait difficile. J’ai trouvé ça très brutal comme façon de faire. Je suis contente de voir que ma détermination et le soutien de mon entourage ont payé. » Avant de se lancer, Claire Laborde a travaillé sept ans chez Sicobel à Lyon, comme formulatrice, puis responsable de la R&D. « Une expérience enrichissante. » Sauf qu’il finit par lui manquer quelque chose. Le cœur l’emporte sur la raison. La brune téméraire franchit le pas de l’entrepreneuriat. « J’ai constaté qu’il y avait de plus en plus de marques qui se lançaient sur le secteur du bio. Surtout pour l’aspect lucratif du marché, on ne va pas se mentir. Mais en voyant que les consommateurs français faisaient
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Date 3 octobre 2013, lancement officiel de ma gamme de cosmétiques naturelles avec une inauguration le soir même
Lieu Au bord de l’eau. De chez moi, je peux contempler les quais de Saône, être installée ailleurs sur Lyon serait difficile
Personnalité Simone Veil, pour l’exemplarité de son parcours et son courage au quotidien
Ambition Profiter de l’instant présent
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« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Proverbe africain
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À LA CLAIRE FONTAINE Créée à Lyon en 2013 par Claire Laborde, la marque de cosmétiques A la Claire Fontaine propose une gamme de produits 100 % naturels. Mirabelle de Lorraine, lilas blanc du Massif Central, pommes ou poires, les plantes et fruits qui composent les soins sont exclusivement récoltés sur le territoire. Tout est fait pour limiter l’impact sur l’environnement et orienté développement durable : circuit de distribution court, produits rechargeables, compensation carbone. Une démarche globale pour des produits distribués uniquement en vente à domicile. Une quarantaine d’ambassadrice, formées en interne, explique les choix de la fondatrice et milite pour une consommation raisonnée. Une charte de dix engagements a été mise en place pour souligner les valeurs défendues par la marque. Elle a opté pour des flacons adaptés aux déficients visuels (avec la pose d’étiquette en braille), soutient les personnes en situation de handicap ou en réinsertion grâce à des partenariats professionnels. L’entreprise a réalisé 92 000 € de chiffre d’affaires en 2015.
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de plus en plus attention à la provenance des produits, j’ai pris conscience qu’il y avait la possibilité de développer une gamme réellement engagée qui réponde à ces attentes. » Un produit peut se revendiquer naturel ou bio, mais être composé de plantes venant des quatre coins du monde. Se pose donc la question de l’impact environnemental, « plus que discutable », selon elle. En ce qui concerne A la Claire Fontaine, Claire Laborde a tranché en faveur d’une production made in France. Un pari osé, mais réalisable. « Je suis persévérante et optimiste. » La peur « Essayer de changer les de l’échec, sur un marché prisé, ne l’a jamentalités en éveillant le sens mais effleuré. Même après avoir consulté sept établissements bancaires pour obtenir critique » un prêt. Elle était décidée à aller jusqu’au bout. D’autant plus que ses choix sont ciblés. « Vous ne verrez pas de beurre de karité ni d’huile d’argan dans la composition de nos produits. Mais plutôt de la mirabelle, du bleuet, des pommes ou des poires. » Rien d’exotique donc, pour minimiser au maximum l’impact sur l’environnement. Une compensation carbone a d’ailleurs été mise en place pour soulager l’acheminement des matières premières. « Pour chaque produit acheté, A la Claire Fontaine s’engage à planter un arbre sur le territoire. » Et, nuance qui a son importance, « on ne se revendique pas bio, mais naturel. » L’entreprise a volontairement choisi de ne pas faire labelliser ses produits. Une décision radicale, mais juste, adoptée aussi pour une question de coût. Tout est fait pour sensibiliser la clientèle. La vente ne se fait d’ailleurs qu’à domicile par des ambassadrices. Leur mission : prendre le temps d’expliquer les raisons d’un tel parti pris et proposer une démarche d’achat raisonnée. En affichant une dimension à la fois économique, environnementale et sociétale, Claire Laborde entend faire la différence : « Essayer de changer les mentalités en éveillant le sens critique. » Avec le recul, elle ne regrette plus le temps où elle se rêvait chimiste en herbe, se nourrissant aujourd’hui des échanges liés à ses fonctions. « Je ne pourrais plus être en laboratoire, j’ai besoin d’entretenir ces relations humaines du quotidien. »
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Emilie Legoff La matière humaine pour passion Issue d’une lignée d’entrepreneurs, Emilie Legoff n’a pas échappé à son destin. Elle a choisi les ressources humaines pour assouvir son appétence pour l’entrepreneuriat. Après avoir co-créé Gel Groupe, elle vient de lancer Troops, la première application sur smartphone pour embaucher en quelques clics des intérimaires. Les ressources humaines sont source d’innovation pour la jeune dirigeante qui a participé, pour la troisième fois, au G20 des Entrepreneurs, à Pékin mi-septembre.
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rêle mais le regard bleu perçant qui ne cache aucunement une personnalité qui compte bien s’affirmer, Emilie Legoff marche d’un pas assuré sur ses hauts talons aiguilles. Le débit de parole est en accord avec sa façon d’occuper l’espace : dynamique ! « Je suis issue d’une famille d’entrepreneurs, lance-t-elle d’emblée. Mes parents, mes frères et sœurs, mes oncles ont tous leurs propres entreprises. Je suis née dedans. Tout dans mon parcours, de ma formation à mes expériences professionnelles, me destinait à créer ma propre structure. » Après Sup de co Montpellier, spécialisation en Ressources humaines, et un complément de cursus à la Dublin city university, elle démarre en 2003, directement dans le dur du « Tout dans mon parcours, sujet. « A 23 ans, on m’a confiée la tâche de mener à bien des plans sociaux pour des sites industriels de ma formation à qui fermaient. Les salariés étaient démunis face à mes expériences moi, se souvient la jeune femme blonde au visage professionnelles, me angélique. J’ai facilement créé des relations de destinait à créer ma propre confiance avec eux. Cette expérience de trois années a été très intéressante. » Voulant occuper des structure » fonctions dans un groupe plus important, celle qui conserve, en ligne de mire, son ambition de créer sa propre entité, fait ses armes chez Start People, qui lui confie la direction régionale de l’entité d’intérim durant trois ans. C’est ici que son projet prendra forme. Non seulement, elle y rencontre son futur associé, Guilhem de Lajarte, mais elle détecte un nouveau marché qui prendra rapidement son envol. « Je rencontrai des professionnels de la logistique gros consomma-
Date Femmes décideurs Rhône-Alpes 2016
8 décembre 2009, la création de Gel Groupe
Lieu La maison familiale de Pianottoli Caldarello, en Corse, où je me ressource hors saison
Personnalité Guilhem de Lajarte, mon associé dans Gel Groupe. Nous avons grandi ensemble et réussi une belle entreprise. Il m’a appris à avoir davantage confiance en moi
Ambition J’aimerai faire de l’humanitaire. Aller à la rencontre des populations dans les pays pauvres pour les accompagner dans le développement de micro-entreprises. J’estime que c’est la meilleure solution pour aider les jeunes à s’en sortir
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« ça va bien se passer… » Je trouve toujours du positif dans toutes les situations
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GEL GROUPE ET TROOPS Gel Groupe, installé à Saint-André-de-Corcy dans l’Ain, met à disposition son propre personnel, qualifié, embauché en CDI aux entreprises de logistiques qui ont besoin de flexibilité. Le groupe compte 20 bureaux en France et sur l’île de la Réunion pour un chiffre d’affaires agrégé de 100 M€ en 2015. L’entreprise compte se déployer à l’international. Elle a racheté, en 2015, une agence d’intérim en Belgique et a ouvert une filiale en Espagne en octobre. Troops, créée en avril 2016, propose, via un smartphone, de trouver son intérimaire et de générer automatiquement toutes les démarches administratives inhérentes. L’application s’adresse aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration qui affichent de forts besoins, aux grands groupes et plus généralement à tous les secteurs d’activité. Gratuite pour les salariés, l’application rapporte à Troops 5 euros HT par heure de travail pourvu.
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teurs d’intérimaires lors des pics d’activité, relate-t-elle. Mais les formations de leurs employés temporaires ne leur convenaient pas toujours. Nous avons alors déployé un système existant dans les coopératives agricoles italiennes : embaucher des personnels formés en CDI et les détacher dans les entreprises, selon leurs besoins. » Six ans après la création de Gel Groupe, dans l’Ain, l’entreprise, cotée sur Euronext depuis fin 2014, emploie 2 500 collaborateurs sur toute la France. Un succès partagé qui lui donne envie d’aller plus loin, seule. Pour « avoir ma propre entreprise », Emilie Legoff vient de lancer Troops, une agence d’intérim digitale. « Le concept est nouveau. Il permet aux entreprises ayant besoin Chef d’entreprise rapidement de main d’œuvre, tout secteur d’ac- est un métier formidable tivité confondu, de trouver le bon profil et de générer le contrat de travail en quelques clics. » La forte croissance de Gel Groupe et l’innovation de Troops lui ont ouvert de nouvelles portes. « Nous sommes suivis par l’association Croissance plus, qui m’a donnée l’opportunité de participer, pour la troisième fois, au G20 des Entrepreneurs 2016. » Présente à Pékin en septembre, Emilie Legoff a échangé avec ses pairs chefs d’entreprise de vingt pays afin de mieux faire passer leurs préconisations aux politiciens. « Il faut redorer l’image des entrepreneurs et faire du lobbying », affirme celle qui a peu de temps mais ne perd pas une occasion pour rappeler que chef d’entreprise est un métier formidable. « Comme j’ai baigné dedans depuis toute petite, je le transmets d’abord à mes trois garçons car le temps est compté. » A-t-elle noté une incompatibilité entre être mère et chef d’entreprise ? « J’ai co-créé Gel Groupe juste après les naissances de mes deux aînés qui ont un an d’écart et Troops après avoir mis au monde mon dernier garçon qui a 18 mois…, avance-t-elle dans un sourire. Non, je n’ai jamais été gênée dans ma carrière professionnelle. Il faut juste avoir une super nounou, être très bien organisée et surtout ne pas culpabiliser. Je les vois peu mais quand nous sommes ensemble, on profite. Et puis je leur explique mon travail, mes voyages d’affaires et ce qu’est la vie d’un entrepreneur. Ils sont dans une école bilingue anglaise. Je les prépare déjà à être eux aussi de futurs entrepreneurs… » Et à conquérir le monde, dans un esprit entrepreneurial qui ne lâche jamais Emilie Legoff.
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Bénédicte Poncet Créatrice de liens Son talent : savoir créer du lien. Entre une équipe et un projet, des enfants et leurs parents, un chercheur d’emploi et une entreprise, une association et son réseau, des amis d’univers variés. De cette force, Bénédicte Poncet a tiré son projet entrepreneurial sur-mesure. Pour son plus grand plaisir quotidien.
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Mon travail au quotidien, c’est boire des cafés. Ou du thé, des tisanes, parfois, je varie…», lance dans un éclat de rire Bénédicte Poncet, dont les yeux, d’un bleu profond et engageant, pétillent d’énergie. Humour mis à part, cette activité résume parfaitement le sens de l’action de la fondatrice du Mix Coworking, un espace de travail collectif basé à Tassin-la-Demi-Lune pour les indépendants, les salariés en télétravail, mais aussi les demandeurs d’emploi. « L’Homme a besoin d’un réseau social pour mieux créer, quel que soit l’objet. C’est une conviction personnelle. L’un de mes talents, c’est, modestement, de savoir mettre les gens en relation, les faire travailler ensemble, coopérer pour avancer», souligne la mère de quatre enfants, âgés de 8 à 16 ans. L’idée de créer un lieu singulier s’impose après quelques années de vie professionnelle, qui débute, après un DESS en pharmacie/économie, par deux années de volontariat au Burkina-Faso comme professeur dans un collège. Une expérience qui marque encore la vie du couple, qui, 20 ans plus tard, est encore engagé dans une association qui soutient la scolarité des enfants pour éviter le décrochage scolaire. À son retour, elle devient chargée de projet aux Hospices Civils de Lyon, puis au sein de R4P, un réseau « L’homme a besoin d’un régional de réadaptation pédiatrique qui rassemble réseau social pour mieux des professionnels autour de la question du handicréer, quel que soit l’objet. cap. « J’ai toujours eu besoin de trouver du sens à mon action. L’un de mes quatre enfants est atteint C’est une conviction d’un handicap, je suis aussi engagée dans le fait que personnelle » les enfants puissent aller à l’école », confie-t-elle. Mais plus l’association grossit, grâce notamment à son intervention de coordination dans le réseau, moins elle se sent libre de ses actions. Un autre facteur décisif, qui lui donne envie de voler de ses propres ailes : la création d’entreprise de son mari, Fabrice Poncet, La Fabrique, un atelier de fabrication d’objets et de mobiliers installé à Francheville. «A force de fréquenter des nouveaux entrepreneurs, d’être éclaboussée par leur énergie positive, j’ai aussi eu très envie de créer quelque chose à moi. Mon dernier poste était passionnant, mais parfois un peu pesant moralement», se souvient-elle.
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Date 13 juillet 1996, mon mariage. Je viens de fêter mes 20 ans de mariage, c’est un symbole qui confirme notre engagement personnel tout en ayant réussi à s’épanouir professionnellement
Lieu Ma maison, un lieu où se déroulent de beaux moments de joie
Personnalité L’Abbé Revie, un homme d’église qui a beaucoup travaillé, avec humilité, pour l’éducation des jeunes
Ambition Contribuer, par mes actions, au bonheur des autres
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« Voilà, c’est comme ça »
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MIX COWORKING Fondé en octobre 2015, Mix Coworking (1 salarié, prévision de chiffre d’affaires 2016 : 120 000 €) est un espace de coworking opérant sur le marché des bureaux partagés et collaboratifs, des tiers-lieux. Situé à Tassin-la-Demi-Lune, l’espace de 200 m2 attire des indépendants (50 % des membres), des créateurs d’entreprise (25 %), des demandeurs d’emploi (20 %) et des télétravailleurs (5 %) sur une zone allant de Saint-Genis-Laval à Neuville en passant par Chaponnay, Ecully et Charbonnière-lesBains. En juin 2016, le Mix a ouvert une annexe de 25 m2 à Francheville, pour répondre aux besoins locaux. Il compte une centaine de «mixeurs», aux profils variés. Plus qu’un espace de travail, le Mix s’inscrit dans une dynamique sociale en œuvrant pour le retour et le soutien à l’emploi à travers des groupes de travail. Le lieu organise de nombreuses activités : ateliers recherche emploi, sur la communication, la gestion de l’entreprise, sur le co-développement et des petits-déjeuners réseau. Le Mix propose une formule d’abonnement illimité ou un paiement à l’heure, sans abonnement ni engagement.
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En octobre 2015 : la quadra se lance. Ce sera un espace de coworking. «Je voulais un lieu de rencontres, de liens, de synergies. J’ai un temps pensé un projet autour de la parentalité ou un bar associatif. Et puis je me suis rapprochée du mouvement des entrepreneurs sociaux. Et j’ai identifié ce besoin d’un espace de travail, doublé d’un lieu de rencontre de talents», indiquet-elle. Car ce projet doit être proche de son domicile. «Pendant longtemps, j’ai travaillé à l’opposé, ce n’était pas toujours simple. Et il se trouve que « Je voulais un lieu de rencontres, l’ouest lyonnais n’était pas encore de liens, de synergies » doté d’une telle structure. Ici, la question de la place dans la maison pour travailler à son compte n’est pas aussi centrale qu’en ville. Ce que les mixeurs recherchent, c’est du lien, des compétences, du réseau et des conseils. Surtout en matière de recherche d’emploi», analyse la dirigeante. Quand elle n’est pas au coworking, outre s’occuper de l’association, elle aime partager des activités avec ses enfants, que ce soit des travaux manuels ou, plus active, du basket ou du foot. Toujours avec un groupe de neuf copines, elle court, tous les dimanches. «J’ai besoin de parler pour bien courir, même pendant les compétitions, c’est notre leitmotiv», détaille la joggeuse qui a déjà participé aux 10 km de Lyon et au semi-marathon du Beaujolais. Endurante, énergique, très à l’écoute des autres, elle multiplie les actions pour faire connaître son tiers-lieu, dont le modèle, au final, se construit jour après jour. Satisfaite de cette première année d’exploitation et de son taux de fréquentation, elle est surtout fière d’avoir déjà permis à quelques personnes de retrouver du travail. «Il faut être audacieux et chercher son propre talent sans se mettre de freins », souligne celle qui a osé transformer ses capacités en un projet viable. C’est d’ailleurs là tout le sens du « Mix » : « le mélange des talents et des compétences », conclut-elle.
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Ondine Suavet Un avenir solaire Humble, sérieuse et appliquée, Ondine Suavet n’en reste pas moins une femme de caractère. Très jeune, ses qualités l’ont emmenée dans plusieurs endroits du monde, aussi bien dans le cadre de ses études que lors de son entrée dans le monde professionnel. Un parcours à l’international qui l’a pourtant ramené à Lyon pour y fonder Mylight Systems avec son frère.
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oujours aller là où l’on ne vous attend pas, c’est sur cet enseignement, qui lui vient de sa mère, qu’Ondine Suavet a basé sa jeune carrière. A tout juste 31 ans, la directrice de la startup lyonnaise, Mylight Systems, évoque pourtant un parcours relativement classique. « Au lycée j’étais douée partout, et c’est surtout ma mère qui m’a orientée vers la filière scientifique. Selon elle, les sciences peuvent s’apprendre et s’appliquer, pas le commerce. N’empêche qu’il aurait été plus facile pour moi de m’engager dans une école préparatoire commerciale plutôt que scientifique. Reste que je ne m’en suis pas trop mal sortie jusqu’à maintenant. » Ondine Suavet se retrouve ainsi à l’institut des sciences de ParisTech. C’est lorsqu’elle se spécialise en chimie des semi-conducteurs qu’elle y découvre les panneaux solaires et l’énergie photovoltaïque, technologie développée aujourd’hui par son entreprise. Le monde à portée de main, la jeune femme veut faire ses preuves ailleurs qu’en France, cherchant Elle entrevoit alors toutes les « une forme de neutralité » vis-à-vis de son di- grandes étapes de l’évolution plôme. « Exposée depuis toujours à l’internatiod’une startup à l’américaine nal, je termine mes études au Japon. » Courant 2008, Ondine Suavet choisit la Californie et sa Silicon Valley pour commencer à travailler chez Nanosolar, startup spécialisée dans la dépose de cellules solaires sur des panneaux d’aluminiums. Elle entrevoit alors toutes les grandes étapes de l’évolution d’une startup à l’américaine. « L’entreprise travaillait sur un procédé extrêmement innovant et venait de rentrer 500 M$, une levée de fonds record à ce moment-là. Nous sommes passés de 80 salariés quand je suis arrivée à 500 quand l’entreprise a mis la clef sous la porte. » Elle y reste quatre ans. Son implication l’emmène entre l’Allemagne et les Etats-Unis. « J’avais vraiment les mains dans le cambouis à cette époque, puisque c’est moi qui gérais les équipes d’ouvriers sur les différents sites de production. » De cette première expérience, Ondine Suavet tire tous les enseignements du business model américain. « Les Américains sont tout sauf des
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Date 22 février 2008, jour de mon départ pour Tokyo et de mon envol vers un destin international
Lieu La maison où j’ai grandi, en Savoie, mes racines et un lieu idéal pour se ressourcer quand tout va trop vite
Personnalité Coco Chanel, une femme libre et indépendante qui a su créer un empire sur son talent. Elle avait une vraie vision de la mode, libératrice du corps de la femme. En revanche, je ne partage pas toutes ses opinions personnelles. J’admire seulement la femme entrepreneur et libertaire
Ambition Par principe, je n’ai pas de principe
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« Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme de volonté. » Alain
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MYLIGHT SYSTEMS
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Startup lyonnaise, Mylight Systems, implantée à Saint-Priest propose à ses clients d’apprendre à maitriser et devenir acteur de leur consommation énergétique. Par l’installation de panneaux photovoltaïques et d’un procédé unique, Mylight Systems entend accroître l’autonomie énergétique d’un foyer ou d’une entreprise. Pour cela, la société a élaboré un logiciel permettant de rendre plus lisible la production électrique issue de l’énergie solaire. C’est ce même logiciel qui indique en temps réel les besoins en électricité d’une maison par rapport à sa production photovoltaïque. Mylight Systems permet au client d’adapter sa consommation en fonction de l’énergie qu’il génère. Le but pour lui étant de gagner son indépendance énergétique par la production d’une énergie verte et locale, en plus de faire des économies. L’entreprise emploie treize salariés et ne communique pas son chiffre d’affaires.
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enfants de chœur lorsqu’il s’agit de business. J’ai beaucoup appris d’eux. » En plus de prendre enfin goût aux sciences, son aventure au sein de Nanosolar lui permet d’acquérir quelques valeurs essentielles du monde du travail. « Quand vous n’êtes pas dans votre culture, vous apprenez l’humilité, car vous n’êtes pas en mesure d’appréhender tous les codes. Cela vous force à être plus attentif pour apprivoiser votre environnement. » Lassée des changements de directions précédant la liquidation de l’entreprise, Ondine Suavet quitte Nanosolar sans regret et se lance dans un MBA. « C’est très important d’avoir « J’en ai toujours eu envie », s’exclame-tdes moments de respiration elle. Elle s’inscrit à l’INSEAD en janvier 2013. Comme un poisson dans l’eau, On- dans une carrière » dine Suavet navigue entre les campus de Singapour et Fontainebleau pendant un an. Un véritable luxe, selon elle, qui lui a permis de prendre le temps de se demander ce à quoi elle aspirait vraiment. « Ce MBA m’a aidée à devenir plus mature. J’ai pris du temps pour moi, c’était une année d’égoïste. C’est très important d’avoir des moments de respiration dans une carrière. J’ai d’ailleurs fait l’expérience de partir une semaine en vacances cette année sans pouvoir être joignable, et je peux vous assurer qu’il n’y a rien de plus reposant. » A la veille de son stage, Virgile, le frère d’Ondine Suavet l’appelle et lui propose de se greffer au projet qu’il cherche à développer. « Mon frère avait déjà le nom et le concept, mais ne savait pas comment le réaliser. » Un coup du sort qui séduit la jeune femme. Elle épaule son frère durant tout l’été afin d’aboutir à un projet viable. Mylight Systems naît de la synergie de la fratrie. « Aujourd’hui, notre complémentarité est une réelle force. Et impossible pour nous de laisser s’éterniser un désaccord, sous peine de se retrouver face à face lors d’un dimanche en famille (rires). » L’avenir de Mylight Systems semble donc des plus rayonnants.
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Carole Tawema L’entrepreneuriat à visage humain Pendant que d’autres vont chercher dans l’entrepreneuriat les clés de la fortune, du pouvoir ou de la reconnaissance, cette Béninoise de 34 ans voit dans l’entreprise, qu’elle a créée avec sa sœur, un outil d’émancipation économique et sociale au service des femmes de son pays natal.
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e Cotonou, au Bénin, où elle a vu le jour en 1982, à Lyon, où elle porte aujourd’hui son projet entrepreneurial, Carole Tawema s’est forgée une philosophie de vie dans laquelle l’humain et l’entraide tiennent une place prépondérante. Une façon de regarder le monde et d’aborder la vie que l’on rencontre plus fréquemment dans l’univers associatif que dans celui de l’entreprise privée. « J’ai le profil de l’entrepreneur accidentel, lâche-t-elle dans un grand sourire. Au départ, j’étais effectivement plus dans une démarche associative. Je réfléchissais à l’élaboration d’un projet avec une forte dimension humaine. Je voulais contribuer au développement du continent africain et pour cela, j’avais identifié deux axes possibles : travailler dans l’informatique ou dans une organisation internationale. » Le fruit d’une histoire personnelle balançant entre Afrique et Hexagone. « Je me revendique des deux cultures », assène Carole Tawema avec force. Avant d’ajouter, évoquant en filigrane le parcours de ses ancêtres : « Je suis le fruit du bon et du mauvais côté « Je suis le fruit du bon et du de la colonisation. Mon père a bénéficié mauvais côté de la colonisation d’un système qui permettait à un fils d’agriculteur pauvre de faire des études supérieures en métropole, pour venir renforcer les élites locales une fois sa formation achevée. Ma mère, en revanche, est la descendante d’un colon qui est parti du Bénin sans se préoccuper de ce qu’il laissait derrière lui. » Curieux rebondissement de l’histoire, c’est justement avec sa mère qu’elle débarque en France en 1992. Et c’est en région parisienne, où elle grandit, qu’elle va tisser, au début des années 2000, les premiers fils de son histoire d’entrepreneur, en intégrant une prépa HEC. « Je suis ensuite partie à Marseille, où j’ai intégré Sup de Co », explique-t-elle. Diplôme en poche, elle entame sa carrière professionnelle chez Microsoft, avant de
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Date Le jour de mon départ du Bénin à l’âge de 10 ans. Ce jour-là, j’ai réalisé que tout était possible
Lieu L’Ardèche et, en Afrique, l’Atakora. Deux lieux qui symbolisent une forme de renaissance pour moi, aussi bien sur le plan personnel que professionnel
Personnalité Wangari Maathai, biologiste et vétérinaire Kényane, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix en 2004, qui a compris très tôt que les maux de nos sociétés provenaient du désintérêt de l’Homme pour la Nature, pourtant essentielle à sa survie
Ambition J’aimerais trouver le temps de prendre soin de mon entourage proche
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Ubuntu ! Phrase qui symbolise la base de la philosophie d’Afrique subsaharienne, traduite par Barack Obama en « Mon humanité est inextricablement liée à ce qu’est la vôtre »
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TERRE ETHIC
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Créée en France en 2010, Terre Ethic est en quelque sorte le prolongement de la société Karethic, qui est aujourd’hui sa filiale et qui a vu le jour au Bénin en 2005. Terre Ethic commercialise, en direction des laboratoires de cosmétique, un beurre de karité pur, récolté et transformé sur place, dans la région de l’Atakora. Terre Ethic fait travailler douze coopératives locales, réunissant 500 femmes et travaillant sur plus de 500 hectares au nord du Bénin.
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passer chez IBM et, enfin, d’entrer chez Sogeti. Les prémices d’un parcours qui la destine à une carrière de cadre supérieur dans l’informatique. En 2006, elle décide pourtant de refermer cette porte pour se consacrer au lancement de Karethic Bénin. « J’ai mis du temps à imaginer que je pouvais en faire un projet d’entreprise. Au départ, j’étais plus dans une démarche associative, ayant pour ambition de mettre en relation les productrices de karité de mon pays natal avec les marques de cosmétique », analyse-telle avec beaucoup de recul. Longtemps « Le projet entrepreneurial convaincue qu’elle ne travaillerait jamais doit avant tout faire sens » à la conception d’un produit cosmétique, Carole Tawema comprend rapidement que le beurre de karité peut pourtant devenir un outil d’émancipation économique et sociale pour les femmes du Bénin. « L’entreprise et le produit cosmétique en lui-même sont juste des moyens pour résoudre un problème beaucoup plus essentiel : donner un emploi à ces femmes et leur permettre de prendre leur vie en mains. Maintenant, il est évident que si, à travers cette démarche, nous développons du chiffre d’affaires, ce sera parfait. Mais à mes yeux, le projet entrepreneurial doit avant tout faire sens », insiste-t-elle. Avec Terre Ethic, Carole Tawema a trouvé la clé qu’elle cherchait pour contribuer au développement du continent où elle a vu le jour. « L’Afrique est très mal connue, assuret-elle. Personnellement, je suis convaincue que c’est « le » continent d’avenir. Il y a des richesses naturelles exceptionnelles et la classe moyenne est en croissance exponentielle. » Il reste cependant à régler l’épineux problème de l’éducation, car, à ses yeux, l’avenir du continent passera indubitablement par l’accès au savoir du plus grand nombre. « Je suis persuadée qu’internet est l’outil qui va permettre de lever ce dernier obstacle », confirme-t-elle. Et permettre à des femmes, sans cesse plus nombreuses, de prendre leur destin en mains. Longtemps dubitative sur le sujet, Carole Tawema est aujourd’hui convaincue que l’entrepreneuriat peut aider à résoudre énormément de problèmes. A commencer par le chômage endémique qui déchire l’Afrique noire. Une conviction qu’elle partage avec sa sœur ainée Gwladys, actionnaire à ses côtés dans Terre Ethic et responsable de l’African Women Entrepreneurship Program, qui vise à soutenir l’entrepreneuriat féminin dans tous les pays africains. « Les gens se font une idée fausse de la femme africaine. Il est temps que les choses changent ! »
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Clara Trevisiol L’énergie ça vous gagne A l’âge où d’autres font leurs premiers pas dans le monde du travail, Clara Trevisiol programme déjà les prochaines étapes du développement de Monabee, l’entreprise qu’elle a créée en 2012. Une aventure entrepreneuriale placée sous le sceau de la responsabilité environnementale, véritable fil rouge dans la vie de cette amoureuse de grands espaces.
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errière le sourire et la douceur de cette jeune femme pas encore trentenaire se dissimule une volonté de fer. Un caractère bien trempé de sportive sans cesse en quête de nouveaux défis, qu’elle a aiguisé dans ses Alpes natales, tout d’abord, puis à Lyon, où elle débarque pour achever ses études. Née à Voiron, aux portes de Grenoble, il y a 29 ans, Clara Trevisiol quitte la capitale iséroise en 2006 pour intégrer EM Lyon. Une étape majeure dans son parcours, qui va durer quatre ans et la conduire aux quatre coins de la planète. « Plutôt que de faire six mois de stage en entreprise et six mois d’échange universitaire, comme prévu dans notre cursus, j’ai obtenu l’autorisation de faire un séjour d’une année à travers le monde pour finaliser un projet sur le thème de la construction écologique », explique-t-elle. Durant ce périple, elle s’attache à repérer des projets originaux centrés sur l’utilisation des matières premières que l’on trouve à proximité immédiate pour construire sa maison, mais « La base de l’éco-construction, aussi sur la conception intelligente d’un habi- c’est avant tout du bon sens et tat par rapport à la course du soleil ou aux de la logique » conditions climatiques... « Parce que la base de l’éco-construction, c’est avant tout du bon sens et de la logique. » Entre septembre 2009 et septembre 2010, elle visite successivement les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Inde, le Népal, le Vietnam, le Laos, le Cambodge, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l’Argentine, le Pérou, le Brésil et enfin les Etats-Unis. Un périple dont elle tire aujourd’hui des enseignements dans l’aventure Monabee, mais dont les effets dépassent largement le cadre de son seul projet entrepreneurial. « Cette année d’aventure m’a profondément changée. Cela m’a obligée à sortir de ma zone de confort. On est fatalement secoué quand on arrive dans un pays dont on ne connaît rien. La débrouille devient une seconde nature. »
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Date Septembre 2009, date de départ de mon voyage d’un an autour du monde sur le thème de l’éco-construction
Lieu Le massif de la Chartreuse ! J’aime la montagne, j’ai besoin d’y passer du temps, c’est mon bol d’air, mon oxygène ! C’est là que je suis née ; c’est mon massif de cœur
Personnalité Nicolas Vannier. Le symbole de la découverte, de l’aventure, la définition même des termes « oser » et « se surpasser »
Ambition Conserver et faire grandir l’état d’esprit qui existe chez Monabee
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« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles », Oscar Wilde
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MONABEE Quatre ans après sa création à Dardilly, au mois d’octobre 2012, Monabee accompagne particuliers et entreprises vers l’autonomie énergétique. Pour cela, l’entreprise a développé une solution permettant de suivre les consommations et les productions d’énergie. Les particuliers constituent le cœur de marché de l’entreprise et génèrent environ 80 % de son activité, mais à plus long terme, la répartition devrait s’équilibrer. Monabee, qui intervient dans la France entière, emploie 16 personnes et réalisera, en 2016, un chiffre d’affaires de 1,5 M€.
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Farouchement attachée à sa liberté, elle brûle les étapes une fois son parcours universitaire achevé. Après 18 mois passés chez EDF Energie Solaire, elle se lance dans l’aventure entrepreneuriale, convaincue que sa place n’est pas dans un grand groupe. « La rencontre avec Vianney Fichet, mon associé, a été déterminante, analyse-t-elle. C’est lui qui a eu l’idée de base et nous l’avons creusée ensemble pour aboutir à Monabee. » Aux côtés de ce quinquagénaire, président de la SSII lyonnaise Gepic, elle peut assumer son goût pour la polyvalence et mettre à profit l’énergie qui l’habite. Et si « L’humain et le partage, elle lui abandonne la partie technique, elle que ce soit en sport, dans s’occupe en revanche de la gestion, de la stratégie, du développement commercial l’entreprise ou dans les BtoB… « J’aime que les choses bougent voyages, sont des notions vite ; tester des idées et être responsable de essentielles à mes yeux » ce que je propose, insiste-t-elle. Les PME sont l’écrin parfait pour cela et je souhaite que nos collaborateurs soient dans les mêmes dispositions d’esprit que nous. Je crois beaucoup à la richesse des apports individuels. » Car Clara Trevisiol veut faire de Monabee une entreprise différente, responsable, soucieuse de son environnement, ouverte et épanouie. Une entreprise dans laquelle on sait faire confiance et stimuler la créativité. Une entreprise où les collaborateurs viennent travailler avec plaisir et passion, parce qu’on les respecte et parce qu’on les fait grandir. Autant de valeurs humaines qu’elle a acquises auprès de son père, en s’adonnant à divers sports, où l’effort et le dépassement de soi sont des qualités indispensables. « J’aime relever les défis et je m’efforce de dupliquer dans ma vie professionnelle cet état d’esprit que l’on cultive dans le sport. Dans les deux cas, on met en œuvre des moyens pour atteindre son objectif et on ne lâche rien. Il faut sans cesse repousser le doute quand il arrive, s’accrocher, en faire toujours plus. » Cycliste, avec d’ores et déjà à son actif les plus grands cols des Alpes, elle roule, court et glisse dès que son emploi du temps lui en laisse le loisir. « Je pratique modestement le vélo de route et depuis peu le VTT. Mais j’aime aussi la course à pied, surtout le trail en montagne ; je fais de la planche à voile et, bien entendu, je skie. » Des activités physiques individuelles, qu’elle pratique le plus souvent possible… en groupe. « Parce que l’humain et le partage, que ce soit en sport, dans l’entreprise ou dans les voyages, sont des notions essentielles à mes yeux », tranche Clara Trevisiol.
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Frédéric Billier : « Oveliance est conçu pour favoriser le partage et la communication »
© ASTUCE 04 72 10 66 10
Développeur et constructeur en immobilier d’entreprise
NOVELIGE
La société NOVELIGE propose aux entreprises et collectivités un immeuble de bureaux, Oveliance. Ce bâtiment allie confort des occupants, modularité, respect de l’environnement, économie d’énergie, détente… Rencontre avec le directeur de cette filiale du groupe VINCI Construction France, Frédéric BILLIER. Présentez-nous votre société, NOVELIGE… Fondée en 2011, cette filiale à 100 % de Vinci Construction France est dédiée à la conception ainsi qu’à la réalisation de bâtiments tertiaires, bâtiments mixtes, de parcs d’activités, et plate logistiques. Notre métier est de bâtir des projets qui collent aux besoins de nos clients, afin de répondre à leurs attentes, projets que l’on appele « clés en mains ». En parallèle de cette démarche, nous avons imaginé et développé un produit spécifique au tertiaire, Oveliance.
Oveliance en quelques chiffres
Superficie à partir de 1 500m2 À partir de 1 150 € /m2 HT, un prix intégrant les honoraires de maîtrise d’œuvre, le coût de la construction ainsi que l’aménagement du terrain Un délai de construction de 6 mois après obtention du permis de construire
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Qu’est ce qu’Oveliance ? C’est un concept à destination des entreprises et des collectivités. Nous l’avons appelé Oveliance pour rappeler sa forme ovale, l’arrondi des façades améliore le confort visuel sur l’extérieur. Nos retours d’expériences sur les différents chantiers que nous menons, nous ont permis de mettre au point ce concept de bureaux : un bâtiment agréable à vivre de l’intérieur et de l’extérieur, confortable, lumineux, économe, s’inscrivant dans une démarche environnementale et intégrant la domotique. Deux réalisations ont déjà vu le jour : la première pour la société SOLUMAT dans le parc industriel de la Plaine de l’Ain, la seconde pour la société AGEFOS à Gerland. Comment est pensé le bâtiment ? Oveliance est conçu pour favoriser le part-
age et la communication avec de nombreux lieux de convivialité imaginés à l’intérieur des plateaux, et sur les paliers d’étages. Nous l’avons réfléchi dans son espace, son environnement, et sur son terrain. Sa superficie est modulable. Toujours composé d’un rez-de-chaussée et de deux étages, le bâtiment peut être divisé en plusieurs lots. Nous avons voulu une ouverture à l’extérieur, avec des espaces qui invitent aux échanges et à la détente. L’aménagement du terrain autour du bâtiment respecte la faune et la flore, inclut des cheminements piétons, un parcours de santé, des espaces verts comprenant des arbres fruitiers, un bassin d’agrément. Nous donnons au bâtiment une transparence sur l’extérieur. Des terrasses sont accessibles à chaque niveau et offrent aux utilisateurs la possibilité de profiter du parc paysager… Notre concept s’inscrit dans une démarche environnementale et de développement durable : Oveliance est conçu avec des matériaux écologiques, sa forme limite les déperditions thermiques, des bacs à compost sont installés pour valoriser les déchets liés à la restauration, les eaux de pluie sont récupérées… De la même manière, nous avons travaillé à la réduction de la consommation énergétique, nous améliorons de 25 % la RT 2012 (réglementation thermique) en vigueur, un contrôle de la gradation électrique s’effectue en fonction de la luminosité naturelle… C’est aussi un bâtiment connecté. Le client peut connaître à tout moment la consommation (eau, électricité) d’Oveliance directement sur son Smartphone, PC, ou tablette, et même sur l’écran dans le hall…
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