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Interview VIP
La logistique durable comme moteur de croissance
SERGE GREGOIR (EUTRACO)
En juin, Eutraco plante le premier poteau d’un nouveau centre de stockage et de distribution de 60.000 m2 situé dans le MG Park De Hulst à Willebroek. A peine un mois plus tard, la société loue l’ancien entrepôt Distrilog de 34.000 m2, également situé à Willebroek. L’an passé, sa présence à SintNiklaas s’est renforcée avec un volume global disponible de 50.000 m2. Le centre de gravité logistique de la société ouest-flandrienne se déplace clairement vers l’Est. Serge Gregoir, CEO, nous explique pourquoi.
Philippe Van Dooren
Eutraco lance ses activités de transport en 1967 à Roulers. Moins de vingt ans plus tard, la société y ajoute des prestations logistiques afin de mieux servir les clients transport. Serge Gregoir -au service de la société depuis 2017 en tant que CEO externe - a poursuivi dans cette voie : la logistique représente aujourd’hui 20 % du chiffre d’affaires. Et ce pourcentage va croître rapidement : S. Gregoir, qui a repris l’entreprise en juin à Bart Pattyn et son épouse Marijke Andries, affiche en effet de grandes ambitions sur le plan logistique.
Quelle est l’ampleur de ces ambitions ?
Serge Gregoir : D’ici à 2025, ce pourcentage - en ce compris les activités d’expédition que nous avons lancées il y a deux ans - doit atteindre 75 % du chiffre d’affaires. L’impulsion visant à développer la logistique avait été donné avant que je ne devienne CEO. Bart Pattyn et Marijke Andries étaient déjà convaincus que la valeur ajoutée dans le transport était trop ténue et qu’il fallait favoriser une plus grande interaction entre le transport routier et les activités logistiques - de préférence complexes. Mon but est d’accélérer cette évolution. Les trois piliers sont ici : professionnalisation, durabilité et numérisation. Cela sera particulièrement visible dans l’entrepôt que nous construisons à Willebroek dans le MG Park De Hulst : il sera totalement neutre en CO2 et en énergie. Ce sera un des tout premiers bâtiments logistiques de Belgique sans chauffage au gaz. Toutes les installations, y compris le chauffage par pompes à chaleur, seront électriques. Le courant sera 100 % vert grâce aux panneaux solaires qui nous rendront au moins auto-suffisants. En décembre, nous mettrons en service les 40.000 premiers m2. Un an plus tard suivront 20.000 m2 de plus.
Pourquoi cet accent sur la durabilité puisque la plupart des chargeurs ne s’en soucient pas et ne veulent pas payer pour cela ?
Serge Gregoir : Notre expérience montre que de nombreux grands groupes aspirent bel et bien à une logistique durable, ne serait-ce que parce que les actionnaires le veulent. Mais ils ne veulent pas débourser un euro pour cela, c’est vrai. C’est pourquoi notre nouveau magasin de Willebroek sera XXL. Une telle taille permet de travailler de façon durable sans que le client ne paie davantage. Si un chargeur peut choisir, pour un prix équivalent, entre une logistique durable et une qui ne l’est pas, le choix sera vite fait. Et si nous approchons un client qui a des objectifs ‘corporate’ dans le domaine de la durabilité, nous calculons les économies en termes de CO2 de manière proactive. L’acheteur des services logistiques peut ainsi marquer des points en interne. Nous voulons devenir la référence sur ce plan, le challenger.
Willebroek est construit à vos risques et périls. Vous ne savez donc pas dans quelle mesure le client va vouloir automatiser. N’est-ce pas un obstacle pour cet aspect de votre stratégie ?
Serge Gregoir : Non, car le bâtiment est conçu de manière à pouvoir y installer des clients qui exigent un haut niveau d’automatisation. Nous ambitionnons de pouvoir y développer une activité de fulfilment tant pour le marché B2B que pour le B2C. De l’espace est prévu pour le picking, le packing et le kitting, ce qui est parfaitement possible dans un bâtiment de 12,4 m de haut. Un modèle d’automatisation
« Notre entrepôt XXL de Willebroek dans le MG Park De Hulst sera totalement neutre en CO2 et en énergie. Il sera mis en service en décembre 2020. »
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hybride est d’ailleurs aussi possible. Et non négligeable : nous mettons aujourd’hui plutôt l’accent sur des palettes - un développement historique - mais rien ne nous empêche d’aller plus loin dans la chaîne logistique, au niveau de la boîte et de l’article. Nous ne disposons pas encore d’une expertise interne en matière d’automatisation de la logistique. Je dois l’admettre. Nous avons donc développé une collaboration structurelle avec LogFlow, ce qui nous permet de résoudre cette question avec compétence et professionnalisme. Selon nous, c’est LA référence dans ce domaine.
Quelle est l’expérience d’Eutraco par rapport au modèle campus ?
Serge Gregoir : Nous avons appliqué le modèle campus pour la première fois à Sint-Niklaas. Nous y avons lancé une activité logistique très saisonnière en 2016 pour le producteur de film agricole et de films imprimés pour aliments surgelés BPI qui n’était encore à l’époque qu’un client transport. En janvier/février, cette activité connaît un pic important et en juin elle retombe à des niveaux très limités. Pour offrir un service à ce type de client, il faut soit être très cher, soit grandir et chercher des produits complémentaires. Un campus ‘multi-clients’ permet d’aplanir plus facilement les pics et de déplacer du personnel si nécessaire.
Eutraco en bref
Siège : Roulers Actionnariat : Bart Pattyn et son épouse Marijke Andries ont vendu la société familiale à Serge Gregoir, CEO.
Chiffre d’affaires :
• 2019 : 50 millions € • 2020 : 55 à 58 millions € (estimation)
Installations logistiques :
• Roulers 35.000 m2 • Sint-Niklaas 50.000 m2 (15.000 m2 + 35.000 m2) • Willebroek 34.000 m2 + 40.000 m2 en décembre 2020 + 20.000 m2 en 2021
Flotte :
• 300 unités moteur • 400 semi-remorques
Expédition :
Depuis 2018, Eutraco possède aussi une branche expédition air & sea à Anvers : Eutraco Solutions
Personnel :
• Transport 150 ETP • Logistique 50 ETP • Expédition 7 ETP
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« La durabilité peut vous permettre de faire la différence. Sur ce plan, nous voulons devenir le challenger ET la référence. »
Nous avons dès lors loué un deuxième site à proximité. A Sint-Niklaas, nous disposons désormais d’un total de 50.000 m2 et sommes totalement multi-clients. Willebroek est un tournant dans cette philosophie campus : grâce à notre taille, nous sommes capables de gérer 10.000 à 20.000 palettes pour chacun des cinq clients et de travailler dès le départ avec une seule structure et un seul système. Nous voulons attirer des clients qui permettent une interaction mutuelle. D’ailleurs, ce nouveau centre de distribution servira de modèle pour nos installations futures.
Il apparaît que l’activité logistique d’Eutraco se déplace vers l’est. Etonnant pour une entreprise ouest-flandrienne.
Serge Gregoir : Pas vraiment. La Flandre occidentale est le berceau de l’alimentation. Rien d’étonnant donc que ce secteur joue un rôle important dans notre portefeuille logistique. Dans ce secteur, les entreprises sont toutefois enclines à assurer la logistique chez elles. Elles la sous-traitent moins fréquemment. A Roulers, nous proposons des activités logistiques pour des entreprises d’autres secteurs comme l’industrie de l’emballage, le secteur sidérurgique, la construction, l’industrie du bois et du parquet, et autres. Ces clients ont rarement besoin de plus de 5.000 m2. Cela signifie que le potentiel pour le modèle campus est peu présent en Flandre Occidentale. Il faut le savoir surtout si vous réalisez un grand campus à vos risques et périls. Si une entreprise décide de créer davantage de valeur ajoutée en développant la logistique, elle doit chercher des clients dans des secteurs et des régions où l’externalisation est importante. Et plus votre logistique est importante, plus vous avez affaire aux donneurs d’ordre ‘corporate’. Ceuxci sont quand même un peu moins représentés en Flandre occidentale.
N’est-ce pas un risque ? Les clients corporate peuvent être très exigeants.
Serge Gregoir : C’est vrai. Mais vous pouvez répondre à cela en professionnalisant radicalement les processus. Si vous scannez mal une palette dans un entrepôt de 5.000 em-
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placements de palettes, vous pouvez effectuer une recherche manuelle (avec la frustration qui va avec bien sûr). Mais dans un entrepôt de 100.000 emplacements… vous pouvez toujours essayer. Ces processus doivent donc être performants et extrêmement fiables. Ils doivent être élaborés de manière professionnelle et cela coûte cher. En changeant d’échelle, c’est plus facilement gérable. Le principal défi, ce n’est pas de trouver des systèmes performants, mais bien de trouver et constituer un bon middle management.
Vous venez de dire : « Willebroek sera le modèle de nos sites logistiques futurs ». Ce bâtiment n’est pas encore opérationnel et vous pensez déjà aux EDC futurs ?
Serge Gregoir : En trois ans, nous sommes passés de 50.000 m2 à - bientôt - 200.000 m2 . Et ce n’est pas fini même si une pause est prévue en 2021. Pour poursuivre la professionnalisation, il est nécessaire de changer d’échelle. L’ambition de notre équipe de management motivée est de doubler la logistique tous les deux ans. A terme, nous serons attentifs aux opportunités à l’est d’Anvers ou en Campine. Bien que nous puissions aussi faire une acquisition ou - si le client le demande - développer une activité à l’étranger. Les projets sont encore vagues. Le Mobility Package joue un grand rôle dans la volonté de continuer à développer la logistique. Dans le transport - et notamment en transport international dans lequel Eutraco est également actif - les choses ne vont pas s’améliorer. L’importance de se développer dans la logistique augmente sans cesse. La
Interview VIP
Quelle autre profession auriez-vous voulu exercer ?
CEO de Belgique. Pour mettre un terme à tout ce non-sens politique.
De quelle invention aimeriez-vous être le père ?
D’un engin permettant les voyages interstellaires. Si je pouvais me faire cryogéniser avec la certitude de me réveiller dans 5.000 ans et de voyager dans une autre galaxie, je signerais de suite.
Pour vous, le bonheur absolu, c’est …
Déguster une bouteille d’Ornellaia 2016 sur la côte toscane avec Tatiana, ma fantastique femme, mon roc.
demande de logistique et de centres de distribution européens ne va faire que croître.
Le modèle EDC n’est-il pas dépassé ? Certains experts disent que pour limiter les délais de livraison et les distances de transport, le secteur va évoluer vers des DC plus régionaux…
Serge Gregoir : Pour certaines entreprises, c’est vrai, pour d’autres non. De très nombreuses grandes entreprises remettent leur chaîne en question après ce qui s’est passé ces six derniers mois. Certains vont se défaire de leur EDC et s’organiser plus localement. D’autres vont recentraliser. Depuis la crise du coronavirus, on examine la chaîne d’approvisionnement de manière plus critique. Nous travaillons actuellement sur plus de 100 dossiers car les entreprises remettent leur logistique en question. Cela va-t-il déboucher sur la décentralisation ou sur la centralisation ? Sur davantage d’insourcing ou davantage d’outsourcing ? Cela dépendra du donneur d’ordre : la logistique est et reste du sur mesure. Ceci étant dit, je crois toujours dans les EDC : un DC de 30.000 m2 est tout simplement plus rentable que trois DC de 10.000 m2 .
NADINE FRANCUS (EASYFAIRS)
Rendez-vous en 2021 !
La Covid-19 a certes reporté la première édition du salon Logistics & Automation, mais cela n’entame en rien l’enthousiasme et la détermination des équipes Easyfairs qui planchent déjà sur les rendez-vous qu’elles prendront en 2021 avec le secteur du transport et de la logistique. Nous faisons le point sur tous ces sujets avec Nadine Francus, Group Event Director d’Easyfairs.
Claude Yvens
Pourquoi avez-vous finalement décidé de repousser Logistics & Automation en 2022 ?
Nadine Francus : Fin juillet, nous avions reçu le ‘feu vert’ officiel du Conseil national de Sécurité. Nous avons entamé les préparations, notre infrastructure a été agréée Covid-19 et les protocoles de sécurité étaient prêts. Mais, depuis début août, les partenaires et exposants nous demandent de plus en plus de reporter l’édition. Le fait que les Pays-Bas aient donné un avis de voyage négatif pour la Province d’Anvers a également compliqué la mise en place d’un salon digne de ce nom. Plus de 20 % de nos visiteurs proviennent des Pays-Bas, tout comme beaucoup de nos exposants. De plus, une enquête téléphonique auprès de nos visiteurs a montré que, souvent, l’employeur ne les autorisait pas à visiter un salon. La grande majorité de nos exposants préféraient également différer Logistics & Automation à octobre 2022. En tant qu’organisation, nous ne pouvions faire qu’une chose : écouter notre communauté…
Que nous réserve Easyfairs pour 2021 dans notre secteur ?
Nadine Francus : Namur Expo accueillera de nouveau Best of Wallonia, la plateforme de réseautage du secteur Transport & Logistics que nous organisons conjointement avec Transportmedia et un certain nombre de partenaires tels que Logistics in Wallonia, Awex, SPW Mobilité & Infrastructures … Nous visons quelque 80 exposants et 1500 visiteurs. Notre produit-phare, Transport & Logistics Antwerp, sera bien sûr au programme en octobre. L’édition précédente a été un formidable succès, et cela s’est traduit par un énorme ‘rebook’. : plus de 120 exposants se sont déjà inscrits et une centaine d’entreprises ont déjà pris une option. Nous tablons sur un total d’environ 300 exposants et partenaires pour plus de 10.000 visiteurs. Outre les thèmes principaux que sont la multimodalité et la numérisation, nous allons nous concentrer encore davantage sur le segment maritime dans le hall 3, en collaboration avec Port of Antwerp.
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Easyfairs est pleinement engagé dans le développement d’événements en ligne et hybrides, en plus des salons physiques traditionnels.
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Nadine Francus, Easyfairs
SALONS HYBRIDES Pourquoi est-il si important de maintenir le salon ?
Nadine Francus : Le rôle d’un salon est très important à bien des égards, par exemple d’un point de vue économique, tant pour les exposants et les visiteurs que pour nous-mêmes en tant qu’organisateur d’événements. Il y a des industries qui réalisent jusqu’à 40 % de leur chiffre d’affaires dans les salons. Il est important de créer pour nos exposants un moment annuel ou bisannuel pendant lequel ils peuvent réseauter, lancer de nouveaux produits et innovations, nouer de nouveaux contacts, conclure des contrats, etc. Nous sommes persuadés que les salons contribueront à la relance de l’économie et que nos salons professionnels auront donc une place encore plus importante auprès de nos visiteurs dans la période post-corona.
Comment Easyfairs accompagne-t-il la tendance à la numérisation ?
Nadine Francus : Easyfairs travaille naturellement aussi à son avenir et est pleinement engagé dans le développement d’événements en ligne et hybrides en plus de nos salons physiques traditionnels. Nos salons seront donc également prêts pour ‘the new normal’. Nous parierons à la fois sur l’online et sur l’hybride en fonction du moment et de la demande de la communauté.
Qu’entendez-vous par événements hybrides ?
Nadine Francus : C’est un événement pour lequel une solution technologique permet à un public présent physiquement ou en ligne de voir le ‘même’ contenu simultanément. Les deux types de public peuvent communiquer avec des orateurs et autres personnes présentes et communiquer entre eux pendant la durée de l’événement.
Où se situe le point d’équilibre entre numérique et physique ?
Nadine Francus : Easyfairs organise des salons et des événements physiques et cela ne va pas s’arrêter, mais nous allons fortement enrichir notre offre dans le mix marketing avec l’introduction d’événements en ligne et hybrides en plus de nos salons ‘live’. En combinant un lieu physique avec une plate-forme en ligne, les organisateurs d’événements peuvent toucher un public bien plus vaste. Autre avantage : le contenu est disponible ultérieurement sur demande. Pouvoir retourner vers une session à laquelle vous n’avez pas pu assister constitue un ‘plus’ tant pour le visiteur physique que pour le visiteur virtuel. Un événement hybride prolonge le cycle de vie et la portée d’un événement à la fois dans l’espace et dans le temps. Et grâce aux événements en ligne, nous pouvons rester en contact permanent avec nos communautés entre les événements en direct. Cela dit, on ne peut jamais remplacer un contact physique par un contact purement numérique. Pensez aux nombreux moments chaleureux de réseautage lors de nos salons. Autre preuve : l’énorme besoin de contacts sociaux des gens pendant le confinement. Un contact physique personnel est et reste primordial pour les gens et pour l’économie !
Les prochains rendez-vous Easyfairs
• Best of Wallonia, plate-forme réseautage Transport & Logistics (2e édition) à
Namur Expo le 18/5/2021 • Empack à Namur Expo le 20/05/2021 • Empack à Malines (Brussels North) les 27 & 28 octobre 2021.
• Transport & Logistics Antwerp les 19, 20 et 21 octobre 2021
• Logistics & Automation 2022 les 19 & 20 octobre 2022, parallèlement à
Les salons B2B à l’ère du ‘mètre cinquante’
Easyfairs Belgique applique un Code of Conduct qui reprend toutes les mesures de sécurité :
• Inscription préalable obligatoire • Port obligatoire du masque • Les visiteurs doivent s’inscrire pour un créneau horaire défini • Easyfairs va éventuellement élargir les heures d’ouverture • Entrées et sorties séparées • Un plan de sol adapté si possible et nécessaire • Un programme de nettoyage et de sécurité adapté (SGS va contrôler les prescriptions d’hygiène et de décontamination renforcées dans les événements d’Easyfairs) • Chaque visiteur reçoit un Smart Badge, qui lui permet de scanner les informations sur les stands. Après la visite au salon, le visiteur reçoit un e-mail avec des informations sur tous les exposants qu’il ou elle a scannées. Plus de cartes de visite ou de folders donc…
Crowd Control signalera aux visiteurs qu’ils doivent respecter la distance de 1,5 m.